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société Enfantsmaltraités: deuxmortsparjour pj L maltraitée, ce pas seulement une succes- sion de faits divers effroya- bles mais apparemment isolés, Sabatier, morte en 2009 à de 8ans sous les coups de sesparents, ou celles de ces bébés retrouvés dans des congélateurs (trois cas depuismars). La maltraitance est «un phéno- mène de santé publique massif», sz,directrice de recherche à tut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les conséquences sont graves, beau- dicaps, de troubles psychologi- ques ou pourront à leur tour se livrer à la violence. Le colloque organisé au Sénat vendredi 14juin sous du sénateur (PS) André Vallini vise à faire comprendre M me Tur- sz,le pédopsychiatre Daniel Rous- seauet lamédecinCélineRaphaël, elle-même battue dans son enfan- fance en danger comme grande cause nationale. Les ministres de la justice Christiane Taubira, de Vincent Peillon, de la famille Dominique Bertinotti et dudroitdesfemmesNajatVallaud- Belkacem, ainsi que Valérie Trie- rweiler, qui se consacre à la cause de seront présents. Le nombre concernés est considérable. Combien exacte- ment? Impossible à dire. Les spé- cialistes parlent de «chiffre noir» . ce, une femme meurt tous les deux jours battue par son compa- gnon, une donnée qui a permis le sujet dans sociale décentralisée (ODAS) évaluait à 98000 le nom- bredemineursendangeren2006, dont 20% victimes de violences physiques, psychologi- ques ou sexuels, et 80% «en risque» (violences conjugales, enfants laissés Cette plus. Décès suspects Elle devait être remplacée par des données plus précises produi- tes par national de 2007. Ces informations font défaut, faute des procédures entre départements. On sait seulement que 273000mineurs étaient suivis par sociale à au 31décembre 2010, soit un peu moins de 2% des moins de 18ans. Ceschiffres,trèsélevés,sontproba- blement sous-évalués: les enfants Un article publié dans la revue médicale The Lancet en jan- vier2009évaluaità10%enmoyen- nela tésounégligésdansdifférentspays développés. La définition du dan- ger retenue est «extensive», recon- naît cependant M me Tursz. «Tout dépend du contexte culturel, obser- NED. La frontière entre une éduca- tion et la mal- traitancepeutêtreténue.» EnFran- ce,aucune étude effectuée à partir des déclarations des adultes sur donc penché sur la manifestation la plus tragique delamaltraitance:lesinfanticides. Pendant cinq ans, une importante par cinq chercheurs dans les hôpi- taux et les tribunaux de trois régions françaises le Nord - Pas- gne représentant un tiers des naissances en France. Ce travail de terrainaconcluàunesous-évalua- tion considérable des infantici- desdans lesstatistiquesofficielles. En extrapolant les résultats, M me Turszaboutitauchiffrede400 à 800homicides de mineurs par an. Soit près de deux enfants en moyenne qui meurent chaque jour de violences infligées par des adultes, en général leurs parents. «Beaucoup de morts ne fisantes», estimeM me Tursz. Une réalité confirmée par Anne Tous droits de reproduction réservés Date : 15/06/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 11 Rubrique : Societe Diffusion : (354316) Périodicité : Quotidien Surface : 44 %

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société

Enfantsmaltraités:

deuxmortsparjour

pj

L

maltraitée, cepas seulement une succes-sion de faits divers effroya-

bles mais apparemment isolés,

Sabatier,morte en 2009 à de8ans sous les coups de sesparents,ou celles de ces bébés retrouvésdans des congélateurs (trois casdepuismars).

La maltraitance est «un phéno-mène de santé publique massif»,

sz,directrice de recherche àtut national de la santé et de larecherche médicale (Inserm). Lesconséquences sont graves, beau-

dicaps, de troubles psychologi-ques ou pourront à leur tour selivrer à la violence.

Le colloque organisé au Sénatvendredi 14juin sous dusénateur (PS)André Vallini vise àfaire comprendre Mme Tur-sz,le pédopsychiatre Daniel Rous-seauet lamédecinCélineRaphaël,elle-même battue dans son enfan-

fance en danger comme grandecause nationale. Lesministres dela justice Christiane Taubira, de

Vincent Peillon, de lafamille Dominique Bertinotti etdudroitdesfemmesNajatVallaud-Belkacem, ainsi que Valérie Trie-rweiler, qui se consacre à la causede seront présents.

Lenombre concernés

est considérable. Combien exacte-ment? Impossible à dire. Lesspé-cialistes parlent de «chiffre noir» .

ce, une femme meurt tous lesdeux jours battue par son compa-gnon, une donnée qui a permis

le sujet dans

sociale décentralisée(ODAS)évaluait à 98000 le nom-bredemineursendangeren2006,dont 20% victimes deviolences physiques, psychologi-ques ou sexuels, et 80%«en risque» (violences conjugales,enfants laissés Cette

plus.Décès suspects

Elle devait être remplacée pardesdonnées plus précises produi-tes par national de

2007. Ces informations fontdéfaut, faute desprocédures entre départements.On sait seulement que273000mineurs étaient suivis par

sociale à au31décembre 2010, soit un peumoins de 2% des moins de 18ans.Ceschiffres,trèsélevés,sontproba-blement sous-évalués: les enfants

Un article publié dans la revuemédicale The Lancet en jan-vier2009évaluaità10%enmoyen-

nelatésounégligésdansdifférentspaysdéveloppés. Ladéfinition du dan-ger retenue est «extensive», recon-naît cependant M me Tursz. «Toutdépend du contexte culturel, obser-

NED. La frontière entre une éduca-tion et la mal-traitancepeutêtreténue.» EnFran-ce,aucune étude effectuée à partirdes déclarations des adultes sur

donc penché surla manifestation la plus tragiquedelamaltraitance:lesinfanticides.Pendant cinq ans,une importante

par cinq chercheurs dans les hôpi-taux et les tribunaux de troisrégions françaises le Nord - Pas-

gne représentant un tiers desnaissancesen France.Cetravail deterrainaconcluàunesous-évalua-tion considérable des infantici-desdans lesstatistiquesofficielles.

En extrapolant les résultats,M me Turszaboutitauchiffrede400à 800homicides de mineurs paran. Soit près de deux enfants enmoyenne qui meurent chaquejour de violences infligées par desadultes, en général leurs parents.«Beaucoup de morts ne

fisantes», estimeM me Tursz.Une réalité confirmée par Anne

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Laurent-Vannier,médecindelaréé-ducation, spécialiste du syndromedu bébé secoué,un geste très vio-lent «négligé et méconnu» selonelle.pital ne pensepas à la violence, quiest dérangeante, explique-t-elle.On préfère croire à la chute.» Dans

de seuls 50%des nourrissons déclarés victimesde « mort subite » avaient étéautopsiés. Pourtant, ce diagnosticne devrait être posé une

Lesmêmes raisons qui condui-sentàsous-estimerlesinfanticidesentraînent un déficit de signale-ment des soupçons de mal-traitance: impossibilité croire,refus de dansté des familles, crainte de déclen-cher une machine administrativeet judiciaire infernale. «Il y a enco-re un tabou énorme autour decesquestions», affirme M e AgatheMorel, avocate deEnfance et partage, récemment

Certainscassontenoutrediffici-lesàrepérer. «Onpeutavoiraffaireàdesadultesdontlacapacitédedis-simulation est au-delà deceimagine», analyse Marie-Agnès

sont avancéespour expliquer uneréactiontroptardive dans lecas deMarina, ou celui décou-verts le 17avril dans une cave insa-lubre des Pavillons-sous-Bois (Sei-ne-Saint-Denis). Commeration de la connaissance du phé-nomène, le repérage précoce desenfants est une priorité pour lesspécialistes réunis au Sénat. Lespersonnels de santé doivent êtresensibilisés. Alors quenationaleestla premièresourcede

lesmédecins alertent peu, faute deformation. Le grand public, quipeutappelerle119(numéroanony-me et gratuit) en casdedoutes, estaussivisé. «Lesenfants ne vont pasêtre immédiatement emmenésdansunfoyer, affirmeM.Séraphin.Appeler ce pas dénoncer,partageruneinquiétude.» p

Gaëlle Dupont

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