Scd strasbourg u2-u3 exposition première guerre mondiale

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Au seuil de la guerre, laffiche illustrØe est dØj largement dØveloppØe dans les pays europØens et aux Etats-Unis. [] Pendant la Grande Guerre, tandis que le placard de texte informe, ordonne ou interdit, laffiche illustrØe va jouer sur lØmotion []. Dans laffiche stricto sensu, il sagit dexalter directement le patriotisme : sur les murs, limage des soldats se mŒle aux symboles du pays (comme laigle et le coq) et aux figures allØgoriques, celle de la France se confondant avec celle de Marianne. Laffiche illustrØe a participØ un ensemble de reprØsentations idØologiques et sociales [] qui a vraisemblablement ØtØ important dans un monde oø, en labsence de radio et de tØlØvision notamment, elle Øtait un support mØdiatique de tout premier plan, utilisØ pour la premiLre fois une telle Øchelle. 1914-1918 : orages de papier : les collections de guerre des bibliothLques. BNU, BibliothLque nationale et universitaire, 2008. p 62-63

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SCD Strasbourg -U2-U3_Exposition Première Guerre Mondiale bis.pdfAu seuil de la guerre, laffiche illustrée est déjà largement développée dans les pays européens et aux Etats-Unis. [] Pendant la Grande Guerre, tandis que le placard de texte informe, ordonne ou interdit, laffiche illustrée va jouer sur lémotion [].
Dans laffiche stricto sensu, il sagit dexalter directement le patriotisme : sur les murs, limage des soldats se mêle aux symboles du pays (comme laigle et le coq) et aux figures allégoriques, celle de la France se confondant avec celle de Marianne.





1914-1918 : orages de papier : les collections de guerre des bibliothèques.
BNU, Bibliothèque nationale et universitaire, 2008. p 62-63

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A lété 1914, les grandes puissances européennes, poussées par la fièvre nationaliste et une volonté den découdre contenue depuis des décennies, décrètent la mobilisation. La Russie et lAutriche-Hongrie appellent les classes dâge concernées sous les drapeaux à la fin de juillet 1914. Les autres pays qui pratiquent lobligation militaire, telles la France (service de trois ans) et lAllemagne (service de deux ans), les imitent dès les premiers jours du mois daoût. Lordre de mobilisation est placardé sur les murs des mairies et des bâtiments publics, ne laissant aucun autre choix possible à leurs citoyens que lobéissance. Ils sont 3 millions dAllemands à gagner les casernes que larmée active a quittées afin de rejoindre les troupes entrées en campagne, et quelques 2,7 millions de Français. Les vides creusés dans les rangs des soldats jetés dans la mêlée sanglante et meurtrière des batailles livrées pendant lautomne 1914 contraignant les gouvernements, désormais plongés dans une longue guerre, à faire appel à des millions de nouvelles recrues. A la fin de la guerre, la France sadresse déjà aux conscrits de la classe 1920, âgés de 18 ans à peine.
Patrick Facon. 1914-1918 : la guerre des affiches : la Grande Guerre racontée par les images de
propagande. Grenoble : Ed. Atlas, 2013. p. 14

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Jamais, dans toute lhistoire des conflits, autant dhommes sont partis se battre. La propagande de tous les pays en guerre prend bien soin de vanter leurs qualités guerrières et leur courage indomptable auprès dune opinion publique dont la préservation du moral est essentielle. Elle a besoin de ces repères pour adhérer à la perspective des immenses sacrifices que les autorités politiques et militaires attendent delle. Laffiche ne montre jamais lâpreté des combats mais glorifie le soldat et son engagement sans borne.
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Hormis le Salon des armées, où sont présentées les uvres dartistes qui risquent leur vie sur le front, la France, à linitiative du Sénat et de la Chambre des députés, organise les premières Journées du Poilu dès 1915. Cest ainsi que des collectes de fonds sont organisées dans tout le pays par des associations patriotiques ou caritatives afin dêtre utilisées pour fournir aux soldats de quoi améliorer leur quotidien.
Si le mot « Poilu » est peu utilisé par les soldats français pour se désigner entre eux, en revanche il fait largement recette dans la presse et à larrière. Se référant à la bravoure et au courage des combattants, mais aussi à leur pilosité liée aux conditions de vie erratiques des tranchées, ce vocable connaît une extraordinaire popularité.
Patrick Facon. 1914-1918 : la guerre des affiches : la Grande Guerre racontées par les images de propagande
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Le 7 août 1914, l'armée Dubail pénètre en Alsace. Mois d'août glorieux pour les Français, puis recul obligé. Alors commence la guerre de positions : quatre ans de combats meurtriers dans les Vosges. Pendant ce temps, en Alsace, le drame arrive à son paroxysme : près de deux cent cinquante mille Alsaciens et Lorrains seront mobilisés dans l'armée allemande -sept mille engagés volontaires dans les troupes françaises seront bientôt rejoints par de nombreux déserteurs. À Berlin on parle de trahison, et l'on envisage de rattacher l'Alsace à la Bavière ou à la Prusse. C'est l'époque des « proscrits » (condamnation des civils, déportations). Le Reichsland s'écroule dans la peur, la haine, le déchirement des familles. Les quelques politiciens qui rêvent encore sont réveillés brutalement par le Conseil central des travailleurs et des soldats, mis en place par la révolution du 10 novembre 1918. Les événements se précipitent : le 17 novembre, entrée délirante des Français dans Mulhouse, le 18 dans Colmar, le 22 dans Strasbourg.
Françoise LÉVY-COBLENTZ, Universalis, « ALSACE-LORRAINE QUESTION D' », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 24 octobre 2014. URL : http://www.universalis-edu.com/ encyclopedie/question-d-alsace-lorraine/

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Les hostilités sinscrivant dans la durée, les nations belligérantes sont confrontées à de tels besoins financiers que les ressources propres des États se révèlent rapidement insuffisantes. Dès lors, force est den appeler à lépargne des particuliers par le biais demprunts considérables. En échangeant leur or contre des bons de la Défense nationale, ceux qui acceptent de souscrire jouent, à leur façon, un rôle majeur dans leffort de guerre.
Patrick Facon. 1914-1918 : la guerre des affiches : la Grande Guerre racontée par les images de
propagande. Grenoble : Ed. Atlas, 2013. p. 43
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Plongées dans une guerre totale et brutale, les sociétés des pays belligérants sont amenées à faire montre dune solidarité sans faille à légard de tous les éprouvés, les blessés, prisonniers, veuves, orphelins Dans tous les pays en guerre, les associations caritatives et humanitaires, dont celles liées à la Croix-Rouge internationale, semploient à soulager, autant que faire se peut, les maux dont souffrent les populations.
Patrick Facon. 1914-1918 : la guerre des affiches : la Grande Guerre racontée par les images de propagande. Grenoble : Ed. Atlas, 2013.
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Les économies des pays précipités dans le premier conflit mondial sont mises à rude épreuve pendant les quatre ans et demi sur lesquels celui-ci sétend.
Soumises à des privations de toutes sortes, frappées par les nombreuses maladies dues à la dégradation des conditions de vie ou à la présence de nombreux contingents de soldats sur leur sol, les populations civiles sont appelées non seulement à sinvestir totalement au profit de leffort de guerre, mais aussi à se priver du superflu et du nécessaire.
Patrick Facon. 1914-1918 : la guerre des affiches : la Grande Guerre racontée par les images de
propagande. Grenoble : Ed. Atlas, 2013. p. 101
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Contrairement à la France où les auteurs des affiches sont généralement des dessinateurs de presse (Faivre, Poulbot, Sem, Willette, etc.) et où laffiche est dominée par le dessin au crayon, les Etats-Unis font appel aux meilleurs graphistes, tels Charles Buckles ou James Montgomery Flagg.

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Quatre armistices ayant été conclus entre les vainqueurs et les vaincus (doctobre à novembre 1918), les traités de paix suivent quelques mois, voire quelques années plus tard. Le premier dentre eux est celui de Versailles, signé le 28 juin 1919, entre les alliés de lEntente et lAllemagne, qui subit la loi du talion. Hormis des pertes territoriales importantes (15%de sa superficie) au profit de la France, dune Pologne qui renaît, mais aussi de la Belgique et du Danemark, les Allemands sont contraints de livrer la plus grande partie de leur matériel de guerre.
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propagande. Grenoble : Ed. Atlas, 2013. p. 163
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Les économies des pays belligérants ont été proprement dévastées par la guerre. [] En raison des dettes de guerre quelles ont contractées, les nations belligérantes, hormis les Etats-Unis, se retrouvent au bord de la ruine. Le conflit a coûté plus de 1000 milliards de francs de lépoque (186 milliards de dollars) dont les deux tiers reviennent aux pays de lEntente. Larrêt du remboursement des emprunts russes, décidé par le gouvernement bolchévique, est une catastrophe pour lépargne française. Linflation, inconnue avant la Grande Guerre, atteint des sommets catastrophiques.
Patrick Facon. 1914-1918 : la guerre des affiches : la Grande Guerre racontée par les images de
propagande. Grenoble : Ed. Atlas, 2013. p. 160-161