SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

57
Université Libre de Bruxelles Faculté des Sciences sociales et politiques/ Solvay Brussels Monde arabe contemporain : approches socio- politiques SOCA-D-506 Année 2010-2011

Transcript of SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

Page 1: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

Université Libre de BruxellesFaculté des Sciences sociales et politiques/ Solvay Brussels

Monde arabe contemporain:

approches socio-politiques

SOCA-D-506

Année 2010-2011

Cours dispensé par Mme Jihane Sfeir [email protected]

Travaux requis

Page 2: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

1- Exposé oral ou travail écrit d’une longueur de 15 pages. L’exposé oral sera présenté en classe. La durée de l’exposé ne doit pas déposer 20 min. La présentation est suivie d’une discussion. Distribution du plan détaillé de l’exposé. (30 % de la note).

2- Participation orale aux discussions et débats en classe, (10% de la note).

3- Examen final. (60% de la note).

Séance 1: Présentation générale et distribution des travaux. Qu’est-ce que le monde arabe ?

Séance 2: L’homme Malade de l’Europe et la naissance des Etats/Nations dans le monde arabe

Cours du 30/09/2010Exposé: les accords Sykes-Picot et la déclaration Balfour: voir PowerPoint

Cours:En 1908, la révolte des jeunes Turcs a lieu. Ces jeunes Turcs font la révolution et prennent le pouvoir. Jusqu’en 1908, l’empire ottoman s’étendait jusqu’en Afrique du Nord (sauf le Maroc). Quand Mehmed Ali arrive de l’Egypte au Liban, l’empire ottoman demande de l’aide à l’Europe. Au Moyen-Orient, des frontières apparaissent. La Transjordanie, la Syrie, le Liban etc vont naître sous l’impulsion des puissances françaises et britanniques. L’administration française met en place des mandats et non pas des colonies. Quelle est la différence ? Apparemment rien, mais dans les textes il y a une différence fondamentale: les colonies sont gérées directement par les puissances colonisatrices et les colonisés participent peu. Cela va à l’encontre du discours de Wilson (« droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »)1; on ne peut plus parler de colonies alors on parle de mandats… Le principe du mandat est d’apprendre aux peuples (arabes dans ce cas-ci) à se gouverner puis, quand on leur a appris, on leur donne l’indépendance. On découvre au Koweït, en Arabie Saoudite etc. les principales sources de pétrole. D’où le début d’une « course au pétrole ». Les USA sont partie prenante de cette course. En 1916: texte des oulémas d’Al Azhar: ils y expriment leur haine vis-à-vis des Turcs (alors que l’empire ottoman était pluriethnique et plurireligieux). Comment expliquer ce revirement ? Par l’illégitimité des sultans, qui étaient de moins en moins considérés comme pères des croyants.2

En 1908, la révolte des jeunes Turcs a lieu. Ils sont inspirés par l’idée allemande de « culture-nation ». Ils se lancent dans des campagnes de

1 Les Américains ont aidé les Européens à gagner la guerre. Ces derniers doivent donc « plaire » aux USA.2 Cf. Jean-François Legrain

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 2

Page 3: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

turquisation. La langue turque est ainsi imposée. Commencent des années noires marquées par des déportations d’intellectuels qui veulent parler arabe.Le service militaire (safar barlik) devient obligatoire: ceux qui ne veulent pas joindre l’armée sont exécutés, emprisonnés etc. Le pouvoir ottoman pense que « si on veut récupérer l’empire, il faut être très autoritaire et ne plus déléguer le pouvoir, il faut centraliser ».Grande famine de 1916-1918: sécheresse et invasion des sauterelles. Les paysans n’ont rien à manger. Le peu qui reste de nourriture est pour l’armée. Ingérence européenne: à travers les consulats, les ports, les routes maritimes… Or qui contrôle le transport contrôle le territoire !Une propagande antiturque est lancée à travers les nationalistes arabes. Les chefs religieux de la mosquée al-Azhar au Caire écrivent: « (…) Les Turcs en veulent à la langue arabe, la langue du Prophète et du Coran(…) »La réunion du Congrès arabe est organisée par et en France (la France paye les billets etc).Correspondance entre Hussein (le shérif de la Mecque) et Mac-Mahon (agent britannique installé au Caire). Les Britanniques voient l’empire ottoman affaibli et promettent au shérif hachémite de l’aider dans sa révolte contre les Ottomans. Mais une autre partie des Anglais négocie avec Ibn Saoud. Quand les bédouins partent de la péninsule arabique, ils sont aidés par le célèbre Lauwence d’Arabie3. Lawrence accomplissait une mission d’archéologie en Syrie. Il parlait très bien l’arabe. Il devient un agent pour la Grand Bretagne. Il se lie d’amitié avec Fayçal (qui a le même âge que Lawrence et est « intelligent »), le fils de Hussein. Lawrence va s’engager avec Fayçal et va vraiment croire au royaume arabe, semble-t-il… Mais les plans britanniques sont différents: la France et la Grande Bretagne procèdent au « découpage » du territoire.

La banque turco-égyptienne est gérée par la France et la Grande-Bretagne. L’Egypte est surendettée. Les Britanniques géraient les affaires égyptiennes, et de là, le Soudan. Les Britanniques contrôlaient tous les accès à la mer ainsi que les mines pétrolières.La carte du monde change complètement. L’importance du pétrole et l’accès aux ports et routes commerciales constitue un atout principal. Des identités nationales se créent…

3 Le père de Lawrence d’Arabie était un Lord mais n’a pas épousé la mère de Lawrence. Dès lors, il n’était pas tout à fait considéré comme faisant partie de l’aristocratie britannique

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 3

Page 4: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Palestine:4

Quand les Britanniques vont y imposer leur mandat, ils vont recenser la population Ils vont inventer de nouvelles catégories: l’ethnie et la religion.

- Classification ethnique : arabe de Palestine/juif de Palestine/autre (c’est-à-dire druze ou samaritain)

- Classification religieuse : chrétien/musulman/juif/autres

On remarque que pour les Britanniques, on est juif ethniquement ET religieusement. La seule population arabe qui restera beaucoup dans ce territoire est la communauté des druzes (il y a même un bataillon druze dans l’armée israélienne !). Les Britanniques découpent la Palestine en des districts.

Liban : Pour les Français, la classification est différente. La population libanaise est recensée selon deux catégories: la communauté et la région.Le Liban est découpé selon des muhafazat ou districts. Au Liban, il y a des régions. Dans chaque région un recensement est fait selon la communauté religieuse. On compte 17 communautés religieuses au Liban ! Les régions sont découpées par les Français qui veulent créer une assemblée parlementaire. Chaque région a un représentant au parlement libanais. Le système politique mis en place par les Français est le système confessionnel: on distribue le pouvoir et les fonctions publiques selon l’appartenance religieuse. Ainsi, il est écrit dans la constitution que:

- le président doit être chrétien maronite, - le premier ministre doit être musulman sunnite - etc. - La chambre des députés est constituée par une proportion de

chrétiens contre une proportion de musulmans. Pour les fonctions publiques, il n’y a pas de texte écrit mais c’est dans les usages (c’est même valable pour les doyens des universités etc).

On assiste à la création de nouvelles identités, à de nouvelles frontières qui n’existaient pas sous l’empire ottoman. Cependant, ces frontières restent poreuses (elles ne seront vraiment là qu’à partir de 1948). Séance 3: De la renaissance culturelle (Nahda) au réformisme musulman

Cours du 07/10/2010

4 Cf. Youssef CarbageCf. Philippe Fargeres (démographe, a fondé le centre CARIM à Florence études sur l’émigrationCf. Justin Mc Carthy, The Population of Palestine

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 4

Page 5: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Exposé: les Frères musulmans: voir PowerPoint.Cours:Jamaleddine Al-Afghâni 1839-1897 vient en Egypte, travaille auprès de Muhammad Ali et du khédive Ismaïl puis est exilé car il prône une libération. C’est un islamiste qui veut libérer les musulmans du joug de l’occident, du joug de l’ottomanisme et du joug d’al-Azhar, à travers la réforme de l’Islam. Elite moderne: élite intellectuelle >< élite religieuse (issue souvent de la classe moyenne et souvent du peuple. A intégré les écoles coraniques et théologiques, s’est inspirée des apprentissages de l’islam mais aussi en contact avec l’élite occidentalisée).

Al-nahda:

Nahda signifie: un éveil, un réveil intellectuel, aux idées politiques européennes, à l’humanisme européen, et aussi un réveil identitaire qui est très profond et donne naissance à la formation des identités nationales. Une identité arabe et une identité musulmane.

La nahda intellectuelle et littéraire, c’est un éveil des élites, qui va montrer du doigt, rendre compte, révéler les dégâts que les sociétés arabes ont subi par leurs dirigeants et par leurs clercs (leurs hommes religieux). C’est un éveil donc sur une condition désastreuse. Cet éveil se fera progressivement, pour arriver dans les années 1930 à Hassan al-Banna et aux Frères musulmans.

Il y a plusieurs acteurs de cette nahda. Parmi eux:- les Shawams (les Syriens, les Libanais et les Egyptiens tous ceux qui venaient du Machreq)- les réformistes religieux musulmans- pas visibles directement sur la scène: les personnes qui vont participer indirectement et de façon involontaire: les puissances occidentales (qui établissent un réseau éducatif)- Muhammad Ali et le khédive Ismail. Muhammad Ali va envoyer des étudiants étudier à Paris. il y a des convois d’étudiants égyptiens qui vont partir en Europe s’éduquer occidentalisme. Ils découvrent les philosophes, le siècle des lumières et sont fascinés et en même temps choqués. Ils reviennent avec tout cela. La France a encouragé ces envois. Ces personnes vont devenir des agents, des intermédiaires. On leur donnera de plus en plus de pouvoir. Ils seront la façade d’un pseudo-gouvernement sous les mandats.

Parmi les Shawams il y a Boutros al Boustani (Libanais) et Jurji Zeydan. On est face à un mouvement littéraire. Un moment très important: développement de la presse. La circulation de la pensée et des idées se propage grâce au développement des journaux. Le 19e siècle a donc libéré la parole des élites. Des revendications d’une construction d’un état centralisé apparaissent.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 5

Page 6: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Au Maghreb, la France était là et imposait la langue française. La langue arabe était marginalisée. Dans l’empire ottoman, la langue arabe était marginalisée par le turc. Des deux côtés la langue arabe était bafouée. En réaction, la plupart des journaux sont rédigés en arabe. Il y a une volonté de développer la langue arabe. Le développement de la presse, des traductions, de l’imprimerie, transforme profondément les relations sociales. A partir de ce moment-là, la culture ne sera pas uniquement aux mains de l’élite. On assiste à l’émergence d’une classe moyenne éduquée. Il y a aussi une transformation au niveau intellectuel éveil culturel.

Il y avait un seul exemplaire pour les journaux. L’exemplaire était placardé. Quelqu’un le lisait et ensuite il y avait un débat démocratisation de la connaissance culturelle et politique. développement des cercles idéologiques. (Au Mashreq du moins... Au Maghreb c’est différent à cause de la colonisation française il n’y a pas autant de diffusion de la presse et de débats).L’élite est urbaine et citadine beaucoup plus que rurale.

Le premier périodique est un journal privé. Les journalistes sont des drogman, des traducteurs, des commerçants. Ce sont donc des intermédiaires. Ce sont des aventuriers. Ils traduisent beaucoup des romans du français ou de l’anglais vers l’arabe. Parfois ils traduisent très mal. Le roman nait à cette époque. Les misérables est traduit par exemple. Taha Hussein est un des premiers écrivains égyptiens qui va moderniser la littérature égyptienne qui va écrire lui-même sans traduire

Le premier périodique est « le jardin des nouvelles » en حديقة األخب[ار 1859. En 1876: journal « al ahram ». أألرحامEn 1892 journal « al hilal » (le croissant) ( idée du croissant fertile de la nation arabe). La presse joue un rôle très important dans la prise de conscience nationaliste.Le développement de cette presse favorise l’émergence d’une classe intellectuelle de type moderniste – moderne. Même les réformistes musulmans comme Muhammad Abduh ou son disciple Rachid Rida, vont revendiquer la séparation du politique et du religieux..

Réformisme musulman

Jamaleddine al-Afghânï 1839-1897 a contribué à la libération nationale à travers la religion. L’islam devient un outil pour libérer. On parle d’islah

إصالح : c’est tout ce mouvement de réforme, de révision de l’islam. Afghânî a particulièrement marqué par son œuvre, par ses écrits, ce mouvement réformiste. Son idéologie prônait une libération nationale et sociale (libérer la nation et la société). La connaissance était cloisonnée. Jamaleddine va parler au nom des plus démunis en disant que le savoir doit être à la

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 6

Page 7: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

portée de tout le monde « libérer la société via l’éducation ». C’est aussi le message de Muhamad Abduh, son disciple et partenaire (avec qui il fondera une revue). Il va être critique de l’école traditionnelle théologique du Caire. Il participera à la révolte de Urabi Pacha. C’est un personnage qui va faire un mouvement de révolte contre la mainmise occidentale et en particulier britannique et regroupera plusieurs personnes autour de lui dont Jamaleddine al-Afghânî. Certains seront exilés, dont ce dernier. Il sera exilé en Inde d’abord puis à Paris (fin du 19e siècle). A Paris il va rencontrer Muhamad Abduh 1849-1905. Ensemble ils vont fonder une association et une revue « le lien indissoluble » « al urwa al wuthqa ». Ils veulent réformer islam pour:

- une libération du despotisme ottoman et du despotisme des dirigeants politiques égyptiens,

- et pour une libération de l’influence occidentale ces deux ennemis reviennent tout le temps dans les discours des

mouvements islamistes. Pour le Hamas, il y a ces deux ennemis: corruption des dirigeants palestiniens – et l’Occident, vecteur de valeurs immorales (plus Israël bien sûr). Afghani et Abduh posent les bases d’un discours islamiste.

Toutefois leur relation avec occident est très ambigüe: ils sont aussi influencés en France par les pensées du siècle des lumières etc. (ils éprouvent une fascination et une répulsion).

Pour se libérer, il fallait réformer l’islam. Et donc passer par une sorte de critique du Coran et une critique des écoles théologiques. Ils font la « guerre » contre les ulémas traditionnels. La pensée des réformistes musulmans va permettre le développement d’une petite et moyenne bourgeoisie nationale qui va être lésée par le développement capitaliste et occidental dans le monde arabe: tous ceux qui n’ont pas été formés dans les écoles occidentales mais ont acquis une connaissance éclairée vont se tourner vers le mouvement de réformisme musulman.

Muhamad Abduh va critiquer certaines choses dans le Coran:- critique la polygamie- critique l’esclavage- s’engage dans la mise en place d’un système éducatif effectif

(assez démocratique). Pour lui, la libération nationale passe par le progrès social. Le vecteur religieux a beaucoup plus de chance d’être entendu par la population; ainsi, les cheikhs prêchent dans les mosquées et propagent les idées de Abduh et Afghani et touchent la population dans leurs khoutbas du vendredi.

Un disciple syrien d’Abduh est Rachid Rida. Tous les deux vont fonder une revue ensemble au Caire: la revue al-Manar5 qui va devenir l’organe du courant salafiste arabe. As-salaf: premier, ancêtre retour aux origines, à la façon dont le Prophète vivait. Là, on est dans une vision panislamiste (diffusion de l’islam: « l’islam vaincra »). Cela mènera à

5 La télévision du hezbollah est aussi appelée al manar phare qui éclaire

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 7

Page 8: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

remettre la question califale à l’heure du jour et de lutter contre la domination occidentale.

Rida va se tourner vers un arabo-islamisme qui exprimait mieux pour lui la tendance à l’émancipation nationale des provinces arabes. Il va beaucoup plus se diriger vers la wahhabisme. Il retourne vers les origines et vers un islam « rigoureux ». Il va inspirer Hassan al Banna et les Frères musulmans.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 8

Page 9: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Séance 4: Le Maghreb colonisé

Cours du 14/10/2010Exposé sur les Juifs de Tunisie: voir PowerPoint.6

Cours:En 1956 le parti du destour est fondé entre-autres par Habib Bourguiba. Ce dernier est considéré jusqu’en 1987 comme le père de la Tunisie. Il va à la fois moderniser la Tunisie en donnant droits à la femme et en laïcisant le système, mais en même temps il met en place un véritable culte de sa personnalité. C’est un peu un père qui va étouffer ses enfants. Il a été renversé de manière « soft » par son premier ministre de l’époque: en 1987 Ben Ali va faire appel aux médecins de Bourguiba et va les menacer de signer un papier comme quoi Bourguiba est fou et donc incapable de gérer le pays, déclaré « empêché médicalement de régner sur la Tunisie ».

La communauté juive était importante en Tunisie et Maroc mais a diminué. En Algérie, elle a presque disparu. A Beyrouth il y a une seule synagogue conservée. Cette communauté juive au Liban existe encore (un millier de juifs environ) mais elle se cache. Il y a aussi un cimetière juif. Ces communautés juives vivaient en bonne entente avec la population locale jusqu’à la création de l’état israélien. Cet état a un double effet sur les mouvements de population:

- départ de la Palestine de centaines de milliers d’arabes qui vont devenir les réfugiés palestiniens

- et effet contraire: arrivée des juifs qui viendront gonfler les rangs de la communauté juive.

Remarque: - ashkénaze: juifs européens, - sépharade: juifs arabes de l’Afrique du Nord, - Nizrahim juifs du Liban etc. 7

6 1956 : indépendance de la Tunisie. Twânsa : juifs autochtones, Grâna : juifs migrants. Aliyah : agence juive qui aidait les juifs à aller en Israël, payait le voyage etc. Lors de l’indépendance, les juifs deviennent des « citoyens » (mais pas représentés comme minorité religieuse). Il y a aussi une arabisation de la société immigration vers la France pour les populations juives aisées qui « vivent à la française » et vers Israël pour les populations plus modestes. En 1967 (guerre des six jours) : manifestations en Tunisie et premières violences contre les juifs (magasins juifs incendiés, violences contre lieux de cultes juifs). En 1971 : première violences contre des juifs : un rabbin est assassiné. Les juifs se sentent de moins en moins en sécurité. 1956 : environ 80000 juifs en Tunisie. 1961 : 55000, années 80 : 7000, aujourd’hui : environ 1500 juifs. 7 Cf. documentaire France 3

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 9

Page 10: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

L’essor du panarabisme.

Une idéologie particulière est le panarabisme: c’est un mouvement politique, culturel et idéologique qui vise à réunir, à unifier les peuples du monde arabe. Pour la première fois, des nationalistes arabes vont avoir un projet commun et vont tenter de se réunir. Du côté algérien: Messali Hadj. Il sera le promoteur de cette idéologie nationaliste arabe. Derrière cette idéologie de nationalisme arabe il y aussi le rejet de l’occident et des valeurs de l’occident, pour la préservation de l’authenticité, de la pureté arabe. Le premier parti politique panarabe sera fondé dans la Palestine mandataire à Jérusalem. C’est un parti qui s’appelle al Istiqlal: l’indépendance. Il est fondé par les frères ‘Issa (chrétiens palestiniens). Il se caractérise par la laïcité. Ce groupe rassemble des Syriens des Palestiniens mais aussi des intellectuels qui viennent du Maghreb. Bien qu’il soit laïc, il comprend également un élément musulman: on prend en compte que l’Islam est une composante de l’arabisme. Remarque: Sati’ al Husrî sera inspiré par les idées pangermanistes (idées expansionnistes allemandes qui rassemblent un peuple qui parle la même langue et issu d’une même race). Il parlera d’une Arab culture nation. Il a l’idée qu’il y a une culture, une langue qui sont arabes et derrière il y a la religion à majorité musulmane. Tout cela fait qu’il y a une nation indivisible et unie: la nation arabe. Si l’Islam est une composante secondaire du nationalisme, il reste néanmoins un élément puissant de rapprochement des peuples arabes. En 1930 les musulmans représentent plus du tiers de la population de l’empire colonial français. Voici quelques exemples de la maturité du nationalisme arabe:

Exemple de l’Egypte.

De la 1e guerre mondiale jusqu’en 1936, l’Egypte va connaître de profonds changements sur le plan intérieur et extérieur. Sur le plan intérieur: L’Egypte est d’abord sous protection britannique. Les Français et les Britanniques ont la mainmise sur l’économie égyptienne et ont une influence culturelle assez grande en Egypte. Economiquement, l’Egypte est endettée. Beaucoup d’Egyptiens travaillent pour des salaires misérables pour le compte de la France et de la Grande Bretagne. On lève des corvées (travail quasi obligatoire pour l’Angleterre, pour travailler aussi à l’effort de guerre). Saad Zaghloul, un des fondateurs du nationalisme égyptien, va être le premier à demander l’indépendance auprès des Britanniques, qui l’exilent à Malte, ce qui déclenche des manifestations de rue au Caire. Les Britanniques se rendent compte qu’ils ne maitrisent plus la situation autant qu’avant. Un roi est mis au pouvoir: Fouad 1er. Il est Egyptien mais à la solde des Britanniques et règnera sur ce pays. Sur le plan extérieur, l’Egypte devient progressivement le deuxième pôle du monde arabe. L’Egypte va rassembler autour du Caire des intellectuels, opposants, nationalistes, qui vont se former dans ses écoles, ainsi qu’à la mosquée al Azhar, et vont ensuite répandre leurs idées sur

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 10

Page 11: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

tout le monde arabe. En 1936, l’Egypte devient indépendante et en 1937 l’Egypte est admise à la Société Des Nations.

Exemple du Maroc.

Les premières réclamations d’indépendance se font dans les guerres du rif. Un des héros de cette guerre (début du 20e siècle). est Abdelkrim, qui va être marginalisé par l’historiographie marocaine car c’est un héros qui va même contester la dynastie des rois marocains. Abdelkrim va enseigner les techniques de guérilla (qui seront reprises dans d’autres pays Indochine etc). Il faut attendre au Maroc le milieu des années 1930 pour qu’une conscience intellectuelle nationaliste marocaine se développe. Le chef des berbères va provoquer une première réaction nationaliste des milieux arabisés qui accusent la France de vouloir diviser le pays au profit des berbères (la France favorisait politiquement les Arabes). Les années1930 sont marquées par de violentes émeutes qui vont constituer le mouvement de départ du mouvement nationaliste indépendantiste marocain.

Exemple de la Tunisie

Années 1920: le parti Destour, libéral, nationaliste tunisien, qui réclame une constitution tunisienne. Devant la montée de ce nationalisme, les Français apporteront quelques réformes mais ce ne sera pas suffisant. En 1930, la France va dissoudre le parti, qui va renaître sous l’appellation donnée par Bourguiba: néo-destour. La particularité du néo-destour par rapport au destour est qu’alors que membres du destour étaient des élites bourgeoises intellectuelles, le néo-destour s’adresse plus largement à toute la population; ce n’est plus le privilège des élites d’appartenir à ce parti. Le parti prône la neutralité confessionnelle et la séparation des pouvoirs.1938: une grève générale a lieu, le parti sera dissous, et son chef, Bourguiba est emprisonné. On proclame l’état de siège. La France ne pourra plus établir après la guerre un état de siège de manière aussi forte qu’elle le faisait avant la guerre.

Exemple de l’Algérie.

Il n’y a pas de véritable nationalisme avant 1914. Le nationalisme se développe dans les années 1920 au sein de la bourgeoisie musulmane. La revendication au départ est l’égalité des droits avec les Français (en effet, selon le code de l’indigénat, il y avait des citoyens de 1e, 2e et 3e

catégorie. En 1926, Messali Hadj fonde le parti « l’étoile nord africaine » et avec Ferhat Abbas (qui sera très actif au FLN), il va réclamer l’élargissement de la citoyenneté française à toute la population algérienne sans distinction de religion.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 11

Page 12: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

(Remarque: beaucoup de soldats pendant la première guerre mondiale sont « fournis » par l’Algérie. Ils sont souvent mis au front. S’ils n’étaient pas envoyés au front, ils étaient employés dans les usines).Messali Hadj va avoir beaucoup de popularité au sein de la population algérienne en Algérie mais aussi en France (où il sera exilé et d’où il enverra ses messages).En 1937, il fonde le parti du peuple algérien. En 1946, il fonde le MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques). Dans les années 50, avec le FLN (Front de Libération Nationale), on assiste à une radicalisation: on ne parle plus de compromis; on veut l’indépendance et la libération de l’Algérie.

Le baathisme

Le parti baath, signifiant بعث « le bourgeon qui sort, la renaissance (politique), le renouvellement, est un parti politique d’origine syrienne fondé en 1943 par Michel Aflak. La doctrine repose sur deux piliers:

1) Une nation unifiée de l’Irak jusqu’au Maroc2) La construction d’une nation arabe unie basée sur le socialisme

Il y a deux branches dans le parti baath:- Une branche syrienne- Une branche irakienne (la branche irakienne sera utilisée comme

courroie de transmission pour asseoir le pouvoir de Saddam Hussein).

L’âge d’or du baathisme est dans les années 60. Le baathisme est en faveur d’une démocratie pluraliste avec des élections libres (mais n’est-ce pas une contradiction quand on pense à Saddam Hussein et Hafez el Assad !!!?)Hymne du baathisme: « Union arabe unie avec un message noble ». Ne reconnait pas les frontières faites par les puissances occidentales. Hymne parti Ba’th: parti uni et fort et laïque. Ce parti revendique la reconquête du monde arabe. La question palestinienne est centrale dans le baathisme.

De 1958 à 1961, il y a eu la République Arabe Unie, qui réunit la Syrie et l’Egypte. Cette république symbolise l’union de l’état arabe… Mais cette union a échoué car Nasser a voulu asseoir son hégémonie (« l’Egypte dirige tout »). Il y avait un seul passeport pour les deux pays. Nasser était beaucoup plus puissant que la Syrie à l’époque. Nasser a fondé un panarabisme: le nassérisme. Les discours de Nasser étaient retransmis par la radio « la voie des arabes » une radio de propagande nassériste.8 ,صوت العرب

8 Considération sur le malheur arabe de Samir Kaser. Assassiné en 2005 devant sa maison, par voiture piégée. Libanais d’origine syrienne. Ce livre parle de l’échec des nationalismes arabes.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 12

Page 13: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Séance 5: Indépendances, révolutions et coups d’étatsCours du 21/10/2010

Exposé: la guerre d’Algérie (voir PowerPoint).

La guerre d’Algérie 1954 -1962

La guerre d’Algérie9 s’inscrit dans un vaste mouvement de décolonisation. La défaite de la France contre Indochine a encouragé les Algériens, elle a été un moteur. La Tunisie et le Maroc négociaient leur indépendance à la même époque.En Algérie, c’est une insurrection. C’est une colonie différente car c’est une colonie de peuplement, c’était un département français, avec les pieds noirs, et le code de l’indigénat. Ce code va en quelque sorte privilégier des citoyens de première catégorie. La guerre d’Algérie est une guerre de guérilla urbaine. La guerre se passe dans les campagnes mais aussi à l’intérieur de la ville. L’Algérie française est une société inégalitaire, avec le code de l’indigénat qui privilégie les Européens et les juifs. Les musulmans n’avaient pas les mêmes droits. En 1954, il y avait en Algérie 9 millions de musulmans et 1 million d’européens. Plus de la moitié de la population musulmane était jeune, avait moins de 18 ans. Les clivages sociaux étaient entretenus, aggravés par l’opposition constante des Européens à toute forme de concession: pas de réformes, pas de réajustement de statut…

La guerre est menée de l’intérieur. D’abord il y a des divisions entre différents partis nationalistes algériens. Un de ces mouvements est le FLN: front de libération nationale. Ce mouvement a été établi au Caire. Un de ses membres fondateurs est Ahmed Ben Bella. Le mouvement est radical, écarte toute forme d’opposition molle, modérée. En France, en métropole, l’état français peine à trouver une solution diplomatique. En 1956, envoi de 400000 soldats en Algérie. Leur mission était de « pacifier ». Il va y avoir des bataillons recrutés au sein de la population musulmane: ce sont les harkis: soldats musulmans qui portent des armes. C’est un groupe de victimes qui a vraiment subi cette guerre: ils sortent perdants à la fin de la guerre, ils ont porté fusils contre leur propre population et sont donc obligés de venir en France. En France ils sont vus comme des Arabes et des traitres. Aujourd’hui, ils réclament justice.

Le 18 mars 1962, des accords vont être signés: les accords d’Evian qui reconnaissent la souveraineté de l’état algérien. Cette guerre s’inscrit dans un climat de décolonisation qui est lancé d’une part en Asie et d’autre part en Afrique du Nord.

Crise de Suez de 1956.

9 Film la bataille d’Alger diffusé en 1964 et interdit jusqu’en 2004. Dans ce film apologie du terrorisme et dénonce la torture et la politique française en Algérie.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 13

Page 14: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Discours historique de Nasser: nationalisation du canal de Suez. Nasser apparait comme le père de l’arabité. Il a renversé le roi Farouk 1er.Après la seconde guerre mondiale, la présence européenne dans le monde arabe est fortement menacée. Indépendances: Liban 1943, Syrie 1946, problème de Palestine, Lybie 1951, Tunisie et Maroc au milieu des années 1950 négocient leur propre indépendance, guerre en Algérie… C’est un contexte d’indépendance, mais aussi de guerre froide. Le traité de Bagdad est signé par la Jordanie, l’Irak, compromis au Liban (la rue est séduite par Nasser mais le pouvoir est plutôt pro-occidental). On est dans un contexte qui est favorable pour les indépendances: les USA veulent avoir des alliés au sein du monde arabe. Après la défaite d’Indochine, les Français et les Britanniques sont endettés, en pleine crise, l’empire colonial se réduit en peau de chagrin.En 1954, Nasser exprime son intention d’anéantir Israel. Il veut briser le commerce britannique des armes au Moyen Orient. Dès 1955, il signe un accord d’achat d’armes avec la Tchécoslovaquie. Il ne veut pas s’aligner ni sur un camp ni sur un autre. Le 19 octobre 1954 l’Egypte et la Grande Bretagne signent un traité dans lequel il est dit que la Grande Bretagne doit évacuer progressivement le canal sur une durée de vingt mois. Ils gardent une base militaire mais évacuent le plus grand de leur force, de leur contingent. Dans l’accord, il est dit que le canal se trouve dans les territoires égyptiens. Le canal est donc partie intégrante de l’Egypte. En contrepartie, Nasser reconnait que les voies maritimes du canal sont internationales . Nasser accède au pouvoir, il est très populaire dans la rue arabe. Au milieu du 20e siècle, la radio est partout, et pas n’importe laquelle: la voix des arabes صوت العرب Nasser a l’intention de construire un barrage à Assouan, pour récupérer l’eau et irriguer les terres. Il veut qu’il y ait une dimension pharaonique à ces travaux.

Ensuite, deuxième étape: nationalisation du canal. Pour construire le barrage, Nasser demande de l’aide à la BIRD (banque internationale pour la reconstruction et le développement, qui dépend des USA). Il demande un prêt à la BIRD, qui est sous contrôle des dollars américains. En même temps, comme il se dit non aligné, il reconnait la Chine populaire et se rapproche de l’Union Soviétique, ce qui exaspère les USA. Toutes ces actions ont comme conséquence le retrait de l’offre américaine pour le prêt en 1956. Une semaine plus tard, le 26 juillet, Nasser prend la décision de nationaliser le canal (discours). Les deux pays actionnaires de la compagnie du canal de Suez sont la France et la Grande Bretagne. Ces deux pays sont catastrophés ! (A chaque passage de bateau, il faut payer de l’argent). C’est la crise internationale. Les Français et les Britanniques vont se dire « Nasser nous gène. Il menace aussi l’état d’Israel ». D’abord ils vont demander aux USA d’intervenir, mais ceux-ci ne vont pas intervenir directement. Le président dit qu’on est à la fin du colonialisme et qu’il faut trouver une issue diplomatique à cette affaire, d’autant que Nasser étant très populaire dans tous les états arabes, cela voudrait dire se mettre à dos tous les états arabes, alors qu’ils ont besoin de leur pétrole.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 14

Page 15: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

La France se méfie de Nasser:- Car il y a des camps d’entrainement du FLN en Egypte; l’Egypte

forme des résistants algériens, fait passer des armes en Egypte, - car c’est le père de l’arabité. En Algérie l’arabe était presque

interdit, il fallait parler français. Pour les Français, c’est une occasion inespérée pour abattre Nasser.

Les Français et les Britanniques ont l’intention de faire la guerre pour mettre en place en Egypte un régime qui leur soit amis (un personnage fantoche comme le roi Farouk).La France demande à Israël d’intervenir. Les israéliens ne vont pas dire non. La France demande de mener des attaques maritimes mais surtout aériennes (les avions israéliens sont très performants). La Grande Bretagne dans un premier temps dit à Israël: « vaut mieux que tu ne te mêles pas de cette affaire ». La France reste déterminée à récupérer le canal.Un accord secret tripartite signé à Sèvre.Israel attaque. Le 30 octobre, la France et la Grande Bretagne adressent un ultimatum aux deux « belligérants »: ils font croire que c’est une guerre entre Israel et Egypte. En cas de refus de l’Egypte, ils déclencheront une riposte. Entre le 5 et le 9 novembre, une flotte en provenance de Chypre prête main forte aux Israéliens. Puis des parachutistes français et britanniques occupent Port-Saïd. Tous les aérodromes égyptiens sont pilonnés, bombardés et leurs avions restent cloués au sol.L’opinion internationale commence à s’émouvoir, à prendre position. Les USA qui ont déjà dit qu’ils n’étaient pas d’accord pour dette intervention considèrent cette guerre comme une rupture du front atlantique: en effet ils ont été écartés; les Français et les Britanniques se sont alliés à Israel secrètement pour mener une guerre désavouée par les Américains.Pour l’opinion publique arabe, c’est une manifestation de plus du colonialisme britannique et français.Nikita Khrouchtchev menaçait d’une guerre nucléaire. L’Union Soviétique menace les Français les Britanniques et Israel de mettre fin à la guerre par l’arme nucléaire. L’Otan riposte à son tour en disant « nous aussi on a une arme nucléaire et on peut répondre ». (Ambiance de guerre froide). Les Américains et les Soviétiques vont se mettre d’accord et demandent un cessez-le-feu. Les pressions occidentales, les pressions soviétiques, les pressions arabes, vont faire plier les Français et les Britanniques. Ces deux puissances vont être ensuite condamnées par l’assemblée générale des Nations Unies.

Pour conclure la crise de Suez, on assiste à la fin d’une période, la fin d’une époque: le dernier sursaut du colonialisme français et britannique. Nasser va transformer sa défaite en victoire. Nasser est le champion de l’arabisme. La France et la Grande Bretagne sont discréditées. La Grande Bretagne subit la dévaluation de sa livre sterling et la France, embourbée en 1956 dans la guerre d’Algérie, défaite en Indochine, doit faire face également à des problèmes internes, avant la mise en place de la 5e

république.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 15

Page 16: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

C’est la première crise pétrolière aussi, puisque tous les bateaux qui doivent venir d’Arabie Saoudite et approvisionner l’Europe en pétrole, ne pourront plus passer par le canal.C’est la fin des impérialismes français et britanniques. C’est l’affirmation de la présence américaine. Aujourd’hui, c’est un des acteurs les plus puissants sur la scène du monde arabe.

La crise de Suez débouche sur d’autres crises:Au Liban par exemple, il y a la guerre de 1958 : Nasser est à son apogée en 1958. Le Pacte de Bagdad est signé par les pays dits « réactionnaires » qui vont rejoindre les forces de l’OTAN. D’où une bataille de rue entre pro-Nasser et pro-américains au Liban. C’est la première guerre civile au Liban, en 1958. Elle sera arrêtée par le débarquement des marines américains la même année.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 16

Page 17: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Séance 6: La question de Palestine Cours du 28/10/2010

Naissance du conflit:

De 1922 à 1948 la Palestine est sous mandat britannique. Des heurts se produisent entre la population juive et arabe. Quelques personnalités palestiniennes émergent. Parmi celles-ci, il y a Izzedine al Qassam 1882-1935. A sa mort, une grande révolte éclate, menée par les paysans. Le kéfié (au départ pour les paysans de la terre, dans différents pays arabes) apparaît. Les paysans palestiniens prennent les armes et suivent entre autre Abdel Kader al Husseini 1907-1948. La Palestine est secouée par les heurts qui opposent:

- les Arabes de Palestine aux juifs de Palestine d’un côté - mais aussi les Arabes de Palestine aux Britanniques.

Déjà en novembre 1947, l’assemblée générale des Nations Unies vote la résolution 181: division du territoire en deux états, avec Jérusalem comme ville internationale (ils ont repris l’idée de la commission Pills en 1937).

Première guerre israélo-arabe: 1948-1949

1948-1949: première guerre israélo-arabe, entre les troupes de l’Irgoun et de la Haganah d’un côté (qui forment l’IDF actuellement) contre un ennemi qui va venir du monde arabe: Jordanie, Egypte, Syrie, Liban. Victoire des forces armées juives. En mai 1948, les forces juives gagnent du terrain. Israël est proclamé par Ben Gourion. Les deux parties qui étaient considérées comme territoire arabes se réduisent en peau de chagrin: la Galilée est perdue et la Cisjordanie est rajoutée au futur royaume de Jordanie. La bande côtière de Gaza est ralliée à l’Egypte.

Conséquences de cette guerre:Victoire totale d’Israël et mise en place d’un certain mythe (comme le disent les nouveaux historiens israéliens): « David contre Goliath ». Pourquoi cette défaite du côté arabe   ?

- Parce que d’un côté, en Jordanie, le roi hachémite avait déjà négocié avec Ben Gourion (accords secrets): il a fait semblant d’envoyer des armées, mais n’a pas donné l’ordre d’attaquer. En échange, il a eu la Cisjordanie.

- L’Egypte étant sous protectorat anglais, l’armée égyptienne n’était pas très nombreuse et n’a pas pu bien attaquer. La plupart des soldats étaient des volontaires des Frères musulmans qui sont partis dans le but de faire le « jihad ».

- Le Liban et la Syrie venaient d’avoir leur indépendance. La Syrie était instable politiquement et se construisait économiquement. Au Liban les soldats de l’armée étaient peu nombreux et très peu armés.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 17

Page 18: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

- L’ Irgoun et la Haganah ont une culture de guerre, qu’ils ont importée avec eux d’Europe, certains d’entre eux étaient des résistants; ils ont reçu un armement des USA et de l’Europe centrale.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 18

Page 19: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

La naissance du Problème des réfugiés palestiniens.

De 1948 à 1951: une partie d’Israël est vidée en grande partie de sa population arabe. Les Palestiniens partent et les juifs de l’autre côté arrivent (Aliyah: retour en terre promise). Les arabes qui y restent sont des Israéliens arabes ( leur citoyenneté est remise en cause aujourd’hui par l’idée de judéité introduite par Netanyahu).Le problème de réfugiés est provoqué surtout par le massacre de Deyr Yassin (mai 1948): ce village a été attaqué et suite à cette attaque il y a eu des centaines de morts. (Les Israéliens utilisaient la technique d’attaquer un village et de le détruire pour que population ne puisse pas y revenir).

Photo du camp de Nahr al bared: on voit des tentes à perte de vue. Ce camp, situé près de Tripoli, est considéré comme le deuxième plus grand camp de réfugiés au Liban. Les Palestiniens arrivés dans les différents pays espéraient toujours rentrer en Palestine.Le problème des réfugiés se traduit par l’éclatement d’une société, la dispersion d’un peuple.Selon les sources, il y aurait entre 750000 et 900000 Palestiniens en exil, donc à peu près deux tiers de la population palestinienne totale. Il y a eu beaucoup de controverses: sont-ils partis de leur propre gré ou chassés ? (cf. Benny Morris: il y a eu une politique de dépopulation volontaire et cf. Ilan Pappe: il montre qu’en 1948 il y a eu volonté israélienne de vider le territoire pour accueillir une nouvelle population).

Où vont ces réfugiés   ? A partir de 1948, la population arabe de Palestine se retrouve en grande partie en Jordanie, en Cisjordanie et à Gaza, et certains vont partir au Liban et en Syrie.

- Pour ceux qui partent en Jordanie, Ben Gourion et le roi hachémite s’étaient mis d’accord que la population obtiendrait la nationalité jordanienne. (La Jordanie est formée de tribus bédouines et avait besoin de main d’œuvre et d’une classe intellectuelle10).

- Au Liban, la situation est différente, en 1948, plus de 100000 Palestiniens arrivent au Liban. Le Liban est plongé dans une crise politique sans précédent. Le Liban a un système politique basé sur le confessionnel, où les chrétiens sont favorisés en 1948 dans le politique. Les Palestiniens représentent un dixième de la population libanaise. Cet afflux au Liban s’explique pour plusieurs raisons:

-Car il y avait deux frontières, l’une maritime, l’autre territoriale.

10 cf. travaux de Blandine Destremeau ou de Hana Jaber sur les réfugiés palestiniens en Jordanie

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 19

Page 20: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

-Car le Liban n’a pas de politique de fermeture des frontières comme la Syrie qui accepte 80000 palestiniens mais qui après a fermé ses frontières. Les réfugiés au Liban n’avaient comme statut qu’un statut d’étranger: pas de droit au travail, à l’éducation publique, à la santé… Ils sont parqués dans les camps. Les premières années pour les réfugiés palestiniens sont terribles. Ils manquaient de tout et les hommes soufraient de dépression car ils ne pouvaient pas rentrer chez eux. Les femmes sont moins tombées dans la dépression car elles s’occupaient de la vie quotidienne. Il y avait une certaine honte, car les réfugiés sont partis avec des vêtements et sont restés avec les mêmes vêtements pendant un an, ils avaient des poux et étaient passés à l’insecticide. Il y a aussi eu des morts dans ces camps étant données les conditions climatiques très dures. L’armée libanaise et le gouvernement libanais étaient très faibles: désorganisation la plus totale. Le refugié palestinien n’a même pas le droit a la propriété. (Une loi a été votée cet été pour la leur donner mais n’est que théorique). 11

- En Syrie , ils sont 80000: le gouvernement syrien leur donne le statut de citoyen mais ils ne peuvent pas élire et ne peuvent pas se présenter aux élections. Ils avaient le droit au travail, à la santé, à l’éducation, ils pouvaient aller à l’armée. Ils avaient en fait les mêmes droits que les Syriens sauf en ce qui concerne les élections. On peut penser que c’est le traitement le plus juste dans le paysage arabe, car en naturalisant en masse comme en Jordanie, on ne résout pas vraiment leur problème. Résolution 191: droit au retour des réfugiés à toute personne ayant vécu en Palestine mandataire avant 1948.

Remarque: Septembre noir: en septembre 1970, en Jordanie, les Palestiniens ont commencé à commettre des opérations à partir de la Jordanie contre Israël, d’où ripostes d’Israël. Les Jordaniens reprennent les choses en main: ils « jordanisent » la Jordanie en mettant dehors tous les combattants, ils les renvoient vers le Liban et obligent les Palestiniens à mettre de côté leur nationalité palestinienne.

Les Palestiniens qui restent dans les frontières israéliennes deviennent les arabes d’Israël et représentent 20% de la population en Israël.

11 Liban 17 communautés – ou 18 si on compte la communauté laïque.Il y a un clientélisme au Liban qui existe. Cf. livre de Michael Johnson: Classes and Clients in Beyrouth Society.Aujourd’hui les réfugiés sont 450000 au Liban. Camille Shameron : donne la nationalité libanaise uniquement aux réfugiés palestiniens chrétiens.Bachir Gemayel : meurt dans un attentat ses hommes commettent les massacres de Sabra et Shatila

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 20

Page 21: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Les Palestiniens en exil vivent pour la plupart dans des camps, camps gérés par l’UNRWA qui s’occupe de l’éducation et de la santé des réfugiés.

Conclusion

1948 marque la création d’Israël d’une part, et la nakba: catastrophe, désastre pour le peuple palestinien. La nakba représente la dislocation de la société, l’exil et l’engloutissement de la patrie.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 21

Page 22: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Séance 7: Le Liban dans la tourmente

Cours du 18/11/2010: voir exposé

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 22

Page 23: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Séance 8: Crises et conflits au Moyen OrientCours du 25/11/2010:

La Guerre de six jours et ses conséquences.

Le 5 juin 1967, l’aviation israélienne attaque les aéroports. Pourquoi ? Car Nasser a bloqué le golfe d’Aqaba. La guerre des six jours se solde par la victoire israélienne et la défaite égyptienne. Les Egyptiens avaient été soutenus dans cette guerre par les Syriens et les Jordaniens. Le bilan   est lourd:

- occupation du Sinaï et de Gaza. - Défaite du jeune roi jordanien: occupation de la Cisjordanie et de

Jérusalem Est par Israel. - Défaite syrienne: occupation israélienne du plateau du Golan (qui

faisait partie de la Syrie).De l’autre côté, on compte « seulement » 300 morts israéliens. Israel a doublé la superficie de son territoire. (Ces territoires sont toujours occupés par Israel. Aujourd’hui, lors des négociations de paix israélo arabes, les Palestiniens demandent les frontières d’avant 1967, ils ne revendiquent plus la totalité de la Palestine. Ils ont récupéré Gaza à Oslo. Le Sinaï a été rendu à l’Egypte après les accords de camp David).Les conséquences politiques sont lourdes:

- radicalisation des positions arabes et israéliennes. - Après cette période, lorsqu’Israel conquiert Jérusalem, mise en place

d’une politique de construction de colonies: on construit de plus en plus de colonies.

- Nasser veut internationaliser le conflit. Il va mourir en 1970. Il appelle cette défaite: naksa (défaite en arabe).

- Pour comprendre et essayer de s’unifier, les pays arabes qui avant 1967 étaient divisés en deux camps (d’un côté les réactionnaires (monarchies, surtout du Golf et Liban) >< de l’autre côté les révolutionnaires), s’unifient à Khartoum au Soudan et décident de la suite des événements.

Réactions internationales:- Vote de la résolution 242 par l’ONU: condamnation de l’attaque

israélienne et demande à Israel le retrait des territoires occupés. Israel se base sur la traduction, sur l’interprétation anglaise et pas sur le texte français et ne se retire pas.

- Les Américains n’exercent pas de pression sur Israel: ils disent que c’est la faute de Nasser qui a bloqué Aqaba.

- Pour la France, c’est différent: avant 1967 la France avait soutenu, armé Israel. Après 1967, la France change d’attitude vis-à-vis de sa politique d’armement d’Israel. De Gaulle est un peu vu comme le porte parole des Arabes (après la guerre d’Algérie, la France voulait redorer son image vis-à-vis des Arabes). De Gaulle voulait devenir une puissance importante sur le plan international: en optant pour une position différente de celle des USA, la France se positionne au

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 23

Page 24: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

milieu du conflit israélo-arabe. (Le discours du général de Gaulle après l’attaque israélienne de 1967 est un discours historique.)

Conséquences pour les Palestiniens: - Il y a une nouvelle vague de réfugiés (Gaza et Cisjordanie, déjà

occupés par d’anciens réfugiés): départ de dizaines voire de centaines de milliers de Palestiniens vers la Jordanie et vers l’Egypte.

- Radicalisation de la résistance palestinienne. En 1967 cela devient visible que les Palestiniens sont armés et revendiquent l’union des pays arabes par la libération de la Palestine.

- Naissance de partis politiques: - front populaire de libération de la Palestine FPLP, - front démocratique de libération de la Palestine FDLP, - le Fatah فتح mouvement de libération de la Palestine.- OLP s’institutionnalise, commence à financer des écoles dans les camps, s’investit dans la santé.

On assiste à la fin du rêve nassérien et la montée du mouvement national palestinien. Les Fedayin fascinent.

Dans les années 60-70 partout dans le monde il y avait des camps d’entrainement. Les combattants vont gagner une bataille qui va les consacrer comme des conquérants libérateurs: la bataille de Karameh (Karameh signifie honneur, dignité): un village jordanien. Après plusieurs défaites, un groupuscule de fedayin va battre un groupe armé israélien. Cette bataille est la bataille fondatrice de leur mouvement.

En 1969 : accords du Caire. Ils ont été signés entre un général de l’armée libanaise et un commandant palestinien. Ces accords autorisaient la lutte armée palestinienne sur le territoire libanais pour la récupération de la Palestine. D’un autre côté, les camps d’entrainement étaient aussi en Jordanie.

Septembre noir 1970 : massacres des Palestiniens. Il y avait tout le temps des attaques des fedayin en Jordanie. Une opération de trop et en représailles l’aviation israélienne a bombardé l’aviation civile jordanienne. De plus, il y avait beaucoup de manifestations des Palestiniens en Jordanie. Selon des chiffres12 plus de 60% de la population de Jordanie est d’origine palestinienne. Septembre noir: le jeune roi Hussein ordonne à l’armée jordanienne de combattre les mouvements armés palestiniens et renvoie tous les combattants au Liban !

Guerre de 1973:

Anouar al Sadate est au pouvoir en Egypte (il a remplacé Nasser, c’est un ancien compagnon de Nasser, il est Nubien, il est un officier libre, mais il n’avait pas la même prestance que Nasser. Il est très diplomate et se

12 (cf. Blandine Destremeau)

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 24

Page 25: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

lance dès les années 1970 dans une politique d’ouverture et de rapprochement avec l’occident: c’est la période de l’infitah). Mais en Syrie, Assad est au pouvoir. La Syrie et l’Egypte décident d’une action (malgré le rapprochement avec l’occident de Sadate) en 1973. L’Egypte et la Syrie se lancent dans une guerre contre Israel le Jour du Pardon, Yom Kippour (c’est un jour où on ne prend pas les armes). Les Egyptiens et les Syriens attaquent en octobre, par surprise (on appelle cette guerre: guerre d’octobre) et malgré la défaite, cette guerre est transformée en victoire dans la tête des arabes. Pendant quelques temps ils déstabilisent les Israéliens mais Sharon prend les Egyptiens par derrière. La Syrie aussi sera facilement battue. Golda Meir doit démissionner. Elle était la première ministre israélienne de l’époque, elle était très célèbre car elle a dû gérer les jeux olympiques de Munich et la prise d’otage et a dit « on ne négocie pas même si on doit perdre nos athlètes ». JO de Munich de 1972 vont rendre visibles les Palestiniens sur la scène internationale car avant 1972 ils étaient célèbres dans les pays arabes mais pas internationalement. En 1972, il y a eu une retransmission en direct des JO dans tous les pays et tout le monde a vu les images en direct de la prise d’otage et les Palestiniens visibles malgré leurs cagoules. Conséquence de la guerre de 1973:

- le peuple israélien demande la démission de Golda Meir qui aurait eu vent de cette attaque (CIA lui aurait fourni les preuves).

- premier choc pétrolier: la Ligue arabe se réunit et décide de fermer les robinets d’arrivée du pétrole. D’abord ils augmentent le prix du baril. Le pétrole est une arme énergétique plus puissante que les armes réelles. L’Europe et les USA comprennent qu’ils dépendent beaucoup des pays du Golfe. Après 1973, les Nations Unies reconnaissent l’OLP. Dans une couverture du Times, Arafat apparaît comme homme de l’année

Guerre de Liban

Au Liban, le système politique est dans une impasse vu le système confessionnelPrise de pouvoir de résistance palestinienneGuerre d’abord entre une partie des Libanais contre les Palestiniens et leurs alliés, puis cela devient une guerre civile. La guerre dure de 1975 à 1991 et se termine par les accords de Taëf, sous l’égide de l’Arabie Saoudite. L’accord rééquilibre le système confessionnel (mais on ne parle pas de la Syrie).Le massacre de Sabra et Shatila est perpétré et est dénoncé internationalement. 13 Après le massacre de Sabra et Shatila, l’OLP quitte le Liban. Naissance du Hezbollah: parti chiite qui se distingue au départ par sa prise d’otage d’occidentaux. Ce parti va naître sur les cendres du

13 Documentaire : Massacre par un Libanais et une Allemande sur des anciens soldats qui ont participé à Sabra et Shatiladocumentaire : Valse avec Bachir

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 25

Page 26: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

mouvement national palestinien. Il devient le principal parti de la communauté chiite du Liban. Aujourd’hui, pour l’opinion publique de la rue arabe, Nasser n’étant plus là, Saddam n’étant plus là, Bachar al Assad étant moins populaire que son père, l’homme politique qui apparaît comme le plus populaire, le plus important est Hassan Nasrallah. Il est aujourd’hui l’homme politique arabe par excellence… Il est considéré comme le « diable » par les Américains et les Israéliens puisqu’il résiste à la politique israélienne et qu’en 2006 l’invasion israélienne s’st soldée par un échec (le but de cette invasion était de déloger le Hezbollah du Liban).Après 2005 et l’assassinat de Hariri, un tribunal a été mis en place pour savoir qui a tué Hariri. En 2011 les résultats devraient être connus par l’opinion mondiale… Si la Syrie et le hezbollah s’avèraient être liés, cela légitimerait une attaque israélienne prochaine contre le Liban…

Première intifada en 1987: intifada de la pierre où les enfants caillassent des chars israéliens. Cela a beaucoup d’impact sur l’opinion publique internationale. Dans les années 90 nouveau leadership palestinien: la naissance du Hamas, qui va d’abord être célèbre pour ses attentats faits contre de civils. (Bus, discothèques, pizzerias…). 14

14 (cf. J.F. Legrain – site, ouvrage sur le Hamas Le Hamas a au départ été créé par Israel pour casser le Fatah d’Arafat).

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 26

Page 27: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Séance 9: IslamismeCours du 02/12/2010

Remarque: Ali Rahmena a écrit un livre sur Ali Shariati, théologien islamiste marxiste, qui est revenu sur tous les discours et textes d’Ali, Hussein…Il était aussi très marqué par le compagnon Abu Dharr, considéré comme « le marxiste des compagnons du Prophète ». Ali Shariati est venu en France où il a rencontré Fanon et l’a traduit et a également rencontré Sartre et a fait une thèse à Paris. Il a été très influencé par les intellectuels de gauche français et a transposé cette idéologie vers un retour aux origines de l’islam chiite.

Extrait de François Burgat: actuellement le directeur de l’IFPO (institut français au proche orient). Il est à contre-courant de la théorie des Keppel (théorie selon laquelle « l’islam fait peur »). (livre: L’islam en face).

Introduction

Aujourd’hui l’islamisme existe… Les attentats existent… mais cela n’explique pas toute la montée islamiste… Murud Haddad: spécialiste des mouvements soufis en Europe. Samir Hangar travaille sur le salafisme. Ce dernier a mis en garde les étudiants: quand on entend le mot salafiste, on pense à un barbu avec mitraillette dans la bouche… Hors, il y a salafiste et salafiste ! Il y a les salafistes qui suivent Sayyid Qutb , et il y a les salafiste quiétistes c’est-à-dire des salafistes qui sont très religieux, très fondamentalistes, qui s’habillent de façon « traditionnelle », avec la barbe etc, mais qui ne prônent pas la violence…

L’islamisme est-il l’inversion de la thèse d’Edward Saïd, qui prône l’orientalisme ? Les Européens influencent le monde arabe culturellement, ils produisent un orient qui est imaginaire et imaginé par ces européens (un orient attardé, obscur, avec des femme exotiques et sensuelles, des hommes despotiques et violents… etc). Les peintures et écritures des orientalistes imprègnent jusqu’à aujourd’hui les mentalités européennes et américaines. L’envahissement de la culture occidentale produit une sorte de sursaut. D’abord on s’imprègne de cette culture et on la critique. D’où une vision de l’occident qui est également déformée: un Occident dépravé, rempli d’homosexuels, et où le sida grouille… L’interprétation de l’occident va être également biaisée.Pour interpréter cet occident il faut un texte, et ce texte est le Coran, car c’est quelque chose qui est pur de toute influence occidentale et qui ne « bouge » pas. D’où un retour aux origines, pour des origines pures, qu’on veut épurer de toute influence européenne. Deux pôles s’affrontent dans cet islamisme:

- Le Caire avec la mosquée d’Al Azhar et les débuts des réformistes- Ryad avec le wahhabisme

Les réformistes au tournant des XIXe et XXe siècles:

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 27

Page 28: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

L’empire ottoman disparaît et la question du califat se repose. On assiste au déclin de la culture du monde arabe et au début du colonialisme; les réformistes musulmans sont nostalgiques des premiers temps de l’islam et de l’époque abbasside. Ils se disent « aujourd’hui on est dans une Egypte qui est gangrénée par la corruption, avec un roi fantoche qui ne représente pas la communauté musulmane, on est sous la domination européenne britannique étant donné le protectorat et française étant donnée la dette, et les savants du Caire ne répondent plus aux exigences ». (Cf. Afghani, Abduh qui modernisent l’Islam en revenant aux sources: relecture du Coran, qui va être imprégnée par le siècle des lumières – Tahtawi par exemple est ébloui par les principes de liberté-égalité-fraternité, il étudie Voltaire, Rousseau etc-). On est dans un réformisme moderniste car les réformistes veulent moderniser la société musulmane par le biais de la religion. L’état est faible, il n’est pas là il faut réformer l’islam. Un autre personnage rejoint les idéologues: c’est Rachid Rida. Il est plus radical et se rapproche plus de la vision des Saoudiens, du wahhabisme. Hassan al Banna fonde le mouvement des Frères musulmans, en Egypte, en 1928. Très vite il aura beaucoup de disciples mais son mouvement va également s’exporter. Par exemple, Ryad Ramadan (le père de Tarik Ramadan), fonde à Londres puis en Suisse des organisations de jeunes européens musulmans, affiliées aux Frères musulmans. Hassan Al Banna a beaucoup d’adeptes, surtout pendant la période de Farouk. Banna et ses disciples contestent le dogme de la mosquée d’Al Azhar et pour Hassan Al Banna: « le Coran est notre constitution ». Son message est double: il est politique et social:Politique: Il rejoint Abduh dans le nationalisme: il veut un nationalisme arabe et islamique. Social: Très peu de personnes ont accès à l’éducation, Banna va démocratiser les écoles, il va ouvrir des écoles partout et des œuvres de bienfaisance et devient de plus en plus populaire au sein de la population égyptienne. Les Frères Musulmans participent à la guerre israélo-arabe en 1948-1949. La guerre mobilise deux armées:

- armées de l’ ALA (Armée de Libération Arabe: formée de troupes des armées libanaises syriennes égyptiennes et jordaniennes)

- et l’armée du mufti de Jérusalem qui se lance dans la guerre sainte. Plusieurs volontaires grossissent les rangs de cette deuxième armée: ils viennent d’Egypte, de Bosnie (ils sont très minoritaires mais c’est significatif !).

Cette deuxième armée voit sur le terrain que le roi de Jordanie avait signé des accords avec Ben Gourion ! Ils se rendent compte que leurs chefs d’état sont pourris, qu’il y a du clientélisme: toute la caste politique est pourrie !Après la guerre et la défaite, de grosses manifestations ont lieu dans les capitales arabes: elles rassemblent des milliers des personnes en colère, notamment au Caire et à Beyrouth. Elles sont menées surtout par des Frères musulmans. Ces manifestations vont menacer les personnes au pouvoir: celles-ci commencent à mesurer le poids de ces mouvements. Dans un premier temps pourtant en Egypte le pouvoir s’était allié aux Frères musulmans. Une bonne partie des officiers de l’armée égyptienne

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 28

Page 29: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

sont des Frères musulmans au départ. En 1952 les officiers libres prennent le pouvoir et promettent des choses aux Frères musulmans. Mais en 1954 quand Nasser devient le chef, il va se dire « non ce n’est pas possible pour mon projet de nassérisme ! » et commence à mettre les Frères musulmans en prison. Banna est mort et Sayyid Qutb qui a une vision beaucoup plus radicale que Banna et incite au djihad, à la guerre sainte par tous les moyens, fait une tentative de coup d’état en suite à laquelle il sera exécuté en 1966. (Dynamisme d’autosacrifice). C’est une sorte de révolution au sein de l’islam puisque l’impact de cet idéologue va avoir lieu beaucoup plus tard et contribue à l’éclosion de l’islamisme dans le monde occidental. Dans les années 1950 et 1960: l’islamisme radical reste très marginalisé, les prédicateurs salafistes sont emprisonnés, les islamistes sont mis de côté. La parole est plus au Fatah, à l’OLP…Mais il y a quand même un embryon de ces groupuscules qui se trouvent notamment en Arabie Saoudite et en Egypte.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 29

Page 30: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

1979

1979: Signature des accords de Camp David: Sadate signe un accord de paix avec Israel. Sadate est perçu comme une colombe par l’Europe, les USA et Israel… Mais quand il signe ces accords de paix, une grande partie de la population de la rue arabe sera contre et sera très mécontente. Parmi eux, il y a les Frères musulmans qui manifestent leur mécontentement et en 1981 assassinent Sadate. 1979: occupation de l’Afghanistan par l’Union Soviétique alors que l’Union Soviétique était jusqu’alors vue comme l’alliée du monde arabe. Dès lors elle est vue comme une ennemie. Les talibans sont vus comme des héros, pas seulement dans le monde arabe mais aussi aux USA. Pendant la guerre afghane et russe, les talibans sont soutenus par les Américains. En Afghanistan, camps d’entrainement sont établis, avec des combattants qui s’arment, s’entrainent. On est dans l’islam globalisé: on commence à percevoir l’échec des nationalismes d’état et l’islam est le rassembleur de toutes les populations. 1979: révolution iranienne: renversement du Shah par les mollahs et mise en place de la république islamique: affirmation de l’islamisme chiite sur la scène internationale.1979: prise de la Mecque par 400 salafistes, qui veulent renverser la monarchie saoudienne. Ils tentent de faire un coup d’état. Les Saoudiens appellent les soldats français à la rescousse ! Ces Français foulent le sol sacré de la Mecque alors que la Mecque est un endroit où seuls les musulmans peuvent entrer ! Quand les télévisions transmettent les images de soldats français cagoulés qui vont molester des musulmans, les musulmans (qu’ils soient « salafistes » ou non)partout dans le monde ont une vision qui est très négative. Cela va alimenter les rangs des mouvements radicaux musulmans.

Dans les années 1980 

Première guerre Iran-Irak. Autoritarisme en Egypte, en Syrie, en Irak.Le Hamas nait aussi dans ces années. Il crée un contre pouvoir au Fatah. Le Fatah a échoué dans son projet politique, il est en train de négocier la paix. Le Hamas est plus dur, plus pur. De pair avec cette montée du Hamas, il y a la première intifada en Palestine: on voit des petits enfants qui caillassent des chars. Cela a un impact sur la population internationale. Le mythe de David et Goliath est inversé…Il y a une reconfiguration des positionnements idéologiques et également politiques dans le monde arabe. Arrivée du FIS (front islamique du salut) en Algérie surtout et dans le Maghreb de manière générale. Cette période commencée en 1979 s’achève 20 ans plus tard. Keppel sort un livre avant les attentats de 2001: la fin de l’islamisme. Keppel deux ans plus tard est démenti avec les attentats du 11 septembre 2001. Huntington pose la thèse de la fracture orient-occident dans son livre le clash des civilisations.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 30

Page 31: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Ces années 1990-2000 sont témoins du développement des ONG. Les Nations Unies lancent des programmes pour démocratiser le monde arabe, avec des observateurs sur le terrain etc. On est dans l’impasse politiquement alors qu’on est dans une période charnière sur le plan international où on bascule d’un monde bipolaire ç un monde unipolaire. On arrive au constat d’une fracture (imaginaire ou réelle ?)15entre l’orient et l’occident. L’islamisme se développe, évolue. Après les attentats de 2001, on est dans une période nihiliste: on ne comprend plus ce qui arrive. On est dans un islamisme très radical, très différent de celui des premiers réformateurs (Afghani, Abduh…). On est dans une vision millénariste: c’est la fin du monde. On n’est plus dans des revendications nationales mais dans une logique de combat mondial. Ce combat est mené par des personnes qui se considèrent pures car elles sont retournées aux origines. Ils prônent un message où il faut combattre le mal où qu’il soit et dans toutes ses formes, le mal étant l’occident. Il ne s’agit plus de transformer une société au nom d’un idéal. Ils ne veulent plus conquérir le politique par la révolution (loin des révolutionnaires des années 1970). On est dans une période sacrificielle. « La nouvelle dissidence qui radicalise le monde par le sacrifice ».

On peut distinguer trois dimensions à cette radicalité islamique:-elle est rationnelle et bureaucratique- Idéologique, millénariste- Elle est violente, dans un combat

Al-Qaeda – Ben Laden – nouvel « islamisme »

Ces trois dimensions, on les retrouve dans Al-Qaeda, fondé par Ben Laden. Ce mouvement est né en 1988, en pleine guerre d’Afghanistan. Le fondateur, Oussama Ben Laden était un mudjahid qui va rejoindre les Talibans dans leur lutte contre les Soviétiques. On a la guerre de Bosnie qui va mobiliser des musulmans qui viennent du monde entier et la guerre de Tchétchénie qui mobilise des volontaires. Ces volontaires partent dans un djihad mondial. Ben Laden est un personnage qui va rassembler autour de lui. Pour les occidentaux, Américains, et beaucoup d’Arabes, il est l’épouvantail, celui qui fait peur, celui qu’on considère comme malade… Certains disent qu’il est mort… Il a une dimension charismatique: il dégage une sorte de modestie (il parait faible, chétif, a une voix vacillante mais aussi très porteuse). Il y a toujours des versets du Coran répétés derrière lui, il commence toujours par un verset du Coran avant son discours. Il a un charisme qui touche certains jeunes, qui le voient en héros à dimension internationale. Il va être exilé d’Arabie Saoudite. Il n’a aujourd’hui qu’un peu plus de cinquante ans. C’est un militant, un mudjahid. A l’opposé de Nasrallah, autre leader charismatique, il n’a pas de revendication nationale, il n’y pas de frontières pour lui.

15 Cf. Georges Corm, la fracture imaginaire entre l’orient et l’occident

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 31

Page 32: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Son corps vulnérable incarne la souffrance et l’honneur bafoué de sa communauté. Il est une sorte de garant de l’authenticité de l’islam, il suit les préceptes du prophète.Le chef d’Al Qaeda rompt avec la tradition islamiste classique sur le plan doctrinal, il ne garde que les préceptes puritains et guerriers. Il a une image très émotionnelle. Il incarne aussi un style très dogmatique où il fait toujours une distinction entre le bien et le mal : il oppose le bien islamique au mal incarné par l’Europe et les Etats-Unis.Une autre figure importante d’Al-Qaeda est Ayman al-Zawahiri. Il a été emprisonné par Nasser. On dit qu’il a été tué dernièrement. Il a imposé son style et sa vision radicale, violente. Historiquement il est un des grands fondateurs du mouvement. Il était un compagnon de Sayyid Qutb dans les geôles égyptiennes.Ben Laden incarne une vision millénariste. Cette vision s’incarne aussi dans les corps des martyrs. Muhammad ‘Ata, un des pilotes des avions qui sont rentrés dans les tours le 11 septembre a offert une vision de fin du monde aux téléspectateurs. L’islamisme aujourd’hui n’est plus celui des années 1920 qui s’adressait aux plus démunis. Aujourd’hui il s’adresse aux riches également, aux personnes qui ont fait leurs études à l’étranger et sont cultivées.Al-Qaeda signifie la base. Une cellule d’Al-Qaeda peut être créée n’importe où, par n’importe qui. Al-Qaeda est une sorte de « franchise ». N’importe qui peut se revendiquer d’être membre en suivant les préceptes du mouvement. Il y a des attentats à petite dimension (il y a quelque semaine, un réseau a été démantelé en Belgique…).Séance 10: les réfugiés palestiniens du Liban Autoritarismes politiques dans le monde arabe (partie I)

Cours du 09/12/2010

Les réfugiés palestiniens du Liban

Un passé douloureux un quotidien difficile et un avenir incertain

Au Liban il y a des réfugiés depuis 1948. Ils ont un statut discriminatoire par rapport aux réfugiés dans les autres pays arabes, on les considère comme des étrangers. Depuis 2001 une association fait des jumelages entre des villes françaises et des camps de réfugiés au Liban. Lors des jumelages, beaucoup de problèmes surgissent: les réfugiés qui vivent dans la misère totale ont dans la tête l’idée de jumelage comme l’idée d’aide humanitaire… Or, un jumelage est plutôt culturel et c’est un engagement politique. Au Liban, les réfugiés n’avaient pas compris le principe du jumelage ! Si on revient à l’histoire des réfugiés palestiniens: cette histoire commence avant 1948. Entre les Palestiniens et les Libanais on a une relation de voisinage, des relations familiales, commerciales, puisque quand il y a eu le mandat, les frontières étaient poreuses: il y avait des espaces frontaliers mais pas deux pays fermés. Le déplacement des populations se faisait aisément. Les relations étaient cordiales. La

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 32

Page 33: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Palestine était un centre économique vital pour tout le monde arabe. Le port de Haïfa était un des plus grands ports. Suite à la création d’Israel, le port de Beyrouth allait devenir le principal port (le drame des Palestiniens à donc profité aux Libanais). Le Liban était considéré comme étant la « Suisse de l’Orient »: il y a le secret bancaire, le développement du secteur économique, le développement du port… Mais le règlement du sort des réfugiés, on le met de côté ! En 1948 plus de 100000 Palestiniens arrivent au Liban. Au départ Libanais et Palestiniens croient que les réfugiés vont rester pour un temps déterminé puis retourner dans leurs foyers. En 1949, Israel signe un armistice avec le Liban qui ferme définitivement les frontières: les portes d’exil et de retour sont fermées. La frontière est désormais concrète. Israel est un état nation fort qui solidifie toute sa frontière. Les réfugiés arrivent dans un pays qui a un système politique basé sur la distribution des fonctions administratives et publique et politiques selon l’appartenance communautaire. Donc ils sont confrontés à une réalité politique qui interdit, qui empêche l’accueil, l’admission de nouveaux venus. Parmi ces nouveaux venus, on compte 75% de musulmans sunnites et 25% de chrétiens. Comme le régime libanais est un régime confessionnel qui privilégie les chrétiens, à la suite de sessions parlementaires, tous les députés disent qu’il n’y a pas de place pour les réfugiés car ils peuvent fragiliser le système politique, ils sont considérés comme une menace. Dans les années 1950 on tolère la présence des réfugiés. On construit des camps (au départ c’était des tentes). Petit à petit, cette situation humanitaire va perdurer et on assiste à la naissance d’un organisme spécifique pour la gestion des affaires des réfugiés: UNRWA (United nations relief and working agency). C’est une agence des Nations Unies qui s’occupe uniquement des réfugiés. L’Europe souffre également de problèmes de réfugiés mais ceux-ci sont gérés par le haut commissariat pour les réfugiés. Mais les réfugiés palestiniens sont considérés comme un cas à part, et on crée une agence spécifique pour eux, destinée à gérer les affaires des réfugiés à l’intérieur des pays d’accueil. C’est par le biais de l’UNRWA que les camps vont devenir durs (on construit les habitations). C’est cette agence qui négocie avec les pays d’accueil l’octroi des parcelles des terrains pour la mise en place des camps. Cette agence va s’occuper de l’éducation et de la santé pour les réfugiés. Pendant les années 1950, les camps commencent à se structurer et à être gérés. Au Liban, l’état libanais ne s’occupe pas du tout des affaires des réfugiés, il laisse les Nations Unies le faire. Il y a une agence qui dépend du ministère de l’intérieur: DAP : direction des affaires palestiniennes. Cette direction gère les affaires civiles des réfugiés: elle enregistre les réfugiés auprès du gouvernement libanais à leur naissance, les mariages, les divorces, les décès…Aujourd’hui, il y a près de 415000 réfugiés palestiniens au Liban, soit 11 % de la population libanaise totale (mais il n’y aucun aucun recensement dans ce pays, ce ne sont que des estimations). Il y a trois catégories de réfugiés:-les réfugiés de 1948 enregistrés auprès de l’UNRWA et de la DAP (ils sont 406342)

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 33

Page 34: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

- Les réfugiés de 1967 enregistrés auprès de la DAP (ils sont 13000)- Ceux qui sont apatrides, venus dans les années 1970, après septembre noir, on les appelle les BIDOON: sans rien, sans papier, clandestins (ils sont 3000)

La question de Jérusalem, la question de la création d’un état palestinien et la question des réfugiés sont les trois questions essentielles lors des négociations de paix.

Résolution 192: vote en 1948 d’une résolution qui dit que les Palestiniens ont le droit au retour. C’est un droit sacré mais dans les faits aujourd’hui plus de 4 millions se retrouvent à l’extérieur de l’état Israel-Palestine. Si un état palestinien était créé, il sera petit et tous les réfugiés ne pourraient pas y revenir et Israel ne pourra pas accepter le retour d’autant de Palestiniens. C’est donc un droit théorique: ils ne pourront jamais tous rentrer !

Aujourd’hui, on compte douze camps de réfugiés au Liban. - Aïn el Heloué regroupe plus de 45000 réfugiés. - Nahr el Bared regroupe 31303 réfugiés (la Belgique a octroyé de

l’argent pour ce camp qui a souffert de la guerre avec le groupuscule islamiste Fath al islam -venu de Syrie puis chassé et arrivé au Liban. Au départ ils n’étaient que 20 puis ont été rejoints par d’autres islamistes, ils se sont installés dans ce camp en 2006-2007. Dans ce groupe islamiste, il n’y avait pas un seul Palestinien: ils étaient Pakistanais, Saoudiens… Ils avaient des armes ultra sophistiquées. Ils avaient des financements saoudiens. Certains disent que ce serait les Hariri qui les auraient financés, pour être un contre-pouvoir au Hezbollah mais on ne sait pas si c’est vrai… L’armée libanaise a combattu ensemble le Fath al islam. Aujourd’hui plus de la moitié des réfugiés qui étaient dans ce camp se retrouvent à l’extérieur du camp, chassé par les combats)

- Rashidieh: un peu moins de 30000. - Baddaoui: 15947 réfugiés, - Chatila: 8370 réfugiés. - Dbayeh: 4025 réfugiés. C’est un camp de chrétiens (la plupart des

chrétiens ont été naturalisés Libanais sous Shamon mais ceux là exclus de la naturalisation car ils étaient engagés politiquement)16

- etc

Dans chaque camp il y a beaucoup de factions politiques présentes: le Fatah, le FPLP d’Ahmed Jibril…

La relation entre le Liban et la Palestine qui était cordiale avant 1948 sera par la suite marquée par les conflits et guerres. Le Liban aujourd’hui est

16 Cf. Simon Hirsch qui dit qu’il fallait remettre le hezbollah à sa place et que cet événement allait constituer un contre pouvoir contre le hezbollah… C’est une des hypothèses… Bernard Rouger dit le contraire (il a écrit : le jihad au quotidien - Everyday Jihad).

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 34

Page 35: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

un Liban divisé où le réfugié palestinien peut paraître comme étranger, d’ailleurs il a un statut d’étranger. Il sera considéré comme l’ennemi de l’intérieur. Face à cet ennemi, les différentes communautés libanaises vont se retrouver unifiées et montrer du doigt ce réfugié qui est considéré comme l’origine des problèmes et des guerres, surtout quand en 1970 on va avoir l’arrivée des fedayin, ces « guérilleros » palestiniens qui vont rassembler autour d’eux une partie de la population libanaise au départ. En 1969, des accords sont signés entre l’OLP et le gouvernement libanais: les accords stipulent que la résistance palestinienne peut s’organiser à partir du Liban pour reconquérir la Palestine perdue: le gouvernement libanais accepte l’entrée des armes dans les camps.L’état libanais laisse de côté la communauté chiite pendant longtemps. Beaucoup de chiites vont rejoindre l’OLP et le FDLP et vont combattre avec les Palestiniens et vont surtout s’imposer. Quand en 1975 la guerre éclate, c’est une guerre entre une droite chrétienne dirigée par les Gemayel et une gauche progressiste pro-palestinienne. Mais c’est beaucoup plus complexe puisque les armes de ces combattants chiites vont se retourner contre les Palestiniens entre 1986-1987: c’est la bataille des camps où le camp de Sabra va être complètement détruit. C’est donc une histoire douloureuse, conflictuelle. Aujourd’hui beaucoup considèrent que les réfugiés Palestiniens sont le problème au Liban… (Remarque: il ya des femmes libanaises mariées à des Palestiniens qui ne peuvent transmettre leur héritage à leurs enfants qui n’ont pas la nationalité libanaise. Le mariage civil n’est pas en application au Liban les communautés n’y ont pas « intérêt » car elles perdraient beaucoup d’argent.).Aujourd’hui le réfugié est le grand perdant de la guerre puisque déjà en 1993, avec les accords d’Oslo (accords de paix entre Israel et Palestine et structuration de l’autorité palestinienne), où la question des réfugiés n’est pas du tout abordée. Les réfugiés se sentent délaissés par l’autorité palestinienne. Le gouvernement libanais dans la nouvelle constitution dit qu’il faut démilitariser tous les camps. La question des réfugiés devient un enjeu, entre la Syrie d’une part qui contrôle les camps de 1991 jusqu’en 2005 (et celui qui contrôle le camp contrôle aussi la ville) et entre l’état libanais et Israel d’autre part (s’il y a des négociations, c’est une carte en main !).Les réfugiés palestiniens au Liban sont les grands perdants car ils n’ont pas de statut. En Jordanie ils ont la citoyenneté, en Syrie ils peuvent intégrer l’armée, les hôpitaux publics, l’école publique, ils ont tous les droits sauf la nationalité (carte de résident à vie).Au Liban, ils sont étrangers. Au Liban, ils n’ont pas le droit à la propriété. Dès lors, pour avoir un terrain, des prête-noms libanais achètent à leurs noms et donnent les appartements, les propriétés aux Palestiniens… (La solidarité a été très grande, surtout en 1982 cf. Mahmoud Darwich qui dit que Beyrouth devient un camp et que les Beyrouthins vivent dans les mêmes conditions que les réfugiés dans les camps). Jusqu’en août 2010, ils n’avaient pas le droit au travail. Dernièrement, cet été, le parlement libanais a voté une loi qui permettrait aux réfugiés palestiniens de travailler sans payer un permis de travail. Mais la question

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 35

Page 36: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

du droit à la propriété est toujours mise de côté, ainsi que l’éducation et la santé. Il y avait 70 professions jusqu’en 2010 qui étaient interdites: si un réfugié devient ingénieur avocat ou médecin, il n’avait pas le droit de travailler comme tel. Un médecin pouvait seulement travailler en tant qu’infirmier en dehors du camp. Jusqu’à il y a peu le niveau d’éducation des Palestiniens était élevé… mais cela a changé car beaucoup d’enfants vont travailler (car on ne vérifiait pas les cartes des enfants) pour ramener de l’argent à leurs parents qui eux ne peuvent pas travailler. L’université libanaise est gratuite au Liban mais les Palestiniens n’ont pas le droit d’y accéder sauf s’ils payent énormément… c’est une loi discriminatoire… Ce tableau est assez noir, mais le Liban est en train d’assouplir ses lois à cause des pressions internationales (Cf. Amnesty International). Depuis les années 2000, un comité de dialogue libano-palestinien a été mis en place, pour discuter de l’amélioration du sort des réfugiés au Liban.

Autoritarismes politiques dans le monde arabe

Quand la presse occidentale analyse le monde arabe et Israel, elle décrit Israel comme la seule démocratie dans le monde arabe ! Malheureusement, on ne peut pas vraiment dire que c’est faux : à part en Israel, il y a des régimes autoritaires un peu partout (sauf l’exception libanaise). Pour analyser ces autoritarismes, parlons d’ autocraties : des régimes qui ont des instituions démocratiques, un parlement, des lois… mais qui sont dominés par un pouvoir autoritaire, un pouvoir qui est détenu par un groupe de personnes ou par une personne. Généralement on parle d’autoritarisme politique dans le monde musulman. Or, cette expression rappelle ce que les voyageurs occidentaux du 19e siècle comme Volney vont décrire de ce monde qui était sous l’empire ottoman et vont parler de despotisme musulman. Il y a l’idée de dichotomie, qui date du 19e siècle et aussi de 1948 avec la théorie de Huntington dans le clash des civilisations: l’idée d’un monde musulman arriéré contre un occident moderne. Huntington dénombre 46 pays démocratiques dans le monde, dont 39 sont dans le monde occidental chrétien. Il en déduit qu’être chrétien occidental mène à la démocratie !Notre cours dénoncera cette vision binaire.Il y a une société civile dynamique dans ces états. Aujourd’hui si les autocraties ne changent pas de régime c’est car les pouvoirs sont soutenus par l’occident. Les chercheurs se penchent sur les régimes autoritaires dans le monde arabe et parlent d’exception politique en matière de démocratie. Pourquoi un exceptionnalisme ? Car après la chute du mur de Berlin et la fin du communisme, les dictatures ont disparu en Amérique Latine et se démocratisent en Europe de l’est, mais dans le monde arabe il y a une persistance, une longévité des régimes autoritaires. (Moubarak depuis 1981, Kadhafi depuis 1969, Ben Ali depuis 1987, les Assad depuis 1970…) Le paysage politique est a priori figé…Qu’est-ce qu’une autocratie ? Ce n’est pas un régime totalitaire, mais ce n’est pas une démocratie (on la définit par la négation). C’est un simple

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 36

Page 37: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

régime avec un pouvoir centralisateur et autoritaire. Donc il s’agit surtout d’encadrer la société et effacer la frontière entre un système politique et une société civile. Comment encadrer la société ? Par le parti unique généralement et par un système de services de renseignement. En Syrie par exemple on dit que la moitié de la population syrienne surveille l’autre moitié !Les cas sont différents: le paysage n’est pas homogène, on a une multiplicité d’exemples. On a deux systèmes politiques différents :

- des monarchies (Golfe, Emirats, Jordanie, Oman, Maroc…) - des républiques. Généralement les républiques sont nées après les

indépendances. Il y a deux cas différents idéologiquement:

- monarchies conservatrices, traditionnelles avec un régime parlementaire qui représente une partie du peuple, de la société

- des républiques sur un modèle socialiste, marxiste. (Développement du niveau de vie, enseignement gratuit mais le pouvoir reste entre les mains de l’élite, de la nomenklatura).

L’élite : pour les républiques, cette élite est généralement celle qui a fait les révolutions (pour l’Algérie, le FLN et l’armée prennent le pouvoir longtemps, pour la Syrie c’est le parti baath). Pour les monarchies, l’élite est plutôt composée d’alliances tribales et claniques. Mais là aussi c’est très complexe puisqu’en Syrie on a les alaouites qui prennent le pouvoir sous le couvert du parti baath mais qui s’entoure de la famille de Assad (de même pour l’Irak). L’élite maintient le pouvoir en place. Il y a une relation de clientélisme.Depuis quelques années, on est entré dans une période d’ouverture, de réformes (mais qui ne servent pas à grand-chose, du moins jusqu’à présent, ce sont des coups d’épée dans l’eau).

Quelles sont les causes de cette ouverture et de cette démocratisation   ? 1) Pression internationale  : Après 2001, l’administration Bush arrive

avec son plan de Grand Moyen Orient, avec des réformes imposées, des démocraties où la société civile va se développer et où les Américains financent les ONG pour le développement de cette société civile –qui verra cela d’un mauvais œil. Au nom de quoi ? Au nom de l’égalité, mais aussi et surtout de la lutte contre le terrorisme. Assainir les systèmes politiques pour l’administration américaine conduirait à résorber les mouvements islamistes. Or, que s’est-il passé quand il y a eu les pressions internationales ? Il y a eu des élections et ce sont les islamistes qui ont gagné (Les Frères musulmans en Egypte et en Jordanie, le FIS en Algérie…). Ces mouvements représentent une réalité politique qu’on ne peut mettre de côté. Ces mouvements ont longtemps été combattus par le pouvoir des régimes autoritaires. Dans les années 1990, quand il va y avoir les élections, les USA vont dire « non aux gouvernements des barbus » donc ils changent de programme (et financent le parti démocratique d’Egypte par exemple).

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 37

Page 38: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

2) Les crises économiques et les émeutes : Un deuxième élément qui amène ce vent de démocratie ce sont les crises économiques dans les années 1980. En 1988, les émeutes du pain ont lieu en Algérie, contre la cherté de vie. L’Algérie était en pleine restructuration par le FMI (qui avait imposé un programme de redressement économique). Il y a eu des émeutes et de là des élections législatives: l’armée a desserré son étau du pouvoir mais du coup une guerre civile se déclenche. 1989 manifestations contre la cherté de la vie en Jordanie: le sud est tribal et rural et s’oppose à la monarchie hachémite. Ces manifestations conduisent à des élections et à l’entrée en scène des Frères musulmans au sein du parlement.

En Syrie, quand Hafez Assad meurt, tous les espoirs se portent vers son fils Bachar qui sera perçu comme un réformateur qui va moderniser la Syrie, l’ouvrir, mais très vite, les Syriens vont déchanter puisque Bachar n’est pas seul: il doit travailler avec les hommes proches de son père et du baath et il va se plier à la politique de son père. On a eu des changements mais pas vraiment des changements radicaux. Le paysage politique reste toujours très complexe et les régimes autoritaires sont toujours en place malgré les élections sous couvert d’observateur internationaux.

3) Renouvellement des élites  : Le troisième élément qui favoriserait un changement c’est le renouvellement des élites: dans les monarchies: remplacement des pères par leurs fils (Hassan II par Mohammed VI, Hussein par Abdallah), ainsi que dans les républiques (Hafez par Bachar): on a un rajeunissement des élites dirigeantes, qui va moderniser les états et parfois les assainir, comme au Maroc. Au Maroc, une des actions entreprises par le nouveau roi est de renvoyer le ministre de l’intérieur Driss Basri considéré comme exécutant d’Hassan II pour les basses œuvres et qui était très impopulaire. Cela rendra le jeune roi populaire. Il va aussi réformer le code de la famille mais il ne va pas pour autant faire un changement du système politique. Ainsi, le palais continue à dominer, à monopoliser l’essentiel des ressources politiques.En Syrie, on avait parlé du printemps de Damas mais plus que jamais les intellectuels, journalistes opposants sont mis en prison et sont écartés.

On est face à un immobilisme des structures et à une modernisation en trompe l’œil, des libéralisations voilées (pour faire plaisir à la communauté internationale).Les choses qui changent c’est la société civile qui permet parfois de contourner les blocages du champ politique. Par exemple, en Egypte un des mouvements politiques qui s’oppose au régime est Kifaya, qui a fait beaucoup de manifestations17. Une autre forme d’opposition à ces régimes politiques c’est les mouvements de tendance islamiste, les mouvements

17 Cf. livre Taxi

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 38

Page 39: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

islamiques, qui ne vont pas uniquement dénoncer le pouvoir en place mais vont développer un réseau parallèle (réseau caritatif, de santé, d’éducation… pour pallier les manques de l’état). Généralement les nouveaux islamistes sont issus anciennement des partis de gauche, ils ont les techniques pour avoir un discours qui porte.La société civile est composée d’étudiants, de journalistes d’intellectuels. Ils se réunissent dans des ONG mais aussi dans des groupes de réflexion et il y a aujourd’hui la prolifération des blogs internet.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 39

Page 40: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Séance 11: Autoritarisme dans le monde arabe suite (partie II) cours du 16/12/2010Exposé : l’autoritarisme en Tunisie (voir powerPoint)

En Syrie, l’autoritarisme est palpable, on le vit, on le sent, c’est clair et net, il est bien défini.En Tunisie par contre, tout cela n’est pas clair du tout !La question de l’histoire est importante : comment on institue un autoritarisme et comment il devient gardien, porteur, d’une histoire refabriquée à son service.Camau et Geisser posent la question de l’héritage de l’histoire sur le présent tunisien.Un autre chercheur, Driss Abbassi (« entre Bourguiba et Hannibal ») interroge les fondements de l’identité tunisienne à travers l’histoire. Il en ressort une spécificité historique : « le récit historique est une biographie de la nation, définie comme une personnalité », une personnalité modelée par les différentes civilisations. Bourguiba est le fondateur de la Tunisie indépendante. Aujourd’hui, sa figure qui avait été très lourde et imposante, est marginalisée. Ce père qui fixe la personnalité de la nation (libérateur de la femme et combattant de l’indépendance) est complètement oublié, effacé de l’historiographie tunisienne. Bourguiba va laisser son emprunte dans la perception de l’identité tunisienne ; à travers le prophète et Hannibal. Hannibal est un personnage historique de l’Antiquité, qui va devenir un héros national, et qui sera récupéré par Ben Ali. Le prophète est le symbole de l’appartenance religieuse.Après son renversement en 1987 (déclaré inefficace et fragile par les médecins), on assiste à l’effacement de Bourguiba du paysage urbain d’abord (ses statues sont enlevées la nuit par exemple) mais aussi à un effacement de l’histoire : on l’oublie. A la place, petit à petit, on réinvente un autre culte de la personnalité : celui de l’actuel président Ben Ali.

Geisser et Camau, auteurs de De Bourguiba à Ben Ali, écrivent « entre Bourguiba et ben Ali on apprend que la Tunisie a écrit son passé à l’image de son présent (…) on ajuste ce passé pour construire une mémoire collective qui ne laisse plus de place au discours alternatif ». On fabrique un présent imprégné du passé. C’est un présent marqué par un schéma néo-autoritaire : celui de Ben Ali. D’abord, Ben Ali veut paraître démocrate… Il va abolir et systématiser la politique. (Il détruit tout le système politique). Bourguiba était clair : «  je suis autoritaire », mais Ben Ali a réussi à écraser et à confisquer le système politique, à le démanteler, sous des apparences d’ouverture.

Revenons sur Ben Ali et ses mandats   : 7 novembre 1987 : Bourguiba président à vie est déclaré médicalement inapte à diriger le pays, incapable de remplir sa fonction. (cf. Nicolas Beau, Notre ami Ben Ali et La régente de Carthage). Ben Ali devient successeur à son propre régime. Il devient chef suprême des armées également. Le coup d’état est relativement bien accueilli par la population

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 40

Page 41: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

qui souffrait de la fin de règne de Bourguiba, une fin de règne marquée par le despotisme et la sénilité. On assiste au début du printemps tunisien. Ce printemps annonce un changement : réformes, essor de l’islam étatique, autorisation du multipartisme, arabe à l’école… Mais cette parenthèse libre et démocratique tourne court et s’arrête très vite. Ben Ali se rend compte qu’il y a une opposition, ce qui ne lui plait pas. Il va progressivement museler l’opposition, encadrer la ligue des droits de l’homme et mettre au pas intellectuels et journalistes. La presse devient l’organe du pouvoir et le 20 mars 1994, Ben Ali est candidat unique à sa propre élection qu’il remporte avec 99,91%. En 1999, il est réélu avec des scores similaires. En 2002 il amende la constitution pour s’autoriser à se présenter une 4e fois aux élections. En plus de cela, il rajoute un article : le chef de l’état bénéficie de l’immunité judiciaire à vie. En 2004 il se fait réélire à 94%. Cette période est synonyme de répression accrue de l’opposition. En octobre 2009, pour la cinquième fois, il est réélu avec 89,62%. En principe, cela devrait s’arrêter là… Mais le 10 août dernier, des personnalités tunisiennes ont lancé un appel à Ben Ali à se représenter en 2014 !

La Tunisie de Ben Ali aujourd’hui offre un paysage d’apparence démocratique… Une démocratie de complaisance, pour satisfaire les bailleurs de fonds internationaux, et satisfaire l’UE partenaire de ce pays…A l’UE, certains députés manifestent, multiplient les condamnations concernant les violations des droits de l’homme en Tunisie et malgré tout cela, le régime autoritaire continue en toute impunité. L’UE refuse pour le moment de faire pression véritablement sur la Tunisie puisqu’un accord de partenariat la lie à celle-ci depuis 1995.

De plus, la peur de l’islamisme conduit les Occidentaux à soutenir un chef d’état autoritaire. C’est pareil un peu partout dans les pays arabes considérés comme alliés (les USA soutiennent la monarchie saoudienne, le Koweït… Alors que ce ne sont pas des démocraties).Le président Ben Ali peut être élu et réélu, il reste pour l’Europe et surtout pour la France, le bon élève de la classe méditerranéenne…On est loin de la carte postale avec les palmiers… On est dans un régime autoritaire qui se veut démocratique.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 41

Page 42: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Séance 12: cours du 23/12/2010

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 42

Page 43: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

Bibliographie et thèmes

Séance 1: Présentation générale et distribution des travaux. Qu’est-ce que le monde arabe ?Pour commencer:Corm, Georges, Le Proche-Orient éclaté 1956-2007, Paris, 2007Gresch, Alain, et Vidal, Dominique, Les 100 clés du Proche-Orient, Paris, 2003Hourani, Albert, Histoire des peuples arabes, Paris, 1990Picard, Elizabeth (dir.), La politique dans le monde arabe, Paris, 2006Rivet, Daniel, Le Maghreb à l’épreuve de la colonisation, Paris, 2003Séance 2: L’homme Malade de l’Europe et la naissance des Etats/Nations dans le monde arabeThèmes:- La déclaration Balfour- Les accords de Sykes-PicotRéférences bibliographiques:-Laurens, Henry, L’Orient arabe: arabisme et islamisme de 1798 à 1945, Paris, 2000 -Laurens, Henry, L’expédition d’Egypte: 1798‐1801, Paris, 1989 -Picaudou, Nadine, La décennie qui ébranla le Moyen‐Orient, 1914‐1923, Paris, 1992 -Fromkin, David, A Peace to End all Peace: Creating the Modern Middle East: 1914‐1922, 1989 Séance 3: De la renaissance culturelle (Nahda) au réformisme musulmanThèmes:- Dynamisme intellectuel et arabité. L’œuvre de Boutros al-Boustani.- Jamal ad Dine al Afhgani et Muhammad Abdou. Deux figures du réformisme musulman - Les Frères Musulmans. De Hassan al‐Banna à Sayyed QotbRéférences bibliographiques:-Dakhli, Leyla, Une génération d'intellectuels arabes - Syrie et Liban (1908-1940), Paris, 2010.- Carré, Olivier, Les Frères Musulmans: Egypte et Syrie, 1928‐1982, Paris, 1983 - Kepel, Gilles, Le prophète et Pharaon: aux sources des mouvements islamistes, Paris, 1993 -Roy, Olivier, Généalogie de l’islamisme, Paris, 1995-Picaudou Nadine, L'islam entre religion et idéologie: Essai sur la modernité musulmane, Paris, 2010Séance 4: Le Maghreb coloniséThèmes:- L’Algérie « française ».- Lyautey et le protectorat français du Maroc.- Les Juifs de Tunisie. Références bibliographiques:-Laffont, Pierre, Histoire de la France en Algérie, Paris, 1979

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 43

Page 44: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

-Stora, Benjamin, Histoire de l'Algérie coloniale (1830-1954), Paris, 2004-Rivet, Daniel, Le Maghreb à l’épreuve de la colonisation, Paris, 2003-Sebag, Paul, Histoire des Juifs de Tunisie: des origines à nos jours, Paris, 2000Séance 5: Indépendances, révolutions et coups d’étatsThèmes:- La Guerre d’Algérie.- Le coup d’Etat des officiers libres en Egypte.- La guerre de 1948 en Palestine.

Références bibliographiques:-Pappé Ilan, La guerre de 1948 en Palestine: Aux origines du conflit israélo-arabe, Paris, 2005-Aclimendos, Tewfik, « Regard rétrospectif sur la Révolution égyptienne, ou le 23 juillet 1952 », in Égypte/Monde arabe, Deuxième série, 4-5 | 2001, [En ligne], mis en ligne le 08 juillet 2008. URL: http://ema.revues.org/index850.html. -Stora, Benjamin, Histoire de la guerre d'Algérie, Paris, 2004-Stora, Benjamin, La gangrène et l’oubli, Paris, 2005.Séance 6: La question de PalestineThèmes:- Le problème des réfugiés palestiniens.- Le mouvement national palestinien.- La guerre de 1967 et ses conséquences. Références bibliographiques:-Mardam Bey, Farouk et Sanbar, Elias (dir.), Le Droit au retour: Le Problème des réfugiés palestiniens, Paris, 2002-Picaudou, Nadine, Les palestiniens un siècle d’histoire, Bruxelles, 2003. -Laurens, Henry, La question de Palestine, (tomes 1,2,3).-Picaudou Nadine, Le mouvement national palestinien, Paris, 1991.- Avi Shlaïm: a écrit sur la guerre et spécifiquement sur l’implication de la Jordanie- revue Autrement: a publié articles des nouveaux historiens israéliens: Ilan Pappe, Benny Morris, Shlomo Sand, Tom Segev…- Dominique Vidal: reprend les thèses dans son livre le péché original d’Israël- Gresh AlainSéance 7: Le Liban dans la tourmenteThèmes:-Le système confessionnel libanais-La guerre civile au Liban-La révolution de printemps 2005Références bibliographiques:-Corm, Georges, Géopolitique du conflit libanais, Paris, 1987-Kassir, Samir, La guerre du Liban. De la dissension nationale au conflit régional, Paris, 1994-Picard, Elizabeth, Liban, état de discorde, Paris, 1988-Fisk, Robert, Liban, nation martyre, Paris, 2007

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 44

Page 45: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

- Kassir Samir, Un printemps inachevé, Paris, 2006Séance 8: Minorités ethniques et religieuses dans le monde arabeThèmes:-Les Chrétiens d’Orient-Les Kurdes-Les DruzesRéférences Bibliographiques:-Boulanger, Philippe, Géopolitique des kurdes, Paris, 2006 -Bozarslan, Hamit, La question kurde: Etats et minorités au Moyen‐Orient, Paris, 1997-Heyberger, Bernard (dir.), Chrétiens du monde arabe: Un archipel en terre d'Islam, Paris, 2001Séance 9: Thèmes:La guerre Iran/Irak épuise les deux puissances. Première invasion en 1991. Deuxième invasion de l’Irak en 2003.La révolution iranienneLes guerres contre l’IrakRéférences bibliographiquesAbrahamian, Ervand, Khomeinism: Essays on the Islamic Republic, London, 1993Balta, Paul, Iran-Irak: une guerre de 5000 ans, Paris, 1999Louër, Laurence, Chiisme et politique au Moyen-Orient. Iran, Irak, Liban, monarchies du Golfe, Paris, 2008Séance 10: Les acteurs politiquesThèmes:- Les oulémas: acteurs politiques ?- L’armée.- Les partis politiques et/ou religieux.Références bibliographiques:-Aït Kaki, Maxime, « Armée, pouvoir et processus de décision en Algérie », in Politique étrangère, 2, été 2004.-Kepel, Gilles, Jihad: expansion et déclin de l’islamisme, Paris, 2003.-Tozy, Mohammed, Monarchie et islamique politique au Maroc, Paris, 1999.-Zeghal, Malika, Les gardiens de l’islam: les oulémas d’al-Azhar dans l’Egypte contemporaine, Paris, 1996.- Guingamp, Pierre, Hafez el Assad et le parti Baath en Syrie, Paris, 1996.Séance 11: Islamisme radical et islamisme national. Thèmes:- al-Qaida.- Hamas et le Jihad Islamique.- Le Hezbollah.Références bibliographiques:-Burke, Jason, al-Qaeda: Casting a Shadow of Terror, London, 2003.-Carré, Olivier, Les Frères musulmans: Egypte et Syrie, 1928-1982, Paris, 1983.-Gunaratna, Rohan, Al Qaida: au coeur du premier réseau terroriste mondial, Paris, 2002.-Hroub, Khaled, Le Hamas, Paris, 2008.

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 45

Page 46: SOCA-D-506 - NOTES DU COURS Monde Arabe Contemporain Approches Socio-pol.

ULB Monde arabe contemporain SOCA-D-506 Jihane Sfeir

-Kepel, Gilles, Jihad: expansion et déclin de l’islamisme, Paris, 2003.-Mervin Sabrina, Le Hezbollah. Etat des lieux, Paris, 2008.-Roy Olivier, L’Islam mondialisé, Paris, 2002.Séance 12: Autoritarisme politique dans le monde arabeThèmes:- La Syrie des Assad.- La Tunisie. Références bibliographiques:-Ben Abdallah El Alaoui Hicham, « Les régimes arabes modernisent... l’autoritarisme », Le Monde diplomatique, Avril 2008, pp. 10-11-Bennani-Chraibi, Mounia et Filleule, Olivier (dir.), Résistances et protestations dans les sociétés musulmanes, Paris, 2003. -Camau, Michel, « L’exception autoritaire ou l’improbable point d’Archimède de la politique dans le monde arabe », in Picard Elizabeth (dir.), La politique dans le monde arabe, Paris, 2006, pp. 29-53.-Droz-Vincent, Philippe, Moyen-Orient: pouvoirs autoritaires, sociétés bloquées, Paris, 2004.-Luizard, Pierre-Jean, Laïcités autoritaires en terres d’Islam, Paris, 2007.-Donati Caroline, L'Exception syrienne: Entre modernisation et résistance, Paris, 2010

Prise de notes : Soraya Wittek 2010-2011 46