Sondage dans le milieu de la santé et des services sociaux

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La violence en milieu de travail est une problématique qui touche tous les secteurs professionnels, mais il est clair que certains travailleurs sont plus à risque que d’autres d’être victimes ou témoins d’actes de violence grave (AVG) en raison des fonctions qu’ils exercent. Ce type de violence peut prendre plusieurs formes, quoique les plus répandues demeurent les voies de fait (attaque, menace de préjudice physique ou incident dans lequel une arme est présente) – 71 % de tous les cas de violence en milieu de travail. 1 Le terme « travailleurs » est utilisé dans son sens général, incluant les catégories de travailleurs et de gestionnaires. DES CONSÉQUENCES BIEN RÉELLES VIOLENCE AU TRAVAIL VERS UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE Sondage dans le milieu DE LA santé et des services sociaux Réalisé de octobre 2011 à octobre 2012, ce sondage a permis de rejoindre 602 travailleurs provenant des secteurs de la santé et des services sociaux afin de les interroger sur les actes de violence dont ils auraient pu être victimes ou témoins au cours des 12 mois précédents. Les questions portaient sur la fréquence de ces actes, mais aussi sur leurs conséquences. Le sondage examinait également les perceptions des travailleurs face à la violence et au soutien reçu au travail pour contrer cette réalité. DES ACTES DE VIOLENCE FRÉQUENTS Ce sondage a permis de confirmer qu’il s’agit d’une problématique bien réelle dans le milieu de la santé et des services sociaux, puisque 76 % des répondants ont rapporté avoir été victimes ou témoins de différents types de violence, ou les deux, au cours des 12 mois précédents. Les résultats indiquent également que les hommes étaient proportionnellement plus victimes ou témoins de violence que les femmes, ou les deux (86 % vs 72 %). De plus, 27 % des répondants ont indiqué avoir été victimes ou témoins d’un AVG. Parmi les incidents rapportés, la majorité représentait des actes de violence physique perpétrés par un client ou un patient de sexe masculin. Les AVG peuvent entraîner de nombreuses conséquences pour les travailleurs touchés, tout particulièrement sur le plan psycho- logique. Le sondage a permis de constater que les hommes et les femmes peuvent vivre certaines conséquences similaires, mais parfois dans des proportions différentes. Ainsi, l’irritabilité apparaît en tête de liste des conséquences psychologiques parmi les répondants puisqu’elle touche 50 % des hommes et des femmes ayant été victimes ou témoins d’un AVG en milieu de travail. Les autres résultats démontrent toutefois une différence entre les hommes et les femmes, non seulement sur le plan psychologique, mais aussi sur le plan professionnel. Les secteurs de l’assistance sociale et des soins de santé représentent des milieux parmi les plus à risque: en 2004, le tiers de tous les cas de violence au travail ont impliqué une victime dans l’un de ces deux secteurs 2 . C’est pourquoi l’équipe de recherche VISAGE a choisi de se pencher en particulier sur ces milieux de travail, par le biais d’un sondage Internet en partenariat avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires sociales (ASSTSAS). RÉSULTATS UN MILIEU TRÈS À RISQUE Évitement : 45 % de femmes vs 28 % d’hommes Absences ou arrêts de travail : 27 % de femmes vs 24 % d’hommes Difficultés de concentration : 41 % de femmes vs 25 % d’hommes Baisse de productivité au travail : 25 % de femmes vs 15 % d’hommes Hypervigilance : 56 % de femmes vs 37 % d’hommes 1 LE POINT DE VUE DES TRAVAILLEURS

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Page 1: Sondage dans le milieu de la santé et des services sociaux

La violence en milieu de travail est une problématique qui touche tous les secteurs professionnels, mais il est clair que certains travailleurs sont plus à risque que d’autres d’être victimes ou témoins d’actes de violence grave (AVG) en raison des fonctions qu’ils exercent. Ce type de violence peut prendre plusieurs formes, quoique les plus répandues demeurent les voies de fait (attaque, menace de préjudice physique ou incident dans lequel une arme est présente) – 71 % de tous les cas de violence en milieu de travail.1

Le terme « travailleurs » est utilisé dans son sens général, incluant les catégories de travailleurs et de gestionnaires.

DES CONSÉQUENCES BIEN RÉELLES

VIOLENCE AU TRAVAILVERS UNE MEILLEURE

PRISE EN CHARGESondage dans le milieuDE LA santé et des services sociaux

Réalisé de octobre 2011 à octobre 2012, ce sondage a permis de rejoindre 602 travailleurs provenant des secteurs de la santé et des services sociaux afin de les interroger sur les actes de violence dont ils auraient pu être victimes ou témoins au cours des 12 mois précédents. Les questions portaient sur la fréquence de ces actes, mais aussi sur leurs conséquences. Le sondage examinait également les perceptions des travailleurs face à la violence et au soutien reçu au travail pour contrer cette réalité.

DES ACTES DE VIOLENCE FRÉQUENTSCe sondage a permis de confirmer qu’il s’agit d’une problématique bien réelle dans le milieu de la santé et des services sociaux, puisque 76 % des répondants ont rapporté avoir été victimes ou témoins de différents types de violence, ou les deux, au cours des 12 mois précédents. Les résultats indiquent également que les hommes étaient proportionnellement plus victimes ou témoins de violence que les femmes, ou les deux (86 % vs 72 %). De plus, 27 % des répondants ont indiqué avoir été victimes ou témoins d’un AVG. Parmi les incidents rapportés, la majorité représentait des actes de violence physique perpétrés par un client ou un patient de sexe masculin.

Les AVG peuvent entraîner de nombreuses conséquences pour les travailleurs touchés, tout particulièrement sur le plan psycho- logique. Le sondage a permis de constater que les hommes et les femmes peuvent vivre certaines conséquences similaires, mais parfois dans des proportions différentes.

Ainsi, l’irritabilité apparaît en tête de liste des conséquences psychologiques parmi les répondants puisqu’elle touche 50 % des hommes et des femmes ayant été victimes ou témoins d’un AVG en milieu de travail. Les autres résultats démontrent toutefois une différence entre les hommes et les femmes, non seulement sur le plan psychologique, mais aussi sur le plan professionnel.

Les secteurs de l’assistance sociale et des soins de santé représentent des milieux parmi les plus à risque: en 2004, le tiers de tous les cas de violence au travail ont impliqué une

victime dans l’un de ces deux secteurs2. C’est pourquoi l’équipe de recherche VISAGE a choisi de se pencher en particulier sur ces milieux de travail, par le biais d’un

sondage Internet en partenariat avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires sociales (ASSTSAS).

RÉSU

LTAT

S

UN MILIEU TRÈS À RISQUE

Évitement : 45 % de femmes vs 28 % d’hommes

Absences ou arrêts de travail :27 % de femmes vs 24 % d’hommes

Difficultés de concentration :41 % de femmes vs 25 % d’hommes

Baisse de productivité au travail : 25 % de femmes vs 15 % d’hommes

Hypervigilance :56 % de femmes vs 37 % d’hommes

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LE POINT DE VUE DES TRAVAILLEURS

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Cette section a permis de faire ressortir que la plupart (84 %) ne considère pas la violence physique comme normale dans leur milieu de travail, mais souligne tout particulièrement que les travailleurs ne se sentent pas suffisamment outillés pour faire face à ce type de violence. La majorité des répondants

(89 %) considéraient d’ailleurs qu’il est très important ou essen-tiel d’avoir les outils nécessaires pour faire face à la violence physique, mais que ceux-ci étaient peu ou pas du tout présents dans leur milieu de travail (67 %). Le sondage s’est également intéressé à la

perception que les travailleurs ont des ressources d’aide offertes par leur milieu de travail à la suite d’un acte de violence. De manière générale, les répondants estima-ient qu’ils recevraient plus d’aide s’ils étaient victimes plutôt que témoins.

PLUS DE RÉSULTATS

LES STRATÉGIES UTILISÉES PAR LES TRAVAILLEURSLe sondage a également permis de mesurer les stratégies utilisées par les travailleurs victimes ou témoins d’un AVG au travail pour retrouver un fonctionnement normal. Parmi ceux-ci, plus de 90 % ont déclaré en avoir parlé avec une personne de leur environnement personnel ou professionnel. Toutefois, 53 % des hommes et 61 % des femmes ont rapporté qu’ils avaient également préféré éviter des lieux ou des personnes leur rappelant l’événement dont ils avaient été victimes ou témoins. Ceci correspond à une stratégie d’évitement, qui peut elle-même entraîner des conséquences psychologiques à long terme.

LES PERCEPTIONS DES TRAVAILLEURS FACE À LA VIOLENCE EN MILIEU DE TRAVAILLa dernière partie du sondage visait à mieux comprendre la perception que les travailleurs du milieu de la santé et des services sociaux ont de la violence au travail. Ces questions touchaient donc l’ensemble des répondants, qu’ils aient été victimes/témoins ou non d’un AVG au travail.

D’autres milieux de travail ont également été consultés : des travailleurs des secteurs des affaires municipales et de l’administration provinciale ont participé au sondage. Les résultats seront diffusés dans ces milieux et accessibles sur le site Web de l’équipe VISAGE afin

de favoriser la sensibilisation au phénomène de la violence au travail et à ses conséquences sur les femmes et les hommes.

D’autres projets menés par l’équipe permettront de mieux comprendre spécifiquement les besoins des travailleurs victimes

ou témoins d’AVG et de développer des protocoles d’aide pour y répondre.

Pour plus de détails, un article paru dans la revue Objectif préventioni de l’ASSTSAS est disponible.

Financée par l'Institut de la santé des femmes et des hommes des Instituts de recherche en santé du Canada, l'équipe VISAGE du Centre d'étude sur le trauma de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal développe des partenariats avec des milieux professionnels ciblés afin d'améliorer les aspects cliniques et organisationnels de la prise en charge des travailleurs exposés à des actes de violence grave ou à risque élevé de l'être. Son but : approfondir et partager les connaissances sur la violence en milieu de travail en vue de proposer des stratégies tenant compte des besoins différen-tiels des femmes et des hommes.

Partenaires principaux : Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires municipales (APSAM), Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur administration provinciale (APSSAP), Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires sociales (ASSTSAS)

1 Enquête sociale générale sur la victimisation, Statistique Canada, 2004 • 2 Ibidi Article accessible à l’adresse suivante : http://www.asstsas.qc.ca/publications/revues/objectif-prevention/objectif-prevention-vol- 36-no-1-fevrier-2013/violence/resultats-du-sondage-sur-la-violence-en-milieu-de-travail.html

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