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quence La Pléiade et le renouveement de la poésie Objet d'étude : Ecriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours Problématique : En quoi la Pléiade est-elle à l'origine d'un renouvellement poétique au XVI° siècle ? Lecture d'un groupement de textes Explic n°1 DU BELLAY, Las, où est maintenant Explic n°2 DU BELLAY, Comme on passe en été Explic n°3 RONSARD, Quand vous serez bien vieille Explic n°4 DU BELLAY, Heureux qui, comme Ulysse Textes complémentaires - Lecture cursive d'un extrait de Défense et Illustration de la Langue française, DU BELLAY - Lecture cursive d'un corpus de sonnets : les antithèses - Lecture cursive d’un corpus de sonnets : l’imitation de l’Antiquité Etudes d'ensemble - Notions de versification, dont scansion - Mouvement littéraire : notions sur l'Humanisme - Problématique : Le renouvellement poétique de la Pléiade - Objet d'étude : Quel était le sens de l'activité poétique pour les poètes de la Pléiade Histoire de l'art Histoire de l'art : L'art du renouveau, p.402 du livre 1/9 Lycée Ella Fitzgerald de Vienne - Cours de Mme Barrow

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Séquence ① La Pléiade et le renouvellement de la poésieObjet d'étude : Ecriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours

Problématique : En quoi la Pléiade est-elle à l'origine d'un renouvellement poétique au XVI° siècle ?

Lecture d'un groupement de textes

Explic n°1 DU BELLAY, Las, où est maintenant

Explic n°2 DU BELLAY, Comme on passe en été

Explic n°3 RONSARD, Quand vous serez bien vieille

Explic n°4 DU BELLAY, Heureux qui, comme Ulysse

Textes complémentaires

- Lecture cursive d'un extrait de Défense et Illustration de la Langue française, DU BELLAY - Lecture cursive d'un corpus de sonnets : les antithèses- Lecture cursive d’un corpus de sonnets : l’imitation de l’Antiquité

Etudes d'ensemble - Notions de versification, dont scansion

- Mouvement littéraire : notions sur l'Humanisme

- Problématique : Le renouvellement poétique de la Pléiade

- Objet d'étude : Quel était le sens de l'activité poétique pour les poètes de la Pléiade

Histoire de l'art Histoire de l'art : L'art du renouveau, p.402 du livre

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Séquence ① : la pléiade et le renouvellement de la poésieObjet d’étude : Ecriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours

Corpus étudié en lecture analytique

“Las, où est maintenant...”

Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ?Où est ce cœur vainqueur de toute adversité,Cet honnête désir de l’immortalité,Et cette honnête flamme au peuple non commune ? Où sont ces doux plaisirs qu’au soir sous la nuit bruneLes Muses me donnaient, alors qu’en libertéDessus le vert tapis d’un rivage écartéJe les menais danser aux rayons de la Lune ? Maintenant la Fortune est maîtresse de moi,Et mon cœur, qui soulait être maître de soi,Est serf de mille maux et regrets qui m’ennuient. De la postérité je n’ai plus de souci,Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi,Et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient.

DU BELLAY (1522-1560), Les Regrets (1558)

“Comme on passe en été...”

Comme on passe en été le torrent sans danger,Qui soulait en hiver être roi de la plaine,Et ravir par les champs d'une fuite hautaineL'espoir du laboureur et l'espoir du berger ;

Comme on voit les couards animaux outragerLe courageux lion gisant dessus l'arène,Ensanglanter leurs dents, et d'une audace vaineProvoquer l'ennemi qui ne se peut venger ;

Et comme devant Troie on vit des Grecs encorBraver les moins vaillants autour du corps d'Hector,Ainsi ceux qui, jadis, soulaient, à tête basse,

Du triomphe romain la gloire accompagner,Sur ces poudreux tombeaux exercent leur audace,Et osent les vaincus les vainqueurs dédaigner.

DU BELLAY (1522-1560), Les Antiquités de Rome (1558)

“Quand vous serez bien vieille...”

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,Assise aupres du feu, devidant et filant,Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant :Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle.

Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,Desja sous le labeur à demy sommeillant,Qui au bruit de mon nom ne s'aille resveillant,Benissant vostre nom de louange immortelle.

Je seray sous la terre et fantaume sans os :Par les ombres myrteux je prendray mon repos :Vous serez au fouyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et vostre fier desdain.Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :Cueillez dès aujourd'huy les roses de la vie.

RONSARD (1524-1585), Sonnets pour Hélène (1578)

“Heureux qui, comme Ulysse ...”

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,Et puis est retourné, plein d'usage et raison,Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit villageFumer la cheminée, et en quelle saisonReverrai-je le clos de ma pauvre maison,Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,Que des palais Romains le front audacieux,Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,Plus mon petit Liré que le mont Palatin,Et plus que l'air marin, la douceur angevine.

DU BELLAY (1522-1560), Les Regrets (1558)

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L’art du renouveau (livre, p. 402)

Filippo LIPPI (1406-1469) La Vierge à l’enfant et deux anges (vers 1465)

Agnolo BRONZINO (1503-1572) Andrea Doria en Neptune tenant un trident (vers 1550-1555)

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DONATELLO (1386-1466)David (vers 1440)

Vittore GHIBERTI (1457-1526)Salomon reçoit la reine de Saba (entre 1425 et 1452)

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Séquence ① : la pléiade et la codification du sonnet

Objet d’étude : Ecriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours

DOCUMENT COMPLEMENTAIRE : Théorie littéraireDU BELLAY (1522-1560), Défense et Illustration de la langue française (1549)

La Deffence et Illustration de la Langue Francoyse

L'auteur prie les lecteurs différer leur jugement jusques à la fin du livre, et ne le condamner sans avoir premièrement bien vu, et examiné ses raisons.

Livre I, Chapitre IX : réponses à quelques objectionsMais je dirai bien que notre langue n'est tant irrégulière qu'on voudrait bien le dire : vu qu'elle se décline, sinon par les noms, pronoms et participes, pour le moins par les verbes, en tous leurs temps, modes et personnes. Et si elle n'est si curieusement réglée, ou plutôt liée et gênée en ses autres parties, aussi n'a-t-elle point tant d'hétéroclites et anomaux1 monstres étranges que la grecque et latine. (...)Quant au son, et je ne sais quelle naturelle douceur (comme ils2 disent) qui est en leurs langues, je ne vois point que nous l'ayons moindre, au jugement des plus délicates oreilles. (...)Quoi donc, dira quelqu'un, veux-tu à l'exemple de ce Marsye3, qui osa comparer sa flûte rustique à la douce lyre d'Apollon, égaler ta langue à la grecque et latine ? Je confesse que les auteurs d'icelles4 nous ont surmontés en savoir et faconde : en lesquelles choses leur a été bien facile de vaincre ceux qui ne répugnaient point. Mais que par longue et diligente imitation de ceux qui ont occupé les premiers ce que nature n'a pourtant dénié aux autres, nous ne puissions leur succéder, aussi bien en cela que nous avons déjà fait en la plus grande part de leurs arts mécaniques, et quelquefois en leur monarchie, je ne le dirai pas (...)

Livre II, Chapitre IV : Quels genres de poèmes doit élire le poète françaisLis donc, et relis premièrement, ô poète futur, feuillette de main nocturne et journelle les exemplaires5 grecs et latins, puis me laisse toutes ces vieilles poésies françaises aux Jeux Floraux de Toulouse et au Puy de Rouen : comme rondeaux, ballades, virelais, chants royaux, chansons et autres telles épiceries, qui corrompent le goût de notre langue et ne servent sinon à porter témoignage de notre ignorance. (...)

Livre II, Chapitre XI : De quelques observations outre l'artifice, avec une invective contre les mauvais poètes français Bien te veux-je avertir de chercher la solitude et le silence ami des Muses, qui aussi (afin que ne laisses passer cette fureur divine qui quelquefois agite et échauffe les esprits poétiques, et sans laquelle ne faut point que nul espère faire chose qui dure) n'ouvrent jamais la porte de leur sacré cabinet, sinon à ceux qui heurtent rudement.

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1 anormaux2 les détracteurs du français, ceux qui défendent les langues latine et grecque3 Marsyas, ayant trouvé la flûte d’Athéna, devint un musicien expert. Il finit par défier Apollon, le maître de la lyre. Le concours était présidé par les Muses et le roi Midas. Les Muses déclarèrent Apollon vainqueur. Alors Apollon se vengea de Marsyas de la plus cruelle façon : il l’attacha à un pin et l’écorcha vif. Marsyas est devenu depuis l’exemple de l’arrogance et de la prétention.4 de celles-ci = des langues latine et grecque5 livres

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EXERCICE DE TYPE-BAC : Questions sur Corpus pétrarque (1304-1374), labé (1524-1566), ronsard (1524-1585)

Pétrarque (Francesco Petrarca) est un érudit, poète et humaniste italien qui fut publié dans toute l'Europe au XVIe siècle. Avec Dante et Boccace, il compte parmi les premiers grands auteurs de la littérature italienne. D'origine toscane, il vécut alternativement en Italie et dans la région d'Avignon où il rencontra Laure de Noves. Le Canzoniere est un recueil de poèmes dédiés à la jeune femme.

Je ne suis pas en paix et ne fais pas la guerre

Je ne suis pas en paix et ne fais pas la guerre ;Et je crains et j'espère ; je brûle et suis de glace ;Je vole à travers ciel, et suis gisant6 par terre ;Nulle chose n’étreins, le monde entier j’embrasse.

Telle en prison me garde, et ne m’enferme guère,Ni ne me veut tenir, ni mes liens ne délace ;Amour ne me tue pas ni ne m'ôte mes fers7 ,Ni ne me veut vivant, ni ne m’accorde grâce.

Je vois et n'ai point d'yeux, et sans langue je crie ;Je désire périr, et demande secours ;Pour moi je n'ai que haine et pour autrui qu'amour

Je dévore mon mal ; et en pleurant je ris ;Et autant m'insupportent et la mort et la vie :En tel état par vous, ma Dame, je languis8 .

Pétrarque, Canzoniere, CCCXXXIV (1342-1374)

Dans la lignée de Marie de France, Christine de Pisan, Marguerite de Navarre et Pernette du Guillet, Louise Labé ose endosser le rôle masculin de poète. Le point de vue féminin inverse la vision et les rôles : c’est l’homme qui est l’objet du désir, le centre du fantasme.

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;J'ai chaud extrême en endurant froidure :La vie m'est et trop molle et trop dure.J'ai grands ennuis9 entremêlés de joie.

Tout à un coup10 je ris et je larmoie,Et en plaisir maint grief11 tourment j'endure ;Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;Tout en un coup je sèche et je verdoie12.

Ainsi Amour inconstamment13 me mène ; Et, quand je pense avoir plus14 de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine.

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6 étendu7 mes chaînes8 Languir = dépérir, demeurer longtemps dans une situation inconfortable, qui mine9 tourments10 au même moment11 grave12 du verbe “verdoyer” = devenir vert, verdir13 de façon inconstante, instable14 le plus

Laure de Noves (1310-1348)(Noves est une petite ville des

Bouches du Rhône, au sud d’Avignon).

Labé (1524-1566)

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Puis, quand je crois ma joie être certaine, Et être au haut de mon désiré heur15, Il me remet en mon premier malheur.

Louise Labé, Sonnets, VIII (1555)

Un jour de 1545, Ronsard avait aperçu à la cour une toute jeune fille de 13 ans, Cassandre, fille du banquier italien Salviati. Brève rencontre, mais qui suffit à faire d’elle l’inspiratrice du jeune poète. Cinq ans plus tard, Ronsard dédiera Les Amours à la jeune femme. Dans ce recueil, à partir du souvenir vécu et en même temps du nom prestigieux de Cassanfre (cf Homère), Ronsard célèbrera le bonheur et le mystère d’aimer, comme Pétrarque l’avait fait avec Laure de Noves.comme Pétrarque chantant sa Laure, Ronsard va célébrer, à partir du souvenir et du nom prestigieux de Cassandre, le mystère et le bonheur d’aimer. Les Amours sont dédiés à la jeune femme.

J'espère et crains

J'espère et crains, je me tais et supplie, Or je suis glace, et ores16 un feu chaud, J'admire tout, et de rien ne me chaut17, Je me délace18, et puis je me relie.

Rien ne me plaît sinon ce qui m'ennuie, Je suis vaillant et le cœur me défaut19, J'ai l'espoir bas, j'ai le courage haut, Je doute Amour, et si20 je le défie.

Plus je me pique21, et plus je suis rétif22, J'aime être libre, et veux être captif, Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance.

Un Prométhée23 en passions je suis ; Et, pour aimer perdant toute puissance, Ne pouvant rien, je fais ce que je puis.

Ronsard, Les Amours, XII (1552-1553)

Questions : Vous comparerez ces trois sonnets en répondant successivement aux deux questions suivantes : - Quelle vision de l’amour les trois poètes nous proposent-ils ?- Quelles sont les différences dans le traitement de ce thème ?

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15 bonheur16 Or...ores = tantôt...tantôt,17 de rien ne me chaut = rien ne m’importe,18 délace = délie, relie = renoue19 le courage me fait défaut20 et si = et pourtant21 on pique un cheval avec les éperons pour le faire obéir22 rétif = désobéissant, indiscipliné23 mes passions renaissent perpétuellement (comme le foie de Prométhée : celui-ci, pour avoir volé le feu aux dieux, fut condamné à avoir le foie éternellement dévoré par un aigle)

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DEVOIR N°2 : Questions sur CorpusDU BELLAY (1522-1560), ronsard (1524-1585)

DU BELLAY, L’Olive24 (1549) : Déjà la nuit en son parc amassait

Déjà la nuit en son parc amassaitUn grand troupeau d'étoiles vagabondes,Et, pour entrer aux cavernes profondes,Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;

Déjà le ciel aux Indes25 rougissait,Et l'Aube encor de ses tresses tant26 blondesFaisant grêler27 mille perlettes rondes,De ses trésors les prés enrichissait :

Quand d'occident, comme une étoile vive,Je vis sortir dessus ta verte rive,O fleuve mien28 ! une nymphe29 en riant.

Alors, voyant cette nouvelle Aurore,Le jour honteux d'un double teint coloreEt l'Angevin et l'indique30 orient31.

DU BELLAY, Les Regrets (1558) : Je ne veux feuilleter les exemplaires Grecs

Je ne veux feuilleter les exemplaires Grecs32,Je ne veux retracer les beaux traits d'un Horace33,Et moins veux-je imiter d'un Pétrarque34 la grâce,Ou la voix d'un Ronsard, pour chanter mes Regrets.

Ceux qui sont de Phoebus35 vrais poètes sacrésAnimeront leurs vers d'une plus grande audace :Moi, qui suis agité d'une fureur plus basse,Je n'entre si avant en si profonds secrets.

Je me contenterai de simplement écrireCe que la passion seulement me fait dire,Sans rechercher ailleurs plus graves arguments36.

Aussi n'ai-je entrepris d'imiter en ce livre

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24 L’Olive : recueil de poèmes où Du Bellay loue la beauté de sa dame (peut-être Olive de Sévigné)25 Aux Indes : à l’Est26 Tant blondes : si blondes27 Grêler : tomber comme de la grêle28 La Loire, qui coule en Anjou29 Nymphe : divinité féminine, qui, dans la mythologie gréco-latine, habite les eaux et les bois.30 De l’Inde31 Orient : partie du ciel où se lève le soleil (à l’est, en temps normal...)32 Exemplaires grecs : les livres grecs, comme par exemple L’Iliade ou L’Odyssée d’Homère33 Poète latin34 Poète de la Renaissance italienne imité par les poètes français. Il a imposé la forme du sonnet35 Phœebus : nom latin d’Apollon, dieu grec des arts et de la poésie (cf Apollon conducteur des Muses)36 Argument : sujet de discussion

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Ceux qui par leurs écrits se vantent de revivreEt se tirer tout vifs dehors des monuments37 .

RONSARD, Continuation des Amours38 (1555) : Je veus lire en trois jours

Je veus lire en trois jours l'Iliade d'Homere,Et pour-ce, Corydon39, ferme bien l'huis40 sur moy.Si rien41 me vient troubler, je t'asseure ma foyTu sentiras combien pesante est ma colere.

Je ne veus seulement que nostre chambriereVienne faire mon lit, ton compagnon, ny toy,Je veus trois jours entiers demeurer à requoy42,Pour follastrer43 apres une sepmaine entiere.

Mais si quelqu'un venoit de la part de Cassandre,Ouvre lui tost la porte, et ne le fais attendre,Soudain entre en ma chambre, et me vien accoustrer44.

Je veus tant seulement à luy seul me monstrer :Au reste, si un dieu vouloit pour moy descendreDu ciel, ferme la porte, et ne le laisse entrer.

Questions sur Corpus

Question 1 : Montrer que ces poèmes s’inspirent de l’Antiquité.Question 2 : Quelles sont les deux conceptions différentes de la création poétique qui se trouvent illustrées ici ?

Votre réponse n’excèdera pas 15 lignes par question.

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37 des tombeaux38 Recueil de poèmes dédié à Cassandre Salviati, fille d’un banquier de François Ier, dont Ronsard était amoureux. L’orthographe n’a pas été modernisée.39 C’est le nom (à consonance grecque) que Ronsard donne à son serviteur40 Huis : porte41 Rien : quelque chose (conformément au sens étymologique du mot latin “res”)42 A requoi : en repos43 Follastrer : se détendre, s’amuser44 Accoutrer : habiller (sans connotation péjorative)