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SOMMAIRECOMMUNIQUÉ DE PRESSE

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

LAME DES CHEVALIERS

Par Nicolas P. Baptiste, Doctorant à l’université de Savoie (LLSETI), chargé de projet au château de Morges (Suisse) et Soline Anthore Baptiste, Doctorante à l’université de Grenoble (UPMF), co-tutelle université Ca’Foscari Venise (Italie).

LETTRE CLOSE SIGNÉE PAR JEANNE D’ARC LE 9 NOVEMBRE 1429 À MOULINS

Par Francine Mallot, Archiviste de la ville de Riom.

LES ÉPÉES DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

LES ARMURES ET LES CARRÉS DE MALOU ZRYD

Par Aurélie Ferrand

PRÊTEURS ET PARTENAIRES

IMAGES POUR LA PRESSE

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Autour du concept de l’arme, avec une attention particulière sur l’épée, cette exposition évoque le mythe du chevalier, de la fin du Moyen Âge au

XXIe siècle, à partir des collections permanentes du musée Mandet, celles d’autres musées français ( musée Masséna de Nice, musée Roger Quilliot de Clermont-Ferrand, musée Marcel-Sahut de Volvic, musée Denon de Chalon-sur-Saône) et de particuliers. Car les armes présentées en vitrines ou montées en panoplie dans les musées ou les châteaux, véhiculent des images mentales qui se rattachent à la bravoure, à la force physique et à l’honneur, valeurs de tous temps associées à l’esprit chevaleresque.

Riches d’environ 300 œuvres du XIIIe au XIXe siècle, les militaria du musée Mandet sont principalement constituées d’armes tranchantes et défensives (éléments d’armure, cotte de mailles, salades et bacinets, boucliers et rondaches), d’armes de jet et à feu (arbalètes, poires à poudre, pistolets, carabines et tromblons) et d’armes d’hast (pertuisanes, hallebardes, lances). Elles proviennent de donations de particuliers à la ville de Riom (dont la très importante collection Bayle en 1929) mais également d’un dépôt effectué en 1922 par le musée de l’Armée, à qui l’on doit des pièces de premier ordre, notamment une salade « secrète » du XVIe siècle, casque destiné à être dissimulé sous un chapeau, et un bacinet « à bec

de passereau » du XVe, dont il ne reste plus qu’une vingtaine d’exemplaires complets dans le monde !

L’exposition met en lumière une centaine d’œuvres  : armes et armures, mais aussi peintures, sculptures et objets d’art des collections permanentes du musée Mandet. Elle offre plusieurs séquences illustrant huit grandes thématiques  : le chevalier intemporel, les armes et leur usage, les secrets de la forge, la part du jeu, les mythes et les symboles, les compagnons d’armes, le chevalier au féminin et la chevalerie d’aujourd’hui.Des pièces exceptionnelles illustrent ces deux dernières  : une lettre authentique de Jeanne d’Arc, conservée aux archives de la ville de Riom et deux épées d’illustres personnages de l’Académie française : Félicien Marceau et Gilbert Dagron, réalisées par l’orfèvre Goudji.Mais l’exposition ne manque pas de faire le lien avec d’autres cultures, celle des jeux, de la communication et du cinéma, avec la présence de héros revisités comme le célèbre roi Arthur de la série Kaamelott par exemple.Est aussi présenté à cette occasion, l’ensemble des «  Armures », de l’artiste suisse-romande Malou Zryd (née en 1965), manteaux tissés de fils métalliques, entre parure et protection, qui propose une évolution sensible du thème de la cuirasse liée à la « corporéité ».

DE L’ÉPÉE DE CROISADE AU SABRE LASER

LAMEDES CHEVALIERS

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RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

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EXPOSITION

Lame des chevaliers De l’épée de croisade au sabre laser

DATES

Du 24 juin au 4 mars 2018

CONFÉRENCE DE PRESSE

Vendredi 23 Juin 2017 à 10 h 30.

INAUGURATION

Samedi 24 Juin 2017 à 11 heures.

LIEU

Musée Mandet14 rue de l’Hôtel de Ville63200 RiomTél. 04 73 38 18 53Fax 04 73 38 73 [email protected]/MuseeMandet

COMMISSAIRE GÉNÉRAL DEL’EXPOSITION

Marie-Josée Linou, conservateur en chef du patrimoineDirectrice des musées de Riom, Limagne et Volcans

COMMISSAIRES SCIENTIFIQUES

Nicolas P. Baptiste, Doctorant à l’université de Savoie (LLSETI), chargé de projet au Château de Morges (Suisse)Soline Anthore Baptiste, Doctorante à l’université de Grenoble (UPMF), co-tutelle université Ca’Foscari Venise (Italie).

SCÉNOGRAPHIE

Rémy Bourdier. Clermont-Ferrand

GRAPHISME

Double-Salto. Clermont-Ferrand

CATALOGUE

«Lame des chevaliers»Armes et armures dans les collections du musée MandetDe la fin du Moyen Âge au XIXe siècle.Textes : Nicolas P. Baptiste et Soline Anthore Baptiste, Francine Mallot, archiviste de la Ville de Riom, l’équipe du musée Mandet : Anne Chanonat, Jean-Paul Dupuy, Marie-Josée Linou, Elise PlumeyEditions SNOECKPrix : 20 €.

VISITE COMMENTÉES

Les dimanches à 15 heures, à 16 heures et sur rendez-vous au 04 73 38 99 94.

VISITE DE L’EXPOSITION

Par N. P. Baptiste, M-J. Linou et M. Zryd, plasticienne.Le samedi 24 juin à 14 h 30. Entrée gratuite, dans la limite des places disponibles.

CONFÉRENCES

Le cinéaste, son public et l’historien : Comment on filme Jeanne d’Arc ? Par Olivier Bouzy, responsable scientifique du Centre Jeanne d’Arc d’Orléans.Le 30 septembre à 14 h 30

Chevaliers et samouraï. Par Pierre François Souyri, Professeur au Département d’études est-asiatiques de la Faculté des Lettres de l’Université de Genève.Le 21 octobre à 14 h 30

Que reste t-il de nos armures ?par Nicolas P. Baptiste, commissaire scientifique de l’exposition.Le 25 novembre à 14 h 30.

L’amour courtois dans la poésie du XIe au XVe siècle.Par Françoise Laurent, Professeur en Langue et Littérature médiévales à l’Université Clermont AuvergneLe 16 décembre à 14 h 30

La guerre vue par les philosophes au Moyen Âge.Par Bertrand Nouaille, professeur de philosophie, président de l’Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public pour l’AuvergneLe 6 janvier à 14 h 30.

Tarif : 3 € (sur réservation)

SPECTACLES & CONCERTS

«Le chevalier» Par la compagnie Les bretteurs de l’Ombre, comédiens cascadeursSamedi 1er juillet à 15 hTarif : 3 €

«Portrait d’un chevalier en armure. Le chevalier : une espèce en voie d’explication»Samedi 26 août à 15 heuresPar N.P. BaptisteDans la limite des places disponibles

Concert de musiques médiévalespar l’ensemble BallataMardi 24 octobre à 12 h 30Tarif : 3 € (sur réservation)

DE L’EXPOSITION

JEUX SUIS CHEVALIER

L’univers des chevaliers dans le jeu avec l’association La Vache Carrée. Association de l’agglomération riomoise pour la jeunesse. De 15 h à 17 h 30.Les 22, 29 juillet, 5, 12 août, 23 septembre, 14 octobre (de 14 h 30 à 17 h), 9 décembre, 13 janvier et 10 février.

LAISSEZ-VOUS GUIDER...

Excursions initiées par l’office de Tourisme. Visite de l’exposition Lame des chevaliers suivie d’une visite d’un lieu emblématique du territoire : Maringues, Effiat, Chazeron…les mercredis 19, 26 juillet et 2, 10, 16 et 23 août à 14 h 30.Renseignements et inscriptions au 04 73 38 59 45

HORS LES MURS...

Colloque « Le combattant à l’époque romane ».Issoire. 20 et 21 octobre 2017

PRIX D’ENTRÉE

Plein tarif : 3 €Tarif réduit : 1,50 €Groupe de plus de 15 personnes : 1,50 € Gratuit pour les moins de 18 ans.Gratuit le mercredi.

SERVICE DES PUBLICS

Visites et ateliers pour les établissements scolaires et les adultes.Renseignements au 04 73 38 18 53

Les vacances aux Musées : Ateliers pour les 7-11 ans

« Une armure pour le chevalier langouste » Les 7, 25 juillet ou 4, 11, 18, 25 août, de 10 h à 12 hLe 31 octobre, de 10 h à 12 hLe 29 décembre, de 10 h à 12 h« Marionnettes et ombres » Les 1er, 8 ou 22 août, de 10 h à 12 hLe 3 novembre, de 10 h à 12 h

Ateliers pour les 12-16 ans

« Armure de papier »Les 27 et 28 juillet de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 hStage sur 2 jours« Le côté obscur des chevaliers »Les 3 et 4 août ou les 4 et 5 janvier de 14 h à 16 h 30Atelier théâtre d’ombre sur 2 après-midi « Plastiquarmure »24 octobre de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 hStage sur 1 journée« BD de bulles et d’épée »Les 26 et 27 octobre 10 h à 12 h et de 14 h à 16 h 30 Stage BD sur 2 jours avec la dessinatrice et auteure de BD Eva Rollin.

Gratuits. Renseignements et réservations au 04 73 38 18 53

HORAIRES DE L’EXPOSITION

Du mardi au dimanche.Du 24 juin au 30 juin 2017 et du 1er septembre au 25 février 2018,de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h 30Du 1er juillet au 31 août 2017,De 10 h à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h.Fermé les 14 juillet, 15 août, 1er, 11 novembre, 25 décembre et 1er janvier

COMMUNICATION

Pascale Denier-BalaÿTél. 04 73 38 17 [email protected]

CONTACT PRESSE

Musée MandetTél. 04 73 38 18 53Ou 04 73 38 17 31 [email protected]@rlv.eu

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u’est-ce qu’un chevalier  ? La question peut paraître futile, et la plupart des gens auront une réponse assez spontanée, érudite, intellectuelle, cultivée ou même triviale.

Nous avons tous une image mentale plus ou moins complexe de ce qu’est un chevalier ou de ce que représente la chevalerie, dans le passé, de nos jours ou dans l’imaginaire. Elle recouvre plusieurs acceptions, militaires, religieuses, héroïques, littéraires, et forme un concept intemporel, interculturel et international. Cette idée transversale questionne aussi notre monde actuel quant au sens profond des valeurs, des symboles, des mentalités véhiculées par la chevalerie, à travers les objets et les images qui en sont les témoins parvenus jusqu’à nos jours. Que reste-t-il alors de la chevalerie aujourd’hui ? Il subsiste d’une part des traces matérielles, comme cette armure dorée et gravée de la Renaissance du Musée Mandet, un bel exemple de ce que l’on projette de l’apparence d’un chevalier, et d’autre part un imaginaire universel qui prolonge le mythe, comme celui de La Guerre des Etoiles où une jeune femme devient chevalier « Jedi », suivie d’un droïde, éternel compagnon fidèle. Ces deux personnages et leurs panoplies reflètent ce que nous pensons de la chevalerie et sont pourtant tous deux très éloignés de l’héritage culturel du Moyen Âge. D’un point de vue historique, la chevalerie caractérise une classe de combattants, les hommes d’armes montés à cheval. Soldats d’élite ou aristocrates, puis membres d’ordres religieux, ils font partie de ce qui deviendra une réelle institution sociale depuis le temps des croisades jusqu’aux Lumières. Les objets sont au cœur de ces réflexions. La chevalerie se transmet, se constate, et se signifie grâce à des armes et des pièces d’équipements, militaires à l’origine, devenant progressivement instruments d’apparat. Les lames longues et tranchantes ont très souvent été les armes les plus usitées de cette transmission. Plus que des armes, ces objets sont des symboles, des premières épées en bronze jusqu’aux épées d’académiciens, tandis qu’il reste aujourd’hui de l’escrime ancestrale une pratique sportive qui nous relie aux porteurs de ces lames, nées de la rencontre entre les ressources de la nature et le savoir de l’homme.

LE CHEVALIER INTEMPOREL

Le mythe du chevalier traverse les âges. Toutes les organisations militaires humaines ont développé des castes de combattants, qui sont généralement le reflet des sociétés. Cette réalité militaire devenue une distinction dans la vie civile, caractérisant les héros parmi le commun, revêt des apparats particuliers  : habits, symboles, couleurs, armes et privilèges de les porter. Bien avant les croisades, on trouve déjà dans les armes et les objets archéologiques des distinctions quant à leur finition, leur qualité, leurs ornements, qui renvoient à des classes de guerriers d’élites. Ces objets sont utilisés également en dehors de la guerre pour ainsi caractériser leur porteur. Epées et dagues de l’âge de bronze, aux tranchants acérés et aux lignes admirables, accompagnent les hommes jusqu’à leur tombe. Dès l’Antiquité, des organisations militaires et sociales qui s’apparentent à la chevalerie, nées dans les batailles ou leur préparation, se hissent à des niveaux politiques et spirituels. Mais la figure du chevalier historique est certainement celle des croisades puisque la plupart des fondations d’ordre chevaleresque ont vu le jour dans ces entreprises. Sur tous les continents, on trouvera des similarités, et la comparaison avec les samouraïs japonais ( ill. 1) vient immédiatement à l’esprit, d’autant

plus que la symbolique des sabres est particulièrement riche et nourrit encore un imaginaire contemporain. Longtemps après les périodes médiévales la chevalerie restera une institution en Europe où l’on trouve les fondements de l’attitude courtoise, les figures des Neuf Preux et des Neuf Preuses de la fin du Moyen Âge, revêtus d’ornements, mêlant anachronisme et Orient. De façon universelle, les valeurs véhiculées par la chevalerie sont la défense des opprimés et des faibles, et si ce prisme est ajouté à celui des armes et des uniformes, nous voici arrivés aux récits de capes et d’épées, et à une période où l’épée et même l’armure sont incontournables à ce point qu’elles font partie des objets avec lesquels la noblesse et les souverains se font représenter avec dans des tableaux de genre. Après le temps des Lumières, celui de la Révolution exacerbe les idéaux guerriers, redistribuant les cartes. C’est l’Empire qui réinventera la chevalerie avec les officiers des dragons, hussards et autres cavaliers, incarnant des figures idéales en uniforme. Depuis quelques temps déjà, l’arme à feu est devenue un compagnon essentiel du combattant à cheval, pistolets de fontes servant à la guerre, pouvant parfois servir à régler des affaires d’honneur. En temps de guerre, comme en temps de paix, qu’il s’agisse d’un officier, d’un courtisan ou d’un religieux, la chevalerie institutionnalisée génère des traditions, des rites, des cultures, mais aussi des dérives,

Par Nicolas P. Baptiste, Doctorant à l’université de Savoie (LLSETI), chargé de projet au Château de Morges (Suisse)

Soline Anthore Baptiste, Doctorante à l’université de Grenoble (UPMF), co-tutelle université Ca’Foscari Venise (Italie).

LAME DES CHEVALIERS

1 - Scène de combat. Estampe japonaise. XIXe siècle. Musée Marcel Sahut. Volvic ©PComMusées Riom

Le forgeron Vincent Lecouturier en démonstration au château du Haut-Koenigsbourg (Photo communiquée par Vincent Lecouturier).

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des extrêmes, jusqu’à l’existence de personnages solitaires, perdus, menant un quête intemporelle et déterminée  : le chevalier errant. C’est un héros embarqué dans une aventure, à la recherche de lui-même. On pense immédiatement à Lancelot, Galaad et d’autres chevaliers de la table ronde, puis Don Quichotte, et en définitive une myriade de personnages littéraires, entre mythes et réalité. Mais ce sont aussi les anti-héros dont il est question, ceux qui se travestissent en criminels au regard de la société pour lutter contre le mal en adoptant l’incognito et la dissimulation, détrousseurs des nantis au profit des humbles  : les Robin des bois, Louis Mandrin, Arsène Lupin, jusqu’à Batman le Chevalier Noir et nous voici arrivés aux super-héros.

ARMES ET ARMURES : JAMAIS SANS MA

PANOPLIE

La panoplie, du grec ancien πανοπλία (panoplía), de πάν (pan, «toutes») et ὅπλον (oplos, «armes»), est l’ensemble des armes d’un combattant, défensives et offensives. C’est la panoplie du guerrier qui définit sa fonction. Ces objets se correspondent entre eux et ont généralement été conçus pour être complémentaires. Leur qualité est réglementée par des édits promus dès Charles VII, puis par Louis XI qui ira jusqu’à interdire le luxe des décorations. Les hommes d’armes, a fortiori s’ils étaient riches, faisaient en effet fréquemment décorer leurs équipements à leurs frais, parfois jusqu’à l’encombrement. Il faudra attendre le XXe siècle pour que les officiers ne cèdent plus à ces ornements superflus, broderies, appliques et joyaux. Les équipements évoluent, non en raison des modes comme il est répandu de le croire, mais en raison d’innovations techniques indissociables de l’activité de la guerre où l’on cherche sans cesse à surprendre et à surpasser l’adversaire, avant que la mode ne s’empare des coutumes militaires pour en faire des parures, générant des tendances dans la vie civile, jusqu’aux œuvres actuelles de Galliano ou Gaultier. A la fin du Moyen Âge, les chevaliers ont une armure complète, et sont armés d’une épée, d’une masse ou d’une arme contondante et utilisent souvent une targe ou un bouclier, ainsi qu’une lance. Les armes à hampe sont un grand classique des champs de batailles du Moyen Âge et de

la Renaissance, on leur donne le nom d’ « hast » provenant du latin asta (lance). Leur monture porte elle aussi des éléments d’armure. C’est la figure dominante du chevalier, en armure étincelante. Et pourtant, sur plus de mille ans de chevalerie, on ne parle que d’un siècle d’utilisation de ces «  exosquelettes  », du temps de Jeanne d’Arc à celui du chevalier Bayard. Nées en raison de l’innovation de la percussion à la lance à cheval, les armures médiévales ne sont ni lourdes ni encombrantes, au contraire de ce que l’on pense, pas plus que les panoplies des soldats contemporains, des policiers d’intervention, ou des pompiers dont elles partagent le poids moyen. Mais les balles auront raison de ces défenses, en nécessitant d’augmenter l’épaisseur des pièces. Les armes de proximité ne servant qu’au corps à corps, le défi pour les fabricants est de concevoir une arme précise permettant d’être loin de sa cible. Dès l’Antiquité, pour atteindre leurs ennemis de loin, les combattants emploient l’arc et l’arbalète, mais ces armes ont des limites de portée que les armes à feu vont permettre de dépasser. Les armures de guerre de la Renaissance et de la Période Moderne, appareils lourds et peu pratiques, définissent notre vision de l’armure. Les soldats, fantassins de tous temps, ont également des panoplies, qu’ils soient arbalétriers, hallebardiers, mousquetaires, et l’arme qu’ils emploient leur donne leur nom. Ces armes sont conçues par des artisans qui réinventent les fonctionnalités et innovent à la demande de leurs commanditaires, qu’ils soient archers ou ducs.

SECRETS DE FORGE

Depuis la nuit des temps, depuis Vulcain sous l’Etna, le secret et le mystère revêtent la figure du forgeron. Les épées sont au centre d’un cycle de savoir-faire des sociétés humaines qui utilisent tout le panel des éléments et des sens. On doit extraire le minerai et le raffiner, du cuivre et de l’étain pour faire du bronze, et du fer pour produire de l’acier. Tandis que le bronze, autrefois appelé airain, est un alliage de deux métaux, l’acier est un alliage ferreux qui est enrichi avec du carbone dans un long processus de forge et de cuisson, pour en faire un matériau solide et souple. On marie parfois fer et acier, on le replie, on le soude, on le « corroie », on le trempe. Les maîtres des mines, des moulins à fer ou des forges utilisent tout

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RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

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leur savoir, accumulé au fil des siècles et jalousement dispensé aux initiés seulement, en se servant de presque tous leur sens lors des procédés de transformation, remplaçant les outils de mesures de nos temps modernes par une ouïe capable de comprendre le son du fer dans le feu, une vue pour en jauger la couleur de cuisson, le toucher pour en connaître les imperfections, jusqu’à leur odorat pour attribuer des qualités aux fragrances des aciers lors des chauffes successives. Toutes ces opérations sont très délicates, jusqu’au polissage même, qui est un métier à part entière. Les artisans sont organisés en corporations, formalisées au Moyen Âge, qui définiront pour bonne partie les fondements de la société civile de la bourgeoisie des villes. Ces groupes sociaux amènent leurs membres à se former, s’entraider, s’associer ou gérer les conflits et surtout à conserver la maîtrise de leur art, parfois en le gardant secret. C’est d’art dont il est question, pour arriver à transformer des cailloux noirs en feuilles de miroir et ces artisans du passé n’ont pas laissé de témoignage écrit sur leurs maîtrises, que nous ne pouvons étudier aujourd’hui qu’au travers de leurs créations.

LA PART DU JEU : TOURNOIS, TIRS & CHASSES

Lorsqu’on parle de tournoi ou de joutes, on évoque souvent des activités de loisirs ou de sports de la cour ou des aristocrates entre eux, principalement du Moyen Âge ( ill.2 ). Des premières « tournées » aux joutes réglementées, ces démonstrations publiques ont suscité une évolution des équipements et un véritable marché des montures, des personnels qualifiés et des panoplies jusqu’à utiliser des armes et armures conçues uniquement pour le tournoi. Mais la joute et les tournois dépassent bien largement les périodes médiévales et sont encore pratiquées à la Renaissance, et on fit des manèges équestres et des carrousels à la cour du roi Soleil, figurant une Antiquité et un Moyen Âge fantasmé, en armure à la mode du temps. Précisons que les pas d’armes n’étaient pas que le monopole de l’aristocratie. En effet, à de nombreuses reprises, les bourgeois des villes ou les seigneurs plus humbles loin de la vie des cours se sont également adonnés à ce genre d’exercices mondains, louant parfois les armures et les chevaux à des prestataires spécialisés dans ce genre de service. Au-delà de la guerre et des joutes, la chasse et le tir ont aussi bénéficié

des inventions dans le domaine des armes de jet et à feu. Ces armes à feu mettront encore longtemps à être acceptées par la noblesse, mais les fusils deviennent une norme de l’infanterie, incontournables sur les champs de batailles de la fin du XVIIIe siècle et de l’Empire, et tout officier dispose alors d’une paire de pistolets à platine à silex, nourrissant aujourd’hui notre imaginaire à propos des armes de duels. Et de la même façon que les tournois de la chevalerie provenaient des séances d’entrainements aux arts martiaux équestres et en armure, l’escrime en salle et les exercices à l’épée, mais aussi à l’arc, à l’arbalète et à l’arquebuse ont pris, dans les espaces urbains, des airs de compétition, donnant naissance à des épées uniquement destinées à l’escrime, et à des armes de tirs destinés à la performance sportive.

TOUTE LAME DEHORS: MYTHES, SYMBOLES,

PERSONNIFICATION

Henry de Saint-Didier écrivait en 1573 que « L’Epée est la mère de toutes les armes ». Elle fascine les collectionneurs depuis l’origine même de sa production, aux côtés des dagues qui attirent elles aussi les amateurs d’histoire martiale, parfois faites avec des lames d’épées cassées, dans une certaine valeur symbolique. Les épées ou lames longues sont les armes qui retiennent les noms de leurs propriétaires, qui font inscrire sur leurs lames des devises, des vœux ou des prières, dans toute l’histoire et dans le monde entier, dans toutes les langues et dans toutes les religions. C’est que la lame de l’épée, c’est l’âme de l’arme, au sens propre et au sens figuré ! L’épée est devenue le symbole d’une chevalerie militaire, sociale, religieuse et culturelle, incarnant le signe de la répression des peuples comme celui de la justice pour tous. Les épées sont également instrumentalisées, elles existent en tant qu’objet physique, mais aussi en tant qu’idée non matérielle. Le porteur de l’épée est doté de pouvoirs à travers elle, et il développe avec elle une relation particulière. De personnalité, il est clairement question, les récits prêtant aux armes des esprits propres, des capacités de jugement. On trouve dans l’imaginaire médiéval de telles considérations. Ainsi, on trouve dans le premier musée du royaume de France, le cabinet d’armes d’Amboise de 1499,

2 - Affrontement entre le duc de Bretagne et le duc de Bourbon. Tiré du Livre des tournois, vers 1462-1465.

une « épée-fée » ayant appartenu à Lancelot. Il reste deux épées en France qui sont encore attribuées à Jeanne d’Arc, sans réel fondement, tandis que l’une de ses épées perdues était conservée dans le trésor de Saint Denis. Du trésor royal reste aujourd’hui Joyeuse de Charlemagne conservée au Louvre, forgée avec la sainte Lance ou contenant un fragment dans son pommeau. Parmi les lames célèbres qui ont un nom, citons Szczerbiec, l’épée de Boleslas Ier de Pologne, Kusanagi encore utilisée pour le sacre des empereurs japonais, et bien d’autres encore dans le monde entier. Bien sûr, la légende arthurienne nous a transmis l’histoire de l’épée mythique Excalibur et son fourreau d’invincibilité, provenant du dieu celtique Nuada, tranchant toute matière. Dans les classiques de la fiction et la littérature, parmi de nombreuses lames célèbres, citons la Vorpale de Lewis Carroll pour tuer le Jaberwoocky, sans oublier les épées de J. R. R. Tolkien comme Narsil brisée puis renommée Anduril après avoir été reforgée pour Aragorn. De nos jours, l’écran et le papier illustrent encore des épées fameuses, comme dans la saga de Games of Thrones parmi lesquelles Glace, l’épée d’Eddard Stark. Qu’il s’agisse des armes des sociétés humaines ou de celles décrites dans leurs chroniques, jusqu’aux récits d’aventures, l’épée personnifie aussi le pouvoir, le droit et les privilèges, ainsi en est-il des épées d’investiture, jusqu’à celles de nos académiciens, devenant de véritables enjeux artistiques, puisqu’elles sont réduites au silence de leurs lames et à l’expression seule de leurs poignées. C’est l’arme ultime du héros, celle par laquelle périssent les membres de la noblesse, sur les champs de bataille par celles de leurs ennemis ou dans le déshonneur, frappés par celle de la justice.

COMPAGNONS D’ARMES : FIDÈLE MONTURE ET

ÉTERNEL ÉCUYER Les chevaliers du Moyen Âge sont suivis par des gens, à la guerre comme à la cour. Selon qu’ils sont pages, valets ou écuyers, ils sont eux aussi armés et équipés avec des panoplies particulières. L’écuyer c’est le scutifer (en latin  «  le porteur de l’écu  »), et par extension portant les couleurs et les armes du seigneur ( ill. 3 ). C’est un homme de confiance ou un jeune homme qui apprend le métier des armes en servant un autre noble. Ce sont des rôles très prisés depuis le haut Moyen Âge et, si on y réfléchit, de telles fonctions existaient déjà auprès des hommes de pouvoir par le passé, surtout s’il s’agissait de figures militaires ayant besoin d’aides de camp au quotidien. Le fidèle écuyer est un personnage devenu classique dans la littérature et dans les récits mettant en scène un héros menant une quête, de l’écuyer Vert du duc de Bourbon, personnage historique, aux héros imaginaires, Robin pour Batman, ou le droïde BB8 pour Rey dans Star Wars. C’est en raison de l’écuyer, qui doit tenir le cheval de son maître de la main droite, que l’on nomme les chevaux de guerre des «  destriers  », également appelés grands-chevaux, ou parfois coursiers. Ce sont eux-aussi les compagnons fidèles de la chevalerie, les montures sans lesquels les chevaliers ne seraient pas les combattants qu’ils sont à la guerre. Comme nous avons évoqué les noms mythiques des armes des grands chevaliers, leurs chevaux portaient également des noms que l’histoire ou la littérature nous a transmis : Bucéphale d’Alexandre le Grand, Lucifer d’Amédée VI de Savoie le comte Vert, sans parler des chevaux mythiques comme Sleipnir, la monture d’Odin ou Pégase, le cheval ailé de l’antiquité grecque, sans oublier Rossinante de Don Quichotte, Tornado de Zorro, jusqu’à la Batmobile ou les vaisseaux des guerres galactiques ou interstellaires, elles-aussi sortes de montures d’autres époques, même fictionnelles.

CHEVALIER AU FÉMININ

Dans un monde de chevaliers, la question de la place de la femme a son importance. De tout temps la guerre a été considérée comme une occupation spécifiquement masculine. Au travers des siècles, pourtant, des femmes se sont distinguées et sont devenues des figures chevaleresques de leur époque, porteuses des mêmes symboles que leurs pendants masculins et de nombreux documents témoignent de l’importance du rôle des femmes au niveau politique et culturel. Certains évoquent même leur participation au combat, l’énergie qu’elles mirent dans la défense de leurs terres, lors des grands conflits, ou de leurs valeurs, comme lors des croisades. Quels que soient les témoignages, on souligne toujours leur dextérité à manier les attributs chevaleresques que sont l’armure, l’épée et le destrier. Alors que la figure du chevalier se dessine en Occident, le Moyen Âge est fasciné par les figures guerrières de la mythologie et de l’Antiquité et on célèbre les « chevaleresses » au travers des Amazones. Au cours des siècles, de nombreuses femmes ont choisi de dépasser leur condition en s’engageant incognito dans l’armée, voire en agissant sous la lumière, et certaines sont même devenues icônes, souvent revêtues d’attributs masculins : la « virago » ne peut être que « masculine ». Être chevalier c’est être « virile ». La « chevaleresse » par excellence, c’est bien sûr Jeanne d’Arc, qui fascina toutes les époques, y compris la sienne ( ill. 4 ). Même si les spécialistes débattent encore de la véritable nature de ses prouesses guerrières, tous la décrivirent avec les compétences et les attributs digne d’un chevalier, en armure, à cheval, et maniant la lance, et les Japonais lui trouvent une personnalité de « samouraï ». Loin du « syndrome de la Schtroumpfette  », les héros des films actuels sont de plus en plus des femmes au caractère fort. Des contes de Walt Disney à Star Wars, l’héroïne n’a plus besoin d’un «  chevalier servant  » pour lui garantir une fin heureuse, un renversement des codes qui s’inscrit parfaitement dans la société paritaire contemporaine.

3 - Louis II duc de Bourbon, suivi de son écuyer Vert, dessin anonyme, tiré du manuscrit de Roger de Gaignières (1642-1715), BNF.

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CHEVALERIE D’AUJOURD’HUI :

CARACTÈRE CONTEMPORAIN ?

Depuis une cinquantaine d’années, l’imaginaire médiéval et le symbole de la quête chevaleresque connaissent plutôt une véritable renaissance, que ce soit au travers de produits de consommation, de livres, de films ou de jeux vidéo. Loyauté, courtoisie, honneur, fierté, bravoure, recherche de la renommée, respect de la parole donnée, les valeurs chevaleresques légendaires restent des valeurs clefs de la société actuelle, vers lesquelles chacun veut tendre. Pour une marque, elle soutiendra l’idée de solidité et de protection, mais aussi de magnificence comme dans le cas de la peinture Silexine, ( ill. 5 ) qui se vante ainsi d’être une « armure sûre et somptueuse ».

Nombreux sont les produits de consommation qui ont recours à la symbolique médiévale, des bières, des fromages, s’appuyant sur l’idéal de tradition et de patrimoine qu’elle véhicule. Les stylos Bayard, la lessive Ajax, ou encore le biscuit Prince, qui illustre depuis 1948 la figure du « Prince » sur son emballage, véritable « super » héros dont le costume rouge et bleu n’est pas sans rappeler la tenue de Superman. Au cinéma, l’univers chevaleresque et le motif de la quête sont bien sûr au centre de la série des Star Wars de Georges Lucas, une suite de films racontant les aventures des chevaliers des étoiles en quête de la paix universelle. La série française à succès Kaamelott remet au goût du jour la légende arthurienne, et bien d’autres films utilisent aujourd’hui le mythe pour sa valeur exemplaire et fondatrice, comme Indiana Jones qui, par exemple, se lance dans La Dernière croisade, ou même la figure du cow-boy, héritier démocratique du chevalier dans les westerns. Comment la

5 - Publicité « LA PEINTURE SILEXINE, armure sûre et somptueuse », illustration de R.BLUER, publiée dans L’Illustration, le 16 mars 1937.4 - La pucelle d’Orléans, gravure tirée de «La Galerie des femmes fortes», de Gilles Rousselet, vers 1647. Metropolitan

Museum of Art, New York ©Metropolitan Museum.

chevalerie n’aurait-elle alors pas envahi l’univers des jeux vidéo ? A travers eux, alors que leur véritable existence échappe à leur contrôle, et que la société actuelle s’est dépourvue de ses rites initiatiques, les adolescents peuvent maîtriser un univers qui va les valoriser en leur permettant de jouer un chevalier et de se dépasser. Nous sommes tous héritiers de ces valeurs fondatrices, comme en témoigne encore aujourd’hui le langage de tous les jours, où nous nous livrons à des joutes verbales courtoises, où les chevaliers servants sont appréciés, où l’on s’arme de courage pour vaincre en dépit de l’épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, et où nous faisons de nos valeurs personnelles notre fer de lance.

Que reste-t-il de nos jours de la chevalerie ? Comme nous venons de le dire, c’est en quelque sorte dans notre ADN de société, les idées véhiculées, les concepts, relayant déjà ceux des mondes

anciens, continuent de correspondre à nos propres visions des idéaux et des valeurs. L’héritage patrimonial et matériel est plus évident : on décore les héros, on défile encore à cheval au 14 juillet, on décerne des titres de chevaliers des Arts et des Lettres, de la Légion d’honneur, on nomme des Académiciens portant l’épée, des ordres de chevalerie sont reconnus, d’autres attendent. Le temps de l’épée initié depuis l’aube des temps, depuis que les premières lames longues furent forgées, est désormais achevé, en raison de l’évolution des mentalités et des technologies, mais c’était hier en réalité. Il n’y a pas encore cent ans passés depuis sa disparition de la panoplie de l’officier à la guerre. Devenues symboles, leurs lames ne sont plus affutées, prenant une forme réduite à leur plus simple expression, pourtant omniprésentes dans l’imaginaire, continuant à faire rêver l’homme, gardant l’âme des chevaliers.

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Lorsque ce courrier est adressé à toutes les villes de la région pour obtenir de leur part « des pouldres, trait [d’arbalêtre] et aultres habillemens de guerre », Jeanne d’Arc a entamé avec ses compagnons d’arme la reconquête du royaume de France pour son roi, Charles VII, contre les Anglos-Bourguignons. Après avoir pris d’assaut la ville de Saint-Pierre-Le-Moustier, elle a alors le projet de reprendre la Charité-sur-Loire et demande une aide militaire.Cette lettre, à l’origine une simple circulaire, qui n’a pas été conservée par les autres communautés d’habitants auxquelles elle

était adressée, est devenue un document exceptionnel en raison de sa rareté et de la signature de son auteur, Jeanne d’Arc, un personnage historique et hautement symbolique dans l’Histoire de France. On voit encore à gauche de la signature la trace d’un sceau dans le lequel Jeanne avait inséré un de ses cheveux. Cet élément matériel unique de celle, qui périt sur le bûcher en 1431 à Rouen, a aujourd’hui disparu et prive les chercheurs d’en savoir un peu plus sur celle qu’on nommait communément La Pucelle.

Par Francine Mallot, archiviste de la ville de Riom.

LETTRE CLOSE SIGNÉE PAR JEANNE D’ARC LE 9 NOVEMBRE 1429 À MOULINS

Lettre close signée par Jeanne d’Arc le 9 Novembre 1429 à Moulins. Archives de Riom ©F.Ferdinand

LES ÉPÉES DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

Dessin à l’aquarelle de l’épée d’académicien de Félicien Marceau par Goudji. © Marc Wittmer

QUE SIGNIFIE L’ÉPÉE DE L’INSTITUT ?

QU’ÉCLAIRENT SES SYMBOLES ?

Par Axelle de Gaigneron - Connaissance des Arts

L’épée de l’Institut ne relève pas de l’arme, à typologie réglementaire, mais du signe honorifique, libre de modèle et d’ornement. Descendante de l’épée de gentilhomme et de cour, elle est l’attribut de costumes dessinés par David pour les fonctionnaires de la République. Le principe, repris par Bonaparte pour les représentants des grands corps de l’Etat - incluant les conservateurs de musées - appliqué en 1805 à l’Institut, ne subit aucune modification d’attributs, et pas davantage, lors de l’admission des femmes à l’Académie française. «(...) L’épée de l’Institut et sa libre symbolique conduisent, par extension, à l’Histoire, à l’allégorie en général et à l’évocation d’autres figures dotées de l’épée. Par exemple, pour ces messieurs, les Neufs Preux de la Chevalerie, saint Georges et les archanges Michel et Uriel. Pour ces dames, outre Jeanne d’Arc, Judith, les saintes Agnès, Barbe (parfois), Euphémie, Justine, les Neuf Preuses, la Force et la Justice. Enfin, l’Institut dispense les gens d’église : le Père Carré n’en portait pas. Elle évoquerait pourtant celle de l’Eternel dans une de ses significations particulièrement adéquates à l’Académie française, celle du Verbe».  

L’ORFÈVRE GOUDJI (GÉORGIE, 1941)

Célèbre pour ses pièces en argent martelé, incrusté de pierres précieuses (le musée Mandet en possède cinq), Goudji a également réalisé nombre d’objets liturgiques pour des églises et des cathédrales. C’est en 1976 qu’il est sollicité pour créer l’épée d’académicien de Félicien Marceau, auteur dramatique (1913-2012). Depuis, plusieurs membres de l’Institut ont sollicité Goudji pour la création de leur épée d’académicien, dont Gilbert Dagron (1932-2015) historien français, spécialiste de l’histoire byzantine, en 1995, Hélène Carrère d’Encausse troisième femme à être élue sous la coupole de l’Académie française, en 1991, et la première à avoir souhaité une épée ; Raymond Barre ou Maurice Allais.La forme et le décor des épées d’académiciens évoquent les origines, la carrière et les centres d’intérêts du récipiendaire et comme le souligne Jacques Santrot, Conservateur en chef du patrimoine, Goudji a toujours préféré réemployer une lame ancienne, «une lame qui a une histoire», chargée de symbole et de mystère. 

DESCRIPTION EN FORME DE CHARADE DE SON

ÉPÉE PAR GILBERT DAGRON

- Mon premier est un pommeau d’or évoquant une audacieuse coupole, celle de Sainte-Sophie , qui fit dire à Justinien, son bâtisseur : «Je t’ai vaincu, Salomon !»- Mon second est une fusée en cloisonné d’argent représentant une colonne torse, prise dans on ne sait quelle cité antique pour décorer la Nouvelle Rome, et qui portait l’une de ces statues de dieu ou d’homme auxquelles le folklore urbain attachait de fabuleuses histoires.- Mon troisième est une garde qui fait s’affronter deux quadriges, comme dans les courses de l’hippodrome, dont les fureurs partisanes coloraient la vie publique de Constantinople en Vert (aventurine, agate, chrysoprase) et en Bleu (sodalite, lapis-lazuli).- Mon quatrième, sous la garde, figure le stemma du souverain avec ses pendeloques.- Mon cinquième est une vaillante lame pour frapper d’estoc et de taille, bien propre à réveiller de vieilles nostalgies d’escrimeur.- Mon sixième est une bouterolle dont les serpents enlacés reproduisent ceux de la «colonne serpentine», témoins, dans la capitale chrétienne d’un oracle delphique qui s’était définitivement tu, mais continuait à faire rêver.- Et mon tout ? Non, ce n’est pas l’épée de cérémonie d’un empereur de Byzance miraculeusement conservée ! C’est l’œuvre somptueuse d’un Goudji qui n’a pas oublié sa culture originelle et donne ici une nouvelle preuve de son immense talent; et c’est le cadeau offert par de généreux amis à un historien qu’une invocation en grec médiéval désigne à bon droit comme «lecteur royal» puisqu’il a enseigné pendant un quart de siècle au Collège de France.

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L’œuvre de Malou Zryd, artiste plasticienne suisse d’origine coréenne, née en 1965, se développe autour de la matière, notamment textile, qu’elle associe volontiers avec du fil

métallique. Des matières et des usages qu’elle travaille par détournement, et par séries, souvent emblématiques d’une étape dans son parcours .

En 2008, les premières œuvres, sortes «d’Ecritures Automatiques» instinctives, présentent des figures désordonnées sur des tissus ou une silhouette de robe fermée. A travers de nombreux matériaux et circuits différents, c’est dit-elle, un relatif chaos intérieur qui s’exprime, ainsi que l’urgence vitale liée à la découverte et à l’expression d’un geste artistique enfoui jusque là. La période suivante, «  Explorations et séries  », voit naître des formats de manteaux fantomatiques, de plus en plus détournés, de plus en plus rigides à force de sur-piquages de fils de polyester ou de métal. D’abord une série «  Des Fils et…  », qui va marquer pour l’artiste la fin d’un monde et un retournement : commençant à surpiquer une redingote, elle se rend compte de son malaise : faire émerger une simple pièce textile ne l’intéresse plus  ; elle sent qu’elle doit transfigurer le tissu et la forme, aller au-delà. L’artiste s’affranchit totalement dans la série suivante, avec des formats de manteaux ouverts, plus grands, aux couleurs éclatantes, abondants de riches motifs chatoyants  ; ce sont les «  Appearances  », surpiqués de fil de polyester. Ces effigies «  savantes  » et prestigieuses sont constituées d’une double-face qui tranche par ses couleurs, tantôt vives sur le dessus et ternes dedans, ou bien l’inverse… cette opposition évoque une contradiction, un contraste entre ce que l’on veut montrer et ce que l’on préfère cacher, un jeu entre le costume,

le modèle, l’apparence et la réalité de l’individu. La série des « Armures », présentée dans l’exposition « Lame des chevaliers » montre une évolution sensible du thème artistique lié au « manteau » et plus largement à la « corporéité ». L’utilisation de fils de métal et des dimensions de plus en plus imposantes expriment une protection, une rigidification, mais aussi une forme de solidité. Tout en étant parfaitement à l’abri, protégé dans cette coque de métal, une part d’individualité serait rendue possible  : quand rien de tel ne pouvait se produire avec la série des « Appearances », la neutralité des tons gris-bleus laisse ici un réel espace. Un « pouvoir s’exposer », tout en étant protégé par une cuirasse métallique monumentale.

Le Musée Mandet a choisi d’exposer aux côtés des « Armures » quelques pièces des «  Tracés Essentiels  », de Malou Zryd, et notamment une pièce de la série «  Les Carrés  ». Un nouveau thème qui marque cette troisième grande période, à travers la géométrie épurée de tableaux monumentaux qui peuvent mesurer près de 9 m2. Fidèle à son fil conducteur, l’artiste utilise différents carrés de tissus dont elle surpique les motifs préexistants avec du fil de métal ou de polyester. Chaque carré de tissu est transfiguré : rendu à la fois plus épais et rigide, une légère trace de la couleur ou du motif initial (empreintes du passé) subsiste toutefois en transparence, créant une nuance, une variation particulière, unique. L’artiste s’emploie ensuite à assembler chaque carré surpiqué avec un soin extrême, pour aboutir à un tableau, parfois en triptyque, de forme carrée ou rectangulaire et de très grande dimension, le tout devant, dit-elle, «être parfaitement harmonieux».

Par Aurélie Ferrand (Extraits)

LES «ARMURES» ET «LES CARRÉS» DE MALOU ZRYD

BIOGRAPHIE GRAPHIE

Née à Séoul (Corée) en 1965, Malou Zryd arrive en Suisse à l’âge de quatre ans. Elle enseigne pendant plusieurs années. Elle enrichit ensuite son expérience en Suisse et au Japon, dans le domaine de la céramique, de la calligraphie et de la fabrication du papier et du feutre.Dès son plus jeune âge, un lien se tisse avec le tissus et le fil. Formée aux techniques du textile, Malou Zryd a tout d’abord produit, en collaboration, des bijoux et des vêtements, avant de se consacrer, dès 2008, à son propre processus de création comme artiste indépendante.

EXPOSITIONS XPOSITIONS

2017- mars 2018 Exposition Lame des chevaliers, Musée Mandet, Riom (63)

2016 « From Lausanne to Beijing » ― 9th International Fiber Art Biennale Exhibition, Shenzen, China. Avec le soutien du Canton de Vaud.

2015 Exposition individuelle, Château de Chillon, Suisse

2014 « From Lausanne to Beijing » ― 8th International Fiber Art Biennale Exhibition, Nantong, China.

2012 « From Lausanne to Beijing” ― 7th International Fiber Art Biennale Exhibition, Nantong, China – «Excellence award»

2010 « From Lausanne to Beijing” ― 6th International Fiber Art Biennale Exhibition, Henan Art Museum, Zhengzhou, China – «Silver award»

2010 4th Riga International Textile And Fibre Art Triennial. Tradition and Innovation. Global Intrigue II. Exhibition Hall «Arsenals» of the Latvian National Art Museum. Riga, Latvia.

2010 EXNA 04, Contemporary Swiss and European Quilt Art, Musée d’Art et d’Histoire, Neuchâtel, Switzerland – Prix «Perspectives» du Jury.

La guerre, conflit armé, terrestre et historique, peut-elle à travers ces œuvres contemporaines prendre l’image d’un théâtre  de costumes ? Si le corps est territoire, l’Armure peut-elle alors se lire comme une «  frontière » ? Comme la protection nécessaire d’un territoire menacé, dont l’aiguille acérée, outil de prédilection de l’artiste, agirait comme une lame ? L’œuvre de Malou Zryd est bien une œuvre de territoire, en ce qu’elle est œuvre de « conquête ». De l’introspection à la reconnaissance de soi et de l’autre, on lit dans ses productions très personnelles une portée universelle. Il y va d’un travail sur et dans l’espace et le temps, deux notions étroitement liées dans leurs rapports intrinsèques, et présentes dans tout parcours de création ou de filiation. Le passé rejoint le présent quand une nouvelle entité unifiée surgit de la main de l’artiste. Reconstruire les fragments d’un passé sous les apparences déchues, mûrir en éprouvant le passage du temps, en rappelant aussi la mémoire des rencontres heureuses, … et enfin conquérir son propre espace de vibration.

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* PRÊTEURS & PARTENAIRES

/ LE MUSÉE MASSÉNA DE NICE

/ LE MUSÉE D’ART ROGER-QUILLIOT DE CLERMONT-FERRAND

/ LE CENTRE JEANNE D’ARC D’ORLÉANS

/ LE MUSÉE DENON DE CHALON-SUR-SAÔNE

/ LE MUSÉE MARCEL-SAHUT DE VOLVIC

/ LA VILLE DE RIOM

/ L’ASSOCIATION ARTEMIS ART-THÈME-HISTOIRE

/ MADAME GILBERT DAGRON

/ MONSIEUR JEAN-FRANÇOIS SAMPIERI MARCEAU

/ L’ACADÉMIE FRANÇAISE

/ LES ARCHIVES DE LA VILLE DE RIOM

/ LE MUSÉE DE L’ARMÉE, HÔTEL NATIONAL DES INVALIDES DE PARIS

/ LE CAFÉ-JEUX /LUDOTHÈQUE « LA VACHE CARRÉE ». ASSOCIATION DE L’AGGLOMÉRATION RIOMOISE POUR LA JEUNESSE.

/ L’ASSOCIATION DES AMIS DES MUSÉES DE RIOM

/ LE CLUB D’ESCRIME LA RAPIÈRE DE CHAMALIÈRES / LA DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

/ LA RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

1- Épée médiévale.1400-1450. Alliage ferreux

Musée Mandet

6 - Philippe le Beau. 1495-1500. Flandres. Bois de chêneMusée Mandet

7 - Cotte de mailles.XV-XVIIe siècles Alliage ferreux.Musée Mandet

8 - Casque salade à glissière ou salade secrète. Vers 1500. Alliage ferreux ; cuir ; étainMusée Mandet

9 - Epée à deux mains. 1510-1530. Alliage ferreux ; bois ; cuirMusée Mandet

10 - Rondache.1530-1550. Alliages ferreux et cuivreux ; cuirMusée Mandet

2 - Chevaliers et seigneur. XIVe siècleBas-relief. Bois, polychromie argentée

Musée Mandet

3 - Bacinet à visière.1380-1400. Alliage ferreux ; cuir

Musée Mandet

4 - Décollation de saint Jean-Baptiste Fin XIVe siècle Angleterre. Albâtre primitivement peint

Musée Mandet

5 - Lettre close signée par Jeanne d’Arc.1429. Papier filigrané.

Archives de Riom ©F.Ferdinand

* IMAGES POUR LA PRESSE

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11 - Corps de corne à poudre.Fin XVIe siècle. Corne. Alliages cuivreux et ferreux

Musée Mandet

12 - Garde de sabre japonais (tsuba). XVIe-XVIIe siècle. Alliage cuivreux

Musée Mandet

17 - Alaric ou la Rome vaincue. Milieu XVIIe siècle.Aubusson

TapisserieMusée Mandet

18 - Armure dorée et gravée. XVIIe-XIXe siècle. Alliages ferreux et cuivreux; cuir ; dorure 

Musée Mandet

19 - Hallebarde des cent Suisses. 1675-1725. Alliage ferreux ; bois ; dorure

Musée Mandet

13 - Morion. 1550-1580. Alliage ferreux ; cuir

Musée Mandet

14 - Rapière.Vers 1600.Alliage ferreux ; cuir

Musée Mandet

15 - Homme de la noblesse. 1629.A. Bosse.

Eau-forte.

Musée Mandet

16 - Epée.1590-1630.Alliage ferreux

Musée Mandet

20 - Antoine de Cordeboeuf de Montgon.1750. Huile sur toile

Musée Mandet

21 - Glaive de l’Ecole de Mars.1794. Alliages ferreux et cuivreux ; traces de dorure ;

textile ; bois

Musée Mandet

22 - Tromblon dit « de Mandrin ».XVIIIe-XIXe siècle. Bois ; alliage ferreux

Musée Mandet

23 - Scène de théâtre kabuki. XIXe siècle.Estampe japonaise.

Musée Marcel Sahut Volvic

24 - Jeanne d’Arc. ODV.Guillonnet. Début XX e siècle. Huile sur toile

Musée Mandet

25 - Publicité « LA PEINTURE SILEXINE, armure sûre et somp-tueuse », dans L’Illustration, 1937.(Coll. Particulière) ©NBaptiste

26 - Epées du Seigneur des Anneaux. XXe siècle.Narsil et Anduril.

(Coll. Particulière) ©NBaptiste

27 - Epée de l’académicien Gilbert Dagron par Goudji.1995. Argent, aventurine, agate, chrysoprase, sodalite,

lapis-lazuli (Coll. Particulière). ©Marc Wittmer

28 - Armure. Malou Zryd.2014-2015.Textiles surpiqués de fil polyester et métallique.

(Coll. Particulière). ©Valérie Clément

29 - Série Télévisée Kaamelott.

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TEL : 04 73 38 18 53WWW.FACEBOOK.COM/MUSEEMANDET

14 RUE DE L’HOTEL DE VILLE63200 RIOM

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