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~ 0 ~ Sri Sai Satcharita La Vie et les Enseignements de SHIRDI SAI BABA Govind R. Dabholkar (Hemadpant)

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Sri Sai Satcharita

La Vie et les Enseignements

de

SHIRDI SAI BABA

Govind R. Dabholkar (Hemadpant)

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Titre original de l’ouvrage en langue Marathi :

Sree Sai Samartha Satcharita Traduit du Marathi en Anglais par Zarine

© Shri Saibaba Sansthan Trust, Shirdi

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Préface de la seconde édition anglaise réviséePréface de la seconde édition anglaise réviséePréface de la seconde édition anglaise réviséePréface de la seconde édition anglaise révisée

La récitation quotidienne (parayana) du « Srī Sāī Samartha Satcharita » est, pour les dévots Sai, aussi sacrée que celle de la Bhagavadgītā, du Rāmayāna ou d’autres textes de littérature épique religieuse. Puisque le texte original du Satcharita, écrit par Govind Raghunath Dabholkar (Hemadpant) est en langue Marathi, Madame Zarine, de Mumbai, une ardente fidèle de Bābā, a assumé la tâche de traduire en Anglais, mot à mot la version Marathi du livre sacré, afin de répondre au désir d’un nombre toujours croissant de dévots Sai dans tout le pays et à l’étranger.

La première édition de cet ouvrage avait été publiée par les Editions Sāī Press India Pvt. Ltd, et avait une distribution limitée. L’éditeur original, considérant comme essentiel que le livre soit mis à la disposition de tous les fidèles, en a offert les droits au Shrī Sāī Bābā Sansthan Trust, Shirdi, ce qui a été accepté avec reconnaissance.

J’ai le grand plaisir de présenter la nouvelle édition révisée de cet ouvrage monumental, à tous les fidèles de Shrī Sāī Samartha, au nom du Comité de direction du Shrī Sāī Baba Sansthan Trust. J’espère que, lisant cet ouvrage et adoptant le mode de conduite approprié, les fidèles en tireront un immense profit.

Smt. Zarine n’est plus parmi nous pour partager ce bonheur, car elle s’est immergée dans les Pieds de Lotus de Baba le 28 décembre 2006.

Salutations à Shrī Sāī.

Paix à tous les êtres

14 avril 2008 Jayant Murlidhar Sasane Shrī Rāma Navami Président, Shrī Sāī Baba Sansthan Trust

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Préface Préface Préface Préface

Rares sont les cas où une personne a marqué aussi profondément l’esprit des gens, indépendamment de leur caste et de leur religion, que ne l’a fait mon ‘Shāhī Bābā’ plus d’un siècle après son Incarnation. Dans le prologue de son ouvrage intitulé The Life and the Teachings of Sāī Bābā of Shirdi (la Vie et les Enseignements de Sāī Bābā de Shirdi), Antonio Rigopoulos dit que « des millions de personnes Le vénèrent et l’adorent comme un Dieu, un Avatar (Incarnation divine), et comme un instructeur de tolérance et d’harmonie entre l’Hindouisme et l’Islam ». Le but ultime d’un Avatar consiste à nous faire réaliser que nous faisons partie de Dieu. Rigopoulos a supposé que l’expansion constante de sa réputation est due avant tout à ses présumés pouvoirs de faiseur de miracles et de guérisseur.

« A côté de cette caractéristique fondamentale du Saint de Shirdi, sa personnalité reste, en grande partie, énigmatique et obscure. Son lieu de naissance et son affiliation religieuse sont un mystère pour tout le monde, et encore aujourd’hui les gens continuent à discuter pour savoir s’Il était Hindou ou Musulman. « Ce qui est certain, c’est qu’un jeune ascète, identifié par les villageois comme un Musulman, arriva dans le hameau de Shirdi un beau jour du siècle dernier (au 19e siècle), qu’on lui attribua le nom de Sāī Bābā, et qu’Il a vécu dans le village (dans le district d‘Ahmednagar, Etat du Maharashtra) jusqu’à la fin de Ses jours, habitant dans une mosquée en ruines. Son humeur était imprévisible – tendre, acerbe, enjouée, caustique. Mais Il avait un charisme spirituel aussi bien lorsqu’Il parlait en paraboles que quand Il restait plongé dans de longs silences. La personne entière de Sāī Bābā, Ses mouvements, Ses paroles et Ses regards, transmettaient une expérience tangible et immédiate du sacré. Par Sa parole, le saint Précepteur allumait une lampe ; Il dissipait ainsi l’obscurité du temple de l’ego et faisait voir la précieuse salle des joyaux. »

Les habitants de Shirdi adoraient Sāī comme leur Dieu. À Shirdi, Il était considéré comme l’incarnation de la pure Existence-Conscience-Béatitude (Sat-Cit-Ānanda), comme le Sadguru (Le Maître qui conduit à la réalisation du Soi), le Roi des Rois, le Roi des Yogis, le Brahman absolu. Quand les gens mangeaient, buvaient, travaillaient dans les cours de leurs maisons ou dans leurs champs, s’occupant des tâches domestiques, ils pensaient constamment à Sāī et chantaient Ses louanges. Cependant au début, Bābā ne permettait à personne de lui offrir sa vénération et de lui faire l’archanam (rituel d’adoration). Chaque fois que quelqu’un s’approchait de Lui avec le pūja thali (plateau sur lequel sont préparés les articles du rituel), Bābā devenait furieux et renversait même le plateau. Mais voyant la sincère dévotion des gens, Il revint sur sa décision. L’adoration individuelle se faisait dans la mosquée déjà vers 1894. Certains Musulmans s’y opposèrent. Mhalsapati était le plus fervent de tous dans son adoration à Bābā, suivi par Nanasaheb

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Chandorkar. Megha accomplissait également sa pūja en grand style. Mais c’est au Dr. Pandit, un ami de Tatyasaheb Noorkar, que revient le mérite d’avoir mis pour la première fois de la pâte de santal sur le front de Baba, en y traçant un Tripundra (trois lignes horizontales, selon le culte à Shiva), comme il le faisait à son propre Guru. Jusqu’alors, seul Mhalsapati avait l’habitude de mettre de la pâte de santal sur Baba, et encore, uniquement sur son cou. « Pour l’adoration d’autres déités, il y a des articles requis et un rituel spécifique, mais pour votre adoration, rien au monde n’est digne de Vous », chante Das Ganu. Les dévots exprimaient leur adoration au Sadguru manifesté, le Shrī Sāīnātha Maharaj de Shirdi, suivant leurs préférences. Baba s’asseyait habituellement sur un sac en toile ; alors les bhaktas (dévots) couvrirent le sac d’un joli petit matelas et placèrent un traversin pour soutenir le dos de Bābā. Il respectait les sentiments de ses fidèles et leur laissait pleine liberté de Lui adresser leur vénération comme il leur plaisait. Certains agitaient devant Lui des chamaras (éventails de plumes), d’autres jouaient de la musique, certains Lui lavaient les mains et les pieds, d’autres appliquaient sur son corps de l’encens et du parfum, certains Lui donnaient à mâcher une feuille fraîche et de la noix de bétel, certains faisaient l’oblation de l’eau pour la vénération de ses pieds, d’autres encore offraient naivedya (offrande rituelle de nourriture). L’adoration collective de Sai Baba commença aux environs de 1909, avec l’ārati de midi. A partir du 10 décembre 1909, on y ajouta l’ārati de la nuit après la procession du Chavadi, tous les deux jours. L’ārati du matin était également chanté dans le Chavadi, avant que Baba ne retourne au Dwarakamayī (nom de sa mosquée). L’ārati du soir entra en vigueur beaucoup plus tard. Il incomba à Govindrao Raghunath Dabholkar de rédiger la vie légendaire de Bābā, entre 1910 et 1916, quand il séjournait plus ou moins longuement à Shirdi ; l’idée lui vint après avoir vu Bābā moudre du froment et faire jeter la farine à l’entrée du village pour prévenir une épidémie de choléra. Cet incident fut, pour Dabholkar, une source d’inspiration pour son Shrī Sāī Samartha Satcharita, car il contemplait presque chaque jour la mouture de Bābā, cette fois non de grain, mais des fautes, des afflictions physiques ou mentales et des misères de ses fidèles. Il demanda à Bābā la permission d’écrire Sa biographie et cela lui fut accordé. Bābā lui conseilla de prendre des notes et de conserver les informations, ce qu’il fit. La rédaction proprement dite fut faite après le Mahāsamādhi (décès) de Baba. L’œuvre poétique de Dabholkar se développe sur cinquante-trois chapitres, selon le modèle de l’Ekanathi Bhagavati, et comprend plus de neuf mille ovis ou vers. Chaque chapitre est un mélange de philosophie, d’anecdotes et d’enseignements. Pour les fidèles de Sāī, ce livre a la valeur des Védas. Il y a plus de vingt ans, une conversation fortuite avec mon révéré Sivanesan Swamiji déboucha pour moi sur la lecture du Shrī Sāī Samartha Satcharita en langue Marathi, ou plus exactement, quelqu’un le lut pour moi, car je ne connaissais pas du tout cette langue. Depuis lors, le parcours a été long. Tandis que je m’efforçais d’assimiler ce que m’enseignait mon professeur, Madame Mohini Varde, je me suis mise à écrire le texte en anglais. Après avoir terminé plus de la moitié des cinquante-trois chapitres, mon étude fut interrompue par une suite d’événements, dont la mort du père de mon professeur et celle de ma propre mère chérie, Dhunmai. Le révéré Sivanesan Swamiji est la source de mon inspiration pour toutes mes œuvres, y compris celle-ci.

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Mes ouvrages publiés précédemment incitèrent le Shirdi Sansthan de Srī Sāī Bābā à me demander si j’avais travaillé sur le Satcharita. À la requête du Sansthan, le manuscrit fut consigné au magazine Shri Sai Leela, qui le publia chapitre par chapitre, pendant plusieurs années. Je ressentais la nécessité de le publier sous forme de livre, mais sans trouver de solution. C’est grâce à Shrī Motilal Gupta, Président fondateur de la Shirdi Sāī Bābā Temple Society, Sāī Dham, Tigaon Road, Faridabad (Haryana), que Shrī Vijay R. Raghavan, de la Sāī Press India Ptv. Ltd., New Delhi, est venu à Shirdi il y a à peu près un an. Sans la moindre pensée de gain personnel, monétaire ou autre, il a assumé la tâche avec enthousiasme. Ma plus profonde gratitude va à tous les deux. Ils se sont, l’un et l’autre, engagés à embellir la publication par des croquis et des photos, sans épargner leur temps ni leurs efforts, en plus de la surveillance de tous les autres aspects de l’impression du livre. L’ouvrage de Madame Vinny Chitluri, intitulé Ambrosia in Shirdi – Part I, avait été publié en juillet 2002. Les photos qu’elle s’était donné du mal de rassembler ont été offertes, à notre demande, pour le Satcharita, en acte de pure dévotion à Sainath. Elle a également rendu un grand service en faisant faire certains dessins et en collaborant étroitement avec Shrī Raghavan pour améliorer la présentation du livre. Aucun mot n’est adéquat pour exprimer à cette chère amie ma profonde gratitude pour son aide précieuse. La version en prose du Satcharita en langue Marathi, rédigée par mon cher et révéré ami feu Lieutenant Colonel M.B. Nimbalkar, a été d’un immense secours et je lui suis profondément reconnaissante pour m’avoir donné la permission de reproduire l’index chronologique des événements, qu’il s’était donné tant de peine à préparer, et qui figure en fin de livre, avec quelques retouches. Comme j’aurais aimé pouvoir poser cet ouvrage entre ses mains ! M. Suresh Chandra Gupta, de New Delhi, ne s’est épargné aucun effort pour m’aider dans la correction finale et m’a donné de précieux conseils. C’est vraiment un grand privilège pour nous d’avoir bénéficié de son aide. Il l’a fait en sincère dévotion à Sāīnath. Inutile d’ajouter que la traduction n’aurait pas été possible sans la patience, la persévérance, l’érudition et la consécration de Mme Usha Tembe. Au commencement du travail, elle était pour moi une inconnue, mais elle est devenue une amie ; c’est elle qui a cherché et obtenu le secours du Dr. Moreshwar Paradkar, Professeur de Sanskrit, qui a retravaillé plusieurs passage difficiles de cette œuvre dévotionnelle, afin de nous faciliter la traduction de certains chapitres. Mme Tembe et moi-même reconnaissons notre dû envers le Dr. Paradkar. Vu la levée de dévotion envers Srī Sāī Bābā de Shirdi, qui s’étend actuellement dans le monde entier, je suis certaine que les dévots de Srī Sāīnath accueilleront notre effort et utiliseront le présent ouvrage pour leurs prières quotidiennes, invitant leurs familles à se joindre à eux. J’assume entièrement la responsabilité des imperfections, et j’invoque la générosité des lecteurs afin qu’ils me les pardonnent. ‘Nata-Shahi’ ZARINE 30 octobre 2003 69, Worli Sea face Mumbai - 400025

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Govind R. Dabholkar – Annasaheb alias Hemadpant

Par la grâce de Baba, il a eut le privilège de composer, en Marathi, le Shrī Sai Samartha Satcharita, une Gītā pour les dévots Sai.

HEMADPANT (Govind R. Dabholkar – Annasaheb)

Nous avons vu que le Sāī Satcharita a été composé par Annasaheb Dabholkar, mais à la fin de chaque chapitre de l’ouvrage, il est dit qu’il a été rédigé par Hemadpant, sous l’inspiration de Sāī Bābā. Les lecteurs se demanderont qui est cet Hemadpant ? Pour leur information, disons que ‘Hemadpant’ est un nom, ou plutôt un titre significatif, donné à M. Dabholkar par Sāī Bābā Lui-même, lors de leur première rencontre. Au 2e chapitre de l’ouvrage, l’auteur nous dit quand et comment ce pseudonyme lui a été assigné, et combien il s’est révélé juste et prophétique. A présent, nous donnons ci-dessous un bref condensé de sa vie.

M. Dabholkar, auteur de cet ouvrage, était né en 1859 au sein d’une pauvre famille brahmane du clan Adya Gowda, dans le village de Kelave-Mahim, appartenant à la circonscription de Thane (Maharashtra). Son père et son grand-père étaient religieux et pieux. Sa famille étant pauvre, sa première scolarisation a eu lieu dans son village natal, puis il a continué à étudier jusqu’à la 5e primaire en anglais, à Poona. A causes de circonstances adverses, il n’a pas pu poursuivre ses études.

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Il a seulement réussi à passer l’examen public en vigueur à cette époque. Ensuite, il a dû accepter un poste d’instituteur dans son village natal. Son bon caractère, son intelligence et son travail n’ont pas échappé à l’attention de M. Sabaji Chintaman Chitnis, qui était Mamlatdar (officier des revenus) dans le district de Colaba. Il l’engagea tout d’abord comme Talati (officier de village), ensuite comme employé de langue anglaise, et enfin comme Aval (greffier en chef) au Tribunal. Quelque temps plus tard, il devint Officier de la colonie forestière et puis Officier spécial pour les interventions de soulagement de la famine, à Broach (Gujarat). Il remplissait ses fonctions de la façon la plus satisfaisante. En 1901, il se vit assigner le poste de Mamlatdar de Shahapur (circonscription de Thane) et en 1903, celui de Premier Magistrat résident à Bandra, où il resta en fonction jusqu’en 1907. Après quoi il fut transféré successivement à Murbad, à Anand, à Borsad (circonscription de Kheda) et de nouveau à Bandra, en 1910, en qualité de Magistrat résident. C’est dans le courant de cette année-là qu’il a eu la grande chance de se rendre à Shirdi et d’avoir le darshan de Sāī Bābā. Il a pris sa retraite en 1916. Après cela, il a obtenu à nouveau un emploi temporaire au Gouvernement, mais de très courte durée. Après sa retraite, il a servi Bābā cœur et âme jusqu’au samādhi (décès) de Bābā, et ensuite il a dirigé avec intelligence et efficacité le Shirdi Sanshtan de Sāī Bābā, jusqu’à sa propre mort, survenue en 1929. Il laissait après lui son épouse, un fils et cinq filles, dont la plupart étaient mariées à de bons et valables partis.

(Source : Première édition de l’ouvrage anglais de N.V. Gunaji, adapté de l’original Marathi.)

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SRI SAI SAMARTHA SATCHARITA

SALUTATIONS À SHRI GANESHA, SALUTATIONS À SHRI SARASVATI, SALUTATIONS À SHRI SADGURU

LE GURU EST BRAHMĀ LE GURU EST VISHNU

LE GURU EST MAHESVARA LE GURU EST PARABRAHMAN MANIFESTÉ

MES HOMMAGES Á CE SHRI GURU

Je m’incline devant le Sadguru, l’Incarnation de la Joie de Brahman, Lui qui octroie la plus profonde béatitude, Lui l’Absolu, Personnification de la Connaissance pure, au-delà de la dualité (les paires d’opposés tels que plaisir et peine), omniprésent comme l’espace ; Lui à qui fait allusion la maxime « Tu es Cela » et d’autres similaires, l’Unique sans un autre pareil à Lui, l’Eternel, l’Immuable, le Témoin de toute pensée, toujours au-delà des modifications (mentales et corporelles) et des attributs (des trois gunas).

Avant-Propos

Srī Sāīnatha Maharaj est venu pour la première fois à Shirdi il y a environ cinquante ans (de la date de la rédaction de l’ouvrage, Ndt.). Ce village de Shirdi est situé dans le taluka de Kopergaon1, dans le district d’Ahmednagar. Il n’y a pas d’information authentique sur l’identité de sa mère et de son père, ni sur son lieu d’origine. Toutefois, il est évident que Maharaj avait une connexion considérable avec les Moghols. Dans ses conversations Maharaj se référait fréquemment à des villes sous domination moghole, telles que Selu, Jalna, Manvad, Pathri, Parbhani, Navrangabad, Beed et Bidar. Un jour, un homme de Pathri était venu pour avoir le darshan de Maharaj. Maharaj lui demanda des nouvelles de Pathri et nomma plusieurs personnes importantes du lieu, s’informant de leur santé. Nous pouvons en conclure que Maharaj avait une connaissance détaillée de Pathri ; nous ne pouvons toutefois pas affirmer avec certitude qu’Il y était né.

D’une façon similaire, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que Maharaj était né Brahmane ou Musulman. De plus, plusieurs de ses fidèles croyaient qu’Il n’était pas né d’une matrice. Cela ne peut pas être certifié davantage. À ceux qui ne Lui sont pas dévots il peut paraître exagéré de dire qu’Il n’était pas né d’une matrice, mais l’auteur du présent ouvrage ne

1 A l’heure actuelle, Shirdi est inclus dans le taluka de Rahata.

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le trouve pas. Maharaj avait Lui-même dit à l’auteur que « maintenant je quitte [le corps] et ensuite j’apparais comme un enfant de huit ans ». Quand Shrī Krishna apparut à sa mère Devaki, Il avait également l’âge de huit ans. Dès lors les Purānas Le décrivent ainsi : « Inimaginable était la Lumière qui émanait de la forme de huit ans, elle illuminait les huit points cardinaux, et devant elle le soleil et la lune pâlissaient et devenaient insignifiants (cf. Harivijay – Chap. 3 verset 126). De nombreux fidèles de Maharaj ne croient pas qu’Il soit devenu un Siddha (parfait) grâce aux sādhanas (exercices spirituels), mais qu’Il était de toute évidence un Avatar, et voyant les līlas (jeux, prodiges) de Maharaj et ses pouvoirs incroyables, ils le considèrent comme un Avatar (incarnation divine) de Shrī Krishna. Maharaj n’attribuait aucun de ces pouvoirs à Lui-même. Quand Il parlait, Il s’appelait Serviteur ou Fidèle de Dieu. « J’ai à profusion les bénédictions de mon Guru et, par Sa grâce, les difficultés des fidèles sont écartées et ils en sont avantagés », disait-Il. Lorsqu’Il bénissait les fidèles, ses paroles étaient généralement : « Allah veillera sur votre bien-être ». Il ne s’attribuait jamais la moindre grandeur ; Il n’a jamais dit : « Anal Haque », qui signifie ‘je suis Dieu’ ; ses paroles étaient souvent « Yade Haque » qui signifie ‘je me souviens de Dieu’.

Lorsque Maharaj vint à Shirdi, Il accompagnait une procession de mariage, dont faisait partie un gentilhomme musulman appelé Chandbhai. Cet homme était le Patil ou chef du village de Dhoopkheda. Un jour, comme il avait perdu son cheval, il se mit à sa recherche. Alors il vit Maharaj assis sous un arbre. Il n’avait jamais vu Maharaj auparavant. Maharaj l’appela et lui dit : « Prenez une bouffée du chillum (pipe en argile) avant de continuer votre route ». L’homme répondit : « Mon cheval est perdu, je suis à sa recherche ». Maharaj répliqua : « Pourquoi aller si loin pour le trouver ? Il est tout juste au-delà de cette clôture, là-bas ». Chandbhai se dirigea vers la clôture indiquée par Maharaj. Le cheval était réellement là, en train de brouter le gazon. Chandbhai revint auprès de Maharaj avec son cheval. Après avoir fumé au chillum que Maharaj lui offrait, il insista pour que Maharaj se rende dans sa maison. Maharaj répondit : « Je viendrai demain ». Le lendemain, Maharaj se présenta ponctuellement chez lui. Lorsque Chandbhai avait été invité à fumer le chillum, dans les bois, la pipe n’était pas allumée. De sa main, Maharaj avait tapé fortement la pince contre le sol et avait produit un tison pour Ses propres besoins.

Maharaj resta quelques jours dans la maison de Chandbhai. Plus tard,

un neveu de l’épouse de Chandbhai fut fiancé à une jeune fille de Shirdi, et Maharaj vint à Shirdi avec la procession du mariage. Le groupe des invités s’était arrêté aux abords du village, sur la terre battue près du temple Khandoba. Quand Maharaj entra dans le temple, Il y rencontra un homme appelé Mhalsapati. Cet homme était résident de Shirdi et bijoutier. Etant dévot de Khandoba, sa famille était autorisée à visiter régulièrement Khanderaya (autre nom de Khandoba) depuis plusieurs générations. Quand Maharaj entra dans le temple Khandoba, Il portait un kafni (longue robe jusqu’aux chevilles), un bonnet et un

dhoti (pièce d’étoffe que les hommes portent autour des reins). Aussitôt que Mhalsapati l’aperçut, il Le salua par les mots : « Soyez le bienvenu, Sāī Bābā» (Sāī signifie ‘saint’ et Bābā est un terme affectueux comme ‘petit père’, Ndt.) Ce nom Sāī Bābā, Maharaj l’accepta jusqu’à la fin de sa vie. La plupart de Ses fidèles L’appelaient Sāī Bābā ou simplement Bābā. Une fois, lorsque Maharaj était appelé à témoigner devant le Commissaire de police et prié de donner Son nom, Il répondit : « Les gens m’appellent Sāī Bābā ». Mhalsapati amena Maharaj dans le village et Le présenta à ses amis Kashiram Shimpi et Appa Jagale. Tous les trois avaient l’habitude de servir, selon leurs capacités, les sādhus, les saints, les ascètes errants, les fakirs et autres personnes

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spirituelles qui passaient par leur village, et ils en prenaient soin d’une façon désintéressée. La position géographique de Shirdi était telle que ces personnes y passaient fréquemment. Le village recevait souvent la visite de groupes de sādhus, et les trois amis mentionnés ci-dessus leur offraient leur assistance respectueuse, selon leurs propres possibilités. Tous les trois (Kashiram, Appa et Mhalsapati) devinrent des fidèles à part entière de Maharaj. Kashiram et Appa ne vécurent pas longtemps. Kashiram mourut le premier, et quelques années plus tard ce fut le tour de Appa, mais l’un et l’autre eurent la grâce de mourir un jour de l’Ekadasi (onzième jour après la nouvelle lune, considéré comme spécialement sacré, ndt.) Il est bon que les dévots de Dieu meurent un jour particulièrement sacré – c’est ce qui leur est arrivé. Kashiram servait Maharaj de son mieux, c'est-à-dire vraiment avec tana, mana et dhana (avec abandon total de corps, mental et biens matériels, signifiant que toute identification et attachement de l’ego sont rejetés). Au début, le kafni de Maharaj était de couleur blanche ou jaune safran. Kashiram confectionna pour Lui un kafni vert et un bonnet vert. Généralement, Maharaj s’habillait d’un kafni blanc et nouait une pièce d’étoffe blanche autour de Sa tête. Kashiram fournissait aussi à Maharaj le tabac pour Sa pipe, le bois pour Son dhuni (feu perpétuel) et même de l’argent, si nécessaire. Plus tard, il posait Sa bourse devant Maharaj et Lui demandait humblement de prendre autant d’argent qu’Il souhaitait. En ces jours-là, Maharaj n’avait pas encore l’habitude de recevoir une dakshina (offrande monétaire ou en nature, faite au guru ou à une personne sainte). Même alors, Il ne prenait qu’une pièce ou deux dans la bourse de Kashiram. Celui-ci était si désireux de donner une dakshina à Maharaj que, si par hasard Maharaj ne la prenait pas, il se sentait triste et des larmes jaillissaient de ses yeux. Même cette attitude est un obstacle au progrès spirituel, car elle implique que l’ego se croit en mesure de donner. Le Seigneur a évidemment pour but d’écarter chez Ses fidèles tous les empêchements à leur évolution spirituelle. C’est ce qui se passa dans le cas de Kashiram. Après quelque temps, il passa par une période de pauvreté et Maharaj se mit à lui demander fréquemment une dakshina. Kashiram dut reconnaître qu’il ne lui restait plus rien. Alors, Maharaj lui dit : « Demande à l’épicier un prêt et donne-Moi la somme. » Suivant les instructions, il se mit à demander des prêts à l’épicier. Plus tard même l’épicier refusa de lui donner de l’argent. Virtuellement, ce jeu devait servir à détruire l’ego de Kashiram. Il réalisa qu’il n’avait aucune capacité de donner. Aussitôt que cette vérité se fit jour en lui, sa situation financière s’améliora et il retrouva son aisance du passé. Il perdit aussi l’intense désir que Maharaj lui prenne constamment une dakshina.

Kashiram faisait du commerce de textile ; il circulait dans divers villages et y installait une échoppe les jours de marché. Un jour, alors qu’il revenait du marché de Naura, il rencontra des voleurs. Kashiram était à cheval. Les voleurs n’allèrent pas tout de suite à lui, mais interceptèrent les charrettes qui roulaient à son côté. Ensuite, ayant épié Kashiram, ils se ruèrent sur lui. Ils se mirent à piller Kashiram - en effet, ils prirent une partie de ses biens. Kashiram ne leur offrit aucune résistance. Peu après, les voleurs firent main basse sur le petit ballot qu’il serrait à lui. Ils pensaient qu’il devait contenir des valeurs. En réalité il ne contenait que du sucre fin. Janakidas Bābā, un Satpurusha (grand sage) avait conseillé à Kashiram de nourrir régulièrement les fourmis avec du sucre, c’est pourquoi Kashiram avait habituellement du sucre avec lui. Donc ce ballot était très précieux à ses yeux et il avait décidé de ne jamais s’en séparer, quoi qu’il arrive. A ce moment-là, Kashiram remarqua que l’épée d’un des voleurs était à terre. Il la ramassa et tua deux des voleurs. Un troisième s’approcha derrière son dos et lui donna un coup de hache sur la tête. A cela, Kashiram perdit connaissance et tomba comme un cadavre. Les voleurs, croyant Kashiram sans vie, l’abandonnèrent et disparurent. En réalité il n’était pas mort. Après un moment la conscience lui revint et il se rétablit en quelques jours. Ayant une foi totale en Maharaj, il refusa d’être hospitalisé et demanda avec insistance :

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« Emmenez-moi seulement à Shirdi ». Selon sa volonté, il fut transporté là-bas et, suivant les instructions de Maharaj, Madhavrao Deshpande lui fit une médication. Par la grâce de Maharaj, la santé de Kashiram s’améliora et l’homme se rétablit complètement.

Le Gouvernement de Bombay offrit à Kashiram une épée en récompense pour son acte de courage. Pendant que Kashiram se bagarrait avec les voleurs, ici à Shirdi, Maharaj créait une commotion. Il se mit à émettre des insultes en flot continu, des hurlements et autres agitations similaires. Les fidèles qui se trouvaient près de Lui se sentaient en grand danger. Mais tout ce remue-ménage ne servait qu’à protéger Kashiram, et cela s’est avéré. Les voleurs étaient nombreux et bien armés. Personne n’aurait imaginé que Kashiram pouvait s’en sortir indemne après leurs coups et leur violence ; mais, lorsqu’il y a un sauveur, qui peut nous nuire ? Quoi qu’il en soit, Kashiram vécut plusieurs années après cet incident, et il décéda un jour d’Ekadashi, le 11e jour de la lune montante de Chaitra (mars) de 1908.

Des trois personnes mentionnées ci-dessus, Mhalsapati a vécu le plus longtemps ; il est mort en 1922. Maharaj (Bābā) et lui étaient très intimes. Maharaj avait l’habitude de s’asseoir dans la Mosquée2, et de dormir en alternance un jour sur deux dans la Mosquée ou dans le Chavadi3. Quand Maharaj dormait dans la Mosquée, Mhalsapati restait assis près de Lui jusqu’à l’aube et ils conversaient ensemble longuement et avec grande affection. Jusqu’à sa mort, Mhalsapati a maintenu son habitude de s’asseoir la nuit entière dans la Mosquée. Comme il n’était en rien calculateur, tout en ayant une certaine influence, généralement les fidèles de Maharaj recevaient de lui de bons conseils et des encouragements. En bref, après le décès de Maharaj, il est devenu le point de référence des fidèles.

Depuis son arrivée à Shirdi, Maharaj demeurait habituellement dans la Mosquée. Cet édifice était en ruines. Dans la journée, Maharaj circulait par-ci par-là, mais durant la nuit, Il demeurait dans la Mosquée. Si quelqu’un L’invitait à déjeuner, Il acceptait l’invitation. Il donnait aux malades des conseils médicaux et des remèdes, et n’acceptait jamais d’argent en retour. Ce n’est pas tout : si les malades ne recevaient pas l’assistance nécessaire, Il allait Lui-même les assister. Ces personnes à qui Maharaj prescrivit des médicaments ou que Maharaj assista personnellement sont encore aujourd’hui en vie, en grand nombre (au moment de la rédaction du Satcharita. Ndt). Plus tard, Maharaj ne donna plus de remèdes, mais se mit à distribuer uniquement de l’udi4 et les malades étaient soignés avec cela.

« Auparavant Je donnais des remèdes aux gens », dit un jour Maharaj à l’auteur du présent ouvrage. Il dit : « Kaka (Il s’adressait à l’auteur par ce terme affectueux), auparavant J’avais l’habitude de donner des remèdes aux gens. Plus tard, J’ai arrêté cette pratique et j’ai commencé à chanter ‘Hari, Hari’ (le Nom du Seigneur) et, continuant à chanter ‘Hari, Hari’, J’ai réalisé le Soi (litt. « J’ai rencontré Hari ») ».

Quand Maharaj vint ici pour la première fois, un sādhu appelé Devidas y demeurait et plusieurs sādhus lui rendaient visite occasionnellement. Shirdi était aussi un lieu de passage obligatoire pour les pèlerins qui se rendaient à pied à Rameshvar, Pandharpur et à d’autres

2 La vieille mosquée en ruines dont Sāī Bābā avait fait sa résidence, ensuite dénommée ‘Dwarakamayī’ (litt.

pleine de la puissance de Dwaraka, la cité où régna Krishna) 3 Chavadi : lieu public pour les villageois et siège de l’administration du village. Aussi préau où les

voyageurs de passage pouvaient s’abriter pour la nuit. 4 Udi : cendres du feu perpétuel qui brûlait dans la Mosquée.

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centres de pèlerinage dans le Sud. Ainsi, de nombreuses personnes vertueuses passaient régulièrement par ici. Parmi elles, se trouvait un sādhu appelé Janakidas, qui séjourna ici longuement. On lui reconnaissait une grande autorité (en matière spirituelle). Maharaj et lui avaient de nombreux entretiens. Le fameux Gangabir Bābā venait également ici. La première fois qu’il est venu ici, quand Maharaj y résidait déjà, il vit Maharaj porter dans ses mains deux cruches en argile, pleines d’eau à peine tirée du puits. Il dit immédiatement aux villageois présents : « Quand cet homme est-il arrivé ? C’est un pur joyau. Il a une grande valeur. Le village a bien de la chance d’avoir acquis ce joyau ! » Après quoi, Gangabir se rendit au darshan5 de Maharaj et ils échangèrent quelques mots avec grand amour. Anandanath Maharaj, de Akkalkot, a parlé dans le même sens au sujet de Maharaj. Il était disciple du fameux Akkalkot Maharaj. Un jour, quand il se trouvait à Savargaon, près de Yeola, Madhavrao Balwant Deshpande, Dagadu Bhau Gayake, Nandram Shivram Marwadi et Bhagchand Marwadi, tous de Shirdi, allèrent à lui pour avoir son darshan. Après le darshan, le groupe se prépara à retourner à Shirdi. Soudain, Anandanath Maharaj accourut et prit place sur leur charrette en disant : « Je vous accompagne ». Les habitants de Nevargaon et de Yeola essayèrent de l’en dissuader, mais en vain. Lorsque Anandanath Maharaj arriva ici, il eut ces mots respectueux à l’égard de Maharaj : « Il est un diamant ; vous ne connaissez pas sa valeur. Même s’Il se trouve sur un tas d’excréments, c’est un diamant. » En ces jours-là, Maharaj n’avait encore aucune célébrité et les villageois Le prenaient pour un homme ordinaire, ou plutôt pour un fakir fou.

A cette époque, Maharaj était vu comme suit : « Vêtu de guenilles, assis où cela Lui plaisait, Il avait l’aspect d’un insensé ; mais Il était absorbé en Brahman ». Maharaj allait parfois s’asseoir au torrent, parfois sous un neem particulier, près du mur d’enceinte du village ; parfois Il se rendait chez un fermier. Les vêtements qui couvraient Son corps étaient déchirés. A certains moments, Il avait un aspect redoutable. Aux yeux des gens simples, Il paraissait fou à cause de son comportement bizarre. Mais bientôt les idées fausses furent écartées, et les habitants de Shirdi réalisèrent la valeur de Maharaj. Cela se passa ainsi :

Maharaj désirait avoir plusieurs lampes à huile allumées dans la Mosquée et dans les temples. En réalité, parler de ‘désir’ signifie adopter le langage commun. Aucun de Ses actes n’avait pour but de satisfaire un désir (car Il n’avait plus aucun désir à satisfaire). Leur but était très différent : le bien des gens. Quoi qu’il en soit, pour alimenter ces lampes, Maharaj avait l’habitude d’aller chez les vendeurs d’huile et chez les épiciers, et de leur demander un peu d’huile, qu’Il emportait. Ils en donnèrent à Maharaj pendant un certain temps. Evidemment, combien de fois ces personnes pragmatiques allaient-elles donner de l’huile gratuitement ? Un beau jour, les vendeurs Lui déclarèrent qu’ils n’avaient pas d’huile. Maharaj allait-Il être obligé de modifier Sa routine quotidienne ? Au lieu de l’huile, Maharaj versa de l’eau dans les lampes en argile, y plaça une mèche, comme d’habitude, frotta une allumette et fit brûler les lampes. Quand Maharaj avait commencé à verser de l’eau, les gens étaient convaincus qu’Il était fou. Mais quand les lampes se mirent à brûler par un simple frottement d’allumette, et qu’elles restèrent allumées pendant toute la nuit, les villageois furent stupéfaits. Ils vinrent auprès de Maharaj et se prosternèrent devant Lui, invoquant Son pardon pour L’avoir traité sans respect. Plusieurs avaient, petit à petit, harassé Maharaj de différentes

5 Darshan : de la racine sanskrite dŗś, signifiant voir. Avoir la vision (intérieure et extérieure) d’une Déité,

d’un Saint ou d’un grand Sage.

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façons. La peur s’empara d’eux. Mais Maharaj débordait de compassion ; son credo était de rendre service même à ceux qui L’avaient offensé, sans tenir compte de leurs offenses. Dès lors, en vérité, ils n’avaient rien à craindre. Comme Maharaj aimait tout le monde, Il s’occupa d’eux comme de Ses propres enfants. Chaque fois que le village devait affronter une calamité, Maharaj la leur annonçait d’avance, et ceux qui obéissaient à Ses paroles étaient sauvés.

Même si la plupart des villageois avaient foi en Maharaj, bien peu entraient en contact direct avec Lui. Comme Maharaj avait tendance à être dur et tranchant, personne n’osait avoir quelque familiarité avec Lui sans nécessité. Les visites dans la Mosquée étaient très limitées. En ces jours-là, Madhavrao Balwant, de la famille Deshpande, se mit à fréquenter la Mosquée. Près du mur extérieur se trouvait une petite maison qui servait d’école en langue Marathi. Madhavrao enseignait dans cette école. Il prit l’habitude d’aller fréquemment de l’école à la Mosquée. Quand il y allait, il bourrait un chillum et tirait une bouffée, puis le passait à Maharaj pour qu’Il fume. Quelle qu’en soit la raison, Madhavrao devint de plus en plus familier avec Maharaj. Celui-ci l’attirait. Après quelques années, Madhavrao abandonna ses occupations et se mit au service exclusif de Maharaj et des fidèles qui venaient à Son darshan. Pour ce service, Madhavrao ne demandait aucune compensation. A partir de cette période, les fidèles de Maharaj passaient par son intermédiaire. Plusieurs fidèles reçurent de sa part une grande aide et beaucoup n’entreprenaient rien sans d’abord le consulter.

Généralement, Maharaj ne quittait pas Shirdi ; Il allait parfois jusqu’à Nimgaon pour rendre visite à Babasaheb Dengle, l’un de Ses fidèles ; parfois Il se rendait à Rahata6, où habitait Chandrabhan Sheth, un commerçant. Après la mort de celui-ci, Kushalchand Sheth s’occupa du commerce d’épicerie. Maharaj faisait souvent appeler ce Kushalchand, et si quelqu’un venait de Rahata, Il demandait de ses nouvelles. À présent, laissons cela.

Nanasaheb Dengle, frère de Babasaheb Dengle, vivait à Jali, Nimgaon. Comme il n’avait pas de descendance, il prit une deuxième épouse, mais même cela fut inutile. Alors, Babasaheb l’envoya auprès de Maharaj pour avoir Son darshan. Lorsque Nanasaheb Dengle arriva au darshan de Maharaj, Celui-ci le bénit et lui promit un enfant. En temps opportun, les bénédictions fructifièrent et il eut un fils. Suite à cela, la foi de Nanasaheb en Maharaj s’affirma et il vint fréquemment Le voir. Lors de ses nombreux contacts avec les autorités du Gouvernement, il faisait naturellement les éloges de Maharaj devant les dignitaires. Suite à cela, Shri Chidambar Keshav, alias Annasaheb Gadgil, percepteur des impôts dans le village au nom du Collecteur, vint bientôt avec un grand groupe de personnes, pour avoir le darshan de Maharaj. Sa foi en Maharaj s’accrût jour après jour, et il devint fidèle à part entière de Maharaj.

Comme la Mosquée, dans laquelle Maharaj vivait et dormait, était complètement en ruines et que le sol était poussiéreux, sans compter les saletés qui tombaient du plafond, Nanasaheb Dengle apporta une planche épaisse, afin que Maharaj puisse dormir sur elle. Selon son idée, Maharaj allait poser la planche sur le sol et dormir sur elle au lieu de se coucher sur le sol nu. Maharaj fit usage de la planche pour dormir, mais d’une toute autre façon. Au lieu de poser la planche par terre, il la suspendit à la poutre de la Mosquée, à l’aide de vieux chiffons, et Il se couchait sur elle. A première vue, les chiffons n’étaient pas en mesure de porter le poids de la planche elle-même, mais grâce aux pouvoirs surhumains de Maharaj, non seulement ils résistèrent au poids de la planche, mais aussi au poids du corps de Maharaj. Au moment de se

6 Nimgaon et Rahata sont des villages situés respectivement à 3 et 5 km de Shirdi

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coucher, Maharaj plaçait quatre lampes allumées, aux quatre coins de la planche. Tout le monde s’émerveillait de voir Maharaj sur cette planche et les gens s’amassaient en grand nombre pour regarder de loin ce spectacle stupéfiant. Toutefois, jamais personne ne vit Maharaj monter sur la planche ni en descendre. Souvent la foule se donnait le change pour continuer à scruter Maharaj et Le voir monter ou descendre, mais personne ne vit cela. Les gens venaient s’amasser en grand nombre pour L’épier ainsi. Alors, pour éviter cet harassement, un jour Maharaj rompit la planche. Gopalrao Gund, inspecteur des impôts dans la circonscription de Kopargaon, vint lui aussi au darshan de Maharaj, pour la même raison qui avait poussé Nanasaheb Dengle à venir la première fois. Cet homme avait trois épouses, mais aucune descendance. Lui aussi eut un fils grâce aux bénédictions de Maharaj. Lui aussi devint un fidèle à part entière. Un jour, il lui vint l’idée que, vu l’état de ruine de la Mosquée, il fallait la reconstruire ; dans ce but il rassembla un grand tas de pierres. Mais Maharaj ne lui donna pas la permission d’entreprendre la restauration. Ce travail allait être fait par un autre fidèle. Le récit en sera fait plus tard. Les pierres apportées par Gopalrao furent prises, sur l’ordre de Maharaj, pour construire un temple à Shani (Saturne), dans le village, et pour restaurer des temples d’un autre village. Maharaj veillait sur l’état de tous les temples. Le temple de Maruti, ici à Shirdi, fut également rénové et même agrandi par Maharaj. Son attention ne se limitait pas à l’état des temples, mais aussi à celui des tombes. Comme nous l’avons mentionné plus haut, Maharaj venait parfois s’asseoir sous un neem, aux abords du village. « Il y a ici la tombe d’un Pir (saint musulman) », dit-il un jour. Quand l’endroit fut creusé, on y trouva une tombe. Alors, le jour même, les fidèles prirent Maharaj en procession avec l’accompagnement d’instruments de musique et du cri de slogans. Maharaj parla de cette tombe à l’auteur lui-même. Il dit : « C’est la place de mon père. Brûlez-y de l’encens tous les jeudis et vendredis, pour votre propre bien. »

Un jour, Gopalrao Gund eut l’idée d’instituer ici une foire annuelle, ou urus. Il soumit le projet à Tatya Patil, Dada Kote Patil, Madhavrao Deshpande et d’autres fidèles dans le village. Avec leur approbation, il se chargea de l’organisation. Cependant le Kulkarni (maire) en fonction fit objection ; par conséquent, le Collecteur donna l’ordre d’interdire le déroulement de cette foire. Mais Maharaj bénit amplement le projet. Forts de Sa permission, les fidèles susmentionnés présentèrent à nouveau leur requête au Collecteur, obtinrent l’annulation du premier ordre et la permission d’organiser la foire. Avec l’assentiment de Maharaj, il fut décidé d’ouvrir la foire le jour de Rāmanavami7 et, depuis, elle a lieu chaque année à l’occasion de cette fête.

7 Rāmanavami : fête qui a lieu le 9e jour de la lune croissante d’avril, pour célébrer la naissance de l’Avatar

Rāma.

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Dès le début, Tatya Ganapati Kote Patil veilla sur tous les arrangements et sur l’organisation de cette foire à Shirdi. Maharaj aimait beaucoup Tatya. Celui-ci appelait Maharaj ‘oncle maternel’. Sa mère, Saubhagyavati Baijabai, servait Maharaj avec grande dévotion, cela même à une période où la majorité des villageois ordinaires plaçaient Maharaj dans la catégorie des fous. Au début, Maharaj avait l’habitude de se rendre quatre ou cinq fois dans le village pour demander l’aumône. Saubhagyavati Bayjabai ne Le renvoya jamais les mains vides. Naturellement, la femme reçut les fruits de sa dévotion, mais tous les membres de sa famille en furent également bénéficiaires, en particulier Tatya. Non seulement Maharaj donnait à Tatya de l’argent, mais Il était très indulgent à son égard. Quand, chaque soir, Tatya venait auprès de Maharaj, la rencontre affectueuse de l’oncle et du neveu valait la peine d’être observée, et leurs paroles aimantes valaient d’être écoutées. Tous les arrangements à la Mosquée et au Chavadi dépendaient également de Tatya. Maharaj ne se levait pas avant que Tatya ne soit venu et ne L’aide à se redresser. C’était Tatya qui prenait Maharaj par le bras et Le conduisait à l’asan (place assise) qu’Il avait préparé et sur lequel Il prenait place. Telle était la routine. Même le chillum était bourré par Tatya.

Le jour de la fête de Rāmanavami, deux drapeaux sont portés en grande pompe vers la Mosquée. Là, ils sont fixés aux extrémités (du toit). L’un des drapeaux a été donné par Shankar Rao Raghunath Deshpande, alias Nanasaheb Nimonkar, et le second par Damu Sheth Kasar, de Nagar. Nanasaheb Nimonkar était le Deshpande ou comptable de district de Nimon. Le village de Nimon se trouve dans la circonscription de Sangammer. Comme Nanasaheb était considéré comme une personnalité dans la circonscription, le Gouvernement l’avait engagé en tant que Magistrat Honoraire. À la fin, il se retira de ses fonctions à cause de son grand âge. Son oncle résidait à Shirdi, c’est pourquoi il venait parfois en visite en ce lieu. Chaque fois qu’il y venait, il se rendait au darshan de Maharaj sur l’insistance de son oncle. Peu à peu sa foi en Maharaj se renforça et il passa les trois dernières années de sa vie au service ininterrompu de Maharaj. Il rentrait dans sa chambre seulement pour prendre un bain, pour ses prières et ses pratiques rituelles du matin et du soir. Le reste de la journée, il était entièrement à disposition de Maharaj. Même s’il avait passé la soixantaine, il ne pensait pas à se reposer ni à éviter un service à Maharaj. Il n’en avait d’ailleurs aucune envie. Maharaj l’appelait Kaka. Il ne survécut pas longtemps à Maharaj ; très bientôt, il s’immergea en Ses pieds. Par la grâce de Maharaj, sa fin fut très douce. Durant les trois derniers jours, il voyait Maharaj partout et il appelait Sāī Bābā quiconque s’approchait de lui. Même à sa propre épouse, il disait : « Viens, Sāī Bābā». La femme le croyait en proie au délire et lui dit : « Je ne suis pas Bābā, je suis ta femme ». Sur ce, il répliqua : « Qui est en toi ? Seulement Bābā. Tu es Bābā. » Ainsi, se souvenant constamment de Maharaj, il rendit son dernier soupir.

Le second drapeau exhibé le jour de Rāmanavami vient de Damodar Savlaram, alias Damu Sheth Kasar, comme nous l’avons déjà mentionné plus haut. Même s’il avait deux épouses, il n’avait d’enfant d’aucune d’elles et en éprouvait du chagrin. Un jour Govindrao Sapkar, beau-père de Madhavrao Deshpande, lui suggéra de venir ici pour recevoir les bénédictions de Maharaj. Il suivit son conseil. Maharaj le bénit, et, par la suite, il eut un fils. Naturellement, sa foi en Maharaj se consolida. Et depuis lors, il apporte chaque année un nouveau drapeau pour la célébration de Rāmanavami et nourrit tous les fakirs rassemblés pour l’occasion ; cette observance est maintenue jusqu’à ce jour (au moment de la rédaction du Satcharita. Ndt.).

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Quelques années avant l’instauration de la fête de Rāmanavami, Maharaj avait attiré à lui un fidèle désintéressé : Narayan Govinda, alias Nanasaheb Chandorkar. Bien que résident de Kalyan, il était receveur des impôts pour le compte du Collecteur d’Ahmednagar. Le Kulkarni (maire) du lieu, Keshav Anant alias Appa, lui dit un jour que Maharaj l’appelait. Tout d’abord Nanasaheb ne le crut pas et lui dit : « Pourquoi évoquez-vous en vain le nom de Maharaj ? Si vous désirez quelque chose de ma part, pourquoi ne pas parler ouvertement ? » Sur ce, Appa insista en lui disant que Maharaj l’appelait vraiment. Comme il se l’entendait dire avec une telle assurance, Nanasaheb se rendit à Shirdi pour avoir le darshan de Maharaj et il eut très vite foi en Maharaj. Ensuite il vint fréquemment et il profita de ces occasions pour recevoir de Maharaj le nectar de Sa sagesse. Maharaj et lui restaient ensemble pendant des heures d’affilée. « Pratique le sashtanga8, le namaskar(salutation), interroge le Guru, sers-Le et apprends ce qu’est jnāna (connaissance véritable). Alors, les jnānis (sages) qui ont obtenu la connaissance véritable du sad-vastu, te donneront l’upadesha (instruction personnelle) de la connaissance. » Se conformant à cette citation de la Bhagavad Gītā, Nanasaheb offrit sa soumission, ses doutes et son service, et Maharaj lui donna l’upadesha. Une fois, Maharaj expliqua le sens profond de ce même verset pendant plus d’une heure. À partir de cette instruction, Nanasaheb fut convaincu que Maharaj avait une connaissance parfaite du sanskrit. Il servit Maharaj au mieux de ses capacités. Les fidèles se souviendront toujours de lui pour deux raisons particulières. La première est qu’il a démoli, rénové et agrandi la vieille Mosquée de Maharaj. Ne pouvant pas faire ce travail personnellement, Nanasaheb demanda à Nanasaheb Nimonkar de rester là pour surveiller les travaux et les mener à terme correctement. L’accord de Maharaj pour la construction de la Mosquée fut obtenu par Mhalsapati. Cependant, durant les travaux, Maharaj cassait parfois la structure et lançait au loin de grosses pierres lourdes et des colonnes. Alors il fallait tout recommencer. Les gens peuvent trouver les actes de Maharaj bien étranges, mais ceux qui en connaissent la signification profonde ne seront pas surpris. Finalement les travaux de la mosquée furent terminés, et comme Maharaj s’était rendu à Nimgaon ce jour-là, Il fut ramené en grande pompe et cérémonie pour occuper la Mosquée rénovée. Les charpentiers Kondaji, Gabaji et Tukaram, trois frères, furent d’un grand secours pour les travaux de la Mosquée. Jusqu’au décès de Maharaj, Tukaram s’occupait à lui seul de balayer la Mosquée, de nettoyer les objets de Maharaj, de chauffer de l’eau pour Lui laver le visage et de faire sécher la salle. Généralement Maharaj ne permettait à personne d’autre de faire ce travail. Même aujourd’hui, les drapeaux de Rāmanavami sont préparés à la maison des charpentiers et la procession commence à partir de là. Le deuxième service de grande importance qu’accomplit Nanasaheb fut celui de divulguer publiquement le nom de Maharaj et de permettre aux gens de profiter de Ses bénédictions. Etant d’abord Mamlatdar et ensuite vice-Collecteur, au début il devait souvent voyager. C’est même grâce à lui que l’auteur du présent ouvrage eut le bénéfice du darshan de Maharaj. Des milliers de personnes venues de Mumbai et de la circonscription de Thane purent bénéficier du darshan de Maharaj et furent comblées de joie. Nanasaheb en était la cause.

8 Sashtanga : fait de s’allonger de tout son long devant l’Etre révéré, touchant le sol par huit points du corps – (sash = huit et anga = membre)

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À part lui, deux autres personnes attirèrent des gens de Mumbai. L’une était Ganesh Dattatreya Sahasrabudhe, alias Das Ganu. Auparavant il travaillait dans le secteur de la police. Il était passionné de spectacle de cabaret d’une note plutôt lubrique. Il vint au darshan de Maharaj sur l’invitation de Nanasaheb ; peu à peu, Maharaj eut un tel effet sur son mental qu’il quitta son

emploi et se mit à diffuser l’histoire du saint à travers des kīrtanas9 et des livres.

Il continue ce travail encore aujourd’hui (au temps de la publication

du Satcharita). Il est l’auteur de Bhakta Leelamrut, Sant Katamrut et Bhaktisaramrut, ouvrages qui relatent la vie de Saints. De plus il a écrit, en un Marathe simple et élégant, un commentaire de l’ Isavasya Upanishad et de l’Amrutanubhava de Shri Jnaneshwar Maharaj. Il est aussi l’auteur de plusieurs autres ouvrages. En

l’amenant de Mumbai, Nanasaheb Chandorkar offrit aux villageois des kīrtanas débordants du nectar de la dévotion et, par ce moyen, le plaisir d’entendre parler des qualités et de la nature de Maharaj. Grâce aux kīrtanas de Das Ganu, de nombreuses personnes de Mumbai et des alentours ressentirent le désir d’avoir le darshan de Maharaj et vinrent à Shirdi dans ce but.

La deuxième personne mentionnée ci-dessus était l’auteur-même du présent ouvrage. Suite à ses séjours aux Pieds de Maharaj et aux longues interruptions de ses activités publiques, il eut la réputation d’être devenu un « bābā » (ascète ou autorité spirituelle), dans les journaux Parsis et autres. Dès lors, un grand nombre de gens vinrent pour avoir le darshan de Celui qui avait effectué en lui une telle transformation. À partir de 1910 environ, le nombre de personnes venant assister au darshan de Maharaj s’accrut considérablement.

Lorsque Nanasaheb Chandorkar arriva ici, il n’existait pas un seul wada (bâtiment en pierre) où loger les gens qui venaient pour le darshan. Mais Maharaj remédia très bientôt à cette carence. Rao Bahadur Hari Vinayak Sathe était vice-Collecteur de la circonscription. Un long temps s’était écoulé depuis le décès de son épouse, mais il n’avait aucun désir de se remarier. Comme il n’avait pas d’enfant, ses amis le pressaient à se remarier. Plus tard, il décida d’assister au darshan de Maharaj et d’agir selon Sa volonté. Alors il vint à Shirdi pour le darshan. Maharaj lui dit de se remarier et lui accorda aussi Ses bénédictions sous forme d’un fils. Rao Bahadur choisit une jeune fille et pria le père, Ganesh Damodar Kelkar, de la présenter à Maharaj. Lorsque la jeune fille arriva, Maharaj posa une pastèque dans le pan de son sari et appliqua du kumkum (poudre vermillon, marque des femmes mariées) sur son front. Après cela, au moment approprié, le mariage eut lieu et peu après, sur le conseil de Maharaj, Rao Bahadur acheta le terrain qui entourait le neem déjà décrit, et y construisit un wada. Dès lors, les fidèles venus de loin avaient la possibilité de trouver un logement. Trois ans plus tard, Maharaj demanda à l’auteur de construire un autre wada, et encore un autre wada au millionnaire de Nagpur, Gopalrao alias Bapusaheb Buti. Ce dernier wada est imposant, et comme il est construit en pierres, il est solide et à coûté une fortune. Il n’y a, apparemment, aucune construction comparable, ni à Shirdi, ni dans les alentours. Le samādhi (tombe) de Maharaj se trouve dans ce wada.

9 Kīrtana : chant dévotionnel, accompagné d’instruments de musique, pratiqué en procession dans les rues

ou sous forme de récitation chantée pour raconter la vie des saints.

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Bientôt, Shirdi fut orné d’un Sansthan (institution ou organisation). On célébrait des āratis10 pour Maharaj et, au moment du rituel, on se servait d’éventails, d’ombrelles et autres emblèmes de royauté. Lorsque Maharaj se rendait au Chavadi, Il était accompagné par des musiciens, un cheval, un palanquin, un porteur de sceptre, des chanteurs de bhajans, des drapeaux et des étendards, en somme tout un attirail. Le Chavadi fut décoré de miroirs, lampes, chandeliers et photographies. Le sol de la Mosquée et du Chavadi fut couvert de dalles, etc. Le mérite de cela revient entièrement à Sundarabai Kshirsagar alias Radhakrisdhna Ayi. Ce n’est pas une exagération de dire qu’elle était un guru de brûlante dévotion. Elle ne possédait aucun bien, mais, consacrée corps et âme au service de Maharaj, elle avait reçu différents articles de la part de fidèles et elle institua ainsi le Shirdi Sansthan. La malchance voulut qu’elle s’éteignît précocement, c’est-à-dire quand elle avait à peine 35 ans. Elle ne demeura à Shirdi que 8 ou 9 ans, mais en cette brève période elle réalisa ce qu’il aurait peut-être fallu 25 ans ou plus pour le réaliser. C’est grâce à cette dame que l’ārati de la nuit et celui du matin tôt furent institués en l’honneur de Maharaj dans le Chavadi. Durant les premières années, Maharaj ne permettait même pas que l’on fasse une pūja (rituel spécifique) en son honneur. Mahlsapati fut le premier autorisé à la faire. Après quelque temps, Sitaram Dengle, de Nimgaon, vint un jour pour offrir sa pūja à Maharaj, mais Celui-ci entra en colère, finissant toutefois par la lui permettre. Plus tard, le jeune fils de Nanasaheb Chandorkar, Mahadev alias Bapu, reçut la permission de célébrer une pūja de façon satisfaisante, et après cela tout le monde put la célébrer. Mais en ces jours-là, Maharaj ne permettait pas qu’on Lui fasse l’ārati. Après un certain temps, le privilège de célébrer le premier ārati incomba à Tatyasaheb Noolkar. Juge au Tribunal civil de Pandharpur, il était tombé malade et était venu à Shirdi durant un congé de maladie. Il désirait quitter son emploi et passer le reste de sa vie aux pieds de Maharaj ; finalement c’est ce qui se passa.

Radhakrishna Ayi rendait service de toutes les façons possibles. Deux fois par jour elle balayait et nettoyait le sentier que Maharaj allait parcourir. Elle enlevait elle-même les détritus. Avant elle, ce travail avait été fait par Balaji Patil Nevaskar. Ce fidèle, libre de tout attachement matériel, avait rompu tous ses liens avec le monde et était venu vivre ici. Plusieurs personnes cherchèrent à l’en dissuader et à le ramener chez lui, mais il ne quitta plus Shirdi. Il balayait le chemin et couvrait le sol de la Mosquée avec de la bouse de vache diluée dans de l’eau

(méthode antiseptique et anti-insectes). Il assistait de loin au darshan de Maharaj, il ne s’approchait pas de Lui. Il ne buvait que l’eau qui avait lavé les pieds de Maharaj ou celle de Son bain (qui avait coulé sur Son corps), ou encore l’eau que Maharaj avait cessé de boire. Il déposait devant Maharaj les fruits de ses champs et ne reprenait que ce que Maharaj lui donnait. Evidemment, Maharaj avait l’habitude de restituer toute chose. Après deux ans de séjour ici, Maharaj donna à Balaji Patil l’ordre de retourner chez lui et il quitta les lieux. Toutefois il revint fréquemment pour le darshan et

offrait ses récoltes à Maharaj. Après quelques années, il mourut.

Non seulement Radhakrishna Ayi rendait à Maharaj tous les services possibles, mais elle stimulait plusieurs fidèles à rendre service. Elle s’occupait des travaux les plus variés et veillait à ce que tout le monde participe. Les fidèles accomplissaient leurs tâches avec amour et passion. Hommes et femmes de tous les rangs sociaux étaient appelés. Tous les travaux –qu’il s’agisse de

10 ārati : rituel d’adoration avec l’ondoiement de flammes.

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déplacer de la terre et des pierres, de balayer les chemins, de préparer du ciment et de le porter, de creuser des fossés et de les remplir, de couper du bois, de nettoyer les lampes à huile et les chandeliers, de blanchir et peindre la Mosquée, de préparer des fleurs en papier, de porter en procession les fouets, les éventails de plumes de paon, les ombrelles ornementales, les drapeaux, de confectionner des drapeau, etc. – étaient effectués par des personnes de haut rang social et même par des femmes de la noblesse, heureuses d’avoir la chance de rendre service.

Maharaj suivait une routine très régulière. Il s’éveillait tôt le matin et s’asseyait près du dhuni. Un peu plus tard, Il accomplissait ses rites de purification, l’évacuation des intestins, etc. et se nettoyait lui-même. Ensuite Il restait assis tranquillement pour un moment. Entre-temps, Bhagoji Shinde venait enlever les bandages de la main droite de Maharaj et Lui faisait un massage sur tout le corps. Ensuite il bourrait le chillum, l’allumait et la passait à Maharaj pour qu’Il fume ; quand Maharaj avait tiré quelques bouffées, Il tendait la pipe à Bhagoji pour qu’il fume à son tour. Ce geste était répété cinq ou six fois, puis Bhagoji s’en allait. Ce Bhagoji avait la lèpre, mais Maharaj ne fit jamais aucune objection à recevoir ses services. Il ne changea jamais la routine qui le concernait. Quand Bhagoji était parti, Maharaj restait assis un moment, et pendant ce temps-là des fidèles réguliers venaient et accomplissaient leur service. Après cela, Maharaj se levait et se lavait le visage. La façon dont Il se lavait valait la peine d’être observée ; Il versait autant d’eau qu’Il voulait sur Ses bras, Ses pieds, Son visage, Ses oreilles, et lavait très délicatement toutes ces parties de Son corps11.

C’est ainsi qu’Il se lavait. Après s’être lavé le visage, Il se rendait dans le village pour demander l’aumône. Il allait frapper à cinq portes et attendait en un lieu fixe. Il recevait en don des denrées sèches et mangeait un peu à Son retour à la Mosquée. Après avoir mangé, Il s’arrêtait là un moment. Alors, les fidèles se rassemblaient et Maharaj leur donnait Son enseignement sous forme de paraboles. Parfois, durant la séance, Maharaj achetait des bananes, des goyaves et des mangues, et les distribuait aux présents. Il nourrissait même les gens de Ses propres mains. Quand je dis : « Il les nourrissait de Ses propres mains », je veux dire que Maharaj pelait les bananes, coupait les goyaves en morceaux et pétrissait les mangues avant de les donner Lui-même à sucer. Après cela, Maharaj se rendait au Lendi (jardin) et y restait généralement une heure. Depuis Son retour du Lendi jusqu’à 2 h de l’après-midi, Il restait à la Mosquée. C’était le moment pour les fidèles de pratiquer la pūja à Maharaj, leurs cérémonies d’adoration, l’ārati, etc. Ensuite, après le déjeuner, Maharaj allait encore une fois au Lendi. Il en revenait après trois-quarts d’heure environ et restait dans la Mosquée jusqu’au soir. Normalement la journée offrait trois rencontres avec Maharaj : la première après le petit-déjeuner, la seconde à son retour du Lendi et la troisième vers cinq heures de l’après-midi. Durant ces trois périodes, Maharaj donnait Son enseignement sous forme d’histoires. Par Ses paroles Il solutionnait les problèmes et dissipait les doutes des personnes rassemblées, et les gens obtenaient une réponse aux questions qui les concernaient. Maharaj ne parlait pas ouvertement sur des sujets profonds du Vedānta ; Il ne faisait pas de discours sur les Upanishads. Ses enseignements regardaient essentiellement le bon comportement. La méthode du Sadguru, selon les shastras, consiste à purifier le mental du disciple et à y planter les graines de la connaissance ; c’est exactement ce que faisait Maharaj. C’est pourquoi Ses enseignements se rapportaient à des questions de morale et d’éthique. Mais, au lieu d’enseignements verbaux clairs et précis, les fidèles recevaient de Maharaj des exemples et des expériences, nombreux et

11 Pratique similaire à celle des Musulmans avant Namaz

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inestimables. Dès lors, ceux qui vinrent à Maharaj en toute foi, en tirèrent les plus grands bénéfices.

La plupart des visiteurs de Maharaj venaient avec des désirs et des souhaits à combler, mais Maharaj satisfaisait leurs souhaits et tournait leur esprit vers leur plus grand bien sans qu’ils en fussent conscients. Maharaj s’était fait avatar12 pour le bien des hommes et Il veillait au bien-être de tous, sans aucun doute. Il est impossible de décrire correctement Ses līlas et Ses qualités.

« Les attributs de Dieu sont infinis. Celui qui se comporte comme un enfant ne peut pas être comparé à Dieu. Tout comme, sur la terre, l’on ne peut dénombrer les particules, quel que soit le temps que l’on y mette, ainsi on ne peut adéquatement décrire les pouvoirs d’un tel Etre ! »

Toutefois, dans la mesure du possible, des līlas de Maharaj sont rassemblés ici dans l’intérêt général, j’en suis tout à fait convaincu. Cette compilation a été faite par mon ami révéré, Govind Raghunath alias Annasaheb Dabholkar, et il a rédigé une grande partie en vers. Cette expression versifiée a été commencée du vivant de Maharaj et avec sa permission explicite. À ce jour, trente-cinq chapitres sont prêts. L’ouvrage s’est révélé attrayant et profondément émouvant. Sans aucun doute les fidèles de Maharaj et même d’autres lecteurs le trouveront très utile. Comme la versification est basée sur le mètre d’Ekanath Maharaj, en lisant cet ouvrage on se souvient fréquemment du Saint. En somme, le présent ouvrage est le fruit de la grâce de Shrī Sainath Maharaj et cela est ressenti à chaque pas.

Je termine cet Avant-Propos par la prière suivante, adressée à Maharaj : « Par cet ouvrage, puissent Ses fidèles et d’autres lecteurs être comblés de bénédictions et acquérir la Connaissance. Puisse leur foi en Maharaj se renforcer toujours davantage. »

L’un des Enfants de Baba

Hari Sitaram Dikshit

Kakasaheb Dikshit

12 Avatar : manifestation d’un Etre divin sur la Terre, Incarnation divine.

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Invocation

SALUTATIONS À SHRI GANESHA, SALUTATIONS À SHRI SARASVATI,

SALUTATIONS AU GURU SALUTATIONS À LA DÉITÉ TUTÉLAIRE DE LA FAMILLE

SALUTATIONS À SHRI SITA-RAMACHANDRA SALUTATIONS À SHRI SADGURU SAINATH

Lorsqu’ils commencent un ouvrage, le sage et l’érudit font l’éloge des déités tutélaires et implorent leurs bénédictions afin que leur tâche soit menée à bien sans aucun problème. Ils invoquent les déités pour qu’elles écartent tous les obstacles et satisfassent leurs désirs. Salutations à tous. J’offre avant tout mon adoration à Ganapati-Vakratundāya, image débonnaire, le Seigneur et Maître des quatorze branches du savoir13, figure propice à la tête d’éléphant. Les quatorze mondes14 sont contenus dans Ton ventre, c’est pourquoi on Te dit extrêmement corpulent ; Tu tiens dans la main le brillant couperet car Tu désires trancher radicalement les difficultés de tes dévots. O Seigneur Gananātha, ô Gajānana, Toi qui aplanis les obstacles. Je me prosterne devant Toi. Tu es le secours des dévots. Les obstacles s’écroulent et s’écrasent sous Tes pieds. Si Tu leur fais face, tous les manquements disparaissent. Tu es le bateau sur l’océan de l’existence, la lumière dans l’obscurité de l’ignorance. Veille joyeusement sur moi avec tes Riddhi et Siddhi15 Salut à Toi, qui as une souris pour véhicule, Toi le destructeur de la forêt des empêchements. Tu es le fils de Girija16 au visage favorable. Je me prosterne devant Toi. Puissé-je arriver sans difficulté au bout de ce travail. C’est pourquoi j’ai suivi la coutume d’offrir des salutations respectueuses aux déités bien-aimées, en tout bien tout honneur.

Sāī Lui-même est Gajānana Ganapati. Sāī Lui-même a un couperet entre les mains. Annule complètement mes difficultés, car à présent j’entreprends ma tâche sacrée. Sāī Lui-même est Balachandra, Il est Lui-même Gajānana avec une seule défense et des oreilles d’éléphant. Il est l’être formidable à la défense brisée, le destructeur de la forêt des difficultés.

13 Les Vedas et Vedangas, les Puranas, la Mimamsa, etc. 14 Les 7 paradis : Bhūloka (terre), Bhūvarloka (monde intermédiaire), Svarloka (ciel), Mahaloka (monde des

astres), Tapoloka (paradis des ascètes), Janaloka (monde des fils de Brahmâ), Satyaloka (paradis des rishis)

Les 7 enfers : Atala, Vittala, Muttala, Talatala, Mahatala, Rasatala et Patala., 15 Riddhi et Siddhi : deux deités féminines au service de Ganesha, qui confèrent des pouvoirs psychiques et

spirituels. 16 Girija : Parvati, épouse de Shiva.

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Ô Toi, Ganapati, le plus saint des saints, Toi au corps immense, il n’y a aucune différence entre Toi et Sai. S’il Te plaît, prends-moi dans Ta demeure, là où Tu résides dans le contentement.

Maintenant, je me prosterne devant Sarasvati, la fille de Brahmā, qui inspire l’intelligence. Puisses-Tu faire de mon intellect Ton cygne17 et le maitriser. Elle tient entre ses mains la vīna de Brahmā, Elle a un point rouge sur le front. Elle est vêtue de blanc virginal et son véhicule est un cygne. Accorde-moi Tes bénédictions.

Elle est la Déité de la parole et Mère de l’univers. Sans sa grâce aucune activité littéraire n’est possible ; sans ses bénédictions, je ne serais pas capable de rédiger ces vers sacrés. Cette Mère de l’univers est la source des Védas. Elle est la splendeur de la Connaissance et l’excellence du mental. Puisse le nectar du Sai Samartha Charita être bu par les dévots à travers moi.

Sāī est Lui-même la divine Sarasvati tenant entre ses mains la vīna qui émet le divin son Aum. Il chante Lui-même l’histoire de sa propre vie pour le salut des fidèles.

Salutations à Brahmā, Vishnu et Shankar (Shiva) qui représentent la création, la conservation

et la dissolution de l’univers, et la quintessence de rajas, sattva et tamas (18). Ô Sāīnath, Incarnation de la Lumière, Tu es pour nous Ganesha, Seigneur de Savitri, Tu es Ramesh et Umesh (Trinité hindoue).

Tu es pour nous le Sadguru. Tu es le bateau qui nous fait traverser l’océan de l’existence. Nous, Tes fidèles, sommes les passagers. Porte-nous sur l’autre rive. Sans avoir accompli quelques bonnes actions dans nos vies antérieures, comment pourrions-nous avoir mérité une telle place à Tes Pieds ?

Mes salutations à la Déité tutélaire de la famille, Nārāyana Adinātha19, l’Habitant de l’océan de lait, Lui qui écarte toute affliction. Parashurama fit se retirer l’océan et fit surgir une terre nouvelle que l’on appelle Konkan. C’est là qu’est apparu Nārāyana.

Je dépends entièrement de Nārāyana, l‘Habitant intérieur de tous les êtres, qui contrôle les vivants et les protège par son regard miséricordieux. De Lui je tire mon inspiration.

De même je salue avec le plus grand respect mon ancêtre le grand Sage du pays Gowda, amené par Bhargava pour accomplir son sacrifice ou yajñā.

Maintenant, je présente mes salutations au roi des Rishis, Bharadvaja, le fondateur de mon gotra (lignée) appartenant à la branche Shakala du Rigveda, la caste brahmane provenant de Gowda.

17 Le cygne est le véhicule de Sarasvati. 18 Les trois qualités qui régissent l’univers, à savoir l’activité-passion, l’harmonie-perfection et l’inertie-

ignorance. 19 Le Seigneur primordial qui se meut sur les Eaux de l’espace. Titre de Vishnu sous Son aspect Esprit-

Saint.

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Ensuite je salue les Brahmanas, incarnations du Suprême Brahman, et puis Yajñāvalkya (auteur du Shukla Yajur Veda), Bhrigu (fils de Manu), Parashar (narrateur du Vishnu purāna) et Nārada (fils de Brahmā), les meilleurs des Yogis.

Salutations également à Vyāsa, connu par les Védas, Parashara, Sanaka, Sanadana, Sanatkumara, Shuka, Shaunaka le compositeur des Sūtras, à Visvamitra et à Vashishta. Egalement à Valmiki, Vamadeva, Jaimini, Vaishampayana et d’autres. Je me prosterne aux pieds des neuf grands Yogis et munis.

À présent j’adresse mes salutations aux saints et aux vertueux tels que Nivritti, Jñāneshvar, Muktabai, Sopan, Eknath et son Guru Janardhana, Tukaram Kanha (Patra) et Narhari. Ce livre ne suffirait pas si je nommais tous les saints. Dès lors je m’incline devant eux tous et implore leurs bénédictions.

Maintenant je salue Sadashiv, mon grand-père à l’éclatante piété, qui demeura toujours à Badrikedar, car il pensait que cette vie matérielle était insignifiante.

Ensuite je m’incline devant mon père qui adorait toujours Sadashiva, portait un collier de rudraksha autour du cou et révérait Shiva comme sa Déité tutélaire.

Maintenant je m’incline devant celle qui m’a donné le jour (ma mère), qui a pris soin de moi et s’est donné de la peine jour et nuit. Combien de ses innombrables services sont restés à présent dans ma mémoire ? Elle m’a quitté quand j’étais encore enfant et ma tante paternelle a pris soin de m’élever avec grande force d’âme. Je pose mon front sur ses pieds, elle qui était toujours absorbée dans le souvenir du Seigneur Hari.

J’incline ma tête devant les pieds de mon frère aîné pour son affection fraternelle sans pareille, lui qui a conditionné sa propre vie dans mon intérêt.

Et maintenant je m’incline devant les lecteurs et les prie de m’accorder leur attention. S’ils sont inattentifs, comment puis-je obtenir satisfaction ? Lorsque les lecteurs sont intelligents et apprécient la lecture, lorsqu’ils désirent lire le récit encore et encore, le narrateur y gagne en enthousiasme. Si vous êtes inattentifs, à quoi servira cette narration ? Dès lors je me prosterne devant vous et vous prie d’écouter, le cœur joyeux.

Je n’ai aucune connaissance de l’étymologie, je ne suis pas versé dans les Ecritures et je n’ai pas entendu réciter les textes sacrés. Vous en êtes bien conscients. Je reconnais mes propres limites et mon manque de valeur. Cependant, pour satisfaire ma promesse au Guru, je me donne de la peine pour rédiger cet ouvrage. Ma conscience me dit que je ne suis qu’un brin d’herbe en face de vous, mais, s’il vous plaît, acceptez-moi comme l’un des vôtres et soyez bons envers moi.

Et à présent, j’invoque le Sadguru, je me prosterne à Ses pieds avec amour et je lui abandonne mon corps, ma parole et mon esprit, à Lui qui accorde sagesse et inspiration. Quand nous prenons notre repas, le dessert est toujours servi à la fin ; ainsi je présente au Guru mes salutations en douce conclusion de mes prosternations.

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Om, salutations à Toi, Sadgururāya, Refuge de cette création animée et inanimée. Ô Toi, Demeure du monde entier, Tu es miséricordieux. La terre, les sept îles, les neuf continents, les sept cieux et le monde inférieur sont tous nés de l’Hiranyagarbha, lui-même étant le fameux Brahmanda. Le Sadguru demeure bien au-delà de ce qui est connu comme māyā, ce que le Brahmanda crée ici-bas et qui est invisible ou illusoire.

Même les Védas n’ont pas été en mesure de décrire sa grandeur et gardent donc le silence. Ni fioriture ni tournure de style n’y parviennent. Quelle que soit la métaphore que j’emploie pour Te comparer, ces attributs mêmes T’appartiennent. Tout ce que les yeux voient est Ta propre création.

Tel est Shrī Sāīnatha, le Sadguru puissant et miséricordieux, que seul le Soi intérieur peut connaître. Ô Toi le transcendant, Toi l’Eternel, devant Toi je me prosterne. Je m’abandonne à Toi, le Meilleur de tous les êtres, toujours heureux, pleinement satisfait, resplendissant de sa propre lumière, centre de toute positivité, réalisé, précepteur des précepteurs.

Dans leur chant de louanges pour Toi, même les Védas et la Shruti restent silencieux. Dès lors aurais-je moi l’intelligence de Te louer ou de comprendre Ta nature ?

Salut à Toi, ô Sadguru, trésor de Bonté. Salut à Toi, qui demeures au bord de la rivière Godavari. Salut à Toi, Brahmā, Vishnu et Shankara, Incarnation de Dattatreya. Je me prosterne devant Toi. Le Brahmanda de Brahmā ne peut pas exister sans le Sadguru. Je fais ondoyer devant Toi mes cinq prānas (souffles vitaux) et je m’abandonne à Toi en consécration totale, implorant Ta protection.

J’incline humblement ma tête, je serre ses pieds entre mes mains, je regarde son visage et je bois l’eau sacrée qui a lavé ses pieds.

Restez à l’écoute des louanges de Sai, gravez son portrait dans votre esprit et méditez sans cesse sur Lui. Cela rompra vos liens avec la vie matérielle. Offrez-vous entièrement, corps et âme, aux pieds du Sadguru. Passez votre vie entière à servir le Guru.

Le nom du Guru, le contact direct avec Lui, Sa grâce et l’eau sacrée qui a lavé Ses pieds, le saint mantra donné par le Guru et séjourner dans Sa demeure, sont des choses que l’on ne peut obtenir que par de grands efforts.

Après avoir testé ses fidèles par son pouvoir, Il les élève jusqu’au seuil de moksha (libération) sans qu’ils en soient conscients. L’association avec le Guru est semblable aux eaux du Gange qui nettoient et rendent pur. Elle établit le mental en Dieu ; sans elle, notre mental resterait instable.

Le service au Guru équivaut à nos Védas, Shastras et Purānas. Le Yoga et l’ascèse nous mènent aux pieds du Guru et sont nos moyens de salut. Nos Védas et Shastras ne sont rien de plus que le pieux nom de Shrī Sadguru. Notre mantra est Sai Samartha. C’est aussi notre seul yantra et notre seul tantra.

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Quotidiennement nous expérimentons le fait que Brahman est Réalité. Chaque jour, nous prenons conscience du fait que le monde est illusoire. Sai accorde à ses fidèles cet état de joie céleste.

La joie du Soi suprême et sa réalisation, la condition de notre identité avec Brahmānanda, tout cela n’est qu’un verbiage confus. Ce qu’il nous faut, c’est un état de joie permanent.

Si l’on est imprégné de cet état d’esprit et que l’on reste dans la même condition, jouissant de la paix et du contentement, c’est déjà la réalisation du Soi. Sai est un puits sans fond de béatitude. Le fidèle chanceux ne manque pas de suprême félicité. Un tel fidèle est plein comme l’océan.

Shiva et Shakti, Purusha et Prakruti, les souffles vitaux et leur mouvement, la lampe et son éclat… si l’on voit en tout cela de la dualité, c’est que l’on déforme la nature du Pur Brahman, car ils sont une seule et même chose. Les Védas déclarent que Brahman n’aime pas être seul et qu’Il désire être multitude. Ainsi est née la diversité des formes, qui doivent retrouver l’Unité. Dans l’état de Pur Brahman, il n’y a ni Soi suprême ni Nature. Si le soleil attend, comment pourrait-il y avoir le jour et la nuit ?

L’Etre réel est sans qualités et les transcende, mais dans l’intérêt de ses fidèles, Il assume une forme. Cela est Sai, le Pur. Je m’abandonne entièrement à Lui. À ceux qui s’abandonnent à Lui, Sāī Samartha évite plusieurs malheurs. C’est pourquoi, dans un but personnel tout à fait égoïste, je me prosterne à ses pieds.

Du point de vue de la Réalité, Il est absolument intouché. Mais pour accorder la joie de la dévotion, Il prend différentes formes et accomplit des līlas en faveur de ses fidèles. Devant Lui, l’Adorable, je m’incline. Lui, la Conscience cosmique en tous les êtres, Lui, le siège de la Conscience de soi qui a pris la forme de la conscience physique, je m’incline devant Lui, l’Adorable.

Tu es mon dernier ressort, Tu es mon refuge ; Tu satisfais la dévotion de Ton fidèle. Ô Gururāya, Tu es Béatitude incarnée.

Maintenant, en conclusion de mes salutations, je m’incline devant tous les êtres, car Dieu est présent en tous. Accepte-moi dans ton entourage. Je me prosterne devant tous les êtres vivants, afin que le Seigneur de l’Univers soit content. Dieu est omniprésent, complet et sans différence.

Par ces mots je conclus mes salutations, par lesquelles je vais pouvoir aller jusqu’au bout de ce que j’ai commencé. Elles sont une ouverture propice pour cet ouvrage. Maintenant je vais exposer le propos de cette œuvre.

Depuis le moment où Sāī m’a accordé Sa grâce et Sa faveur, je ne pense plus qu’à Lui, jour et nuit. Il a dissipé ma peur de l’existence matérielle et la crainte de la ronde des naissances et des morts. Il n’y a plus pour moi aucune autre prière, aucune autre ascèse. Je ne vois plus qu’une seule forme – la pure forme de Sāī.

Dès que l’on voit le visage de Sāī, on oublie la faim et la soif. Quelle importance peuvent avoir les autres plaisirs ? On perd de vue les détresses du monde. Dans les yeux de Bābā, on oublie sa

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propre existence. Des vagues d’amour jaillissent du cœur et le monde entier est baigné dans le ravissement de la dévotion.

Action, religion, Écritures sacrées, purānas, yoga, sacrifices, célébration des cérémonies religieuses prescrites, pèlerinages aux lieux saints et ascèse, tout cela se résume pour moi dans les pieds de Sāī.

La mise en pratique incessante des enseignements du Guru et une ferme adhésion à ses principes produisent en nous une foi inébranlable et une stabilité sans oscillation.

C’est grâce aux fruits de mes actions passées que mon attachement à Sāī s’est accru et que j’ai commencé à ressentir son indicible pouvoir. Comment pourrais-je le décrire ? Ce pouvoir, qui fait naître la dévotion et l’attachement aux Pieds de Sāī, pousse aussi au détachement, dans notre participation à la vie du monde, et confère un grand bonheur.

Les divers sentiers de la dévotion ont été décrits par plusieurs personnes. Dans le courant de la présente narration, je vais parler brièvement de la nature et des caractéristiques de la dévotion, dans la mesure de mes capacités. « La toute première forme de dévotion consiste à réaliser une harmonieuse connexion avec son Soi intérieur », disent les experts dans les Vedas et les Shastras, et les guides spirituels compétents.

Parashar (père de Vyāsa, Ndt.) et Vyāsa lui-même indiquèrent la pūja et l’archana, accomplies par amour pour Dieu, comme les moyens d’exprimer sa dévotion. Ce sont aussi des formes d’adoration.

Cueillir des fleurs de parijata et d’autres pour le Guru, balayer la cour devant l’habitation du Guru, l’asperger d’eau et la couvrir d’une mince couche de bouse de vache liquéfiée. Au lever du soleil, se baigner et chanter les mantras du matin ; préparer une pâte de santal et oindre le Guru de ce parfum, lui donner un bain rituel avec les cinq substances nectarées (lait, miel, beurre clarifié, yaourt et jus de canne à sucre), brûler devant lui de l’encens et allumer des lampes à huile. Ensuite offrir naivedya (offrande de nourriture), et puis faire l’ārati avec la lampe et l‘encens. Lorsqu’on pratique ainsi, avec amour, tous les services au Guru, la dévotion prend le nom d’archana (adoration).

Commencez l’adoration par la purification de votre cœur et de votre intelligence pour les débarrasser de toute souillure. Avec cette disposition de pureté, invoquez le pouvoir du Dieu qui demeure en vous-mêmes. Revenez à ce sentiment divin quand l’archana est terminé. Restaurez en votre cœur cet état premier et établissez-le fermement en vous.

Mais il existe d’autres façons d’exprimer la dévotion. Selon Gargacharya, quand notre mental est entièrement absorbé par le chant des louanges de Dieu, il devient un avec Lui (c’est une façon de L’adorer).

Une autre forme de bhakti, comme la décrit Shandilya, consiste dans le fait d’être continuellement conscient de son propre Soi réel, de narrer l’histoire des Saints et de chanter des cantiques religieux, tout en gardant un comportement discipliné.

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Ceux qui savent ce qui est bon pour eux se conforment aux Vedas et agissent selon leurs prescriptions ; ils évitent toute conduite mauvaise ou impropre et toutes les choses qui font obstacle à leur propre bien.

Je ne suis l’auteur d’aucune action ni le bénéficiaire de leurs résultats. Si telle est ma ferme conviction, mon action est libre de tout ego et je pratique l’abandon à l’Être Suprême pour m’unir à Lui. Accomplissez tous vos actes de cette manière. Alors vous atteindrez naturellement un état dans lequel vous deviendrez non-agissant. Bien qu’il soit impossible d’éviter le karma, il est toutefois possible d’éviter le fruit du karma.

Pour enlever une épine on se sert d’une autre épine. Pour devenir non-agissant, vous devez agir en conformité à tous les karmas. Le karma ne prend fin que lorsque la Réalisation a lieu.

La meilleure façon de renoncer aux désirs est de cesser complètement de désirer le fruit de nos actes. Accomplissez vos tâches quotidiennes et en particuliers les devoirs qui vous sont prescrits. Cela est la loi de la rectitude.

Offrez à Dieu toutes vos actions et soyez désolés si vous L’oubliez ne fut-ce qu’un instant. Cela est la Bhakti de Nārada, quelque peu différente des autres formes de dévotion. Il existe de nombreuses dévotions de ce type, toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Grâce au simple souvenir des actes du Guru, nous traverserons l’océan de la vie matérielle sans être touchés par ses eaux.

J’ai été pris d’une grande passion pour l’écoute des histoires du Guru, elles me captivaient. J’ai ressentis le besoin d’écrire mes expériences à son sujet.

Puis un jour, alors que je me trouvais à Shirdi et que j’étais dans la Mosquée pour avoir son darshan, j’ai vu Bābā moudre du froment et cela m’a fortement surpris. Je vais commencer par cette histoire. Ecoutez-la l’esprit serein. De ce fait est née entièrement l’idée du présent Satcharita.

Il est dit que les meilleurs shlokas (versets sanskrits) sont ceux qui parlent de la gloire divine. Le récit des actes (de Sāī) et de son amour universel purifiera le mental et clarifiera l’intellect. En lisant les histoires de sa vie et de ses līlas, vous écarterez de vous les trois types d’afflictions et vous éprouverez de la satisfaction. Les affligés des trois types de malheur, tout comme les aspirants au salut, cherchent joyeusement refuge à Ses pieds et sont ainsi enrichis par les expériences spirituelles.

À présent, accordez-moi votre attention. Lisez ce récit enchanteur, qui vous surprendra grandement, au sujet de la bonté de Bābā. Un matin, après s’être lavé le visage et brossé les dents, Bābā s’est mis à préparer la mouture du grain. Un panier à la main, Il s’est dirigé vers un sac plein de froment qu’Il tenait en réserve, et a transvasé le grain, mesure après mesure, dans le panier. Il a étalé un sac vide sur le sol, y a posé la meule, puis a enfoncé fermement la cheville en elle pour qu’elle ne se déplace pas durant la mouture. Après avoir relevé Ses manches et remonté les pans de Son kafni, Il s’est assis à côté de la meule et a allongé les jambes.

J’étais grandement surpris et je me demandais le pourquoi de cette mouture par un homme sans possessions ni ressources. Pourquoi devait-Il s’occuper de cela ? Qu’importe. Tenant de sa

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main la cheville, la tête penchée vers l’avant, Bābā s’est mis à faire tourner la meule de Ses propres mains et a écarté sans hésitation la farine qui en sortait, comme s’Il broyait des forces ennemies. J’avais vu nombre de saints, mais aucun n’était meunier ! Lui seul connaît le plaisir et la nouveauté de la mouture du froment.

Les personnes présentes étaient stupéfaites, mais aucune n’osait Lui demander ce qu’Il faisait. Aussitôt que la nouvelle se répandit dans le village, hommes et femmes, tous accoururent Les femmes arrivèrent toutes essoufflées. Quatre femmes gravirent les marches du Masjid et en toute hâte arrachèrent de force la cheville de la meule des mains de Bābā.

La colère de Bābā éclata contre elles, mais elles se mirent immédiatement à moudre le grain. Et, tout en moulant, elles chantaient des cantiques de louange à Bābā et à Ses līlas. Comme Il voyait l’amour de ces femmes, Sa prétendue colère s’est calmée. La fureur s’est transformée en douceur et Bābā s’est mis à sourire.

Quatre mesures de froment étaient moulues et le panier était vide. Alors l’imagination des femmes a commencé à danser sans contrôle. « Bābā ne cuisine pas de chappatis (pain azyme). Il va mendier sa nourriture. Que va-t-Il faire de cette farine de blé ? », pensaient les femmes. « Bābā n’a ni épouse ni enfant. Il vit seul, Il n’a ni foyer ni famille. Pourquoi tant de farine ? »

L’une d’elles se dit : « Bābā est la bonté même. Ce līla est accompli uniquement par amour pour nous. Il va tout de suite distribuer cette farine à chacune de nous. Maintenant Il va faire quatre parts – une pour chacune ». Elles bâtissaient ainsi des châteaux en Espagne.

Seul Bābā connaît Ses jeux. Personne d’autre ne peut en mesurer la portée. Mais les femmes envisageaient de piller Bābā par pure avidité. La farine était prête et le grain entièrement moulu. La meule a été remise contre le mur. Les femmes ont commencé à remplir le panier de farine, avec l’idée de l’emporter dans leurs maisons.

Jusqu’à ce moment-là, Bābā n’avait pas proféré un seul mot. Quand les quatre femmes ont divisé la farine en quatre parts, alors mes amis, écoutez ce qu’Il a dit :

« Quelle avidité ! Êtes-vous folles ? Que prenez-vous, où l’emportez-vous ? Croyez-vous qu’elle appartient à votre père ? Allez à la périphérie du village et jetez-y la farine. Vous, bonnes à rien, vous êtes venues en courant pour me piller. Aviez-vous donné le grain en prêt, pour vouloir ainsi emporter la farine ? »

Les femmes se sont mises à geindre et à s’accuser mutuellement ; elles étaient honteuses de leur avidité. Elles ont échangé des murmures et se sont précipitées aux portes du village. Personne ne peut deviner les raisons de Bābā car, quand Il commence une chose, personne ne sait où elle va aboutir. Si nous sommes patients, nous connaîtrons le résultat. Les merveilles de Bābā sont extraordinaires.

Peu après, j’ai demandé aux gens pourquoi Bābā avait agi ainsi. Ils m’ont expliqué que, de cette façon, Il avait empêché l’épidémie de choléra de se répandre. Ce n’était pas du froment, mais le choléra, qu’Il broyait dans la meule ; ensuite, la farine (la maladie) avait été jetée par poignées aux abords du village.

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La farine a été jetée sur les rives du ruisseau ; aussitôt après, l’épidémie a régressé. Les mauvais jours ont rapidement appartenu au passé. Telle était la capacité de Bābā. Le village avait été affecté par une épidémie de choléra, et Sāīnath avait trouvé ce remède. La maladie fut complètement éradiquée et la paix fut rétablie dans le village.

Témoin de ce spectacle de la mouture, j’étais déconcerté. Comment relier la cause et l’effet ? Comment trouver des preuves ? Quel rapport y avait-il entre le froment et la maladie ? Après avoir vu cet incident inconcevable, j’ai eu l’idée d’écrire un livre. L’amour a jailli en moi comme les vagues de la mer ; j’avais envie de chanter la douce histoire de Bābā jusqu’au débordement de mon cœur.

Hemad s’abandonne à Sāīnath. Ici s’achève l’invocation propice, avec les salutations aux parents, aux amis et aux saints. Mes salutations éternelles au Sadguru.

Au prochain chapitre, je vais parler de l’intention du présent ouvrage et donner un aperçu de mes capacités et responsabilités, au mieux de mon habileté. Les lecteurs devraient y prêter toute leur attention. De cette façon, autant les lecteurs que l’auteur tireront bénéfice de ce Shrī Sāī Satcharita. Qui est cet écrivain nommé Hemadpant ? Cela sera clarifié plus tard.

Puisse la Paix régner en Maître. Ainsi se termine le premier chapitre intitulé « Invocation »

de l’ouvrage Shrī Sai Samartha Satcharita, compilé par le fidèle Hemadpant, sollicité par

les Saints et les personnes vertueuses.

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But de l’Ouvrage – Nom donné à l’Auteur

SALUTATIONS À SHRI GANESHA, SALUTATIONS À SHRI SARASVATI,

SALUTATIONS AU GURU SALUTATIONS A LA DEITE TUTELAIRE DE LA FAMILLE

SALUTATIONS A SHRI SITA-RAMACHANDRA SALUTATIONS A SHRI SADGURU SAINATH

Au chapitre précédent, l’invocation a été faite par les salutations aux déités, aux ancêtres de la famille et au Guru. Après avoir planté les graines du Satcharita, commençons par expliquer le but de cette tâche. Nous allons survoler rapidement les qualifications et la décision de l’auteur, de sorte que les lecteurs entrent dans le cœur de l’œuvre sans aucun effort.

Nous avons vu comment Bābā, à la grande surprise des villageois, a recouru à la mouture du froment pour bloquer une épidémie de choléra. En entendant raconter ce merveilleux līla de Sāī, mon cœur débordait de joie et d’amour, et ceux-ci ont pris la forme de la présente composition poétique (l’œuvre originale Marathe est écrite en vers, Ndt.). Toute ma gratitude à Sāī. J’ai donc pensé ceci : je devrais décrire, au mieux de mes capacités, les actes bénis de Sāī, car ils seront instructifs pour les fidèles et les purifieront de leurs fautes. J’ai donc entrepris de rédiger les actes de Sāī, plein de respect et de piété, en relatant des histoires qui rendent heureux ici-bas et dans l’au-delà. La vie d’un Saint est comme un guide sur la voie de la rectitude. Elle n’est pas un traité d’épistémologie ou de logique. Pour celui qui bénéficie de la grâce d’un Saint rien n’est étrange ni surprenant. Alors, voici ma prière aux lecteurs : venez, partagez avec moi cette joie. Grandement béni est celui qui est toujours en compagnie des vertueux, absorbé dans l’étude attentive de l’histoire des Saints. Mais, si je ne suis même pas capable d’écrire la biographie d’un ami intime ou d’une compagne de longue date avec qui j’ai vécu jour et nuit, imaginez ce que cela peut être quand il s’agit de la biographie d’un Saint ! Moi, qui suis incapable de connaître à fond ma propre nature, comment pourrais-je sans erreur exprimer les pensées d’un Saint ? Si même les quatre Védas deviennent silencieux quand il s’agit de décrire le Soi intérieur, comment pourrais-je comprendre Ta vraie nature, ô Sāī ? Il faudrait d’abord être soi-même un saint, avant de pouvoir comprendre pleinement les Saints. En cela, je suis parfaitement conscient de mes limites. L’esprit humain peut mesurer le volume des sept mers, il peut parcourir l’ample voûte céleste, mais l’image d’un Saint ne peut être réfléchie par aucun miroir.

Je sais, en mon for intérieur, que je suis insignifiant. Cependant, la puissance illimitée de Bābā et Sa gloire ont créé en moi un désir irrésistible de chanter, une impulsion incontrôlable.

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Gloire à Toi, ô Sāī, Refuge des simples et des démunis. Ton Amour est insondable, impossible à décrire. Sois bienveillant envers moi, Ton humble serviteur. Je me lance dans cette aventure de rédiger un résumé de Ta vie, mais mes capacités sont bien limitées. Je T’en prie, sauve-moi du ridicule en face du monde. Le Saint Jñāneshvar a dit que ceux qui écrivent la biographie des Saints reçoivent de Dieu une bénédiction spéciale. C’est Dieu Lui-même qui a allumé en mon cœur l’inspiration d’écrire. Aussi lourd et borné que je sois, Il sait parfaitement comment accomplir Son propre travail. Quel que soit le service que les fidèles pensent rendre aux Saints, en fait ceux-ci font eux-mêmes le travail. L’inspiration vient d’eux. Les fidèles sont de simples instruments. En somme, Sāī Lui-même fait en sorte que sa Vie soit narrée par l’intermédiaire d’un pauvre idiot ignorant tel que moi. C’est là la grandeur de cet ouvrage, qui invite au respect. Dieu, les ascètes et les Saints peuvent faire rédiger leur histoire par toute personne de leur choix, en lui donnant leur grâce. La merveilleuse vie de Shrī Sāī a été narrée dans les trois chapitres du Bhakta Leelamrut (de Das Ganu, Ndt.) Les lecteurs devraient consulter cet ouvrage. Il y a également, au chapitre 57 du Sant Kathamrut (du même auteur), une histoire instructive racontée par Sāī à un fidèle. Elle vaut la peine d’être lue. De plus, Raghunath et Savitri ont raconté, dans leur Bhajanmala, les miracles de Sāī dont ils ont fait eux-mêmes l’expérience. Un « enfant de Bābā », Hari Sitaram Dixit, a enrichi cet ouvrage par une préface adorable, dans laquelle il a exposé la vie nectarée de Sāī, comparable à la rosée qui abreuve l’oiseau mythique Chakata, les nuits de pleine lune. Les poèmes de Das Ganu sont débordants de sentiment et plaisent aux lecteurs lorsqu’ils lisent le récit des līlas de Bābā. De plus, à Pune, d’éminents fidèles ont déjà publié une série de récits de Bābā sous le titre Sāī Prabha. Puisque ces ouvrages existent, quelle est la nécessité de celui-ci ? Les lecteurs pourraient se le demander. Alors, je les prie d’écouter ma justification. L’histoire de la vie de Sāī est un vaste océan - infini, sans limites, une mine de joyaux. Comment moi, pauvre petit vanneau20, pourrais-je l’épuiser. Comment pourrais-je vider cet océan ? La vie de Sāī est insondable, il est impossible de la raconter entièrement sous tous ses aspects. Je devrai donc me contenter de le faire au mieux de mes capacités. Les actes innombrables et extraordinaires de Bābā confèrent la paix à tous ceux qui sont profondément empêtrés dans la vie matérielle. Les lecteurs auront de la joie à les lire et ses propres fidèles trouveront la sérénité mentale. Les histoires que Bābā racontait étaient de types divers – certaines apportaient un message de sagesse pratique au sujet d’expériences communes ou de petites manies secrètes des fidèles.

20 Selon la mythologie, cet oiseau aurait bu tout l’océan d’une seule gorgée

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Les divins Védas sont bien connus et d’eux sont tirées d’innombrables histoires. D’une façon similaire, Bābā racontait beaucoup de paraboles agréables et chargées de signification. Lorsqu’on prête l’oreille attentivement à ces récits, tous les autres plaisirs perdent leur attrait. On oublie la faim et la soif et la satisfaction intérieure est grande. Certaines personnes peuvent aspirer à l’unité avec Brahman, certaines peuvent pratiquer scrupuleusement les huit branches du Yoga, certaines autres peuvent rechercher l’accomplissement dans la joie du samādhi. Mais toutes ces choses peuvent être vécues par la simple écoute des histoires de Sāī. Ces récits libèrent les auditeurs du poids de leur karma, illuminent leur esprit et apportent la joie à chacun. C’est pourquoi j’ai eu l’intense désir et l’inspiration de récolter les faits dignes d’être conservés. C’était, à mon avis, la meilleure forme d’adoration. Par quelques mots tombés dans des oreilles attentives, les malheurs de l’existence peuvent être balayés. Par la lecture respectueuse de cette histoire, ceux qui ont la foi vont être en mesure de traverser l’océan de l’existence matérielle.

Faisant de moi Son instrument, Bābā tiendra ma main pour former les lettres. Je reçois le bénéfice de la renommée, mais je ne suis qu’un instrument. C’est Lui qui rédige. Alors que j’observais depuis plusieurs années les līlas de Bābā, j’ai commencé à recueillir des histoires sur les actes de Bābā, au profit des fidèles simples et aimants. De cette façon, ceux qui ont eu le darshan physique de Bābā, mais qui n’ont pas pu satisfaire pleinement leurs yeux, pourront au moins obtenir quelques mérites en lisant le récit de Sa grandeur, et en seront purifiés. Et si une personne est si chanceuse qu’elle ressent le besoin de lire ces histoires, elle éprouvera de la joie intérieure et de la satisfaction en le faisant. Telles étaient les pensées qui me traversaient l’esprit et j’en ai fait part à Madhavrao Deshpande (Shyama). Mais j’avais encore quelques doutes sur la façon de m’y prendre.

J’avais passé le seuil des soixante ans et, à cet âge, l’esprit est plus enclin à créer des problèmes et à ériger des obstacles. De plus, la débilité de mon corps pouvait réduire mes efforts en un babillage de vieillard. Qu’au moins mon babillage soit pour l’amour de Sāī. Alors je pourrais obtenir le salut. Sinon il serait futile. Voilà la raison de mes efforts.

Il m’est venu l’idée de rédiger ce que j’expérimentais jour et nuit, car une contemplation constante de ces choses allait m’apporter la paix de l’esprit. Je souhaitais offrir aux lecteurs les affirmations que Bābā répétait et qui reposaient sur Sa réalisation du Soi. Baba racontait des paraboles sur fond de sagesse ; Il conduisait de nombreux fidèles sur la voie de la dévotion. Tout cela devait être conservé et cette collection devait être le poème religieux de Sāī. Aussi bien ceux qui narrent ces histoires que ceux qui les écoutent respectueusement en tireront le plus grand bénéfice, dans la sérénité et la paix éternelles. En écoutant les paroles jaillies directement des lèvres de Bābā, les fidèles oublieront leurs souffrances physiques. Et s’ils méditent constamment sur elles, ils seront naturellement libérés des entraves de la vie matérielle. Les paroles qui sortent de la bouche de Sāī sont plus douces

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que le nectar. Comment pourrais-je décrire leur beauté et leur charme ? En les écoutant, le cœur déborde de suprême félicité. Lorsque je trouve quelqu’un en train de chanter ces histoires, sans aucune présomption, je pense qu’en me roulant dans la poussière des pieds de cette personne, la libération serait pour moi à ma portée. Avec la juste présentation de ces histoires et l’usage approprié de chaque phrase et de chaque mot, l’auditoire est tenu en suspens et tout le monde éprouve de la joie. Comme nos oreilles sont avides d’entendre les récits et nos yeux languissent pour un darshan, notre mental devrait concentrer son attention et se laisser absorber dans la divine contemplation. Guru-mauli (la mère affectueuse) est ma Mère. Ses histoires, qui passent de bouche à oreille, doivent être conservées dans nos cœurs avec grand respect. Nous allons nous en souvenir constamment et les assimiler le plus possible. Nous allons les lier ensemble avec le ruban de l’amour et nous les échanger plus tard. Dans le présent ouvrage, rien ne vient de moi. Tout est inspiré par Sāī. Il fait en sorte que je dise tout ce qu’Il veut. Dire « je parle » est un signe d’ego. Sāī est le marionnettiste et Il me tient au bout du fil. C’est donc Lui qui parle à travers moi. Qui suis-je pour dire que « je parle » ? Une fois que l’ego s’est abandonné entièrement aux pieds de Bābā, il s’ensuit une joie sans borne. Quand notre ego disparaît, notre existence matérielle tout entière se remplit de bonheur. Lorsque l’idée m’est venue, je n’avais ni l’opportunité ni le courage de la soumettre à Baba. Voyant Madhavrao gravir les marches du Majid, je lui en ai parlé. À ce moment précis, il n’y avait personne d’autre et Madhavrao a profité de ce fait pour demander à Sāī : « Bābā, cet Annasaheb (Dabholkar) ici présent dit qu’il aimerait écrire Votre biographie au mieux de ses capacités, si Vous le lui permettez. »

« Je ne suis qu’un fakir qui va de porte en porte pour demander l’aumône. Je vis de pain azyme, avec ou sans légumes. C’est ainsi que Je passe mes journées. Pourquoi donc écrire Ma biographie ? Elle n’inviterait qu’au ridicule. » « Ne parlez pas ainsi du joyau que Vous êtes. Il doit être serti dans la juste monture. Quoi qu’il en soit, Votre permission est importante. Il écrira si vous l’assurez de Votre secours. Ou plus exactement, c’est Votre grâce qui écrira à travers lui et vaincra toutes les forces négatives. La rédaction d’un livre ne peut être entreprise qu’avec la bénédiction des Saints. Sans Votre grâce, l’œuvre ne se développera pas correctement. » Lisant dans mes pensées les plus profondes, Sāī Samartha fut pris de compassion et dit : « Que son souhait soit exaucé ! » Je posai immédiatement ma tête sur Ses pieds. Sa main bénisseuse posée sur ma tête, Sāī m’a donné de l’udi21 en prasad, Lui, l’expert dans toutes les disciplines de la foi divine et de l’adoration, Lui, le Sauveur de Ses fidèles.

21 Cendre sacrée tirée du feu perpétuel

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Après avoir entendu la requête de Madhavrao, Sāī a eu pitié de moi et a commencé à m’instiller du courage, calmant mon esprit agité et impatient. Sachant quel était mon désir, Il m’a donné la permission de commencer le travail et m’a dit : « Rassemble le plus possible d’histoires, d’épisodes et d’expériences. Il vaut mieux prendre des notes. Tu as tout mon appui. L’écrivain n’est qu’un instrument. Je dois écrire ce livre Moi-même. Je vais rédiger Moi-même Ma biographie. Il me faut satisfaire le souhait des fidèles. Alors, Je vais laver ton ego et le placer à Mes pieds. Si quelqu’un se comporte ainsi dans la vie, Je lui assure tout Mon secours, non seulement pour la rédaction de cet ouvrage ; Je résiderai dans son foyer et Je le servirai. Lorsque ton ego se réduira et finira par disparaitre, Je demeurerai en toi et J’écrirai de Mes propres mains. » Mon entreprise a donc commencé avec cette conviction selon laquelle toute écoute, pensée ou rédaction est accomplie par Lui. L’écrivain n’est qu’un instrument entre Ses mains. « Où que tu te trouves, chez toi ou ailleurs, prends des notes. Essaie de te souvenir des récits. Tu trouveras la paix de l’esprit. Quand tu entends raconter Mes histoires, récite-les et médite sur elles ; alors ta dévotion pour moi grandira et ton ignorance sera complètement dissipée. Je suis toujours là où règnent la foi et la dévotion et Je suis entièrement assujetti à leur empire. N’en doute pas. Sans cela, personne ne peut M’atteindre. Si les lecteurs prêtent pleine attention à ces histoires, une plus grande foi s’allumera en eux ; ils pourront aisément faire l’expérience de la joie céleste et s’établir dans un état de félicité. Les fidèles réaliseront le Soi. Leur âme sera en parfaite harmonie avec le Brahman. Ils comprendront l’inconcevable et le sans-forme et l’Esprit de Vie se manifestera. Tel est le but de Mes actes. Que peut-on désirer de plus ? C’est également le but des Védas. Les fidèles en seront enrichis spirituellement. Là où règne l’esprit de litige, l’ignorance et l’illusion prolifèrent. Alors nous ne pensons pas au Salut et notre mental est continuellement engagé dans des pensées malicieuses et ignobles. Une personne de ce type n’est pas qualifiée pour la connaissance du Soi. Les fausses connaissances la dominent. Pour elle il n’existe rien, ni en ce monde ni dans l’au-delà. Elle est misérable, toujours et partout. Il n’est pas question d’imposer son propre mode de pensée et il n’est aucun besoin de réfuter la pensée des autres. Il n’est aucun besoin de discuter et de prouver que les autres ont tort. Ces efforts sont vains. » « Il n’est aucun besoin de réfuter la pensée des autres ». Cette phrase me remet en mémoire la promesse que j’ai faite aux lecteurs. En effet, vers la fin du premier chapitre, je leur ai promis d’expliquer pourquoi j’ai été appelé « Hemad ». Commençons par cette explication. Il s’agit d’une digression par rapport à notre sujet principal, mais en la lisant, vous pourrez juger de sa pertinence. Votre curiosité sera satisfaite. Cela aussi est inspiré par Sāī. Ensuite je reviendrai à la biographie de Bābā. Les lecteurs devraient donc prêter toute leur attention à cette anecdote. À la fin de chaque chapitre, vous trouverez une phrase disant que l’ouvrage a été compilé par le fidèle Hemadpant. Qui est ce Pant ? Cette question va naturellement surgir dans l’esprit des lecteurs. Pour satisfaire leur curiosité sur le pourquoi de ce nom, il est nécessaire de lire respectueusement ce qui suit.

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Le Dharma hindou prescrit pour l’homme seize rites22 purificateurs du corps humain, à pratiquer depuis sa conception jusqu’à sa mort. Parmi ces rites figure la cérémonie de l’attribution du nom, que tout le monde connaît. Un bref récit vous expliquera, chers lecteurs, l’attribution à l’auteur du nom Hémadpant. Cet homme a toujours été d’un naturel malicieux, loquace et prompt à contre-attaquer ou à ridiculiser. Aucune éducation n’en était venue à bout. Il n’avait aucune idée des pouvoirs d’un Sadguru ; il était l’expression même du mauvais esprit, orgueilleux de sa propre raison et toujours prêt à l’argumentation.

C’est grâce à ma puissante destinée que j’ai pu m’approcher des pieds de Sāī. C’est uniquement grâce à mon destin que j’ai pu les voir. Sans aucun doute. Sans ma connexion avec les ardents fidèles de Sāī, Kakasaheb et Nanasaheb Chandorkar, rencontrés dans le courant d’une vie précédente, comment aurais-je pu venir à Shirdi ? Kakasaheb m’invitait avec insistance à l’accompagner. Nous avons donc décidé de nous rendre à Shirdi. Mais le jour même du départ, j’ai changé d’idée. L’un de mes amis intimes, qui avait eu un fils par la grâce de son guru, se trouvait à Lonavala avec sa famille, lorsqu’un étrange incident a eu lieu. Son fils unique, un enfant vertueux et plein de santé, a eu un violent accès de fièvre, en ce lieu au climat pourtant très salubre. Mon ami a essayé tous les remèdes, recourant même aux charmes, aux incantations et aux rites religieux. Il a fait venir son guru et l’a fait asseoir au chevet du malade pour prévenir le pire, mais en vain. L’enfant est mort. La vie humaine est bien étrange ! L’épouse et le fils sont conditionnés par leur propre karma des vies antérieures. Le fruit de nos actes passés, que l’on appelle destin, est inéluctable. Quand j’ai appris la triste nouvelle, j’en ai été fortement attristé. Je me suis dit : « Est-ce là toute l’utilité du guru ? Ne pouvait-il pas épargner ce fils unique ? » La force du destin a refroidi mon désir d’avoir le darshan de Sāī. Cet incident s’est érigé en obstacle à mon départ. « Pourquoi aller à Shirdi ? Voyez dans quel état se trouve mon ami ? Est-ce cela que l’on gagne à s’attacher à un Guru ? Que peut le Guru en face du destin ? Si ce qui est écrit dans notre destin doit de toute façon advenir, à quoi bon avoir un Guru ? » Ma visite à Shirdi a été annulée. « Pour quelle raison devrais-je quitter mon foyer ? Pourquoi courir après les Gurus. Pourquoi choisir la vie dure et renoncer au confort familial ? » Évidemment, ce type de bavardage mental ne nous fait rien comprendre de plus. « J’accepte tout ce qui m’arrive spontanément, agréable ou pénible que ce soit. Mais à quoi bon aller chez un Guru, si tout ce qui doit arriver arrivera de toute façon ? »

22 1) sacrifice lors de la conception, 2) sacrifice pour la vitalité du fœtus, 3) sacrifice au 3e mois de

grossesse, 4)sacrifice au 7e mois, 5) sacrifices aux 4e, 6e et 8e mois, 6) administrer à l’enfant du beurre clarifié avec une cuillère en or, avant la rupture du cordon ombilical, 7) déterminer le nom de l’enfant, 8) exposer l’enfant à la lune la 3e nuit de la troisième quinzaine de lune croissante, 9) exposer l’enfant au soleil le 3e ou 4e mois de vie, 10) administrer à l’enfant du riz à partir du 6e ou 8e mois, 11) tonsurer l’enfant durant sa 2e ou 3e année, 12) investiture du cordon sacré, 13) initiation au mantra de la Gāyatri, 14) dénouer le cordon brahmanique autour des reins, 15) mariage, 16) obsèques.

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Mais le destin l’emporte, même si l’on souhaite le contraire. Rien ne peut lui résister. C’est ainsi que je me suis retrouvé malgré moi à Shirdi. Nanasaheb Chandorkar, fonctionnaire de district, partait en tournée dans la région de Bassein. Il venait de Thane et attendait le train pour Dadar. Il devait attendre une heure et se dit que ce temps pourrait être utilisé d’une meilleure façon. À peine cette pensée lui était-elle venue qu’un tortillard pour Bandra est arrivé et il est monté dedans. À son arrivée à la gare de Bandra, Nanasaheb m’a envoyé un message et je suis allé immédiatement le voir. Dès notre rencontre, la conversation s’est tournée sur Shirdi. « Quand iras-tu là-bas pour le darshan de Sāī ? Pourquoi cette léthargie ? Pourquoi remets-tu ton voyage à plus tard ? Pourquoi toute cette agitation mentale ? » En face de l’ardeur de Nana, je me suis senti honteux. Je lui ai parlé franchement de mon indécision. Les conseils purs, aimants et pleins d’ardeur de Nana ont fait renaître en moi le désir de me rendre à Shirdi. Nana ne m’a quitté qu’après m’avoir arraché la promesse de « partir immédiatement ». De retour chez moi, j’ai décidé d’entreprendre cette visite à une heure favorable. J’ai préparé mes bagages et mis de l’ordre dans mes tâches domestiques. Le soir même je partais pour Shirdi.

Convaincu que la malle-poste du soir s’arrêtait à Dadar, j’ai pris un ticket pour cette destination. Mais aussitôt que je suis monté dans le train, et que celui-ci quittait lentement la gare de Bandra, un Musulman a sauté agilement dans mon compartiment. Voyant mes bagages, l’homme m’a demandé où j’allais. Je lui ai dit que j’allais descendre à Dadar pour prendre un autre train à destination de Manmad. Juste à temps, il m’a vivement conseillé de ne pas descendre à Dadar, car la malle-poste ne s’y arrêtait pas, et de continuer jusqu’à Victoria Terminus. Si je n’avais pas été averti à temps, je n’aurais pas pu prendre l’autre train à Dadar et qui sait comment mon mental indécis aurait réagi. Mais ce jour était marqué par le destin pour que je fasse ce voyage. Par une heureuse coïncidence, j’étais averti à temps. Je suis arrivé à Shirdi le lendemain matin, entre neuf et dix heures. Là, Bhausaheb Dixit m’attendait. Cela se passait en 1910. En ce temps-là le seul wada existant pour loger les pèlerins était celui que Sathe avait construit. Alors que je descendais de la tonga (cabriolet pour quatre passagers), j’étais ému et anxieux d’avoir le darshan. Quand allais-je me prosterner à Ses pieds ? Des vagues de joie me gonflaient le cœur. Juste à ce moment-là, Tatyasaheb Noolkar, l’un des premiers fidèles de Sāī, revenait du Masjid et m’a dit : « Ayez le darshan immédiatement. Bābā se trouve juste derrière le coin du wada, avec Ses disciples. Venez avec moi, allons nous prosterner à Ses pieds. Ensuite Il ira au Lendi Baug (jardin). Vous prendrez un bain plus tard. Quand Bābā reviendra, vous pourrez aller au Masjid et avoir encore son darshan en toute tranquillité. » Entendant ces mots, je me suis précipité à l’endroit où Bābā se trouvait et je me suis prosterné à Ses pieds, dans la poussière. Ma joie était inimaginable. Ce que je voyais réellement

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dépassait de loin ce que m’avait dit Nanasaheb. Je me suis senti béni. Mes yeux étaient comblés. Je n’avais jamais vu ni entendu parler d’une telle personnalité. Je me suis senti profondément gratifié de voir une personne aussi révérée. J’ai oublié ma faim et ma soif. Mes sens sont devenus silencieux. Lorsque j’ai touché les pieds de Sāī, j’ai ressenti la plus grande plénitude de ma vie. À partir de ce moment-là, une nouvelle vie a commencé. Ma gratitude entière et intégrale va à tous ceux auxquels je dois d’avoir obtenu cette sainte association. Chaque fibre de mon être vibrait de félicité. Ceux-là sont ma vraie famille, car grâce à eux j’ai pu puiser aux suprêmes richesses de la spiritualité. Il n’existe pas de relation plus intime. C’est ce que je crois au tréfonds de mon cœur. Combien je leur suis obligé ! Je ne pourrai jamais m’acquitter de cette dette. Je joins les mains devant eux et pose ma tête sur leurs pieds. Avec le darshan de Sāī, tous les doutes de mon esprit ont disparu. De plus, je suis entré en contact avec Sāī. C’était une expérience de pure joie. Le darshan de Sāī est un événement exceptionnel. Par lui, la nature entière se transforme. Nous perdons le souvenir de nos actes passés et un désintérêt envers les plaisirs du monde matériel s’instaure lentement en nous. Le regard bienveillant de Sāī a annulé mes fautes de plusieurs vies passées. Et il a éveillé en moi l’espoir de la joie permanente à Ses pieds. Je suis arrivé aux pieds de Sāī grâce à ma bonne fortune ; ils sont aussi sacrés que le Lac Manasarovar (le lac de Conscience, au pied du Mont Kailash. Ndt.) qui transforme un corbeau tel que moi en un cygne. Sāī est un grand Être, un grand Yogi, premier parmi les Saints et les ascètes de l’ordre le plus élevé. Il fait disparaître les fautes, les obstacles et les misères. Par le darshan d’un Être tel que Lui, je reçois une pluie de bénédictions et j’entre en contact avec un trésor de vertus. Ma rencontre avec Sāī est le fruit des bonnes actions de mes vies antérieures. Si nos yeux se remplissent de la forme de Sāī, le monde entier nous apparaît comme Sāī. Le jour même de mon arrivée à Shirdi, j’ai eu une discussion avec Balasaheb Bhate sur la nécessité d’avoir un Guru. « Pourquoi renoncer à son indépendance et se référer à l’autorité de quelqu’un d’autre ? Quel besoin y a-t-il d’un Guru si l’on est fidèle à son devoir ? On devrait simplement faire son propre devoir. Que peut faire un Guru si une personne ne lève pas le petit doigt? Si elle reste paresseusement couchée, qui peut lui donner quoi que ce soit ? » C’était mon idée. L’autre était de l’avis opposé. Des deux côtés il y avait la même obstination. Ainsi, la discussion était interminable. La source de toute polémique est un grand orgueil. C’est un signe d’ego. Sans cela, il n’y aurait jamais de conflit dans le monde. Mon antagoniste soutenait que, même si une personne est érudite et versée dans les Védas, sans la grâce du Guru elle ne peut se réaliser qu’au niveau académique. Le destin est-il plus important que ses propres efforts ? Notre discussion enflammée faisait rage. J’ai lancé : « Que vas-tu obtenir en dépendant entièrement de ton destin ? » L’autre a répondu : « Le destin est incontournable. On ne peut pas l’empêcher. Même la personne la plus confiante en soi est sans secours. Qui peut définir le destin ? Même si tu t’efforces de faire une chose, elle peut prendre un tout autre tour. Garde tes jongleries verbales pour toi. Tu devrais rejeter ton ego. »

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J’ai dit : « Comment peux-tu parler ainsi ? Celui qui fait un effort est toujours récompensé. Comment le destin peut-il venir en aide au fainéant ? Chacun devrait s’élever par ses propres efforts, déclare la smriti (tradition orale). Il ne faut pas perdre cela de vue. On doit faire soi-même tout ce que l’on a à faire. Pourquoi suivre un Guru ? Si nous ne sommes pas attentifs, le Guru lui-même ne suffit pas. Comment le Guru va-t-il s’y prendre avec une personne malveillante de nature, qui écarte tout discernement entre juste et faux, ainsi que les moyens de se purifier ? » La discussion était sans fin, elle n’aboutissait à aucune conclusion. Je perdais ma tranquillité mentale, c’est tout ce que j’y gagnais. Aucun des deux ne montrait le moindre signe de lassitude. Trois-quarts d’heure se sont écoulés ainsi. Finalement il y eut une interruption. Aussitôt que nous sommes entrés dans la Mosquée avec quelques personnes, écoutez ce que Bābā a demandé à Kakasaheb : « Que s’est-il passé au wada ? Sur quoi portait la discussion ? Que disait cet Hemadpant ? » Il posait ces questions en me regardant. La distance entre le wada et la Mosquée est considérable. Comment Bābā pouvait-Il savoir cela ? J’étais fortement surpris. Quoi qu’il en soit, j’étais piqué à vif par le dard des paroles de Bābā ; j’étais honteux et stupéfait que cet incident ridicule ait eu lieu juste à ma première visite. Cette polémique du matin était la raison pour laquelle Bābā m’attribuait le nom de Hemadpant. Il devait s’être souvenu de Hemad à cause de cela, pensais-je. Au XIIIe siècle, les rois Yadav de Devagiri avaient eu un règne splendide qui avait renforcé la gloire du Maharashtra. Le neveu du roi Mahadev, Ramaraj, était renommé pour ses actes méritoires et sa grande valeur. Il fut l’un des joyaux de la dynastie Yadav. Hemadri était le Ministre de Mahadev et de Ramaraj. Il était doté de grandes qualités et de sagesse. Il était l’auteur d’un traité sur le Dharma, intitulé Dharmashastra. C’était un protecteur de la caste brahmanique et le premier compositeur d’un important code de conduite basé sur la religion. Hemadri avait également composé le Chaturvarga Chintamani, un ouvrage célèbre et une mine d’informations sur les observances religieuses librement choisies, la charité, les pèlerinages et le salut. Le nom sanskrit Hemadripant est devenu Hemadpant en langue populaire. Ce personnage est illustre dans l’histoire pour ses capacités de diplomate et d’administrateur. Il ressortait de la lignée du sage Vatsa et de celle de Bharadvaja, comme moi-même, mais il était expert en politique et homme d’état, alors que je ne suis qu’un idiot. Ses œuvres en sanskrit sont célèbres, alors que moi, je ne suis pas capable de composer un seul vers. Il était grand connaisseur des beaux-arts, alors que je ne suis qu’un ignorant illettré. C’était un sage et une autorité dans le Dharma, alors que moi, je manque de sagesse. Dans l’assemblée des érudits, le Ministre Hemadpant avait sa place à côté du fameux Pandit Bopedeo, un vrai joyau parmi les savants. Après cela, les armées musulmanes descendirent du Nord et envahirent le pays. Elles mirent ainsi fin à la dynastie du Deccan.

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Le titre Hemadpant ne m’était certainement pas attribué pour mon intelligence, mais plutôt pour mes polémiques. Ce dard devait détruire mon ego. Je me gonflais de mes fausses connaissances et je parlais sans posséder les justes qualifications. Bābā m’ouvrait les yeux sur mes erreurs, en m’administrant l’opportun collyre de Sa mise en garde. Voilà, c’est là le cadre dans lequel un nom inusuel est sorti de la bouche de Sāī et m’a été assigné. Cette cérémonie de la détermination du nom venait à point et je la considère comme un honneur. J’ai compris que j’avais à en tirer une leçon et mettre un frein à mon esprit querelleur. J’espère ne plus lui succomber, car ces disputes sont très mauvaises. Ce titre m’a été donné afin que mon ego disparaisse. Grâce à lui, je me rappellerai constamment, jusqu’à ma mort, qu’il faut toujours être humble. Rāma, fils de Dasharatha, Incarnation divine, omniscient, Saveur de l’univers, qui demeure dans le cœur de tous les sages, se prosternait aux pieds de Vashistha, son Guru. Krishna, Incarnation du Suprême Brahman, a également eu recours à un Guru. Chez Sandipani, Il ramassait du bois et acceptait les rigueurs du service au Guru. Qui suis-je en face d’eux ? Pourquoi devrais-je entrer en polémique ? Sans Guru, il n’y a ni Connaissance ni joie céleste. Les Écritures elles-mêmes le confirment. Les discussions futiles sont négatives. Nous ne devrions entrer en compétition avec personne. Sans foi ni patience, aucun progrès spirituel n’est possible. J’en ai fait l’expérience plus tard. C’est pourquoi j’ai accepté de bonne grâce ce titre qui m’était attribué avec de l’amour et des bénédictions. Maintenant terminons cette anecdote. Les échanges d’arguments enflamés font monter le ton des discussions et rompent l’harmonie. C’est une leçon pour tout le monde. Elle est à l’origine du présent ouvrage, pour exposer les qualifications de l’auteur et son entrée en contact avec Sāī, comment Bābā a donné un nouveau nom à l’auteur et a introduit ainsi cette narration que vous allez lire. Assez de digression. Hemad se prosterne respectueusement aux pieds de Sāī. En temps voulu, la biographie va être développée avec tous les détails. Soyez prêts à la lire. Seul Sāī est notre bonheur et notre prospérité, Il est la joie qui surgit de la sagesse parfaite, Il est notre plus grand renoncement, Il est notre dernier ressort. Par Sa grâce, nous allons parcourir l’histoire de sa vie, afin de traverser cette existence matérielle difficile et effroyable et d’extirper les maux de ce Kaliyuga.

Puisse la paix régner en Maitre. Ainsi se termine le deuxième chapitre intitulé « But de l’ouvrage – nom donné à l’auteur »

du Shrī Sai Samartha Satcharita, compilé par le fidèle Hemadpant, sollicité par

les Saints et les personnes vertueuses.

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Baba approuve le projet

SALUTATIONS À SHRI GANESHA, SALUTATIONS À SHRI SARASVATI,

SALUTATIONS AU GURU SALUTATIONS A LA DEITE TUTELAIRE DE LA FAMILLE

SALUTATIONS A SHRI SITA-RAMACHANDRA SALUTATIONS A SHRI SADGURU SAINATH

Maintenant reprenons le fil de l’histoire. Sāī m’a rassuré totalement en disant ce qui suit :

« Tu as Mon consentement pour rédiger Ma biographie. Fais ta part avec soin, sans la moindre hésitation. Aie pleine confiance en Mes paroles et sois fermement résolu. Si tu écris au sujet de Mes līlas, toute faute commise par ignorance sera annulée. Et si tu en écoutes le récit avec foi et dévotion, tu perdras de vue les soucis et les problèmes de ta vie matérielle. Des vagues d’amour et de dévotion surgiront dans ton esprit. Plus tu approfondiras ces līlas, plus ils t’apporteront des joyaux de sagesse. » En entendant ces mots, mon esprit s’est débarrassé de toute indécision. Je me suis prosterné aux pieds de Sāī et j’ai commencé à rédiger sa Vie en me basant sur ma mémoire. Aussitôt que Bābā a prononcé ces paroles, j’ai pensé qu’elles étaient un présage favorable et que le livre allait prendre forme par lui-même, et que je ne serais qu’un instrument engagé pour le service. Voyez combien les līlas du Seigneur sont insondables. Ils dépassent toute compréhension. Lui seul les connaît. Même les Védas et les shastras restent silencieux. Aucun texte ne peut les mesurer. Ne vous laissez pas impressionner par les experts en Ecritures sacrées, par les connaisseurs des Védas (de la lettre, non de l’esprit), les Pandits à la grande intelligence, et par tous ceux qui coupent les cheveux en quatre pour prouver un aspect quelconque.

Dieu est l’expression de ses propres fidèles. Il aime les simples et les candides. Il se fait leur esclave par amour. Mais pour les hypocrites, Il reste toujours hors d’atteinte.

« C’est seulement en cela que tu trouveras ton bien. Pour moi, c’est l’accomplissement de Mon incarnation en ce monde, une répétition de Mes enseignements. Je suis toujours concerné par cela. Pour toi, Shama (Madhavrao Deshpande), Je veux ajouter ceci : si quelqu’un parle de Moi avec amour, Je comblerai ses souhaits et J’intensifierai sa dévotion. Si quelqu’un chante tendrement des épisodes de ma vie, fait l’éloge de Mes pouvoirs, de Mes vertus et de Mes excellences, Je le protégerai entièrement et l’envelopperai de Ma présence.

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Tous les fidèles, attachés à Moi cœur et âme, auront naturellement de la joie en écoutant ces histoires. À celui qui chante Mes louanges Je donnerai toujours un bonheur total et parfait, la paix et le contentement. C’est la vérité. Je promets la libération à celui qui se soumet entièrement à Moi avec une dévotion sans mélange et qui chante Mes louanges avec une foi totale, se souvient de Moi et fixe sa contemplation sur Moi.

Comment le désir de plaisirs sensuels pourrait-il surgir dans le cœur de celui qui pense à Mon nom, Me révère, étudie Ma vie et Mes actes, médite sur Moi et Me contemple sans cesse ? Je soustrairai Mes fidèles à l’emprise de la mort. Leurs maux disparaitront par la seule écoute de Mes histoires. Ecoutez les épisodes de Ma vie avec la juste révérence, méditez profondément sur eux, contemplez-les intensément. Cela vous apportera une grande sérénité. Le « toi et moi » (la perception de la dualité) disparaitra. Les esprits deviendront une réserve d’énergie divine, l’attention parfaitement concentrée et la foi complète. La répétition de Sāī, Sāī, Sāī … consumera toutes les fautes du Kaliyuga. Une simple prosternation devant Moi suffit à annuler les erreurs passées de la parole et de l’écoute. » Bien que le travail de rédiger la biographie de Sāī ne soit pas une simple tâche, j’ai obéi à Ses ordres avec une profonde vénération. Puisque Baba est si éloquent, pourquoi devrais-je me diminuer ? À certains fidèles, il a fait bâtir des temples ; certains autres, Il les a fait plonger dans la joie des kīrtanas. Il en a envoyé d’autres en pèlerinages. Quant à moi, il m’a enjoint d’écrire.

De tous les fidèles, je suis le plus insignifiant et je n’arrive pas à comprendre en vertu de quelle qualité ce Sāī, cet Océan de Miséricorde et de Compassion, m’a inondé de bénédictions. C’est là toute la merveille de la grâce du Guru : dans la terre la plus aride, elle fait abondamment fleurir et fructifier, sans aucun effort, un arbre sec et raide.

Dans les années futures, certains construiront des ashrams, d’autres des temples, et d’autres même un ghat (escalier d’accès pour les bains rituels) sur la rive des fleuves sacrés. Mais moi, je vais emprunter la voie toute droite de la narration des actes de Sāī. Certains fidèles peuvent offrir à Bābā, avec respect, leurs prières d’adoration ; d’autres massent doucement Ses pieds ; quant à moi, mon cœur aspire ardemment à chanter Ses louanges. Ce que les aspirants pouvaient gagner par la méditation dans le Krita ou Satyayuga, par les rites sacrificiels dans le Tretayuga, par les rituels d’adoration dans le Dvaparayuga, ils peuvent l’obtenir entièrement en ce Kaliyuga par le chant de louanges du Nom divin et par la vénération du Guru.

Évidemment, je ne suis pas qualifié pour ce travail, car j’ai un caractère touche à tout. Comment puis-je donc assumer une tâche aussi importante et difficile ? M’y soustraire sans faire l’effort de l’accomplir me donnerait un sentiment de culpabilité pour désobéissance. Mais si j’obéis à l’ordre de Bābā, comment être à la hauteur de la tâche ?

Après tout, qui est en mesure de décrire adéquatement et minutieusement les états d’âme du puissant Sāī ? Lui seul peut en parler à travers l’un de ses fidèles, en lui conférant Sa grâce.

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Mais alors, pourquoi mon aspiration à exécuter un travail bien au-delà de toute expression ? Sāī n’a donné à personne la possibilité de commenter la chose. Car, à l’instant même où j’ai pris la plume en main, Bābā m’a fait perdre mon identité et s’est chargé Lui-même de rédiger Sa propre biographie. Ainsi, tout mérite va directement à Lui seul. Qui, à part un Saint, pourrait écrire la vie d’un Saint ? Essayer de comprendre les qualités incompréhensibles de Bābā, c’est un peu comme vouloir embrasser la voûte céleste. Sa grandeur est totale et inimaginable ; je ne possède pas l’intelligence suffisante pour la décrire. Il vaut mieux qu’Il assume Lui-même la tâche et s’acquitte de Sa promesse.

Bābā, bien que je sois né dans une famille brahmane, je ne possède pas la connaissance des Védas et des purānas. Pourtant, même si ma haute naissance est ainsi souillée, mon association avec Toi est toute à mon crédit. Pour un Brahmane, la shruti et la smriti sont comparables à ses deux yeux. S’il lui manque la connaissance de l’une d’elles, il est borgne. Et si la connaissance des deux lui fait défaut, sa cécité est totale. Je fais partie de cette dernière catégorie, misérable ignorant que je suis.

Mais puisque Tu es ma canne blanche, pourquoi désespérer ? Avec cet appui, je marcherai derrière Toi sur le sentier tracé.

Maintenant, je ne sais pas comment continuer, moi, pauvre créature. Guide mon esprit pour accomplir la tâche que Tu Te proposes. Toi seul comprends Tes propres voies ingénieuses dont le pouvoir mystérieux et inconcevable fait parler un muet tel que Brihaspati, et pousse le boiteux à gravir le Mont Méru.

Je ne suis qu’un humble serviteur à Tes pieds. Ne me pousse pas au découragement. Réalise Ton travail à travers moi aussi longtemps que ce corps sera en vie.

Mes chers lecteurs, vous avez compris le but de cet ouvrage. Sāī le rédigera Lui-même dans l’intérêt de ses fidèles. Je ne suis que son instrument. La flûte ou l’harmonium ne sont pas concernés par la musique qu’ils produisent. Le mérite revient entièrement au musicien. Alors, pourquoi se déprimer ? Le nectar que produit le joyau chandrakant (pierre de lune) lui appartient-il ? Bien sûr que non ! C’est le travail miraculeux de la lune, quand elle monte à l’horizon. Et la marée haute est-elle l’œuvre de la mer ? Non, elle ne peut pas la produire seule. Cela aussi dépend de la lune.

C’est ainsi. Comme les lumières rouges d’une bouée ancrée au fond de la mer dirigent les bateaux et les aide à éviter récifs et tourbillons, ainsi les histoires de Sāīnātha, dont la douceur jette dans l’ombre le nectar le plus pur, rendent aisée et sure la traversée de l’océan de la vie matérielle. Ces histoires de Saints sont sacrées car, passant par les oreilles, elles imprègnent notre conscience et la purifie de notre ego corporel, annulant tout sentiment de dualisme. Lorsque nous faisons trésor de ces histoires dans notre cœur, tous les doutes se dissipent. Alors la Connaissance pure grandit et notre identification avec le corps diminue. Si les fidèles écoutent avec amour des récits sur la gloire de Bābā, toutes leurs fautes seront annulées. C’est la voie la plus facile vers le salut.

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Qu’est-ce que le pur Brahman, au-delà de māya (illusion) ? Par quels moyens pouvons-nous vaincre cette māya ? Dieu favorise les fidèles qui mènent une vie pieuse et vertueuse. Sinon, comment pourraient-ils y arriver par leurs propres forces ? Quel est le bonheur suprême de l’être humain ? Qu’entendons-nous par dévotion, libération et détachement total ? Qu’est-ce que le dharma des quatre groupes sociaux23 et que sont les quatre états de vie24? Ces sujets sont très abstrus. Les personnes intéressées devraient servir leur grand désir de progrès par la lecture de divers ouvrages rédigés par les Saints Jñāneshvar, Ekanath et autres. Durant le Kritayuga, il était recommandé de contrôler les sens et de maitriser les passions. Durant le Tretayuga, le meilleur moyen de salut était l’acte sacrificiel ; durant le Dvaparayuga, c’était le rituel. Mais pour le présent Kaliyuga, le moyen le plus simple est la répétition du Nom divin et le chant des louanges de Dieu. Pour les quatre varnas ou groupes sociaux, la voie royale du salut est d’écouter les épisodes de la vie du Guru. Que l’on soit brahmane, femme, ou simple travailleur manuel, ce moyen vaut pour tous. Seuls ceux qui ont accumulé des mérites dans leurs vies passées prêteront l’oreille à ces récits. Et si quelqu’un est vaincu par le sommeil, Bābā le réveillera. Cet élixir qu’est la vie des Saints libérera de tout vice ceux qui sont incessamment à la recherche des plaisirs et qui tombent dans l’avilissement quand ils ne les obtiennent pas. Les pratiques telles que le yoga, les yajñā (sacrifice rituel), dhyāna (contemplation) et dhārana (concentration) demandent de grands efforts. En revanche, aucun effort n’est nécessaire pour écouter ces histoires, à part votre attention. Que les lecteurs nobles et pleins d’amour soient attentifs à cette pure et sainte biographie de Sāī. Alors, même leurs cinq fautes majeures seront brûlées et complètement annulées. Emprisonnés comme nous sommes dans l’existence matérielle, qui nous empêche de voir le vrai Soi, nous constaterons qu’en écoutant ces histoires, nos attachements s’affaiblissent et nous reviendrons à notre état originel de Pur Soi. Il faudrait nous rappeler de chaque épisode pendant toute notre vie et les étudier quotidiennement. Ainsi, les lecteurs seront libérés de l’oppression du monde et trouveront la paix intérieure. Que la lecture ou l’écoute, avec foi et dévotion, soit pour moi une méditation sur Sāī. Puisse sa forme saguna (avec un corps matériel) apparaitre devant mes yeux et se graver dans mon esprit. De cette façon, ma dévotion au Guru s’intensifiera et mon détachement envers le monde se renforcera. Que le souvenir incessant de Son nom devienne impératif et purifie mon esprit.

Comme j’étais dans cet état d’esprit, Sāīnātha m’a donné Sa grâce et a fait de moi Son instrument pour écrire Lui-même Sa biographie. Même si la vache a le pis tendu par son trop plein, elle garde naturellement son lait pour son veau. L’amour de Sāī est du même type.

23 Brahmanes, kshatryas, Vaishyas et Shudras 24 Brahmacharya, Grihastha, Vanaprastha et Sannyasa

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En réponse à mon ardente aspiration, telle la soif de l’oiseau Chataka, ma Mère Sāī m’a inondé de bonheur ; en étanchant ma modeste soif, Il va en même temps étancher généreusement celle de Ses fidèles. L’amour et la consécration d’une mère sont merveilleux. Suivant son amour maternel débordant, elle pousse le bout de son sein dans la bouche de son bébé, avant même qu’il ne le cherche. Qui pense à son effort ? Le bébé n’en est pas conscient. Lorsque la mère habille son bébé avec soin et met sur lui des ornements, lui n’y voit aucune signification, mais elle éprouve un secret plaisir. Le Sadguru se comporte de la même façon. Qui peut satisfaire avec amour mon affection enfantine, sinon ma mère ? Qui, sinon elle, se soucie réellement de moi ? Ce type d’affection est rare. Naître d’une mère vertueuse est une grande grâce divine. Et pourtant, l’enfant est béatement ignorant des peines de sa mère et des douleurs de l’enfantement. Quoi qu’il en soit, Bābā a dit quelque chose de plus à cet égard. Je vais vous le raconter. Mes chers lecteurs, je vous prie de lire attentivement ce qui suit. En 1916, mon service dans l’administration prenait fin et je devais percevoir une retraite correspondante à mes fonctions. C’était aussi le juste moment pour moi de me rendre à Shirdi. C’était un jour de Gurupurnima. Les fidèles s’étaient rassemblés pour la pūja au Guru. Soudain, de sa propre initiative, Anna Chinchanikar adressa à Bābā une requête en recommandant fermement mon cas. Cet Anna (grand frère, Ndt.) s’inquiétait pour moi et il pria Bābā par ces mots : « Bābā, ayez de la compassion pour lui. Sa famille grandit. Procurez-lui un autre emploi. Son allocation de retraite ne suffira pas. S’il Vous plaît, faites quelque chose pour le libérer de ce souci. » Voilà ce que Bābā lui a répondu : « Oh, il obtiendra un emploi. Mais pour le moment laissons-le s’engager dans Mon service. Il trouvera ainsi le bonheur en cette vie-même. Sa table sera toujours garnie. Il ne manquera jamais de rien aussi longtemps qu’il vivra. S’il cherche toujours Ma protection avec une foi sincère, ses difficultés prendront fin. Si certains disent qu’ils veulent agir comme bon leur semble, sachez qu’ils ont dévié du sentier. Ecartez-vous avant tout des gens qui tournent le dos aux principes de la vertu. Si vous les rencontrez, fuyez loin d’eux. Craignez même leur ombre et changez de chemin pour les éviter. Que peut réaliser de bon dans la vie une personne sans discipline, sans moralité, négligente, superficielle, incapable de discerner entre le juste et le faux ? D’autre part, personne ne vient à nous sans qu’une connexion particulière ait été établie avec nous dans les vies précédentes, qu’il s’agisse d’un chien, d’un cochon ou d’une mouche. Donc, ne rejetez personne. Dorénavant, il (Hemadpant) devrait Me servir avec dévotion ; le Tout-Puissant aura pitié de lui. Il obtiendra le trésor inépuisable qui l’attend. Comment doit-il pratiquer son adoration ? Qui suis-Je ? Comment peut-il le savoir avec certitude ? Le corps de Sāī est périssable, tandis que le Brahman est impérissable.

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En révélant la Gītā à Arjuna, le Seigneur (Krishna) a dit : étant omniprésent, Je suis l’expression de Prakriti (Nature) aux huit aspects. Tout cet univers fait d’objets animés et inanimés, de noms et de formes, Je le manifeste sous forme de la Prakriti aux huit aspects. Je suis le seul Auteur du monde phénoménal. Le symbole mystique OM m’exprime et c’est Moi seul qu’il implique. Cet Univers manifesté inclut des quantités de formes ; Je suis immanent en toutes ces choses. Puisque rien d’autre n’existe à part le Soi, que peut-on désirer ? Je parachève chaque aspect de cet Univers, aux dix points cardinaux. Quand tout est comblé de la Totalité, le sens de « moi » et de « mien » (ego et possessivité, Ndt.) disparaît. Quels désirs pourrions-nous avoir, si Je suis omniprésent ? Les désirs naissent dans la faculté intellective et n’ont rien à voir avec l’ātman, le Soi. Puisque le Seigneur Sāī est l’expression de l’ātman, comment des désirs pourraient-ils surgir en lui ? Les désirs sont de différents types. Mais une fois que nous avons saisi l’essence de la question « qui suis-je ? », ils fondent comme des grêlons sous les chauds rayons du soleil. Je ne suis pas la forme physique avec son mental, sa faculté intellective et ses organes sensoriels. Je ne suis pas la matière dense ou la forme matérielle. Je ne suis même pas le Brahmanda (l’œuf d’or ou matrice de l’univers) non-manifesté. Je suis l’antique Témoin sans commencement. C’est pourquoi, transcendant les sens, Je ne suis pas attiré par les objets des sens. Mais il n’existe rien où Je ne suis pas. Je ne suis ni l’auteur ni la cause de l’action. Lorsque nous réalisons que l’intelligence, le mental et les autres organes sensoriels sont de simples instruments du corps physique, le détachement véritable se présente et dévoile le Soi, dont la connaissance nous était cachée. L’illusion consiste dans l’oubli de sa propre nature réelle. Au contraire, réaliser la pure Béatitude intérieure, c’est Me connaître, Moi, l’Un Suprême, la Conscience Pure. Le fait de tourner son attention sur ce « Je » est en soi le service et la dévotion à Mon égard. Lorsque, en Mon esprit, J’expérimente la béatitude, je suis dans la Connaissance pure.

Cet ātman est Brahman ; la joie qui jaillit de la compréhension est Brahman. Quand on reconnaît l‘inauthenticité de l’univers, l’illusion à son sujet disparaît. Brahman est Vérité, c’est ce que Je suis. Je suis l’Eternel, le Pur, l’Illuminé, le Libéré. Je suis Vasudeva, Je suis OM. M’adorer avec foi et M’offrir une dévotion sincère vous apportera le plus grand profit Donc, quand vous réalisez ma vraie nature, offrez-Moi vos services de la juste façon. De plus, abandonnez-vous totalement à Moi. Soyez un avec Moi. Une fois que le fleuve s’est jeté dans l’océan, peut-il revenir sur ses pas ? Quand il a embrassé l’océan, va-t-il garder une identité séparée ? Tout comme la mèche d’une lampe, imbibée d’huile, devient elle-même lumière brillante aussitôt qu’une flamme la touche, ainsi, aux pieds d’un sage une personne atteint le statut du sage. Celui qui ne pense qu’à Allah Malik, l’Être Suprême, la Conscience Pure, vit dans la paix, n’a aucun désir et voit tous les êtres d’un œil égal. Comment pourrait-il garder une identité différente de l’Être Suprême ?

Quand nous n’avons plus conscience de notre petit moi, quand nous n’avons pas d’ego, quand nous n’allumons pas des querelles et des conflits (choses communes dans le monde),

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quand nous ne désirons pas posséder des biens matériels, l’ego peut-il exister en nous si nous cultivons ces quatre vertus ? » En somme, toutes ces vertus existent pleinement dans la nature de Sāī. Alors, comment l’ego pourrait-il trouver sa place ? Et comment puis-je, moi, cultiver un tel ego ?

« Je suis partie intégrante de Celui qui imprègne tout l’univers. Abandonnez-vous aux pieds de Sāī. Cela sera le service. Me servir et chanter Mes louanges, s’abandonner complètement à Moi, ce sont-là des attitudes qui mèneront le fidèle à l’union avec Moi. C’est ce que déclare Krishna dans la Bhagavad Gītā. Tout comme un ver, qui pense constamment à une abeille, devient lui-même abeille, ainsi quand un disciple pense constamment à son Guru, il devient semblable à son Guru. Le mot ‘semblable’ laisse toutefois de la place à une distinction. Même cela est intolérable aux yeux du Guru, ne fut-ce que pour un instant, parce que l’existence du Guru est impossible sans le disciple et que le disciple n’est pas séparé du Guru. » C’était ainsi. Celui qui m’ordonnait l’adoration me dévoilait Sa vraie nature. A l’appui de ce que j’ai dit, je me souviens d’un incident que je vais raconter à présent. Un jour, un Rohila (Pathan : réfugié ou apatride, Ndt )25 arriva à Shirdi, fortement attiré par les vertus de Bābā. Il y resta longtemps et se consacra avec amour au service de Sāī. Il était costaud comme un buffle, têtu et ne faisait attention à personne. Il était vêtu d’une simple tunique (kafni) qui lui tombait jusqu’aux chevilles et il vivait dans la Mosquée. Jour et nuit, dans la mosquée comme au Chavadi26, il récitait des versets du Coran à pleine voix, en toute liberté et avec grand enthousiasme. Maharaj était toute paix, mais les villageois s’en ressentaient fortement. Ses récitations ininterrompues, même au cœur de la nuit, troublaient le sommeil des habitants. Durant le jour, ces gens devaient travailler sous un soleil de plomb, dans les champs et dans les bois, et la nuit ils ne pouvaient pas dormir calmement ; c’est pourquoi ils étaient irrités. Bābā n’était probablement pas dérangé, mais les gens, quant à eux, pensaient avoir commis une grande faute. La nuit, ils n’avaient plus de sommeil tranquille et étaient furieux contre le Rohila. Pris entre deux feux, ils se trouvaient devant un dilemme. Combien de temps allaient-ils pouvoir supporter cette situation ? Ce bruit nuit et jour représentait un grand problème pour eux. Ils étaient très inquiets. Le Rohila, pour sa part, avait la tête dure. Comme si cela ne suffisait pas, il jouissait du ferme appui de Bābā. Il devenait de plus en plus incontrôlable et se donnait des airs. Il était arrogant et dédaigneux et prenait des attitudes insolentes envers les gens. Il s’égosillait encore plus qu’auparavant et tout le village finit par se tourner contre lui. Sāī, au cœur doux et maternel, défendait toujours ceux qui s’abandonnaient à lui. Aussi, tous les villageois vinrent-ils à Lui pour Lui parler. Mais Bābā ne leur réserva aucune attention, bien au contraire ; Il dit aux villageois :

25 Personne d’origine afghane 26 Sorte de préau de village pour abriter les pèlerins de passage.

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« N’agacez pas le Rohila. Il m’est très cher. Sa femme est une vraie mégère et ne veut pas rester avec lui. Elle veut venir chez moi en se soustrayant à son autorité. Cette femme sans vertu ne porte pas le voile. Elle est éhontée et sans modestie. Quand on la fait sortir de la maison, elle revient de force. Aussitôt que l’homme cesse de hurler, la mauvaise femme saisit l’occasion pour revenir. Quand il crie, elle fuit et le laisse dans sa pureté de parole, de corps et d’esprit. J’en suis profondément heureux. Personne ne devrait s’opposer à lui. Laissez-le hurler à cœur joie. Je ne peux pas passer les nuits sans lui. Il me donne beaucoup de joie Des hurlements de ce type sont tout à mon avantage. Par cette attitude, le Rohila devient bon et me rend extrêmement heureux. Laissez-le crier autant qu’il lui plaira. J’y trouve mon bien-être. Sans cela cette méchante femme viendra me troubler. Quand il se lassera, il se taira automatiquement. Alors vous aurez atteint votre but et la mauvaise femme ne viendra plus me déranger. » Si Maharaj parlait ainsi, tout effort devenait inutile. Si l’esprit de Bābā n’est pas dérangé, pourquoi devrions-nous être concernés ? À ces mots, le Rohila ne se sentit plus de joie. À présent il était fort de la permission de Bābā. Aussi se mit-il à réciter le Coran à très haute voix et provoqua le chaos. Les gens étaient stupéfaits de voir l’égalité d’âme de Bābā. Au lieu de Lui casser la tête, les hurlements Le captivaient. Ces cris étaient horribles. On se demandait comment ils ne desséchaient pas la gorge du Rohila. Mais Bābā continuait à dire à tout le monde : « Laissez-le faire. » À première vue, le Rohila donnait l’impression d’être un Musulman simple d’esprit, mais il avait un grand respect pour Bābā. Heureusement, suivant les normes de sa religion, il se contentait de réciter des versets du Coran. Il ne se souciait pas de savoir si sa voix était douce ou stridente. Aussitôt que lui en venait l’inspiration, il se mettait à hurler le Nom de Dieu. La nature l’avait pourvu d’une voix peu discrète. Il n’arrêtait pas de crier : « Allah Ho Akbar » et de réciter les versets avec grand enthousiasme. Bābā n’aimait pas fréquenter des personnes avec une aversion pour le Nom de Dieu. Alors, pourquoi devait-Il écarter le Rohila, puisque celui-ci répétait continuellement le Nom sacré ?

« Chaque fois que Mes fidèles chantent Mes louanges, Je suis présent parmi eux. Là Je suis éveillé, attentif et sans sommeil. »

Était-ce pour prouver les affirmations de la Bhagavad Gītā, que Bābā se conduisait ainsi ? Le Rohila vivait de ce qu’il recevait en aumône et restait parfois sur sa faim. Comment pouvait-il avoir une femme qui allait agacer Bābā ? L’homme était réduit à la misère. Comment pouvait-il s’être marié et maintenir une épouse ? Quant à Bābā, Il était célibataire depuis son enfance. Donc l’histoire entière était une allégorie. Laissons-le donc chanter à pleine voix. Bābā est content d’entendre réciter ces versets. Il les écoutait jour et nuit. En comparaison, le sommeil Lui semblait un vrai poison. Si on les comparait aux lumineux enseignements contenus dans ces versets, les lamentations des villageois étaient vides de sens. C’était une stratégie de Bābā pour donner aux villageois la juste perspective.

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Ainsi, Il enseignait à tout le monde qu’Il appréciait la compagnie du Rohila parce que l’homme aimait le Nom de Dieu. Comme pour Lui l’objet de perception, le sujet qui perçoit et l’acte de percevoir sont tous les trois Dieu, Il ne fait aucune différence entre les gens, qu’ils soient Brahmane ou Pathan. Un jour, après l’ārati de midi, alors que les fidèles se préparaient à rentrer chez eux, Bābā leur adressa ces douces paroles qui jaillissaient de Ses lèvres. Ecoutez-les :

« Où que vous soyez et quoi que vous fassiez, souvenez-vous toujours que Je suis informé de vos actes dans les moindres détails. Il est dit que Je réside ainsi dans l’esprit de tous les êtres. Je suis omniprésent, dans tous les cœurs. Je suis le Seigneur de tous les êtres. « Je demeure dans la création entière, au-dedans comme au-dehors, jusqu’à la saturer de Ma présence. Cet univers est gouverné par Dieu et c’est Moi qui tiens les rênes. Je suis la Mère de tous les êtres vivants. Je suis l’équilibre entre les trois gunas27. Je stimule l’activité des sens. Je suis Créateur, Conservateur et Destructeur.

« Rien n’est difficile pour celui qui fixe son attention sur Moi. Mais aussitôt qu’il M’oublie, Māyā (illusion) l’attaquera. » Cet univers incommensurable, constitué d’objets mobiles et immobiles, est le reflet de Bābā. Quelle indication merveilleuse ! Il n’existe aucune différence entre les sages et Dieu. Sans se différencier de Lui, les Sages prennent cependant une forme dans l’intérêt de cet univers de choses mobiles et immobiles. Si quelqu’un souhaite s’abandonner aux pieds du Guru, il devrait chanter les louanges ou raconter la vie et les actes du Guru, ou encore écouter avec dévotion les récits à son sujet. L’homme désireux d’obtenir la connaissance devrait écouter avec intensité, au point de devenir un avec l’enseignement et l’assimiler. Alors l’Energie Suprême se manifestera à lui et élèvera son esprit.

Même si quelqu’un est absorbé dans ses occupations matérielles et entend par hasard raconter la vie d’un Saint, il en tirera profit sans aucun effort, car telle est la nature de ce genre de récits. À plus forte raison, quel grand bénéfice en tirons-nous si nous l’écoutons avec foi et dévotion ! Lecteurs, pensez-y dans votre propre intérêt. Votre dévotion aux pieds du Guru se développera et votre progrès s’affirmera peu à peu d’une façon formidable. Aucun autre rite ou rituel n’est nécessaire. Vous atteindrez le Bien Suprême. Une fois que vous disciplinez ainsi votre mental, votre appétit pour de tels récits s’intensifiera. Vos liens avec les objets des sens se rompront facilement et une extrême félicité prendra possession de vous. Après avoir entendu les douces paroles de Baba, j’ai décidé de cesser tout travail professionnel et de me consacrer entièrement au service du Guru. Toutefois mon esprit ruminait

27 Les trois aspects constitutifs de la Nature, c’est-à-dire sattva (équilibre-harmonie-lumière), Rajas

(passion- activité) et Tamas (passivité – ignorance)

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sur l’affirmation de Bābā : « Il trouvera facilement un emploi », et je me demandais si cela allait s’avérer. Bābā peut-Il mentir ? Non ! C’est impossible. J’allais peut-être travailler à nouveau dans la société, mais cela n’allait pas être à l’avantage de ma spiritualité.

Anna28 avait posé la question spontanément à mon sujet. D’autre part, c’était aussi mon désir, mais ce n’était pas écrit dans mon destin. Au tréfonds de moi-même, je souhaitais trouver un nouvel emploi pour subvenir aux besoins de ma famille. Sāī m’a offert une pilule sucrée. J’ai avalé le remède en espérant que de la douceur s’ensuive, et la chance m’a ouvert sa porte. J’ai trouvé un emploi d’une façon tout à fait inattendue et je l’ai accepté pour avoir un revenu. On finit par se lasser même du sirop, si on en mange continuellement. Je préfère me lécher les doigts après les avoir trempés dans le miel que sont les enseignements de Bābā. L’emploi ne devait pas durer longtemps. Il se termina d’une façon aussi inattendue qu’il avait commencé. Baba fit en sorte que je me fixe sur ce que j’avais à faire, me permettant ainsi de jouir du bonheur de vivre en Sa présence. Cet univers plein de choses animées et non animées est une manifestation de Dieu. Toutefois Dieu transcende l’univers et l’Esprit Suprême est au-delà de tout. Dieu n’est pas séparé du monde matériel, mais les affaires du monde se distinguent de Lui, car le monde reçoit de Lui l’énergie, par laquelle il se développe. Dieu est le fondement de l’univers. Comprenez bien qu’il y a huit manières d’adorer Dieu : par les pūjas aux images sacrées, par le feu sacrificiel, etc. Mais l’adoration au Guru est la meilleure de toutes. Krishna était l’Incarnation du Suprême Brahmane. Pourtant Il se prosternait aux pieds de Sandipani (son Guru) et disait : « Le souvenir constant du Sadguru est la façon la plus sûre de Me plaire, Moi, Nārāyana. Si vous chantez les louanges du Sadguru plutôt que les Miennes, Je l’apprécie mille fois plus. Telle est l’excellence et la profonde signification du Sadguru ». Celui qui tourne le dos au Guru est un malheureux pécheur. Il doit endurer la pénible ronde des naissances et des morts. Ses incarnations se succèdent en cycle perpétuel. Donc prêtons l’oreille aux présents récits pour obtenir notre propre libération. Même les paroles proférées occasionnellement par des Saints rompent nos liens à la fausse connaissance et nous sauvent en temps de calamité. Alors, assimilons tous ces histoires. Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve ni quel secours ces paroles nous apporteront (dans les moments cruciaux). Cela, c’est le jeu du Très-Haut. Le fidèle plein d’amour est un simple spectateur. Manquant d’intelligence et de sagesse, comment vais-je expliquer la grande chance qui m’incombe d’avoir un Guru aussi puissant que Sāī ? Cela aussi est Son līla (jeu divin). J’ai déjà exposé le but de cet ouvrage et l’assurance que Bābā m’a donnée. Par Sa grâce, j’ai reçu Ses instructions au sujet de la distinction entre le Toi et le moi, et sur l’adoration.

28 Anna : nom signifiant « frère aîné » et employé pour exprimer les rapports d’amitié entre deux hommes.

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Maintenant, chers lecteurs, vous lirez dans le prochain chapitre comment Samartha Sāīnatha est apparu à Shirdi. Vous tous, jeunes et vieux, croyants ou incroyants, réservez-vous un moment dans vos occupations matérielles pour polariser votre attention sur cette exceptionnelle histoire de Sāī. Bien que Sāī soit une Incarnation divine, Il joue Ses différents rôles sans en être affecté, comme un chef de famille plongé dans ses tâches quotidiennes, et Il agit en accord avec les dictées de Māyā. « Samartha Sāī ». Mettant ce mantra sur les lèvres de ceux qui servent les pieds divins, Il tire les fils pour libérer Ses fidèles de l’existence matérielle. Le récit de Sa vie est sacré. En somme, toute la vie de Sāī est sacrée. Ceux qui la racontent et ceux qui l’écoutent en auront le cœur purifié. Si l’on écoute les histoires avec amour, tous les maux de l’existence matérielle disparaîtront. Sāī, comme un nuage de Miséricorde, va faire pleuvoir Sa grâce ; ainsi émergera la connaissance pure et totale. Les obstacles pouvant survenir sont la paresse, la distraction mentale, l’attachement aux objets sensoriels et au plaisir du goût. Refoulez ces tendances, ainsi votre écoute deviendra une heureuse expérience.

Vous n’avez besoin d’aucune cérémonie pour accomplir vos rituels. Vous n’avez pas besoin de torturer votre corps ; vous ne devez pas aller en pèlerinage le long des fleuves sacrés. Il vous suffit de prêter votre attention à cette histoire. Un amour sincère et la conscience de l’objet de votre dévotion vous conduiront aisément à votre plus grand bien. La fausse connaissance et l’idée de la nature duelle du monde seront dissipées. Vous ne devez faire aucun effort ni adopter d’autres moyens. Ecoutons simplement le Satcharita. Il va résoudre tous les karmas (résidus des actes) de la vie passée et présente, qui autrement auraient pour résultat une nouvelle naissance. Il n’en restera plus la moindre trace. Comme un avare qui, en tout lieu, garde la pensée fixée sur son trésor caché, ainsi la pensée de Sāī devrait demeurer jour et nuit dans nos esprits.

Puisse la paix régner en Maitre. Ainsi se termine le troisième chapitre intitulé

« Bābā approuve le projet» du Shrī Sāī Samartha Satcharita,

compilé par le fidèle Hemadpant, sollicité par les Saints et les personnes vertueuses.

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Sai Samartha apparaît à Shirdi

SALUTATIONS À SHRI GANESHA, SALUTATIONS À SHRI SARASVATI,

SALUTATIONS AU GURU SALUTATIONS A LA DEITE TUTELAIRE DE LA FAMILLE

SALUTATIONS A SHRI SITA-RAMACHANDRA SALUTATIONS A SHRI SADGURU SAINATH

Aux deux chapitres précédents, nous avons accompli l’invocation. Ensuite nous avons parlé du but pour lequel le présent ouvrage allait être rédigé, des qualifications de l’auteur, et nous avons exposé dans le détail les motivations intrinsèques et la structure de l’ouvrage. Maintenant, pour quelle raison les Saints s’incarnent-ils ? Leur apparition sur terre est due aux fautes des êtres humains. Oh, mes chers lecteurs, je ne suis qu’un grain de sable sous vos pieds. Prêtez-moi votre attention, je vous demande sans honte cette faveur. La biographie d’un Saint est agréable à lire. De plus, l’histoire de Sāī a la douceur du nectar. Les nombreux fidèles de Sāī qui s’en abreuvent sont débordants de bonheur. De nos jours les Brahmanes oublient les devoirs de leur caste. Les ressortissants des castes inférieures usurpent le statut des Brahmanes. Les prêcheurs de la religion ne sont plus respectés et certaines personnes essaient d’intimider les autres. Plus personne ne se soucie des préceptes religieux. Dans toutes les familles chaque personne s’érige en autorité. Les uns cherchent à s’imposer aux autres et personne n’écoute. Les gens dégustent des nourritures et des boissons défendues. Ils ne tiennent absolument aucun compte du juste comportement et de la juste pensée. Des Brahmanes vont même jusqu’à manger de la viande et boire de l’alcool, sans aucune retenue. Au nom de la religion, ils commettent des atrocités et diffusent la haine parmi les sectes, à la suite de quoi des gens sont excédés. Quand les Brahmanes refusent de prendre leur bain rituel quotidien et cessent d’offrir leurs prières d’adoration ; quand les pratiquants orthodoxes refusent d’accomplir les rites religieux ; quand les yogis refusent de réciter leurs prières avec une profonde concentration, alors, les temps sont mûrs pour que les Saints s’incarnent. Lorsque les gens croient que le bonheur réside uniquement dans les contacts sociaux, la richesse, le statut, la famille et la descendance, et qu’ils s’écartent des valeurs spirituelles, les Saints se manifestent. Quand ils perdent tout sens du bien suprême à cause du déclin du dharma, les Saints apparaissent pour faire renaître le dharma. Lorsque les gens ruinent leur santé, leur longévité et leur prospérité dans la poursuite de leurs besoins sexuels, perdant ainsi l’opportunité de s’élever, c’est le moment où les Saints s’incarnent. Ils naissent sur cette terre

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pour protéger l’Hindouisme Védique, pour détruire la tendance au péché et pour secourir les pauvres, les faibles et les affligés. Les saints sont des âmes libérées, toujours prêtes à aider le faible à s’améliorer. Ils s’incarnent uniquement pour les autres, sans aucun intérêt personnel. Ils établissent leurs fondations sous forme de renoncement, au cœur de la vie active du monde matériel. Ils construisent le temple du Bien suprême et élèvent aisément leurs fidèles. Ils accomplissent leur mission en travaillant pour la religion et pour le réveil spirituel ; quand ils ont atteint leur but, ils abandonnent leur dépouille mortelle. L’âme individualisée est Esprit Suprême, qui donne de la joie au monde entier. Et l’Esprit Suprême est le Guru par excellence, Shankara, celui qui accorde la félicité. Il est le haut lieu de l’amour. Il est éternel, constant et immuable. Il transcende l’espace, le temps et la matière. Il défie toute description. Les quatre modes du langage - c’est-à-dire para (pratiqué uniquement par les yogis et symbolisé par la syllabe mystique AUM), pashyanti (expression à son deuxième stade, située dans le mental), madhyāma (parole à son troisième stade et située dans la gorge), et vaikhari (son articulé) – ont été incapables de Le décrire. Même les Védas, en toute sagesse et ingénuité ont accepté leur défaite et ont eu recours à la description négative neti, neti – pas cela, pas cela. Les six Shastras29 et leurs philosophies respectives se sont bien gardés de Le décrire. Les Purānas et les Kīrtanas se sont également lassés. Le seul moyen de Le comprendre est de prier de tout son cœur, son corps et son esprit. Telle est l’histoire de la vie du Saint Sāī, dont les actes sont extrêmement mystérieux. Si nous écoutons cette histoire pure, comment nos oreilles n’en seraient-elles pas purifiées !

Il est la force motrice qui commande nos organes sensoriels. Il me donne l’inspiration pour rédiger cet ouvrage et, grâce à Lui, la biographie jaillit d’une façon ordonnée et ne requiert aucun effort. Il demeure dans le cœur de chacun ; Il est le Résident intérieur et extérieur, Il est omniprésent. Alors, pourquoi me soucier inutilement ? Pour quelle raison ?

Lorsque j’évoque Ses vertus une par une, mon mental s’immobilise. Quels mots pourraient-ils Le décrire ? Il vaut mieux garder le silence par respect pour Lui. Notre nez est fait pour humer le parfum de la fleur, notre peau pour sentir au tact la différence entre le chaud et le froid, nos yeux pour jouir de la beauté – c’est comme cela que nos sens sont heureux. Notre langue connaît la douceur du sucre mais ne peut pas la décrire ; de la même façon, je suis incapable de décrire les vertus de Sāī. Quand le Sadguru veut une chose, Il en donne Lui-même l’inspiration. À travers Ses instruments choisis, Il met en paroles l’indescriptible. Je ne dis pas cela par simple formalité. Je ne lance pas des mots au hasard. Ces paroles sont sincères et je demande votre respectueuse attention.

29 Sankhya, Yoga, Nyaya, Vaisheshika, Mimamsa et Vedanda

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Tout comme Gangapur, Narsimhawadi, Audumbar et Bhillawadi (lieux sacrés), le village sacré de Shirdi est situé sur les rives de la Godavari. Les rives, les eaux de cette rivière et sa fraîche brise dissipent l’obscurité du monde matériel. Tout le monde reconnaît la sainteté de la rivière Godavari. La région qu’elle baigne a été la terre natale de nombreux Saints, tous les uns plus nobles que les autres. Il y a plusieurs endroits sacrés le long de ses rives et ses eaux lavent les péchés. Si l’on boit son eau et que l’on s’y baigne, on est guéri des maux de l’existence matérielle. C’est ce que certifient les Purānas. Située dans la circonscription d’Ahmednagar, la Godavari indique le chemin vers Shirdi, situé à proximité de Kopargaon. Si vous passez sur l’autre rive, quand votre véhicule entre à Nimgaon à environ 9 km., Shirdi est immédiatement visible. Les Saints du passé étaient Nivritti, Jnāndeo, Muktabai, Namadeo, Janabai, Gora Kumbhar (le potier), Gorai, Tukaram, Narhari, Narsibhai Mehta, Sajan Kasai (le boucher) et Savta-Mali (le jardinier). Même à présent, il en existe plusieurs ; ils considèrent le monde comme une unique famille et portent secours aux misérables et aux affligés. Ramdas, le plus important parmi eux, a quitté les rives de la Godavari et s’est rendu sur celles du fleuve Krishna, pour la libération du monde. C’est ainsi que Sāī, le grand ascète, est apparu sur les rives de la Godavari pour la bonne fortune de Shirdi et pour le salut du monde. Les alchimistes transmutent le fer en or. Et bien, les Saints agissent un peu comme des alchimistes. Leurs actes sont extraordinaires. Ils s’offrent en exemple aux fidèles. Transcendant toute distinction et voyant l’univers entier comme la manifestation de Brahman, ils reconnaissent la gloire de Brahman reflétée uniformément en eux-mêmes et dans le monde qui les entoure. Ainsi, lorsque nous réalisons que l’univers est notre propre Soi, comment décrire la joie qui jaillit en nous ? Elle nous amène à l’expérience de notre Bien suprême. Lorsque nous atteignons cette unicité, envers qui ressentirions-nous de l’inimitié ou de la peur ? Il n’y a personne d’autre à qui s’en prendre.

Sāī appartenait à Shirdi comme Damaji appartenait à Mangalvadi, Ramdas à Sajjangad ou Narasimha Sarasvati à Wadi. Aussi difficile et insurmontable que soit la vie matérielle, Il a triomphé d’elle. La paix était Son ornement ; Il était un puits de sagesse. Pour les fidèles de Vishnu, Il était le paradis, le sommet de la bienveillance. Lorsqu’Il accordait la connaissance spirituelle, Il était l’avatar de Karna30. Sāī est la quintessence de la Vérité. Sans aucun attachement pour les choses périssables, absorbé dans son propre Soi, Il se concentrait uniquement sur le Suprême. Vraiment, Son état d’âme était indescriptible. Il n’était affecté ni par l’abondance ni par la disette ; Il était insensible aux joies et aux peines de l’autre monde (ce qui devrait se passer après la mort) ; Son cœur était limpide comme un miroir et Ses paroles baignaient les fidèles dans le nectar.

30 Frère aîné ignoré des Pandavas, ce grand guerrier combattait généreusement aux côtés des Kauravas.

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Tous étaient égaux à Ses yeux, roi, indigent, pauvre ou humble. Il était au-delà des honneurs et des blâmes. Il voyait Dieu en tout être vivant. Il se comportait avec tout le monde comme un homme ordinaire, assistait aux danses et aux contorsions des Muralis31, écoutait les chants et les gazals (joutes poétiques) en marquant le rythme avec un plaisir visible, mais Son état intérieur de samādhi n’en était absolument pas troublé. Le nom d’Allah était gravé dans Son cœur. Il dormait quand le monde était éveillé et veillait quand le monde dormait. Son essence était pareille aux profondeurs de l’océan. On avait du mal à déterminer par quel ashrama32 Sa vie passait ou l’exacte nature de Ses activités. Très souvent Il ne bougeait même pas de Sa chaise et pourtant Il était au courant de tout se qui se passait. Extérieurement, Son audience avait la majesté d’une cour royale. Il s’entretenait sur d’innombrables sujets ; c’était-là une scène permanente de Son théâtre. Mais intérieurement, Il était fidèle au silence. Il avait l’habitude de s’appuyer contre le mur, de faire des promenades matin et soir, de se rendre au Lendi (jardin) et au Chavadi (préau municipal). Pourtant, Son état de réalisation du Soi n’était pas dérangé pour autant. Je ne sais pas en quelle vie, en quelle période, à quelle occasion, de quelle manière j’ai pratiqué la pénitence qui a eu pour fruit de me voir placé sous l’aile de Sāī. Puis-je appeler cela « fruit de ma pénitence » ? Non, je suis né pécheur. Mais Sāī est bon et plein d’amour, c’est donc seulement dû à Sa grâce. Bien que Siddha33 depuis Sa naissance, Il se comportait comme un simple Sādhaka (aspirant spirituel). Il était dépourvu d’orgueil et plein d’humilité. Il plaisait à tout le monde. Tout comme les Saints Ekanath et Jñāneshvar ont apporté la gloire aux villages de Paithan et Alandi, ainsi Sāī a fait de Shirdi un lieu digne de louanges. Bénis soient les brins d’herbe et les cailloux de Shirdi pour avoir été, sans aucun effort, en mesure de baiser chaque jour les pieds de Bābā, et avoir pu poser sur leur tête la poussière de Ses pieds. À nos yeux, Shirdi est Pandharpur, Shirdi est notre Jagannathpuri, Dwaraka, Gaya, Kashi (Benarès) – Vishveshvar, Shirdi est notre Rameshvaram (lieux de pèlerinage à Shiva et Vishnu). Shirdi est notre Badri-Kedar, Shirdi est Nashik-Tryambakeshvar, Shirdi est Ujjain-Mahakaleshvar, Shirdi est Mahabaleshvar-Gokarna. À Shirdi, l’association même avec Sāī vaut l’étude des Nigamas (écritures védiques) et des Agamas (écritures postvédiques), elle est le baume qui soigne les afflictions de la vie. C’est une voie facile vers le but suprême. Le darshan de Sāī Samartha est déjà en soi un moyen de nous unir au Divin et la conversation avec Lui nous purifie de nos fautes. Lui toucher les pieds vaut un bain au confluent des trois fleuves sacrés (Gange, Yamuna et Sarasvati). Et boire l’eau du lavage de Ses pieds éradique tous nos désirs. Pour nous, Ses ordres valent une prédication sur les Védas. Son udi (cendre sacrée

31 Des femmes consacrées au dieu Khandoba. 32 Les quatre étapes de la vie spirituelle : Brahmacharya, Grihasta, Vanaprastha et Sannyasa 33 Celui qui possède les siddhis ou pouvoirs spirituels suite à sa complète réalisation du Soi.

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recueillie dans le dhuni ou feu perpétuel) et Son prasad (nourriture bénie) purifient et libèrent de toutes les façons. Sāī est pour nous le Suprême Brahman, le sommet de la félicité spirituelle. Sāī est notre Shri Krishna, Il est notre refuge et notre repos. Sāī transcende la double nature du monde, Il n’est jamais ni déprimé ni exalté, Il est toujours concentré sur Son propre Soi et Sa conscience est constamment fixée sur le Brahman. Shirdi est un point central, mais le royaume de Bābā s’étend bien au-delà. Il atteint le Punjab, Calcutta, l’Inde du Nord, le Gujarat, le Deccan et le Karnataka. Le Samādhi de Sāī, à Shirdi, est un lieu de rassemblement pour tous les Saints. Chaque pas dans sa direction coupe un chaînon de nos liens à la vie matérielle. Si un simple regard sur Son Samādhi est le point culminant d’une vie entière, que dire de la grande chance qu’ont eue ceux qui ont passé la vie à Son service ? Sur le toit de la Mosquée et sur celui du wada (résidence) de beaux drapeaux flottent haut dans le ciel et semblent saluer les fidèles. Bābā est un Saint célèbre, dont la réputation s’est étendue largement. Certains font des vœux devant Lui pour voir leurs souhaits exaucés ; d’autres obtiennent la paix intérieure par Son simple darshan. Quels que soient les désirs secrets d’une personne, purs ou sans scrupules, la vue de Sāī pacifie son mental. C’est pourquoi les gens frémissent au tréfonds de leur cœur. Ce que l’on ressent à Pandharpur par la vision de Vitthala et de Rakhumai, on le vit à Shirdi par le darshan de Bābā. Si quelqu’un pense qu’il s’agit là d’une exagération, qu’il écoute les paroles de Gaulibuva, un grand dévot de Vitthala ; ses doutes seront dissipés. Cet homme était un pèlerin habituel de Pandharpur. Après sa visite annuelle en ce lieu, il venait aussi à Shirdi une fois par an. Il aimait beaucoup Bābā. Gulibuva voyageait à dos d’âne en compagnie de son disciple. Il chantait continuellement Rāma, Krishna, Hari. Il avait quatre-vingt quinze ans. Il passait les quatre mois de mousson sur les rives de la Godavari et les autres huit mois de l’année à Pandharpur. Il voyait Bābā chaque année. En regardant Bābā avec humilité, il disait : « Ce Saint est l’incarnation de Pandharinātha (le Seigneur de Pandharpur), le Miséricordieux, le Protecteur des affligés. Quelqu’un peut-il devenir Saint s’il aime s’habiller de dhotis en soie brodée ? Pour être un Saint, il faut pratiquer un ascétisme rigoureux jusqu’à faire voir ses os et réduire son sang en eau. Peut-on atteindre la Divinité sans effort ? Cet homme est l’incarnation de Pandharirao. Le monde est ignorant. Si votre conviction est sincère, vous percevrez la divinité derrière les apparences. » Ces paroles viennent d’un grand fidèle, qui aimait intensément le Seigneur Pandharinātha (Krishna). En comparaison, quelle expérience peut évoquer un humble sujet tel que moi ? Puissent les expériences personnelles des lecteurs constituer leur meilleur guide. Bābā aimait que l’on pratique le Nāmasmarāna (répétition du nom divin). Lui-même répétait constamment les paroles « Allah-Malik » (Dieu est le Maître). Il organisait la répétition ininterrompue du Nom divin pendant sept jours consécutifs, jour et nuit, en Sa présence.

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Une fois, Bābā demanda à Das Ganu34 de conduire ces chants pendant sept jours ; en échange, Das Ganu pria Baba de voir l’apparition de Vitthāla (Krishna) en personne. Sa main sur Son cœur, Bābā le lui assura en toute confiance et lui dit fermement :

« Oui, bien sûr, Vitthāla en personne apparaitra. Le fidèle devrait avoir une foi totale. Ici même se trouvent le Dankapuri de Dakurnath, ou le Pandhari de Vitthāla, ou encore le Dwaraka Nagari de Ranchod ; si vous les cherchez, vous n’avez pas besoin d’aller loin. Vitthāla viendrait-Il de quelque autre lieu, abandonnant sa résidence privée ? Non ! Il apparaitra ici même, jailli de l’intense dévotion du fidèle. Par le service à ses parents, Pundalika a captivé le Dieu des dieux. Voyant la dévotion de Pundalika, le Seigneur est resté debout sur la brique et l’a attendu. » Le septième jour du Nāmasmarana, les paroles de Bābā s’avérèrent. Das Ganu eut le darshan du Seigneur Vitthāla à Shirdi. Ainsi la prédiction de Bābā fut vérifiée et expérimentée. Un jour, alors que Kakasaheb Dixit méditait, après son bain matinal, il eut le darshan de Vitthāla. Un peu plus tard, quand il se rendit au darshan, il fut surpris d’entendre Bābā lui demander :

« Le Maître Vitthāla n’est-il pas venu ? L’as-tu rencontré ? Ce Vitthāla est un garçon fugace. Tiens-le fermement, sinon il s’échappera aussitôt que ton attention s’affaiblira ne fut-ce qu’un instant. » Cet épisode avait eu lieu le matin ; dans l’après-midi, il eut encore d’autres preuves de la joyeuse apparition de Vitthāla. Un marchand ambulant venu à Shirdi d’un autre village, avait l’intention de vendre vingt ou vingt-cinq magnifiques images de Vitthāla. Elles étaient la réplique exacte de la vision que Dixit avait eue le matin en méditation. Il en fut surpris et se souvint des paroles de Bābā. Il acheta une de ces images avec grand amour et la plaça sur son autel pour son adoration quotidienne. Voici un autre épisode magnifique au sujet des salutations à Sāī comme étant l’équivalent de l’adoration à Vitthāla. Écoutez-le en toute joie. Le père de Bhagwantrao Shirsagar, un ardent dévot de Vitthāla, se rendait souvent à Pandharpur. Dans sa maison il avait une image de Vitthāla, mais quand il mourut, son fils interrompit la célébration de la pūja et l’offrande de naivedya. Il cessa même d’accomplir les rituels pour l’anniversaire de la mort de son père. Il ne fit plus le pèlerinage annuel à Pandharpur. Cependant, lorsqu’il vint à Shirdi, Bābā évoqua la mémoire de son père et dit aux fidèles présents: « Il était mon ami. Cet homme est le fils de Mon ami bien-aimé. C’est pour cela que Je l’ai attiré ici. Il n’offre pas naivedya, il Me laisse mourir de faim. Il laisse même Vitthāla affamé.

34 Un simple agent de police devenu ensuite poète et auteur de kīrtanas et qui, par ses chants de village en

village, fit connaître Sai Baba au monde.

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C’est pour cela que Je l’ai amené à Shirdi. Maintenant, Je vais lui rafraichir la mémoire et lui faire célébrer la pūja ». Une fois, sachant que le moment était favorable, Das Ganu souhaitait se rendre à Prayag35 pour un bain rituel ; il s’approcha de Bābā pour demander Sa permission. Bābā lui répondit : « Pour cela tu n’as pas besoin d’aller aussi loin. Ceci même est la rive de Prayag. Aie en ton cœur une foi solide. » Oh ! Comment exprimer la grandeur de Bābā ? Au moment où Das Ganu posait sa tête sur les pieds de Bābā, de l’eau se mit à ruisseler de Ses deux gros orteils, comme si c’était l’eau du Gange et de la Yamuna. Devant ce miracle, Das Ganu était au comble de l’émotion. Quelle grande faveur Bābā lui accordait ! Des larmes jaillirent de ses yeux. L’amour envahit son cœur et il se mit à chanter l’incommensurable magnificence de Bābā et de Ses actes. Pour expier leurs fautes mortelles, les gens se baignent dans les eaux du Gange, mais le Gange lui-même recourt aux pieds des Saints pour laver ses propres fautes. Ce n’est pas nécessaire de quitter les pieds sacrés et d’aller en pèlerinage au bord du Gange ou de la Godavari. Prêtez l’oreille avec dévotion à la douce vie et aux louanges de Sāī. C’est par pure chance que Gonai avait trouvé Namadev dans la rivière Bhimarathi et que Tamal avait trouvé Kabir dans une coquille de la rivière Bhagirathi. D’une façon similaire, Shrī Sāīnātha est apparu, pour le bénéfice de Ses fidèles, dans le village de Shirdi, comme un jeune homme de seize ans, sous un neem. Il était déjà réalisé avant Son apparition en ce lieu. Il n’avait aucune passion, pas même en rêve ; Il avait rejeté radicalement tous les attachements de la vie matérielle et Mukti (libération) ornait Ses pieds comme des bracelets de cheville. Personne ne savait où, dans quelle famille pieuse ou de quels parents Bābā était né. Personne ne connaissait Son passé et les gens cherchaient par tous les moyens à découvrir qui étaient ses parents. Ayant tout quitté, mère, père, famille, proches et groupe social, en somme tous les liens de la vie matérielle, Il est apparu à Shirdi pour le bien du monde. Une vieille dame de Shirdi, mère de Nana Chopdar, a raconté la vie merveilleuse et étonnante de Bābā. Voici ce qu’elle disait : au début, on voyait ce jeune garçon au teint clair, à la stature belle et charmante, assis tranquillement jambes croisées, sous le neem. En épiant la silhouette de ce bel enfant, les gens étaient fort surpris de le voir engagé dans une rigoureuse ascèse à son jeune âge ; Il était indifférent au soleil comme à l’ombre. Cet état, à un âge aussi précoce, étonnait grandement les villageois et les gens venaient de loin pour avoir le darshan du garçon.

35 Prayag, ville située dans le Gujarat. Point de confluence de trois fleuves sacrés et lieu de pèlerinage très

chers aux Hindous pour leur bain rituel.

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Dans la journée, Il restait solitaire ; la nuit, Il n’était jamais apeuré. Tout le monde se demandait d’où ce jeune enfant pouvait bien provenir. Il était très beau. Les gens se sentaient attirés par Lui à première vue. Il ne résidait chez personne et n’allait à aucune porte. On Le voyait sous le neem jour et nuit. Chacun s’étonnait de voir ce garçon, si jeune et si beau, vivre constamment en plein air. Les gens étaient stupéfaits du fait que le jeune homme à l’apparence d’un enfant, accomplisse des gestes dignes du plus grand des êtres. De plus, Il était l’expression même du détachement. Un jour il se passa une chose étrange. Le dieu Khandoga prenait possession de quelques personnes ; celles-ci se mirent à se mouvoir d’une façon indécise et à poser des questions au dieu. « Qui sont les heureux parents de ce jeune garçon ? Quand et comment est-Il venu ici ? Seigneur Khandoba, répondez-nous s’il vous plaît. » Les gens posaient tous la même question. Le dieu répondit : « Prenez une pioche et creusez à l’endroit que je vous indiquerai. Alors vous allez connaître le contexte de la vie de ce garçon. Voilà : creusez ici. » Là, aux abords du village, après avoir pioché longuement sous le fameux neem, les villageois découvrirent des briques. Ils enlevèrent la couche de briques et écartèrent la partie inférieure de la meule qui bloquait un passage ; ils aperçurent en sous-sol une cave dans laquelle brûlaient quatre lampes à huile hautes sur pied. Le sol de la cave était entièrement recouvert de ciment ; il y avait un siège en bois en forme de tête de vache et un beau japamala (rosaire). Le dieu dit : « C’est ici que le garçon a fait pénitence pendant douze ans. » Les gens étaient surpris et posèrent des questions au jeune homme pour avoir la confirmation de tout cela, mais comme Il était très espiègle Il leur raconta une histoire totalement différente. Il leur dit : « Ceci est la place de Mon Guru. Ce lieu saint est Mon héritage. Je vous demande de le garder intact. » Bābā parla ainsi et les gens l’écoutèrent. Mais pourquoi ma langue insinue-t-elle que les paroles de Bābā n’étaient pas véridiques. Je suis stupéfait de moi-même ; pourquoi devrais-je avoir cette opinion au sujet de Bābā ? Cependant, j’ai compris maintenant qu’Il avait dû parler à la légère pour dépister les gens. Bābā avait un grand sens de l’humour. La cave avait peut-être été Son propre logis. Qu’importe s’Il l’attribuait à Son Guru ! La chose ne perd pas d’importance pour autant. Quoi qu’il en soit, par ordre de Bābā la cave fut refermée et les briques furent remises à leur place, car, comme Il l’avait dit, c’était la demeure de Son Guru. Comme les arbres ashwatha et audumbur36 sont considérés comme importants, ainsi le neem était essentiel pour Bābā. Il l’aimait beaucoup et le tenait en grande considération.

36 Arbres sous lesquels le Bouddha et le Seigneur Dattatreya respectivement ont eu leur réalisation.

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Mhalsapati et d’autres, anciens résidents de Shirdi, avaient l’habitude de s’agenouiller devant le neem, car ils étaient convaincus que c’était l’emplacement du samādhi (tombeau) du Guru de Bābā. C’est là que, pendant douze ans, Bābā avait pratiqué Son ascèse silencieuse. C’est un fait bien connu à présent. Sathe Saheb, l’un des fidèles de Bābā, acheta le terrain autour de l’arbre et du samādhi, et y construisit une grande maison avec terrasse couverte aux quatre côtés. C’est le fameux wada, qui était, à l’origine, le point de rencontre des pèlerins. Il était continuellement surpeuplé et plein de tintamarre. Lorsque Sathe fit construire une plate-forme autour du neem et un étage supérieur au bâtiment en direction Nord-Sud, en construisant la cage d’escalier côté Nord il remarqua la cave. Sous l’escalier du côté Sud, il y a une belle niche juste en face de la plate-forme. Les fidèles viennent s’y asseoir, faisant face au Nord. « Les personnes qui badigeonnent le sol (de ce lieu) avec de la bouse de vache et font brûler de l’encens, ne fut-ce que pour quelques minutes les jeudis et vendredis après le coucher du soleil, auront la bénédiction divine. » Les lecteurs penseront sans doute que cette affirmation est exagérée et la mettront en doute, mais ce sont les paroles exactes de Bābā et je les ai entendues prononcées de Sa propre bouche. Ce n’est pas une invention de ma part. Ne gardez pas le moindre doute à ce sujet. Ceux qui les ont entendues directement sont encore en vie et peuvent en témoigner. Plus tard, le wada de Dixit a été construit pour loger de plus grandes familles. Peu de temps après, Il a élevé là une bâtisse en pierres. Depuis le début, Dixit a été connu comme un homme de grand mérite spirituel, comme l’incarnation même de la dévotion. Il était parti en voyage en Angleterre ; c’est là que la graine de la dévotion a été semée. Ici, les lecteurs se demanderont peut-être en quoi l’Angleterre, qui suit d’autres religions que l’Hindouisme, pouvait être efficace pour indiquer la voie de la Vérité ultime. Ils vont naturellement se poser des questions. Mais une fois la chose clarifiée, ils seront surpris. J’espère que tout le monde me pardonnera une petite digression. Dixit avait déjà accumulé beaucoup de mérites religieux par ses pèlerinages à Kashi (Bénarès), Prayag, Badrikedar, Mathura, Brindavan et Dwaraka. De plus, suite aux bonnes œuvres de son père, à sa propre bonne fortune et à ses actes méritoires des vies passées, il avait le privilège du darshan de Sāī. En fait, la vraie raison de sa visite à Bābā était que, suite à une chute en Angleterre, il était éclopé. Même si, à première vue, cet accident paraissait funeste, le résultat en fut favorable, car il porta des fruits et donna à Dixit l’opportunité de vivre dans l’entourage immédiat de Sāī, chose exceptionnelle. Il rencontra par hasard Chandorkar et l’entendit parler de la réputation de Sāī. Chandorkar lui dit que, si Sāī lui accordait Sa grâce, son handicap allait disparaître immédiatement.

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Cependant, Dixit ne considérait pas sa claudication comme un amoindrissement. Il demanda plutôt à Sāī de le guérir des déficiences de son esprit. Après tout, le corps humain n’est qu’un ensemble temporaire de peau, de sang, de chair et d’os ; il n’est qu’un instrument pour fonctionner dans le monde matériel. Qu’importe si une jambe est boiteuse. Le 2 novembre 1909, Dixit rencontra Sāī pour la première fois et eut un darshan purificateur bien mérité. Plus tard dans la même année, au mois de décembre, il revint à Shirdi pour un autre darshan, et il pensa y demeurer. D’abord, il pensait disposer d’un petit capital pour se construire un logis modeste, qui pourrait aussi être utile aux pèlerins. Mais plus tard, il décida de construire un wada ; il choisit un jour favorable pour la pose de la première pierre durant l’année suivante. Le 9 décembre 1910, il en demanda la permission à Bābā et considéra le jour comme de bon présage. Le frère de Dixit, qui autrement ne serait même pas venu sur invitation, arriva ce même jour pour le grand événement. Un autre fidèle, Dadasaheb Khaparde, était venu tout seul et se sentait embarrassé de demander à Bābā la permission de rentrer chez lui. Mais le 10 décembre, Khaparde eut l’autorisation de quitter Shirdi et Dixit de poser la première pierre du wada. Ce même jour, un autre événement eut lieu. L’ārati de la nuit fut chanté pour la première fois au Chavadi, avec beaucoup d’amour et une sincère dévotion. En 1911, à la date favorable de Rāmanavami, la cérémonie d’entrée dans la maison fut célébrée selon les rituels d’usage. Plus tard, le riche Butti construisit un imposant wada, pour lequel il dépensa beaucoup d’argent. En fait, cet argent était bien employé, car c’est là que le corps de Bābā repose. Maintenant, nous avions trois wadas là où, précédemment, il n’y avait rien. Le wada de Sathe a été le premier, très utile pour tout le monde. Ce wada est significatif sous un autre aspect : c’est à cet emplacement que Bābā avait élaboré un jardin de fleurs, de Ses propres mains. L’histoire de ce jardin sera relatée brièvement au chapitre suivant. Hemad et ses lecteurs posent leur tête sur les pieds de Sāī. Waman Tatya Lui apportait des vases en argile avec lesquels le grand Sāī arrosait le jardin et le faisait fleurir sur une terre aride. Après cela, Sāī disparut. Puis Chand Patil Le rencontra près de la ville d’Aurangabad et Le ramena à Shirdi avec un cortège nuptial. Plus tard, Bābā rencontra Devidas, fit la connaissance de Janakidas et de Gangagir. Ce trio se rencontrait à Shirdi. Ensuite, il y eut l’épisode de la lutte avec Mohideen, après quoi Sāī s’installa dans la Mosquée. Ensuite, Il attira à Lui Dengle et les gens commencèrent à s’assembler autour de Lui. Ces histoires et anecdotes seront racontées au prochain chapitre. Pour le moment, Hemad se prosterne de tout cœur devant Lui.

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Puisse la paix régner en Maitre. Ainsi se termine le quatrième chapitre intitulé

« Sāī Samartha apparaît à Shirdi » du Shrī Sāī Samartha Satcharita,

compilé par le fidèle Hemadpant, sollicité par les Saints et les personnes vertueuses.

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Le Retour de Shri Sai

SALUTATIONS À SHRI GANESHA, SALUTATIONS À SHRI SARASVATI,

SALUTATIONS AU GURU SALUTATIONS A LA DEITE TUTELAIRE DE LA FAMILLE

SALUTATIONS A SHRI SITA-RAMACHANDRA SALUTATIONS A SHRI SADGURU SAINATH

Continuons l’histoire du chapitre précédent. Bābā avait disparu de Shirdi, et Le voilà qui revient avec Chand Patil. Écoutez comment les choses se sont déroulées. Comment Bābā avait créé un jardin et l’arrosait Lui-même. La rencontre de Gangagir et d’autres Saints. La lecture de ce récit vous sanctifiera. Nous allons raconter comment ce Joyau qu’était Bābā, disparu depuis quelque temps de la scène de Shirdi, revint avec le cortège nuptial d’un Musulman. Mais avant cela, Devidas avait élu résidence à Shirdi ; peu après Janakidas, un autre ascète y était également venu. Je vais raconter minutieusement comment cela s’est passé. Mes chers lecteurs, soyez attentifs et lisez avec respect. Dans le petit village Dhoop, situé dans le district d’Aurangabad, vivait un riche Musulman appelé Chand Patil. Un jour, alors qu’il voyageait en direction d’Aurangabad, l’une de ses juments s’égara. Deux mois de recherches s’avérèrent inutiles et l’homme perdait tout espoir de la retrouver. Patil se sentait abattu et très triste de la perte de sa jument. Il se mit en marche vers sa demeure en portant la selle sur son dos. À environ 15 km d’Aurangabad, il rencontra Bābā sous un manguier. Le fakir portait une toque sur la tête et son corps était vêtu d’un kafni (longue tunique). Il tenait un bâton sous le bras et était en train de bourrer de tabac son chillum (courte pipe en argile) pour fumer. Alors il se passa un étrange incident. Au moment où Chand Patil passait à proximité de l’arbre, il entendit le fakir l’appeler : « Venez ici, fumez avec Moi avant de continuer votre route. Asseyez-vous un moment à l’ombre. » Le fakir lui demanda à quoi servait la selle qu’il portait ; Patil Lui expliqua qu’il avait perdu sa jument. Alors le fakir lui dit : « Allez voir près du ruisseau. » Là il trouva immédiatement son cheval. Chand Patil était stupéfait et pensa qu’il avait rencontré un sage aux pouvoirs illimités. Cet homme n’était certainement pas un être humain ordinaire. Chand Patil revint auprès de Bābā

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avec sa jument. Le fakir le fit asseoir tout près de Lui. Puis Il prit une pince à charbon et l’enfonça dans le sol ; Il en retira une braise ardente et la plaça dans le chillum qu’Il tenait dans Sa main. Ensuite Il saisit Son satka (bâton court). Comme il n’y avait pas d’eau aux alentours pour humidifier le chappi (bande de tissu) de Son chillum, Il frappa le sol avec le bâton et de l’eau en sortit. Le chappi fut mouillé dans cette eau et tordu, puis le fakir l’enroula autour du chillum. Il tira quelques bouffées et passa la pipe à Patil. Celui-ci n’en croyait pas ses yeux. Il pria le fakir de venir chez lui pour sanctifier sa maison par Sa présence. Le fakir, qui n’était apparu que pour réaliser ce divin līla, accepta l’invitation. Le lendemain, Il se rendit au village de Patil et resta quelque temps chez lui. Après cela, Il revint à Shirdi. Ce Chand Patil était maire du village. Le mariage de son neveu avait été arrangé avec une jeune fille de Shirdi. Le cortège nuptial, formé de charrettes à bœufs et de chevaux, se mit en marche vers Shirdi. Par affection pour Chand, Bābā accepta de les accompagner. Une fois la cérémonie terminée, les invités retournèrent chez eux. Seul Bābā resta à Shirdi, et cette fois pour de bon. C’est ainsi que Shirdi a été béni. Sāī l’Éternel, l’Antique des jours, n’était ni Hindou ni Musulman. Il n’appartenait à aucune caste, à aucune famille, à aucune lignée. Sachez qu’Il est le Soi. Les gens L’appelaient Sāī. Comment ce nom Lui a-t-il été attribué ? Il avait été accueilli par un respectueux « Soyez le bienvenu, Sāī », et ce nom Lui est resté. Lorsque Bābā, en compagnie des invités au mariage, était descendu de la charrette près du temple de Khandoba, dans l’aire de battage de Mhalsapati, celui-ci Lui avait donné ce nom. À l’origine, ce terrain appartenait à Mhalsapati ; plus tard il est devenu propriété d’Aminbhai. C’est bien là que le cortège avait fait halte, à l’ombre du grand banyan (ficus indica). Les bœufs avaient été dételés sur cette aire de battage, sur le grand terrain en face du temple de Khandoba. Par la suite, tout le monde L’a appelé Sāī, c’est devenu Son nom propre. À Shirdi, Il fumait Sa pipe, résidait dans la Mosquée, jouissait de la compagnie de Devidas et Se sentait heureux. Parfois Il allait s’asseoir dans le Chavadi ; ou bien Il restait en compagnie de Devidas ; d’autres fois Il restait dans le temple de Maruti, entièrement absorbé dans le Soi. Ce Devidas vivait déjà à Shirdi avant la venue de Bābā. Plus tard vint aussi le Sage Janakidas, membre de la secte Mahanubhav (une secte instruite et très rigide). Avec ce Janakidas, Maharaj avait de longues conversations : parfois c’était Janakidas qui venait rejoindre Maharaj là où Il avait l’habitude d’aller s’asseoir. Ils s’aimaient mutuellement beaucoup et se rencontraient régulièrement. Leur affinité se développait et plaisait grandement à tout le monde. De la même façon, un fameux Saint marié, dévot de Vishnou, appelé Gangagir, originaire de Puntambe, venait fréquemment en visite à Shirdi. Au début, grande était la surprise de Gangagir voyant Sāī tirer de l’eau du puits et la porter dans deux cruches en argile. La première fois que ses yeux se posèrent sur Sāī, il proclama : « Shirdi a de la chance d’être associé à ce Joyau !

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Même si, aujourd’hui, Il porte des cruches d’eau sur les épaules, Il n’a rien d’une personne ordinaire. Béni soit le sol de Shirdi, car Il y pose les pieds. »

Encore un autre Saint, appelé Ānandnāth, prédisait que Sāī allait accomplir des actes prodigieux. Cet Ānandnāth avait fondé un monastère à Yeola. Un jour, il raccompagna jusqu’à Shirdi des personnes venues pour son darshan. Ce Sage, lui-même disciple du grand Saint d’Akkalkot, s’écria en voyant Sāī : « Oh ! C’est un diamant, un vrai diamant ! Aujourd’hui on le prend peut-être pour du simple verre, mais c’est un véritable diamant. ». Ces paroles, Ānandnāth les prononça quand Bābā n’était encore qu’un jeune homme. « Prenez bien note de ce que je vous dis. Un jour vous vous souviendrez de mes paroles ». Après cette prophétie, il s’en retourna à Yeola. C’était le temps de Sa jeunesse. Sāī ne se rasait pas la tête ; Il portait les cheveux longs et noués à la façon des lutteurs. Chaque fois que Bābā se rendait à Rahata, Il en rapportait des plants de souci et de jasmin. Il les plantait dans le sol aride et les arrosait régulièrement. Waman Tatya, un fidèle, Lui procurait régulièrement deux cruches en terre non cuite, pour Lui permettre d’arroser Lui-même les plantes. Bābā allait puiser l’eau et portait ces cruches sur ses épaules. Au crépuscule, Il posait les cruches au pied du neem. Aussitôt qu’elles se trouvaient sur le sol, les cruches se brisaient et, le lendemain matin, Tatya en apportait de nouvelles. Une cruche en terre cuite dure plus longtemps, mais Bābā ne voulait que des cruches neuves et non-cuites. Aussi le potier les Lui vendait-il sans se donner la peine de les cuire. Cela continua pendant trois ans. La terre aride se transforma en un jardin. C’est l’endroit où est construit, à présent, le wada qui offre aux fidèles la possibilité d’entrer en contact intime avec Lui37. Au même endroit, sous le neem, un fidèle appelé Bhai Krishnaji Alibagkar a installé des padukas (empreinte des pieds) du Saint d’Akkalkot, afin que les fidèles puissent les révérer. Ce Saint était la déité tutélaire de Bhai ; celui-ci adressait régulièrement ses hommages à son portrait. Il envisageait de se rendre à Akkalkot pour avoir le darshan des padukas et pour leur offrir de tout cœur son adoration. Il s’apprêta à partir de Bombay le lendemain, mais cette décision resta inaccomplie et, en revanche, il partit pour Shirdi. La veille de son départ, il eut une vision. Le Swami d’Akkalkot lui dit ceci : « À présent, Shirdi est ma résidence. Va là-bas. » Obéissant aux ordres du Saint, Bhai partit pour Shirdi. Il y vécut six mois et se sentait heureux et serein. Bhai était débordant de dévotion. Aussi, pour commémorer la vision, installa-t-il les padukas du Swami sous le neem. En 1912, les padukas furent installés sous l’arbre, avec grande dévotion et le chant de bhajans, un jour favorable du mois de Shravana (juillet-aôut), durant la quinzaine de la lune croissante. À l’heure propice (muhurtam), la cérémonie d’installation fut célébrée par Dada Kelkar, tandis que les rituels prescrits par les shastras furent accomplis par Upasani Bābā. Par la suite, la célébration de la pūja fut confiée à Dixit, un brahmane, et un fidèle appelé Sagun s’est occupé des questions pratiques. Voilà l’histoire des padukas. Tel est le détachement des Saints, vraies incarnations divines apparues sur Terre pour le salut du genre humain.

37 Il s’agit du wada de Buti, devenu le samādi (tombeau) de Bābā.

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Quelques jours plus tard, il se passa une chose étrange. Les lecteurs qui prêtent leur attention avec respect en seront émerveillés. Il y avait un vendeur de feuilles de bétel, appelé Mohideen Bhai. Une dispute éclata entre Bābā et lui, qui dégénéra en une lutte corps à corps. Ils étaient tous les deux des lutteurs experts, mais le destin prévaut sur la force physique. Mohideen était le plus fort et Bābā fut perdant. Après cet épisode, Bābā prit une décision et changea complètement sa façon de s’habiller. Il se mit un kafni (longue tunique), avec une ceinture nouée sur les hanches et Il enroula une bande de tissu autour de sa tête. Il employait un vieux sac de jute aussi bien pour s’asseoir dessus que pour dormir. Ses vêtements étaient troués, mais Il s’en contentait. Sāī répétait souvent : « La pauvreté est préférable à la royauté, elle vaut bien mieux que la richesse. Le Seigneur est l’Ami des pauvres. » Gangagir était passé par le même stade ; il adorait l’athlétisme. Un jour, pendant qu’il était engagé dans une lutte, il eut tout à coup le même sentiment de détachement. Au moment opportun, il entendit une personne réalisée dire : « Nous devrions bien comprendre que le corps est fait pour le service de Dieu et devrait se consumer dans le service de Dieu. » Ces mots de grâce parvinrent à ses oreilles pendant qu’il luttait ; à cause d’eux il rejeta la vie matérielle et s’engagea dans la recherche spirituelle. Son monastère s’élève sur une île au milieu du fleuve, près de Puntambe. Certains de ses disciples demeurent avec lui pour le servir. Mais assez parlé de Gangagir. Dorénavant, Sāīnāth se contenta de répondre aux questions qu’on Lui posait et ne parla jamais spontanément à personne. Pendant la journée, il restait assis sous le neem et parfois à l’ombre d’une branche saillante du grand cognassier du Bengale (aegle marmelos), à côté du ruisseau aux abords du village. Parfois, dans l’après-midi ou tôt dans la soirée, Il prenait plaisir à marcher jusqu’à Nimgaon, situé à environ 1,5 km de Shirdi. Nimgaon était le fief de la célèbre famille de Trimbak Dengle. Dans cette famille, Babasaheb Dengle était très cher à Bābā. Chaque fois que Bābā allait du côté de Nimgaon, Il allait dans sa maison et passait le temps à converser avec lui avec grande affection. Babasaheb avait un frère plus jeune appelé Nanasaheb. Celui-ci n’avait pas d’enfant et en était très affligé. Comme sa première épouse n’avait pas pu lui donner un enfant, il était passé en secondes noces, mais son sort ne changeait pas. On ne peut pas imaginer le destin. Babasaheb le fit aller à Shirdi pour avoir le darshan de Bābā. Avec les bénédictions de Sāī, il reçut le prasad sous forme d’un fils. Comme les années passaient, les gens vinrent en masse à Shirdi pour avoir le darshan de Sāī. Son renom s’étendait et la nouvelle arriva à Ahmednagar. Là, Nana (Chandorkar) fréquentait les cercles du Gouvernement et avait une certaine influence auprès des hauts-fonctionnaires, parmi lesquels se trouvait Chidambar Keshav, secrétaire du Collecteur de district. Nana lui envoya une

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lettre dans laquelle il lui disait combien le darshan du grand Sāī valait la peine et qu’il devrait y participer avec sa femme, son fils et ses amis. Ainsi, les uns après les autres, beaucoup de gens se mirent à affluer à Shirdi. À mesure que la nouvelle était divulguée, la réputation de Bābā grandissait et le cercle de Ses fidèles augmentait. Bien qu’Il ne recherchât pas la compagnie, pendant la journée Il était entouré de fidèles. Après le coucher du soleil, Il se retirait dans la Mosquée en ruines. En plus du chillum, du tabac et d’un gobelet, Il tenait toujours auprès de Lui Son sakta (bâton). Il s’habillait d’un kafni descendant jusqu’à Ses chevilles et d’une pièce d’étoffe autour de Sa tête. Il enroulait autour de Sa tête une bande de tissu blanc, bien lavée et artistiquement nouée derrière Son oreille gauche, un peu comme des boucles de cheveux. Ainsi vêtu, Il restait parfois sans prendre de bain pendant huit jours d’affilée et marchait pieds nus. Il s’asseyait uniquement sur le vieux sac de jute. Il ne savait pas ce qu’était un coussin confortable. Comment aurait-Il pu s’intéresser à un bon lit ou autre confort ? En ces jours-là, le vieux sac était Son siège favori et restait toujours en place pendant toute la journée. C’était à la fois Son siège et Son lit. Comme unique sous-vêtement Il portait un kaupin38 noué à la taille. Le dhuni (foyer) seul Le protégeait du froid. Bābā restait assis, jambes croisées, face au Sud, et le bras gauche appuyé sur la balustrade de la Mosquée ; Il fixait intensément le dhuni en face de Lui. Par divers systèmes et méthodes, Il offrait au feu l’ego et la passion, tous les types de désirs et les aspirations de la vie matérielle. Il mettait ainsi les bûches de l’orgueil du savoir dans le feu ardent, tout en répétant Allah Malik (Dieu est le Maître) et gardant haut l’étendard flottant du nom du Seigneur. Quelle était la dimension de la Mosquée ? Elle ne dépassait pas celle de deux chambres. Là Il vivait, séjournait, dormait et recevait les visiteurs. Le matelas et le coussin sont des articles récents, apportés par les fidèles rassemblés autour de Lui. Dans les premiers temps, personne n’osait s’approcher de Lui sans crainte. Le changement advint en 1912 ; c’est à partir de cette période que commencèrent les travaux de rénovation de la Mosquée. Les trous dans le sol étaient béants. Par la force de leur amour, les fidèles pavèrent la Mosquée en une nuit, avec des dalles de pierre dure. Avant d’habiter dans la Mosquée, Bābā demeurait dans le takia (lieu réservé aux fakirs). Il y était resté longtemps, tranquille et sans que personne ne Le dérange. Là, Il attachait des clochettes à Ses chevilles, puis dansait gracieusement et chantait mélodieusement avec dévotion, en s’accompagnant d’un tambourin. Les premiers temps, le grand Sāī aimait beaucoup faire brûler des lampes à huile. Pour cela Il se rendait régulièrement chez les marchands et leur demandait un peu d’huile. Tenant dans la main un gobelet, Il collectait l’huile d’une échoppe à l’autre, auprès des grossistes et des producteurs. Puis Il remplissait d’huile les lampes en argile. Il allumait des lampes dans les temples et dans la Mosquée. Cette routine continua un certain temps.

38 Kaupin : pièce de tissu triangulaire servant à couvrir les parties intimes

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Comme Il aimait que l’on adore la Lumière, Il célébrait même Dîpavali avec des illuminations. Il tressait des mèches avec de vieux chiffons et faisait brûler les lampes dans la Mosquée. L’huile Lui était offerte tous les jours gratuitement. Mais un jour, les marchands d’huile conspirèrent contre Lui, pour mettre fin à Ses requêtes. Quand Bābā alla, comme d’habitude, leur demander de l’huile, tous refusèrent. Écoutez quel miracle eut lieu. Sans dire un mot, Bābā retourna à la Mosquée et plaça des mèches sèches dans les lampes en argile. Que pouvait-Il faire sans huile ? Les marchands L’épiaient pour s’amuser. Sur la balustrade de la Mosquée, Bābā saisit un pot dans lequel était resté un fond d’huile, pas suffisant pour allumer la lampe du soir. Il versa de l’eau dans cette huile et la but. Ayant ainsi offert le liquide à Brahman, Il prit de l’eau claire et la versa dans les lampes, baignant complètement les mèches sèches ; Il gratta une allumette et alluma les lampes afin que tout le monde puisse voir. Voyant les lampes brûler avec de l’eau, les marchands étaient interdits. Ils se sentaient honteux d’avoir menti à Bābā. Sans une goutte d’huile dans les lampes, celles-ci restèrent allumées toute la nuit. Les gens commençaient à murmurer que les marchands avaient perdu la grâce de Sāī. Les marchands se repentirent d’avoir agacé Bābā sans raison et d’avoir commis une faute en Lui mentant impunément. Ils s’étonnèrent devant les pouvoirs de Bābā. Quant à Lui, Bābā n’y pensait pas, Il n’éprouvait jamais ni colère ni haine envers personne. Il n’avait ni amis ni ennemis et, à Ses yeux, tous les êtres avaient la même valeur. Ceci dit, continuons l’épisode précédent : la victoire de Mohideen dans la lutte. La biographie devient très intéressante. S’il vous plaît, lisez attentivement. Cinq ans s’étaient écoulés depuis la fameuse lutte, quand un fakir appelé Jawahar Ali, originaire de Ahmednagar, vint séjourner à Rahata avec son disciple. Il campait sur un terrain spacieux près du temple de Vīrabhadra. Ce fakir était né sous une bonne étoile, sinon comment aurait-il pu obtenir un disciple aussi excellent que Sāī, dont la réputation s’affirmait déjà ? Il y avait, dans le village, des personnes de différentes provenances, parmi lesquelles des Marāthās39. Bhagu Sadaphal était l’un d’eux et devint le serviteur du fakir. Ce Jawahar Ali était un théologien expert, il connaissait le Coran sur le bout des doigts. Beaucoup de gens, égoïstes ou fidèles sincères, chercheurs de la Connaissance, se mirent à le révérer. Il entreprit la construction d’un Idgah (mur blanc pour la prière des Musulmans), mais les habitants repoussèrent le fakir hors du village. Alors il vint à Shirdi et s’installa dans la Mosquée, où Bābā séjournait. Comme ce fakir était beau parleur, le village entier était fasciné. Voyant comment il se comportait avec Bābā, les gens pensaient qu’il L’avait hypnotisé et ensorcelé. « Sois mon disciple », dit-il à Sāī. Comme Bābā était de nature généreuse, Il accepta. Le fakir était content et

39 Marāthās : groupe ethnique de l’Inde occidentale, habile dans l’art de la guerre.

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emmena Bābā avec lui. Avec un disciple obéissant comme l’était Bābā, il devint le Guru et ensemble ils décidèrent de retourner à Rahata. Le Guru ne savait rien des pouvoirs de son disciple, mais le disciple connaissait bien les limites du Guru. Cependant Il ne manquait jamais de respect et assumait toutes les tâches d’un disciple. Il ne discutait pas les ordres du Guru et y obéissait scrupuleusement. Il accomplissait même les tâches les plus humbles, comme par exemple aller puiser l’eau. Il continua ainsi à servir le Guru et Ses visites à Shirdi devinrent occasionnelles. La chose continua un certain temps. Bābā résidait à Rahata et les habitants de Shirdi se disaient qu’Il avait complètement abandonné le village et était tombé sous l’empire du fakir. Ils pensaient que Jawahar Ali avait capturé Sāī au moyen de ses pouvoirs yogiques. Toutefois, Sāī avait une autre intention : Il voulait annuler l’orgueil du corps. Les lecteurs se demanderont : y avait-il le moindre orgueil en Sāī ? Son comportement servait l’intérêt du monde, il devait être un exemple. C’est exactement cela le but de Son avatara (incarnation). À Shirdi, Bābā ne manquait pas de fidèles aimants et attachés à Sa personne. Ils ressentaient la séparation de Lui comme une injustice. Mais Sāī s’était entièrement soumis à Jawahar Ali et les villageois étaient profondément peinés de cette situation. Ils se mirent sérieusement à dresser un plan pour Le faire revenir. L’union entre Guru et disciple est comparable à celle entre l’or et son éclat, ou entre la flamme d’une lampe et sa lumière. Le groupe des fidèles de Shirdi se rendit à Rahata, près de l’Idgah, afin d’essayer de convaincre Bābā de revenir avec eux. Mais Bābā leur dit : « Le fakir est très coléreux. Ne croisez pas le fer avec lui. Il ne Me laissera jamais partir. Il vaut mieux que vous vous en alliez. Il peut revenir du village à n’importe quel moment. Il va vous insulter. Ses malédictions sont terribles. Aussitôt revenu, il va être rouge de colère. Sa rage est épouvantable. Oh ! Partez tout de suite, reprenez le chemin vers Shirdi ». À ce point, quel tour l’histoire va-t-elle prendre ? Bābā avait affirmé Son point-de-vue, en contraste avec celui des fidèles. Au moment même, le fakir arriva d’une façon inattendue et demanda aux gens : « Êtes-vous venus pour le garçon ? De quoi parliez-vous ici ? Avez-vous planifié de le reprendre avec vous à Shirdi ? Ne vous fatiguez pas. » Cependant, même s’il parlait ainsi au début, il finit par se plier aux insistances des villageois. Il leur dit : « Pourquoi ne pas me prendre avec vous ? Le garçon nous accompagnera. » Ainsi, le fakir retourna à Shirdi avec eux. Il ne pouvait pas se séparer de Bābā et Bābā ne pouvait pas l’abandonner. Personne ne comprenait ce qui se passait. Sāī était l’Incarnation du Brahman Suprême, mais Jawahar Ali était un faux sage. À Shirdi, Devidas le soumit à un test et exposa son jeu. Devidas avait une belle stature, des yeux brillants et le regard captivant. Quand il était venu à Shirdi, il n’avait que dix ou onze ans. Dès ce jeune âge, vêtu d’un simple dhoti noué à la taille, comme un pèlerin, il s’installa dans le temple de Maruti. Appa Bhil et Mhalsapati lui rendaient visite régulièrement. Kashiram et d’autres personnes lui faisaient l’aumône. C’est ainsi qu’il était de plus en plus connu.

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Devidas était à Shirdi douze ans avant que Bābā n’y vienne avec le cortège nuptial. Il avait enseigné à Appa Bhil à écrire sur une ardoise et lui faisait apprendre le Venkatesha Stotram. D’autres hommes apprenaient aussi le texte par cœur. Il donnait ces leçons régulièrement. Devidas était très instruit. Tatya Patil Kote le considérait comme son Guru. D’autres, comme Kashinath, devinrent ses disciples et le révéraient. Le fakir (Jawahar Ali) fut amené auprès de Devidas et il s’ensuivit un débat sur les shastras. Devidas eut la victoire et le fakir dut s’éloigner. Après cela, il s’échappa du lieu et alla séjourner à Vaijapur. Il allait revenir à Shirdi plusieurs années plus tard, pour se prosterner devant Sāīnāth. Son erreur de se croire le Guru et Bābā un simple chela (disciple) était rectifiée et Bābā l’accepta comme auparavant, car l’homme se repentait et était purifié. Telles sont les voies insondables de Bābā. Jusqu’au moment où l’illusion du fakir se dissipa, comme le voulait le destin, Sāī joua le jeu. Il honora la relation maître-disciple en la vivant Lui-même. Il avait permis que le fakir jouisse de son statut de maître et avait accepté Son propre statut de disciple. Rien ne vaut l’abandon total à son Guru et la pleine acceptation du disciple de la part du Guru. Sans cette relation, on ne peut pas traverser l’océan de l’existence matérielle. Voilà la leçon à tirer de cet épisode, transmise par Son propre exemple. Il est rare de trouver une telle confiance, une telle intrépidité, un tel courage. Si nous pouvons suivre cet exemple, nous atteindrons l’excellence de l’humilité. Dans ce domaine, l’ingéniosité et l’intelligence ne sont d’aucun secours. Si nous voulons notre propre bien, nous devrions agir sans orgueil. Seul celui qui a consumé l’orgueil de sa forme physique, a employé son corps dans le juste but. Alors, pour son bien ultime, il devrait devenir disciple ou fidèle d’un sage. Jeunes et vieux, tous étaient stupéfaits en constatant un tel détachement chez un garçon si jeune et si beau. Les gens L’adoraient et s’émerveillaient de Le voir. Les actes d’un être réalisé se déroulent en fonction de son karma passé, mais ceux-ci ne lui sont d’aucun poids. Il n’est pas l’auteur de l’action. Comme le soleil ne peut pas rester dans l’obscurité, ainsi l’homme illuminé ne peut pas rester dans un état de dualité. Pour lui, l’univers entier est l’expression de son propre Soi. Il demeure dans l’unité (advaita). Cette histoire du Guru et du comportement de son disciple m’a été racontée par Mhalsapati, un ardent fidèle de Sāīnāth. Je l’ai rapportée du début jusqu’à la fin, exactement comme je l’ai apprise. À présent, terminons cette narration. L’épisode suivant est plus profond et je le raconterai dans la juste séquence. Écoutez donc attentivement. Nous parlerons de l’état de ruines de la Mosquée, dans les premiers temps, et avec quelles difficultés elle a été pavée ; ensuite nous parlerons de la question de savoir si Sāī était hindou ou musulman, une question à laquelle personne ne peut répondre avec certitude. Dans le prochain chapitre, nous donnerons une description détaillée et ordonnée des pratiques yogiques de Bābā, telles que le nettoyage des organes internes (dhotipoti) et le détachement à volonté des membres du corps et leur remise en place (khandyoga) ; nous dirons également comment Bābā prenait sur Lui les souffrances karmiques de Ses fidèles.

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Hemad s’abandonne à Sāī. Cette histoire de Sa vie est un don de Sa grâce. La lecture de cette biographie sacrée dissipera notre ignorance.

Puisse la paix régner en Maitre. Ainsi se termine le cinquième chapitre intitulé

« Le retour de Shrī Sāī » du Shrī Sāī Samartha Satcharita,

compilé par le fidèle Hemadpant, sollicité par les Saints et les personnes vertueuses.