SMART VILLAGES

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Association ADRETS | Juin 2021 Un livret réalisé dans le cadre du projet INTERREG ESPACE ALPIN SMART VILLAGES SMART VILLAGES Vers un avenir souhaitable pour les territoires ruraux ENJEUX, MÉTHODOLOGIE ET EXPÉRIENCES

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Association ADRETS | Juin 2021

Un livret réalisé dans le cadre du projet INTERREG ESPACE ALPIN SMART VILLAGES

SMART VILLAGESVers un avenir souhaitable

pour les territoires ruraux

ENJEUX, MÉTHODOLOGIE ET EXPÉRIENCES

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SOMMAIRE

LES SMART VILLAGES, DE L’ÉMERGENCE À LA MISE EN OEUVRE

| Aux origines du Smart Village

| L’approche Smart et les solutions numériques :

vecteurs d’un développement rural renouvelé

| Définitions d’un Smart Village ou Territoire intelligent

| Une vision proposée par l’ADRETS

DES HABITANTS ET ACTEURS PENSENT LE SMART VILLAGE

| Une notion techniciste ou technocrate ?

| Entre craintes et points de vigilance

| Et si c’était ça, le Smart Village ?

FOCUS N°1

Mobilités durables

CONCLUSION

PROPOSITIONS

UN PANORAMA DE SMART VILLAGES

RESSOURCES UTILES

QUI SOMMES-NOUS ?

FOCUS N°3

Innovation sociale

FOCUS N°2

Tiers-lieux et nouvelles formes d’économie

FOCUS N°4

Maillage et accessibilité

des services à l’heure du numérique

FOCUS N°5

Des villages « Smart » aux accompagnateurs Smart : les développeurs territoriaux 2.0

LES RECETTES D’UN SMART VILLAGE

| Des processus participatifs pour faire « communauté »

| Les défis relevés par le Smart Village

| Le numérique, vecteur d’innovation sociale et territoriale

| L’ouverture données pour renouveler l’accès aux services

| L’hybridation des modèles pour renforcer la durabilité

des innovations

APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

| Savoir d’où l’on part pour savoir où l’on va

| Les points clés d’une démarche Smart

| L’auto-évaluation des territoires

| Retour sur notre accompagnement de la démarche

Smart Village en Royans-Vercors

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LES SMART VILLAGES, DE L’ÉMERGENCE À LA MISE EN OEUVRE

Aux origines du Smart Village

Les territoires ruraux se revendiquant « Smart Villages », ou connus et reconnus comme tels, sont de plus en plus nombreux aujourd’hui en France comme en Europe. D’où vient cette appellation, ou concept, qui nous semble arriver d’ailleurs ? Revenons un peu en arrière.

Alors que le concept de Smart City, développé dans les années 2000, est désormais bien ancré pour penser l’organisation des villes par une mise en réseau des Hommes, des biens et des services, facilitée par les infrastructures numériques, le concept « Smart » est aujourd’hui évoqué et accolé aux villages et territoires, pour répondre aux enjeux de leur développement propre, en dehors des grandes métropoles. Au niveau européen, la déclaration de Cork 2.0 et le discours de Bled ont propulsé le « Smart Village » comme une voie souhaitable pour le développement de territoires ruraux dits « intelligents ». Reprenant les six dimensions principales de la Smart City, l’acception « Smart » s’envisage toutefois comme une approche plus englobante, afin de s’adapter et de répondre aux défis des territoires peu denses, à l’heure de l’expansion des technologies numériques dans tous les aspects du quotidien. Depuis, plusieurs projets européens se sont consacrés à accompagner des démarches expérimentales, à mener un travail de conceptualisation de l’approche, et à en élaborer les contours méthodologiques (projets Smart eco-social villages, Smart Villages - Smart digital transformation of villages in the Alpine Space).

En France, c’est notamment le guide Smart City versus Stupid Villages qui a retenti en 2016 comme un appel vers les élus et les acteurs de territoire à considérer le numérique comme un levier de développement « au niveau des petites villes et de leurs territoires », et à favoriser les projets innovants. Cette appropriation des perspectives « Smart » traduit alors une attitude proactive des acteurs locaux pour agir face aux enjeux actuels et à venir de la ruralité (dématérialisation des services publics, retrait des services de

proximité, vieillissement de la population, nouvelles manières de consommer et de produire...). Depuis, les exemples français se revendiquant « Smart Village s», « Villages du futur » ou « Territoires intelligents » fleurissent, et la question se pose de savoir comment et si l’approche « Smart » constitue au-delà de l’effet de mode, un levier pour renouveler les pratiques de développement rural, pour répondre concrètement aux multiples défis des territoires, et pour fédérer une communauté agissante vers un avenir souhaitable.

L’approche Smart et les solutions numériques : vecteurs d’un développement rural renouvelé

Dans ce guide, nous formulons l’hypothèse que le numérique et l’innovation sociale sont des principes corollaires au pilier fondamental de l’approche « Smart » en ruralité, que nous tâcherons de mieux caractériser. D’emblée, la communauté d’acteurs y apparaît nous le verrons comme inventeuse de solutions pour les défis particuliers de son territoire. Le Smart Village se pose alors comme un symbole, un fer de lance, une inspiration, un outil ou encore un concept parmi d’autres pour envisager le renouveau des pratiques de développement rural à l’aune de 2020.

Afin d’explorer cette hypothèse, nous partirons des définitions qui font aujourd’hui référence pour l’aborder, en les croisant avec notre observation des territoires pilotes. L’objectif qui nous anime en tant qu’acteur à la croisée des échelons locaux, nationaux et européens, est d’identifier quelques recettes qui nous semblent à l’œuvre dans ces démarches. Nous verrons aussi en quoi ce concept rejoint les dimensions du numérique, de l’innovation sociale, d’hybridation public-privé, ou encore d’ouverture des données. Et ce, au-delà de ce que nous avons qualifié les recettes d’un Smart Village. Nous présenterons aussi les méthodologies qui ont guidés l’accompagnement de territoires pilotes du projet Interreg Espace Alpin Smart Village auquel nous avons pris part, et cela dans une posture apprenante double : accompagnateurs et explorateurs de cette approche. C’est bien l’animation auprès d’habitants et d’acteurs de territoires concernés qui nous a aidés à construire les analyses que nous partageons ici, au-delà des éléments synthétiques de définition apportés. Ainsi, nous oserons une liberté de propos pour exprimer notre analyse critique, en pointant des points de vigilance ou garde-fous qui nous semblent à considérer, mais aussi des pistes souhaitables que nous détaillerons à travers quelques «Focus». Nous détaillerons des champs d’action qui dans les territoires, nous semblent à plus fort enjeu dans la mise en œuvre de ces approches, dans la perspective d’un développement territorial renouvelé.

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DÉFINITIONS d’un Smart Village ou Territoire intelligent

Les villages intelligents sont des communautés rurales qui mettent en œuvre des solutions innovantes construites sur leurs forces et opportunités locales pour améliorer leur résilience. Ils s’appuient sur une approche participative pour améliorer leurs conditions sociales, économiques et environnementales, en particulier grâce aux solutions offertes par le numérique. Les villages intelligents peuvent aussi mettre en place des coopérations et des alliances avec d’autres communautés et acteurs de territoires ruraux et urbains. La mise en œuvre des stratégies « Smart Village » peut se construire sur des initiatives existantes, le financement peut provenir de sources variées, tant privées que publiques.

[ Définition du projet pilote Smart Village, 2018 ]

Les villages intelligents concernent avant tout les personnes. Il s’agit de communautés rurales qui prennent des initiatives afin de trouver des solutions pratiques aux défis et de tirer le meilleur parti des nouvelles possibilités. Bon nombre de ces nouvelles possibilités peuvent reposer sur des solutions numériques, mais le terme “intelligent” implique également de coopérer et de créer des alliances, c’est-à-dire de penser différemment et de forger son propre avenir pour s’engager sur la voie de la prospérité et de la durabilité.

[ Phil Hogan, Commissaire européen en charge de l’agriculture et du développement rural, 2019 ]

Un territoire qui agit pour un développement soutenable, en faisant appel à des logiques coopératives et d’intelligence collective et en utilisant éventuellement le potentiel du numérique pour répondre à ses défis actuels et à venir.

[ ADRETS, 2021 ]

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Aller plus loin : Le Portail des Smart Villages

Une vision proposée par l’ADRETS

Notre association l’ADRETS, par son expérience de l’accompagnement de projets de territoire en milieu rural, a souhaité se pencher sur ce phénomène récent. Nous nous basons sur nos expériences de conduite de projets dans le champ de l’innovation territoriale, sur le pilotage du projet européen Interreg Espace Alpin Smart Villages en France avec l’accompagnement du territoire pilote du Royans-Vercors, et enfin sur l’animation d’un groupe alpin sur le Smart Village. Enfin plus généralement, nous nous appuyons sur l’observation et l’appui au développement et à l’accessibilité des services au public depuis plus de vingt ans au niveau alpin. Pour nous, cet exercice nous offre la possibilité de discuter et de partager les perspectives nouvelles qu’offrent l’approche « Smart », notamment en posant cette question brûlante qui lui est associée, à savoir la place, indispensable ou non, des outils numériques en support de celle-ci.

À travers une posture critique sur ses potentiels et points de vigilance, grâce à l’illustration d’exemples nourris de notre observation et de notre veille des initiatives de territoires en action, nous souhaitons rendre abordable et pédagogique ce concept pour que s’en saisissent pouvoirs publics, professionnels et acteurs du développement local, élus, chercheurs et habitants. Il s’agit aussi de se servir de cet exercice de synthèse pour formuler des recommandations vers les pouvoirs publics, pour envisager les moyens de favoriser l’émergence de ces approches, particulièrement dans un contexte de relance des dispositifs financiers liés aux effets de la crise sanitaire survenue en 2020, mais aussi dans le contexte des nouvelles orientations stratégiques qui découleront de l’adoption de la nouvelle Politique Agricole Commune de l’Union européenne de 2021 à 2027, et qui permettront très probablement un soutien grandissant de ce nouvelles dynamiques en ruralité.

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LES RECETTES D’UN SMART VILLAGE

Des processus participatifs pour faire « communauté »

L’approche « Smart » appliquée aux territoires ruraux invite à une mobilisation large des acteurs pour poser les bases d’une démarche participative durable. Prenons pour exemple la démarche Arvieu 2020 qui mobilise des Conseils de Village, ou celle de Village du futur de Lormes, qui fait appel au design de services et au modèle de «Living Lab». Ces démarches attestent de l’efficacité de la communauté d’acteurs pour penser stratégiquement et agir positivement sur l’avenir du territoire. La mise en œuvre de processus participatifs y apparaît comme la pierre angulaire du processus d’initiation des démarches «Smart». Le numérique joue dans leur mise en œuvre un rôle de facilitateur, en accompagnant une nouvelle manière de faire communauté, appuyant une transformation des modes de faire traditionnels vers des processus plus participatifs. Nous observons qu’ils peuvent s’appuyer sur le potentiel collaboratif à distance des outils numériques : en permettant une communication directe (tchat), le travail à distance (visio-conférence), le travail synchrone ou asynchrone (documents de travail collaboratif), le travail collaboratif (choix d’une date commune, cartographie participative) ou en permettant de rendre visible les actions portées et les acteurs impliqués (exemple du wiki de territoire, comme à Brest).

Les défis relevés par le Smart Village

Pour les territoires ruraux, s’engager dans une démarche de Smart Village peut permettre la résolution d’un certains nombre de défis. Mais lesquels ? Prenons appui sur les six dimensions du concept de Smart City, et sur les quatre piliers d’une stratégie de territoires intelligents conceptualisés par le Cerema, pour tenter de répondre à cette question :

Améliorer la qualité de vie des habitants : amélioration de l’accès aux services à la population, amélioration du cadre de vie... (Smart Living)

Créer les conditions pour la participation du plus grand nombre aux décisions et actions de la vie locale : gestion de la relation citoyen, ouverture des données, plateformes numériques et accompagnement adéquat, lieux de participation... (Smart People)

Adopter une meilleure gestion locale des ressources environnementales : suivi des flux de matières, captation des énergies renouvelables, gestion intelligente de l’éclairage ou du chauffage... (Smart Environment)

Soutenir la relocalisation des activités économiques : circuits-courts, pôles de coopération économiques, filières d’artisanat ou d’excellence locales, économie circulaire et recyclage-réemploi... (Smart Economy)

Améliorer la mobilité des habitants sur leur bassin de vie et en réduire les impacts : mobilités douces, transports à la demande, covoiturage, autopartage, démobilité... (Smart mobility)

Prendre appui sur les logiques coopératives, d’intelligence collective et de co-création pour conduire la gouvernance et les modes d’action des institutions et collectivités (Smart Governance)

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L’ouverture données pour renouveler l’accès aux services

La généralisation de l’opendata et la prolifération des données numériques pourrait permettre la création de nouveaux services en ligne. Nous avons relevé que ce n’est pas tant la perspective de création de services qui est en jeu en territoire rural, plutôt que l’activation de nouvelles formes de relations entre citoyens, territoires et autorités locales. La possibilité de rendre plus lisibles certains services ou infrastructures utiles à l’usager, la co-construction de services en ligne s’appuyant sur l’expertise d’usage des citoyens, l’usage de plateformes privées pré-existantes sont autant de pistes transformant l’action publique locale. Ainsi, quand la ville de Digne-les-Bains met en opendata le fichier de l’implantation des défibrillateurs, elle permet la réalisation de cartes utiles aux services de secours, propose à ses usagers de co-construire une connaissance du territoire à jour, et permet la réalisation d’applications dédiées sans contrôler a priori l’usage de ses données. L’enjeu pour tous est de s’approprier ces potentialités pour réellement en faire profiter son territoire. Le développeur territorial devient alors un maillon pour faire communauté, un animateur « d’usagers-acteurs » contribuant à la donnée, et un facilitateur pour l’émergence de nouveaux services non pilotés par la collectivité.

L’hybridation des modèles pour renforcer la durabilité des innovations

Nous observons souvent une hybridation des modes de gouvernance des démarches de territoires et des projets d’innovation sociale, avec des modèles économiques impliquant privé et public, sous la forme de partenariats publics-privés, ou la présence concomitante dans les projets locaux multi-acteurs de services publics et privés. De nouveaux statuts juridiques viennent faciliter la co-responsabilité, en témoigne le développement des Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif. De plus, la multiplication des tiers-lieux semble être un marqueur fort de cette dynamique d’hybridation, attestant du potentiel des acteurs à coopérer pour trouver des solutions adaptées aux besoins locaux. C’est le cas par exemple de la commune d’Arvieu en Aveyron, qui développe un projet structurant autour d’un tiers-lieu central et d’une Maisons de services au public, projet très fortement impulsé par de jeunes entrepreneurs d’une Société coopérative et en relation étroite avec une équipe municipale convaincue. À Arvieu comme ailleurs, l’hybridation des modèles apparaît comme la conséquence d’un besoin convergent des acteurs, qui s’inscrit dans une perspective de partenariat gagnant-gagnant.

Le numérique, vecteur d’innovation sociale et territoriale

Autour des différentes dimensions que peuvent couvrir les Smart Villages, le numérique apparaît comme un outil et levier potentiellement mobilisable pour résoudre, de manière simple et efficace, les défis posés aux territoires. Intégrant que de nombreux territoires ruraux anticipent aujourd’hui sur l’arrivée tardive d’une infrastructure performante (fibre optique, 4G, wifi public, et maintenant 5G), les acteurs n’en réfléchissent pas moins à ses usages futurs et à l’amélioration supposée de l’accessibilité des services qui en découlera. En matière de suivi de la consommation des flux de matières (eau, électricité, ou encore déchets), le pilotage des données en temps réel offre une solution à retour sur investissement rapide, même pour des petits villages (exemple de Saint-Sulpice la Fôret ou de Cozzano). En matière d’accessibilité des services, l’exemple le plus parlant est l’accès à la téléconsultation en médecine. Aussi, l’accès à la formation à distance au sein de lieux et tiers-lieux dédiés, supportés par de la visio-conférence et un accès à une infrastructure dédiée et performante, ainsi qu’un accompagnement de qualité. Le numérique est enfin un support essentiel à une meilleure information et communication en temps réel sur les services. La mobilité et les services de Maas (Mobility as a Service) en sont l’exemple le plus signifiant. Enfin, en tant qu’opportunité d’ouverture sur le monde et d’échange d’expériences entre territoires dans une perspective d’essaimage et de capitalisation d’initiatives, le numérique permet une mise en lien souvent efficace des porteurs de projet, en même temps que la valorisation des projets et valeurs du territoire, dans un contexte d’aspiration grandissante des populations urbaines à rejoindre les campagnes et les montagnes. Ainsi pour les territoires adoptant l’approche Smart, le numérique est une donnée essentielle à considérer pour en investir les possibles leviers, et comme un outil désormais incontournable et nécessaire, même si non suffisant, pour venir en support de l’innovation sociale et territoriale.

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APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

Savoir d’où l’on part pour savoir où l’on va

Les partenaires du projet Smart Village ont développé une méthodologie propre pour les accompagnements Smart Village à l’échelle régionale et locale alpine, inspirée du concept de « Community Visioning » et du modèle de l’Oregon aux États-Unis, à savoir : un processus de planification à travers lequel une communauté co-construit une vision partagée à long-terme, et engage le chemin pour la concrétiser (Méthodologie Make your own Smart village community alive!). L’adoption de cette approche nous a conduit à accompagner une réflexion vers nos territoires pilotes en abordant ces questions : Où en sommes-nous ? Où allons-nous si l’on ne fait rien ? Où voulons-nous être ? Comment y arriver ? Est-ce que l’on y arrive ? Comment valoriser et transférer nos résultats ? La réflexion a ainsi été animée auprès de communautés d’acteurs variés dans une dynamique participative et collaborative. Il s’agit bien dans les démarches Smart Village de lier étape réflexive et prospective, à une mise en action rapide, conduisant à des résultats visibles, afin de mobiliser durablement et élargir le cercle des acteurs.

Les points clés d’une démarche Smart

• Créer une culture commune sur l’approche, mais ne pas fatiguer les troupes en tentant de chercher à définir et redéfinir le concept. L’enjeu est plutôt ici de comprendre ensemble, de s’inspirer d’autres expériences. Et surtout d’en profiter pour que les acteurs locaux, les personnes se connaissent, qu’un climat de confiance se crée, propice au partage et à la construction commune. Pour une bonne entrée en matière, nous conseillons l’animation d’une session d’arpentage, une projection de film, ou encore la visite d’un village inspirant.

• Être rapidement dans le faire avec le collectif d’acteurs , engager un premier pas dans l’action, dans une visée d’expérimentation, et donner à voir des résultats par une action concrète. Effectivement, cela peut permettre de mieux faire comprendre le concept et la logique d’un projet de Smart Village, cela peut donner envie, et motiver de nouvelles parties prenantes

à rejoindre la démarche pour amplifier la mobilisation, notamment des habitants.

• Une approche dialectique : Initier la démarche par une entrée thématique à fort enjeu ou besoin local, à défaut de penser une approche «globale» et transversale avec un temps long de conception de la démarche qui peut là aussi démobiliser : être dans le faire rapidement avec le développement de points d’accès numériques, des actions pour l’environnement, l’amélioration de la relation et l’information vers les habitants.... Et en parallèle construire petit à petit une vision à long terme comme présenté ci-avant avec le Community Visionning, qui pourra influer le déroulement des premières actions mises en place, et surtout construire la suite.

• Bien animer, pour que chacun puisse s’impliquer, se désimpliquer si il le souhaite, comprendre comment rejoindre la démarche, être pleinement acteur. Cela implique aussi d’ouvrir les portes, d’arriver à associer a minima les acteurs clés du territoire, et de trouver selon les actions, selon les discussions, la bonne échelle de travail (depuis le hameau jusqu’au bassin de vie dans son entier).

• Choisir, si besoin, les bons outils numériques. Ils doivent être là pour faciliter la communication, la capitalisation d’informations, le partage, l’échange et le débat, en complément de la rencontre et du présentiel. Nous invitons à vous appuyer sur les pratiques existantes de vos acteurs (Smartphone ou PC ? Facebook ou Mails ?...). Cela facilitera les choses !

• S’appuyer sur les personnes, les “local heroes”. Un Smart Village ce sont d’abord des gens. Et quelques personnages clés peuvent jouer un rôle à la fois d’ambassadeurs convaincus pour le projet, facilitant la communication et un rôle de décideurs ou d’interfaces avec les institutions, les écosystèmes locaux. Nous conseillons d’identifier le niveaux d’influence et d’impact que chaque acteur peut avoir sur la démarche, afin de les accompagner de manière adéquate.

• Agilité et liberté d’action : une culture de la résolution de problèmes qui sait s’adapter aux aléas qui ne manqueront pas de survenir. Un cadre pour être garant des valeurs, de la manière de fonctionner mais une liberté d’actions pour transformer quand cela est nécessaire.

• Financer autrement. La culture de la coopération peut aussi s’appliquer là : financement hybride public et privé, mutualisation, co-financement, financement ou prêt participatif, autres modes économiques (troc, échange de services....) autant de nouvelles manières de penser le fonctionnement économique de nos territoires.

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Retour sur notre accompagnement de la démarche Smart Village en Royans-Vercors

Début 2019, le Royans-Vercors (Drôme) a été sélectionné comme territoire pilote pour être accompagné dans une démarche Smart Village. La mobilisation d’un collectif volontaire d’une vingtaine de personnes, acteurs associatifs, en lien étroit avec la Communauté de communes, a lancé la démarche. L’accompagnement de l’ADRETS à travers une animation participative a conduit à décider de quatre champs d’actions à déployer dans une visée de transition numérique intelligente, en complémentarité et appui aux nombreuses dynamiques et projets déjà existants (Projet Alimentaire Territorial, Convention Territoriale Globale, Contrat de Transition Écologique...) : formation et éducation au numérique pour tous, mobilité des services et des personnes, la mise en réseau et le maillage des projets et des acteurs. Voici les actions pilotes accompagnées depuis deux ans : la création d’une plateforme Wiki collaborative de valorisation des initiatives sociales, solidaires et durables echodesfalaises.org ; le lancement d’une Zoé partagée, un service d’auto-partage électrique, dont la réservation en ligne repose sur la plateforme et est portée par une Centrale villageoise ; le soutien à la création d’une web tv citoyenne et participative ; le lancement d’un service de parc partagé de vélos à assistance électrique entre plusieurs structures, collectivité, et habitants.

Aller plus loin : Nouvelles et avancées du territoire pilote Smart Village en Royans-Vercors

L’auto-évaluation des territoires

Phase importante de ce processus : savoir d’où l’on part pour savoir on l’on va. C’est à ce titre que le groupement de partenaires a déployé un outil d’auto-évaluation des territoires sur leur niveau d’ “intelligence” sur les différentes dimensions du Smart Village. Cet outil est actuellement à libre disposition sur la plateforme d’échange numérique du projet www.smart-villages.eu. La réponse à quelques questions de positionnement, et la mise en exergue des dimensions les plus importantes pour le territoire, permettent d’obtenir une vision synthétique du degré d’avancement et de maturité du territoire sur ces questions. Cela permet ensuite d’orienter le territoire sur des axes prioritaires de travail, le mettre en relation avec des territoires porteurs de solutions sur le massif alpin et lui proposer des outils d’animation adaptés. Bientôt disponible ! Une fonctionnalité d’usage collaboratif par plusieurs contributeurs en temps réel, de manière à en faire un outil de participation et d’expression des acteurs locaux en séance, avec visualisation directe du résultat du territoire, depuis l’agrégation des réponses de tous.

Aller plus loin : L’outil en ligne d’auto-évaluation « Smart » de votre territoire

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DES HABITANTS ET ACTEURS PENSENT LE SMART VILLAGE

Une notion techniciste ou technocrate ?

L’ADRETS a animé en juillet 2020 dans le cadre des Rencontres MOUSTIC à Barret-Sur-Méouge (Hautes-Alpes) un atelier long dédié à des professionnels du développement territorial, des habitants et des élus. Le but était d’explorer plus en profondeur le concept de Smart Village et tenter d’éclairer le potentiel et les points de vigilances à travers une journée d’arpentage et de réflexion collective. Cet exercice expérimental a permis de confronter un corpus de textes sur les Smart Village, et a permis d’accueillir les réactions de personnes ne connaissant pas du tout l’approche. Plusieurs réactions ont convergé et sont intéressantes pour en pointer certaines limites actuelles, par exemple : « D’où vient ce concept ? Pourquoi les articles présentés ne sont-ils pas écrits par des habitants ? » La perception majoritairement évoquée a été celle d’un nouveau mot fourre-tout, portant une vision gestionnaire, réductrice de ce qui se passerait dans les villages. Au-delà, il a été ressenti que le Smart Village ait été pensé et utilisé comme un outil rhétorique, voire un vecteur d’une forme de pensée magique techniciste, pour une forme de progrès techno-centré. Cet exercice a eu le mérite d’opposer cette vision perçue comme technocratique de l’approche, à l’enjeu posé en filigrane pour les territoires ruraux de la mise en récit par les communautés locales de leur propre histoire. Autre réaction partagée : « Ces démarches répondent-elles à des besoins formulés, exprimés par les habitants ? Ou sont-elles pensées pour eux ? » Cette question nous apparaît extrêmement pertinente et légitime, puisqu’un des points cardinaux évoqué dans cette approche est la mobilisation des habitants et le fait de faire communauté.

Alors, comment aborder cette question avec les habitants embarqués dans ces démarches de territoire : répondent-elle à leurs besoins ? leurs aspirations ? ou laissent-t-elle place à des craintes à accueillir, à lever ? Cet exercice nous a permis de retenir un élément : il appartiendra à l’animateur d’une démarche Smart Village d’aborder ces sujets pour que la communauté d’acteurs se créée une culture commune, et que chacun s’en empare. Il s’agira de créer cet espace d’échange et d’expression des craintes et points de vigilance de l’approche afin de l’adapter à la culture

locale. Et cette conclusion que nous en avons tirée a été confortée par les retours très positifs des participants qui ont témoigné d’un vrai intérêt à avoir pris part à l’exercice.e de mieux faire comprendre le concept et la logique d’un projet de Smart Village, cela peut donner envie, et motiver de nouvelles parties prenantes

Entre craintes et points de vigilance

Les échanges ont ensuite tourné autour des idées forces du Smart Village en contrepoint de son homologue des villes, la « Smart City », et en ont fait émerger un certain nombre de points de vigilance. En effet, la Smart City est plutôt connue sous l’angle de la circulation des données numériques, renforcée par la concentration de la population et le recours important aux objets connectés dans les infrastructures et par les citoyens. Ce sont des faits générateurs de production de données, et donc, de leur exploitation aux fins d’une «meilleure» ou plus efficiente gestion des villes, de leurs flux (mobilité des personnes, trafic routier, fluides énergétiques...), de leurs ressources (eau, déchets, éclairage...).

Ces échanges ont traduit une crainte que les citoyens reçoivent l’injonction d’un tout numérique, de services dématérialisés, d’accompagnements virtuels, et au-delà de devenir désormais des producteurs de données. Un concept qui serait basé sur la circulation et l’exploitation des datas et big datas au mieux à des fins privées lucratives, au pire à des fins de contrôle et de surveillance des citoyens. En ce sens, le groupe pose la question de savoir si cette approche revêt bien une forme de progrès émancipatrice, ou bien s’il s’agit d’un outil de contrôle au service de l’intérêt de quelques uns, privés ou publics. Autrement dit, le groupe pointe le risque associé à l’application du concept en ruralité, et exprime la crainte d’une fuite en avant, qui consolide une centralisation du pouvoir, reléguant dans les mains d’acteurs tiers, empires du numérique, des infrastructures ou des télécommunications, ce qui pourrait faire partie de ce que l’on nomme des biens communs. Le groupe s’accorde à dire que cette crainte exprimée renvoie à l’enjeu majeur pour les territoires et leurs acteurs de ne pas se faire déposséder de leur avenir, alors même qu’ils revendiquent de plus en plus des logiques de déconcentration et de décentralisation, et de retrouver un pouvoir d’agir plus fort à l’échelle locale.

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Et si c’était ça, le Smart Village ?

Au-delà des premières réactions et des échanges que la découverte du concept a soulevés, l’ADRETS accompagne à la synthèse du groupe pour énoncer ce que serait, finalement, un Smart Village. Dans cette tentative, quelques éléments forts sont évoqués :

• Le Smart Village rend accessible l’information (affichage public, ouverture des données, médias participatifs...)

• Le Smart Village repose sur une communauté : des bras et des cerveaux. Le faire en même temps que le penser.

• Le Smart Village permet de développer une culture de la résolution de problème, et une culture du numérique pour aider à les résoudre.

• Le Smart Village repose sur des mutualisations, des cofinancements, des partenariats nouveaux, pour créer des communs.

Pour le groupe, il s’agit bien de construire « notre » définition du Smart Village, qui ne soit ni technocratique, ni « siloïque » (d’une vision en silo). Pour le groupe, c’est une tentative rhétorique, car ces démarches conduites, avant de trouver une appellation, un label ou une terminologie qui leur corresponde, doivent être dans le bon sens, le savoir-faire, la vie. Le groupe résume sa réflexion en un paradoxe :

Blabla car, ou lever le pouce ?

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MOBILITÉS DURABLES

Plus que dans tout autre secteur de la vie locale, le numérique est venu bousculer les habitudes en matière de mobilités. Dans les espaces peu denses, l’offre de transport public classique est souvent insuffisante pour desservir tout le territoire, et la mobilité est peu abordée sous l’angle du bassin de vie et d’une vision intégrée d’accessibilité des services notamment. Le numérique constitue alors un formidable potentiel pour informer les usagers des services de mobilités alternatives et pour faciliter l’accès aux services par la réservation en ligne, par la sécurisation des trajets, ou par la mise en relation entre personnes dans des communautés ouvertes. Plusieurs offres de mobilité reposant sur le numérique fleurissent de plus en plus : e-covoiturage, d’initiative publique (Mov’ici) ou privé à but lucratif (Blablacar) ou coopératif (Mobicoop), auto-partage (Citiz), mais aussi des initiatives de mobilité servicielle et des MaaS qui gagnent les espaces ruraux...

Plusieurs enseignements sont à tirer des expériences ces dix dernières années en ruralité, et parfois à force de succès, de constats d’échec, ou encore de succès relatifs. Aux vues des enjeux à développer des solutions dont le modèle économique soit adapté à des territoires peu denses et aux flux de mobilité faibles, il convient plus encore de penser un mode de gouvernance avec une solide hybridation public-privé, surtout quand la puissance publique peine à développer des solutions de mobilités durables, et quand pointe l’urgence de pallier à l’absence de transports en commun pour les habitants. Par exemple, à travers l’acquisition par la collectivité de parts sociales dans des SCIC (CITIZ), de SAS (Centrales Villageoises), par le soutien au développement d’infrastructures nécessaires pour sécuriser des accès et des bornes de covoiturage (Rezopouce, Illicov) ou enfin le soutien à l’animation territoriale nécessaire pour la promotion des modes doux et l’accompagnement aux changements de comportements (plateformes de mobilités, associations d’éco-mobilité...).

En effet, il peut s’agir de s’affranchir de l’adaptation stricte de solutions déployées en milieu urbain, et de développer des solutions low-tech et peu coûteuses reposant sur une animation territoriale plus forte. L’idée est de s’appuyer sur l’intelligence collective et de travailler à une acceptation large de la solution au sein de la communauté locale. Citons les exemples

prometteurs de systèmes d’auto-stop organisé (Rezopouce, Baugez-vous) ou encore d’auto-partage électrique (Opération Zoé en Vercors, Roule ma poule en Ardèche). 

Deux autres enjeux nous semblent essentiels enfin dans l’approche de mobilités dites « intelligentes ». Le premier est l’itinérance des services qui, à travers le renforcement d’une offre de services relocalisés pour les habitants, diminue le coût environnemental (voire social) de l’accessibilité aux services. Le second est le principe de dé-mobilité, notamment par le soutien à des lieux et des services relocalisés, où la possibilité d’accueillir le télétravail et les nouvelles formes d’économie est mise en avant  ; ce principe prévient les déplacements pendulaires vers les métropoles (tiers-lieux, espaces de coworking, hôtels d’entreprises...).

FOCUS N°1

• Penser et adapter le degré de technologie en fonction de l’acceptabilité, compétences et usages des personnes : la technologie ne doit pas précéder le changement de comportements.

• Accompagner le changement de comportement par une animation territoriale portée par une communauté

• Adapter le mode de gouvernance des services dans une logique de maillage des solutions et d’hybridation publique-privée

À RETENIR

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TIERS-LIEUX ET NOUVELLES FORMES D’ÉCONOMIE

Le numérique en permettant le travail à distance et en favorisant le travail collaboratif est un formidable levier de création d’emplois, y compris dans les communes isolées. La vague de création de tiers-lieux, grandissante ces dernières années dans les zones rurales ou de montagnes, témoigne du potentiel de ces lieux à pouvoir répondre à des besoins d’attractivité, de développement économique et de qualité de vie pour les habitants. Ils deviennent le nouveau visage d’un monde salarié en évolution (ou en crise ?) dans cette société numérique, en venant supplanter le travail en entreprise ou à domicile, pour offrir un espace de travail, mais au-delà, de participation à un lieu de vie, d’échanges et de sociabilité, ancré sur son territoire.

Les tiers-lieux, dans leur grande diversité d’approches et de services, fondent selon nous un point clé de la démarche de Smart Village. En apportant aux acteurs de territoires un lieu ressource pour développer leur activité de télétravail (coworking), en développant les possibilités de formation au numérique pour toutes typologies d’acteurs (médiation numérique, espaces publics numériques...), en développant le potentiel de formation aux nouveaux métiers du numérique et leurs usages (FabLab, écoles du numérique, écoles de codage...), en favorisant l’hébergement, la mutualisation et l’hybridation entre activités tertiaires, artisanales, et agricoles (tiers-lieux d’activités), ou encore en développant de nouveaux services marchands et non marchands (tiers-lieux de services), ou enfin en mobilisant les ressources et les savoir-faire des jeunes adultes (tiers-lieux jeunesse).

Au sein de ces espaces hybrides, le numérique a souvent une place de facilitateur de dynamiques plus collectives, participatives et inclusives. Pour les territoires, ils favorisent ainsi l’émergence de nouvelles formes de travail (télétravail, travail collaboratif à distance) mais aussi de nouvelles formes d’économie (mutualisation des outils de travail voire de production, partage d’espaces de travail, offres de services communes à plusieurs structures, développement de partenariats publics privés, relocalisation de la chaîne de valeur et d’approvisionnement...). Par conséquent, ils s’ancrent aussi bien dans le dynamisme économique des territoires (et à ce titre peuvent relever du développement économique), que comme des

caisses de résonance des dynamiques de participation citoyennes locales, d’acteurs privés comme publics (et alors ils peuvent relever de la cohésion sociale ou de la transition écologique). De portage public ou privé, le dénominateur commun des tiers-lieux en France est de reposer sur une communauté d’acteurs, qui par leur rencontre dans cet espace foisonnant, donnent naissance à une communauté de valeurs et d’intérêts propice à la création d’une culture commune, et du «faire ensemble». Par leur nature même, ces espaces deviennent un pilier fondamental en tant qu’espaces supports de l’approche Smart Village en ruralité.

Les tiers-lieux bousculent par leur nature protéiforme un certain cloisonnement des politiques publiques, et les collectivités sont appelées à trouver leur juste place pour en soutenir l’émergence, le développement, la mise en réseau et le maillage territorial qui en découlent. Au-delà du programme national « Nouveaux lieux, nouveaux liens » piloté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires, différents niveaux de collectivités adoptent des dispositifs en faveur de leur soutien. Au niveau alpin, citons le Département de la Drôme qui par son programme « Tiers-Lieux d’inclusion numérique » ou le soutien par des opérateurs publics comme la CAF avec sa labellisations Espace de Vie Sociale Numérique. Le département de l’Isère s’engage quant à lui dans une politique active de soutien aux tiers-lieux d’activité ruraux sous le prisme de sa mission Attractivité. Enfin, les communes et communautés de communes ont aussi un rôle à jouer pour soutenir ces espaces, par exemple dans des cofinancements qui serviraient de leviers pour amplifier la recherche de fonds, LEADER par exemple. Au-delà de l’aspect financier, le rôle des collectivités peut être de faciliter le montage du projet, dans la recherche de foncier accessible ou abordable au niveau local, ou encore en prenant une part active à la gouvernance des projets.

FOCUS N°2

• Les tiers-lieux répondent au besoin de nouvelles formes d’emploi et d’activités économiques sur un territoire

• Les tiers-lieux jouent un rôle déclencheur ou catalyseur de dynamiques collectives, souvent créatives voire innovantes

• Les tiers-lieux permettent une relocalisation des activités et la proposition de nouveaux services aux habitants dans les territoires peu denses

À RETENIR

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INNOVATIONSOCIALE

Selon le Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire (CSESS) : « L’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et usagers. Ces innovations concernent aussi bien le produit ou service, que le mode d’organisation, de distribution, (…). Elles passent par un processus en plusieurs démarches : émergence, expérimentation, diffusion, évaluation. » Cette innovation sociale peut, tout comme les démarches tiers-lieux (qui sont une forme d’innovation sociale), naître d’entrepreneurs (dits entrepreneurs sociaux), de citoyens ou encore des pouvoir publics. Elle peut être recherchée par les communautés d’acteurs à l’échelle des territoires, et devient alors la visée aussi bien que le moyen pour envisager le développement de celui-ci : les stratégies d’innovation sociale deviennent un levier pour le développement des territoire en matière de transitions sociales, environnementales et économiques.

C’est sur ce principe qu’a émergé la vague des Pôles territoriaux de coopération économiques (PTCE), qui sont constitués par un ensemble d’acteurs de terrain qui s’associent autour d’un projet économique commun pour favoriser le développement territorial local, en s’appuyant principalement sur les forces des acteurs et filières de l’ESS. Leurs domaines d’activité sont divers et adaptés à leur contexte local : éco-activités, emploi et sécurisation des parcours professionnels, alimentation et agriculture durable... On dénombrait plus de 160 PTCE en France en 2017, et une programmation pourrait être relancée en 2021 au niveau national. Dans la même mouvance, le concept et l’approche Start’Up de Territoires, initiée par le Groupe Archer dans les années 2015, a fleuri dans de nombreux territoires français pour penser une approche territoriale multi-acteurs pour résoudre les défis du territoire par l’émergence de modèles entrepreneuriaux «sociaux» par essence, et à forte valeur ajoutée sociale ou environnementale. En témoigne le succès de l’essaimage depuis 2016, avec après le pionnier Valence-Romans, 6 territoires d’expérimentation en 2016-2018, 50 territoires engagées dans Start-up, et depuis plus de 1000 entreprises créées en 2020 à travers cette animation. Enfin, nous pourrions citer comme catalyseurs de ce type de démarches socialement innovantes

les Territoires Zéro Chômeur de Longue durée, dont la visée dépasse l’aspect pur de l’emploi, à travers la création d’entreprises dans des champs divers, fortement liés à la transition sociale et écologique. Résultat après cinq années et 10 territoires pilotes, l’expérimentation est reconduite au niveau national avec la perspective de 60 nouveaux territoires dès 2021. Tout l’enjeu de ce nouveau format d’innovation est de rendre lisible sa démarche, et de démontrer son impact en soignant l’évaluation afin d’accompagner les pouvoirs publics à en comprendre la plus-value pour le développement du territoire. La visée semble bien une appropriation du rôle de telles stratégies à l’échelle locale, intercommunale comme régionale, notamment dans le cas des Stratégies Régionales d’Innovation, et de conforter la structuration d’écosystèmes territoriaux d’innovation.

FOCUS N°3

• Les dynamiques d’innovation sociale à l’échelle des territoires répondent aux enjeux et objectifs des Smart Village car elles répondent aux défis locaux sociaux, environnementaux...

• Il s’agit pour les territoires ruraux ou villages d’identifier si des espaces de coopération, de mise en partenariat, et de créativité autour de la résolution des défis locaux existent

• Les pouvoirs publics ont un rôle de facilitation, de soutien, de crédibilisation de ces nouveaux modèles et espaces de co-construction d’un développement local et peuvent jouer un rôle actif dans leur émergence, leur soutien, leur pérennisation

À RETENIR

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MAILLAGE ET ACCESSIBILITÉ DES SERVICES À L’HEURE DU NUMÉRIQUE

Le développement du numérique et l’accès à une connexion sont un enjeu crucial pour le développement des services à la population. On sait que la qualité et l’accès à l’offre de services dans plusieurs champs clés (santé, mobilité, logement, petite enfance, culture...) conditionnent l’attractivité des espaces ruraux et notamment des communes isolées vis-à-vis de nouvelles populations. La crise du COVID-19 a par ailleurs confirmer le rôle du numérique pour assurer la continuité de l’accès aux services publics et au public, en même temps que de permettre le développement du télé-travail. Le contexte national est marqué par une dématérialisation forte des services aux publics, services de l’État comme services des collectivités ou des opérateurs nationaux. Le programme “Action Publique 2022” et son objectif de 100% de services dématérialisés par l’État à cet horizon en est l’illustration. La dématérialisation des services publics permet un accès simplifié et immédiat pour une grande majorité des usagers, notamment dans les territoires isolés. En parallèle, de nombreux usagers sont touchés par “l’illectronisme” et dans l’incapacité de se saisir des opportunités offertes par cette transformation numérique de notre société.

L’enjeu de l’accompagnement au numérique, de la médiation et de l’autonomisation des usagers doit donc être au cœur des politiques publiques, non pas uniquement dans une logique d’accès aux droits et d’accompagnement aux démarches administratives. Il doit aussi prendre en compte les questions de développement économique et d’attractivité des territoires, pour que les services de proximité publics, privés, marchands ou non, puissent faire évoluer leur offre de services selon les attentes et les usages révolutionnés aujourd’hui par le numérique. Ainsi, cette accessibilité doit être pensée en regard de l’enjeu d’inclusion numérique de tous les publics, de la structuration de l’écosystème d’acteurs et de lieux propices à la médiation numérique, et par un maillage de lieux permettant cette accessibilité numérique aux services (Espaces publics numérique, France Services, Tiers-lieux ruraux, Mairies... ). Autrement dit, au-delà du nécessaire

accompagnement des publics les plus fragiles dans les démarches en ligne, il s’agit de s’adresser aux jeunes, aux entreprises, aux TPE, aux artisans, pour ne pas subir les logiques de la société du numérique mais pour que les territoires ruraux en saisissent les potentialités pour améliorer leur offre de services.

FOCUS N°4• L’accessibilité des services à la population est essentielle pour l’attractivité et le bien vivre dans les territoires ruraux

• L’intégration de la question numérique de manière transversale dans les projets de territoire en matière de développement et d’accès aux services est primordiale

• Les infrastructures doivent être renforcées et la couverture très haut débit poursuivie afin de créer une équité territoriale devant l’accès aux services

• L’inclusion numérique favorise l’accompagne-ment de tous.tes à l’usage des technologies du numérique

• Une formation adéquate des entreprises, TPE, artisans, jeunes aux nouvelles technologies et à des modes de gestion collaborative

À RETENIR

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Transfert d’expériences et essaimage entre territoires

Les partenaires du projet Smart Village à travers leur Plateforme d’échange numérique, valorisent une cartographie de fiches expériences détaillées consolidées par une douzaine de territoires alpins. Traduite en plusieurs langues, cette plateforme, en complément de l’animation d’échanges transnationaux d’expériences rendus possibles par des visites de territoire comme cela a été le cas dans le Royans-Vercors, a permis concrètement de valoriser des projets démonstrateurs à fort impact territorial, d’en inspirer d’autres acteurs et de contribuer à leur essaimage. Ainsi, les services de Transport à le demande menées depuis 2010 par le Collectif Bouge Tranquille accompagné par le Centre social La Paz, a permis d’initier la réflexion et la concrétisation d’un système similaire en Valli di Sol (Italie). De même, le déploiement de la Fibre pour Tous par le Département de la Drôme a inspiré le déploiement d’un projet ambitieux de la Fibre en région Luzern West (Suisse).

Aller plus loin : En Europe, voir la cartographie des bonnes pratiques Smart Villages. En France, des plateformes de capitalisation d’expériences comme Transiscope ou Territoires engagés.

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DES VILLAGES « SMART » AUX ACCOMPAGNATEURS SMART : LES DÉVELOPPEURS TERRITORIAUX 2.0

Alors que les Smart Villages vont tendre à se développer de plus en plus, notre expérience nous invite à penser qu’il s’agit pour les professionnels du développement local (de collectivités d’abord mais aussi de têtes de réseaux, cabinets d’étude ou d’institutions d’ingénierie des territoires), d’une réelle révolution de leur(s) métier(s), en parallèle de la généralisation sur les territoires d’accompagnateurs opérationnels de la transition numérique en elle-même.

Nous pouvons distinguer un pilier de trois profils que pourraient constituer ces chargés de mission « transitions numérique et durable du territoire », ou encore « développeurs territoriaux smart » :

MÉDIATEUR.RICE RURAL

• Il fait le lien entre élus, habitants, privés, publics. Il accompagne une dynamique réelle de co-construction, favorise l’émergence d’un climat serein entre politiques et populations, qui puisse permettre la réelle mise en route de projets co-portés

• Il connaît parfaitement le tissu politique, associatif, citoyen local. Il est l’interlocuteur clé entre élus, décideurs, “local heroes” pour tout ce qui concerne les démarches participatives et la prévention ou la gestion de conflits potentiels.

• Ses compétences :- Il dispose d’un excellent relationnel, s’adapte aux représentations et vocabulaires de différentes sphères- Il dispose de compétences solides en animation participative, mais aussi et surtout en médiation et communication non violente- Il utilise le numérique comme le terreau pour une culture commune de la transparence, connaît bien les outils de débat ou de vote en ligne, et les articule parfaitement avec le présentiel

ACCOMPAGNATEUR.RICE AU CHANGEMENT

• Il est l’interlocuteur clé pour les projets structurants de transition sur le territoire, qu’il s’agisse de projets de transition numérique, de transition énergétique, transition des mobilités,….

• Il connaît parfaitement les enjeux locaux et plus globaux du sujet sur lequel il travaille. Il connaît les acteurs clés sur ce sujet qu’ils soient élus, techniciens, entrepreneurs, citoyens engagés. Il a une posture d’accompagnement au changement, qui doit être parfaitement alignée avec la volonté politique locale, et doit permettre d’écouter l’ensemble des points de vue, de lever les freins ou résistances, et d’avancer ensemble.

• Ses compétences :- Il dispose d’un excellent relationnel, s’adapte aux représentations et vocabulaires de différentes sphères- Il dispose de compétences solides en animation participative, mais aussi et surtout en gestion de projet agile, et est capable d’identifier et de lever les freins aux changements.- Il dispose d’une solide compétence métier dans son domaine d’expertise- Il utilise le numérique comme un outil de partage des idées autour de son domaine de transition, comme une place pour donner à voir l’avancée des actions, les bonnes pratiques existantes ici et ailleurs.

ARTISAN.E DU NUMÉRIQUE ET DE LA DONNÉE

• il est l’artisan du numérique sur le territoire, et a vocation à intervenir en soutien des élus, des porteurs de projets, quels qu’ils soient pour apporter expertise et éclairage technique

• Il est en capacité d’apporter ou de piloter les bons outils techniques au service d’une transition intelligente et durable des territoires. Il est la personne ressource pour prendre du recul sur les aspects numériques ou «  tech » des différents sujets ou projets en cours  : analyse data, analyse cartographique, éléments de discours par ex. démystifier la question de l’intérêt de la voiture autonome en territoire rural ou celle des réseaux d’énergie intelligents.

• Ses compétences :- Il dispose de solides compétences techniques transversales sur les questions numériques et tech.- Il est curieux, en capacité de s’approprier facilement un nouveau sujet ou un nouvel enjeu- Il dispose de solides compétences en analyse de données et analyse cartographique et territoriale- Il est capable d’adapter son discours à différents niveaux de compétences : professionnels de l’informatique, élus, citoyens lambda, et d’amener via des méthodes participatives à de la prise de connaissance, voire de la prise de conscience et du consensus collectif.

FOCUS N°5

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CONCLUSION

Alors, Smart is beautiful ?

Le concept « Smart » appliqué aux territoires ruraux s’entend comme une démarche co-construite entre acteurs d’horizons variés, combinant les ressources et compétences locales, et mobilisant éventuellement les outils numériques pour répondre aux défis ruraux actuels et à venir sur la mobilité, la gouvernance, la citoyenneté, l’environnement, la qualité de vie ou encore l’économie. Il nous semble s’agir d’une voie privilégiée pour favoriser des processus de collaboration permettant de faire «communauté». Le numérique peut s’avérer quant à lui un formidable outil au service de cette démarche, permettant d’augmenter, d’optimiser, d’enrichir ou encore d’adapter une offre de services traditionnelle à la réalité des besoins et des usages de chacun, d’être l’infrastructure support pour les nouvelles formes de travail, de tendre vers plus de transparence et de démocratie grâce à l’ouverture des données numériques.

Toutefois, la place des outils numériques n’apparaît pas indispensable, mais doit être regardée en fonction des besoins et des enjeux particuliers du territoire. L’injonction au « tout numérique » et à l’innovation requiert de la part de ces territoires ruraux de nombreux points d’attention : garantir la participation du plus grand nombre aux démarches participatives en favorisant l’inclusion sociale et numérique en multipliant par exemple les canaux d’échange, co-construire les solution numériques avec l’usager, mutualiser ou réutiliser des outils pertinents plutôt que réinventer seule des solutions inadéquates, garantir le respect de la vie privée des usagers ou enfin relocaliser des solutions numériques. Nous invitons ainsi à la construction d’indicateurs et d’outils d’analyse qui viendraient mesurer la contribution effective du numérique pour renforcer la capacité de la communauté d’acteurs à répondre à ses défis propres, et venir amplifier la collaboration entre territoires.

Au-delà du débat sur le concept et de la considération sur le caractère communicant de cette approche, force est de constater l’existence

d’un contexte favorable aux niveaux français et européens, en termes financements et de dispositifs de vision, ayant respectivement une approche plus ou moins holistique du Smart Village. De notre point de vue, cette tendance doit être saluée, reconnue en tous cas pour sa capacité à inciter des territoires ruraux à s’engager sur la voie de ces dynamiques. Surtout, à les modeler en fonction de leurs besoins et de leurs réalités locales, à l’échelle de leurs habitants, du bassin de vie, et de s’en servir comme tremplin pour mobiliser et fédérer une dynamique locale, comme autant de chemins du faire et de champs des possibles.

Finalement, l’approche « Smart », partant d’une profonde transformation de nos sociétés en partie liée au numérique, nous semble renouveler l’approche du développement rural en remettant l’usager-habitant au centre de la démarche. Plus qu’une révolution, l’approche « Smart » s’inscrit dans la continuité des logiques de développement rural à l’œuvre, s’adaptant aux transformations et aux défis sociétaux du XXIème siècle. Dans un contexte de transition globale, elle doit aujourd’hui permettre de favoriser l’émergence d’une réelle transition démocratique locale, d’une meilleure prise en charge des enjeux environnementaux et climatiques.

««

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PROPOSITIONS DE L’ADRETSPour des politiques publiques en faveur des Smart Villages

Pour un rôle actif des collectivités locales dans l’émergence

• Développer les approches co-construites avec les habitants ou dans une logique de design de services ou d’approche-usager pour la mise en œuvre des projets de territoire ou approches Smart Village

• Faciliter les démarches d’initiatives privées entrant dans des logiques d’innovation sociale et territoriale, par le biais financier (subventions en co-financement européen par exemple, achats de parts sociales dans des SAS ou SCIC) ou encore foncier (mise à disposition ou mutualisation de locaux, accessibilité des loyers)

• Développer la mise en partenariats des acteurs locaux dans le développement de leurs projets (vers les acteurs du développement économique, consulaires, structures d’accompagnement à l’émergence..)

• Penser des lieux et infrastructures propices au développement de nouvelles formes d’économie ou de travail, par exemple en mettant à disposition des espaces de co-working, des points d’accès au numérique pour tous (en mairie...) ;

• Rendre visible et communiquer sur les espaces, réseaux et initiatives locales en matière de transition sociale, durable et solidaire, dans une perspective d’accueil et d’installation durable de nouvelles populations, pour faciliter leur accueil mais aussi pour créer les conditions optimales de leur implication potentielle sur le territoire

• Considérer l’aménagement, notamment les mobilités et les lieux de services, comme des piliers clés d’une politique d’attractivité et d’amélioration de la qualité et du cadre de vie localement

Pour un soutien au déploiement et à la mise en réseau des Smart Villages

• Renforcer la mobilisation et le déploiement des outils de la Politique de Cohésion au bénéfice des zones de montagne, avec une approche intégrée et adaptée aux territoires, par le biais d’une communication active vers les bénéficiaires potentiels sur les outils et les fonds disponibles

• Faciliter l’identification et la mise en relation de porteurs de projets alpins et européens qui permettent d’accompagner et d’accélérer l’émergence des Smart Villages au niveau alpin comme national

• Prendre une part active sur des projets de coopération européenne (pilotage, en tant que partenaire ou observateur) liés aux Smart Villages ou à la vision long-terme des territoires ruraux, intégrant l’innovation sociale et la transition numérique

• Soutenir par des co-financements les associations et autres acteurs têtes de réseau pour consolider l’expertise et l’ingénierie disponible en soutien aux territoires alpins, comme centre de ressources et d’appui sur l’initiation et la mise en oeuvre de l’approche Smart Village

• Renforcer l’innovation, numérique et sociale, avec des fonds réservés aux initiatives telles que les Smart Villages, ou par la promotion des living labs, des tiers-lieux et des écosystèmes de l’innovation sociale en zones rurales

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UN PANORAMA DES SMART VILLAGES EN FRANCE

| Saint-Sulpice-la-Forêt (Ile-et-Vilaine)En 2015, après une fuite d’eau dans les réseaux qui a générée une note très salée, les élus réagissent et décident de déployer des capteurs et un réseau pour faire le suivi de la consommation énergétique des bâtiments communaux, en partenariats avec des chercheurs et entreprises. Après le succès de cette approche participative et efficace, Saint-Sulpice-la-Forêt a lancé une démarche « Saint-Sulpice 2035 », co-construite avec les habitants, aboutissant à un travail de prospective pour une trame urbaine, sociale et culturelle d’un avenir partagé. Plus d’infos

| Villeneuve-sur-Allier (Allier)Alors que cette commune de 1000 habitants, traversé par N7 a l’enjeu de l’ouverture contournement 2020 a fait émergé l’idée d’utiliser l’approche Smart Village comme démarche strucurante, et d’utiliser le numérique comme un outil de valorisation et de revitalisation du village. Des ateliers participatifs avec les habitants ont été conduits sur les enjeux de mobilité, d’habitat, de cadre de vie ou encore les services à la population, aboutissant à une remontée de projets et d’ambitions pour un nouveau projet de territoire. Plus d’infos

| Lormes et les Villages du futur du Nivernais-Morvan (Nièvre)Ce qui fait la spécificité de l’aventure de Lormes, désormais connue à travers l’Europe, ce n’est pas le développement du numérique mais un foisonnement d’initiatives construites avec les habitants, pour l’amélioration de leur qualité et cadre de vie. Depuis, une démarche intercommunale “Village du futur” relie les initiatives entre elles et démultiplient les liens avec les villages avoisinants, rejoignant cette dynamique en réseau. Plus d’infos

| Luzy, Village du futur en Nivernais-Morvan (Nièvre)Lauréat du Prix Ruralitic 2020, Luzy étonne par sa petite taille (2000 habitants), mais ses grandes idées : permettre de s’informer, vivre et consommer en local. Développement d’une appli smartphone, boutiques à l’essai, reconversion de friches, un tiers-lieu numérique et social.. Autant d’actions effectivement lancées, qui ont été identifiées prioritaires en 2016 avec les habitants dans le cadre de la démarche prospective Village du futur. Plus d’infos

| Cozzano (Corse)Ce village de 280 habitants niché dans la montagne a engagé une démarche Smart en lien avec l’Université de Corte d’abord pour une meilleure gestion des ressources locales. Depuis, une démarche participative s’est engagée, et depuis, au-delà de l’antenne de l’Université qui s’est implantée là, le village s’est équipé d’une chaufferie, de micro-centrales hydroélectriques, bientôt de toitures photovoltaïques, d’un espace de coworking, et avec de nouveaux services à la population qui ont par ailleurs eu des impacts sur l’installation de nouveaux habitants (l’effectif de l’école quintuplé en 10 ans). Plus d’infos

| Saint-Amand-Montrond (Cher)Comme à Saint-Sulpice, l’engagement de la Ville dans la

démarche Smart a permis de réaliser des économies pouvant aller jusqu’à 15% dans les consommations d’électricité, de gaz ou d’eau. Depuis, la ville a aussi développer une carte interactive de la ville, un agenda collaboratif, mais aussi une application mobile pour une meilleure information sur les services locaux. Plus d’infos

| Arvieu (Aveyron)Cette commune de 800 habitants souffre d’un déclin démographique et de la fuite de ses services. L’arrivée en 2010 d’entrepreneurs et l’installation de leur SCOP localement initie une volonté partagée avec l’équipe municipale de développer de nouveaux services et lieux propices à l’attractivité de nouvelles populations. Depuis, le coeur de village est maillé de tiers-lieux, d’une zone d’activité numérique, de nouveaux services, le tout supporté par une forte dynamique d’accueil et de co-constrution pour une vision long-terme. Plus d’infos

| Communauté de communes Alpes-Provence-Verdon (Alpes de Haute-Provence)Ce territoire de montagne hyper rural à faible densité de population et à l’économie marquée par une forte saisonnalité mène depuis 2018, sous l’impulsion du conseil régional, une démarche expérimentale afin de relever le défi de la transition numérique. A partir d’un diagnostic prospectif, 4 groupes de travail réunissant les partenaires et forces vives ont élaboré une stratégie numérique à court, moyen et long terme : faciliter le déploiement de la fibre optique, ateliers informatiques à destination des habitants et entreprises mis en place, étude sur l’implantation de tiers-lieux réalisée et le maillage du territoire en système de visioconférence sera effectif en 2021. Plus d’infos

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Plateformes ressources et réseaux autour des Smart Villages et territoires intelligents en France

CEREMA - Plateforme des Villes et Territoires intelligentsENRD - Portail des Villages intelligentsLes Interconnectés - Les réseau des territoires innovantsRURALITIC - Plateforme le Smart Village Ruralitic

Smartalps Apine Smart Village - Réseau des villages et territoires intelligents alpins

Guides et ouvrages sur les Smart Villages et territoires intelligents

ADRETS, 2018 | Vers le smart village – Renouveler l’accès aux services en territoire rural avec les données Agence d’Urbanisme de la Région Grenobloise, 2019 | Big Bang Numérique. In GRAND A La Lettre ASTEE, 2016 Territoires en Transition : mettre l’intelligence numérique au coeur des services publicsEuropean Network for Rural Development, 2018 | Revue rurale de l’UE n° 26 - « Villages intelligents : revitaliser les services ruraux »Jormot, 2017 | Smart territoires, zones rurales et solutions intelligentes. In Les Smart-grids.Caisse des dépôts, 2016 | Guide « Smart City versus Stupid Villages »Caisse des dépôts, 2018 | Construire son Smart Territoires CEREMA, 2018 | Villes intelligentes : Tous concernés, du village à la métropoleRéseau Rural National, 2018 | L’impact des usages numériques sur le développement rural

Articles

Batac et Maurel, 2020 | La face cachée de la digitalisation des collectivites territoriales, 2020. In La Gazette des Communes.Faburel, 2020 | L’impasse des Smart Cities. In Note de la La Fondation de l’Ecologie Politique - FEP n°14

Textes définitionnels et déclarations

Cork 2.0 Declaration 2016 : A Better Life in Rural AreasBled Declaration for a Smarter future of the Rural areas in the EU

Ouvrages méthodologiques

Community Visioning, defined e.g. in “The Community Visioning and Strategic Planning Handbook”, National Civic League Press, Denver, Colorado, 2010.Oregon Model, defined e.g. in “The new Oregon Model – Envision, Plan, Achieve”, Journal of Futures Studies, November 2010, 15(2): 163 – 166ADRETS, 2016 | Cartographie participative des services au public et Open Data

RESSOURCES UTILES QUI SOMMES-NOUS ?

L’ADRETS (Association pour le Développement en Réseau des Territoires et des Services) déploie depuis près de 20 ans son savoir-faire au service des territoires ruraux et de montagne alpins sur les questions d’accessibilité des services au public. Elle construit son expertise grâce à sa participation à de nombreux réseaux, à l’animation sur le long terme des questions de services au public et à l’accompagnement de nombreux projets au plus près des territoires. Aujourd’hui, l’ADRETS porte la parole des territoires ruraux sur ces questions au sein d’instances régionales (Comité de Massif des Alpes), nationales (Conseil National de la Montagne, Stratégie Nationale pour un Numérique Inclusif) et européennes (Stratégie de l’Union Européenne pour une Région Alpine).

Notre territoire d’intervention | Nous pensons qu’un ensemble de causalités, de spécificités cumulatives font des Alpes, et plus généralement des massifs montagneux, un territoire spécifique. Il induit des effets qui demandent des réponses transversales, adaptées et articulées., et en même temps suscite des solutions partenariales et innovantes. Nous revendiquons de mettre à profit notre expertise spécifique au service des territoires ruraux et de montagne du massif alpin, en région Auvergne-Rhône Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Notre vision | Par nos actions nous souhaitons tendre vers un futur souhaitable à travers deux valeurs clés. D’une part une transition réelle et systémique des territoires, permettant de favoriser bien-vivre ensemble et soutenabilité écologique. D’autre part la notion d’équité territoriale doit permettre de porter le plus haut niveau de services possible vers celles et ceux qui en sont le moins bien pourvu.e.s.

Notre méthodologie | Les méthodes supports de notre ingénierie reposent sur la conviction que la dynamique des acteurs locaux est le préalable nécessaire à toute mise en place d’une politique publique, plus encore que la construction de documents cadres. Nous mettons tout en oeuvre pour générer et rendre durable des dynamiques collectives locales et entre territoires, tant en présentiel qu’à distance, grâce à des outils et méthodes d’intelligence collective utilisés à propos. Nous amenons systématiquement les territoires à la réflexion et à l’action à travers une mise en réseau, le développement de partenariats pertinents, l’expérimentation, l’accompagnement à l’innovation sociale, et en parallèle la construction de documents structurants nécessaires.

Nos expériences | L’ensemble de ces valeurs et compétences nous ont permis d’accompagner de un grand nombre de stratégies territoriales, tant sur des phases d’enquête et de diagnostic, que pour la conception de documents et surtout l’accompagnement de dynamiques de territoires : SDAASAP des Alpes de Haute Provence et de Savoie,Smart Villages avec la communauté de communes du Royans-Vercors, cadre stratégique des services à la population pour la communauté de communes Coeur du Jura, accompagnement à la création de nombreuses Maisons de services au public aujourd’hui France Services etc.

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RÉDACTIONClaire Belet & Guillaume Doukhan

CONCEPTION GRAPHIQUEAlix Faucher - idealix.fr

Cet ouvrage est mis à disposition sous licence Attribution - Pas d’utilisation CommercialePartage dans les mêmes conditions 2.0 France

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Association ADRETS | Juin 2021

Un livret réalisé dans le cadre du projet INTERREG ESPACE ALPIN SMART VILLAGES