Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières Professeur: Latifa AITOUTOUHEN Année Universitaire: 2017/2018 1 Master Finance Islamique

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Séminaire: Théorie et Réalité des Crises

Financières

Professeur:

Latifa AITOUTOUHEN

Année Universitaire: 2017/2018

1

Master Finance Islamique

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Plan de Présentation

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Conceptions Générales

Définitions de la crise financière

Différentes phases d’une crise financière

Les origines des crises-Facteurs de vulnérabilité et Contagion

Typologie des crises

Analyse théorique des crises financières

Modèles de générations des crises financières

Quelques crises financières dans l’histoire économique

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Charles Kindleberger dans son ouvrage ‘histoire mondiale de la

spéculation financière’ écrit:

« Je ne prédis pas l’avenir, je me contente de tirer des enseignements du passé, le monde n’a pas me semble-t-il prêté suffisamment d’attention au passé. Il n’est pas trop tard ».

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INTRODUCTION

Les phénomènes d'instabilité et de crises financières ne constituent pas un

phénomène spécifique au système économique capitaliste contemporain,

mais ils sont un éternel recommencement depuis que la finance a

commencé à s'organiser dans le monde autour de pays tels que la

Hollande, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France et ce depuis

1637 à nos jours.

Nombreux sont les économistes qui se sont intéressés aux phénomènes de

cycle et des crises : Clément Juglar, John Maynard Keynes, Hyman

Minsky, John Kenneth Galbraith, Charles Kindleberger ou plus

récemment Paul Krugman et Michel Aglietta. Selon ces économistes, Il

n’y a pas simplement une répétition des crises, mais une répétition de

cycles financiers, dont la crise constitue l’un de ses moments. 4

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CONCEPTIONS GENERALES

Efficience des marchés

Mimétisme et anticipations auto réalisatrices

Spéculation

Vente à découvert et appels de marge

Liquidité, Illiquidité et fragilité financière

Bulles spéculatives

Krachs boursiers

Globalisation Financière

Libéralisation et innovations financières

Aléa moral

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Marchés efficients

L’efficience des marchés financiers est une théorie, issue de la notion de

marchés purs et parfaits. C'est à E.Fama qu'on attribue la première

définition suite à l'apparition de ses fameux articles « journal of

business » en 1965 et « journal of finance » en 1970: « un marché financier

est efficient si et seulement si l’ensemble des informations disponibles concernant

chaque actif financier coté sur ce marché est immédiatement intégré dans le prix de

cet actif ».

Les crises financières sont assimilées à des dysfonctionnements des

marchés entraînant une déviation par rapport au modèle de référence de

l'efficience.

Limites de la notion de l’efficience:

Comportement irrationnel des agents ‘existence des noise trader’, une

bulle est une inefficience (Blanchard et Watson 1984), le « paradoxe

de Grossman, Stiglitz ». 6

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Le phénomène de mimétisme

Le mimétisme est un ensemble de comportements individuels corrélés

et non-indépendants, cela représente une situation dans laquelle un

agent imite la décision d’un ou de plusieurs autres agents même si son

propre signal lui indique de prendre une autre décision.

Loin de la théorie de l’efficience des marchés, le mimétisme s’appuie

sur l’asymétrie d’information et suppose que les individus sont

interdépendants.

Pour Keynes, le mimétisme est d’abord un comportement rationnel.

Ce mécanisme remet en cause l’atomicité des agents puisque à présent

l’action d’un seul agent, qui serait une référence pour les autres et qui

aurait une très grande influence sur le marché.

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Anticipations auto réalisatrices

Une autre grande défaillance du marché est l’autovalidation. On

parle aussi d’anticipations autoréalisatrices, cela signifie que des

anticipations d’agents économiques peuvent se concrétiser

uniquement parce que ces agents pensent qu’elles sont justes, et cela

qu’elles soient réellement justes ou non. Par exemple, si une

majorité d’opérateurs du marché des changes pense que le dollar va

s’apprécier dans le futur, donc qu’ils ont intérêt à en acheter

aujourd’hui pour le revendre ultérieurement, leurs opérations

d’achat vont mécaniquement valider leur croyance (le dollar va

augmenter), que celle-ci soit économiquement fondée ou non. C’est

l’enseignement fondamental de la théorie des « tâches solaires ».

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Spéculation

Spéculation (latin speculatio) : contemplation, observation attentive.

Thalès le Milésien est le premier qui a mentionné la spéculation à partir

de la récolte des olives en Grèce antique.

Selon, (Giraud, 2002) « spéculer c’est prendre délibérément un risque de prix, c’est-à-

dire acheter aujourd’hui un actif financier ou tout autre bien en espérant que son prix va

monter, et qu’on pourra le revendre demain avec profit ».

D’après Keynes : Les spéculateurs se préoccupent, non de la valeur

véritable d’un investissement pour un homme qui l’acquiert afin de le

mettre en portefeuille, mais de la valeur que le marché, sous l’influence de la

psychologie de masse, lui attribuera trois mois ou un an plus tard.

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Plus le prix de l’actif est volatile, plus le risque est élevé et plus

aussi le profit espéré est important. Dans ces conditions, la seule

façon, selon Milton Friedman (1953), pour le spéculateur de

réaliser des profits, c’est d’acheter quand le prix est suffisamment

bas et de vendre quand il est assez élevé.

En ce sens, la spéculation joue un rôle stabilisateur parce qu’elle

empêche une hausse ou une baisse de se prolonger. Donc, en plus

d’être bénéfique pour les spéculateurs, elle profite aussi aux

producteurs et aux consommateurs

La spéculation peut être déstabilisatrice : Roosevelt supprime les

marchés de dérivés après 1929.

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Deux types de spéculation :

* Experte

* Moutonnière

Parmi les spéculateurs les plus connues dans l’histoire financiers :

Georges Soros, Warren Buffet, Madoff,…

La société Enron, les fonds spéculatifs ou hedge funds

les banques elles-mêmes : Kerviel en a révélé les limites

Mécanisme de la fraude simple et très vieux (John Law en 1719,

Charles Ponzi en 1920) :

•première étape : trouver une idée d’investissement qui attire

•deuxième étape : collecter les capitaux

•troisième étape : payer les intérêts des premiers investisseurs

par les nouveaux investisseurs

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La vente à découvert

Cette technique boursière pourrait également constituer un accélérateur

des crises. Elle consiste à vendre aujourd’hui un titre qu’on ne possède

pas en l’achetant - et en le payant- à terme (par exemple, dans un mois).

Évidemment, celui qui procède à ce genre d’opération estime qu’il

paiera moins cher son achat dans un mois que ce qu’il touche

aujourd’hui de sa vente ; il anticipe une baisse.

Sa plus-value sera égale à la dévalorisation du titre.

Pourquoi une telle opération peut-elle entretenir les chutes ? Si

l’anticipation de baisse est partagée par un grand nombre

d’investisseurs, la vente à découvert leur offre la possibilité de vendre

massivement, car sans mise de fonds initiale, et de contribuer ainsi à la

baisse. Dans l’absolu, ceux qui vendent à découvert ont même intérêt à

propager des fausses rumeurs baissières pour influencer le marché.

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L’effet amplificateur des « appels de marge »

L’acheteur qui entend spéculer à la hausse achète des actions au

comptant. Mais il se peut qu’il emprunte (contre un intérêt) à son

courtier les sommes correspondant à son achat. Il ne paie qu’une partie

de son acquisition en liquide (cette partie s’appelle la « marge »). Pour le

reste, il laisse ses actions en « nantissement » (c’est -à-dire en garantie) à

son courtier. L’acheteur fait le calcul suivant :

lorsqu’il revendra les titres qu’il a achetés à crédit, la plus-value lui

permettra de couvrir largement l’intérêt qu’il doit au courtier.

Un appel de marge est la demande de payer une certaine somme pour

ajuster un dépôt de garantie suite à la baisse de la valeur de la position

de titres qu’il est censé couvrir.

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Le concept de liquidité suit trois dimensions qui font apparaître

ce lien :

La liquidité des actifs représente la facilité avec laquelle des

actifs peuvent être rapidement convertis en numéraire sans

perte de valeur.

La liquidité du marché correspond à la capacité d’acheter ou

vendre sur un marché, un important stock d’actifs sans

influence sur le prix.

La liquidité, d’un point de vue monétaire, est la quantité

d’actifs liquides nécessaire pour qu’une économie se développe

de façon satisfaisante et évite soit une insuffisance de crédit soit

la formation de bulle spéculative.

liquidité

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Une situation de sous-liquidité, peut provoquer un rationnement du

crédit qui aura des répercussions négatives sur l’économie réelle. Un

apport de liquidité semble être une solution pour éviter ce genre

d’évènement catastrophique.

En revanche, une situation de sur-liquidité peut également être

dangereuse dans le sens où elle peut favoriser la préférence pour

certains actifs spéculatifs, déclenchant ainsi un processus haussier de

leur prix et par conséquent la formation d’une bulle spéculative. Aussi,

selon Keynes, faut-il de la liquidité mais pas trop.

Charles Kindleberger met l’accent sur le rôle de prêteur de dernier

ressort ‘PDR’, sans lequel les crises risquent d’être plus longues et plus

importantes

Le PDR a une responsabilité immense car l’émission de la liquidité

en cas des crises est une arme à double tranchant dont les détracteurs

estiment que les inconvénients dépassent les avantages. De même, ce

PDR crée de l’aléa moral.

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Illiquidité

L'illiquidité généralisée peut être caractérisée par l'insuffisance des

moyens de paiements (monnaie domestique, devises étrangères)

requis pour réaliser les transactions (Thornton, 1802). Elle est

généralement associée à des situations de panique. Ces paniques

peuvent être fondées (faillites bancaires avérées) ou non (rumeurs de

faillites, dont la seule anticipation revêt un caractère auto-

réalisateur). L'insuffisance de liquidités peut prendre des formes

différentes selon les composantes du système financier affecté :

Absence de parties preneuses face à des ventes massives de titres

sur les marchés financiers ou immobiliers.

Manque de devises étrangères face à des ventes massives de

monnaie domestique sur le marché des changes.

Insuffisance de monnaie domestique centrale dans les réserves

bancaires en présence de ruée sur les dépôts bancaires.

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La fragilité financière

Le terme de fragilité financière est emprunté à Minsky (1986). C’est un

facteur de risque d'illiquidité, résultant de déséquilibres de bilans. Nous la

caractérisons à partir de trois formes :

l'endettement devient insoutenable : les flux de trésorerie opérationnels

sont (ou deviennent) inférieurs au service de la dette (profits insuffisants

et/ou endettement excessif).

il existe un décalage de terme entre l'engagement financier (le

financement) et la source de revenus (l'investissement), généralement

qualifié de "maturity mismatch" ("écart de maturité" ou "désajustement

d'échéance"); c'est le cas par exemple si l'on finance un investissement de

long terme par des emprunts à court terme.

il existe un décalage monétaire entre la devise dans laquelle est libellé

l'engagement financier et celle des profits générés par l'investissement,

généralement qualifié de "currency mismatch" (décalage de devise); c'est le

cas par exemple si l'on emprunte en devise étrangère pour financer un

investissement qui génèrera des ventes en monnaie domestique

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Bulle spéculative

D'après Coudert et Verhille (2001), une bulle spéculative est « Un

écart important et persistant du prix d'un actif par rapport à sa valeur

fondamentale » comme l'indique le schéma suivant :

Source : M. Landau et Mme. Duquerroy, «Théorie et réalité des crises financières »,

Conférence Théorie et réalité des crises financières, octobre 2009

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Une définition moins exigeante théoriquement car plus empirique est

proposée par la BCE : une bulle peut être définie comme « une

augmentation rapide et soutenue des prix qui finira par s’inverser, à un moment dans

le futur, en exerçant éventuellement des effets déstabilisateurs » (Bulletin mensuel

de la BCE, Avril 2005, p. 47-60)

Ainsi, J.Stiglitz indique que « si la raison d’un prix élevé aujourd’hui est

seulement que les investisseurs croient que le prix de vente sera élevé demain – quand

les « fondamentaux » ne justifient pas un prix élevé –alors une bulle existe. »

Patrick Artus 2008 dans la machine à bulles avance que « depuis 15 ans,

de la bulle internet à la bulle obligataire, le monde est passé d’une bulle à l’autre »

Pourquoi les bulles?

Recherche de rendements élevés des investisseurs.

Croissance rapide de la liquidité mondiale.

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Les bulles sont expliquées par le caractère auto réalisateur des

anticipations : les spéculateurs achètent des titres dont ils anticipent la

hausse, ce qui fait monter les cours des titres en question. Ces bulles sont

rationnelles dans la mesure où l’évolution des prix valide les anticipations.

Une bulle spéculative naît et disparaît d'une manière imprévisible car son

évolution ne dépend d'aucun facteur lié aux déterminants fondamentaux

des prix.

Bulle des tulipes en 1636, bulle des actions de la compagnie des Mers de

sud, en 1920, et la bulle de la compagnie de Mississipi, bulle boursière de

1929, puis bulle des actions Dow Jones en 1987, bulle Internet en 2000, et

bulle immobilière américaine en 2006.

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Les krachs boursiers

Les krachs boursiers correspondent à l’éclatement d'une

bulle spéculative. Ils se caractérisent par un effondrement

brutal des cours à la suite d'un mouvement de défiance qui

amène la plupart des opérateurs à vendre leurs titres.

Les krachs boursiers les plus connus sont ceux de 1929 et de

1987 qui éclatent sur la place financière de New York et se

propagent sur les autres places financières.

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Globalisation et instabilité financières

La globalisation financière est l’émergence d'un marché

planétaire des capitaux, susceptible d'offrir à l'ensemble des

acteurs de l’économie mondiale une gamme complète

d'instruments financiers.

Le processus de globalisation financière est fondé sur la

règle des trois « D » : désintermédiation, dérèglementation et

décloisonnement.

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La désintermédiation

La désintermédiation traduit le passage d'une économie

d'endettement à une économie de marchés financiers. Dans ce cas, une

part importante des financements obtenus et des placements réalisés par

les entreprises se fait directement sur les marchés financiers.

Une entreprise préférera donc se financer par une émission

d’obligations ou d’actions plutôt que de s'endetter auprès d'une banque.

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Page 24: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

La déréglementation

S’inscrit dans le cadre de la vague de libéralisation des mouvements

de capitaux qui s’est répandue dans l’ensemble des pays. Elle est liée à

toute absence de règles, telles que la suppression du contrôle des

changes ou bien la libéralisation des taux créditeurs et débiteurs.

Les autorités monétaires des principaux pays développés ont aboli

les réglementations de manière à faciliter la circulation internationale

du capital. La diminution des barrières réglementaires donc induit une

baisse des coûts de transaction ayant pour effet une croissance des

transactions financières internationales.

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Le décloisonnement

Ce phénomène réfère à plusieurs éléments :

- Sur le plan interne : Peu de distinction entre le long

terme et le court terme; frontières progressivement abolies entre

les banques commerciales et les banques d’affaires, entre les lieux

de services d’assurance et de services bancaires, entre les

marchés de change et les marchés financiers, ...

- Sur le plan externe : Essentiellement, on réfère à

l’ouverture de la bourse et du marché des créances de l’État et

des grandes firmes aux opérateurs étrangers.

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Les deux moteurs de la globalisation sont les innovations et la

libéralisation financières qui ont engendré simultanément un

accroissement de l'efficacité et de l'instabilité du système financier

international. Charles Kindleberger écrivait dés 2000 dans la 4ème

édition de son histoire mondiale de la spéculation financière que:

«parmi les déplacements majeurs dans la période récente on compte la

déréglementation dans des banques et des institutions financières, les innovations

comme les marchés des dérivés (qui existaient déjà mais sur une échelle beaucoup

plus modeste), les fonds d’investissements et fonds spéculatifs, la titrisation des

crédits et autres prêts hypothécaires des banques, etc. »

Page 27: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

libéralisation financière

La libéralisation financière se traduit par la diffusion des

fondements de l’économie libérale dans la gestion des affaires

monétaires, bancaires et financières de l’économie. Elle permet

selon ses auteurs, d’améliorer l’efficacité des systèmes financier et

bancaire et de renforcer le rythme de la croissance de l’économie.

Elle se manifeste par trois formes :

la dérégulation des taux d’intérêt,

la mise en concurrence des différents canaux de financement

l’ouverture extérieure du système financier.

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L’évolution à long terme du capitalisme est rythmée par les

innovations (Schumpeter et Charles Kindleberger) notamment les

innovations financières.

Ces innovations sont secrétées par les besoins du capitalisme

financier

Deux innovations financières majeures récentes :

Les produits dérivés (marchés à terme, options, dérivés de crédit

CDO, CDS,…)

La titrisation des créances bancaires

Les innovations financières

Page 29: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Les produits dérivé

Un produit dérivé ou (derivative product) est un contrat entre un

acheteur et un vendeur dont la valeur est « dérivée » des flux

financiers futurs d’un actif sous-jacent tel que (des actions,

obligations, instrument monétaire, indice ou matières premières).

Les produits dérivés sont d’une double nature: les produits fermes

et les produits optionnels. Parmi les contrats fermes, on distingue

les contrats futurs, les swaps et les dérivées de crédit et parmi les

contrats optionnels, on distingue les options et les warrants.

La spéculation est en effet rendue beaucoup plus aisée sur les

marchés de produits dérivés, en raison de leurs effets de levier

(très faible mise initiale par rapport à l'engagement) qui

augmentent fortement le potentiel de prise de risque. 29

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Les produits dérivés de crédit sont des instruments financiers

contingents à un événement de crédit principalement la défaillance d’une

entreprise, côtés sur le marché financier. Ils constituent des principaux

outils de la titrisation, et forment une partie de l’activité de crédit des

banques.

Parmi ces produits dérivés, les Credit Default Swaps (CDS) sont les

contrats les plus importants et les plus largement employés par le marché

des dérivés de crédit. Ils constituent les éléments de base de ce marché sur

lesquels reposent des structures plus complexes telles que les montages de

CDO synthétique (Synthetic Collateralized Debt Obligation).

Ces produits dérivés structurés et innovants CDS et CDO ont

incontestablement attiré un grand nombre d’investisseurs (les banques, les

hedges funds, les fonds de pension, les compagnies d'assurance, de

réassurance, les assureurs monolines, les entreprises et même les

gouvernements).

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Née aux Etats-Unis dans les années 70, cette technique a d’abord été

utilisée par les banques pour consentir davantage de crédits. Plus tard, elle a

permis aux banques de se débarrasser partiellement des mauvais risques.

C’est un montage financier qui consiste à transformer des créances

traditionnellement illiquides et gardées par leurs détenteurs jusqu’à

l’échéance à des titres négociables et liquides. Cette transformation peut par

ailleurs s’accompagner d’une restructuration donnant aux titres émis sur les

marchés des caractéristiques différentes de celles des actifs sous jacents.

La technique de titrisation élaborée par des entités cédantes consiste à

céder à un véhicule ad hoc (Special Purpose Vehicle) ou un trust qui en

finance l'acquisition par l'émission de titres, souscrits par des investisseurs.

Ces titres sont donc au passif du SPV et les créances acquises sont

inscrites à l'actif. L'entité ayant fait l'acquisition des créances en perçoit les

flux d'intérêt et de remboursement du capital qu'elle reverse en partie aux

investisseurs via le paiement de coupons et du nominal de leurs titres.

La titrisation

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La titrisation permet de transférer le risque de crédit sous-jacent sur

un tiers., de diversifier les sources de refinancement, d'optimiser

l'allocation du capital bancaire, favoriser la marchéisation du risque de

crédit, d’optimiser la liquidité des bilans des établissements de crédit

en transformant des créances en titres négociables, d’augmenter les

crédits accordés à l'économie,…

Liquidité, Support de crédit Couvertures, Notation

Cash

Titres

Cash

Actifs

Schéma simplifié illustratif de l’opération de la titrisation

Cession / remise en garantie

Page 33: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

L’aléa moral

La notion d’« aléa moral » a été introduite au XVIIème siècle par le

philosophe et l’économiste écossais Adam Smith. Ce phénomène

joue un rôle décisif dans la prise de risque excessive.

Or, dans un contexte caractérisé par une intervention des autorités

monétaires par le biais des systèmes de garanties des dépôts et de

sauvetage des banques en difficultés permet une sorte d’assurance et

de subvention cachées qui incite les banques à aggraver davantage le

risque encouru ainsi que leur levier financier puisqu’elles ne subiront

aucune perte en cas de survenance de problèmes.

L'aléa moral est souvent lié au phénomène d’asymétrie

informationnelle

L'aléa moral ne doit pas être confondu avec l’anti-sélection qui décrit

le fait que l'assurance est plus avantageuse pour ceux dont le risque est

plus important 33

Page 34: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

CONCEPTS ET DEFINITIONS DES CRISES

FINANCIÈRES

Initialement, le mot « crise » tirée du mot grec « krisis » qui veut dire «

jugement », s’est révélé, pour la première fois, dans l’usage médical. La

notion de « crise » a, ensuite, été empruntée de l’usage médical par la

science économique pour décrire une situation où l’expansion de l’activité

économique est interrompue sensiblement.

Selon le dictionnaire d’économie et des sciences sociales, la crise financière

est « L’altération de tout ou partie du système financier ».

Elle peut aussi être définie comme « une variation importante touchant totalement

ou partiellement les variables financières d’une économie, que sont le volume et le cours des

valeurs mobilières, l’encours des crédits et de dépôts bancaires, et la valeur de la

monnaie ».

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Page 35: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Généralement, en temps de crise, les marchés financiers s’effondrent,

les titres se déprécient, et les faillites se multiplient. A noter que

l’ampleur de ces effets dépend du type de marché, de la période et du

pays concernés Bordo et al, (2001).

Il n’existe pas une définition « conventionnelle » et partagée par tous

les théoriciens et les analystes des crises financières. Par contre, on

peut parvenir à une définition plus acceptée en définissant deux

concepts liés à la crise financière. Souvent, les économistes utilisent

les concepts de stabilité et d’instabilité financière pour mieux

expliquer le phénomène de crises financières.

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Page 36: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

La notion de Système Financier International (SFI) suppose

l’existence d’opérations financières internationales entre agents

économiques résidents et non-résidents.

Le concept de stabilité financière qui correspond, comme l’a

mentionné J P Patat (2000), à la situation dans laquelle le

fonctionnement des différentes composantes du système financier et

surtout leurs relations réciproques s’effectuent de manière saine et

sans coups brutaux.

Celui de l’instabilité financière, par opposition, renvoie à une

situation dans laquelle les banques et les autres intermédiaires

financiers évoluent dans un contexte de turbulences et de fragilités

de type conjoncturelles ou/et structurelles.

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Page 37: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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Si on tient à cette interprétation, la crise financière peut paraître comme

un cas extrême d’instabilité financière. C'est-à-dire qu’une crise

financière peut être définie comme un « cas où le fonctionnement de l’une des

composantes du système financier ou de plusieurs est perturbé amplement et

soudainement à travers des fluctuations de même aspect».

De ce fait, une crise financière est considérée comme un point de

retournement ou de rupture lors d’un " cycle financier « qui sépare

deux phases d’évolution à sens contraires.

Cette dernière définition est la plus retenue par la plupart des manuels et

théories.

Dés lors, la question de la stabilité financière a fait l’unanimité en tant

que bien public mondial et la coopération internationale s’avère une

nécessité pour la mise en place d’un système financier stable.

Page 38: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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Il convient de bien distinguer l'instabilité financière de la simple

volatilité financière; cette dernière (souvent mesurée par la

« variance » des rendements des titres, des taux de change, etc.)

décrit les fluctuations temporaires et de faible amplitude des

variables financières autour de leur valeur moyenne.

Les crises financières traduisent en général une instabilité financière

forte. Elles désignent des perturbations sur les marchés bancaires et

financiers qui conduisent à la défaillance d'établissements bancaires

et financiers, avec un risque de propagation à l'ensemble du système

financier – que l'on qualifie de « risque systémique » – de telle sorte

qu'est mise en danger l'une au moins des trois fonctions clés du

système financier : l'allocation du crédit et des capitaux, la circulation

des moyens de paiement et l'évaluation des actifs financiers.

Page 39: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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LES ORIGINES DES CRISES-FACTEURS DE

VULNÉRABILITÉ ET CONTAGION

Déséquilibres

Micro/internes Déséquilibres

Macro/Extérieurs

Santé de système

bancaire, politique

d’octroi de crédit

Endettement des

institutions financières,

des SNF, des ménages

innovation, réglementation,

encouragement à la prise

de risque

Endettement extérieur,

endettement en devise

Balance des paiements,

compte courant, compte

de capital

Régime de change,

politique monétaire Contagion=

Propagation et

Contamination

- Choc commun

- Canal commercial

- Canal financier

- Contagion pure

Page 40: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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Effet de Contagion

La contagion est l’augmentation de la probabilité de crise dans un pays

suite à l’avènement d’une crise dans un autre pays

La contagion se produit quand la volatilité des prix des actifs se répand

du pays en crise à d’autre pays.

La compréhension des canaux de transmission de la crise (mécanisme

de la contagion) est capitale pour mettre en place les politiques

appropriées. A ce titre, trois facteurs de propagation des crises ont été

mis en évidence dans la littérature économique, à savoir les chocs

communs, les interdépendances commerciales et financières et la

contagion pure.

Page 41: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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Effet de mousson

Un facteur commun influence en même temps deux ou plusieurs pays.

Certains auteurs comme Moser (2003) parlent d’une contagion

fallacieuse si le choc commun influence deux ou plusieurs économies

au même moment sans qu’aucune connexion causale n’existe.

(Hausse des taux d’intérêt US 1982 et crise de la dette des PED).

Interdépendances « normales » effet « spillover : déversement »

ou encore « fundamentals-based contagion ».

Un pays est touché par une crise à cause de l’existence d’une crise dans

un pays tiers avec qui, il entretient des relations commerciales ou

financières. Paul Masson (1999).

Page 42: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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Les liens commerciaux : la vulnérabilité des économies à la contagion est

déterminée par leur degré d’intégration commerciale

Choc sur une économie qui représente un débouché à l’export

Détérioration de la balance commerciale du pays exportateur

Attaques spéculatives contre la monnaie du pays et/ou retrait de capitaux

Perte de compétitivité liée à la dépréciation de la monnaie d’un pays

concurrent affecté par un choc

Dévaluation compétitive pour maintenir sa compétitivité ou risque de

dévaluation anticipé par les investisseurs

Arrêt de la demande des investisseurs pour les actifs de ce pays

Ex: crise asiatique 1997 - Taiwan, Singapour : attaque spéculative et

dépréciation des monnaies

Page 43: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

43

Les liens financiers : la vulnérabilité des économies à la contagion est

déterminée par leur degré d’intégration financière

Les Investissements Directs des Entreprises

Les investissements de portefeuille et le rôle des investisseurs internationaux

Retrait des capitaux et rééquilibrage des portefeuilles de placement (Kaminsky and

Reinhart, 1998) : sudden stop

liquidation des positions dans d’autres pays pour satisfaire les demandes de

remboursements (effectives ou anticipées) liées à un choc dans leur pays,

liquidations de positions dans un autre pays pour faire face aux appels de marge.

Retrait des capitaux et/ou restriction de l’octroi de crédit via les filiales internationales

des banques lorsqu’un choc touchant le pays de la banque mère affecte son capital

(Kaminsky and Reinhart, 2000)

La « fuite vers la qualité » (flight to quality): Les investisseurs qui ont enregistré des

pertes importantes éprouvent une grande aversion pour le risque. Ils se réfugient alors

dans des placements jugés comme sûrs. Il s’agit par exemple de l’or (parfois), mais aussi

des obligations des États considérés comme les meilleures signatures (les États-Unis,

l’Allemagne, la France…).

Page 44: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

44

Contagion pure et ≪ shift contagion ≫

Paul Masson (1999) considère que si aucun des facteurs déjà

cités ne peut expliquer une crise en série, alors on est en présence

d’une contagion pure, qui peut s’expliquer par la panique

financière et le stress, la perte de confiance, l’augmentation de

l’aversion au risque ou le comportement mimétique.

Page 45: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

45

Charles Kindleberger (1978) constate que depuis le XVIIe siècle.

Il y a récurrence d’un certain nombre de phénomènes et c’est cette

même succession de phases identiques qui a caractérisé la plupart

des crises précédentes. Bien évidemment, ce processus n’obéit pas à

une périodicité bien définie.

Il est remarquable que, les mêmes phases s’enchaînent au cours de

toutes les crises.

LES PHASES DE LA CRISE FINANCIÈRE.

Page 46: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

46

1/À l’origine se trouve une impulsion qui a trait à une innovation ou une

découverte qui peut être technique (de nouvelles méthodes pour la

production des tulipe, l’organisation scientifique du travail, titrisation…),

des instruments financiers (création des actions d’une compagnie de

navigation, valeurs Internet dans les années 2000, des CDO et CDS…),

une région du monde (les dragons asiatiques), la satisfaction d’un besoin

de consommation qui pourra soutenir l’activité économique (achat d’un

logement via les crédits subprimes,…) ou encore à une conjoncture

financière inédite (afflux de liquidités sur le marché boursier qui permet

la multiplication des offres publiques d’acquisition OPA, abondance de

liquidité des pays émergents et des pays de Golf qui favorisé le

développement de l’immobilier au début des années 2000,… )

Page 47: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

47

2/L’adoption d’une stratégie sélective par les agents économiques

informés les assure de la réalité des rendements promis par

l’innovation. Ils procèdent à des achats avisés, profitant de leur

expertise technique (comment cultiver ces nouvelles tulipes? dans

quelles tranches des crédits hypothécaires s’investir), ou par

l’information privilégiée dont ils disposent. Leur comportement est

rationnel au sens économique du terme et ne conduit pas à lui seul à

un emballement spéculatif.

la grande masse des investisseurs se montre attirée par le phénomène

nouveau et ses perspectives de gain rapide.

3/correspond à la généralisation de la spéculation dans l’ensemble de

l’économie à la suite du laxisme des autorités monétaires qui injectent

des liquidités pour satisfaire la demande.

Page 48: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

48

4/L’authentification des anticipations par une autorité indiscutable

accentue l’emballement. Dans la bulle du Mississipi, le gouvernement

français apporte son soutien officiel à Law. Dans les années 1920 aux

États-Unis, Irving Fisher déclare que l’envolée boursière et la prospérité

de l’économie sont faites pour durer. Dans la période contemporaine, la

position d’Alan Greenspan, qui dénonce l’exubérance irrationnelle,

marque le tournant de la bulle Internet lorsqu’il se range à l’opinion des

marchés. L’adoption, en 2000, de lois interdisant les régulations tant

fédérales que de la part des Etats, pour les [produits financiers] dérivés

négociés de gré à gré (Over-the-counter ou OTC), l’abolition en 1999

de Glass-Steagall Act par Gramm-Leach-Bliley Act et la loi (de début

des années 1990 sous le gouvernement Clinton) favorisant l’accès au

logement sans discrimination à tout le monde ont constitué le tournant

décisif dans la marche vers la crise financière.

Page 49: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

49

5/ La manifestation d’un écart entre les rendements obtenus et les

rendements attendus marque le climat de la séquence et la proximité

du retournement brutal. Il intervient à cause de l’érosion endogène des

rendements du fait de la suraccumulation, ou en réponse à une

mauvaise nouvelle, apparemment mineure, qui déclenche un

réajustement des vues sur l’avenir. Dans d’autres cas, les agents les

mieux informés estiment que, compte tenu du niveau atteint par le prix

des actifs, il est prudent de se désengager en vendant les actifs.

6/ Enfin, l’intervention des autorités politiques, face à la gravité des

conséquences sociales et politiques du krach, interviennent

massivement pour la recherche des culpabilités et la réintroduction de

nouvelles règles et réformes afin d’éviter la répétition de tels épisodes

et rétablir la confiance sans laquelle les marchés ne peuvent

fonctionner. Dans la plupart des cas, ces mesures parviennent à faire

oublier la bulle passée, au point que peut se former un nouveau cycle :

une innovation qui frappe les esprits est susceptible d’amorcer une

autre phase d’expansion puis d’emballement spéculatif.

Page 50: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

50

Amorce

d’un nouveau cycle

Innovation

importante

Reprise

de la confiance

Intervention

publique

Krach Fragilité

croissante

Mimétisme

rationnel

/stratégique

Explosion

du prix

des actifs

Accélérateur

financier

via le crédit

Anticipations

nouvelles de

demande/profit

D’une innovation réputée majeure au mimétisme

qui débouche sur la fragilité financière

Source: Robert Boyer, Mario Dehove et Dominique Plihon, les crises

financières, Rapport de CAE, 2004.

Page 51: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Depuis l’effondrement du système de Bretton Woods, la fréquence

des crises financières s’est notablement accrue par rapport à une

période tranquille et relativement longue, dite des ‘Trente Glorieuses’

La période qui s’ouvre avec les années 1980 se caractérise par le

retour de crises financières récurrentes. Qu’ils soient déclenchés par la

dynamique de la dette publique – crise mexicaine de 1984, crise

grecque de 2010, par des innovations financières – bulle Internet,

subprimes –, par une crise de change – crise européenne de 1993 –

ou encore par une augmentation excessive du crédit domestique –

crises asiatiques des années 1990 –, ces épisodes vont de pair avec le

mouvement de libéralisation financière amorcé dans les années 1980.

FRÉQUENCE DES CRISES FINANCIÈRES

51

Page 52: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Les crises financières se révèlent sous plusieurs formes. Elles se

configurent selon les marchés et les institutions qu’elles

frappent. Du fait, on peut observer des crises de change, des

crises bancaires, des crises boursières, des crises immobilières et

les crises de la dette publique. Aussi, on peut observer des

crises jumelles qui sont, essentiellement, l’association des crises

de change avec des crises bancaires.

52

TYPOLOGIE DES CRISES FINANCIÈRES

Page 53: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

1. Les crises bancaires

Une crise bancaire est définie comme une situation dans

laquelle: La totalité ou la majorité du capital bancaire est érodée ..

C’est à dire que les banques font fasse à différentes pertes,

accumulation de crédits non performants et de créances

douteuses, ainsi que des pertes en capital qui réduisent leurs

différents ratios prudentiels.

Ces problèmes rencontrés entraînent un large mouvement de

nationalisation des banques, une vague de faillites et de paniques

bancaires ≪ bank run ≫ ou de mesures d’urgence, telles que les

retraits brusques de capitaux, les fermetures prolongées des

banques, les fusions, la prise en charge étatique à grande échelle

ou les garantis publiques généralisés sur les dépôts.

53

Page 54: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

54

Les crises bancaires font généralement suite à une période de

forte expansion du crédit et de hausse de la valeur des actifs

boursiers et/ou immobiliers. Ce mécanisme est souvent auto

entretenu puisque l’augmentation de la valeur des actifs qui

sont susceptibles d’être utilisés pour garantir les prêts justifiés

de nouveaux prêts.

Krugman (1999) donne une explication à ce type de crise par

le mécanisme de « l’aléa moral ». Il observe que les banques

ont tendance à développer des prêts et des placements très

risqués parce qu’elles souffrent de l’asymétrie d’information et

elles bénéficient de garanties du moins implicites de la part des

autorités monétaires.

Page 55: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Pour les crises bancaires, les économistes font un repérage de ces

crises à partir de données financières et bancaires, notamment

l’actif non performant/total actif est supérieur à 10%, des dires

d’experts, d’indices de panique (gel de dépôts, fermeture de

banques, garantie générale des dépôts) ou l’existence du plan de

sauvetage organisé par les pouvoirs publics dont le coût de

sauvetage est supérieur à 2% PIB.

55

Page 56: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Deux sortes de crises ont été distinguées par G.Caprio et

D.Klingebiel (1996), les crises systémiques et les crises non

systémiques.

Pour les crises systémiques, ces problèmes marquent le début d’une

cascade d’évènements similaires pour le reste des institutions

financières, ce qui implique que la vague de crises affecte une grande

partie du secteur bancaire ou certaines banques qui détiennent la

majeure part des actifs du système bancaire.

Pour les crises non systémiques, ces problèmes ne concernent que

quelques banques de taille petite ou moyenne.

La crise est systémique quand elle se diffuse à l’ensemble des marchés

financiers à l’échelle planétaire.

Crise japonaise 90’s, crise asiatique 97-98, crise des subprimes

56

Page 57: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

2 . Les crises boursières:

Les termes de crise boursière ou de krach renvoient à deux

acceptions différentes mais non-exclusives l’une de l’autre.

La première correspond à l’éclatement d’une bulle spéculative,

elle-même définie comme un écart important et persistant du prix

d’un titre ou d’un indice par rapport à sa valeur fondamentale. La

crise se caractérise par une phase d’ajustement et de retour au prix

d’équilibre fondamental.

La seconde acception fait référence à la dynamique des prix

suivie par des cours boursiers. La crise se définit comme une

évolution rapide et/ou de grande ampleur des cours à la baisse.

57

Page 58: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

De même pour les crises boursières, deux méthodes sont indiquées

pour les identifier.

La première approche, utilisée par Mishkin et White (2002),

consiste à identifier les variations de plus de 20% (en général, par

référence aux krachs de 1929 et 1987) d’un indice sur différentes

fenêtres temporelles..

La seconde approche, dite CMAX, proposée par Patel et Sarkar

(1998) s’appuie sur une variable de tension égale au rapport des cours à

l’instant t au maximum du cours pendant une période précédente prise

comme référence. Un écart supérieur à un certain seuil à 1,5 ou 2

écarts-types de cette variable en dessous de son niveau moyen sur une

fenêtre temporelle donnée signale une crise.

58

Page 59: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

3. Les crises de change :

Ces crises représentent des situations où apparaissent de brusques

variations des taux de change, prenant forme de dévaluation forcée ou

de flottement de la monnaie dans le cas d’un régime fixe, ou d’une

dépréciation forte ou subite dans le cas d’un régime de change plus

flexible. Au-delà du changement brutal du taux de change, une crise de

change est, généralement, caractérisée par un assèchement rapide des

réserves de change.

La décennie des années 1990 a connu plusieurs épisodes de crises de

change, tant dans les pays développés que dans les pays émergents,

notamment avec les crises du SME (1992-1993), mexicaine (1994-

1995), asiatique (1997-98), de Brésil (1998 - 1999), de la Turquie (2001)

et la crise de change d’Argentine (2001)

59

Page 60: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Pour les crises de change deux méthodes sont habituellement

retenues pour les identifier.

Le premier consiste à considérer « qu’une monnaie subit une

crise de change lorsque sa valeur exprimée dans une monnaie de

référence subit une dépréciation au cours d’une année supérieure à

un certain seuil égal, en général, à 25% ».

La seconde consiste à « construire un indicateur de pression

spéculative, combinant la variation du change aux variations des

réserves officielles et du taux d’intérêt supposées représenter

l’intensité de la défense de la parité par les autorités monétaires et à

considérer qu’au-delà d’un certain seuil de variation de cet

indicateur par rapport à sa valeur moyenne, choisie en général à 1,5

fois l’écart-type, le marché des changes subit une crise spéculative».

60

Page 61: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

4. Les crises jumelles :

Avant le début des années quatre-vingt, les crises bancaires étaient

pratiquement inexistantes. Avec la libéralisation financière les crises

jumelles – crises bancaires et crises de changes associées – sont

devenues plus fréquentes. Elle sont aussi beaucoup plus sévères

(Kaminsky, Lizondo et Reinhart, 1999)

La crise jumelle est le résultat d’une dépréciation ou d’une

dévaluation (généralement liée a une spéculation contre la monnaie)

et une vague de défaillances bancaires (Crise asiatique 97-98).

61

Page 62: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

5. Les crises immobilières

Les crises du secteur de l’immobilier peuvent s’agir d’un déséquilibre

entre l’offre et la demande sous forme d’une incapacité de l’offre à

faire face à l’ampleur de la demande ou d’une incapacité de la

demande à faire face à l’offre. Ce qui fait que les prix de l’immobilier

peuvent faire l’objet d’une forte baisse et brutale de la valeur des

titres immobilier.

6. Les crises de la dette publique

Ce type de crises financières prend l’apparence d’un défaut de

paiement de la dette extérieure par un pays vis-à-vis de ses créanciers

non résidants, ou lorsqu’elle est libellée en monnaies étrangères.

62

Page 63: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Lorsque le débiteur est l’Etat, la dette est dite " souveraine ", la crise

se manifeste généralement par l’annonce d’un " moratoire " sur le

remboursement qui exprime une déclaration officielle et définitive de

la cessation de paiements. La communauté financière internationale

peut se mobiliser dans ce cas, sous l’égide du FMI, pour le

rééchelonnement de la dette, et fréquemment des facilités de

financement sont avancées par celui-ci sous contraintes d’amorce de

mesures de stabilisation d’ordre monétaire à très court terme et de

programmes d’ajustement structurels à moyen terme. Le Mexique a

fait l’expérience suite à la situation de cessation de paiement en 1982

et en 1994, et par la suite la Russie en août 1998.

63

Page 64: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

64

Ces trois premières formes des crises financières sont,

désormais, les plus vues à travers l’histoire des faits

économiques. Par contre, les crises immobilières et de la

dette publique apparaissent comme des événements

conduisant à des crises financières qui se manifestent soit

par des crises bancaires, soit par des crises de change ou soit

par des crises boursière. L’analyse historique des crises

financières et leur fréquence confirment cette idée.

Page 65: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Les économistes classiques et les néo-classiques n’ont pas développés

des théories sur les crises financières mais ils avaient élaboré des

théories qui expliquent approximativement les crises économiques.

Le terme de « crises financières » commençait à apparaitre dans les

analyses théoriques qu’après la crise de 1929. Les premières études

sérieuses ont été l’oeuvre de Keynes (1930) par sa théorie de

l’insuffisance des investissements, de Fisher (1933) par sa théorie de

surendettement et de Minsky (1992) par sa théorie de la fragilité

financière et instabilité économique. 65

ANALYSE THÉORIQUE DES CRISES

FINANCIÈRES

Page 66: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

A partir de 1997, ce terme de crise financière trouve un

intérêt particulier à la suite de la crise asiatique qui a suscité

de nombreux modèles théoriques et empiriques explicatifs

du phénomène. On peut citer les modèles de crises de la

première génération, de la deuxième génération et de la

troisième génération. Ces modèles ont le mérite de tenter

d’expliquer les crises financières.

66

Page 67: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

67

La littérature économique des classiques et des néo-classiques

sur les phénomènes des crises n’est pas très riche. Cette

littérature considèrent que les crises sont des phénomènes

économiques que les classiques qualifient de «crises passagères» qui se manifestent suite à des défaillances

enregistrées dans un secteur ou activité économique et limités

dans le temps et que les néoclassiques qualifient de périodes

de « turbulences économiques »

Les théories de la période d’avant-crise de 1929

Page 68: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Les crises financières chez les classiques

Les classiques pensent que les crises touchent un secteur bien défini,

tel que l’agriculture, le textile, le chemin de fer ou le crédit et ne

peuvent se présenter comme des phénomènes étonnants sur lesquels il

faut faire des études et des théories entières. Ils définissent le

phénomène comme étant « des mécanismes d’ajustement porteurs de nouveaux

progrès en apurant le passé compte tenu soit des erreurs commises, soit des

changements imprévisibles de toutes sortes, plus particulièrement des techniques ».

Adam Smith dénonçait le recours excessif à l’épargne au détriment de

la consommation. Deux autres économistes, Malthus et Sismondi,

soulèvent que « des crises générales peuvent se manifester en raison de l’excès de

l’épargne, par défaut de la consommation »

68

Page 69: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

La doctrine orthodoxe de la théorie néoclassique considère que les

crises sont des évènements conjoncturels qui résultent d’un choc

associé à un certain élément dont l’origine est exogène et qui

provoque de forts déséquilibres dans le fonctionnement des

différents marchés qui composent le système économique. Sa durée

est, par conséquent, variable et dépendante de la nature de ce choc

qui dysfonctionne totalement le bon fonctionnement des marchés

en causant un ajustement vers un nouvel équilibre.

69

Les crises financières chez les néoclassiques

Page 70: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

70

La théorie néoclassique a construit une théorie sur les crises

économiques autour de l’idée des fluctuations des prix. Stanley Jevons

(1862) avance l’idée des fluctuations commerciales. Dans la même

ligne de pensée, Léon Walras (1852) relie les crises à des phénomènes

de déséquilibres. Kunt Wichsel (1898) met en relation les

mouvements des prix aux cycles d’affaires.

L’économiste danois Kunt Wicksel, publie en 1898, un ouvrage

intitulé « intérêt et prix », où il s’attache, particulièrement, à rechercher

l’explication des crises en tant que des fluctuations incessantes du

niveau moyen des prix. Il considère que le mouvement des prix est un

fait indépendant de la succession des phases de prospérité, de crise et

de dépression qui caractérise le capitalisme.

Page 71: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Schumpeter a essayé, à travers la théorie de l’évolution économique,

de développer une explication des fluctuations économiques fondée

sur le caractère discontinu du progrès technique. Mais, sa tentative

n’est pas concluante.

A partir des 1860 – 1890, à l’époque où se construisait la théorie

marginaliste, quelques études se consacrent par les économistes à la

question de surproduction et des crises économiques. On retient un

article de John Mills, paru en 1867, sur les cycles du crédit et les

origines de paniques commerciales. Dans cet article, il explique les

crises par des causes psychologiques.

71

Page 72: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Walter Bagelot (1873), dans un ouvrage intitulé « Lambart Street »,

développe des explications sur les crises à partir de la question des

mauvaises récoltes.

Clément Juglar (1862) fait, aussi, paraître un ouvrage, intitulé « des

crises commerciales et de leur retour périodique en France, en

Allemagne et aux Etats-Unis » où il est le premier économiste qui

donne une description détaillée du « cycle des affaires » et insiste sur

la régularité du retour des crises.

72

Page 73: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

D’autres thèses ont été, ensuite, proposées par d’autres

économistes pour expliquer les crises. Il s’agit de la théorie de

sous-consommation, de la théorie de l’insuffisance de

l’épargne et de la théorie de l’accélération.

i. La théorie de sous-consommation

La thèse de la « sous-consommation » a été présentée par

Hawley (1882). Dans un ouvrage intitulé « capital et

population », il indique que la crise s’éclate parce que la

production de biens de consommation n’est pas suffisante

pour satisfaire la demande. Celle-ci étant trop forte en raison

de l’élévation des salaires.

73

Page 74: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

ii. La théorie de l’insuffisance de l’épargne

La thèse de « l’insuffisance de l’épargne » a été défendue par

l’économiste russe Tugan Baranovski (1894), dans un ouvrage

intitulé « les crises industrielles en Angleterre ». Cet économiste

marxiste, a fini par s’éloigner des idées de Marx en posant ses

conclusions qui rejoignaient les vues libéraux sur la question des

crises. Il considère que les crises s’éclatent non pas par l’excès de

l’épargne mais par l’insuffisance de l’épargne. Il conclue que la

surproduction de bien de consommation ne peut jamais être

due à une insuffisance de la demande de ces biens.

74

Page 75: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

iii. La théorie de l’accélération

Aftalion (1908, 1909, 1913) a apporté des explications sur les crises

en optant sur une analyse du cycle par la théorie de l’accélération. Il

s’appuie sur l’idée que la construction des biens d’équipements

demande du temps et explique que lorsque la demande des biens de

consommation augmente, la capacité de production de la nation ne

peut être augmentée immédiatement.

D’autres économistes néoclassiques ont, néanmoins, essayé de

donner des explications monétaires du cycle. Il s’agit d’expliquer la

crise par l’insuffisance de la monnaie de crédit fournie par les

banques à la fin de la période d’expansion. Cette vision a été

défendue par l’économiste américain Irwing Fisher (1912),

l’économiste autrichienne Ludwig Von Mises (1912) et par

l’économiste britannique Robertson (1926) 75

Page 76: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

76

L’analyse des crises selon Marx

Marx n’avait pas bâti une théorie unifiée des crises, même s’il en

est l’un des principaux théoriciens, même s’il fut l’un des

premiers penseurs du cycle. Il avait même projeté de terminer

son grand œuvre, Le Capital, par un livre dont le titre est d’une

grande actualité : Le Marché mondial et les Crises. Pour lui, les

crises sont endogènes, inhérentes au fonctionnement du

capitalisme, nullement des chocs exogènes dus à des phénomènes

contingents. C’est là son enseignement principal, en opposition

aux théories libérales contemporaines qui présupposent un

fonctionnement harmonieux de l’économie de marché seulement

perturbé par des chocs stochastiques.

Page 77: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Les théories de la période d’après-crise de 1929

Après la crise de 1929, le monde s’est réveillé sur une crise couteuse et

dévastatrice. C’est alors que les économistes reconnaissent la nécessité

de théoriser le phénomène et de trouver des explications valables.

La période de l’après 1929 est marquée donc par trois économistes qui

se sont distingués par leurs travaux sur les phénomènes de crises,

notamment sur la crise de 1929. Ce sont Keynes, Fisher et Minsky.

la théorie de l’insuffisance d’investissement de Keynes (1930) ;

la théorie du surendettement de Fischer (1933) ;

la théorie de la fragilité financière et de l’instabilité économique de

Minsky (1992).

77

Page 78: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

a. La théorie de l’insuffisance d’investissement de Keynes

Après l’éclatement de la crise aux Etats-Unis, en 1929, Keynes a

voulu donner une explication sur les problèmes des dépressions

économiques dans l’une de ses grandes recherches théoriques,

parue dans son ouvrage intitulé le « Traité de la monnaie », publié

en 1930.

Il a donné une explication monétaire à la crise et au phénomène

du cycle. Il met en avant l’idée de l’insuffisance de l’investissement

pour expliquer la crise.

78

Page 79: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

b. La théorie du surendettement de Fisher

L’économiste Irving Fischer (1933) est l’un des premiers qui a

montré le rôle central de la liquidité. Il a construit sa théorie en

s’appuyant sur les notions de dette et de déflation afin d’expliquer

les grandes dépressions.

Cette théorie s’inscrit dans le contexte historique qui est marquée

par la baisse de la valeur des actions aux Etats-Unis, dés le lundi 21

octobre 1929 et par le krach de la bourse de New York, le jeudi

1929. En plus, cette crise boursière est suivie d’une longue période

de déflation, de baisse de la production, de hausse du chômage et

d’une perte de confiance générale qui se répandent au niveau

mondial.

79

Page 80: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

80

Fisher cherche à montrer que l’endettement des agents durant les

phases ascendantes du cycle conduit a un processus déflationniste

durant la phase descendante.

Première étape : la phase ascendante du cycle

Dans la phase ascendante du cycle, les agents économiques sont

incités à s’endetter d’une part, pour bénéficier des perspectives de

plus-values en capital sur les marchés financiers et d’autre part,

pour mettre en route des projets d’investissement profitables.

L’endettement devient donc le moteur de l’activité. L’occurrence

d’un choc quelconque conduit au retournement du cycle.

Page 81: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

81

Deuxième étape : la phase descendante du cycle

Dans cette phase descendante, les mécanismes qui avaient

été favorables au développement économique deviennent

ceux qui accentuent la crise.

Chute des recettes, des prix des actifs et la déflation des

prix industriels la valeur réelle des dettes monte

rapidement cette configuration se révèle désastreuse

pour les emprunteurs la contrainte de remboursement

devient exorbitante les emprunteurs tentent de faire face

à ces charges de remboursements en effectuant des ventes

de détresses pour obtenir des liquidités

Page 82: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

c. La théorie de la fragilité financière et de l’instabilité

économique de Minsky

Minsky (1992) a développé une théorie expliquant la crise par

l’instabilité économique et la fragilité financière. Cette théorie

démontre que l’instabilité économique dépend des modalités de

financement des investissements et la fragilité financière explique

la survenance des crises.

82

Page 83: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

83

Les trois étapes qui précédent la crise financière chez Hyman

Minsky sont assez identiques aux étapes mises en évidence par

Kindelberger. Le grand apport de Minsky se situe alors dans la

notion de fragilité systémique. Dans le cadre d’une économie de

marché, le libre jeu des comportements individuels et notamment

les réactions aux chocs sont amplificateurs des déséquilibres.

Les trois étapes d’une économie, selon Minsky, sont :

la « hedge finance », ou finance prudente

la « speculative finance »

la « Ponzi finance ».

Page 84: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

84

Pour Minsky, la tranquillité économique de la période de la finance

prudente, qui caractérise la phase d’expansion, est porteuse de la crise

financière dans le cadre du capitalisme. L’optimisme des acteurs

majeurs de l’économie, dans la phase d’une croissance avec une

recherche et l’obtention de profits modérés, suscite des comportements

plus risqués en ignorant ce risque. C’est l’étape de la finance spéculative.

L’excès de confiance suscite un excès d’endettement. La course au

profit par des agents spéculateurs dans cette phase de crédit facile se

poursuit, favorisant l’investissement, la croissance et l’emploi jusqu’à ce

que les agents prennent conscience que la liquidation de leurs actifs ne

suffira pas aux remboursements de leurs engagements. Il faut par

conséquent emprunter pour payer les dettes, engageant ainsi le système

dans la finance Ponzi. Un tel processus se traduit par des hausses

purement nominales des valeurs, sans contrepartie réelle. Minsky parle

de « boom spéculatif » qui déclenche la phase de l’instabilité.

Page 85: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

85

Le « moment Minsky » constitue le moment où les agents

surendettés sont contraints de vendre en masse leurs actifs pour

faire face à leur besoin de liquidité. La préférence pour la

liquidité étant générale, les ventes déclenchent une spirale de

baisse auto-entretenue du prix des actifs et un assèchement de la

liquidité.

Ainsi la « stabilité engendre l'instabilité ». Tel est le « paradoxe

de la tranquillité ». Cette phase de liquidation irréfléchie des

actifs est celle qui constitue la crise financière se caractérisant

par une restriction brutale du crédit (credit crunch) provoquée

par une hausse des taux d'intérêt, mettant en difficulté ceux qui

doivent emprunter pour rembourser leurs dettes antérieures. La

récession est alors la conséquence de la crise financière.

Page 86: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Les théories de la période de l’après-crise asiatique de 1997

Cette période a connu une accélération des crises financières

touchant des pays émergents de 1997 à 2001. Ces crises ont

suscité beaucoup d’analyses et d’études pour expliquer le

phénomène.

86

Page 87: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

87

GÉNÉRATION DE MODÈLES DE CRISES

FINANCIÈRES

Les économistes distinguent trois catégories de modèles de crises,

qualifiés de génération de crises.

À l'origine, les modèles de première génération ont cherché à

expliquer les crises de balance des paiements des années 70-80.

Ensuite, les modèles de deuxième génération ont tenté d'apporter

une réponse aux crises du Système monétaire européen (SME) de

1992-93. Enfin, les modèles de troisième génération ont essayé de

comprendre les crises mexicaine (1994-95) et asiatiques (1997-98), à

dominante bancaire et financière.

Page 88: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

A. Les modèles de crises de la première génération

Dans une première génération des modèles (la dégradation des

fondamentaux), Krugman (1979) et Flood et Garber (1984) ont essayé

d'expliquer les crises de balance de paiements des années 1970-1980 telles

que la crise mexicaine de 1973-1982 et d'argentine de 1978-1981.

Dans un régime de changes fixes, une croissance excessive du crédit

intérieur et un financement monétaire du déficit public peut aboutir à un

excès d’inflation du pays sur ses partenaires commerciaux ce qui

provoque une baisse de compétitivité prix c-à-d une baisse des

exportations et une hausse des importations (un déficit commercial) ce

qui engendre une dépréciation du taux de change. La banque centrale

puisse dans ses réserves de change pour racheter sa monnaie sachant

l’obligation d’assurer une fixité du taux de change, on assiste par la suite à

des attaques spéculatives dès lors que les opérateurs considérèrent que la

BC ne pourra pas maintenir sa politique inflationniste car elle est

insoutenable ce qui entrainera finalement une dévaluation de la monnaie. 88

Page 89: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

B. Les modèles de crises de la deuxième génération

Les modèles de crise de deuxième génération ont été développés à la suite

des crises du système Monétaire Européen (SME) de 1992-1993 qui ont

constitué les premières expériences de la globalisation financière au sein des

pays développés. Ces modèles de deuxième génération, développée en

premier par Maurice Obstfeld (1994) et (1996), sont connus comme des

modèles d’équilibres multiples et d’anticipations autoréalistes. Leur idée

principale est qu’il existe plusieurs situations possibles à l’équilibre, soit dans

le cas de crise ou dans le cas de non crise, selon la psychologie des agents :

pessimistes ou optimistes.

Ces modèles expliquent la crise à partir des interactions stratégiques entre

les intentions futures des gouvernements et les interprétations hétérogènes

qu’en donnent les spéculateurs. La crise intervient dés qu’une vague de

pessimisme profond gagne un groupe d’investisseurs provoquant une

sorties de capitaux. C’est le jeu stratégique entre le gouvernement et les

marchés qui forment le scénario de la crise. 89

Page 90: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Dans ce modèle, la banque centrale essaye d’optimiser sa situation:

arbitrage entre coûts et avantages du maintien du régime de change,

les attaques spéculatives sont ici arbitraires car non fondées sur les

fondamentaux. Cette fois ci l’attaque ne réussira que s’il y a un

caractère autoréalisateur des anticipations. L’état doit faire un arbitrage

entre les coûts de la défense contre les attaques spéculatives (hausse de

taux d’intérêt) et les avantages de la résistance aux pressions vers la

dévaluation. Les spéculateurs rationnels agissent en fonction des

prévisions établies sur les réactions possibles des autorités (intéraction

stratégique).

La crise peut résulter d’une incapacité du gouvernement à s’engager

de manière crédible sur des choix de politique économique.

90

Page 91: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

C. Les modèles de crises de la troisième génération

Suite aux insuffisances soulevées dans les modèles des deux

premières générations de crises, une troisième génération de modèles

est apparue nécessaire pour expliquer les crises de l’Asie du Sud-est

(1997), de la Russie (1998), du Brésil (1999) ou, plus tard de la

Turquie et de l’Argentine (2001-2002).

Selon Krugman (2001), ces modèles de crises de la troisième

génération sont apparus avec la crise asiatique de 1997. Ils sont

connus par les crises jumelles « twin crisis ».

Dans ces crises de types nouvelles, le système de change fixe, à

ancrage rigide, joue un rôle perturbateur. Ce système a permis, dans

un premier temps, aux pays touchés par ces crises d’emprunter des

sommes considérables à taux fixe. Cela a engendré une surliquidité

de l’économie et une hausse des prix mettant en cause leur

compétitivité qui fait anticiper une dépréciation de la monnaie locale. 91

Page 92: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Lorsque la crise a été amorcée, ces capitaux ont contraint la Banque

Centrale à épuiser rapidement ses réserves de change et à accepter la

dévaluation par le passage à des changes plus flexibles. Cette crise de

change a été généralement suivie par une crise bancaire. Il s’agit,

donc, des crises jumelles.

les modèles de la troisième génération se basent sur le jeu de l’aléa

moral et du capitalisme de connivence pour expliquer les crises

récentes.

De plus, la libéralisation financière non accompagnée d’une

régulation prudentielle adéquate a donné naissance à une troisième

génération de crise. Elle a crée une interdépendance entre les

créanciers étrangers, qui n’étaient pas exclusivement des banques, et

les débiteurs locaux, qui étaient des agents privés.

92

Page 93: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

93

La crise financière systémique associée aux subprimes (2007-2008)

n’a pas encore trouvé de formalisation canonique équivalente, sans

doute parce que la complexité des produits dérivés est difficile à

incorporer dans des modèles macroéconomiques. Il s’agit d’une

quatrième génération des crises Philippe Gilles.

Page 94: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Les crises financières ont jalonné l’histoire économique

capitaliste. Ces crises sont souvent provoquées par la

défaillance d'une ou plusieurs banques, des politiques

macroéconomiques inappropriées (qui porte sur le régime

de taux de change et la dette étrangère élevée, par exemple)

ou par des flux massifs de capitaux étrangers.

94

LES CRISES FINANCIÈRES DANS L'HISTOIRE

ÉCONOMIQUE

Page 95: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

95

•La Crise de la « Tulipomanie » de 1637

(Célèbre pour être l'une des premières à être fortement documentée).

En février 1637, l’histoire a révélé la première véritable crise financière.

Il s’agit de la crise du marché de la tulipe aux Pays-Bas.

Au tournant des XVIe et XVIIe siècles, la Hollande découvre la tulipe.

De fait de sa rareté et sa nouveauté, la tulipe est alors prise pour un

signe de richesse, Toute la Hollande commence à se passionner pour

cette fleur, Des familles entières arrêtent leur travail pour se lancer dans

la plantation de tulipe. Le prix de celle-ci augmente peu à peu et atteint

des sommets irréalistes. Bientôt, dans les années 1630, elles deviennent

un véritable objet de spéculation dans le sens où les agents achètent des

« promesses de bulbes » dans le seul espoir de les revendre encore plus

cher soit l’équivalent d’un carrosse neuf de ses deux chevaux et de leur

harnais et certains bulbes valaient plus de 100 000 dollars actuels. En un

mois, le cours de la tulipe est multiplié par 20.

Page 96: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

96

Cet engouement extraordinaire gagne toutes les couches de la

population et dure jusqu’en 1637. Et soudain, sans qu’on sache très

bien ce qui a provoqué le retournement, certains commencent à

vendre, puis sont imités par d’autres qui prennent peur en voyant les

premiers se débarrasser de leurs bulbes. La frénésie à l’achat se

transforme en panique à la vente.

Le prix des bulbes chuta drastiquement à un dixième de leur valeur

paroxystique en 6 semaines provoquant une très sérieuse récession.

La ruine fut totale pour de très nombreuses familles et la région resta

marquée des années par le désastre.

Page 97: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

97

• La bulle du Mississippi en France

L'épisode de la Compagnie du Mississippi s’est déroulé un siècle

plus tard selon un processus similaire à celui de la tulipomanie.

En 1716, John Law fut autorisé par Louis XIV à ouvrir une

banque et à émettre des billets pour payer les dépenses

courantes de l'Etat et prendre en charge la dette publique. Pour

soutenir l'émission de billets fut créée la Compagnie du

Mississippi et fut intégrée en 1717 dans la Compagnie

Perpétuelle des Indes, chargée d'exploiter les gisements aurifères

dont on présumait l'existence en Louisiane, colonie Française

jusqu’à Napoléon. Les actions de la compagnie flambèrent. Puis

lorsqu'on apprit en 1720 qu'aucun or n'avait été découvert, le

cours des actions s'effondra.

Page 98: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

• La bulle des Mers du Sud en Angleterre

La Compagnie des Mers du Sud, créée à Londres en (1711) par Robert

Haley, avait également pour vocation d'endosser la Dette publique. La

Compagnie reçut le droit d'émettre des actions et de disposer à

l’époque d’un monopole du commerce dans toutes les colonies

britanniques ainsi que dans le domaine d'influence espagnol

(notamment la côte ouest des Amériques). Les actions de la Compagnie

des Mers du Sud rencontrèrent l'enthousiasme d'une partie de la

population britannique. Au cours de l'année 1720, son cours grimpa de

128 livres en janvier à près de 1000 livres en juillet. Ce succès ayant valu

dans l'intervalle la prolifération d'autres compagnies du même type, qui

ont tenté de se former sur le même modèle. Certaines prétendent

exploiter d'autres routes commerciales.

98

Page 99: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

Ces sociétés, sont rapidement surnommées des « bulles ». Moins

pour calmer le jeu que pour protéger la Compagnie des mers du

Sud, le gouvernement adopta une loi interdisant ces lancements de

sociétés à capital public, du nom de "Bubble Act" (loi de la Bulle)

en juin 1720.

Le cours de l'action s'effondra à l'automne 1720 à Londres.

L’éclatement de cette bulle spéculative sur les titres et les monnaies

entraîne la faillite de la Compagnie des mers du sud et de plusieurs

banques.

Puis, comme au lendemain de la tulipomanie en Hollande, la vie

économique de la City londonienne et du pays tout entier s'engagea

sur le chemin de la récession.

99

Page 100: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

• La crise de 1929

Durant les années vingt, l’économie américaine était florissante: l’adoption

de nouvelles technologies, les innovations financières et l’amélioration des

pratiques de gestion des entreprises et la rationalisation de la production

ont contribué à un optimisme général. La Bourse de New York a connu une

flambée spectaculaire pendant cette décennie. Les titres vedettes de la

période, comme Radio Corporation of America ou General Motors,

reflètent bien la profitabilité et les perspectives de croissance des

entreprises. Une bulle spéculative se forme à partir de 1927, en particulier

dans les nouvelles technologies. En effet, entre 1921 et 1929, l’indice du

cours des actions a été multiplié par quatre.

Cette bulle est amplifiée par le nouveau système d'achat à crédit d'actions,

qui depuis 1926 est permis à Wall Street et la montée de la spéculation. Les

investisseurs peuvent ainsi acheter des titres avec une couverture de

seulement 10 %. Le taux d'emprunt dépend du taux d'intérêt à court terme.

100

Page 101: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

101

Le jeudi 2 octobre 1929, le marché s’effondre, en raison d’une mauvaise

politique monétaire menée par la Fed, à moins que des effets liés à une

surproduction pour une demande insuffisante soient aussi responsables. Le

mercredi 23, la situation s’est aggravée. Le jeudi 24 (le « jeudi noir ») le

volume des actions mises en vente s’est explosé, ce qui a entraîné une chute

spectaculaire de Wall Street.

Cette crise entraînera misère, chômage et faillites et perdurera jusqu’à la

seconde guerre mondiale. C’est aussi la première fois dans l’histoire qu’une

crise se propage si rapidement, touchant la plupart des économies de la

planète.

Les banques new-yorkaises, appuyées par la Réserve Fédérale de New York,

augmentent leurs prêts et réussissent à prévenir un manque de liquidité et

des faillites bancaires en cascade.

En 1933, le Président américain Franklin Roosevelt mettait en œuvre le «

New Deal ». Ainsi, il créait la Reconstruction Financial Corporation (RFC),

dotée de fonds publics, qui avait pour mission de consolider le système

bancaire et de financer des chantiers publics.

Page 102: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

102

• Les crises d’Américo-Latine de 1982

Du milieu des années 1970 au début des années 1980, les mouvements

internationaux de capitaux sont dominés par les crédits des banques

commerciales aux pays du Tiers Monde. Ces prêts sont alimentés par les

dépôts des pays exportateurs de pétrole, les « pétrodollars ».

La crise américo-latine éclatait le 13 août 1982, lorsque le Mexique avait

déclaré unilatéralement un moratoire de trois mois sur le paiement du

principal de sa dette. En outre, cette crise s’est propagée à l’ensemble du

système financier international l’exposant, pour la première fois, au risque

d’une crise dite « systémique ».. Cette crise avait deux causes principales :

la brusque hausse des taux d’intérêt américains qui renchérissait le coût

des emprunts et une baisse des prix des produits exportés. Le FMI

accorda des prêts aux pays concernés afin qu’ils puissent honorer leurs

engagements et les autorités monétaires américaines font office de

médiateur et offrent aux banques des garanties.

Page 103: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

103

•Le krach de Wall Street de 1987

Depuis le deuxième trimestre 1982, la Bourse de New York connaît un

gonflement excessif des cours, (l’indice Dow Jones a triplé). Mais, le 19

octobre 1987, la hausse des taux d’intérêt à 10 ans qui a atteint 400 points

de base et la publication d’un déficit commercial américain plus important

que prévu ont provoqué finalement une débâcle spectaculaire. Ce jour-là,

l’indice Dow Jones des valeurs industrielles a subit une baisse de 22,6 %

en une seule séance, (Black Monday).

Cette crise se caractérise par la transmission internationale des

perturbations notamment la chute des indices boursiers est de 9,3% à

Paris, de 10,2% et 10,4% à Londres et à Bruxelles et de 15% à Tokyo.

La crise de 1987 est en partie auto-entretenue par les « assurances de

portefeuille ». Cette technique est supposée protéger les portefeuilles

d’actions des investisseurs par une option de vente en cas de baisse. La

vente peut même être automatique si la gestion du portefeuille est confiée

à un programme informatique.

Page 104: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

• La Crise japonaise de 1990 « décennie perdue »

Tout au long des années 1970 et 1980, le Japon s’est considéré comme

une forte économie qui va conquérir toute la planète: une croissance

solide, un chômage faible, une inflation modeste et un modèle

d’entreprise envié. Au cours de cette décennie, la Bourse a progressé

de plus de 600 % et le marché foncier de plus de 400 %.

Cette envolée boursière et immobilière, conjuguée à des taux d’intérêt

relativement bas, a considérablement assoupli les conditions de

financement de l’investissement.

A cet effet, et avec le début de la libéralisation financière qui s’était

enclenchée au Japon dès la fin des années 1980, les banques se sont

lancées dans de nouvelles opérations, plus rémunératrices, mais plus

dangereuses, en prêtant pour des opérations immobilières sans le

moindre contrôle.

104

Page 105: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

105

À la fin des années 1980, sous l’effet de l’inflation, la banque

centrale du Japon monte ses taux. Le crédit coule moins facilement.

Le prix des actifs va s’effondrer, notamment celui de l’immobilier.

La chute de la Bourse est spectaculaire : d’un sommet à 39 000

environ fin 1989, l’indice Nikkei tombe à environ 14 300 en août

1992. Il a fallu attendre 1998 pour que le système bancaire soit

sauvé, grâce aux fonds publics.

Il a fallu attendre 1998 pour que le système bancaire soit sauvé,

grâce aux fonds publics. La croissance japonaise ne dépassera pas 1

% l’an en moyenne sur toute la décennie 1990, malgré des taux

d’intérêt très bas. Si bas que l’épargne japonaise ira se placer ailleurs.

Il est à mentionner qu’il s’agit d’une crise triple: immobilière à

l’origine, bancaire et enfin industrielle compte tenu des liens troubles

qu’entretiennent les keiretsus japonais avec leur banque.

Page 106: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

• La Crise du Système monétaire européen (SME) de 1992

En 1992, l’Europe a connu une crise de son système monétaire.

Cette crise tient à la conjugaison de facteurs politiques et

économiques. Le référendum du traité Maastricht a suscité des

perturbations sur la crédibilité de l’union monétaire européenne. Le

non des Danois, le 02 juin, au traité de Maastricht et l'approbation si

courte des Français lors du référendum du 20 septembre ont porté

atteinte à la crédibilité de l'intégration européenne et généré une

incertitude importante sur l'avenir de l'union monétaire européenne.

De même, l’explosion (SME) en 1992-93 résulte bien de

l’hétérogénéité des pays qui le composaient. Les pays autres que

l’Allemagne (à l’exception de la France) avaient une inflation

beaucoup plus forte que l’Allemagne ce qui les forçait à avoir des

taux d’intérêt beaucoup plus élevés que celle-ci pour stabiliser leur

taux de change vis-à-vis du mark. 106

Page 107: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

107

Ces pays ont donc subi une dégradation de leur commerce extérieur à

cause de leur perte de compétitivité (avec l’inflation plus forte), une

perte de croissance due à leurs taux d’intérêt trop élevés. La

réunification allemande qui pousse à la hausse l’inflation et les taux

d’intérêt en Allemagne déclenche la crise.

Il s’agit d’un mercredi noir où la livre sterling, la lire italienne et la

peseta espagnol crèvent le taux plancher des marges de fluctuations

définies. La livre sterling est chassée du mécanisme par la spéculation,

la lire subit le même sort le 17 septembre et la peseta est dévaluée.

le SME était un arrangement de changes fixes conduisant à une forte

hausse des taux d’intérêt dans les pays dont les monnaies pourraient

s’affaiblir . La sortie du SME a donc permis que les pays qui sortaient

profitent d’une forte baisse des taux d’intérêt.

Page 108: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

• La crise au Mexique en 1994

La crise au Mexique a été déclenchée en 1994 par la soudaine dévaluation

du peso mexicain. L’ancrage fixe du peso mexicain au dollar était, à terme,

incompatible avec le niveau élevé de l’inflation au Mexique. Cet ancrage

conduit à une surévaluation de la monnaie mexicaine qui creuse le déficit

commercial en raison de la moindre compétitivité des produits mexicains.

Des évènements politiques détériorent le climat : révolte des indiens du

Chiapas, assassinat d’un candidat aux élections présidentielles… C’est après

avoir annoncé une dévaluation de 13% du peso par rapport au dollar, que le

peso se déprécie de plus de 60 %. L’inflation grimpe. La dépréciation du

peso alourdit la dette qui est en dollars. L’investissement se réduit.

La crise sera résorbée par une opération de sauvetage international de

grande envergure : le FMI et le trésor américain investissent plus de

50 milliards de dollars en peu de temps, ce qui va relancer l’investissement.

108

Page 109: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

109

• La crise « asiatique » de 1997-1999

Dans les années 1990, les dragons (la Corée du Sud, Thaïlande, Taiwan,

Singapour, Indonésie etc.) apparaissent comme les nouveaux champions

de l’économie. La zone connaît alors une croissance de 9% et les capitaux

internationaux affluent, ce qui a provoqué des tensions inflationnistes. Les

Etats mènent par ailleurs des politiques expansionnistes qui entraînent

une progression alarmante de leur endettement extérieur.

En Thaïlande, le secteur privé s’endette vis-à-vis de l’étranger en monnaie

étrangère et à court terme. Avec cet argent, il investit dans l’immobilier

(donc à long terme).

La crise débute le 2 juillet 1997 par la chute du bath thaïlandais alors que

les autorités du pays ont décidé d’adopter un système de changes

flottants.

Page 110: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

110

Ainsi, la perte de confiance s’étend à toute la zone. La roupie

indonésienne, le peso philippin et le ringgit malais chutent à leur tour.

A l’automne, ce sont la Corée, Singapour, Hong-Kong et Taiwan qui

sont frappés. En moins de trois semaines, la devise taïwanaise a baissé

ainsi de 45% par rapport au dollar. Or, les banques et les entreprises de

ces pays qui se sont massivement endettées en dollar ne parviennent

plus à honorer leurs échéances. C’est tout le système bancaire qui est

touché. La fuite des capitaux étrangers a provoqué une chute brutale

des indices boursiers. Avec la restriction au crédit et l’effondrement

monétaire, leur pouvoir d’achat des habitants d’Asie du Sud-Est a

fortement reculé. Etant donné la forte implication des pays de cette

zone dans l’économie mondiale, les Bourses du monde entier subissent

à leur tour quelques mouvements de panique et des ajustements à la

baisse des indices.

Page 111: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

111

• La crise Russe de 1998

Le délitement de l’État, son incapacité à faire rentrer les recettes fiscales

qui lui sont dues et l’effet de contagion provoqué par les crises des pays

asiatiques étaient au cœur de la crise financière russe. Au début de la crise

financière, l’Etat a financé le déficit budgétaire en imprimant des billets

neufs pour payer les salaires et retraites mais cela n’a fait qu’alimenter

l’inflation.

A partir de milieu des années 90, l’Etat a eu recours à l’endettement

interne à court terme dans le premier temps les « GKO », et un

endettement externe dans un deuxième temps aux non-résidents et ce afin

de financer ses déficits budgétaires.

Ces titres « GKO », offrent des taux d’intérêt très élevés. Toutefois, bien

qu’ils présentent un risque également très fort, ils suscitent l’engouement

des investisseurs. Les GKO représentent 3,5 % du PIB russe en 1995 ; à la

fin de 1997, ils en représentent 14,4 %.

Page 112: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

112

Or l’ouverture de marché de la dette russe aux non résidents a

entraîné l’entrée massive des capitaux spéculatifs attirés par les

rendements élevés sur les marchés monétaires et obligataires, ainsi

que la stabilité de change. Il est à signaler qu’au début de 1998, la

valeur de la dette détenue par les non résidents a dépassé la réserve de

devises. En outre, la balance des paiements a été fragilisée par la

présence de plusieurs facteurs notamment les sorties des capitaux des

résidents, la faiblesse des IDE, la baisse des recettes des exportations

( le cours de pétrole et des matières premières étant très faible à

l’époque). En juillet 1998, le FMI a intervenu en octroyant une aide

de 22,5 M$ à l’Etat russe.

Mi-août 1998, la Russie reconnaît, dans les faits, qu'elle est dans une

situation comparable à une « cessation de paiements ». Ce défaut de

la Russie sur les GKO a causé un Flight to quality qui a entraîné la

quasi faillite du LTCM.

Page 113: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

113

•La crise Brésilienne en 1998 et 1999

Le Brésil semble bien avoir subi les effets de la crise russe de 1998

(une nouvelle attaque spéculative contre le real brésilien), (voir Baig et

Godfajn, 2000), les raisons de ses difficultés sont plus profondes et

plus spécifiques. Depuis le Plan Real de 1994, le Brésil tente de lutter

contre une inflation historiquement très élevée, qui a généré une

faiblesse structurelle de l'épargne financière intérieure. En outre, l'Etat

central gère les déficits publics conséquents (6 à7 % du PIB) et

persistants, via des émissions de dette publique, le plus souvent à court

terme qui reste détenue principalement par des résidents. Les taux

d'intérêt étant restés élevés (plus de 30% en terme réel), les poids et les

charges de la dette n'ont cessé de croître dans les premiers mois

suivant la crise russe, l'impact sur le Brésil est déjà substantiel : les

investisseurs étrangers commencent à rapatrier leurs capitaux et les

résidents convertissent leur épargne en devises étrangères.

Page 114: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

114

La banque centrale intervient massivement pour maintenir le taux de

change dans les limites de son système de crémaillère (crawlimg-band).

Mais ce faisant, en alourdissant la dette (à taux flottant), elle a dégradé

après court terme une situation budgétaire déjà précaire. Ainsi, le

gouvernement a bien tenté de faire voter puis d'appliquer des

programmes successifs de correction budgétaire, mais les résultats ont

été longs : le solde primaire a été réduit d'un point de PIB en 1998,

mais le paiement d'intérêt se sont accrus de plus de quatre points,

tandis que la dette publique a augmenté de dix points de PIB en dix

huit mois de crise.

Finalement, le 6 janvier 1998, l'Etat du Minas Gerais déclarait un

moratoire sur sa dette à l'égard du gouvernement fédéral, suivi par la

plupart des autres Etats. La dynamique de sorties de capitaux, pesant à

la baisse de Réal, contraignit alors les autorités à laisser flotter le Réal.

Page 115: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

115

Dans les jours suivant, plus de un milliard de dollars sont sortis du

pays quotidiennement. On a commencé par élargir la bande de

fluctuation du Real le 13 janvier, mais la manœuvre a échoué comme

au Mexique, en Indonésie, en Corée, en Russie. L'encrage est

abandonné, après quoi l'échange s'effondre de 35% en trois semaines

dans un contexte d'extrême volatilité des marchés et d`incertitude sur

la capacité de l'économie à absorber le choc, voir sur la capacité des

autorités à financer la dette publique ( Baig at Gldfajn, 2000). Le

retour de confiance des investisseurs et du marché après l'accord avec

le FMI (plus de 40 milliards de dollars) a accéléré le rétablissement de

la situation. Ainsi, les taux d'intérêt ont chuté fortement d'avril en

juin, ce qui a facilité la stabilisation budgétaire. Le Brésil a réussi enfin

à rétablir les confiances du marché et le Real revient presque au

niveau d'avant crise.

Page 116: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

116

• La « bulle Internet » : Le krach lent de la « nouvelle » économie

Au milieu des années 1990, les investisseurs, profitant d’une épargne

mondiale importante et d’une baisse des taux, se dirigeaient vers le

secteur des services de télécommunication « à haute technologie ».

Plusieurs facteurs déterminent cet engouement: le développement

de l’Internet, des fusions et des alliances conclues entre de grands

groupes, le besoin des entreprises multinationales de disposer de

réseaux de communication performants, le passage à l’an 2000…

Le contexte ainsi défini par la croissance tirée par les nouvelles

technologies ainsi qu’une situation de plein emploi « nouvelle

économie » va alors favoriser la création de nouvelles sociétés qui se

développent rapidement et vendent au monde entier : les Start-up.

Le capital-risque va permettre de financer l’essentiel des « start-up ».

Page 117: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

117

L’indice NASDAQ est multiplié par cinq entre 1995 et 2000 passant d’un

indice de 1000 à un de 5000. La FED, respectant son cycle économique,

augmente peu à peu les taux d’intérêts. Les valeurs s’effondrent. Les

entreprises perdent des sommes colossales.

Mais à partir de mars 2000, la chute vertigineuse de la Bourse américaine

va entraîner vers le bas les Bourses européennes.

Les dommages collatéraux ne sont pas dramatiques. En effet, cette bulle

porte sur un secteur bien précis qui s’auto-gère et qui ne représente pas de

risque systémique (pas de contagion). Ce sont donc uniquement les

investisseurs restés sur leurs positions qui perdent d’énormes sommes. Le

reste de la population n’est du coup, à plus long terme, pas touchée par les

conséquences néfastes de cette bulle.

Le souvenir de ce krach lent s’est estompé en raison du l’événement du 11

septembre 2001 puis de l’affaire Enron qui a avait comme conséquence la

mise en vigueur de la loi « Sarbanes-Oxley ».

Page 118: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

118

• La crise de Fond LTCM

Cette crise est provoquée par la démesure des dirigeants du hedge

fund long Term Capital Management, ainsi que la spectaculaire crise

des finances publiques russes et le flight to quality.

En effet, la crise asiatique a entraîné des fuites massives de capitaux.

Les investisseurs ont transféré leur risque en procédant à l’achat des

obligations des pays développés perçues comme peu risquées. Cette

fuite vers « la qualité » a conduit à un élargissement des écarts de

rendements.

Long Term Capital Management est un hedge fund apparu en 1994 et

dont la quasi-faillite en 1998 fit courir un risque majeur au système

bancaire international et créa des perturbations importantes sur les

marchés financiers.

Page 119: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

119

Le LTCM anticipant à une inversion de mouvement a procédé à

l’achat des titres risqués et la vente des titres sans risque et a fait

joué l’effet de levier. Cette stratégie a échoué. Le rétrécissement

attendu des spreads ne s’est pas produit.

Par ailleurs, la défiance sur les marchés commence à se propager

par un effet de domino. Premières victimes de la contagion sont les

pays dits émergents. Le Brésil, en particulier, apparaît très

vulnérable, le real brésilien a entraîné dans sa chute les autres

devises d’Amérique centrale.

A l’automne 1998, la Fed organise le sauvetage du fonds LTCM en

injectant 3,5 milliards de dollars dans le fonds.

Page 120: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

120

La bulle immobilière 2008

La crise des subprimes amorcée aux USA en 2007 est une crise financière

due à l’éclatement d’une bulle spéculative immobilière. Les subprimes

sont des crédits immobiliers gagés sur le logement de

l'emprunteur (principe de l'hypothèque), avec un taux d'emprunt fixe les

premières années, puis variable au cours du temps.

L'octroi de subprimes s'est particulièrement développé aux Etats-Unis de

2001 à 2006, période au cours de laquelle le volume des crédits accordés à

des emprunteurs peu ou moyennement solvables a atteint 640 milliards de

dollars. Les prêts subprimes étaient considérés comme risqués mais

globalement sûrs et rentables, tant que le prix de l'immobilier américain

connaissait une hausse rapide et continue. Les taux des emprunts étaient

dans l'ensemble indexés sur le taux directeur de la FED, que celle-ci avait

fortement fait baisser de 2000 à 2003 (jusqu'à atteindre 1 %).

Page 121: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

121

Les banques et les organismes de crédit spécialisés qui avaient accordé

les subprimes ont « titrisé » une importante partie de ces créances,

revendues par lots à des « rehausseurs de crédit » (autres organismes

financiers) sous la forme d'une obligation à risque, nommée « ABS ».

Ces rehausseurs de crédit ont ensuite mélangé ces ABS avec d'autres

créances moins risquées pour en faire des « CDO » et CDS, placements

ayant naturellement attiré de très nombreux investisseurs (clients de

fonds d'investissements divers tels les hedges funds et les OPCVM)

puisqu'ils avaient obtenu des agences de notation la note maximale,

« AAA » (meilleur rapport risque/rentabilité).

La hausse des taux d’intérêt (pour faire face à l’inflation) a entraîné un

renchérissement des emprunts (baisse de la demande de logements) et

un tarissement de la liquidité interbancaire. La baisse des volumes de

crédit et les pertes enregistrées sur les prêts subprimes et d’autres

compartiments de marché ont entraîné une crise bancaire systémique,

qui a contribué à propager la crise financière à l’économie réelle et

engendré des coûts sociaux considérables.

Page 122: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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•La crise de la dette grecque

La grave récession qui s’est découlé de l’éclatement de la crise financière

en septembre 2008 aux États-Unis a entraîné une explosion des déficits

publics de sorte que la quasi-totalité des pays de la zone euro violent la

règle des 3 %.

Dans ce cadre, c’est la Grèce qui a manifesté les déficits budgétaires

publics les plus élevés en rapport au PIB soit 12.7% du PIB en 2009, la

dette publique a dépassé 100% du PIB et le gouvernement en place

décide de truquer ses comptes pour dissimuler l’ampleur de la dette. Cette

manipulation est faite sur les conseils de la banque d’affaires Goldman

Sachs ; elle consiste à retarder le paiement des intérêts de la dette.

En décembre 2009, deux agences de notation dégradent la note de la

dette grecque, compte tenu à la fois de son ampleur et de l’incapacité du

pays à lancer une réforme radicale de sa fiscalité. A partir de janvier 2010,

les taux d’intérêt auxquels la Grèce peut se refinancer sur le marché

s’envolent.

Page 123: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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Depuis le traité de Maastricht, il est interdit aux états européens d’être

financés par la banque centrale européenne. Dans ce cas, l’Etat grec doit

refinancer sa dette directement auprès des marchés financiers. Ainsi, pour

couvrir le risque de défaut de la dette souveraine, ces marchés financiers

ont proposé au gouvernement grec la cotation des CDS.

Les « credit default swap », ce sont ces assurances que contractent les

prêteurs pour se garantir contre le défaut d’un débiteur. Ils sont dits

« souverains » lorsqu’ils couvrent une obligation d’État, c’est-à-dire une

dette publique. Ces « produits dérivés » se sont mis à se négocier à

découverte. Selon le FMI les CDS souverains connaissent une forte hausse

sur 12 mois en février 2010, notamment +76% pour la France avec 44,8

milliards de dollars : en ordre décroissant, les plus importants volumes

bruts de CDS souverains sont l’Italie, le Brésil, l'Espagne, la Grèce pour

plus de 500 milliards de dollars.

Page 124: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

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En outre, le mimétisme rationnel en vertu duquel la spéculation

éloigne de la valeur fondamentale (Orléan, 2004 ; 2009) explique

sans doute l’envolée des CDS sur la dette grecque, bien au-delà de

ce qu’impliquerait le même principe d’évaluation que celui appliqué

aux autres pays. Les agences de notation suivent le marché et

déclassent les titres publics grecs au rang de créances pourries. Le

problème est alors que l’évaluation devienne inférieure au seuil

minimal permettant l’accès au refinancement de la banque centrale

européenne, tel qu’il sera progressivement durci. Dans cette

configuration, la croyance par les acteurs de la finance au défaut de

la dette peut ainsi avoir un caractère autoréalisateur.

La crise grecque éclaire tant les méfaits de l’instabilité de la

globalisation financière que l’inachèvement de la construction

institutionnelle de la zone Euro.

Page 125: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

• Bibliographie :

•AGLIETTA M. (2008), La crise : Pourquoi on en est arrivé là ? Comment en sortir ?

Michalon.

•BOYER R. (2004), Théorie de la régulation. Tome 1 : les fondamentaux, La découverte.

Collection Repères.

•BRENDER, A. et PISANI, F. (2001), Les marchés et la croissance. Economica. Voir

notamment le chapitre 3 (p.109-166).

•BRENDER, A. et PISANI, F. (2009), La crise de la finance globalisée. La découverte.

Collection Repères.

•De BOISSIEU C. (Dir.) (2007), Les systèmes financiers. Mutations, crises et régulations.

Economica. Voir notamment les chapitres 3 et 9.

•KRUGMAN, P. (1999), Pourquoi les crises reviennent toujours ? Seuil. Krugman P. &

Obsfeld M. (2006),« Economie internationale », Ed. Pearson Education, 7ème édition,

Juillet 2006, p. 225.

•Tovar C. E. (2006), « Les pays émergents pourront-ils emprunter dans leur monnaie ? »,

Problèmes économiques, 1er février, p. 25

•Philippe d’Arvisenet, ‘Finance Internationale’, Dunod, 2e édition.

•www.parisschoolofeconomics.com/orlean-andre/depot « L’aveuglement au désastre. Le

cas des crises financières ». André Orléan – 060208.

JÉRÔME VILLION, Les subprimes (1): de la bulle à la crise financière 125

Page 126: Séminaire: Théorie et Réalité des Crises Financières

126

•Brossard Olivier [1998], L'instabilité financière selon Minsky : l'incertitude et la

liquidité au fondement du cycle ,Revue économique, vol. 49, n° 2, pp 407-435

•Minsky Hyman, Stabilizing an Unstable Economy, New York, McGraw-Hill,

2008.Première édition publiée en 1986 par Yale UniversityPress. Traduction : André

Cartapanis, page 230-231

•Comprendre les crises financières, Olivier Lacoste, Eyrollrs pratique ; p : 27,47

•Finance Internationale ; Philippe d’Arvisenet ; 2e édition ; Dunod ; p: 266.

•Robert BOYER, La crise Grecque. Inachèvement de la construction européenne…

ou/et expression du pouvoir de la finance ? 23 avril 2010

•Michel Aglietta, les crises financières : plus ça change, plus c’est la même chose,

Université de Paris X, Nanterre

•André Orléan, Le poids des croyances, (Pour la revue Sciences Humaines,

septembre-octobre 1998)

•Patrick Artus, La spéculation, In: Revue économique. Volume 47, n°3, 1996. pp.

409-424.

•Bruno Versaevel, La spéculation sur le marché des actions : un phénomène

monétaire ?

•Robert Boyer, Mario Dehove et Dominique Plihon, les crises financières, Rapport

de CAE, 2004.

•Laure Klein, ‘La crise des subprimes’, RB, Revue, Banque, Edition.

•……

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Bonne Chance...

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