Se soigner grâce aux huiles essentiellesexcerpts.numilog.com/books/9782352884491.pdf · Se soigner...

24
Introduction L Les huiles essentielles sont des substances liquides, de composition chimique complexe, extraites de plantes aromatiques. On utilise certes plus volontiers le terme aromatique pour désigner les plantes ou les herbes susceptibles d’être utilisées en cuisine, mais une autre acception de ce mot concerne toutes les plantes dont peut être extraite une huile essentielle, c’est-à- dire toutes les plantes qui sécrètent des molécules actives en quantité suffisante pour qu’elles puissent être utilisables par l’homme, dans des domaines aussi variés que la parfumerie, l’agro-alimentaire, la cosmé- tique ou la médecine. C’est à ce seul et dernier domaine médical, l’aro- mathérapie, que nous allons nous intéresser dans ce livre. L’utilisation des plantes à des fins thérapeutiques remonte à la nuit des temps, mais si Cro-Magnon ou Neandertal ont utilisé, appliqué ou mastiqué des plantes de manière presque instinctive, l’aromathéra- pie nécessite un matériel élaboré pour pouvoir extraire et concentrer les principes actifs : hormis les essences d’agrumes, qu’on obtient par simple expression, une HE ne peut être obtenue sans distillation, et donc sans alambic. Cet appareil sophistiqué n’a été définitivement mis au point que vers l’an 1 000 après J.-C. par Avicennes, un médecin arabe, et les Croisés l’ont « importé » en Europe au douzième siècle. Il existe cependant des témoignages beaucoup plus anciens de l’utilisation des huiles essen- tielles par l’homme dans d’autres régions du monde : la Bible contient ainsi une centaine de références à des substances aromatiques.

Transcript of Se soigner grâce aux huiles essentiellesexcerpts.numilog.com/books/9782352884491.pdf · Se soigner...

Introduction

Lles huiles essentielles sont des substances liquides, de composition chimique complexe, extraites de plantes aromatiques. on utilise certes plus volontiers le terme

aromatique pour désigner les plantes ou les herbes susceptibles d’être utilisées en cuisine, mais une autre acception de ce mot concerne toutes les plantes dont peut être extraite une huile essentielle, c’est-à-dire toutes les plantes qui sécrètent des molécules actives en quantité suffisante pour qu’elles puissent être utilisables par l’homme, dans des domaines aussi variés que la parfumerie, l’agro-alimentaire, la cosmé-tique ou la médecine. c’est à ce seul et dernier domaine médical, l’aro-mathérapie, que nous allons nous intéresser dans ce livre.

l’utilisation des plantes à des fins thérapeutiques remonte à la nuit des temps, mais si cro-Magnon ou Neandertal ont utilisé, appliqué ou mastiqué des plantes de manière presque instinctive, l’aromathéra-pie nécessite un matériel élaboré pour pouvoir extraire et concentrer les principes actifs : hormis les essences d’agrumes, qu’on obtient par simple expression, une HE ne peut être obtenue sans distillation, et donc sans alambic.

cet appareil sophistiqué n’a été définitivement mis au point que vers l’an 1 000 après J.-c. par avicennes, un médecin arabe, et les croisés l’ont « importé » en Europe au douzième siècle. Il existe cependant des témoignages beaucoup plus anciens de l’utilisation des huiles essen-tielles par l’homme dans d’autres régions du monde : la Bible contient ainsi une centaine de références à des substances aromatiques.

Se soigner grâce aux huiles essentielles

14

Mais c’est surtout en Mésopotamie et en Egypte ensuite, que l’usage des huiles essentielles est devenu pratique courante. Dans ce qu’il restait de son trésor, près de 350 litres d’huiles aromatiques ont été découverts dans la tombe de Toutankhamon, par exemple, et on sait que les Egyptiens recouraient fréquemment à des fumigations de plantes aromatiques pour purifier l’atmosphère ou se protéger des mauvais esprits… on sait surtout que les égyptiens recouraient à l’em-baumement de leurs défunts, c’est-à-dire imprégnaient leurs corps d’huiles essentielles afin de les préserver des dégradations du temps.

Et c’est bien là, dans l’état de conservation parfois remarquable des momies, qu’on trouve la première preuve tangible et éclatante d’une action anti-infectieuse des huiles essentielles.

Il aura fallu attendre quelques millénaires pour qu’on en fasse récemment la preuve de façon scientifique : le développement de très nombreuses bactéries mises en culture est inhibé, voire stoppé, en présence de certaines huiles essentielles. si la plupart des bactéries « courantes » sont concernées, il en va souvent de même avec des bacté-ries résistantes à certains antibiotiques, voire multi résistantes, c’est-à-dire contre lesquelles on dispose parfois de très peu d’antibiotiques efficaces, ce qui fait d’elles un danger potentiel considérable (au sein d’un hôpital, par exemple).

les huiles essentielles constituent donc une alternative plus qu’inté-ressante aux phénomènes de résistance bactérienne aux antibiotiques. leur utilisation en milieu hospitalier n’est encore que sporadique, mais des études ont déjà prouvé, dans les services qui ont bien voulu y participer, que la simple diffusion d’huiles essentielles dans l’atmos-phère diminuait de manière significative l’apparition de ces infections dites nosocomiales.

les huiles essentielles sont donc antibactériennes, et donc actives contre la plupart des infections oRl et broncho-pulmonaires, mais aussi cutanées ou internes. Elles sont aussi anti-infectieuses au sens large du terme, c’est-à-dire que certaines peuvent être antivirales (donc actives contre toutes les pathologies dues à des virus comme le zona, l’herpès ou beaucoup d’affections oRl), d’autres d’excel-

Introduction

15

lents antifongiques (actives contre les champignons, donc contre les mycoses cutanées, digestives, gynécologiques ou encore unguéales, c’est-à-dire des ongles). Elles ont aussi des vertus antiparasitaires, tant contre certains parasites externes (gale, poux, acariens…) qu’in-ternes (ascaris, oxyures, ténias…).

Beaucoup d’huiles essentielles sont également immunostimulantes, c’est-à-dire qu’elles « boostent » notre système immunitaire, et donc nos défenses naturelles.

Dresser la liste détaillée des autres bienfaits des huiles essentielles serait fastidieux, mais on peut schématiquement les regrouper par fonctions physiologiques :

�� sur l’appareil locomoteur, beaucoup d’huiles essentielles sont anti-inflammatoires ou antalgiques, et luttent efficacement contre les tendinites, les douleurs articulaires ou musculaires.

�� sur l’appareil digestif, les huiles essentielles peuvent être utilisées « d’un bout à l’autre », tant pour les problèmes bucco-dentaires qu’intestinaux, en passant par les troubles du transit ou de la diges-tion, ou encore les calculs biliaires ou les troubles hépatiques.

�� tous les problèmes cutanés peuvent être améliorés par l’emploi d’huiles essentielles, de la simple peau sèche à l’escarre, en passant par l’acné, l’impétigo, les allergies et autres brûlures, etc.

�� l’appareil cardio-vasculaire est également concerné, avec les problèmes veineux (tels que phlébites, varices ou hémorroïdes), artériels ou même cardiaques (palpitations, angor, etc.)

�� sur l’appareil génito-urinaire, les huiles essentielles aideront à se débarrasser de troubles tels que cystites, mycoses, herpès, déman-geaisons ou troubles hormonaux.

�� enfin, les applications de l’aromathérapie sur les troubles mentaux ou psychiques sont innombrables, allant du traitement de la simple fatigue à l’anxiété, et peuvent gérer un simple « coup de blues », une dépression par exemple, tout autant qu’aider à gérer le stress avant un examen ou rester vigilant au volant…

Se soigner grâce aux huiles essentielles

Il s’agit bien sûr d’une liste non exhaustive, loin s’en faut, et vous trou-verez plus de 200 indications potentielles de l’aromathérapie dans ce livre.

les huiles essentielles accompagnent et soutiennent les hommes dans tous les maux de leur existence depuis des milliers d’années. avec l’intro-duction de l’alambic en Europe, le monde occidental a découvert leur force et leur efficacité, et les a utilisées pendant des siècles avec profit, jusqu’en 1935 environ, date de la découverte de la pénicilline, dont l’efficacité anti-bactérienne relevait à l’époque du miracle.

l’homme occidental s’est alors jeté tête la première dans une surenchère médicamenteuse, remarquable certes, mais non sans effets négatifs.

Nous vivons actuellement dans l’ère du « tout médicament », et le bénéfice qu’on en tire en matière de santé, au moins dans les pays les plus riches, est bien sûr considérable. Mais notre consommation presque force-née de psychotropes, d’hypnotiques et d’antidépresseurs, entre autres (tout particulièrement en France) donne matière à réflexion, car les effets secondaires des médicaments, notre dépendance vis-à-vis d’eux sont préoccupants. les services qu’ils nous rendent se paient parfois cher, dans tous les sens du terme…

Utilisées à bon escient, les huiles essentielles n’ont pas d’effets secon-daires et peuvent, dans bien des cas, remplacer ou améliorer les autres traitements.

I

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

1. pour commencer

L 'homme, il a toujours utilisé les plantes pour guérir ses maux. D’abord parce qu’il n’avait que ça, ensuite parce qu’au fil du temps, ses connaissances d’abord empiriques

sur le sujet se sont précisées et qu’il a pu les transmettre. la phyto-thérapie, c’est-à-dire la médecine par les plantes, s’est lentement élaborée au fond des grottes des premiers humanoïdes, pour devenir jusqu’au Moyen Âge l’unique moyen de guérir les malades, égrotants, souffreteux et autres valétudinaires.

l’aromathérapie est une branche de la phytothérapie, mais alors que cette dernière utilise des plantes ou des parties de plantes en l’état, la matière première de l’aromathérapie est l’huile essentielle, qui est en fait un concentré de principes actifs. là où une grosse poignée de feuilles d’une plante médicinale quelconque est nécessaire pour préparer une infusion efficace, trois gouttes d’une huile essentielle présentant les mêmes propriétés suffiront. la comparaison s’arrête d’ailleurs là : les molécules actives dans l’infusion d’une plante donnée n’ont souvent strictement rien à voir avec celles de son huile essentielle, quand elle existe.

Se soigner grâce aux huiles essentielles

18

2. procédés d’obtention des huiles essentielles

a. Ladistillation

la force des huiles essentielles tient dans leur mode d’obtention, la distillation, qui est une technique d’extraction des principes actifs utili-sant un instrument bien particulier : l’alambic. Très schématiquement, tout commence par la génération de vapeur d’eau dans une simple chaudière. cette vapeur d’eau va alors pénétrer dans un récipient contenant une plus ou moins grande quantité de plantes fraîches, ou d’organes précis de cette plante, dont vont être extraits les composés aromatiques volatils qui constitueront finalement l’huile essentielle. Il ne reste plus alors qu’à refroidir la vapeur d’eau qui sort de ce récipient – et qui est donc char-gée en principes actifs – à l’aide d’un serpentin, long et fin tube de verre hélicoïdal plongé dans de l’eau froide. on recueille enfin l’eau chargée de principes actifs dans un récipient spécial appelé « vase florentin », où va s’opérer la décantation du mélange, c’est-à-dire la séparation de l’eau et de l’huile essentielle, qui finira par surnager du simple fait de sa densité, inférieure à celle de l’eau (sauf quelques rares exceptions, auquel cas on la recueillera au fond du vase).

alors que la distillation est relativement rapide (1 heure 30 suffit généra-lement pour extraire la majeure partie des composés volatils d’une plante), cette dernière phase de décantation peut durer d’une semaine à quelques mois, voire jusqu’à un an dans le cas du laurier noble, par exemple. on dit poétiquement qu’on laisse pendant cette phase « reposer l’âme » de la plante, l’âme d’une plante étant somme toute son essence, c’est-à-dire son huile essentielle.

le mode même d’obtention des huiles essentielles permet d’expliquer quelques-unes de leurs propriétés générales : si la distillation est correcte-ment effectuée et que le temps de décantation est respecté, une huile essen-tielle ne contient rien d’autre que les composés volatils extraits de la plante par la vapeur d’eau. ces composés sont des molécules extrêmement stables et « solides », puisqu’elles doivent résister à une température supérieure à 100 °c, parfois pendant plusieurs heures : on ne trouvera donc dans une huile essentielle ni vitamines, ni minéraux, ni oligoéléments, par exemple.

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

19

autre remarque intéressante : du fait de la puissance de la distillation, on ne trouve dans les huiles essentielles aucune molécule susceptible de servir de substrat, c’est-à-dire de « nourriture » à un quelconque être vivant : les huiles essentielles sont des milieux stériles, où aucune bactérie, aucun virus, aucun champignon ni aucun parasite ne pourrait survivre plus de quelques minutes. cela explique leur grande stabilité dans le temps : des huiles essentielles auraient d’ailleurs été retrouvées pratiquement intactes dans des amphores qui reposaient au fond de la Méditerranée depuis plus de 2 000 ans !

la vie d’une plante n’est pas toujours rose… Elle doit constamment se protéger des attaques des insectes, des champignons, des bactéries, des intempéries et même du soleil, qui est la base de son métabolisme, mais aussi la principale cause de son vieillissement. comme les humains, somme toute… les huiles essentielles sont principalement constituées des molé-cules synthétisées par ces plantes pour se protéger de toutes ces agres-sions. ces molécules étant avant tout indispensables à leur propre survie, on pourrait en théorie extraire une huile essentielle de n’importe quelle plante, puisque n’importe quelle plante doit se protéger ou mourir. En pratique, il en va tout autrement, pour une pure et simple question d’ar-gent : le « rendement » des plantes est très variable, et si on peut extraire en une heure de grandes quantités d’huiles essentielles de certaines plantes, d’autres nécessiteront plusieurs heures de distillation pour en obtenir une quantité ridicule. on comprend tout de suite que le prix de cette dernière sera beaucoup plus élevé que celui de la première…

b.L’expression

Il s’agit là d’une forme particulière d’obtention des huiles essentielles, qui ne concerne que les agrumes : le zeste en est tout simplement pressé, et on recueille alors une essence (constituée des petites « gouttes » conte-nues dans les « grains » de la peau de l’orange, par exemple, qui piquent les yeux quand on l’épluche), qui n’est donc pas véritablement une huile essentielle. Elles doivent normalement être notées Ess. sur une ordonnance, pour les différencier des huiles essentielles à proprement parler : il existe par exemple une huile essentielle de citronnier, extraite par distillation à partir de ses feuilles. Mais ne compliquons rien inutilement : les huiles essentielles « véritables » d’agrumes ne sont que très rarement utilisées,

Se soigner grâce aux huiles essentielles

20

et les aromathérapeutes le signalent expressément sur leurs ordonnances quand c’est le cas. Dans la plupart des formules qu’on peut trouver dans les livres ou sur Internet, « huiles essentielles » de citron signifie essence de citron…

Bien que non obtenues par distillation, les essences d’agrumes contien-nent des molécules qu’on retrouve dans les huiles essentielles. l’unique véritable différence est que les essences sont beaucoup moins stables dans le temps : on estime qu’elles se dénaturent, et donc perdent progressive-ment leurs propriétés, dès trois ans après leur fabrication.

3. l’identification d’une huile essentielleles molécules actives des huiles essentielles peuvent être regroupées

dans un assez petit nombre, une vingtaine environ, de classes biochi-miques aromatiques, qui possèdent des propriétés thérapeutiques main-tenant bien étudiées et bien définies : les phénols sont par exemple de puissants anti-infectieux, très souvent tonifiants, voire excitants, alors que les cétones sont plutôt calmantes, antalgiques ou cicatrisantes.

Toutes ces propriétés, les différentes classes biochimiques et les molé-cules leur appartenant ont déjà été clairement détaillées et étudiées dans de nombreux livres d’aromathérapie, et ce n’est pas le propos de celui-ci. sachez seulement que les propriétés thérapeutiques d’une huile essentielle sont directement liées à sa composition, aux proportions respectives de chacune des différentes molécules qui la constituent, et que le nombre de celles-ci peut parfois dépasser les 200 ! Une huile essentielle a donc de par sa composition une « personnalité » propre et entière, qui définit précisé-ment son action thérapeutique.

l’identification précise d’une huile essentielle est donc de la première importance, d’autant qu’il existe en aromathérapie comme partout ailleurs des personnes peu scrupuleuses susceptibles de vendre des huiles essen-tielles pour ce qu’elles ne sont pas, à des prix supérieurs à ce qu’elles valent réellement. Un exemple parmi tant d’autres : l’obtention d’un litre d’huile essentielle de verveine citronnée nécessite la distillation de sept tonnes de feuilles.

c’est donc une huile essentielle chère, mais irremplaçable dans certaines affections cardiaques ou dans les problèmes d’insomnie ou d’agitation

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

21

chez les jeunes enfants. on peut cependant assez facilement trouver des flacons d’huile essentielle de verveine citronnée à des prix défiant toute concurrence, pour la bonne raison qu’il s’agit en fait de lemon-grass, dont l’odeur est très proche, mais qui n’a aucune action cardiaque, et est plutôt tonique. N’achetez donc vos huiles essentielles qu’en toute sécurité, direc-tement chez des producteurs certifiés ou dans les pharmacies qui revendent leurs huiles essentielles.

pour qu’on puisse être certain de la qualité d’une huile essentielle, les mentions suivantes doivent être notées sur l’emballage :

a.L’espèce

l’espèce de la plante est caractérisée par son nom vulgaire et son nom scientifique, ce dernier devant être constitué d’au moins deux mots. Il faut dès ce premier stade être le plus précis possible : les huiles essentielles d’eucalyptus globuleux ou d’eucalyptus radié n’ont pas la même compo-sition, et sont toutes deux très éloignées de celle d’eucalyptus citronné, qui n’a pas du tout les mêmes indications.

En d’autres termes, parler d’eucalyptus en aromathérapie ne veut stric-tement rien dire : il faut préciser l’espèce si l’on veut être sûr de parler de la même chose. soyons donc bien clair sur ce point : une personne se targuant de « s’y connaître » en aromathérapie et vous parlant d’eucalyptus ou de romarin, sans plus de précisions, est un charlatan ! Vous noterez cepen-dant que dans ce livre le nom vulgaire de beaucoup d’huiles essentielles ne comporte qu’un mot : il s’agit de plantes pour lesquelles une seule espèce existe, et pour lesquelles aucun doute n’est permis.

Se soigner grâce aux huiles essentielles

22

b.L’organeproducteur

Noté généralement o.p., il définit la partie de la plante qui a été utili-sée. cette mention n’a son importance que dans quelques cas bien précis, quand différentes parties d’une même plante peuvent être utilisées. citons principalement le cas de la cannelle de ceylan : l’huile essentielle de cannelle de ceylan o.p. écorce n’a pas la même composition, et donc pas les mêmes propriétés, que l’huile essentielle de cannelle de ceylan o.p. feuilles. Dans la plupart des cas cependant, la mention de l’organe producteur n’est pas indispensable dans la mesure où elle va de soi : l’huile essentielle d’eucalyptus radié, par exemple, est forcément extraite de ses feuilles, tout comme celle de la lavande officinale, de ses fleurs.

c.Laspécificitébiochimique

Notée généralement s.b., elle définit les molécules les plus représenta-tives de l’activité thérapeutique d’une huile essentielle (et donc pas forcé-ment les molécules présentes à la plus forte concentration). cette notion est également primordiale dans certains cas, comme dans ceux du romarin ou du thym. prenons l’exemple du romarin, dont trois huiles essentielles prin-cipales sont disponibles : romarin à camphre, à cinéole ou à verbénone. on parle ici de la même espèce (Rosmarinus officinalis), du même organe producteur (les rameaux fleuris), mais pas de la même composition : alors que le romarin à cinéole est un romarin « passe-partout » qui peut être donné à tout le monde sans aucune crainte, les deux autres contiennent des cétones et sont formellement contre-indiqués chez le jeune enfant et la femme enceinte. ces différences sont essentiellement dues à l’endroit où a poussé la plante, qui définit les facteurs climatiques tels que l’enso-leillement ou la force du vent, la richesse du sol, etc. le romarin à cinéole est par exemple récolté au Maroc, celui à camphre, en provence, et celui à verbénone, en corse.

pour conclure ce chapitre, on voit qu’il est apparemment difficile d’être absolument sûr de la composition d’une huile essentielle achetée dans le commerce. sachez donc que tout fournisseur sérieux doit être en mesure de fournir une chromatographie de n’importe quel lot d’une huile essentielle venant de chez lui. sans entrer dans des détails techniques et scientifiques,

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

23

mentionnons qu’il s’agit d’une carte d’identité extrêmement précise de l’huile essentielle, où la quantité de chaque molécule présente dans l’huile essentielle est précisément définie. ce document reflète de façon incon-testable la composition biochimique d’une huile essentielle et est le gage d’une totale sécurité d’utilisation.

Un dernier mot enfin sur les huiles essentielles « modifiées » ou « recti-fiées » : il s’agit dans tous les cas d’huiles essentielles dont on a volontaire-ment éliminé un ou plusieurs constituants à l’aide de traitements chimiques plus ou moins « orthodoxes » (on parle, par exemple, d’huiles essentielles déterpénées ou désesquiterpénées). Un bon conseil : fuyez-les ! À quoi sert d’extraire l’âme d’une plante si c’est pour ensuite la corrompre ? « la plante forcée n’a point de parfum », dit un proverbe allemand.

4. Voies d’administration et posologiesa. Voiesinternes

Voie oralela voie orale est de loin la plus pratique puisqu’elle ne nécessite que

peu de manipulation : on verse les quelques gouttes préconisées sur un support quelconque, un bout de mie de pain par exemple, et on l’avale. la seule véritable limite de l’utilisation de la voie orale en aromathérapie est le goût des huiles essentielles elles-mêmes, toujours prononcé, quelque-fois plaisant (agrumes), souvent très fort, et parfois même franchement infect (sarriette, et bien d’autres). on remédie à ce problème en utilisant un support facile et rapide à avaler (comprimés neutres, disponibles en phar-macie), ou un demi-sucre qui, si on le laisse fondre dans la bouche, peut masquer ou tout au moins adoucir le goût des huiles essentielles. certains auteurs conseillent de diluer les huiles essentielles dans une cuillerée de miel ou d’huile d’olive : à vous de tester ces différentes méthodes et de trouver celle qui vous convient le mieux. À noter que la voie orale, à de rares exceptions près, n’est pas adaptée au jeune enfant, au moins jusqu’à trois ans, pour qui la voie cutanée ou la forme suppositoire sont préfé-rables. on estime qu’elle ne pose plus aucun problème à partir de six ans. les posologies maximales par voie orale en fonction du poids sont :

Se soigner grâce aux huiles essentielles

24

Par prise Par jour

Jusqu’à 25 kilos 1 goutte 6 gouttes

De 25 à 50 kilos 2 gouttes 12 gouttes

De 50 à 75 kilos 3 gouttes 18 gouttes

au-delà de 75 kilos 4 gouttes 24 gouttes

Vous pouvez en dernier recours, si aucune méthode ne vous convient, ou si le goût d’une huile essentielle ou d’une formule vous paraît décidément trop déplaisant, faire confectionner des gélules à l’officine : cette méthode est plus longue, plus chère, mais contourne définitivement le problème ! À moins d’un traitement à visée intestinale, les gélules ne doivent pas être gastrorésistantes, et les excipients à préférer pour « remplir » les gélules sont le tixosil ou l’aérosil. certains prescripteurs peuvent parfois utiliser également comme support un nébulisat de plante dont les propriétés complètent celles des huiles essentielles. les gélules sont déconseillées chez l’enfant de moins de six ans. sachant qu’une goutte d’huile essentielle pèse en moyenne 35 milligrammes, les gélules devront être dosées au maximum à :

Par prise Par jour

Jusqu’à 25 kilos 35 mg 210 mg

De 25 à 50 kilos 70 mg 420 mg

De 50 à 75 kilos 105 mg 630 mg

au-delà de 75 kilos 140 mg 840 mg

Remarque importante : ce poids moyen de 35 milligrammes sous-entend qu’on compte les gouttes d’huile essentielle directement depuis le

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

25

flacon, qui est généralement doté, tout au moins chez les fournisseurs les plus connus, d’un bouchon compte-gouttes de type « codigoutte ». si le moindre doute existe, assurez-vous du poids moyen des gouttes délivrées, directement auprès du fournisseur si nécessaire.

N’utilisez jamais de compte-gouttes officinal (qu’on trouve dans les pharmacies) pour prélever les huiles essentielles dans leur flacon, le poids moyen des gouttes pouvant être alors nettement différent. Il est convenu dans ce livre que le mot « goutte » se réfère systématiquement à l’utilisa-tion de flacons « codigouttes ».

comme on le voit sur ces deux tableaux, le nombre maximum de prises

par jour est de six, mais généralement trois ou quatre suffisent : six prises par jour correspondent à un traitement « d’attaque », pendant les quelques premiers jours d’une affection aiguë. Dès que les symptômes s’améliorent, on peut passer à trois ou quatre prises par jour. Dans le cas d’une affection chronique, deux à trois prises quotidiennes suffisent, voire une seule dans le cas d’un traitement préventif de fond.

Notez enfin que, toujours si vous supportez le goût, la voie sublinguale est la plus efficace : il s’agit d’appliquer la ou les gouttes directement sous la langue, ce qui permet d’éviter le premier passage hépatique, c’est-à-dire d’éviter que les principes actifs soient en partie dégradés par le foie avant même d’arriver dans la circulation sanguine.

Voie rectaleIl s’agit de « la voie royale », au moins en pédiatrie, qui permet d’une

part une action loco-régionale tout autant que générale, et d’autre part l’administration d’une quantité importante d’huiles essentielles par prise et donc peu de prises quotidiennes : généralement deux à trois prises maximum par jour suffisent, parfois même une seule en traitement de fond.

la voie rectale présente comme la voie sublinguale l’avantage de ne pas être sujette à l’effet de premier passage hépatique, donc de faire en sorte que les huiles essentielles passent directement dans la circulation sanguine avant d’être progressivement dégradées par le foie.

la posologie des huiles essentielles par voie rectale varie plutôt selon l’âge que selon le poids :

Se soigner grâce aux huiles essentielles

26

Dosage d’huiles essentielles par suppositoire

De 0 à 6 mois 40 à 70 mg

De 6 à 24 mois 50 à 80 mg

De 2 à 6 ans 80 à 100 mg

De 6 à 12ans 100 à 120 mg

De 12 à 15-18 ans 120 à 200 mg

adulte 150 à 300 mg

pour un traitement aigu, trois prises quotidiennes suffisent généra-lement, quatre sont un maximum, et on peut passer à deux dès que les symptômes s’améliorent.

pour un traitement chronique, une à deux prises par jour sont largement suffisantes. À noter que jusqu’à 100 milligrammes d’huiles essentielles, un suppositoire de 1 gramme suffira, mais de 100 à 200 milligrammes d’huiles essentielles nécessiteront un suppo de 2 grammes, et un de 3 grammes au-delà de 200 milligrammes d’huiles essentielles. À noter également que les huiles essentielles contenant des phénols sont à utiliser par voie rectale avec d’autant plus de prudence qu’elles sont agressives pour les muqueuses.

Voie vaginale

la voie vaginale n’est utilisée que pour une action locale, mais est souvent alors très efficace. on incorpore généralement 100 à 150 milli-grammes d’huiles essentielles, jamais plus de 300 milligrammes en tout cas, à un ovule de 2 à 3 grammes, et la posologie habituelle est de 1 à 2 ovules par jour.

Même remarque que pour les suppositoires en ce qui concerne les phénols : ceux-ci étant particulièrement agressifs pour la muqueuse vagi-nale, les huiles essentielles en contenant ne devraient jamais dépasser 10 % dans une formule destinée à cette voie.

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

27

b.Voiesexternes

Voie cutanéele principal avantage de la voie cutanée en aromathérapie est que

les huiles essentielles peuvent être appliquées directement là où on en a besoin ! Elles peuvent être appliquées pures en pathologie aiguë, ou diluées dans une ou plusieurs huiles végétales pour une action chronique, ou tout simplement sur une plus grande surface.

Ici, le rôle du choix des huiles végétales est primordial : des huiles végé-tales à fort pouvoir de pénétration cutanée, telles que celles de noisette ou de macadamia, feront passer très rapidement les huiles essentielles dans les tissus sous-cutanés pour une action en profondeur, tant locale d’abord que générale ensuite.

D’autres huiles végétales plus denses, comme celles de noyau d’abricot ou de ricin, ont un grand pouvoir couvrant et pénètrent peu ; on les préfère ainsi pour des affections purement cutanées. Notez de toute façon que les huiles essentielles finissent toujours par traverser la barrière cutanée, qu’elles soient utilisées pures ou diluées dans de l’huile végétale. pour les affections localisées, on appliquera les huiles essentielles directement en regard de l’organe ou de la zone concernée.

pour une action plus générale, on favorisera les zones richement vascu-larisées que sont les plexus, et en particulier le plexus solaire, qui se trouve en dessous de la pointe du sternum, ou encore les endroits, comme la face interne des poignets ou le pli des coudes, où la peau est plus fine et permet une meilleure absorption des huiles essentielles.

les posologies par voie cutanée sont grossièrement identiques à celles par voie orale quand il s’agit d’une action locale. pour une action générale, ou si une grande surface doit être traitée, on peut éventuellement augmen-ter légèrement le nombre de gouttes par prise, jusqu’à les doubler dans certains cas exceptionnels.

Bainsla balnéothérapie est une forme particulière « d’administration » des

huiles essentielles, surtout utilisée pour son action apaisante et relaxante, mais aussi pour des pathologies affectant l’ensemble de l’organisme ou encore tout simplement pour le plaisir…

Se soigner grâce aux huiles essentielles

28

on mélange généralement une vingtaine de gouttes à une noix de base lavante neutre ou d’huile végétale de ricin, qui est la seule huile végétale miscible à l’eau, et on agite vigoureusement pour disperser les huiles essentielles dans l’eau du bain. la dispersion est importante, car, si elle est mal effectuée, les huiles essentielles vont revenir se concentrer à la surface de l’eau, ce qui peut être nuisible à l’efficacité, voire entraîner des irrita-tions cutanées lorsqu’on utilise des huiles essentielles dermocaustiques. Il existe en pharmacie des produits spécifiques appelés « dispersants » pour remédier à ce type de problème.

Voie respiratoire et diffusionTout le monde connaît le principe de l’inhala-tion : on verse 10 à 15 gouttes d’huiles essen-tielles dans un bol d’eau bouillante, on baisse la tête par-dessus, on se met une serviette sur la tête et on respire ! ce faisant on n’a pas l’air très malin, mais on a de grandes chances de guérir rapidement sa rhinite ou sa sinusite. Il est possible, voire souhaitable d’utiliser les huiles essentielles en inhalation pour ce type d’affections, auquel cas on fera deux à trois inhalations par jour, et on prendra les huiles essentielles par voie orale deux à trois fois par jour également. À noter qu’il est préférable de ne pas sortir, surtout en hiver, dans la demi-

heure ou l’heure suivant une inhalation, dans la mesure où celle-ci fragilise la muqueuse nasale qui pourrait alors être agressée inutilement.

En ce qui concerne la diffusion, on ne peut pas véritablement parler de posologie, mais de temps de diffusion. Vous pouvez préparer une quantité quelconque d’huile essentielle ou de mélange d’huiles essentielles dans votre diffuseur, l’important étant de ne pas sursaturer l’atmosphère pour éviter les éventuels effets indésirables de certaines huiles essentielles quand elles sont utilisées en diffusion.

Il faudra en particulier veiller à ce que les huiles essentielles contenant des phénols, qui sont particulièrement agressifs pour la muqueuse nasale et les yeux, ne représentent pas plus de 10 % d’un mélange destiné à la

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

29

diffusion. En pratique, un quart d’heure à une demi-heure de diffusion toutes les deux à trois heures devrait suffire, ces valeurs étant variables selon la taille de la pièce où vous comptez diffuser, et également de la qualité de votre matériel. évitez systématiquement les diffuseurs qui chauffent les huiles essentielles, ce qui pourrait en détruire une bonne partie, voire les dénaturer jusqu’à les rendre potentiellement toxiques. Un bon diffuseur, qui génère des microgoutelettes par vibrations, représente certes un investissement financier, mais vous rendra par la suite de bons et loyaux services.

aromachologiecontraction des mots « aromathérapie » et « psychologie », l’aroma-

chologie concerne les troubles psychiques et comportementaux, tant chez l’adulte que chez l’enfant, voire le nourrisson puisqu’on utilise ici des doses extrêmement faibles, de l’ordre d’une goutte par jour, quand ce n’est pas un jour sur deux.

on est ici dans un domaine proche de l’homéopathie, puisqu’on cherche avant tout à modifier un « terrain ». les huiles essentielles sont ici à prendre par voie sublinguale chez l’adulte, ou en application cutanée, au niveau du plexus solaire, chez le jeune enfant ou le nourrisson. la prise quotidienne se fait le soir avant le coucher, et les traitements se font sur une assez longue durée, souvent plusieurs mois.

Il est préférable de ne pas se « lancer » dans l’aromachologie sans l’avis d’un aromathérapeute confirmé. Toutes les huiles essentielles n’ont pas forcément des propriétés comportementales, mais quand elles en ont, vous les trouverez dans ce livre à la fin de leur description.

5. précautions d’emploiQuelques généralités pour commencer : les huiles essentielles ne doivent

jamais être utilisées par voie injectable, tout comme elles ne doivent jamais être mises en contact avec les yeux.

si ce dernier cas se produit, la première chose à faire est d’appliquer directement sur l’œil une huile végétale en grande quantité, pas d’eau, qui ne ferait que mieux étaler l’huile essentielle sur l’œil. En cas d’ingestion massive par voie orale, il convient systématiquement d’appeler le centre

Se soigner grâce aux huiles essentielles

30

antipoison le plus proche ou le saMU. la gravité est bien sûr fonction de l’huile essentielle ingérée, mais on peut considérer que l’ingestion d’un flacon entier de 10 millilitres par un adulte de 80 kilos (ou donc de 5 milli-litres par un enfant de 40 kilos) constitue une urgence. certaines huiles essentielles sont particulièrement toxiques : une cuillère à café d’huile essentielle de thuya peut entraîner la mort. cette huile essentielle fait partie d’une liste dont la vente n’est réservée qu’aux seuls pharmaciens. Vous ne trouverez pas ces huiles essentielles dans ce livre, à l’exception de deux d’entre elles : l’hysope officinale et la sauge officinale.

Environ la moitié des huiles essentielles étudiées dans ce livre contiennent des molécules, énumérées ci-dessous, présentant des effets indésirables. Dès qu’une de ces huiles essentielles sera citée dans une formule de ce livre, elle sera systématiquement suivie de ces molécules entre parenthèses, afin d’éviter de les utiliser à mauvais escient.

Vous trouverez à la fin de ce livre la liste alphabétique des huiles essen-tielles « à problème », avec les molécules « à problème » correspondantes. les huiles essentielles ne se trouvant pas dans cette liste ne contiennent pas de molécules susceptibles de poser problème et pourront être ainsi utili-sées sans souci par quiconque, dans la limite des posologies maximales, bien sûr. les quatre principales classes de molécules présentant des effets indésirables sont :

a.Lescétones

on estime qu’il existe un risque potentiel quand une huile essentielle contient plus de 10 % de cétones, ce qui est le cas des huiles essentielles de : l’aneth, le carvi, le cèdre de l’atlas, le curcuma, l’hysope officinale, la lavande aspic, la lavande stœchas, la menthe des champs, la menthe poivrée, la menthe pouliot, la menthe verte, le romarin à camphre, le roma-rin à verbénone, la sauge officinale et la tanaisie.

les contre-indications absolues des cétones sont :

�� la femme enceinte : les cétones sont abortives (peuvent entraîner un avortement).

�� l’enfant de moins de six ans : les cétones sont neurotoxiques, c’est-à-dire toxiques pour le tissu nerveux, et peuvent déclencher des

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

31

convulsions si on les utilise à trop forte dose, en particulier chez le jeune enfant.

�� toute personne épileptique, ou ayant eu des épisodes épileptiformes, c’est-à-dire à type de convulsions (hyperthermiques, par exemple), pour les mêmes raisons que ci-dessus.

contre-indication relative des cétones : �� enfant de 6 à 12 ans : en l’absence d’antécédents épileptiques ou convulsifs, une prescription d’huiles essentielles contenant des cétones peut être envisagée, mais en petites quantités (pas plus de 10 % dans un mélange, et en tout cas jamais seule).

sauf exception, la proportion totale des cétones dans une formule ne devrait jamais dépasser 30 à 35 %.

b.Lescoumarines

présentes dans les essences de citronnier, limette, mandarine, orange douce, pample-mousse, et dans les huiles essentielles d’an-gélique et de khella, les coumarines sont photosensibilisantes, c’est-à-dire qu’après avoir été appliquées sur la peau, elles peuvent entraîner une réaction cutanée à type de rougeur, parfois impressionnante et gênante, voire douloureuse, si l’on s’expose au soleil. ces réactions s’observent surtout sur des peaux fragiles ou sensibles, mais personne n’est à l’abri !

la meilleure façon d’éviter ce type de désa-gréments est de ne pas exposer la zone du corps où des coumarines ont été appliquées dans les 12 heures – plus pour les peaux les plus déli-cates – qui suivent l’application. cet effet secondaire ne se manifestant qu’au niveau cutané, la présence de coumarines ne sera pas signalée dans les formules destinées à d’autres voies.

Se soigner grâce aux huiles essentielles

32

c.Lesmonoterpènes

Ils sont potentiellement dermocaustiques, c’est-à-dire agressifs pour la peau et les muqueuses. concrètement, les réactions cutanées aux mono-terpènes sont relativement peu fréquentes et souvent peu graves : elles peuvent principa-lement concerner les personnes présentant un terrain allergique (asthme, allergies à certains aliments ou médicaments, rhinites allergiques saisonnières, etc.) et encore plus particulière-ment quand ces problèmes allergiques s’expri-ment au niveau cutané. le meilleur moyen d’être sûr de ne pas avoir de problèmes avec les monoterpènes d’une

huile essentielle qu’on n’aurait encore jamais utilisée est d’effectuer un test cutané tout simple, qui consiste à appliquer 1 ou 2 gouttes de cette huile essentielle, pure, au niveau du pli du coude ou de la face interne d’un poignet : si aucune réaction n’est apparue à cet endroit dans les 20 à 30 minutes qui suivent, vous pouvez utiliser cette huile essentielle sans danger !

À noter que les monoterpènes ne sont pas les mêmes d’une huile essen-tielle à l’autre, et qu’on peut parfaitement supporter une huile essentielle et être sensible à une autre : les personnes présentant un terrain prédisposé (et elles seulement !) devraient donc faire ce test avec chaque huile essen-tielle possédant des monoterpènes avant d’en faire usage. Notez que le simple fait d’utiliser ces huiles essentielles non pas pures, mais diluées dans une huile végétale, minimise largement ces effets.

on considère que les monoterpènes ne posent de problèmes que s’ils sont en concentration supérieure à 50 %, ce qui est le cas de ces huiles essentielles : ajowan, aneth, carvi, céleri cultivé, ciste, citronnier, cyprès, encens, épinette noire, genévrier, lédon du Groenland, lentisque pista-chier, limette, mandarine, marjolaine à coquilles, mélèze, muscade, myrte vert, orange douce, pin maritime, pin sylvestre, poivre noir, romarin à camphre, romarin à verbénone, sapin baumier, sapin de sibérie, sarriette, térébenthine, thym à thymol, verge d’or.

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

33

comme pour les coumarines, ces effets indésirables ne se manifestent qu’au niveau cutané, et les monoterpènes ne sont donc pas signalés dans les formules destinées à d’autres voies.

d.Lesphénols

Ils sont potentiellement toxiques s’ils se trouvent à une concentration supérieure à 10 % dans une huile essentielle, ce qui est le cas dans ces huiles essentielles : ajowan, cannelle de ceylan o.p. feuille, giroflier, origan compact, sarriette, serpolet, thym à feuilles de sarriette, thym à thymol.

les phénols sont dermocaustiques comme les monoterpènes, et le chapitre consacré à ces derniers s’applique donc aussi aux phénols (voir ci-dessus). Mais le principal inconvénient des phénols est qu’ils sont hépa-totoxiques, c’est-à-dire qu’ils peuvent altérer les cellules constitutives du foie. Ils sont donc fortement déconseillés chez :

�� le jeune enfant de moins de 6 ans.

�� toute personne présentant des troubles de la fonction hépatique, c’est-à-dire toute pathologie en cours à type d’ictère, d’hépatite, de cirrhose et plus particulièrement d’insuffisance hépatique, pour laquelle les phénols sont contre-indiqués.

la proportion de phénols dans une préparation ne devra jamais dépas-ser 35 % pour des traitements courts (au maximum 10 jours), et 10 à 20 % pour des traitements prolongés.

Il est toujours préférable d’ajouter dans une formule contenant des phénols une ou plusieurs huiles essentielles hépatoprotectrices (citron, curcuma, fenouil, immortelle, romarin à cinéole, romarin à verbénone ou verveine citronnée).

e.Lesautresmolécules

outre les molécules appartenant à ces quatre classes biochimiques, d’autres présentent des effets secondaires plus spécifiques :

�� L’anéthole : dans l’anis vert et la badiane. l’anéthole est un éther d’un type particulier qui, à la différence de tous les autres éthers, possède une relative toxicité neurologique. Il est donc contre-indi-qué chez les jeunes enfants, les personnes épileptiques, et par exten-

Se soigner grâce aux huiles essentielles

34

sion chez toute personne ayant eu des antécédents épileptiformes (convulsions hyperthermiques, par exemple).

�� Les aldéhydes : seul l’aldéhyde cinnamique, quand il est en très forte proportion dans une huile essentielle, ce qui est le cas dans la cannelle de ceylan o.p. écorce et la cannelle de chine, peut vérita-blement être dermocaustique, comme les phénols ou les monoter-pènes (voir la rubrique « les monoterpènes » ci-dessus).

�� Les molécules à action œstrogénique : principalement dans anis vert, badiane, fenouil, sauge sclarée, sauge officinale et dans une moindre mesure cyprès et tanaisie.

Toute huile essentielle possédant une action œstrogénique doit être impérativement évitée chez la femme enceinte, dans le cas de cancers hormono-dépendants (soit principalement du sein ou de la prostate), de mastoses (affections du sein, même bénignes) ou dans un contexte de règles hémorragiques.

�� Le safrole : il s’agit d’un éther bien particulier, présent dans l’huile essentielle de muscade, et qui contre-indique cette dernière chez l’enfant et la femme enceinte. Même en faible concentration (seule-ment 2 % dans l’huile essentielle de muscade), le safrole peut être hallucinogène, ce qui fait que l’huile essentielle de muscade ne doit théoriquement pas dépasser 10 % dans une préparation.

�� Les sesquiterpènes à action morphinique : présents dans l’huile essentielle de myrrhe, ils la font contre-indiquer chez la femme enceinte et en cas d’hypothyroïdie.

À noter pour conclure ce chapitre que certains auteurs recommandent de ne pas utiliser les huiles essentielles de genévrier et de santal sur de longues durées, dans la mesure où leur forte action stimulante sur les cellules du rein pourrait conduire à une néphrite, c’est-à-dire une inflammation du tissu rénal.

cette remarque vaut surtout pour les personnes en insuffisance rénale ou présentant une pathologie rénale grave. le simple fait de respecter une fenêtre thérapeutique d’au moins une semaine par mois évitera le problème.

L’AROMATHÉRAPIE… C’EST QUOI ?

35

6. autour des huiles essentiellesles ordonnances d’aromathérapie doivent faire l’objet d’une notation

précise et rigoureuse. la confusion, par exemple, entre un hydrolat aroma-tique, noté Ha, et une huile essentielle pourrait entraîner des conséquences parfois dramatiques.

a.Leshuilesvégétales(HV)

Toutes les huiles végétales que vous utilise-rez par voie cutanée doivent être impérative-ment des huiles « première pression à froid ». comme nous l’avons déjà vu précédemment, les huiles végétales jouent un rôle prépondé-rant par voie cutanée puisqu’elles possèdent des propriétés spécifiques qui vont les faire préférer pour des cas bien particuliers.

Vous trouverez une description détaillée de ces propriétés à la fin de ce livre, à la suite de la description des huiles essentielles. Relativisons cependant : si vous n’avez pas l’huile végétale conseillée dans une formule, utilisez celle ou l’une de celles que vous possédez déjà. celle-ci remplira de toute façon son rôle de véhicule transcutané pour les huiles essentielles.

b.Lesextraitslipidiques(EL)

Il s’agit toujours d’un véhicule transcutané, mais obtenu par macération de la plante concernée dans de l’huile, généralement de tournesol, alors que les huiles végétales pures sont obtenues par pression à froid.

l’extrait lipidique le plus utilisé en aromathérapie est celui de mille-pertuis, qui possède les propriétés anti-inflammatoires du millepertuis lui-même.

seul bémol, il est photosensibilisant et doit faire l’objet des mêmes précautions d’emploi que les coumarines (voir cette rubrique).

Se soigner grâce aux huiles essentielles

D’autres extraits lipidiques peuvent être plus rarement utilisés, tels celui de luzerne dans de nombreux produits solaires, ou encore celui de carotte pour les peaux fragiles ou atones.

c.Leshydrolats(HA)

Encore appelé tout simplement « eau », l’hydrolat aromatique d’une plante n’est autre que l’eau restant dans le vase florentin quand on en a retiré l’huile essentielle après décantation (voir la rubrique « la distilla-tion » ci-dessus). Elle contient donc encore des principes actifs, mais à une très faible concentration, ce qui fait qu’on peut l’utiliser à des fins thérapeutiques, mais aussi pour des usages bien différents de l’aromathé-rapie tels que la cosmétique, la parfumerie ou même la cuisine. les plus connus sont bien sûr les hydrolats (ou eaux) de rose, de fleur d’oranger ou de bleuet, facilement trouvables dans le commerce. Il existe théoriquement autant d’hydrolats que d’huiles essentielles, mais la plupart n’ont pas de propriétés exploitables ou sont très difficiles à trouver.