Solidarité 4/12

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Numéro 4, novembre 2012 Le magazine de POINT FORT Travailleuses du monde entier SUISSE Signez l’initiative contre la spéculation alimentaire!

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Numéro 4, novembre 2012

Le magazine de

POINT FORTTravailleuses dumonde entierSUISSESignez l’initiative contrela spéculation alimentaire!

Esther MaurerDirectrice de Solidar Suisse

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08.10.2012Les réfugiés syriens ont besoin d’une aide durableAvec son organisation partenaire norvé-gienne NPA, Solidar Suisse apporte une aide d’urgence au Liban: elle distribue de la nourriture et des produits d’hygiène, ainsi que des kits spéciaux de première nécessité, tout en épaulant les nombreux bénévoles actifs dans les camps de ré-fugiés. Un enseignement sera très bientôt dispensé aux enfants en âge de scolarité.

19.09.2012«Pourquoi un accord préférentiel avec une dictature?»«Beaucoup meurent d’épuisement et de mauvais traitements. Pour échapper à la faim, j’ai dû apprendre à attraper des rats et des serpents.» Harru Wu, dissident chinois, a été interné dans des camps de travail durant 19 ans. Il témoignait récem-ment à Genève. «Comment un pays libre peut-il souhaiter conclure un accord préférentiel avec une dictature?», s’est-il notamment indigné.

02.10.2012Les Jeunes socialistes s’attaquent à la spéculation alimentaireLes Jeunes socialistes lancent une initia-tive contre la spéculation. «On ne joue pas avec la nourriture de millions de person-nes», s’enflamme leur président Daniel Roth, en comparant le trading aux armes de destruction massive. Aujourd’hui, près de 80% du commerce sont purement spéculatifs – contre 30% en 2000, a dé-noncé Esther Maurer, directrice de Solidar Suisse.

Chère lectrice, cher lecteur,Animée par une curiosité insatiable et une forte motivation, j’ai repris, il y a plus de deux mois, la direction de Solidar Suisse. Depuis, ma curiosité n’a pas fléchi: chaque jour, j’en apprends davantage sur les activités de Solidar et découvre des person-nes clés et des réseaux. Peu à peu, j’envisage aussi la place que Solidar Suisse devrait occuper en coopération au développement dans cinq à dix ans et comment y parvenir. Quant à ma motiva-tion, elle se nourrit d’un engagement dont l’utilité n’est plus à prouver et de la volonté d’une équipe enthousiaste.

Les thèmes à promouvoir, dont le travail décent et la participation (nos priorités), sont aussi nombreux que variés et les tendances mondiales qui les menacent le sont tout autant. Le récent lancement de nos activités en Chine ne signifie pas seulement que nous œuvrons sur un terrain où les intérêts éco-nomiques et la stratégie du profit immédiat foulent aux pieds les normes du travail et la dignité humaine. Il implique aussi que nous devons fournir, dès à présent, notre soutien aux gens sur place, pour qu’ils fassent valoir leurs droits et évitent ainsi d’être laminés par l'essor économique. Les travailleuses et les travail-leurs doivent en effet être parties prenantes d’un développe-ment économique durable. Même si nos activités en Chine sont encore ponctuelles – vu la taille de ce pays, elles sont d’ailleurs condamnées à le rester – elles s’appuient sur une philosophie

globale. Car nous devons pouvoir transposer la lutte pour la dignité humaine à d’autres pays et, grâce au réseau formé par les syndicats asiatiques et les organisations de la société civile, y renforcer les structures existantes.

Au cours des premiers mois passés à la tête de Solidar, j’ai constaté que passer de l’exécutif de la ville de Zurich et de son Département de la sécurité à la direction de Solidar Suisse s’avère moins incongru qu’il n’y paraît. En effet, si j’ai été responsable pendant douze ans de la sécurité de la population de Zurich, je me préoccupe à présent des moyens d’existence des habitant-e-s de pays émergents et en développement et m’efforce ainsi d’améliorer leur sécurité. Nos divers objectifs – reconstruction au Sri Lanka ou salaires décents pour les

ouvrières sur les stades sud-africains, vie digne grâce au travail et à des prix alimentaires stables, lutte contre la corruption ou protection contre un gouvernement meurtrier, tel le régime syrien – reposent sur un même précepte: sans sécurité, il n’y a pas de perspectives d’avenir, ni pour la société ni pour l’individu.

Je vous remercie, chère lectrice, cher lecteur, pour votre soutien et espère que vous saurez considérer notre travail d’un œil à la fois bienveillant et critique. Esther Maurer

éDITORIAL

REvuE DE PREssE

POINT DE vuE En raison de la spéculation, un enfant meurt de faimchaque cinq secondes. 7

éTuDE L’évasion fiscale fait perdre des milliards aux pays émer-gents et en développement. 1513

POINT FORTDans quelles conditions les femmes travaillent-elles et pourquoi luttent-elles? Réponse au Burkina Faso, en Afrique du Sud, au Brésil, en Suisse, au Sri Lanka et en Serbie. 4

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POINT FORT Travailleuses de tous les pays 4 Au Burkina Faso, Djénéba Camara gère son propre atelier de couture 6 Qu’apporte le Mondial aux travailleuses? Réponse d’une ouvrière sud-africaine et d’une vendeuse brésilienne 8 A Genève, Corinne Hagger a lutté contre le licenciement de 1500 personnes 10 Dushyanthi Thedevas a patiemment reconstruit sa vie au Sri Lanka 11 POINT DE vuE Jean Ziegler: les spéculateurs sur les denrées alimentaires sont des requins tigres 7 ACTuALITé Au Liban, Solidar dispense une aide d’urgence aux réfugié-e-s syriens 13 éTuDE Les pays en développement perdent des milliards en raison de l’évasion fiscale 15 CONCOuRs 12 RésEAu Nouvelles des OSEO régionales 16 PORTRAIT En Serbie, Bojana Bijelovic s’engage contre le chômage des jeunes 18

Editeur: Solidar Suisse, Quellenstrasse 31, Postfach 2228, 8031 Zürich Tél. 021 601 21 61, E-mail: [email protected], www.solidar.ch CP 10-14739-9 Lausanne. Membre du réseau européen SolidarRédaction: Katja Schurter (rédactrice responsable), Rosanna Clarelli, Christian Engeli, Alexandre Mariéthoz, Cyrill Rogger

Layout: Binkert Partner, www.binkertpartner.ch / Spinas Civil VoicesTraduction:Irene Bisang, Milena Hrdina, Daniel Süri, Jean-François ZurbriggenCorrection: Jeannine Horni, Carol Le CourtoisImpression et expédition: Unionsdruckerei/subito AG, Platz 8, 8201 SchaffhausenParaît quatre fois par an. Tirage 37 000 ex.

Le prix de l’abonnement est compris dans la cotisation (membres individuels 50.– par an minimum, organisations 250.– minimum). Imprimé sur papier recyclé.

Page de titre: Djénéba Camara a réalisé son rêve: ouvrir son propre atelier de couture. Photo: Lukas Frohofer. Dernière page: Soutenez nos programmes de développement en achetant une carte de Noël.

IMPREssuM

ACTuALITéAu Liban, Solidar distribue de la nourriture aux réfugié-e-s syriens – et en particulier aux enfants.

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TRa vaIllEUSES

POINT FORT

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DU mONDE ENTIERSolidar lutte pour un travail décent. Ce combat est indispensa-ble. Dans le monde, 1,5 milliard de personnes travaillent dans des conditions précaires; plus de 30% de tous les salarié-e-s gagnent moins de deux dollars par jour.Qu’en est-il plus particulièrement des femmes? Quelles sont leurs conditions de travail? Quelles sont leurs luttes? Quelles similitudes entre une scientifique suisse et une cultivatrice de riz sri lankaise?Réponse avec les portraits de six femmes, au Burkina Faso, en Afrique du Sud, au Brésil, en Suisse, au Sri Lanka et en Serbie.Photo: Birgit Ruprecht

TRa vaIllEUSES

solidar ouvre des perspectivesDepuis onze ans, Solidar Suisse apporte un appui au Forum des éducatrices afri-caines (FAWE) du Burkina Faso. Cet organisme permet à des femmes qui n’ont pu fréquenter l’école ou achever leur scolarité de suivre une formation professionnelle. L’offre va de couturière à divers métiers techniques, comme méca-nicienne sur auto ou électricienne, en passant par teinturière.Cette formation aide les jeunes femmes à accéder au monde du travail. Une véri-table gageure dans un pays où le taux de chômage avoisine 75%.

C’est par un après-midi très chaud que je me rends chez Djénéba Camara à Bobo-Dioulasso, une ville de l’ouest du Burkina Faso. La jeune couturière s’affaire sur sa machine à coudre, tout comme son em-ployé, Moussa Traoré.La clientèle de «Nabou Couture» est des plus variées: hommes et femmes de tous âges et de tous horizons viennent à la boutique décorée de jaune et de rose. La plupart sont des clients fidèles. Djénéba Camara porte sur elle la meilleure preuve de ses compétences: une robe jaune et brun qu’elle a dessinée et réalisée elle-même, comme elle l’explique fièrement.

Djénéba Camara a ainsi obtenu son diplôme de couturière en suivant une for-mation auprès du FAWE. Elle a ensuite travaillé pendant trois ans dans un atelier de couture, avant de réaliser son rêve: fonder son propre commerce.

Réservé aux hommesDepuis cinq ans, Djénéba Camara ouvre sa boutique tous les matins à l’aube et y travaille parfois onze heures par jour. Si une enseigne manque encore à l’extérieur, l’intérieur a bien changé ces dernières années: pour lancer son affaire, Djénéba Camara a reçu une machine à coudre de Solidar Suisse. Depuis, elle a non seule-ment acheté une autre machine et du mobilier, mais aussi engagé deux em-ployés, qui l’aident en fonction des besoins, et une stagiaire.Au Burkina Faso, la couture n’est pas un métier de femme, mais un domaine tradi-tionnellement réservé aux hommes. Depuis quelque temps, un équilibre s’établit cependant lentement entre cou-turiers et couturières. Quant à Moussa Traoré, l’employé de Djénéba Camara, peu lui importe. «Que l’on travaille sous les ordres d’un homme ou d’une femme, il arrive que l’on ne soit pas d’accord et que l’ambiance devienne électrique.»

une lutte au quotidienBien que ses services soient très deman-dés, Djénéba Camara ne parvient pas à réunir chaque mois les 30 francs néces-saires pour payer le loyer et l’électricité de son petit local. Il ne lui reste alors qu’à trouver un travail d’appoint. Malgré les difficultés, elle ne regrette toutefois pas d’avoir opté pour l’indépendance. «J’aime mon métier et cela me pousse à aller de l’avant.»www.solidar.ch/fawe

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DE FIl EN aIgUIllE vERS l’aUTONOmIE Malgré quelques soucis financiers, Djénéba Camara, couturière au Burkina Faso, se fraye son proche chemin.Texte et photo: Lukas Frohofer, Solidar Suisse

Djénéba Camara devant sa boutique: un rêve devenu réalité.

lES SPécUla-TEURS SONT DES REqUINS TIgRESLes spéculateurs sur les produits alimentaires n’ont aucun scrupule. Une initiative veut les mettre en cage.Texte: Jean Ziegler, rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation

Le requin tigre est un énorme animal de la famille des requins requiem, des carni-vores extrêmement voraces. Ce squale aux grandes dents et aux yeux noirs fait partie des habitants les plus craints de la planète. Il colonise toutes les grandes mers tempérées et tropicales et pêche volontiers en eau trouble.Les puissantes mâchoires du requin tigre lui permettent d’exercer une pression de plusieurs tonnes au centimètre carré. Pour apporter suffisamment d’énergie à son organisme, il est perpétuellement en mouvement. Le requin tigre est capable de détecter une goutte de sang diluée dans 4 600 000 litres d’eau.Le spéculateur sur les denrées alimen-taires travaillant à la bourse des matières premières agricoles de Chicago présen-te une grande similitude avec cette

description du requin tigre. Comme lui, il parvient à détecter ses victimes de très loin et à les détruire en un tournemain. Et ce, pour satisfaire sa voracité, autrement dit son insatiable appât du gain.

Les lois du marché veillent à ce que seule la demande solvable soit satisfaite. Elles laissent délibérément de côté le fait que l’alimentation constitue un droit de la personne humaine, un droit universel.Le spéculateur sur les denrées alimen-taires agit sur tous les fronts et engloutit tout ce qui peut lui rapporter quelque chose: il joue avant tout avec les terres, les moyens de production, les semences, les engrais et les denrées alimentaires.

Enfants morts, spéculateurs repusSur le marché mondial, les cours du riz, du blé et du maïs explosent. Le prix du maïs a augmenté de 63% ces 12 der-niers mois, celui du riz de 38,2%. Le prix du blé a doublé.Mais les spéculateurs réalisent des pro-fits astronomiques. Dans les bidonvilles

de la planète où vivent 1,2 milliard de pauvres selon la Banque mondiale, les pa-rents ne peuvent plus ache-ter suffisamment de nourri-ture. Leurs enfants meurent de faim. D’après l’ONU, un

enfant de moins de 10 ans meurt de faim toutes les cinq secondes. Sur les sept milliards d’êtres humains que compte la planète, un milliard est en permanence très gravement sous-alimenté.

7POINT DE vuE

La Suisse, et notamment Genève, est aujourd’hui le centre mondial de la spé-culation sur les matières premières (den-rées alimentaires avant tout), du fait des exorbitants privilèges fiscaux accordés.

signez l’initiative!Le 1er octobre, la Jeunesse socialiste suisse (JSS) a commencé à récolter des signatures pour son initiative populaire «Pas de spéculation sur les biens alimen-taires». Elle vise à interdire la spéculation boursière sur les denrées alimentaires et à inscrire cette interdiction dans la Constitution fédérale.Les spéculateurs en bourse jouent avec la vie de millions d’êtres humains. La suppression complète et immédiate de ce genre d’activité relève du bon sens. Je vous prie, conjointement avec Solidar Suisse, de soutenir cette initiative vitale de la JSS. A vos stylos!www.solidar.ch/newsGenève est le centre

mondial de la spéculation alimentaire.

Le nouvel ouvrage de Jean Ziegler, «Destruction massive - Géopolitique de la faim», est paru en octobre 2011, aux éditions du Seuil.

Nous les laissons mourir

Combien de temps avez-vous travaillé à Soccer City?Plus de deux ans. Au début, j’étais simple manœuvre. Après avoir suivi un cours mis sur pied par le syndicat de la construction NUM, j’ai été chargée de la sécurité: je contrôlais le chantier avant le début du travail et veillais à ce que les mesures de sécurité soient respectées tout au long de la jour-née, car le travail était très dangereux. A Soccer City, je gagnais 12 rands par heure. Après une grève, les salaires ont augmenté et le mien est passé à 15 rands. Je touchais près de 2200 rands

par mois (env. 255 francs). Une fois le stade achevé, l’entreprise a pris en char-ge un chantier à l’étranger. Elle a emme-né les hommes, mais licencié les femmes. La raison officielle était qu’il n’y avait pas de place pour les loger. Cela dit, les en-treprises sud-africaines commençaient déjà à engager moins de femmes.

Que sont devenus vos collègues?La même chose que moi. Une partie des hommes sont partis à l’étranger. Les femmes ont toutes été licenciées. Ce fut très dur.

Y avait-il des différences entre femmes et hommes?Ce sont souvent les hommes qui condui-sent les engins de chantier. Voilà pour-quoi il fallait davantage d’hommes que de femmes. J’ignore si nous touchions le même salaire.

Avez-vous acquis de nouvelles compétences?Oui, j’ai obtenu un diplôme d’ouvrière du bâtiment et un de conductrice d’engins de chantier. Mais les entreprises ne les reconnaissent pas. Ils n’engagent que des personnes de moins de 35 ans, et rarement des femmes. C’est surtout mon âge – j’ai 37 ans – qui m’empêche de trouver du travail.

Autrement dit, le Mondial n’a pas amélioré votre situation?Non, mais je suis heureuse que l’Afrique du Sud ait accueilli le Mondial 2010. Des gens sont venus de partout pour admirer Soccer City et j’ai eu du travail pendant quelque temps. Je suis fière d’avoir construit ce stade. www.solidar.ch/horsjeu

Portia Mhkize a participé à la construction du plus grand stade africain. Aujourd’hui, elle est à nouveau sans emploi.Interview: Katja Schurter. Photos: Joachim Merz et Emilio Pedrina

8 ThEMA

Comment allez-vous, deux ans après le Mondial?Portia Mhkize: J’ai été licenciée peu après et tente à présent de gagner ma vie grâce au recyclage. Je ramasse des bouteilles, les brise et revends le verre pilé. Cela me rapporte 400 à 500 rands par mois (45 à 55 francs). Pour mes trois filles (18, 15 et 6 ans), je reçois des allo-cations d’environ 500 rands. Mon revenu n’équivaut donc plus qu’à la moitié de ce que je touchais en travaillant sur le chan-tier de Soccer City. J’ai de la peine à joindre les deux bouts. Ma fille aînée vou-drait aller à l’université, mais je n’ai pas l'argent pour payer son inscription.

«Les femmes ont toutes été licenciées.»

mONDIal 2010: DES TRavaIllEUSES hORS jEU

Portia Mhkize a travaillé deux ans sur le chantier de Soccer City. Avant d’être licenciée.

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ne se satisfait souvent pas d’expulser les marchand-e-s de rue: la violence verbale et physique à leur encontre est monnaie courante. Les représailles contre les marchand-e-s de rue s’intensifient juste-ment lors d’importants événements inter-

nationaux comme la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques.Les marchand-e-s de rue peuvent, depuis 2009, se faire enregistrer officielle-

ment et obtenir une autorisation. Le nombre de permis délivrés est toutefois limité. Jusqu’ici, les critères d’attribution n’ont pas été divulgués et la plupart des marchand-e-s de rue non déclarés ont été laissés pour compte, ce qui revient à criminaliser leur activité. Quand on leur confisque leur marchandise, ils perdent d’un seul coup les bases mêmes de leur existence.

Droit au travailL’association des marchand-e-s de rue (MUCA) s’engage pour que la vente sur la voie publique ne soit pas discriminée.

Ils ont formulé leurs préoccupations dans une lettre ouverte au maire de Rio de Janeiro: «Nous sommes traités comme des criminels, alors que nous cherchons des stratégies de survie dans une ville qui ne peut offrir un emploi qu’à 60% de la population. Nous sommes des travailleuses et des travailleurs honnêtes et corrects, qui exigeons le droit au travail et celui de nous organiser.»

Résistance contre la répressionMaria s’investit activement auprès de MUCA. «Nous nous rencontrons une fois par mois pour tisser un réseau communal avec d’autres associations et agir contre la répression et les injustices.» Mais Maria souhaite aussi s’engager profes-sionnellement contre les durcissements actuels. Après son travail quotidien au marché, elle suit des cours du soir, afin de décrocher son diplôme de fin d’études secondaires. «Je suis en dernière année. Après, je veux étudier le droit et devenir avocate pour défendre les droits des marchand-e-s de rue.»www.solidar.ch/brazil-fr.html

«NOUS ExIgEONS lE DROIT aU TRavaIl»A Rio de Janeiro, les marchand-e-s de rue luttent pour la reconnaissance de leur activité et contre une répression croissante. Texte et photos: Nora Wintour, StreetNet International

Maria de Lourdes vit dans la banlieue de Rio de Janeiro avec son mari et deux de leurs enfants âgés de 9 et 17 ans. Son fils aîné a quitté la maison et, la journée, il lui donne un coup de main dans son travail au centre de Rio. Depuis huit mois,

elle tient un stand légal où elle vend des ceintures qu’elle confectionne elle- même. «Je me sens plus sûre aujourd’hui et la police ne me menace plus.»Durant 15 ans, comme marchande de rue non déclarée, elle a vendu ses objets sur un chariot de supermarché, sans autori-sation de la ville – toujours à la sauvette, de crainte d’être repérée par la police.

Activité jugée criminelleSi la police avait interpellé Maria de Lourdes dans son activité de vente illé-gale, elle l’aurait expulsée et aurait confisqué sa marchandise. Mais la police

«On nous traite comme des criminels.»

POINT FORT 9

Maria de Lourdes (en bas) lutte contre les expulsions de marchand-e-s ambulants en vue du Mondial 2014.

désormais considérée comme «redon-dante», vu que d'autres peuvent effectuer son travail ailleurs et à moindre coût.

un monde lointainCorinne Hagger se souvient des jours qui ont suivi l’annonce de la fermeture. «Le personnel était comme anesthésié. Cela a duré jusqu’à l’arrivée d’Unia. Nous

avons regardé ces syndicalistes avec une certaine surprise. Auparavant, ils fai-saient partie d’un univers lointain.» Les deux mondes se rapprochent vite. «Une semaine plus tard, Unia a organisé une première assemblée. 300 personnes y ont participé. Les syndicalistes ont témoigné d’une grande chaleur humaine. Alessandro Pelizzari a expliqué ce qu’Unia pouvait faire pour nous. Son pro-fessionnalisme nous a impressionnés.»

«Il faisait le même temps que lorsque j’ai appris la mort de Kennedy. Une pluie d’apocalypse. Le CEO de Merck Serono est arrivé. Il a loué le succès de l’entre-

prise. Avant de lâcher, brutalement, que le groupe allait fermer le site de Genève. Il n’y a eu aucune réaction. La salle était abasourdie. Beaucoup pleuraient.»Le 24 avril, Merck Serono annonce la fermeture de son site genevois. 1500 employé-e-s sont dans la salle. Tous per-dront leur emploi d’ici la fin de l’année. Parmi eux, Corinne Hagger. Agée de 56 ans, cette chercheuse travaille chez Merck Serono depuis 2006. Elle est

Forte mobilisationSes collègues poussent Corinne Hagger à faire partie des représentant-e-s du personnel. «Ce fut le début d’une fabu-leuse aventure humaine.» Le personnel de Merck Serono organise plusieurs manifestations. Il récolte aussi, en moins de deux mois, 15 000 signatures à l’appui d’une pétition.Merck Serono refuse de négocier. Le 12 juin, le personnel entre en grève. Le 28 juin, le Conseil d’Etat saisit la Chambre des relations collectives de travail et obli-ge la direction de Merck Serono à négo-cier un plan social. Chaque avancée sera le fruit d’un combat acharné. L’Assemblée du personnel approuve finalement, le 9 août dernier, un protocole d’accord. «Nous avons préféré accepter un accord plutôt que risquer de tout perdre.»On sent poindre une certaine déception dans la voix de Corinne Hagger. Tout cela n’aurait-il, finalement, pas servi à grand-chose? La réponse fuse: «Sans mobilisa-tion et sans l’appui d’Unia, nous n’aurions rien obtenu.» Le plan social négocié comporte plusieurs améliorations, notam-ment la réduction de l’âge de préretraite, ainsi que l’engagement de Merck Serono à soutenir la création d’un institut de bio-technologie – qui pourrait permettre le maintien de 300 emplois à Genève.

La lutte continueAujourd’hui, Corinne Hagger éprouve encore du dégoût: «Depuis le 24 avril, Merck Serono n’a parlé que d’argent. Je n’ai plus jamais entendu le mot ''patient''.» Son optimisme reprend cependant vite le dessus. Elle s’estime heureuse d’avoir pu participer à une mobilisation aussi forte. Puis relève que la lutte continue. «L’Assemblée du personnel a décidé d’initier une mobilisation nationale en vue d’une véritable protection contre les licenciements collectifs.»

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«sans mobilisation et sans l’appui d’unia, nous n’aurions rien obtenu.»

Le renvoi brutal de 1500 personnes a profondément révolté Corinne Hagger.10

«jE SUIS REDONDaNTE»Merck Serono fermera son site genevois. Malgré un bénéfice record de 12 milliards en 2011. Témoignage.Texte: Alexandre Mariéthoz. Photo: Robert Hofer.

Dushyanthi Thedevas, 22 ans, est assise devant une montagne de riz séché dans le village d’Othiyamali, à 100 kilomètres environ au sud de Jaffna. Recrutée de force, à l’âge de 18 ans, par les Tigres de l’Eelam Tamoul (LTTE) qui se battaient pour l’indépendance, elle a perdu la jambe gauche et le pied droit au cours d’un bombardement à Jaffna. Elle a ensuite été détenue durant dix mois par

les forces de sécurité gouvernementales. Aujourd’hui, Dushyanthi est à nouveau sur pied. D’une part, grâce à ses prothè-ses; d’autre part, grâce à Solidar, qui lui a permis de devenir rizicultrice indépen-

dante. Elle exploite 1,5 hectare de terres héritées de ses parents. Son revenu lui permet de subvenir à ses propres be-soins et à ceux de son frère de 17 ans.

Nouveau départSolidar apporte une aide immédiate aux personnes déplacées par la guerre, puis retournées dans leurs villages. Après un premier cours, les participant-e-s établis-

sent un plan d’affaires et reçoivent une somme initiale pour lancer leur propre entreprise. Depuis son retour en 2010, Dushyanthi Thede-vas est membre de l’organisation de femmes et

de l’association paysanne de son village. Ces organismes lui ont permis de se perfectionner dans l’utilisation d’un pul-vérisateur, la gestion d’une exploitation, la réalisation de projets et la tenue de la

comptabilité. «L’agriculture est notre base d’existence traditionnelle. Nous devons dès lors apprendre de nouvelles métho-des pour améliorer nos récoltes et limiter nos dépenses», explique-t-elle.

vers l’égalité des droitsLe cours de perfectionnement a aussi abordé l’égalité des droits. Bien qu’hommes et femmes fournissent le même travail, les salaires des hommes sont plus élevés. De plus, si les femmes peuvent s’exprimer durant les assem-blées communales, ce sont les hommes qui prennent les décisions importantes.Dushyanthi Thedevas se dit satisfaite de son existence actuelle. «J’ai suivi un cours d’informatique à Jaffna, mais j’aimerais continuer à travailler mon champ. Je peux ainsi financer la forma-tion de mon frère.»

«Grâce à de nouvelles techniques, nous obtenons de meilleures récoltes.»

POINT FORT 11

UNE NOUvEllE ExISTENcEAprès la guerre civile, Dushyanthi Thedevas est retournée dans son village. Elle y cultive désormais du riz.Texte: Christian Gemperli, Solidar Suisse. Photo: Solidar

Un don de 50 francs permet de four-nir des semences et des outils à une famille retournée dans son village. Ses membres pourront ainsi cultiver un potager, couvrir une partie de leurs besoins et prévenir la malnutrition chez les enfants.www.solidar.ch/refugies

un don salvateur

Mutilée et meurtrie, Dushyanthi Thedevas parvient aujourd’hui à gagner sa vie en cultivant du riz.

12 CONCOuRs

LE suDOku DE sOLIDAR

Envoyez la solution à Solidar Suisse via le talon-réponse ci-joint, sur une carte postale, ou par e-mail à [email protected], sujet «sudoku». Toutes les réponses correctes participent au tirage au sort.

1er prix: Un porte e-Pad en chambre à air de vélo et jeans recyclés

2e et 3e prix:Une clef USB (4 GB)

Les prix ont été généreusement offerts par le semestre de motivation de l’OsEO vaud et par l’OsEO suisse centrale.

MODIFIER sON TEsTAMENT

Modifier son testament s’impose parfois: disparition ou apparition de bénéficiaires, nouvelle répartition. Ces adapta-tions nécessitent le respect de certaines règles. Il est no-tamment exigé de signer, de son nom complet, son testa-ment manuscrit modifié – ou encore de dater sa rédaction.

Notre notice «Modifier un testament» vous présente toutes les informations nécessaires. Commandez cette brochure – via le talon-réponse joint ou auprès de Stéphane Cusin: 021 601 21 61, [email protected]

Solution

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Règles du jeuComplétez les cases de la grille avec les chiffres de 1 à 9, afin qu’il n’y ait aucune répétition et aucun doublon dans chaque colonne, ligne et carré de 3x3.La solution se trouve dans les cases grises lues horizontalement, selon l’équivalence ci-dessous: 1=I, 2=G, 3=A, 4=R, 5=E, 6=T, 7=U, 8=D, 9=N.

La date limite d’envoi est le 20 décembre 2012. Le nom des gagnant-e-s sera publié dans Solidarité 1/2013. Le concours ne donne lieu à aucune correspondance, ni à aucun recours. Le personnel de Solidar n’a pas le droit d’y participer.

La solution de l’énigme de Solidarité 3/2012 était «Labour Radio». Katharina Oetiker-Tanner de Zurich, Laurence Corbaz de Pully, ainsi que Christian Zaugg de Obermumpf, ont gagné un drap tissé à la main. Nous remercions vivement tou-te-s les participant-e-s au jeu, ainsi que l’Association pour le développement du Département d’Ipelcé – l’un de nos partenaires au Burkina Faso – pour les prix offerts.

Depuis mars 2011, la guerre civile en Syrie a fait près de 20 000 victimes. Pour échapper au conflit, un million et demi de personnes ont pris la fuite. 300 000 d’entre elles ont gagné les Etats voisins: Jordanie, Irak, Turquie et Liban. Dans les camps de réfugié-e-s, la situation est terrible.Selon l'ONU, 80 000 réfugié-e-s syriens ont trouvé refuge au Liban. Ils croupis-sent dans des camps de réfugié-e-s pa-lestiniens (notamment Sabra et Chatila), des garages, des camps illégaux ou des mosquées. «Jusqu’à 15 personnes sont entassées dans la même pièce. Elles doivent organiser un tournus pour dor-mir», témoigne la collaboratrice de Solidar, Henriette Eppenberger, qui s’est rendue sur place en octobre dernier. «Plus de la moitié des réfugié-e-s sont

des enfants et des adolescents. Parmi eux, beaucoup de nouveau-nés. Je n'avais encore jamais vu autant de bébés.»

Manque de nourritureLes conditions de vie des réfugié-es sont très précaires: la nourriture manque et les conditions d’hygiène sont déplo-rables, notamment pour les nouveau-nés et les enfants en bas âge. L’élan de soli-darité sur place est remarquable: de nombreuses organisations locales se mobilisent. Mais la plupart d’entre elles manquent d'expérience.

situation très graveAvec son organisation partenaire Norwe-gian People's Aid (NPA), Solidar dispen-se une aide d'urgence au Liban: elle dis-tribue de la nourriture et des produits

ACTuALITé 13

aIDE D’URgENcE aUx RéFUgIé-E-S SyRIENS

Au Liban, Solidar apporte une aide aux réfugié-e-s syriens. Leur détresse est terrible.Texte: Christian Engeli. Photo: Henriette Eppenbergerr

d'hygiène, ainsi que des kits spéciaux de première nécessité pour les nouveau-nés, les enfants et les femmes. Les enfants en âge de scolarité pourront bientôt recommencer l’école, grâce au matériel scolaire qui leur est fourni.Les bénévoles en charge des réfugié-e-s reçoivent par ailleurs une formation com-plémentaire, afin qu’ils puissent faire face à la gravité extrême de la situation.

Les réfugié-e-s syriens ont urgem-ment besoin de notre soutien: CP 10-14739-9 (mention «aide d’urgence Syrie») ou en ligne sur:www.solidar.ch/syrie

votre aide compte

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Achats équitables: lettre ouverte au parlementDes salaires de misère pour les femmes qui cousent les uniformes de la protec-tion civile, des pavés taillés par des en-fants, des travailleuses et travailleurs intoxiqués en fabriquant nos ordina-teurs. Ces scandales doivent cesser.Solidar exige, avec sept autres ONG, que les pouvoirs publics soient enfin respectueux de conditions de travail décentes. Une lettre ouverte, adressée aux Chambres fédérales, veut que la

sri Lanka: aide aux réfugié-e-s de guerreEn septembre, Solidar a lancé un nou-veau projet d’aide aux personnes dépla-cées par la guerre dans le nord du Sri Lanka. Par le biais d’aides financières et de conseils, 600 familles, revenues il y a peu dans leur village, peuvent ainsi reconstruire leur vie. Les familles pauv-res restaurent, contre paiement, les infrastructures communales détruites et perçoivent un revenu dont elles ont grand besoin. Leur travail améliore les conditions de vie dans la commune. En outre, cinq coopératives de pêcheurs ont été équipées de bateaux et formées en vue de parvenir à une gestion auto-nome. Le projet est réalisé en étroite collaboration avec la Croix-Rouge suisse et la Direction du développe-ment et de la coopération (DDC). Il est soutenu par la Chaîne du Bonheur.www.solidar.ch/sri-lanka

Bulgarie: soutien au partenariat socialDans le cadre de la contribution suisse à l’élargissement de l’Union européen-ne, Solidar lance, avec le ministère du Travail bulgare, un projet de renforce-ment du partenariat social. En collabo-ration notamment avec des syndicats et des employeurs, il s’agit de développer

révision de la Loi sur les marchés pub-lics contienne des règles contraignan-tes. Objectif: inscrire dans la législation fédérale des critères sociaux et de durabilité, comme les normes fonda-mentales de l’Organisation internatio-nale du travail (OIT). Cette exigence, avancée depuis cinq ans par Solidar Suisse, a déjà rencontré un écho positif auprès de 150 communes.www.solidar.ch/achatspublics

BRèvEs

Massacre en Afrique du sudLe 16 août 2012, à Marikana, la police a ouvert le feu pour disperser une mani-festation de mineurs en grève. Le bilan est effroyable: 34 morts et 78 blessés. Les mineurs exigeaient une augmenta-tion de leur salaire de 4000 à 12 500 rands (environ 1400 francs). Une com-mission d’enquête doit éclaircir les circonstances de ce massacre – le plus terrible depuis la fin de l’Apartheid en 1994.

Le géant suisse des matières pre-mières, Xstrata, basé à Zoug, possède 25% des actions de Lonmin, troisième producteur mondial de platine. La direc-tion a toujours refusé d’ouvrir des négo-ciations. Ce n’est qu’après le massacre qu’elle y a enfin consenti. Mi-septem-bre, le trust et les syndicats se sont mis d’accord sur une hausse des salaires de 22%. Après les événements de Marika-na, d’autres mines d’Afrique du Sud sont entrées en grève.www.solidar.ch/news

Film Post-itLe nouveau clip de Solidar a été vu plus de 15 000 fois. Cette animation origina-le présente, avec quelques Post-it, les principes de base de la coopération au développement. Il montre l'importance d'un travail décent pour sortir de la pau-vreté. Au fait, combien de Post-it ont-ils été utilisés? Participez à notre concours sur www.solidar.ch/fr/film

la responsabilité des entreprises, de sti-muler la recherche de solutions aux conflits du travail et d’améliorer la sécu-rité au travail. Le projet, d’une durée de deux ans, a démarré durant l'automne 2012. Solidar soutient ses partenaires bulgares dans la mise en œuvre du projet et apporte l’expérience suisse du partenariat social.

l’évaSION FIScalE RUINE lE DévElOPPEmENTLes pays en développement perdent des milliards en raison de l’évasion fiscale et des pratiques douteuses des multinationales. La Suisse contribue à ce phénomène. Texte: Olivier Longchamp, Déclaration de Berne

Confrontées à une pression internationa-le croissante, les autorités suisses ont accepté, en mars 2009, de revoir leur po-litique en matière d’entraide fiscale inter-nationale. La Suisse a accordé à ses principaux partenaires économiques une entraide basée sur le principe de l’entraide à la demande. Mais, pour les pays du Sud, rien n’a changé. La «straté-gie de l’argent blanc», proposée par le Conseil fédéral, ne prévoit rien qui per-mette d’empêcher l’afflux dans les coffres bancaires helvétiques d’argent provenant de l’évasion fiscale des pays du Sud.Pire, les (rares) accords conclus par la Suisse avec des pays en développement

contribuent plutôt à vider les caisses de ces Etats. Non seulement parce que ces conventions ne contiennent pas de clau-se d’assistance – ou parce que celles-ci sont inutilisables pour les administrations concernées, mais aussi parce qu’elles réduisent souvent la facture fiscale des entreprises qui y sont actives.

Lourdes pertes fiscalesIl n’existe pas de statistiques détaillées sur la provenance des avoirs étrangers déposés en Suisse. Les chif-fres de la Banque nationale sont incomplets sur ce point. En 2008, la Déclaration de Berne a évalué entre 360 et 1460 milliards de francs le montant des capitaux placés en Suisse afin d’échapper à l’impôt dans les pays en développe-ment et les pays émergents. En 2011, selon le Boston Consulting Group, 980 milliards de dollars, soit près de la moitié de l’ensemble des avoirs étrangers dépo-sés en Suisse, provenaient d’Asie, d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Afrique. En supposant que la moitié de cet argent résulte de l’évasion fiscale, ce sont quelque 490 milliards de dollars qui sont placés en Suisse pour échapper à l’impôt dans les pays émergents et en développement.La perte fiscale qui en découle peut être estimée à 7,35 milliards de dollars par année au minimum, soit plus du double de l’aide suisse au développement (3,114 milliards de dollars en 2011). Sans compter les impôts qui auraient dû

être levés sur les revenus ayant servi à constituer ces avoirs et, le cas échéant, sur la fortune.

stratégie discriminatoireEn 2009, le Conseil fédéral a élaboré une stratégie en matière de place finan-cière. Or, celle-ci ne tient pas compte de l’importance des recettes fiscales pour la politique de développement. Elle ne dit d’ailleurs pas un mot sur les pays en dé-veloppement. La Suisse doit renoncer au

plus vite à cette stratégie discriminatoire: octroyer l’échange d’informations fisca-les aux pays de l’OCDE au nom d’une prétendue stratégie de l’argent propre, tout en privant de celui-ci la plupart des pays émergents et en développement, n’empêchera jamais l’afflux en Suisse d’argent soustrait au fisc.

La Déclaration de Berne et Alliance Sud montrent, via une brochure très documentée, comment la Suisse pourrait aider les pays du Sud dans leur combat décisif contre l’évasion fiscale internationale. Pour en savoir plus: www.ladb.ch/fichesfiscales

développement

Fiscalité et

éTuDE 15

«Pour les pays du sud, rien n’a changé.»

Evasion fiscale et développement ne font pas bon ménage.

16 RésEAu

OsEO suisse centrale: Co-Opera a dix ansLe 4 septembre 2012, Migration Co-Opera, de l’OSEO Suisse centrale, a fêté ses dix ans d’existence, à Lucerne. Des expositions et des stands ont

présenté les offres et les projets desti-nés aux réfugié-e-s et aux personnes admises à titre provisoire.La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga était présente. Elle a longuement discuté avec des partici-pant-e-s, afin de mieux comprendre les mécanismes et les difficultés de l’intégration. «De tels échanges me permettent de mieux saisir la réalité du terrain», a expliqué Mme Sommaruga.Co-Opera soutient les réfugié-e-s en quête d’emploi; elle propose aussi des cours de langue et d’intégration.www.sah-zs.ch

OsEO Zurich: intégrerles jeunes réfugié-e-sLe programme «Anschluss» de l’OSEO Zurich s’adresse à des réfugié-e-s re-connus et à des personnes ad mises à titre provisoire, âgés de 16 à 25 ans et domiciliés dans le canton de Zurich. Ces jeunes adultes ne disposent d'aucune formation professionnelle ou reconnue en Suisse; certain-e-s parlent peu l’allemand. Anschluss encourage leur intégration professionnelle et la recherche d’une place d’apprentissage. Ils reçoivent une aide sous forme d’accompagnement et de conseil, d’encouragement à l’apprentissage de la langue allemande et d’appui scolaire.

Des emplois professionnels à durée limitée, ainsi qu’un soutien dans leur recherche d’emploi, les préparent à la vie professionnelle. Le programme est mené sur mandat du Bureau cantonal pour les questions d’intégration.www.sah-zh.ch

d’une action de Noël, près de 1000 jouets pourront ainsi être distribués gratuitement aux services sociaux valaisans.Depuis une année, un magasin les pro-pose par ailleurs aux institutions à but non lucratif. Les crèches et ludothèques valaisannes peuvent ainsi obtenir avan-tageusement des playmobils et puzzles qu’elles ne pourraient autrement pas s’offrir.www.oseo-vs.ch

Discussions sur le sri LankaLe 27 novembre, dès 19 heures, l’ancienne journaliste sri lankaise Rathi-ka Thevakumar organise un débat, à Lucerne (Sentitreff, Baselstrasse 21). Cette rencontre clôt une série de pala-bres féminines de l’OSEO Suisse cen-trale sur le thème «Travail, femme et migration». Organisées par des Suis-sesses et des migrantes, ces discus-sions visent à stimuler les échanges interculturels et à faire reculer les préjugés.La soirée du 27 novembre sera intitulée «La voix des sans-voix dans la guerre au Sri Lanka».www.sah-zs.ch

OsEO Zurich:course contre le racismeFin septembre, 255 coureuses et cou-reurs – record absolu – ont pris part à la 11e course contre le racisme. Ensem ble, ils ont parcouru 1280 km et rapporté la somme record de 75 000 francs pour des projets de l’Anlaufstelle Sans- Papiers, de l’OSEO Zurich et de l’école autonome de Zurich.Plusieurs élu-e-s – la présidente de la ville de Zurich, Corine Mauch, et ses collègues de l’exécutif Gerold Lauber, Daniel Leupi et Claudia Nielsen, ainsi que le conseiller national Balthasar Glättli – ont participé à la course. On notait aussi la présence de nombreuses familles, de plusieurs syndicats et de PinkCop, l’association d’officiers de police gays et lesbiennes de Suisse.www.laufgegenrassismus.ch

OsEO valais:de vieux jouets ressuscitésL’OSEO Valais collecte d’anciens jouets et leur redonne vie dans ses ateliers. Les participant-e-s aux programmes de l'OSEO les trient, puis les réparent. Lors

Cette rubrique constitue la plateforme des organisations de notre réseau. On y trouve des informations sur les associations régionales de l’OsEO, qui dispensent notamment un soutien aux personnes sans emploi et aux migrant-e-s. une longue histoire et des racines communes unissent solidar et les OsEO régionales.

OsEO vaud: déjà 20 ans!Au début des années 1990, une crise économique très violente frappe la Suisse. Dans le canton de Vaud, la fermeture de plusieurs usines fait grim-per le taux de chômage, de moins de 1% à la fin des années 1980, à 7% en juillet 1993. L’OSEO, qui vient d’ouvrir un «bureau d’information» à Lausanne, est approchée afin de soutenir ces très nombreuses personnes au chômage. Le 22 avril 1992 a lieu l’assemblée constitutive de la «Section Régionale Vaud» de l’OSEO, qui deviendra une association juridiquement indépendan-te, l’OSEO Vaud, le 1er janvier 2005.L’OSEO Vaud dirige aujourd’hui sept centres dans tout le canton. Elle colla-bore notamment avec le Service de l’emploi, le Service de prévoyance et

d’aide sociales, l’Office AI Vaud, le Service de protection de la jeunesse et plus de 500 entreprises du canton.Plusieurs événements ont marqué son 20e anniversaire. Les 28 et 29 septem-bre, deux journées portes ouvertes ont permis au public de découvrir l’association, ses locaux, ainsi que les différents programmes qu’elle organise. Le 8 novembre a été marqué par une célébration officielle, en présence du président du Conseil d’Etat vaudois, Pierre-Yves Maillard, du syndic de Vevey, Laurent Baillif, et de Toni Erb, du SECO.L’OSEO Vaud a publié un ouvrage rela-tant ses 20 ans d’histoire. Elle s’est aussi dotée d’un nouveau site Internet: www.oseo-vd.ch

OsEO Berne:étude sur l’intégrationL’intégration est l’affaire des personnes concernées, de l’Etat, de la société civile, mais aussi et surtout des emplo-yeurs. C’est ce que montre l’étude «L'économie face à ses responsabi-lités», commandée par l’Alliance Migra-tion du canton de Berne – dont fait partie l’OSEO Berne.Les nombreux professionnels émigrés, hommes et femmes, lancent un défi aux PME suisses. L’étude conclut que l’Etat ne peut assumer seul l’intégration des employé-e-s. Les entreprises doivent,

par conséquent, prendre leurs respon-sabilités et encourager l’intégration sur le lieu de travail. Les entreprises helvé-tiques ne peuvent que profiter d’un tel engagement, culturellement et par un gain d’image – ce qui renforce la place industrielle suisse.Il reste beaucoup à faire dans le canton de Berne. Seules quelques entreprises examinées disposent d’un concept d’intégration. C’est pourquoi l’étude met en exergue des PME bernoises qui intègrent avec succès des profession-nels étrangers.www.sah-be.ch/aktuell

Hans-Jürg FehrPrésident deSolidar Suisse etconseiller national

Une œuvre d’entraide comme Solidar collecte des fonds avec sérieux et pro-fessionnalisme. Nous approchons par-ticuliers, fondations, cantons et com-munes, afin de les inviter à soutenir nos projets de coopération. Ces apports financiers représentent une part consi-dérable de nos recettes; ils sont indis-pensables à notre travail. Je tiens donc à vous remercier tout spécialement, chères lectrices et chers lecteurs de «Solidarité», car vous formez l’un des piliers de notre financement.La recherche de fonds sert également à présenter nos activités à la population suisse. Chaque collecte de fonds cons-titue aussi une campagne d’information qui montre, exemples à l’appui, la manière dont l’argent est utilisé afin de combattre la pauvreté dans le Sud et d'informer l'opinion sur les enjeux de la coopération au développement.Certaines donatrices et certains dona-teurs ne sont, hélas, plus là pour lire mes remerciements. Avant de mourir, ils ont toutefois pensé à nous et men-tionné Solidar dans leur testament, nous léguant la totalité ou une partie de leur plus ou moins grande fortune. Ils tenaient à ce que leur engagement social leur survive. Bien sûr, nous les connaissions de longue date, car ils étaient membres de Solidar ou appar-tenaient au large cercle de nos donatri-ces et donateurs. Conscients et fiers de nos efforts, ils les ont soutenus de leur vivant et avaient confiance en nous. Ils savaient que nous utiliserions leur argent à bon escient et ont investi dans une solidarité qui s’exprime au-delà de la mort.

CHRONIQUE

Au-delà de la mort

UN gRaND SOUFFlE D’aIR FRaISBojana Bijelovic, 29 ans, est l’une des plus jeunes syndicalistes serbes. Elle s’engage pour la jeunesse de son pays. Texte: Samira Marty, Solidar Suisse. Photo: Cyrill Rogger

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«La Suisse est plus idyllique qu’une carte postale», s'exclame Bojana Bijelovic, lors de notre rencontre à Zurich. La jeune femme fait partie d’une délégation de représentant-e-s des organisations de jeunesse des syndicats serbes, en visite en Suisse en juin 2012, à l’occasion d’un échange de vues avec la Jeunesse syn-dicale suisse.Bojana Bijelovic habite avec son mari à Belgrade. Elle est présidente de la sec-tion des jeunes du syndicat Catus et permanente au département «Relations internationales» (voir encadré). «Mon tra-vail? C’est notre fenêtre sur le monde, explique Bojana. J’entretiens des con-

tacts avec l’Organisation internationale du travail (OIT), différentes ONG et les syndicats serbes». Avec le soutien de Solidar, Catus s’engage pour le dialogue social en Serbie. «Nous encourageons la collaboration entre syndicats à l’intérieur et à l’extérieur du pays et construisons ainsi un réseau stable.»Catus cherche aussi à ren-forcer son organisation de jeunesse, afin de renouveler ses effectifs. Avec ses 29 ans, Bojana Bijelovic fait plutôt figure d’exception. «Les gens sont toujours po-sitivement surpris lorsqu’ils me côtoient en tant que représentante de Catus. Peu de femmes sont actives dans les syndi-cats serbes; nos permanents sont géné-ralement des hommes âgés. Je veux changer cela.»

Amener les jeunes à agirLe chômage des jeunes, supérieur à 40%, constitue un immense problème en Serbie. Dans ce contexte difficile, offrir une perspective aux jeunes Serbes, les amener à agir non seulement pour eux, mais aussi pour la collectivité, représente la principale motivation de Bojana. «Selon un proverbe serbe, celui qui ne fait rien ne changera rien. C’est ma philo-sophie de vie. J’y pense tous les matins, lorsque je me rends au travail.»Durant sa première formation de musi-cienne, Bojana Bijelovic s’engageait déjà beaucoup, entre autres dans une librairie, dans une ONG locale pour le développe-ment durable et comme présidente bénévole d’un programme d’échange pour étudiant-e-s. Elle n’en est pas, pour autant, une boulimique de travail. «Ma mère m’a toujours répété, comme à ma sœur, qu’il n’y avait pas seulement la carrière qui comptait, mais aussi la vie sociale, les ami-e-s, la famille.» Après le travail, Bojana se délasse volontiers en se promenant dans la nature ou en cui-sinant pour son entourage.

Forte pressionLorsqu’ils parviennent à décrocher un emploi, les jeunes Serbes peinent sou-vent à conserver un équilibre entre vie active et loisirs. Au travail, la pression est très forte – et les heures supplémen-

taires explosent rapidement. Vu le fort taux de chômage, les employeurs peu-vent facilement engager une autre per-sonne, plus encline à sacrifier sa vie sur l’autel du travail.Les femmes assument la plupart des tâches familiales et sont généralement actives dans le secteur informel. Bojana Bijelovic le regrette. Elle demeure cepen-dant optimiste. «Davantage de jeunes femmes bénéficient d’une formation de haut niveau. Et, comme moi, elles ont très envie de s’engager pour améliorer la situation en Serbie.»

Solidar Suisse promeut le dialogue social en Serbie, afin d’assurer le res-pect du droit du travail, de créer un climat favorable au développement économique et de réduire le chômage. Solidar œuvre au renforcement des partenaires sociaux. Elle soutient no-tamment les jeunesses syndicales des deux plus grandes organisations de salarié-e-s. Grâce à des campagnes et des formations continues, les syndi-cats sont, désormais, plus attentifs aux revendications des jeunes.

aux jeunes

Donner du poids

Bojana Bijelovic lutte pour offrir des perspectives aux jeunes et du travail qualifié

aux femmes.

PORTRAIT 19

«Mon travail à Catus? C’est notre fenêtre sur le monde.»

… une machine à coudre. Au Sri Lanka, une famille pourra ouvrir un atelier de couture.

… une émission de radio. En Bolivie, les cueilleurs et cueilleuses de canne à sucre seront informés de leurs droits.

… un poulailler. Au Burkina Faso, une famille disposera d'un moyen d'existence durable.

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• Vousrecevezlescartesdésirées,enveloppeincluse, avec un bulletin de versement – chaque carte vaut 50 francs. Vous êtes évidemment libre de commander une ou plusieurs cartes.

Comment procéder

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Pour toute commande reçue avant le 19 décembre, nous vous garantissons l’expédition des cartes cadeaux avant Noël.

OU …

Pour Noël, offrez cette carte cadeau! Au Burkina Faso, les élèves d'une classe entière pourront ainsi manger à leur faim. Et leurs familles pourront surmonter la séche - resse terrible qui frappe ce pays.

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