Siddhārtha Gautama dit Shākyamuni ou le Bouddha « l’Éveillé »

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Siddhārtha Gautama dit Shākyamuni ou le Bouddha « l’Éveillé », est un chef spirituel qui vécut au VI e av. J.-C., fondateur historique d'une communauté de moines errants qui donnera naissance au bouddhisme. Il naquit au Nepal. Il aurait vécu à peu près quatre-vingts ans. Tous les courants bouddhistes le considèrent comme le « bouddha pur et parfait » de notre ère, qui non seulement a atteint l’éveil, mais est capable de « mettre en branle la roue de la loi » et de propager l’enseignement bouddhiste dans le monde. Son enseignement se transmit oralement pendant trois à quatre siècles avant d’être couché dans les textes du canon pali. Le titre de Bouddha lui a été accordé plus tard par ses disciples. Des notions importantes de l'hindouisme se verront remaniées dans le bouddhisme, comme le concept de réincarnation, de karma, les dhyanas, le statut de dieux comme Brahma.

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Siddhārtha Gautama dit Shākyamuni ou le Bouddha « l’Éveillé », est un chef

spirituel qui vécut au VIe av. J.-C., fondateur historique d'une communauté de moines

errants qui donnera naissance au bouddhisme.

Il naquit au Nepal. Il aurait vécu à peu près quatre-vingts ans.

Tous les courants bouddhistes le considèrent comme le « bouddha pur et parfait » de

notre ère, qui non seulement a atteint l’éveil, mais est capable de « mettre en branle

la roue de la loi » et de propager l’enseignement bouddhiste dans le monde. Son

enseignement se transmit oralement pendant trois à quatre siècles avant d’être

couché dans les textes du canon pali.

Le titre de Bouddha lui a été accordé plus tard par ses disciples.

Des notions importantes de l'hindouisme se verront remaniées dans le bouddhisme, comme le concept de réincarnation, de karma, les dhyanas, le statut de dieux comme Brahma.

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Amitābha (qui traduisent littéralement "Bouddha de Lumière Infinie") est un bouddha

du bouddhisme mahayana et vajrayana. Il règne sur la « Terre pure Occidentale de la

Béatitude », monde merveilleux, pur, parfait, dépourvu du mal, de souffrance et

d'ennuis, que le bouddha historique Shakyamuni recommande aux êtres humains de

notre monde et dont tous les autres bouddhas font l'éloge.

Cette terre pure, lieu de refuge en dehors du cycle des transmigrations - ou

l'équivalent du nirvāņa selon certaines conceptions - est au centre des croyances et

pratiques des écoles de la Terre pure. Ce bouddha, qu'on appelle aussi le bouddha

des bouddhas, est très populaire chez les mahāyānistes, en particulier dans le monde

chinois, en Corée, au Japon, au Tibet et au Viêtnam.

Dans la statuaire, Amitābha est représenté comme le Bouddha Shakyamuni, mais avec les gestes (mudrā) de la méditation ou de la transmission de la loi.

Dans le Mahayana Sukhāvatīvyūhasūtra, ou sûtra de la Vie-Infinie , le bouddha Shakyamuni relate l'histoire du bouddha Amitābha: Un roi se rendit auprès du bouddha Lokeśvararāja pour prendre vœu de bodhisattva. Il résolut de devenir un bouddha régnant sur une terre pure où pourraient entrer tous ceux qui l'invoqueraient. Il prononça 48 vœux (四十八願).

Amitābha est considéré comme le créateur de la Terre pure occidentale de la Béatitude; les deux grands bodhisattvas Avalokiteśvara et Mahasthamaprapta (Mahāsthāmaprāpta) sont ses deux assistants : ils l'aident à y accueillir tous ceux de toutes les directions qui ont rempli les conditions d'y parvenir. C'est la raison pour laquelle ils sont appelés « les trois Saints de l'Ouest » (ch: Xīfāng sānshèng 西方三聖). Dans les monastères de la Terre pure ou sur les effigies, ils sont présentés ensemble avec Amitābha au milieu, Avalokiteśvara à sa gauche et Mahāsthāmaprāpta à sa droite. Dans le bouddhisme populaire et la religion chinoise, Amitābha (Amituofo) et Avalokiteśvara (Guanyin) ont souvent la même fonction : ils ont tous deux promis de ne pas entrer au nirvana tant que tous les êtres n’y seraient pas. Y avoir foi, le vouloir et réciter constamment leur nom sont les trois conditions nécessaires pour entrer dans ce domaine du bonheur infini.

Les instructions sur la pratique du Bouddha Amitābha furent introduite au Tibet au viiie siècle par le grand maître érudit indien Padmasambhava.

Le Panchen Lama, l’un des maîtres principaux, après le Dalaï Lama, de l’école des Gelugpa du bouddhisme tibétain est considéré comme étant une des émanations d’Amitābha.

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Le vajrayāna est une forme de bouddhisme, nommée aussi bouddhisme tantrique, dont la compréhension nécessite celles du mahāyāna et du bouddhisme originel. Il contient des éléments qui l'apparentent à l'hindouisme et particulièrement au shivaïsme cachemirien. Au Tibet, le vajrayāna et le bön, religion locale, se sont eux aussi influencés réciproquement.Il apparait parallèlement à l’hindouisme tantrique. Les premiers textes datent du ive siècle. Il était déjà bien développé aux alentours du viie siècle au nord de l'Inde, particulièrement dans les états d'Orissa et du Bihar.l est surtout pratiqué de nos jours dans la région himalayenne (Tibet, Népal, Sikkim, Bhoutan, confins ouest et nord de la Chine et nord de l’Inde). C'est la forme de bouddhisme qui caractérise le plus le bouddhisme tibétain. On le trouve aussi en Mongolie et dans quelques régions de la Fédération de Russie (Oblasts d’Amour et de Tchita, Républiques de Touva, de Bouriatie et de Kalmoukie, Krai de Khabarovsk), ainsi qu’au Japon (Shingon et Tendai). Il serait la forme de Bouddhisme le plus souvent choisie par les non-Asiatiques, devant le Zen. Bien que différent d'origine, le Bonpo tibétain est presque à tous égards un vajrayāna non-bouddhiste.Selon les Tibétains, le Vajrayāna a été enseigné par le Bouddha Sakyamuni qui a donné trois types d'instructions spirituelles visant à libèrer les êtres sensibles de la souffrance et à les conduire à la plus haute perfection de l’esprit : l’Eveil. Cette action est habituellement connue sous l’expression "tourner la Roue du Dharma". L'Enseignement du "Premier Tour de la Roue du Dharma", les "Quatre Nobles Vérités", donné au Parc des Daims à Sarnath, est le cœur du Hinayana. L'Enseignement du "Deuxième Tour de la Roue du Dharma" donné au Pic des Vautours à Rajagriha (actuelle Rajgir), avait trait à la "Perfection de la Sagesse" (Sanskrit Prajnaparamita) décrivant la véritable nature de la réalité sans existence autonome, la vacuité (shunyata), dans le contexte du chemin d’un bodhisattva ; c'est le cœur du mahāyāna. Pour dissiper l'apparente contradiction entre les "Quatre Nobles Vérités" qui suggèrent que les phénomènes ont une existence indépendante et la "Perfection de la Sagesse" qui démontre que ces mêmes phénomènes ont une existence interdépendante, le Bouddha a tourné la Roue du Dharma une troisième fois, donnant un nouvel éclaircissement de la voie vers l’Eveil. Il distingue notamment les enseignements sur la réalité ultime et relative, qui furent donnés par le Bouddha en fonction de la capacité de compréhension de son auditoire. Cet Enseignement concerne la nature de l’esprit : loin d’être pur néant, cette absence de réalité intrinsèque est dynamique, lumineuse et sage, elle constitue la nature de Bouddha présente chez tous les êtres. Au-delà de toute notion d’existence et de non-existence, elle est l’union de la sagesse et de la compassion. L'Enseignement du "Troisième Tour de la Roue du Dharma" relie les sutras et les tantras. La voie de la Transformation des Tantras préconise l’emploi de méthodes méditatives et yogiques. La pratique du Vajrayāna nécessite d'avoir reçu des instructions d'un Lama, car des visions erronées peuvent se développer.

La particularité principale du Vajrayana est le recours aux Tantras ou autres

méthodes de méditation yogiques comme le Dzogchen (Mahasandhi, Mahasamadhi

ou atiyoga), surtout pratiqué par le nyingmapa et le bön, ou le Mahamudra

(Chagchen) des courants Kagyüpa et Shingon.

Ces techniques sont typiquement transmises de maître à disciple. Elles sont en effet considérées comme puissantes, donc dangereuses si elles sont pratiquées de

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manière inadéquate, et il appartient au maitre d’apprécier ce qui doit être enseigné et à quel moment. Les Tantras sont présentés comme relevant d’un niveau supérieur (troisième roue) aux Soutras Hinayana (première roue) et Mahayana (deuxième roue). Ils auraient été enseignés par le Bouddha historique, mais tenus secrets.

a pratique tantrique la plus générale est l’identification à une déité (être éveillé),

censée développer plus rapidement la « Nature de Bouddha » présente en chacun

grâce à la perception directe de la béatitude divine libre d’attachements. Cette déité

choisie comme support de méditation se nomme yidam en tibétain et ishtadevata en

sanscrit. L’identification se fait par le biais de sa visualisation et de celle de son

environnement, aidée de supports graphiques (yantras et mandalas), de

l’accomplissement de gestes rituels (Mudrâ) avec des accessoires symboliques, et de

la récitations de mantras. Une onction (abeisheka) préalable du maître confère au

disciple le pouvoir d’entreprendre efficacement cet exercice.

Cette pratique se nomme dans le Shingon Sanmitsu, les « Trois mystères » (ou les trois moyens mystérieux) : celui du corps (mudras), celui de la parole (tantras) et celui de l’esprit (visualisation), qui doivent être parfaitement joints dans la méditation. La plupart des mandalas japonais appartiennent à l’une des deux catégories taïzôkaï et kongôkaïLa transmission Vajrayana requiert une cérémonie d’initiation qui est à la fois une autorisation formelle et un transfert « réel » de qualités subtiles conférés au disciple. Elle est réalisée par un Lama ayant l'autorisation de transmettre l'initiation à ses disciples. Le Dalaï lama a effectué des initiations Kalachakra à des centaines de milliers de personnes.Dans le Vajrayana tibétain, les ornements d’autel les plus courants sont des bols d’eau, des lampes à graisse (traditionnellement du beurre de yack), des lampes en forme de lotus, de l’encens, des tormas (cônes de farine d’orge et de beurre d’origine bön). Les rituels font appel au Vajra (Dorjé en tibétain), foudre ou diamant, qui symbolise la compassion et la méthode, au ghanta (dril bu en tib.), cloche, qui représente la sagesse, au tambour damaru, et au phurpa, dague rituelle, qui pourfend les obstacles.

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Le bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère commune dans le Nord de l’Inde et dans l'Empire kouchan, d’où il se répand rapidement au Tarim et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient. Le Vajrayāna, sa forme tantrique, apparaît en Inde avant le ive siècle, pénètre au Tibet entre le viie siècle et le viiie siècle, puis en Mongolie, et, via la Chine où il laisse peu d'influences, en Corée et au Japon à partir du VIIIe siècle.

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Tibetan Buddhism comprises the teachings of the three vehicles of Buddhism: the

Foundational Vehicle, Mahāyāna, and Vajrayāna.

The Mahāyāna goal of spiritual development is to achieve the enlightenment of

Buddhahood in order to most efficiently help all other sentient beings attain this state.

[4] The motivation in it is the bodhicitta mind of enlightenment — an altruistic intention

to become enlightened for the sake of all sentient beings.[5] Bodhisattvas are revered

beings who have conceived the will and vow to dedicate their lives with bodhicitta for

the sake of all beings. Tibetan Buddhism teaches methods for achieving Buddahood

more quickly by including the Vajrayāna path in Mahāyāna.[6]

Buddhahood is defined as a state free of the obstructions to liberation as well as those

to omniscience.[7] When, in Buddhahood, one is freed from all mental obscurations,[8]

one is said to attain a state of continuous bliss mixed with a simultaneous cognition of

emptiness,[9] the true nature of reality.[10] In this state, all limitations on one's ability to

help other living beings are removed.[11]

It is said that there are countless beings who have attained Buddhahood.[12] Buddhas spontaneously, naturally and continuously perform activities to benefit all sentient beings.[13] However it is believed that sentient beings' karmas limit the ability of the Buddhas to help them. Thus, although Buddhas possess no limitation from their side on their ability to help others, sentient beings continue to experience suffering as a result of the limitations of their own former negative actions.[14]

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Maitreya (en pâli : Metteya) : "Celui qui aime". Nom du prochain samyaksam-buddha, qui a déjà parcouru toute la carrière du bodhisattva et "attend" dans le ciel des Tusita que l'enseignement de Sâkyamuni ait disparu pour renaître sur terre et duivulguer à son tour le Dharma.

Tusita : classe de dieux (appelés aussi les "Trente-Trois") correspondant aux principales divinités du panthéon brahmanique, dont Sakra/Indra est le "souverain" (le dieu Brahmâ appartient à une classe de dieux "supérieurs").

Vipassi : bouddha du temps passé ayant vécu 91 kalpa avant le Bouddha Sâkyamuni

Mahâyâna : mouvement de "réforme" important, apparu aux environs de l'ère chrétienne, autour de nouveaux sûtra : les mahâyâna-sûtra. Ceux-ci mettent en valeur le personnage du bodhisattva. Cf l'Unité de Cours 3 qui présentera en détail les prolongements philosophiques de ce mouvement.

Theravâda : école née à Ceylan (Sri-Lanka) dans le courant du IIIe siècle av. J. C. Elle se rattache à la branche des Sthavira ("Thera" est la traduction en pâli du terme sanskrit "Sthavira") et, plus précisément, au courant des Vibbhajyavâdîn.Cette école sera étudiée en détail dans l'Unité de Cours 6.

Mûlasarvâstivâda : sous-branche de l'école Sarvâstivâda (nord-ouest de l'Inde), elle est surtout connue par son vinaya, adopté au Tibet et toujours en vigueur aujourd'hui.

Dharmaguptaka : école tardive de la branche des Sthavira. On la connaît essentiellement par son vinaya, "exporté" en Chine et aujourd'hui suivi par toutes les communautés monastiques d'Extrême-Orient (Chine, Taïwan, Corée et Viet-Nam).

kalpa : "ère cosmique" ou "éon". Période de temps incalculable.

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Succession des Bouddhas.  Le Bouddha Sâkyamouni ayant paru à un certain moment de la durée et disparu à un autre moment peu éloigné du précédent, le monde a dû être privé de l'enseignement bouddhique pendant une série indéfinie de siècles, et cet enseignement ne peut se maintenir que si l'influence de Sâkyamouni, l'unique Bouddha, persiste indéfiniment dans son intégrité et dans sa puissance. Or cette double condition est en contradiction flagrante avec les idées bien connues des bouddhistes sur l'impermanence absolue de toutes choses et sur l'évolution perpétuelle qui ramène toujours les mêmes vicissitudes. Il était pour ainsi dire fatal que les bouddhistes imaginassent une suite ininterrompue de Bouddhas, et c'est ce qui n'a pas manqué d'arriver. On a assigné à Sâkyamouni une période de 5000 ans au terme de laquelle doit apparaître un nouveau Bouddha dont on sait le nom, Maitreya, et dont on reproduit même déjà l'image. Mais, si le Bouddha actuel, « notre Bhagavat » (comme on l'appelle), Sâkyamouni / Gautama, doit avoir un successeur, il faut bien qu'il ait eu un prédécesseur; il en a eu un, en effet, le Bouddha Kâsyapa. Mais Kâsyapa lui-même a eu un prédécesseur comme Maitreya aura un successeur. Il y a ainsi une série de Bouddhas passés et futurs au milieu desquels se trouve Sâkyamouni comme un simple chaînon. On dit bien que l'apparition de Sâkyamouni a été une chose nouvelle, inouïe; que, d'une manière générale, l'apparition d'un Bouddha est une chose très rare; mais cela doit être pris dans un sens relatif. En fait, les Bouddhas sont d'une extrême rareté; en théorie le monde n'en est jamais privé, en ce sens que chaque Bouddha a une période plus ou moins longue, mais comprenant toujours plusieurs milliers d'années, pendant laquelle son influence persiste, puis décline comme toute chose en ce monde, pour faire place à celle d'un Bouddha nouveau. Un des livres de la collection du Sud, le Bouddhavamsa raconte sommairement l'histoire de vingt-cinq Bouddhas dont le premier est Dîpankara et le dernier Gautama / Sâkyamouni, le Bouddha actuel. Il y a eu des Bouddhas avant Dîpankara; mais il commence une série spéciale, parce que c'est de lui que le Bouddha actuel, Sâkyamouni, alors simple Brahmane, reçut la promesse d'être un jour un Bouddha et, par conséquent, la dignité de Bodhisattva. Outre Dîpankara, les prédécesseurs les plus rapprochés de Sâkyamonni, Kâsyapa déjà cité, Kanakamouni, Krakoutsanda, Visvabhou, Sikhi et Vipasyî sont ceux

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dont il est le plus souvent question. Les bouddhistes du Nord ont beaucoup plus que ceux du Sud donné carrière à leur imagination pour la multiplication des Bouddhas; ils en connaissent trois mille répartis en trois âges ou périodes : l'âge passé qui en compte mille, l'âge futur qui en compte aussi mille, l'âge présent qui en compte mille également. L'âge présent est celui qui nous touche le plus; on l'appelle « l'âge heureux » (Bhadra-Kalpa), et un livre tibétain qui porte ce titre énumère les mille Bouddhas de cette période en donnant sur chacun d'eux des renseignements dont la nature sera expliquée ci-après. Dans cette énumération, Sâkyamouni vient au quatrième rang après Krakutsanda, Kanakamouni et Kâsyapa; Maitreya qui le suit fait le cinquième. Ils forment ensemble ce qu'on appelle quelquefois les cinq Bouddhas. On voit que nous ne sommes encore qu'au début de « l'âge heureux » et qu'il a encore devant Iui un long avenir.Perfections des Bouddhas.  Cette immense variété de Bouddhas aboutit, en fin de compte, à une fatigante et monotone uniformité. Tous les Bouddhas se ressemblent; ils donnent le même enseignement et passent par les mêmes péripéties d'existence. La personne et la vie de Sâkyamouni sont un type sur lequel se modèlent la personne et la vie de tout Bouddha. En ce qui touche la personne, chacun possède trente-deux signes principaux et quatre-vingts secondaires. Trois au moins des premiers méritent ici une mention spéciale : l'excroissance qui est au sommet de la tête (ouchnicha); la touffe de poils blancs placée entre les deux yeux (ournâ); la roue (tchakra) empreinte sur la plante des pieds. Mais ces cent douze signes ne sont pas spéciaux aux Bouddhas; ils appartiennent aussi aux rois tchakavartins. Ce qui n'appartient qu'aux Bouddhas ce sont les perfections morales, telles que les 10 forces, les 4 intrépidités, les 4 bases de la puissance surnaturelle, etc. Nous ne pouvons y insister; mais nous devons dire quelques mots sur cette puissance surnaturelle, dont nous avons, du reste, eu l'occasion de citer quelques manifestations. La puissance surnaturelle (riddhi) consiste dans le pouvoir de connaître la pensée d'autrui, de se mouvoir à travers les airs, de changer soi-même de forme et d'en faire changer les autres. Il y faut rattacher le don de prédiction et le rire. Chose bien grave que le rire d'un Bouddha! C'est l'avant-coureur d'une révélation qu'il va faire. Au moment où il rit, des rayons de toutes couleurs sortent de sa bouche, parcourent le ciel, la terre et les enfers en y produisant des effets merveilleux, et rentrent dans la personne du Bouddha par telle on telle partie de son corps,

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selon la nature de la déclaration : par le dos si c'est une révélation du passé, par la poitrine si c'est une révélation de l'avenir, par la plante des pieds, si c'est la prédiction d'une renaissance dans les enfers, par l'ouchnichasi c'est la prédiction de la Bodhi parfaite, etc.

Episodes de la vie d'un Bouddha.  Quant à l'histoire des Bouddhas, elle se déroule suivant un ordre de faits connu, fixé d'avance. La vie de Sâkyamouni a été découpée en un certain nombre d'actes (les uns en comptent douze, les autres huit) qui se reproduisent dans la vie de tout Bouddha; ce sont :

1° La descente d'un des étages du ciel; 2° l'entrée dans le sein d'une mère; 3° la naissance; 4° l'excellence dans les arts; 5° le mariage et la vie en famille; 6° la rencontre d'un vieillard, d'un malade, d'un mort et d'un religieux; (autrement dit les quatre rencontres); 7° la sortie de la maison; 8° les mortifications; 9° la défaite de Mâra et l'acquisition de la Bodhi (quelquefois séparées); 10° la rotation de la roue de la loi (c.-à-d. la prédication de la doctrine); 11° le Nirvana; 12° le partage des reliques.II peut y avoir des variantes dans la classification. Ceux qui ne comptent que huit actes suppriment les numéros 2, 4, 5, 12.Les quinze particularités. Outre ces douze actes qui forment la trame de la vie d'un Bouddha, on donne sur chacun d'eux certains renseignements rangés sous quinze chefs distincts. Le Soûtra tibétain sur « l'âge heureux » les énumère pour les 1000 Bouddhas de cette période fortunée. Ce sont-:

1 Le nom. 2 Le lieu de la naissance.  3 La caste. 4 La longueur des rayons lumineux.  5 Le père, 6 La mère. 7 Le fils. 8 Le confident ou lieutenant. 9 Le disciple le plus savant.  10 Le disciple le plus habile. 11 Nombre des disciples. 12 Durée de la vie. 13 Durée de la période d'influence.  14 Les reliques. 15 Le ou les monuments funéraires.Pour rendre les choses plus claires, nous donnons en un tableau les indications relatives pour ces quinze points à Sâkyamouni, à son prédécesseur (Kâsyapa) et à son successeur (Maitreya) :

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1 Kâsyapa. 2 Tchetana.  3 Brâhmane. 4 500 brasses.  5 Brahmadatta.  6 Dhanapati.  7 Sarthavâha.  8 Amitra. 9 Bharadhvadja.  10 Tichya.  11 20.000  12 20.000 ans. 13 70.000 ans. 14 Une seule masse globulaire.  15 Un seul tchaitya.

Sâkyamouni.  Kapilavastou.  Kchatrya.  1 brasse.  Souddhodana. Mâyâdevî. Râhoula.  Ananda.  Sâripoutra.  Maudgalyâyana. 1250. 100 ans.  5.000 ans. Un grand nombre de portions. Plusieurs tchaitvas.

Maitreya.  Radjakoulanagara. Brâhmane.  4,000 brasses. Brahmabhadra. Brahmapati.  Pounyabala.  Sâgara. Djnyânâsti. Oudyoga. 960.000.000.  84.000 ans.  80.000 ans. Une seule masse globulaire. Un seul tchaitya.

Les noms propres relatifs à Kâsyapa et Maitreya ayant été restitués en sanscrit d'après le tibétain, nous n'en garantissons pas la parfaite exactitude; mais cela n'a pas d'importance, dans le cas présent, et n'ôte rien au caractère instructif de ce tableau où l'on doit remarquer surtout la différence des chiffres attribués à Sâkyamouni et de ceux qui se rapportent à son prédécesseur et à son successeur. Ne semble-t-elle pas indiquer que Sâkyamouni est un personnage réel et que les autres sont imaginaires? En voyant par ce tableau et par ce qui a été expliqué la ressemblance qui existe entre tous ces Bouddhas faits sur le même patron, on comprend la qualification de Tathâgata très souvent donnée au Bouddha ou du moins l'interprétation qui attribue à ce terme le sens de venu (âgata) ou allé (gata) comme (tathâ) les autres Bouddhas.

Bouddhas de la contemplation.  Ce ne fut pas assez pour les bouddhistes d'avoir ajouté au Bouddha historique une multitude de Bouddhas imaginaires; ils ont créé, en outre, des Bouddhas encore plus éloignés de la réalité, qu'ils appellent Dhyâni-bouddhâs (Bouddhas de la contemplation) et qu'ils opposent ou substituent aux Bouddhas réels ou « humains » (Manouchya-buddhas), ceux mêmes dont il vient d'être question. Nous parlerons ailleurs de ces Dhyâni-Bouddas ( Bouddhisme) et nous terminerons ce que nous avons à dire des Bouddhas par quelques explications sur les statues et les images qu'on en a faites.

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Images des Bouddhas.  La représentation figurée de Sâkyamouni / Gautama a joué un très grand rôle dans la propagation du bouddhisme. Il est représenté tantôt debout, tantôt assis. La position debout indique la prédication; c'est la plus rare; la position assise, de beaucoup la plus fréquente, indique la méditation. Le Bouddha est généralement assis sur un trône divisé en deux parties superposées, dont chacune est garnie de feuilles, sans doute pour rappeler le tapis de gazon de Bodhimanda. Une auréole entoure soit la tête, soit tout le corps; souvent même il y en a deux; l'une entourant le corps, l'autre plus petite enchevêtrée dans la première, entourant la tête. L'ornementation soit du trône soit de l'auréole, soit du Bouddha, est plus ou moins chargée; quelquefois le contour de l'auréole a la forme de flammes qui se dressent comme des dards. Le Bouddha assis a toujours les jambes croisées; seule la position des mains diffère comme nous l'expliquerons. L'ouchnicha (au sommet de la tête) et l'ourna (entre les deux yeux) sont toujours indiqués; le tchakra (sur la plante des pieds), l'est généralement; la longueur des oreilles est aussi un trait caractéristique peu facile à expliquer, car il ne figure pas dans l'énumération des signes. Le visage calme, placide et doux, toujours imberbe, a un type indien plus ou moins accusé selon le pays où a été réalisée la représentation (le nez aquilin est ainsi remplacé parfois par un nez camus). De plus, la multiplicité des Bouddhas a nécessité certaines particularités dans l'imagerie bouddhique. -

Bouddha sur le nâga (art khmer). 

Sans doute, on ne peut songer à représenter les 3000 Bouddhas; mais il en est quelques-uns qui méritent qu'on reproduise leurs traits, et plus spécialement Dipankara, qui a prédit la Bodhi au futur Sâkyamouni, et Maitreya, le Bouddha attendu. Parmi les artifices auxquels on a eu recours pour différencier ces personnages sans trop s'écarter du type, qui, pour les images comme pour tout le reste, soumet les Bouddhas à une règle commune, la position des bras et des mains est un des plus importants. Sâkyamouni est représenté le bras droit tendu et pendant, le bras gauche plié, la main reposant sur les jambes et tenant le vase à aumônes (le patra). Maîtreya au contraire est représenté les bras en avant, jouant avec ses doigts, comme s'il comptait ou donnait une explication. Dans les représentations par le dessin ou la peinture, Sâkyamouni n'est presque jamais isolé : il est ordinairement en face de

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Dipankara ou de Maitreya ou de son fils Râhoula, ou bien placé entre deux personnages qui sont soit ses deux principaux disciples, Soit l'un d'eux et son fils ou Maitreya.  -

Art de Gandhara. - Bouddha, les jambes

croisées, dans l'attitude de la méditation; une auréole encadre la tête. L'inspiration est

indienne; le traitement est grec.Qualifications des Bouddhas. Nous avons cité chemin faisant quelques équivalents du mot Bouddha; nous les réunissons avec plusieurs autres en terminant cet exposé. Parmi les diverses qualifications données au Bouddha, les plus remarquables et les plus fréquentes sont les suivantes : Arhat (digne), terme qui a pris un sens spécial; Djina (victorieux); Tathâgata, rendu en chinois par Jou-lay (venu ou parti comme les autres Bouddhas); mais cette inteprétation, généralement admise, ne paraît pas exacte; Tathâgata signifierait « un être comme les autres »; Sougata (bienvenu), Bhagavat (bienheureux ou triomphateur), appellation très usitée, mais que les Brahmanistes donnent aussi à Vishnu et même à Shiva. Bien que ces divers noms puissent remplacer et remplacent en effet le mot Bouddha, ils lui sont souvent adjoints. Ainsi l'on dit fréquemment : Bhagavat-Bouddha, Tathâgata-Bouddha. De toutes ces qualifications, celle de Bouddha paraît encore la plus expressive et la plus exacte; et la propriété de ce terme est encore mieux accusée par son rapport étroit avec le mot Bodhi, qui désigne la science des Bouddhas. Aussi ce nom a-t-il passé chez la plupart des peuples bouddhistes : le Bourkhan des Mongols, le Fo (pour Fo-to) des Chinois, le Boudou des Singhalais, le Boudso des Japonais ne sont que des reproductions plus ou moins fidèles du mot Bouddha. En général ce mot, employé seul, désigne le Bouddha par excellence Sâkyamouni, qui, néanmoins, est souvent appelé de son nom bouddhique Sâkyamouni, au moins dans le Nord, et ordinairement dans le Midi, de son nom patronymique Gautama, accompagné du qualificatif Samana (ascète); d'où vient le Somana-Khodom des Thaïlandais. La réunion des deux noms Sâkyamouni-Gautama ou Gautama-Sâkyamouni, qui semblerait devoir être fréquente, ne l'est pas; mais elle se rencontre.

Bouddha vivant. Traduction du terme chinois Ho-fo, par lequel on désigne les bonzes (en général des supérieurs de couvent), dont le

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retour à la vie est toujours constaté deux ou trois ans après leur mort. Ces personnages sont ceux que l'on a appellés Lamae Renati (Lamas Renés) et auxquels les Mongols donnent la qualification de Khoubilghan (transformés). On compte 150 à 200 de ces Bouddhas vivants dans les couvents du Tibet, de la Mongolie et de la Chine. Le fameux Dalaï Lama n'est pas autre chose que l'un d'entre eux, le plus éminent et le plus célèbre. Ces personnages ne sont pas véritablement des Bouddhas; ils ne peuvent même pas en être. Preuve en soit la circonstance caractéristique de leur retour à la vie, l'exemption de ce retour à la vie étant précisément le privilège des vrais Bouddhas. En réalité, ce sont des Bodhisattvas, et ce titre est bien le seul qui leur convienne. Mais ils sont appelés à être des Bouddhas, et on leur donne par anticipation cette qualification, dont l'application à leur situation présente est en réalité très impropre. (L. Feer).

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