Soflty at sunrise Maya Banks - ekladata.comekladata.com/.../KGI-Tome-7-Banks-Maya.pdf · Maman...
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Sofltyatsunrise,MayaBanks
Traduction
Machandriouchka(chapitres1à5)
Shineze(chapitres6à9)
Béa(chapitres10à15)
Chapitre1
RachelKellyjetauncoupd’œilàsonreflet,puispoussaunsoupir,avantdesaisirles
cheveuxéchappésduchignonlâchequ’elleavaitfaçonné.Ellebrossaleslongues
mèchesetleslaissatombersursesépaules.
Elleypensaitbeaucouptrop,etsiellenepouvaitpass’enempêcher,Ethannela
laisseraitjamaissortirdelamaison.Ils’inquiétaitdéjàdufaitqu’elleallaitretourner
travailler.Sicelanetenaitqu’àlui,elleresteraitàlamaison,confortablementinstallée
danssonétreinteetcelledesafamille.
Ellecomprenaitqu’ilsoitpréoccupé,etellel’aimaitprofondémentpourcela.Maisil
étaittempsdepasseràautrechosedanssavie–uneviequ’unjourelleavaitcru
terminée.Aprèsavoirétédéclaréeofficiellement«morte»pendantuneannéeentière
pourensuiteêtreressuscitée,quandleKGI–legrouped’opérationsspécialesdeson
marietdesesfrères–l’avaitsauvéedesaprison,elleétaitprêteàvivredenouveau
pleinement.
Durantlesdeuxdernièresannées,elleavaitaffrontélaviesurlapointedespieds,
commesielleavaiteupeurdeprendrelemoindrerisque.Elles’étaitentouréedesa
famille–etcelle-cis’agrandissaitencoreaufuretàmesuredesnouvellesarrivées,
dèsquelesfrèresetlesmembresdel’équipesemariaient–ets’étaitsatisfaitedece
qu’elleavait.
Plusmaintenant.
Unenouvellemaison.Unnouveaudépart.Elleétaitjeuneetavaitlavieentièredevant
elle,mêmesielleavaitconsidérécetteviecommeacquisedanslepassé.Ellenele
feraitplusjamais.Chaquejourétaitprécieuxetelleétaitreconnaissantepourchaque
minutepasséeavecsonmarietsafamille.
Ellepassaunemainsursonventreplat,sentantlanervosités’éleverenelle.
L’excitationpoursesrêvesd’avenir.Pourlespossibilitésquipouvaientmaintenantse
réaliser.Ilétaitdifficilederestercalmeetdesedirequ’ilétaitimprobablequecelase
produiseaussivite.
ElleetEthan–aprèsdelonguesetminutieusesconsidérations–avaientdécidéqu’elle
arrêteraitlacontraceptionquelquesmoisplustôt.Ilsnel’avaientpasconfiéàleur
famille…pasencore.Ethanavaitétéréticent,etelleavaitdûleconvaincrepourqu’il
soitd’accord.Nonpasparcequ’ilnevoulaitpasd’enfant,maisparcequ’ils’inquiétait
pourelle.
Unefoisdéjà–elleavaitl’impressionquec’étaitilyauneéternité–elleavaitété
enceinteetavaitfaitunefaussecouchealorsqu’Ethanétaitabsent,enmissionavec
sonéquipedeSEAL.Cetévénementavaitétéledéclenchementdetantdechoses.
Ethans’étaitéloignéetavaitdémissionnédelaNavy,parcequ’ilsesentaitcoupable
denepasavoirétélàquandelleavaiteubesoindelui.
Cettedécisionl’avaitrendudésespérémentmalheureux,etcelaavaitentraînéleur
relationverslepointderupture.Ellesavaitqueçan’allaitpas,maisellenesavaitpas
àquelpoint,jusqu’àcemoment,avantqu’ellepartepourunemissionhumanitaireen
AmériqueduSudavecd’autresenseignants.Ethanluiavaitprésentélespapiersdu
divorce,l’avaitregardéedanslesyeuxetluiavaitditqu’ilétaitprêtàmettrefinàleur
mariage.
Ellefermalesyeux,parcequemêmeaujourd’hui,tantd’annéesplustard,celaavait
lepouvoirdeluidonnerlanausée.
Etensuite,elleétaitpartiepourl’AmériqueduSudetellen’étaitpasrentrée,jusqu’à
ceque,unanplustard,Ethanetsesfrèresviennentpourelle.
Celaavaitétéunenouvellechance,unnouveaudépart,uneoccasiondepluspour
euxdefaireleschosesbien.Etilsl’avaientfait.
Ellesavaitqu’iln’yavaitaucunegarantie,aprèstoutcequ’elleavaitenduré,qu’elle
puissemêmetomberenceinte,etsielleyparvenait,ellepourraittrèsbienfaireune
nouvellefaussecouche.Celapourraitleurprendredesmois,voiredesannées,pour
concevoirunenfant,c’estpourquoielleavaitvouluarrêterlacontraceptiondèsà
présent.
Maisl’espoirétaitlà.Vivantetbrûlantàl’intérieurd’elle.Ellen’avaiteuàregardersa
nièceCharlottequ’uneseulefoisetelleavaitétéempliedudésirféroced’avoirson
propreenfant.
Ethanapparutàlaporteetlaregardaattentivementdecesyeuxbleusperçants.
«Tuessûredevouloirfaireça,bébé?»
Ellesourit,réchaufféeparlapréoccupationetl’amourqu’ellepouvaitliredansson
regard.
«Jenefaisqu’unremplacementpourl’instant.Ceseraunbontest.SIjetiensbien,
alorspeut-êtrequej’envisageraidereveniràtempspleinl’annéeprochaine,siun
posteestdisponible.»
Sansunmot,ils’avançaetlapritdanssesbras.Ilétaittrempédesueuraprèsson
joggingmatinal.Ilselevaitchaquematinpoursespropresséancesd’entraînement,
maisils’entraînaitaussiavecsesfrèresaucentredesKGI.L’enceinteoùEthanetelle
allaitdéménagerdansquelquesjours.
Elleinhalasonodeur,lemuscdelasueuretlefaiblesoupçondesavon,dernièretrace
deladouchequ’ilavaitpriseplustôt.Lesétreintesétaientencoreunedeceschoses
qu’ellen’avaitjamaisconsidéréescommeacquises.Pendantsacaptivité,quelque
chosed’aussisimplequeletoucherdequelqu’unavaitétéuneenvieaussi
dévastatricequelatorturequ’elleavaitendurée.
Ilembrassalehautdesatêteetlaserradavantage.
«Appelle-moisituasunproblème».Ellesourit.«D’accord.Jetelepromets.»
«Tonportableestchargé?»
Sonsouriresefitpluslarge.Elleoubliaittoujoursdechargercettefichuemachine.
CelaagaçaitEthandenepasêtreenmesured’entrerencontactavecelle.Tousdeux
luttaientencorecontreleursdémons,demanièredifférente.Ilcraignaitdelaperdreà
nouveauetilaimaitsavoiroùelleétaitàtoutmoment.Ilvérifiaitfréquemmentauprès
d’elleets’inquiétaitsanscesses’ilnepouvaitpaslajoindre.
Celapourraitdérangercertainesfemmes,maisRachelcomprenaitsonbesoindese
rassurer.Ilnesecontrôlaitpas.Ilétaitmortdepeur.Celafaisaituneénorme
différence.
«Ilestchargé,maisnem’appellepaspendantlecours,legronda-t-ellelégèrement.
J’ailaissémonemploidutempssurlefrigo,donctusaurasquandjeseraiencours.
Jet’envoieunmessagedèsquejepeux.»
Ethansoupiraetlarelâchalentement.«Jesaisquejesuisunsalaudarrogant.Jene
peuxpasm’enempêcher.S’iln’yavaitquemoi,tun’iraisjamaistravailler,maisjeveux
quetusoisheureuse,doncsiçaterendheureuse,alorsjesuisd’accordavecça.Je
gèrerai.Jetelepromets.»
«Jet’aime,dit-elle,revenantentresesbras.Souviens-toideça,d’accord?»
Ilbaissasaboucheverslasiennedansunballettorridedelèvresetdelangue.«Je
t’aimeaussi»,dit-ildecettevoixbasseetrauquequienvoyaittoujoursdesfrissonsle
longdesacolonnevertébrale.«Soisprudenteetenvoie-moiunmessagequandtu
arrives,commeçajesauraiquetuesensécurité.»
Ellelevalesyeuxetseretira,pourvérifiersonapparencedanslemiroirunedernière
fois.«Çaira.Etn’oubliepas.TamèreetRustyviennentcesoirpournousaiderà
emballerquelquestrucs.Rustyestàlamaisonceweek-end,etelleoffreses
services.»«Jeneseraipasenretard,promitEthan.Aujourd’hui,c’estunjour
d’entraînementléger.Ontravailleaveclesnouvellesrecruespourl’équipedeNathan
etJoe.»LeslèvresdeRachelsecrispèrentenunemouemalheureuse:«Avez-vous
eudesnouvellesdePJ?»
Ethanrestacalmeetpuissecoualatête.«Riendutoutdepuisqu’elleapétéunplomb.
CelatueCole.Steeleneleprendpastrèsbiennonplus.L’équipen’estpaslamême
sanselle,etSteelerefusedelaremplacer.»«Bon,ditRachelfarouchement.Ellea
justebesoindetemps.Ellereviendra.Jesaisqu’ellelefera.»
«J’espèrequetuasraison,dit-ild’untonsombre.J’aiditquel’équipen’étaitplusla
mêmesanselle,mais,enfait,leKGIn’estpluslemêmesansellenonplus.»
RachelsoupiraetseglissadevantEthandansleurchambrepourprendreses
chaussures.PJRutherfordétaitlaseulefemmemembredesKGI.Enfait,non,ce
n’étaitplusvraidutout.SkylarWatkinsétaitunenouvellerecrue,maisRachelnela
connaissaitpasbien.Ellenel’avaitrencontréequ’unefois.
LeschosesavaientterriblementmaltournépourPJsurunemission,etelles’était
éloignéedansl’émotion.LecœurdeRachelsouffraitpourcetteautrefemme,parce
qu’ellesavaitcequec’étaitdesesentircommesionavaitperduunepartimportante
desoi-même.D’êtrecomplètementperdue.
«D’accord,souhaite-moibonnechance»,luidit-elleaprèsavoirenfiléseschaussures
àtalonsplatsetprissamallette.
«Tuvasêtregéniale,ditEthan,unefiertéévidentedanslavoix.Tuétaisune
sacrémentbonneprofavant.Mamanétaitsifièredetoi.Elleétaitauxangesquandtu
assuivisespas.Toutcequetuasfaitc’étaitprendreunpeudetempspourtoi.Çava
terevenircommeunflash.Lesenfantsvontt’adorer,exactementcommeavant.»
Elleseglissadanslecercledesesbraspouruneautreétreinte.«Merci.J’enavais
besoincematin.»
Illaserrafortementetpuislalaissaalleràcontre-cœur.«Jefileàladoucheencore
unefoisetaprèsjevaisauQG.Jeteparleraibientôt.»
Rachelleregardacommeildisparaissaitdanslasalledebains,etpuiselleredressa
lesépaules,sortitdelachambre,passadanslacuisinepourallerdanslegarageoù
savoitureétaitgarée.
Elleétaitterrifiée.Sespaumesétaientmoitesautourduvolant,etcelal’irritaitqu’une
choseaussisimplequefaireunremplacementdansuneécolel’effraieaprèstoutce
qu’elleavaitvécu.
Sonthérapeuteluidirait«chaquechoseensontemps».C’étaitunmantraqu’elle
s’étaitbeaucouprépététoutaulongdel’annéepassée.Etc’étaitassezvrai.Tout
arriveaubonmoment.Elledevaitjusteêtrepatienteetlâcherunpeudelest.
Déménagerétaitunebonneétape.Uneétapepositivedanslabonnedirection.Ethan
n’avaitpascomprispourquoielleétaitalléedansunedirectionsidifférenteavecla
nouvellemaisonqu’ilsfaisaientconstruire.Ilavaitpenséqu’ilsauraientconstruitla
mêmemaisondansl’enceinte.Lamaisondanslaquelleilsvivaientmaintenantétait
unemaisonqu’ilsavaientchoisieensembleetilsyavaientintégrétousleursobjets
préférés.
Commeellesortaitdugarageetregardaitlamaisonquiavaitétésonrêvejadis,elle
pritunegrandeinspiration.Lavéritéétaitqu’ellenepouvaitpasattendredequitter
cettemaisonquireprésentaitmaintenantundesmomentslesplusmalheureuxdesa
vie.
Sonmaris’étaitjadistenudanslesalonqu’elleavaitsoigneusementdécoréetluiavait
tendulespapiersdudivorce.
Elleavaitunnouveaurêvemaintenant.Arrêterdevivredanslepassé.Allerdel’avant.
Unenouvellemaison.Unenouvellevie.Unenouvellechancedefaireleschosesbien
etdelaisserlepassélàoùilétait.
Chapitre2
QuandRachelarrivadanssonalléequelquesminutesaprèsquatreheures,ellefut
surprisedevoirquelecamiond’Ethanétaitdéjàlà.Ellesortit,désireusedelevoiret
deluiracontersajournée.
Ellepritsamallettesurlesiègepassageretempruntal’allée.Àmi-chemin,laporte
s’ouvritetEthansetintdeboutcontrelechambranle,laregardantapprocher.Unemain
étaitdanssondos,etcommeellemontaitlesmarches,illamontrademanièreàce
qu’ellevoitl’énormebouquetdefleursqu’iltenait.
C’étaitsespréférées.Desrosesquiétaientd’unebellenuancedepêche.Pastoutà
faitorangeetpastoutàfaitrose.Pendantlongtemps,Ethanavaitétéincapabledelui
enacheterparcequ’ilenavaitdéposésursatombe,durantl’annéeoùonl’avaitcru
morte.
«Pourfêtertonpremierjour»dit-il.
«Ellessontmagnifiques,Ethan!»
Ellelessaisitetplongeasonnezdanslesfleursparfumées.
«Commentças’estpassé?»demandaEthancommeill’introduisaitàl’intérieur.
Elleallachercherunvaseet,aprèsavoirdisposélestigesàl’intérieuretl’avoirrempli
d’eau,ellesetournaetadressaàEthanunsourirepleind’excitation.
«Trèsbien!»
Ilsouritavecindulgencedevantsonenthousiasmeetlapritdanssesbras.
«Tum’asmanqué.»
Ellerit.«Non,cen’estpasvrai.TuétaisauQG.Tunem’auraispasvuequejesois
alléetravaillerounon.»
Ilembrassasonnezetserrasesbrasautourd’elle.Mondieu!qu’elleaimaitlasécurité
desesbras.Ilyavaitencoredesnuitsaucoursdesquelleselleseréveillaitavecdes
sueursfroidesetilétaitlà,toujoursàsescôtéspourlateniretlaréconforter.Ilsavait
toujours.Illaserraitdanssonétreinteetmurmuraitàsonoreillequ’elleétaitensécurité
etqu’ilétaitlàetqueriennepouvaitplusjamaislablesser.Puisilluidisaitetluirépétait
àquelpointill’aimaitetcombienilétaitdésolédel’avoirfaitdouter.
«Rienquelefaitdesavoirquetuesiciàlamaisonalorsquejesuisabsentmefait
mesentircommequandjesuisavectoi.»
Alorsqu’ilsarrivaientdanslesalon,lebrasd’Ethanl’enlaçanttoujoursétroitement,elle
remarqualescartonsdedéménagementdisperséstoutautour.
«Tuesarrivétôtàlamaison,s’exclama-t-elle.Tuasdéjàcommencélescartonsàce
quejevois.»
Ethansourit.«Etoui,jenevoulaispasquetuenaiestropàfaire.Lesgarsvontvenir
plustardpouraideràbougerlesmeublesetmamanetRustysontsurlaroute
actuellementpouraideràemballerlespetitsmorceaux.»
Rienquelefaitdepenseràsafamillelaremplitd’unesensationdechaleurquine
manquaitjamaisdefairedisparaîtrelesombresdupassé.Elleétaitaiméeetelleétait
denouveauaveceux.Levidequil’avaitrongéependantsilongtempsavaitfinalement
étérempli.
«Jesupposequejedevraism’ymettre»ditRachel,sonregardparcourantlesalon.
«Ohnon,ditEthan,d’unevoixferme.D’abordtuvast’asseoir,surélevertesjambes
et,moi,jevaisouvrirunebouteilledevinpourcélébrertonpremierjourdetravail».
Ellesoupira:«Tumegâtessansvergogne.»
Illuilançaungrandsourire.«Ouais,c’estmoiça.Jen’aiabsolumentpashonte.
Installe-toipendantquejevaischercherlevin.»
Ilpritsamalletteetl’emportaavecluiverslacuisinependantqu’elles’installaitsurle
canapéencuiret,commeilluiavaitordonné,posaitsespiedssurl’ottomane.
Sonregarderraàtraverslesalon,s’arrêtantsurtouslesdétails.Détailsquin’avaient
paschangédepuisqu’ilsavaientemménagéici.Lepianooccupaitencorelamême
place.Lesphotosencadrées–deleurmariageetdesautresmomentspassésen
familletousensemble–étaienttoujoursfixéessoigneusementàlamêmeplace.
Ethann’avaitrienchangédurantl’annéeentièreoùelleavaitétéprésuméemorte.
Rienn’avaitétéchangédepuissonretour.
Elleétaitprêtepourlaprochaineétape.Prêteàembrasserunenouvellevieet
s’éloignerdel’ancienne.C’étaitunequestiondontellen’avaitdiscutéqu’avecson
thérapeutedurantlessessionsauxquellesEthann’assistaitpas,maiselleétait
fermementpersuadéequeladernièreétapedesaguérisonétaitdequittercette
maisonquicontenaittantdesouvenirsdouloureuxpourelle.
Ilyavaitencoredestrousdanssamémoire.Peut-êtreneretrouverait-ellejamaistout
sonpassé.Uneannéesousl’emprisededroguesetletraumatismeémotionnelet
physiquequ’elleavaitenduréavaientpeut-êtrealtérésonespritsuffisammentpour
qu’ilyaitdeschosesdontellenesesouviendraittoutsimplementjamais.Peut-être
était-cemieuxainsi.
C’étaitdifficilepourelle–puisqu’elleavaitperdulesouvenirdebeaucoup
d’événements–quandilsrevenaient,ellelesrevivaittous.Certainsétaientdouloureux
etvifs,etilfallaitdesjoursvoiredessemainespourenveniràbout.
C’étaitdurdesedirequecelas’étaitpasséquatreansplustôtquandc’étaitsifrais
danssonesprit.Lesdisputes.LesilenceglacialentreelleetEthan.Lafaussecouche.
L’absenced’Ethan.Etlesaccusationsquiluifaisaientencoremalsielleleslaissait
l’envahir.
L’hommequ’étaitEthanaujourd’huin’étaitpaslemêmehommequeceluidutoutdébut
deleurmariage.Ellelesavait.Maisc’étaitdifficilequandcessouvenirsrevenaientà
elle.Neufs.Commes’ilsétaientarrivéslaveille.
Sonregarddérivaverslabibliothèqueoùcessatanésdocumentsavaientétécachés.
Immédiatement,lesimagesdeladernièrejournéeterribleéclatèrent,cettejournéeoù
Ethansetenaitdevantelle,sonexpressionimpassible,commeilluiavaittendu
calmementlespapiersquiallaientmettrefinàleurmariage.
Illuiavaitditdenepasrevenir.
Etellen’étaitpasrevenue.
Pendantl’éternitédurantlaquelleelleavaitétéprisonnièredansdescirconstances
inimaginables,sonesprits’étaitbrisé.Elles’étaitraccrochéeàlaseulechosequ’elle
connaissait.Ethan.Ilavaitétélaseuleconstante.Ilallaitvenirpourelle.Ilnela
laisseraitpasmourirenenfer.Dieumerci,sonespritl’avaitprotégéedelaterrible
réalitédelamanièredontilss’étaientséparés,sinonellen’auraitjamaissurvécuni
gardél’espoirqu’ilviendrait.
«Rachel?Toutvabien?»
Laquestionpréoccupéed’Ethandérivaàtraverssessouvenirsdouloureux,ellecligna
desyeuxetsetournaendirectiondesavoix.
Iltenaitdeuxverresdevin,etsessourcilsétaientfroncés,sonregardaigul’examinant
assidûment,aupointqu’elles’inquiètedesavoirs’ildevinaitceàquoiellepensait.
Ellesourit,faisantpreuvedebeaucoupdecontrôlepouréviterlestremblementsqui
accompagnaienthabituellementsesflashbacks.Elleavançalamainversleverrede
vinethochalatête:«Jevaisbien.Jeréfléchissais,c’esttout.»
Ethanluitenditsonverreets’installasurlecanapéàcôtéd’elle.
«Quelquesoitceàquoitupensais,çanedevaitpasêtrebon.Tuétaispâle,ettes
yeuxétaientsidistantsquetuavaisl’airdenepasêtrelàdutout.»
«Cen’étaitrien.Jepréfèreraismeconcentrersurnous.Etsurledéménagementdans
notrenouvellemaison.»
Ellelevasonverreetilfittinterdoucementsonverreaveclesien.
«Cetendroitvamemanquer,dit-il.Beaucoupdesouvenirsysontliés.Jepeux
comprendrepourquoipapaetmamansontréticentsàdéménager.Ilsontvécudans
leurmaisonduranttoutemavie.Jenepeuxpaslesimaginerailleurs.»
Elleavalaetsirotasonvin.
«Tuessûrequec’estcequetuveux?»demanda-t-il.
LeyeuxdeRachels’écarquillèrent.«Noussommessûrementau-delàdecepoint
maintenant.L’autremaisonestdéjàconstruite!Qu’est-cequenousenferionssion
décidaitdenepasdéménager?»
Ilhaussalesépaules.«VanetJoen’ontpasencoreconstruitdemaison.L’und’eux
pourraittoujourslaprendre.»
Ellesecoualatête.«Non.J’aimecettemaison.Elleestparfaite.Jesuisexcitéeà
l’idéededéménagerlà-bas.»
Ill’étudiauneminutecommes’ilcherchaitàdéciderquelétaitsonétatd’esprit.Puis,
ilsepenchapourposersonverresurleborddelatable.
«Tun’espasheureuseici,n’est-cepas?,demanda-t-ilfranchement.
Ellefrissonna,parcequ’ellen’avaitpasvouluqu’ilsacheàquelpointellevoulaitêtre
libéréedecettemaisonetdesonemprisesurelle.Ladernièrechosequ’ellevoulait
étaitqu’ilsesentecoupable.Ilsavaientperduassezdetempsenculpabilitéeten
angoisse.Celaneservaitàrien.Ilsn’avanceraientjamaiss’ilss’attardaienttoujours
surlepassé.
Lasonneriedel’entréesefitentendre,etellelaissaéchapperunsoupirde
soulagement.
«J’yvais.Turestesassise.»ditEthancommeilselevait.
Ilmarchaverslaporteetl’ouvrit,etàpeineunesecondeplustard,Rustyentradans
lesalon.
Rachelsouritetselevapourembrasserlajeunefemme.
«Rusty!Jesuissicontentedetevoir!»Rachelreculapourobserverlajeunefille
souriante.
«Tuesmagnifique!Commentsepassentlescours?»
RustybaissalatêteunpeutimidementmaisellerayonnaitducomplimentdeRachel.
Etc’étaitvrai.Rustys’étaitépanouieenunebellejeunefemme.Unlongchemindepuis
l’adolescentemaigrichonneethargneuse,quiportaitdeshaillons,avaitlescheveux
teintsdecouleursvivesetquiavaitvolédanslamaisondeMarleneetFrankKelly
quelquesannéesplustôt.
ElleétaitcertainementcapabledetenirtêtetouteseuleauclanKellyetd’êtreinsolente
quandl’occasionseprésentait,maisRustys’étaitadouciesousl’amouretlatutellede
MarleneetdurestedesKelly.
«J’aientendudirequetuétaisretournéetravailleraujourd’hui,ditRusty,offrantà
Racheluneétreinteenthousiaste.Commentças’estpassé?»
Ilyavaitdel’inquiétudedanslesyeuxdelajeunefemmeetlecœurdeRachelse
serra.Rustyetellen’avaientpastoujourseulameilleuredesrelations.Rustyétait
entréedanslaviedesKellyaumomentprécisoùRachelavaitétésauvéeetrendue
àsafamille.RustyavaitcraintquelespréoccupationsausujetdeRacheln’éclipsent
sapropreexistence,qu’onsedébarrassed’elleetqu’onl’envoieloin.
«C’étaitàlafoiseffrayantetmerveilleux,ditRachel.Difficiledecroirequejepuisse
êtreintimidéeparungrouped’enfantsdepremiercycle,maiscrois-moi,ilssontassez
terrifiants.»
Rustyrit:«Jemesouviensdemoiàcetâge-làdoncjepeuxbiencomprendrepourquoi
tutremblaisdansteschaussures.»
«OùestMaman?demandaEthan.Jepensaisqu’elleviendraitavectoi.»
RustysetournaversEthan:«Elleaditdetedirequ’elleseraitlàaussivitequ’elle
pourrait.Sophieétaitenretard,etMarlenegardaitCharlottepourelle.»
Leportabled’Ethansonna,illesaisitrapidementetsedétournadesdeuxfemmes
pourrépondre.
RachelpritlamaindeRustyetl’entraînaverslecanapé.«Alors,quefais-tuencours?
Tesétudesteplaisent?»
LesyeuxdeRustybrillaientd’excitation.«J’adore.C’estcommetuasdit.Àlafois
effrayantetmerveilleux.Ilyatantdemonde.Partout.Etdepartout.Jen’étaisjamais
sortiedeDoverdetoutemavieetlà,c’estcommeunchocdecultures.Maisc’estcool
etj’aipleindetrèsbonsamis.Ilyatantdechosesàfaire.»
«Tutemaintiensauniveaudanstesétudes,n’est-cepas?»demandaRachel.
Rustysourit:«TuparlescommeMarlene.Etoui,jetravaillebien.Mieuxquecedont
jepensaisêtrecapable.J’aieuunB,maisc’estunexcellentB,doncjepensequeje
pourraisl’améliorerenAavantquelesemestrenesoitfini.J’aidesApartoutailleurs.
Quiauraitcruquejedeviendraisuneétudiantestudieuse!»
«Tuesplusintelligentequenoustous,ditsèchementRachel.C’étaitjusteune
questiondeconcentrationdeteseffortsdanslabonnedirection.»
«Désolédevousinterrompre,mesdames,maisjevaisdirigeretrassemblerune
équipepouraideràdéplacerlesmeubles.Samauncamiondelivraisonqu’ila
empruntéetnousallonsleramenericipourchargerautantdechosesquenous
pourronscesoir.»
Rachelsouritàsonmari.«D’accord.Nousallonsnousmettreàfairequelquespetits
cartonspendantquenousattendonsMarlene.Jedevraisprobablementcommander
unepizzapourplustard.Toutlemondeseraaffamé.»
Ethandéposaunbaisersurseslèvres.«Laissenousnousinquiéterdelanourriture.
Sijeconnaismaman,elleadéjàpréparéunfestinetelleviendraprobablementplus
chargéqu’unours.»
«C’estvrai,ditRachelavecregret.D’accord,vas-y.Jevousverrai,toiettesfrères,
danspeudetemps.»
Rustyselevaaussietfitungesteverslescartons.«Est-cequ’ilyaunendroit
particulierparlequeltuveuxquejecommence?»
Rachelselevaetposasonverreàcôtédeceluid’Ethansurleborddelatable.Elle
n’avaitbuqu’unegorgéemaissonestomacserebellait,etunesueurmoiteperlasur
sonfront.
SansdireunmotàRusty,elleseprécipitadevantelle,verslasalledebainsdesinvités
àcôtédelacuisine.Elleétaitàpeineparvenueauxtoilettesquesonestomacse
soulevaetqu’elleenrenditlecontenu.
UnemainapaisanteluicaressaledosdebasenhautalorsqueRustyl’interrogeait
anxieuse:«Rachel,toutvabien?Est-cequejedoisrappelerEthan?»
Rachelsecoualatêtecommeellesenettoyaitlaboucheavecuneserviette.«N-non,
dit-elletremblante.Jevaisbien.Vraiment.»
Quandellelevalatête,ellevitqueRustyfronçaitlessourcils.
«Tunevaspasbien.Tuétaisentraindevomirtestripes.Qu’est-cequit’arrive?»
Racheldéglutitnerveusementetallaaulavabopourselaverlabouche.Ellese
gargarisaavecunbaindebouche,priantpournepasavoiràrevenirauxtoilettespour
vomirànouveau.Ellesepenchacontrelelavabo,sesmainsreposantsurlecomptoir
etelles’observadanslemiroir.
Ilétaittempsd’arrêterderepoussercettepossibilité.Boireduvinavaitété
irresponsable.Ellesavaitqu’ellepouvaitl’être.Mêmesielleavaitpenséqu’ilétaitpeu
probablequecelaarrivesitôt.
«Rusty,dit-ellefaiblement.Ya-t-ilmoyenquetumefassesunefaveur?»
Rustyvintderrièreelleetposasamainsursonépaule.«Biensûr.Dis-moijustede
quoituasbesoin.»
RachelsetournaetpritlesmainsdeRustydanslessiennes.«Jeveuxquetune
parlesàpersonnedecequis’estpassé,d’accord?Promets-le-moi.»
Rustyfronçalessourcilsmaisacquiesça.
«Situparsmaintenant,tupourraisêtrederetouravantquetoutlemonderevienne
ici.Maistuvasdevoirtedépêcher.»
Rustypenchalatêtesurlecôté.«Queveux-tu?»
Rachelpritunegrandeinspiration:«Peux-tufonceràlapharmacieetacheteruntest
degrossesseenventelibrepourmoi?»
Chapitre3
Rachelarpentaitlesalondanstouslessens.AttendreleretourdeRustysemblaitdurer
uneéternité.Ellevérifiasamontreetregardaavecanxiétéparlafenêtre.Elle
n’attendaitpasEthanavantuncertaintempsencore.L’enceintesetrouvaitdel’autre
côtédulac,etilallaitsûrementselaisserdistraireàdiscuteravecsesfrèresavant
qu’ilsnereviennent.MaisMarlenepouvaitsemontreràtoutmoment,etbienque
Rachell’aimeprofondément,ellen’étaitpasencoreprêteàparleràquiconquedeses
soupçons.Ladernièrechosequ’ellevoulaitétaitdedonnerdel’espoiràtoutlemonde
sic’étaitunefaussealerte.
Etellenevoulaitpassubirlesquestionsinévitablesetlapréoccupationqui
accompagneraientcertainementl’annoncequ’elleetEthanessayaientd’avoirun
enfant.Pourlemoment,c’étaitleurprécieuxsecret.SeuleRustysavaitàprésent,et
RachelespéraitqueRustysauraitgarderlesecret.
Sonpoulspalpitaquandelleentenditunvéhiculedansl’allée.Elletournabrusquement
leregardverslafenêtre,etelles’affaissadesoulagementquandellevitquec’étaitla
JeepdeRusty.
Unmomentplustard,Rustysehâtadanslamaisonavecunsacenpapiermarron
danslamain.
«J’enaiachetédeux,dit-elle,commeellecommençaitàsortirundusac.J’aipensé
queceseraitmieuxd’enprendredeux,peuimportelerésultatdupremier,justepour
êtresûre.»
RachelsouritetserraRustydanssesbras.«Merci.J’appréciecequetufaispour
moi.»
Rustys’éloignadoucement,sesyeuxpleinsdepréoccupation.«Est-cequec’estune
bonneouunemauvaisechose,Rachel?Jeveuxdire,situesenceinte.»
«Ceseraitunetrèsbonnechose»ditRacheld’unvoixbasse.
Rustysourit:«Alorsjevaiscroiserlesdoigtsetlesorteilspourqueletestsoitpositif.
Tudevraistedépêchermalgrétout,situneveuxpasquetoutlemondelesache.Si
Marlenearriveettetrouveentraindefairepipisurunbâtonnet,lafamilleentièrese
rassembleraenpeudetemps.»
Rachelrit,pritlaboîtedesmainsdeRustyetsehâtaverslasalledebains.«Surveille
pourmoi»luirappela-t-elle.
«Jegardelaporte»ditRusty,del’amusementdanslavoix,àl’extérieurdelasalle
debains.
LesmainsdeRacheltremblaientquandelledéchirahâtivementlaboîte.Elles
tremblaienttellementqu’elledûtpresqueposerlebâtonnetunefoisqu’ellel’eûtlibéré
del’emballage.
Aprèsavoirlulesinstructionsdeuxfois,pourêtresûredetoutfairecorrectement,elle
seforçaaucalmeetseconcentrasurlatâcheàaccomplir.
Etensuite,ellenesecomporteraitpascommeunefolleenattendantlesrésultatsdu
test.Ellesesecouajusteassezpourallerdel’avantetprendrelesecondtest.
Elleréajustasesvêtements,selavalesmainsetensuitevérifiasamontre,touten
évitantderegarderlespetitesfenêtressurlesbâtonnetsposéssurlecomptoir.
Puiselleregarda.
«Rachel?»
Elleneréponditpas.
«Rachel,est-cequetoutvabienlà-dedans?C’esthorriblementcalme.»
«T-tupeuxentrer»parvintàdireRachel.
Laportes’ouvrit,etRustypassalatêteàl’intérieuretbaissalesyeuxsurceque
Rachelfixaitavecévidence.
«Ilssonttouslesdeuxpositifs»murmura-t-elle.
PuisellelevalesyeuxversRustyetunmélangedepeur,d’excitationetdepure
adrénalinebouillonnadanssesveines.
Rustysourit:«C’estunebonnenouvelle,n’est-cepas?»
«C’estmagnifique»ditRacheldansunsouffle.
Sesyeuxs’emplirentdelarmes,etRustylapritdanssesbras,laserrantétroitement,
alorsqueRachelcombattaitlavagued’émotionsquil’engloutissait.
«Félicitations,ditRustyd’unevoixforte.Jesuisheureusepourtoi,Rachel.»
«Merci»ditRachel,luiadressantunsourirelarmoyantcommeelles’écartait.
Rustysecoualatêteetfitunclaquementdelangue.«Tuferaismieuxdete
débarrasserdetesyeuxrougesetlarmoyantsavantquemamanKellyarrive.Ellete
tomberadessusplusvitequ’uncanardsurdeshannetons.Jeprésumequetuveuxen
parleràEthanavantd’enparleraurestedelafamille.»
Rachelsaisitungantdetoiletteetyfitcoulerdel’eaufroide.«Oui,biensûr.
J’apprécieraisquetugardeslesecret,Rusty.C’estuntelchoc.Jeveuxdire,cen’est
pascomplètementinattendu.Jesavaisquec’étaitpossible.Jepensais,avectoutce
quis’estpassé,quecelapourraitprendredesmois,voiredesannéesaprèsavoir
commencéàessayer,avantquejenetombeenceinte.J’aibesoind’unpeudetemps
pourm’yhabituermoi-mêmeetjeveuxpouvoirledireàEthanaumomentparfaitavant
quenousl’annoncionsàtoutlemonde.»
Elleessoralegantdetoiletteetlepressasursesyeuxetsonvisage.Quandellele
reposa,ellegrimaça.
«Ilyaégalementlefaitquej’aidéjàfaitunefaussecoucheunefois,doncjenepense
pasquecesoitjudicieuxd’annoncerlanouvelleavantd’êtreplusavancéedansma
grossesse.»
LevisagedeRustydeplissadesympathie.«Jesuissûrequetoutirabiencettefois.
Tusaisquelafamillevaresserrerlesrangsautourdetoi.Tuaurasdelachances’ils
telaissentleverlepetitdoigt.»
Rachelretroussasonnez.«Hum.Ethann’estdéjàpasraviquejeretourneautravail.
Ilvavraimentdevenirdinguemaintenant.»
LelégergloussementdeRustyfitéchoàtraverslasalledebains.«Jesuissûreque
tuvasledresserenunriendetemps.Cen’estpascommesitunel’avaispasenroulé
autourdetonpetitdoigt.»
Rachelsouritetunesensationdevertiges’épanouitdanssesveinespresquecomme
unsodasecoué.
«Ohmondieu,Rusty,jesuisenceinte!»
Ellevoulaitfairequelquechosederidiculecommecrieretvirevoltertoutautour.
«Oui!»criaRusty.
Elles’emparadesmainsdeRacheletellessautèrenttouteslesdeuxcommedeux
petitesfillessautantàlacorde.RacheléclataderireetRustysejoignitàelle.
«Bonjour!Rachel?Rusty?Vousêteslà?»
«Ohzut!C’estMarlene»murmuraRachel.
Rustyfermaleslèvresetlesserra,imitantlebruitd’unefermetureetfitunclind’œilà
Rachel.Rachelpritlajeunefemmedanssesbrassuruneimpulsionetlaserrapar
gratitude.
«Merci»chuchota-t-elleàsonoreille.
«Pasdeproblème,chuchotaRustyàsontour.Maintenant,allonsvoircequemaman
Kellynousaamenéàmanger.»
*
Lasoiréefutuntourbillond’activités.Marleneétaitarrivéeet,commeEthanl’avait
prédit,avaitapportésuffisammentàmangerpournourrirunearmée.Ouaumoinsla
majoritéduclanKelly.Ethans’étaitmontrépeudetempsaprèsavectoussesfrères
àsasuite,plusSwanny,unamidelafamilleetmembreduKGI,etlepèred’Ethan,
FrankKelly,biensûr.
Ilavaiteuuneattaquecardiaquequelquesannéesplustôtetc’étaitencoretrès
présentdanslesespritsdetouslesmembresdelafamille.Laseuleidéedeleperdre
lesavaittousplongésdanslaterreur.
BienqueRachelaitfaitsapartdecartons,Rustyétaittoujoursintervenue,s’assurant
qu’ellenesoulèvejamaisriendetroplourd.Rachelpouvaitdifficilementseretenirde
sourire.RustyagissaitdemanièretrèsprotectriceenversRachel,sachantqu’elleétait
enceinte,mêmesiellen’avaitjamaislaissééchapperneserait-cequ’unindicesurle
faitqu’ellerefusaitqueRachelportequelquechosedelourd.
«Comments’estpassétapremièrejournée,mapuce?»demandaGarrett,commeil
prenaitRacheldanssesbras.
Elleluirenditsonétreinteetleserraétroitementcontreelle.Garrettavaittoujoursété
l’undesespréférés.Ilavaitétélàquandelleavaitfaitsafaussecouche,ilavaitété
unamiindéfectibleetuneépaulesurlaquellesereposerdepuissonretouretdurant
saconvalescence.
«C’étaitbien.J’étaisterrifiéeetnerveuse,maisças’estbienpassé.Lesenfants
étaientterrifiants.Ilyavaitplusieursenseignantsquiétaientdéjàlàquandj’enseignais
avantetilsm’onttousbienaccueillie.C’étaitvraimentsympa.J’aiadoré.»
Garrettsouritetluiébouriffalescheveux.«C’estfantastique.Jesuiscontentdevoir
quetuasl’airheureuse.»
«HéGarrett,travailleplusetparlemoins»appelaSamdepuisl’autrecôtédelapièce.
Garrettrouladesyeux,maislaissasonbrastomberdesépaulesdeRacheletretourna
verssesfrères.
RachelsouritenconsidérantlagrandeetbruyantefamilledesKelly.Ethanétaitau
milieu,avectroisfrèresplusâgésetdeuxfrèresplusjeunes.Samétaitl’aîné.Garrett
étaitplusjeuned’unan.PuisvenaitDonovan,ouVancommelaplupartdesmembres
delafamillel’appelait.PuisEthanetlesjumeaux,NathanetJoe.
Surlessix,quatreétaientmariés.SeulsDonovanetJoenes’étaientpasencore
installésetilsnemontraientaucunsignedevouloirlefaire.Racheln’étaitmêmepas
sûrequ’ilsvoientunefemmerégulièrement.IlsétaientsioccupésavecleKGIquecela
neleurlaissaitpasbeaucoupdetempslibre,etcetempsqu’ilsavaient,ilslepassaient
habituellementavecleurfamille.
Elleposaunemainsursonventre,sentantl’excitationauplusprofonddesonestomac.
Jusqu’àprésent,SametsafemmeSophieétaientlesseulsquiavaientunenfant.
Charlotte.Uneadorablepetitefillequechaquemembredelafamilleadorait.
GarrettetsafemmeSarah,s’étaientmariésjustequandNathanetsafemmeShea
l’avaientfait,etnil’unnil’autredesdeuxcouplesn’avaientencoreévoquéledésirde
fonderunefamille.
D’euxtous,c’étaientEthanetRachelquiétaientensembledepuislepluslongtemps.
Ellesedemandaitsouventsileurvieauraitétédifférentesiellen’avaitpasperduleur
premierenfant.Peut-êtrequ’Ethann’auraitpasquittélesSEAL.Ilseraitsansdoute
encoredanslaNavy.Elleneseraitsansdoutepaspartieenmissionhumanitaireen
AmériqueduSud.Àcetteépoque,ellel’avaitfaitautantpourfuirlaterribleréalitéde
sonmariagequepourlacausesoutenue.
Perdresonbébéavaitmarquéledéclenchementdetellementdechoses.C’était
stupidedejoueraujeudu«etsi…»,maisellenepouvaits’empêcherdesedemander
commentleschosesauraientpusedéroulersiseulement…
«Toutvabien,Rachel?»
ElleclignadesyeuxetlesrelevapourvoirJoequisetenaitdevantelle,sesyeux
sombrespleinsdepréoccupation.Puisellejetauncoupd’œilrapidementautourd’elle,
espérantqu’ellen’avaitpasattirél’attentiondesautres.Àsongrandsoulagement,ils
étaienttropoccupésàchargerlesmeublesdanslecamion.
«Toutvabien»dit-elleavecunfrancsourire.
Etcen’étaitpasunmensonge.Toutallaitbien.Mieuxquebien.Peut-êtremême
parfaitement.
Ilsourit,lesoulagementremplaçantl’inquiétudesursonvisage.
«C’estl’heuredemanger»appelaMarlenedelacuisinequ’elleavaitrangéequelques
momentsplustôt.
Ilyeutlescrisdesesfils,etRachelseleva,appréciantlafaçondevivretoutàfait
normaledelafamilleKelly.Beaucoupd’amour,unsoutieninconditionnel,toujoursune
mainpouraider,etpleindenourriture,grâceàmamanKelly.
C’étaitunefamilleàlaquelleelleapporteraitunfilsouunefille,etellenepouvait
attendre.Quellechanceauraitsonenfantdegrandirsousl’égidedetantd’amouret
deloyauté!
Ethanmarchaverselle,glissantsonbrasautourdesesépaulesetl’attirantàlui.
«Hé,tuasfaim?Allonschercherquelquechoseàmangeravantqueceshyènesne
dévorenttout.»
Rachelrit,autorisantsoncœuràfaireexploserunejoieeffervescente.Ellesurpritle
regarddeRustydel’autrecôtédelapièceetpartageaunsouriredeconnivenceavec
l’autrejeunefemme.
EllelaissaEthanlaconduireverslacuisinetoutenrêvantàlameilleuremanièrede
luiannoncerqu’ilallaitêtrepère.
Chapitre4
Ilétaittardquandlecamionfutdéchargéàlanouvellemaisonetquetoutfutposé.
Curieusement,Rachelavaitinsistépourqueleurlitsoitdéménagélepremierafinqu’ils
puissentpasserlanuitici,aulieudelapasserdansleuranciennemaison.
C’étaitétrangedeparlerdel’anciennemaison.Ethann’étaitpasencorehabituéàcette
idéedenouvellemaison.Oh,ilétaitd’accordavecl’idéequ’ilsdevaientvivrederrière
lesmursdel’enceinte.Ilacceptaittoutcequiassureraitlasécuritédesafemme.Ou
aumoinsluiapporteraitdesmesuressupplémentairesdeprotection.
MaisRachelsemblait…désireusededéménager.Ellenemontraitaucunsigne
extérieurderegretdequitterleuranciennevie.
Ils’affalasurlelit,attendantqu’ellefinissesadoucheetsejoigneàlui.Cettepensée
nedevraitpasleharceler,maisilyavaitquelquechosesurquoiiln’arrivaitàmettre
ledoigt.IlsedemandaitsitoutallaitbienavecRacheletsielleprenaitle
déménagementaussibienqu’ellelesemblait.
Ils’inquiétaitsanscessedeluicauserlemoindrebouleversement.Sesfrèresl’avaient
prévenudenepasallertroploinetd’enfairemoins.Pournepasl’étouffer.Ilsavait
qu’ilsavaientraison,maisilsn’avaientjamaisvécuensachantquelafemmequ’ils
aimaientplusquetoutétaitmorte.Qu’ilsl’avaientrepoussée.Qu’ilsl’avaientrejetée.
Prissonamouretjetéauvisage.
Ethanavaitfaittoutça.Ill’avaitvécu.Ill’avaitprisenpleincœur,lejouroùonluiavait
annoncéqueRachelétaitmortedanscecrashd’avion.
Depuiscejour,ilseréveillaitencoreensueur,cherchantfrénétiquementautourdelui
pours’assurerqu’elleétaitbienlà.Vivante.Àcôtédelui.
Doncs’ilétaitunpeuautoritaire,c’étaitsûrementcompréhensible.Peudepersonnes
avaientperduetpuismiraculeusementretrouvéunêtreaimé.Ilallaits’assurerdene
plusjamaislaperdre.
Laportedelasalledebainss’ouvritetRachelsortit,lapeaurosieetrayonnantedela
chaleurdeladouche.Sescheveuxétaientmouillésetelleétaitentraindelessécher
alorsqu’ellesedirigeaitverslelit.Elleportaitunpyjamaminusculequilerendaitfou.
Leshort–sionpouvaitappelerçacommeça–couvraitàpeinesesfesses,etletop
plongeaitentresesseins,dénudantsonventrejusqu’aunombril.
Elleauraitbienpunerienporterdutout,cequiluiconviendraitbienmieux,maiselle
aimaitleséduiresanspitiéetfeindrel’innocencequandildéchiraitlesboutsdetissus
quicouvraientsoncorps.
Elles’étaitrempluméedepuislejouroùilsl’avaientramenéeàlamaisondepuis
l’AmériqueduSud.Elleétaitdécharnée.Diable,elleavaitétédécharnée.Unfantôme
desonanciennepersonne.Maigre.Desombresprofondessousetdanssesyeux.
Sescheveuxavaientétécoupéssanssoin,etelleparaissaitsifragile.Commesila
moindrepetitechoseallaitluifaireperdrel’équilibre.
Commesonapparenceavaitététrompeuse,parcequepoursurvivrecommeelle
l’avaitfait,elleavaitdûseforgerunecarapaceenacieretposséderunevolontéde
guerrier.
Àprésent,sescourbesétaientrevenues,bienqu’elleaittoujoursétésvelte.Maiselle
avaitperducetteapparencedefragilité.Seshanchesétaientplusrondes.Mêmeses
seinsétaientpluspleins,etelleavaitprisquelqueskilosnécessaires.
Sescheveuxavaientrepoussé,ilsétaientépais,brillantsetsoyeux.Sesyeuxbrillaient
desatisfaction.Ilneselassaitpasdelaregarder.Ill’avaitvuetouchéeparunprofond
désespoir,etsijamaisildevaitànouveauvoirquelquechosecommeça,ceserait
toujourstroptôt.Quelquesoitcequ’ilavaitàfairepourluiéviterderessentirlemoindre
sentimentdedésespoir,illeferait.
«Donne-moitabrosseetjevaisdémêlertescheveux»luioffrit-il.
Elleluienvoyaunsourirequiluifitrecroquevillerlesorteils.Ilsavaitqu’elleadoraitqu’il
labrosse,etc’étaitunechosesimplequiluiapportaitàchaquefoisautantdeplaisirà
luiqu’àelle.C’étaituneexcusepourlatenir.Pourlatoucher.Poursimplementpasser
dutempsavecelleetjuste…sesentirvivre.
Avant,ilavaitconsidéréceschosescommeacquises.Ilnereferaitplusjamaiscette
erreur.
Ellerécupérasabrossedanslasalledebains,rampasurlelitets’installaentreses
jambesaprèsqu’ils’étaitinstallélui-mêmecontrelatêtedelit.
Ilcommençaparlebas,passantdélicatementlabrossedanssescheveuxemmêlés.
Ellepenchalatêteenarrière,etilputvoirquesesyeuxétaientfermés,sonvisage
exprimantuneprofondesatisfaction.
Celalefitautomatiquementsourire.Sapoitrineseserraets’allégeaalorsquelenœud
d’émotionsquiyétaitformésedénouait,envoyantunflotdechaleurauplusprofond
desonâme.
Mondieu,qu’ilaimaitcettefemme.Iln’avaitjamaisvouluvivresanselle.
Commeilfinissaitdedémêlersescheveux,ilsepenchaenavantendéposaunbaiser
sursanuque,créantunfrissonqu’ilsentitparcourirtoutsoncorps.
«J’aiuneidée,murmura-t-ildemanièresuggestive.Jepensaisquenouspourrions
fairedisparaîtrecesmorceauxdetissussoyeuxquetuappellespyjamaetnous
entraînerpourfaireunbébé.»
Ellerestacomplètementimmobile,puissetourna,seplaçantdemanièreàsetrouver
sursesgenoux,entresesjambes,pourluifaireface.
«Enparlantdeça…»commença-t-elle.
Ill’étudiaattentivement,sedemandantsil’idéed’unegrossesseavaitpeut-êtreoccupé
sespenséesd’avenir.Peut-êtreétait-cepourquoiilnepouvaitpasmettreledoigtsur
sonhumeur.
«As-tudesdoutes?luidemanda-t-il.ParcequetoutestOKsituenas,bébé.Cela
nemedérangeabsolumentpasd’attendreaussilongtempsqu’illefaudrapourquetu
tesentesbienaveccetteidée.Jeveuxquetusoissûred’êtreprête.»
Unepartdeluiespéraitqu’ellereconsidéreraitlaquestion.Iln’étaitpascertainqu’elle
soitassezforte–physiquementetémotionnellement–pourendurerunegrossesse.
Et,queDieuluipardonne,qu’arriverait-ilsiellefaisaitànouveauunefaussecouche?
Celaladévasterait,etilnepourraitsupporterqu’ellesoitblesséeainsi.
Elleluisourit,c’étaitunsouriresibeauetàcouperlesouffleque,pendantunmoment,
iln’arrivaplusàfaireentrerl’airdanssespoumons.
Ellepritsesmainsdanslessiennesetlesapprochadesapoitrine,sesmainsencoupe
surlessiennescommeellelespressaitsursapeau.Ilpouvaitsentirlerythmedoux
desoncœuralorsquesachaleurserépandaitdanssesdoigts.
«Apparemmenttun’aspasbesoindet’entraînerdutout,dit-elled’untonfeutré,à
peineplusfortqu’unmurmure.Ilsemblequetusoisunexpert.Nousl’avonsfait,Ethan.
Nousavonsfaitunbébé!»
Sessourcilsselevèrentetilrestabouchebée.Illacontempla,plongédanslaplus
grandeconfusion,alorsqu’ilessayaitderassemblersesesprits.
«Nousavonsfaitquoi?»demanda-t-ild’unevoixrauque.
Sonsourires’élargitencoreetdeslarmesbrillèrentdanssesyeux,lesrendantbrillants
etd’unbrunplusriche.IllevasesmainstremblantespourencadrerlevisagedeRachel
etilessuyadupouceleslarmesquidébordaientdesespaupières.
«Nousallonsavoirunenfant?»murmura-t-il.
Elleacquiesça,sesyeuxétincelantscommedesétoiles.
Ilfutassailliparunevagued’émotionsquiarrivaienttoutesenmêmetemps.Unejoie
indescriptible.Delagratitude.Unepeurquiluiretournaitl’estomac.Unamour
incommensurableetunetendresseimmensepourlafemmequ’iltenaitdanssesbras.
«Quand?Comment?»
Ilarrêtasonbafouillageavantdeseridiculisercommeunidiot.
«Rustyestalléem’acheteruntestdegrossesseaprèsêtrearrivéeàlamaisonce
soir.J’étaismaladedanslasalledebains,doncelleestvenuemevoir.Elleena
achetésdeuxetj’aiprislesdeux.Lesdeuxétaientpositifs.»
Ilfronçalessourcils:«Malade?Tuvasbien?»
Ellesepenchaverslui,enfouissantsonnezdanslacourbedesoncou.«Jevaisbien.
C’estjusteuntrucnormalpendantlagrossesse.Jen’auraispasdûboiredevin.Je
savais…Jeveuxdire,jesoupçonnaisqu’ilyavaitunechance.Jelesentaisdepuis
quelquesjours.Desnauséeslematinetl’après-midi.Unefatigueécrasante.La
sensibilitédemesseins.Jepensequej’avaisjustepeurdelevoirconfirmer.»
Ilposalesmainssursoncorps,lacaressant,voulantjustelatoucher.Ilposasajoue
surlesommetdesatêtepourqu’elleseblottisseencoreplusprès,soncœursurle
pointd’éclaterhorsdesapoitrine.
«Tutesensbienmaintenant?Tuasbesoindequelquechose?»luidemanda-t-il
avecdel’anxiétédanslavoix.
Ilsentitsonsouriredanslecreuxdesoncou.
«Pourlemoment,jenepeuxmesentirmieux.Jesuisexactementlàoùjeveuxêtre.»
Ilattirasoncorpsencoreplusprèsdeluijusqu’àcequesaboucheplane
dangereusementau-dessusdelasienne.
«Est-cequejet’aiditrécemmentcombienjet’aimais?»
LesouriredeRacheléclairalapiècetoutentièreunefoisdeplus.
«Enréalité,tul’asfait,maisjenemelassepasdel’entendre.»
«Unbébé»dit-ilaveccrainte.
C’étaittropdechoseàappréhenderpourlui.Oh,ilsenavaientparlé.Sérieusement.
Ilsn’avaientpasprisladécisiond’essayerdefaireunbébéàlalégère.Celaleuravait
prisdesmoisdeparlerdetouteslespossibilités,deséventuelsproblèmesqui
pourraientsurgir,devoirsileurfragilerelationpourraitsupporterlesrisquesencourus.
Ilsenavaientmêmeparléenthérapie.
Rienausujetdecettedécisionn’avaitétéprisàlalégère,etpourtantEthanétait
estomaquémaintenantquelaréalitéluisautaitauxyeux.
Unbébé.
Unfilsouunefille.
UnepartdeRachel,lafemmequireprésentaitlemondeàsesyeux.Quireprésentait
toutpourlui.
Sesyeuxlebrûlèrentetilclignadesyeuxpouréloignerl’inconfort.Sonestomacse
nouaetsoncœurseserrainconfortablement.
«Tuesheureux?»luidemanda-t-elleavecdel’anxiétédanslavoix.
Ilregardaavecstupéfactionlalueurd’inquiétudequibrillaitdanslesyeuxdeRachel.
Ill’approchaencoreunpeuplusprèsdelui,jusqu’àcequeleursnezsetouchentet
queleursrespirationssemêlent.
«Ohbébé,jesuiscomplètemententraindeflipper.Jen’aimêmepaslesmots.
Heureux?C’estunmotquisembletellementdérisoireparrapportàcequejeressens.
Mondieu,jesuisheureux,maisj’aiaussiunepeurbleuepourtoi.»
LesouriredeRachelétaitdoux,etellesedressajusqu’àatteindresajoue.«Çaira,
Ethan.Jet’aimaintenant.»
Cetteuniquephrase.Justequelquesmotssimplesquiavaientlepouvoirdele
perturber.Ildutfermerlesyeuxpouréviterdesedécomposercomplètementetdese
briser.
«Oui,tum’asmaintenant,dit-ild’unevoixrauqueetsiétrangléequ’ilpouvaitàpeine
sortirlesmots.
Ellenel’avaitpaseuavant.Ilslesavaienttouslesdeux.Avantilavaitprislecontrôle
deleurrelation.Iln’avaitjamaisétélàquandelleavaiteubesoindelui.Etaprèssa
faussecouche,çaavaitétéencorepire.
Ilavaitététrèsprèsdedétruirelaseulebellechosequ’ilavaitdanslavie.Laseule
personnequ’ilaimaitau-delàdelaraison,etilavaitfaittoutsonpossiblepour
l’éloigner.
«Tum’aurastoujours,Rachel.Toietnotrebébé,vousm’aureztoujours.Jelejure.Tu
n’aurasjamaisàt’inquiéterdesavoirsijesuisavecvousoupas.»
Ellecaressalajoued’Ethandansungestepleind’amouretellepressaseslèvres
contrelessiennes.
«Jenesuispasinquiète,Ethan»murmura-t-ellecontresabouche,sesmotsse
trouvantengloutisquandEthaninspira.
«Quandveux-tuquenousl’annoncionsaurestedelafamille?»luidemanda-t-il.
Ilsallaientêtresiexcités.Bienquelaplupartdesesfrèressoientmariés,Rachelserait
toujourslapremière.Lesfrèresetlesparentsd’Ethanl’aimaientprofondément.Ses
belles-sœursaussi.LagrossessedeRachelseraitaccueillieavectantd’amouret
d’enthousiasme.Iln’yavaitaucundoutepourluique,lejourvenuoùelleaccoucherait,
touslesKellyviendraientàl’hôpitalenmasse,retenantleursouffleenattendant
l’arrivéedesonfilsoudesafille.
Ellehumectaseslèvresnerveusementcommeelles’écartait.Pourlapremièrefois,
l’anxiétébrûladanssesyeux.
Cefutungesteautomatiquepourluidechercheràl’attireràlui.Desaisirsesmains.
Delarassurerenquelquesorte.
Elletremblait,enproieàunmalaise.
«Jenepensepasqu’ondevraitleurannoncermaintenant,dit-elled’unevoixbasse.
C’estencoretroptôt.Honnêtement,jenemesouvienspasdeladatedemesdernières
règles.Ellesétaientunpeuirrégulières,aprèsavoirarrêtédeprendrelapilule,etje
nesaisriendetoutcela.Doncjenepeuxpasvraimentdiredepuiscombiendetemps
jesuisenceinte.Jenesauraipastantquejen’auraipasvuunmédecin.»
Elleprituneautreinspirationetselança.
«Jedétesteraisfaireunegrandeannonce,quetoutlemondeseréjouisseetsoitexcité
pournousetensuitequequelquechosearrive.Commeladernièrefois.»s’étrangla-
t-elle.
Illapritdanssesbras,caressantsescheveux.Bienquesapremièrefaussecouche
aiteulieuquelquesannéesplustôt,pourellec’étaitcommesic’étaitlaveille,parce
qu’ellen’avaitretrouvélesouvenirdecetévénementquerécemment.
«Jenepensepasquejepourrailesupporter,dit-elled’unevoixétouffée.Ceserait
déjàdifficilepournousdelesavoir,etjeneveuxpascauserdechagrinàtousles
autres.Jepréfèreraisqu’onattendequejesoisplusavancéeavantdeledireaux
autres.»
«Jesuisd’accord.»fit-ilfermement.
Elleavalasasaliveets’écartapourleregarderdanslesyeux.
«Est-cequetuviendrasavecmoichezlemédecin?Jeveuxvraimentquetusoislà
avecmoi.Pourquetupuissespartagerchaqueétapeduprocessusavecmoi.»
EthansaisitlesépaulesdeRachelavecdouceur,maissonregardétaitintenseet
ferme.
«Rachel,bébé.Jeseraiavectoiàchaqueminutedecettegrossesse.Jelejure.Iln’y
ariendeplusimportantpourmoiquetoietnotrebébé.PasdeKGI,pasdemission.
Rien.J’aibesoinquetucomprennesça.Quelquesoitcequiestarrivéentrenous
danslepassé,c’estunnouveau«nous»,d’accord?Tupassesenpremier.
Toujours.»
LajoieétinceladanslesyeuxdeRachel.Etlesoulagement.Lerappeldeserreurs
passéesd’Ethanétaitdouloureux.Maisilyavaitdeserreursqu’ilneferaitplusjamais.
Ilglissasamainsoussoncorsagedesoiejusqu’àcequ’ellereposesursonventre
plat.
«Notreenfant»dit-ilavecémerveillement.
Elleposasesmainssurlessiennesetlespressa.Quelquechosed’humidegouttasur
samain,etillevalesyeuxpourvoirlestraînéesargentéessurlesjouesdeRachel.
Pourunefois,lavuedeseslarmesnedéchirapassoncœurendeux.Parcequece
n’étaitpasdeslarmesdechagrinoudedouleur.C’étaitdeslarmesquitraduisaient
unejoieextrême.Elleavaituntrèslargesourireetc’étaitleplusbeauspectaclequ’il
aitjamaisvudanssavie.
Ilemporteraitsursonlitdemortcesouvenird’ellesetenantàgenoux,entreses
jambes,sespropresmainscouvrantleventredeRachelalorsqu’elleversaitdes
larmesdebonheur.
«Nousl’avonsfait,Ethan»chuchota-t-elled’unevoixenrouée.
«Ehouais,onl’afait»murmura-t-iljusteavantdedévorersabouche.
Chapitre5
C’étaitunehabitudepourRacheldeseleverenmêmetempsqu’Ethan,etpendant
qu’ilallaitcourir,ellepréparaitlepetitdéjeuner.Elleappréciaitcetteroutinedumatin
danslaquelleilsétaientconfortablementtombés.
Habituellementellepréparaitunpotdecafé,parcequ’Ethanaimaitenboireunetasse
aprèsavoirdescenduunebouteilled’eausuiteàsaséanced’entraînement.Maisce
matin–commechaquematindelasemainepassée–l’odeurducaféladérangeait.
Latranspirationperlaitsursonfrontetelleinspirad’énormesgorgéesd’airpour
essayerdecalmeretstabilisersonestomacrebelle.Malheureusementpourelle,la
cuisinehabituellequ’ellepréparaitpourlepetitdéjeunern’étaitpasdutoutenaccord
avecelle,maintenantqu’elleétaitenceinte.
Lesœufsluidonnaientenviedevomir.Lebaconluidonnaitlanausée.Lespetites
briochesluifaisaientserrerlesdentsetrespirerparlenez.Laseulevaleursûre
semblaitêtrelepaingrilléoulesviennoiseriescommelescroissantsetlesbiscuits.
Elleétaitpenchéesurlecomptoir,respirantparinspirationsrégulières,quandEthan
rentradesonjogging.
«Rachel?,demanda-t-ilbrusquement.Est-cequeçava?»
Elleseretournarapidement,seforçantàafficherunsourireapaisantsursonvisage.
Ladernièrechosequ’ellevoulaitc’étaitqu’ils’inquiète.Ilyarrivaitassezcommecela
delui-mêmesanssonaideàelle.
«Jevaisbien,lerassura-t-elle.Vraiment.C’estjustequecertainsalimentsmegênent
maintenant.Particulièrementaupetitdéjeuner.Jemesenstrèsnauséeuselematin.
Unpeumoinsl’après-midi,maisjedoistoujoursêtreattentive.Lesœufsetlebacon
semblenttoutparticulièrementdéclenchermesnausées.»
Ethanfronçalessourcilsetpuisl’éloignadélicatementdelapoêleoùlebacongrésillait
encoreetoùlesœufss’épaississaientetdevenaientmoelleux.
«Assieds-toi»luiordonna-t-il.
Ensuiteilretournaàlapoêleetfinitdes’occuperdesœufsetdubacon,lesmettant
dansuneassiettependantqu’ellel’observait.
«Quepeux-tumanger?»luidemanda-t-il.
«Destoasts.Uncroissant.Toutcequiestsec.
«Quepeux-tuboire?»
Ellefronçalenez.«PrincipalementduSpritemaisonn’enapas.J’aijustepris
l’essentielàl’épiceriehier.Ilfautquejefasselepleindecoursesaujourd’hui.
Ilfronçaencorepluslessourcilscommeilmettaitlepaindanslegrille-pain.
«Nousdevonsparlerdurestedudéménagement.Jesaisquetuavaisplanifiéd’aller
fairedescartons,maisjen’aimepasl’idéequetusoisseuleàlamaisonàemballer
destrucstroplourds.Jesaisquetuneveuxpasqu’onenparleencoreàlafamille,
doncnepouvonspasleurdirepourquoijeneveuxpasquetuenfassestrop.»
Elles’apprêtaàprotestermaisilsecoualatête,lesyeuxbrillantdel’obstinationpour
laquellelesKellyétaientcélèbres.
«Onestdimanche.Onnes’entraînepasaujourd’hui,dontjevaisvoirsimesfrères
sontlibrespourveniraideràfairedescartonsetlesemporterdanslecamion.Sinous
pouvonsfairetoutçadansungrandeffortceweek-end,alorsnousn’auronspasà
déballertouscestrucspendantdessemaines.»
Elleacquiesça.«J’aibesoind’allerfairedescourses.J’aiunelisteentièredechoses
dontnousavonsbesoin.J’appelleraiRustyetjeverraisielleveutvenir.»
«Bonneidée.»
Ilbeurralégèrementlatartinedepainetglissalasoucoupeàtraverslebar,dansla
directiondeRachel.L’estomacdecelle-cigrondaetsabouches’humidifiad’une
manièreécœurante,tecommeàchaquefoisqu’elleallaitêtremalade.
Elleregardalepainavecprudence,puisjetauncoupd’œilàEthan.Ilavaitune
expressioninquiète,mais,mêmelà,ellenepouvaitmangerjustepourl’apaiser.
«Jenepeuxpas»dit-ellehonnêtement.
«Ilyaquelquechosequejepeuxfaire?»demanda-t-ilanxieusement.
Ellesouritetsecoualatête.«Çavaaller.Jen’aipasmangégrand-choselematin
durantlesderniersjours.D’habitude,auxalentoursdemidi,monestomaccommence
àprotesteretréclameàmanger.»
«Tuasdesenviesparticulières?Tumeledisetjem’assurequetulesaiespourle
déjeuner.»
Sapoitrineseserradetoutl’amourqu’elleéprouvaitpourlui.
«Peut-êtrepaspourledéjeuner,maissiquelqu’unvoulaitbiensortirlegrillcesoiret
préparerunbarbecueKelly,jenemeplaindraicertainementpas.»
«JevaismettreVansurlecoup,ditEthanmalicieusement.Ilnepeutpasrésister
quandc’estpourtoi.Sijeluidisquetuveuxquelquechose,illefera.»
Rachelsecoualatête,étouffantsonrire.
«D’accord.Donctuauraslesgarspourallerchercherlerestedenosaffairesdans
l’autremaisonetmoi,jevaisfairelescoursesavecRusty.»
«Ouais,ditEthan.Àmoinsquetun’aiesbesoind’undesgarspourallerfaireles
coursesavectoi.Jeneveuxpasquetusoulèvesquelquechosedetroplourd.»
Ellerouladesyeux.«Jepensequejepeuxgérerlescoursesàl’épicerie.Jeprendrai
aussiquelquechosepourlebarbecuependantquej’ysuis.»
Ethanacquiesça.
Rachelallaitprendresontéléphonejusteaumomentoùcelui-cisonna.Elleregarda
lenuméroentrantet,sicen’estqu’ellereconnaissaitunnumérolocal,ellenel’avait
pasdanssonrépertoire.
«Allo?»dit-ellecommeellemettaitletéléphoneàsonoreille.
«MadameKelly.C’estM.Talbot,leprincipaldel’école.Commentallez-vous
aujourd’hui?»
«Jevaisbien.Merci»dit-ellepoliment.
«Jevousdemandedem’excuserdevousappelerundimanche,maisj’aiunproblème
avecunedemesenseignantes.MadameAshtonaeuunaccidentdevoiturelanuit
dernière.»
«Oh,j’espèrequetoutvabien.»
«Elleabesoind’unrétablissementcomplet.Ellevaêtreabsentepourplusieurs
semaines,etjedoismedépêcherdecomblersonposte.Jemedemandaissivous
étiezintéresséepourprendresaclassependantqu’elleestenarrêt.»
LesyeuxdeRachels’élargirent.«Oui,oui,biensûrquejesuisintéressée.»
Ellepouvaitvoirlessourcilsd’Ethansefroncerenunequestionmuette,del’autrecôté
dubar.Ellelevaundoigtpourluisignalerqu’ellelemettraitaucourantdansun
moment.
«C’estmerveilleux.Nousapprécionsvotredésird’intervenir.Sivousvoulezvenirun
peuplustôtlundi,unedesenseignantesvousindiqueraoùsontlesenfants.»
«C’estparfait.Jeserailà.»
«C’estnoté.Jevousvoislundi,etencoremerci.»
«Pasdeproblème.Àbientôt.»
Ellemitfinàl’appeletlevalesyeuxversEthan,ressentantl’excitationlelongdesa
colonnevertébrale.
«Unedesenseignantesvaêtreabsentequelquessemaines,etilsveulentquejela
remplace.»
Ethangardalesilenceunmoment.Sesmotsétaientprudentsquandilparla:
«Penses-tuquecesoitunebonneidée?Jeveuxdire,pourtoi,deretournertravailler
alorsquetuesenceinte?»
Elleluilançaunregardsurpris.Ilneluiétaitpasvenuàl’idéequ’ilneseraitpas
d’accord.
«Jenedispasquetunedevraispas,ajoutaEthanhâtivement.Etjenesuis
absolumentpasentraindetedirequejeneveuxpasquetutravailles.Mêmesijene
veuxpas,ajouta-t-ilavecregret.Jeveuxjustem’assurerquec’estquelquechosequi
nevousblesseranitoi,nilebébé.»
LatensiondeRachelredescenditetellesourit.«Nousironsbien.Lesfemmes
enceintestravaillenttouslesjours.Sijedoisresterassiseàlamaisonpendanttoute
magrossesse,jevaisdevenirfolle.Jen’yarriveraijamais.Enseignervamedonner
unobjectifsurlequelmeconcentrerplutôtquedem’inquiétersanscessepourle
bébé.»
Ethanacquiesça.«Jeveuxjustequetusoissûre.»
«Jelesuis,dit-ellerésolument.Maintenant,jevaisappelerRustyetyaller.Nous
n’allonspasfairedescoursestoutelajournée.Jeveuxàtoutprixmonbarbecuede
cesoir.»
Chapitre6
Rachelvérifiasesmessagessursonportableetsouritlorsqu'ellevitqu'elleenavait
reçutroisd'Ethan.Deux,danslesquelsilvérifiaitsielles'ensortaitautravailetle
troisième,afindeluifairesavoirqu'illuiavaitprisunrendez-vousjusteaprèsl'école
avecunobstétricienàMurray,Kentucky,cequin'étaitpasloindelàoùilshabitaient,
justedel'autrecôtédelafrontière.
IlyavaitunegrandecliniquepourfemmeàMurray,etellepréféraits'yrendreplutôt
qued'allerdansunpluspetithôpitalouunecliniqueàParis,Tennessee.
Elleenvoyauneréponserapidepourluidirequ'elleleretrouveraitàlacliniquepuisse
concentrasurlespapiersposésdevantelle.C'étaitsapériodedeplanification,etsa
salledeclasseétaitvideetétrangementcalme.
Sonpremierjours'étaitbiendéroulé.Beaucoupmieuxquecequ'elleavaitcru.
Bizarrement,ellen'avaitpassouffertd'unedecescrisesdepaniquequ'elleavait
enduréeslessemainesprécédentes.
Pourl'instant,c'étaitsaclasse.C'étaientsesélèves.
Ellefronçadessourcilsquandellearrivaàl'examendel'unedesesélèves.Rachel
savaitquel'enfantétaitparticulièrementintelligente.Sesnotesétaientlerefletd'une
élèvedenaturestudieuseetd'unepersonnequiprenaitsesétudesausérieux.
Lafeuilled'examenn'étaitmêmepasentièrementremplie.Ilyavaitdesgriffonnages
lelongdesmarges.L'emplacementpourlenomavaitétéremplietlepeudequestions
auxquelleselleavaitréponducomportaitlesréponses«Jem'enfous»ou«Quis'en
préoccupe?».Leresten'étaitpascomplétéetlafeuilleétaituséeetfroisséecomme
silajeunefilleavaitremuéetjouéavecpendantlerestedutempsdel'examen.Rachel
mitletestdecôté,déterminéeàensavoirplusàproposdecedevoir.
Elleétaitabsorbéedanssatâched'évaluationdesautrescopiesd'examensquandla
clochesonna,lasortantdesaconcentration.Uninstantaprès,lesétudiants
commencèrentàremplirlapièceetelleretrouvarapidementlafilledontlacopieavait
étébourréederéponsesincorrectesouincomplètes.
SonnométaitJennifer,etc'étaitunejoliejeunefille,timide.Ellen'avaitpasencore
atteintleniveaudecescamaradesdeclassequiavaientdéjàfaitl'expériencedu
maquillageetquiportaitunintérêtinquiétantauxgarçons.
RachelobservaJennifers'asseoiretsevoûtersursonbureau,regardantuniquement
devantelle.Quelquechosen'allaitpasetRachelespéraitquecen'étaitpastrop
compliqué.Ilétaitdifficiledecontinuersoncoursavecdésinvolturesansmontrer
qu'elleétaitpréoccupéeparJennifer.Ladernièrechosequ'ellesouhaitaitétaitde
mettrelajeunefilledansunesituationembarrassanteoud'attirerl'attentiondesautres
élèvessurelle.
Quandlaclochesignalantlafindelajournéeretentit,renvoyantlesenfantsversleurs
lignesdebusetdecarsrespectives,Rachellâchaunsoupirdesoulagement.
«Jennifer»appela-t-elledoucement,lorsquelajeunefilleselevapoursortirdela
salle.«Pourrais-tuvenirunmoments'ilteplaît?»
Jenniferouvritgrandsesyeuxdepeur.Lanervositéémanaitd'elleetelleremuaitde
plusenplusens'approchantdubureau.
«Jenevaispasteretenirlongtempsafinquetunemanquespastonbus,ditRachel
gentiment.Jeregardaistacopied'examenfaitplustôtetjemedemandaiscequi
n'allaitpas.Cen'estpascommesitun'excellaispasauxexamensentempsnormal.
Tuesunetrèsbonneélève,avecenmoyennedesAdanstouteslesmatières.»
LevisagedeJennifersedéformaetleslarmesapparurentdanssesyeux.
«JesuisdésoléeMmeKelly.Jesaisquecequej'aifaitétaitmal.J'étaisjustetellement
encolèreetbouleversée.»
RachelmitsesmainssurcellesdeJenniferetlesserradoucement.«Cequime
préoccupeleplusc'esttoietnonunenoteàunexamen.Est-cequetoutvabienàla
maison?»
«N-non,sanglotaJennifer.Mamèreetmonpèreseséparentetçacraint.Ilssont
tellementégoïstes.Ilssebattenttoutletemps,etilsnepensentàpersonned'autre
qu'euxmême.Ilsnesepréoccupentpasdemoi.»
LecœurdeRachelsebrisaenvoyantladésolationdanslesyeuxdelajeunefille.
Treizeansétaitdéjàunâgedifficile.Maisêtreseulequandtoutesafamilleétaiten
traindes'écroulerdevantvous...
«Jesuisvraimentdésolée,machérie,ditRachel.Jesaisàquelpointtudoisêtre
bouleversée.Jesuiscertainequetamamanettonpapat'aimentbeaucoup.Parfois
lesadultess'oublientetréagissentavecémotionetsouventilsdisentdeschosesqu'ils
nepensentpas.»
«Peut-être»marmonnaJennifer.
«Qu'est-cequetupenseraisdereveniràlapausedemididemain,etjetelaisserai
repassertonexamen»proposaRachel.
Jenniferrelevasatête,sesyeuxreflétantunpeuplusd'espoirqu'auparavantetmoins
dedésolation.«Vousferiezçapourmoi?Jeneméritepasdesecondechance.J'ai
toutfichuenl'air.»
Rachelsourit.«Machérie,nousavonstousledroitàunesecondechance.»
«MerciMmeKelly.Vousêteslameilleure.Jeseraislà.Promis.»
«Courage,d'accord?Leschosesvonts'améliorer.»
Jenniferfitungestedelatêtemaisneréponditpas.Ellepivota,gardantseslivres
contresapoitrineetsehâtaendirectiondelaporte.
*
Rachels'assitdansunsilencedestupéfactiondanslasalled'examen.Elleavaitdu
malàassimilercequelemédecinluiavaitdit.Ilétaitsuffisammentchoquantde
découvrirqueselonlemédecinelleenétaitàaumoinsdouzesemainesdegrossesse,
maisquandilavaitfaituneéchographieinternepours'assurerdel'âgedufœtus,il
avaittrouvédeuxbattementsdecœur.
Desjumeaux.
Ellen'arrivaitpasàs'enrendrecompte.Sesmainstremblaientchaquefoisqu'elleles
éloignaitl'unedel'autre,doncelleavaitfinalementabandonnéetlesavaientserrées
fermementsursesgenoux.
Ethansepenchacontrelatabled'examenoùelleétaitassise,sesjambessebalançant
danslevideetilsemblaitautantsouslechocqu'ellenel'était.Sarespiration
s'entendaitdanslapetitepièce.
«Putaindemerde!»Ilinspira.«Desjumeaux.»
Puisilsetournaverselle,sesyeuxbrillantd'excitation.
«Desjumeaux!»dit-ilànouveau.
Unlargesourirenaquitsursonvisagepuiselles'appuyasurl'épauled'Ethan,enle
secouanttellementelleétaitexcitée.
«OhmonDieu!Ethan.Deuxbébés.»
Ellesesentitétourdieetdurantunmomentellevacillacommeunefillesaouleàune
fêtesurdestalonsdedixcentimètres.Ethanlaretintetlamaintintstableafinqu'elle
netombepasdelatabled'examen.
«Waouh,chérie.Pourquoituneviendraispasparicit'asseoir?Jenevoudraispas
quetufassesunplongeon.»
Illaconduisitsurunsiègecontrelemurpuislafits’asseoir.Ils'agenouilladevantelle,
leursmainsjointes.
«Noussommestellementbénis,chuchota-t-elle.J'arriveàpeineàycroire».
Ilrepoussasescheveuxdesajoueetlesplaçaderrièresonoreille.Ilyavaitàlafois
delapréoccupationetdel'excitationdanssonregard.
«Onvadevoirfaireattention,bébé.Tuvasdevoirteménager.Jeneveuxpasque
quoiquecesoitt'arriveàtoiouauxbébés.»
Ellesepenchaverslui,collantsonfrontcontrelesien.«J'aivraimentpeurmaisje
suisaussitellementheureuseetétourdiequejepourraisexploser.»
Ill'embrassatendrement.«J’aipeurmoiaussi.Terrifiéestprobablementlemotleplus
adéquat.CettefoisceseradifférentRachel.Jetelejure.»
Elleleregardapendantunmoment,ressentantsonamourpourluiauplusprofond
d'elle-mêmeenprononçantcesmotsaveclaplusgrandesincérité.«J'aiperdu
beaucoupdemessouvenirs,dit-elleàvoixbasse.Certainssontrevenus,d'autres
sontrestésenterrés.Maispeut-êtrequenousdevrionsnousmettred'accordsurlefait
quemapremièrefaussecouchedevraitêtreunsouvenirquel'onmetdecôtéetqu’on
laissedanslepassé,oùilappartient.Cesouvenirn'apassaplaceicietmaintenant,
etiln’auraitd’autreconséquencequedefairepeserlepoidsduregretdansnos
cœurs.»
Durantunlongmoment,ilrestacomplétementsilencieux.Ilyavaitunericheémotion
étincelantdanscesyeuxbleus.Ceslèvresreflétaientlatension,presquecommes’il
gardaitsesémotionsenlaisseetqu'ilseretenait.
«Jet'aime»dit-elle.
Illapritdanssesbrasetlaserrasifortqu'ellenepouvaitpasrespirer.Soncorpsentier
pesaitsurceluideRachelalorsquesonsoufflesefaisaitirrégulier.
«Jet'aimeaussi,répondit-ilavecémotion.Bondieu,jet'aimetellementRachel.Et
j'aimenosbébés.
Doucement,illarelâchaetlapoussaenarrièreetd'unregardemplid'admiration,il
murmura«nosbébés».
DeslarmesroulèrentsurlesjouesdeRachel,etsonvisageluifaisaitmalàforcede
souriresifort.
«Etbienjesupposequejen'aipasàm'inquiéterdelafaçondontvousavezprisla
nouvelle»ditledocteurdepuislepasdelaporte.
RacheletEthanseretournèrenttouslesdeuxpourvoirl'obstétriciend'âgemoyenqui
setenaitsurlepasdelaporte,unlargesourireauvisage.
EthanserelevarapidementetRachelcommençaelleaussiàserelevermaisle
docteurluiindiquaderesterassise.
«Asseyez-vous,asseyez-vous,luirecommanda-t-il.Jenevaispasvousgarder
longtemps.Jesaisquecelaaétéunchocpourvousetquevousvoulezetavezbesoin
detempspourl'assimiler.»
«C'estunefaçondeledire»murmuraEthan.
Ledocteurs'appuyacontrelatabled'examentoutenétudiantsondossier.
«Vousavezdéjàfaitunefaussecouchen'est-cepas?»
Rachelapprouvad'unhochementdelatête,refusantdepermettreàquoiquecesoit
defreinersoneuphorie.
«Lesfaussescouchessontbeaucouppluscourantesquecequelesgens
pensent,poursuivitledocteur.Iln'yaaucuneraisonquiindiquequevousnepourrez
pasmenerunegrossesseparfaitementnormaleetavoirdeuxbébésenbonnesanté
ethurlantàpleinspoumons.»
EllefitlagrimaceenimaginantcequeledocteurvenaitdedireetEthans'approcha
pourluisecouerlamain.
«Vousêtesautomatiquementdanslacatégoriedesgrossessesàrisque,comme
touteslesfemmesàgrossessesmultipleslesont,dit-ilenguised'information.Celane
signifieriensicen’estquevousdevezfaireattentionàvousreposer.N'enfaitespas
trop.N'essayezpasdeporterquoiquecesoitdelourd.Nevoussurmenezpas.Faire
del'exerciceavecmodérationestpossible.Riendestressant.Assurez-vousde
mangersuffisamment.Silevieiladage,mangerpourdeuxestvrai,etbienlàvous
mangerezpourtrois.»Ilgloussasurcettedernièrephrase.
«Pourl'instant,jevaisvousvoirunefoisparmois,etplustardjevoudraisvousvoir
touteslesdeuxsemaines.Nousvoussurveilleronsavecplusd'attention,etnous
mettronslesbébéssousmoniteursquandvousvousrapprocherezdeladateprévue.
Danscertainscas,ilestnécessairededéclencherl'accouchementavantladate
prévue,maisilyaplusdenaissancesdejumeauxnésàtermes.Celadépendvraiment
delamèreetdesbébés.Maisnousagironsenconséquencequandlemomentsera
venu.Pourl'instantrentrezchezvous,célébrezlanouvelle,prenezsoindevousetje
vousreverraidansquatresemaines.Sivousavezunquelconqueproblème,n'hésitez
pasàm'appeler.»
«Merci»ditEthan,entendantlamain.
Ledocteursouritpuisserralamaind'Ethan,puiscelledeRachel.
«Félicitationsàvousdeux.»
«Merci»murmuraRachel,faisantl'échodesparolesd'Ethan.
Ledocteurdisparut,leslaissantseulsdanslasalled'examen.QuandRachelseleva
dufauteuil,uneinfirmièrearrivaavecunecartecomportantladatedesonprochain
rendez-vousetuneprescriptionpourdesvitaminesprénatales.
«Nousaimerionsrefairedesexamensquandvousreviendrezlemoisprochain,juste
pournousassurerquevosniveauxdeHCGsontbons.Nevousinquiétezpas.Cesont
justedesexamensderoutine.»
«Merci»ditRachel.
L'infirmièresourit,puissortitdelachambreenfaisantsigneàEthanetRacheldela
précéder.
Rachelpassadanslasalled'attente,partagéeentrelechocetlacomplèteexaltation.
Ellen'arrivaittoujourspasàleréaliser.
«Est-cequetuvasréussiràconduire?»luidemandaEthan,unfroncement
recouvrantsonvisage.
Elleclignadesyeux,sesouvenantqu'ilsétaientvenusàlacliniquedansdesvéhicules
différents.Ellerepoussalebrouillardquil'entouraitethochalatête.
«Çavaaller.Jevaistesuivre.Iln'yaaucunintérêtàlaissermavoitureici.»
Illapritdanssesbrasetluidonnaunlongettendrebaiser.
«Desjumeaux,jen'arrivetoujourspasàycroire.
Ellesecoualatêtetristement.«Moinonplus.Ohmondieu,turéalisesqueçaneva
pastarderàsevoir.Genredanspaslongtemps.Jen'arrivepasàcroirequej'ensuis
déjààdouzesemaines.Avecdeuxenfants,jevaisressembleràunballondeplage.»
«Tuseraslaplusadorableetlaplusbellefemmeenceintequiaitjamaisexisté.»dit
Ethan,uneétincellebrûlantdanslesyeux.
«Oh,Ethan,jen'arrivemêmepasàlecroire.J'ail'impressionquequelqu'unvame
pincerd'uneminuteàl'autreetquejevaismeréveilleretréaliserquetoutcelan'est
qu'unrêve.Celaaétélameilleuresemaine.Nousavonsdéménagédansnotre
nouvellemaison.J'airecommencéàenseigner.Etmaintenantnousallonsavoirdeux
bébésaulieud'un.»
Sonexpressiondevientsérieuse.Illevalebraspourtouchersonvisage,caressantla
courbedesapommetteavectendresse.
«Chaquejourpasséavectoiestunrêvedontj'aipeurdemeréveiller.Tuesun
cadeau,Rachel.Toietlesbébéssontlescadeauxlesplusprécieuxqu'ilm’aitété
donnéd’avoir.Jeneleméritepas,maismondieu!jevaisquandmêmevouschérir
pourlerestantdemesjours.»
Chapitre7
Rachelsetenaitàl’extérieurdesonanciennemaison,clésàlamain,regardantlelieu
qu'elleavaitappelémaisonduranttoutesaviedefemmemariéeàEthan.L'agent
immobiliervenaitdepartir,etunnouveaupanneau«Àvendre»étaitmaintenant
affichédanslejardindedevant.Ellecherchaunquelconquesentimentderegret.De
tristesse.Mêmedelanostalgie.Maislaseulechosequ'elleressentaitétait...du
soulagement.Maintenantqu'elleétaitenceinte,sonsoulagementétaitd'autantplus
grandqu'ellen'auraitpasàamenersesbébésdansunlieuquicontenaittellementde
noirceurpourelle.
Elleprituneprofondeinspirationetfitl'effortd'oublierlessouvenirs,lapeineetla
tristesse.Ilyavaittellementdejoiepourremplacerlechagrind'hier.Unenouvelle
maison.Deprécieuxbébésnichésdanssonventre.Unmarietunefamillequi
l'aimaientprofondément.Ellefermalesyeuxetlaissaleventd'autonomerafraîchirson
visage.Legrattementdesfeuillessurletrottoiretlalégèreodeurdefuméeindiquaient
lechangementdesaison.Lechangementétaitdansl'air.Changementdesaison.
Changementdevie.
Tantmieux.Lebruitd'unevoiturecrissantsurlegravierlasortitdesespenséesetelle
seretourna,sessourcilsserapprochèrentquandellevitquiétaitentrainde
s'approcher.C'étaitleSUVdesabelle-sœurSophiemais,quandils'arrêta,Sarahet
SheasautèrentdelavoiturependantqueSophiesortaitdederrièrelevolant.
«Qu'est-cequevousfaitesici,lesfilles?»demandaRachelavecconfusion.
«Nousvenonstekidnapperpourledîner»ditShead'unairsuffisant.Sarahsourit
puisacquiesçad'unsignedetête.
«Ouais.C'estexactementcequenousfaisons.NouspensionsallerauBigSandyet
mangerauFeedandGrainMill».
«Miam.Vousconnaissezmafaiblesse,lesfilles»
«Nouspensionsquenouspourrionsprendreunpeudetempsentrefillesmaintenant,
ditSophied'unevoixdouce.Ilt'estarrivébeaucoupdechosedernièrement.»
«Çameparaîtabsolumentparfait»ditRachel,émueparl'amitiéqu'ellevoyaitdans
leurregard.Ellesetournaunedernièrefoisetregardalacoquillevidequiétaitson
anciennemaison.Ellen'avaitplusaucunpouvoirsurelle.Elles'étaitlibéréedeson
empriseetdessouvenirsqu'ellecontenait.Ellepouvaitmaintenantlaisserceladecôté
etseconcentrersurlefutur.
«Pourquoionnetesuivraitpasjusqu'àlanouvellemaisonpourquetupuissesy
laissertavoitureetensuitenousmonteronstoutesdansmonSUV»suggéraSophie.
«Çamesembleunebonneidée»ditRachel.
«JevaismonteravecRachel,seproposaShea.Àtoutdesuitelesfilles».Sheamonta
surlesiègepassagerdelaHondaAccorddeRachelpendantquecelle-cisemettait
derrièrelevolant.
«Est-cequec'estSamquigardeCharlottecesoir?»demandaRachelpendantqu'elle
faisaitunemarchearrière.
Sheaeuunpetitrire«LuietNathansonttouslesdeuxdecorvéedebabysitting.Ça
vaêtreintéressantdevoirsiletéléphonedeSophiecommenceàsonnerd'iciune
heure.»
Enparlantdetéléphone,pourrais-tuprendrelemienetenvoyerunmessageàEthan
pourluidirecequel'onvafaire?Commeçapasbesoindeperdredetempsàrentrer
pourluiexpliquer.»
«Biensûr.»SheapritletéléphonedeRacheletsélectionnalenomd'Ethandansson
répertoireets'arrêtarapidement.«Uh,Rachel?»
«Hmm?»demandaRachel,sansquitterlaroutedesyeuxtoutensortantduquartier
etenentrantsurl'autoroute.
«Écoute,jen'étaispasentraindefouinerouquoiquecesoitd'autre.C'étaitjustelà
etimpossibleàrater.»
Rachels'immobilisa.«Ohmerde!J'aicomplètementoublié.Jen'yaimêmepas
pensé.»
«Est-cequeçaveutdirequetuesenceinte?»demandaSheaavechésitation.
Rachelsoupira«Oui,jesuisenceinte.»
Shealaregardad'unairdubitatif:«Tun'aspasl'airheureusedelanouvelle.»
LevisagedeRachels'illumina.Pasheureuse?Jamaisdelavie.
«Jesuisauxanges»dit-elledoucement.«Nouslesommestouslesdeux.Jen'avais
justepasprévudeledireàtoiouàquiquecesoitd'autredecettefaçon.Nousvenons
justedel'apprendre.Çaaétéunchoc.Quandj'aicommencéàavoirdesdoutes,j'ai
vouluattendrejusqu'àlafindupremiertrimestreaucasoù...»
«Jecomprends»ditShea.
«Maisensuitenoussommesalléschezlemédecinetmagrossesseestplusavancée
quecequejepensais.Et...»Elleluijetauncoupd'œiletsemorditleslèvrespour
éviterdelecrier.«Nousallonsavoirdesjumeaux.»
«OhmondieuRachel!hurlaShea.Putaindemerde.Desjumeaux?Tuessérieuse?»
Rayonnante,Rachelacquiesça.«Maistunepeuxpasencoreledireàquiquecesoit.
Nousvoulonsattendrelebonmoment.Ethonnêtementj'aibesoindequelquesjours
pourmefaireàlanouvelleavantdesecouerlafamilleavecunetelleannonce.»
«OhRacheljesuissicontentepourtoietEthan,ditSheaavecunairrêveur.Jesais
toutcequecelareprésentepourvous.Ohmondieu,jesuistellementexcitée!Jevais
êtretata!»
«Tuesdéjàtata,abrutie»luiditRacheltoutenrigolant.
«Ouimaisc'estdifférent,Charlotteétaitdéjànéequandjesuisarrivée.Làceserala
premièrefoisquejevaisêtrelàdèsledébut.»
Rachelsepenchapourluiserrerlamain«Jesuiscontentequetusoislàavecnous,
Shea.J'auraisaiméqueGracepuisseêtrelàplussouvent.»LevisagedeSheane
changeapasdutoutàlamentiondesasœur.GraceétaitmariéeàRio,l'undes
leadersdel'unedeséquipesduKGI,etilsvivaientauBelizequandRion'étaitpasen
mission.Cequirendaitlessœurstellementuniques,c'estqu'ellesavaienttoutesles
deuxdesqualitésdetélépathesetqu'ellespouvaientcommuniqueràlonguedistance.
«Jeparleavecellequotidiennement,luiditSheaavecenthousiasme.C'estunpeu
commesielleétaitici.EtRiol'amèneiciquandilvaenmission.Ildétestel'idéeque
GrâceetElizabethsoientseules.»
Elizabethétaitunepré-adolescentequeRioetGraceavaientadoptéeaprèsqueson
pèreeutététuéaucoursdelamissionquiavaitpermisàRioetGrâcedese
rencontrer.Rioétaitextrêmementprotecteurenverssesdeuxfemmes.Maisbon,tous
leshommesduKGIavaienttendanceàêtresauvagementprotecteurs.
Aumomentoùellescommencèrentàtraverserlepont,d'oùRachelavaitfaillichuter
unefois,lespaumesdesesmainsdevinrentmoitessurlevolantetinstinctivement
elleaccéléral'allure,toutenrestantaussiloinquelecheminleluipermettait.Quand
ellesarrivèrentauboutdupont,levolantétaithumidesoussespaumes.Elleavait
l'espoirqu'unjourellepourraitvaincrelapeurqu'elleavaitdecepont,maissasimple
vueluidonnaitencorefroiddansledos
Quandellesarrivèrentauxportesdel'enceinte,Racheleuuntroudemémoireetne
sesouvintplusducodedesécurité.Elleétaitassiseetfixaitlepavénumériqueen
ayantl'impressiond'êtrelaplusgrandeidiote.
«39561*425»récitaShea.
«Merci»ditRachel,puisellelecomposa.«Jen'aitoujourspasassimilélefaitque
pouraccéderàmamaison,j'aibesoind'uncodedesécurité.»
«Çapermetauxgarçonsdesesentirmieux,luiditSheaavecunhaussement
d'épaules.J'imaginequed'iciàcequelesenfantsarriveonressentiralamême
chose.»
«Tuasraison»approuvaRachel.
Etc'étaitvrai.Cequ'ellevoulaitpar-dessustout,c'estquesesenfantssoienten
sécurité.Avectoutcequiétaitdéjàarrivéàcettefamilledurantcesdernièresannées,
cen'étaitpasbizarredecroirequesesenfantspouvaientcourirunrisque.C'étaitune
réalitéquipoussaitàréfléchirsurlesprofessionsdesKellyetlesmissionsdans
lesquellesilss'investissaient.Elleconduisaittoujoursendirectiondelamaison.L'idée
devivredansuneenceintesécuriséeaveclesautresmembresdelafamilleparaissait
unpeusurréalisteetmêmebizarreditcommeça.Maischaquemaisonétaitconstruite
defaçonàmaintenirl'intimitédesoccupants.Ilspouvaientvoirlerestedelafamille
toutengardantleurintimité.Cen'étaitpassidifférentdufaitdevivredansunautre
quartier.Aumoinsainsi,ilspouvaientchoisirleursvoisins.
Lesmaisonsétaientétenduesetrépartiesautourdulacdefaçonàcequechacune
d'entreelleaitunevuesurl'eau.Lesaménagementspourl'entraînementetlasallede
réunionduKGIétaientloindesmaisonsdefaçonàcequ'ilyaitunsemblantde
normalité.Jusqu'àmaintenantlesseulsrécalcitrantsétaientDonovanetJoeetpuis
biensurFranketMarlene.Samétaitdéterminéàconvaincresesparents,maisils
avaientdéjàrefusél'idéed'envisagerdedéménagerdelamaisondanslaquelleils
avaientvécupendantplusdequaranteans.Rachelnepouvaitpasvraimentles
blâmer,mais,toutcommeSam,elles'inquiétaitdeleursécurité.Marleneavaitdéjà
étaitkidnappéeunefois.Celaavaitétéuneduremanièredeserappeleràquelpoint
ledangerlesentouraitdefaçonconstante.
Ethanlesattendaient,enappuisursoncamion,pendantqueRachelsegarait.Ilsourit
àShea,puislasaluaaumomentoùSophiesegaraitderrièreleSUVdeRachel.
«Unesoiréeentrefilles»dit-ilenposantunbaisersurleslèvresdeRachel.
«Ouais,SametNathangardentlefortdepuislamaisondeSametSophie.Tudevrais
allerleuroffrirunsoutienmoral.»
Ethanrigola.
«JepensequejevaissurtoutvoirCharlotteleurpeindrelesonglesetaprèsj'aurais
plusqu'àlesappelerminettes».
SophieregardaEthan.
«TonjourvavenirEthan.MademoiselleCharlottet'auraetjetegarantisquetune
pourraspasluidirenonettudevrassupporterdesonglesdemainsetdepiedsrose
brillant.»
«Quedieumevienneenaide»marmonnaEthan.
Lerestedesfillesrigola.
«Tuesprête,Rachel?»demandaSophie.
«Amuse-toibienetsoisprudente»luiditEthanalorsquelesfemmess'enallaient.
RacheletlesautresluifirentunsignedelamainpuisgrimpèrentdansleSUVde
Sophie.
Trenteminutesplustard,ellesétaientassisesautourd'unedestablesrondesduBig
SandyFeedandGrainMill,buvantduthéglacéetattendantleurcommande.Sarah
seraclalagorge.
«Jeproposeuntoast,auxannéesmouvementésquel'onavécuesetdontons'est
sortiscommelesKellysaventlefaire»ditSarahsolennellement.Et…cria-t-ellealors
quelesautresétaientsurlepointdeboire.AunouveaudépartdeRacheletd'Ethan.»
SheasouritdiscrètementàRacheltoutenlevantsonverre.Rachelfitlagrimaceàsa
belle-sœurpuisdit:«Certainementquejevaisboireàça».
Ellespassèrentlerestedelasoiréeàrireetàsemoquerdeshommesdelafamille
Kelly,maisilétaitévidentquecesfemmesadoraientleurmariplusquetout.Ilétait
aussiévidentquelesfrèresKellylesaimaienttoutaussifortement.Rachelregarda
sessœursparmariageavecmélancolieetimaginachacuned'elleavecdesenfants.
Lesvacancesetlesanniversaires.Tousréunissousunseultoit,avecFranket
Marleneregardantleurprogéniture,quecesoitvialesliensdusangoudefaçon
honoraire.Marleneavaittendanceàs'attacherauxgensqu'ilsveuillentdecet
attachementoupas.Àcettepensée,Rachelplissalessourcils.
«Quelqu'una-t-ilvuSeandernièrement?Avectoutecettefolie,ledéménagementet
leretouràl'enseignement,jenel'aipasvudepuisdessemaines.Etiln'estpasvenu
aideraudéménagement,cequineluiressemblepas.Ilesttoujourslepremier
volontaireàproposeruncoupdemain.»
SeanavaitétélàpourRachelplusd'unefoislorsqu'ellecherchaittoujourssonchemin
aprèssonretouràlamaison.LeshérifétaitplusjeunequetouslesfrèresKelly,mais
ilétaittoutaussisûretfiablequ'unepersonnebienplusâgée.
«J'aientenduSamluiparlerautéléphonel'autrejour,claironnaSophie.Seantravaille
suruneopérationconjointeaveclecomtédeHenryetlapolicedépartementale.
Apparemmentc'estunehistoirederéseaudedrogue.Ilsontrassemblédeshommes
ducomtéetdelavillesurcetteenquête.Ilfaitpasmald'heures.Samparaissait
s'inquiéterpourlui.»
Rachelsoupira«Ilyadesmomentsoùj'espèrequ'ilvatravaillerpourleKGImaisil
n'apasencoretoutel'expériencenécessaireetpuisaprès,jemedisquec'eststupide
depenserqu'ilseraitplusensécuritéaveclegenredemissionquefontnosmaris.»
Sarahacquiesça.«Maisjecroiscomprendrecequetuveuxdire.C'estrassurantde
savoirqu'illesauraitpourprotégersesarrières,tuvois?Nousnesavonsriendugenre
detypesavecquiSeantravailleauquotidien,maisc'estsûrquenoussavonsquenos
hommescouvriraientsesarrières.»
«C'estexactementquejevoulaisdire,approuvaRachel.J'étaiscontentequand
Swannylesarejoints.»
«Ohmoiaussi,ditSheaavecprécipitation.J'aimalaucœurpourlui.Ilest
tellement…seul.SiseulementvoussaviezcequeluietNathanontenduré...»Savoix
s'estompaetsonvisagedevintmorne.Rachelsepenchaetluiserralamain.Shea
avaitendurébeaucoupdechosespouraiderNathanetSwannyàs'échapperaprès
desmoisdetortureparl'ennemi.Elle,plusquequiconque,savaitcequelesdeux
hommesavaientenduré.Ellesavait,parcequ'elleavaitsouffertaveceuxetpoureux.
«MamanKellyarriveraàlesortirdesasolitude»luiditSophieavecungloussement.
«Vousavezvucommentilestquandelleestlà?C'esttropmignon.Ellelelaisse
perplexe.Elleledorloteetl'appellesonbébé,etjejurequelegrandbonhommefond
commeuneflaqued'eaudevantelle.»
ToutlemonderigolaetRachelsentitsoncœurseréchauffer.Lavieétaitbelle.La
meilleurepossible.Elleétaitentouréepardesgensquil'aimaientetqu'elleaimaitde
toutsoncœur.Iln'yavaitpasunseulKelly,quecesoitunKellydenaissanceoupar
lemariage,quineferaitpastoutcequiétaitensonpouvoirpouraiderunautremembre
delafamille.ElleeutunepenséepourJennifer,sonélève,etpourlefaitquelajeune
filleétaitbriséeàcausedeladestructiondesafamille.Elleavalalenœudàlagorge
quil'avaitassailli.Mais,parlagrâcededieu,elleavaitétéàlaplacedelajeunefille.
Maiselleavaiteuunesecondechance.Larédemption.
«VouspensezquePJvarevenir?demandaSarahdoucement.Jesuistellement
inquiètepourelle.»
Lesautress'arrêtèrentdeparler.PJavaitétéprésentepourchacuned'entreelles.Elle
avaitétélàdanslamissionpoursecourirRacheldeColombie.Elleétaitencore
présentequandSophies'étaitrendueàsonfoudepèreenéchangedeMarleneKelly.
ElleétaitprésentequandlefrèredeSarahétaitmort,enprenantunballedestinéeà
Sarah.EtelleavaitjouéunrôledanslamissionquiavaitpermisderéunirSheaet
Nathan,quandSheaavaitétékidnappéepardesgensquilapoursuivaitelleetsa
sœurGrace.D'ailleurs,elleavaitétélà,pourcouvrirleursmarisquandGraces'était
renduepourprotégerlesmembresduKGIdelamort.PJétaitessentielleauKGI.Elle
étaittoujourslà,protégeantleursmarisquandilsmettaientleurvieendanger.Rachel
neseraitjamaisvraimentenmesuredeluimontrersagratitude.Iln'yavaitpasde
motspourça.Elleespéraitjustequ'elleenauraitunjourl'opportunité.PJavaitdisparu
delacartedesmoisplustôtetsonéquipesedésolaitdesaperte.Ilsn'étaientpasles
mêmessanselle.
«Jem'inquièteaussipourelle»ditSophiedoucement.
«Ellevarevenir,ditSheaavecassurancemêmesisavoixmanquaitdeconviction.
C'estunedureàcuireetunebattante.Jenel'imaginepassedégonfler.Elleajuste
besoindetemps.»
Toutlemondeacquiesçaàcesparoles.C'étaitunconceptaveclequelellesétaient
familières.Letempsguérittouteslesblessures.Letempset…l'amour.Sarahregarda
l'heuresursamontrepuisgrimaçaavecregret.
«Onferaitmieuxderentrerbientôt.Jesaisquelesgarsdoiventselevertôtdemain
pourlesexercicesd'entraînements.»
«Jedoismelevertôtpourletravail»ditRacheld'unaircontrit.Ellesoupira.«C'est
tellementagréablededireçaànouveau.»
«Estcequeçateplaît?»luidemandaSarah.
«Ouibeaucoup»luiréponditRachel.«Jen'avaispasréaliséàquelpointçame
manquaitjusqu'àcequej'yretournelepremierjour.J'aimeenseigner.C'estunepart
decellequejesuis,etj'enaimarred'êtreunepersonnedifférente.»
«C'estbienpourtoi»ditSophietoutensepenchantpourluiserrerlamain.«Nous
sommestoutesfièresdetoi,Rachel.Tuesvéritablementunexemple.Etjesuis
vraimentcontentequemafillepuisset'avoircommemodèle.»
LabouchedeRachels'ouvritd'étonnementetelleregardalesautresfemmescomme
siellesavaientperdulatête.Puisellerigolacarellenepouvaits'enempêcher.
«Nerigolepas,luiditSarahavecsavoixdouce.Nousconnaissonstoutestonhistoire.
Cequetuasenduré.Commenttun’asjamaisabandonné.Etlaténacitédonttuasfait
preuve.Ilfautêtreunefemmefortepourendurercequetuasenduréetnepas
seulementsurvivre,maistriompherdel'adversité.»
«Ohmondieu,lesfilles,nemefaitespaspleurer»ditRacheld'unevoixétouffée.
Elletamponnasesyeuxavecvigueurpournepaspleurer.Desriress'élevèrentautour
delatable,rompantlesérieuxquis'étaitinstalléauseindugroupedefemmes.Elles
payèrentleurnotepuisrejoignirentleSUV.
Surlecheminduretour,lamaindeRachelseposainconsciemmentsursonventre,
etelles'émerveilladufaitqu'elleportaitdeuxminusculesviesdanssonventre.Elle
avaithâtedeledireaurestedelafamille.Elleavaithâtedeprofiterdecemomentde
joie.Ceseraitsonmoment,sonrayondesoleil,aprèsunséjourdanslesténèbres.
Chapitre8
«Tuasaimétasoiréedehors?»demandaEthanenl'allongeantprèsdeluisurle
canapé.Ellesepelotonnadanssesbras,appréciantdesentirsapoitrinecontresa
joue.Elles'étaitchangéepourmettreunetenuedenuitsexyquilerendaitfouetlui
portaitunboxer.Elleaimaitlessoiréescommecelles-ci,oùilssepelotonnaientjuste
surlecanapéetregardaientlatélévisionouparlaientdetoutetn'importequoi.
«C'étaitsympa.Çafaitlongtempsqu’onn’arienfaitensemble.Toutlemondeaété
tellementoccupéetSarahetGarrettetNathanetSheaétaientpartispourleurlunede
miel.»
«Etnousdéménagions»ajouta-t-il.
«Oui,enfin»dit-elleavecunsoupirdecontentement.
Ilrestaimmobilecontreellependantunmoment,sarespirationdouceetstable,mais
ilétaittendu,sesmusclesétaienttendusetiln'étaitpasrelax.Aprèsuninstant,elle
serelevaetpositionnasatêted'unemanièreinterrogative.
«Est-cequequelquechosenevapas,Ethan?»
Sessourcilssefroncèrentunmoment,puisilpritappuisursescoudesafinqueleurs
têtessoientaumêmeniveau.Ilsemblaithésiteràdirecequ'ilavaitentête.
«J'ail'impressionquetuétaisimpatientededéménager»commença-t-il.
Elleacquiesça.
«Cequejeveuxdire,c'estquejesaisquetuétaisexcitéepourlanouvellemaison.
J'imaginequejenecomprendspas...»Ils'allongeapuisfermaleslèvres,commes’il
avaitdécidédenepasdirequequ'illetourmentait.
«Qu'est-cequetunecomprendspas?»l’incita-t-elleàpoursuivre.
«J'admetsquej'aiétésurprisquetuchoisissesundesignpourlanouvellemaison
complètementdifférentdeceluidel'ancienne.C'estpresquecommesituvoulaisque
riennesoitpareil.Etpuistuassemblésisoulagéequandonàdéménageé,etj'ai
remarquéquetuétaisplusheureusedepuisquenousavonscommencéàvivreici.»
Elleleregardaunmoment,détestantdéjàlaconversationquiallaitarriver.«Cela
t'ennuie.»
Cen'étaitpasunequestioncarilétaitévidentquecelaledérangeait.
«Oui,j'imaginequec'estlecas»admit-il.Puisilsecoualatête.«C'eststupidedema
part.Jesuisjustecontentquetusoisheureuse.Jeveuxquetusoisheureuse.»
«Jelesuis»luidit-elledoucement.
«Maistun'étaispasheureusedansl'anciennemaison.»
Lentement,ellesecouasatête,sachantqu'ellenepouvaitpasluimentir.Ellenelui
mentiraitpas,mêmepourépargnersessentiments.
«Pourquoi?»luidemanda-t-il,savoixcraquantsurceseulmot.
Elles'avançajusqu'àcequ'ellesoitassiseenfacedelui,avecsesgenouxpliéscontre
sapoitrineetseshanchescontresonaine.
«Tudoiscomprendrecequec'étaitpourmoi,dit-elletoutdoucement.Retrouverdes
souvenirsàl'improviste.Etàchaquefoisquequelquechosemerevenait,c'était
nouveau,etvibrantdansmonesprit.Commesicelavenaittoutjusted'arriveretnon
desannéesauparavant.Etcen'étaitpastousdesbonssouvenirs.»
Elleleregardad'unaircontrit,sachantqu'iln'yavaitaucunmoyenderendrecelaplus
facileàentendrepourlui.Iltressaillitmaisréussitàsecontenir,commes’ilétait
déterminéàfairepénitenceetànepasreculerfaceauxchosesqu'ilavaitpufaireet
dire.
«Certainsdespiresmomentsdemaviecesontpassésdanscettemaison,dit-elle,
d'unevoixempliededouleur.J'aijustepenséquesinousdevionsvéritablementavoir
unnouveaudépart,nousdevionscommenceravecuneardoisevierge.Etmaintenant
nousl'avons.Unetoutenouvellemaison,prêteàtempspourlesprécieuxbébésque
l'onvaavoir.Unendroitoùnouspouvonsrecommenceràzéroetcréerdenouveaux
souvenirspourremplacerlessouvenirsdouloureux.»
Deslarmesapparurentdanslesyeuxd'Ethanavantdedisparaîtreenunclignement.
Puisilladéposasurlecanapé,sesmainsentourantsanuque.Leurfrontse
touchèrent,puisleurbouche.
«Jet'aime»dit-il,savoixobstruéeparleregretetlapeine.
«Jet'aimeaussi»luimurmura-t-elleenréponse.
«Cettemaisonnecontiendraquedebonssouvenirspourtoi,luipromit-il.Pourtoi,
moietlesbébés.Nousallonsprendreunnouveaudépart.»
Ellesourit
«Oui,nousallonslefaire.»
«Nousn'avonspasencoreinaugurélanouvellechambre»dit-ildesavoixrauqueet
suggestive.
«Mmm,commentavons-nouspuoublierça?»
«C'estuneerreurquenousdevrionscorrigerimmédiatement.»
«Jesuisd'accord.»
Ils'assitpuisremontasurlecanapédefaçonàcequ'ilpuisseseleversanslapousser.
Puis,ilsebaissaetlapritdusofa.Elleatterritcontresontorse,lesbrasd’Ethan
fermementserrésautourd'elle.Protecteur.Ettellementaimant.Illaportajusqu'àla
chambreetl'allongeasurlelit,lafixantd'unregardpleindepromessessensuelles.
Sesmainsglissèrentjusqu'àsescollants,puisilinsinuasesdoigtssouslehautdu
collantensatin.Sesyeuxs'assombrirentquandilcommençaàdoucementlesfaire
descendre.Puisill'aregardad'unairaccusateur.«Pasdesous-vêtements?Tuavais
l'intentiondemeséduire.»
Ellepritunairinnocent,élargissantsesyeuxenleregardant.«Peut-être.»
Ilgloussa,puisilabaissasabouchejusqu'àlajointuredesesjambes,l'embrassant.
Ellefrissonnaetfermalesyeuxalorsquedesfrissonsremontaientlelongdeson
corps,desonventreàsapoitrine.
Alorsqu'ilembrassaitencoreplusprofondémentlajointuredesesjambes,sesmains
s'égarèrentplushaut,remontantsonhautau-dessusdesapoitrine.Aumomentoù
sesdoigtstrouvèrentsestétonsdurcis,salangueglissasursonclitoris,cequilui
envoyaunautrespasmedeplaisirdanslecorps.LespaumesdeRachelglissèrent
danslescheveuxd'Ethanetsesdoigtsétaientfléchisetentouraientsatête.C'était
uneimageérotique,elleleguidantetledirigeant,l'obligeantàresterlàafinquesa
languetouchelebonendroit.Ellegémitdoucementetarquasoncorpsquandelle
atteintladélivrancequ'illuioffrait.
Ilrelevasatête,puisbougeasoncorpsafindeluienlevercomplètementsonhaut.
Aprèsqu'ill'eutenvoyéailleursdanslachambre,ilbaissasatêtesurleventrede
Rachel.Entourantsatailleavecsesgrandesmains,ilposaleplusdouxdesbaisers
surlepetitrenflementdeventreoùsetrouvaientsesenfants.
«Votremamanetvotrepapaonthâtedevousrencontrer»murmura-t-ilcontresa
peau.
«Ethan,j'aibesoindetoi»lesupplia-t-elle,soncœuremplidetellementd'amourqu'il
allaitexploser.«Fais-moil'amours'ilteplaît,jeneveuxpasattendre,j'aibesoinque
tusoisenmoi.»
Ilnebougeapasimmédiatement,àlaplaceildéposaunetraînéedebaisersdeson
ventreàsapoitrine.Ilembrassal'undesestétonspuislesuça.Ilétaitextrêmement
doux.Ilsemblaitsavoirparfaitementàquelpointsapoitrineétaitréceptiveàcausede
lagrossesse.Leplussimpledesgesteslarendaitfolleetluidonnaitenviedecrier
pourobtenirladélivrance.Ilchangeadetétonetl'embrassadelamêmefaçonquele
premier,traçantunelignetoutautouravantdeleprendredanssabouchepourle
sucer.
Ildonnatouràtourlemêmetraitementàchaqueseinavecsabouche,augmentantle
plaisirdeRacheletcréantunedélicieusetensiondanssoncorps.Elledevintdeplus
enplusserrée,quandlesmainsd'Ethanglissèrententresesjambespourréaliserleur
magiesursachairhumideetgonflée.
«Viensenmoi,haleta-t-elle.S'ilteplaît,Ethan.»
Elleavaitbesoindecetteconnexion.Elleavaitbesoinqu'ilssoientconnectésdela
façonlaplusintimepossiblepourdeuxpersonnes.Ellevoulaitsentirsoncorpsau-
dessusdusien.Lesentirrentreretsortiralorsqu'ellesedétendaitpourmieux
l'accueillir.Sesyeuxsefermèrentquandilseretournaverselle,sesjambesbougeant
rapidementsurlessiennesalorsqu'ilsepréparaitàsemettreau-dessusd'elle.Oh
qu'est-cequ'elleaimaitsesentirpetiteetdélicatesoussoncorpsmusclé.Uncorpsde
guerrier.Minceetdur.Pasdechairinutile.Ilyavaitdupouvoirdanschacundeses
mouvements.C'étaitpourquoiilfaisaittoujourstrèsattentionavecelle.Illuiserait
tellementfaciledelablesseravecsaforce.
«Jeteveuxavecmoi»dit-ild'unevoixrauqueetexigeante.Elleglissasesmainsde
sesbrasàsesépaulesoùelleenfonçasesongles,lemarquantainsi.
«JesuistoujoursavectoiEthan»dit-elledoucement.
Ilfermasesyeuxpuisgrognaensepositionnantàl'entréedesonsexe.Ellepouvait
voirlatensiondanssamâchoire.Sachantàquelpointilfaisaitdeseffortspourse
reteniretnepasyallertropfort.Puisilpoussaetentraenelle,l'étirantetl'obligeantà
s'adapteràsalargeur.Ellesoupirapuiss'allongeaenarrièrecontrelematelas.La
sensationdel'entourerparfaitementétaitmerveilleuse.Iln'yavaitaucunepartd'elle
qu'ilnepossédaitpas.Ilsepliaversl'avantafindepousserlesjambesdeRachelplus
haut.Celal'obligeaàleprendreenentieralorsqu'ils'enfonçaitencoreplus
profondémentenelle.Elleétaitenfeu.Elleremuanerveusementalorsqu'ilseretirait
ets'enfonçaitenelleencoreunefois.Etencore.Sabouchedescenditverssonépaule
etildéposadesbaisersbrûlantsetmouillésjusqu'àsoncou.Desbaisersàcouperle
souffle,desbaiserstorridesquilalaissèrentpantelante.Lalangued’Ethanentourale
lobedesonoreille,etaprèssesdentsfrôlèrentlapeausensiblesoussonoreille.
Ellenepûts'empêcherdefrissonnerquandsonorgasmearriva,éclatantcommeun
cieldefeud'artifice.Vaguesdeplaisiraprèsvaguesserépercutèrentdanssoncorps
toujoursplusvite,toujoursplusfort,jusqu'ausoulagementfinal.Enroulantsesbras
contrelui,elleleserraplusfort,legoûtant,lesentantetleressentantsiprofondément
enelle.Soncorpsbattantdemanièrerégulièrecontreelle.Lachaleurdesoncorps
quirecouvraitlesien.
«Jet'aime,murmura-t-ellecontresapeau.C'estnotremoment.Notredébut.Toi,moi
etnosenfants.»
Ilfrissonnacontreelle,lesmotsdeRachelsemblaientl'avoirenvoyédansunautre
univers.Ils'enfonça,puisseparalysasurlecorpsdeRachel,alorsquesoncorps
tremblaitetsesoulevait.Ill'amenadanssesbras,l'installantcontrelui.
«Jet'aimeaussibébé,luimurmura-t-ilenretour.Toujours.Tuesàmoi.Toujoursà
moi.Jenetelaisseraiplusjamaispartir.’
Ellefitunsourire,leserrantplusfortencore.Peuimportecequelefuturavaiten
réservepoureux,ellesavaitqu'ilsyferaientfaceensemble.Ellen'auraitplusjamaisà
êtreseule.
Chapitre9
Rachelmangeasondéjeunerdanssasalledeclasse,enespérantqueJennifer
viendraitpourrepassersonexamen.Jetantuncoupd'œilàl'horloge,elleétaitprêteà
admettresadéfaitequandlaportes'ouvritetqueJenniferentra.Rachelfitunlarge
sourireetl'incitaàrentrer.
«Estcequej'arrivetroptard?»demandaJennifer.
«Biensûrquenon.Tuasencorelargementletempsetjeneveuxpasquetute
précipites.»
RachelpritlafeuilleetlatenditàJennifer.Lajeunefillefitunsouriretimide,pritla
feuilled'examenpuisallas'asseoirdanslapremièrerangéedebureaux.
Rachell'observaducoindel'œil,toutenfaisantsemblantdenoterlesautrescopies.
LessourcilsdeJenniferétaitplissésensignedeconcentrationetellemordillaitla
gommedesoncrayonenlisantlesquestionsavecattention.Retenantunsourirede
triomphe,Rachellevamentalementlepoingdanslesairsensignedevictoire.Quand
laclochesonna,annonçantlafindelapausedéjeuner,Jenniferseleva,unsourirede
satisfactionsurlevisage.
«J'aifini,annonça-t-elle.Etjepensequej'aitoutbon.»
«C'esttrèsbien,luiréponditRachelavecfierté.Jesavaisquetupouvaislefaire.»
«MerciMadameKelly.Pourm'avoirdonnéuneautrechance.Çan'arriveraplus.»
«Oui,faisensortequeçanesereproduisepas»luiditRachelavecvivacitémaiselle
adoucitsaphraseavecunsourirefranc.«C'estbonvat'asseoiràtaplace.Lesautres
nevontpastarder.As-tubesoind'allerauxtoilettesavantquelecoursne
commence?»
Jennifersecoualatête
«Non,Madame,çavamerci.»
Lesautresenfantscommencèrentàarriverbruyamment,legrondementducouloir
envahissantlaclasse.Rachelselevaafindenettoyerletableaudesnotesqu'elleavait
écriteslorsducoursprécédent,afinqu'ellepuissecommencercetteheure-ci.Après
l'avoirnettoyéetavoirécritsonplanpourlecours,elleseretournaetvitunhomme,
deboutdanslefonddelasalledeclasse.
«Monsieur,vousnepouvezpasêtreici»dit-elle.
Iln'avaitpasdebadgedevisiteur.Ellen'avaitpasreçud'appeldubureaupour
l'informerqu'unparentétaitenchemin.Ellecommençaàs'alarmeretelleappuyasur
leboutondestinéauxsituationsàrisques,placésoussonbureauquiavaitétéinstallé
l'annéeprécédente.Peut-êtrequ'elles'avançaittrop,etqu'elleagissaitdemanière
stupideetqu'elleenfaisaittrop.Maisquandils'agissaitdelasécuritédesenfants,elle
semoquaitbienqu'endéfinitivecesoitunefaussealerte.L'alarmesilencieusequ'elle
avaitpresséemettraitimmédiatementl'écoleenétatd'alerteetenquarantaine.La
policelocaleseraitinforméeetarriveraitsurlecampusavecunerapiditéétonnante.
Toutlemonde,ici,considéraitquelasécuritédanslesécolesétaitessentielle.C'était
d'ailleurslecaspartoutailleurs.Lesfusilladesdanslesécolesétaientdevenuestrop
courantes,doncdésormais,aucunedériven'étaitpermiseetlapoliceavaittendance
àéliminerrapidementlamenace.Lesétudiantsseretournèrentpourvoiràquielle
s'adressait.LevisagedeJenniferdevîntpâle.
«Papaqu'est-cequetufaislà?»siffla-t-elle.
Maissonpèrenelaregardaitpas.Ilnelaremarquamêmepas.LecœurdeRachel
cessadebattre,quandillevasamainpourrévélerlepistoletquis'ytrouvait.Son
instinctnel'avaitpastrompée.
«Quetoutlemondesebaisse!criaRachel.Sousvosbureaux!»
Ilyeutunesériedecrisetdebruitsprovoquésparlemouvementdesbureaux,lorsque
lesenfantsseprécipitèrentdessous.
«Quepersonnenebouge!»rugitlepèredeJennifer.
IlfitbougerlepistoletavecprécautionetlecœurdeRachels'arrêtapresque,depeur
qu'iltireetquel'undesenfantssoittouché.SeuleJenniferrestaoùelleétait.Elleétait
terrifiée,pâleetellenequittaitpassonpèreduregard,n'osantpascroirecequ'elle
voyait.
«Papaqu'est-cequetufais?luidemandaJenniferd'unevoixtremblante.Pourquoi
est-cequetueslà?Oùas-tueucepistolet?Tumefaispeur!»
Pendantunmoment,levisagedel'hommes'adoucitenregardantsafille,puisson
expressiondevintdureànouveauetiltournalepistoletendirectiondeRachel.
«Toutvabiensepasserquandelleaurapasséuncoupdefilpourmoi»marmonna-
t-il
Auloin,onpouvaitentendrelessirènesdepoliceetlepèredeJennifers'immobilisa.
Puisilseprécipitaverslafenêtrepourregarderdehorsetpuisilsemitàjurerun
chapeletd'obscénités.
Dessanglotsémanèrentdeplusieursenfantsmaislaplupartétaientblottissousleur
bureau,tropchoquéspourfairelemoindrebruit.
«Qu'est-cequevousavezfait?cria-t-ilàRachelavecfureur.Vouslesavezappelés?
Commentsont-ilsarrivésaussirapidement?»
«Quelqu'undoitvousavoirvuàtraverslafenêtre,luiditRachelcalmement.Vousne
m'avezpasquittéeduregarddepuisquevousêtreentrédanslasalle.Vousavezbien
vuquejen'aipaspassédecoupdefil.»
Ill'observaavecsuspicion,puisillavisaaveclepistolet.
«Fermezlesstores.Faiteslemaintenant!»
Rachelseprécipitapourfairecequ'ildemandait,soncœurbattantcommeuntambour
danssapoitrine.
«Papa,neluifaispasdemal,lesuppliaJennifer.Elleestgentille.S'ilteplaît,nefais
pasdemalàquiquecesoit.Rentronsjusteàlamaison,s'ilteplaît.»
«Tamèrenelepermettrapas,gronda-t-il.Elleaobtenuunordrederestriction.Cette
stupidesaloperefusequejetevoie.Elleditqu'ellevaobtenirtagardeexclusiveaprès
ledivorce.Maisçanerisquepasd'arriver.Jevaism'enassurer.»
«Monsieur,s'ilvousplaît,écoutezvotrefille,luiditRachelavecuntonapaisant.Vous
nepourrezplusjamaislavoirsivousêtesenfermédansunecelluledeprisonet,si
quelqu'unestblesséaujourd'hui,ilvousenfermerapendantunlongmoment.»
Cesmotssemblaientl'avoirencoreplusénervé.Ilavançacommes’ilallaitlafrapper
maisJenniferseglissadevantRachel,ouvrantsesbrasafindelaprotéger.Rachel
serraJennifercontreelle,puislafitpasserderrièreelle.
«Resteici,chérie,luimurmura-t-elle.Nebougepas.Nefaispasdebruitetlaisse-moi
luiparler.»
JennifergémitmaisfîtcequeRachelluiavaitdemandé.
«Commentvousappelezvous?»demandaRachel,commes’ilsavaientune
conversationordinaireouquec'étaitunparentprésentpourunrendez-vous.
Ilsemblaperduetréponditautomatiquement.
«Kent,KentWinstead»
«M.Winsteadvousavezunefilletrèsintelligente.Elleexcelledanstoutesles
matières.Jesuiscertainequevousdevezêtretrèsfierd'elle.»
Ilsembladéstabiliséparlatournurequ'avaitprislaconversation.
«Biensûrquejesuisfierd'elle.Elleahéritédemonintelligence.Samèreestaussi
bêtequesespieds.»
Derrièreelle,JenniferdéglutitdouloureusementetRacheleutd'autantplusmalpour
lajeunefille.
«Essayonsdetrouverunesolutionensemble,luiditRachelaveccalme.Dites-moice
quevousvoulez,afinquejepuissevousaider.Lesenfantsontpeur.Votrefilleest
terrifiée.Jesuiscertainequeladernièrechosequevoussouhaitiezc'estd'effrayerles
élèves.»
Ilsemblapartagé,quandilregardalesélèvesrecroquevilléssousleurbureau,la
plupartd'entreeuxaveclevisageravagésparleslarmes.
«Jeneveuxpasleurfairepeur,marmonna-t-il.Maisjefaiscequej'aiàfaire.»
«Estqu'est-cequec'estexactement?»demanda-t-elle.
Sessourcilsserapprochèrent,commesi’iln'avaitpasvraimentdeplanetc'étaitle
cas,iln'avaitpasvraimentdeplanprédéterminé.Ilagissaitendésespoirdecauseet
maintenantilavaitruinétoutesseschancesd'êtreavecsafille.Ellen'allaitcependant
pasluidireçamaintenant.Celaneferaitquelepousseràbout.
«Jeveuxquevousappeliezlapolice»dit-ilfermement.
Elleacquiesça.
«Jepeuxfaireça.Vousmepermettezd'allercherchermontéléphone?Jevousjure
quejenesuispasarmée.Ilsn’autorisentpaslesarmesauseindel'école.»
Illevasonarmeetlapointasurelle,puisilacquiesça.
«Prenezletéléphonemaisn'appelezpersonnepourl'instant.Jedoisvousdireceque
vousallezdire.N'essayezpasdefairequoiquecesoitdestupide.Jeneveuxpas
blesserquiquecesoit,maisjeleferaisivousm'yobligez.»
«Nousvoulonstouslesdeuxlamêmechose,M.Winstead.Jepeuxvousassurezque
vousavezmonentièrecoopération.»
Elleatteignitdoucementsonsac,s'assurantqu'ilpuissevoirconstammentlecontenu
desonsacalorsqu'elleprenaitsontéléphoneportable.Ellelesortitetlepritdansses
mains,defaçonàcequ'ilpuisselevoir,puiselleleregarda,attendantqu'illuidise
quoifaire.
«Qu'est-cequevousaimeriezquejediseàlapolice?»
Ilsegrattalementonaveclamainquinetenaitpaslepistolet,toutenlaregardant.
Celaluifaisaitpeurdevoirlamaindel'hommetrembleraussifort.Ilmarchaità
l'adrénalineetunseulmouvementpouvaitlaconduireàlamort.Etàlamortdeces
précieuxbébés.Elleavaladouloureusementsasalive,refusantdecéderàlapanique.
Elleavaitvéculepireetelleavaitsurvécu.Ellesurvivraitaussiàça.Sesbébés
comptaientsurelle.Ethancomptaitsurelle.Ellenelelaisserapasaffrontersamortà
nouveau.
«S'ilvousplaît,pouvez-vousbaissercerevolver»dit-elle,l'autorisantàentendrele
tremblementdanssavoix.«Jen'arrivepasàréfléchirquandtoutceàquoijepense
c'estquej'aipeurquevousmetiriezdessus.Abaissezjustelerevolver,jeferaitout
cequevousvoulez.»
Ilétaitrongéparl'indécision.JennifercommençaàbougermaisRachell'enempêcha,
lareplaçantderrièreelle.Finalementilabaissalerevolver,maisillegardadanssa
main.Illepointaendirectiondumurlepluséloignépuisillaregardadurement.
«Vousallezleurdirequejeveuxqu'ilsannulentl'ordrederestrictionetquejeveux
pouvoirvoirmafille.Etjeveuxquemafemmenousrejoignepourqu'ellevoieàquel
pointjesuissérieux.Siellen'arrivepasrapidement,jecommenceraiàtirer.»
Rachelfitdéfilersescontactsdanssontéléphoneàlahâte,puisappuyarapidement
surlenumérodeSean,priantpourqu'ilsoitenservice.Elleprenaitunrisque
considérableenn'appelantpaslapolicemaisellefaisaitconfianceàSeanetilmettrait
Ethanetsesfrèresaucourantdelasituation.Quandçacommençaàsonner,elle
portaletéléphoneàsonoreille,toutenmaintenantlecontactvisuelaveclepèrede
Jenniferafind'êtreprêteàtoutchangementsoudainquiarriverait.
«Racheljesuisraviquetum'appelles.Commentvas-tu,mabelle?»
LavoixencourageantedeSeancalmaimmédiatementunpeudelaterreurqu'elle
ressentait.
«Ici,RachelKelly»commença-t-ellecommesielleneconnaissaitpasSeanetqu'elle
appelaitunemployéquelconque.«KentWinsteadestici,dansmasalledeclasse,
avecunearmeetiladesexigences.Sisesexigencesnesontpasrespectées,ilva
commenceràtirersurlesélèves.»
Dessanglotsdeterreurémanèrentdesenfantsallongéssousleurbureau.Seanse
mitimmédiatementenétatd'alerte.
«Réponds-moisimplementparouiounon,Rachel.Es-tusurhaut-parleur?»
«Non.»
«Ok,jevaisdiffusertonappelauniveaulocaletauniveaududépartement.Sais-tu
s’ilyadéjàdesagentsdepoliceprésents?»
«Oui.»
«D'accord,resteavecmoi.Dis-moiquellessontsesexigences.Essayonsdele
calmer.Onvatesortirdelà,trésor.»
Kentcommençaitdéjààs'impatienter,unregardnoirassombrissaitdéjàsonvisage.
Ilresserrasaprisesurlepistolet,doncelleannonçarapidementlesdemandesqu'illui
avaitdictées.Kentserelaxaunpeuquandill'entenditréciterlalistedesesexigences.
«Onmemetencontactaveclapersonneenchargesurplace,luiditSean.J'ai
transmistoutcequetuviensdemedire.J'aibesoinquetulefassesparler.Lance-lui
unosetdemande-luilenumérodesafemmeafinquenouspuissionslajoindre.»
RachelenlevaletéléphonedesonoreilleetregardaKent.
«Ilsontbesoindunumérodetéléphonedevotrefemme,afindel'appeler.Ilsvontle
faireimmédiatement.»
«C'estbien,c'estvraimentbien,putain,ditKent,toutenhochantlatête.Faisonsvoir
àcettesalopecequ'elleaprovoqué.Ellevareveniràgenouxmaisjeneveuxplusde
sonculdésormais.»
«Lenuméro»luidemandaRacheldoucement.
Lorsqu'ilrécitalenuméro,RachellerépétaàSean.
«Ok,continuepourmoi,mapuce.Essayedelegardercalme.UneéquipeduSWAT
semetenpositionaumomentmêmeoùnousparlons.MoncontactaappeléSamet
l'amisaucourantdelasituation.Faisluisavoirquenousappelonssafemme
maintenant.»
«Ilssontentraindel'appeler»ditRachelàKent.
Ilhochalatêteensignedesatisfaction,puisilregardaverslafenêtreenfronçantles
sourcils.Commes’ilavaitcomprisqu'ilsemettaitendanger,iltraversalapièceetse
mitdansuncoinoùilnepouvaitpasêtreatteintdepuislafenêtre.Ilsepositionnaentre
deuxétagères,maisgardalepistoletpointéversRachel.
«Papa,s'ilteplaît,nefaispasça,lesuppliaJennifer.Jeneveuxpasqu'ilst’emmènent
loindemoi.Ilsvonttemettreenprisonetjenetereverraiplusjamais.»
RachelsecouaJennifer,enespérantqu'ellecomprennequ'ilfallaitqu'ellesetaise.
RappeleràKentl'erreurqu'ilétaitentraindefaireneferaitqu'accroîtresonagitation,
etcelapouvaitlepousseràfairequelquechosedestupide.
Lespersonnesdésespéréesfaisaientdeschosesdésespérées.
LevisagedeKentsedurcit.«Jenevaisnullepart,sicen'estàlamaisonavectoi.
C'esttastupidedemèrequivas'enallerloin.»
JennifercommençaàsangloterdoucementetenfouitsatêtedansledosdeRachel.
«Qu'est-cequiprendautantdetemps?demandaKent.«Qu'est-cequ'ilsfont?Faites
leurssavoirques'ilsessayentdesemoquerdemoi,jecommenceàtirer.S’ilspensent
quejeneleferaipas,qu'ilsessayent.»
Sansavertissement,ilpointal'armeverslehautettira.Lapièceexplosaetlebruitse
répercutasurlesmurs.Duplâtrevoladanslasalle.Descriss'élevèrentetlapanique
s'ensuivit.
«Rachel!Rachel!Putaindemerde,Rachel,estcequetueslà?Parle-moi!Dis-moi
cequisepasse.
Rachels'étaitimmédiatementaccroupie,couvrantlecorpsdeJenniferdusien.Elles
seblottirenttouteslesdeuxderrièrelebureauetRachelsortitsamainafind'essayer
decalmerlesautresélèves.
«Restezoùvousêtes,murmura-t-elleavecempressement.Nebougezpasetrestez
calme.Neditespasunmot.Nefaitesrienpourattirerl'attentionsurvous.»
«Rachel!»rugitSean.
Ellereplaçaletéléphoneàsonoreille.
«Jesuisl-là.»
«Est-cequetuvasbien?,luidemanda-t-il.Qu'est-cequivientdesepasser,putain?»
«C'étaitjusteunavertissement,balbutiaRachel.Ilveutsavoircequisepasseet
pourquoiçaprendautantdetemps.»
«Ouais,c'estça,grondaKent.Ditesàcesbâtardsqu'ilsferaientmieuxpasd'essayer
demebaiseretdem'énerver.»
«Dépêche-toiSean,murmura-t-elle.Ilesttrèsinstable.»
«Dis-luiquenousavonssafemmeautéléphoneetqu'elleestd'accordpourvenir
jusqu'ici.Çavaluiprendreaumoinsvingtminutes.»
Quandelletransmitl'informationàKent,seslèvressecrispèrent.
«Jesaisparfaitementqueçaprendàpeinequinzeminutespourvenirjusqu'icietelle
feraitmieuxd'êtrelàdanscelapsdetemps.»
«Quinzeminutes,ditRachelfaiblement.Illuidonnequinzeminutes.»
«Raccrochez,criaKent.Vousêtesrestéeassezlongtempsenlignecommeça.Vous
luiavezditcequejevoulais.Maintenantnousallonsvoirs’ilvamel'apporter.»
Sansriendire,elleraccrocha,nevoulantpasl'énerverenendisantplus.Àprésent,
Seandevaitavoirunebonneidéedelamenaceàlaquelleellefaisaitfaceavecses
élèves.Ellen'avaitplusqu'àprierpourquelapolicesoitenmesured'apporterune
solutionàlasituationetqu'aucundesélèvesnesoitblessépendantl'opération.
Chapitre10
Ethan,Donovan,SametGarrettsetenaientlà,regardantlanouvelleéquipecomposée
deNathan,Joe,Swanny,SkylaretEdgetandisqu’ilsserendaientàleurmanœuvre
surlechampdetir.
SkylaretJoeétaienttousdeuxremarquablesetlescandidatslesplussérieuxpour
êtrelestireursd’élitedel’équipe.Edgeétaitungrosfilsdeputeetbienqu’iltirebien,
saspécialitéétaitmanifestementlecombataucorpsàcorps.C’étaitunancien
combattantduMMA(ArtsMartiauxMixtes)etlaforcebruteétaitsonpointfort.Diable,
ilressemblaitsimplementàunépouvantablesalopard.Maisilavaitaussiunehistoire
dansl’arméeetilétaitdisciplinéetextrêmementconcentré.Unetrèssoliderecrue
pourleKGI.
Samsaisitsontéléphone,regardal’écranpuisleportaàsonoreille.
«Hey,Sean,quoideneuf?Tudeviensgrosetparesseuxdanstonbureaupeinard?»
L’expressiondeSampassadelaplaisanterieausérieuxendeuxsecondes.
«Oh,merde.Fais-moiuntopo.»
Ethan,DonovanetGarrettoublièrentimmédiatementcequelesautresétaiententrain
defairepourfocalisertouteleurattentionsurSam.
«Filsdepute,juracedernier.Tutefousdemagueule!Est-cequ’ellevabien?Qu’est
cequisepasse?Est-cequelesSWATsontsurlecoup?»
Uneviveinquiétuderemontalelongdelacolonnevertébraled’Ethan.Cedevaitêtre
liéàlafamillepourqueSeanappelleetpourqueSamsoitaussiénervé.Etunebonne
partiedelafamilleétaitréunielà.SaufRachel.MaisRachelétaitàl’école.Celane
devaitpasêtreenrapportavecelle.
Etpuis,SamjetaunregardàEthan,l’airlugubreetl’estomacd’Ethans’effondra.
«Rachel»dit-ilàvoixbasse.
Ethanenoubliaderespirer.Ils’approchadeSam,sepenchantauplusprèspour
écoutertoutcequeSeandisait.Iln’entendaitquedesfragments,carSamavaitce
maudittéléphonecolléàsonoreillemaiscequ’ilentenditleglaçajusqu’auxos.
UnhommearméretenaitlaclassedeRachelenotage.Ilétaittrèsinstable.Menaçait
detirer,sisesdemandesn’étaientpasentendues.Undélaidequinzeminutes.Putain
demerde.Celaleurprendraitaumoinsvingtminutespourarriverjusqu’àl’écoleet
toutcelaensemagnantleculetenpulvérisanttouslesrecordsdevitesse.
EthansetournaversDonovan.
«Van,tupeuxpréparerl’hélicoptèrerapidement?Onpourrafaireletrajetendix
minutes,sionsemagnelesfesses.»
Samraccrochamaisilcourraitdéjàendirectiondunouvelhéliport.
«Appellelesautres.Jeveuxtousleshommesqu’onasurcecoup»criaSam.
Nathan,Joeetlerestedeleuréquipesemirentenmouvementsanshésitationet
coururentlesunsderrièrelesautresversl’hélicoptère.
Donovansautadanslecockpitetcommençaàactionnerlesboutonspourdémarrer
lesmoteurs.
«Qu’est-cequisepasse,bordel?»demandaGarrett.
Lesautress’étaiententassésdansl’hélicoetsepenchaientpourentendrecequeSam
avaitàdire.
«Unfilsdepute,lepèred’undesélèvesdeRachel,adesproblèmesdomestiques.
Safemmeaobtenuunordrederestrictionetveutlagardeexclusivedanslaprocédure
dedivorce.Lemariapétéuncâbleetafaitirruptiondanslaclassedesagosseen
brandissantunearmeetmaintenant,ilmenacedetirersisesexigencesnesontpas
accordées.»
«Etquellessontsesdemandes?»soufflaEthan.
«Ilveutquel’ordrederestrictionsoitannulé,grognaSam.Peudechancequecela
arrive.Ilveutlagardedesafille.Ouais,commesicelapouvaitarriver.Etilveutque
safemmesoitàl’écoledansquinzeminutes,cequinepeutêtreunebonnechose.
Mêmes’ildécidedetoutarrêteretdenepasdescendrelesgosses,tusaisqu’ilfinira
parlatuerelle.»
«Est-cequeSeant’aditsiRachelvabien?»demandaEthan,lapeurlefaisant
presquetrembler.
«Elleestterrifiée,maisSeanditqu’ellefaitunbonboulotpourfairegardersoncalme
augars.Ellecoopèrecomplètement,elleessaiedel’apaiser.ElleaappeléSeanau
lieudu911.»
«C’estnotrenana,ditGarrett,delafiertédanslavoix.Elleestfutéeetc’estune
battante.Jepariesurelle.»
Ethansefrottalefrontd’unairfatigué.Iln’avaitjamaisétéaussiterrifiédetoutesa
vie.«Lesgars,vousnecomprenezpas.»
Nathanluijetaunregardaigu.
«Qu’est-cequenousnecomprenonspas?»
Ethanpritunegrandeinspiration.
«Elleest…enceinte.Onvaavoirdesjumeaux.Onvientjustedel’apprendre.Ce
stressnepeutpasêtrebon,mêmesiellen’estpasblessée.»
Lesautressemblaientébahis.
«Félicitations,ditSamd’unairsombre.Maispourlemoment,jepréfèrelaramener
enunseulmorceauetfaireunefêtedutonnerreplustard.»
Ethanhochalatête,approbateur.
«Jenepeuxpaslaperdre.Jenepeuxpaslesperdre.»dit-ilavecuncalme
désespéré.
Ohmondieu,ilavaitdéjàeuplusdechancequequiconqueeutpuespérerenl’ayant
miraculeusementramenéeauprèsdelui,alorsqu’ilpensaitqu’elleétaitmortedepuis
unan.Était-ilcondamnéàlaperdredetoutefaçon?
Garrettposalamainsursonépaule.
«Tunevaspaslaperdre.Onvayalleretbotterdesculs.Ons’enfoutdelapolice?
Onvamettrecesalaudhorsd’étatdenuireetensuite,toutlemonderetourneraauprès
desesparentsetRachelrentreraavecnous,àlamaison.»
EthanfrappasonpoingcontreceluideGarrettetmurmuraun«hooyah».Garrett
rouladesyeux.«C’estjusteparcequecelaconcerneRachelquejetelaissefaire
cetteconneriedelaNavy.»
L’hélicoptèreseposaauxabordsdel’écoleetSamétaitdéjàautéléphoneavecSean
quisetrouvaitsurleslieux.
«Onarrive,ditSamd’unevoixdure.Assure-toiquepersonnenenousfassede
problème.»
Ethanavaitlecœurauborddeslèvres.DessouvenirsdesesmomentsavecRachel,
depuissonretour,sejouaientencoreetencoredanssatête.
L’imagedecesdeuxamasfloussurlemoniteur,quipulsaient,indiquantlavieetle
regarddejoieincroyablesurlevisagedeRachel,tandisqu’ilsréalisaientcequeces
deuxformesreprésentaient.
IlnepouvaitperdreRachelouleursbébés.Ils’étaitbattutropardemmentpour
retrouversavie.Ilnelaisseraitpastoutpartirmaintenant.
Ilscoururentlelongduparkingpavésituéaucentredel’écoleexactementdix-huit
minutesaprèslepremierappeldeSean.
«Aurapport!aboyaSam.Oùensommes-nousdudélai?»
SeanparutsoulagédevoirSam,maisilindiquad’ungestelechefdelapoliceetle
shérif.Seann’étaitpasenchargedelasituation,mêmes’ilenétaitlapersonnede
contact.
«Jenousaieuunpetitdélaidequelquesminutesenluidisantquesafemmeétait
presquelà.Elleesticimaisdansunepeurterribleetellevapaniquersionlalaisseau
téléphoneaveclui.»ditSean.
«EtRachel?»demandaEthan.
«Ellevabien,réponditrapidementSean.Effrayéemaiselleestcalmeetelleprotège
lesenfantsférocement.»
Lepoulsd’Ethanmartelaitsifortqu’ilrésonnaitdanssatête.Dansunmoment
d’égoïsme,ilnevoulutpasqueRachelmaintiennelasécuritédecesenfants,maisil
savaitaussiexactementcequ’elleferait.Ilsesentaitsifieretenmêmetempssi
maladed’angoisse.
Lechefdelapolice,leshérif,unlieutenantdespoliciersd’Étatetlecommandantdes
SWATsedirigèrentversSametletondelaconversationmontaenintensitéeten
tonalité.Ethantentadeseconcentrersurcequisedisait,quelétaitlepland’action,
maissonregardseportaitsanscesseverslebâtimentdel’écoleetilimaginaitRachel
ettouslesenfants,là,àl’intérieur,terrifiés,craignantdemourir.
CommentRacheldevait-ellesesentir,defairefaceànouveauàlamort,sitôt?Après
avoirobtenularéalisationdeleurplusgrandsouhait.Lagrâcenonpasd’un,maisde
deuxprécieuxbébés.Ilsavaitcombienelleétaitnerveuseeteffrayéeàl’idéed’une
nouvellefaussecouche,combienellesouhaitaitnepasavoirdetropgrandsespoirs.
Mêmesielleparvenaitàsortirindemnedecettehistoire,lestresspourrait-ilcauserla
pertedeleursenfants?
Sonregards’égaraau-delàdel’espacenondélimité,oùlesautresétudiantsavaient
étéregroupésverslesbusetcontinuaienttoujoursdemonterdansceux-cipourêtre
conduitsensureté.Ilyavaitunefouledemédiasetdeparentshystériquesquiétaient
contenusparuneligneentièred’officiersdepolice.
C’étaitlechaos.
Riendececin’étaitjamaisarrivédansleurpetiteville.Toutlemondepensaitquecela
nepourraitjamaisarriver.Ilsétaientintouchables.Encoreinnocentsdetoutesles
mauvaiseschosesquipouvaitarriverdanslemonde,autourd’eux.
Maisaujourd’hui,laréalitélesavaitrattrapés.
C’étaituneréalitédontEthan,sesfrèresettousleurséquipiersétaientbieninformés.
Ilsdevaientgérerdetellessituationschaquejour.
Laplupartdesmissionsn’étaientpaspersonnelles,cependant,bienqueSameut
réponduqu’ellesl’étaienttoutes,maisquecelle-cil’étaitunpeuplusquelesautres.
Maislaplupartconcernaitdesgensquilesavaientengagés.Oudesgensrecherchés
parlegouvernement.
Cetteaffaireconcernaitsafemme.Lafemmedontilaimaitchaquesouffle.Leursdeux
enfantsànaître.SinouveauxpourEthan,maisdéjàtantaimésetadorés.
IlsesentitportéverscesfragilesviesblottiesdansleventredeRachel.Ilétaitunpère.
Faisantlesermentdeprotégersafamille.
IlsetournaversSam.
«Donne-nouslesplansdubâtiment.Nouspouvonsentrerparlesconduitsd’aération.
Sinoussommessilencieux,ilnesaurajamaisquenoussommeslà.Ilsaitquela
police,leSWATettouteslesforcesdepoliceàcentkilomètresàlarondesontlàou
enroute.Maisilnes’attendpasànous.Onentre,onjetteunœildeplusprêtpourvoir
àquois’attendre,onentreetonneutraliselacible.»
«Vousneprenezaucunedécisionici»haletalechefdelapolice.
Ethansetrouvafaceàfaceavecl’hommeavantqueGarretteutpuleretenir.
«C’estmafemmequiestàl’intérieur,grogna-t-il.C’estcequenousfaisons.C’estce
quenoussommes.Jenemettraisavieentrelesmainsdepersonne.Mesfrèreset
moiallonsyaller.Personned’autre.»
«Est-cequevousvousrendezcomptedelapublicitécauchemardesquequecelava
être?demandaleshérif.J’aibeaucoupderespectpourleKGI,maisilyatropde
responsabilitélà.Vousfoirezça,etnousseronscataloguéscommeayantlaissé
intervenirungroupespécialnonrépertoriéaulieudesSWAToudelapolicelocaleet
ayantlaissémourirunenfant.Jesuisdésolé,Ethan,maisjenepeuxpermettrecela.»
«Monsieur,ilrappelle,l’interrompitSean.Nousn’allonspaspouvoirlemaintenirainsi
trèslongtemps.Nousdevonsagir!Maintenant.»
Unesériedejuronsfenditlesairs.
SeansaisitletéléphoneetEthanregardadésespérémentsesfrères.
«Tonplanestbon,ditSamàvoixbasse.Onvaentrerparlesconduitsdugymnase.
D’aprèsleschémaqu’ilsontfait,cen’estpasloindelaclassedeRachel.Maiscen’est
passuffisammentprèspourqu’ilsachecequisetrame.»
«M.Winstead,s’ilvousplait,calmez-vous,justeuneminute.Nousfaisonstoutce
quenouspouvonspourfairevenirvotrefemmecommevousledemandez.J’aimême
appelépersonnellementlejugequiasignél’ordrederestriction.»
EthanécoutaittandisquelavoixdeSeandevenaitplustroublée.Ilnepouvaitentendre
cequel’autredisaitmaisàenjugerl’agitationcroissantedeSean,celanepouvaitêtre
bon.
Lesonlointaind’unedétonationetensuitedeshurlementsrésonnèrentbruyamment
danslesairs,par-delàleparking,lafouleassembléeetletéléphone.
Seandevintpâleetrecomposalenuméro.
«Ilaraccroché,expliquaSean.J’essaiedeleravoiroud’avoirRachel.Bordel!»
Samsaisitlachemiseduchefdelapolice,sespoingsseresserrantennœuds
compactstandisqu’ilapprochaitsafiguredel’autre.
«Nousentrons.Arrêteznousplustard.J’enairienàfoutre.Maisnousallonsentrer
etmettrecegarsàterre.»
Chapitre11
Rachelétaitaccroupiecontresonbureau,tirantJenniferàsescôtés.Duverreavait
volépartout.L’imbécileavaitvisélafenêtre.Etsisontiravaitétéunpeuplusbas,il
auraitpuaisémenttuerundesenfants.Tellequ’étaitlasituation,ilpouvaityavoirune
chancequ’ilaittouchéquelqu’unàl’extérieurdel’école.
«M.Winstead,s’ilvousplait,implora-t-elle.S’ilvousplait,écoutez-moi.Jecomprends
combienvousêtesblessé.Jedétesterail’idéed’êtreséparéedemonenfantmaiscela
n’aideenrienvotrecas.Vousdevezm’écouteravantqu’ilnesoittroptard.»
«Levez-vousquejepuissevousvoir,aboya-t-il.Etlaissezmafilleausol.Vouslui
avezditderesterallongée.»
«Resteallongée,murmura-t-elleavecforceàJennifer.Tudoisfairecequ’ildit?Ne
faisrienounedisriendeblessantpourlui.Turestesallongéeethorsdeportéepour
nepasêtreblessée.»
AprèsqueJennifereutacquiescé,sesgrandsyeuximmensestournésverselle,
Rachelselevalentement,sonsouffles’échappantdesapoitrineenunerespiration
saccadée.
Ellefitfaceautireur,priantpouravoirlecouragedetenirbonquoiqu’ilpuissearriver.
«Quesavez-vousdecequejeressens?demanda-t-ilsuruntonbelliqueux.Avez-
vousdesenfants?Jenniferaditquevousn’enavezpas.»
Letéléphonesonnaànouveau.Ilyavaitdéjàeuunesériededeuxappelsavantde
tombersurlamessagerie.Lasonnerieétaitbruyantedanslapetitepièceetsemblait
perçante.
Ilpritunairrenfrognéetmontral’appareilavecsonarme.
«Éteignezça.Nelerallumezpasavantquejevousledise.Compris?»
Elles’exécutarapidement,tenantl’appareilenl’airpourqu’ilpuissevoirl’écranéteint.
Illuiindiquad’ungestedeleposersurlebureau,puisilserraseslèvres.
«Répondezàmaquestion.Avez-vousdesenfants?»
«Pasencore,réponditdoucementRachel.Espérantdepascommettreunegrave
erreur,ellereprit:«Maisjesuisenceinte.Dejumeaux.Jel’aisucettesemaine.Mon
marietmoivoulonsunefamilledepuissilongtemps.»
Pendantuninstant,l’expressiondutireurs’adoucitetpuis,commes’ilsesouvenaitde
laraisondesaprésence,illevasonarmeetl’agita,l’airmenaçant.
«Vousmentez.Vousessayezd’entrerdansmatête!»
Rachelsecoualatête,maisn’essayapasdeleconvaincreducontraire.Lesémotions
del’hommeétaientdéjàhorsdecontrôle.
«Vousprenezletéléphoneetvousditesauxflicsquejevaiscommenceràtirersur
lesgosses,s’ilsnecommencentpasàmeprendreausérieux.J’enaimarred’être
baladé.»
Dessanglotss’élevèrent.Unedesfillescommençaàcrier,uncriaigu,perçant,
hystériquequisemblaitcruetterrifiant.Celafitremonteruncourantglaciallelongde
lacolonnevertébraledeRacheletletireursetournaversl’adolescente.
«Ferme-la!Arrêtecebruit!»
Jennifersurgithorsdubureauetcourutendirectiondelafillequicriait.Ellefitfaceà
sonpère,laminedéfiante,lesyeuxbrillantsdecolère.
«Arrêtepapa!Elleestmonamie.Elleapeur.J’aipeur.Pourquoifais-tucela?Je
veuxjusterentreràlamaison.Nousvoulonstousrentreràlamaison.»
LepèredeJenniferparutdéchiré.Uneindécisionclairepassasursonvisageetl’arme
s’abaissauninstant.IlregardaversRachelcommes’iln’avaitaucuneidéedecequ’il
fallaitfaire.Rachelréalisaalorsqu’ilregrettaitsonactedésespéré,maisqu’ilnevoyait
plusaucuneissue.Ilétaitpiégédansuncauchemarqu’ilavaitcréé.
Réfléchissantrapidement,ellefitunpasenavantpourattirersonattentionsurelleet
nonsurlesfilles.
«M.Winstead,j’aiuneidée»dit-ellerapidement.
Ilsaisitimmédiatementl’opportunité.
«Quoi?Dites-moi».
«Laissez-moirappelerlapolicepourleurdirequevousallezlaisserlesenfants
partir.»
Sonvisages’assombrit.
«Vousêtesfolle?Etperdremamonnaied’échange?»
Rachelsecouarésolumentlatête.
«Écoutez-moiattentivement.Nousappelleronscelaunactedebonnevolonté.Cela
leurmontreraquevouspouvezêtreraisonnable.Jeleurdiraiquevouslaissezles
enfantspartirparcequevousneleurvoulezpasdemal.Vouspouvezmegarderen
otage.Jesuisenceintedejumeaux,M.Winstead.Jesuisl’otageparfaite.Ilsnevont
pasvouloirmerderaveccela.Lesmédiasvontcouvrirl’affaire.Unefemmeenceinte
priseenotageestunsujetsensationnelpoureux.»
Ilparaissaitconfus.
«Celanevapasmarcher.Celanemarchejamais.»
«Vousaureztoujoursunotage,fitgentimentremarquerRachel.Maisvousleurferez
aussicomprendrequevousnevoulezpasblesserlesenfants.Pourlemoment,ils
pensentseulementqueleseulmoyendesauverlesotages,c’estd’entrerdeforceici
etdevoustuer.»
C’étaitunevraiegageuredelefairesesentirmenacémaisilétaiteffrayéetnerveux,
etelleespéraitquedesavoirqu’ilpouvaitvraimentmourirluidonneraitlavolontéde
fairelepremierpas.
«Jenniferreste,ditrésolumentl’hommearmé.Jenelalaissepasretournerauprèsde
samère.CettesalopestupideprendraitJenniferets’enfuiraitavec.Ellen’enaurait
rienàfairedevousoudepersonned’autre.Ellenepensequ’àelle.»
Rachelcroisaleregarddelajeunefilleetàsagrandesurprise,Jenniferacquiesça.
«Jeresterai»dit-elled’untoncalmeettendu.Savoixtremblaitunpeumaisellese
redressaaveccranetfixasonregarddansceluidesonpère.
«Situlaisseslesautrespartir,jeresteraiavectoietMmeKelly.»
Rachelleregarda,retenantsarespiration,chaquepartiedesoncorpstenduedans
l’anticipationdecettegrandevictoire.Lesenfantslesregardaientavecanxiété,le
visagepleind’espoir.Lapièceentièreétaitsilencieuse.
Letireurparutréfléchirunlongmomentetfinalement,setournaversRachel.
«Faites-le.Prenezletéléphoneetappelez-les.Dites-leursquejevaislaisserpartirles
enfantsmaisque,s’ilsnemedonnentpascequejedemande,jevaisvoustuer.»
LamaindeRacheltremblalorsqu’ellepritletéléphone.Letempsqu’ilserallumeet
trouveunsignalparutinterminable.Finalement,lesindicateurssecalèrentetellereprit
lenumérodeSeandanslalistedesappelsrécents.
«Rachel?,réponditaussitôtSean,àlapremièresonnerie.Dis-moicequisepasse.
Tuvasbien?»
«Jevaisbien»,ditcalmementRachel.Écoute-moi.C’esttrèsimportant.M.Winstead
valaisserlesenfantspartir.»
«Quoi?Commentdiableas-turéussiàluifaireacceptercela?Quesepasse-t-il
Rachel?»
«Ilvamegarderenotage.Etsafillevaaussiresteraveclui.»
ElleprenaitgardeànepasénerverlepèredeJenniferensuggérantquesafilleétait
elleaussiunotage.Mêmesielleétaitexactementcela.Danssonpropreraisonnement
tordu,ilprenaitgrandsoindesafilleetsicetamourétaitremisencause,quipouvait
direcommentilréagirait?Àceniveaudelanégociation,Racheln’allaitpasmettreen
périllalibérationdesélèves.Ellevoulaitjustequecelasefasseleplusrapidement
possible.
«Ohbordel,Rachel,non!Tunepeuxpasresteraveclui.Dis-luiquetudoissortirtoi
aussi.»
«Jesuissonotage,etilrelâchelesétudiants»dit-elle,soulignantlefaitquetousles
étudiantsallaientêtrelibérés.«Enéchange,commeactedebonnefoi,ilveutqueses
demandessoientimmédiatementaccordées.Sicen’estpaslecas,ilmetuera.»
Seanjuradoucement.
«Jenesaispascommenttuasréussiàluifairefairecela,moncœur,maisonvale
faire.Dis-luiqu’onaccepteledeal.Jevaisapporterlesdocumentsdujugeetluifaire
signer.Safemmeestlà,maisonlagardesousprotectionparcequ’ondiraitbienqu’il
latueradèsqu’ilposeralesyeuxsurelle.»
Rachelétaitd’accordmaisellegardalesilence.
«Ethanestlà,ditSeandansunmurmure.Tiensbon,chérie,ilsvontvoussortirde
là.»
Encouragéeparl’idéequ’Ethanetsesfrèresétaientsurlecoup,ellebaissale
téléphoneetregardaM.Winstead.
«Ilssontd’accordpourvousdonnerlesdocumentslégauxsignésdujugequiavait
ordonnél’actederestriction,etvotrefemmeestlàaussi.Laissezlesenfantspartiret
ilsvousparlerontalorspourfairelesarrangements.»
Unefoisdeplus,elleretintsonsouffle.Ilrestasilencieuxpendantcequisemblaêtre
uneéternitéafindeprendresadécision.IlregardasafillepuisdenouveauRachel.Il
levasonarmeverselleunenouvellefois,samainplusferme,commesiavecletemps
quipassait,ilsesentaitdeplusenplusenconfianceaveccettearme.
IlindiquaducanonlaportepuisRachel.
«Emmenez-lesàlaporte.Uneseulerangée.Alignez-les.Jevaisouvrirlaporteetles
laissersortir.Quandledernierseradehors,fermezlaporteetvousetJenniferresterez
avecmoi.»
PuisilindiquaàJenniferdesetenirprèsdeRachel.
Lajeunefemmeacquiesçarapidement.
«Laissez-moilesmettreenlignemaisjeresteraienarrière.Jelepromets.Jepeuxle
faireenrestantaufonddelapièce.Puis-jeappelerlapolicepourqu’ellesacheque
lesenfantsarriventetquepersonnenesoitblessé?»
Àcontrecœur,letireurdonnasonaccordetRacheltournasonattentionsurlesélèves
terrifiés.
«Écoutez-moi,lesgarçonsetlesfilles,jeveuxquevousvousmettiezenuneseule
ligne.Nepoussezpas.J’aibesoinquevousrestiezcalmes.Alignez-vousrapidement.
Unefoisquevousaurezatteintlaporte,suivezlarampequimèneàlasortiedebus.
Quelqu’unvousattendralà-basetvousdiraoùaller.Vouscomprenez?»
Ilyeutunbruitterribletandisquelesbureauxétaientdégagésetquelesenfants
formaientrapidementlaligne.
RachelsaisitletéléphoneetappelaSean.
«Parle-moi,Rachel.Quesepasse-t-il?»demanda-t-il.
«Ilssortent.»répondit-ellecalmement.EllehochalatêteversM.Winstead.
Ilpointasonarmefermementverselle,tandisqu’ilouvraitlaporte.Ellesuivitlaligne
jusqu’àsonbureau,sepositionnantentreJenniferetsonpère.
«Allez-ymaintenant,dit-elleauxenfants,toutenmaintenantlalignedetéléphone.
Quelqu’unvousattendàlasortiedesbus.»
«Tuasréussi,ditSean.Nousavonsdesofficiersquivontlesconduireensécurité.
Tuesincroyable,Rachel.Nebougepas,moncœur.»
Rachelraccrochapournepass’attirerlacolèredutireuretregardalesderniersenfants
quitterprécipitammentlaclasse.
Quandledernierd’entreeuxeutpassélaporte,M.Winsteadlapoussafermement,
puissetournaversRachel.
Leplafondau-dessusd’euxexplosa,duplâtreleurtombasurlatête.Deshommes
sautèrentausol,formantunrempartentreelleetletireur.
L’expressiondel’hommepassaduchocinitialetdel’ébahissementàlafureurlorsqu’il
réalisacequisepassait.
«Tun’esqu’unesalope!Tuasmenti!»
Illevasonarmeet,àcetinstant,Ethanfitunpasdecôté,seplaçantdevantRachel,
etpritlaballeenpleinepoitrine.
Chapitre12
«Non!»hurlaRachel.
SametGarrettplongèrentensemblesurletireur,lefaisanttomberdurement.Jennifer
criaettentadecourirverssonpère,maisJoelarattrapaetpivotasurlui-même,la
tenantdetellesortequ’ellenepouvaitvoircequisepassait.
Rachelselaissatombersurlesol,dessanglotsmontantdanssagorgeetexplosant
avecrageetbrutalité.EllecouvritEthandesonproprecorps,luiintimantl’ordredese
réveiller,d’allerbien.
Ellepassafrénétiquementsesmainssursoncorps,àlarecherched’unesourcede
sangdontelleétaitsûrequ’ilétaitcouvert.Maissesmainsrevinrentpropres.
Laluttecontinuaitauprèsd’elle.LessanglotsdeJennifersejoignirentauxsiens.Puis
ilyeutunedoucecaressesursonépaule,lorsqueDonovanvintseplaceràsescôtés.
«Rachel,monange,toutestok.Toutvabien.Jetelepromets.»
«Non,pleura-t-elle,ilatirésurEthan.Ohmondieu,ilatirésurEthan.Aide-le,Van.
Jet’enprie.Nelelaissepasmourir.»EllesecouadenouveauEthan.«S’ilteplait,ne
meurspas,Ethan»supplia-t-elle.
S’ilteplait,nemeurspas.
Lespleursvenaientduplusprofonddesonâme.Ethanlaissaéchapperun
grognementbasetunevaguedesoulagement,sauvageetbrûlante,remontalelong
desesveines,larendantpluslégèreenmêmetemps.
Laportevolaetlapolicedéferladanslapièce.Ilyeutdesexclamations,des
demandesderéponses,d’informations.Toutcelasebrouilladansunesortedelitanie
démente.Ellesemoquaitdecequipouvaitencorearriver.Ellevoulaitseulement
qu’Ethansoitvivant.
«Rachel,moncœur,écoutemoi,ditcalmementDonovan.Ilportaitungiletpare-
balles.Ilaprislaballedanslapoitrine.Ilvabienaller.»
EllefixaDonovand’unairdeparfaiteincompréhension,sesyeuxetsonesprit
aveuglesàtout.PuiselleposaunregardconfussurEthandontlespaupières
papillonnèrentavantdes’ouvrircomplétementàcemomentprécis.
«Ungiletpare-balles?»répéta-t-elle.
Donovanouvritlemaillotdesonfrèreavecuncouteauetrepoussalesdeuxpanssur
lescôtés.Sesmainsglissèrentsurl’avantdelavesteenKevlaretilmontralaballe
logéeenpleinmilieu.
«Tuvois,dit-ilàRachel.Legiletafaitsonboulot.Ilvaêtrecontusionnéetilvaavoir
diablementmalquelquesjours,maisilvabien.»
EllejetasesbrasautourducoudeDonovanets’yaccrochaavecforce,tandisque
sessanglotssedéversaientenuneforcelibératriceetpuissante.
«Ohmondieu,j’aieusipeur»murmura-t-elle.
Donovanl’étreignitenretour,faisantcourirsamaindehautenbaslelongdesondos.
«Tuasétéunevraieguerrière,ditDonovan.Jesuistellementfierdetoi,Rachel.On
étaitdanslesconduitsplanifiantdenouslaissertombericietont’aentendunégocier
lalibérationdesenfants,alorsonaattenduqu’ilssoientsortisdelapièce.»
«M.Winstead?»demanda-t-elleaveccrainte,s’accrochanttoujoursàDonovan.
Ellenevoulaitpasseretourner.Nevoulaitpasvoircequiétaitarrivé.
«EtJennifer?»
«Ilssontentraind’emmenersonpèreetJoes’occupedelapetite»ditDonovanà
voixbasse.
Elles’affaissasurDonovan,maislesonleplusdouxqu’elleeutjamaisentenduprovint
desonépoux.
«Rachel?»
Elles’écartadeDonovanetpressasoncorpscontreceluid’Ethan,sonvisageau
mêmeniveauquelesien.
«Tuvasbien?As-tumalquelquepart?
«J’enairienàfairedemoi,dit-ild’untonbourru.Jeveuxjustesavoircommentvous
allez,toietlesbébés.»
Soncœurétaitsiemplid’amourqueRacheleutl’impressionqu’ilpourraitexploser.Le
soulagementl’avaitaffaiblieaupointqu’elles’effondrapresquesurlui.
Donovanl’attrapaparlesépaules,luiapportantlesoutiennécessairepourqu’elle
puisseseredresserau-dessusd’Ethan.Elleposalesyeuxsurlui,leslarmesrendant
sonregardbrillant.
«Nousallonsbien,touslestrois,murmura-t-elle,surtoutmaintenantquejesaisque
tuvasbien.Nemefaisplusjamaisaussipeur,Ethan.Mondieu,j’aicruquetuavais
étéabattu.Jenesavaispasquetuportaisungiletpare-balles.J’aicruquejet’avais
perdu.»
«Jamaisjenetelaisserairepartir,chuchota-t-il,vousêtescoincésavecmoi,lesbébés
ettoi.»
Deuxéquipesdesecourismeseprécipitèrentdanslapièce,décidésàs’occuper
séparémentd’EthanetdeRachel.Lorsqu’elleréalisaleurintention,elletournades
yeuxsuppliantsversDonovan.
«Neleslaissepasfaire.Jeneveuxpasêtreséparéed’Ethan.Ilabesoind’êtresoigné
maisjevaisbien.Jenesuispasblessée»
Donovanpritsonvisageencoupe.
«Fais-lepournous,d’accord?Onesttoussiinquietsàproposdustressetdela
grandepeurquecelapeutavoirengendré.Laisse-lesjustet’emmener,qu’ilsfassent
quelquestests.Tuserasàlamaisonenmoinsdetempsqu’iln’enfautpourledire.
Maissitun’yvaspas,alors,Ethanseracomplétementrevêcheetilrefuseratout
traitementparcequ’ilserainquietpourtoi.Onveutêtresûrqu’iln’aitpasdecôtes
cassées.»
«Jeneveuxpasyallerseule»confessa-t-elle.
«Jevaisyalleravectoi,petitpoisdesenteur»ditGarrettquiavaitrejointDonovan
aucôtéd’Ethan.
«Vaaveclui,l’incitacedernier.Garrettveillerasurtoipendantquejeseraisexaminé.
Mesfrèresn’aurontpasderepostantquenousn’auronsunbonbilandesanté.C’est
mieuxainsi,onentermineraplusvite.»
«Ilapprend.»grimaçaDonovan.
«JoeetNathanvontimmédiatementconduireJenniferauprèsdesamère»ditGarrett
àvoixbasse.
«Est-cequel’und’entrevouspeutlaconduiredanslehall?demandaunsecouriste.
Nousn’avonsqu’uneseulecivièreetonvaemmenersonmarienpremier.»
«Pasdeproblème.»réponditDonovan.Ilselevaetlapritdanssesbras.
Rachels’agrippaaucoudeDonovan,tandisqu’illaportaitdanslehalletl’installait
ensuitesurunbrancard.Ilarrangealedrapautourd’elleetelleleregardaavecsérieux.
«Nedisàpersonnequejesuisenceinte.Cen’estpasdecettefaçonqueFrancket
Marlenedoiventl’apprendre.»
Donovansouritetposaunbaisersursonfront.
«Net’inquiètepas.Noslèvressontscellées.Mais,félicitations,petitemaman,jesuis
sifierdetoietd’Ethan.»
Sonsourireétaitdouxetilyavaitbeaucoupd’émotiondanssesyeux.
«Tuasparcouruunlongchemin,RachelKelly.Jen’aijamaisdoutédetoi.»
«Putain!»ditGarretd’unevoixsourdeenvenantprèsdubrancard.
IlsepenchapourserrerlamaindeRachel.
«J’aiappeléSarahetlesautres.Jenevoulaispasqu’ilss’affolentous’inquiètent
quandilsapprendraientcequis’estpassé.Ilssontsurlechemindel’hôpital,donc
préparez-vousàl’arrivéedelafamilleaucomplet.Sophiearéunilestroupes.Ilsvont
probablementt’attraperlà-bas.»
Rachelsouritetserraenretourlamaindujeunehomme.Elleaimaitcettegrande
famille,bruyanteetbourdonnante,detoutesonâmeetdetoutsoncœur.Ellene
changeraitaucund’entreeux.
Biensûr,elles’inquiétaitchaquefoisqu’ilspartaientenmission.Ilyavaittoujoursune
peurraisonnablequel’und’entreeuxnereviennepas.EllepouvaitperdreEthanaprès
s’êtrebattuesifortpourluirevenir.
Maisilsétaientlesmeilleursdeshommes.Ilsavaientungrandsensdelafamilleetde
lajustice.Celanelasurprenaitpasqu’ilssoientceuxquiaientsurgiduplafondetmis
finàlaprised’otage.Elleauraitétéplussurprises’ilsn’avaientpasfaitpartiedela
mission.
Lesfrèresd’Ethanserassemblèrentautourdubrancard,demandanttoussielleallait
bien.
«Çava,insista-t-elle,justeunpeusecouée.S’ilvousplait,assurezqu’Ethanvabien.
C’estsurluiqu’onatiré.»
«C’estunsolidebâtard,gloussaSam.Ilafaillimeflanquerunecrisecardiaque
lorsquejel’aivusejeterdevantlaballe.»
Racheltressaillitetsentitlesangquittersonvisage.
Nathanposasamainsursatête.
«Net’inquiètepaspourEthan.Ilsvontvousconduiretouslesdeuxàl’hôpital.
Connaissantcetenfoirégrincheux,ilvatellementmettrelebazarqu’ilsn’enpourront
plusd’attendredelemettredehors.Ilvasûrementsemontrerdanstasalled’examen
etenauraterminéavanttoi.»
Racheljetauncoupd’œilàEthanquiprotestaitinévitablementsurlanécessitédese
rendreàl’hôpital.Puis,illuisemblal’avoirperduedevueparmilafouledegens
rassembléedanslapièceetdanslehalletillaissatransparaitresonmécontentement.
Samregardalevieilhommeàl’airsérieuxquivenaitverslui.Ilposabrièvementsa
mainsurl’épauledeRachel.
«Jeteverraiàl’hôpital.J’aiencoredeschosesàfaireici.Garrettteconduiraetrestera
jusqu’àcequ’Ethansoitprêt.»
«Est-cequetoutvabienSam?»demanda-t-elle,alarmée.
Ilsouritetsepenchapourposerunbaisersursonfront.
«Rienquinepuisseêtreréglé.Jedoisencaresserquelques-unsdanslesensdupoil,
puisappelermafemme.Ellem’apasséunesoufflantesurmontéléphoneetellen’est
pastrèscontentedemoicarjeneluiaipastoutraconté.Jesuissûrequ’ellem’attend
àl’hôpitalpourm’allumer.»
Rachelsourit,enivréeparlesoulagementquienvoyaitcommeunedoucechaleurdans
sesveines.Safamillel’attendraitàl’hôpital.Sessœursparlemariage.Lesfrères
d’Ethanseraientbientôtlàeuxaussi.FrancketMarleneseprécipiteraienteuxaussi
pours’occuperdetout.
Ellefermalesyeuxetsedétenditsurlebrancard,émotionnellementépuiséeparle
stressdelamatinée.
Dèsquelebrancardfutamenéàlachaleurdusoleil,lemondes’évanouitdansle
chaos.Lesmédiashurlaientleursquestions.Lesparentsexigeaientdesréponses.
Lesgensdemandaientsielleétaitvivante.
Elleouvritlesyeuxpourrépondreàcetteseulequestionmaisellerestatranquille,le
fluxdequestionsdansantdanssesoreillesjusqu’àcequ’elleeutenviedelescouvrir
pourfairetairelacacophonie.
Ethanetelle-mêmefurentconduitsdanslesambulancesquiattendaientetelle
observa,depuislaporteouverte,lamaréehumainedepoliciers,journalisteset
badauds.OnauraitditquelamoitiéduTennesseesetrouvaitréuniaumilieudece
parkingd’école.
Puislesinfirmiersl’aidèrentàmonterdansl’ambulanceetfermèrentlaporte,obstruant
savue.L’ambulancedémarra,laissantlesflashsetlafoulederrière,tandisqu’ils
prenaientladirectiondel’hôpital.
«Çava,demandaGarrett.Sarahm’envoieunsmspourêtresûrequejeprendsbien
soindetoi.Siellesemetentêtequejenesuispaslahauteurduboulot,jevaisme
fairebotterlesfesses.»
Rachelsemitàrireettenditlamainversletéléphone.Garrettabdiquaavecunsourire
etRachel,rapidement,envoyaunmessageàSarah,luidisantqu’elleallaitbienet
signadesonnomàlafindumessage.
Quelquessecondesplustard,Sarahrenvoyauntexto.Justetroismots.
Mercimondieu.
«Jesuissichanceusedevousavoir»murmuraRachel.
Garrettluirenditunsourirepleind’indulgenceetcaressasescheveuxavecaffection.
«Noussommesamisdepuissilongtemps,poisdesenteur.Jepensequ’onpeut
sûrementdirequenoussommesaussichanceuxdet’avoirtoiaussi.Ethanlesait
aussi.Ilpeutêtreentêtécommeunemule,maisiln’estpasstupide.
Rachelfermalesyeux,incapabledegarderlatêtelevéepluslongtemps.Ilfaisait
chauddansl’ambulance,maisunfrissonluiglaçalesosetellefrissonnadelatête
auxpieds.
ElleentenditGarretts’inquiéterauprèsdesinfirmiersetceux-cilerassurèrentenlui
disantqu’ilnes’agissaitqueducontrecoupduchoc.Unecouverturechaudeglissasur
soncorps,remontantjusqu’àsanuque.LesbrasdeGarrettl’enveloppèrent,
l’étreignantavecdouceur.
Maintenantqu’elles’autorisaitàrepenserauxévènementsdelamatinée,elleétait
prêteàperdretotalementsonsang-froid.Elleauraitpumourir.Undesenfantsaurait
puêtreblesséoutué.
Ethanauraitpumourir.
C’étaitplusqu’ellenepouvaitensupporter.
Chapitre13
«J’aipasbesoindepasserdesputainsderayonsX,grognaEthan.J’aijustebesoin
devoirmafemme.»
Donovantenditlebraspourrallongersonfrèredanssonlit.
«Écoute,sijevaislachercheretquej’obtiensuncompte-rendudeGarrett,est-ceque
tuvaslafermeretpassercesfoutusradios?Tucompliquesleschosesenmettantle
bordel.Situleslaissesjustetefairecesrayons,t’enaurasfiniettupourrasrejoindre
Rachel.»
Ethanseredressasursonlit,tenantsapoitrinelàoùlaballeavaitfroissédescôtesà
traverslegilet.
«Donne-moiaumoinsunefoutuechemiseetpasunedecesputainsderobes
d’hôpital»dit-ild’unevoixirritée.
Iln’étaitpasd’humeuràlajouersympa.Ladernièrechosedontilsepréoccupaitétait
desavoirs’ilavaitunecôtecassée.Ilétaitévidentqu’iln’enavaitaucunedecassée
oudesérieusementabîmée.Etsilesradiosmontraientneserait-cequ’unefracture
mineure,quediablepourraient-ilsfairedetoutesfaçons?Ilsnepourraientqueluidire
defaireattentionetluidonnerdesmédicamentscontreladouleur.
Lameilleurechosequ’ilspuissentfairepoursoulagersadouleurétaitdelelaisser
rejoindreRachel.
Donovansoupirad’exaspérationetsortitunt-shirtdesonsac.
«Lèvetesfessesethabille-toi,pendantquejevoisoùilsontemmenéRachel.Etje
juredevantDieuquesitubougesd’iciavantquejerevienne,jetetiendraipendant
qu’ilstemettrontsoussédatif.Tunepeuxpashurlerdanslesurgenceseneffrayant
lesautrespatients.»
«Alorsmagne-toibondieu»aboyaEthan.
Ilsecoualet-shirt,grimaçantlorsquesesarticulationstouchèrentlapartiesensiblede
sonabdomen.Ilnel’admettraitjamaisenunmilliond’années,maisilsouffraitcomme
unvraifilsdepute.Prendreuneballeàboutportant,mêmeavecungiletpare-balles,
n’étaitpasexactementunepromenadedesanté.
Unhématomedelatailled’uneballedebaseballs’étaitdéjàformé.
Maiscen’étaitquecela.Unhématome.Dudiablesionallaitlemettresurlatouche
pouruneputaind’hématome.Ilavaitdéjàendurépireetriennelegarderaitloinde
Rachel.
LanervositélegagnaitquandDonovanrevintfinidanslepetitbox.Ilseredressadu
coindelitoùilétaitappuyéetpritsonfrèreàpartie.
«Alors,oùest-elle?Est-cequ’ellevabien?»
Donovanlevalesmains.
«Garrettestavecelle,etm’manvientd’arriver.Lesfemmessontdanslasalle
d’attenteetpapaarrivepourtevoirtoutdesuite.Tiens-toiàcarreau.Laissepapase
rendrecomptequetuvasbien,ensuite,onpourratousredescendreetvoirRachel.
C’estdelafolieauxurgences,ilsontdûplacerdesofficiersenfactionpourcontenir
lesmédias.Rentreràlamaisonvadevenirintéressant.»
Ethansoupiraets’adossadenouveauaulit.Ilallaitperdrelatêtes’ilnevoyaitpas
Rachelbientôt,maisilnevoulaitpasnonplusinquiétersonpère.Ladernièrechose
dontFranckKellyavaitbesoinétaitdustress.Ilavaitdéjàeuunecrisecardiaqueet
Ethanneseraitpasleresponsabled’uneseconde.
Laportes’ouvritsoudainetsonpèredébouladanslapièce.Dèsquesonregardse
posasurEthan,soncorpsdedétenditdesoulagement.
«Regardepapa,jetel’avaisdit.Ilvabien.Grincheux,commetoujours»ditDonovan.
FrancKellyneréponditpas.Ilétreignitsonfilssolidement,aupointdepresqueextraire
laviedecedernier.Ethangrimaçamaisrestadansl’étreintedesonpère.
«Jevaisbien,papa,ditEthanàvoixbasse.C’estpourRachelquejem’inquiète.»
Sonpèreleretintencoreunlongmomentpuiss’écarta,sesyeuxbrillantdeméfiance.
«Tamèreettesbelles-sœurss’occupentd’elleencemoment»grognaFranck.
«Jedescendsmaintenant.Jet’attendaisseulementparcequ’onm’avaitditquetu
arrivais.»
Franckfronçalessourcils.
«Ilsontdéjàfiniavectoi?»
Ethans’éclaircitlagorgeetàsongrandsoulagement,Donovanvintàsarescousse.
«Jet’avaisditquetoutallaitbienpourcebâtardteigneux.IlressembletropàGarrett.
Ils’inquiètetroppourRachel.Celalecalmeras’ilpeutjustelavoiralors,descendons
pourqu’iltrouvesatranquillitéd’âme.»
Ethanlançaàsonfrèreunregarddegratitude.
«Tum’asfaitpeur,fils,grognaFranck.Jevousjure,vouslesgarçons,vousêtes
toujoursimpliquésdansquelquechose.Vousallezfairedemoiunvieilhommeavant
l’heure.»
Ethansourit.
«Nan,ontegardejustedebout.»
Ilfrappasonpèredansledos.
«Viens,allonsvoirRachel.»
*
C’étaitdifficiledegardersagrossessesecrètequandlepersonnelmédicalnecessait
des’assurerquetoutallaitbienaveccelle-ci.Garrettrestaitàsescôtés,unpeuà
l’écart,maisquandMarleneKellyarriva,ehbien!personneneputl’éloignerdesa
petitefille.
Dédaignantlesobjectionsdupersonnelsoignant,Marlenes’installasurleborddulit
etpritRacheldanssesbras,serrantlajeunefemmesifortdanssesbrasqu’elleen
futpresqueétouffée.
C’étaituneformetrèsagréabled’étouffement.
«Tunousasfaitsipeuràtous,ditMarleneenserranttoujoursRacheldanssesbras.
Jen’aijamaisétéaussieffrayéedetoutemavie,chérie.C’étaitpartoutdansles
nouvelles,etensuitej’aivuqu’ont’emmenaitsurunecivièreetj’aifaitbrûlertoutesles
limitationsdevitesseàFranckpourarriverici.»
«JevaisbienMarlene»ditRachel,unsouriredanslavoix.
Elles’écartaunpeuets’allongea,sousleregardanxieuxdeMarlene.
«Ethanestceluiquiaétéblessé,ajoutalajeunefemme,sonsouriredisparaissant.
Onluiatirédessus.Ilportaitungiletpare-balles,maisilatoutdemêmeétéblessé.
J’aimeraisquequelqu’unmedisecommentilva.»
«Ilvabien,ditGarrettdepuissoncoin.Vanestdescenduilyadeuxsecondes.Ils
arriventdansquelquesminutes.»
Marlenesecoualatêtealorsqu’ellejetaitunregardimpuissantsursonfils.
«Jenepeuxpasenvouloiràmesgarçonsdes’êtremisdanslesennuiscarilst’ont
sortiedelà,maisjejurequ’ilsrajoutentdescheveuxgrissurmatêtechaquejourqui
passe.EtmaintenantqueNathanetJoesontderetouràlamaisonetlesontrejoints,
jenepasseraiplusuneseulenuittranquille.»
Garrettfitunpasenavantetpritsamèreparlesépaules.
«Allez,m’man.Tut’inquiètestrop.Tusaisquenousveillonslesunssurlesautres.Et
nousprotégeonscettefamille.IlétaithorsdequestiondelaisserRachelentreles
mainsdelapolicelocale.Jetedispascommentilsauraientpufairefoirertoutcela!»
expliqua-t-ilprécipitamment.
«Onpeutentrer?»
RachelregardaSophiequisetenaitsurlepasdelaporte.Justederrièreellese
trouvaientSheaetSarah.Rachelsouritetleurfitsigned’entrer.Sesbelles-sœursse
précipitèrentetlaserrèrentdansleursbrasenunegrosseétreinte.
«Ohseigneur,onaeusipeur,ditSophiequireculaaveclesautres.Commentva
Ethan?Onnousaditqu’ilavaitétéblessé?»
GarrettpassaunbrasautourdeSarah,lamenantàsescôtésettrèsviteleva
l’inquiétudedanslesyeuxdesfemmes.
«Ilvabien.Ilportaitungiletpare-balles.Ilvaarriverdansuneminute.»
«Dieumerci»soupiraShea.
EllefixaRachelavecanxiété.Cettedernièrelarassurasursagrossessed’unsimple
mouvementdetête.
Laportes’ouvritànouveauetsoudain,Ethanfutàsescôtés,sonregardintensela
couvanttoutentière.Toutlemondebougearapidementpourqu’Ethanpuisseaccéder
àRacheletellefuttrèsvitedanssesbras,fermementpresséecontresapoitrine.
Ellefermalesyeuxets’agrippaàlui.
«Mercimondieu,tuvasbien,murmura-t-elle.J’étaissiinquiète,Ethan.S’ilteplaît,
nemefaisplusjamaisaussipeur.Jen’oublieraijamaislebruitducoupdefeuettoi
tombantparterre.Jenepourraisjamaislesortirdematête.»
«Shhh,bébé,lacalma-t-il.C’estpourcelaquenousportonsdesgilets.Jen’aijamais
étéendanger.Toi,parcontre,tun’avaispasdeprotectionetcesalopardt’aurait
abattuedesang-froid.»
«Ramène-moiàlamaison,lesupplia-t-elle.Jeveuxjustepartird’icietrentreràla
maison,aucalme.»
Ilcaressasescheveuxetembrassasonfrontalorsqu’elles’appuyaitsansforceentre
sesbras.
«Jeteramènebientôtàlamaison,jetelepromets.»
EllesereculapourvoirqueMarleneetlesautressedirigeaientdiscrètementversla
porteoùDonovanetFrancksetenaientdéjà.
«Ilsnesaventpas,murmura-t-elle.Cen’estpasdecettefaçonquejeveuxleur
annoncerlanouvelle.Jeveuxrentreràlamaison,etensuite,jeveuxleurdire
correctement,quandlafamilleseraréunieetquetoutecetteinquiétudeetcestress
seserontenvolés.»
«Toutvabienpourtoi?Etpourlesbébés?»chuchota-t-ilenretour.
Lapeurdanssesyeuxluifitunnœuddansl’estomacetellesehâtadelerassurer.
«Jevaisbien.C’estjusteuneréactionaprèscoup.Ilsm’ontdonnéquelquechose
pourmecalmeretjesuisbienmaintenant.Jeveuxjusterentreràlamaison.»
Illaissaéchapperunpetitsourireplaintif.
«Jenepeuxmêmepasdiscuteravectoiparcequej’étaisdéterminéàquitterl’enfer
demachambre.Jecomprendscequeturessens.»
Ellel’étreignitunpeuplusencoremaisdetellesortequ’ellepuisserespirer
tranquillement.
«Dis-leurquejevaisprendreunrendez-vousdesuiviavecmonobstétriciendans
quelquesjourspourêtresûrequetoutvabienmaisquejeveuxpartir,toutdesuite.»
Ilpressaseslèvrescontresonfrontetleslaissaposéeslàpendantunlongmoment.
«Jesuissifierdetoiquejepourraisexploser.Tuastoutcasséaujourd’hui,Rachel.
Mêmesituaseusipeurpourmoidanstoutecettemerde.Cesenfantstedoiventla
vie.»
Ellesecoualatêteetfronçalessourcils.
Ilsouritetgentiment,luidonnaunpetitcouppoingdansl’épaule.
«Si,ilsteladoivent.Allez,jevaisvoircequejepeuxfairepourteramener.Çavaêtre
untrucdélicatdetesortirdelàsansêtrepoursuivisparcetessaimdejournalistes.»
Ellefitunegrimaceetfrissonna.
«Vannepeutpasposerl’hélicoptèreici?»
Ethanregardasonfrère,avecuneexpressionsurprise.
«Van?Jen’aimêmepaspenséàcela.Qu’est-cequetuenpenses?Peut-onoffrirà
RachelletraitementVIPduKGIetposerl’hélicosurletoitpuislarameneràla
maison?»
Donovanlaissaéchapperunsourire.
«PourRachel,bondieuoui!Donne-moiunedemi-heureetjesuisderetour.Ensuite,
ilfaudraquej’aillem’assurerqueSamn’apasétémisenétatd’arrestation.»
Chapitre14
Toutétaitcalmeetlapièceétaitplongéedanslapénombre,avecseulementunepetite
lampeprèsdulit,lorsqueRachelsortitdelasalledebainpourrevenirdanslachambre.
Ethanétaitétendusurlelit,torsenu,manifestementépuisé.Ilportaittoujoursses
bottesetsemblaittropfatiguépourlesenlever.
Soncœurs’attendritlorsqu’ellevitsesyeuxfermés,puissonregardglissalelongde
sapoitrineversl’hématomequiassombrissaitdéjàsapeaubronzée.
Ilavaitétésiinquietpourelle,maisenréalité,elleavaitétésiloind’êtreblessée.
Certainementbienloindecequiavaitfailliluiarriveràlui.Celaavaitétéunacted’une
incroyablevolontédesejeterainsidevantelleetleursenfantsetcelamontraitplus
quepardesmotsàquelpointill’aimait.
Elleallajusqu’àl’endroitoùsespiedssortaientdulitetelleappuyasabottecontresa
hanchetandisqu’elleladélaçait.Ethanseréveillaaussitôtetlibérasonpied.
«Non,bébé,jevaislesenlever.Viensplutôtdanslelitetinstalle-toiconfortablement.»
Ellesecoualatêteetpritdenouveaulepiedchaussé.
«Allonge-toisimplement,etlaisse-moiôtertesbottes.Tuesépuisé.Celaaétéune
trèslonguejournée,pourtouslesdeux,maisjenesuispascellequiareçuuneballe.
Ilcroisasesmainsderrièresanuque,laregardanttandisqu’elledélaçaitunebotte
puiss’occupaitdel’autre.
Seslèvress’entrouvrirent,hésitantes,commes’ilhésitaitaveccequ’ilavaitl’intention
dedireetcommentledire.Sonregardétaittourmenté,desombresprofondess’y
tapissaient,rendantsesyeuxhantés.
Ilyavaitunetellesouffrancedanssesmotsqu’ellelesressentitdansleplusprofond
desonâme.
«Àlaminuteoùj’aisucequisepassait,jemesuisdemandésitoutn’allaitpasnous
êtrerepris.Jecroisqu’unepartdemoivivaitdanslapeurden’êtrequedansuntemps
d’empruntetquelesgensnerecevaientpascequim’avaitétéoffertsansavoiràle
rendredanslemêmeétat.»
Rachelsentitsoncœurbattreausondelavulnérabilitédanssavoix.Elleposalabotte
surlecôtépuisrampadanslelit,sesmainsenlaçantsesépaules.Saboucheeffleura
lasienne,sescheveuxsombrestombantcommeunrideausursapeau.
«Jesuisdésoléedetel’apprendremaisnoussommesàjamaisensemble,plaisanta-
t-elle,espérantainsiapporterunpeudelumièredansl’ombredesonregard.Tune
pourraspastedébarrasserdemoiaussifacilement.Jecroistel’avoirdéjàprouvé.»
Ilenroulasesbrasautourdesatailleetlamaintintencoreplusfortcontrelui.
«Jeneveuxplusjamaisteperdre,bébé.Tuesmavie.Lesbébéssontmavie.Notre
famillereprésentetoutàmesyeuxetjemebattraitoujourspourtegarderensécurité
etheureuse.»
Ellel’embrassa.Chaudesetfondantes,leurslèvresfusionnèrent.
«Tumerendssiheureuse,murmura-t-elle,aujourd’hui,jepeuxdormirenpaixlanuit
sanscraindredemeréveillerenenferouderêverquetuviennesmechercher.Je
peuxregarderlepasséenfacemaintenant,etavoirunaperçudenotrefutur,quand
nosenfantsserontplusvieuxetquenousauronsunelonguevied’amourderrière
nous.»
Ilfitcourirsesdoigtsdanssescheveux,jouantaveclesmèchesenungestetendre.
«TuveuxquejequitteleKGI?»demanda-t-ilsuruntonsérieux.
Elleclignalesyeuxdesurprise.Puiselleétudialesérieuxdanssonexpressionetelle
soupira.
«Jen’aijamaisvouluquetuquittesl’équipedesSEAL.C’étaittadécision.Cequeje
veuxpourtoi,c’esttonbonheurettravailleravectesfrèresterendheureux.Jepeux
leliredanstesyeuxquandtureviensàlamaisonaprèsletravail.Noussommesplus
vieuxetplussages,Ethan.Noussommesplusfortsquenousnel’étionslorsquetu
étaisdanslaNavy.J’aimaintenantunesolideinfrastructurelorsquetuparsen
mission.»
«Jeveuxjustequetusachesquerienn’estplusimportantquetoietnosenfants.Et
jelepensevraiment.Sicelapeutterendreheureuse,jequitteraileKGIdemainsans
aucunregret.»
«Maiscelaneterendrapasheureuxetsitun’espasheureux,jenesaurail’êtrenon
plus.»
Ill’embrassadenouveauetellecollasoncorpsausien.Elleglissaunpeu,faisant
descendresamainjusqu’àcequ’elleseposesursonintimité,lecaressantpar-dessus
sonpantalon.
Ilgrogna.
«Bondieu,femme.Jesuissurlesgenoux,briséparlesoulagementdetesavoiren
vieetenbonnesantéettoi,tuagiscommeunetentatrice,commesitun’avaisjamais
failliêtretuéeaujourd’hui.»
Ellesouritcontreseslèvrestandisqu’ellel’embrassaitencore,puiselles’écartaen
appuyantsoncoudesapoitrine,justeau-dessusdel’endroitblessé.Elles’adouciten
voyantl’inquiétudedanssesyeux.Elletouchasonvisage,entraçantleslignesdures,
puispressaundoigtcontreseslèvres.
«J’aifaitlapaixaveclamortilyatrèslongtemps.Jenedispasquejeveuxmourir
maisjenelacrainsplus.Ilyaeudesjoursoùj’étaisloind’êtreforte,durantma
captivité,etoùj’aiparfoissouhaitémourir.Enespérantqu’ilsenaientunjourassez
demeretenirainsietqu’ilsmedonneraientuneoverdoseetquejepourraispartir.»
Deslarmesbrillèrentdanslesyeuxd’Ethanetsamâchoiresecrispa.Soncorpstout
entierétaittendu.Ellesavaitcombienilétaitdifficilepourluid’entendrecelamaiselle
nepouvaitpluslegarderpourelle.Ellesedevaitd’êtrehonnête.
«Jecroisquec’estpourcelaquejepouvaisgarderuncalmerelatifaujourd’huietne
pasperdremonsang-froid.D’abord,jenevoulaispasquecesenfantssoientblessés.
Ensuite,aprèstoutcequej’avaisdéjàenduré,j’enétaisvenueàlaconclusionque
quandDieumediraitqu’ilétaittempspourmoidepartir,jepartiraimaispasuneminute
avant.»
«Jesuisreconnaissantqu’iln’aitpasétéprêtàteprendreetquetusoislàavecmoi
àlamaison,àmescôtés,oùesttaplace»dit-ild’unevoixrenduerauqueparl’émotion.
Elleajustasoncorpsausienpourqu’ellepuissesetourneretdéfairelabraguettede
sonpantalon.Ilsoulevaseshanchespourluipermettredefaireglisserlepantalonle
longdeseshanches.Elles’agenouillapourfinirdeluiôterlerestedesesvêtements
jusqu’àcequ’ilfuttotalementnuentresesmainsvagabondes.
Cesoir,elleallaitluifairel’amour.Sisouventilavaitétéceluiquis’occupaitd’elle,si
tendrement.Luioffranttoujourssonréconfort.Luidisant,avecplusquedesmotsqu’il
l’aimaitetqu’ilseraittoujourslà.
Ellevoulaitêtrecettepersonne-làpourlui,cesoir.Pourluimontrerqu’ellel’aimaittout
autant.Qu’elleavaitbiensaisilessacrificesqu’ilavaitfaitsetavaitl’intentiondefaire
pourelleetleursenfants.
Seredressantsurlelit,ellepritjusteletempsdeseglisserhorsdelanuisettequ’elle
avaitmiseaprèssadouche,avantderamperversluientresescuissesmusclées.
Elles’allongeasurlui,pressantseslèvressursonabdomenraidi.Pasunseul
centimètredepeauneluiéchappa.Avecdouceur,elledéposadelégersbaiserssur
l’hématomequimarbraitsachair,puiselledescenditplusbas,taquinantunelignequi
glissaitverslehautdesesjambes.
Ilrespirabruyammentquandelleleléchadelabasedesonsexeàsonsommet.Il
s’agitaitetsedurcissaitsousseslèvres,luipermettantainsid’aspirerleglanddanssa
bouche.
Dansunmouvementchaudethumide,elleleprittoutentierpuislentementlelibéra,
centimètreaprèscentimètre,exerçantenmêmetempsunefermesuccion.
Ils’agitaitdésespérément,setrémoussant,incapablederestertranquilletandisqu’elle
lecaressaitdehautenbas,lepressantentreseslèvres.
Sesmainsdansaientdanssescheveux,latenantpuislarepoussantpourqu’elleaille
àlarencontredesespoussées.C’étaitcommes’iln’avaitpluslecontrôledeses
mouvementsetcelal’excitaitd’autantplus.
Ellesavaitexactementcequ’ellevoulait.Commentellevoulaitluifairel’amour.Ellele
taquinaetjouaaveclui,jusqu’àcequ’ellesentelapremièreperledespermesursa
langue.Alors,elleralentitsesmouvementsetlelaissas’éloignerdesonorgasme
imminent.
Quandsarespirationseralentit,elleseredressadenouveau,jusqu’àseretrouverà
califourchonsurlui,ledoscambrétandisqu’elleleguidaitdoucementenelle.
Sesgrossesmainsseposèrentsurseshanches,offrantsonaidealorsqu’ellese
laissaitdescendresurlui.Maisilluilaissaimprimersonrythme,neforçantenrienle
mouvement.
Fermantlesyeux,elles’abaissalentement,leprenantauplusprofondd’elle-même
jusqu’àtouchersonaine.
«Mondieu,tuessimagnifique,ditEthanlavoixpleinederespect.Laplusbellechose
quej’aijamaisvuedetoutemavie.C’esttoujoursainsiquejeveuxmesouvenirde
toi.Nueetenivrante,mechevauchant,maqueueprofondémentenfouieentoi.Tatête
rejetéeenarrièreetcettesplendidechevelurecascadantsurtesépaules.»
Ilfitglissersesmainsdeseshanchesàsesseins,prenantencoupslespetitsdômes
etenroulantsesdoigtssurlespointes.Elleremuaavecimpatiencepuiss’appuyasur
sonétreinte,savourantlasensationdesesmainssursesseins.Elleplaçasespaumes
contresesbrasetremontaplushaut,l’autorisantainsiàglisserhorsd’elle.
Puiselleretombaànouveau,l’immergeantenelle,jusqu’àcequ’ilslaissenttousdeux
échapperdedouxmurmuresdeplaisir.
«Jeveuxquetuviennesavecmoi,bébé,chuchotaEthan.Ensemble.Venons
ensemble.Dis-moicedonttuasbesoin.»
Ellesoupiraencore.
«Touche-moi.Jesuissiprès.»
Ildéplaçaunemainentreeux,glissantundoigtentrelesbouclesquicouvraientson
montdeVénusjusqu’àlapetiteperledechairblottieentrelesreplismouillés.Dèsqu’il
latoucha,elleseresserraautourdelui,cequilerenditencoreplusdurenelle.
Enquêtedeplusdesensations,elleimprimasonallureetcommençaunrythmeferme
quicausalaplusexquisefrictionqu’ellen’eutjamaisressentie.Ilétaitsibienenelle.
Samainlibreserefermasursesfessesetsesdoigtss’enfoncèrentdanssachair
tandisqu’ellelechevauchait.
«Viensbébé,haleta-t-il.Viens.»
Iln’eutpaslongtempsàattendre.Soncœursetenditcommeunserpentpuisse
détenditbrusquement,libérédetoutelatensioncumuléeenuneexplosionintense.
Sondouxcrifutperdudanslegrondementd’Ethan,lorsquesonpropreorgasmele
consuma.Elledevintchaudeethumide,leréconfortfacilitéparsonplaisir.Une
euphoriquesatisfactionsedistillaitdanssesveines,luidonnantl’impressiond’être
sousl’emprised’unedrogueapaisante.
Elles’installasurEthan,autorisantsoncorpsàcouvrirlesien.Ilpassasesbrassur
elle,l’enfermantdansundouxcocon.Pleinementsatisfaite,ellesepelotonna
davantagedanssonétreinteetlaissaéchapperunprofondsoupir.
Lavieluiavaitapprisqueriendecequivalaitvraimentlapeinenevenaitfacilement,
maisquetoutdevenaitplusdouxdufaitdessacrificesconsentis.
«Jet’aime»dit-ellecontresapeau.
«Jet’aimeaussi,bébé,dit-ild’unevoixféroceetpossessive.Dorsmaintenant,jete
tiens.J’aiparfoisjustebesoindetetenircontremoietdemesouvenirquetuvas
bien.»
«Jesuisdésoléedet’avoirfaitpeur.»
Ilfitglissersesmainsavectendresselelongdesondos.
«Jesais,bébé,jesais.»
Chapitre15
Racheln’avaitjamaisétéaussiheureusedevivrederrièrelesmursdel’enceinte.Elle
étaitreconnaissantedutimingetd’avoirdéménagédeleurvieillemaisonavant
l’incidentàl’école.Eneffet,lesmédiascampaientdansleurancienquartierdepuis
qu’elleavaitquittél’hôpital.
LapetitevilleoùFranckpossédaitsonmagasindematérielétaitdevenueunvraizoo
etilavaitdûfermerlaboutiqueaprèsseulementuneheured’ouverture,lejourde
l’arrestationdutireur.
Ànouveau,Rachelsetrouvaitsouslefeudesprojecteurs,seulementcettefois,elle
n’étaitpasrevenuedelamort.Elleavaitjusteflirtéavecelle,encore.
Leseularticlesurlequelelleavaitjetéuncoupd’œildisaitqu’elleavaitneufvies.Peut-
êtreétait-cevrai,maisellen’allaitpasperdresontempsàdébattresurlecomment
elleavaitcouillonnélamortplusieursfois.
Depuislesquelquesderniersjours,Ethanetelles’étaientenfermésdansleurnouvelle
maison.Marleneetsesbelles-sœurss’étaientrelayéespourleurapporterdespetits
platsmaison,desortequ’ilsavaientpuresteràl’intérieur,pourdigérerlefaitqu’ils
l’avaientéchappébelleetqueRachelsouffraitdeseffetssecondairesdelapeur.
«Bébé,Mavientjusted’appeler»ditEthanenentrantd’unpastranquilledansle
salon.
Rachelavaitgardélatélévisionéteintedepuisqu’ilsétaientrentrésàlamaisoncarils
nepouvaientallersurunechaînesansquenesoitmentionnélafusilladerécente.
LapoliceavaitfaitplusieursvisitesàlaforteressecarEthanrefusaitdel’emmenerà
l’extérieur,làoùilsseraientprisparlafouledemédias.
Elleavaitracontétantdefoissaversiondel’incidentquesesoreillesétaienttoutes
engourdiesdes’entendreelle-même.
«Et?»demandaRachel,détournantsonattentiondulivrequ’elleétaitentraindelire.
«Ellem’ainforméqu’ilsnousavaientlaissésuffisammentdetempspourrécupéreret
qu’ilsnousrejoignaienttouscesoiràlamaisonpourlapendaisondecrémaillèrequ’ils
ontdéjàorganisée.»
Rachelsefigea,consciented’avoirleregardd’unebicheprisedanslespharesd’une
voiture.
«Cesoir?»
Elleparcourutdesyeuxlapièce,horrifiée.Rienn’étaitrangé.Ilyavaitdesboîtes
partout.
Ethanlevalesmains.
«Nepaniquepas.Mamannevoudraitpascela.Penseseulementqu’ellesait
pertinemmentquenousvenonsdedéménageretquerienn’estenplace.Elleréunit
lesfillesetellesarriventdansuneheurepourrangeretcuisiner.»
Rachellefixa,totalementabasourdie.
«Etcelaestcenséarrangerleschoses?Jesuissupposéeresterassiseetles
regardernettoyermamaisonetcuisinerpourunefêtequenousavonsicicesoir?»
«C’estprécisémentcequetuvasfaire,rétorquasévèrementEthan.Jeneveuxpas
quetutesurmènes.»
RachelsoupiraetEthanselaissatombersurlecanapéetpassasonbrasautourde
sesépaules.
«Toutlemondes’inquiètepourtoi.Ilsveulentjustefairequelquechosequiterendra
heureuseetcélébrernotredéménagement.Jecroisqu’ilspensentquetuestriste
d’avoirquittél’anciennemaison.»
Ellepinçaseslèvresetgonflasesjouesavantd’expulserl’airenbruitsonore.
«Est-cequecelat’ennuietoujoursquejenesuispastristed’êtrepartie?»
Lentement,ilsecoualatête.
«Tesexplicationsontdusens.Commentpourrais-jeteblâmerpourtonhonnêteté?
Jeveuxquetusoisheureuse.Siavoirunenouvellemaisondansunlieusûrtesatisfait
ettesécurise,jeseraisunvraisalauddetereprochercela.»
Ellesetournaversluietlefixa.
«Nousallonscréerdemagnifiquessouvenirsdanscettemaison,Ethan.»
Ilposaunbaiserausommetdesatêteetfitcourirsesdoigtsdanssescheveux.
«Oui,nousallonslefaire.Encommençantparcesoir.»
*
Lamaisonétaitempliedevie,entrelesdiscussions,lesriresetlessourireschaleureux
quinepouvaientexisterquedansunefamille.
TouslesKellyétaientprésents.MêmeRustyetSean,membreshonorairesdela
famille,étaientlà.
RustyavaitprisRachelàpartdèssonarrivée,trèsinquièteàproposdelagrossesse
delajeunefemme.Cettedernièreluiavaitassuréqu’elleallaitbien,maisellen’avait
pasrévéléqu’elleattendaitdesjumeaux.Ellevoulaitgarderlasurprisepourlemoment
oùilsferaientl’annonceofficielle.
Ellesavaitquelesfrèresd’Ethanétaientaucourantmaisilsavaientgardélesecret,
nevoulantpasgâcherlagrandesurprise.
Onauraitditquelafamilleavaitfaitlepactesolenneldenepasaborderl’incidentde
l’écoleenarrivantchezEthanetRachel.
Iln’yeutaucuneconversationsurletireur,lesmédiasoumêmel’implicationduKGI
dansledénouementdel’affaire.
Voulantapaisersacuriosité,etsespeurs,ellepritàpartSamtandisquelesautresse
servaientdelanourrituredansleurassiette.
«Est-cequeKGIadesennuisàcausedelaprised’otage?demanda-t-elle
anxieusement.Ethanaditqu’ilsnevoulaientpasquevousinterveniezmaisquevous
l’avezfaittoutdemême.»
Samsourit,unelueurunpeutristedansleregard.
«Disonsquenousavonseuquelquesmots.Maisvulafaçondontcelaatourné,
commelesmédiasontétécontenusetquelesSWATavaientdéjàcommencéàentrer
aprèsquelesenfantsontétérelâchés,cesderniersonteutoutlecréditpourla
neutralisationdeWinstead.Cequiestbien.CelapermetdegarderleKGIdans
l’ombre.Lechefn’étaitpascontent.Lemaireétaitemmerdé.Leshérifavaitl’aird’avoir
avaléunœuf.Ilsdevaientprobablementtousfairedansleurfroc,inquietsàl’idéeque
nouséchouionsetquecelaleurretombedessus.»
Rachelsecoualatête.
«Jesuisdésolée.»
Ilclignadesyeux.
«Pourquoidiableserais-tudésolée?Penses-tuhonnêtementquenousserionsrestés
assissurnosfessesalorsquetuauraisétéentrelesmainsd’unenfoiréde
détraqué?»
Ellesourit.
«Non,jesuisdésoléequecesgenssoientsistupides.Maisjesuisheureusequevous
n’ayezpasétéarrêtésouquoiquecesoitd’autre.Celam’auraitfortementennuyée
dedevoirvousrendrevisiteenprison.»
Samlaissaentendreundouxgloussement,puislasaisitparlecoudeetl’emmena
verslatableoùMarleneavaitorganiséunesortedebuffet.
«Allonsprendrequelquechoseàmangeravantquemesfrèresn’aienttoutdévoré.»
Iln’eutpasàleluidiredeuxfois.Elleprituneassietteetlaremplitdenourriture.En
vérité,ellemouraitdefaimetellen’avaitpaseudenauséedepuisdeuxjoursentiers.
Celasuffisaitpourluidonnerenvied’enprofiteretdejouirdechaquemomentdecette
soirée.
Pendantquetoutlemondeconversaitetmangeait,EthanserapprochadeRachel
jusqu’àcequ’ilssoientcôteàcôte.Quandelleeutfinisonassiette,illaluiôtades
mainsetlaposasurlecôtépourpouvoirenlacersesdoigtsauxsiens.
Illuioffritunregardsipleind’amourqu’elleeutdelapeineàrespirer.Elleétait
réconfortéeparlecontentementquiémanaitsiconfortablementdelui.
Ilétaittemps.Tousceuxquicomptaientpoureuxétaientprésents.Dansleurnouvelle
maison,unendroitquiporteraitlesfondationsdeleuravenir.
Ethans’éclaircitlagorgeetdemandal’attentiondetous.Lesconversationsseturent
ettouslesyeuxsedirigèrentversEthanetRachel.Despapillons–despapillonsbien
excités–dansaientdansleventredeRachel.Unventrequiseraitbientôtarrondipour
s’accommoderàlaprésencededeuxpetitesviesnichéesjustesoussoncœur.
«Racheletmoiavonsunechoseimportanteàpartageravecvousquiêtessichersà
noscœurs.»
Illaregarda,lesourcillevé,demandants’ildevaitannoncerlanouvelleousielle
préféraitlefaire.Ellesouritetpressasamainavantdeluiindiquerqu’ildevaitlefaire.
Ilpritunegrandeinspiration,sonsourires’élargitaupointquesesdentsétincelèrent.
«Aprèsbeaucoupderéflexions,dediscussionsetpasmald’introspection,finalement
enpaixaveccettedécisionetsentantqueRachelétaitprêteàfranchircepas,nous
avonsdécidéd’essayerd’avoirunbébé.»
Lessouriresfurentimmédiats.Marlenes’appuyasurFranck,lesaisissantparlebras,
etditd’unevoixsonore:«Jetel’avaisdit!»
Rachelsouritets’agitadanslesbrasd’Ethan.Elleétaitaussiexcitéequ’unenfantle
jourdeNoël.ElleaimaitlafaçondontEthanfaisaittraînerleschosespourménager
unmaximumd’effet.Ellevoulaitsavourercemomentaussilongtempsquepossible.
«Ceàquoinousnenousattendionspas,c’estquecelaarrivesivite»ajoutaEthan
avecunsourire.
Ilyeutunprofondsilence.Lesyeuxétaientgrandsouverts.Dessouriresentendus
s’affichaientsurlesvisagesdesesfrères.Sheaétouffasapropreréaction,serrantses
poingsd’excitation.Ellesemblaitsurlepointdefairedesbondssurlesgenouxde
Nathan.
Franckfronçalessourcils.
«Es-tuentraindedirecequejepensequetuesentraindedire?»
Ethanacquiesça.
«Ouipapa,Rachelestenceinte.»
Unconcertdecrisretentit,qu’Ethanlaissacourirdurantuneminute,mais,quandla
famillecommençaàbougerpourseprécipiterverseux,illevalesdeuxmains.
«Attendezuneminute.Ilyaautrechosequenousvoudrionsvousdire.»
LabouchedeMarlenes’ouvritunpeuetelleregardaittouràtourRacheletEthan,
essayantdedéterminers’ils’agissaitd’unebonneoud’unemauvaisenouvelle.Elle
s’immobilisaàmi-chemindel’endroitoùsetenaientRacheletsonfils.Franckvintse
posterprèsd’elle,glissantunbrasautourdesataille.
Ethancouvasafemmeduregard,lachaleurdesonamourilluminantsesyeux.Ill’attira
àluietellepouvaitentendrederrièreellelesdouxsoupirsdeceuxquilesregardaient.
MaissonattentionétaitfocaliséesurEthanetlapromessequidansaitdanssesyeux.
Lapromessed’unavenirmerveilleux,sibrillantqu’ellepouvaitàpeinesel’imaginer.
Puisilsetournadenouveauverssafamille,levisagemangéparunsourireincroyable.
«Nousn’allonspasseulementavoirunbébé.Lasemainedernière,nousavonsappris
quenousallionsavoir…desjumeaux.»
Unesériedecris,d’exclamationsetdebruitsreflétantunesurprisetotalerésonna
danslapièce.Unbabillageexcité.Lajoieetl’enthousiasmedansaientdefaçon
tangibledanslesairs.
Marleneneputseretenirpluslongtemps.ElleseprécipitaversRachel,samain
s’agitantdanstouslessens,alorsquedescrisd’excitationjaillissaientdeseslèvres.
«Oh,bébé,s’exclama-t-elleenserrantlajeunefemmedanssesbras.Quelle
merveilleuse,merveilleusenouvelle!Jesuissiheureusepourvousdeux.»
«Merci»ditRachelenluirendantsonétreinte.
«Commetuasdûêtreeffrayéepartoutcequiestarrivé»repritMarlene,avec
beaucoupdechaleurdanssonregardbrun.
FrancksefrayauncheminetenlaçaRacheldansunepuissanteaccolade,maisilfut
aussitrèsdouxetattentionnépournel’écrasercontrelui.Ilembrassasajoueetquand
ilparla,savoixétaitrauqued’émotion.
«Jenepourraisêtreplusfier,dit-il.Cesdeuxnouveauxpetits-enfantssontunevraie
bénédiction.Prendsbiensoindetoi,jeunefille.Jevaist’avoiràl’œil.»
Rachelsourit.Elleseconsumaitdetoutecettejoie.
«Jesaisquetuleferas.»
«Portonsuntoast!»s’exclamaSamenlevantsonverre.
LapiècedevintànouveausilencieusetandisquelefilsaînédesKellysouriaitàRachel
etEthan.
«Tuastoujoursétéunepersonnespécialepournoustous,Rachel»commença-t-il.
Chacund’entreeuxacquiesçarapidement,leurssourirespluslumineuxquelesoleil.
Elles’endélecta.Commed’unamouretd’uneacceptationquibrillaientautantquedes
millionsd’étoiles.
«Tuesaussiunesacrébattante.Jeneconnaispersonnedeplusrésistantquetoi.
Caraprèstoutcequetuaspuendurer,tuassuresterladouceettendreRacheldont
noussommestoustombésamoureuxilyamaintenantdenombreusesannées.
Deslarmesperlèrentàsespaupièresetellen’essayamêmedelesretenir.Samétait
sisérieux,neluidonnantaucuneraisondedouterdesmotsqu’ilprononçait.
Donovanintervint,regardantdirectementEthan.
«Sivosenfants–lesenfantsdeRachel–héritentneserait-cequed’unefractionde
l’espritetdeladéterminationdeleurmère,alorstuaurasdesenfantsquineseront
jamaisterrassésparlavie.»
«Bondieuoui,etilsdirigerontceputaindemonde»murmuraGarrett.
Desriresretentirentdanslasalle,soulageantl’atmosphèredesasolennité.
«Merci,ditRachel,lavoixaussiémuequesesyeuxétaienthumides.Jevoussuissi
reconnaissante,jenesaispascequej’auraisfaitsansvous.»
EllecontemplaMarleneetFranck.Sonamourpourlevieuxcoupleétaitsipuissant
qu’ilétaitdurdeposerdesmotssurcequ’elleressentaitetespéraitpoureux.
«Monsouhaitpourmesenfantsestd’êtrelegenredeparentsquevousavezétépour
lesvôtresetpourtousceuxàquivousavezoffertvotreamourinconditionneletvotre
soutien.
«Jesuisd’accordaveccela»appuyaEthan,resserrantsonétreintesurRachel.
Cettedernièreregardachacunedespersonnesprésentesdanslapièce,insistantsur
chaquevisage.
«Mesenfantsserontlesenfantslespluschanceuxdecetteterrecarilspossèderont
laplusmerveilleusedesfamilles.Jen’oublieraijamaiscombienvousm’avezaidéeà
mebattreetàvaincredurantcesdernièresannées.»
Seans’éclaircielagorge.
«Rachel,moncœur,fais-moijusteunefaveur,d’accord?Sionconsidèretoutceque
nousavonstraverséensemble,toietmoi,quandtuserasenpleintravail,assure-toi
quejenesoispasdanslesparages.»
LesriresdesKellyexplosèrentdanslapièceetRachellesaccompagna.Elleferma
lesyeux,savourantsimplementlesvibrationsdetantdejoie.
Ellen’étaitpluslavictimedupassé,retenueprisonnièredesdémonsquihantaientson
esprit.Elleavaitlaisséceladerrièreelle,setournantversunaveniremplidela
promessedejourséblouissantsetd’unevieheureuse.
ElleétaituneKelly.Etelleétaitaimée.
FIN