Solidarité internationale, construire ensemble au Cameroun !

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… Accès à l’habitat … Construction à ossature bois … France <> Cameroun … Blanquefort <> Douala Interviews réalisés par des lycéens ! #10 l Juillet 2015 l Blanquefort (33) <> Douala (Cameroun) Solidarité internationale

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Des élèves du lycée des métiers Léonard de Vinci de Blanquefort (33) ont participé à une mission de solidarité internationale au Cameroun. Objectif : construire avec leurs homologues du lycée de Douala Koumassi un bâtiment pédagogique s’inscrivant dans une démarche de développement durable (éco-construction à ossature bois modulaire). Une expérience professionnelle et humaine qu’ils ont voulu partager avec vous en interviewant les différents acteurs de ce projet. Bonne lecture ! * Entretiens réalisés dans le cadre d’un atelier de journalisme soutenu par le Conseil régional d’Aquitaine : les “Eco-Reporters en Aquitaine”, des ateliers ya&#39;com (issuu.com/beniat).

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… Accès à l’habitat… Construction à ossature bois… France <> Cameroun … Blanquefort <> Douala Interviews réalisés par des lycéens !

#10 l Juillet 2015 l Blanquefort (33) <> Douala (Cameroun)

Solidarité internationale

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...en Aquitaine (et au Cameroun !)Le Conseil régional d’Aquitaine soutient cet atelier de journalisme qui a ici permis à des élèves de bacs pros “bois” (TCB et TMA) du lycée des métiers Léonard de Vinci (Blanquefort) de partager sous

e c o - r e p o rt e rs . . .Le Journal des ECOREPORTERS EN AQUITAINE l Juillet 2015 (édition du lycée Léonard de Vinci - Blanquefort)

Lycée des Métiers de Blanquefort : tous les chemins mènent à l’emploi !Construit dans les années 50 sur les 9 ha d’une ancienne garnison militaire de sous-mariniers allemands, cet établissement sera tour à tour centre d’enseignement technique, lycée professionnel et lycée des métiers en 2003. Rebaptisé en 2014 “lycée Léonard de Vinci de Blanquefort”, il prépare 850 élèves aux métiers de l’habitat, des travaux publics et des transports routiers. Les formations dispensées sont professionnelles (initiales -comme le bac pro TMA1- ou en alternance), du CAP au BTS, mais aussi technologiques (ex. bac STI2D “Architecture & Construction”). Par ailleurs, l’établissement est rattaché au CFA du lycée Haroun Tazieff de St Paul les Dax, par le biais d’une Unité de formation par apprentissage qui inclue entre autres le bac pro TCB2. En 2009, le lycée a été le 1er en France à être certifié “NF Bâtiments tertiaires associée à la démarche HQE” pour les trois phases (programmation, conception et réalisation). Un engagement pour le développement durable à cultiver et décliner ! + d’infos : http://bit.ly/1JfPf2A1 Technicien Menuisier Agenceur2 Technicien Constructeur Bois

De g. à d. : le drapeau camerounais, les Eco-Reporters au Mont Cameroun, sur le chantier avec les lycéens de Koumassi, le lycée des métiers Léonard de Vinci de Blanquefort.

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C o n st ru i r e u n C D I et b i en p lu sLe Cameroun ! Pour la 2e fois1 depuis leur création en 2010, les Eco-Reporters en Aquitaine allaient donc enquêter à l’étranger. Au Cameroun donc. On pense au tennisman Yannick Noah, né en France mais de père camerounais et avec une enfance passée à Yaoundé. Ou encore aux Lions Indomptables et au footballeur Roger Milla, élu sportif camerounais du XXe siècle. Sans oublier le saxophoniste de génie Manu Dibango ! Et autres artistes, écrivains, philosophes… Mais ce n’est pas l’interview d’une célébrité que nos apprentis reporters sont partis faire dans ce pays du golfe de Guinée, ancienne colonie allemande puis franco-britannique qui a accédé à l’indépendance à partir de 1960. Le Cameroun dispose du 2e massif forestier d’Afrique. Et l’Aquitaine, avec la forêt des landes de Gascogne, de la plus grande forêt artificielle d’Europe occidentale. Voilà quelques atomes crochus qui méritaient de se rapprocher… C’est chose faite avec le projet de solidarité internationale “Un toit pour tous” porté par l’association BASE et le lycée des métiers Léonard de Vinci à Blanquefort2.

TrAnsferT De CoMpéTenCesPartant du principe qu’avoir un toit est un droit fondamental, cette association et ce lycée construisent ou réhabilitent depuis 14 ans des bâtiments en Afrique et en Inde. Aider matériellement mais aussi transmettre un savoir-faire pour que cette action s’inscrive dans l’efficacité, le respect de l’autre et le développement durable. Le lycée de Koumassi à Douala a ainsi pu bénéficier de ce transfert de compétences. Le collège “SIC” a lui vu s’ériger dans sa cour un nouveau bâtiment pédagogique réalisé selon la technique de construction à ossature bois modulaire. On retombe sur nos “atomes crochus” et ce procédé de fabrication s’inscrit lui-aussi dans une démarche de développement durable (p.08). Et nos Eco-Reporters (et acteurs !) dans tout ça ? Ils ont aussi appris et gagné au contact de leurs collègues de Douala, ramenant dans leurs valises un peu de « cette joie de vivre et de cette capacité de s’adapter en fonction de ce qu’ils ont c’est-à-dire pas grand-chose… » résume Jean-Yves Gazard-Maurel (p.06). Toujours Viser LA LuneLe président de BASE est l’architecte de ce projet et des autres. Il tire des plans sur la comète, ou plutôt sur la lune. Car comme disait Oscar Wilde : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec on atterrit dans les étoiles. » Rêveur salutaire mais aussi artisan besogneux pour que l’intention devienne réalité. Se battre pour boucler le budget, s’escrimer pour gérer les formalités, se démener pour assurer la sécurité. Du concret, du sincère. Initialement prévu en 2013, le projet “Un toit pour tous” verra finalement le jour en 2015. Ne rien lâcher.La diplomatie (la coopération militaire) franco-camerounaise se rapproche3 et les pays de la région s’unissent contre le terrorisme4. Mais avant ces grands mouvements, des lycéens de Gironde et de Douala ont construit ensemble, un CDI. Et sûrement bien plus.

1 En 2011, les Eco-Reporters en Aquitaine s’étaient rendus en Autriche pour un reportage sur l’utilisation

de l’eau dans la production viticole. À lire : http://bit.ly/1I83Eiu2 Avec l’aide notamment du Conseil régional d’Aquitaine.3 Le président François Hollande a rendu visite à son homologue Paul Bya le 3 juillet 2015.4 Le sommet d’Abuja a abouti à la formation d’une force régionale de 8 700 hommes du Nigeria, Niger,

Tchad, Cameroun et Bénin, déployée fin juillet pour contrer la secte islamiste Boko Haram.

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forme d’interviews leur expérience de solidarité internationale au Cameroun. encadrés par un journaliste, ces reporters en herbe se sont ainsi initiés aux différentes étapes de la presse écrite : préparation, entretien, rédaction.

> retrouvez la rédaction du lycée des métiers Léonard de Vinci en p.16 !

# Les eco-reporters en Aquitaine, une réalisation des Ateliers ya’com : issuu.com/beniat

Le Journal des ECOREPORTERS EN AQUITAINE l Juillet 2015 (édition du lycée Léonard de Vinci - Blanquefort)

p.04 : solidarité internationale, kézako ?

p.08 : construction à ossature bois, un p’tit dessin ?

p.10 : construire une MoB en 12 étapes !

p.14 : échange réciproque, paroles de chefs.

p.12 : filières bois, comparatif Cameroun/Sud Ouest.

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« La solidarité internationale ? C’est défendre les droits fondamentaux : accès à l’eau, à la nourriture, à la santé, à l’éducation, à la liberté d’expression et… à l’habitat ! »

Cet échange entre le lycée des métiers de Blanquefort et celui de Koumassi-Douala participe de la solidarité franco-camerounaise. pouvez-vous nous rappeler ce qu’est la solidarité internationale ?C’est la prise de conscience de toutes les pauvretés : économiques, sociales, culturelles… Dès le XVIIIe siècle, cette solidarité se faisait via des missionnaires qui apportaient aux pays pauvres leur soutien mais aussi leurs convictions religieuses. C’est certainement après la Seconde Guerre mondiale et avec l’essor des ONG qu’est né l’esprit de solidarité entre les peuples. Dans les années 50 et 60 notamment, l’éclatement des empires coloniaux finira de le faire émerger. En devenant indépendants, les “indigènes” de ces pays se sont mis à exister aux yeux des Européens qui ont commencé à prendre conscience de leurs difficultés et à ne plus les voir comme simple main d’œuvre. Cet élan humaniste s’est renforcé après Mai 68 puis la guerre du Viêt Nam. Le but de la solidarité internationale, c’est de défendre les droits fondamentaux : l’accès à l’eau, à la nourriture, à la santé, à l’éducation, à la liberté d’expression et… à l’habitat ! Et l’enjeu est de taille : réduire le fossé entre riches et pauvres… alors que les inégalités ne cessent d’augmenter1. Il en va de la stabilité du Monde.

1 Sur les 7,3 milliards de Terriens, environ 1 milliard ne mangent pas à leur faim et autant n’ont pas d’habitats dignes de ce nom. Autre élément de comparaison : le chiffre d’affaires des 200 sociétés transnationales les plus importantes représente plus que les économies cumulées de 180 pays de la planète. Source : lasemaine.org

Quelles sont les limites de cette solidarité ?On ne peut plus parler de solidarité internationale quand on la fait rimer avec ingérence ou convoitise. Certains l’utilisent en effet sans vergogne comme procédé commercial, venant exploiter les ressources d’un pays sous couvert d’une pseudo aide humanitaire. Idem quand il y a inadéquation entre ce qu’on amène et ceux dont ils ont besoin. Exemples : les stylos et cartables qu’on achemine à l’autre bout de la Terre alors qu’ils n’ont même pas de bâtiments ou de professeurs pour étudier, ou bien encore ces toilettes construites au fin fond du Sahel qui seront démontées par les habitants pour en faire des locaux agricoles… Enfin, pas de solidarité qui tienne si c’est du simple assistanat. C’est le cas si on amène du matériel mais sans leur apprendre pas à s’en servir ; on les réduit alors au rôle de simples spectateurs qu’on quitte et laisse sans autonomie.

en quoi le développement durable est un des piliers2 de la solidarité internationale ?Si on participe à ces échanges entre les peuples, c’est qu’on a pris conscience qu’on vit tous sur la même planète, que tout est lié. Aider un pays en voie de développement, c’est lui transmettre des connaissances et des moyens pour produire et vivre de façon durable… et ainsi préserver le monde que l’on partage.Pour le volet économique, on apporte une technologie (ici la construction à ossature bois) et on l’adapte au pays (en utilisant l’atui, un bois local). On dispense aussi une formation technique pour que nos homologues soient autonomes après notre départ. Résultat : une essence locale de bois valorisée et une nouvelle

Un toit, la BASE de la vieSOLIDARITÉ INTERNATIONALE. Parmi les droits fondamentaux de tout être humain, l’accès à l’habitat est essentiel pour pouvoir se loger, se soigner, travailler… Depuis 13 ans, l’association BASE et le lycée Léonard de Vinci de Blanquefort rénovent ou construisent des bâtiments en Afrique et en Inde. Une aide matérielle mais aussi un transfert de compétences garantissant un développement durable. Explications avec Jean-Yves Gazard-Maurel, enseignant en étude des constructions et président de BASE.

Propos recueillis avec Benjamin Bernard (bac pro TCB) et Mathieu Brung (bac pro TMA)

… d’un collège au Sénégal, dans le village de Foundiougne, en 2007.

Parmi les actions menées par l’association BASE, les travaux de rénovation...

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activité créée dans la construction : cette action de solidarité participe bien au développement économique du pays partenaire ! Pour la dimension écologique, utiliser des produits locaux limite les transports et donc les gaz à effet de serre. En adaptant notre technologie à leurs techniques de construction traditionnelles (bois et terre crue), on évite aussi le recours au béton -grand consommateur d’énergie grise3. Enfin, les réalisations de l’association bénéficient à deux secteurs d’activités qui relèvent directement du social : l’éducation (ex. construction de ce CDI à Douala, rénovation de salles de classe au Sénégal) et la santé (remise en état d’un dispensaire à New-Dehli, transports de médicaments et de matériel médical en Pologne).

2 Aux côtés de la lutte contre la pauvreté et les inégalités, et du renforcement de l’Etat de droit et de la démocratie.3 Quantité d’énergie nécessaire au cycle de vie d’un matériau ou d’un produit : la production, l’extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l’utilisation, l’entretien et le recyclage. Source : wikipedia.org

Vous êtes président-fondateur de BAse, qui a mis sur pied cet échange à Douala. pouvez-vous nous présenter cette association ?L’origine de BASE (Bâtiment Action Solidarité Éducation), c’est la rencontre de deux expériences : celle que j’ai acquise pendant 6 ans en tant qu’enseignant d’un lycée technique tunisien (enseigner

avec peu de moyens alors que les besoins sont énormes) et celle du lycée professionnel de Blanquefort que j’ai rejoint en 1987 (expérience des travaux de construction en extérieur). L’idée de BASE était et reste d’apporter nos savoir-faire (rénover, construire et transporter) aux pays qui en expriment le besoin. Il aurait été dommage de se priver de la triple richesse de notre établissement : nous sommes des enseignants et pouvons donc transmettre nos connaissances, notre lycée est spécialisé dans l’habitat et c’est justement un besoin crucial dans tout pays, et nous avons enfin des centaines d’élèves que nous pouvons associer aux projets, sensibiliser et éduquer à la solidarité internationale ! Pour plus de souplesse administrative et par souci d’indépendance, cette volonté a pris la forme d’une association créée en 2002 et ouverte à tous les personnels du lycée (et élèves participant aux projets).

… d’un collège au Sénégal, dans le village de Foundiougne, en 2007. “Un toit pour tous”, telle est la devise de l’association BASE présidée par Jean-Yves Gazard-Maurel, enseignant en études des constructions.

Parmi les actions menées par l’association BASE, les travaux de rénovation...

«Si on participe à ces échanges entre les peuples, c’est qu’on a pris conscience qu’on vit tous sur la même planète, que tout est lié. »

BASE et le lycée font aussi du transport de matériel médical, Cracovie 2005.

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«En France, la construction à ossature bois est en plein essor, mais il reste un usage inexploré que BASE voudrait développer : le logement d’urgence. »

Comment est né ce projet “un toit pour tous” à Douala ?En 2010, BASE a mené un 1er chantier au Cameroun (construction d’une salle informatique à Bati). Le collège du quartier SIC de Douala, qui avait vu le reportage TV, a sollicité notre association pour édifier un bâtiment destiné à héberger un CDI. Ce projet, réalisé en partenariat avec le lycée de Koumassi, a pour objectif d’utiliser l’une des richesses naturelles du Cameroun (le bois et particulièrement l’atui) ainsi qu’une technologie adaptée, simple et économique : la construction à ossature bois modulaire (lire aussi en p.08-11). En France, cette technique est en plein essor, mais il reste un usage inexploré que BASE voudrait développer : le logement d’urgence. Dans les métropoles d’ici et d’ailleurs, les besoins en habitat sont de plus en plus criants avec des bidonvilles omniprésents. La construction à ossature bois modulaire constitue une solution écologique mais aussi pratique car adaptable : démontable, transportable, remontable et recyclable. Une technologie simple pour un besoin simple, une solution temporaire pour des situations d’urgence, en France ou à l’étranger. Comme à Haïti après le séisme de 2010, où cette technique aurait pu être un moyen complémentaire (et plus rapide) pour porter secours à 1,2 million de sans-abris.

Dans cet échange, qu’apporte chaque partie ?Le lycée des métiers et BASE apportent des ressources humaines (professeurs, élèves) pour enseigner la préfabrication des modules et leur assemblage. De son côté, le lycée de Koumassi recherche et achète les matériaux (avec l’argent récolté par l’association BASE), met à disposition ses ateliers, machines, personnels et élèves, et transmet ses connaissances sur les essences de bois locales. Au-delà des apprentissages professionnels, il y a eu bien sûr toute la richesse des échanges humains, dont quelques vraies leçons de vie. Les élèves ont été sensibles à cette joie de vivre et à cette capacité de s’adapter en fonction de ce qu’ils ont c’est-à-dire pas grand-chose… Tout notre inverse puisqu’une majorité d’entre nous passe son temps à chercher à avoir encore plus alors que nous avons déjà beaucoup. Les élèves de Blanquefort reviennent ainsi avec une expérience autant professionnelle qu’humaine. Et ceux qui ne sont pas partis au Cameroun ont quand même pu profiter du projet puisqu’il a servi de support pédagogique (études de plan) et donné lieu à des échanges culturels entre les établissements.

p r o c h a i n S projets...

Avec les intervieweurs Benjamin Bernard (bac pro Technicien Constructeur Bois) et Mathieu Brung (bac pro Technicien Menuisier Agenceur), qui ont participé à la construction d’un CDI à Douala, Cameroun 2015.

... de l’association BASE# Burkina faso : reconstruction d’une salle de classe dans un centre de formation d’un village situé à l’ouest de ouagadougou, en partenariat avec la commune girondine du Haillan.

Sénégal : les travaux ont été réalisés par des lycéens de Blanquefort et des jeunes de Martignas et Foundiougne.

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«Au-delà des apprentissages professionnels, il y a bien sûr toute la richesse des échanges humains, dont quelques vraies leçons de vie. »

# Bénin : construction d’un dispensaire à Atchoukpa qui bénéficiera aussi bien aux villageois qu’aux élèves de l’école mitoyenne.# Maroc : rénovation d’écoles dans le Haut Atlas et construction d’un habitat pour les instituteurs itinérants, aménagement

d’espaces destinés à accueillir les enfants d’une communauté de femmes de Casablanca.# Viêt nam : édification d’hébergements pour les jeunes étudiantes de la province de Quang-nam.

Le projet au Sénégal a été mené en partenariat avec l’association Batik, la municipalité de Martignas et la ville de pêcheurs de Foundiougne. Ça fait du monde sur la photo de famille !

En 2010 déjà, BASE avait financé et construit une salle informatique à Bati au Cameroun. Première réalisation de l’association, la rénovation d’un dispensaire à New-Delhi en 2001.

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pouvez-vous nous présenter votre section bois ?Jean-Aristide Wounang Niayako : Notre filière MEB (bac technique menuiserie et ébénisterie) va de la 2nde à la terminale. Les 3 classes réunissent 110 élèves et le taux moyen de réussite est de 40 à 45 %. Certains continuent dans des formations supérieures. La plupart travaillent dans la production de meubles ou de menuiseries. La section existe depuis la création du lycée, il y a 81 ans !

Baptiste Charbeaux : La section bois du lycée Léonard de Vinci propose des formations initiales et en alternance, depuis le CAP menuiserie jusqu’aux bacs pros TMA et TCB (menuiserie et construction bois). Le bac Technicien Constructeur Bois existe depuis 2007 et prépare les apprentis à la construction de bâtiments (charpente et ossature bois) aussi bien en atelier que sur chantier. À noter, il s’agit de la seule formation TCB en alternance d’Aquitaine. Une poursuite d’études est possible, avec le BTS Système Constructif Bois et Habitat (SCBH) au CFA du lycée Haroun Tazieff de St Paul lès Dax3.

1 Maison à Ossature Bois (MOB).

2 Ancien enseignant au lycée des métiers de Blanquefort et membre de l’association BASE, il participe au projet “Un toit pour tous” de Douala depuis son lancement.

3 Auquel est rattaché l’Unité de formation par apprentissage (UFA) du lycée de Blanquefort, qui s’occupe entre autres du bac pro TCB.

Vous avez sollicité l’association BAse et vos homologues du lycée Léonard de Vinci pour échanger sur la construction à ossature bois modulaire. pourquoi cet intérêt ?J.-A. W. N. : Nous ne l’enseignons pas car son image étant assez négative dans la population, elle ne trouve que peu d’écho dans l’industrie de la construction. BASE a su nous convaincre de l’importance de connaître cette technique écologique pouvant promouvoir le développement de la filière bois au Cameroun. Bien que réticents au début, nous avons ensuite su apprécier la technicité et la valeur de ce principe de construction. Nos élèves ont été très impressionnés par la qualité des plans et documents techniques. Puis, en participant activement aux travaux de préfabrication et construction, ils ont pu découvrir toutes les étapes de la réalisation ! en quoi consiste cette technique de construction ?Baptiste Charbeaux & Patrick d’Auber : Elle consiste à assembler des modules de bois les uns aux autres. Chacun d’entre eux est composé d’un cadre dans lequel sont répartis des poteaux intermédiaires destinés à supporter le poids des éléments supérieurs. Le tout est rigidifié par un panneau (du contreplaqué pour ce projet). L’ensemble pourra accueillir un étage et/ou une charpente. Les prémices de cette technique sont revendiquées par des Landais (chauvins ?) qui s’appuient sur des dessins qui remonteraient au XVIIe siècle. Ce qui est sûr, c’est que ce procédé est depuis une dizaine d’années de plus en plus courant sur le littoral français (pour son côté proche de la Nature). Pour autant, les pays du nord de l’Europe sont très en avance sur nous, notamment l’Allemagne qui nous précède au niveau des

Pour la MOB1, tout roule ! ?TECHNIQUE. Le procédé retenu pour bâtir le CDI du collège SIC de Douala est celui de la construction à ossature bois modulaire. Pourquoi ce choix ? Réponses avec trois professeurs : M. Wounang Niayako –section bois du lycée de Koumassi (Douala-Cameroun), M. d’Auber -section menuiserie du lycée Henri Brulle (Libourne2) et M. Charbeaux -construction bois au lycée Léonard de Vinci (Blanquefort).

Propos recueillis avec Florian Doret et Luc Martinez (bac pro Technicien Constructeur Bois – TCB)

«Meilleure isolation thermique, meilleur bilan carbone, meilleure gestion des ressources naturelles : la construction à ossature bois modulaire est résolument écologique ! »

La construction à ossature bois modulaire consiste à assembler des modules de bois composés de cadres, de poteaux et de panneaux.

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processus de construction. D’ailleurs, nous utilisons en grande partie des machines allemandes !

en quoi cette technique est-elle facile et rapide ?B.C. & P.A. : Déjà, on gagne du temps sur les différents assemblages grâce à un processus ultra simple à base de pointes et de vis. Et, contrairement à la maçonnerie, pas de séchage et donc pas d’attente supplémentaire. De plus, en cas d’intempéries, le projet n’est pas stoppé car on peut fabriquer les murs en atelier. Enfin, c’est une technique facile à mettre en œuvre car impliquant des éléments relativement légers à transporter/monter.

en quoi la construction à ossature bois modulaire est-elle économique ?B.C. & P.A. : À l’achat, elle ne l’est pas (encore). Pourtant, cette technique n’utilise que des sections de bois standardisées et qu’un seul type de panneau. Soit des dimensions standardisées et donc un nombre limité de références en magasin. Les conditions sont réunies pour faire jouer la concurrence et baisser les prix. Mais, à surface égale, le prix d’une Maison à ossature bois (MOB) reste encore 10 à 15 % plus cher qu’une maison traditionnelle. Pour être plus compétitif, il faudrait adapter le mode constructif à la ressource locale. En Aquitaine, le bois prédominant est le pin maritime. Mais pour l’heure, ce bois dit “court” n’est pas adapté à ce mode de construction et on doit importer du sapin Douglas, épicéa du Massif central ou des régions du Nord. Il faudrait donc investir dans la recherche et développer un procédé nous permettant d’utiliser ces pins maritimes dans la construction à ossature bois (ex. le procédé ABOVE4). Si la matière bois reste encore plus onéreuse que le béton, c’est surtout parce que

chaque arbre coupé doit être remplacé. Et cela a un coût ! Que n’a pas le béton, qui jour après jour puise dans les ressources non renouvelables de notre planète.

4 Aboutage Bois Vert du Pin Maritime : procédé mis au point par des industriels de Gironde et des Landes sous l’impulsion de la Région Aquitaine.

Cette technique a donc aussi des avantages écologiques ? B.C. & P.A. : C’est une construction sèche, pas besoin de chauffer à fond la première année pour faire s’échapper l’humidité des murs. On a aussi une meilleure isolation thermique5 : avec la MOB, on n’a pas ce rayonnement froid minéral qu’on retrouve dans la construction béton. À l’arrivée, c’est moins de chauffage et donc une économie d’énergie. Utiliser du bois local, c’est aussi faire une économie d’énergie dite “grise” (lire p.05). C’est aussi entretenir de façon durable nos forêts qui participent à réduire les émissions de gaz carbonique (que les arbres absorbent pour grandir).

5 À épaisseur d’isolant équivalent.

Comment s’est passé cet apprentissage sur le terrain ?J.-A. W. N. : Dans un 1er temps, nous avons appris, enseignants et élèves, à préfabriquer les modules de l’ouvrage. Puis, on nous a montré comment les monter sur une dalle en béton. L’organisation était très satisfaisante mais il aurait été intéressant, par une concertation préalable, de pouvoir intégrer beaucoup plus d’enseignants !

La construction à ossature bois modulaire consiste à assembler des modules de bois composés de cadres, de poteaux et de panneaux.… composé de salles d’informatique, de documentation et d’étude.

Le projet 2015 au Cameroun visait à construire un bâtiment pédagogique...

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«Notre 1er séjour (février) a été essentiellement consacré à la formation et aux échanges techniques, puis à la préfabrication des panneaux de l’ouvrage. Les fondations et le dallage ont été réalisés à 100 % par la section génie civil du lycée de Koumassi. »

1. fabrication des panneaux qui, une fois assemblés, formeront les murs.

une technique...... de construction parmi tant d’autresLa construction à ossature bois est une grande famille. Bien avant la technique modulaire (projet Cameroun), on peut rappeler l’ossature “apparente” des constructions à

construire une MOB1 en 12 etapes !

1 Maison à Ossature Bois (MOB).

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CHRONOLOGIE. Voici les différentes étapes de la construction à ossature bois modulaire qui a été réalisée au collège “SIC” de Douala en vue d’accueilllir leur nouveau CDI. Ce chantier a été notamment réalisé lors de deux missions de 15 jours (février et avril 2015) par des élèves et enseignants du lycée des métiers Léonard de Vinci de Blanquefort, en partenariat avec leurs homologues du lycée technique de Koumassi (Douala). Liste d’étapes non exhaustive…

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2. implantation et fondations pour ancrer la maison sur le terrain.

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3. Coulage de la dalle en béton armé.

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4. Montage des lisses basses.

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5. Livraison et agencement des panneaux préfabriqués.

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«Notre 2e séjour (avril) avait pour objectif l’élévation de la construction réalisée conjointement par des élèves/enseignants français/camerounais. Les travaux de finition restants ont été pris en charge par le lycée de Koumassi. »

colombages (croix st André) ou le recours aux “poteaux-poutres” (moins de poteaux mais à plus grosses sections). Autre grande famille, celle des constructions à “bois empilés” : la fuste* (troncs écorcés empilés les uns sur

les autres), en rondins (blocs calibrés à section ronde constante) et en madrier (à section rectangulaire).* Procédé très utilisé au Canada et développé en Aquitaine par Philippe Bray : lesmaisonsdarbres.com

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6. Montage des premiers panneaux pour les murs.

11. réalisation de la couverture.10. Montage de la toiture.

7. Assemblage des panneaux pour les murs entre eux.

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8. Montage des pignons.

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9. Montage des poutres.

12. Le gros œuvre terminé, place au second œuvre : équipements électriques, etc.

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Aquitaine Cameroun 2 filiEres boisÉCONOMIE. Première forêt d’Europe pour l’Aquitaine et 2e massif forestier d’Afrique pour le Cameroun : le bois est ici omniprésent ! Spécificités, activités, contraintes, environnement… Interview croisée de notre trio de professeurs : M. W. Niayako (lycée camerounais de Koumassi), M. d’Auber (lycée libournais Henri Brulle), et M. Charbeaux (lycée blanquefortais Léonard de Vinci).

Propos recueillis avec Florian Doret et Luc Martinez (bac pro Technicien Constructeur Bois – TCB)

pouvez-vous nous présenter la filière bois au Cameroun puis en Aquitaine ?Jean-Aristide Wounang Niayako : Le Cameroun dispose du 2e massif forestier d’Afrique (derrière la République démocratique du Congo). Ici, nous œuvrons principalement dans la1re transformation : abattage, premiers débits, sciage en planches, avant exportation vers l’Asie (principalement) et l’Europe (depuis quelques années). Il y a aussi de la fabrication de meubles et de menuiseries pour le marché local, ainsi que des produits dérivés (contreplaqué, panneaux de particules).Baptiste Charbeaux et Patrick d’Auber : Le massif forestier aquitain représente 1,8 million d’hectare, soit 43 % du territoire régional ! C’est la plus grande forêt d’Europe qui génère près de 38 000 emplois, dont 29 000 salariés et 9 000 indépendants, auxquels on peut ajouter 8 000 emplois indirects dans la recherche, la formation et les bureaux d’étude (source : Insee 2010). L’activité de la filière bois se répartit entre la sylviculture (8 %), les scieries et produits dérivés (40 %), la production de papier et carton (15 %),la fabrication de mobilier (7 %) et la construction bois (30 %). La forêt aquitaine a été fortement impactée par 2 tempêtes : en décembre 1999 et -surtout- en 2009 avec Klaus qui a mis à terre près d’1/3 des volumes soit 6 ans de récolte ! L’exploitation est essentiellement régionale avec un peu d’exportation (l’Espagne et de plus en plus la Chine).

Quelles essences de bois y trouve-t-on ?J.-A. W. N. : Au Cameroun, nous utilisons l’atui pour la charpente (parfois l’eucalyptus), l’azobé pour les ouvrages hydrauliques, le doussié ou le makoré pour la menuiserie et enfin l’iroko ou l’ayous pour les ouvrages intérieurs.

B.C. & P.A. : En Aquitaine, nous avons des résineux, essentiellement du pin maritime, et des feuillus : chêne, châtaignier, peuplier et robinier (acacias). Le pin est utilisé en papeterie et dans la fabrication de panneaux, caisses et palettes. Pour les feuillus, c’est plus varié, de l’ameublement à la charpente en passant par les parquets et produits dérivés.

Quels sont les freins au développement ?J.-A. W. N. : Principalement, le manque d’un tissu industriel fort au Cameroun. Il faudrait soutenir la création d’entreprises, améliorer leurs équipements et diversifier les activités. Le tout serait porteur d’emploi et motiverait les jeunes à s’engager dans cette filière !B.C. & P.A. : Il faudrait trouver de nouveaux débouchés dans l’utilisation du pin maritime, compte tenu du volume important que représente son exploitation dans la région ! C’est un produit qui peut aisément entrer dans la réalisation des constructions à ossature bois et la préfabrication d’éléments de structure. Il faut aussi investir dans des solutions alternatives ou complémentaires, que peuvent remplir le châtaignier et le robinier ! Il conviendrait également de mener une politique fiscale incitant et valorisant l’activité forestière. Et permettre aux organismes de gestion des forêts (ONF, CAFSA, CRPF1) d’asseoir ce développement. Enfin, développer la filière rime avec valoriser l’utilisation du bois sous toutes ses formes : de la construction à l’ameublement en passant par son utilisation énergétique !

1 Office national des forêts (ONF), Coopératives agricoles et forestièresSud-Atlantique (CAFSA), Centre régional de la propriété forestière (CRPF).

« En Aquitaine, développer la filière rime avec valoriser l’utilisation du bois sous toutes ses formes ! »

L’A63 traverse les landes de Gascogne, 1re forêt d’Europe occidentale. © Larrousiney

Le pin maritime des landes de Gascogne. © Larrousiney

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Le Cameroun doit à tout prix préserver cette fabuleuse ressource forestière. Région du Sud-Ouest, vers Mundemba. © Bernard Dupont

Depuis les accords de Kyoto2, le Cameroun s’est engagé vers une exploitation responsable de sa ressource forestière, la défense de sa biodiversité et la transformation locale. Quelles actions ont été mises en œuvre pour atteindre ces objectifs ?J.-A. W. N. : Des pays étrangers, comme la Corée du Sud, construisent des centres de formation pour apprendre aux jeunes camerounais la gestion durable de la forêt et la transformation du bois. Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre dans le respect de l’environnement et du développement durable, à commencer par la gestion de nos déchets.

2 Signés en 1997 et appliqués en 2005.

Le rBue3 tarde à s’appliquer concrètement en france, que faire pour accélérer le mouvement ?La surexploitation des bois exotiques est toujours un réel souci ! Certains sont en voie de disparition : teck de Birmanie, acajou, ébène, moabi… La certification PEFC4 a permis de progresser de manière très satisfaisante en Europe, mais il reste encore beaucoup à faire pour combattre, dans le monde, les importations illégales de bois résultant de coupes sauvages ! Exemples à l’échelle internationale : mettre en place une législation plus contraignante, accroître les moyens de contrôle, les mesures dissuasives et les sanctions ! En Europe, c’est d’abord faire respecter la certification PEFC, et l’accompagner d’actions pédagogiques d’information à la fois pour les acteurs de la filière bois et les jeunes générations. Enfin, sur un plan plus local, la gestion des forêts est certainement perfectible, en cherchant à équilibrer la part de feuillus et de résineux, en favorisant l’entretien et la biodiversité, en opposant aux coupes “blanches” la coupe sélective des arbres.

3 Règlement sur le bois de l’Union européenne, destiné à lutter contre le commerce de bois illégal (15 à 30 % des volumes mondiaux !).

4 Programme européen des forêts certifiées, créé en 1998.

L’A63 traverse les landes de Gascogne, 1re forêt d’Europe occidentale. © Larrousiney

Le pin maritime des landes de Gascogne. © Larrousiney

Exploitation forestière dans l’est du Cameroun. © Jack910

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Un Echange rEciproquePARTENARIAT TRIPARTITE. Si ce projet de bâtiment pédagogique à Douala a été porté par l’association BASE et le lycée Léonard de Vinci de Blanquefort, les deux bénéficiaires ont aussi apporté leur “pierre” à l’édifice. Marthe Massoma Ekwalla -directrice du collège “SIC - Bassa”, et Nicolas Komé -proviseur du lycée technique de Koumassi, nous expliquent ce que cet échange leur a apporté et ce qu’ils ont pu transmettre à leurs invités.

Propos recueillis avec Florian Doret et Luc Martinez (bac pro Technicien Constructeur Bois – TCB).

pouvez-vous nous présenter votre établissement scolaire ?Marthe Massoma Ekwalla : Le collège se situe dans le quartier de la cité “SIC – Bassa”. Il a ouvert ses portes en 2010. L’entrée en 6e s’effectue uniquement sur concours. Cette année, nous avons 647 candidats pour 180 places. Au total, ce collège public dispose de 11 classes accueillant 1 050 élèves.

Nicolas Komé : Le lycée de Koumassi a été créé en 1934 par la France pour former de la main d’œuvre locale. Dans les années 50, il est devenu le seul lycée technique du Cameroun, très sélectif, avec un corps enseignant composé en partie d’enseignants français. Depuis, il est le “lycée technique de Koumassi” pour se différencier des six autres établissements de Douala. Actuellement, il compte 2 200 élèves et 300 enseignants. Nous avons des formations dans le secteur tertiaire : communication, gestion, économie, comptabilité, bac SES… Et dans le secteur industriel : bac E, électrotechnique, génie civil, génie bois, métallerie, mécanique auto, installation sanitaire… Le tout de la seconde à la terminale.

Que représente pour votre établissement ce projet avec l’association BAse et le lycée de Blanquefort ?M. M. E. : La construction de ce bâtiment représente beaucoup pour nous car nous manquons encore d’infrastructures pour pouvoir accueillir plus de jeunes de ce quartier populaire. Cette bibliothèque incitera les enfants à lire et leur permettra d’avoir des outils informatiques avec connexion à internet.

N. K. : C’est un projet très important pour nous aussi. Non seulement pour ce que nous sommes en train de réaliser mais aussi pour la coopération et les échanges que nous souhaitons mettre en œuvre.

Comment cet échange s’est-il passé ?M. M. E. : Tout est parti d’une 1re rencontre avec M. Gazard-Maurel, le président de l’association BASE, en octobre 2012. Le projet a pris forme avec des échanges de mails et nous avons assisté à sa réalisation en février et avril de cette année.

N. K. : Au tout début, M. Gazard-Maurel a rencontré Mme Boumnyiemb, mon prédécesseur. Ils ont convenu et organisé ce partenariat lié à cette construction. Ayant pris mes fonctions dans cet établissement en septembre 2014, nous avons préparé l’action par échange de mails avec l’appui des enseignants du lycée de Koumassi.

Qu’avez-vous appris au contact des professeurs et élèves de Blanquefort ?M. M. E. : Beaucoup d’humilité de voir des élèves et des enseignants autant impliqués et complémentaires dans leurs tâches ! L’écoute des enseignants aux propositions des élèves nous a tout particulièrement marqués. J’ai découvert un travail en équipe, du courage et de l’envie.

N. K. : Ils nous ont beaucoup appris. L’organisation mise en place a permis à nos enseignants et élèves de découvrir de nouvelles techniques de construction adaptées à nos essences de bois, puis de les mettre directement en application par la réalisation d’un ouvrage réel.

« Cette bibliothèque incitera les enfants à lire et leur permettra d’avoir des outils informatiques avec connexion à internet. » Marthe Massoma Ekwalla, directrice du collège “SIC” de Douala.

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Au centre : Marthe Massoma Ekwalla, directrice du collège “SIC” de Douala lors d’une visite des parents d’élèves sur le chantier du bâtiment pédagogique.

« Nos enseignants et élèves ont pu découvrir de nouvelles techniques de construction adaptées à nos essences de bois… » Nicolas Komé,

proviseur du lycée technique de Koumassi.

Qu’est-ce qui vous tenait à cœur de leur transmettre ?M. M. E. : Des valeurs de notre pays. Au Cameroun, et particulièrement à la cité “SIC”, les distances entre les gens sont très vites atténuées, franchies. Cette convivialité est un point fort que j’aimerais transmettre.

N. K. : Il est important que nous puissions développer des échanges pédagogiques entre le lycée de Koumassi et celui de Blanquefort. Ces échanges pouvant se traduire par des interventions réciproques d’enseignants dans chaque établissement.

Quels sont vos besoins aujourd’hui pour mener à bien votre mission d’instruction ?M. M. E. : Ils sont nombreux et de plusieurs ordres. Délocaliser l’école pour avoir plus de place, ici nous sommes très enclavés. Augmenter nos moyens en informatique et en matériel didactique afin de proposer un enseignement performant et en phase avec le monde moderne. Enfin, développer les ateliers de lecture pour acquérir du savoir en complémentarité de la tradition orale.

N. K. : Je sais que l’association a pu mesurer l’importance de nos besoins. Je souhaite qu’elle puisse nous aider à obtenir des équipements en machines et en matériel didactique. M. Nicolas Komé, proviseur du lycée technique de Koumassi.

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La redaction du Lycee des metiers de blanquefortÉCO-REPORTERS EN AQUITAINE1. En février et avril 2015, des élèves du lycée des métiers de Blanquefort (33) ont participé à une mission de solidarité internationale au Cameroun. Objectif : construire avec leurs homologues du lycée de Douala Koumassi un bâtiment pédagogique. Une expérience professionnelle et humaine qu’ils ont voulu partager en interviewant pour vous les différents acteurs de ce projet. Bonne lecture !

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Le Journal des ECOREPORTERS EN AQUITAINE Juillet 2015 (édition du lycée Léonard de Vinci - Blanquefort)

> La rédac’éditeur : Conseil régional d’Aquitainerédacteur en chef, sr, maquettiste :Bertrand Portrat (ya’com : [email protected])Conseiller éditorial : Jean-Yves Gazard-MaurelCharte graphique : pepeteprod.comeco-reporters en Aquitaine1 : Benjamin Bernard (bac pro TCB2), Mathieu Brung (bac pro TMA3), Florian Doret (bac pro TCB) et Luc Martinez (bac pro TCB) du lycée des métiers de Blanquefort (33)

photos : Patrick d’Auber, Benjamin Bernard, Mathieu Brung, Baptiste Charbeaux, ClkerFreeVectorImages (pixabay), Florian Doret, DR, Bernard Dupont (flickr), Jean-Yves Gazard-Maurel, Jack910 (wikipedia), Kurious (pixabay), Larrousiney (wikipedia), Luc Martinez, Henri Nguetta, Nicolas Raymond (freestock), ya’com1 Atelier de journalisme soutenu par le Conseil régional d’Aquitaine (cf. p.02) 2 TCB : Technicien Constructeur Bois 3 TMA : Technicien Menuisier Agenceur

M. Gazard-Maurel, président de BASE et enseignant à Blanquefort, entouré du proviseur de Koumassi, de la chef de travaux et de la délégué ministérielle.

La pause et la pose pour Mathieu Brung (TMA), Patrick d’Auber (lycée Henri Brulle) et Benjamin Bernard (TCB). Douala, février 2015.

Baptiste Charbeaux, enseignant à Blanquefort, Florian Doret et Luc Martinez (TCB),avec Marthe Massoma Ekwalla, directrice du collège “SIC” de Douala.

Luc Martinez et Florian Doret (TCB) en train d’interviewer Mme Massoma Ekwalla, directrice du collège “SIC”. Douala, avril 2015.