5. Les successeurs de Nicola et la sculpture du XIVe siècle en Italie.

Vierge à l’enfant de Giovanni Pisano, ivoire,musée de l’Œuvre Notre Dame, vers 1302, Pise Transi du Cardinal de la Grange, église

Saint Martial d’Avignon, 1402.

Evolution des mentalités et nouvelles pratiques, vers une affirmation du

gothique

Les ruptures avec l’héritage antiquisant de Nicola Pisano

Les successeurs de Nicola Pisano en Italie au XIVe font le choix

du gothique au moment où, dans la peinture, Giotto rompt avec la

tradition picturale médiévale influencée par Byzance.

Les foyersArtistiques de la sculpture du XIVe et du XIVe

Carte des églises

gothiques d’Europe

Naumburg

A la cathédrale de Sienne, Giovanni

Pisano a collaboré pour certains

panneaux, pour les colonnes et

certaines statues d’angle de la chaire.

Chaire de la cathédrale de Sienne, Nicola et Giovanni Pisano, Arnolfo

di Cambio 1265 - 1267

Si Giovanni continue l’œuvre de son père Mais il a sa propre personnalité qui tranche avec la « maniera » classique de son père

A. Giovanni Pisano 1248-1317, sculpteur le plus original parmi les successeurs de Nicola, son père.

http://www.wga.hu/frames-e.html?/html/p/pisano/giovanni/index.htm

Partie attribuée à Giovanni Pisano

Relever les différences dans la disposition des sculptures avec le modèle gothique français d’Europe du Nord

Giovanni Pisano architecte, sur le chantier de

la cathédrale de Sienne 1284-1296

Statues de la façade ouest de la cathédrale de Sienne,

Musée de l’Œuvre notre Dame

Platon et Miriam(soeur de Moïse )

Première façade italienne àIntégrer un vaste programmede sculptures en ronde bosse

Son chef d’œuvre : la Chaire de la cathédrale de Pise, 1302-1311

- Influence marquée de son père mais volonté de s’en détacher comme p. exemple dans l’iconographie : 3 Scènes de la vie de St Jean Baptiste

- Détruite au XVIe elle est reconstituée à partir de fragments.

- Nouvelle forme : convexe, 9 panneaux narratifs.

- La corniche continue facilite la linéarité du récit

- Les tranchants gothiques aigus des archivoltes ont été remplacées par les doubles volutes mises en rouleau qui ne se réunissent pas au centre. Aux écoinçons : prophètes allongés

Chaire en marbre de Carrare

Quatre colonnes simples (deux avec socle géométrique et deux avec socle en forme de lion, et quatre statues colonnes à l’arrière

L’Antiquité toujours présente mais dans un esprit nouveau par rapport à Nicola

Force et Prudence, détail de la chairede la cathédrale de Pise, marbre, 1302-1310

Quelles différences dans la représentation des vertus avec Nicola Pisano ?

« Vénus Pudica »,Ici une copie d’une statue hellénistique du Ier siècle av. JC

Force

Pudeur

Giovanni Pisano Présentation au temple et fuite en Egypte,Chaire de la cathédrale de Pise, marbre 1302-1311

- Le dégagement des figures est encore plus profond, de sorte que dans les endroits, les têtes soient indépendantes et le fond translucide le jour.

- Un chef d’œuvre de théâtralité narrative dans la gestuelle, et de réalisme le modelé des corps du Christ et ceux nus des deux bandits crucifiés. Les figures s’agitent, les corps prennent des postures expressives en particulier la Vierge qui s’évanouit (mater dolorosa), les drapés suivent le modelé du corps.

- Une composition complexe, les figures créent l’espace par la variété des positions (face, profil, dos).

Crucifixion

« Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel »

« Ils partagent ses vêtements en tirant au sort. Le peuple restait là à regarder. Près de la croix se tenaient sa mère, la sœur de sa mère Marie, et Marie de Magdala »

Matthieu XVII, 33-56Luc XXIII, 33-49Jean XIX, 23-37Marc XV, 22-41

http://www.insecula.com/oeuvre/O0000261.htm

l

Texte des quatre évangiles :

Nicola Pisano, chaire du baptistère de Pise, Nativité, vers 1260Giovanni Pisano : Chaire de la cathédrale de Pise, Nativité, 1302-1310

Quelles ruptures par rapport à Nicola Pisano?

Sur les débuts de la vie du Christ : Luc II : http://www.insecula.com/article/F0010712_page2.html

Paysage décrit en détail, troupeaux de moutons et chiens, les bergers debout, arbres et les buissons sur un terrain vallonné facilement perceptible. Remarquable effort pour parvenir à un nouveau paysage pictural naturaliste.

Le massacredes Innocents1301Marbre, 84 x 102 cmSant'Andrea, Pistoia

Chaire de formehexagonale comme celle duBaptistère de Pise.Inspiration dessarcophages Romains moinsmarquée.Influence gothiquedu nord : dramatisation etexpressionnisme, figures qui surgissentdu fond, jeu diagonales qui se croisent.

André Chastel, L’art italien, Flammarion.

• Après avoir sculpté certains bas-reliefs de la fontaine de Pérouse, Giovanni participe entre 1284 et 1299 aux chantiers des façades de la cathédrale de Sienne et du baptistère de Pise. A Sienne il sculpte une foule de figures monumentales pour décorer la façade. Le programme n’est achevé qu’en 1377. Cette façade peut être rapprochée de celle de Reims (Giovanni a voyagé en France peut-être entre 1270 et 1275). Peu d’artistes ont combiné à ce point « la tension classique et l’inflexion gothique » dans un mouvement presque « baroque » à la fin « tour à tour Sluter et Rodin ».

• Giovanni a ainsi évolué vers des effets de plus en plus violents, vers des compositions plus complexes pareilles à des batailles, comme s’il lui fallait comprimer dans un espace réduit un monde douloureux et gesticulant. (voir Massacre des Innocents de Pistoïa plus loin)

• A la chaire de la cathédrale de Pise, Giovanni consacre douze années. Ici l’artiste signe en latin comme pour proclamer sa gloire et ses tourments. Dans un plan circulaire et non plus hexagonal, il compose une chaire monumentale (plus de 4 m de hauteur) aussi peuplée qu’une cathédrale : colonnes lisses et statues colonnes alternent à l’extérieur, d’autres supports glissées sous le plat de l’étage sont de véritables pyramides de figures.

• Il y a une agitation, un emmêlement des formes, une richesse de facture presque excessifs sur les neufs panneaux du parapet. Le Massacre des innocents, la Crucifixion, le Jugement dernier semblent amonceler dans un espace prêt à céder des personnages étirés, des faces expressives, des têtes de barbares, de bergers, de soudards, d’anges ou de saints.

• C’est un mélange de souvenirs de sarcophages antiques et de linteaux français, véritable « trésor » de la sculpture universelle.

http://www.bluffton.edu/~sullivanm/italy/pisa/duomopulpit/pulpit.html

André Chastel

• La comparaison des reliefs de Pistoia qui se creusent et ondulent sous des formes nerveusement tordues avec les panneaux ordonnées emprunts de « dignitas » antique de Nicola suffit pour montrer ce que le tempérament turbulent, inquiet de Giovanni a apporté de pathétique, de fort parfois de torturé.

• A Sienne, à Pise, à Pistoïa, les corps se tordent, les visages s’animent avec une grande expressivité, les lions semblent rugir sous les colonnes. On sent parler un génie qui ne peut plus faire école, comme plus tard Michel-Ange ; il avance seul sans trouver d’obstacle à sa taille.

• La disparition de Giovanni en 1317 laisse un vide que très peu de sculpteurs réussiront à combler en particulier le siennois Lorenzo Maitani.