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Séquence didactique : Ecrire pour témoigner: La première guerre mondiale dans la littérature Gabrielle PHILIPPE, professeur agrégé de Lettres modernes, Collège Pierre Mendès-France, Paris 20 ème . En introduction : - problématique : Lire des textes réalistes, argumentatifs et engagés de genres très variés (lettres, carnets de front, autobiographie, roman - témoignage, roman historique, bande dessinée, poème) en rapport avec la première guerre mondiale. Repérer les caractéristiques de ces différents genres, la visée des différents textes (écrire pour témoigner, dénoncer l’absurdité de la guerre, crier sa révolte face à la religion…) et des procédés d’écriture mis en œuvre. S’exercer au différents sujets d’écriture proposés au brevet (changement de point de vue, suite de texte, article de journal). - public visé : classe de 3 ème (de ZEP) - Durée de la séquence : environ 4 semaines. - Insertion dans la progression annuelle : Séquence proposée entre les vacances de Toussaint et celles de Noël, parallèlement au programme d’Histoire. Après une séquence sur l’autobiographie et une séquence consacrée à la lecture d’une autobiographie argumentative : Le Cri de la mouette, d’ E. Laborit., et avant une séquence consacrée à la lecture d’Inconnu à cette adresse, de K. Kressmann-Taylor. Les élèves ont participé, pendant l’étude de cette séquence, à une sortie organisée par leur professeur d’Histoire -géographie à Péronne, dans la Somme. Objectifs : Lecture : repérer des points de vue ; les caractéristiques de la lettre ; identifier la situation de communication d’une lettre ; repérer le type de discours dominant d’un texte: description, explication, argumentation, narration ; Repérer la visée d’une lettre ; le réalisme ; caractéristiques de l’écriture d’un journal (ou carnet de front) ; Ecriture : changer de point de vue ; Imaginer la suite d’un texte ; Outils de la langue : points de vue interne, externe et omniscient ; Les discours rapportés ; phrases nominales ; indices spatio-temporels ; champs lexicaux et figures de style ; Les expansions du nom ; Rappel : distinction nature / fonction grammaticale ; L’accord du participe passé ; Oral : analyse, mémorisation et récitation d’un poème. Analyse de l’image : Lire une planche de bande dessinée, définir les plans et cadrages, vocabulaire d’analyse de l’image. Objectif(s) support(s) activité(s) séance 1 Lecture Repérer les points de vue dans un roman historique L’Eté 1914, Roger Martin du Gard. Questionnement oral puis synthèse sur le texte. Repérage des verbes de perception. séance 2 OL Les points de vue interne, externe et omniscient Manuel de grammaire et texte de la séance 1. Leçon et exercices de repérages de points e vue.

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Séquence didactique : Ecrire pour témoigner: La première guerre mondiale dans la littérature

Gabrielle PHILIPPE, professeur agrégé de Lettres modernes,

Collège Pierre Mendès-France, Paris 20ème. En introduction : - problématique : Lire des textes réalistes, argumentatifs et engagés de genres très variés (lettres, carnets de front, autobiographie, roman - témoignage, roman historique, bande dessinée, poème) en rapport avec la première guerre mondiale. Repérer les caractéristiques de ces différents genres, la visée des différents textes (écrire pour témoigner, dénoncer l’absurdité de la guerre, crier sa révolte face à la religion…) et des procédés d’écriture mis en œuvre. S’exercer au différents sujets d’écriture proposés au brevet (changement de point de vue, suite de texte, article de journal). - public visé : classe de 3ème (de ZEP) - Durée de la séquence : environ 4 semaines. - Insertion dans la progression annuelle : Séquence proposée entre les vacances de Toussaint et celles de Noël, parallèlement au programme d’Histoire. Après une séquence sur l’autobiographie et une séquence consacrée à la lecture d’une autobiographie argumentative : Le Cri de la mouette, d’ E. Laborit., et avant une séquence consacrée à la lecture d’Inconnu à cette adresse, de K. Kressmann-Taylor. Les élèves ont participé, pendant l’étude de cette séquence, à une sortie organisée par leur professeur d’Histoire -géographie à Péronne, dans la Somme.

Objectifs : Lecture : repérer des points de vue ; les caractéristiques de la lettre ; identifier la situation de communication d’une lettre ; repérer le type de discours dominant d’un texte: description, explication, argumentation, narration ; Repérer la visée d’une lettre ; le réalisme ; caractéristiques de l’écriture d’un journal (ou carnet de front) ; Ecriture : changer de point de vue ; Imaginer la suite d’un texte ; Outils de la langue : points de vue interne, externe et omniscient ; Les discours rapportés ; phrases nominales ; indices spatio-temporels ; champs lexicaux et figures de style ; Les expansions du nom ; Rappel : distinction nature / fonction grammaticale ; L’accord du participe passé ; Oral : analyse, mémorisation et récitation d’un poème. Analyse de l’image : Lire une planche de bande dessinée, définir les plans et cadrages, vocabulaire d’analyse de l’image. Objectif(s) support(s) activité(s) séance 1 Lecture

Repérer les points de vue dans un roman historique

L’Eté 1914, Roger Martin du Gard.

Questionnement oral puis synthèse sur le texte. Repérage des verbes de perception.

séance 2 OL

Les points de vue interne, externe et omniscient

Manuel de grammaire et texte de la séance 1.

Leçon et exercices de repérages de points e vue.

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Séance 3 Ecriture

Changer de point de vue.

Sujet : Racontez la scène de l’assassinat de Jaurès à travers un récit d’une quinzaine de lignes, dans lequel vous adopterez le point de vue interne d’un personnage présent dans la scène, autre que Jacques Thibault. Racontez à nouveau cette scène, à travers un point de vue externe, dans un article de journal qui n’excèdera pas 10 à 15 lignes.

Consignes d’écriture Notions d’objectivité et de subjectivité. Rappel : aractéristiques d’un article de journal (titre, présent de l’indicatif, indices spatio-temporels précis, concision, faits avérés uniquement, neutralité / objectivité…)

Séance 4 Lecture

Analyser un corpus de trois lettres de Poilus : fanatisme, révolte et désespoir Rappel : les caractéristiques de la lettre. Identifier la situation de communication de chaque lettre : émetteur, récepteur, contexte. Repérer le type de discours dominant de chaque lettre : description, explication, argumentation, narration. Repérer la visée d’une lettre

Lettre de Joseph Dézarnaud à sa femme, 7 juillet 1914; Lettre de René Pigeard à son père, 27 août 1916 ; Dernière lettre de Henry Floch à sa femme, novembre 1914

Lecture et analyse de ces trois lettres, à l’aide d’un questionnement méthodique.

Séance 5 Lecture

Le réalisme, dans un roman – témoignage

Extrait « Argoval » dans Le Feu, journal d’une escouade, de Henri Barbusse, 1916

Lecture et questionnement du texte.

Séance 6 OL

Les discours rapportés

Supports : Les extraits des Thibault de Roger Martin du Gard et du Feu, de Henri Barbusse.

Cours prenant appui sur les textes analysés. Relevé des verbes introducteurs de paroles et classement des incises dans un tableau. Exercices de transformation d’un discours à l’autre et recensement des procédés de transformation.

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Séance 7 Lecture

Confronter deux extraits de carnets de front, français et allemand Les caractéristiques de l’écriture d’un journal (ou carnet de front). Le choix des temps verbaux : présent de narration ou temps du récit. Le style télégraphique : phrases nominales. Epuration du style. L’organisation du récit : indices spatio-temporels.

Extraits du carnet de front de Désiré Edmond Renault, 22 août 1914 et du carnet d’Erich Sidow, 12 août 1918.

Lecture et analyse des deux textes.

Séance 8 Ecriture

Imaginer la suite d’un texte.

Imaginer une suite de 20 à 30 lignes à l’extrait du carnet de front de Désiré Edmond Renault, jusqu’à un dénouement heureux ou malheureux de la situation dans laquelle le jeune soldat se trouve.

Consignes : repérage du point de vue adopté, des temps verbaux, des personnages ou éléments essentiels évoqués, délimitation du sujet… et rédaction.

Séance 9 Lecture / OL

Exprimer ses sentiments : champs lexicaux et figures de style (Métaphores, Comparaisons, Polyptote, Répétitions, Opposition, rythme binaire / ternaire Anaphore).

Extrait de A l’Ouest rien de nouveau, de Erich Maria Remarque (1928), p.48-49 du manuel Français 3ème Livre Unique, Hatier.

Lecture et repérage, puis définition des différentes figures de style et de leurs effets : Métaphores, Comparaisons, Polyptote, Répétitions, Opposition, rythme binaire / ternaire Anaphore.

Séance 10 OL

Les expansions du nom Rappel : distinction nature / fonction grammaticale.

2ème extrait du Feu, de Barbusse, p.47-48 du manuel Français 3ème Livre Unique, Hatier + p.392-396

Repérage des noms et de leurs expansions dans le texte décrivant un champ de bataille. Elaboration du cours en commun.

Séance 11 Lecture

Lecture autonome d’un extrait des Croix de bois, de Roland Dorgelès réinvestissement de toutes les notions étudiées au cours de la séquence. Exercice de révision en vue de l’évaluation finale.

extrait des Croix de bois, de Roland Dorgelès (1919) p.51 du manuel Français 3ème Livre Unique, Hatier. + questionnaire

Evaluation des compétences acquises depuis le début de la séquence.

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Séance 12 OL

L’accord du participe passé

Lettres de Poilu : Lettre de Karl Fritz, caporal allemand, à ses parents, 16 août 1916 et lettre de Pierre Prouteau à ses parents, 10 juin 1916 Et manuel de grammaire.

Analyse des accords des participes passés dans les deux extraits : synthèse sur les règles d’accord de base, avec être et avoir, puis avec les verbes pronominaux, et les temps composés suivis d’un infinitif (cas particulier de laisser et faire). Exercices d’application, et dictée, ultérieurement.

Séance 13 Image

Lire une planche de bande dessinée Définir les plans et cadrages, vocabulaire d’analyse de l’image.

Extrait de C’était la guerre des tranchées, de Tardi, ed. Casterman, p.94. +Questionnaire.

Observation et analyse des plans, cadrages et du texte, et de leurs effets, à l’aide d’un questionnaire.

Séance 14 Synthèse sur le récit de guerre

Synthèse élaborée avec les élèves, à partir des différentes séances de la séquence.

Séance 15 Lecture Oral

Prolongement: Analyser et mémoriser une poésie Analyse + notions de métrique. Rejet, enjambement. Notions qui seront approfondies au cours de la séquence V : De la poésie lyrique à la poésie engagée au XXe siècle.

Le Dormeur du val, d’Arthur Rimbaud, 1870

Séance 16 Brevet

Evaluation finale : Devoir de type brevet :

Exemple : Sujet sur Les Thibault, de Roger Martin du Gard : la mobilisation générale, p.54-55 du manuel Français 3ème Livre Unique, Hatier.

Prolongement : lecture cursive d’un livre à choisir dans une liste ayant pour thème : La littérature et l’Histoire, et réalisation d’une fiche de lecture (voir liste proposée à la fin de cette séquence).

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Séance 1 : Repérer les points de vue dans un roman historique : extrait de L’Eté 1914, des Thibault, de Roger Martin du Gard (1936)

Le 31 juillet 1914, Jacques Thibault, un militant socialiste et pacifiste, emmène Jenny Fontanin au « Croissant », un café fréquenté par les socialistes, où il pourra lui montrer Jaurès. Il était plus de neuf heures et demie. La plupart des habitués avaient quitté le restaurant. Jacques et Jenny s’installèrent sur la droite où il y avait peu de monde. Jaurès et ses amis formaient, à gauche de l’entrée, parallèlement à la rue Montmartre, une longue tablée, faite de plusieurs tables mises bout à bout. « -Le voyez-vous ? dit Jacques. Sur la banquette, là, le dos à la fenêtre. Tenez, il se tourne pour parler à Albert, le gérant. -Il n’a pas l’air tellement inquiet, murmura Jenny, sur un ton de surprise qui ravit Jacques ; il lui prit le coude, et le serra doucement. -Les autres aussi, vous les connaissez ? -Oui. Celui qui est à droite de Jaurès, c’est Philippe Landrieu. A sa gauche, le gros, c’est Renaudel. En face de Renaudel, c’est Dubreuihl. Et, à côté de Dubreuihl, c’est Jean Longuet. -Et la femme ? -Je crois que c’est Mme Poisson, la femme du type qui est en face de Landrieu. Et, à côté d’elle, ce sont les deux frères Renoult. Et celui qui vient d’arriver, celui qui est debout près de la table, c’est un ami de Miguel Almereyda, un collaborateur du Bonnet rouge… J’ai oublié son… » Un claquement bref, un éclatement de pneu, l’interrompit net ; suivi, presque aussitôt, d’une deuxième détonation, et d’un fracas de vitres. Au mur du fond, une glace avait volé en éclats. Une seconde de stupeur, puis un brouhaha assourdissant. Toute la salle, debout, s’était tournée vers la glace brisée : « On a tiré dans la glace ! » - « Qui ? » - « Où ? » - « De la rue ! » Deux garçons se ruèrent vers la porte et s’élancèrent dehors, d’où partaient des cris. Instinctivement, Jacques s’était dressé, et, le bras tendu pour protéger Jenny, il cherchait Jaurès des yeux. Il l’aperçut une seconde : autour du patron, ses amis s’étaient levés ; lui seul, très calme, était resté à sa place, assis. Jacques le vit s’incliner lentement pour chercher quelque chose à terre. Puis il cessa de le voir. A ce moment, Mme Albert, la gérante, passa devant la table de Jacques, en courant. Elle criait : -On a tiré sur M. Jaurès ! -Restez là, souffla Jacques, en appuyant sa main sur l’épaule de Jenny, en la forçant à se rasseoir. Il se précipita vers la table du Patron, d’où s’élevaient des voix haletantes : « Un médecin, vite ! » - « La police ! » Un cercle de gens, debout, gesticulant, entourait les amis de Jaurès, et empêchait d’approcher. Il joua des coudes, fit le tour de la table, parvint à se glisser jusqu’à l’angle de la salle. A demi caché par le dos de Renaudel, qui se penchait, un corps était allongé sur la banquette de moleskine. Renaudel se releva pour jeter sur la table une serviette rouge de sang. Jacques aperçut alors le visage de Jaurès, le

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front, la barbe, la bouche entrouverte. Il devait être évanoui. Il était pâle, les yeux clos. Un homme, un dîneur – un médecin, sans doute, - fendit le cercle. Avec autorité, il arracha la cravate, ouvrit le col, saisit la main qui pendait, et chercha le pouls. Plusieurs voix dominèrent le vacarme : « Silence !... Chut !... » Les regards de tous étaient rivés à cet inconnu, qui tenait le poignet de Jaurès. Il ne disait rien. Il état courbé en deux, mais il levait vers la corniche un visage de voyant, dont les paupières battaient. Sans changer de pose, sans regarder personne, il hocha lentement la tête. De la rue, des curieux, à flots, envahissaient le café. La voix de M. Albert retentit : « Fermez la porte ! Fermez les fenêtres ! Mettez les volets ! » Un refoulement contraignit Jacques à reculer jusqu’au milieu de la salle. Des amis avaient soulevé le corps, l’emportaient avec précaution, pour le coucher sur deux tables, rapprochées en hâte. Jacques cherchait à voir. Mais autour du blessé, l’attroupement devenait de plus en plus compact. Il ne distingua qu’un coin de marbre blanc, et deux semelles dressées, poussiéreuses, énormes. « Laissez passer le docteur ! » André Renoult avait réussi à ramener un médecin. Les deux hommes foncèrent dans le rassemblement, dont la masse élastique se referma derrière eux. On chuchotait : « Le docteur… Le docteur… » Une longue minute s’écoula. Un silence angoissé s’était fait. Puis un frémissement parut courir sur toutes ces nuques ployées ; et Jacques vit ceux qui avaient conservé leur chapeau se découvrir. Trois mots, sourdement répétés, passèrent de bouche en bouche : « Il est mort… Il est mort… » Les eux pleins de larmes, Jacques se retourna pour chercher Jenny du regard. Elle était debout, prête à bondir, n’attendant qu’un signal. Elle se faufila jusqu’à lui, s’accrocha à son bras, sans un mot. Une escouade de sergents de ville venait de faire irruption dans le restaurant, et procédait à l’évacuation de la salle. Jacques et Jenny, serrés l’un contre l’autre, se trouvèrent pris dans le remous, poussés, bousculés, entraînés vers la porte. Au moment où ils allaient la franchir, un homme qui parlementait avec les agents réussit à pénétrer dans le café. Jacques reconnut un socialiste, un ami de Jaurès, Henri Fabre. Il était blême. Il balbutiait : -Où est-il ? L’a-t-on transporté dans une clinique ? Personne n’osa répondre. Une main timide fit un geste vers le fond de la salle. Alors, Fabre se retourna : au centre d’un espace vide, la lumière crue éclairait un paquet de vêtements noirs, allongé sur le marbre comme un cadavre de la Morgue. Roger MARTIN DU GARD (1881-1958) est un romancier français. Son œuvre principale est un roman fleuve constitué de huit romans : Les Thibault (1936). Dans ce chef d’œuvre romanesque, il raconte la vie de deux familles bourgeoises, les Thibault et les Fontanin, et montre comment se tissent les événements historiques et le destin des individus au cours de la première guerre mondiale. Le prix Nobel de littérature lui a été décerné en 1937.

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Séance 4 : Lettre de Poilu inédite : Lettre de Joseph Dézarnaud à sa femme, 7 juillet 1914

Narbonne, 7 juillet 19148h30 matin

Ma chère Thérèse bien aimée, Il me reste quelques minutes de liberté avant le départ et j’en profite pour te dire encore une fois: bon courage et au revoir. Ma compagnie est prête: matériellement et moralement. Nous avons eu hier, sur le terrain de manoeuvres, la revue de départ et le serment au drapeau. J’aurais voulu que Louis fût là (et toi aussi ma chérie) pour voir 3000 hommes jurant, la main tendue, de défendre le drapeau jusqu’au bout et criant, à pleins poumons: «Vive la France!». Certes oui, elle vivra, elle triomphera et elle sortira de cette lessive terrible, plus belle et plus forte que jamais. J’ai vu hier soir la mère et la soeur de Lamouroux qui m’ont donné de vos chères nouvelles et m’ont dit que vous n’avez reçu aucune de mes lettres. J’ai écrit tous les jours et vous les recevrez tôt ou tard: quand vous parviendra, à son tour, celle-ci? Nous embarquons ce matin à 10h45. Le tuyau de l’embarquement à minuit était faux. Nous passerons devant Agde en plein jour et je pourrai, sinon vous voir, du moins notre chère demeure. Que Dieu vous protège et vous bénisse: qu’il vous donne le bonheur pour lequel je vais travailler dur et qu’il daigne nous réunir encore ici bas. Tous nous partons avec une confiance sans bornes. Il faut que nous ayons le succès, pour vous surtout. Priez pour la France, pour la 3è et pour moi. Toute mon âme et tout mon coeur dans un baiser. Ton Jo.

(Ecole des Lettres p.88-89 (n°1 2001-2002). Séance 4 : Lettre de Poilu inédite : Lettre de Joseph Dézarnaud à sa femme, 7 juillet 1914

Narbonne, 7 juillet 1914

8h30 matin Ma chère Thérèse bien aimée, Il me reste quelques minutes de liberté avant le départ et j’en profite pour te dire encore une fois: bon courage et au revoir. Ma compagnie est prête: matériellement et moralement. Nous avons eu hier, sur le terrain de manoeuvres, la revue de départ et le serment au drapeau. J’aurais voulu que Louis fût là (et toi aussi ma chérie) pour voir 3000 hommes jurant, la main tendue, de défendre le drapeau jusqu’au bout et criant, à pleins poumons: «Vive la France!». Certes oui, elle vivra, elle triomphera et elle sortira de cette lessive terrible, plus belle et plus forte que jamais. J’ai vu hier soir la mère et la soeur de Lamouroux qui m’ont donné de vos chères nouvelles et m’ont dit que vous n’avez reçu aucune de mes lettres. J’ai écrit tous les jours et vous les recevrez tôt ou tard: quand vous parviendra, à son tour, celle-ci? Nous embarquons ce matin à 10h45. Le tuyau de l’embarquement à minuit était faux. Nous passerons devant Agde en plein jour et je pourrai, sinon vous voir, du moins notre chère demeure. Que Dieu vous protège et vous bénisse: qu’il vous donne le bonheur pour lequel je vais travailler dur et qu’il daigne nous réunir encore ici bas. Tous nous partons avec une confiance sans bornes. Il faut que nous ayons le succès, pour vous surtout. Priez pour la France, pour la 3è et pour moi. Toute mon âme et tout mon coeur dans un baiser. Ton Jo.

(Ecole des Lettres p.88-89 (n°1 2001-2002).

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Lettre de René Pigeard à son père, 27 août 1916 René Pigeard avait vingt ans en 1914. Il était né dans l’Yonne. Imprimeur dans la vie civile, René fut blessé à Verdun puis nommé caporal. Fait prisonnier en 1917, il mourut électrocuté en essayant de s’évader de son camp de prisonniers le 17 octobre 1917. Le 27 août 1916 Cher papa, Dans la lettre que j’ai écrite à maman, je lui disais tout notre bonheur à nous retrouver « nous-mêmes » après s’être vus si peu de chose… à la merci d’un morceau de métal !... Pense donc que se retrouver ainsi à la vie c’est presque de la folie : être des heures sans entendre un sifflement d’obus au-dessus de sa tête… Pouvoir s’étendre tout son long, sur de la paille même… Avoir de l’eau propre à boire après s’être vus, comme des fauves, une dizaine autour d’un trou d’obus à nous disputer un quart d’eau croupie, vaseuse et sale ; pouvoir manger quelque chose où il n’y ait pas de terre dedans, quand encore nous avions quelque chose à manger… Pouvoir se débarbouiller, pouvoir se déchausser, pouvoir dire bonjour à ceux qui restent… Comprends-tu, tout ce bonheur, d’un coup, c’est trop. J’ai été une journée complètement abruti. Naturellement toute relève se fait de nuit, alors comprends aussi cette impression d’avoir quitté un ancien petit bois où il ne reste pas un arbre vivant, pas un arbre qui ait encore tris branches, et le matin suivant après deux ou trois heures de repos tout enfiévré voir soudain une rangée de marronniers tout verts, pleins de vie, pleins de sève, voir enfin quelque chose qui crée au lieu de voir quelque chose qui détruit ! Pense que de chaque côté des lignes, sur une largeur de un kilomètre, il ne reste pas un brin de verdure, mais une terre grise de poudre, sans cesse retournée par les obus : des blocs de pierre cassés, émiettés, des troncs déchiquetés, des débris de maçonnerie qui laissent supposer qu’il y a eu là une construction, qu’il y a eu des « hommes »… Je croyais avoir tout vu à Neuville. Eh bien non, c’était une illusion. Là-bas, c’était encore de la guerre : on entendait des coups de fusil, des mitrailleuses, mais ici rien que des obus, rien que cela ; puis des tranchées que l’on se bouleverse mutuellement, des lambeaux de chair qui volent en l’air, du sang qui éclabousse… Tu vas croire que j’exagère, non. C’est encore en dessous de la vérité. On se demande comment il se peut que l’on laisse se produire de pareilles choses. Je ne devrais peut-être pas décrire ces atrocités, mais il faut qu’on sache, on ignore la vérité trop brutale. Et dire qu’il y a vingt siècles que Jésus-Christ prêchait sur la bonté des hommes ! Qu’il y a des gens qui implorent la bonté divine ! Mais qu’ils se rendent compte de sa puissance, et qu’ils la comparent à la puissance d’un 380 boche ou d’un 270 français !... Pauvres que nous sommes ! P.P.N. Nous tenons cependant, c’est admirable. Mais ce qui dépasse l’imagination, c’est que les Boches attaquent encore. Il faut avouer que jamais on aura vu une pareille obstination dans le sacrifice inutile : quand par hasard ils gagnent un bout de terrain ils savent ce que ça leur coûte et encore ne le conservent-ils pas souvent. J’espère aller bientôt vous revoir et on boira encore un beau coup de pinard à la santé de ton poilu qui t’embrasse bien fort. René Pigeard. Paroles de Poilus, Librio, 1998, p.54-55.

Dernière lettre de Henry Floch à sa femme, novembre 1914

Comme vingt-quatre autres poilus injustement accusés d’avoir reculé devant l’ennemi, le caporal Henry Floch, greffier de justice de paix avant la guerre, a été jugé et fusillé avec cinq de ses camarades, à Vingré le 4 décembre 1914. Il est l’un des six « Martyrs de Vingré ». Ma bien chère Lucie, Quand cette lettre te parviendra, je serai mort fusillé. Voici pourquoi : Le 27 novembre, vers 5 heures du soir, après un violent bombardement de deux heures, dans une tranchée de première ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenés dans la tranchée, m’ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J’ai profité d’un moment de bousculade pour m’échapper des mains des Allemands. J’ai suivi mes camarades, et ensuite, j’ai été accusé d’abandon de poste en présence de l’ennemi. Nous sommes passés vingt-quatre hier au soir au Conseil de Guerre. Six ont été condamnés à mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un exemple. Mon portefeuille te parviendra et ce qu’il y a dedans. Je te fais mes derniers adieux à la hâte, les larmes aux yeux, l’âme en peine. Je te demande à genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l’embarras dans lequel je vais te mettre… Ma petite Lucie, encore une fois, pardon. Je vais me confesser à l’instant, et espère te revoir dans un monde meilleur. Je meurs innocent du crime d’abandon de poste qui m’est reproché. Si au lieu de m’échapper des Allemands, j’étais resté prisonnier, j’aurais encore la vie sauve. C’est la fatalité. Ma dernière pensée, à toi, jusqu’au bout. Henry Floch Paroles de Poilus, Librio, 1998, p.87.

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Séance 4 : Analyser un corpus de trois lettres de Poilus :

• Identifier la situation de communication de chaque lettre : émetteur, récepteur, contexte. • Repérer le type de discours dominant de chaque lettre : description, explication, argumentation,

narration. • Repérer la visée d’une lettre

Dans ces trois lettres, écrites à des moments différents de la guerre, la visée (l’objet poursuivi par

chaque auteur) et le ton sont très variés (patriotique ou fanatique, révolté, désespéré ou résigné). Rappel : les caractéristiques de la lettre : (A savoir identifier, et à intégrer dans un devoir d’écriture dont le sujet impliquerait la rédaction d’une lettre)

- Date et lieu de la rédaction, - Formule d’appel ou d’adresse - corps de la lettre, - formule de politesse, - Signature.

1-Lettre ostensible, de Joseph Dézarnaud à sa femme - Lettre ostensible : à la fois privée et destinée à être lue par un groupe élargi.

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- Visée : exprimer son patriotisme, l’enthousiasme du départ. Observer une phrase passionnée, solennelle : « Certes oui, elle vivra, elle triomphera et elle sortira de cette lessive terrible [rythme ternaire, majestueux], / plus belle et plus forte que jamais [rythme binaire, très stable]. » - Influence de la religion dans ce discours 2-Lettre intime révoltée de René Pigeard à son père Visée : - évoquer un moment heureux : une journée de permission, en soulignant le contraste entre cette parenthèse de bonheur et l’horreur quotidienne de la guerre, afin d’en dénoncer l’atrocité. (Figure de style : anaphore en « Pouvoir… »)

- dire la « vérité », en affirmant qu’ « il faut qu’on sache. » : nécessité d’écrire pour témoigner.

Le soldat Pigeard exprime sa révolte contre la religion qui fait accepter trop de souffrance inutile (relever le champ lexical de la religion) : il dénonce « le sacrifice inutile. » Sa formule de politesse contient néanmoins une note positive. 3-Lettre d’adieu de Henry Floch à sa femme, avant son exécution. Lettre d’adieu : lettre dans laquelle l’auteur de la lettre salue pour la dernière fois un être cher, avant son départ ou sa mort. Visée : -Justifier la situation dramatique dans laquelle le Poilu innocent se retrouve : les exécutions sommaires « pour l’exemple » -Proclamer son innocence. Le ton du condamné à mort est résigné « C’est la fatalité », et il se confesse avant son exécution, espère revoir sa femme « dans un monde meilleur. » La religion est omniprésente dans ce contexte de guerre.

Séance 5: Le réalisme, dans un roman – témoignage : « Argoval » dans Le Feu, journal d’une escouade, de Henri Barbusse, 1916

Le crépuscule du soir arrivait du côté de la campagne. Une brise douce, douce comme des paroles, l’accompagnait. Dans les maisons posées le long de cette voie villageoise – grande route habillée sur quelques pas en grande rue – les chambres, que des fenêtres blafardes n’alimentaient plus de la clarté de l’espace, s’éclairaient de lampes et de chandelles, de sorte que le soir en sortait pour aller dehors, et qu’on voyait l’ombre et la lumière changer graduellement de place. Au bord du village, vers les champs, des soldats déséquipés erraient, le nez au vent. Nous finissions la journée en paix. Nous jouissions de cette oisiveté vague dont on éprouve la bonté quand on est vraiment las. Il faisait beau ; l’on était au commencement du repos, et on rêvait. Le soir semblait aggraver les figures avant de les assombrir, et les fronts réfléchissaient la sérénité des choses. Le sergent Suilhard vint à moi et me prit par le bras. Il m’entraîna. -Viens, me dit-il, je vais te montrer quelque chose. Les abords du village abondaient en rangées de grands arbres calmes, qu’on longeait, et, de temps en temps, les vastes ramures, sous l’action de la brise, se décidaient à quelque lent geste majestueux. Suilhard me précédait. Il me conduisit dans un chemin creux qui tournait, encaissé ; de chaque côté poussait une bordure d’arbustes dont les faîtes se rejoignaient étroitement. Nous marchâmes quelques instants environnés de verdure tendre. Un dernier reflet de lumière, qui prenait ce chemin en écharpe, accumulait dans les feuillages des points jaune clair ronds comme des pièces d’or. -C’est joli, fis-je. Il ne disait rien. Il jetait les yeux de côté. Il s’arrêta. -Ca doit être là. Il me fit grimper par un petit bout de chemin dans un champ entouré d’un vaste carré de grands arbres, et bondé d’une odeur de foin coupé.

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-Tiens ! remarquai-je en observant le sol, c’est tout piétiné par ici. Il y a eu une cérémonie. -Viens, me dit Suilhard. Il me conduisit dans le champ, non loin de l’entrée. Il y avait là un groupe de soldats qui parlaient à voix baissée. Mon compagnon tendit la main. -C’est là, dit-il. Un piquet très bas –un mètre à peine – était planté à quelques pas de la haie, faite à cet endroit de jeunes arbres. -C’est là, dit-il, qu’on a fusillé le soldat du 204, ce matin. On a planté le poteau dans la nuit. On a amené le bonhomme à l’aube, et ce sont les types de son escouade qui l’ont tué. Il avait voulu couper aux tranchées ; pendant la relève, il était resté en arrière, puis était rentré en douce au cantonnement. Il n’a rien fait autre chose ; on a voulu, sans doute, faire un exemple. Nous nous approchâmes de la conversation des autres. -Mais non, pas du tout, disait l’un. C’était pas un bandit ; c’était pas un de ces durs cailloux comme tu en vois. Nous étions partis ensemble. C’était un bonhomme comme nous, ni plus, ni moins – un peu flemme, c’est tout. Il était en première ligne depuis le commencement, mon vieux, et j’l’ai jamais vu saoul, moi. -Faut tout dire : malheureusement pour lui, qu’il avait de mauvais antécédents. Ils étaient deux, tu sais, à faire le coup. L’autre a pigé deux ans de prison. Mais Cajard1, à cause d’une condamnation qu’il avait eue dans le civil, n’a pas bénéficié de circonstances atténuantes. Il avait, dans le civil, fait un coup de tête étant saoul. -On voit un peu de sang par terre quand on r’garde, dit un homme penché. -Y a tout eu, reprit un autre, la cérémonie depuis A jusqu’à Z, le colonel à cheval, la dégradation ; puis on l’a attaché, à c’ petit poteau bas, c’ poteau d’ bestiaux. Il a dû être forcé de s’ mettre à genoux ou de s’asseoir par terre avec un petit poteau pareil. -Ca s’ comprendrait pas, fit un troisième après un silence, s’il n’y avait pas cette chose de l’exemple que disait le sergent. Sur le poteau, il y avait, gribouillées par les soldats, des inscriptions et des protestations. Une croix de guerre grossière, découpée en bois, y était clouée et portait : « A Cajard, mobilisé depuis août 1914, la France reconnaissante. » En rentrant au cantonnement, je vis Volpatte, entouré, qui parlait. Il racontait quelque nouvelle anecdote de son voyage chez les heureux. 1. J’ai changé le nom de ce soldat, ainsi que celui du village. (Note de Henri Barbusse). Henri BARBUSSE (1873-1935). Il a, dès sa jeunesse, écrit des vers, des articles pour des journaux, des romans. En 1914, il s’engage comme soldat. Il publie, en 1916, Le Feu, où il raconte la vie des soldats, leurs combats. Le prix Goncourt a été décerné à ce roman en 1917.

Séance 5: Le réalisme, dans un roman – témoignage : « Argoval » dans Le Feu, journal d’une escouade, de Henri Barbusse, 1916

Après l’étude de la lettre d’adieu, thème de l’exécution exemplaire et sommaire vue à travers un autre point de vue : l’effet produit sur les Poilus témoins de l’exécution. L’importance des descriptions, leur réalisme, et leur insertion dans le roman. L’effet d’attente. Les pronoms. L’insertion des dialogues dans le récit, et la variation des registres de langue (effet de réalisme supplémentaire).

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Séance 6 : OL : Les discours rapportés Supports : Les extraits des Thibault et du Feu. Livre Unique Hatier, p.334-345. Exercices p.342-345.

• Le DISCOURS DIRECT (ou DIALOGUE) permet de rapporter les paroles telles qu’elles ont été dites dans la situation d’énonciation des personnages. Il crée l’illusion d’une conversation réelle. Il donne au lecteur une illusion de réalité. Le discours direct marque une rupture avec la narration. Il est inséré dans le récit à l’aide de verbes introducteurs de paroles, dans les PROPOSITIONS INCISES et de la ponctuation du dialogue. Les temps des verbes des propos rapportés sont ceux de l’énoncé ANCRE dans la situation d’énonciation : le présent et les temps qui lui sont liés.

Ex 1 : « -Le voyez-vous ? dit Jacques. Sur la banquette, là, le dos à la fenêtre. Tenez, il se tourne pour parler à Albert, le gérant. -Il n’a pas l’air tellement inquiet, murmura Jenny, sur un ton de surprise qui ravit Jacques ; il lui prit le coude, et le serra doucement. -Les autres aussi, vous les connaissez ? » (Les Thibault) Ex 2 : « -Tiens ! remarquai-je en observant le sol, c’est tout piétiné par ici. Il y a eu une cérémonie. -Viens, me dit Suilhard. » (Le Feu)

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• Le DISCOURS INDIRECT intègre les paroles des personnages au récit, au moyen de verbes de paroles et de propositions subordonnées. Il permet de condenser les propos des personnages et de n’en retenir que l’essentiel. Ces paroles sont incluses dans la narration. Les temps des verbes des propos rapportés sont les mêmes que ceux de la narration et de la proposition incise: si la narration et l’incise sont aux temps du récit, les propos rapportés le sont aussi. Si la narration et l’incise sont au présent, les verbes des propos rapportés aussi. Le narrateur qui rapporte les paroles des personnages reste le même que dans la narration. REPLIQUE, INTERLOCUTEUR, INCISE.

Ex 1 : Jacques demanda à Jenny si elle le voyait. Il lui fit remarquer qu’il était le dos à la fenêtre, qu’il se tournait pour parler à Albert, le gérant. Jenny murmura sur un ton de surprise qui ravit Jacques qu’il n’avait pas l’air tellement inquiet. Il lui prit le coude et le serra doucement. Elle lui demanda s’il connaissait les autres aussi. Ex 2 : Je remarquai en observant le sol que tout était piétiné par là, u’il y avait eu une cérémonie. Suilhard me dit de venir.

• Le DISCOURS INDIRECT LIBRE mêle étroitement narration et paroles des personnages: par les temps et les pronoms, il s’intègre à la narration; par l’absence de proposition subordonnée, l’absence de ponctuation propre au dialogue, le registre de langue, les caractéristiques de l’oral, il permet de faire entendre la voix des personnages. Paroles incluses dans la narration. Le lecteur doit faire un effort pour comprendre de quel personnage proviennent les paroles ou pensées exprimées au discours indirect libre. Le style indirect libre lié au point de vue interne.

Ex : Jacques observait la scène avec inquiétude. Que Jaurès faisait-il sous la table ? Il cessa soudain de le voir. C’est alors que la gérante s’écria… Relever les verbes introducteurs de paroles, et incises dans les deux extraits et les classer selon leur place dans les répliques. Verbes introducteurs de paroles, et incises relevés dans les deux extraits : Incises placées avant la réplique

Incices placées au milieu de la réplique (Sujet postposé)

Incises placées à la fin de la réplique (sujet postposé)

Elle criait : s’élevaient des voix haletantes : Plusieurs voix dominèrent le vacarme : La voix de M. Albert retentit, On chuchotait : Trois mots, sourdement répétés, passèrent de bouche en bouche : Il balbutiait :

dit Jacques, murmura Jenny, souffla Jacques, me dit-il, remarquai-je en observant le sol,

fis-je. me dit Suilhard. dit-il.

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dit-il, disait l’un. reprit un autre, fit un troisième après un silence,

dit un homme penché.

Transformations : Pour passer d’un discours à l’autre, il faut respecter un certain nombre de règles : A compléter au fil des exemples traités. DISCOURS DIRECT DISCOURS INDIRECT DISCOURS INDIR LIBRE

Séance 7 : Confronter deux extraits de carnets de front, français et allemand :

Carnet de font de Désiré Edmond Renault, poilu, extrait du 22 août 1914

Fils d’une lavandière et d’un manouvrier, Désiré Edmond Renault était né le 12 mai 1891 à Esmans, dans le canton de Motereau en Seine-et-Marne. Il était pâtissier et fut mobilisé alors qu’il allait achever son service militaire qui avait duré trois ans. Il appartenait à la 10e compagnie du 77e régiment d’infanterie. Grièvement blessé le 22 août 1914, il resta quatre ans en captivité. 22 août 1914 Combat commencé au point du jour. Toute la journée je me bats, je suis blessé très légèrement une première fois, une bale traverse mon sac placé devant moi, me blesse à la main, perce ma capote et m’érafle la poitrine. Je prends cette balle que je montre à un camarade, Loiseau Marcel, et je la mets dans mon porte-monnaie. Je continue le combat lorsque mon camarade Loiseau est blessé à la jambe. Je vois aussi mon lieutenant tomber traversé par une balle. Le combat continue, une grande quantité de mes camarades sont couchés ou blessés autour de moi. Vers les trois heures de l’après-midi, alors que je suis en train de tirer sur l’ennemi qui occupe une tranchée à deux cents mètres de moi, je suis atteint d’une balle au côté gauche, je ressens une grande douleur, comme si l’on me brisait les os. La balle m’a traversé dans toute ma longueur en passant par le bassin et s’est logée au-dessus du genou. Aussitôt je ressens une grande souffrance et une fièvre brûlante. Les balles continuent à pleuvoir autour de moi, je risque d’être de nouveau atteint ; je fais donc tout mon possible pour me traîner dans un trou, j’ai bien du mal à m’y blottir. Le combat est terminé, tous mes camarades ont battu en retraite, et nous les blessés, nous restons abandonnés, sans soins, mourant de soif. Quelle affreuse nuit ! Rien que la fusillade, car à chaque bruit que fait un blessé, la fusillade reprend, au beau milieu de la nuit, la mitrailleuse balaye le terrain, les balles me passent par-dessus la tête, mais elles ne peuvent plus m’atteindre dans

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mon trou, la soif me torture de plus en plus, j’arrache des poignées d’avoine que je mâche. Le canon ne cesse de gronder car les Allemands bombardent la ville de Longwy. La nuit s’avance, comme je souffre, je pense alors à mes parents, surtout ma mère, comme quand j’étais malade et que j’étais tout petit, et je ne suis pas seul à penser à ma mère, car j’entends les blessés et les mourants appeler leur maman. Enfin, la nuit s’achève, le petit jour commence à paraître, soudain j’entends le pas de chevaux, et un peu après je distingue deux cavaliers allemands. Ils sont à quatre cents mètres de moi ; plusieurs blessés les appellent et leur demandent à boire ; brusquement ils arrêtent leurs chevaux et sautent à terre. Je n’ose plus bouger de mon trou, la matinée me semble bien longue, je souffre toujours de la soif… Souvent je sors la tête hors de mon trou pour voir s’il ne vient pas des personnes pour nous ramasser, mais je ne vois rien ; une nouvelle torture vient s’ajouter aux autres : depuis que le soleil s’est levé, les mouches attirées par l’odeur du sang s’acharnent après moi, elles sont si méchantes que je ne peux m’en débarrasser. Vers 2 heures de l’après-midi, j’entends un bruit près de moi, il me semble qu’un homme se traîne, je veux lever la tête pour voir, mais je n’y peux parvenir, je suis trop faible, mais le bruit se rapproche, et arrive près de moi. […] Paroles de Poilus, Librio, 1998, p.26-28.

Carnet de front d’un soldat allemand : Erich Sidow, 12 août 1918

Dès les premiers coups de canon, j’ai été projeté en l’air, des masses de terre se sont soulevées sous moi et à ce moment-là j’ai perdu connaissance. Je retrouvai rapidement mes esprits. Enseveli, enterré vivant sous de lourdes masses de terre, dans quelques instants je vais manquer d’air, et ce sera la mort ! Je me suis mis à crier […] J’ai pensé à mon père et à ma mère qui ne sauraient jamais où je serais mort. Lentement ma bouche et mon nez se remplissaient de sable, au fur et à mesure que ma respiration se faisait de plus en plus violente et que l’air devenait de plus en plus rare. J’ai senti que ma fin était proche. Pendant ce temps trois camarades extrêmement courageux avaient commencé un travail de sauvetage au plus fort de la pluie d’obus. Le camarade Emil qui était au-dessus de moi fut bientôt libéré. Mais pour me libérer moi il a fallu beaucoup, beaucoup plus de temps. Comme tout était merveilleux autour de moi une fois que j’ai pu respirer à nouveau librement, alors même que les obus ne cessaient de faire de nouvelles victimes dans nos rangs. On m’a pris sous les bras, et c’est ainsi que l’on m’a retiré sous les masses de terre. […] Paroles de Poilus, Librio, 1998, p.63-64. Séance 7 : Confronter deux extraits de carnets de front, l’un français l’autre allemand. Les caractéristiques de l’écriture d’un journal (ou carnet de front). Le choix des temps verbaux : présent de narration ou temps du récit. Le style télégraphique : phrases nominales. Epuration du style. Le texte ne dit que l’essentiel. Recherche de l’efficacité. L’organisation du récit : indices spatio-temporels. Récits très structurés, témoignages fidèles à la réalité. Les mêmes sentiments humains sur les deux fronts : la terreur et la souffrance. Séance 8 : Ecriture : Imaginer la suite d’un texte. Consignes d’écriture. Imaginer une suite de 20 à 30 lignes à l’extrait du carnet de front de Désiré Edmond Renault, jusqu’à un dénouement heureux ou malheureux de la situation dans laquelle le jeune soldat se trouve. Séance 9 : Exprimer ses sentiments : champs lexicaux et figures de style dans un extrait de A l’Ouest rien de nouveau, de Erich Maria Remarque (1928), Manuel Français 3ème Livre Unique, Hatier : p.48-49 Métaphores,

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Comparaisons, Polyptotes (l.32-36), Répétition (martèlement de « son nom », l.39-42), Opposition, rythme binaire / ternaire : l.11-14, Anaphore : « que… » (l.16-20) et « Prends » (l.23-26) Séance 10: OL : Les expansions du nom : support: 2ème extrait du Feu, de Barbusse, p.47-48. du manuel Français 3ème Livre Unique, Hatier.p.392-396. Rappel : distinction nature / fonction grammaticale. Séance 11 : Lecture autonome d’un extrait des Croix de bois, de Roland Dorgelès (1919), p.46-47 Questionnaire permettant un réinvestissement de toutes les notions étudiées au cours de la séquence. Exercice de révision en vue de l’évaluation finale.

Séance 12 : OL : L’accord du participe passé Supports : Manuel p.413-414 et Lettres de Poilus :

Lettre de Karl Fritz, caporal allemand, à ses parents, 16 août 1916 (p.55 Librio) : Argonne le 16 août 1916

Chers parents et chères sœurs, Le 2, à Saint-Laurent, nous avons entendu le signal de l’alerte. On est venu nous chercher avec des véhicules, et on nous a amenés jusqu’à quelques kilomètres du front de Verdun. […] Vous ne pouvez pas avoir idée de ce qu’on a vu là-bas. Nous nous trouvions à la sortie de Fleury, devant le fort de Souville. Nous avons passé trois jours couchés dans les trous d’obus à voir la mort de près, à l’attendre à chaque instant. Et cela, sans la moindre goutte d’eau à boire et dans une horrible puanteur de cadavres. Un obus recouvre les cadavres de terre, un autre les exhume à nouveau. Quand on veut se creuser un abri, on tombe tout de suite sur des morts. […]

Lettre de Pierre Prouteau, 20 ans, à ses parents, 10 juin 1916 (p.71 Librio) :

10 juin 1916 Chers parents, J’ai reçu votre colis hier matin, mais en raison de notre installation, je n’ai pu vous en avertir que par une simple carte. […] Nous sommes relevés ce soir pour aller huit jours en réserve où j’espère bien me retaper. […] Vous ne devinerez jamais, oh ! non, je vous le donne en mille, où nous sommes abrités ! Il vaut donc mieux vous le dire. Eh bien, dans un caveau, auquel un obus a fait une petite ouverture et dans lequel nous sommes en compagnie des squelettes. Comme abri c’est assez solide, mais aussi assez macabre. Peut-être est-ce un ancien cimetière. Je ne puis rien répondre là-dessus vu l’état du terrain. La nuit, le poste est installé dans les décombres d’une ferme dont il ne reste que quelques pierres éparses de-ci

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de-là. Voici une marguerite que j’y ai cueillie. Merci encore de votre colis. […] Au revoir donc et bons baisers. Pierre PROUTEAU

Séance 13 : Lire une page de bande dessinée : C’était la guerre des tranchées, Jacques Tardi (1993)

Introduction : 1-Résumez brièvement cet extrait. 2-Quel rôle jouent le dialogue et l’image ? Combien y a-t-il d’interlocuteurs, et combien en voit-on ? Qu’en pensez-vous ? 3-Que s’est-il passé entre la vignette 2 et la vignette 3 ? Pourquoi cette ellipse narrative, d’après vous ? Analyse : 4-Quelle est la caractéristique de la présentation de cette planche de bande dessinée ? 5-Indiquez quel est l’angle de vue de chaque vignette, et précisez qui voit (quel est le point de vue), et qui parle (à qui). 6-Quel objet symbolique peut-on voir sur les deux premières vignettes ? Pourquoi cet objet est-il représenté ainsi, d’après-vous ? 7-Quel est le registre de langue des deux personnages ? 9-Quel sentiment vous inspire le soldat qui meurt ? Qu’exprime-t-il ? Conclusion : 10-En quoi cette bande dessinée est-elle réaliste ?

VOCABULAIRE D’ANALYSE DE L’IMAGE Angle de vue (ou angle de prise de vue) : il varie en fonction de la place de la caméra ou de l’œil, par rapport à l’objet regardé. Il peut être au niveau du regard : angle plat (le sujet est de face) ; en plongée (le regard de l’homme domine l’objet regardé) ; en contre-plongée (le regard de l’homme est en

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dessous de l’objet regardé, comme écrasé). Cadrage ou Echelle de plan : taille du sujet filmé dans le plan : plan d’ensemble > plan moyen > plan américain > plan rapproché > gros plan > insert ou très gros plan. Bande dessinée : récit fondé sur la succession d’images dessinées, accompagnées le plus souvent de textes. Planche : page de bande dessinée. Vignette : cadre dans lequel s’inscrit une image en bande dessinée. On en compte généralement deux ou trois par ligne. Bulle : Partie délimitée, dans la vignette, où sont inscrites les paroles des personnages.

Séance 14 : Synthèse sur le récit de guerre Les témoignages de l’horreur de la première guerre mondiale sont nombreux, et se présentent sous des

genres variés : lettres de Poilus, véritables témoins – acteurs et victimes de la guerre des tranchées, qui expriment leur révolte, au cœur du combat, et racontent l’horreur car « il faut qu’on sache » ; romans à la première personne comme le Feu de Barbusse, qu’il écrit à son retour des tranchées, en pleine guerre ; roman historique où les héros pacifistes se heurtent à la dure réalité, comme dans les Thibault, de Roger Martin du Gard ; roman allemand aussi, comme A l’Ouest rien de nouveau, d’E. M. Remarque, où le soldat allemand, qui vient d’abattre un simple ennemi, découvre toute l’humanité de celui qu’il vient de tuer… et enfin, une bande dessinée publiée 75 ans après la guerre, par un fils de Poilu, Jacques Tardi, où se lisent la barbarie et l’absurdité du combat sans fin : C’était la guerre des tranchées…

Toutes ces œuvres, aussi variées soient-elles, offrent au lecteur des récits réalistes, qui tentent de donner une représentation objective de la réalité. On y trouve des thèmes récurrents, incontournables, d’un récit à l’autre : les topoï : la vie quotidienne dans les tranchées, la boue, les combats, les cadavres, les corps en morceaux, le face-à-face avec l’ennemi, les paysages chaotiques… mais aussi des hommes unis par la souffrance et l’omniprésence de la mort.

Ces récits ont tous la même visée: toucher les esprits, de dénoncer la guerre et ses horreurs, d’accomplir un « devoir de mémoire », en luttant contre l’oubli, afin de rendre hommage aux camarades disparus. Séance 15 : Prolongement: Analyser et mémoriser une poésie: Le Dormeur du val, d’Arthur Rimbaud, 1870 Analyse + notions de métrique. Rejet, enjambement. Notions qui seront approfondies au cours de la séquence V : De la poésie lyrique à la poésie engagée au XXe siècle. Evaluation finale : Devoir de type brevet : Sujet d’annales : session juin 2005, Amérique du Nord : Extrait de Heureux comme Dieu en France, de Marc Dugain. (p.44… Annabrevet 2006, ed.Hatier) Les Thibault, de Roger Martin du Gard, p.54-55 du manuel Français 3ème Livre Unique, Hatier: la mobilisation générale.

Prolongement : Lecture cursive : La littérature et l’Histoire

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Choisir un livre dans la liste ci-dessous, afin d’en réaliser une fiche de lecture sur le modèle proposé :

La première guerre mondiale: Les Thibault, de Roger Martin du Gard, Folio: Un roman fleuve passionnant, (dont vous pouvez ne lire que le premier tome, pour commencer), dans lequel Jacques, jeune pacifiste, se révolte contre l’éducation catholique bourgeoise que veut lui inculquer son père... Et les réactions de deux frères que tout oppose, au moment où la guerre tragique éclate...

La Marraine de guerre, de Catherine Cuenca, Livre de poche jeunesse: La correspondance d’un jeune poilu et de sa marraine de guerre, dans l’enfer des tranchées... Et la naissance de sentiments forts qui poussent le jeune soldat à vouloir la rencontrer...

A l’Ouest rien de nouveau, d’Erich Maria Remarque, Livre de Poche: le témignage d’un simple soldat allemand de la guerre de 1914-1918. Roman pacifiste, réaliste et bouleversant, qui dénonce la monstruosité de la guerre.

La Chambre des officiers, de Marc Dugain, Pocket: En 1914, tout sourit à Adrien, ingénieur officier. Mais au début de la guerre, un éclat d’obus le défigure. En un instant, il devient un monstre, une “gueule cassée”, et ne vit plus qu’à travers le regard des autres. La seconde guerre mondiale:

Si c’est un homme, de Primo Levi, pocket: Le récit bouleversant et incontournable, riche de sa sobriété, de Primo Levi, rédigé à son retour du camp de concentration d’Auschwitz, sur la barbarie inconcevable infligée aux déportés.Un témoignage que nous nous devons de transmettre.

Voyage à Pitchipoï, de Jean-Claude MOSCOVICI, ed.Médium, Ecole des Loisirs. Le narrateur raconte comment, alors qu’il menait une vie paisible, les gendarmes allemands et français l’arrachent à ses parents, en 1942, alors qu’il n’a que six ans, pour la seule raison qu’il est Juif. Il se retrouve seul avec sa petite soeur de deux ans dans le camp de Drancy où il vit un véritable enfer. Cet ouvrage remarquable nous tient en haleine, avec simplicité de la première à la dernière page.

La Maison vide, de Claude Gutman. Un adolescent montreuillois juif raconte comment ses parents ont été enlevés au cours de la Rafle du Vel’d’hiv. Il décrit sa révolte face à son père qui n’a pas agi à temps pour se sauver. Après la solitude, la révolte et le désespoir, David s’engage à 15 ans dans la Résistance, dans la suite de ce roman: L’Hôtel du retour, puis dans les Rues de Paris.

Sur la tête de la chèvre, d’Aranka SIEGAL, ed. Page Blanche Gallimard, n°12: Chronique émouvante, qui agrippe le lecteur dès le départ, pour le laisser 330 p. plus loin les larmes aux yeux et la rage au coeur. Une famille juive hongroise affronte la peur, les privations, les menaces de mort et la déportation finale. L’auteur, rescapée d’Auschwitz, nous parle de la nourriture, d’activités clandestines, de réfugiés slovaques, de la révolte. Le livre est tonique grâce à d’extraordinaires personages, en particulier la mère, acharnée à sauvegarder la dignité dde tous jusque dans le ghetto. (Dès 11 ans).

La grâce au désert, d’Aranka SIEGAL, ed. Page Blanche Gallimard, n°13, La suite de Sur la tête de la chèvre. L’ami retrouvé, de Fred UHLMAN, ed. Folio Gallimard. L’histoire d’une amitié idéale entre deux adolescents que tout

oppose, pourtant, dans le contexte de la deuxième guerre mondiale, en Allemagne: Hans Schwartz est juif, Conrad Hohenfelsest nazi...

L’Armée des ombres, de Joseph KESSEL est un roman grandiose, écrit par un Résistant, dans la clandestinité, (pour les bons lecteurs), sur l’extraordinaire courage des Résistants, hommes, femmes, jeunes ou âgés, qui ont abandonné pendant un temps leur ville, leur profession, leur famille, et jusqu’à leur identité, pour entrer dans la clandestinité, afin de libérer la France de l’occupation nazie.

Ils partiront dans l’ivresse, de Lucie AUBRAC, dans la même veine, raconte la folle histoire d’un jeune couple de Résistants, qui enchaîne actes héroïques, sabotages, évasion... Pour sauver la France de l’Occupation nazie.

Le Silence de la mer, de VERCORS: nouvelle remarquable écrite par un résistant, sous l’occupation, dans lequel deux français sont obligés d’héberger un officier allemand. Pour manifester leur résistance à cet hôte obligé, quoique courtois, les deux Français ont opté pour un silence de plomb: jamais ils ne lui adressent la parole, ils continuent à vivre comme s’ils étaient seuls.

Autres conflits: Une poignée d’étoiles, Rafik SCHAMI, ed. Médium, Ecole des Loisirs. A 14 ans, le fils d’un boulanger de Damas crée

un journal clandestin, dans lequel il dénonce l’injustice et la répression qui asphyxient son pays. Ses articles sont bientôt remarqués par la presse étrangère, mais aussi par la police syrienne. Il confie également à son journal intime ses amitiés, son premier amour, ses sentiments, sa révolte, à travers une écriture très poétique.

Souviens-toi Akeza, de Reine-Marguerite BAYLE, ed Syros jeunesse. Un livre sur la violence et la brutalité du conflit rwandais, auquel les enfants ont été atrocement mêlés.

La cascade gelée, de Gaye HICYILMAZ, ed. Médium, Ecole des Loisirs. Selda quitte la Turquie pour rejoindre son père et ses frères en Suisse. Incapable de communiquer en allemand, en conflit permanent avec son père, elle se trouve cruellement isolée. Jusqu’au jour où elle rencontre un jeune immigré clandestin...

La croix d’Adem, d’Alice MEAD, Médium, Ecole des Loisirs. Adem, jeune paysan du Kosovo, raconte aujour le jour sa vie sous l’oppression serbe: brimades, brutalités, peurs et colères. On est souvent bouleversé par ce récit à la fois sobre et d’ue profonde humanité. Il nous fait partager sans voyeurisme la réalité insoutenable des exactions serbes, et la force des sentiments qui bouleversent un tout jeune homme qui vit ses proches tués, battus, niés en tant qu’êtres humains.

Sélection de G.Philippe, 2005-2006

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1-Après avoir lu le livre que vous aurez choisi, dans cette liste, vous réaliserez une fiche de lecture sur le modèle suivant. (Voir l’encadré à droite). Vous veillerez à soigner et à aérer la présentation. 2-Dans le cadre du B2I, nous mettrons en page votre fiche de lecture, en utilisant le traitement de textes, mais vous pouvez d’ores et déjà chercher sur internet une illustration ou la couverture du livre que vous avez choisi, pour décorer votre fiche de lecture. (Conservez précieusement votre fichier!) 3-Vous présenterez le livre que vous avez lu à l’oral, dans une rubrique que nous intitulerons “Coup de coeur / de gueule” sans lire votre fiche de lecture, de manière à nous faire part de son contenu, et de vos impressions (positives ou négative). Ce sont la clarté de votre exposé et votre argumentation qui seront évalués.A chaque exposé, tous les élèves réagiront à ce qui a été présenté.

Modèle de Fiche de lecture

Illustration Titre(couverture) auteur (date) prise dans un catalogue Maison d’édition, nombre de pages date de la première édition -lieu(x) et époque où se déroule l’histoire. Précisez le contexte, si le récit a lieu pendant une guerre, ou à la suite d’un événement historique particulier. -sujet du livre -genre: roman, roman épistolaire, autobiographie, journal intime... -Résumé de l’histoire. Vous rédigerez ce récit au présent de l’indicatif, de la manière la plus claire possible, en soignant votre expression et votre orthographe, de manière à donner à d’autres élèves envie de lire cette oeuvre. Votre résumé ne devra pas excéder 10 à 15 lignes. -Un passage coup de coeur:Choisissez un passage qui vous a particulièrement plu.

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Indiquez à quelles pages il se situe. Situez-le dans son contexte, et résumez-le. Expliquez pourquoi ce passage a retenu votre attention. -Une citation: Citez une phrase ou un extrait du livre (N’oubliez pas de le mettre entre guillemets) représentatif de l’oeuvre, ou dans lequel il est possible d’apprécier les qualités d’écriture de l’auteur. Cette phrase ou cet extrait, devra donner envie de lire, comme les extraits que l’on trouve en quatrième de couverture. -Mes critères de sélection: Pourquoi avez-vous choisi ce livre: pour son titre? pour la présentation qui vous en a été faite? car il vous a attiré(e) lorsque vous l’avez feuilleté? car la couverture ou la 4ème de couverture vous ont plu? Car le thème de ce livre vous attirait?... -Commentaire: Précisez enfin ce qui vous a particulièrement plu ou déplu dans ce livre, en justifiant vos remarques, qu’elles soient positives ou négatives. Laissez libre cours à vos émotions ou impressions de lecteur. -Note /20 que vous donneriez à ce livre. -Recommandation: à qui conseilleriez-vous ce livre? Pourquoi? Quel effet pensez-vous qu’il puisse avoir sur les lecteurs? (ex: suspense, espoir, révolte, rêve, frissons...) Diriez-vous que c’est un livre: à lire à tout prix, de toute urgence, à lire quand on aura le temps, ou à oublier...?