Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F....

28

Transcript of Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F....

Page 1: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3
Page 2: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Sommaire N° 11 -Mai 1983

Abonnement : 6 nos par an ; 96 F- P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex

2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte ! 3 Un créateur dans une cité, est-ce possible ? 8 Création mathématique et artistique 9 Poupées de chiffon 10 Textes libres 12 Masques d'argile 13 Georges Jean, poète 14 Poèmes adolescents 15 Cassette musique-poésie 17 Fiches détachables 22 A l'atelier volumes: le béton cellulaire 24 Guy Baudat : artiste multidimensionnel ? 30 Courrier des lecteurs. Photographies: Martine Abon , Raymond Massicot. Théo Le Soualc"h. Marc Slinkaert, Onasip : couverture et p. 24 à 29 - Daniel Laporte : p. 3 et 5 - Sylvain Bellot et Mascheroni : p. 4, 6 et 7 -H.-N. Lagrandeur: p. 8- Claude Cohen: p. 9 · Jacques Brunet: p. 10 · François Goalec: p. 14 et 20- Annie Dhénin : p. 18 et 31 - Michel Blot : p. 21 - Michel Vibert : p. 22 et 23 - Chantal Ray-Soler : p. 31 haut gauche.

" 0;;0 . ""'éls :ts

él;i;fél .Oas .Oou Urs éJ

r /él . 0 . (; !;_ /0 c00 U; /' aséJ

ÎJJI§ !r0 él/ rC/ ÎJ)él % 1 (;f) . J.,., c 9 '0 . /;, '0' 1é0 Uarr. · "~Slrs 0/0 . St.; · déls ;élr , If] le/ ls .

re00 lt(90

9u0 él/s ' A::> 10/

I"Jna· s, les aus . tra~-: élt on tt_ o oi"J s éli"Jf s~ /'" a;;;"'

/Je,. I"J e ai"J '1&'6 "" <1{ rn' /Jart. rel") !s ili

/Je eÎJJe age c017 er 0 Ut /J se le tr0 c0;.

0 ourtant sentir . ÎJJI§I"J) , oi"J a ans r.--. /Jre'"' a,ÎJJé él e sél

'''On L• ''cire · C S!J et a '1. L l'v7 d'au e VOt$· éJce

es Dec . . hab. tres tna , d'ab tts cad ttent as!Je ge

Ord , , . res. p des Cfs b

...,n ttar our ouv . . énér . ten d Certa; rters

tete d' one u ns Je . , . . un !Jost n étran, suis

Vllegle Puisq . e Officiel .Qer, qui ue Je , un !Je

donc de d . . rn Occu!Je d u !Jri-. IStractlons. Je . e loisirs

qUI ne fait Pas g d suis quelqu'un h ran -cho

c oses de peu d'. se ou des Importance et

payé par la M · · Pourtant . aine. En somme un tra-

vailleur d'un genre un peu ambigu .

Pourtant j'ai été aidé par un ouvrier, un

soudeur, qui a participé à la réalisation d'une de mes sculptures. Là non plus, il n'y a pas de hasard car nous mi litons ensemble par ailleurs . Nous avons colla­boré de façon très égale, je n'ai jamais mystifié ma présence, c'était une véri­table f raternité car nous étions tout à fait conscients de nous compléter. J'ai eu aussi des rapports t rès durs avec un enfant en complète rupture avec son milieu social ; par le t ruchement de la matière nous avons appris à nous con­naît re et maintenant, de loin, il me crie : « Bonjour, mon copa in ! ». Car mon rôle est aussi un rôle d'écoute. J'essaie de pénétrer la mentalité de ces gens, non pas comme je les imagine, mais comme ils sont, après de nombreux contacts. J'ai travai llé avec un Algérien de soixante-dix ans et nous sommes deve­nus vraiment des amis.

Par le fait que je suis un employé muni­cipal, je joue un rôle de référence mais pas tou t à fait dans le sens habituel : ma recherche de mosaïste, que je pour­su is para llèlement à mon travail au centre, me conduit à être vêtu de façon insol ite à des moments insolites, en désaccord avec la norme de la cité parce que l'environnement a aussi son importance. Plus on aborde le milieu populaire défavorisé, plus la norme a d'importance ! « C'est la honte ! » comme disent les gosses pour parler de

r:

1

'• ·1 1

1

Page 3: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

~réateu r dans une cité,

ERDIANO ZI

est-ce possible ?

con-torme . 'est pas

~o... ose QUI n . , •n élève' \que Cil 1 J' avats "'

que dèle habitue . e même de au mo ui était le typ d. u-(< étranger )) ' q , suis allé tout. o la non-vedette .. J ,V d'abord tournt une cement. Je \UI at en . ciment et tru­technique et un mody .ce. t entant était

1 père e elle. Or ~ s'accordaient pas très ~açon et ~~d;~t au bout de quelques

~~~~ ~=p;arçon était capable de dire à un a~tre : « Pousse-toi, c'est ma ~lac~ ici, je travaille ». Le manien:ent de 1 ~uttl et le fait de commander a la mattère, dans le domaine aussi de son père, et pour en faire une œuvre d'art l'avaient grati fié et réconcilié avec le père et le métier de ce dernier.

Cela me ramène à mon enfance : ma famille (mon père surtout ) croyait que j'étais un raté parce que je n'étais pas sorti de l'école avec un petit bout de papier qui m'aurait donné droit à un petit poste dans un petit bureau ; je n'aimais pas beaucoup étudier mais je dessinais tout le temps et partout. Je ne suis pas certain de ma qualité de créateur ; il y a déjà la notion de plaisir quand je peux me consacrer à mon art, mais ce qui importe le pl us pour moi, c'est la communication. Autrefois, je croyais qu'il y avait d'abord l'art ! Main­tenant je pense que dans chaque indi­vidu, il y a une charge potentielle de créativité. Mais les gens font des choix. Ce potentiel peut aussi bien s'appliquer à la mécanique ou aux mathéma­tiques .. . Mais s'il n'y a pas ouverture, communication, la potentialité de l'indi­vidu risque de ne pas se développer et une trop grande frustration est dange­reuse. Mais cela peut venir très tard. Je pense au « pique-assiette à Honfleur » : pendant 30 ans, il a ramassé de petits bouts d'assiettes de faïence puis en a revêtu sa maison, jusqu'à ses meubles. Il n'avait aucune notion d'art, cela venait comme ça. En fa it, c'est de l'art naïf, de l'art brut. A ce niveau-là, il n'y a pas de critère esthétique, mais il y a son plaisir ; pour moi, Pique-Assiette, c'est un créa teur.

3

Page 4: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Les enfants er Verdiano Marzi rraval11anr dans les areliers de peinrure er de mosaïque. Ci-conrre à droire. la porte du cirque :

supporr en comreplaqué ; reliefs falls en f1lasse collée er recouverrs de papier journal imbibé de colle Rémy, puis peinrs à la gouache

vmylique er vernis.

Page 5: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

5

Page 6: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Mosaïques r~alisées par des enfants de 6 ans.

Ci-dessous: Le départ de la fusée.

Page 7: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

J'ai acquis une certaine culture, je suis soumis à des remm1scences, des normes. On risque toujours de s'enfer­mer dans un style, dans des canons parce que le conformisme, c'est facile ou ça plaît. Peut-être que la créativité, c'est de retarder ou même de s'interdire ce type de plaisir immédiat. La créativité peut être aussi souffrance. Je pense que l'« artiste » influence la société, il la dérange. Celui qui ne dérange pas, n'est peut-être pas vraiment un créateur.

Le 20e siècle, avec les ateliers de loisirs, met ce qu'il appelle l'art populaire (pote­rie, céramique, tissage ... ) « à la portée de tous ». S'il sort un peu de la copie et du conventionnel, cela peut développer au moins l'habileté mais peut-être pas l'envie de commu niquer avec les autres. La mosaïque, c'est différent. Ce n'est pas un atelier « propre ». Comme on ne peut pas obtenir des enfants qu'ils viennent avec des habits usagés, ils se font toujours gronder quand ils re­viennent de l'atelier ; et ils ne rapportent pas tout de suite quelque chose de « joli » à la maison ; enfin, une mosaïque, c'est lourd 1 Pour l'accrocher, il faut planter une cheville dans le mur 1

C'est aussi une technique à part. Il faut apprendre à tailler les tesselles, les petits carrés de marbre ; on tape au bon endroit pour avoir une cassure nette après avoir bien choisi sa pierre. C'est une technique fixée depuis très long­temps et peut-être pour toujours. L'homme doit s'y plier mais aussi ne pourra jamais être remplacé dans ce domaine. Une mosaïque industrielle de­vient du carrelage ; ça ne veut pas dire que je suis contre ce qui est actuel et nouveau, mais la pierre qui parfois date de milliers d'années, est vivante 1 Quand je l'ai dans les mains, j'établis avec elle un dialogue ; pas un dialogue de sourds, un dialogue véritable. On a beau vouloir tailler des petits cubes tous bien pareils, à un moment la pierre se coupe à vif pour dire « j'existe, je vis, je suis ici 1 » et elle se coupe tout à fait différemment de ce que l'on espérait. Il est vrai qu'actuellement, j'en arrive à savoir comment placer ma pierre pour la couper par rapport à telle ou telle veine. Cela me vient d'une grande fami­liarité avec elle, j'ai appris à la connaître, à l'approcher, à la longue. Les enfants pourtant apprennent très vite à « tailler » et ensuite s'apprennent entre eux, attei­gnant une certaine autonomie ... cela me rend songeur ...

Propos recueillis par Fernande Landa

Sculplures cl mosaïques de Verdiano Marzi au lycée de

Bourgouin-Jallieu

7

Page 8: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Création mathématique et artistique En classe de C.M.l., école Diderot

5 avenue Eugène Pelletan à Vitry-sur-Seine

La classe t ravaillait sur la numé­ration et l'approche de la d ivi­sion avec un petit matériel de ma fabrication : 1 carré de 1 dm de côté (quadrillé en 100 car­reaux de 1 cm2 ) représentait une centaine, 1 bande de 10 cm2

représentait une dizaine et 1 carré de 1 cm de côté, l'unité. Au cours d'une des manipulations, Sébastien - toujours farceur -eut l' idée de dessiner une tête sur sa table, à l'aide du maté­riel. Sous d'autres cieux sco­laires, il se serait retrouvé avec un pensum ! Mais là, ses cama­rades jetèrent un coup d'œil sur sa créa ti on. " Oh ! Ta tête fait 133 ! , s'éc ria un copain. Ce fut le départ d'une fougue créa­trice. Chacun dessina son per­sonnage, sa figure et en donna le nombre représentatif. Il y eut Madame 322, Monsieur 113, Mademoiselle 241, etc. Je saisis mon appareil photographique pour immortaliser les réalisa­tions.

Ces créations ne sont pas sans rappeler " la grille sur un ski ,, de Paul Le Bohec et le sujet de l'interdisciplinarité. De la mani­pulation mathématique, nous étions passés à la créa tion artis­tique , et l'inverse (en calculant le nombre que représentait chaque fi gu re).

Henri-Noël LAGRANDEUR

-

Page 9: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

L' originalité de la création de ces pou­pées est le résultat de la liaison d'un travail d'apprentissage professionnel (cou­ture) et d'un travail de recherche mathé­matique ai nsi que de création a rtistique réalisés avec des adolescentes de 15 à 17 ans dans une section d'éduca tion spécialisée. Travai l de liaison qui impli­quait une collaboration étroite entre le professeur technique et l'institutrice.

L'envie de ces poupées, qui l'a eue ?

Je crois qu'e lle est arrivée pour Ioules (ados. institutrice. professeur) au même moment : la mode dans le super­marché juste à côté du C.E.S. étai t alors la vente de ces poupées de chiffon !

Mais il nous fallait tout inventer ! Les proportions, les patrons, les costumes. les trouvailles pour le montage ...

Après s'être toutes mesu rées des pieds à la tête, en passant par la grandeu r des jambes . des bras, des mains (en jouissant de tou tes les impressions reçues) nous avons établi un tableau des mesures des différentes part ies de nos corps : quelques propor tions sont apparues et nous avons pu alors, com mencer la re-

Poupées de chiffon

cherche. par tâtonnement. de la réalisa­tion du patron du corps de la poupée (chose diffic ile car il fa ll ait prévoir les contraintes techniques : éviter trop d'as­semblages. penser qu'une fois bourré , les proportions du corps cha ngeraient). Enfi n cette épreuve fut dépassée !

li fal lait ensuite acheter les tissus en cal­culant les mé trages nécessaires, faire l'analyse du montage de la poupée (quelle opération avant l'autre? Assembler d'abord la tête ou les jambes au corps). A l'atelier régnait une certaine effer­vescence. car ce n'était pas tout à fait un travail comme les autres. On devait s'aider pour surmonter les difficultés.

Il fa llait les habiller ! Et à nouveau. indi­viduellement cette fois. recherche de pa­tron pour le slip. le jupon, la jupe. le châle... Recherche d'harmonies de cou­leurs pour les tissus ; recherche de formes de vêtements (nous avons feuilleté des journaux de modes, des documents de costumes folk loriques) .

Et quelques semaines plus tard, e lles éta ient soigneusement habillées.

Mais il fa llait des cheveux ! Et à nouveau des recherches de procédés techniques, de maîtrise de matériaux ; utiliser la trou ­vaille de la copi ne. s'en servir mais trou­ve r au trc chose !

Ultime recherche : leur donner un visage ! Tout était fini. Tant d'efforts ! Une réa­lisation très soignée et quelques tra its de feutre pouvaient venir toul détruire. J'ai veillé à la recherche de l'expression elu visage, ultime précaution, ou i j'avais un peu peur ! Des observations de photos, de leu r propre visage... Les d iverses possibilités de dessiner la bouche, les yeux, toutes les variantes possibles ...

Et voilà nos poupées si belles et si vi­vantes, que nous avons voulu en garder un souven ir, un témoignage. Nous avons organisé une après-midi " photos-poupées ,, en décor natu rel, sur la pelouse du C.E.S.

Claude COHEN S.E.S. Vauguyon

Le Mans

9

Page 10: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

10

BPAUVRE JARDINIER !S

Par une grise après-midi un pauvre jardinier se dit :

« Mon dieu ! Comme je suis vieux !

Quand je plante des salades, je suis malade.

Et si je coupe du thym j'ai mal aux reins.

Quand je m'occupe du céleri, mes vertèbres crient,

et si j'arrache des radis, j'ai le torticolis.

Quand je repique des choux, ça craque dans mes genoux,

et quand je soufre mes citrouilles, mes yeux se brouillent.

Quand il faut tirer de l'eau, j'ai mal au dos,

et pour monter l'escalier, j'ai mal aux pieds.

Comme je suis malheureux ! C'est parce que je suis trop vieux ! »

Florence - 9 - 05

Page 11: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

AU FOND DE MON CŒUR

J'entends un piano qui chante

AU FOND DE MON CŒUR

J'entends la petite voix de mon poème

AU FOND DE MON CŒUR

Je sens le frais parfum du printemps

AU FOND DE MON CŒUR Je sens le bonheur qui vient

AU FOND DE MON CŒUR

J'entends un petit homme qui cha touille 2 petits lapins qui farfouillent

AU FOND DE MON CŒUR

Je sens trois gouttes de chocolat qui barbouillent quatre crayons d'argent qui gribouillent

Nathalie Lagut

Un matin, le petit lapin

de Saint Germain se réveilla

en sursaut.

Un bout de soleil venait de lui toucher

la peau.

Gilles Saint-Romain

11

Page 12: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3
Page 13: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

La question sans image La question

sous la neige

Avec une réponse en forme de visage

Sous le sable la boue

Les mots tombent ainsi dans le sac du poème

l'insecte fouisseur dévore la poussière el les cendres du temps

Et tu les prends et tu les tords et tu les manges Et la poussière qui s'en va dans l'ouragan de tes paroles

La question est de savoir survivre pour construire au soleil la maison de cristal

Cc sont peut-être les chansons qui renaîtront dans les oreilles des sourds

Et puis

Et l'insecte du temps est resté dans le froid

La transparence répondra.

il restera dans les soucoupes du vent Une gerbe d'étincelles

Ce sont les branches du poème qui flambent

Tu seras de l'autre côté de l'horizon.

Georges JEAN

Georges jean, né en 1920 à Besançon dans une famille ou­vrière. Etudes à l'Ecole Normale d 'Instituteurs de Besançon, à l 'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud. Enseigne successive­ment au collège de Dôle (Jura). à l'Ecole Normale d'Instituteurs du Mans, puis à l'Université du Maine. Actuellement Maître-Assis­tant (linguistique générale et sémiologie) à cette Universi lé. Animateur national à Peuple et Culture. Président du groupe de travail d'aide aux Compagnies théât rales professionnelles pour la Région Bretagne-Pays de Loire. Président du .Centre International d 'Etude « Poésie-Enfance "· Poète, es­sayiste, anthologiste .. .

BIBLIOGRAPHIE

Essais Sur le nouveuu ramon , Peuple e l Culture. 1964. La poésie. Seuil. 1966. Le roman. Seuil, 1971. Le théâtre. Seuil. t 977. Pour une pédagogie de lïmuginoire, Casier­man, 1977. Culture personnelle e t a c tion pédagogique. Caslerman, 1978. Les Voies de l'imaginaire enjontin. Ed. du Scarabée, 1979. Lectures de lu Poésie. Ed. Saint-Ge rmain­des-Prés, t 980. Le Pouvoir d es Con les. Cas lcrman. t 981.

Poés ie tus 1\.luls on lre P liX. Seglw rs . 1969. Purolo "" p if>)!e. P1·h 1'. Villo n. l !l7 1. 1. ~ l i iiRs M11 r lin. 197 1. Lv• Mol• dl' pr"S<'. Club d u poème, t 972. l'our nommer ou les mots perdus. SHinl­Gm·mAin-des-Prés. 1972. Des Mots ù lu sou rce. Sughe rs . 1973 . Los Mols d u ressue. Seg hers. t 975. Celtp chose snns nom. Suiut-Ge rma in-dès­Prés. t 978 . Les l'dols d u d e>Snus. SRint-Germoin-des­f' rés. 1980. J.ps Mots d'Apijo. Sain t-Ge•·mai n-rles-Prés. t üllO.

Anlhologies LP Livre d'or des poètes. 3 vol. Seg he rs . 1973. 11 é luit une fois lu poésie. La Fa rand ole. 1974. Le Premie r livre d 'or des poètes. Seg he rs, 1974. L'Arbre e n poésie. Gallimard, t 9 79. l.u Liùerlé on poés ie. Gallimard. t 979. Les Voy(lges en poés ie. Ga llimard, t 980 . L'A mour e l l'amitié en poésie. C HIIimard . t 981. Lo Cumpu~ne en poés ie. Ga llima•·d, 1982.

Divers Le Pe til e nfant et lu poésie, Saint-Ge rmain­des-Prés . 1978 . Le Livre de tous rnes omis. Ga llimard, 1979 . Le Pla isir des mo ts. Dic tionnaire poétique. Gallima rd . 1982. Mon premie r cahier de poésie, Ed. Retz. 1982. Un matin ô Venise . (Avec E. Genouvrier el P. Fresn a ult Dcs ruelle ), La •·ousse. 1980 (sur un tableau de Canaletto}. La Gare de Claire (Avec E. Genouvrier, et P. Fresnaull Dc sruelle. Sul' un tableau de P. Delvaux). Larousse. 1960. Voyoge do ns un timbre (Avec E. Genou­vl'ier . e t Pierre Fresnault Des ruelle). La rous se. 1980: Les Nièces du peintre (Avec E. Genouvrier, et P. Fresnault Desruelle). Sur un tableau de Ve erme•· de Delft. Lo Tempê te [Avec E. Genouvrier et P. Fres­naull Desruelle) Sur un tableau du peintre naïf Du moulin.

Disque Chevauchée s idérale. Poèmes de G. Jea n mis en mus ique et interprétés pm· Ma x Hungier. Un disque 30 cm. Disques Al·c-cn­Ciel. S tudios S.M. n ° x 30/11 /35. Dis po­nible en ca ss e tte. S.M. K 199.

Film Liber lé de lu nuil. Essai s ur l'âme roma n­tique. Ré alisation F. Bouc het. Moyen Mé­trage, 1968.

Dans le fil du silence Le grignotement du lemps Sous la lampe

Quelques bulles de musique s'échappent du puits noir

L'écume recouvre la plage pour la dernière marée

Il restera quelques coquilles luisantes

Les mots s'effaceront

Et la voix ici demeurera comme un écho.

Qui râcle le fond de la mer cette lointaine parole perdue

Qui chante éclats

frémissements derrière les murs et les toiles

Quoi ces graviers aigus dans la gorge

Pour queUes plages pour queUes basses eaux

Où s'arrête le vent les vagues se détruisent

Ce soir sous le couteau de la lumière la nuque flambe

Indicible

Mémoire éteinte les questions passent les pierres bruissent comme des mains

Qui plonge à travers les murs de silence qui regarde derrière les fenêtres végétales

RIEN

Sinon le plaisir le remuement torturé des paroles sous la page vide et lisse comme l'étang.

13

Page 14: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Les élèves de 4e du C.E.S. de Coursan dans l'Aude ont imprimé un recueil de leurs poèmes qu'ils ont vendu au prof it de I'U. N. I. C.E.F.

Ami Lecteur,

Nous sommes des élèves de 4e, ni les meilleurs, ni les pires ! Mais nous avons envie de dire ce que nous pensons de ce monde. Parce qu'il est notre héritage, nous voulons le faire à notre idée, plein d'amour, de justice, de liberté.

« Poèmes d'élèves » pour la paix et la liberté

Page 15: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Une bougie, deux bougies, t rois bougies, ça donne un incendie. Un mot, plus un mot et encore un mot, ça donne un appel infini. Un cri, un autre cri et mille cris, ça donne la volonté des peuples de tous continents .

Dans la vie de tous les jours, apprenons à aimer, à vivre ensemble •. à construire la paix.

(Présentation collective)

Lecture du journal

Premier de l'an C'est le temps des cadeaux des petits et des gros le temps de la tendresse ...

PO LOGNE : le bilan s'agrandit 21 morts depuis six jours ...

Cette super-star de la route sera à vous pour la modique somme de 10 706 francs ..

BEYROUTH : l'explosion d'une camionnette piégée samedi soir a fait 10 tués . ..

Barbara Castlan : « Les amours au paradis » Roman aux éditions de Trévisse 30 francs . . .

Offrez-vous

La jeune femme qui a tué son mari . Jeudi à PARIS a été incu lpée . . .

ce coquet jeu d'échecs pour 3 000 francs ...

Un ressortissant algérien sans argent a mis fin à ses jours à TA LANGE pour n'avoir pas reçu sa pension ..

Philippe

Il y en a qui se moquent de tout, de la guerre et des fous .

Il y en a qui se moquent de nous, de l'amour, de la haine.

Il y en a qui restent enfermés dans des rancœurs blindées.

Il y en a qui disent : « C'est pas nous, et on s'en fout» .

Il y en a

Viens je te montrerai la mer grise en hiver allongée sur le sable mort

la mer tombée du c iel

la mer qui s'est noyée dans un solei l sol i taire

Viens nous irons réchauffer le soleil el nous irons bercer ID mer blanche

Et nous irons prier les samts de bois sculptés pa1 l'écume et le sel par les vents et les pluies

les arbres-dieux CIUCifiéS sur l'horizon les bras tendus vers l'amour les do1gts tournés vers l'été vers la vie

Collecti f Prix ELICIA riels« Trobadors 81 »

qui soufflent : « C'est trop cher» ou « J'ai le foie malade ».

Il y en a qui pensent : « MOl je suis, ... où sont les autres ? >>

A quoi ça sert d'écrire, de dire, de crier d'aimer?

Ils sont sourds Ils sont morts

parce que VIVRE, c'est l'amour et la colère , la lutte contre la guerre, même si l'on est seulement vingt cœurs à espérer !. ..

(Collectif)

19

Page 16: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Les forces de J'ombre

guerres, canons, fusils, le poing qui frappe sur la gueule de celui qui est différent l'étranger qui dérange l'intrus

Les forces de l'ombre veulent tuer l 'amitié, la fraternité entre l 'homme blanc et l 'homme noir l'homme jaune et l'homme rouge

Les forces de l'ombre veulent briser les cris de joie des hommes libres les mains tendues vers tous nos frères la clarté des tendresses

Mais nous vaincrons les ombres Nous chercherons en nous les forces de lumière qui rassembleront les hommes dans la ville rouge de l'amour.

La vio lence ça commence par un rien

Collectrf

par une pensée fausse et dure par un mot égaré sur un papier par des paroles qui s'envolent lourdes et noires

par les coups des enfants dans la rue dans la cour

par les grands qui se croient tout-puissants et qui veulent gagner

et qui veulent piller

et qui veulent garder le pouvoir sur les autres sans défense

sans vio lence Sophie M _

llhalie R -·M Natha/,e L. . •che! - Pascal

La guerre

C'est l'oisea u qui ~'éteint sous des fusils uses

Marie-Lourdes

1 . ... . ~- • • · •

. · ··~ :t ~; ~ .. -...c=---

Donne à J'homme l'as de cœur, au soldat une bombe d'amour, au canon Ja rouille du repos,

donne aux mons l'évasion de l'ente •

tueurs

donne à J'homm~rdu le chemin de la pa ·

donne à toute la_ t re et le pain et le va de la fraternité .

Hélène

C'est du rouge des cris rouges des enfants rouges nos enfants rouges et des croix sur la terre.

Sandnne

Page 17: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Réalisation d'adolescent Classe de Michel Blot (Ambrières- Mayenne)

21

Page 18: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3
Page 19: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3
Page 20: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Ateliers Guy BA UDAT Poterie de Dampierre

Gargilesse 36190 Orsennes

MULTIDIMENSIONNEL ? ... ... à partir du moment où je m'exprime, je ne suis pas forcément un artiste mais je su is un HOMME QUI S'EXPRIME.

J'ai dans mes chromosomes des générations de potiers Je suis issu d'une famille qui, paraît-il, est la plus ancienne famille française de potiers. C'est une tare ou c'est un bien mais en tout cas c'est inscrit. J'ai eu la chance d'avoir un père très permissif qui

m'a aidé à pétrir sans restriction l' argile, avec laquelle j 'ai pu sans problème me fondre, me confondre quand j'étais vraiment très petit.

Très tôt j'ai été subjugué par la musique A cinq ans, j'ai créé un ensemble de percussions réunissant de curieux éléments sonores : deux banjos privés de leurs cordes, des poêlons de cuivre, un stérilisateur, une enclume, une roue à rayons d'acier,

Page 21: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

un gros tambour en piteux état mais ô combien magique. Au premier son de ces tam-tams frénétiques , tous les gamins du village étaient rassemblés.

A dix ans, j'ai commencé à faire de la musique « traditionnelle » . Je prenais des cours d'accordéon à la ville voisine. Mais j'ai vite compris que le « musette " n'était pas ma vocation . A travers le folklore berrichon, j'ai découvert le jazz et en même temps que je parachevais ma formation de potier, j'ai ainsi commencé à jouer de la trompette et à faire du jazz en groupe.

« Pétrir l'argile ... se fondre, se confondre avec l'argile ... »

2'5

Page 22: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

26

«J'ai rencontré des maîtres artisans dinandiers, des compagnons du Tour de France, des forgerons ... Nous avons réalisé des instruments, véritables sculptures musicales, qui ont retrouvé la ligne pure et sobre des courbes et des sons "·

Ce n'est que plus tard que j'ai pu réaliser une expérience musicale marginale. J'ai rassemblé dans un auditorium des instruments, fruits de mon imagination, capables de capter notre propre chant intérieur, chant présent en chacun de nous. Il n'était plus question de technique ni de virtuosité. Il fallait retrouver une sensibilité « source » .

J'ai eu envie de m'exprimer aussi par les mots C'est simplement au niveau de l'envie et non pas du choix que j'ai ensuite écrit des poèmes. Ils valent ce qu ' ils valent et je les ai publiés dans un recueil qui s'appelle « Rouge Vif » (voir p. 28). On a dit qu'il s'agissait de poèmes naïfs en prise directe sur la vie et la sensibilité. Je pense qu 'il y a une étroite relation sensible entre ces trois expressions. Ce que

j'exprime avec l'argile, je ne peux pas l'exprimer avec la musique, ce que j 'exprime avec la musique je ne peux pas, peut-être, l'exprimer avec la poésie. Il y a une complémentarité d'expression. Mais il n'y a pas exploit. IL N'Y A PAS PROUESSE INTELLECTUELLE OU CREATIVE DANS LE FAIT QU'ON S'EXPRIME PAR PLUSIEURS MOYENS.

J'ai eu besoin de mouvement Et puis j'ai eu envie de faire vivre une gestuelle. J'ai eu envie de fai re vivre des volumes. A ce moment-là, j'ai fait des expériences chorégraphiques sur le tas. Elles avaient lieu en interpénétration étroite avec des environnements de sculptures. Il n'y avait évidemment pas le parquet tradi tionnel pour fai re glisser les ballerines. Disons que c'était une expérience

Page 23: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

en rupture avec Je lieu scénique traditionnel et avec les conventions sclérosantes de la chorégraphie. Là encore, il y avait complémentarité dans mon expression artistique.

J'ai assaini mon intériorité en créant des sculptures qui sont faites pour l'espace comme un arbre qui pousse J'ai réalisé des sculptures extérieures. On peut voir, autour de mes ateliers , des êtres patibulaires qui sont des ogres. J'avais tous ces connards à l'intérieur, alors il fallait les sortir et je les ai sortis. J'ai ainsi décrassé mon intériorité . On peut voir aussi d' autres volumes beaucoup plus souples , beaucoup plus fluides, beaucoup plus limpides. Ces choses aussi, on les a en

soi et on peut être capable , parfois , de les faire naître.

On est truffé d'angélisme et de monstruosité. C'est l'être, c'est comme ça.

Cette araignée aux yeux bleu ciel, elle est là, précisément, pour détraumatiser. Depuis le fond des temps , on a créé des

" .. . toutes ces choses qu'on a en soi, on est capable, parfois, de les faire naître "·

27

Page 24: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

28

mythes autour de l'araignée, du serpent, du crapaud. Mais en fait, un serpent c'est beau, c'est un très beau volume, c'est net, il n'y a pas de faille. C'est très épuré, c'est ce qu 'on peut faire de mieux. Et le crapaud, c'est un sage, c'est un être très discret, très nocturne, très sain.

Ces sculptures, je ne les ai pas faites pour mon environnement à moi mais pour l'environnement, pour l'espace.

A partir du moment où elles sont faites, elles ne m'appartiennent plus, elles appartiennent à l'espace.

On m'a souvent demandé si elles é taient inspirées de l'Art Nègre. Je pense qu' il y a plus identité de pensée créative qu'inspiration.

Par contre, ce que j'ai retenu de l'Afrique, c'est que là-bas, malgré la colonisation, il n'y avait pas d'artiste au sens où la société moderne nous le fait en tendre.

Tout le monde tapait dans le b<;>is avec sa petite hachette et puis faisait son totem.

On faisait un totem comme on tricotait un pull dans les campagnes avec l'écheveau de laine ... sans préambule.

Je dis : (( L'artiste n'est pas, l'homme est;; Je pense que le gros problème actuel de l'homme, c'est d 'être inhibé , timoré, culpabilisé . Aux pédagogues de fai re tomber les barrières et de désacraliser l' artiste. Il ne devrait pas y avoir cie décalage élitiste entre la personne qui ne connaît rien à l'Art et l'artiste qui connaî t tout cie l'Art. Je pense que ce sont des conventions, des clauses de style, des perversités de langage et d'éducation qu 'il faut faire sauter. L'Art en soi ne m'intéresse pas parce que c'est un concept totalement éculé et totalement surfait. L'homme est là pour s'exprimer dans la mesure où on lui laisse toute liberté pour le faire. Je clis bien pour s'exprimer, je ne clis pas pour bavarder.

Retrouver son propre chan/ intérieur.

Jeanne la Folle

Jeanne la Folle qui ne peut pas être mère a trouvé dans le sable un galet chaud de soleil qu'elle couve avec son ventre et qu'elle appelle son enfant.

Extra it de " Rouge Vif •

Page 25: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Un auditorium, sorti de l'imagination de Guy, en harmonie avec le paysage ...

Sur le plan de cette expression profonde, il n'y a pas de qualification à avoir. Dans l'Art brut, les hommes qui se sont exprimés l'ont souvent fait sans technique. Je le répète : le problème est de s'exprimer avec ou sans technique, que ce soit d'une façon musicale , sculpturale, picturale, littéraire ... On a tous des choses à dire, on a tous des choses à faire, on a tous des choses à taire. Je pense que - par accident ­l'artiste peut transmettre un message. Mais ce n'est pas là l'essentiel : l'expression artistique est liée, d 'une façon très égotique à ce que l'homme a en lui-même et qu' il ne peut garder. L'artiste n'est qu'un homme.

Propos recueillis par Martine ABON et Raymond MASSICOT

Page 26: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

c 0 u r r • 1 v r

:les

>0

Les 100 expositions du congrès de Nanterre

100 expositions : cela peut paraître saugrenu quand on sait combien il est difficile d'en monter une seule ! Comment m'est venue cette idée ? Il y a trois ans, de passage à Limoges, j'ai v isité une exposition intitulée « les cent tables des porcelainiers de Limoges ». Chaque porcelainier, en accord avec d'autres« arti$tes de la table » (cristalliers, orfèvres ... ) et avec l'aide d'un décorateur, avait aménagé une table à quatre couverts. Avant d'entreprendre la visite, j'ai craint la monotonie : c'était tout le contraire. Quelle richesse, quelle diversité ! Rien n'était laissé au hasard, ni le choix de la tenture des paravents qui limitaient chaque coin, ni le linge de table, ni le choix des meubles. Chaque table avait son intimité, son originalité, sa personnalité.

Il y a loin, me direz-vous de la porcelaine de Limoges à l'art des enfants et des adolescents. Certes. Mais ne trouve-t-on pas chez nous autant de variété et autant de richesse ? Alors voici ce que je propose. Un camarade isolé, avec sa classe, une petite équipe de deux ou trois, un groupe départemental tout entier, bref quelqu'un, tout seul ou avec d'autres, veut témoigner de sa pratique dans ce qu'elle a de plus actuel, mais aussi de plus démonstratif. Il conçoit -ils conçoivent - une mini-exposition : il faut de la place pour chacun, quel­ques travaux seulement, choisis selon une ou différentes techniques : gra­phismes, peintures, collages, tap isseries, poteries, cé ramiques, scu lptures .. . mais si possible centrés sur une idée force.

Le congrès a pour thème : LES DROITS ET POUVOIRS DES ENFANTS. Dans nos classes, depuis longtemps, mais d'une manière sans cesse actualisée, ces droits et ces pouvoirs se définissent et se développent, notamment dans le domaine de l'expression et de la création artistiques. L'occasion est donnée d'en faire une multiple démonstration : quelques œuvres seu lement mais sélec­tionnées en fonction d'un impact clairement défini. Les enfants ont le droit de créer, le pouvoir de produire : en voici une preuve.

100 expositions = 100 preuves. Et pourquoi pas davantage ? Et quand bien même on ne serait que 25 ... Si on sait être convaincant !

Jackie De/abbe

Quelques réactions à la revue ''Créations JJ

de l'Institut Varois de l'Ecole Moderne

L'ensemble des camarades qui se sont exprimés apprécie l'existence d'une telle revue . De façon générale, ils trouvent qu'on devrait accentuer le sens « recherche tâton­née » dans la création car c'est ce qui carac­térise nos options.

Critiques :

• Contenu des reportages : Il est trop sou­vent imprécis, mal construit pour le lecteur, et ressemble à du bavardage (paraphrase de création).

• Choix des rubriques : Dans la même idée, on trouve certains reportages t rop courts. On a parfois trois reportages intéres­sants, tous trop courts.

• Pages centra les : On ne trouve aucun intérêt à ces pages. Elles sont inutiles au plan pédagogique et inintéressantes au plan de la revue. Elles prennent une place énorme!

• Le style : On critique le sectarisme de cer­tains articles (exemple : Le Japon) et le ba­vardage d'autres genres d'articles, le manque de vigueur, de dynamique.

On propose:

• Une revue avec moins de rubriques et des reportages plus détaillés, plus suggestifs

(d'une réflexion, d'une démarche, de tech­niques ... ) et qui donnent plus de place au créateur, à sa démarche, à ses t ravaux. ... Remplacer les pages centra les par un grand reportage noir et blanc. • Remplacer le dernier numéro de Créations de l'année par un catalogue (pour les en­fants) de techniques d'expression : - Une page couleur reprodu ction dessin d'enfants. - Une page photo des outi ls nécessaires avec quelques indications pour les utiliser. (Exemple : les techniques du pastel, l'aqua­relle, le couteau .. . ).

Pour/'!. C.E. M. Varois, le délégué départemental

Henri GO

d'une abonnée récente Je reçois Créations récemment et je m 'em­presse de vous confier mes réactions. Bravo ! Pour une revue aussi variée, nous promenant de l'école au collège, au lycée, à l'atelier du sculpteur, à celui du relieur sans oublier le peintre. Le contenu est riche et ressemble à l'atmosphère de maintes classes Freinet. Grâce à vous ma créativité est en route à nouveau ! Car à quoi sert celle des élèves si elle ne trouve pas d'écho chez leurs pro-

Des ateliers publics d'expression pour les arts plastiques

Photo ci-contre Réalisation d'une sculpture en pierre,

par Myriam - 10 ans.

La mise en place des ateliers publics d'ex­pression pour les arts plastiques (scu lpture et peinture) s'insère dans une vision nouvelle de l'action culturelle. L'enjeu de cette action réside dans le rapport que doit entretenir' la création avec la v ie collective.

L'expression culturelle n'est pas complémen­tai re de la vie mais partie intégrante, et à ce titre, elle concerne l'ensemble de la popu­lation qui est en droit d'y prendre une part active.

Les ateliers publics d'expression pour les arts plastiques sont financés par les Ministères de la Cu lture et du Temps libre. Leur but est double : donner aux professionnels les moyens de communiquer sur des bases actives, et à la population les moyens d'éta­blir une relation créatrice avec des interlo­cuteurs spécialisés dans une discipline plas­tique.

Deux artistes plast iciens - un sculpteur et un peintre - gèrent chaque atel ier. En cont repartie d'une obligation d'horaires, ils perçoivent une rémunération.

Actuel lement, il existe quatre ateliers pilotes en France : Laval, Allones, Marne la Vallée (Torcy) et Paris 14• (36 avenue Jean Moulin, atelier 11). Ils sont ouverts aux enfants, aux jeunes, aux adultes.

Chantal RAY-SO LER 36 avenue Jean Moulin

75014 Paris

fesseurs 7 Conservez des consignes très ou­vertes, loin de recettes trop « copiables » et gardez des expositions permanentes aux murs des classes ! Rien ne ressemble plus à la prison ou à la caserne qu'une salle de classe grise sans aucun affichage personna­lisé ! Le mil ieu riche favorise la créativité ...

Personnellement, en 6•, je garde une heure d'oral en français pendant laquelle se lisent les textes libres, les envois de nos corres­pondants Tunisiens ... , s'expriment des textes à plusieurs voix, un peu d'expression corpo­relle . .. Mais je remarque que selon les années, selon les échantillonnages d'élèves, cette heure libre et orale a des visages t rès différents. Cette année une classe ne parvient pas à être autre chose que des potaches très scolaires, deux seulement osent bouger leur corps ... Je me méfie de ce que je leur présente, ils ont tendance à copier ce que je leur montre, scolairement... Pas de poème libre, une ou deux proses poétiques et comme le reste de la classe ne suit pas, on ronronne et s'ennuie. L'an dernier j'avais même trop de poèmes, sans que j'en aie parlé. Pouvez-vous m'aider à nous sort ir de cette ornière.

Pau le AUSSANT Col lège Piobetta

85021 La Roche-sur-Yon

P.S. : Les f iches détachables je les garde, elles ouvrent des pistes.

Page 27: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

La « Place Stravinsky »

Aperçue le temps que s'ouvre une palissade, pendant l' installation d'une des sculptures mobiles, la place Igor Stravinsky, tout à côté du centre Pompidou ... Elle est entièrement habitée d'objets animés ou endormis de Jean Tinguely. T

~ EXPOSITIONS ~ ...

A Beaubourg ! « Enseigner les arts plastiques »

Du 14 janvier au 13 mars 1983, s'est tenue au Centre Pompidou, au « Carrefour des régions >>, une exposition intitu lée « enseigner les arts plastiques dans les lycées et col­lèges ». La société des professeurs de dessin et d'arts plastiques y témoignait, en mont rant diverses démarches pédagogiques, de quel­ques aspects de l'enseignement du dessin aujourd'hui; et I'I.C.E.M . était invité à y présenter la pédagogie Freinet.

Témoignage-té légramme, puisqu'il falla it que tout soit dit en deux panneaux ... Mais pour combien de visiteurs ?

Annie DHÉNIN

tl es

Page 28: Sommaire - icem-freinet.fr · Sommaire N° 11 -Mai 1983 Abonnement : 6 nos par an ; 96 F-P.E.M.F. B.P. 109-06322 Cannes-la-Bocca Cedex 2 Monsieur le Ministre, nous prenons acte !3

Responsables de la rédaction : Anto Alquier, Jackie Delobbe, Robert Poitrenaud. Bernard Trincavelli. Maquette : Bernard Trincavelli.

Ont participé à ce numéro : Le secteur « art enfantin et créations >> • Verdiano Marzi, Fernande Landa ; Henri-Noëf Lagrandeur ; Claude Cohen ; Claudette Mény ; Jackie Deiobbe ; Christian Poslaniec ; Michèle Tozzi ; Jean-LOUIS Maudrin, Éliane Pineau ; Michel Blot ; Michel Vibert ; Guy Baudat, Martine Abon et Raymond Massicot; Chantal Ray-Soler; Henri Go ; Paule Aussant ; Annie Dhénin.

Publication éditée, imprimée et diffusée par la COOPERATIVE DE L' ENSEIGNEMENT LAlt IC.E.L.I

Cannes La Bocca IAipes-Mant1mesl, France Directeur de la publication : Guy Champagne

Loi n' 49-956 du 16juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, 5- 1983

Comité de direction : Guy Champagne, Jacky Chassanne. Jean-Claude Colson, Georges Delobbe, Maurice Marteau,

Jean·Louis Maudrin, instituteurs Date d'édition : 5 - 1983- Dépôt légal : 2' trimestre 1983

N' d'édotion : 1675- N' d'impression : 5954 N' C.P.P.A.P. : 53298

PUBLICATIONS DE L'ÉCOLE MODERNE P.E.M.F. Pédagogie Freinet Rédaction et abonnements: B.P. 109, 06322 Cannes La Bocca Cedex. Tél. (93) 47.96.11. C.C.P. : P.E.M.F. 1145-30 D Marseille.

En cas de hausses sur les prix du papier et de l'impression en cours d'année, il ne sera expédié que le nombre de numéros correspondant réellement au montant de l'abonnement.

r­m en ..... = = m >< -a 0 en -..... -0 2 en c c n 0 2 C) :a m-en c m 2 :1:11 2 ..... m :a :a m . ..._,