Savoir si le temps qui nous reste Restera le temps qu'il...

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1 Savoir si le temps qui nous reste Restera le temps qu'il nous faut Je remonte le col de ma veste C'est vrai que je n'ai pas très chaud Toi tu attends dans ton silence Et ça s'entend lorsque tu penses A ce garçon qui t'a laissé Ni pense plus faut l'effacer

Transcript of Savoir si le temps qui nous reste Restera le temps qu'il...

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Savoir si le temps qui nous reste

Restera le temps qu'il nous faut

Je remonte le col de ma veste

C'est vrai que je n'ai pas très chaud

Toi tu attends dans ton silence

Et ça s'entend lorsque tu penses

A ce garçon qui t'a laissé

Ni pense plus faut l'effacer

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Savoir si le temps qui nous reste

Restera celui qu'il nous faut

J'ai pris le moindre de tes gestes

Tu me regardes sans dire un mot

Je devrais te crier "Je t'aime !"

Mais il est encore un peu tôt

Et je suis comme toi, le même

Maladroit dans le choix des mots

Il y a encore de la place

Pour nous au soleil, tu verras

Quoi que tu dises ou que tu fasses

J'ai mes deux bras tendus vers toi

Savoir si le temps qui nous reste

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Sera bien celui qu'il nous faut

Et rebâtir ce qui te blesse

Et pas seulement avec des mots

J'ai pour toi les gestes d'amour

Et encore un reste d'humour

Profitons du temps qui nous reste

Viens voir le monde comme il est beau

Il y a encore de la place

Pour nous au soleil, tu verras

Quoi que tu dises quoi que tu fasses

J'ai mes deux bras tendus vers toi

Le temps qui nous reste

Stéphane Chomont – Souvenir de la rue

(1970)

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5

- On va dîner chez Pascal

Jean Laurent Cochet nous le propose, à

l’époque je suis élève chez Jean Laurent

Cochet et je double des comédiens qui

joue dans la mise en scène de Cochet « Le

sexe faible ».

Je n’irai pas et je le regretterai. Cet

homme était quelqu’un de très intéressant

dans ses livres et j’aurai bien aimé

l’entendre parler de Berl, de Mireille ou de

Jouhandeau.

Cet homme a écrit de magnifique chansons

dont Il venait d’avoir dix huit ans et

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Comme disait Mistinguett pour Dalida, ces

journaux intimes sont de purs chefs

d’œuvres. Certes il pouvait agacer mais il a

tellement eu raison de remettre sous les

projecteurs des énormes vedettes comme

André Claveau, Jean Sablon et consort

qu’on ne peut lui en vouloir. Ce faux procès

concernant la bite des noirs est tout

simplement scandaleux, même si les propos

sont maladroits ce qui est très rare de sa

part car chaque mot est pesé au millimètre

près il est vrai que le propos est

parfaitement exact même s’il est

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dérangeant.

Mais oublions la rancœur de certains et

retrouvez le maintenant dans ses pages

avec ses amis : Zinzin, Tintin, Mireille,

Dalida et Stéphane Chomont.

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Stéphane joue à cache-cache avec moi, il

disparaît quand je le cherche, il me

surprend quand je ne l'attends pas. je le

guette désespérément à l'encoignure de la

porte-fenêtre de ma chambre où il

apparaissait les soirs d'été en fin d'après-

midi, sûr de me trouver là, sommeillant ou

absorbé par un livre.

Je sursautais et, selon mon humeur, il

venait m'embrasser ou s'éloignait sur la

terrasse attendre une heure plus propice

aux épanchements amoureux. ces instants

d'intimité volés au temps qui passe je les

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rattrape comme je peux, il m'anéantissent

presque physiquement et m'emportent

aussi au-delà de moi.

Pascal Sevran, de son vrai nom Jean-

Claude Jouhaud, est un animateur,

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producteur de télévision, parolier,

chanteur et écrivain français né le 16

octobre 1945 à Paris, mort le 9 mai 2008 à

Limoges. Il a animé les émissions La

Chance aux chansons, Surprise Party,

Sevran en chantant puis Chanter la vie et

Entrée d'artistes de 1984 à 2007

(d'abord sur TF1, puis sur France 2 à

partir de 1991) et a publié quinze livres,

dont son journal intime, dont une partie

publiée posthume.

Né à Paris d'un père chauffeur de taxi

communiste et d'une mère couturière

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espagnole, il ne montre que très peu de

goût pour les études et s'intéresse

davantage à la chanson.

Au début des années 1960, il fréquente

avec assiduité l'émission télévisée du Petit

Conservatoire de Mireille, où il apprend

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l'art du spectacle. Il est alors garçon-

coiffeur, mais l'écrivain et philosophe

Emmanuel Berl le prend sous son égide et

guide son parcours intellectuel.

Pascal Sevran est entré en littérature

avec Le Passé supplémentaire, roman paru

chez Orban en 1979, récompensé par le

prix Roger-Nimier. En 1980, il sort Vichy

dancing, suivi en 1982 d'Un garçon de

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France, adapté au cinéma par Guy Gilles.

La carrière d'animateur de télévision

absorbera ensuite Pascal Sevran. Il sort

plusieurs 45-tours (Les Petits Français,

disques Orlando), des albums (Succès

français, 1991), se produit sur scène

(notamment à l'Olympia) et il est plusieurs

fois décoré (Officier des Arts et des

Lettres, chevalier puis officier de la

Légion d'honneur, etc.).

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Il revient au livre en 1995 avec Tous les

bonheurs sont provisoires, chez Albin

Michel. En 1998, il fait paraître

Mitterrand, les autres jours, récit de son

amitié avec l'ancien président de la

République française. À partir de l'an

2000, il publie à chaque début d'année un

volume de son journal intime. Cela lui vaut

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de conquérir un vaste public. Le 8e et

dernier tome de son Journal s'arrêtait en

novembre 2006.

Pascal Sevran, malgré sa maladie,

continuait d'écrire. La Vie sans lui (2001),

dans lequel il raconte dans son journal

intime de l'année 1999 la mort de son

compagnon Stéphane Chomont le 16

16

octobre 1998 et le deuil qui a suivi, reste

son best-seller (104 000 exemplaires

vendus), les sept autres volumes

approchaient les 60 000 ventes.

Il est aussi l'auteur de paroles de

chansons, notamment de Il venait d'avoir

18 ans, Ta femme, Ma vie je la chante,

Comme disait Mistinguett pour Dalida.

Il a animé pendant dix-sept ans l'émission

de télévision La Chance aux chansons, sur

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TF1 de 1984 à 1991 (a débuté à FR3

Limoges), puis sur France 2 jusqu’en

décembre 2000, où il découvre de

nombreux talents, du musicien français

Igor Baloste à la star française Patricia

Kaas, jusqu'à ce que la direction de la

chaîne décide de supprimer l'émission afin

d'en faire évoluer le concept.

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Cet arrêt a suscité de nombreuses

réactions de la part des spectateurs. La

Chance aux chansons a été suivie jusqu'en

2007 par Chanter la vie et Entrée

d'artistes. Ouvertement homosexuel,

Pascal Sevran animait une émission

littéraire de Pink TV, Bibliothèque Pink :

on casse les prix.

Il a aussi animé au côté de Arthur les

premières Fureur de la chanson sur France

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2 avant que l'émission passe sur TF1.

Ami de la chanteuse Dalida dans les années

1970, il fait par son intermédiaire la

connaissance de François Mitterrand,

alors candidat à la présidence de la

République. Pascal Sevran lui apporte son

soutien, et défile à ses côtés le jour de la

victoire du camp socialiste aux élections

de 1981. Un peu plus tard, il est nommé

chargé de mission auprès du Ministère de

la Culture et figure dans le cercle des

amis intimes du chef de l'État

(accompagnant chaque année celui-ci lors

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de sa traditionnelle ascension de la roche

de Solutré). Après la mort de François

Mitterrand, ne se reconnaissant plus dans

le programme de "ses héritiers politiques",

il affiche volontiers son soutien à Nicolas

Sarkozy, tout en gardant sa sympathie

pour Bertrand Delanoë et Jack Lang.

En septembre 2007, Chanter la vie et

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Entrée d'artistes sont finalement

arrêtées et Pascal Sevran annonce à la

presse qu'il est malade et qu'il vient

d'être opéré de la gorge.

Pascal Sevran meurt le 9 mai 2008, à l'âge

de 62 ans, des suites d'un cancer du

poumon. Il est enterré le 14 mai à Saint-

Pardoux, près de sa propriété familiale de

Morterolles-sur-Semme (Haute-Vienne),

aux côtés de son père décédé en 2002 et

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de son compagnon Stéphane Chomont

décédé en 1998.

Un projet de film sur la vie de Pascal

Sevran basé entre autres sur son premier

journal "La Vie sans Lui" est actuellement

à l'écriture.

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La Chance aux chansons était une émission

de télévision française musicale et de

chansons créée et présentée par Pascal

Sevran et diffusée en semaine l'après-

midi sur TF1 du 26 mars 1984 à 1991 puis

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sur Antenne 2 et France 2 jusqu'au 22

décembre 2000. Son générique était la

chanson éponyme de Charles Trenet

(écrite en 1971).

Cette émission, dédiée principalement à

des styles musicaux éprouvés, a été

souvent critiquée pour paraître

conservatrice et pour avoir des

téléspectateurs retraités. Elle a

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cependant duré de nombreuses années.

L'annonce de sa suppression a suscité un

tel tollé des téléspectateurs que Pascal

Sevran a obtenu (à partir du 16 septembre

2001) une nouvelle émission diffusée le

dimanche à midi sur France 2 et baptisée

Chanter la vie qui reprend le même

principe. Finalement elle est supprimée le

22 juillet 2007 à la suite de la nouvelle

émission diffusée à la même heure France

2 foot.

Voici quelques artistes que Pascal Sevran a

remis au goût du jour dans ses émissions.

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Anny Gould

Anny Gould, née Marcelle Trillet, le 8

janvier 1920 à Roubaix (Nord)

Rapidement elle s’affirme, devient une

vedette de la radio notamment avec

l’émission régulière du dimanche soir «

Musique sur la ville ». Elle y chante

accompagnée par les 60 musiciens de

l’orchestre Walberg.

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Elle obtient en 1948 à Deauville, le prix

Lucienne Boyer, puis rencontre Raymond

Legrand et Pierre Hiègel : son directeur

artistique chez pathé. Ses auteurs et

compositeurs se nomment Aznavour Sa

jeunesse, Ferré Monsieur mon passé,

Mouloudji Un jour tu verras ou Vian Le

gard de Rochechouart.

En 1958, la voici « Reine des juke Box »

avec la version française de Only you : Loin

de vous.

« Vous chantez comme une négresse

blanche » lui dit un soir Charles Trenet. «

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Vous nous donnez la chair de poule » lui

avoue la presse canadienne.

«Sur scène, quand elle apparaît blonde

racée somptueuse dans le halo des

projecteurs, chaque fois le miracle se

produit"La Gould" vous prend aux tripes »

l’Est Républicain.

Quelques-uns de ses titres :

Sous le ciel de Paris, reprise, paroles de

Jean Dréjac et musique d’Hubert Giraud

(1951).

Loin de vous adaptation du succès Only

You du groupe The Platters (1956).

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Concerto d'automne, adaptation française

par René Denoncin et Hubert Ithier de

Concerto d’Autunno d’après les paroles

originales italiennes de Dante Panzuti alias

« Danpa » sur une musique de Camillo

Bargoni (1956).

Est-ce un péché ?, adaptation de Jean

Dréjac d’après des paroles de Chester

Shull sur une musique de George Hoven

(1957).

Belleville-Ménilmontant, reprise, paroles

et musique d’Aristide Bruant.

Sur ma vie, reprise, paroles et musique de

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Charles Aznavour (1955)

Sa jeunesse, reprise, paroles et musique

de Charles Aznavour (1963)

Elle apparaît à la télévision, relancée par

Pascal Sevran dans son émission Chanter la

vie sur France 2. Elle reprendra d’ailleurs

l’une des anciennes chansons coécrite pour

Dalida par l’animateur et Claude Carmone

alias « Arlette Tabart » sur une musique

d’Alice Dona : Tables séparées. Elle a fait

des duos avec Allan, le gagnant du

concours de "chanter la vie" en

2005/2006.

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En véritable professionnelle, Anny Gould a

survécu à toutes les modes grâce à une

dimension hors-pair, à une présence et un

talent qui subjuguent les publics de tous

les âges. Accompagnée par Charly Oleg et

ses musiciens, Anny Gould a fait ses

adieux à la scène au Trianon le 8 janvier

2008, le jour de ses 88 ans. En 2009, elle

a participé au 21e salon du livre de Cosne-

sur-Loire du 29 au 31 mai au coté de son

ami Hervé Villard.

Cora Vaucaire

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Grande chanteuse et comédienne des

années 1940-1950, Cora Vaucaire,

s'appelle en réalité, Geneviève Collin, elle

est née en 1921, à Marseille, dans le

département des Bouches du Rhône. Elle

fit sa scolarité dans un pensionnat de

soeurs, avant de venir s'installer à Paris

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où Cora Vaucaire, prit des cours de

comédie, elle commença donc sa carrière

en tant que comédienne. Très vite, elle se

tournera vers la chanson, en 1938, en

chantant dans les cabarets, dont le

cabaret de l'Écluse, 15, quai des Grands

Augustins à Paris, au cabaret d'Agnès

Capri, elle même chanteuse, comédienne, à

La Chauve-souris, une boîte de nuit de

Pigalle. Les scènes de ces cabarets étaient

minuscules et Cora Vaucaire, y chantait

des chansons de Charles Trenet, de Jean

Tranchant, de Mireille.

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Elle se maria en 1942, avec Michel

Vaucaire, un grand parolier, qui travaillait

avec le compositeur Charles Dumont, qui

au passage notons le, sont les auteurs de

la chanson « Non, je ne regrette rien »,

chanté par la grande Edith Piaf, ils

composaient aussi pour Damia. Michel

Vaucaire écrira de belles chansons pour

son épouse, dont Frédé, en souvenir du

vieux et pittoresque patron du Lapin Agile,

Frédé, était une figure inoubliable de

Montmartre, ce dernier accueillait dans

son cabaret des écrivains, des poètes, des

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musiciens, des comédiens, des peintres,

des sculpteurs, tous inconnus à l'époque,

Charles Dullin, Pablo Picasso, Guillaume

Apollinaire, Pierre Mac Orlan, Roland

Dorgelès, Amedeo Modigliani, etc...

Aristide Bruant avait racheté le Lapin

Agile pour éviter qu'il ne périsse sous la

pioche des démolisseurs. Il le revendit en

1922, au fils de Frédé, Paulo, qui lui,

accueillait des chanteurs, des poètes, des

musiciens.

Le Lapin Agile est aujourd'hui dirigé par le

chanteur Yves Mathieu, qui perpétue la

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tradition et la sauvegarde du patrimoine

de la chanson française et surtout

favorise les nouveaux talents, comme les

poètes, les comédiens, les auteurs-

compositeurs, les instrumentistes

virtuoses, les humoristes, les chanteurs.

Si vous visiter Paris, il faut absolument

aller passer une soirée au Lapin Agile,

Butte Montmartre, rue des Saules, qui est

un haut lieu de la culture française, Claude

Nougaro avait qualifié Le Lapin Agile de

coffre-fort de l'éternité.

Revenons à Cora Vaucaire, après la

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seconde guerre mondiale, elle animera une

émission à la radio, ou elle développera son

répertoire, où prennent place les chansons

d'Aristide Bruant« Rose blanche », de

Benech et Dumont « L'Hirondelle des

faubourgs », les oeuvres du patrimoine

français, « Aux marches du palais », « Le

Prisonnier de Nantes ». Elle se produira

dans les cabarets, en particulier L'Echelle

de Jacob dont elle fut la vedette, c'est là

qu'elle chanta avec Barbara. Elle fut

d'ailleurs la première à enregistrer le

grand succès de Barbara « Dis quand

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reviendras-tu ». Elle lancera son cabaret,

le Caveau Thermidor, qui deviendra le

Milord l'Arsouille, puis six ans plus tard,

prendra la direction de La Tomate où elle

présentera Pierre Louki et le québécois

Raymond Lévesque.

Cora Vaucaire a toujours accueillit de

grands artistes, tels Catherine Sauvage,

Mouloudji, Serge Reggiani, les Frères

Jacques, Juliette Gréco, Léo Ferré,

Jacques Brel, Barbara, Serge Gainsbourg,

le mime Marceau, etc... Cora Vaucaire,

chantait des textes de Jacques Prévert,

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des chansons du Moyen Âge, des chansons

anciennes. Cora Vaucaire a chanté et

défendu un répertoire très éclectique qui

se distinguait par une qualité littéraire et

musicale. Elle fut la créatrice du titre «

Les Feuilles mortes », elle chanta les

chansons, « La Complainte de la butte », «

La Ballade des truands », « Trois petites

notes de musique », « Le Temps des

cerises», « Le Pont Mirabeau », «

Maintenant que la jeunesse », « L'Echarpe

», elle avait aussi chanté, devant les usines

en grève « L'Internationale », » la

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complainte du roi Renaud », » Si tu

t'imagines », « Vive la rose et le lilas », «

Les petites pavés « , « Plaisir d'amour », «

Les Trois manèges », « Rue Saint Vincent

», « Je n'irai pas à St-Tropez», « Deux

escargots s'en vont à l'enterrement », «

L'orgue de barbarie » . En 1966, elle

enregistra un disque de poémes et de

chansons, consacré à Jacques Prévert,

qu'elle interprétait au Théâtre de l'oeuvre

à Paris, puis en 1970, un autre disque

enregistré avec Anne Sylvestre et

Jacques Debronckart.

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Cora Vaucaire est revenue au Théâtre de

la Ville en 1973 et au Théâtre Dejazet en

1992, au Théâtre des Bouffes du Nord, en

1999. Pourquoi Cora Vaucaire était

surnommée la Dame Blanche, tout

simplement parce que, à l'époque où elle se

mit à chanter dans les cabarets, la mode

vestimentaire était à la couleur noire, elle

voulu se démarquer en s'habillant tout de

blanc. Par son répertoire d'une

extraordinaire richesse, elle est restée

au-delà des modes et des années, l'une

des interprètes les plus bouleversantes et

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appréciées de la chanson française. Caura

Vaucaire fut la première interprète de la

chansons "Les feuilles mortes".

Josy Andrieu est une chanteuse française

qui a vu le jour le 7 mars 1939 à Marseille.

Dès l’âge de huit ans, elle étudie la danse

classique à l’Opéra d’Avignon, André

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Bernard qui deviendra son mari, crée une

troupe artistique, dans laquelle elle fait,

en peu de temps, des débuts très

prometteurs sur les scènes les plus

renommées et les plus difficiles de

Marseille : « L’Alcazar », « Le Gymnase ».

En 1961, Josy « monte à Paris », où elle se

produit dans des cabarets réputés tels

que « La Tête de l’Art » ou « Chez Ma

Cousine », avant de devenir, en 1963, à «

l’ABC », pendant deux saisons, la jeune

première de l’opérette « Le Temps des

Guitares » de Raymond Vincy, Marc Cab et

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Francis Lopez, qui marque le retour de

Tino Rossi. Aimée Mortimer lui consacre

entièrement une heure de sa célèbre

émission « Le Temps de la Chance » où

Josy chante, danse, joue la comédie. Puis

elle signe un contrat avec la firme CBS,

pour laquelle Josy Andrieu enregistre une

dizaine de disques. S'enchaînent alors les

galas, les casinos, les tournées.

En 1966, son mari, André Bernard, devient

le manager de Manitas de Plata, grand

guitariste international donnant des

récitals à travers le monde. Mère d'une

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petite Marie-Flore de six ans (à laquelle

Joan Baez dédia la chanson "Marie-Flore

d'Arles" et qui devint son amie), Josy doit

différer son métier, qui lui est si cher,

mais auquel elle préfère son foyer.

Après une dizaine d’années d’interruption,

elle revient sur scène pour devenir

l’héroïne de « Ma Belle Marseillaise »,

opérette de MarcCab et Georges Sellers,

celle de « Un de la Canebière » et de « Au

Pays du Soleil » de René Sarvil et Vincent

Scotto.

En 1983, elle fait son baptême au théâtre

46

en créant le premier rôle féminin d’une

pièce de Jean-Marie Pélaprat « Belli ».

En 1990, cet auteur fera encore appel à

ses talents de comédienne en lui offrant à

nouveau le premier rôle féminin de sa

pièce « L’Anglais ».

En 1984, Ginette Garcin, son amie de

toujours, présente Josy Andrieu à Pascal

Sevran. Il lui offrira une série de

prestation dans « La Chance aux chansons

», célèbre émission télévisée, dans laquelle

elle sera l’une des pensionnaires favorites

et régulières.

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Josy Andrieu crée en 1988, sur la scène

de « L’Eldorado », le personnage de «

Mitzi » dans la première opérette

viennoise de Francis Lopez : « Rêve de

Vienne » avec Mathé Altéry.

L’enthousiasme est tel que Francis Lopez

offre en 1989 à Josy Andrieu la création

du rôle de « La Goulue » dans « La Belle

Otéro ». Josy marque ce personnage, qui

inspira Toulouse-Lautrec, par une

interprétation, haute en couleurs d’une

étonnante humanité et qui lui vaut un

triomphe personnel. Dans ces rôles, écrits

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sur mesure pour elle, Josy se taille de

très grands succès qui lui valent une

avalanche d’éloges tant de la part des

professionnels du spectacle, que du

nombreux public qui l’attend après chaque

représentation.

Parallèlement, elle fait sa première

apparition au cinéma grâce à Yves Robert

lui offre un très joli second rôle dans le

film « Le Château de ma mère », réalisé

d’après l'œuvre de Marcel Pagnol.

En 1991, Josy Andrieu tourne d’abord pour

la télévision « Le Bar du Cimetière » de

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Serge Martina, avec Henri Genès, puis

monte sur la scène du « Casino de Paris »

pour un tour de chant en première partie

du « Golden Gate Quartet ».

Entre 1994 et 1995, Josy Andrieu est

engagée par les « Tournées Paris-Magenta

», comme tête d’affiche d'une une

centaine de galas à travers la France.

En 1996, Philippe Bouvard et Patrick

Garachon signent avec elle un contrat qui

lui donne la vedette d’un programme

inaugurant une formule à succès

américaine, celles des « Matinées de

50

Bobino ». Dans la même période est édité

un CD de son tour de chant à « Bobino »

sous le titre de la chanson écrite pour elle

par Pascal Sevran « Belle comme la France

».

En 2000, Charles Aznavour lui offre la

création de « L’Amour c’est tout un Art »

qui sera la chanson titre d’un nouveau CD

produit par Marianne Mélodie.

En octobre 2002, aux côtés de Ginette

Garcin et de Michel Orso, Josy Andrieu

joue et chante « Au Soleil de Vincent

Scotto », à l’affiche du Théâtre

51

Mouffetard. Elle vient de créer une

fantaisie musicale d'après une création de

Sabine Jeangeorges et André Bernard

intitulée « Pomme d’Amour », (dont le

thème évoque l’univers de la Fête foraine,

du Cirque et des Saltimbanques) qui sera

jouée en mars 2005 au Théâtre de l’Odeon

de Marseille avec un retentissant succès,

avant d’être reprise à Paris et à travers la

France. Les CD contenant l’intégralité de

ces deux spectacles ont été également

édités par Marianne Mélodie.

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Jusqu'en fin 2007, les téléspectateurs de

Pascal Sevran retrouvent régulièrement

Josy dans son émission du dimanche «

Chanter la Vie » sur France 2.

Signalons que le fantaisiste Laurent Gerra

citait toujours son nom dans ses imitations

de Pascal Sevran !!!

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"Coincé parmi la foule derrière les

barrières de sécurité qui bloquent les

abords de la rue de Bièvre, j'attends le

passage de la voiture devenue officielle.

Je n'ai pas besoin de dire l'ambiance qui

règne sur Paris; les policiers, très

prudents, ont du mal à contenir les

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débordements. Les marchands de roses

font fortune, et moi je vais partir si le flic

qui me fait face ne me laisse pas sauter la

barrière métallique qu'il retient

difficilement. Je n'aurai pas besoin de sa

permission, au loin j'aperçois Roger Hanin

qui monte vers nous, c'est sûr il va me

tirer de là. Il n'est pas encore Navarro

mais il a l'autorité nécessaire.

"Lui, je l'emmène", dit-il, me désignant au

flic émerveillé de le voir " en vrai". Roger

me soulève avec force et je me retrouve

rue de Bièvre au coeur de l'action qui

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commence à l'instant pour durer quatorze

ans, ce qui n'est pas prévu au programme.

" Alors, me dit Roger, je crois qu'il va

falloir s'occuper sérieusement de former

le nouveau gouvernement;"

Cette nuit-là, la plaisanterie a une saveur

particulière.

" Viens saluer François, il discute dans la

cuisine avec Danielle et Christine..."

Je n'en espérais pas tant, et à la vérité je

suis pétrifié à l'idée de devoir articuler un

mot, sans être trop convenu.

"Viens...si je te dis de venir tu peux me

56

faire confiance."

Devant le portail en bois vert fonçé,

Joseph Franceschi fait déjà la police, il me

demande mes papiers d'identité, ce qui lui

vaut une réponse façon pied-noir de Roger

qui amuse les CRS en faction.

Nous entrons, les portes de l'hotel

particulier sont ouvertes sur la cour,

j'embrasse Danielle et Christine et, vu

l'heure, je dis : "Bonsoir, Monsieur le

Président, et bravo..."

Je ne pouvais pas faire moins original, je

ne pouvais pas non plus lui sauter au cou.

57

" Dalida n'est pas avec vous ?

-Non, Monsieur le Président, elle chante à

Abou Dhabi.

-Très bien, nous nous verrons à Cluny pour

Pentecôte comme d'habitude. "

François Mitterand, qui vient de gagner le

combat de toute une vie, est là

tranquillement assis sur une chaise de

cuisine et nous voilà bien obligés de

contrôler notre émotion devant lui qui ne

bronche pas et qui m'invite à Cluny "

comme d'habitude " l'air de dire : " Il n'y

a presque rien de changé, vous savez."

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Danielle lui tend l'édition spéciale du

Journal du dimanche où sa photo s'étale à

la une. Il le feuillette distraitement tout

en caressant le museau de son chien, puis il

relève ses lunettes et nous demande s'il y

a vraiment autant de monde dans les rues

qu'on le dit à la radio. Nous lui confirmons

que c'est une foule des grands soirs à

Paris. Il feint de s'en étonner et s'excuse

de ne pouvoir s'attarder plus longtemps. Il

est 2 heures du matin.

" Vous sortez je suppose ?

-Oui nous sortons, Roger, Christine et moi.

59

- Très bien. Bonne nuit, moi je vais dormir,

demain j'ai beaucoup de choses à faire. "

En effet, Monsieur le Président.

Il n'a pas cessé de me téléphoner. Le soir

de son élection, il m'a appelé dans ma

chambre à l'hôpital ou j'ai fêté son

élection entouré de jeunes et jolies

60

infermières.

Voilà pourquoi je n'étais pas au Fouquet's.

Il m'a dit «je t'embrasse, ça serait plus

gai si tu étais là. ».

Les mots de Cécilia Sarkozy m'ont

bouleversé, elle m'écrit souvent . Je me

souviens que le 14 janvier porte de

Versailles en descendant du podium,

Nicolas est venu m'embrasser et m'a dit à

l¹oreille " t'as entendu j'ai parlé des

infirmières." Il faut dire que je n'ai pas

cessé de le bassiner pendant toute la

campagne sur ce thème.

61

Il y a aussi Bertrand (Delanoé), mon frère

depuis 30 ans, qui a téléphoné tous les

jours et qui ne m'a pas lâché.

Ils ont tous voulu venir ici, mes amis

Delon, Drucker, Hanin, Jack Lang, Sheila,

France Gall, beaucoup d'autres encore cela

m'a touché, mais je n'ai voulu voir

personne, maintenant je les attends.

Mais il ne faut surtout pas oublier les gens

de ma vie intime ici et puis ... Mon ami

Serge T et ma soeur Jacqueline ou serais-

je aujourd'hui sans eux ... sans elle.

62

Pourquoi ne pourrait-on pas s’inventer une

enfance, un passé, une mémoire, autour

des lieux et des êtres qui nous font rêver

? A travers un narrateur qui lui ressemble,

Pascal Sevran nous entraîne ainsi dans le

Paris des années 1930.

Un Paris où, dans le sillage d’un grand-père

aristocrate et fantasque, d’un cousin

diplomate en herbe et beau garçon, d’une

63

trop jeune grand-mère, l’adolescent croise

Cocteau et Max Jacob, Mistinguett et

Edouard Herriot, fréquente le lycée

Janson de Sailly aussi bien que les maisons

closes de la rive droite…

Plus tard, dans le temps de l’Occupation, il

comprendra le mystère de sa propre

naissance, d’un père tué durant l’autre

guerre et d’une mère partie pour

l’Argentine. Oui, pourquoi n’aurait-on pas le

droit d’être fils d’un héros et d’une

danseuse de tango ?

64

«C'était au temps de ma splendeur. Ceux

qui m'ont bien connu à cette époque vous

le diront, j'avais tout pour être heureux.

J'étais un beau garçon, élégant, un rien

dandy même. Certaines photos en

témoignent encore. Je plaisais aux

femmes, aux hommes aussi d'ailleurs.»

Ce premier roman, couronné par le prix

Roger Nimier, a révélé Pascal Sevran, un

écrivain qui ne se console pas d'être un

orphelin de l'Histoire et s'invente un

passé supplémentaire.

65

En 1955, le Petit Conservatoire est créé

par Mireille dans des studios de radio, rue

de l'Université à Paris. C'est la première

tentative d'enseignement organisée de la

chanson. Mireille se transforme

définitivement en professeur et passe au

vitriol les présumées futures vedettes.

Les cours sont enregistrés et diffusés

pour la première fois le 18 mai 1955, avec

pour parrain Jean Cocteau qui, en voisin

vient rassurer une Mireille émue comme

une débutante, et lui remettre un dessin

qui devient le sigle du Petit Conservatoire

66

de la chanson.

Le principe de la classe, gratuite et

ouverte à tous, est simple : chaque

semaine, après audition d'une vingtaine de

candidats, elle en retient quatre ou cinq.

Mireille est tour à tour, professeur

implacable, sans complaisance et pourtant

pleine de tendresse pour ses élèves.

Le succès s'installe et en 1960, l'émission

devient télévisée.

En 1964, Mireille s'installe dans le Studio

105 de la toute nouvelle Maison de la

radio.

67

En 1975, sans beaucoup de tact l'ORTF

renvoie Mireille dans ses foyers.

Oubliée des médias, Mireille continue

coûte que coûte à faire vivre son Petit

Conservatoire. D'abord rue Bertin-Poirée,

puis square Rapp et enfin au 69 rue

Boissière dans une salle de la paroisse

Saint-Honoré d'Eylau.

Nous devions verser 60 francs par mois

pour suivre les cours; argent qui servait à

payer le pianiste, la secrétaire et la

location de la salle.

Mireille abandonne ses élèves six mois

68

avant son décès en 1996, pour leur donner

la plus grande de ses leçons : un récital à

presque 90 ans au Théâtre de Chaillot.

69

Je n'ai jamais vu pleurer Stéphane. Il m'a

tout donné de lui sauf des larmes. Il me

les a avouées par écrit dans ses lettres ou

sur de simples morceaux de papier

quadrillé qu'il déposait sur mon bureau ou

sur mon oreiller, mais devant moi il les

retenait dans un soupir, dans un sourire.

Je n'étais pas dupe, j'allais vers lui avec

prudence ces jours-là, je rusais pour

distraire son chagrin et le mien confondus.

70

Né le 4 janvier 1963, Stéphane Chomont a

tout juste 20 ans lorsqu’il rencontre Pascal

Sevran, célèbre animateur, chanteur et

producteur de télévision. Tous deux

tombent amoureux et Pascal propose alors

à Stéphane de se produire dans sa célèbre

émission "La chance aux chansons".

71

Pendant une quinzaine d’années, Stéphane

Chomont chante fréquemment sur le

plateau de Pascal Sevran et enregistre

également un CD intitulé "Souvenir de la

rue". Il y interprète une dizaine de titres,

dont "Y’avait du jazz", "La vie à la petite

semaine" et "Le temps qui nous reste".

Pascal Sevran dit de son ami « qu’il est né

à La chance aux chansons et qu’il l’a vu

s’affirmer chaque jour. Il a la grâce innée

des grands, et dans le sourire et la voix le

charme éternel des enfants de Paname ».

Malheureusement, Stéphane Chomont,

72

atteint d’une longue maladie, décède le 16

octobre 1998 à Paris. Son ami Pascal

Sevran lui rend hommage en 2000 en lui

consacrant le livre intitulé "La vie sans lui".

Dans la cour de l'ambassade

Je n'osais plus chanter

Mon cœur battait la chamade

Je n'avais plus rien à faire

Dans cette ville étrangère

Sans toi j'aime mieux Paris

Sous la pluie

Un amour oublié

73

L'avion m'attend sur la piste

Je froisse mon billet

Mon nom n'est pas sur la liste

Je garderai en mémoire

Quelques accords de guitare

Qui me ramènent à Paris

Sous la pluie

Mais qui sait ce que pense un oiseau

Quand il voit la Terre depuis là-haut

Qui peut dire où dorment les chevaux

Où es-tu sur la photo ?

Un amour oublié

Ça fait chanter les artistes

74

Un amour oublié

C'est une belle chanson triste

Je vais continuer à croire

Au meilleur de notre histoire

En solo à Paris

Sous la pluie

Mais qui sait ce que pense un oiseau

Quand il voit la Terre depuis là-haut

Qui peut dire où dorment les chevaux

Où es-tu sur la photo

Je vais continuer à croire

Au meilleur de notre histoire

En solo à Paris

75

Sous la pluie

Un amour oublié

Stéphane Chomont – Souvenir de la rue

(1970)

76

Pascal Sevran est arrivé à la télévision sur

le tard et tout à fait par hasard. Il a 36

ans lorsqu'il débarque sur TF1 en janvier

1982 dans "La croisée des chansons". Cet

homme passionné, généreux, enthousiaste

et débordant d'énergie est, tout à la fois,

animateur, producteur, écrivain, chanteur

et auteur de chansons. Un homme à part

dans ce milieu.

77

La télévision lui ouvre ses portes, très

discrètement, quelques mois après

l'arrivée de la gauche en 1982. Il est déjà,

depuis quelques mois, monsieur "chanson

française" auprès du ministre de la

culture, Jack Lang. Il connaît

parfaitement la chanson. Il en a écrit

quelques centaines parmi lesquelles

l'inoubliable "Il venait d'avoir 18 ans"

interprétée par son amie Dalida.

78

Il connaît la télévision lorsqu'il débarque

sur TF1 au début des années 80. Il a déjà

participé au "Petit conservatoire de la

chanson" de Mireille dans les années 60,

un des premiers télé-crochets de

l'histoire qui révèle de futures vedettes,

Françoise Hardy, France Gall, Alice Dona,

79

Yves Duteil... Il deviendra d'ailleurs un

proche du philosophe et mari de Mireille,

Emmanuel Berl qui le guidera dans ses

lectures.

Proche de François Mitterrand, Jack Lang

et Charles Trenet, amoureux fou de

Gilbert Bécaud, il anime une toute petite

émission de 13 minutes "La croisée des

80

chansons", coincée entre le journal

télévisé d'Yves Mourousi et Marie-Laure

Augry et une série américaine. C'est la

productrice Claudine Kirgener, chargée

des lundis après-midi de la première

chaîne qui lui propose de rejoindre TF1 en

janvier 1982.

81

Je me souviens de la toute première

émission de Pascal. J'étais devant mon

petit écran ce premier lundi de l'année

1982 lorsque Jean Bertho, animateur des

lundis après-midi de la chaîne et surtout

inoubliable présentateur de l'émission

satirique du dimanche "C'est pas sérieux"

aux côtés de Jean Amadou, annonce

l'arrivée de Pascal Sevran. Il reçoit ce

jour-là dans un décor très intimiste et

autour d'un piano Lucienne Boyer,

l'inoubliable interprète de "Parlez-moi

d'amour". Le ton est donné...

82

Pascal apporte un vent de fraîcheur au

début des années 80. Les Carpentier, Guy

Lux et Danièle Gilbert, symboles de la

France giscardienne sont pénalisés par les

nouveaux directeurs nommés par la

gauche. Il remet le play-back au goût du

jour car toutes les vieilles chanteuses à

qui il offre une seconde jeunesse et

83

parfois une deuxième carrière, n'ont plus,

tout à fait, la même voix. "La croisée des

chansons" devient rapidement "La chance

aux chansons".

Le 16 mars 1984, grâce à Hervé Bourges,

devenu président de TF1, Pascal Sevran

voit son temps d'antenne augmenter. "La

chance aux chansons" devient un rendez-

vous mensuel puis hebdomadaire et enfin

84

quotidien. Les vedettes des années 40, 50

et 60, oubliées par les producteurs et

programmateurs trouvent une place de

choix l'après-midi à la télévision. Le public,

souvent âgé, qui regarde la télévision en

milieu d'après-midi se réjouit de

retrouver toutes ces chanteuses

improbables. On chante beaucoup.

85

Pascal s'offre aussi le luxe de chanter en

duo avec ses idoles. Ses amis Gilbert

Bécaud, Charles Trenet, Dalida, et

Minouche Barelli sont présents dès le

début. Jean-Claude Pascal, Jacqueline

Boyer, Georgette Lemaire, Marie Myriam,

Alice Dona rechantent. Les maisons de

disques s'intéressent aussi à tous ces

artistes remis au goût du jour par Pascal.

Il fait revenir Gloria Lasso en France. La

star des années 50, inoubliable interprète

d' "Etrangère au paradis" fait une seconde

carrière. Sheila retrouve une maison de

86

disques à la fin des années 80 grâce à la

générosité de Pascal.

Contrairement à ce qui a souvent été écrit

et dit ici et là, tout le monde a sa place

dans les émissions de Pascal. Les jeunes

aussi chantent chez Pascal Sevran.

Certains démarrent dans La chance aux

chansons. C'est le cas notamment de

Patrick Bruel, Patricia Kaas, Hélène

87

Ségara et Céline Dion. Patrick, présent

dans la première émission sera aussi

présent dans la toute dernière en

décembre 2000 et fera revivre lui aussi

tous ces succès d'hier et d'avant-hier

dans un album vendu à deux millions

d'exemplaires.

88

Après quelques années sur TF1, Pascal

rejoint France 2 où il poursuit "La chance

aux chansons" tous les après-midi avec

succès. L'aventure va durer 16 années.

Jusqu'à ce que Michèle Cotta, directrice

générale de France 2 décide de mettre un

terme à l'émission en décembre 2000. Les

téléspectateurs se révoltent et les

audiences de France 2 s'effritent l'après-

midi. Jamais la chaîne ne retrouvera les

audiences exceptionnelles de "La chance

aux chansons", jusqu'à 30% d'audience

parfois.

89

Au milieu des années 90, Pascal, devenu un

véritable star, est approché par Arthur

qui vient d'arriver sur France 2 pour

produire et animer "Les enfants de la

télé" et "La Fureur du samedi soir". Le

jeune animateur lui demande de

l'accompagner dans "La Fureur". A partir

de ce moment-là, Pascal devient tendance.

90

Il est un très bon client sur les plateaux

de télévision. Les producteurs se

l'arrachent. Celui que l'on qualifiait à tort

de ringard devient aussi l'idole des jeunes.

La carrière télévisée de Pascal se poursuit

le dimanche midi avec "Chanter la vie". Une

émission qui ressemble à "La chance aux

chansons" avec toujours de l'accordéon,

des chanteuses improbables, de jeunes

91

artistes et des danses de salon. Pascal

serait ravi de voir aujourd'hui le paso

doble et le tango remis au goût du jour

dans "Danse avec les stars" sur TF1. Il

aurait certainement salué l'initiative de la

Une comme il l'avait fait pour "Star

Academy". Il a été le premier à vanter les

louanges de cette émission. La Star Ac' lui

a d'ailleurs donné l'idée de faire à son

tour un télé-crochet le dimanche avec

"Entrée d'artistes". A son tour, il donne sa

chance aux jeunes.

92

Pascal n'a jamais cessé d'écrire. Il a déjà

publié quelques ouvrages lorsqu'il arrive à

la télévision en 1982. Il obtient le prix

Roger-Nimier pour son premier roman "Le

passé supplémentaire" en 1979. Il se

consacre de plus en plus à l'écriture après

la disparition de son compagnon Stéphane

Chomont, connu des téléspectateurs de

93

"La chance aux chansons" puisqu'il chante

régulièrement l'après-midi à la télévision.

Ses journaux intimes se vendent comme

des petits pains. Plus de 400.000

exemplaires pour "La vie sans lui" dans

lequel il évoque pour la première fois sa

relation avec Stéphane. Pascal a passé les

dernières années de sa vie à écrire

quotidiennement à Morterolles ou à Paris.

94

J'ai passé plusieurs étés à ses côtés dans

sa maison du Limousin et je l'ai vu enfermé

des jours entiers dans son bureau situé au

premier étage au milieu de ses livres et de

photos de Stéphane.

J'ai aimé la compagnie de Pascal, son

enthousiasme, son affection, sa tendresse,

ses colères et ses indignations. Il me

manque éperdument...

Merci Pascal.

95

Zinzin dit Bruno a vu le jour en même

temps que le printemps, le 20 mars 1963 à

Vernon.

- Dès l’âge de 7 ans, il pratique le judo.

- A côté du Club de sport ou ses parents

l’avait inscrit, répétait un groupe

d’accordéonistes qui l’été s’installait sur la

terrasse du centre à côté de la salle de

96

sport.

- Le virus de l’accordéon le gagne, Bruno

trouvait cette musique superbe, et

l’attirait à tel point qu’en accord avec son

père il changea de salle après avoir troqué

son kimono contre un accordéon.

- En 1975, Bruno débarque avec sa famille

à Pressagny l’Orgueilleux. Ses parents

l’inscrivent à l’école de musique « La

Vernonnaise » dirigée par le père du

célèbre accordéoniste Maurice Larcange.

- Il fréquente l’école communale de

Pressagny. Cette année-là M.G. Valat,

97

directeur de l’école et Mme Niay

institutrice, organisaient en fin d’année

scolaire, un charmant spectacle qui

précédait la distribution des prix.

- A cette occasion, Bruno et son frère

Pascal, également accordéoniste, se

produisaient sur scène et déjà laissaient

entrevoir un avenir prometteur dans le

monde de l’accordéon.

- Pressagny l’orgueilleux n’oubliera pas

l’animation des fêtes patronales

organisées par le comité des fêtes et

également les veillées du samedi où la

98

participation bénévole des frères Desmet

faisait le bonheur des danseurs.

- En 1975, nos anciens lors de leur voyage

annuel organisé par le comité des Fêtes

avaient pensé d’emmener dans leurs

bagages les frères Desmet et leur piano à

bretelles afin de créer une ambiance

conviviale dans le car qui conduisait le

groupe en excursion .

- En 1978, Bruno dirige un orchestre de

danse composé de ses deux frères (Pascal

et Didier) et sa sœur Sylvie (chanteuse).

Toute la famille organisait des bals les

99

samedis soirs dans différentes salles

communales voisines. Les parents Desmet

servaient de chauffeur pour accompagner

leurs rejetons sur les lieux de leurs

prestations.

- Par la suite il fréquente l’Ecole de

musique de Pontoise et puis celle de Paris

dirigée par Joe Rossi et ce jusqu’à l’age de

18 ans.

- En juin 1983, lors de la fête patronale

de Pressagny L’orgueilleux, le comité des

fêtes avait organisé un spectacle où se

produisait notamment Bruno sous l’œil

100

attentif de Micheline Dax et de son

pianiste Michel Frantz qui était les

vedettes de ce spectacle organisé en plein

air et en présence d’un public nombreux.

- Michel Touret, animateur sur France

Inter avait eu l’idée de lancer « LES

PRINCES DE L’ACCORDEON » ; Bruno

s’inscrit à Pontoise pour participer aux

éliminatoires d’Île de France, huit régions

étaient en compétition. Notre

accordéoniste décroche son billet pour

participer à la grande finale qui se

déroulait au Pavillon Baltard à Nogent sur

101

Marne, en présence des 7 autres finalistes

régionaux.

- Cette participation lui a permis de

décrocher des contrats, un

enregistrement de disque, des

interventions sur les chaînes de radio

principalement France-Inter.

- Il a échoué de peu pour décrocher le

titre. Notre musicien ne se décourage pas

et se remet à l’ouvrage sur le métier en

participant un an plus tard aux

Eliminatoires de Belfort. Il gagne

l’épreuve devant son frère Pascal (un

102

véritable Lion).

- Ce résultat leur donne le droit de

concourir à nouveau à la grande finale des

PRINCE de L’ACCORDEON à Nogent

s/Marne. C’était en juin 1983. A cette

occasion les parents Desmet avaient loué

un car pour aller encourager Bruno sur les

bords de la Marne. Nous étions quelques

Pressecagniens à l’accompagner pour aller

l’encourager.

- Il a terminé au milieu du tableau. Après

les prestations des huit candidats nous

avons eu droit à un gala d’accordéon où se

103

produisaient Yvette Horner, Marcelle

Aaaola, Bruno Lorenzoni etc.

- Cette finale qui s’est déroulé devant un

public averti a sûrement contribué au

démarrage de sa vie professionnelle et à

lui ouvrir les portes du Show-Biz.

- En effet, vers la fin 1989, Bruno

décroche un contrat dans un cabaret

parisien situé dans les anciennes halles, où

il se produisait avec un chanteur du nom

de Jonathan Kerr, ce dernier avait convié

à ce spectacle des producteurs T.V. et

parmi eux se trouvait Pascal Sevran...

104

- Ce fut le déclic pour sa nouvelle

carrière, Bruno et Jonathan décrochent

une télé dans la fameuse émission « La

chance aux Chansons » dont Pascal Sevran

était le producteur. Peu de temps après

celui-ci demande à Bruno d’accompagner

chanteuses et chanteurs qui participent à

son émission.

- Pascal Sevran vient de se séparer de son

chef d’orchestre et c’est comme ça que

Bruno s’est retrouvé aux commandes de la

nouvelle formation qui anime la célèbre

émission quotidienne. Ce fut le départ

105

d’une longue complicité et d’une belle

aventure qui devait durer environ 17 ans

et qui s’est terminée provisoirement le 22

décembre 2000.

- Bruno Desmet doit l’épanouissement de

sa carrière à Pascal Sevran qui lui a donné

en 1985 le pseudonyme de Zinzin. Bruno

possède de grandes qualités morales et

suffisamment de talent pour s’adapter à

toutes les situations. Il accompagne les

plus grands à l’accordéon et au

synthétiseur.

- Pascal Sevran a assuré récemment à «

106

ZINZIN » que l’Emission renaîtra

prochainement soit sur la 2 ou, sur la 1 ou

la 3. A partir de quand ? Tout autant de

questions qui restent à élucider, mais en

attendant les « fans » de l’émission

piaffent d’impatience, dans l’espoir de

retrouver des chansons qui ont pour la

plupart bercé leur jeunesse.

- Si vous rencontrez « Zinzin » dans

l’agglomération vernonaise ou même à

Pressagny n’hésitez pas de dialoguer, il ne

manquera pas de vous raconter quelques

anecdotes sur sa vie professionnelle.

107

- Aux dernières nouvelles, notre

accordéoniste vient d’acquérir un terrain

dans l’espoir de faire construire pour vivre

en famille avec son épouse et chanteuse

Alexandra et son fils Clément.

108

« Pascal Sevran rêvait d’être Bécaud »,

c’est ce que nous a dit son ami de longue

date, Gérard Marchadier alias « Tintin ».

Un an après la disparition de l’artiste, son

réalisateur et « frère de cœur » a

travaillé avec la maison de disque

Universal pour sortir une compilation

hommage intitulée Une vie en chansons.

Gérard Marchadier voulait célébrer

l’anniversaire de la mort de son ami. Il a

109

décidé de le faire en chansons, à l’image

de Pascal Sevran. A travers une

compilation, il a passé en revue ses

passions. Sur le premier disque sont réunis

des interprétations de Sevran et sur le

deuxième ses duos. Gérard Marchadier

explique : « Il y a déjà eu une compilation

il y a de cela deux ans, dans laquelle

figuraient aussi des titres chantés par

Pascal, mais dans Une vie en chansons, j’ai

mis des titres plus rares, des titres qui lui

tenaient particulièrement à cœur. » Dans

la partie dédiée aux duos, 21 morceaux

110

sont répertoriés, « Il adorait chanter avec

les artistes », explique Tintin. De Patrick

Bruel en passant par les 2BE3, figure le

grand Bécaud. « Il ne pouvait pas ne pas y

avoir Bécaud. Il était l’idole de jeunesse

de Pascal. Il aurait voulu être comme lui.

Sa vie a fait qu’il a pris le chemin de la

télévision et de la littérature. Il

connaissait ses chansons par cœur mieux

que Bécaud lui-même ».

Entre Gérard Marchadier, réalisateur de

la première Chance aux chansons, et Pascal

Sevran, une amitié forte s’est tissée. Celui

111

qu’il surnommait Tintin, à cause d’un

pantalon de golf, ne l’a plus jamais quitté

depuis 1984. « Il était comme un frère

pour moi. On se téléphonait tous les

matins à 11 heures. C’est une belle

collaboration qui a duré vingt-cinq ans. »

Gérard Marchadier a rencontré Pascal

Sevran par hasard sur un plateau et l’a

accompagné dans son aventure télévisuelle.

« Je cherchais un studio et lui voulait

faire une émission de variétés », se

souvient-il. « Il ne connaissait rien à la

télévision et c’est ainsi que nous avons

112

travaillé ensemble », poursuit-il.

La Chance aux chansons était une émission

de variétés inimitable, l’œuvre de sa vie.

« Il n’y aura plus jamais d’émission comme

celle-là. Il ne la faisait pas par goût, bien

qu’il adorait la chanson française, mais

pour ceux qui la regardaient. Un jour, on

nous a dit que l’émission allait être

diffusée à 16 heures. Pendant quelques

secondes, nous nous sommes demandés qui

regardait la télévision à cette heure.

Evidemment, c’était des gens à la retraite,

il fallait donc leur faire plaisir.

113

Aujourd’hui, la télévision fait des

émissions pour ceux qui ne la regardent

pas. »

114

Pascal Sevran s’est livré pour la dernière

fois dans son dernier roman, Les Petits

Bals Perdus (qui paraîtra chez Albin

Michel). Un témoignage poignant de cet

homme qui savait qu’il devait mourir, une

lucidité époustouflante mais sans jamais

se plaindre.

Pascal Sevran, l’animateur mythique de

l’émission musicale La Chance aux

115

Chansons, a débuté l’écriture de cet ultime

ouvrage le 16 novembre 2006 à

Morterolles, l’endroit où il aime se

reposer.

Un admirateur lui envoie un jour un

bouquet d’orchidées, mais Pascal Sevran

déteste ça ! Voilà comment commence ce

livre.

116

Le 27 novembre, il organise un dîner chez

lui avec Nicolas et Cécila Sarkozy entouré

de ses meilleurs amis, Julie, la voix

d'Europe 1, son amie si fine dit-il en

parlant d'elle, Liane Foly, la chanteuse qui

a beaucoup parlé, Sébastien Chenu le

président des gays libéraux et son neveu

117

Jean-Christophe. Sera-t-il président dans

6 mois se demande-t-il, concernant Sarko

? "Je le souhaite de toutes mes forces".

Très mélancolique, l’animateur écrit et

écrit encore, jusqu’à fin mars 2007, date à

laquelle il entre à l’hôpital pour une dure

bataille contre la maladie. Après avoir

118

souffert 5 mois, il reprend l’écriture de

Les Petits Bals Perdus le 1er août 2007.

Conscient de son état de santé au plus mal,

Pascal Sevran garde la tête froide et

analyse sa situation : "Etre guéri : il ne

faut jamais écrire ni penser ce genre

d’imbécillité péremptoire. On n’est jamais

119

sûr de rien. On peut se trouver mieux,

mais dans une bouffée d’enthousiasme

s’écrier au miracle est pure folie. La vie, si

belle soit-elle, est une maladie mortelle…"

En couple dans les derniers moments de sa

vie avec Julien, âgé de 18 ans, Pascal

Sevran n’a jamais oublié l’amour de sa vie

120

Stéphane Chomont… "Le bonheur avec

Julien était inéluctable. Je savais aussi

qu’il était provisoire… (…) Il m’a aimé

comme seul avant lui Stéphane m’a aimé,

sans arrière-pensée, sans autre désir que

moi. De ces deux-là, de leur pureté, je n’ai

jamais douté. De combien d’hommes ou de

femmes pouvons-nous dire cela sans

trembler ?"

121

Très digne, Pascal Sevran a caché, au plus

mal, ses multiples hospitalisations, même à

sa mère. "Quel besoin de se répandre,

puisque de toute façon, personne ne peut

rien à ces instants où tout bascule,

personne sinon quelques hommes et

femmes qui se penchent sur vous scalpel

en main. Je sais depuis toujours qu’on est

seul face au malheur."

122

Le 5 janvier 2008, 5 mois avant sa mort

d'un cancer du poumon, l’homme commente

une photo en noir et blanc sur laquelle

posent Jean-Claude Brialy, Jean-Pierre

Cassel, Sacha Distel et Alain Delon…

"Terrible ! La violence du temps qui passe…

La fin d’un monde. Le nôtre."

C’est au centre hospitalier de Limoges que

Pascal Sevran disparaît à 62 ans le 9 mai, à

10h30.

Le président Sarkozy ira se recueillir sur

son cercueil.

123

"Il faut garder un moral positif", combien

de fois l'aurai-je entendu ce conseil depuis

des mois ? En réalité, il y a les heures et

quarts d'heure sans. Je veux dire sans

ressort, sans envie. Que je sois de

nouveau à mon bureau occupé à reprendre

ce journal dépenaillé, avant le sinistre 31

124

mars, que je sois assez calme est

vaguement rassurant.

Dix-sept heures. Lentement autour du

parc avec Serge et son sac de carottes

pour les ânes et les chevaux, climat

acceptable, vingt degrés. Je suis moins

regardant quant à la perfection des carrés

de pelouse, des massifs de fleurs et pour

cause, mais l'ensemble se présente

joliment. Ca ira comme ça pour la saison.

De quoi seront faites celles à venir ?

125

Charles Trenet a quatre-vingt-six ans.

Je l'appelle à tout hasard sur le portable

de Georges, son secrétaire, et je le joins

dans un restaurant chinois de Nogent ;

enjoué, profitant de la vie avec

gourmandise. Diable d'homme, on ne sait

jamais comment on va le trouver, dans

quelle humeur, ni où. La semaine dernière,

il s'impatientait en faisant les cent pas

126

dans le hall d'entrée du studio Gabriel où

il devait tourner une émission pour son

anniversaire.

- Je m'en vais, me dit-il, on ne s'occupe

pas assez de moi ...

Et il est parti aussi sec, laissant Michel

Drucker les bras en croix sur le trottoir,

interloqué mais bon prince, et qui n'en

revenait pas.

- Sacré Charles ! On ne le changera pas,

me dit-il.

- Ca non, il est trop tard.

127

Cent fois je l'ai vu faire demi-tour quand

quelque chose ou quelqu'un lui déplaisait,

un détail, une fleur fanée, un courant

d'air, un gendarme distrait, une guirlande

défraîchie, une poussière, des riens

charmants que seuls les poètes et les fous

remarquent en passant.

- Et puis, me dit-il, il y avait deux grosses

dames peintes qui sont comiques paraît-il,

mais moi je ne les trouvais pas drôles, et

puis une autre fumait en me parlant.

Trenet a quatre-vingt-six ans !

Il se tient bien à table et sur scène, si

128

longtemps après avoir fait danser nos

grands-pères. Ils sont tous morts

maintenant, sauf lui qui a fixé l'échéance

lui-même.

- Je mourrai dans cinq ans, a-t-il annoncé

tranquillement à Patrick poivre d'Arvor en

direct au journal télévisé de TF 1 hier

soir. Ce sera assez...

PPDA prend date.

La séquence repassera soyons-en sûrs.

129

Quand ? Trenet parle toujours légèrement

des choses graves. En attendant ce jour

maudit, il ne faudra pas laisser traîner lui

des cendriers pleins ou des femmes mal

coiffées. Nous y veillerons Drucker et

moi, et avec nous tous ceux qui savent que

les caprices de poète ne sont vraiment que

des espiègleries.

130

Morterolles, 9 juin 2000.

Charles Trenet a l'instant au téléphone.

La voix est hésitante, mais l'esprit est là.

- Je te dérange, tu te reposes ?

- Non, c'est quand tu n'appelles pas que tu

me déranges.

Pour sa dernière pirouette Charles n'aura

pas besoin de béquilles, il s'en ira sur un

bon mot qu'il improvisera dans l'urgence

ou qu'il aura préparé de longue date.

- Je vais aller à Aix la semaine prochaine,

là-bas je pourrai marcher, me dit-il. J'ai

fait poser des barres métalliques dans les

131

allées du parc... c'était une démarche

prémonitoire.

Trenet rit, un pauvre rire cassé mais il rit.

Il n'ira pas à Aix, le voyage et la chaleur

lui seraient fatals, Georges, son

secrétaire si dévoué, me l'a dit.

- Appelle-le, ça lui fera plaisir. Il est dans

une maison de rééducation à Louveciennes.

Notre conversation fut brève, empreinte

de l'affection qu'il me témoigne depuis

mes vingt ans. (...)

Pas un mot sur sa souffrance physique, sur

les tourments de son âme. Charles ne se

132

plaint pas, il plaisante. A quoi pense-t-il, à

qui, cloué sur un lit, lui qui a tant aimé la

mousse des bois ? Nous n'en saurons rien,

il aura chanté nos jeunesses éblouies au

bord de l'eau, nos folles amours avec des

fils de gendarme et, pour finir, nos

chagrins devant le feu qui s'éteint, mais il

n'aura jamais parlé de lui. Charles Trenet

mourra en emportant ses secrets et nos

dernières illusions.

133

Paris, 5 juillet 2000.

J'ai vu Charles Trenet vivant.

Il m'attendait dans le vestibule de son

appartement de Nogent-sur-Marne où,

contre l'avis médical, il est revenu

s'installer la semaine dernière.

- J'ai signé une décharge pour avoir le

droit de me prendre en charge.

Le ton est faussement enjoué, l'élocution

est lente, molle. (...) Il fait peur, mais je

n'ai pas eu peur en l'embrassant. Ce

masque, Charles le porte depuis deux ans

déjà. Le maquillage a viré mais le regard

134

est là, rond comme sur les affiches, vif ou

halluciné d'un instant à l'autre. Il me

sourit comme il souriait à la fin d'une

chanson triste.

- On y va ? Je suis prêt.

Je me demande comment il va se lever, il

se lève pourtant, géant voûté et bancal,

engoncé dans un costume pied-de-poule qui

date d'avant nous. Va-t-il marcher ? Je lui

offre mon bras qu'il accepte.

- Je ne veux pas de canne, me dit-il. Je

veux aller à Cannes.

L'avait-il préparé, cette réplique de

135

théâtre qui sonne comme un défi quand

nous le croyons mort ? Georges, le fidèle,

le fils inventé, sera jusqu'au bout celui qui

bouge et qui rit quand Charles Trenet veut

rire et bouger.

- Il pleure aussi sur sa jeunesse et les

amis d'autrefois, me confie Georges.

Avant sa maladie, Charles ne pleurait pas

Je ne pensais jamais le revoir. Il y a deux

mois toutes les radios, les télévisions, les

journaux en alerte préparaient son

136

enterrement, et nous sommes là, Georges

et moi, à l'aider à s'asseoir dans une

voiture de sport rouge qu'il a choisie sur

catalogue parce qu'il la trouvait jolie pour

l'été.

- C'est la troisième en dix jours qu'il me

fait acheter, et maintenant il veut pour

demain une BMW décapotable bleu marine

pour partir dans le Midi.

Georges n'en peut plus de courir les

garages :

- Alors que nous avons des voitures

partout... que veux-tu, ça le distrait.

137

Et puis nous avons traversé le bois de

Vincennes qu'il a si bien chanté pour aller

déjeuner dans un restaurant chinois de

Saint-Mandé où il a repris ses habitudes.

Je l'ai regardé, attendri, comme je

regarde mon père quand il se régale. Je

l'ai vu presque gai, une serviette autour du

cou devant une soupe aux vermicelles et

une bière chinoise.

- Là-bas, j'en avais assez, je me rasais

toute la journée, maintenant je me rase

tout seul chez moi le matin.

Content de son effet, il m'a tendu sa joue

138

pour que je constate qu'il disait vrai.

- Là-bas, je me fatiguais, ces endroits

qu'on appelle maisons de repos ne sont pas

du tout reposantes, et elles sont mal

remboursées par la Sécurité sociale...

Entendre Charles Trenet se plaindre de la

pingrerie de la Sécurité sociale le jour

même où la SACEM vient de lui verser des

droits d'auteur qui devraient lui

permettre de s'offrir une pharmacie est

un plaisir surréaliste.

Charles m'a dit d'autres choses encore,

moins primesautières, plus tendres sur

139

mes vingt ans, quand nous avions rendez-

vous, chez lui à Aix-en-Provence où il veut

retourner aussi, avant qu'il ne soit trop

tard. Ca, il ne le dit pas, il le pense, et

c'est pour cela qu'il pleure quand nous ne

le voyons pas. Je l'ai laissé finir de

déjeuner sans moi qui ne déjeune pas.

Georges veillant sur un fantôme qui

ressemble à Charles Trenet.

- J'ai été content de te voir marcher, lui

dis-je.

- Oui, une marche funèbre.

Il m'a dit cela doucement à l'oreille, en

140

confidence, un mot encore, un mot de

parade, la musique viendra. Les tambours

grondent.

Paris, 28 septembre 2000.

Trenet au téléphone depuis Aix-en-

Provence ;

- Je vais remonter à Paris pour le Salon de

l'Automobile, les voitures que j'ai

achetées cet été sont trop mastoc, ça ne

141

va pas du tout. Je veux voir d'autres

modèles, genre modernes.

Mais pour aller où ? Trenet ne serait pas

Trenet s'il n'achetait des voitures pour

aller nulle part.

-Sais tu que les gens des garages ont de

drôles d'expressions ? Ils ne disent plus

bleu, ils disent gris d'Islande...

Et il rit. Trenet rit au lieu d'être mort. Il

ne fait rien comme tout le monde. Tant

mieux.

Morterolles, 24 février 2001.

142

Charles Trenet est mort !

Je n'ai cessé de parler de lui partout, afin

de raconter ce diable d'homme dont on ne

sait rien que ses chansons, ce qui est

beaucoup. Je réalise seulement qu'il a

emporté nos jeunesses avec lui, autour de

l'église de la Madeleine, hier après-midi.

143

Trenet est mort !

Puisqu'on le dit, que c'est écrit dans les

journaux. Occupé à ne pas être trop

convenu en évoquant sa mémoire, je n'ai

pas eu une seconde pour me recueillir.

C'est dans le silence aujourd'hui que je

peux penser à lui. Il se rêvait immortel, il

l'est désormais, comme Molière et Picasso.

Il n'empêche, nous n'irons plus au bois les

lauriers sont coupés, nous ne sommes rien,

rien qu'un misérable petit tas de cendres.

Charles Trenet est mort ! Nous ferons

comme si c'était une farce.

144

Morterolles, 25 février 2001.

A la jeune femme venue m'interroger pour

Canal+ et qui s'étranglait d'indignation

parce que Trenet chantait Douce France

en 1942, j'ai dû rappeler qu'il chantait Y'a

d'la joie en 1936 sans qu'on le remercie

pour autant d'avoir inventé le "Front

populaire". Alors ? Fallait-il que les

chanteurs chantent quand le Maréchal

Pétain donnait des bals à Vichy ? On en a

plus qu'assez de ces procès en sorcellerie

intentés sans pudeur par des "belles

145

âmes", irréprochables évidemment.

Et les piles ? Avaient-elles le droit de

pondre en 1942, et les boulangers celui de

faire du pain ?

146

Hommage à Pascal Sevran : les réactions

Les amis de l'animateur se souviennent

d'un être attachant.

Orlando, le frère de Dalida : "C'est une

amitié de 35 ans. Quand un ami part, c'est

une partie de vous qui part. Il était

brillant, intelligent, cultivé. Ce n'était pas

un simple homme de télé, il avait autre

chose."

147

Max Guazzini : "Il restera des livres, des

chansons, des souvenirs et des passions".

Didier Barbelivien : "C'est un hommage

mérité à quelqu'un qui, en dehors de la vie

publique était un ami précieux dans la vie."

148

Jean-Luc Lahaye : "Pascal, c'était aussi

des éclats de rire. La tête sur le billot, il

aurait défendu un ami. Pascal était un

grand auteur, un magnifique écrivain avec

une pointe de cynisme et un humour qui me

faisait mourir de rire."

149

Rika Zaraï : "Pascal était celui qui a

défendu la chanson française quand c'était

ringard de le faire. Il était parfois un peu

dur et je lui disais "doucement les basses"

mais il avait un cœur en or."

Bertrand Delanoë, accompagné d'Alain

Delon devant une caméra de France 2 :

150

"C'est l'histoire d'une fraternité avec

Pascal. Alain, comme moi, avions eu des

petits mots de lui ces derniers mois où il

souffrait, où il ne voulait pas voir ses amis

les plus chers, où il manifestait sa

tendresse. On va le garder dans notre

affection."

Alain Delon : "Je l'admirais beaucoup.

J'aimais beaucoup sa façon d'être. Il avait

151

beaucoup souffert à cause de France 2 et

il en est mort peut-être un peu aussi".

Bertrand Delanoë : "Je crois que France

Télévisions et notamment son président

ont été proches de Pascal. Ils le

manifestent maintenant. Pascal savait que

France Télévisions serait très présent".

152

Alain Delon s'en est violemment pris à

France 2 lorsqu'un journaliste de la chaîne

l'a interrogé à l'occasion de l'hommage à

Pascal Sevran.

Notre confrère de France 2 ne devait

certainement pas s'attendre à ça lorsqu'il

a tendu son micro à Alain Delon à

l'occasion de l'hommage à Pascal Sevran

ce matin.

Présent à la cérémonie aux côtés du maire

de Paris Bertrand Delanoë, Alain Delon n'a

pas mâché ses mots : "C'est quelqu'un qui

souffrait beaucoup. Et comme vous savez,

153

je suis quelqu'un qui ne mâche pas ses

mots. Il a aussi souffert à cause de votre

antenne et il en est en mort peut-être

aussi, ça je voulais le dire, vous avez bien

fait de me présenter le micro."

Bertrand Delanoë visiblement gêné, a

tenté de tempérer l'acteur : "Quand

même, pour avoir parlé avec Pascal ces

derniers mois, il a sa famille de la

télévision. Bien sûr, des gens n'ont pas été

sympas avec lui mais je crois que France

Télévisions et son président ont été

proches et le manifestent maintenant (...)

154

Pascal savait que France Télévisions serait

présente."

"Il n'est plus là pour le savoir"

l'interrompt Alain Delon.

Finalement, c'est Sophie Davant qui aura

le dernier mot en reprenant l'antenne :

"On ne va peut-être pas commenter ceci.

C'est vrai qu'il y a eu des épisodes

douloureux pour Pascal Sevran, on partage

l'émotion d'Alain Delon."

155

« J’étais bouleversé et peiné par cette

polémique » a déclaré Pascal Sevran au

journaliste Jean-Marc Morandini, vendredi

matin, sur la radio Europe 1. C’était la

première fois depuis un mois que le

présentateur de France 2 s’expliquait

publiquement sur la vive réaction suscitée

par les propos tirés de son ouvrage Le

privilège des Jonquilles, paru en 2006.

Pascal Sevran, condamnant les forts taux

de natalité en Afrique et en particulier au

Niger, y écrivait : « Les coupables sont

facilement identifiables, ils signent leurs

156

crimes en copulant à tout-va. La mort est

au bout de leur bite, ils peuvent continuer

parce que ça les amuse, personne n’osera

leur reprocher cela, qui est aussi un crime

contre l’humanité : faire des enfants, le

seul crime contre l’humanité impuni. » Ces

propos étaient restés inaperçus près d’un

an. C’est une interview du présentateur de

Chanter la vie, parue le 6 décembre dans

Var-Matin, qui avait lancé la polémique.

Ce matin, au micro d’Europe 1, Pascal

Sevran a déclaré : « Je ne suis pas raciste.

Malgré cette affaire, les gens de couleur

157

me sourient et m’embrassent toujours

comme avant dans la rue, de plus, je n’ai

pas de problèmes avec eux ». Pascal

Sevran a affirmé s’être fermé sur lui-

même, choqué par l’ampleur démesurée que

prenait l’affaire : « j’ai très peu parlé. Je

n’ai pas lu un article. J’ai attendu que cela

passe. J’ai vécu cette affaire avec calme

et gravité. Mitterrand m’a appris à gérer

les crises ». Pour lui, ses propos ne

méritaient pas un tel déchaînement de

passion, alors qu’ailleurs dans le monde se

déroulaient des faits bien plus graves : «

158

lors des faits, a-t-il affirmé, je pense que

le Darfour était un sujet plus important ».

Il a tenu à confirmer qu’il ne s’excusait pas

et ne retirait pas un mot de ce qu’il avait

écrit dans son livre car, selon lui, il ne

stigmatisait pas l’Afrique.

Pascal Sevran a dit avoir pu faire face a

cette affaire grâce au soutien des ses

amis qui ne l’ont « pas lâché ». Une marque

159

d’amitié qui l’a énormément touché.

Evoquant Jack Lang, Bertrand Delanoé et

Nicolas Sarkozy, trois hommes politiques

qui l’ont soutenu, il a parlé de « dignité

absolue ». Il a précisé que « Nicolas

Sarkozy a été un soutien, je l’ai vu tout de

suite et nous avons parlé amicalement et

fraternellement ».

160

D’autres personnalités, engagées à gauche,

lui ont témoigné leur soutien dans une

lettre, publiée le 11 janvier dans le journal

Libération, affirmant qu’il n’était pas

raciste. Ils y mettent en avant l’origine de

sa mère, qui est espagnole, et son

homosexualité qui est, de leur point de

vue, facteur de tolérance. Parmi ces

personnes, citons : Roger Hanin, France

Gall, Frédéric Mitterrand et Philippe

Besson... Cependant, certains de ses amis,

comme Marc Olivier Fogiel, lui ont tourné

le dos.

161

Parmi les auditeurs qui sont intervenus

dans l’émission, certains ont pris le parti

du présentateur de France 2 en mettant

en avant la liberté d’opinion. Mais d’autres,

comme l’animateur guadeloupéen Claudie

Siar (Radio France Internationale), ont

affirmé qu’ils considèrent les propos de

Pascal Sevran comme infamants.« Vous

parlez de gens qui vivent dans une

extrême pauvreté qui est, en partie,

engendrée par la France », lui a déclaré

l’animateur. Il a assuré au présentateur de

France 2 que la communauté noire est très

162

mobilisée et que ses propos, « insultants

et racistes », sont à ses yeux un crime

contre l’humanité. « Vous voulez que les

noirs soient stérilisés juste parce qu’ils

sont les plus pauvres et les moins

nombreux. C’est comme si vous disiez qu’il

fallait stériliser toutes les personnes

pauvres de France », a-t-il ajouté.

163

A cette intervention, Pascal Sevran a

rétorqué qu’il connaissait bien Claudie

Siar, « un homme très sympathique », et

qu’il respectait toutes les opinions. En

conclusion à cette émission, Pascal Sevran

a dit avoir « besoin de rassurer la

population concernée ». Il a le projet de

faire un reportage en Afrique, en

personne, ou du moins de le financer.

164

Saint-Pardoux-Morterolles est une

commune française, située dans le

département de la Creuse et la région

Limousin.

Saint-Pardoux-Morterolles partie de la

Communauté de Communes Bourganeuf-

Royère. Celle-ci regroupe 20 communes :

165

Auriat,Bosmoreau-les-Mines, Bourganeuf,

Faux-Mazuras, Le Monteil-au-Vicomte,

Mansat-la-Courrière, Masbaraud-

Mérignat, Montboucher, Royère-de-

Vassivière, Saint-Amand-Jartoudeix,

Saint-Dizier-Leyrenne, Saint-Martin-

Château, Saint-Martin-Sainte-Catherine,

Saint-Moreil, Saint-Junien-la-Bregère,

Saint-Pardoux-Morterolles, Saint-Pierre-

Bellevue, Saint-Pierre-Chérignat, Saint-

Priest-Palus et Soubrebost.

166

Les objectifs de la politique

intercommunale sont : développement

économique, amélioration de l’habitat,

préservation du patrimoine naturel et mise

en valeur de l’héritage culturel, maintien

et accueil des populations et des activités

économiques.

167

La communauté de communes de

Bourganeuf et de Royère-de-Vassivière

envisage de restaurer les sites de la

Martinèche, à Soubrebost, où Martin

Nadaud a vu le jour et s’est éteint. Il est

proposé de créer un espace de mémoire,

de visites et d’animation autour de Martin

168

Nadaud. À cet effet, une souscription

publique est proposée.

169

Viva la vie et viva la vie qui va

Et viva la vie qu'on vit

Viva l'amour avec toi

Prenons la vie, là,

Comme un coeur qui bat, dans nos bras

Même si on te trouve un peu fou

Tu ne te fous pas de tout

Tu as les chagrins et les danses

Des petits bonheurs de vacances

On n'a pas vingt ans tout le temps

170

Il faut aller de l'avant

Il faut chercher l'aventure

S'évader à toute allure

Viva la vie et viva la vie qui va

Et viva la vie qu'on vit

Viva l'amour avec toi

La vie vaut le coup

Le monde est à nous

On y va

Viva la vie et viva la vie qui va

Il faut la chanter aussi

Même quand elle ne chante pas

Tout s'arrangera

171

Ne renonce pas, tends les bras

Oui, tends les bras

Même si on te trouve un peu fou

Tu ne te fous pas de tout

Tu as les chagrins et les danses

Des petits bonheurs de vacances

On n'a pas vingt ans tout le temps

Il faut aller de l'avant

Il faut chercher l'aventure

S'évader à toute allure

Viva la vie et viva la vie qui va

Il faut la chanter aussi

Même quand elle ne sourit pas

172

Tout s'arrangera

Ne renonce pas, tends les bras

Oui, tends les bras

Viva la vie et viva la vie qui va

Il faut la danser aussi

Même quand elle ne danse pas

Vas-y, c'est à toi

L'amour n'attend pas, tends les bras

Viva la vie et viva la vie qui va

Et viva la vie qu'on vit

Viva l'amour avec toi

La vie vaut le coup

Le monde est à nous

173

On y va

Viva la vie et viva la vie qui va

Il faut la danser aussi

Même quand elle ne danse pas

Vas-y, c'est à toi

L'amour n'attend pas, tends les bras

Viva la vie !

174

La nostalgie, c'est tout petit

Ca revient de loin

Du temps d'avant, de nos quinze ans

Le temps d'un chagrin

Les jours de pluie qu'on a choisis

C'est joli aussi

Mais il ne faut jamais pleurer

Sous un ciel de mai

Il faut donner la chance aux chansons

Et faire tourner les accordéons

Le bonheur il est là, entre jazz et java

Dans les yeux des amoureux qui dansent

Il faut chanter la vie comme elle va

175

A tout coeur, tous en choeur, à tout va

Le bonheur il est là, entre nous, et voilà

Il suffit de s'aimer pour ça

Même à Capri, rien n'est fini

Quand on s'aime bien

Pour un refrain qui nous revient

C'est joli, la vie

A nos amours, à nos amis

On dira merci

Car il ne faut jamais partir

Sans dire où l'on est

Le bonheur il est là, entre jazz et java

Dans les yeux des amoureux qui dansent

176

Le bonheur il est là, entre jazz et java

Il suffit de chanter pour ça

Le bonheur il est là, entre nous, et voilà

Il suffit de chanter pour ça

On faisait des surprise party

Tous les jeudis après-midi

C'était bien, le temps des copains

177

Sur le juke-box américain

On avait des Vélosolex

Et puis des billes en Duralex

On avait quinze ans et surtout,

Avec les filles, un succès fou

La vie, c'est comme ça

Un jour elle chante et l'autre pas

On rit aux éclats

Et l'on croit que ça durera

On faisait des surprise party

Tous les jeudis après-midi

Quand on dansait sur "Only you"

La Nouvelle Vague, c'était nous

178

On aimait Richard Anthony

Qu'avait déjà un peu maigri

Nos mères préféraient Mariano

Elles disaient qu'il était très beau

Que reste-t-il de nos guitares,

De nos amours entre deux gares ?

Que reste-t-il de nos quinze ans ?

Une photo en noir et blanc

On faisait des surprise party

Tous les jeudis après-midi

On a bien fait d'en profiter

De nos petits baisers volés

On a bien fait d'en profiter

179

De nos petits baisers volés

Que reste-t-il de nos guitares,

De nos amours entre deux gares ?

Que reste-t-il de nos quinze ans ?

Une photo en noir et blanc

On faisait des surprise party

Tous les jeudis après-midi

On a bien fait d'en profiter

De nos petits baisers volés

On a bien fait d'en profiter

De nos petits baisers volés

180

Il venait d'avoir 18 ans

Il était beau comme un enfant

Fort comme un homme

C'était l'été évidemment

Et j'ai compté en le voyant

Mes nuits d'automne

J'ai mis de l'ordre à mes cheveux

Un peu plus de noir sur mes yeux

181

Ça l'a fait rire

Quand il s'est approché de moi

J'aurais donné n'importe quoi

Pour le séduire

Il venait d'avoir 18 ans

C'était le plus bel argument

De sa victoire

Il ne m'a pas parlé d'amour

Il pensait que les mots d'amour

Sont dérisoires

Il m'a dit: "j'ai envie de toi"

Il avait vu au cinéma

Le blé en herbes

182

Au creux d'un lit improvisé

J'ai découvert émerveillée

Un ciel superbe

Il venait d'avoir 18 ans

Ça le rendait presqu' insolent

De certitude

Et pendant qu'il se rhabillait

Déjà vaincue, je retrouvais

Ma solitude

J'aurais voulu le retenir

Pourtant je l'ai laissé partir

Sans faire un geste

Il m'a dit "c'était pas si mal"

183

Avec la candeur infernale

De sa jeunesse

J'ai mis de l'ordre à mes cheveux

Un peu plus de noir sur mes yeux

Par habitude

J'avais oublié simplement

Que j'avais deux fois 18 ans.

184

"Les maux éternels, l'aigreur de l'envie, la

démence de la jalousie, l'ennui, la maladie,

la mort des autres, le prochain

insupportable, l'aveuglement du coeur,

l'impossiblité de goûter vraiment ce que

l'on possède, l'amertume d'être un

homme, rien ne pourra nous guérir, on

185

retrouvera tout cela quand on aura

retourné dix fois la société et au bout de

toutes les révolutions."

Si d'aventure, au-delà d'un âge

raisonnable, j'avais poursuivi un idéal

politique, la lecture de Chardonne m'en

aurait dissuadé. Il a toujours si clairement

raison qu'on s'en veut d'avoir été si bête à

vingt ans.

Sans François Mitterrand, qui nous

recommande sa fréquentation, nous en

serions encore à défiler sous des

186

banderolles : "Changez la vie", mot d'ordre

d'une niaiserie sans bornes proposé aux

foules ébahies par lui-même qui n'en eut

jamais la moindre intention sans quoi nous

aurions pas voté pour lui.

Que n'a-t-il rendu obligatoire l'étude de

Chardonne en classe de français et de

philosophie ?

Jacques Chardonne, de son vrai nom

Jacques Boutelleau, né à Barbezieux le 2

janvier 1884 et mort à La Frette-sur-

Seine le 29 mai 1968, est un écrivain

français.

187

Il fait partie du Groupe de Barbezieux

avec Geneviève Fauconnier, Henri

Fauconnier, Maurice Delamain, Jacques

Delamain, Germaine Boutelleau sans que ce

groupe « géographique » partage les

mêmes vues.

Considéré comme un auteur de droite, il

est avec Paul Morand un des pères

spirituels de ceux qu'on a appelés « Les

Hussards », les écrivains Roger Nimier,

Jacques Laurent, Antoine Blondin et

Michel Déon.

Son père, Georges Boutelleau, issu d'une

188

famille de négociants de cognac, était lui-

même écrivain. Poète amateur, il fut

encouragé par François Coppée et par le

célèbre écrivain rochefortais Julien Viaud,

dit Pierre Loti, qu'il reçut dans sa grande

maison patricienne de Barbezieux.

Le fils se souviendra plus tard être allé

enfant avec son père chercher le célèbre

écrivain venu pour une réception, à la gare

de Barbezieux, et en dira plus tard qu'« il

n'était à l'aise ni dans la vie, ni dans la

gloire. »

Georges dira un jour à son fils : « La

189

littérature, ce n'est pas un métier, c'est

un secret », que pourrait illustrer la vie

d'écrivain de Julien Gracq.

Sa mère, quaker d'ascendance américaine,

appartenait à la célèbre « tribu

porcelainière » des Haviland de Limoges.

« Enfant j'aimais Jaurès, et je lisais ce

qu'il écrivait. Vers 1910, je l'ai connu et

l'ai vu souvent jusqu'à sa mort [...] il a

prophétisé des sombres choses qui n'ont

pas manqué d'arriver. Ces idées m'ont

marqué à jamais. »

Après avoir été le secrétaire de l'éditeur

190

Pierre-Victor Stock en 1921, il rachète

cette prestigieuse maison en association

avec son ami Maurice Delamain et devint le

codirecteur de la « Librairie Stock,

Delamain et Boutelleau », devenue plus

tard propriété du groupe Gallimard.

En apparence, il se tient à l'écart de la

politique. En privé, il cultive un certain

conservatisme et se montre même ouvert

aux idées monarchistes : « ll faut dire au

comte de Paris qu'un éloge royal est, entre

tous, délicieux. Viendrait-il du diable,

l'éloge serait encore bon. S'il veut me

191

séduire tout à fait, il doit exterminer son

aile gauche, cette bande de jeunes

chenapans bolcheviks-royalistes :

Brasillach, Thierry Maulnier, Claude Roy ;

et même les vieux : Gaxotte, Varillon »

Il écrit aux premiers jours de

l'Occupation : « Ici occupation correcte,

douce, très douce. Mais j'espère que nous

souffrirons. J'accepte tout du fond du

coeur. Je sens le bienfait de l'“épreuve”,

la toute-puissance de l'évènement. Une

immense folie est dissipée [...] j'ai

l'horreur de ce que nous étions. Je ne

192

déteste pas l'Allemand mais le Français

d'hier, moi, l'Anglais (l'Anglais surtout qui

me devient odieux, avec son Churchill

dément), frivole et vantard. La censure

elle-même me sera bonne. Nous ne voulons

pas être nazis, et personne, je crois,

n'attend cela de nous. Mais je peux

comprendre leur leçon. Derrière cette

force matérielle, il y a des forces morales

très grandes. La débâcle anglo-française

est une débâcle morale. »

Culturellement germanophile, il répond à

l'invitation de Joseph Goebbels, ministre

193

de la Propagande du Reich, en octobre

1941, avec sept autres écrivains français,

tels Pierre Drieu La Rochelle, Marcel

Jouhandeau et Robert Brasillach, et

séjourne en Allemagne pour le Congrès des

écrivains européens de Weimar, dont il

revient enthousiasmé, voire pro-hitlérien.

On le voit également ardent pétainiste : «

Il n'y pas de “pauvre” gouvernement de

Vichy. Il n'y a que des pauvres français.

Pétain est le seul grand. Je le trouve

sublime. Il est toute la France. Je vomis

les juifs, Benda, et les Anglais - et la

194

Révolution française. C'est une grande

date que 1940. Et qui doit beaucoup à

1918. Je suis sûr que vous verrez un jour

dans quelle erreur nous étions.»

En 1942, alors que d'autres déclinent

prudemment une nouvelle invitation, il

accepte de présider un second voyage

outre-Rhin, toujours avec Pierre Drieu La

Rochelle. Il écrit alors Chronique privée de

l'an 40 (1940) — dont il regrettera la

parution — et dans diverses revues nazies,

comme Deutschland Frankreich.

Son fils unique Gérard (Paris, 27 mai 1911

195

- 2 novembre 1962), également romancier,

est déporté en mars 1943 au camp

d'Oranienburg-Sachsenhausen et libéré

grâce à l'intervention du lieutenant

Gerhard Heller. Son père dira de cet

épisode : « [Il] est resté 6 mois à

Oranienburg [...] Ce n'était pas rose. Mais

ils sont revenus, je dois le dire, avec fort

bonne mine6. » En 1944 Gérard Boutelleau

deviendra rédacteur en chef de

l'hebdomadaire Carrefour, créé par une

équipe proche des démocrates-chrétiens,

puis vers 1950 orienté plus à droite, pour

196

cesser de paraître en 1977 ; à ce titre, il

sera en relation avec l'écrivain Jean

Paulhan, qui correspondit avec son père de

1928 à 1962.

À propos de la Collaboration, il dira plus

tard : « Vous avez lu “La Paix” de Jünger,

j'espère. c'est là ce que j'ai toujours cru,

ma “politique” et mes “alliés” seulement

j'ai mal choisi mon moment pour le dire. »

Le sculpteur allemand Arno Breker, venu

exposer ses œuvres à Paris en 1942, dit

de lui qu'il « fut toujours ouvert à l'esprit

allemand » et qu'il eut le courage « de

197

voir, derrière le soldat qui entrait à Paris,

le partenaire de demain ».

À la Libération, il craint d'être fusillé à

cause de son engagement vichyste.

Arrêté à Jarnac, comme son éditeur

Bernard Grasset, qui est jugé par le

Conseil national des écrivains (CNE),

commission d'épuration de l'édition, et le

suspend en 1946 de sa profession pour

entente avec l'occupant, il est conduit le

12 septembre 1944 à la prison de Cognac,

où il reste pendant quelques semaines et

côtoie quelques notables compromis dans

198

la Collaboration, avant d'être placé en

résidence surveillée.

Ses livres sont interdits de vente et de

fabrication, mais il bénéficie en mai 1946

d'un non-lieu à la suite des déclarations de

son fils et de Paulhan. Il écrira à ce sujet :

« Le tribunal de Versailles, pendant deux

ans, a examiné mon cas. Il était présidé

par un communiste et le juge d'instruction

était un juif. Ils ont jugé qu'il n'y avait

rien à retenir contre moi ; et je crois bien

avoir été le seul (dans ces circonstances)

qui a été proclamé sans reproche. »

199

Il prend ses distances vis-à-vis de la

politique : « Les “gens de gauche”

reprennent pour leur compte le jeu des

gens de droite. La patrie n'a jamais servi

qu'aux passions et aux intérêts privés. Elle

est toujours trahie. » Il exprime aussi

quelques regrets au sujet de la

Collaboration : « Je me suis rapproché du

Rhin, que je ne traverserai plus jamais.

Au-delà se passent des choses qui me

soulèvent le cœur. »

Très proche de Paul Morand, avec qui il

entretient une longue correspondance, il

200

parraine avec lui une nouvelle génération

d'écrivains qu'on appellera les Hussards.

Chardonne correspond notamment avec

Roger Nimier, qui fait figure de chef de

file du mouvement, et collabore à la revue

de La Table ronde, où se retrouvent des

écrivains de droite appartenant à

l'ancienne comme à la nouvelle génération.

Bien que vivant retiré, il accepte de

prononcer, le 30 juin 1956, un discours

pour la distribution des Prix du collège de

Barbezieux.

Il poursuit son activité d'écrivain tout en

201

afffectant de mépriser les honneurs : «

Je continue d'écrire. Je refuse

l'Académie. Et on me couvre de fleurs,

comme une tombe. »

En 1966, après l'envoi d'un livre au

Président de la République, Charles de

Gaulle, celui-ci, « remettant la politique à

sa juste place » selon Ginette Guitard-

Auviste, le remercie ainsi dans une lettre

du 9 avril : "Cher maître, vos Propos

comme ça m'enchantent. J'admire

l'ampleur et la désinvolture de votre

pensée. Je goûte votre style pur et sans

202

accessoire", dont Chardonne est ému et

assez fier pour la montrer à son

entourage.

Cependant, le chef de l'État reste pour lui

une « cible » de choix dans la longue

correspondance —inédite, mais consultable

depuis 2000 à la bibliothèque de

Lausanne— qu'il entretient avec Paul

Morand de 1952 à 1968, « tout en se

montrant (plus) vulnérable aux côtés

monarchistes et droitiers du grand homme

», et où, face à l'antisémitisme de Morand,

« il joue, selon François Dufay, les

203

philosémites avec des arguments sentant

leur antisémitisme, vantant Léon Blum,

Raymond Aron, tout en pestant contre les

métèques qui envahissent sa banlieue.»

Mais Ginette Guitard-Auviste ne trouve

pas trace en Chardonne de « racisme

d'aucune sorte, ni racial [sic] ni social ».

Refusant les honneurs post mortem, il fait

part à ses proches de ses dispositions

testamentaires : « pas de rue, pas de

plaque».

204

"Je préfère le cynisme à la fourberie et

ce fut toujours pour moi un malin plaisir de

scandaliser les hypocrites.

J'ai toujours pensé que la pire des

escroqueries c'est de paraître bon quand

on est méchant, de même que rien n'est

plus rassurant et consolant que de valoir

mieux que sa réputation."

205

Marcel Henri Jouhandeau, né à Guéret

(Creuse) le 26 juillet 1888 et mort à Rueil-

Malmaison (Hauts-de-Seine) le 7 avril

1979, est un écrivain français, connu

également sous son pseudonyme Marcel

Jouand.

Né dans une famille commerçante de

Guéret, il grandit dans un monde de

femmes, notamment sa grand-mère.

Marcel Jouhandeau se tourne, dès ses

jeunes années – sous l'influence d'une

jeune femme sortie du Carmel de Limoges

– vers un catholicisme mystique et outré

206

et il envisage dans un premier temps

d'entrer dans les ordres. Il part pour

Paris en 1908 et étudie au Lycée Henri-IV,

puis à la faculté des lettres de l'université

de Paris, où il commence à écrire. Il

devient professeur au collège privé Saint-

Jean de Passy à partir de 1912.

Il éprouve très jeune ses premiers émois

homosexuels qui sont vécus dans une

culpabilité extrême, dans l'outrage à Dieu.

Pour autant, ce sentiment de honte ne

l'empêche pas de se livrer à de nombreux

« passages à l'acte » et toute sa vie

207

oscillera entre la célébration du corps

masculin et le vécu mortifère de la

sexualité au point qu'en 1914, dans un élan

mystique, Marcel Jouhandeau brûle ses

manuscrits et tente de se suicider. La

crise passée, il se remet progressivement

à l'écriture par le truchement de

chroniques villageoises qui sont l'occasion

de premiers succès.

Durant la Première Guerre mondiale, il est,

dans un premier temps, réformé, avant

d'être affecté à l'arrière comme

secrétaire à Guéret. Il publie en 1924 Les

208

Pincengrain, une chronique à peine

déguisée des habitants de Guéret, ce qui a

choqué les natifs de la ville. Les voyages

sont pour lui l'occasion de se livrer aux

amours masculines narrées dans l'Amateur

d'imprudences. Il se marie, à quarante

ans, le 4 juin 1929 à Paris, 16, avec une

danseuse, Élisabeth Toulemont, dite

Caryathis « Elyse », ex-maîtresse de

Charles Dullin et familière de Jean

Cocteau et de Max Jacob. Elle espère le

débarrasser de ses penchants. Durant

cette période, il entame une œuvre de

209

moraliste chrétien (De l'abjection) avant

de retomber dans les bras d'hommes – au

grand dam de son épouse – épisodes narrés

dans Chronique d'une passion et Eloge de

la volupté. Ils adoptent néanmoins une

jeune fille, Céline, qui accouche d'un petit

Marc. En 1971, à la mort d'Élise, Marcel

Jouhandeau finit ses jours auprès de ce

dernier.

En 1938 il écrit un pamphlet antisémite

sans équivoque Le Péril Juif. Pendant la

Seconde Guerre mondiale, il voyage à

Weimar, en 1941, sur l'invitation de

210

Goebbels. Des journaux

collaborationnistes citent pendant

l'Occupation des extraits de ce pamphlet

pour accréditer leurs thèses raciales et

accabler les Juifs. Il semblerait que

Jouhandeau ait tenté de faire disparaitre

ce livre sans en regretter une ligne même

après la Guerre.

L'une des phrases les plus célèbres de

Jouhandeau reste son apostrophe aux

étudiants durant les événements de mai

68 : « Rentrez chez vous, dans dix ans,

vous serez tous notaires ».

211

Entrée d'artistes est un télé-crochet

présenté par Pascal Sevran et diffusé sur

France 2.

Deux saisons ont eu lieu. La première

édition en 2004 vit la victoire d'Allan

Vermeer. En 2005, la gagnante de la

deuxième saison est Marie Louva.

Deux compilations ont été enregistrées

avec les participants (un CD par saison).

212

Allan Vermeer, de son vrai nom Allan

Thiebault, est un auteur-compositeur-

interprète et romancier français, né le 17

décembre 1986 dans la Somme (Picardie).

Allan Vermeer est le vainqueur de

l'émission "Entrée d'artistes" diffusée

sur France 2, de février à juin 2004. Il y

est surtout remarqué pour son

interprétation de "Pour ne pas vivre seul"

de Dalida et de "Chez Laurette" qu'il

213

chante en duo avec Michel Delpech. Il

remporte le concours le 24 juin 2004, à 17

ans. Jusqu'à la fin de l'année, il tournera

au travers de la France avec Michal (Star

Academy 2004), Nicolas Vitiello (Pop Star

2002) et Yoan Sover (Présentateur de

télévision - KD2A) tout en se produisant

régulièrement en premières parties

d'artistes comme Roger Pierre ou Michèle

Torr à l'Olympia.

Après presque un an de préparation, son

premier album Je vous ai attendue sort

enfin, le 24 juin 2005. Celui-ci sera

214

enregistré aux studios Harry Son, à Pantin

(93) et composé de neuf titres originaux +

trois reprises. Il débute alors une tournée

solo à grand succès, qui sortira en DVD

("Tout partager") mais plus d'un an plus

tard. Il assurera la promotion de son

album et des deux autres sur lesquels il

fait une apparition ("Entrée d'artistes 1"

et "Entrée d'artistes 2") sur les plus

grands plateaux télévisés comme

"Vivement Dimanche", "The Symphonic

Show", "On a tout essayé", "Tout le monde

en parle", etc. Il enregistrera des

215

génériques télévisés et de dessins animés

("Plusters").

En décembre 2008, après un an de piano

bar et de cabarets Parisiens, il publie son

premier roman aux Editions Palmarès, les

aventures d'un jeune garçon qui gagne

Paris pour vivre de son art et où les

coïncidences s'enchaînent malgré les

précautions que prend l'auteur à répéter

qu'il ne s'agit que de fiction.

Début 2009, accompagné de Bertrand

Ravalard, il commence une tournée en

piano voix où il évoque ses années

216

"cabaret" dans un spectacle intimiste

encensé par la presse : "Vermeer et moi".

Celui-ci devrait également sortir en DVD

et double CD. Son deuxième roman est en

cours de préparation.

217

Marie Louva, découverte dans l'émission

de Pascal Sevran, et lauréate du concours

"Entrée d'Artistes" 2005, vient de sortir

son premier single : “Porque". Il est

disponible sur tous les principaux sites de

téléchargement légaux et dans les bacs

des magasins Super U de Besançon et

Saint Vit, Forum et Arènes Music.

La jeune étudiante, qui a obtenu son bac S

dans un lycée bisontin, a déjà chanté avec

Yves Duteil, Frédéric François, Jean-Luc

Lahaye ou encore Lynda Lemay

218

Premier single "PORQUE"

(Juillet 2007)

Duo "J'AI ENCORE REVE D'ELLE" sur

album

" Chansons que j'aime "

De Jean-Luc Lahaye

(Février 2008)

219

Paris. Tout avait commencé il y a deux ans,

avec la publication de La vie sans lui, un

livre bouleversant dans lequel Pascal

Sevran racontait sur le mode du journal

intime la disparition de Stéphane, l'amour

de sa vie. Pas moins de 200.000

exemplaires se sont vendus en quelques

mois. Au point d'inciter l'animateur à

continuer dans cette voie. Après Des

lendemains de fêtes l'année dernière, il

vient ainsi de sortir le troisième tome de

son journal intime, On dirait qu'il va

neiger, où il retrace, au jour le jour, son

220

année 2001, dévoilant une nouvelle fois un

versant de sa personnalité occulté à la

télé.

Coucher vos états d'âme sur papier,

c'est devenu indispensable pour vous, un

peu comme une thérapie?

Tous les gens qui écrivent règlent une

névrose personnelle. Il y a aussi cette

rencontre inimaginable entre mes mots et

l'émotion des lecteurs.´

221

Comment expliquez-vous cette

rencontre?

Tout le monde se cherche un peu dans les

livres. Des lecteurs se sont retrouvés dans

les miens. C'est un peu le miracle de la

littérature.´

Grâce à vos livres, vous n'êtes

désormais plus perçu uniquement comme

l'animateur de La chance aux

chansons...

C'est vrai. Cette question est maintenant

réglée. C'est très émouvant pour moi de

222

voir qu'on peut me regarder autrement

que comme un homme public qui fait du

divertissement à la télévision, mais aussi

comme quelqu'un qui a peut-être deux ou

trois mots à dire et à écrire sur la vie,

l'amour, la mort.´

Trois ans après sa disparition, Stéphane

est toujours omniprésent...

C'est dans le silence qu'on retrouve les

gens qui nous ont quittés. La solitude ne

me fait pas peur puisqu'il l'habite.´

223

Vous jetez aussi un regard très amer

sur notre monde. Vous écrivez `tant de

vies médiocres et si peu de suicides ´.

Qui est le vrai Pascal Sevran: celui

joyeux de la télé ou le misanthrope qui

écrit des livres?

C'est difficile à dire. Mes proches

pourraient peut-être mieux en parler. Il

est évident que quand je suis dans

l'écriture, le silence, l'introspection, c'est

très proche de moi. Les mots sont choisis

et pesés au gramme près. J'essaie de ne

pas écrire pour ne rien dire. Disons que je

224

suis 50% moi quand je suis à la télévision

et 100% dans mes livres.´

D'où vous vient cette noirceur?

Il y avait beaucoup des sentiments que

j'exprime dans ce livre que j'avais avant la

disparition de Stéphane. Et puis, sa

disparition a tout aggravé. Mais j'étais

déjà cet homme-là quand il était présent.

Et c'était cet homme-là qu'il aimait.´

Vous parlez beaucoup de votre vie

privée. Vous ne pensez pas que vous

225

allez parfois un peu loin?

Compte tenu de ce que je lis et de ce qui

se publie ailleurs, c'est la Bibliothèque

Rose ce que je raconte. Mme Catherine

Millet ne m'a pas semblé de la plus haute

délicatesse!´

Vous écrivez qu'ado, vous vous laissiez

`caresser un peu par le forain en

échange de tickets gratuits´. Et de

conclure: `Pourquoi faire tant

d'histoires quand les enfants s'amusent

avec des plus grands qu'eux?´

226

C'est très ambigu comme propos...

Attendez, j'écris aussi Que l'on pende

haut et court ceux qui les torturent et les

violent, leurs parents bien souvent. C'est

très clair!´

Vous ne craignez pas de choquer?

Mais je me fous de ce qu'on dit. Je n'ai

peur de rien. Je suis un homme libre,

j'écris ce que je veux!´

Vous citez une lettre d'une personne

dont le regard sur l'homosexualité a

227

changé grâce à vos livres. C'est votre

plus belle victoire?

C'est certain. Je ne pensais pas que mon

livre pourrait provoquer une telle évolution

des moeurs.´

Quel bilan tirez-vous de cette année ?

La tranche horaire du dimanche midi était

réputée imprenable. Elle fut celle de

Michelle Cotta avec Polémiques, de

François Henri de Virieu avec L'Heure de

vérité, et bien avant eux, de Denise Glaser

qui présentait l'émission Discorama à la

228

même heure. C'était une fierté mais aussi

un vrai défi d'occuper cet horaire à mon

tour. Non seulement l'audience est au

rendez-vous mais l'émission semble

fédérer à cet horaire un public plus large

qu'en semaine à l'époque de La Chance aux

chansons : toute la famille s'y retrouve.

Comment expliquez-vous que vous

continuiez à rencontrer le même succès

qu'auparavant ?

J'ai toujours tenté d'être fidèle à mes

envies et à mes goûts tout en essayant de

229

faire plaisir au public. Lorsque j'ai

commencé à faire de la télévision,

beaucoup trouvaient désuet mon goût pour

les chansons du passé. A travers mes

émissions, j'ai pourtant contribué à les

remettre à la mode et j'ai pu m'apercevoir

qu'au fond les Français aimaient se

retrouver autour de ces airs et de ces

mélodies. Cela était vrai hier, mais cela se

vérifie encore aujourd'hui : en témoigne le

succès rencontré par Patrick Bruel avec sa

reprise des standards de l'entre-deux-

guerres. En plus, j'ai toujours tenu à

230

proposer au public des variétés

différentes en laissant par exemple une

place pour des chanteurs s'adressant à un

public de jeunes : pour ne citer qu'elles,

Hélène Ségara ou encore Lorie ont débuté

chez moi.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de

l'année ?

Je garde bien évidemment en mémoire le

passage de Patrick Bruel. Il est revenu

comme il me l'avait promis lors de la

dernière de La Chance aux chansons. Mais

231

aussi la venue de Linda Lemay, une de mes

plus découvertes à l'époque, ou encore le

passage de Renaud. Mais j'ai aussi à

l'esprit le souvenir de jeunes artistes qui

seront peut-être les talents de demain.

Vous souhaiteriez qu'on se souvienne de

vous comme d'un parolier, d'un écrivain

ou d'un animateur ?

On se rappellera à mon bon souvenir à

travers une ou deux chansons, peut-être

quelques livres et ma carrière à la

télévision. Mais je préfère m'occuper du

232

temps présent et faire de mon mieux pour

partager ma passion, mes engagements et

mes émotions...

La mémoire de Stéphane est toujours

aussi présente dans ce nouveau tome. Vous

écrivez que l'amour ne passe qu'une fois...

«Je crois que c'est vrai. En tout cas, pour

moi, il n'est passé qu'une fois.»

Vous ne pourriez plus aimer quelqu'un

d'autre de la sorte?

«On ne peut jurer de rien. Mais je ne suis

pas disposé à ça.»

233

Sheila affirme à ce propos que vous

refusez l'amour d'où qu'il vienne. Et on

a effectivement l'impression qu'en

cultivant à ce point le souvenir de

Stéphane, vous faites en sorte de ne

pas être disposé à tomber à nouveau

amoureux...

«Ce n'est pas faux. Mais étant donné que

Stéphane a occupé tant de place dans ma

vie et maintenant dans mon oeuvre, je ne

renoncerai pas à lui pour un autre.»

Vous décrivez cependant dans votre livre

234

vos aventures avec d'autres hommes...

«Je m'accorde quand même quelques

divertissements charmants. Comme disait

Jacques Brel, il faut bien que le corps

exulte. Pour le reste, on ne cherche pas

l'amour comme on cueille des champignons

Les descriptions de vos liaisons sont

parfois corsées. Quelles limites vous

imposez-vous?

«Je ne raconte pas tout! J'ai même enlevé

certains éléments pour ne pas trop la

ramener. Mais si je ne parle pas de

235

quelques conquêtes amusantes, ce n'est

plus un journal. On finit par écrire pour ne

rien dire. Je mets donc le sel qui convient

dans ces passages pour donner de la chair

aux choses. Cela étant dit, je pense que ce

livre est plein de pudeur...»

Votre livre est très travaillé au niveau

de l'écriture, chaque mot semble pesé.

Comment procédez-vous?

«De façon naturelle. Je me lève, je prends

mon petit déjeuner et si je ne suis pas pris

par mes activités à la télé, je peux écrire

236

8 heures d'affilée, sans bouger de mon

bureau! Mais il n'y a pas de travail de

réécriture. Je suis dicté par mes

émotions.»

Vous tenez dans votre livre des propos

parfois durs pour les femmes. Dès la

première page, vous regrettez qu'elles

ne tricotent plus! Vous n'êtes pas un peu

misogyne?

«Pas du tout. D'ailleurs, j'écris aussi que

«les femmes comprennent tout, quel

désastre que nos vies sans elles». En

237

revanche, j'aime bien qu'elles ressemblent

à de vraies femmes! Je n'aime pas les

femmes adjudants ou catcheuses. Ma

sévérité est à la mesure de mon exigence

envers elles.»

Le succès de Bruel avec des titres des

années 30 doit vous ravir...

«Bien sûr, c'est une revanche incroyable.

Ça me donne raison. On s'est moqué de

mon goût pour les chansons anciennes. Le

disque de Patrick prouve qu'une bonne

chanson est une bonne chanson, peu

238

importe qu'elle ait 6 mois ou 50 ans!»

Lentement, place de l'église", votre

dernier ouvrage paru chez Albin Michel,

est un journal intime finement ciselé,

cousu dans un humour désopilant, un

cynisme désinvolte et des larmes,

beaucoup de larmes. Écrire, à quoi ça

sert Pascal Sevran ?

Écrire, cela console, mon cher ami ! Je me

fous de la postérité. J'ai écrit des

romans, j'aime rédiger mon journal intime,

et je donne à mes lecteurs ce que je suis,

239

tout simplement. Beaucoup de larmes ?

C'est très juste, mais je ne me morfonds

pas toute la journée non plus ! J'aime la

vie, je sors beaucoup. Je m'amuse encore

follement ! Pourvu que ça dure.

Vous avez dit être trop pessimiste pour

vous suicider. Cela dit, et même si vous

vous foutez bien de la postérité, vous

êtes assez optimiste pour écrire !

(rires) Oui, c'est vrai ! J'aime dire aux

gens ce que je ressens, en espérant être

entendu. C'est peut être présomptueux de

240

ma part. Mais vous avez lu mon livre, et

vous semblez y avoir été sensible. Tout

n'est donc pas perdu.

Stéphane a été l'amour de votre vie.

Une large part de vos écrits lui est

consacrée. Dans son émission, Bernard

Tapie vous affirmait que se souvenir de

l'être aimé, c'est le maintenir en vie.

Ce à quoi vous avez répondu : "Je veux

bien, mais Stéphane ne m'attend plus, à

la sortie de mes spectacles". L'écriture,

cela console, mais cela ne suffit pas ?

241

Encore mon pessimisme ! Moi, je constate.

L'écriture ne pourra jamais me rendre

Stéphane. Elle me permet simplement de

fixer les moments, d'en tirer des leçons,

de donner à voir et à ressentir à travers

mon histoire personnelle, ses joies, ses

douleurs, ses doutes. J'ai vécu dix-huit

ans avec Stéphane ! Sa présence dans mes

livres est à la mesure de ce qu'il a

représenté dans ma vie.

Avec "Il venait d'avoir dix-huit ans",

Dalida vous survivra certainement très

242

longtemps. Cette chanson résume-t-elle

ce que vous voulez laisser derrière vous

?

Extrêmement flatté d'avoir écrit quelque

chose qui, à votre avis, restera dans les

mémoires, longtemps, longtemps après ma

disparition. J'ai été le parolier de Dalida

pendant quelques années.Parmi toutes les

chansons écrites par moi pour elle, "18

ans" a été sacrée par le

public.L'interprétation de Dalida y est

pour beaucoup. Cette chanson l'habillait si

bien.

243

Chanter la vie, Toujours pas de repli

méditatif en vue ?

(rires) Laissez-moi m'amuser, mon cher

ami ! Je suis comme d'Ormesson, moi !

J'aime la chanson, j'aime la vie, j'aime

gouailler sur les plateaux télé, chanter,

danser, faire le zouave ! Cela n'empêche

pas des plages de repli méditatif. Tenez,

demain, je quitte Paris pour Morterolles.

Je m'en vais écrire !

A la Star Academy, ils s'amusent bien

aussi. Qu'en pensez-vous ?

244

C'est vieux comme le monde, leur histoire

! Les radio-crochets quoi ! Ils sont beaux,

ils sont jeunes, ils aiment chanter ! Que

demander de plus ? Star Academy, c'est

sympathique ! Vous savez, moi qui n'aime ni

la violence ni le flou, cette jeunesse là me

convient ! Ils ont l'air contents, c'est

l'essentiel.

Vous allez présenter samedi 29 mars sur

France 2 une émission spéciale en prime

time consacrée à Renaud, avec la

complicité d'Ariane Massenet et

245

intitulée Docteur Renaud, Mister

Renard. Pouvez-vous nous en parler ?

Quand Anne Marcassus m'a proposé cette

idée, j'ai immédiatement accepté. Renaud

est quelqu'un d'une grande qualité

humaine, auquel il faut rendre hommage.

Quant à Ariane, c'est mon genre de

femme ! Nous nous entendons à merveille !

Pascal Sevran, la télévision autorise t-

elle vraiment la nostalgie ?

Cher Joseph, il me semble que non. C'est

d'ailleurs pour cela que j'écris. Poser les

246

mots sur une feuille blanche, c'est

autrement plus fort que passer à

l'antenne. Je cavale, je joue, je feins de

ne pas faire d'effort. Mais l'écriture,

cher Joseph, l'écriture...

Vous dévoilez beaucoup de votre vie

privée. Mais est-ce qu'il y a des choses

que vous ne dites pas ?

«Il y a les secrets inavouables que tout

homme porte en lui ou ce qui relève du

désordre intime. Le parti pris de

l'exhaustivité n'existe pas.»

247

Quelles sont justement les limites de

votre propre pudeur ?

«En fait, dans mes histoires de garçons,

j'ai tendance à retirer certains éléments

non par pudeur, mais plutôt pour qu'on ne

m'accuse pas d'en rajouter ! Il y a des

choses qui dépassent tellement

l'imagination que les écrire paraîtrait

exagéré.»

Comme dans vos précédents livres, vous

lancez des piques qui vont à l'encontre

du politiquement correct. Vous qualifiez

248

soeur Emmanuelle «d'insupportable

cabotine» .

«Il faut du courage pour écrire ça sur

l'une des femmes les plus populaires de

France. Une sainte ne va pas parmi les

gugusses à la télévision tutoyer le diable

et le bon Dieu.»

Les écolos sont également dans votre

collimateur...

«Ce sont des branquignols.»

José Bové vous tape sur les nerfs...

249

«Sa sainteté José Bové commence

vraiment à m'agacer. Il n'est pas au-

dessus des lois.»

Par contre, vous défendez Bardot !

«J'ai plutôt l'habitude de me mettre du

côté des pestiférés. Je ne crie jamais

avec la meute. Bardot a été la plus grande

star du monde, elle a libéré la femme. Elle

dit certes certaines choses avec lesquelles

je ne suis pas d'accord et je l'écris dans

le livre. Mais je ne peux pas supporter

qu'on lui tape dessus à tout bout de

250

champ. Surtout qu'elle n'a pas tort dans

tout ce qu'elle dit. La traiter

d'homophobe alors qu'elle n'est entourée

que de pédés, c'est grotesque ! Et puis,

elle fait plein de choses gentilles dont elle

ne se vante pas. Elle va voir les vieilles

dames dans les hospices.»

Vous avez refusé de devenir chroniqueur

dans 20 h 10 pétantes sur Canal+.

Pourquoi ?

«Parce que je suis fatigué de me voir à la

télé. D'un côté, c'est flatteur. Mais si je

251

devais faire toutes les émissions qui me

sollicitent, je passerais ma vie à la télé.

C'est trop !»

C'est pour ça que vous vous êtes retiré

de l'émission de Fogiel, où vous auriez

dû aussi être chroniqueur ?

«Est-ce que j'ai une tête de chroniqueur ?

Le fait est que je suis l'ami de Marc-

Olivier Fogiel. Il m'avait demandé de venir

le plus souvent possible dans son émission.

Je lui ai dit qu'on verrait. Je suis venu à la

première, comme je l'avais promis. Mais

252

c'est tout. Je ne suis pas libre pour faire

de la télé tous les dimanches. Y compris

avec Marco que j'adore !»

Il ne vous en veut pas pour les allusions

que vous faites à son homosexualité

dans votre livre ?

«Quelles allusions ?»

Lorsqu'il évoque votre goût pour les

livreurs de pizzas, vous écrivez qu'il

vous reproche ce qui s'applique à lui !

C'est assez clair...

253

«C'est vrai, il me prête des fantasmes qui

lui conviendraient parfaitement. Mais un

journaliste du Point lui a demandé ce qu'il

en pensait et il a répondu qu'il était

d'accord avec tout ce qu'il y avait dans le

livre.»

La première chose qu'on a envie de vous

demander, c'est comment va Julien...

«Il est toujours là. Il devrait venir

dimanche à Paris et on devrait ensuite

passer un week-end à Dublin. Mais encore

faut-il qu'il vienne. Comme tous les

254

adolescents, il est insaisissable. Il a des

crises de rires, de larmes, de fous rires.

Il est attachant.»

Vous vous étonnez d'être encore

ensemble après autant de mois...

«Je n'emploie pas le mot ensemble . Cela

implique une notion de couple. Je n'ai

éprouvé cela qu'une fois dans ma vie, avec

Stéphane. Julien, c'est une autre

aventure. J'ai bien réalisé qu'il y avait

quelques années de différence entre lui et

255

moi. Je n'ai pas d'illusions. On est

simplement dans le plaisir, la gaieté, la

gentillesse. Et je lui apporte autant qu'il

m'apporte.»

Vous êtes amoureux ?

«Je n'aime pas utiliser les grands mots.

Mais Julien m'a bouleversé. Il m'a ému.

C'est déjà pas mal...»

Vous décrivez une scène de sexe par

téléphone. Jusqu'où peut-on aller dans

un journal intime?

256

«Je trouve que c'est une belle scène.

C'est la façon de l'écrire qui en fait

l'intérêt. En revanche, il y a des mots

qu'on s'est dits et que je n'ai pas écrits

car j'estime que c'est plus intime qu'une

scène de masturbation.»

Chaque tome de votre journal intime

comporte vos coups de gueule. C'est

devenu une obligation pour faire parler

du livre ?

«Non. Au contraire, j'en enlèverais plutôt.

Mais chaque coup de gueule est la preuve

257

que je suis en vie.»

Dans votre nouvel opus, vous expliquez

que vous n'êtes pas pour le mariage

homosexuel...

«Le mariage ne sert à rien. C'est déjà un

ratage hétérosexuel. Et puis, on a le Pacs.

C'est la seule chose que Jospin a faite de

bien dans sa vie. Maintenant, si ça plaît à

certains...»

Par contre, vous êtes en faveur de

l'adoption par les couples gay...

258

«Je préfère qu'un enfant soit avec deux

hommes ou deux femmes extrêmement

gentils qu'avec des parents alcooliques ou

incestueux.»

La réélection de Bush semble vous faire

jubiler !

«Bush ne m'est pas spécialement d'une

grande sympathie, mais j'étais enchanté

du ridicule de tous ces Européens qui

annonçaient la victoire de Kerry et qui se

sont fait avoir. Tous ces gens qui

entendent nous expliquer le monde à notre

259

place et qui ont eu droit à un beau pied de

nez de l'Amérique profonde.»

On vous imaginait pourtant plutôt

antiaméricain !

«On veut toujours me caricaturer, parce

que je suis le défenseur de la chanson

française. Je n'apprécie pas tout ce qui

vient d'Amérique. Mais ils nous ont aussi

envoyé de grands artistes. Ce qui m'agace,

c'est que les Européens veulent décider de

tout ce qui se passe.»

Politiquement, vous lancez aussi le

260

scoop: votre ami Jack Lang vous a

confirmé qu'il se présenterait aux

présidentielles de 2007 !

«Il m'a encore appelé avant-hier du Maroc

pour me le répéter. Comme s'il avait

besoin de s'en convaincre lui-même.»

Dans le cas d'une élection entre Jack

Lang et Nicolas Sarkozy, que vous

appréciez aussi, pour qui voterez-vous ?

«Je ferai la campagne électorale de Jack

Lang et je voterai Sarkozy !»

261

Il paraît que de plus en plus de gens

espèrent figurer dans votre livre. C'est

exact ?

«On m'en parle tous les jours. On passe

son temps à me dire que beaucoup de gens

rêvent d'être dans mon livre. Mais je

n'écris quand même pas le bottin mondain !

Il m'arrive de faire des dîners avec des

tas de personnes formidables, mais sur

lesquelles je n'écris rien.»

Dans votre livre précédent, on assistait

à la naissance d'une passion entre vous

262

et Julien, votre nouvel amant. Dans Le

privilège des jonquilles , on découvre

plutôt comment une passion s'éteint...

«Oui. Mais ça ne me surprend pas. Dans

toute passion, la défaite est annoncée. Et

je n'échappe pas à la règle. Je suis

d'ailleurs beaucoup responsable de ce qui

se passe. Je suis insupportable.»

À chaque livre que vous sortez, on a

l'impression que vous rentrez vraiment

dans la vie de vos lecteurs. Ils vous

écrivent...

263

«Dans un journal intime, à l'inverse d'un

roman, on sait qu'on est dans la vraie vie.

Je reçois 500 à 700 lettres par semaine.»

On apprend que vous avez pris des

médicaments contre les Tocs...

«Ils me réussissaient très bien. Ils me

donnaient une euphorie qui n'est pas dans

ma nature. Sauf qu'en même temps,

c'était désastreux pour ma libido. J'ai

arrêté.»

Vous dites que vous avez parfois du mal

264

à vous voir dans une glace...

«Comme tout le monde. Il m'arrive parfois

d'être très content de moi et d'autres

pas du tout. Vous vous trouvez bien tout le

temps?»

La chirurgie esthétique, c'est un pas

que vous ne franchirez jamais?

«Je n'en sais rien. Je suis probablement

beaucoup trop trouillard.»

Vos livres sont aussi remplis de coups de

gueule. Vous avez voté non à la

265

Constitution européenne...

«Un des grands enthousiasmes de ma vie,

c'est d'avoir vu le non l'emporter lors du

référendum. J'ai écrit des pages

formidables là-dessus.»

Vous avez aussi un goût pour la

provocation. Les passages sur les

enfants qui meurent de faim en Afrique,

dont vous accusez les parents de crime

contre l'humanité, sont à la fois très

justes sur le fond, mais aussi très crus

dans l'écriture...

266

«Je n'ai pas l'intention de prendre des

pincettes. J'accuse de crimes contre

l'humanité, quelle que soit leur couleur ou

leur religion, les gens qui font des enfants,

qui ne savent pas les élever et les laissent

ensuite crever. Les adultes peuvent

trouver d'autres jouets que des enfants.

C'est sans doute ce qui me préoccupe le

plus pour le moment. L'irresponsabilité de

ces hommes qui se promènent la bite à la

main et ces femmes qui se laissent faire.»

Suite à votre interview chez vous en

267

janvier, Marc-Olivier Fogiel vous aurait

proposé de tourner un long portrait de

vous...

«Si je veux... Pour l'instant, ce n'est pas à

l'ordre du jour.»

Il paraît que vous avez refusé de vous

retrouver sur le même plateau que Guy

Carlier?

«Je n'ai peur de personne, mais je refuse

désormais d'aller dans des émissions où il

y a un public qui hurle et des gens que je

ne fréquenterais pas dans la vie. Par

268

ailleurs, Guy Carlier m'a téléphoné pour

me dire qu'il avait regretté de ne pas être

là lors de l'interview et il n'arrête pas de

me laisser des messages.»

Samedi dernier, pour la finale de votre

émission Entrée d'artistes , vous avez

réservé une surprise aux candidats avec

la présence d'Alain Delon en fin de

programme...

«C'est lors d'une discussion que je lui ai

proposé de venir. Et il est venu. Ça s'est

décidé la veille. Il est très gentil et il

269

m'aime bien. Il m'a écrit aussi de très

belles lettres lors de la sortie de mes

livres.»

Dans La mélancolie des fanfares, vous

dites "Nous écrivons pour semer le

doute, scandaliser les âmes sensibles.

Devrions-nous affadir les mots pour les

faire avaler aux délicats ?" Vous pensez

toujours la même chose après la

polémique ?

"Je pense tout ce que j'ai écrit. Je n'ai

pas changé. Ce que j'ai écrit reste vrai."

270

Vous avez donc toujours ce goût de la

provocation ?

"Il n'y a pas chez moi de goût de la

provocation. Il y a un goût de la vérité !

Les fesses de Polnareff, c'était de la

provoc. Le billet de 500 francs brûlé par

Gainsbourg aussi. Mais la littérature est là

pour susciter des émotions, des

commentaires, pas pour provoquer."

Mais certains mots peuvent être perçus

comme de la provocation...

"Pour moi, l'incident est clos. Je n'ai plus

271

envie de m'étendre dessus. Personne de

bonne foi n'a pu sérieusement croire que

j'étais raciste. Je ne le suis pas. Tout est

parti d'une interview où on me demandait

de m'expliquer sur un passage du livre. On

peut déformer les propos et pendre

n'importe qui avec une interview. Là, c'est

tombé en pleine campagne électorale."

Vous pensez justement qu'on vous a fait

payer votre soutien à Sarkozy ? Le PS a

été le plus virulent à votre égard...

"C'est évident. Tout ça est sorti 10 jours

272

à peine après que Nicolas Sarkozy m'a fait

monter sur l'estrade à côté de lui.

Heureusement, des gens comme Jack Lang

ou Bertrand Delanoë ont continué de me

soutenir à gauche et ce n'est pas rien."

Ce qui est paradoxal, c'est qu'on a

l'impression en vous lisant que derrière

des mots parfois crus se cache en fait

une véritable indignation face à la

misère humaine. Il y aurait un vrai

malentendu ?

"C'est vrai que je suis bouleversé quand je

273

vois les enfants qui souffrent en Inde, en

Amérique du Sud ou partout ailleurs dans

le monde. La souffrance des femmes et

des enfants, ça me rend fou."

Le titre La mélancolie des fanfares fait

référence à la dépression que vous avez

traversée l'an passé...

"C'est vrai, ce journal a été difficile à

remettre en route. Il y avait un ensemble

de choses, l'impression qu'on va mourir

tous les matins, une lassitude générale.

Mais je me reprenais, heureusement,

274

notamment lorsque j'apparaissais en

public. Et puis, à partir de l'été, j'ai

commencé à me sentir mieux. La Coupe du

Monde m'a beaucoup amusé, j'ai fait une

croisière qui s'est bien passée et j'ai

décrété que j'allais mieux. Tout passe par

le mental."

Parmi les plus beaux passages du livre, il

y a vos soirées avec France Gall. On

découvre que vous avez chacun perdu

l'être qui a le plus compté dans votre

vie : vous Stéphane, elle Michel

275

Berger...

"C'est très curieux ces retrouvailles. On

ne s'était jamais vraiment fréquentés et

je ne l'avais plus vue depuis 30 ans.

Lorsqu'on s'est vus l'an dernier chez

Jacques Attali, elle est pourtant tombée

dans mes bras. Elle avait lu mes livres. Elle

m'a dit : Je sais t out. C'était très

émouvant. Par la suite, lorsqu'on m'a

attaqué à la fin de l'année dernière, elle a

été la première avec Renaud à me

défendre. C'est une fille très forte

malgré les épreuves terribles qu'elle a

276

traversées."

L'été 2007 s'achève, vous paressez

très en forme. On ne peut pas croire

que vous sortiez de l'enfer !

C'est l'été le plus triste de ma vie, le plus

difficile aussi.

Mais je ne veux pas en faire un roman :

j'ai dû affronter ce que des millions de

gens affrontent dans l'anonymat.

Oui j'ai été opéré, et que l¹on ne vienne

pas me demander de quoi ca ne regarde

personne, ça va très bien maintenant,

277

regardez moi a part un problème

mécanique de corde vocale qui se réglera

dans les semaines qui viennent.

Si je parle aujourd'hui c'est pour la

première et pour la dernière fois je ne

veux pas donner prise au voyeurisme de

certains.

C'est avant tout pour remercier le

personnel hospitalier du CHU de Limoges,

des grands professeurs et des infirmières

qui m'ont tenu la main, ça c'est

bouleversant.

Elles le font pour tout le monde, pas

278

spécialement pour moi. J'entretiens des

relations aujourd'hui très fortes, très

fraternelles avec certains d'entre eux.

Vous avez décidé d'affronter l'opération

dans votre Limousin, plutôt que dans un

grand hôpital à Paris.

J'ai tout de suite dit aux professeurs du

CHU de Limoges, « je ne bouge pas.

Je suis très bien avec vous, on va

s'arranger».

Et puis ce qu'on pouvait dire de mon

absence, à Paris, j'en avais rien à faire.

279

Si vous saviez comme j'ai été concentré

sur les 40 km reliant l¹hôpital de ma

maison de Morterolles, avec quelle

concentration, quelle organisation j'ai

essayé de mener tout ça. Quand je vois

sourire mes professeurs, je suis ému.

Qu'est-ce qui a été le plus dur dans ce

combat ?

C'est aujourd'hui, que je m'agace le plus

car je dois attendre et je ne suis pas

patient, que ma corde vocale droite veuille

bien se rapprocher de la gauche.

280

Comme c'est très tendance maintenant

politiquement, ça devrait se faire. Et puis,

cette voix rocailleuse, ça a un côté très

chic, entre Bruel et Mauriac (Rires)

Vous êtes l'un des plus fervents

supporters de Nicolas Sarkozy, vous a-

t-il appelé ?

Il n'a pas cessé de me téléphoner. Le soir

de son élection, il m'a appelé dans ma

chambre à l'hôpital ou j'ai fêté son

élection entouré de jeunes et jolies

infermières.

281

Voilà pourquoi je n'étais pas au Fouquet's.

Il m'a dit «je t'embrasse, ça serait plus

gai si tu étais là. ».

Les mots de Cécilia Sarkozy m'ont

bouleversé, elle m'écrit souvent . Je me

souviens que le 14 janvier porte de

Versailles en descendant du podium,

Nicolas est venu m'embrasser et m'a dit à

l¹oreille " t'as entendu j'ai parlé des

infirmières." Il faut dire que je n'ai pas

cessé de le bassiner pendant toute la

campagne sur ce thème.

Il y a aussi Bertrand (Delanoé), mon frère

282

depuis 30 ans, qui a téléphoné tous les

jours et qui ne m'a pas lâché.

Ils ont tous voulu venir ici, mes amis

Delon, Drucker, Hanin, Jack Lang, Sheila,

France Gall, beaucoup d'autres encore cela

m'a touché, mais je n'ai voulu voir

personne, maintenant je les attends.

Mais il ne faut surtout pas oublier les gens

de ma vie intime ici et puis ... Mon ami

Serge T et ma soeur Jacqueline ou serais-

je aujourd'hui sans eux ... sans elle.

L'année 2007 n'a pas été uniquement

283

marquée par le combat, il y a eu cette

polémique...

Qui m'a affaibli moralement, et contrarié

parce que c'était honteux. Mais je ne veux

plus en parler. Cette histoire là, c'est

trop. J'ai fait face au revers de la

médaille d'un homme public.

Jusqu'à cet été, vous vous sentiez

invulnérable et immortel ?

Pas du tout, on se sent plus mortel et plus

vulnérable, justement. J'ai été pendant

longtemps un homme qui n'était pas public

284

et j'ai été entouré de beaucoup de

gentillesse. Les coups durs ça arrive plus

souvent aux personnes publiques, c'est

comme ça.

Avez-vous souvent songé à Stéphane,

votre grand amour, durant ces dernières

semaines ?

Il est en moi

Votre regard sur la vie et sur la société

s'est-il acéré pendant cette période de

convalescence ?

285

Je ne me suis concentré que sur une chose

: aider les médecins qui m'aidaient. C'était

essentiel pour combattre. Avant

l'opération, je n'avais jamais eu une angine

de ma vie, ni une grippe ni une bronchite.

Ma mère ne se souvient même pas que j'ai

eu la varicelle.

Mais mon regard sur le monde n'a pas

beaucoup changé, je sais les petitesses, je

sais les traîtres et les salopards. Je sais

les gens magnifiques, je sais tout ça, je

n'ai pas appris grand chose. Je n'ai pas

attendu d'avoir ce violent choc sur la tête,

286

pour découvrir le monde.

Vous avez repris l'écriture de votre

journal de bord ?

Personne ne le sait même pas mon éditeur

mais je viens de le reprendre, après huit

mois d'interruption. C'est une bonne

nouvelle pour moi car j'avais perdu toute

envie et inspiration.

Vous ne figurez pas sur les grilles de

rentrée de France Télévisions pour cette

rentrée de septembre. Cette absence a

287

déclenché des tas de réactions, vos

téléspectateurs se demandant si

finalement, on ne vous avait pas mis à la

porte, après la polémique. Vous

reverra-t-on sur ces antennes ?

J'entretiens avec Patrick de Carolis des

relations très amicales. C'est un homme

bien. Il m'a dit « tu seras, je le veux, sur

le service public en janvier ». Il me

propose de revisiter l'Eurovision, on verra,

j'ai déjà donné. Autre piste : des belles

émissions sur France 3 à partir de janvier

de grands portraits pour l'été prochain

288

sur France 2 voilà ce que l'on me propose.

Je vais rentrer à Paris, redonner des

dîners à la maison, préparer mes

émissions.

Votre bilan sur le début de quinquennat

du président de la République ?

Je l'aime et je crois qu'il me le rend. Je

ne peux pas dire le contenu de nos

conversations, ce serait impudent,

impudique. Mais je suis le premier des

mitterrandôlatres historiques à avoir

compris ce que Nicolas allait devenir. Je

289

n'ai pas à faire parler les morts. Mais je

crois que Mitterrand verrait en lui un bel

animal. Je me rappelle ce qu'il disait : «

J'ai été l'homme le plus haï de France, ça

me laisse une chance d'en être un jour le

plus aimé ». Quand on voit ce que disaient

certains de ses ministres avant qu'ils les

nomment, on a envie de se taper le cul par

terre de rire.

La polémique autour de la venue de

Cécilia en Libye vous a touché ?

L'idée que les mirliflores du PS

290

convoquent la femme du président de la

République pour lui demander ce qu'elle

fait est particulièrement grotesque.

Si à chaque fois qu'elle va dîner avec un

chef d'Etat ou faire des courses, elle doit

rendre des comptes à Monsieur Duchemol,

on tombe dans le granguignole. Elle a

assassiné qui exactement ? C'est une

femme magnifique.

Ce qui se passe au PS, vous attriste-t-il

?

Beaucoup sont ridicules, mais il y a des

291

gens très bien comme Malek Boutih ou

Manuel Vals.

Pour moi, il n'ya que Bertrand pour

reprendre en main la machine PS.

Il n'y a aucun doute là-dessus. Finalement,

comme je collectionne les présidents de la

République, il sera mon troisième, dans dix

ans. Après les deux mandats de Nicolas.

292

«Il était fou de musique et de chansons.

Durant deux décennies, il a transmis sa

passion de la musique à des millions de

téléspectateurs lors de rendez-vous qui

auront marqué l'histoire de la télévision.

Sa personnalité attachante nous manque

déjà», a déclaré Christine Albanel,

ministre de la Culture et de la

Communication.

A France Télévisions, Patrick de Carolis et

l'ensemble des collaborateurs du groupe

honorent «un être passionné, qui a su

transmettre son amour inconditionnel de la

293

chanson française à un public

extrêmement fidèle». «Sa disparition

émeut tous ceux qui ont eu la chance de

travailler à ses côtés mais aussi ses très

nombreux téléspectateurs avec lesquels il

avait su créer une relation unique», ajoute

le président du groupe.

«Amoureux sincère de la chanson

française, Pascal Sevran aura servi et

célébré cet art populaire en animant des

émissions télévisées qui ont rassemblé un

large public, accueillant des figures

connues et révélant de nouveaux talents».

294

«Au-delà des excès de certaines de ses

positions qui avaient suscité la polémique,

je retiendrai la sensibilité et l'intelligence

de l'homme», a souligné le maire de Paris.

Bertrand Delanoë a exprimé son «immense

tristesse après la mort de son ami Pascal

Sevran», saluant «un homme aux multiples

talents» qui «pour les Français, restera

avant tout celui qui a œuvré avec brio pour

la chanson française». «Dans La chance

aux chansons, il mettait à l'honneur les

textes, mais aussi de jeunes artistes.

Homme pétillant et rigoureux, il

295

accompagnait nos après-midi», a relevé le

président, qui avait reçu lors de sa

campagne le soutien de ce mitterrandiste

historique. «La maladie l'a emporté, mais

nous nous souviendrons de lui, avec

tendresse, encore très longtemps», a-t-il

assuré.

L'ancien ministre de la Culture Jack Lang,

qui l'avait rencontré dans l'entourage de

François Mitterrand, s'est déclaré

«bouleversé par l'annonce de la mort»

d'un «un ami incomparable» dont il aimait

«la générosité, la finesse, la drôlerie,

296

l'intelligence décapante, la passion pour

l'art et la musique». «Sa disparition est un

déchirement et aujourd'hui ce sont des

millions de Français qui pleurent son

départ», a-t-il confié.

Pour François Fillon, Pascal Sevran était

«un artiste populaire, amoureux passionné

et infatigable défenseur de la chanson

française» qui fut «à la fois le gardien

d'une certaine tradition et artisan de la

découverte de nombreux nouveaux

talents». «Le succès de ses émissions,

témoignage de la qualité de son», a estimé

297

le premier ministre.

«Il avait été séduit par ma première

chanson «Marre de cette nana» et a eu

envie de me donner ma chance, et je n'ai

jamais oublié ça. Pascal Sevran a servi la

chanson, a aimé la chanson, les chanteurs.

Il avait son caractère, des défauts mais

c'était un type qui avait un enthousiasme

absolument extraordinaire», s'est souvenu

Patrick Bruel. «Il essayait de faire

quelque chose pour les jeunes, je l'ai vu

sur le plateau conseiller des jeunes de

manière très impliquée», a-t-il souligné.

298

«Pascal s'en va beaucoup trop tôt. Je l'ai

connu débutant. Il était déjà passionné. Il

aura consacré sa vie à la chanson française

et il a fait beaucoup pour cultiver ce

patrimoine qu'il a fait découvrir aux

jeunes», a déploré Line Renaud. «On

l'ironisait à tort. Il a été un protecteur de

la chanson. Qui va faire cela maintenant ?»

s'est demandée l'actrice.

Le comédien Jean Piat, qui avait fait une

émission avec lui, a salué «un homme de

qualité qui s'est comporté

remarquablement dans tous les domaines

299

de son activité. On dit beaucoup de bien

de gens quand ils s'en vont, mais là c'est

justifié», a-t-il dit sur France-2, rappelant

que ce «passionné savait un peu remuer les

foules».

«Pascal était entier dans ses passions, ses

enthousiasmes et ses colères. C'est ce qui

faisait son charme. Il était un ami

exigeant, sans concessions et dupe de

rien», a témoigné Marc-Olivier Fogiel. «Sa

fidélité sans réserve à François

Mitterrand quand il était moins facile de

l'être, en dit long sur son sens de l'amitié

300

et de l'honneur. Il était le contraire d'un

opportuniste. Il incarnait le politiquement

incorrect», a-t-il estimé.

«Pascal était un grand seigneur de la

variété. Si les tournées de chanteurs des

années 60 ont autant de succès, c'est à lui

qu'on le doit. Pascal invitait des chansons»,

a rappelé Nicoletta.

Sheila : «C'est quelqu'un qui a toujours

été présent et surtout présent quand

personne ne téléphone. C'est ça qu'il faut

retenir. Pascal, c'est quelqu'un qui m'a

refait chanter, à un moment où j'avais

301

arrêté. Il a ouvert des portes qui étaient

fermées. C'était un vrai fidèle, un vrai

passionné, il avait un caractère

extraordinaire que l'on aimait ou que l'on

aimait pas, en tous cas, c'était une grande

personnalité et quelqu'un qui va

énormément manquer à ce métier. Je suis

assez détruite, parce que c'était quelqu'un

d'important, un ami».

Laurent Gerra indiqué qu'il avait fait sa

première télé chez Pascal Sevran. «C'était

quelqu'un qui n'était pas dupe de son

époque, et puis il aimait le Music-hall, les

302

belles choses. Il avait énormément de goût

et puis surtout il avait cette soif

d'apprendre, de connaître, de vivre

l'instant présent». a exprimé sa profonde

émotion.

303

Stéphane joue à cache-cache avec moi, il

disparaît quand je le cherche, il me

surprend quand je ne l'attends pas. je le

guette désespérément à l'encoignure de la

porte-fenêtre de ma chambre où il

apparaissait les soirs d'été en fin d'après-

midi, sûr de me trouver là, sommeillant ou

absorbé par un livre.

Je sursautais et, selon mon humeur, il

venait m'embrasser ou s'éloignait sur la

terrasse attendre une heure plus propice

aux épanchements amoureux. ces instants

d'intimité volés au temps qui passe je les

304

rattrape comme je peux, il m'anéantissent

presque physiquement et m'emportent

aussi au-delà de moi.

L'été sans nuance, dan sa brutalité, nous

tombe dessus ce matin. Pour nous qui

rêvons des brumes de novembre, le

cauchemar sera long. Trente-sept degrés

à l'ombre. Les adorateurs du soleil

soufflent comme des boeufs, les jupes

collées aux fesses, la chemise sortie du

pantalon, fripés et moites ils se traînent.

305

Une belle journée !

"Il faut garder un moral positif", combien

de fois l'aurai-je entendu ce conseil depuis

des mois ? En réalité, il y a les heures et

quarts d'heure sans. Je veux dire sans

ressort, sans envie. Que je sois de

nouveau à mon bureau occupé à reprendre

ce journal dépenaillé, avant le sinistre 31

mars, que je sois assez calme est

vaguement rassurant.

Dix-sept heures. Lentement autour du

parc avec Serge et son sac de carottes

306

pour les ânes et les chevaux, climat

acceptable, vingt degrés. Je suis moins

regardant quant à la perfection des carrés

de pelouse, des massifs de fleurs et pour

cause, mais l'ensemble se présente

joliment. Ca ira comme ça pour la saison.

De quoi seront faites celles à venir ?

"On va vers les beaux jours, disait ma

mère à l'approche du printemps. Bientôt

vous pourrez jouer dans le jardin en

revenant de l'école..." On ne va jamais vers

les beaux jours. Les beaux jours, c'était

307

quand elle nous les promettait.

On me veut ardent. Je fais de mon mieux

pour ne pas décevoir ceux qui viennent se

réchauffer à moi. je ne brûle plus, je me

consume. les braises sont chaudes, le feu

peut reprendre à tout moment ou

s'éteindre.

Où vais-je trouver l'énergie dont j'aurai

besoin dans quelques jours pour remonter

sur scène ? Je vais la retrouver, bien sûr,

et cela n'étonnera personne que moi.

L'homme en moi qui veut paraître encore

308

un peu, combien de temps tiendra-t-il face

à celui que ronge l'obscur désir de

disparaître derrière les millions de livres

qu'il n'a pas lus, de mots qu'il n'a pas dits.

Chaque matin c'est le même dilemme entre

moi et moi. Me battre encore, pour qui ?

pour quoi ? "Le meilleur, le plus beau", je

l'ai été pour lui. Qu'il me le crie, me

l'écrive, me le murmure ; je n'aurai vécu

que pour cela.

Tous les bravos du monde ne me rendront

pas sa voix, son souffle sur mon ventre.

309

Vague à l'âme. un dimanche pour rien. Un

de plus. J'ai chanté hier à Beauvais, je

tourne demain à la Plaine-Saint-Denis des

programmes de télévision consacrés à la

jeunesse. La mienne dans les yeux de ces

garçons de vingt ans qui brûlent de la

même passion. SI l'on me voyait peinant à

mettre des des mots sur ma mélancolie, on

ne donnerait pas cher de moi. Quelque

chose me paralyse, mon estomac se bloque,

ma pensée s'égare, je ne peux plus écrire.

310

Un journaliste au téléphone ; " Donc vous

vous ressourcez à Morterolles tout l'été "

Non, je ne me ressource pas, je me repose

de la vie parisienne, je me détends si l'on

veut, je m'apaise mais je ne me ressource

pas. Je ne peux plus entendre ce mot-là

qui m'écorche les oreilles, ni le lire dans

les journaux qui nous veulent du bien.

C'est un mot français, ce n'est pas une

raison pour le mettre à toutes les sauces

de barbecue. Se ressourcer... et pourquoi

pas dans le Gersse ? Il y a des mots

comme ça qui font fureur au camping des

311

Flots bleus, on se ressource à la queue leu

leu, en famille. Partout on se ressource. "

Ils l'ont même dit à la télé."

Mon premier livre, " Le Passé

supplémentaire " commence ainsi : "

C'était au temps de ma splendeur, ceux qui

m'ont bien connu à cette époque vous le

diront : j'avais tout pour être heureux."

Ces lignes, je les écrivais, il y a trente ans

jour pour jour, assis au bureau que m'avait

offert Dalida, à Montmartre, chez moi,

dans mon premier appartement, rue

312

Gabrielle, où je venais de passer ma

première nuit. Ces lignes, qui avaient

quelques longueurs d'avance, je pourrais

les reprendre aujourd'hui sans mentir :

j'avais tout pour être heureux. Les héros

de mes romans parlent à ma place. Au

passé. Ce qui était littérature est devenu

réalité. On est un très jeune homme, on

s'invente des histoires, des passions, des

chagrins qui nous rattrapent quand on a

plus vingt ans depuis longtemps.

313

J'ai pris un petit déjeuner, debout au

comptoir, parmi des gens pressés qui

n'avaient visiblement pas les mêmes

préoccupations que moi. Je les regardais

s'agiter avec, je l'avoue, un peu

d'agacement. Vers quoi et pourquoi

courent-ils de si bonne heure ? Un peu de

courage m'aurait peut-être permis de le

savoir et, qui sait, de lier des

connaissances agréables.

J'ai hésité à me présenter au jeune

homme en gabardine bleu marine qui

ouvrait sa valise à mes pieds pour y

314

fouiller fébrilement. Il cherchait

certainement un papier précieux, car je

l'avais vu, auparavant, retourner ses

poches et vider son portefeuille. Son

affolement m'a distrait un instant, mais je

n'ai pas osé l'aborder.

On a toujours tort de ne pas vouloir être

indiscret ; c'est une politesse de trop. Les

trains partent et tout est à recommencer.

On ne connaît pas toujours le drame intime

des chanteuses célèbres. Comment être

sûr des sentiments que l'on vous porte

quand la gloire fait de vous plus un objet

315

qu'une âme ?

Vera Valmont, une image tirée à des

milliers d'exemplaires qui appartient à

chacun, ne fut sans doute pas aimée aussi

bien qu'elle le méritait ! »

«Depuis ces jours anciens, j’ai ri bien sûr,

j’ai chanté aussi. Et j’en connais même qui

sont prêts à parier sur ma bonne mine que

j’ai tout pour être heureux ! Je ne les

crois pas mais cela me rassure parfois. Je

sauve les apparences de mon mieux. Je

suis bavard mais je ne dis rien.

316

À quoi bon déranger les fantômes quand la

fête tourne rond ?

La musique d’aujourd’hui fait tant de bruit

que personne ne l’écoute, alors par

politesse je fais semblant d’être là,

attentif et capricieux, comme les enfants

au pied du manège, et qui voudraient bien

monter et qui ont peur.»

"J'ai écrit ces lignes pour éprouver ma

mémoire et mon coeur, pour retenir un peu

du temps qui m'emporte. A tout hasard,

comme le Petit Poucet, j'ai semé sur mon

317

chemin des cailloux blancs Qui m'aime me

suive !

Ceux qui ont eu vingt ans à la même heure

que moi se retrouveront facilement; que

les autres, ceux d'avant et ceux d'après,

me croient sur parole : le bonheur c'est

seulement quand on se souvient du

bonheur."

"5 - Je me souviens des premiers 45 tours

Barclay, étiquette jaune.

12 - Je me souviens qu'on disait "Radio

318

Luxembourg".

77 - Je me souviens des dames qui

vendaient les billets de la Loterie

nationale.

81 - Je me souviens du B.C.G. et je ne sais

toujours pas ce que veulent dire ces trois

lettres.

365 - Je me souviens des bouteilles de lait

en verre où ma mère mettait les nouvelles

pièces de cinq francs.

319

421 - Je me souviens que les petites filles

portaient des rubans dans les cheveux.

458 - Je me souviens que mon Cher

Emmanuel Berl oubliait son dentier chez le

libraire de l'avenue de l'Opéra.

515 - Je me souviens d'un garçon brun seul

au comptoir d'une brasserie place de la

Contrescarpe."

320

FIN