Serge Assayag challenges 19 janvier 2010

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CHALLENGES 10/12 PLACE DE LA BOURSE 75081 PARIS CEDEX 02 - 01 44 88 34 34 21/27 JANV 10 Hebdomadaire Paris OJD : 260020 Surface approx. (cm²) : 5243 Page 1/11 WEAVE 1475862200506/GYP/AYR/2 Eléments de recherche : WEAVE : cabinet de conseil en management, toutes citations En couverture Les fortunes dela MUSIQUE Disques de platine, mégatournées, revenus vertigineux... Le classement réalisé par Challenges et Weave révèle les locomotives françaises de rindustrie musicale, qui se réunit du 24 au 27janvier au Midem, à Cannes. Derrière ces tetes d affiche, de belles surprises et un modèle à réinventer. A quelques jours du Midem, la grand- messe de l'industrie musicale qui se tient à Cannes du 24 au 27 janvier (lire page 5-lf), Challenges publie pour la première fois, en partenariat avec le cabinet de conseil Weave, le classement du revenu des chan- teurs. Révolution Internet ou pas, le palmarès l'ait triompher des valeurs sûres : Johnny, Mylène, Cabrel, Renaud, Pagny, et même l'inoxy- dable Jean Ferrât, qui, à près de 80 ans, s'offre le luxe de truster les premières places des albums ven- dus en 2009, avec la compilation de ses plus grands succès. Quèlques juniors réussissent à s'in- tercaler dans le club, comme Gré- goire, le phénomène de l'autopro- duction sur Internet (lire page 55). Mais ce n'est pas la révolution. « On constate un faible taux d'inno- vation en 2009, analyse Serge Assayag, associé au sein de Weave. Avec une domination des artistes polyvalents, auteurs-compositeurs et interprètes, à l'exception notable de Johnny. » Autre caractéristique 2009 : les mégatournées des deux vainqueurs, Johnny et Mylène, deux virtuoses du tiroir-caisse et seuls Français capables de remplir les tri- bunes du Stade de France plusieurs soirs de suite. Leur large audience leur permet de produire et rentabili- ser des spectacles à gros budgets, générateurs de ventes de disques et dc merchandising. Le palmarès qui s'attache à réper- torier les artistes les mieux payés pour leurs activités sur le territoire Johnny Hallyday, lance le Tour 66 à Saint-Etienne en mai 2009. Valeur sûre, c'est l'un des rares chanteurs français à pouvoir remplir le Stade de France. francais ne fait pas apparaître les prouesses réalisées en 2009 par la production tricolore hors de l'Hexa- gone. «. David Guetta a connu un succès historique l'an passé sur les marchés américain et britanm/pje. signale Sophie Mercier, du Bureau Export, l'organisme parapublic chargé d'appuyer les artistes fran- çais à l'étranger. Et le groupe de pop versaillais Phoenix, peu connu en France, a été l'invité des grands tcdk-shows du soir et a étéparmi les albums les plus téléchargés aux Etats-Unis. » Parmi les autres gagnants, deux au- teurs-producteurs-entrepreneurs se frottent les mains : Dove Attia et Albert Cohen, qui ont osé créer une comédie musicale intitulée Mozart l'opéra rock, dont l'album s'est clas- se parmi les meilleures ventes de l'année avant même que ne débu- tent le spectacle, en septembre à * Paris, ct une tournee en 2010. Lc t compositeur dont le nom est ainsi s exploité est mort en 1791. Dans la £ misère. Jean-François Arnaud >

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CHALLENGES10/12 PLACE DE LA BOURSE75081 PARIS CEDEX 02 - 01 44 88 34 34

21/27 JANV 10Hebdomadaire Paris

OJD : 260020

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En couverture

Les fortunesdela

MUSIQUEDisques de platine, mégatournées, revenus vertigineux... Le classement

réalisé par Challenges et Weave révèle les locomotives françaises derindustrie musicale, qui se réunit du 24 au 27janvier au Midem, à Cannes.

Derrière ces tetes d affiche, de belles surprises et un modèle à réinventer.

A quelques jours duMidem, la grand-messe de l'industriemusicale qui setient à Cannes du24 au 27 janvier

(lire page 5-lf), Challenges publiepour la première fois, en partenariatavec le cabinet de conseil Weave, leclassement du revenu des chan-teurs. Révolution Internet ou pas, lepalmarès l'ait triompher des valeurssûres : Johnny, Mylène, Cabrel,Renaud, Pagny, et même l'inoxy-dable Jean Ferrât, qui, à près de80 ans, s'offre le luxe de truster lespremières places des albums ven-dus en 2009, avec la compilation deses plus grands succès.Quèlques juniors réussissent à s'in-tercaler dans le club, comme Gré-goire, le phénomène de l'autopro-duction sur Internet (lire page 55).Mais ce n'est pas la révolution. « Onconstate un faible taux d'inno-vation en 2009, analyse SergeAssayag, associé au sein de Weave.Avec une domination des artistes

polyvalents, auteurs-compositeurset interprètes, à l'exception notablede Johnny. » Autre caractéristique2009 : les mégatournées des deuxvainqueurs, Johnny et Mylène, deuxvirtuoses du tiroir-caisse et seulsFrançais capables de remplir les tri-bunes du Stade de France plusieurssoirs de suite. Leur large audienceleur permet de produire et rentabili-ser des spectacles à gros budgets,générateurs de ventes de disques etdc merchandising.Le palmarès qui s'attache à réper-torier les artistes les mieux payéspour leurs activités sur le territoire

Johnny Hallyday,lance le Tour 66à Saint-Etienneen mai 2009.Valeur sûre,c'est l'un desrares chanteursfrançaisà pouvoirremplir le Stadede France.

francais ne fait pas apparaître lesprouesses réalisées en 2009 par laproduction tricolore hors de l'Hexa-gone. «. David Guetta a connu unsuccès historique l'an passé sur lesmarchés américain et britanm/pje.signale Sophie Mercier, du BureauExport, l'organisme parapublicchargé d'appuyer les artistes fran-çais à l'étranger. Et le groupe de popversaillais Phoenix, peu connu enFrance, a été l'invité des grandstcdk-shows du soir et a étéparmi lesalbums les plus téléchargés auxEtats-Unis. »Parmi les autres gagnants, deux au-teurs-producteurs-entrepreneurs sefrottent les mains : Dove Attia etAlbert Cohen, qui ont osé créer unecomédie musicale intitulée Mozartl'opéra rock, dont l'album s'est clas-se parmi les meilleures ventes del'année avant même que ne débu-tent le spectacle, en septembre à *Paris, ct une tournee en 2010. Lc tcompositeur dont le nom est ainsi sexploité est mort en 1791. Dans la £misère. Jean-François Arnaud >

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p-10 français:venus 2009 en euros)

1-Johnny Hallyday

9,7 millions

2-Mylène 3-David GuettaFarmer 2,6 millions3,6 millions

4-Grégoire 5-Francis Cabrel 6-Calogero

2,3 millions 1,7 million 1,6 million

Les meilleures vente;d'albums français

(en unitès vendues en 2009, tous circuits hors numèrk

1-JohnnyHallyday

528000

2-Les Enfoirés

504000

3-Grégoire

365000

4-Mozart

346000

5-lndochine

256000

6-Calogero

251000

7-DavldGuetta

250000

8-ChristopheMae206000

9-Marc'Lavoine '

192000'.10-Vanessa

Paradis

175000

\

Les tournées françaisesles plus importantes

(spectateurs payants en 2009)

1-Tour 66 deJohnny Hallyday

800000

2-Cléopâtre(comédiemusicale)

570000

4-Mylène Farmer

480000

3-Mozart (comédiemusicale, photo)

300000

5-Bénabar

165000

-M 8-Renaud 9-Jean 10-Florent1,5 million 1,4 million Ferrât Pagny

1,3 million 1,2 million

Les artistes françaisles plus exportés

(nombre d'albums vendus à l'étranger en 2009)

David Guetta : 700000

Phoenix : 300000 Yael Naim : 300000

Charles Aznavour : 100000 Grégoire : 90000

Les majorsFRANCE(en parts de marchéalbums et singles2008)

1-UniversalMusic (photo,Pascal Nègre)

36%

2-Sony ME

24%

3-Warner Music

18%

MONDE

de chiffre d'affaires9O08-9OOQ1

1-Sony ME

2,92-Universal

Music

2,5

3-WarnerJ Music

"H-LKi'Âlîl 2 4

Le palmarès des chanteurs - Challenge-5

hallenges a établi leo/ palmarès des revenus

des chanteurs français encollaboration avec Weave,cabinet de conseil en stratégieopérationnelle, spécialistedes problématiques derémunération. Le classement,fruit d'une enquête de

plusieurs semaines, porte surle revenu 2009 des chanteursfrançais vivants, générépar leur activité musicalesur le territoire national,hors revenus connexes(contrats cinématographiques,publications, prisesde participation dans

des sociétés, cachetstélévisuels...) et droits.Ont été prises en compte lesventes de disques physiqueset numériques issues dedifférentes sources, pondéréespar les competences deI artiste (auteur-compositeur-mterprète-éditeur), la taille

de son fonds de cataloguedisponible et le nombrede passages radio, ainsi queles revenus générés par lestournées (entrêes et produitsdérivés si existants) selonle niveau d'intéressement del'artiste, et, enfin, ses contratspublicitaires.

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Le Top 10

Johnny Hallyday, roc sur scène9,7 millions d'euros

Encore lui1 L'année2009, celle de sonjubile (50 ans dechanson) et de sesadieux à la scèneaura été à l'image de

l'ensemble de sa carrière sur le fildu rasoir, entre le drame et letriomphe. Le tout dans un climatd'excitation médiatique rare.Avec près de 10 millions d'euros derevenus, le millésime 2009 est parti-culièrement lucratif pour Jean-Phi-lippe Smet, allas Johnny Hallyday. Ildomine largement le classement deschanteurs français les mieux payésde l'année. Revers de la médaille, lechanteur, qui fait travailler plus de250 personnes sur sa tournée

d'adieux, s'est épuisé à la tâche aupoint de ne pouvoir remonter surscène pour la vingtaine de concertsprévus en ce début d'année.Son producteur, Jean-Claude Ca-mus, et l'artiste convalescent sonten tram de négocier avec les assu-reurs les spectacles annulés lin tra-vail ardu pour les experts du poold'assurances qui doivent déterminerles causes et responsabilités qui ontconduit la star au service de soinsintensifs de l'hôpital Cedars-Smaide Los Angeles.Pour sa part, Camus, 71 ans, qui avendu sa PME au géant Warner en2008, n'a pas envie de prendre saretraite. Il s'apprête à déménager lesbureaux de sa société et cherche

A Saint-Etienne, au début du Tour 66,en mai 2009. Le chanteur estle roi de la scène, 250 personnestravaillent sur sa dernière tournée.

déjà les mots qu'il pourra employerpour annoncer les ultimes adieux dela star, lin événement qu'ils espè-rent organiser tous les deux dansquèlques mois, si tout va bien On nese refait pas ' Les deux compèresont incroyablement marque le bu-siness du spectacle depuis une tren-taine d'années et connaissent parcœur la carte de France des Zénithet des stades de football. Ils ontpeut-être oublié de vivre, maîs ilssavent mieux que personne com-ment gagner leur vie.

Barnum médiatiqueCar, du côté de la billetterie, il fautbien reconnaître que le duo Camus-Smet a gagné son pan. Les pépins desanté de la star n'ont absolumentpas nui aux performances commer-ciales. Alors que la précédente tour-née était encore très récente, et quele Tour 66 risquait de se heurter àune lassitude du public, lc thèmedes adieux à la scène a bel et bienréussi à chavirer les foules. Plus de800 DOO spectateurs payants ont levéles bras au ciel au refrain de Ga-brielle dans l'une des nombreusesarènes de province qui ont accueillile Tour 66, et à trois repnses dansun Stade de France bien plus enfié-vré que lors des récentes rencontresde l'équipe nationale de footballGrâce à des partenariats straté-giques avec de grands médias popu-laires tels TFI et RTL, le barnumHallyday, ses 70 semi-remorques dematériel, ses pyrotechnies à l'améri-caine et ses rengaines rock'n'rolldevenues des classiques de la chan-son française ont fait la une de l'ac-tualité, générant plusieurs dizainesde millions d'euros de chiffre d'af-faires et créant des retombées finan-cières dans chacune des villes où ils'est arrêté. Difficile de chiffrer sonimpact réel, maîs en 2009, Johnnyaura été assurément l'un des outilsles plus bruyants de la relance del'économie. J.-F. A.

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Mylène Farmer,shows comptes

3,6 millions d'euros

2g La fidélité de la clienteleest la grande force de l'en-treprise Mjlene FarmerPhénomène unique, la diva

mélancolique est suivie par unnoyau de f 00 000 fans qui ne ratentnen de chacune de ses créations etdépensent sans compter des queleur idole propose un nouveau pro-duit Maîs contrairement a JoluuryMylène Gautier, de son vrai nom sefait rare dans les medias et n a pascree de fan-club officiel pour mone-tiser cet attachement et transformerses admirateurs en abonnesUne strategie qui repond a des choixartistiques, maîs d une redoutableefficacite pour creer une forte at-tente chez ses fidèles intriguer lesmedias et attirer un public nom-breux aux concerts Ce marketingde la rareté lui permet de vendre sesalbums, coffrets (plus de 70 eurospour le collector) et tickets deconcerts a des prix élevés et ecouterde nombreux objets a sa marque, dutee-shirt au sex toyEn 2009 la chanteuse a fête ses20 ans de carriere en remplissant leStade dc France deux soirs dc suiteet en effectuant l'une des plusgrosses tournees de l'aimée Un ac-tivisme qui lui a permis de doper lechiffre d'affaires de son merchandismg et d'écouler I 50 000 CD de sonspectacle a Noel J-F A

Avant I emission Ce soir (ou jamais!), en octobre. Le DJ frenchyest une reference planetaire.

David Guetta, classe affaires2,6 millions d'euros

Lors des NRJ Music Awards, en 2009 La diva a réalisel'une des quatre plus grosses tournees de l'année

Premier exportateurfrançais du secteurc'est un vrai symbolede I alliance entremusique ct business

Cette etiquette colle a la peau deDavid Guetta a son corps défendant« Son succes est avant tout lie a saqualite artistique , msiste Christophe Palatre, le directeur marke-ting en France d'EMI Music, sondistributeur qui en a f ait une priorite mondiale De fait, la reussitedu DJ en 2009 est impressionnante4 millions de téléchargements dansle monde pour ses trois singles scrtis et f million d exemplaires de sonquatrieme album One loie, produitet édite par sa propre maison dedisques Square Prod Les 2,6 millions réalises sur le marche françaisne sont qu'une petite partie des re-venus de cet éternel jeune hommede 42 ans qui s'est retrouve numeroun des chai ts dans dix-sept paj sdont trois fois en Grande-BretagneDu jamais vu pour un FrenchyL'explication du phénomène c'estsans doute son omniprésence dansles clubs Pas moins de 200 dates

l'an dernier dont trois mois passes aparcourir les Etats-L ms pour percersur ce marche crucial Une méca-nique minutieuse gérée par sa so-ciete Guetta Events Son cachettournerait autour de 35000 euros lasoiree Pas de place pour l'improvi-sation Maîs la discipline paie lesstars americaines se bousculentpour obtenir un arrangement ou uneproduction Ma de in Guetta Apresle rappeur Akon pour Sexy Bitchapres les Black Eyed Peas pourI Gotta Feelmg, Madonna débarqueces jours-ci avec un mix concoctepar David Guetta dans I espoir d'enflammerles dancejlooisRien n'est néglige non plus hors desplatines Le voici icône internatio-nale du jeu video DJ Hero et egenedes casques Sennheiser Des parte-nariats choisis pour ne pas casserI image de l'artiste Au final, c'estson alliance avec son épouse Cathyqui se révèle son duo le plus réussiTous deux ont mené la « dance »dans les clubs parisiens, notammentaux Bains Douches, dans les an-nees 1990 \lepoque c'était Cathyla celebnte du couple J.-B D

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Grégoire,artiste 2.0

millions d'eurosOubliés les commentairesétonnés et condescen-dants sur le phénomèneGrégoire, découvert par le

site participatif My Major Company(lire page 55). En 2009, GrégoireBoissenot, d'après son état-civil, estbien l'étoile montante de la chansonfrançaise et l'un des auteurs-compo-siteurs les plus rentables du mo-ment. Avec 2,3 millions d'euros derevenus, il a quasiment doublé en2009 les ventes de son albumToi+Moi sorti en 2008 (soit365 000 ventes sur l'année et plus de700000 au total!). Warner se tailleaussi une part du gâteau, puisque lamajor distribue le prodige et s'oc-troie ainsi des retombées impor-tantes. En 2009, Grégoire a effectuéune tournée de 35 dates, il a trusté àplusieurs reprises le classement destitres les plus diffusés en radio ets'est imposé comme l'un des pre-miers bénéficiaires des télécharge-ments légaux. Comme le font lespoids lourds du métier, il a rééditéson album en édition limitée etrentre en studio au printemps pourenregistrer son prochain CD. J.-F. A.

Francis Cabrel, bénéfices partages

1,7 million

Le troubadour gascon en concert en Suisse, cet été.C'est d'Astaffort. son village du Lot-et-Garonne, qu'ildécouvre les tendances et aide les jeunes artistes.

15Le chanteur du Sud-Ouesta continue à très bienvendre en 2009 son albumDes roses et des orties sorti

l'année précédente et dont plusieurstitres ont connu un grand succès en

single. Homme d'affaires pour labonne cause, il a créé son proprelabel, qui lui permet d'aider dejeunes artistes et a\ec lequel il a or-ganisé, cette année, le grand retourdu Québécois Gilles Vigneault enFrance. A la fois auteur, composi-teur, interprète et éditeur, l'auteurde Petite Marie touche des revenussur tous les tableaux et bénéficied'un contrat très avantageux avecSony BMG. A la tête d'un très beaufonds de catalogue, Cabrel reçoitaussi tous les ans des chèquessomptueux de la Sacem, à l'imagede son ami Jean-Jacques Goldman,qu'il s'apprête à retrouver sur scènefin janvier pour Les Restos du cœur.Très au fait des nouvelles ten-dances, il anime des ateliers d'écri-ture dans son village d'Astaffort(Lot-et-Garonne) et s'apprête à en-registrer la comédie musicale pourenfants que ses stagiaires ont imagi-née. J.-F. A.

Calogero, fournisseur de tubes

i, clims

Grégoire, en février 2008. Issu du Net, son succèsfulgurant a mis en lumière les labels participatifs.

Cet ancien apprenti plom-bier de 38 ans, qui a débutéavec son frère dans legroupe Charts, avant d'être

repéré par France Gall, a venduen 2009 plus de 250000 exemplairesde son album L'Embellie sorti enavril et dont plusieurs titres se sontaussi très bien écoulés en singles. Ily signe la plupart des musiquesalors que d'autres chanteurs fran-çais tels que Jean-Jacques Goldman,Marc Lavoine ou Grand Corps Ma-lade sont crédités pour les paroles.L'Embellie a ctc consacre meilleuralbum de l'année 2009 par les audi-teurs de RTL.Calogero Maurici, de son vrai nom,a également effectué une tournéed'une trentaine de dates et rempli leZénith de Paris deux soirs de suite.Créateur de tubes en série et d'al-bums qui dépassent invariablementles 700 000 exemplaires, il connaîtaussi un succès grandissant sur

Aux NRJ Music Awards, en 2008.Succès grandissant sur scène,ventes record : une valeur sûre.

scène, ce qui lui permet de dévelop-per son merchandising avec lesventes de tee-shirts et autres objetssouvenirs en marge de ses concerts.Il s'affirme comme l'une des valeurssûres de sa maison d'édition, Uni-versal. J.-F. A.

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M, produitde la scène

1,5 million d'euros

7g Matthieu Chedid, 38 ans,est auteur, compositeur etinterprète. Sur scène, ilchante et joue de la guitare

et en studio, ce multi-mstrumentisteassure lui-même la quasi-totalité despartitions. Cas rare dans l'industriemusicale, Matthieu Chedid a connule succès grâce à la scène où il a in-venté le personnage M, indisso-ciable de sa carrière. En 2009, Mis-ter Mystere s'est vendu à quelque170000 exemplaires et marque letransfert du vibrionnant musiciende chez BMI vers Universal. Enmarge de cette guerre des majors,Mister Mystère a été en 2009 l'undes albums français les plus télé-chargés sur les plates-formes Inter-net. On douve une nouvelle preuvede la créativité de l'artiste dans cetopus qui comprend un DVD sur le-quel figurent deux clips pour chaquechanson. Outre sa tournée des clubsqui a attiré 17000 spectateurs, M adonné en septembre un concert àLa Cigale retransmis en direct surles mobiles SFR. Il se lance cetteannée dans une tournée des Zénithen France. J.-F. A.

Sur le plateau de France 2, le 13 janvier. Il limite ses apparitions pour ne pas lasser le public.

Renaud, vieux loup populaire1,4 million il'euros

8

Derrière M, le visage de Matthieu Checlid. en juil.Ce multi-instrumentiste repart en tournée en 2010.

Depuis son retouraux affaires en 2002,avec l'album Boucand'enfer, écoulé à plusde 2 millions d'exem-

plaires, le chanteur aujourd'hui âgéde 57 ans ne quitte plus le devant dela scène et figure à la ll" place despersonnalités préférées des Fran-cais selon l'enquête annuelle duJournal du dimanche II apublié ennovembre un recueil de chansonsirlandaises adaptées du folklore cel-tique : Molly Malone, enregistréentre un studio de Dublin et sa mai-son de Meudon, près de Pans.

Apparitions planifiéesDès sa sortie, cet album a pris la têtedu Top albums, le classement heb-domadaire des ventes relevées parl'institut GfK, avec plus de34000 ventes, devant le nouvel al-bum de Vanessa Paradis. Mieux en-core, il s'en est écoulé plus de130000 en deux mois au prix fort de24 euros. Motty Malone, sorti à pointpour faire partie des meilleuresventes des fêtes dc fin d'année, cstle 16e album studio signé par l'au-teur de Mon HLM. Mais aussi le deu-

xième des quatre opus qu'il doitfournir à BMI, chez qui ll a signé en2006. Soucieux dc ne pas lasser lcpublic, Renaud planifie soigneuse-ment ses apparitions et n'a réponduqu'à une seule interview pour parlerde son nouvel album.Mais ses rev enus proviennent ausside ses oeuvres passées So us ses de-hors de loubard usé, Renaud est unexcellent moneymakpr dans le sec-teur. Il a vendu au total plus de15 millions d'albums dans sa car-rière, dont 3 millions de compila-tions diverses. Ce qui le place aussià la tête d'un impressionnant catalo-gue de chansons, sorties depuis lesannées 1970 chez Polydor, Virgin etBMI, qui continue à lui procurer unebonne part de ses gains. A la tete dulabel Ceci-Cela (BMI), le chanteur aproduit les albums du chanteurBenoît Dorénuis et de son épouseRomane Serda, mais cette activitéest en veille depuis un an. Le pro-ducteur Renaud se penche toutefoissur celui que son épouse est en tramd'enregistrer. Et le costume dechanteur n'est jamais lom, avec unalbum en préparation qui devraitsortir en 2011. J.-F. A.

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A Paris, en 2002. Grâce à sestextes engagés, il garde des liensforts avec un public qui pirate peu.

Jean Ferrât,éternel résistant

U million d'eurosTrès belle surprise pourl'un des derniers géants dela chanson à texte qui afêté, à Noël, ses 79 ans. Son

best of sorti en octobre s'est écouléà plus de 115000 exemplaires auprix moyen de 20 euros. Cette per-formance inattendue pour le chan-teur solitaire, auteur de Nuit etBrouillard, retiré dans sa maison del'Ardèche depuis trois décennies,s'explique par le lien fort qui l'unitau public. Maîs elle tend aussi àconfirmer le phénomène de vieillis-sement des acheteurs de disques.Tout comme lui, les vétérans Hu-gues Aufray et Eddy Mitchell, ouencore la compilation Salut les co-pains, qui font aussi partie desmeilleures ventes de l'année, ontréussi à surfer sur la « séniorisa-tion » de la clientèle. Appréciés d'unpublic qui n'a pas l'habitude de pira-ter la musique sur Internet, lesvieilles gloires résistent mieux à lacrise et engrangent de beaux reve-nus, car elles bénéficient de contratstrès avantageux, signés avec leursmaisons de disques au temps desvaches grasses J.-F. A.

Florent Pagny, machine rodée1,2 million d'euros

Concertà Cuba,en novembre,devant desétudiants. Sondernier album,enregistré àMiami, vise lemarché latino-américain.Mais c'esten France queson publicl'attend.

s^k rn \6 Invariablement, illl I sort un album (DUSll I les deux ans et or-[ ^ ^ ganise une grande

tournée l'annéesuivante qui permet ensuite d'éditerdes enregistrements en public. Flo-rent Pagny est l'un des interprètesfrançais les plus prolixes et l'un desproduits-phares d'Universal MusicFrance. Son album C'est comme ça,sorti en mai 2009, s'est vendu à146 000 exemplaires. Un score hono-rable compte tenu du marché, maisl'artiste était plus habitué à écouler300 DOO exemplaires de chacun deses opus.Comme pour ses précédents al-bums, le chanteur exilé en Patago-me a décidé de créer un album-concept plutôt qu'un recueil dechansons. Après s'être essayé au re-gistre lyrique avec Baryton et auxchansons de Brel il y a deux ans, il atenté cette fois-ci de pénétrer lesmarchés latino-américains qu'ilconnaît bien en proposant un albumen espagnol, enregistré à Miamiavec les meilleurs musiciens et réa-lisateurs latinos. Le public local n'a

pas vraiment plébiscite cet Argentind'adoption, mais ses admirateursfrançais l'ont suivi à défaut de luiréserver un triomphe. Qu'à cela netienne, Florent Pagny s'apprête àremonter sur les planches en 2010pour une tournée bien française, deplus de 40 dates, où il compte enton-ner ses plus grands succès.

Franc-parler efficaceA l'image de Johnny Hallyday, Flo-rent Pagny est avant tout un inter-prète, gros vendeur d'albums, live etDVD, capable d'attirer un large pu-blic lors de ses tournées. Ce qui luipermet de développer ses activitésde merchandising. Mais comme il neremplit pas encore des salles aussivastes que l'ex-« idole des jeunes »,il doit maîtriser ses coûts de plateauafin de conserver une bonne renta-bilité à ses tournées. Autre pointcommun avec son aîné, Pagny béné-ficie d'une grosse cote de populari-té. Avec son franc-parler, il saitcréer le buzz. Look et prises de po-sition sont toujours bien accordésavec la promo de ses nouveaux pro-duits. Du travail de pro. J.-F. A. >•

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Midem2010

Les majors écriventune nouvelle partition

Lindustrie du disque ne tourne plus rond. Compilations pour boosterles ventes, alliances sur Internet et mobiles, jeux vidéo, publicités...

La profession, réunie cette semaine à Cannes, innove pour rester en vie.

i seulement leurs lende-mains pouvaient chan-ter. .. Lassés de ne parlerque de chiffres terri-fiants, les professionnelsde la musique vont riva-

liser de déclarations optimistes lorsdu Midem, leur rendez-vous annuel,qui se tient à Cannes du 24 au 27 jan-vier. Mais les faits sont têtus. Lechiffre d'affaires du disque a été di-visé par deux en dix ans. L'or cou-ronne désormais les albums vendusà 50 000 exemplaires, contrè IOU DOOauparavant.« Le disque est devenu un cadeau,cela explique que nous réalisonsplus de la moitié de nos ventes surles trois derniers mois de l'année »,note Thierry Chassagne, présidentde Warner Music France. D'où lesuccès de certaines compilations.Salut les copains, sortie par Eu-rope I, s'est retrouvée en tête desventes à Noël et NRJ a placé au som-met ses neuf compilations de hits en2009. « Ce sont des labels de garan-tie », explique David Ventura, direc-teur artistique et responsable mar-keting de NRJ Music. Le CD existetoujours, mais son statut évolue.« Le secteur va continuer de décli-ner, juge Mark Mulligan, expert surle sujet au cabinet Forrester. AuXXe siècle, la musique reposait sursa distribution - CD, cassettes,

Les lignesbougentsurInternet.Universalet Sonyse sontalliés avecYouTubepourlancerVevo endécembreenAmériquedu Nord.

vinyles, téléchargements. Auxxf siècle, elle va devoir trouvercomment monétiser la consomma-tion. » II reste encore, selon lui, aumoins quatre ou cinq années devaches maigres. C'est Internet, biensûr, qui a brisé les certitudes despatrons des maisons de disques.C'est Internet, bien sûr, qui est aucentre de leurs nouveaux businessmodels. Ils se sont battus l'an der-nier pour l'adoption de la loi Hado-pi, chargée de punir le télécharge-ment illégal, qui, bonne nouvelle,entre enfin en vigueur. Ce sparadrappermettra-t-il de freiner l'hémorra-gie? « Le marché français devraitse stabiliser », prédit Olivier Mont-fort, président d'EMI Music France.

Multitude de pratiquesEn attendant, les lignes bougent surle Web, aux frontières du payant etdu gratuit. Universal Music, SonyMusic et BMI se sont alliés avecYouTube pour lancer Vevo le 8 dé-cembre en Amérique du Nord. Lesite de clips, qui veut devenir l'héri-tier de MTV, la chaîne musicale stardes années 1980, fonctionne surabonnement gratuit et devra sefinancer avec de la publicité. AT&T,McDonald's ou MasterCard comp-tent déjà parmi les annonceurs. EtCoca-Cola s'y intéresserait.En France, Universal avait déjà lan-

cé sur le même principe le site Allo-clips à l'automne 2008. Le téléchar-gement légal est, quant à lui, portépar iTunes, qui truste l'essentiel dumarché. La plate-forme d'Apple abien profité ces derniers mois dusuccès de l'iPhone : son chiffre d'af-faires aurait doublé en France.Les téléphones mobiles sont-il l'ave-nir de la musique ? « Posséder unmorceau sur son portable a encorede la valeur », assure Jean-LouisConstanza, président d'Orange Val-lée. L'entité innovation du géant destélécoms s'emploie donc à testerune multitude de pratiques d'écoutede la musique, depuis les applica-tions pour mobiles jusqu'aux sitesde streaming, qu'elle pourrait agré-ger aux offres d'Orange.Les grands opérateurs se voientmaintenant comme des « parte-naires de l'industrie musicale »,explique Laurence Le Ny, directricemusique d'Orange, qui veut «propo-ser un écosystème vertueux au bé-néfice des ayants droit, des créa-teurs et des clients ». Pascal Nègre,PDG ̂ Universal Music France, estconvaincu « qu'une partie du bu-siness de demain viendra des abon-nements de téléchargement ».« Jusqu'à présent, nous devions né-gocier les droits avec chaque major,rappelle Thierry Zemmour, Hî™"-teur des contenus de SFR.

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La galaxieMy Major Company

LE PARRAIN> Jean-Jacques

GoldmanSon fils Michael faitpartie des associés-fondateurs du label.Il a prêté son image

en 2008 pour un clip a

de lancement malin «le montrant houspillé H

par un producteur |amateur colérique, s

L'INVESTISSEUR*• Stéphane Courbit

Via son holdingFinancière LGV, l'ex-

patron d'EndemolFrance a investi il y a unan 3 millions d'euros etdétient 49% du capital.Lin projet de télé-réalité

autour des artistesMMC est à l'étude.

LES DIRIGEANTS> Sévan Barsikian(photo), MichaëlGoldman etAnthony MarcianoLes trois dirigeantsse sont connus chezBMG, qu'ils ont quittéau moment de lafusion avec Sony. Ilsont lance MMC avecun quatnème associé,Simon Istolamen,qui, depuis, a revenduses parts et adaptéle concept au cinéma

i (People for Cinema).

Les Web-labelscommunautaires ont

besoin de mûrirMalgré quèlques succès, le modèle économique

ae ces éditeurs participatifs reste fragile.

T

L'EXPORTATEUR * Paul-René AlbertiniEn 2010, le label prévoit de se développerà l'international, notamment au Royaume-Uni.Lin chantier confié à Paul-René Albertini, un professionnelexpérimenté qui a travaillé chez Sony et Warner.

I oi plus moi plus tousceiir qui le veillent . »fis sont 347 internautes

à avoir produit Grégoire, premierartiste du label communautaireMy Major Company (MMC).Avec les 700 DOO CD de Toi + moi,leur mise de 70000 euros a étémultipliée par... quatorze.« Un succès incroyable par lestemps actuels », se félicite SévanBarsilaan, colondateur du site, quia « aidé à populariser ce modèlede production #, selon DavidDore, président du concurrentBuzzMyDand. Le modèle? « Unradw-crochet digital qui permetd'élire des artistes avec unecontrepartie financière », résumeVincent Ricordeau, cofondateurdu site KissKissBankBank Lesinternautes misent sur des artisteset, une fois atteinte une sommeprédéfinie, le label l'utilise pourcommercialiser un album dontils toucheront leur part. MMC,rentable avec plus de 4 millionsd'euros de chiffre d'affaires en2009, prévoit une dizaine de sortiescette année. Des perspectivesqui attirent les investisseurs.Stéphane Courbit a pris 49%du capital dc MMC, tandis quele fonds XAnge PE de La Banquepostale a investi 750000 eurosdans KissKissBankBank. D'autrespoids lourds ont passé une tête,comme Universal, qui distribueles disques du belge Akamusic, ouEndemol, qui développe un projetavec BuzzMyBand. Ce système deproduction cst plus éprouvé qu'iln'y paraît. Dans une récente étude,trois économistes, Marc Bourreau,Michel Gensollen et FrançoisMoreau, estiment que le triomphede Grégoire relève d'un classiquemodèle hit-and-run, basé sur unepromo massive à la sortie et un fort

réseau de distribution. Warner,qui distribue Grégoire, a d'ailleursempoché autour de 50% du chiffred'affaires du disque. Mais le succèsn'est pas toujours au rendez-vous.Public Enemy, qui veut financerson prochain album sur le siteSellaband, n'a amassé en trois moisque 30% des fonds, tandis que ledeuxième album sorti par MMCplafonne à 7000 ventes, bien loindu point mort nécessaire. Les sitesinsistent d'ailleurs plus aujourd'huisur l'aspect communautaire(concerts pnvés, dialogue avecl'artiste...) que sur de possiblesplus-values. « On est plus prochedu mécénat », avoue volontiersDavid Doro. Le retour à la réalitéa eu heu à l'automne dernier avecla mise en redressement judiciairede Spidart, le pionnier françaisdu secteur, dont les producteurscraignent de ne pas récupérer leurmise. Ses concurrents, depuis, ontmartelé que leurs fonds étaientplacés sur des comptes bloquéset ne servaient pas à combler lesfrais de fonctionnement, financéspar la publicité, une commissionsur les versements ou sur fondspropres. La protection des clientsreste cependant floue. A Bercy,la Direction générale de laconcurrence (DGCCRF) renvoieà l'Autorité des marchés financiers(AMF), au nom du principe del'appel à l'épargne publique. Maîslc gendarme dc la Bourse s'étaitdéclaré incompétent, fin 2007, surla demande d'agrément de MMC.Qui attend encore que l'Etat clarifiela situation, avec, pourquoi pas,un coup de pouce fiscal inspirédes societés pour lc financementde l'industrie cinématographiqueet audiovisuelle (Sofica),qui permettent aux épargnantsd'investir. Jean-Marie Pottier

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Michael Jackson en 2002. Son deces, le 25 juin, a booste les ventes de disques.

La lucrative vieposthume des starsLe business des chanteurs disparus se porte

bien. Gérer leurs droits est une affaire de pros.

Faire du neuf av ec du vieuxLe Bdlboai d americaina annonce en novembre

que son hit-parade intégreraitdésormais tous les disques, quelleque soi) leur annee de sortie Molli '< Les evenements dc 2009 Enclair la mort do Michael Jacksonle 25 |um En France les ventes duKing of Pop ont représente a ellesseules 7% du souffreteux marchedu CD au troisieme trimestre< Des chiffres aussi élevés sonthesa defoftes ventes en grandessurfaces alimentaires, qui necommercialisent presque plusde musique en temps normal ,précise Andre Nicolas, responsablede l'Observatoire de Id musiqueL'autre evenement de 2009,l'opération dc rt maslonsalion dc sBeaties en septembre, a permisd'écouler sur trois mois en France200000 albums et 25000 coffrets,un chiffre d'affaires superieur a8 minions d'euros Sur la décennie,leur compilation One a ete l'album

f le plus vendu aux Etats-Lms UnI jackpot pour EMI et les heritiersI Jackson, qui détiennent avec SonyI les droits d'édition des Fab Four

En 2009, Michael Jackson et JohnLennon figuraient d'ailleurs dansle classement For bes des célébritésdisparues générant le plus derevenus av ec respectivement90 el 15 millions cle dollars, auxcôtes d Elvis (55 millions) et JuraHendnx (8 millions) I jp florissantbusiness des chanteurs morts s'estdiversifie, des box Beaties sansinédits ra live aux produits pourdes fans absolus comme lescoffrets Alain Bashung (27 CD)ou Miles Davis (70 CD) Le dernieren des « Pléiades » musicales estla numérisation la start-upfrançaise Record Memory amisen vente 30 000 intégrales Beatlesdans une grosse cle USB en formede poiiune Un objU detoilet I ion >, vendu 240 e urosplus cher que le coffret classiquePour les avants droit, l'héritagene se lunite pas aux pourcentagessur ces sorties < Les albumsont longtemps ete la sourcede revenus principale d icônescomme Lennon ou Jackson,maîs on constate une montee desi evenus lies a l'interprétation >,décrypte le consultant americain

Ils hantent encorele haut de l'afficheTota des ventes en France a fn 2008 en rn ll ens d albums et singles)

SOURCE NPO DSC

(lande François20,8 millionsDes quatre majors, seul EMIp a pas I auteur d AlexandrieAlexandra a son catalogue

15,4 millionsDisques spectacles ,

emissions de tele I /*sont prévus pour 2010 • —"

à I occasion des 30 ans ^-.de sa disparition -f

13 millionsLa chanteuse a connu sondernier pic de vente en 2007annee des 20 ans de sa mort

Tino Ros410 millions

Tombe dans le domaine public,I enregistrement de Petit Papa

Noe! est reproduit sur desdizaines de compilations

Mike Branl9,9 millionsComme les quatre artistesqui le précèdent I interprètede Laisse moi t aimera venduplus de singles que d albums

Pierre Bachelet9,2 millions

Ses heritiers partagentles droits de son plus grand

tube Les Corons avecle parolier Jean Pierre Lang

Georges8,7 millionsUniversal détient les mastersmaîs plusieurs editeurscommercialisent les albumslibres de droits

Jacques Brel8,4 millions

Barclay (Universal) a vendu56000 intégrales en France

depuis le 25° anniversairede sa mort en 2003

Daniel Bala^oine6,5 millionsSon dernier album SauverI amour sorti trois moisavant son deces en 1986reste le plus vendu a ce jour

Serge Gainsbourg5,9 millions

Le film Gainsbourg (vie héroïque),de Joann Sfar, pourrait stimuler

ses chiffres de vente

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Barry Massarsky. Même si unallongement est à l'étude, lesalbums perdent leur copyrightcinquante ans après leur sortieen Europe. Alors que les droitsd'auteur et d'édition des chansonsdurent plus longtemps. Résultat :une floraison d'initiatives, de lascène (spectacle Joe Dassin fin2010) aux lieux de culte (projetsde mémorial Jackson ou d'un« Clocloland » dans l'Essonne),en passant par le grand écran,qui stimule les ventes : aprèsRay, La Morne ou Gainsbourg (viehéroïque), sorti le 20 janvier,on annonce des films sur Sinatra,Montand et la Callas. Sans oublierles pubs ct lc merchandising. « Lamultiplication des exploitationsne doit pas salir l'image ouabîmer le répertoire, avertitnéanmoins le producteur ThierrySaïd, qui gère la carrière posthumede Joe Dassin. On a refusé défairedes housses de couettes ou, des CDofferts avec des surgelés. >> Lemieux est encore de posséderles droits d'édition. Fin novembre,Jeune Musique, qui assure lacoédition d'une trentaine de titresde Claude Francois, a été rachetéepar iWay, un holding associantle label Because au patron de Free,Xavier Niel, qui a pris 15% ducapital. A la clé, une pépite :les droits de Comme d'habitude, ^chanson française la plus exportéegrâce à l'adaptation americaine,My Way. « Ce genre de catalogueest un evergreen ; il génère lemême niveau de revenus chaqueannée et peut connaître de bonnessurprises », analyse FabnceNataf, le PDG d'EMI Publishing,qui détient un autre lot de tubesde Cloclo. Alors que le businessClaude François génère une dizainede millions d'euros les grandesannées, Jeune Musique a réalisésur son dernier exercice un chiffred'affaires de 570000 euros.Ses nouveaux propriétaires sontconfiants : un film sur le chanteurest en projet ainsi que des reprisesde haut vol, notamment par Prince.Une stratégie sécurisée à longterme : Comme d'habitude attendrasoixante-dix ans après lc decèsde son cocompositeur JacquesRevaux, encore envie, pour tomberdans le domaine public. J.-M. P.

Lesmaisonsont revuleursrelationsavec lesartistes,qui devien-nent desmarques.

Pascal Nègre,PDG^UniversalMusic Franceaux NRJ MusicAwards 2009.Il croitau modèled'abonnementpour les télé-chargements.

Nous proposions donc desoffres illimitées de téléchargementdans un catalogue restreint. C'estl'inverse qui fonctionne • unnombre limité de téléchargementsdans un catalogue illimité. » L'opé-rateur propose cinq titres pour 3 eu-ros. En août, Orange a lancé deuxoffres : Musique Mx permet de télé-charger 10 titres par mois dans lecatalogue des quatre majors et del'essentiel des indépendants pour6 euros ; Musique Collection en pro-pose 25 pour 12 euros.Ces dernières années, les maisonsde disques ont aussi revu de fond encomble leurs relations avec les ar-tistes, qui deviennent des marques.Leur image cst déclinée autour destournées ou à la vente de leurs chan-sons pour des publicités, des jeuxvidéo... « Les investissements pourdévelopper un artiste sont toujoursaussi élevés, explique Thierry Chas-sagne, de Warner. Il faut retrouverles marges ailleurs •>Du coup, depuis deux ans, 95% descontrats sont signés « en 360 de-grés », prévoyant une utilisationélargie des droits pour le merchan-dising. C'est le cas, par exemple, deChristophe Mae ou BB Brunes. War-ner a donc créé un département360 degrés. Même formule à Univer-

sal, qui s'est doté d'une division bap-tisée U think ! « Ce sont des activitésqui démarrent ->, tempère PascalNègre, qui évalue tout de même lemarché mondial du merchandisingà 200 millions d'euros.La publicité semble s'affirmercomme un des principaux débou-chés. Certains artistes ont quasi-ment été révélés grâce àl'urilisarionde leur musique dans un spot. C'estl'espoir de la jeune chanteuse ClaireDenamur, à BMI, qui vient de signerune campagne pour une marque decosmétiques américaine. A la clé,des centaines de milliers d'euros.Chez Warner, Inna Modja a venduson titre Mister H au Syndicat natio-nal dc la publicité télévisée. Et Forda choisi Jenifer, artiste d'Universal,pour ses KAwards.

Créer l'événementLes marques ne s'arrêtent pas là.« Certaines, comme Nokia, Black-Berry ou Bacardi, investissent for-tement dans le domaine de la mu-sique au-delà de lapublicité », noteMark Mulligan, de Forrester. L'occa-sion souvent de rajeunir son identi-té, comme c'est le ras de Bacardi.En France, Monoprix a ainsi deman-de à Warner de s'occuper de la par-tie musicale de son nouveau portailcommunautaire Freshandfashion.fr. L'industrie des jeux vidéo, enplein essor, s'intéresse également àla musique. L'un des exemples lesplus aboutis cst lc Beatles BockSand, sorti l'été dernier, qui permetaux joueurs de se prendre pour undes Fab Four. Pour son jeu karaokéU Sing, Nintendo a signé de soncôté avec Universal.Restent les concerts. Pascal Nègren'y voit pas un relais de croissance,comme cela a souvent été dit. Lebusiness du live a même décrude 5% l'an dernier. Pourtant, lesconcerts offrent l'occasion de créerl'événement, à défaut de rapporterdes millions. Orange et SFR commu-niquent massivement autour deleurs concerts exclusifs, avec Mikaou Black Eyed Peas pour Orange,M ou Vanessa Paradis pour SFR.BMI a entrepris de vendre le concertdc Raphaél dès la sortie dc la sallesur cle USB ct la prestation dc Dé-pêche Mode en téléchargement lelendemain. Oui, la musique est en-core vivante... Jean-Baptiste Diebold