Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas...

16
Sartre (1905-1980) L’homme comme projet : « L’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde et se définit après ». J.P Sartre L’existentialisme athée : une philosophie de la liberté

Transcript of Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas...

Page 1: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Sartre (1905-1980)

L’homme comme projet : « L’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde et se définit après ».

J.P Sartre

L’existentialisme athée : une philosophie de la liberté

Page 2: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Un philosophe engagé

• En tant que président exécutif

• Défenseur des droits de l’homme

• anticolonialiste

Il dénonce l’intervention française et la

torture en Algérie

Il est contre l’exécution des

prisonniers politiques

Il est contre l’action américaine au Viêt-

Nam

Il participe au Tribunal Russel pour juger les

activités de guerre des Américains au

Viêt-Nam

Il appuiera aussi les revendications des étudiants en mai 68

Page 3: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Les postulats de Sartre

L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Il fait face à des déterminismes héréditaires, économiques, culturels et sociaux à partir desquels sa liberté commence

Il a le choix entre accepter ou refuser « sa situation ».

Page 4: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

« L’homme ne saurait être tantôt libre, et tantôt esclave : il est tout entier et toujours libre ou il n’est pas ». Être libre, c’est même être

obligé de choisir, car il « n’est pas possible … de ne pas choisir … ; si je ne choisis pas, je choisir encore »

« La liberté est ce petit mouvement qui fait

d’un être social totalement

conditionné une personne qui ne

restitue pas la totalité de ce qu’elle a reçu de son conditionnement »

Sartre dit que nous pouvons néantiser, c’est-à-dire annihiler les déterminismes

La liberté de l’homme ne se manifeste que par rapport à des situations concrètes

Page 5: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Notre liberté se manifeste à chaque fois que nous posons un acte. Deux exemples

• C’est nous et nous seuls qui nous choisissons et nous définissons comme peureux en posant des gestes de peur

Si nous manifestons de la

peur :

• C’est nous-mêmes qui nous choisissons comme courageux

• Nous affirmons notre liberté dans des actes de courage et nous existons comme être courageux

Si nous manifestons du courage dans

d’autres circonstances

Page 6: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Nous ne sommes pas faits en en vue d’un but particulier

A’ : Lorsque nous faisons quelque

chose, nous visons toujours un but

B’ : Le but (ou l’essence) d’une chose préfabriquée précède

son existence

C : Nous ne sommes pas créés en fonction

d’un but

D : Donc notre existence précède

notre essence

E : Nous devons créer notre propre but

A : Dieu n’existe pas B : Nous ne sommes pas créés par Dieu

Page 7: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Pour mieux comprendre : la métaphore du coupe-papier

a • Il a été fabriqué par un artisan qui avait l’idée de créer un tel objet

• L’artisan connaissait clairement ses caractéristiques (coupant et sans danger etc.)

b • L’essence du coupe-papier précède son existence

c

• L’homme n’est pas un coupe-papier, il n’existe pas en fonction d’un but ou d’une essence

• Pour l’homme, son existence précède son essence : les être humains n’ont pas d’usage spécifique, ils sont donc libres de se façonner eux-mêmes

Page 8: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Que veut dire l’essence précède l’existence

Les religions affirment souvent que l’existence

de l’homme est faite pour remplir un but

particulier .

Donc que l’homme à une essence qui

précède son existence

Ainsi, selon les conceptions religieuses de la nature humaine,

nous avons un but assigné par Dieu

Page 9: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Que veut dire l’existence précède l’essence

Il n’y a aucun universel, aucune nature humaine

définie parce qu’il n’existe aucun Dieu qui nous

prescrirait un but

Nous devons nous définir nous-mêmes : être capable

de dire ce que nous sommes en tant

qu’hommes et nous façonner afin de devenir ce

que nous avons choisi d’être

Ainsi, nous pouvons devenir tout ce que nous

choisissons d’être (contrairement à un rocher

ou une souris qui ne peuvent être autrement

que ce qu’ils sont)

L’homme « n’est rien d’autre que ce qu’il se fait » (L’existentialisme est un humanisme, p. 55).

Page 10: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

« Nous sommes condamnés à être libres »

Nous sommes libres de choisir comment

nous façonner

Nous devons pour cela nous affranchir de nos habitudes de pensée

Nous devons continuellement faire face aux choix qui s’offrent à notre action

Nous sommes responsables de l’impact

que nos choix ont sur nous-mêmes

Nous sommes aussi responsables de l’impact de nos choix sur le genre

humain

Sans aucun principe transcendant, nous

n’avons aucune excuse pour dissimuler les choix

que nous avons faits

Nous sommes seuls et sans excuse

Page 11: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Je ne suis pas responsable de ce que j’ai reçu à ma naissance, mais de ce que je fais maintenant

Si mes engagements passés pèsent sur le présent

Je suis le seul à pouvoir « ré-assumer » à chaque

moment la portée de mon passé en lui donnant une

signification dans le présent

Page 12: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Être libre = une liberté en situation

« l’homme est libre, déclare Sartre, parce qu’il

peut toujours choisir d’accepter son sort avec

résignation ou de se révolter contre lui »

Il dépend toujours de soi de choisir telle ou telle

attitude

La liberté s’inscrit dans une situation particulière

dont j en suis pas nécessairement

responsable au départ

Page 13: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Mais cette liberté est angoisse

L’existence humaine est absurde parce qu’elle est dépourvue de sens et ne

peut être justifiée rationnellement

Le monde est sans raison ni finalité

La conscience est devant l’incertitude de l’avenir

On éprouve de l’angoisse devant les choix de

refuser ou d’accepter des situations

On adopte alors parfois la mauvaise foi pour fuir ce qu’on est, c’est-à-dire un homme sans Dieu qui

doit se construire

Page 14: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

L’existentialisme sartrien n’est pas pessimiste

Face à l’angoisse, l’homme doit

donner un sens à sa vie

Il doit se construire dans l’action, créer

ses valeurs pour orienter ses actions

La subjectivité, le Je, assume son entière liberté

Page 15: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

L’homme est donc projet

1

• Il est un projet au sens où c’est le projet fondamental qu’il se donne à lui-même qui le détermine, non le poids de son passé qu’il serait condamné à traîner toute sa vie.

2 • Ses actes sont le fruit de ses choix, de ses décisions et de

ses actions posées.

3

• L’être humain est donc responsable de ce qu’il est et de ce qu’il devient : tout le mérite ou toute faute ne revient qu’à lui-seul

Page 16: Sartre - Collège de Montréal · Les postulats de Sartre L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine

Êtes-vous d’accord ?

L’être humain ne peut invoquer aucune circonstance atténuante

ou se réfugier derrière un quelconque déterminisme pour

justifier de n’avoir pas fait ceci ou cela

Exemple du lâche

Le lâche s’est donc construit par ses actions

• Tout le mérite ou la faute ne revient qu’à lui seul

• Il est responsable de sa lâcheté

• Il ne peut attribuer les causes de sa lâcheté à l’hérédité ou aux conditions de son milieu

• « Il ya toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche » (L’existentialisme est un humanisme, p. 60 et 62)