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SOMMAIRE
Introduction
I. Présentation du MCEG :a. La matrice de comptabilité sociale(MCS)b. Objectifs d’un MCEGc. Structure et Fondements des MCEGd. Les fonctions de comportement
II. Modélisation d’un MCEGa. Principes de baseb. Application des MCEG en Economie Fermée
III. Les opérations liées au MCGEa. La procédure du calibrageb. Bouclage macroéconomique et MCEGc. Les simulations contrefactuellesd. Actualité des MCEG
Conclusion
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Les modèles d’équilibre général calculables sont un outil
de simulation d’impact de chocs structurels dans une optique
d’aide à la décision publique.
Qu'ils soient appliqués aux économies développées ou en
développement, ces modèles ont connu, depuis les années 1970,
un succès important. Dans le cas des pays en développement,
leur confrontation aux autres types de modèles permet de
comprendre les raisons principales de ce succès : ces modèles
bouclés permettent d'expliciter les effets d'offre et de
redistribution qui sont à l'origine du processus de
développement, leur faculté de représenter explicitement les
canaux de transmission potentiels des chocs; en outre, ils
présentent l'avantage d'être peu demandeurs de séries
statistiques longues.
Les modèles d'équilibre général calculable (MEGC) sont une
classe de modèles économiques qui utilisent des données
économiques réelles pour estimer comment une économie
pourrait réagir à des changements de politique, de technologie, de
ressources, ou d'autres facteurs externes. Ils ont la particularité
de prendre en compte, de façon plus ou moins détaillée, toutes les
composantes d'une économie, suivant la théorie de l'équilibre
général. Ainsi, leur développement repose sur la construction de
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bases de données complètes et cohérentes, souvent sous forme
de matrices de comptabilité sociale.
I. Présentation de la MEGC :
a-La Matrice de Comptabilité Sociale (MCS):
La matrice de comptabilité sociale (MCS) se présente sous la
forme d'un tableau carré entrées-sorties où sont enregistrés, pour
l'année de base de la simulation, les flux comptables
(transactions) de recettes et dépenses de l'économie considérée.
Les recettes sont enregistrées en ligne (indice i) et les dépenses
en colonne (indice j), l'élément général de la matrice étant
symbolisé par ty. En d'autres termes, si k est le secteur des
entreprises et l celui des ménages, tkt sont les achats de biens et
services des ménages aux entreprises. La cohérence interne de
nature comptable de la matrice est elle-même assurée par le fait
que, pour chacun des n comptes qui ont été ouverts, le total des
recettes est égal (identique) au total des dépenses. Pour les
ménages,
Pour les entreprises cela s’écrit sous la forme :
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L’approche en terme de MCS se caractérise, du point de vue
de la technique comptable, par une présentation matricielle, et
sur le plan de l’analyse, par la volonté d’intégrer l’ensemble des
interrelations entre l’emploi, la distribution du revenu et la
structure de la production. Elle est donc une généralisation des
matrices input-output qui se limitent aux échanges inter-
industriels.
En outre, la matrice de comptabilité sociale se présente sous
forme d’un tableau carré entrées-sorties, pour une année donnée,
où sont présentés l’ensemble des échanges entre les agents
économiques : les ressources (entrées) sont enregistrées en lignes
et les dépenses (sorties) sont enregistrées en colonnes.
La MCS est le résultat d’une intégration, dans un seul cadre,
de plusieurs comptes :
Le compte des produits qui retrace le processus de
production (échanges inter-industriels) et l’utilisation de
l’output par secteur (consommation intermédiaire et finale,
exportations) ;
Le compte des facteurs qui répartit les rémunérations des
facteurs entre les agents.
Le compte des agents qui présente leurs ressources et leurs
dépenses (consommations privées et publiques,
investissement, exportations).
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Au niveau global, l’ensemble des revenus distribués doit être
égal à la valeur ajoutée globale et à l’absorption globale
constituée par la demande des ménages, la demande finale des
administrations publiques et la demande d’investissement.
b-Objectifs des Modèles calculables d’Equilibre Général :
Les modèles EGC sont des modèles entièrement spécifiés
portant sur une économie ou une région et incluant toutes les
activités, facteurs et institutions de production. Par
conséquent, les modèles comprennent la modélisation de tous
les marchés (sur lesquels les décisions des agents sont
sensibles aux prix et les marchés concilient les décisions
d’offre et de demande et des composantes macroéconomiques,
telles que les investissements et l’épargne, la balance des
paiements et le budget du gouvernement.
Ils peuvent être utilisés pour l’analyse des impacts sur la
pauvreté et le social entraînés par une large gamme de
politiques, chocs exogènes compris (taux de change, prix
internationaux...), changements dans les impôts, les
subventions et les dépenses publiques (changements de
politiques commerciales) et changements dans la structure
économique et sociale nationale (compris les changements
technologiques, la redistribution des actifs, la formation du
capital de ressources humaines).
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Toutefois, afin de bien utiliser le MCEG la problématique
traitée doit répondre aux conditions suivantes :
i. Impliquer des relations intersectorielles et/ou entre
agents; modifier les rapports des prix par le biais des
politiques qui lui sont liées.
ii. Impliquer le changement de certains agrégats
macroéconomiques.
c-Structure et Fondements Théorique des MCEG :
C’est la théorie élaborée par Leon Walras en 1874 qui est à la
base de la structure des modèles d’équilibre général calculable.
En partant du concept de demande nette, qui est égale à la
différence entre la demande et l'offre pour un bien donné,
l'équilibre général walrasien est obtenu par un vecteur des prix
d'équilibre Pe qui annule toutes les demandes nettes sur tous les
marchés.
La formulation d'équilibre général de Walras manque
incontestablement de rigueur, et soulève des problèmes liés à
l'existence de cet équilibre, son unicité, sa pertinence et enfin sa
stabilité.
C'est donc aux traitements de ces questions que se sont
consacrés les théoriciens de l'équilibre général et notamment
Arrow et Debreu. Pour démontrer l'existence d'un système de prix
d'équilibre, ces deux auteurs ont imposé certaines conditions qui
peuvent être reparties en deux catégories :
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La première stipule l'existence d'un système complet de
marchés.
La deuxième consiste à éliminer le cas des rendements
d'échelle croissants (même localement) ainsi que les coûts
fixes. L'utilité de cette hypothèse est qu’elle permet d'obtenir
des fonctions de demande nette continues.
Ce qui suit est un tableau qui regroupe toutes les annotations
utilisées par le MCEG :
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Signification des symboles ci-dessus :
WA + W1 + W5 + WN = W
WA, W1, Ws, WN: salaires payés respectivement par l'agriculture, l'industrie, les services marchands et les services non marchands.
W: total des salaires.
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KA + K1 + K8 = K
KA, K1, Ks : revenu du capital utilisé respectivement dans l'agriculture, l'industrie et les services marchands
K: total du revenu du capital.
WM + KM = RM
WM: salaires versés aux ménages
KM: revenu du capital payé aux ménages
RM: revenu des ménages.
KG + TDM + 7/4- TD EN + TDEP = G
KG: revenu du capital payé à l'Etat
TDM : impôts directs payés par les ménages
TI: impôts indirects payés à l'État (nets de subvention)
TD EN: impôts directs payés par les entreprises privées
TD EP: surplus d'opération des entreprises publiques
G: revenu de l'État.
TIA + TI1 + TI5 = TIT
TIA, TI1, TI5: impôts indirects (nets de subventions) grevant respectivement les produits agricoles, les produits industriels et les services marchands
TIT: total des impôts indirects (nets de subvention).
KEN = REN
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KEN: revenu du capital payé aux entreprises privées
REN: revenu des entreprises privées.
KEP = REP
KEP: revenu du capital payé aux entreprises publiques
REP: revenu des entreprises publiques.
SM + SG + SEN = I
SM, SG, SEN: épargne respectivement des ménages, de l'État et des entreprises privées
I: investissement total (formation brute de capital).
Aussi :
Total des productions respectivement de produits agricoles, industriels, de services marchands et de services non marchands, au coût des facteurs.
: Total des productions respectivement de l'agriculture, de l'industrie et des branches de services marchandset non marchands, au coût des facteurs.
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Consommation des ménages respectivement en produits agricoles, industriels et services marchands
investissement en produits agricoles et industriels, y compris les variations de stocks d'inventaire
: achats par l'agriculture respectivement de produitagricoles, produits industriels et services marchands
: achats par l'industrie respectivement de produits agricoles, produits industriels et services marchands
: achats par la branche de services marchands respectivement de produits agricoles, produits industriels et services marchands
: achats par la branche de services non marchandsrespectivement de produits agricoles, produits industriels et services marchands
: consommation publique
: production, aux prix du marché, respectivementde produits agricoles, industriels et de services marchands et non marchands.
d-Les fonctions de comportement :
Le comportement des agents (consommateur et producteur) consiste un
autre volet de la théorie des MCEG. Au niveau microéconomique, les agents
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individuels maximisent leur fonction d'objectif (utilité pour le consommateur et
profit pour le producteur) en tenant compte de leurs contraintes (ressources,
technologies).
En partant de l'hypothèse de l'agent représentatif, ces comportements
individuels sont agrégés au niveau macroéconomique par catégories. Cela suppose
donc que tous les agents de la même catégorie ont le même comportement
(fonction-objectif).
Du côté du consommateur, le point de départ est sa fonction d'utilité. Cette
dernière est caractérisée par la mono tonicité et la convexité des préférences. Le
comportement du consommateur résulte de la maximisation de sa fonction d'utilité
sous la contrainte budgétaire, garantie par l'égalité :
Taux marginal de substitution = rapport des prix
Du coté du producteur, la fonction de production est une fonction qui donne
la quantité produite en fonction de la quantité des intrants utilisés.
Pour décrire une fonction-objectif, on dispose de trois formes de fonction :
Fonctions de Cobb-Douglas (CD) :
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Le paramètre d'échelle A n'est pas utile en cas d'une fonction d'utilité. Cette
fonction est homogène de degré Σi αi .
L'hypothèse de rendements d'échelle constants, pour une fonction de
production selon le schéma CD implique que Σi αi =1.
Le modèle CD se caractérise par une élasticité de substitution, entre les
facteurs de production, constante et égale à l’unité. En plus, la part du revenu qui
échoit à chaque facteur de production est constante.
Cela a suscité de l’intérêt pour d’autres spécifications plus flexibles dans ce
sens.
Fonctions CES :
Dans ce cas l'élasticité de substitution est constante mais n'est pas
nécessairement égale à un, et la répartition du revenu, en cas de processus de
production, entre les facteurs de production n'est pas constante. De même, le
paramètre A représente l'efficience de la production (la productivité de l'ensemble
du facteur), αi la répartition ou l'intensité du ième facteur ; σ=1/(1+ρ) représente
l'élasticité de substitution.
Les fonctions à élasticité de substitution variable (VES ) :
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Il s'agit d'un prolongement des fonctions précédentes (CD, CES) tout en
permettant à l'élasticité de substitution de varier. Le nombre potentiel de fonction
VES intéressantes (des produits marginaux non négatifs et une productivité
marginale décroissante) est très grand. Revaukar a offert une version
particulièrement intéressante de la fonction VES, pour un processus de production.
Si ρ=1, on obtient une fonction CD homogène de degré γ.
Extensions : Les formes flexibles
La base des ces formes flexibles est l’utilité indirecte. Usuellement, à partir
d’une fonction d’utilité on obtient les fonctions de demande :
En remplaçant dans la fonction d’utilité, on obtient la fonction d’utilité
indirecte :
En respectant les propriétés usuelles d’une fonction d’utilité, ces formes
flexibles donnent des utilités avec des élasticités de substitution non constantes.
La fonction trans-log est souvent utilisée dans ce sens. Elle se définie par :
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Il faut cependant noter que le comportement d'un agent n'est pas représenté
par une seule fonction, mais il est capté en recourant à une modélisation par paliers,
comme c'est le cas pour le comportement de production. La figure 1 dresse un
schéma classique de modélisation de la production.
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II- Modélisation d’un MEGC :
1/ Principes de base :
Selon les affirmations du modèle Walrassien, La décision de production est
engendrée par une volonté de maximisation de profit, l'offre des secteurs et leur
demande en facteurs sont définies comme fonctions homogènes des prix. Le revenu
des ménages comprend la rémunération des facteurs, qui dépend elle-même des
prix d'output. Cet effet en retour fonde de facto l'endogénéité des prix propre aux
modèles d’Equilibre Général Calculable. A l'équilibre, tous les prix vont s'ajuster
(p*,w*,r*) de telle sorte que les demandes excédentaires s'annulent sur les marchés
des biens et le marché des facteurs (Voir figure ci dessous).
Les équations du modèle de Base :
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Avec : p : prix ; w : salaire ; r : taux d’intérêt.
La résolution de ce modèle se base sur le principe de tâtonnement. En effet,
l'ajustement se fait en premier lieu par le biais du salaire en annulant la demande
excédentaire sur le marché du travail. En deuxième lieu, et sur la base des prix des
biens, un deuxième ajustement se fait sur le marché des biens. En cas de
déséquilibre, on retrouve le premier ajustement avec des prix initiaux différents.
2/Application des MCEG en Economie Fermée :
Il s’agit d’un modèle théorique de base où l’on suppose une économie fermée
sans gouvernement avec un ménage représentatif, deux branches/produits (biens et
services) et deux facteurs : capital et travail. Le circuit de cette économie se
présente ainsi :
Circuit économique de l'économie fermée :
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Il faut noter qu’on retient deux spécifications pour le capital. La première
énonce la non mobilité du capital entre les branches d’activité, alors que la
deuxième adopte cette mobilité. La première permet de détecter les effets de court
terme et la deuxième les effets de long terme, sans être très précis sur ce terme.
En se positionnant dans le cadre de la non mobilité du capital entre les
branches, on a alors les équations suivantes :
1. Production :
2. Demande de travail :
3. Rendement du capital :
Avec s, le taux de salaire, Pj le prix du produit de la branche j. Les équations
(2) et (3) sont obtenues de la maximisation du profit (CPO). Ici on suppose qu’il
n’y a pas de consommations intermédiaires.
Revenu :
(4)
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Le premier élément du terme à droite de cette égalité donne la masse
salariale, et, le deuxième, le rendement total du capital.
Les consommations (ou les fonctions de demande) :
(5)
Ces fonctions sont tirées d’une fonction d’utilité de type CES.
Les équations d’équilibre :
Equilibre des biens et services : XSj = Cj (7)
Equilibre sur le marché du travail :
Nous avons ainsi 15 variables et 12 équations dont une est redondante.
Pour fermer ce modèle, il nous faut 4 variables exogènes :
LS (fermeture classique) ;
KDj (pas de mobilité de capital) ;
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PB (choix du numéraire).
Ce modèle est illustré par la figure ci dessous, segmentée en quatre quadrants
qui représentent respectivement:
Sur le quadrant I : offre du travail ;
Sur les quadrants II et III, les productions maximales possibles
des deux biens;
Sur le quadrant IV, la courbe des frontières de possibilités de
production
(FPP).
Représentation graphique du modèle fermé :
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Ce modèle très agrégé traite essentiellement le cas d'une économie fermée.
Une première désagrégation peut se faire en différenciant les produits au sein du
même secteur selon leur origine, domestiques ou importés.
Ainsi, la demande des consommateurs est une fonction CES dépendant des
prix relatifs domestique/étranger. L'élasticité de substitution étant fixée selon le
degré de substitution entre produit domestique et étranger (nulle en cas de biens
complémentaire). Une deuxième désagrégation peut être opérée selon la destination
d'un produit : d'une façon symétrique au traitement des importations, une fonction à
élasticité de transformation constante (CET) pour décrire la facilité avec laquelle un
secteur peut rediriger sa production de la vente sur le marché interne vers
l'exportation. Evidement, le niveau de désagrégation est principalement dicté par la
problématique traitée au départ.
III-Les opérations liées au MCEG :
1- La procédure du calibrage :
Le calibrage du modèle est une procédure qui consiste à calculer certains
paramètres du modèle à partir des données de base contenues dans la MCS.
Cette approche est dite "à l'envers" dans la mesure où les valeurs de ces
paramètres sont calculées à partir des équations du modèle et de ses variables
endogènes et exogènes. L'hypothèse sous-jacente est que, par construction, le
compte central représente l'équilibre général de l'économie considérée à l'année de
base (tendances de long terme).
Formellement, et d'une façon générale, un modèle EGC peut être représenté
par une fonction M, telle que :
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Y = M (X, β, γ).
Où Y le vecteur des variables endogènes, X le vecteur des variables
exogènes,
M une fonction habituellement non linéaire mais calculable, β le vecteur des
paramètres libres et γ le vecteur des paramètres de calibrage.
Statistiquement, les deux vecteurs β et γ ne sont pas fondamentalement
différents, mais jouent cependant des rôles différents. Le premier contient des
paramètres libres, comme les élasticités des fonctions de comportement tandis que
le deuxième regroupe généralement des paramètres d'échelle.
Le calibrage consiste en fait à déterminer le vecteur γ de façon à reproduire
exactement les données de l'année de base (X0, Y0), et compte tenu d'une estimation
ponctuelle du vecteur β.
Autrement dit, on cherche la solution de l'équation suivante :
Y0 = M (X0, β0, γ) équivalente à δ = γ (Y0,X0, β).
Il s'agit donc d'un calcul déterministe des valeurs des paramètres de calibrage.
2- Bouclages macro-économiques et MCEG :
Le bouclage macro-économique (closur) constitue un des axes de
prolongement du cadre Walrasien spécifique à la modélisation en équilibre général.
Il s'agit en effet de la façon selon laquelle le modélisateur spécifie et introduit les
variables exogènes (mathématiquement, le bouclage permet l'égalité entre le
nombre de variables endogènes et le nombre des équations du modèle).
Au niveau général, on trouve quatre types de bouclage :
- Le bouclage keynésien crée la possibilité de chômage. La demande de
travail devient alors endogène.
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- Le bouclage kaldorien suppose que les facteurs ne sont pas payés à leur
productivité marginale et l'équilibrage passe par une redistribution des revenus
influant sur le taux d'épargne.
- Le bouclage néoclassique donne un rôle moteur à l'épargne :
l'investissement varie pour assurer l'égalité expost.
- L'optique de Johanson considère que la consommation ou l'épargne
s'ajustent de manière résiduelle.
Au total, le modèle numérique résultant de cette section intègre deux parties
distinctes : une partie microéconomique, traduisant les comportements des agents
économiques et une partie macroéconomique indiquant les hypothèses
d’équilibrage des marchés.
3- Les simulations contrefactuelles :
La séduisante construction des MCEG n'est pas une fin en soi mais plutôt
elle est abordée avec toutes les difficultés techniques inhérentes dans la mesure
d'étudier les effets (nature et ampleur) d'une ou des politiques économiques à
simuler à l'aide de ces modèles.
Une fois un MCEG est établi et testé (dans un langage plus formalisé ceci
signifie qu'il a une solution), les valeurs des variables endogènes constituent le
"compte central" ou "variante de référence".
En changeant les valeurs d'un ou plusieurs paramètres ou variables
exogènes, on obtient une autre solution, appelée solution contrefactuelle ou
variante analytique, qui constitue la réponse du système considéré (économie
décrite par le modèle) suite à un changement de politique économique. Ainsi, les
effets de ce changement seront captés en recourant aux différences entre les deux
solutions.
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Il faut aussi noter que cet exercice de simulation peut être utilisé
prématurément à ce stade, car en procédant ainsi sur les paramètres clés du modèle
(souvent des élasticités) on obtiendra in fine une idée sur sa sensibilité par rapport
aux paramètres, et tant que cette sensibilité est faible (ce qui est souhaitable) tant le
modèle est plus accepté.
En reconsidérant le modèle de base sous-mentionné, la simulation d'une
augmentation de l’offre globale de l’économie en main-d’oeuvre (LS) de 10%, on
constate les changements suivants qui paraissent sur la figure suivante :
Sur le quadrant I : offre du travail qui se déplace .
Sur les quadrants II et III, les productions maximales possibles
augmentent
Sur le quadrant IV, la courbe des frontières de possibilités de
production
(FPP) se déplace vers la droite ;
Ainsi l’équilibre se déplace du point E1 à E2 dont le niveau des productions
est augmenté.
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Impact d’une hausse de l’offre du travail dans le modèle de base :
4- Actualité des MCEG :
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Outre les bouclages macroéconomiques, le modèle EGC de base a fait l’objet
à d’autres extensions récentes en introduisant des hypothèses de concurrence
imparfaite, en se lançant dans la modélisation des marchés financiers et en
reconsidérant la dynamique.
L’hypothèse de concurrence imparfaite permet aux modèles EGC de sortir du
cadre walrasien de long terme, où l’ajustement se fait uniquement par les prix, à un
cadre plus adapté aux court et moyen termes, où des équilibres peuvent être
obtenus avec des capacités sous-utilisées.
Sous un régime de concurrence imparfaite, les entreprises fixent à la fois le
type de leurs produits et les prix de ces derniers en fonction de leurs coûts en se
garantissant une marge de profit.
Sur le marché du travail, en plus de l’hypothèse de salaire flexible, on peut
avoir indexation des salaires ou apparition du chômage. Pour le marché des
devises, on a deux cas : soit un taux de change fixe (ce qui représente un
engagement pour le gouvernement d’emprunter autant qu’il est nécessaire pour
satisfaire la contrainte de devises), soit un taux de change flexible (l’ajustement se
fait dans ce cas par le solde de la balance des paiements).
Si on introduit un marché financier, on a un dernier choix possible : le taux
d’intérêt peut être fixé librement par le marché, être plafonné ou être fixé sur un
marché parallèle.
La modélisation du marché des actifs permet de mieux cerner l’évolution des
revenus et d’introduire un début de comportement intertemporel par le biais de la
prise en compte des effets de composition et de réévaluation du patrimoine.
L’égalité entre investissement et épargne peut ainsi être vérifiée si l’on
suppose ces variables endogènes et dépendantes du taux d’intérêt. Le revenu réel
sera alors fonction de trois composantes : la rémunération des facteurs, les
variations du coût de la vie et, désormais, la rémunération du portefeuille financier.
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La dynamique de la plupart des modèles appliqués n’est pas fondée sur des
comportements intertemporels ; le comportement de la période courante étant
dépendant seulement des périodes passées. Ce lien se fait généralement par
actualisation des variables ou par des changements exogènes.
L’introduction des comportements intertemporels permet à une variable
d’être dépendante de toutes les périodes futures, ce qui rend leur véritable sens au
taux d’intérêt et à la fonction d’épargne.
En revanche, ce genre de calcul requiert des moyens très importants et bute,
en plus, sur des problèmes conceptuels (l’état terminal d’une économie).
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Conclusion :
Les MCEG prennent en compte les diverses ramifications et boucles de
rétroaction existant dans une économie tout en gardant une cohérence interne ; ainsi
les interactions entre un ensemble de mesures de politique économique peuvent être
étudiées. Ils font donc preuve d’une adaptabilité thématique qui leur permet de
servir de cadre générique d’analyse pour un large éventail de problématiques :
impact des infrastructures publiques sur la compétitivité et la croissance, impact
économique d’une libéralisation des échanges extérieurs (accord de libre
échange…), impact d’un réforme fiscale, mesure des effets induits par la structure
des dépenses publiques, d’une réforme du secteur financier, analyse de la
pauvreté…
Cependant, les modèles EGC soufrent d'un manque de validation empirique
du fait qu'ils considèrent l'économie en état d'équilibre, retracé, quant à lui, par le
compte central. Néanmoins, cette difficulté peut être contournée, en partie, en
recourant aux études de sensibilité.Ces dernières décennies ont connu un grand
élargissement dans le domaine de la
BIBLIOGRAPHIE :
28
BALASKO Y., Fondements de la théorie de l'équilibre
général, Economica, 1988
BELGHAZI S., Politique économique et politique sociale,
Essai de
simulation au moyen de la matrice des comptes sociaux 1990, Annales
Marocaines d'Economie n° 10, Autonne 1994.
ZAOUJAL N., Construction d'une matrice de comptabilité
sociale du
Maroc pour l'analyse en équilibre général d'une éventuelle
libéralisation des prix des produits subventionnés, INSEA 1995.
SUWA A., Les modèles d’équilibre général calculable,
Economie et prévision, n° 97 – 1991« Comment construire un modèle
calculable d’équilibre général? Une illustration » Bernard Decaluwé, André
Martens et Marcel Monette Études françaises, vol. 33, n° 1, 1997, p. 7-
9.L'Actualité économique, vol. 62, n° 3, 1986, p. 442-473.
Site Internet :
www.hec.ca
www.lesechos.fr
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