SCMR : et si les maîtres d’oeuvre étaient les consommateurs de drogues ?

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Bernard BERTRAND Plate-forme Mondiale pour les SCMR 24 octobre 2013 SCMR : et si les maîtres d’œuvre étaient les consommateurs de drogues ? Journée d'étude : Bientôt des salles de consommation à moindre risque en Belgique ? Insite Vancouver - Canada Drug Users Advocacy League Ottawa - Canada

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Journée d'étude : Bientôt des salles de consommation à moindre risque en Belgique ? Charleroi, 24 octobre 2013

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Bernard BERTRANDPlate-forme Mondiale pour les SCMR

24 octobre 2013

SCMR : et si les maîtres d’œuvreét aient les consommateurs de drogues ?

Journée d'étude :

Bientôt des salles de consommationà moindre risque en Belgique ?

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Deux expériences de SCMR :

1994 : La Maison d'accueil (ASUD, Montpellier, France)

16 mois d'activité ; Sur les 3 derniers mois : 364 injections (Temgésic, Orténal et Monscontin – Pas de drogues illégales) & 594 visites ont été comptabilisées dans la salle d'accueil (une vingtaine de personnes par jour).

2003 : Le 327 Carral Street (VANDU, Vancouver, Canada)

181 jours d'activité (fermeture 3 semaines après l'ouverture de la SCMR Insite) ; Plus de 3 000 injections ont été supervisées et près de 9 000 visites ont été comptabilisées dans la salle d'accueil.

Des expériences...

Vancouver

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Recensement des écrits : deux types d’études...

1. des études dans des villes où de telles dispositifs sont en place.

Deux études quantitatives de facture néerlandaise et allemande (de langue anglaise) et une étude qualitative de facteur suisse tentant de rendre compte des points de vue des consommateurs de Zurich, Francfort et Genève.

2. des études exploratoires avant une mise en place éventuelle.

Six études exploratoires, cinq quantitatives et une qualitative (trois de langue française), avant une mise en place éventuelle, de facture australienne, canadienne et française, renseignant pour les unes sur les motifs qui pousseraient les consommateurs de l’État de Victoria et de Montréal, à utiliser les SCMR et pour les autres, donnant une perception de leur utilité par les consommateurs mulhousiens.

Points de vue des consommateurs

Francfort

Berlin

Vancouver

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Quatre principes de légitimation :

1. Réduire les problèmes de santé pouvant découler de la pratique deconsommation ;

2. Réduire les nuisances associées à la consommation de drogues illicites dans les lieux publics et semi-publics ;

3. Améliorer l’accès aux services socio-sanitaires et thérapeutiques ;

4. Offrir un contexte de consommation qui libère de toute crainte d’appréhension policière et de violence.

Points de vue des consommateurs

Liège

Birmingham

Marseille

Paris

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Au-delà des points de vue exprimés par les consommateurs de drogues dans les études que nous avons recensé,

les associations d’auto-support (Auto-Support des Usagers de Drogues & PsychoActif en France, Vancouver Area Network of Drug Users, Drug Users Advocacy League Ottawa & Canadian Association of People who Use Drugs au Canada, San Francisco Drug Users Union aux USA, Svenska Brukarföreningen en Suède et International Network of People who Use Drugs au Royaume-Uni pour exemples) ont pris position en faveur des SCMR.

« le succès de ce type de structure [SCMR] passe inévitablement par l’implication des associations d’usagers. »

Eric Birambo, Salles d’injection : la France à la traîne, ASUD Journal, n°24, Hivers 2002-2003, p.22.

Points de vue des consommateurs

Berlin

Oslo

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Réactions types à l'idée de la mise en place éventuelle d'une SCMR :

1. « l’ouverture de SCMR est une bonne chose… » :

- préoccupation pour les seringues usagers abandonnées,- visibilité de la consommation,- conscients du fait que leurs pratiques de consommation sont sources de tensions sociales,- bénéficier d’un lieu pour consommer à l’abri du stress,- possibilité de disposer d’un lieu « propre » pour consommer,- réduire les contaminations du VIH/sida et du VHC (motif secondaire).

2. « l’ouverture de SCMR est une mauvaise chose, mais… » :

- appréhensions dans certains discours notamment quant aux modalités de fonctionnement,- craignent que l’extérieur de la SCMR devienne un « supermarché » de la drogue qui susciterait des plaintes du voisinage et l’intervention de la police.

Quelles sens pour les consommateurs de drogues ?

Genève

San Juan - Puerto Rico

Amsterdam

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Deux types :

1. Modèle des comptoirs d'échange de seringues où il serait ajouté des espaces de consommation à moindre risque :

Accueil ; Distribution et promotion du matériel d’hygiène et de prévention ; Récupération du matériel usagé ; Information sur les risques associés à l’usage de drogues et leur prévention ; Conseils personnalisés sous forme d’entretiens, d'information ; Orientation et accompagnement vers des services de soins généraux ou spécialisés et vers les services sociaux ; Espace de repos ; Distribution de boissons et de nourriture ; Offre de services d’hygiène : toilettes, douches, machines à laver, etc. ; Organisation de l’entraide et du soutien par les pairs ; Aide à l’accès aux droits ; Dispensation de soins infirmiers ; Éducation pour la santé ; Mise à disposition de consignes pour les effets personnels et des espaces de consommation à moindre risque avec des espaces individuels préservant l’intimité des personnes.

2. Dispositif d’accueil permettant la consommation à moindre risque indépendant d’un comptoir d'échange de seringues si celui-ci existe déjà.

Luxembourg

Barcelone

Odense - Danemark

Quelle organisation interne de la SCMR ?

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A- Un espace d’accueil et de repos avec une mise à disposition de café, eau...

B- Deux salles de consommation à moindre risque : une pour les injecteurs et les sniffeurs et une seconde pour les fumeurs.La salle de consommation doit être dotée de compartiments semi-privés pour respecter leur intimité (le geste de l’injection du registre du privé).

Consommation à moindre risque sous surveillance d’un professionnel de santé ?

Les consommateurs préfèrent parler « de fonction d’encadrement » à la consommation. Ils considèrent important la présence d’un professionnel si l’attitude et la formation de celui-ci correspondent à leurs attentes.

C- Une salle de premiers soins.D- Des toilettes.E- Un bureau et une salle de repos pour les intervenants.

Plan d’organisation de la SCMR

Munster

BarceloneCopenhague

Berne

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Plan d’organisation de la SCMR

Copenhague

Bilbao

Genève

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Tous désirent qu’il y ait un règlement de fonctionnement (Fonction sociale des SCMR).

- L’âge minimum pour accéder à la SCMR : tous ont considéré cette question comme « difficile », mais pensent que l’accès de la SCMR doit être interdit aux mineurs.

- L’obligation de se laver les mains avant de consommer : tous déclarent que le fait d’ouvrir une SCMR implique obligatoirement des règles d’hygiène à respecter.

- Interdiction de dealer à l’intérieur et à proximité immédiate de la SCMR : tous mettent en évidence que le deal doit être interdit dans une SCMR afin de préserver le lieu des « embrouilles » et de la présence policière.

Règlement de fonctionnement

Paris, 19 mai 2009

Paris, 19 mai 2009

Paris, 19 mai 2009

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- Interdiction d’aider une autre personne à consommer dans la SCMR : L’acte de consommer est un acte individuel qui ne doit en aucun cas passer par l’aide d’une autre personne. Pour ceux qui trouveraient des difficultés, il suggère que les professionnels puissent former les personnes à une « éducation aux risques liés à la consommation ».

- La question de la qualité des produits qui seraient possible de consommer a également été une des dimensions abordées (testing ?).

- Les intervenants : pas de sollicitation thérapeutique (n’excluent pas le counselling avec un(e) psychologue) mais plutôt esprit des équipes de rue ou des comptoirs. Insistance pour une éducation à la consommation à moindre risque par les pairs.

- Les jours et heures d’ouverture : ouverte tous les jours, samedi et dimanche compris, 24h/24 (conscients de la non faisabilité, ils suggèrent des horaires alternés entre le matin, l’après-midi et le soir).

Règlement de fonctionnement

Vancouver, 30 sept, 2013

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- L’implantation idéale de la SCMR : tous suggèrent un lieu repéré comme scène de la drogue (proche du centre ville sans être le centre ville).

- L’utilisation projetée d’une SCMR : tous déclarent soutenir l’implantation d’une SCMR dans le quartier où ils consomment habituellement mais quelques oppositions concernant une implantation dans le quartier d’habitation (anonymat).

Le lieu d’habitation n'est cependant pas une variable importante à l’utilisation projetée d’une SCMR par les consommateurs interrogés.

Les consommateurs pensent qu’une SCMR serait fréquentée si les éléments vus précédemment (violence, deal, etc.) sont absents du dispositif. C’est certainement la réputation de celle-ci (ambiance et intervenants) qui semble déterminante quant à l’usage qu’en feront les consommateurs de drogues.

Règlement de fonctionnement

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« Si déjà maintenant, on arrive à mettre des structures en

place comme [le comptoir...] ou n’importe, moi je dis qu’on

peut franchir le pas, faire un essai. Au moins essayer parce

que moi je dis que ça apporte peut-être certaines choses

négatives mais heu, d’un coté il y a quand même une certaine

sécurité sur tous les plans (silence) sanitaires. Je préfère me

shooter dans une salle de conso que de le faire là dans le

parc ou dans la rue, tac, aux yeux et à la vue de tout le monde

et de jeter ma pompe dans la rue, parce que les mecs qui

shootent dans la rue, ils la jettent dans la rue, c’est clair ils

vont pas la mettre dans la poche et dire je vais la jeter dans la

poubelle là-bas. Houai, il devrait faire un essai, de mettre en

place des salles de conso, ça se serait bien […] »Homme, 39 ans

Je vous remercie

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