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SENTINUMLe pouvoir des ténèbres

TOME I

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SENTINUMLe pouvoir des ténèbres

TOME I

MAX CARIGNANavec la collaboration de

NANCY BOISVERT

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Copyright © 2012 Max Carignan

Copyright © 2012 Éditions AdA Inc.

Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite

de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

Éditeur : François Doucet

Révision linguistique : Féminin pluriel

Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Katherine Lacombe

Conception de la couverture : Paulo Salgueiro

Photo de la couverture : © Thinkstock

Mise en pages : Paulo Salgueiro

ISBN papier 978-2-89667-700-9

ISBN PDF numérique 978-2-89683-672-7

ISBN ePub 978-2-89683-673-4

Première impression : 2012

Dépôt légal : 2012

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Bibliothèque Nationale du Canada

Éditions AdA Inc.

1385, boul. Lionel-Boulet

Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7

Téléphone : 450-929-0296

Télécopieur : 450-929-0220

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Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Imprimé au Canada

Participation de la SODEC.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC)

pour nos activités d’édition.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque

et Archives Canada

Carignan, Max Sentinum Sommaire : t. 1. Le pouvoir des ténèbres -- t. 2. L’ange de la mort. ISBN 978-2-89667-700-9 (v. 1) ISBN 978-2-89667-701-6 (v. 2) I. Titre. II. Titre : Le pouvoir des ténèbres. III. Titre : L’ange de la mort.PS8605.A743S46 2012 C843’.6 C2012-941547-2

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À la mémoire de mon père, Gérard Carignan. Merci papa, pour toutes ces journées passées ensemble.

À Nancy, toute ma reconnaissance. Sans ton support, ton amour et ta confiance, jamais ce roman n’aurait vu le jour.

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« La persévérance est invincible. C’est par elle que le temps dans son action détruit et renverse toute puissance. »

Plutarque46-125

« C’est la mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ; C’est le but de la vie et c’est le seul espoir

Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre, Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir. »

Charles Baudelaire1821-1867

« Ce que l’on fait par amour l’est toujours par-delà le bien et le mal. »

Friedrich Wilhelm Nietzsche1844-1900

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Chapitre 1

10 septembre 2001, 5 h 30 Maryland, États-Unis

D e l’humble avis de Peter Coben, quelque chose ne collait pas. L’ingénieur de 32 ans avait, quelques semaines auparavant,

décelé une toute petite impédance électrique sur le réseau intranet sécurisé de la NSA. Cette légère résistance, d’à peine quelques mil-liohms, l’empêchait de trouver le sommeil, et cela se transformait en une pure obsession.

Il filait au-dessus de la limite permise sur l’autoroute Baltimore-Washington Parkway quand ses pensées devinrent brusquement limpides. De prime abord, un dispositif clandestin était branché sur le réseau de télécommunications de la NSA. Il avait fait part de cette hypothèse à son supérieur, la semaine précédente. La réaction de ce dernier avait été vive et directe.

— Impossible, Peter ! Il est invraisemblable, et même loufoque, compte tenu de l’architecture complexe de notre système de télécoms, de le pirater de l’extérieur. Mais faites donc comme d’habitude : ignorez mon opinion personnelle et envisagez toutes les possibilités.

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Le pouvoir des ténèbres

Les idées de Peter s’enchaînaient désormais à un rythme délirant.

« Et si la menace provenait plutôt de l’intérieur ? »Il faillit manquer la bretelle de sortie exclusivement réservée

aux employés de la NSA. Ce crack de l’informatique avait, à l’âge de 12 ans, démonté son premier micro-ordinateur Tandy TRS-80 sous prétexte de vérifier s’il parviendrait à l’assembler de nouveau. Il avait par la suite réalisé de brillantes études au MIT, l’Institut de technologie du Massachusetts. Dès sa sortie de l’université, il avait obtenu un poste exceptionnel à titre d’ingénieur en réseautique pour l’Agence de sécurité nationale des États-Unis, à Fort Meade, en banlieue de Washington.

En ce frais matin d’automne, Peter Coben gara sa Toyota Prius à motorisation hybride en bordure de l’immense aire de stationne-ment de la NSA. Il incarnait un rôle anonyme au sein de cet orga-nisme gouvernemental américain aux dimensions titanesques. La NSA ne fut connue du public qu’en 1957, où on lui accorda alors le surnom No Such Agency : une telle agence n’existe pas !

Le but de l’Agence de sécurité nationale des États-Unis d’Amérique était de collecter et traiter tous les genres de commu-nications terrestres. L’ensemble des transmissions émanant de l’électromagnétisme, de satellites et de l’Internet, ou encore voya-geant par lien filaire, était contrôlé afin de garantir la sécurité du pays. Des bases d’écoute, des stations d’interception et des satellites recueillaient toutes les communications terrestres. Un sous-marin guettait également les émissions diffusées par le biais de câbles posés au fond des océans.

Les données amassées convergeaient à Fort Meade, au Maryland, le siège social de la NSA. Ces milliards de rensei-gnements étaient regroupés par mots-clés, puis traités par des essaims de cryptanalystes, de mathématiciens et d’informaticiens qui étaient secondés par des superordinateurs ainsi que des logi-ciels performants. Lorsqu’une combinaison de mots constituait

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Chapitre 1

une menace potentielle pour le pays, une alerte était automatique-ment générée. Des avancées technologiques de reconnaissance d’empreinte vocale permettaient également d’identifier certains interlocuteurs suspects, même s’ils occultaient légèrement leur voix.

Cependant, le procédé restait incomplet. Malgré les centaines de millions de dollars dépensés en conception et en mise à niveau, une faille causée par la négligence humaine était susceptible d’être à tout moment exploitée par un ennemi. Des individus aux inten-tions hostiles pourraient alors porter une oreille attentive aux com-munications de ceux qui croyaient tout savoir. Être le premier à détenir l’information pour en tirer avantage procurait sans conteste une longueur d’avance. Il s’agissait là de la nouvelle puissance moderne.

Peter Coben était sur le point de dévoiler une découverte qui lui vaudrait de passer à l’histoire ! Évidemment, à la NSA, l’histoire se bornait à la NSA, mais cela n’en demeurait pas moins prestigieux !

Il galopait maintenant à toute vitesse sur le revêtement de l’aire de stationnement. Ses grandes jambes disproportionnées donnaient du fil à retordre à son corps dégingandé, qui peinait à garder son équilibre. D’ailleurs, le gardien de sécurité posté à l’accueil parut embarrassé par la situation. Il se demanda si le jeune célibataire surexcité dont les yeux étaient presque sortis de leurs orbites avait consommé quelques substances illicites.

— Ça va, Peter ? interrogea le gardien perplexe, en se levant derrière la vitre de son poste d’accueil.

— Oui… oui… monsieur Scott, répondit-il, le souffle saccadé.Peter fit glisser sa carte d’identité magnétique, puis s’engouffra

à travers les tiges croisées du tourniquet de contrôle d’accès.— Je pense… avoir trouvé un truc… incroyable ! continua-t-il.— Moi aussi, c’est ce que je pensais, lorsque j’ai rencontré ma

femme ! plaisanta le gardien. Ah, ces nerds ! s’exclama-t-il tandis que l’ingénieur s’esquivait au bout du couloir.

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Une fois à son bureau, Peter se débarrassa d’une boîte de pizza restée ouverte depuis la veille. Son contenu lui semblait fort moins appétissant. En ces premières lueurs du jour, l’endroit était désert. Cela lui permit de progresser rapidement d’une salle d’ordinateurs à l’autre. Au beau milieu de tout le matériel de haute technologie, des lumières clignotantes et des indicateurs acoustiques, l’ingé-nieur à l’esprit chimérique s’imagina s’être cybernétisé en avatar du monde binaire, tel le programmeur Kevin Flynn, personnage vedette du film TRON. Peter arpentait le même parcours tous les jours. Aujourd’hui, en revanche, ses globes oculaires pétillaient et son index droit était dressé devant lui pour suivre à la trace le che-minement physique des codes numériques et analogiques amassés par les circuits électroniques.

À l’intérieur du local 96-529, Peter empoigna un plateau à roulettes chargé d’un oscilloscope. Il courut ensuite, poussant le meuble roulant comme une hôtesse de l’air frénétique. Sur un déra-page de semelles caoutchoutées, il s’immobilisa enfin devant une armoire métallique de six mètres munie de quatre portes à battant. Au centre de cette unité de diagnostic s’agglomérait une multitude de bornes servant à la jonction des milliers de câbles provenant des serveurs informatiques.

— Le cœur du réseau, murmura-t-il.Peter agrippa les pinces isolées de l’oscilloscope et, se livrant à

la mimique du docteur Frankenstein, l’ingénieur débordant d’ima-gination fut secoué d’un rire caverneux et s’exclama :

— Tu vivras, monstre ! Peter connecta ses pinces sur les bornes cuivrées de l’alimen-

tation électrique de l’unité de diagnostic. Une onde sinusoïdale familière de 120 volts se dessina immédiatement sur l’écran catho-dique de l’oscilloscope. Jusque-là, rien de suspect. Par contre, en modifiant l’échelle de lecture, le spectre d’un signal numérique apparut soudainement sur la console. Celui-ci se superposait fur-tivement au champ électrique habituel. Peter s’ingéniait à repérer

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Chapitre 1

la source de ce signal lorsque, complètement en bas de l’armoire métallique, une interface anodine attira son attention. Celle-ci était dédiée à établir l’intercommunication avec un ordinateur portable. Il ne l’avait employée qu’une seule fois en six ans, pour un problème d’archivage de fichiers numérisés qu’il avait rapidement réglé. Il s’écria, hors de lui :

— Te voilà, petite ordure !Armé d’un tournevis, Peter s’approcha du menu panneau

recouvrant l’interface qui semblait inoffensive. Celle-ci était depuis longtemps connectée à l’écart du système pour en simplifier l’entre-tien et ne possédait aucun lien avec l’extérieur, excepté l’alimen-tation électrique ! Il devint évident pour Peter que cette interface acheminait clandestinement les communications amassées par la NSA sur les lignes de distribution du réseau électrique. Une fois libre en dehors du complexe de l’agence, n’importe qui pouvait les récupérer. On avait mis la NSA sur écoute ! Frappé de stupeur par l’odieuse situation, Peter débrancha l’interface. Un bref arc lumi-neux jaillit de la fiche de raccordement, et le spectre du signal numérique disparut instantanément de la console de l’oscilloscope.

— Bon sang ! Mais qui tente de nous espionner ?Peter Coben se précipita au premier poste de surveillance et

sonna l’alerte. Il devenait le catalyseur d’un processus dont il ne pressentait nullement toutes les répercussions.

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Chapitre 2

10 septembre 2001, 6 h Cowansville, Québec

À la pointe de l’aube, un bruit sourd arracha Christopher Ross de sa somnolence. Il réprima un sursaut. Ce mugissement lui

avait rappelé le tir de roquette qui avait abattu son hélicoptère, au cours d’une délicate opération au Rwanda, quelques années auparavant. À la maison, il détestait se faire réveiller de cette façon. À l’étranger, par contre, il serait resté de marbre. Son sang-froid était à tout instant admirable. Il n’en demeurait pas moins qu’il était tourmenté par les pénibles souvenirs de ses missions spéciales. Le passage du temps n’y faisait rien. Il était toujours dif-ficile pour un pilote de perdre des membres de son équipage sans se sentir responsable.

Mais ce matin, les tirs meurtriers et les roquettes artisanales ne décoraient pas le paysage ! La fenêtre était entrouverte et, excepté le bruit étouffé qui l’avait réveillé, rien ne troublait la tranquillité campagnarde. Christopher était confortablement couché dans son lit, au Québec. Il se pressait contre le dos nu d’Alexandra, son bras

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reposait sur sa hanche galbée et sa main remontait jusqu’à ses seins. Il huma la fragrance enivrante de sa nuque. Comme toujours, elle sentait terriblement bon, et cela lui fit du bien ; depuis une semaine, il n’avait respiré que des odeurs de poudre à canon, de kérosène et de sueur. Alexandra dégageait davantage qu’un subtil parfum, elle transpirait la sensualité. Elle avait opté pour une carrière dans le monde des affaires, mais elle aurait pu devenir facilement actrice, en raison de sa grande beauté.

Christopher caressa du bout des doigts la peau satinée de ses seins. À cet instant, le son se répéta, tel un grondement ponctué de silences.

« Ça va ! J’ai compris ! » pesta-t-il dans sa tête en se levant dou-cement du lit pour ne pas éveiller Alexandra.

Il se dirigea à la fenêtre, pour découvrir l’origine de ce bruit irritant. La pénombre du crépuscule laissa filtrer sa silhouette mus-clée de haute taille et son visage taillé à la serpe. À 40 ans, il dis-posait d’une condition physique exceptionnelle. Garder la forme était en quelque sorte sa police d’assurance vie, compte tenu de la nature exigeante de son travail. À titre de pilote d’hélicoptère numéro un de la Joint Task Force Two, la Deuxième Force opéra-tionnelle interarmées du Canada, Christopher devait se préparer à toute éventualité. Le jogging, la musculation et les techniques de combat corps à corps faisaient partie de sa routine quotidienne.

Christopher enfila un pantalon en n’oubliant pas de pincer à sa ceinture son bipeur, qu’il avait affectueusement baptisé sa troi-sième couille. Il endossa ensuite un gilet à capuchon par-dessus ses épaules gonflées et s’accorda quelques instants pour contempler sa bien-aimée. Alexandra était allongée sur le côté, et un mince drap translucide camouflait à peine ses formes voluptueuses. Avec sa chevelure châtain éparse sur son oreiller, la jeune femme de 35 ans semblait poser pour un magazine de mode féminin.

Les yeux marron de Christopher s’attardèrent sur son visage et ses épaules dénudées légèrement hâlés. Il soupira tout bas ; cet

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Chapitre 2

entraînement mixte avec les forces spéciales américaines avait été trop long à son goût. Et ce début de matinée n’était pas du tout comme il l’avait espéré.

« Comme elle est belle ! » pensa-t-il.Toutefois, derrière la fascinante beauté d’Alexandra Richard

se cachait une femme de tête au caractère affirmé. Elle était une entrepreneure redoutable et, peu importe la situation à laquelle elle devait faire face, elle ne s’en laissait pas imposer. Elle ne craignait pas de poursuivre des objectifs ambitieux. Elle était intelligente et elle avait la capacité d’atteindre les buts qu’elle se fixait. Ce trait de sa personnalité plaisait particulièrement à Christopher.

— Hé ? T’es déjà rentré ? constata Alex en ouvrant paresseu-sement un œil. Je ne m’en suis même pas rendu compte. Ça s’est bien passé ?

Christopher était tenu au secret militaire. Alexandra com-prenait et acceptait la nature confidentielle de son travail. Ce fut l’unique question qu’elle lui posa concernant son emploi du temps.

— Oui, répondit-il doucement, d’une voix basse et chaude, en plongeant son regard au fond de ses yeux azur ensommeillés. J’ai décollé de la base de Trenton à minuit, en direction de la maison. Trente minutes plus tard, je survolais les Mille-Îles. Le clair de lune était magnifique, et je pensais à toi.

— À minuit ? Heureusement que ton hélico ne s’est pas trans-formé en citrouille ! le taquina-t-elle en s’assoyant sur le bord du lit. Viens ici que je t’embrasse, ma jolie tête brûlée !

Ils étaient follement amoureux l’un de l’autre. En 1985, leur rencontre avait, au sens propre, fait des étincelles ! Depuis ce jour, ils avaient chacun de leur côté accompli de brillantes carrières. Ils avaient aussi souhaité fonder une famille. À regret, la nature en avait décidé autrement. Cette période avait été difficile, mais leur couple étant soudé par l’amour, ils avaient pris la nouvelle avec philoso-phie. Ils étaient parfaitement conscients que la vie leur était géné-reuse et qu’ils avaient beaucoup de chance d’être ensemble. Ils

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abordaient très peu le sujet, aujourd’hui. Christopher était pourtant convaincu que l’instinct de la maternité sommeillait dans le cœur d’Alexandra. Il aurait vraiment aimé pouvoir lui faire un enfant.

Ils habitaient un immense domaine de 200 hectares, en Montérégie, précisément à Cowansville, localité du Québec située à 20 kilomètres au nord de la frontière américaine. La propriété, héritage du père d’Alexandra, était constituée d’une ferme bovine florissante à laquelle il avait greffé un superbe vignoble.

Compte tenu du climat canadien, la culture viticole s’avérait difficile et extrêmement délicate. Heureusement, la région mon-térégienne offrait un microclimat favorable à la croissance de la grappe. Les arômes capiteux et complexes avaient graduellement remplacé la vinasse bouchonnée des premières récoltes. Près de 100 000 plants hybrides et résistants au froid avaient été plantés au fil du temps. De cette quantité, 20 000 vignes de Vidal blanc, nées du croisement des provins de Trebbiano et de Rayon d’or, assuraient aujourd’hui la production du vin de glace. Ce cépage, qui possédait un taux élevé de sucre, concentrait un maximum de glucides et d’acidité à l’intérieur du raisin protégé par une pellicule de givre. Les vendanges se déroulaient toujours à des températures inférieures à -8 °C, quelquefois, pendant la nuit.

Alexandra avait conclu une association stratégique auprès d’un agronome expérimenté et d’un Français vigneron. Cela lui avait permis d’élaborer des vins outrepassant les frontières canadiennes. Elle était terriblement fière de son dernier cru, l’Étoile Polaire.

— C’est super que tu sois là, déclara-t-elle en étouffant un bâillement.

— Moi aussi, je suis content d’être enfin de retour, admit Christopher.

— Comme ça, tu pourras me transporter en hélico jusqu’à Portland, et je ne serai pas obligée de me taper la route en voiture ! s’exclama-t-elle aussitôt en riant.

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