Santé Austral No 1

84
Santé TRIMESTRIEL • JUIN-AOÛT 2011 • No. 1 RÉUNION - MAURICE - MADAGASCAR - MAYOTTE 2.50 € • Rs 75 DOSSIER RÉAPPRENDRE À MÉDIATOR QUELS RAVAGES DANS L’OCÉAN INDIEN ASPARTAME POUR OU CONTRE ? AVIS D’EXPERTS PHYTOTHÉRAPIE UNE CHANCE POUR L’AFRIQUE MANGER CAHIER PRO SAVOIR DIAGNOSTIQUER L’AVC PRÉCOCE

description

Magazine Santé Austral No 1 publiée par L'Eco Austral 84 Pages

Transcript of Santé Austral No 1

Page 1: Santé Austral No 1

Sant

é

TRIMESTRIEL • JUIN-AOÛT 2011 • No. 1 RÉUNION - MAURICE - MADAGASCAR - MAYOTTE 2.50 € • Rs 75

DOSSIERRÉAPPRENDRE À

MÉDIATORQUELS RAVAGESDANS L’OCÉAN INDIEN

ASPARTAMEPOUR OU CONTRE ?

AVIS D’EXPERTS

PHYTOTHÉRAPIE

UNE CHANCEPOUR L’AFRIQUE

MANGER

CAHIER PRO SAVOIR DIAGNOSTIQUER L’AVC PRÉCOCE

Page 2: Santé Austral No 1

Vos Cheveux, un Capital à faire fructifier……..On peut venir à Maurice pour la beauté de ses paysages, maisaussi pour retrouver des cheveux qui repousseront pour la vie !

Cette spécialité est le domaine réservé du Centre Français,conçu aux normes Européennes et de réputation Internationale.

Un chirurgien esthétique (Membre de l'Association InternationalSociety of Hair Restoration Surgery), un médecin (lauréat de lafaculté de Paris, Membre du Syndicat National de MédecineEsthétique), un médecin anesthésiste, ainsi que douzeinfirmières spécifiquement formées composent l'EquipeMédicale exclusivement dédiée à la Greffe de Cheveux.

En 2009, les patients sont venus de vingt six pays, de la Réunion,Mayotte ou Madagascar en passant par l'Inde, l'Afrique du Sudou encore la Suisse, la France, l'Angleterre, la Belgique,l'Australie, l'Irlande, l'Italie, l'Estonie, Taiwan, Qatar, l'Iran etmême les USA.

Choisissez vous-même votre Programme de ReconstructionCapillaire !Si votre calvitie est très importante, vous pouvez retrouver en uneseule séance de 4.000 à 9.000 cheveux, ou choisir un transfertde cheveux sur mesure, tout en douceur, étalé dans le temps.

30 à 40% moins cher qu'en Europe !Saviez vous qu'une séance peut être programmée pour vous en24 heures sans nuire à vos vacances.

Centre de Chirurgie Esthétique Cinq étoiles à l'ile Maurice.

A vous de choisir la technique qui vous convient le mieux !Des techniques bien maîtrisées ont ouvert la voie à des greffesindécelables et naturelles que même votre coiffeur ne pourraitpercevoir.

" Follicular Unit Extraction " sans cicatrice, sans oedème etsans douleur, la FUE est idéale pour les cheveux clairsemés oupour traiter les bordures frontales, et permet de retrouver de 1000à 2500 cheveux en une séance de 4 à 7 heures.

" Follicular Unit Transplantation " idéale pour des calvitiesbeaucoup plus importantes, cette autre technique (FUT) permetde retrouver en une séance de 4 à 5 heures de 4000 à 9000cheveux. C'est l'assurance de cicatrices pratiquement invisibles(suture trichophytique) et d'absence de douleurs et d'oedèmespostopératoires.D'une haute précision et d'une grande technicité, elles exigenttoutes deux, des Operateurs d'une grande dextérité, un savoirfaire et une expérience. Ces spécialistes sont peu nombreux aumonde.

Dans la galerie photo du site Internet, de nombreux patients ontaccepté de figurer à visage découvert, et se sont mis à ladisposition des personnes hésitant encore à franchir le pas,pour partager leur expérience.

Obtenez des témoignages de patients à travers le monde, ennous écrivant: "[email protected] ".

L'Equipe de 12 infirmières : condition essentielle pour une bonne greffede cheveux dans les règles de l'art.

Découvrez les photos avant/après de nos patients sur www.calvitie.net

Page 3: Santé Austral No 1

Plateau Technique de dernière génération.

Le Scanner Panoramique 3D présent sur place, pour uneapproche personnalisée et un bilan immédiat, vous donnantl'opportunité de décider de traitements dans le prolongement dela consultation.

Etude d'implants en temps réel et Chirurgie ImplantaireNous nous engageons à n'uti l iser que des Matériauxbiocompatibles, qui n'altèrent pas la santé des Patients,même au fil des années.Notre Centre de l'Île Maurice accueille des Chirurgiens dumonde entier qui viennent se former aux dernières technologies.

Centre de Greffe de Cheveux, d’Esthétique Dentaire et de Chirurgie Plastique de l'Océan IndienTrou Aux Biches, Ile Maurice • Tel: (230) 265 5050 • Email: [email protected] • Internet: www.calvitie.net

L'Hygiène et la Sécurité sont aux plus récentes normesEuropéennes La rapidité d'exécution des soins, la présencesur un même plateau technique de toutes les technologiesles plus récentes et les plus fiables, facilitent votre vie sociale,qui à aucun moment n'est interrompue.

QUELQUES EXEMPLES DES AVANTAGESDE CES AVANCEES TECHNOLOGIQUES:

Onlays / Facettes / Couronnes réalisés et mis en bouche en1 Heure, grâce à un procédé révolutionnaire !Une empreinte optique est analysée par un robot numérique,qui façonne vos prothèses définitives dans des blocs enCéramique Pure. Adieu les dents provisoires !

LaserL'assainissement non chirurgical de vos gencives, grâce à unProcédé Laser bien maîtrisé.

L'Esthétique Dentaire est une aspiration aujourd'hui.Souhaitez-vous retrouver des dents saines ?Nous vous offrons l'opportunité d'aller encore plus loin et de vousredonner la fierté de montrer votre plus beau sourire !

Bienvenue dans un Espace à taille humaine, où tout est mis enoeuvre pour atteindre l'Excellence :La très haute technicité de nos Equipements permet deréaliser en une seule journée ce qui aurait pris des semainesailleurs.Vous profitez de l'approche réconfortante d'une Equipe deprofessionnels. Tous nos Chirurgiens-Dentistes ont acquis lamaîtrise de ces nouvelles technologies, qui leur vautaujourd'hui d'enseigner leur savoir-faire.

Page 4: Santé Austral No 1
Page 5: Santé Austral No 1

5l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

Juin-Août 2011 • No. 1

ÉDITEUR

L’Eco Austral SARL au capital de 61 000 euros

RC 95 B 621 - Technopolede La Réunion

2, rue Émile Hugot - BP 10003 97801 Saint-Denis cedex 9

Tél. : +(0) 262 41 51 41 Fax : +(0) 262 41 32 14

GérantAlain Foulon

DirecteurPierre Promis

Commission paritaire en coursISSN en cours

RÉDACTIONRédactrice en chef

Lisbeth ViardTél. : +(0) 692 600 801

[email protected]

Rédaction MauriceValérie Aubert

Tél. : +(230) 211 [email protected]

Ont collaboré à ce numéro :Nataelle Sissoko, Marie-Pierre Gayraud,

Marie Somers

ADMINISTRATION/ABONNEMENTSRéunion/Mayotte

Tél. : +(0) 262 41 71 79Maurice Tél. : +(230 211 71 65)

Madagascar Tél. : +(261 20 22 317 66)

PUBLICITÉRéunion

Stéphanie PayetTél. : +(0) 262 41 51 41

Portable : +(0) 692 60 43 [email protected]

Mayotte Pierre-Yves Broca

Tél. : +(0) 692 87 85 11

MadagascarPierre Promis

Tél. (fi xe) : +(261) 20 22 317 66Mob. : +(261) 032 77 741 87

MauriceJoanna Cheung

Tél. : +(230) 211 5672 [email protected]

DIRECTION DU DÉVELOPPEMENTSharon Pudman

Tél. : +(230) 211 [email protected]

MAQUETTEDirecteur ArtistiqueNicolas Bastien-Sylva

Mise en page/Suivi de productionAgence DIALEKT

Tél. : +(230) 233 [email protected]

IMPRESSIONICP ROTO

Tél. : (0) 262 42 73 50Tél. : +(230) 261 8437

REPRÉSENTANT À MAURICEOverseas Publications Ltd

8, rue d’Artois, Port-Louis - Ile MauriceTél. : +(230) 211 7165Fax : +(230) 211 [email protected]

REPRÉSENTANT À MADAGASCARL’Éco Austral Madagascar

Maison de La RéunionAppt 51 – 20 rue Docteur Villette

BP 1761 - 101 AntananarivoTél (fi xe) : +(261) 20 22 317 66

[email protected]

Dépôt légal : Juin 2011

Directeur de la publicationAlain Foulon

de coopération mis en place entre des établissements de santé malgaches, réunion-nais, mauriciens, seychellois, sud-africains et même, récemment, mozambicains, en sont aussi une preuve évidente.C’est ce contexte d’ouverture qui donne aujourd’hui son identité à Santé Austral, un magazine que nous avons pensé comme un espace d’informations, mais aussi comme un lieu d’échanges et de débats. Un magazine aux frontières géographiques et médicales volontairement ouvertes. Et où toutes les sensibilités médicales seront représentées. Parce que c’est aussi cela l’ouverture. Un magazine, enfi n, où nous essaierons de démêler le vrai du faux, l’info de l’intox, en vous donnant des clefs, avec l’aide de nom-breux experts, pour comprendre et vous forger votre propre opinion. Tous les trois mois, nous vous donnerons rendez-vous.

Bonne lecture !

Lorsque nous avons imaginé le projet « Santé Austral », la santé ne se trouvait pas au cœur de l’actualité comme

aujourd’hui. Au fi l des mois et des divers scandales qui ont émaillé l’actualité régio-nale et nationale, nous avons alors mesuré l’importance de fournir une information fi able et adaptée au contexte particulier de notre zone géographique. Une zone où les pratiques médicales ne sont pas tout à fait celles qu’on rencontre en Europe ou ailleurs. À Maurice comme à La Réunion, la médecine chinoise, ayurvédique ou encore la phyto-thérapie occupent une place essentielle dans le processus de guérison, aux côtés de la médecine allopathique. Les frontières ne sont pas celles qu’on dessine au premier regard. Elles n’existent pas, ou peu, et cela n’est pas seulement vrai dans la pratique de soins. À La Réunion, entre secteur public et secteur privé, elles tendent également à s’effacer, comme le démontre l’ouverture prochaine du Pôle sanitaire de l’Est, une structure hospitalière rassemblant sous le même toit opérateurs publics et privés. Jean Léonetti, député français et président de la fédération hospitalière de France, a même qualifi é ce projet de « modèle en matière de coopération » pour le moment encore inégalé en France métropolitaine.Du point de vue de nos territoires géo-graphiques, les frontières n’ont plus le même visage, elles non plus. Le développement de la télémédecine, entre Maurice et Rodrigues, ou entre Mayotte et La Réunion, en est l’une des plus belles illustrations. L’existence d’une réunion hebdomadaire, au sein de la Commission de l’océan Indien, consacrée à la veille épidémiologique dans la région, en est une autre. Enfi n, les nombreux accords

édito

Santé sans frontières

LISBETH VIARDRÉDACTRICE EN CHEFIP

REU

NIO

N.C

OM

Page 6: Santé Austral No 1

6

santé du côté des prosactus

8 COMITÉ SCIENTIFIQUE

10 ACTUS La médecine dans le monde

et dans l’océan Indien

16 ACTUS Les ravages du Médiator

dans l’océan Indien

18 COOPÉRATION RÉGIONALE Trois questions à Firoze Koytcha « Nous traitons 7000

patients par jour »

20 L’INVITÉ DE« SANTÉ AUSTRAL »

Chantal de Singly,directrice de l’ARS : « La prévention a toujoursété le parent pauvre de notre système de santé »

47 TRIBUNE LIBRE Emmanuel Adain : « Infi rmière libérale, le long

chemin vers la reconnaissance »

48 LA DOULEUR RACHIDIENNE

49 L’IRM DERNIÈRE GÉNÉRATION DU GHSR

52 SAVOIR DIAGNOSTIQUERL’AVC

54 LA CLINIQUE DES TAMARINS À LA POINTEDE LA RÉÉDUCATION

55 L’ANGIOGRAPHIE

SALUTAIRE POUR LES PATHOLOGIES CARDIAQUES

56 TÉLÉMEDECINE Trois questions à Fabrice Fantaisie

« On s’achemine vers une pratique hybride du métier de médecin »

26 DOSSIER POURQUOI IL

FAUT RÉAPPRENDREÀ MANGER

30 Quelle alimentation privilégier pour éviter le surpoids ?

32 Les clefs pour réussir son régime34 Entretien avec Prity Pugo Gunsam « Un tsunami d’éducation

alimentaire doit balayerl’ile Maurice »

36 Le long chemin du stéviavers la légalité

37 Comment notre cerveaudevient accro au sucre ?

38 Diabète : la coopérationrégionale se développe

40 TECHNO Le cyclotron : un allié

pour dépister les cancers42 Sainte-Clotilde : un centre de

cardiologie interventionnelle de haut volume

2510 45

Page 7: Santé Austral No 1

7l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

som

mai

reopinion zen

LES DANGERSDE L’ASPARTAME

64 INFO OU INTOX La baie de goji

66 QUESTIONS/RÉPONSES Nos experts vous répondent

62 POUR OUCONTRE

68 PHYTOTHÉRAPIE L’Aloe Vera

74 PSYCHO Se libérer de ses phobies76 Education : quand les

grands-parents s’en mêlent…77 Les fl amboyants, une clinique

pas comme les autres

79 LIVRES

82 ABONNEMENT

AMEENAH GURIB FAKIM « LA PHYTOTHÉRAPIE UNE

CHANCE POUR L’AFRIQUE »

70 ENTRETIEN

61 67

JUIN-AOÛT 2011 • No. 1

RÉUNION - MAURICEMADAGASCAR - MAYOTTE

Page 8: Santé Austral No 1

8

À LA RÉUNION À MAURICE

comité scientifi que

HUGUES RAYBAUDMédecin généraliste,

fondateur du site médicalde référence

www.esculape.com

Les experts de Santé Austral ont pour vocationde garantir le sérieux et la rigueur scientifi quedu magazine.

EMMANUEL ADAIN Infi rmier, président du syndicat ONSIL Réunion

MAYA CÉSARIBiochimiste, Maître de conférence en biologie moléculaire, conseiller scientifi que du Cyroi

JEAN-CLAUDE PIERRIBATTESTI

Phytochimiste, chercheur et professeur à l’université

de La Réunion

FRIDOR FUNTEUDocteur en nutrition,fondateur de l’Institut régional d’éducation

nutritionnelle

CHRISTIAN BETTOUM

Allergologue et fondateur de l’émission télévisée

« La Santé d’abord »sur Réunion Première

T. K. SUNIL GUNNESS

Chirurgien cardiaque, directeur du Cardiac

Center et président dela Heart Fondation

MARIE-CHRISTINE DUBOURG PIAT Médecin généraliste

et médecin esthétique, membre de l’Association française de médecine

esthétique et agréée par l’ambassade de France

JANINE RIVALLAND Médecin généraliste,

diplômée des universitésde Witwaterstrand

(Johannesburg) et de Lille

AMEENAH GURIB-FAKIM

Professeur de chimie organique à l’université

de Maurice, directrice du Centre de phytothérapie

et de recherche (CEPHYR)

Page 9: Santé Austral No 1
Page 10: Santé Austral No 1

10

LE CHÂTEAU DARNÉ DISPARAÎT EN POUSSIÈRE !Au coté de la clinique Fortis Darné à Floréal, un des derniers vestiges de la famille Darné est actuellement en pleine démolition. Déjà profondément modifi é il y aplusieurs années par la construction de l’hôtel Le Mandarin, qui en reprenait le style inimitable, tout l’ensemble architectural devrait avoir entièrement disparu pour le mois de juin 2011. Malgré cette mise en chantier, les projets futurs d’agrandissement de la clinique Fortis Darné ne semblent pas encore défi nis par l’équipe dirigeante, les porte-parole n’acceptant de parler que de travaux d’assainissement et d’aménagements paysagers avec zone de stationnement.

actus

LE DR PATRICK HOW SAW KENG PREND LA PRÉSIDENCEDE LA PMPAÉlu depuis le 18 mars dernier comme nouveau président de la PMPA(Private Medical Practi-tioners Association), le dr Patrick How Keng est un homme engagé. Membrede l’association depuis plu-sieurs années, sa priorité est de faire peser sur les orien-tations médicales du pays les argumentations du PMPA. Créée en 1987, l’association est la seule force de représentation collective des médecins du secteur privé. Pour assurer son infl uence, le dr Patrick How souhaite rallier l’ensemble de ses confères, au nombre de 400 aujourd’hui, généralistes et spécialistes confondus. Car la PMPA possède aussi un rôle d’initiateur d’idées nouvelles, comme celle du« family doctors », emprun-tée au système anglais, qui permet de désen-gorger les consultations externes des hôpitaux tout en améliorant la qualité de suivi des patients.

VACCINS CONTENANTDE L’ALUMINIUM :NOUVEAUX MÉDIATOR ?La myofasciite à macrophages est une mala-die émergente caractérisée par une atteinte musculaire douloureuse, une fatigue chro-nique et une forte infi ltration des tissus par des cellules immunitaires bien particulières, les macrophages. Un lien a été plusieurs fois établi entre une injection de vaccin conten-ant de l’aluminium et la survenue de cette pathologie. Cependant, malgré le soutien de certains scientifi ques, le fait n’a toujours pas été reconnu par les plus hautes instances de santé publique. Cela pourrait changer pro-chainement car, le 18 février dernier, l’Association d’entraide aux malades de myo-fasciite à macrophages (AEMMM) a demandé l’annulation de l’avis du conseil scientifi que de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) en date du 5 mai 2004 en raison de confl its d’intérêts. Alors que l’étude épidémiologique de 2003 avait conclu que les éléments découverts sur le lien entre la maladie et la vaccination nécessitaient que l’on réalise de nouvelles études, le conseil scientifi que avait décidé au contraire d’enterrer le sujet.

LE SITE DE RÉFÉRENCEPOUR LES HANDICAPÉS La Maison départementale des per-sonnes handicapées de La Réunion lance son site web. Au menu, info légales, annuaires des partenaires et infos ciblées notamment sur l’emploi, la scolarité et l’accessibilité.

www.mdph.reLE SMS CONTRE

LA CONTREFAÇONDE MÉDICAMENTSAfi n de lutter contre la contrefaçon de médi-caments, une ONG a mis au point une plate-forme très innovante : grâce à un simple SMS dans lequel on indique le numéro inscrit sur l’emballage du produit acheté, on reçoit en quelques minutes une réponse (toujours par SMS) précisant l’origine réelle, authentique ou falsifi ée, du produit. Une façon simple de sauver des milliers de vies mais qui, pour le moment, ne fonctionne qu’en direction du Ghana et du Kenya.

UN NOUVEAU RÉGIME DE SANTÉ COMPLÉMENTAIRE POUR LES SALARIÉS DE LA BRANCHE HÔTELS, CAFÉS, RESTAURANTSDepuis le 1er janvier 2011, un régime de santé complémentaire et obligatoire a été instauré spécialement pour les salariés de la branche des Hôtels, Cafés, Restaurants (HCR) par leurs représentants. Le Groupe CRC (Caisses Réunionnaises Complémentaires), par délégation de Malakoff Médéric, assurera seul la gestion de ce nouveau régime de santé à La Réunion. Cette nouvelle offre, intitulée HCR Santé, vient ainsi compléter le régime de prévoyance déjà mis en place par la branche depuis 2005, géré localement par le Groupe CRC.

STO

CK

LIB

STO

CK

LIB

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

Page 11: Santé Austral No 1

www.iblgroup.comCONSUMER GOODS

Page 12: Santé Austral No 1

12

actus

Michel Calmon, directeur du Centre hospi-talier de La Réunion et Felisberto Mendes, directeur de l’hôpital provincial de Pemba, ont signé conjointement une convention en mars dernier. Elle prévoit trois axes de coo-pération. Le premier concerne la formation de ressources humaines médicales et para-médicales en soins intensifs, néonatologie et périnatalité ainsi que l’hygiène et la maîtrise du risque infectieux. En deuxième lieu, il a été proposé l’appui à la gestion et l’organisation des services techniques, par-ticulièrement du service biomédical. Enfi n, la gestion et la logistique hospitalières feront l’objet d’un appui de la part des équipes réunionnaises. Le programme d’action défi ni pour l’année 2011 prévoit la réalisation de missions médico-techniques au sein de l’hôpital provincial de Pemba, mais égale-ment l’accueil en stage dans les services du CHR de professionnels mozambicains.

TROIS MILLIONS D’ENFANTSMEURENT DANS L’OUBLI DES STATISTIQUESL’association américaine C-Fam (Catholic Family and Human Rights Institute) a mené une étude qui indique qu’environ trois millions d’enfants meurent chaque année dans le monde, durant le travail et l’accouchement ou pendant les quelques semaines précédant leur naissance. « C’est plus que le nombre de morts du VIH/SIDA », commente C-Fam, mais les Nations Unies ne les comptabilisent pas quand ils décèdent avant 28 semaines, même si certains enfants sont viables dès 22 semaines dans la plupart des pays développés. Des données consolidées pourraient faire apparaître un nombre supérieur d’enfant mort-nés de 40% dans ces pays. L’éditeur du Lancet, Richard Hor-ton, affi rme que ne pas compter ces enfants revient à « nier aux parents la gravité d’un chagrin qui les touche… En considérant que, dans de nombreux pays, l’avortement est permis parfois jusque 24 semaines, on commence à comprendre pourquoi les autorités ont tant de mal à en tirer les conséquences ».

PREMIER COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE THÈMEDES BIO PROCESSUS, POLITIQUES ET USAGESDES PLANTES MÉDICINALES DANS L’OCÉAN INDIENLes médecines naturelles qui existent depuis des millénaires subissent aujourd’hui plusieurs dangers, que ce soit au niveau de la biodiversité dont elles sont issues ou au niveau culturel en raison du manque d’appui de la part des gouvernements. Or, sans réaction de la part des tous les acteurs de la société, à l’échelle locale ou inter-nationale, leur disparition est à prévoir. C’est ainsi que le colloque organisé par le CEPHYR (Centre de phytothérapie et de recherche), en partenariat avec l’Unesco, à l’ile Maurice au mois d’avril 2011, fut l’occasion, trop rare, de voir réunies plusieurs personnalités importantes et actives dans ce secteur, toutes conscientes des enjeux d’avenir pour les savoirs traditionnels et leur application dans le monde mo-derne. Conjuguer et faire dialoguer les disciplines est le point de départ de ce combat. De manière plus concrète, d’autres orientations sont à prévoir, comme l’évolution des législations, l’amélioration des méthodes de produc-tion à grande échelle ou encore la création de nouveaux processus scien-tifi ques de validation. Car l’évolution de la médecine par les plantes dans le monde moderne n’est pas possible sans la validation scientifi que de toutes leurs propriétés, qu’elles soient toxiques ou thérapeutiques.

Ameenah Gurib-Fakim, directrice du CEPHYR

Le pavillon N°3 de l’hopital Mère-Enfant de Tsaralalana, dénommé « Rotary-Akama », a été inauguré fi n mars 2011. Il a été réhabilité pour 192 millions d’ariary (76 800 €) sous l’égide du ministère de la Santé publique et avec l’appui fi nancier de l’association Karana Malagasy (Akama), des entreprises Galana, Holcim et des Rotary clubs Ainga et Anosy. L’hôpital « Mère-enfant » héberge 3 000 enfants malades chaque année et assure environ 10 000 consultations par an.

L’HOPITAL MÈRE-ENFANTDE TSARALALANA PASSE DE 59 À 81 LITS

LE CHR SIGNE UNE CONVENTION DE PARTENARIAT AVEC LE MOZAMBIQUE

STO

CK

LIB

D.R

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

Page 13: Santé Austral No 1
Page 14: Santé Austral No 1

14

actus

LE PORTABLE AFFECTE LE FONCTIONNEMENT DU CERVEAUL’utilisation pendant 50 min-utes d’un portable accroît de 7% le métabolisme du glucose dans la région du cerveau prochede l’antenne. C’est le résultat d’une étude de chercheurs américains qui vient d’être pub-liée dans le prestigieux Journal of the American Medical Asso-ciation. L’expérience menée avec 47 sujets a permis de faire le lien entre l’augmentation des champs électromagnétiques et l’augmentation de l’activité métabolique du glucose, mon-trant ainsi une plus grande excitabilité des neurones. L’im-pact est clairement circonscrit à la zone proche du portable.

Déjà implanté à Baie du Tombeau depuis un an, le Dr Agarwal’s Eye Hospital ouvre deux nouveaux centres de consultations à Flacq et Mahebourg, ainsi qu’un troisième aux Seychelles. Grâce à une équipe médicale de 50 personnes, dont 4 chirurgiens, et d’un équipement ophtalmologique de pointe, le Dr Agarwal’s Eye Hospital propose les thérapies les plus avancées en ophtalmologie : Laser, vitrectomie ou injection intra-vitréenne. La chirurgie ophtalmologique n’est pas en reste avec déjà 20 cas de greffes de cristallin fi xé à la colle dans la chambre postérieure de l’œil. Une technique nommée « Glued IOL » pour laquelle le professeur Amar Agarwal a reçu de nom-breuses récompenses scientifi ques à travers le monde.

TROIS NOUVEAUX CENTRES DE CONSULTATIONPOUR LE GROUPE DR AGARWAL’S EYE HOSPITAL

LA FRANCE ACCRO AUX ANTIBIOTIQUESUne enquête publiée par l’UFC-Que choisir vient de pointer à nouveau la prescription médicale toujours trop systématique d’antibiotiques. L’association a demandé à une personne saine de consulter 50 médecins pour un mal de gorge fi ctif. Plus de la moitié des médecins (52 %) auraient prescrit un antibiotique alors que la personne ne souf-frait de rien. De plus, en moyenne, les ordonnances comprenaient 2,4 médicaments autres que l’antibiotique, dont des corticoïdes. On comprend mieux ainsi pourquoi, en France, la consommation de médicaments est 40% supérieure à celle de ses voisins européens.

LES ÉTUDES MÉDICALESEN QUESTIONAlors que l’affaire Médiator n’en fi nit pas de rebondir, un article paru dans le magazine Newsweek montre les effets pervers produits par la multiplication des études médicales tronquées, biaisées, truquées, manquant de rigueur, voire carrément mensongères... Le Dr John P. A. Ioannidis explique comment ces études faussent complètement le système de santé : « Elles amènent patients et médecins à faire fausse route et l’utilisation de traite-ments coûteux qui, non seulement ne guéris-sent pas, mais sont susceptibles de mettre le patient en danger ». Le problème, avec ces éléments avancés à grand renfort de pu-blicité, c’est qu’ils deviennent très vite de véritables dogmes médicaux même s’ils sont ensuite - malheureusement longtemps après - infi rmés par d’autres études.

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

STO

CK

LIB

STO

CK

LIB

Page 15: Santé Austral No 1

15l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

CALENDRIER SANTÉJOURNÉES NATIONALESET INTERNATIONALES 3 au12 juin - Semaine « Fraîch’attitude »www.fraichattitude.com

15 juin : Journée mondiale contre la maltraitancedes personnes âgéeswww.alma-france.org

19 juin : Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose

14 et 15 juin : Journées nationales de lutte contre les maladies orphelines

22 juin : Journée nationale de réfl exion sur le don d’organes et la greffe

27 juin au 1er juillet : Journées nationales d’information et de dépistage de la DMLA(Dégénérescencemaculaire liée à l’âge) www.journees-dmla.fr

28 juillet - Journée mondiale contre l’hépatite

UNE ÉTUDE MET EN DOUTE L’EFFICACITÉ DES VACCINS CONTRE LA GRIPPECette étude s’intitule « Les vaccins pour prévenir la grippe sur des adultes sains » et a été publiée à la librairie Cochrane. Ses auteurs n’ont pas trouvé de preuve tangible de l’effi cacité de la vaccination contre la grippe sur des adultes en bonne santé de 18 à 65 ans et estiment que la plupart des essais sont inadéquats. Pire, ils ont établi que les seuls essais prônant les bénéfi ces du vaccin étaient fi nancés par des industriels. Selon eux, les études fi nancées par des industriels avaient plus de chances d’être publiées dans des journaux prestigieux. De plus, les scien-tifi ques ont relevé des cas d’effets secon-daires graves, provoqués par le vaccin, en dépit des rapports inexacts prétendant le contraire. Ils ont épluché le Cochrane Central Register of Controlled Trials (Central), The Cockhrane Library (N °2, 2010), Medine (jan-vier 1966 à juin 2010) et Embase (1990 à juin 2010). Ils ont tenu compte de cinquante rap-ports parmi lesquels 40 essais cliniques portant sur plus de 70 000 personnes. Seules deux faisaient état d’effets secondaires et n’apparaissaient pas dans l’étude. Tous les types de vaccins contre la grippe ont été pris en compte : vaccins vivants - atténués ou tués - ou inactivés à fraction.Pour consulter cette édude : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20614424.Source : Nexus N°73 - mars-avril 2011.

RUN ÉMERGE, UN PROJET POUR COMPRENDREL’ÉMERGENCE DES MALADIES INFECTIEUSESPorté par l’université de La Réunion, et lancé le 19 avril dernier, le projet Run Émerge se fi xe comme objectif de favoriser la mutualisation de compétences en matière de recherche sur les maladies infectieuses émergentes. « Des maladies qui impliquent une approche multidisciplinaire » explique Kousay Dellagi, président du CRVOI (Centre de recherche et de veille sur les maladies émergentes de l’océan Indien) et instigateur du projet. Au travers de cette plateforme, médecins, chercheurs, vétérinaires, biologistes ou encore immunologues vont ainsi pouvoir échanger et collaborer, de façon à mieux comprendre et donc prévenir le développement des maladies infectieuses émergentes comme le chikungunya, mais aussi la dengue, le paludisme et le Sida.

actus

LE PALUDISME COÛTE8 MILLIARDS D’EUROS À L’AFRIQUENon seulement le paludisme est responsable de 800 000 morts chaque année, dont 90% en Afrique, mais il représente un handicap économique pour le continent noir. Une étude, présentée début mai au Cap, à l’occasion du Forum économique mondial pour l’Afrique, chiffre à 8 milliards d’euros les pertes en productivité pour les entreprises privées et publiques. « Le paludisme (...) est responsable d’une baisse de la productivité, d’absentéisme chez les employés, de l’augmentation des dépenses de santé et il peut porter préjudice à l’image de l’entreprise », souligne l’étude coordonnée par le Partenariat « Faire reculer le paludisme » (RBM). « La mise en oeuvre d’interventions modérément coûteuses peut entraîner des bénéfi ces réels pour les entreprises », précise Hervé Verhoosel, un responsable du Partenariat RBM. En dépensant en moyenne 34 dollars par employé entre 2000 et 2009, trois entreprises zambiennes ont diminué de 94% le nombre de journées de travail perdues à cause de la maladie, selon l’étude. De même, au Ghana, le groupe minier AngloGold Ashanti a diminué entre 2004 et 2005 de 550 000 à9 800 dollars par mois le coût de ses traitements antipaludiques, notamment en distribuant des mous-tiquaires ou en pulvérisant avec des insecticides le domicile de ses employés.

LA CLINIQUE PSYCHIATRIQUE PIERRE JEANNET RECONVERTIE EN CLINIQUE « DÉTOX »HAUT DE GAMMEL’établissement de 25 chambres situé dans le cadre privilégié des montagnes du centre de l’ile Maurice, rebaptisée aujourd’hui cli-nique Les Mariannes, retrouve une seconde vie sous l’angle du tourisme médical. Son directeur, le dr Siddick Maudarbocus, mise sur une clientèle étrangère désireuse de rece-voir des cures de détoxifi cation, remise en forme et bien-être. Dans une approche théra-peutique métissée qui mêle médecines occi-dentales et naturelles, les occupants seront entourés de médecins et spécialistes en nutri-tion, psychologie, acuponcture, médecines traditionnelles chinoise et ayurvédique. Les soins thérapeutiques seront complétés par des activités quotidiennes axées sur la détente physique et le retour sur soi-même.

STO

CK

LIB

IPR

EU

NIO

N.C

OM

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

Page 16: Santé Austral No 1

16

« Tant que j’aurais du souffl e, je me battrai. » Cette phrase, prononcée par Chantal Ethève, atteinte de valvu-

lopathie, et présidente du collectif Médiator Réunion, en dit long sur la détermination qui l’anime, elle et les quelque 400 membres qui ont rallié le collectif ces derniers mois. Si seulement une centaine d’entre eux ont pu démarrer une procédure judiciaire par l’intermédiaire d’une plainte visant les labo-ratoires Servier, fabricants du Médiator, et l’Afssaps (Agence française de sécurité san-itaire des produits de santé), autorisant sa mise sur le marché, ils devraient être plus nombreux dans les mois à venir. « Pour déposer plainte, il faut pouvoir prouver qu’on a consommé du Médiator, donc obtenir une attestation de son médecin, et prouver aussi qu’on a une atteinte cardiaque. Rassem-bler ces documents relève du casse-tête pour

certains, surtout lorsque leurs médecins refusent de leur délivrer une attestation », sou-ligne Chantal Ethève. Pourtant, le principal syndicat de médecins sur l’île, l’URML, s’est rapidement montré coopératif, en envoyant un courrier à ses adhérents, leur demandant de répondre positivement aux demandes de leurs patients ayant consommé du Médiator. Mais au-delà de ces contraintes administra-tives, le collectif réunionnais apparaît bel et bien comme précurseur dans la démarche judiciaire, avec un dépôt de plainte à Paris, initié non seulement contre Servier, labora-toire fabricant, mais aussi contre l’Afssaps, et porté par l’avocat du collectif, Maître Alain Antoine (voir notre entretien). Ce dernier estime que les laboratoires Servier ne sont pas les seuls responsables dans cette affaire : « Pour moi, c’est véritablement une triple respon-sabilité qui est en cause. Celle de Servier bien

Les ravages du Médiator dans l’océan Indien

actus

Les Réunionnais se trouvent à la pointedu combat juridique mené contre les autorités françaises qui ont retiréle médicament de la vente en novembre 2009.À Maurice, il a fallu attendre août 2010,mais il semble y avoir été beaucoup moins prescrit.

Cet « adjuvant du régime adapté chez les diabétiques

avec surcharge pondérale » a été prescrit en toute bonne

foi, pendant des années, par des médecins de La Réunion

et de Maurice qui, aujourd’hui, apprennent qu’il

pourrait être à l’origine de nombreuses morts. Un choc

et des doutes sur le travail de l’Afssaps (Agence française

de sécurité sanitaire des produits de santé) qui avait été alertée depuis dix ans.

» À L’ORIGINE DE 500 À2 000 MORTS EN FRANCE

Page 17: Santé Austral No 1

17l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

actus

sûr, mais aussi celle de l’Afssaps, qui était au courant depuis 1999 de la dangerosité de ce médicament, et celle de certains médecins qui se sont comportés comme de véritables VRP des laboratoires Servier en prescrivant à tour de bras ce médicament. »

DÉTERMINER LESDOMMAGES CARDIAQUESDans l’immédiat, l’objectif visé en faveur des plaignants est d’ordre fi nancier, avec une indemnisation rapide pour préjudice corpo-rel, « peut-être avant la fi n de l’année », estime l’avocat. La procédure est en tous les cas sur la bonne voie puisque nombre de plaignants ont d’ores et déjà été reçus par les gen-darmes. « On leur demande leur dossier médi-cal et ils remplissent un questionnaire très précis. C’est une procédure normale dans le cadre d’une enquête traditionnelle », explique Chantal Ethève.« Au juge ensuite de faire appel au cas par cas à un expert qui déterminera si les dom-mages cardiaques ont été causés par le Médiator », ajoute maître Alain Antoine. L’expert est également désigné pour déter-miner le montant du préjudice subi, en fonc-tion de divers paramètres et notamment du degré d’incapacité que cela a entraîné pour le patient. « Ceux à qui l’on a prescrit ce médi-cament hors AMM (autorisation de mise sous le marché), comme coupe-faim auront proba-blement plus de chance d’obtenir gain de cause », estime la présidente du collectif.

LES NÉGLIGENCES DE L’AFSSAPSMais au-delà du préjudice subit par ces patients, le véritable enjeu se situe à un autre niveau. Un rapport, commandé par Nicolas Sarkozy à Bernard Debré, député UMP de Paris et Philippe Even, directeur de l’institut Necker, révèle que l’Afssaps, autorisant la mise sur le marché du médicament, et donc son remboursement, pourrait être davantage impliquée qu’on ne l’imagine. Un point de vue que partage Hugues Raybaud, médecin généraliste à Saint Denis : « À mon sens,le véritable scandale réside dans le fait que ce médicament ait continué à être remboursé en France, malgré sa supposée ineffi cacité et les risques qu’il faisait encourir aux patients.Qu’il y ait eu des pressions de la partdu laboratoire Servier auprès de l’Afssaps pour maintenir sa mise sur le marché ne m’étonnerait pas du tout. »

LE RAPPORT QUI FAIT SCANDALEDe leur côté, les deux rapporteurs mandatés

par le président de la République dévoilent dans leur exposé de 85 pages la face cachée de l’Afssaps : près de 1 000 employés, cinq directions scientifi ques, trois commissions, dont l’une dit « toujours oui, en acceptant une foule de médicaments inutiles, et l’autre non, refusant presque toujours de suspendre ou de retirer les médicaments même plus dangereux qu’utiles ». Ils soulignent la « totale faillite » de cette structure et conseillent « une réforme profonde, un véritable tournant ». Or, l’intérêt de cette affaire du Médiator se situe bien là : avoir permis de mettre à jour un système de régulation totalement défi -cient, qui au-delà de ses obscurs rouages, n’est probablement pas totalement étranger au défi cit abyssal de la Sécurité socialeen France.

COMBIEN DE MÉDIATOR VENDUÀ LA RÉUNION ET À MAURICE ?Les chiffres de vente du Médiator à La Réunion, sur ses trois dernières années de commercialisation, donnent le tournis : 22 871 boîtes en 2007, près de 18 976 en 2008 et encore quelques 14 775 boîtes ven-dues sur l’île en 2009, l’année de son retrait du marché. À Maurice, c’est l’omerta totale, mais l’on sait que le médicament y a été commercialisé jusqu’en août 2010. L’importateur local, Scott Health, refuse de communiquer le moindre chiffre et, du côté du ministère de la Santé, la transparence n’est pas de mise non plus. Notre enquête de terrain montre néanmoins que le Média-tor n’a pas été prescrit de façon aussi impor-tante à Maurice qu’à La Réunion. Certains généralistes l’ont prescrit pour des cas d’hypertriglycéridémies et s’étonnent de le voir retiré de la vente, n’ayant pas constaté d’effets secondaires. Son coût relativement élevé, pour le pouvoir d’achat local, a sans doute contribué à limiter sa commercialisa-tion. Une prescription de trois boîtes, pour un traitement durable, revenait à 750 rou-pies (19 euros) par mois. Et les pharmaciens de l’île affi rment en avoir peu vendu. Une centaine de personnes auraient néanmoins subi un traitement sur le long terme. Aucune information n’a fi ltré pour le moment sur des cas de complications car-diaques et d’éventuels décès dus à ce trait-ement. Mais les données, en matière de santé, peinent toujours à émerger dans une île où l’on n’a jamais pu savoir exactement le nombre de malades du chikungunya.

LISBETH VIARD ET VALÉRIE AUBERT

« Nous avons actuellement déposé une centaine de plaintes de patients réunionnais au pôle « santé publique » du Parquet de Paris. Comme vous le savez, nos plaintes pénales visent tant les laboratoires Servier que l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). J’estime en effet que cet établissement public a manifestement failli à sa mission de service public de veille sanitaire. Il convient de rappeler qu’en France, les premiers signaux d’alarme ont été tirés en 1999. À Marseille et à Toulouse, des observations ont mis en cause le Médiator sur des insuffi sances aortiques dues à ce médicament. Tout cela s’est traduit par deux lignes dans un compte-rendu de pharmaco-vigilance de l’Afssaps. Par ailleurs, des revues médicales très sérieuses telles que BMJ ou Prescrire ont dénoncé dès 2003 la nocivité de ce médicament. Or, l’Afssaps n’a attendu que novembre 2009 pour réagir.Par ailleurs, dès 1995, le mésusage du médicament (c’est-à-dire son utilisation en dehors des prescriptions pour lesquelles il s’est vu octroyé une autorisation de mise sur le marché) était plusieurs fois signalé. Autrement dit, l’Afssaps était au courant que de plus en plus de prescripteurs utilisaient le Médiator comme anorexigène (coupe-faim). Cette négligence coupable, ayant causé entre 500 et 2 000 morts en France, impose que la responsabilité pénale de l’Afssaps soit recherchée dans ce dossier. »

MAÎTRE ALAIN ANTOINE :

« LE MÉSUSAGE DU MÉDIATOR S’EST RÉVÉLÉ DANGEREUX DÈS 1995 »

Page 18: Santé Austral No 1

18

coopération régionale

Santé Austral : Quelle est lebut de votre association ?Firoze Koytcha : L’association est née en 1987, suite à la situation désolante qui pré-valait à Madagascar sur le plan sanitaire. Avec des collègues médecins de tous hori-zons, nous avons décidé de réunir des médi-caments pour les livrer aux structures qui en avaient le plus besoin. Et puis, comme vous pouvez vous imaginer, au fur et à mesure des missions, les cartons se sont égarés dans les méandres de l’administration malgache… Une idée folle m’est alors venue à l’esprit : au lieu de livrer des médicaments et de repartir, nous pourrions venir soigner les gens directement chez eux… Et c’estainsi que nous avons réalisé notre première mission sur l’île Sainte-Marie. Encore aujourd’hui, notre devise est la même : réaliser une mission fl ash, courte dans le temps et dans l’espace. Notre objectif princi-pal est d’améliorer l’état de santé des popula-tions situées dans les bourgades reculées de Madagascar, mais aussi aux Comores. Nous n’intervenons pas dans les grandes villes où, généralement, il y a déjà beaucoup d’ONG à l’œuvre.

Justement, comment se dérouleune mission de « Médecins del’océan Indien »?La méthode est toujours la même et trois fois par an. Nous formons un groupe de trente missionnaires de toutes spécialités : chirur-gien, cardiologue, gastro-entérologue, pédia-tre, ophtalmologiste, chirurgien dentaire, infi rmier… et nous partons pour dix jours.

En moyenne, nous traitons entre 7 000 et 9 000 patients par mission. En dessous de 6 000, je considère que la mission est un échec ! Généralement, nous utilisons le pla-teau technique présent au sein de l’hopital le plus proche. Mais au-delà du volet prise en charge thérapeutique, notre mission a également d’autres objectifs. Une dimension de formation tout d’abord, avec des con-férences théoriques le soir, réalisées par les spécialistes présents au sein de la mission. Ces conférences intéressent particulière-ment les internes en médecine de la région que nous invitons systématiquement sur toute la durée de la mission. Ils bénéfi cient ainsi de cours pratiques lorsqu’ils assistent aux consultations et aux opérations ainsi que des cours théoriques le soir. Le second volet est de l’ordre de la prévention. Une équipe de dentistes réalise sur le temps de la mission une campagne d’hygiène bucco-dentaire au sein des écoles de la zone.

Les médecins qui partentavec vous sont-ils tous réunionnais ?Non, l’équipe est en général constituée pour moitié de Franco-réunionnais et pour une autre moitié de Malgaches. Ce sont des pro-fessionnels que nous avons formés et qui nous suivent sur chaque mission. Ils bénéfi -cient ainsi d’outils de pointe pour exercer leur métier et nous servent aussi bien sou-vent d’interprètes avec les Malgaches qui ne parlent pas français. Dans le cadre d’une consultation, cela peut parfois être salutaire !

PROPOS RECUEILLIS PAR LISBETH VIARD

« Nous traitons 7000 patients en dix jours »

Firoze Koycha, ancien médecin chef du service de chirurgie au CHD Félix Guyon, aujourd’hui à la retraite,a crée il y a vingt-trois ans l’association Médecins de l’océan Indien, dont il est toujours président. A quelques jours du départ pour une nouvelle mission, il nousen explique le déroulement.

TROIS QUESTIONS À

FIROZE KOYTCHA,PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION « MÉDECINS DE L’OCÉAN INDIEN »

Le coût d’une mission « Médecins de l’océan

Indien » revient généralement à 50 000 € grâce à l’appui

fi nancier de la Région et du Département, qui

interviennent à hauteur de 40% du budget. Les 60%

restant proviennent des dons que reçoit l’association, et en temps de crise, ils ont tendance à s’amenuiser… Comme l’explique Firoze

Koytcha, « nous ne faisons pas de la distribution de

nivaquine, mais nous réalisons des opérations de la

cataracte pour 6 € , ce n’est pas la même chose. Ce type

de pari insensé n’est possible qu’avec la disponibilité

bénévole de tous les médecins et… un minimum de moyens. Je fais donc la

manche régulièrement pour pouvoir boucler le budget

de chaque mission. »

» UNE OPÉRATION DELA CATARACTE À 6 €

Page 19: Santé Austral No 1

PUBLI-REPORTAGE

Pouvez-vous présenter aux lecteurs

de Santé Austral la Banque privée

de la Banque de la Réunion ?

Hervé Lebigre : Nous avons une équipe de sept

experts patrimoniaux répartis sur l’île. Ils conseil-

lent la clientèle intéressée par un suivi person-

nalisé et discret pour la gestion de leur patrimoine.

Quels sont les solutions

que vous proposez aujourd’hui ?

Nous intervenons sur toute la gamme classique

de la gestion de patrimoine avec les solutions

bancaires en plus. Nous proposons régulièrement

des offres obligataires à des taux fort attractifs,

supérieurs à ceux des fonds en euros, soit en di-

rect, soit au travers de l’assurance-vie. Nous com-

mercialisons également un site boursier,

l’équivalent des solutions que vous pouvez trouver

sur Internet particulièrement adapté à notre

clientèle.

Nous sommes très prudents sur l’immobilier de

défi scalisation, nous lui préférons le plus souvent

« l’immobilier papier » et les autres formes de

défi scalisation (FIP, FCPI, One Shot, SCPI Scellier).

Nous pouvons proposer de l’immobilier parisien

de luxe ou bien de l’achat d’immobilier en démem-

brement temporaire sur la première couronne de

Paris ou dans les grandes villes de France. Dès

mon arrivée, j’ai étendu la gamme de produits

avec des solutions nous permettant d’avoir une

offre aussi large que celle de n’importe quelle

banque privée parisienne. Pour les solutions sur-

mesure, nous avons l’appui de notre banque de

gestion de fortune, la Banque 1818.

Offrez-vous d’autres avantages à vos clients ?

Notre démarche est celle du conseil et du suivi

dans le temps qui sont gratuits. Nos conseillers

sont des cadres expérimentés et diplômés, ils sont

salariés et non commissionnés, c’est très impor-

tant en terme d’éthique. La banque de la Réunion

est une institution, elle est là depuis 1853. Notre

démarche s’inscrit dans le temps, c’est une sé-

curité pour le client. Par ailleurs, en mettant à

notre disposition ses équipes d’avocats fi scalistes,

de fi nanciers et d’experts patrimoniaux si le be-

soin s’en fait sentir, la Banque 1818 nous apporte

un plus dont bénéfi cient tous nos clients.

Pourquoi avoir changé de dénomination ?

Nous sommes passés de Gestion Privée à Banque

Privée car nous faisons des placements, mais

aussi du prêt et notamment sur des montages

patrimoniaux alors que le terme « Gestion » dé-

signe la gestion sous mandat que nous sous-

traitons à la banque de gestion de fortune du

groupe, située à Paris. Ainsi, les clients ont tou-

jours un interlocuteur chez nous, mais également

à Paris, et chacun maîtrise son métier.

Quels types de montages

patrimoniaux fi nancez-vous ?

Nous fi nançons un certain nombre de montages

pour lesquels de la jurisprudence existe car nous

ne voulons pas faire courir de risques d’abus de

droit ou d’abus de biens sociaux à nos clients. Bien

entendu, il faut qu’un certain nombre de condi-

tions soient réunies pour que cela fonctionne.

On peut citer par exemple les montages permet-

tant de transmettre une partie de son patrimoine

à ses héritiers (en nue-propriété) et permettant

de dégager du cash pour les détenteurs initiaux

des parts, c’est le cas du rachat de parts de SCI.

Cela permet notamment au propriétaire initial de

repartir sur d’autres projets. On peut ainsi ap-

porter une solution économique, juridique et fi s-

cale optimale. À noter tout de même qu’il y a des

conditions juridiques assez strictes à respecter

pour que le montage soit sain.

Avec les équipes du marché des professionnels,

nous intervenons également sur l’achat de murs

en démembrement. La personne physique achète

la nue-propriété d’un immeuble et la SELARL

l’usufruit. Un des avantages majeurs est la pos-

sibilité pour la SELARL d’amortir la valeur de

l’usufruit. Le montage ne doit pas être fait dans

ce but unique, mais il est particulièrement intéres-

sant si toutes les conditions sont respectées.

Enfi n, nous intervenons également dans la ces-

sion et la transmission d’entreprises en collabora-

tion avec les responsables de la partie profession-

nelle de la Banque de la Réunion et les différents

conseils intervenant dans ce type d’opération.

« Une offre aussi large que n’importequelle banque privée parisienne »

Des services adaptés à tous les besoins et du sur-mesure si néces-saire, dans le cadre d’une véritable

banque privée qui se consacre exclusivement au patrimoine de ses clients. Son directeur Hervé Lebigre

nous expose son sens d’uneapproche personnalisée qui fait

toute la différence...

Direction de la Banque PrivéeTél. : 0262 40 00 99 - Fax : 0262 40 01 95E-mail : [email protected]

« Notre démarche est celle du conseil et du suivi dans

le temps qui sont gratuits. » IPR

EU

NIO

N.C

OM

B A N Q U E P R I V É E

Page 20: Santé Austral No 1

20

Santé Austral : L’Agence Régionale de Santé Océan Indien a été inaugurée il y a un peu plus d’un an.Quel bilan pouvez-vous tirer ?Chantal de Singly : Notre première tâche aura été de« regrouper » un certain nombre d’entités auparavant éparpillées. La Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS) de La Réunion et la DASS de Mayotte tout d’abord, qui étaient notamment chargées de la veille sanitaire et de la lutte contre les agents infectieux. L’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) ensuite, et puis aussi l’Assurance maladie dans sa dimension de planifi cation et de conduite de la politique régionale de gestion du risque. La séparation qui existait entre la politique hospitalière et la gestion du risque sanitaire n’existe plus et c’est une bonne chose car, à mon sens, il y a tout intérêt à travailler main dans la main dans ce domaine. Dans le cas typique du chikungunya, parexemple, cela permet d’améliorer la prise en charge des patients atteints, avec une meilleure circulation de l’information.Ensuite, du point de vue de la veille sanitaire, nous avons égale-ment créé une plateforme centralisée pour La Réunion et pour Mayotte. Il existe désormais un numéro unique à La Réunion et à Mayotte, qui réceptionne et traite les « évènements sanitaires susceptibles de constituer une menace pour la santé publique ». Autrement dit les intoxications aigües, les pathologies inhabitu-elles à potentiel épidémique… Il a été utilisé avec succès à Ma-yotte pour nous signaler un problème de pollution de l’eau sur la très belle plage de N’Gouja en avril 2010. Cela nous a permis

Directrice de l’Agence de Santé Océan Indien depuis un an, Chantal de Singly

s’applique depuis lors à traduire localement à La Réunion et à Mayotte les

mesures gouvernementales françaises en matière de santé. Elle s’explique sur le scandale du Médiator, la suspension

d’un urologue au CHD et la situation sanitaire à Mayotte.

« La prévention a toujoursété le parent pauvrede notre système de santé »

CHANTAL DE SINGLYDIRECTRICE DE L’AGENCE DE SANTÉ OCÉAN INDIEN

l’invité de Santé Austral

d’intervenir rapidement pour faire les analyses, traiter le pro-blème et ainsi ne pas fermer la plage trop longtemps.Et puis, au delà de la veille Réunion-Mayotte, j’ai également tenu à être partie prenante d’une veille sanitaire internationale à l’échelle de l’océan Indien, qui fonctionne très bien. Elle ras-semble Madagascar, Maurice, La Réunion, Mayotte, Les Seychelles et Les Comores, et se caractérise par une réunion hebdomadaire animée par la Commission de l’océan Indien basée à Maurice. Grâce à cette surveillance internationale, on a pu savoir par ex-emple qu’il existait une épidémie de dengue aux Comores, un foyer de chikungunya à Madagascar et ainsi être particulièrementvigilants avec les voyageurs rentrant de ces pays.

Du point de vue de la situation sanitaire à La Réunionet à Mayotte, est-ce conforme à ce que vous imaginiez ? Quelles sont vos priorités ?

Page 21: Santé Austral No 1

21l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

« Du point de vuede la veille sanitaire,

nous avons créé une plateforme centralisée »

l’invité de Santé Austral

Dès les six premiers mois qui ont suivi ma nomination, j’ai essayé de me faire une idée précise de la situation. Un de mes premiers chantiers aura été de mettre l’accent sur la veille sanitaire et sur les questions d’environnement, car leur impact est très fort dans la région. À Mayotte, par exemple, seuls 60% de la population a accès à l’eau potable. Avec de tels chiffres, il est diffi cile de travailler sereine-ment, notamment par rapport aux épidémies que cela peut con-tribuer à développer. J’ai alors décidé de prendre le problème à bras le corps en mettant de l’argent sur la table, et ceci afi n de former des gens pour nettoyer les caniveaux et les plages. Suite à cela, les communes et leurs services municipaux se sont égale-ment mobilisés, en décidant de sanctionner les dépôts sauvages sur la base d’un arrêté municipal. Il devrait donc y avoir du progrès dans ce domaine.Après, parmi les autres chantiers urgents, il y a le développement

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 22: Santé Austral No 1

22

rapide, à La Réunion et à Mayotte, des maladies du métabolisme, comme le diabète, et les maladies cardiovasculaires. Comme ce sont des maladies qui sont généralement la conséquence d’un surpoids, nous avons tout intérêt à travailler sur le sujet pour mettre en place des outils de prévention et de prise en charge effi caces.Et puis il y a également un autre dossier inquiétant dans l’ensemble des DOM : la mortalité périnatale anormalement élevée. Une étude récente laisse apparaître une mortalité relative-ment plus forte à La Réunion (par rapport à la Métropole) dans les six premiers jours de la vie. Il faut donc explorer ce qui se passe au moment de la naissance et qu’on prenne des mesures en faveur d’une plus grande surveillance de la grossesse et des premiers jours de la vie. Pour fi nir, j’ajouterai que nous sommes confrontés au problème des addictions qui commencent très jeune ici. L’alcool, les stupé-fi ants ou encore le Rivotril© sont des substances qui sont régu-lièrement consommées par une population jeune. Là encore, il y a un gros travail de prévention à entreprendre.

D’un point de vue opérationnel, quels sont les outils que vous avez d’ores et déjà mis en place ?Parmi les outils très utiles dans la région en matière de santé, il y a le Groupement d’intérêt économique Télémédecine Océan Indien (GIE TOI). Ce GIE, mis en place historiquement par l’ARH et les hôpitaux, pilote le développement des infrastructures et des services nécessaires à l’échange d’informations médicales entre acteurs de santé, à La Réunion et à Mayotte. J’ai demandé à ce que le médico-social, qui à La Réunion veut développer l’informatisation du dossier des résidents, en fasse partie. Si ça avance bien, nous serons peut-être une des premières région à avoir inséré le médico-social dans ce système d’information. Il y a également le développement de la télémédecine. Nous l’avons mise en place à Mafate avec la valise médicale. C’est le Samu qui supervise et, dans de nombreux cas, cela doit nous éviter d’envoyer un hélicoptère. Cela fonctionne plutôt bien et, là dessus aussi, nous sommes plutôt précurseurs. D’ailleurs, la téléméde-

À Mayotte, seul 60%de la population a accèsà l’eau potable. Cela a unimpact important sur les problèmes sanitaires.

« La mortalité périnataleest anormalement élevée dans les DOM »

l’invité de Santé Austral CHANTAL DE SINGLY DIRECTRICE DE L’AGENCE DE SANTÉ OCÉAN INDIEN

cine en général a beaucoup de sens ici, que ce soit à Mafate, Salazie ou Cilaos, et même avec Mayotte avec laquelle l’échange en images et en vidéo pourrait simplifi er bien des prises en charge. En bref, nous y travaillons !

Plus en rapport avec l’actualité, et précisément concernant le scandale du Médiator, l’ARS a étéaccusée d’un léger « retard à l’allumage » par l’URML (principal syndicat de médecin sur l’île) dans la priseen charge des patients ayant consommé ce médicament. Qu’en est-il aujourd’hui ?Alors justement, je ne suis pas tout à fait d’accord avec cela, dans la mesure où, dès que j’ai eu connaissance de l’info, j’ai rassem-blé tout le monde autour d’une table, médecins libéraux et Sécu-rité sociale, pour voir comment gérer la situation au mieux, et ce, avant même des indications nationales…Maintenant, je peux comprendre qu’au vu des crises précédentes comme le chikungunya ou encore la grippe H1N1, les médecins de l’URML n’aient pas une totale confi ance dans leurs institutions dans la mesure où, à l’époque, il n’y a peut-être pas eu les réfl exes qu’ils attendaient. Désormais, j’ai vraiment envie de leur apporter la preuve que nous sommes réactifs.Dans le cas précis du Médiator, nous avons fait le nécessaire pour que les patients ayant consommé ce médicament aient le maximum d’informations, notamment en garantissant l’accès au numéro vert national (ndlr : 0800 880 700) à La Réunion et à Mayotte.

IPR

EU

NIO

N.C

OM

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 23: Santé Austral No 1

l’offi ciel de la santé dans l’océan indien 23

2010 Directrice de l’Agencede Santé Océan Indien

2009Missionnée par la ministrede la Santé et des Sportssur les cadres hospitaliers

2008Directrice de l’Institutdu managementde l’École des hautes étudesde Santé publique

2003Directrice de l’hôpitaluniversitaire Saint-Antoine

1999Directrice de l’hôpital pédiatrique universitaire Armand Trousseau

1994Directrice de l’hôpital Laennec

1986Directrice des études etde la recherche à l’École nationale de Santé publique

CHANTAL DE SINGLY EN QUELQUES DATES

l’invité de Santé Austral

Suite au scandale lié à ce médicament, l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (AFSSAPS) a publié une liste de 77 médicaments actuellement sous surveillance. Quelles conséquences faut-il en tirer en tant que consommateur ?Déjà, il faut savoir que beaucoup de médicaments sont sous sur-veillance de l’AFSSAPS, sans que la population ne soit spécifi que-ment au courant. Et vis-à-vis de cela, je pense qu’il y a une remise en cause nécessaire par rapport à la place qu’on accorde aux médicaments. Il n’y a pas un médicament pour chaque maladie, comme beaucoup de gens peuvent le penser en France. Dans d’autres pays, on accorde beaucoup plus d’importance à la préven-tion, mais chez nous, cela a toujours été le parent pauvre de notre système de santé. Et cette méfi ance autour des médicaments est peut-être une formidable occasion de reconsidérer la façon dont on soigne les gens en général dans notre pays.

Dans quelle mesure l’ARS peut intervenir lorsquevous constatez des manquements graves à l’exercicede la profession, comme dans le cas de cet urologue suspendu début mars de ses fonctions ?Je tiens tout d’abord à préciser le contexte dans lequel on évolue. Le Code de la Santé publique confi e à l’ARS la mission de veiller à la qualité et à la sécurité des actes médicaux, au délivrement et à l’utilisation des produits de santé.De leur côté, les établissements de santé, qu’ils soient publics ou

privés, sont tenus de signaler à l’ARS les événements indésirables et graves liés aux soins. À La Réunion et à Mayotte, ils ont recours aux plateformes de veille et d’urgence sanitaires mises en place à cet effet.Dans ce cas, mais aussi à l’occasion de plaintes de patients reçues directement par l’agence et n’ayant pas donné lieu à de telles déclarations, une enquête peut alors être diligentée, qui sera suivie de recommandations et/ou de prescriptions de mesures correctives. Ces actions peuvent porter sur l’organisation des soins ou sur des mesures individuelles. Dans le cas d’espèce que vous évoquez, une mission d’inspection est en cours, et je ne peux donc pas m’exprimer sur les faits reprochés tant que les conclusions de l’enquête n’ont pas été rendues.Pour le secteur libéral, si une plainte ou un signalement est ad-ressé à l’agence, celle-ci saisit aussitôt l’Ordre dont dépend le professionnel concerné.

La nutrition est le sujet central de ce premier numéro de Santé Austral. Vous l’avez évoqué précédemment, c’est également un axe sur lequel vous souhaitez travailler. Pouvez-vous nous en dire plus ?Effectivement, j’ai pour projet de mettre en place un schéma nutrition-santé spécifi que à notre territoire, notamment par rap-port aux chiffres alarmants de l’obésité. J’aimerais pouvoir mo-biliser tous les acteurs sur un axe transversal, des producteurs aux industriels de l’agroalimentaire, en passant par les distribu-teurs. C’est toute la chaine qui doit être garante d’une meilleure nutrition, et les consommateurs doivent y croire eux aussi. À Mayotte, la question est autrement plus grave, car nous avons aussi des cas d’enfants dénutris. Cela signifi e qu’ils n’ont pas le minimum nécessaire pour se développer. Dans les deux cas, je pense que nous devons encourager l’alimentation « péï », en réhabilitant la cuisine traditionnelle qui a plein de qualité, mais en l’allégeant aussi de sa dimension grasse et sucrée. Bien évidemment, cela ne suffi t pas de faire la morale, il faut qu’on trouve des solutions concrètes, comme par exemple demander aux distributeurs de ne pas appliquer de marges supplémentaires sur les produits bio… Après, on compte également beaucoup sur la mobilisation communautaire. Les initiatives individuelles, c’est bien, mais, si elles sont suivies par tout un groupe, c’est mieux. Prenons l’exemple de Weight Watchers© ou des Alcooliques anonymes, si ça marche, c’est aussi parce que les gens se sentent soutenus au sein d’un groupe. À La Réunion, on sait bien que le cari fait partie de la culture, il est indétrônable. Alors justement, si les gens doivent l’adapter dans le cadre d’un régime, il faut qu’ils aient le soutien de leur environnement. Et pour cela, on a besoin des médecins généralistes pour qu’ils orientent les pa-tients vers ces groupes. J’ai bien conscience que nous devons agir sur ce sujet, notamment car il serait très dommageable que le comportement alimentaire américain se reproduise dans nos îles.

PROPOS RECUEILLIS LISBETH VIARD

« C’est toute la chaîne qui doit être garante d’une meilleure nutrition »

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 24: Santé Austral No 1

La technologie Tennant ec-H2O™, la dernière née d’une longue série d’innovations, convertit électriquement l’eau en une solution de nettoyage supérieure adaptée à la majorité des applications en termes de lavage des sols. Les clients qui utilisent la technologie ec-H2O peuvent économiser jusqu’à 100% sur leurs coûts de chimie en réduisant les volumes d’achats, le stockage, la formation et le temps associés au traitement, au mélange et à l’usage de produits détergents. Des études réalisées par des organismes indépendants démontrent que la technologie ec-H2O apporte de meilleurs résultats que beaucoup de détergents traditionnels et réduit les risques de chutes et de glissades.* Des centaines de clients constatent les bénéfi ces de Tennant ec-H2O tout en réduisant leur empreinte carbone. Rejoignez-les et découvrez-en davantage www.tennantco.com/ec-H2O.

TENNANTCreating a cleaner, safer, healthier world. *Aspen Research Corporation and Elliot Affi liates studies and National Floor Safety Institute certifi cation.

Tennant ec-H2O™ peut réduire vos dépenses en détergents pour les sols jusqu’à

Tennant ec-H2O.™ Nettoyer mieux n’est qu’un début.

COROI - ZI n°1 • 97822 Le Port - La Réunion • Tel : 02 62 42 15 24 • Email address : [email protected]

Page 25: Santé Austral No 1

26 DOSSIER POURQUOI IL

FAUT RÉAPPRENDREÀ MANGER

30 Quelle alimentation privilégier pour éviter le surpoids ?

32 Les clefs pour réussir son régime34 Entretien avec Prity Pugo Gunsam « Un tsunami d’éducation

alimentaire doit balayerl’ile Maurice »

36 Le long chemin du stéviavers la légalité

37 Comment notre cerveaudevient accro au sucre ?

38 Diabète : la coopérationrégionale se développe

40 TECHNO Le cyclotron : un allié

pour dépister les cancers42 Sainte-Clotilde : un centre de

cardiologie interventionnelle de haut volume

25l’offi ciel de la santé dans l’océan indien 25

sant

é

Page 26: Santé Austral No 1

26

dossier

Pourquoi il faut réapprendre à

MANGER

STO

CK

LIB

Page 27: Santé Austral No 1

27l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

la gastronomie privilégie les saveurs, la diété-tique y ajoute la notion d’équilibre alimentaire. Et ce, afi n d’améliorer le capital santé de cha-cun d’entre nous. »Toutes les études scientifi ques confi rment que nous construisons notre santé avec notre ali-mentation. Elle doit être variée, équilibrée et associée à un minimum d’activité physique, c’est un facteur de protection contre le cancer, les maladies cardiovasculaires, l’ostéoporose, le diabète, l’obésité et l’hypercholestérolémie. « Je ne me rendais pas compte que mêmeen surpoids, j’étais capable de faire du sport », s’enthousiasme Christiane qui a suivi,elle aussi, le programme de la clinique réunionnaise.

NOTRE ALIMENTATIONEST DEVENUE TROP RICHEPratiquement dans le monde entier, l’alimentation humaine est construite autour d’un aliment céréalier (riz, maïs, pommes de terre, blé sous forme de pâtes, farine ou pain) que chacun enrichit ensuite en fonction des ressources locales et fi nancières. « Dans notre région, l’association riz, grain, viande ou poisson est sans aucun doute une solution diététique satisfaisante. Mais isolée, elle manque de légumes (crus ou cuits) et, sur-tout, elle est devenue trop riche pour une civili-sation où les efforts physiques ont trop souvent

« Quand on m’a expli-qué que manger de tout faisait maigrir, au début j’ai eu du mal à le croire. »

Séverine, 25 ans, vient de passer quinze jours à la clinique Oméga, un établissement spé-cialisé dans la prise en charge des personnes obèses à La Réunion. « C’est une des nom-breuses idées reçues que nous essayons de combattre », explique Martine Rifl eu infi r-mière coordinatrice dans le même établisse-ment. Car oui, il ne faut pas l’oublier, manger est un des plaisirs de la vie ! Il nous procure un certain bien-être que nous associons sou-vent à une bonne santé et il est avéré que nous construisons notre santé avec notre alimenta-tion. À l’opposé, se restreindre ou éliminer purement et simplement toute une catégorie d’aliments pour maigrir conduit inévitable-ment à de la frustration qui fera, par la suite, le lit du surpoids. Une seule chose à retenir : la mesure. Manger de tout, mais en quantité raisonnable, voici l’une des clefs du succès pour rester en forme le plus longtemps pos-sible. Comme l’explique Hugues Raybaud, médecin généraliste : « Alors que la gastrono-mie illustre la bonne chère, la diététique quant à elle évoque trop souvent une alimentation triste et sans saveur. Fatale erreur ! Les repas doivent être et rester un moment agréable. Et si

dossier

Plus de 15% de la population souffre d’obésitéà La Réunion et près de 16% à Maurice, contre 10%en France. Alors que les dernières études confi rmentle rôle majeur de l’alimentation dans la préventiondes maladies cardio-vasculaires, du cancer et du diabète, cela pose un vrai problème de santé publique…

NOS EXPERTS :Hugues RAYBAUD : médecin généralisteFridor FUNTEU : docteur en nutrition

IPR

EU

NIO

N.C

OM

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 28: Santé Austral No 1

28

dossier

disparu. Enfi n, rançon regrettable de la mon-dialisation, nous faisons une part bien trop belle aux aliments et boissons sucrés », indique Hu-gues Raybaud.Pour se nourrir, chaque espèce animale a ses règles directement reliées aux capacités de sa digestion. Les unes sont carnivores d’autres fructivores, végétariennes, etc. L’homme, lui, est omnivore, c’est-à-dire qu’idéalement son alimentation doit être équilibrée et variée. Dans le monde entier, chaque fois que cela est possible, la sagesse populaire a su associer les divers composants indispensables, mais n’a pas su s’adapter aux bouleversements des modes de vie. Re-pas pris sur le pouce, diminution de l’activité physique et alimentation peu diversifi ée sont, à n’en pas douter, des facteurs qui peu-vent engendrer un surpoids. Mais à partir de quand peut-on dire qu’une personne se trouve en surpoids ?

À Maurice comme à La Réunion, les marchés restent l’alternative la plus intéressante pour s’approvisionner en fruitset légumes frais.

« Une personne est dans ce cas lorsque son poids, rapporté à sa taille, est en excès. Ondétermine cela à l’aide du calcul de l’Indice de masse corporelle (IMC) », explique le nutri-tionniste Fridor Funteu.

L’OMS CONSIDÈRE L’OBÉSITÉ COMME UNE MALADIEL’obésité, qui est la phase avancée du sur-poids, se caractérise par une accumulation anormalement élevée de graisse dans le corps. Depuis 2005, elle est considérée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) comme une maladie.Deux études réalisées en 2003 et 2004 (voir encadré « le surpoids en chiffres ») montrent qu’à La Réunion et à Mayotte, comme à Mau-rice, les chiffres de l’obésité augmentent plus vite qu’ailleurs. Malheureusement, depuis ces études, la tendance ne s’est pas inversée.Si l’explication est connue (manque d’exercice,

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 29: Santé Austral No 1

29l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

dossier

repas trop riches et trop copieux, arrivée du fast-food et consommation massive d’aliments et de boissons sucrés…), les pou-voirs publics locaux prennent tout juste la mesure de ce problème aux conséquences alarmantes sur la santé publique, près de sept années après la publication des pre-miers chiffres.« Dans la liste des conséquences de l’obésité sur la santé, il y a d’abord les complications que sont le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, les dyslipidémies dont l’hyper-cho-lestérolémie et certains types de cancer. Il y a aussi les diffi cultés sociales souvent associées au mal-être et à la mésestime de soi des per-sonnes en situation d’obésité et le regard stig-matisant de la société vis-à-vis de celles-ci », ajoute Fridor Funteu. Certains professionnels de santé n’ont pas attendu les directives nationales pour s’emparer du problème. À l’image de la pro-

« L’obésité est la phase avancée du surpoids. Elle se caractérise par une accumulation anormalement élevée de graisse dans le corps »

La prévalence de l’obésité infantile est de 26% àLa Réunion contre 19%en France métropolitaine.

fesseur Prity Pugo Gunsam, à Maurice,ambassadrice d’un programme d’éducation alimentaire dans les écoles primaires, ou encore d’Emmanuel Bourdon, chercheur à l’université de La Réunion, qui planche sur des solutions visant à enrayer le diabètede type 2, une des conséquences directede l’obésité. Tout cela constitue pour nos sociétésune charge qui devient de plus en plusdiffi cile à supporter. De plus, les récentes estimations du coût de l’obésité en France et aux Etats-Unis montrent que son impact sur les fi nances publiques est loin d’êtrenégligeable. Autrement dit, la prévention du surpoids doit devenir un véritable enjeu de santé publique, et cela est d’autant plus vrai dans notre région où les chiffres de l’obésité sont plus élevés qu’en France.

LISBETH VIARD ET VALERIE AUBERT

Selon la dernière étude Obépi réalisée en France en 2003, « la population adulte réunionnaise est davantage concernée par les problèmes d’obésité que la Métropole. Les prévalences sont de l’ordre de 35% pour le surpoids et 15% pour l’obésité sur l’île, contre 30% et 11% en Métropole ». À Maurice, une enquête du ministère de la Santé, datée de 2004, pointait des chiffres tout aussi alarmants, avec près de 16% de Mauriciens considérés comme obèses et 30% en surpoids.

LE SURPOIDSEN CHIFFRES

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 30: Santé Austral No 1

30

dossier

Un IG haut signifi e trop de glucose, ce qui engendre un stockage en graisse.Un IG bas signifi e qu’il est utilisé au fur et à mesure dans le corps, c’est préférable.

DU SUCRE OUI, MAIS PAS TROPLes aliments riches en fi bres (lentilles, pois et haricots…) ont un IG assez bas car leur glucose est peu assimilé par l’intestin. Les aliments raffi nés (pain, riz, gâteaux) ont un IG élevé.Le sucre blanc, lui, est fait pour moitié de glucose et de fructose. Ce dernier ayant peu

Les glucides, ou hydrates de carbone, constituent le « carburant » du corps et sont donc à juste titre la base de notre alimentation car ils

fournissent la moitié de nos besoins énergé-tiques. Ils sont divisés en deux catégories. Les sucres simples, dits rapides, car rapide-ment assimilables (glucose, fructose, saccha-rose) au goût sucré et les sucres complexes, dit lents (céréales et féculents), dont la diges-tion plus lente assure une satiété prolongée. À noter que tous les glucides sont transfor-més en un sucre simple, le glucose. Le glu-cose se répartit dans l’organisme pour être directement utilisé par toutes les cellules. Il pourra également être stocké sous forme de glycogène dans le foie et les muscles, mais aussi sous formes d’acides gras sur les hanches, les fesses et l’abdomen... Hélas !!

L’IMPORTANCE DE L’INDICE GLYCÉMIQUE (IG) DES ALIMENTSLa consommation excessive de glucides sur-tout rapides va stimuler la sécrétion d’insuline, ce qui va avoir plusieurs conséquences :Diminuer le taux de sucre dans le sang et ramener la glycémie sanguine dans la nor-male. En cas d’échec, c’est le diabète, c’est à dire un excès de sucre dans le sang ;Transformer le glucose en glycogène et ainsi stocker cette énergie rapidement utilis-able dans le foie et les muscles ;Transformer le glucose en lipides, les tri-glycérides, favorisant la prise de poids, et induire une « pré-pathologie d’alerte » qui a été appelée le syndrome métabolique ou pré-diabète. Pour prévenir cela, il est important de con-naître l’indice glycémique (IG) des aliments qu’on consomme, pour composer au mieux ses repas.

Au-delà de sa variété, l’alimentation normale doit

comporter une juste proportion de différents

composants que sont les glucides, les protéines et les

lipides ou acides gras. Explications…

Quelle alimentation privilégier pour éviter le surpoids ?

Dans tous les cas associer une crudité en entrée, un fruit et/ou un produit laitier en dessert

À Maurice, une enquête menéeen 2009 fournit des chiffres

inquiétants : 30,7% des enfants âgés entre 5-11 ans et 38,4% des

adolescents âgés de 12-19 ans ne mangent aucun fruit de manière

quotidienne.

HARO SUR LE REPAS TYPE CRÉOLE ?NON MAIS TROP RICHE, IL DOIT ÊTRE ADAPTÉ

RIZ

ROUGAIL

RIZ

LÉGUMES

LÉGUMES

GRAINS

À ÉVITER À PRIVILÉGIER

VIANDE POISSON

VIANDE POISSON

GRAINS

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 31: Santé Austral No 1

31l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

dossier

d’effet sur la glycémie, l’index du sucre n’est pas aussi élevé qu’on pourrait le croire. Mais comme il est souvent consommé hors des repas (café, thé, sodas, barres chocolatées, confi series), il contribue largement à la sur-charge glycémique (voir notre tableau sur l’indice glycémique de quelques aliments). En résumé, les glucides sont indispensables à l’alimentation humaine, mais une consom-mation excessive ou trop riche en glucide à index glycémique élevé - en particulier des glucides rapides à sapidité sucrée - entraîne prise de poids et risque de devenir diabé-tique. Depuis plusieurs années, ces sucres rapides peuvent être remplacés par des édul-corants comme l’aspartam et plus récem-ment le Stévia (voir nos articles p.36 et p.58).

CES BIENFAISANTES PROTÉINESPoissons, viandes, volailles, œufs ou pro-téines végétales une à deux fois par jour sont le socle d’une alimentation équilibrée. Une source également de vitamines et de mi-néraux (comme le fer). Les protéines doivent être un des composants du plat principal et non pas l’élément dominant. Il est donc pré-férable qu’elles soient en plus petite quantité que celle des autres constituants, à raison de 100 grammes par portion pour un adulte.Les protéines végétales peuvent être une alternative ou un complément aux protéines animales. On trouve en effet des protéines végétales de qualité dans les graines oléag-ineuses, les légumineuses, les céréales com-plètes et les produits simili-carnés comme le tofu et le seitan. Ceux-ci comportent environ 15 grammes de protéines pour 100 grammes.

L’APPORT DES LIPIDESOU ACIDES GRAS Gras, le mot est lâché. De fait, dans notre

Les sièges sont extra larges, les lits font le double de ceux habituellement rencontrés dans un établissement hospitalier classique, les portes ont elles aussi adopté la taille XXL… À la clinique Oméga, située au Port, à La Réunion, tout le mobilier a été conçu pour pouvoir accueillir le mieux du monde les personnes en surpoids. Et ce n’est pas tout : une équipe pluridisciplinaire, composée de médecins, diététiciennes, psychologues ou encore éducateurs sportifs, est entièrement dédiée au suivi de chaque personne qui pousse la porte de cet établissement pas comme les autres. En trois ans et demi

d’existence, ce sont près de 3 000 patients en surpoids qui y ont été accueillis, certains pour une journée, d’autres pour plusieurs semaines suivant leur pathologie et leurs objectifs. « 60% à 70% des patients que nous recevons sont orientés par leur médecin. À leur arrivée, nous réalisons un certain nombre d’analyses, notamment à l’aide de machines assez pointues comme l’ostéodensiomètre et l’Impédencemètre. Ces outils nous permettent de déterminer la part de masse osseuse, musculaire et grasse de chaque patient, ce qui nous aidera ensuite à défi nir leur programme. L’idée n’est pas

de leur faire perdre du poids à tout prix, mais bien de leur apporter une « éducation nutritionnelle » qui les fera sortir du cercle vicieux dans lequel ils se trouvent », explique Marie Rose Gras, directrice de la clinique Oméga. Les moyens pour y parvenir sont nombreux et très diversifi és : groupes de parole, atelier de modelage, séances de sport, décryptage des étiquettes des produits alimentaires, cours de cuisine diététique… « Comme l’obésité est une maladie silencieuse, qui ne fait pas mal, les patients n’imaginent pas toujours bien ses dangers… Et c’est là que nous avons notre rôle à jouer. »

alimentation, ce sont les nutriments les plus riches avec 9 Kcal/gramme. Mais ils sont aussi porteurs de tous les arômes et trans-porteurs des vitamines liposolubles (A, D, E, K). De quoi les rendre essentiels au fonc-tionnement de l’organisme. En les utilisant régulièrement pour l’assaisonnement (olive et colza) et la cuisson (olive, tournesol), cet objectif est satisfait.Les cellules humaines se montrent capables de synthétiser tous les acides gras saturés et l’acide oléique (à partir du glucose) sauf deux acides gras polyinsaturés, dits essentiels. Le premier est l’acide linoléique (oméga-6). Le second est l’acide alpha-linolénique (oméga-3). Nous devons donc les apporter par l’alimentation. Mais attention, il faut veiller au rapport oméga-6 sur oméga-3 qui doit être inférieur à 5 pour 1. Actuellement nous sommes en-core loin du compte car, dans notre alimenta-tion quotidienne, ce rapport équivaudrait plutôt à 15 pour 1. Réduire nos apports d’Oméga-6 (huiles de tournesol, maïs, pépins de raisin, graisses céréalières), au profi t des Oméga-3 (huiles de lin, colza, noix, poissons gras) devient indispensable.

MARIE SOMERS

Glucose 137

Baguette 136

Riz instantané 6 minutes 128

Confi serie fantaisie 114-100

Céréales de types

corn fl akes 110-100

Pomme de terre frites 107

Miel 104

Carottes 101

Pomme de terre en purée 100

Pain à la farine

de blé complet 97

Soda 97

Barre chocolatée 97

Croissants 96

Gnocchis 95

Flan 93

Pomme de terre bouillies 93

Sucre blanc 92

Pizza au fromage 86

Flocons d’avoine 87

Pâtisserie 84

Riz blanc 83

Muesli 80

Riz complet 78

Bananes 77

Jus d’oranges 74

Chocolat 70

Macaronis 64

Oranges 63

Haricots 60

Yaourt nature 51

Lentilles 42

Cerises 32

Fructose 32

Cacahuètes 21

INDEX GLYCÉMIQUE

DE QUELQUES ALIMENTS

Référence pain blanc = 100

IG élevé : supérieur à 70

IG modéré : entre 40 et 70

IG bas : inférieur à 40

» LA CLINIQUE OMÉGA AU SERVICE DES OBÈSES

D.R

Page 32: Santé Austral No 1

32

dossier

LA RÈGLE DU TRIO GAGNANT « Pour toute personne, je demande le respect de trois règles fondamentales qui sont une demi-heure d’exercice physique trois fois par semaine, le respect des menus alimentaires et l’utilisation d’adjuvants de régime naturels. »

Pour Shammeem Fatehmamode, nu-tritionniste à l’île Maurice, « chaque consultation commence par un exa-

men approfondi des conditions de santé du patient, qui permet de déterminer le type de régime alimentaire en correspondance au trait-ement médical déjà en place ». En effet, le régime d’un personne diabétique est dif-férent de celui d’une personne atteinte de cholestérol ou d’hypertension, même si, dans tous les cas, le respect d’une alimen-tation saine et équilibrée est identique. « Je complète ce bilan médical par la mesure des compositions corporelles, ce qui permet une meilleure analyse des résultats obtenus tout au long du régime. » À l’aide d’une balance équipée d’un système d’impédance bioélec-trique, un signal électrique faible et inof-fensif est transmis dans le corps. L’appareil mesure la résistance du signal dans les tissus graisseux qui, complétée par les facteurs de sexe, de taille et de poids, per-met de calculer les masses osseuses, vis-cérales et graisseuses présentes dans le corps.

« Mon médecin me demande de suivreun régime alimentaire. » C’est le constat partagé par de plus en plus de personnes confrontées à un moment de leur vie à cette nécessité. Le chemin de la réussite passe alors par la motivation…

NOTRE EXPERT :Shammeem FATEHMAMODE,

nutritionniste à l’île Maurice

« L’exercice physique permet d’augmenter les dépenses caloriques »

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

Les clefspour réussir son régime

Page 33: Santé Austral No 1

33l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

dossier

L’exercice physique permet d’augmenter les dépenses caloriques, ce qui développe la masse musculaire tout en augmentant la demande d’énergie. Le corps, régulé par un apport calorique contrôlé, puise alors son énergie dans les masses graisseuses. De leur côté, les adjuvants facilitent le drainage des toxines et leur élimination. En conclusion, les masses graisseuses diminuent, la silhou-ette s’affi ne et la balance sourit !

LE SUIVI PSYCHOLOGIQUE « Je revois mes patients toutes les trois semaines, je suis leur médecin, leur coach et aussi un gen-darme. Ils me racontent leur parcours, j’adapte les menus, les encourage. Mais rien ne remplace la motivation du patient qui est le seul facteur de réussite du régime. » En effet, maigrir n’est pas anodin. Pour tout le monde, l’alimentation représente plus qu’un simple apport énergé-tique, c’est surtout une source de plaisir et parfois un catalyseur psychologique qu’il est diffi cile de remplacer.

VALÉRIE AUBERT

TÉMOIGNAGES

« Je fais partie de celles qui ont toujours lutté contre les kilos. D’abord ronde, les kilos ont commencé à s’installer après ma deuxième grossesse. Je suis passée progressivement de grosse à obèse. Peu avant la ménopause, alors que les efforts physiques devenaient insurmontables, j’ai décidé d’entreprendre un régime, avant de connaître de sérieux problèmes de santé. Mais le vrai déclic restera le jour ou j’ai dû faire face à la réalité : la balance indiquait 105,6 kg . Le choc ! Un véritable défi s’est alors présenté à moi : perdre du poids coûte que coûte. Mais impossible d’y arriver seule, le soutien extérieur m’était indispensable. Pouvoir en parler et entendre d’autres dans la même diffi culté était également une pression positive nécessaire. Au fi l des mois, j’ai appris une nouvelle façon de manger, de marcheuse occasionnelle, je suis devenue marcheuse quotidienne. Je suis arrivée à la taille 48, ce qui pour moi était déjà un succès car personne n’y croyait. Bien sûr, j’ai eu des moments de faiblesse, quand l’envie était plus forte que tout. Alors sans tricher je savourais mon plat tant désiré, puis reprenais mon chemin. Avec le recul, je ne me suis jamais sentie aussi bien que pendant cette période, dans mon corps et dans ma tète. »

« Ma prise de conscience s’est produite suite à une crise de goutte très douloureuse que mon médecin a diagnostiquée par un bilan sanguin approfondi. Or, ce dernier a révélé non seulement la présence d’acide urique dans le sang, symptôme de ce type de crise, mais surtout un taux de cholestérol très fort. À cette époque, malgré mon poids et mon alimentation riche en féculents et graisses, je ne m’inquiétais pas pour ma santé. C’est grâce à cette crise de goutte que j’ai pu réaliser la mauvaise santé de mon corps. J’ai alors modifi é mon régime alimentaire afi n de faire baisser ce taux de mauvais cholestérol. J’ai arrêté de me nourrir de snacks, comme les « dholl puris », que je mangeais plusieurs fois par jour et à tout moment. J’ai ajouté des fruits et légumes à mon alimentation et j’ai recommencé une activité sportive une à deux fois par semaine. Pourtant, après plusieurs mois d’efforts, le taux de cholestérol n’est jamais revenu à la normale car il s’avère que mon corps fabrique seul le mauvais cholestérol. Afi n de le réguler totalement, la prise quotidienne d’un médicament est devenue obligatoire. Aujourd’hui, je continue à prendre soin de mon alimentation, ma journée commence par un petit déjeuner riche en fruits, je déjeune ensuite d’un plat consistant qui me donne de l’énergie et je fi nis par un dîner frugal. Bien sûr, je ne refuse jamais un bon plat d’huîtres arrosé de vin blanc, même si je sais qu’une crise de goutte peut se déclencher dès le lendemain. »

MARIE MICHELLE, 56 ANS.NEUF MOIS DE RÉGIME POUR 28 KG PERDUS

ERIC, 38 ANS.10 KG PERDUS SUR QUATRE ANS

« L’OBÉSITÉ EST UN SUJET TABOU »

« JE PRÉFÈRE UN CHANGEMENT ALIMENTAIRE SUR LA DURÉEPLUTÔT QU’UN RÉGIME TROPSTRICT QUI AFFECTE MON MORAL »

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 34: Santé Austral No 1

34

Santé Austral : Depuis quelques mois, vousêtes devenue ambassadrice auprès de Nestlé d’un programme d’éducation pour les jeunes enfantsnommé « Nou nutrition, nou la santé ».Quelles en sont les mesures concrètes ?Prity Pugo Gunsam : Grâce au soutient fi nancier de Nestlé, nous avons voulu créer un programme spécifi quement conçu pour les écoliers du primaire (entre 6 et 12 ans) qui soit accrédité par le ministère de l’Éducation. Il permet d’offrir aux écoliers de nouveaux outils visuels, faciles et amusants, qui les aident à comprendre les bases d’une bonne alimentation. Un poster représentant la pyra-mide des aliments est affi ché dans chaque classe et un DVD est remis à chaque élève afi n qu’il puisse le visionner chez lui, si possible avec ses parents. Bien sûr, il ne s’agit pas de répéter ce que les professeurs enseignent déjà, mais plutôt de leur apporter une aide supplémentaire, un petit coup de pouce !

Comment réagissez-vous devant le scepticismede certains professeurs qui ont déjà vu plusieurs fonctionnaires intervenir au sein des écoles,sans résultats concrets obtenus ?Bien sûr, c’est une éducation sur le long terme et je n’attends pas de changements immédiats. Comme le disait une directrice d’école où nous sommes intervenu : « Pour empêcher qu’un petit pêcher de gourmandise devienne un gros défaut ! » De mauvaises habitudes alimentaires se sont installées depuis trente ans dans notre vie. En étant très optimiste, j’espère voir les courbes du

diabète s’inverser dans le même nombre d’années. Ce sont les jeunes générations qui portent l’avenir de notre pays et nous, parents, professeurs ou chercheurs, devons leur apporter toute l’aide nécessaire pour leur apprendre l’importance de l’alimentation dans leur capital santé. Il ne suffi t pas de dire ce qu’il faut ou ne faut pas manger à un enfant, il faut pouvoir lui expliquer et lui faire comprendre de manière rationnelle.

Le fast food mauricien existe depuis longtemps,comme manger un « dholl puri » ou des gâteaux piments sur le pouce. Comment expliquez-vousces mauvaises habitudes alimentaires,la vie moderne en est-elle la seule cause ? Des modifi cations dans notre mode de vie sont évidement dues au rapide développement économique de Maurice. Mais je crois aussi effectivement à une réalité culturelle plus spécifi que à notre histoire. Le brassage culturel de la société mauricienne joue un rôle dans notre alimentation. Toutes les cuisines mises à notre disposition, qu’elles soient asiatiques, créoles ou indiennes, se mélangent et nous font perdre nos repères. Les recettes tradition-nelles se sont modifi ées pour favoriser le plaisir immédiat. Mais cette nourriture grasse et sucrée est maintenant reconnue comme un danger avéré. Il faut absolument changer nos repères pour retrouver une cuisine mauricienne à la fois équilibrée et qui nous rassemble tous.

PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE AUBERT

dossier

ENTRETIEN AVEC LA PROFESSEUR PRITY PUGO GUNSAM

« Un tsunami d’éducation alimentaire doit balayer l’île Maurice »

Depuis le début de l’année 2011, cette Senior lecturer

en Nutrition et Life sciences à l’Université, parcours les

écoles primaires du pays afi n de montrer aux élèves et professeurs l’importance

d’une alimentation équilibrée dés le plus jeune âge. D

AV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

Page 35: Santé Austral No 1

35l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

dossier

LA JOURNÉE ALIMENTAIRE D’UN ÉCOLIER À MAURICE

Le rythme scolaire quotidien prévoit, dans les écoles primaires, une première collation vers 10 heures, puis une pause déjeuner à 11 heures 45, suivie d’une troisième collation vers 14 heures. Alors que les familles doivent fournir le déjeuner de l’enfant, sous forme de « lunch box », le gouvernement de son coté fi nance et organise la distribution d’une boule de pain chaque jour pour chaque élève. Malheureusement, la réalité du déroulé alimentaire des enfants est loin de ces principes. La collation de 10 h est la plus importante car, réveillés tôt le matin et pour certains encore à jeun, les enfants choisissent ce moment propice pour déjeuner, assis dans leur classe, sous la surveillance de leur professeur. La pause de 45 minutes du milieu de journée est surtout un moment de jeu, même si certains enfants profi tent aussi des snacks vendus par les cantiniers, seuls vendeurs autorisés dans l’enceinte de l’école. La dernière collation est semblable à cette dernière, constituée de friandises et sodas. Une réglementation a toutefois été imposée depuis une

année sur le type de nourriture vendue par les

cantiniers, les sodas sucrés sont interdits et les élèves ont un choix plus large de fruits frais ou de jus. Les produits laitiers demeurent quant à eux toujours interdits pour des raisons sanitaires.

« Il ne suffi t pasde dire ce qu’il faut ou ne faut pas manger, il faut l’expliquer »

Depuis 2010, une réglementation interdit la vente de sodas dans les écoles.Les produits laitiers demeurent interdits pour des raisons sanitaires.

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

À Maurice, une enquête menée en 2009 fournit des chiffres inquiétants : 30,7% des enfants âgés entre 5-11 ans et 38,4% des adolescents âgés de 12-19 ans ne mangent aucun fruit de manière quotidienne. Face à ce problème de santé publique plusieurs programmes publiques et privés commencent heureusement à se mettre en place afi n de conscientiser la population sur les dangers que représente le surpoids, à l’image du programme initié par le professeur Prity Pugo Gunsam.En dehors de Maurice, le surpoids et l’obésité sont

des phénomènes qui n’ont cessé de progresser chez les enfants du monde entier ces dernières années. L’OMS montre du doigt plusieurs causes à cette situation. La commercialisation d’aliments et de boissons sucrés dans les établissements scolaires, ainsi que le marketing et la publicité.

» LE SURPOIDS DES ENFANTS EN CHIFFRES

Page 36: Santé Austral No 1

36

Issu d’une plante nommée stevia rebau-diana, utilisée depuis des années par les tribus indiennes au Paraguay, le Stévia possède l’avantage, comparativement

aux édulcorants de synthèses, d’être d’origine végétale, ce qui induirait des incidences moins nocives sur la santé. Sa bonnerésistance à la chaleur lui permettant une utilisation dans la cuisson des desserts est tout aussi intéressante. Toute-fois, l’appellation « édulco-rant naturel » est trom-peuse car il s’agit d’un extrait de molécule, le re-baudioside A. Cette préci-sion étant elle-même ac-créditée par l’interdiction sur le marché européen des feuilles séchées de la plante. Seul l’usage des molécules édulcoran-tes est autorisé. Parmi celles-ci, les deux prin-cipales sont le stévioside et le rebaudioside A, qui possèdent un pouvoir sucrant 300 fois supérieur au sucre. À Maurice, les pastilles disponibles sous la marque Stévia sont con-stituées à 35% de rebaudioside A, qui est pré-féré au stévioside en raison de son meilleur goût. Les autres composants présents dans les pastilles sont des agents de charge qui facili-tent le dosage de l’édulcorant dans la vie quo-tidienne. D’un point de vue historique, ces deux molécules au pouvoir si sucrant, stévio-side et rebaudioside, sont isolées en 1931. Le

premier pays à autoriser la consommation des édulco-rants de la stevia est le Japon en 1970, suivi de la Chine dix ans plus tard. C’est en-suite le Brésil et le Paraguay qui, dans les an-nées 90, donnent leur feu vert et deviennent les principaux producteurs et exportateurs dans le monde. Aux Etats-Unis, il faut attendre 1995 pour que l’édulcorant reçoive son ac-créditation en tant que supplément diététique

et ce n’est qu’en août 2009 que la France auto-rise à son tour l’emploi du rébaudioside A comme additif dans les aliments et boissons. Depuis 2004, des directives favorables sont émises par l’OMS qui fi xe à 2mg/kg la dose journalière admissible,

pour l’augmenter à 4mg/kg en 2008. Quar-ante ans séparent donc la première autorisa-tion de mise sur le marché de l’édulcorant issu de la stevia et sa plus récente. Certes, l’obligation de précaution prônée par les au-torités sanitaires françaises ou européennes est compréhensible ; pourtant, il est diffi cile d’expliquer ces freins juridiques alors même que l’utilisation de la stevia par une large population depuis des dizaines, voire des cen-taines d’années, serait une preuve pharma-cologique de son innocuité.

MARIE-PIERRE GAYRAUD

dossier

Le long chemin du Stévia vers la légalité Commercialisé sous forme de pastilles, cet édulcorant dit naturel est autorisé sur le marché français depuis janvier 2010 et à l’île Maurice depuis quelques mois.

Le professeur Jan M.C Geuns, biologiste et spécialiste de la stevia, dont il étudie les propriétés et usages depuis de nombreuses années, est un fervent défenseur de l’utilité sanitaire de la plante et plaide pour une législation plus large, telle que la consommation des feuilles séchées, par exemple. En effet, l’une des principales qualités des édulcorants présents dans la stevia est leur incapacité à être diffusés dans le sang, ceci en raison de leur taille trop importante pour être digérée au niveau de l’estomac et des intestins. Les molécules sont en faites transformées par les bactéries au niveau du colon, puis évacuées dans les urines sous forme de stéviol. Aucune sécrétion d’insuline n’est provoquée et le taux de glycémie du sang reste inchangé. Mais au-delà de cette qualité, très utile aux personnes diabétiques, les travaux du professeur Geuns s’orientent vers d’autres possibilités pharmacologiques. L’administration de doses importantes de stévioside, l’édulcorant majoritaire de la stevia, aurait des propriétés anti-cancérigène et des incidences sur la tension artérielle ainsi que sur l’action des radicaux libres. Ces études sont toutefois menées soit de manière in vitro, soit sur des animaux et il s’agirait de confi rmer leurs résultats sur des personnes humaines.

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

STC

OK

LIB

« premier pays à autoriser le

stevia, le japon en 1970 »

» LE STÉVIA, UN ATOUT POUR LES DIABÉTIQUES ?

Page 37: Santé Austral No 1

37l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

dossier

Invité au colloque organisé par la société Blarom à Maurice, en avril dernier, Vin-cent Prouvé, docteur en psychologie, dresse les différents schémas de dépen-

dance qui lient notre système nerveux à la consommation du sucre.Les liens entre notre cerveau, c’est-à-dire notre psychisme, et notre corps au moment où il consomme du sucre sont multiples et participent dans leur majorité à notre incon-scient. Comme l’explique Vincent Prouvé, « ces liens sont le plus souvent émotionnels et affectifs et sont tellement profonds qu’ils peu-vent contrôler notre comportement en dehors de notre propre volonté ». Pour le comprendre il faut tout d’abord revenir sur le système neurophysiologique du corps en présence du sucre. Le pancréas sécrète de l’insuline, cette action s’accompagne d’une sécrétion de séro-tonine qui joue un rôle d’antidépresseur naturel dans le cerveau. D’après Vincent Prouvé, « les travaux du professeur M.Reynaud ont mis à jour l’existence d’un système dit de récompense au niveau du cerveau, au moment de l’absorption du sucre, aussi vrai pour toute autre substance potentiellement addictive.Il s’agit d’un circuit neuronal qui, à force dese répéter, devient semblable à une toile d’araignée qui retient prisonnier dans ladépendance ».Le stress, tant comportemental que neuronal, est une autre raison de consommation de sucre excessive. Notre cerveau libère une certaine dose d’adrénaline pour surmonter les dangers extérieurs, et celle-ci nécessite la sécrétion de glucide par le foie. Sécrétion qui devra être compensée par un apport ex-térieur en sucre. « Or, si cette situation, dans les temps anciens face à des dangers réels pour la survie donnait lieu à un comportement con-sommant l’énergie ainsi produite, soit par la

fuite, soit par l’attaque ; de nos jours, il ne s’agit plus du même danger. Le stress est le plus sou-vent dû à des situations purement psy-chologiques, comme des agressions émotion-nelles dans le quotidien ou des manques affectifs ancrés en nous ». Et Vincent Prouvé poursuit : « Par exemple quand un patron presse son employé, celui-ci doit se contenir, demeurer immobile, alors que son esprit subit une attaque. Ce stress qui n’est pas évacué se retourne alors contre la personne elle-même,

créant un état de stress permanent qui induit ulcères, problèmes de constipation et addic-tions. » Au lieu de trouver une solution adé-quate pour se libérer de ce stress, la personne se dirige vers ce qu’elle connaît le mieux, « une petite douceur », tant pour se faire de bien que pour fournir au corps l’apport de sucre dépensé précédemment. Ainsi, au lieu de régler le problème, la dépendance se ren-force plus encore.

VALÉRIE AUBERT

Sur les étiquettes,la présence de sucre peut être indiquée de nombreuses manières : sucrose, saccharose, fructose, glucose, maltose, lactose, dextrose, maltodextrine, sucre inverti, sirop de mais, sirop de malt, sirop de glucose, concentré de fruits, etc… l’OMS recommande une consommation de sucre rajoutée d’une valeur maximum de 10% des calories consommées dans une journée. Par exemple, pour un régime alimentaire de 2 000 calories, un maximum de 200 calories équivalente à 50 g de sucre pourrait être consommé, soit l’équivalent de 12 petites cuillères. Une cannette de boisson gazeuse contient 9 cuillères de sucre !

Comment notre cerveau devientun accro du sucre

« Le stress, tant comportemental que neuronal, est une autre raison de consommation de sucre excessive »

STC

OK

LIB

Pour les personnes obèses ou diabétiquesqui se voient interdites de toute consommationde sucre, le manque engendré peut se transformer en profond mal-être,voire en dépression.

» SUCRE AJOUTÉ, SUCRECACHÉ, ATTENTION DANGER !

Page 38: Santé Austral No 1

38

locale qui pourraient limiter les effets de l’albumine glyquée. Plus globalement, pouvons-nous tirer des conclusions quant à l’existence d’une souche de diabète régionale ?En ce qui concerne le diabète de type 2, il est maintenant reconnu qu’il existe une com-posante génétique très forte. Beaucoup de Réunionnais et de Mauriciens ont des origi-nes indiennes et nous savons qu’en Inde, le diabète est très élevé. Mais l’hérédité n’est pas le seul facteur de risque, il existe aussi celui de la sédentarité, l’obésité, le stress, la prise de médicaments ou de drogue, l’alcool, le tabagisme… Dans le cadre de ces recherches, faites-vous appel à la coopération régionale ?Oui, tout à fait. Très récemment, nous avons reçu une étudiante mauricienne qui termine une thèse sur l’effet protecteur de certains agrumes produits dans l’océan Indien. Au cours de ses recherches, elle a pu prouver que certains composés des agrumes pouvaient limiter les effets de l’albumine glyquée. Je suis aussi en contact avec des chercheurs sud-af-ricains et nous commençons à travailler sur des sujets communs. Ces échanges régionaux sont en tous les cas très enrichissants !

PROPOS RECUEILLIS PAR LISBETH VIARD

Dans l’océan Indien, les cas de diabète sont en augmentation sensible de-puis plusieurs décennies. Si la ma-

jorité des causes sont aujourd’hui identifi ées, de grandes inconnues demeurent encore quant aux interactions de cette maladie au sein même de l’organisme.

Santé Austral : Vous menez actuellement des recherchessur le diabète, pouvez-vous nousen dire plus ?Emmanuel Bourdon : Le diabète est une maladie qui intervient lorsque le corps n’est pas ou plus capable de réguler sa glycémie, autrement dit le taux de sucre ou glucose dans le sang. Lorsqu’il est trop élevé, ce glu-cose réagit avec l’albumine, une protéine du plasma sanguin. On parle alors d’un phé-nomène de glycation de l’albumine. Il de-meure normal si son taux reste en deçà de 5%. Mais s’il dépasse les 7%, alors cela signi-fi e que le patient reste en état d’hyperglycémie pendant trop longtemps et cela peut rapide-ment avoir des conséquences graves, pou-vant conduire à une amputation des mem-bres inférieurs. Nos recherches se concentrent justement sur cette albumine glyquée, qu’on va confronter à des cultures de cellules humaines pour mesurer les con-séquences à court, moyen et long termes. Nous essayons également de trouver des extraits biologiques issus de la biodiversité

Quelque 17,5 % de la population réunionnaise de 30 à 69 ans est concernée par cette maladie, soit près d’un Réunionnais sur cinq, contre 4,9% en France métropolitaine. Traditionnellement, une partie de la population trouve dans

les plantes médicinales et la tisanerie un appui non négligeable pour se soigner ou tout au moins réduire les complications dues au diabète. En parallèle à cela, plusieurs scientifi ques locaux ont souhaité démarrer des recherches sur le diabète de type 2 rencontré localement. Maya Césari, docteur en biologie moléculaire explique « qu’ au CYROI, on planche sur les

conséquences du diabète sur la biologie de la cellule adipeuse, mais aussi sur la validation des propriétés bioactives des plantes médicinales sur le diabète. L’originalité, que nous avons développée dans le cadre de notre recherche, consiste à travailler sur du tissu adipeux humain issu de lipoaspiration. Nous avons pu mettre cela facilement en place car, ici, les contacts avec les chirurgiens esthétiques sont beaucoup plus faciles, nous nous connaissons tous, contrairement à la Métropole. »Ce travail, réalisé main dans la main avec les diabétologues et les biochimistes de l’hôpital, permet aux chercheurs d’échanger en direct et de procéder plus rapidement à des recherches cliniques. Et la spécifi cité réunionnaise en matière de recherche se trouve peut-être justement là : rassembler sur un petit territoire éloigné des profi ls pointus permettant d’avancer plus rapidement.

Cette maladie, en augmentation sensible dans l’océan Indien, suscite encore des interrogations. Les scientifi ques collaborent pour comprendre ses interactions au seinde l’organisme et découvrir de nouveaux traitements.

dossier

EMMANUEL BOURDON,

ENSEIGNANT CHERCHEUR,

MAÎTRE DE CONFÉRENCE À

L’UNIVERSITÉDE LA RÉUNION

Diabète : la coopération régionale se développe

LA RÉUNION À LA POINTE DE LA RECHERCHE

IPR

EU

NIO

N.C

OM

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 39: Santé Austral No 1
Page 40: Santé Austral No 1

40

dossiertechno

Derrière ce nom quelque peu futuriste se cache un ap-pareil hautement technologique, dont il n’existe qu’une vingtaine d’exemplaires en France. Celui de La Réunion, opérationnel depuis 2008, permet de fabriquer un

médicament à base de Fluor 18, le 18-FluoroDésoxyGlucose ou 18-FDG. Ce médicament radiopharmaceutique, qui correspond schématiquement à un atome de Fluor 18 couplé à une molécule de glucose, sert ensuite dans le cadre d’une scintigraphie, autre-ment dit un type d’imagerie médicale : la tomographie par émis-sion de positon (TEP). Ce type d’imagerie sert à détecter les tu-meurs potentiellement présentes dans le corps. L’examen scintigraphique en lui-même consiste à injecter au patient un traceur (ici, il s’agit du fameux 18-FDG) qui sera ensuite détecté par une caméra TEP. « Le médicament radiopharmaceutique va aller se concentrer directement sur les cellules tumorales de certains types de cancer, ces cellules étant de grandes consommatrices de glucose », explique Nathalie Célerier, radiopharmacienne.On pourra ainsi distinguer aisément les cellules tumorales et ce, de façon plus précoce qu’avec toute autre technique d’imagerie médicale. On pourra également visualiser leur disparition suite à un traitement approprié. La fabrication de ce médicament, rendue possible grâce au cyclo-tron, représente une avancée majeure dans la prise en charge thérapeutique des cancers à La Réunion. « En effet, jusqu’en 2008, certains patients qu’on supposait porteurs de tumeurs cancéreuses spécifi ques étaient contraints de partir en Métropole pour bénéfi -cier de cet examen, et devaient parfois rester sur place pour se faire soigner », ajoute Nathalie Célerier.Désormais, un certain nombre de cancers (voir encadré) peuvent être dépistés directement sur l’île, à un stade précoce, ce qui permet aux patients d’être soignés rapidement et dans de meil-leures conditions. « Le traceur que nous utilisons (ndlr : le 18-FDG), nous permet d’avoir des résultats très précis pour un certain nombre de cancers, ce qui, au fi nal, nous fera opter pour le traitement le mieux adapté au cas du patient. En utilisant l’imagerie à plusieurs reprises tout au long de sa prise en charge, on peut également constater l’effi cacité du traitement utilisé, et le cas échéant le modifi er s’il n’est

Installé sur le site de la Technopolede La Réunion, le cyclotron est un maillon essentiel du dispositif d’imagerie médicale servant à dépister certains cancers. Explications.

Le cyclotron, un alliépour dépister les cancers

NOTRE EXPERT :Nathalie CÉLERIER,radiopharmacienne

« On pourra distinguer les cellules tumorales de façon plus précoce qu’avec toute autre technique d’imagerie médicale »

IPR

EU

NIO

N.C

OM

CYR

OI

Page 41: Santé Austral No 1

41l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

pas effi cace », indique Cédric Revel, médecin nucléaire au CHD Félix Guyon. D’ici quelques mois, le cyclotron sera capable de produire d’autres types de traceurs, effi caces notamment pour détecter les infections. Un atout supplémentaire sur le territoire, qui aidera à formuler des diagnostics plus précis. « Aujourd’hui, nous avons un certain nombre d’outils à notre disposition, comme le scanner ou l’IRM, qui nous permettent de voir la forme d’une lésion. Un outil comme la caméra TEP, associé à un médicament traceur ,améliore notre vision en nous permettant de voir comment cela fonc-tionne à l’intérieur d’une cellule malade. C’est un outil supplémentaire non négligeable pour soigner les gens le plus précisément possible, en évitant de leur prescrire des médicaments qui s’avèrerontineffi caces », ajoute Cédric Revel.

LISBETH VIARD

Le cyclotron a été installé en 2008 à La Réunion.

Il est pour l’instant le seul dans la zone sud

océan Indien.

Le 18-FDG est un médicament radiopharmaceutique. Sa fabrication, tout comme sa manipulation, requiert des précautions du fait de sa radioactivité. Sa péremption est en outre relativement courte(8 heures), ce qui implique une organisation pointue de sa fabrication à son utilisation. Pour fabriquer une douzaine de doses de 18-FDG (suivant le nombre de patients pouvant être examinés par jour), il faut compter environ 5 heures de travail, qui se décomposent comme telles :À 4h30 du matin, un technicien conducteur de cyclotronvérifi e tous les paramètres de sécurité indispensablespour garantir la protection radiologique des travailleurset de l’environnement lors du fonctionnement du cyclotron, puis met en route le cyclotron.À 5h, on procède au tir, ce qui signifi e qu’on déclenche la réaction nucléaire qui, pendant 2 heures, fabriquera l’atome radioactif de fl uor 18.À 7h, on procède à la synthèse chimique du 18-FDG. De 7h30 à 8h30, le 18-FDG est transformé en médicament stérile injectable, puis conditionné en fl acons multidoses.À partir de 8h, on réalise toute une sériede contrôles qualité sur le médicament. À 9h, le produit est prêt à partir pour le CHD Félix Guyon.À 9h30, le produit arrive dans le service de médecine nucléaireÀ 10h, le premier patient peut être injecté.

Le médicament émet un rayonnement à la fois adapté à sa détection et de très faible toxicité sur le plan biologique et radiotoxicologique. Autrement dit, ce n’est pas dangereux pour le patient, et l’irradiation n’est pas plus importante qu’une simple radiographie du thorax ou de l’abdomen. Le produit garde ses propriétés jusqu’à environ 16 heures, avant que sa radioactivité ne disparaisse totalement.

Pneumologie : étude des nodules pulmonaireset des cancers du poumon.Hépato-Gastro-Entérologie : cancers de l’œsophage,de l’estomac, du pancréas, du colon et du rectum.ORL : étude des cancers ORL (nez, gorge).Hématologie : lymphomes (maladies de Hodgkinet lymphomes non hodgkiniens).Gynécologie : cancers du sein, de l’utérus, des ovaires.Dermatologie : mélanomes.Endocrinologie : cancers de la thyroïde.Infectiologie : étude des foyers d’infection bactérienne.

» COMMENT LE CYCLOTRONFABRIQUE LE TRAÇEUR 18-FDG

» QUELLES SONT LES PATHOLOGIES DÉTECTÉES À L’AIDE DU TRAÇEUR 18-FDG ?

techno

Page 42: Santé Austral No 1

42

On l’appelle UCDI, ou « Unité de cardi-ologie diagnostique & intervention-nelle », et elle intervient depuis 1991

au sein de la clinique Sainte-Clotilde qui fait partie de Clinifutur, premier groupe médical privé de La Réunion. Dix années de soins car-diologiques à la pointe de l’évolution tech-nologique avec de nombreuses « grandes premières ». Première angioplastie coronaire et première implantation de stent coronaire en 1992. Première valvuloplastie pulmonaire PC en 1993. Première valvuloplastie mitrale PC en 1994. Première procédure de rotablator en 2000. Première procédure de FFR (Frac-tional Flow Reserve) en 2005. Première échog-raphie endo coronaire (IVUS) en 2008. L’UCDI est le seul centre de cardiologie intervention-nelle de l’océan Indien de « haut volume » avec

Sainte-Clotilde : un centrede cardiologie interventionnelle de haut volume

techno

Cette unité du groupe Clinifutur soigne 2 300 patients par an et

réalise plus de 600 angioplasties coronaires. Son ouverture 24

heures sur 24 et sept jours sur sept permet les traitements d’urgence

comme celui de l’infarctus du myocarde en phase aiguë. Le Dr Pouillot dirige

l’Unité de cardiologie diagnostique et

interventionnelle (UCDI) de la clinique

Sainte-Clotilde.

L’UCDI prend en charge les deux tiers des patients

réunionnais présentant des syndromes coronariens

aigus.

Page 43: Santé Austral No 1

à hauteur de 38% devant le diabète (28%) et les cancers (13%). Elles sont aussi la première cause de mortalité alors qu’en Métropole, les décès par cancer sont plus nombreux. Une différence qui s’explique par la prévalence élevée du diabète et de la surcharge pon-dérale à La Réunion. Entre 2000 et 2006, le nombre d’admissions en milieu hospitalier pour des maladies cardiovasculaires a dou-blé, passant de 2 072 à 4 114. Et depuis le début des années 80, on observe une diminu-tion des décès. En pratique, l’UCDI prend en charge :• La majorité des patients coronariens du

GHSR (Groupe hospitalier Sud Réunion) nécessitant une angiographie diagnostique, une exploration hémodynamique ou un traitement conventionnel (angioplastie coronaire) ;

• La majorité des patients coronariens de la clinique de Saint-Benoît ;

• La majorité des patients coronariens du Centre hospitalier Gabriel Martin ;

• Les patients du Centre hospitalier de Ma-moudzou, à Mayotte ;

• Les patients coronariens de plus de 90% des cardiologues libéraux installés à La Réunion.

LE BLOCAGE D’UNE ARTÈRE EMPÊCHE LE SANG DE PARVENIR AU CŒUR ET AU CERVEAUAfi n de rester à la pointe, l’unité participe à la recherche à travers des études de car-diologie interventionnelle. Il faut citer l’étude ARCTIC sur la réponse plaquettaire à l’Aspirine et au Clopidogrel des patients devant bénéfi cier d’un stent actif, mais aussi le Registre R 3F, registre français prospectif sur les centres utilisant le Fractional Flow Reserve (FFR). Des communications sont régulièrement faites lors des différents con-grès nationaux et internationaux : coronar-opathie et diabète, étude de la Fractional Flow Reserve à La Réunion, angioplastie des petits vaisseaux chez les diabétiques. Les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont généralement des événements aigus et sont principalement dus au blocage d’une artère empêchant le sang de parvenir au cœur et au cerveau. Leur cause la plus courante est la constitu-tion d’un dépôt gras sur les parois internes des vaisseaux sanguins alimentant ces or-ganes. Les accidents vasculaires cérébraux peuvent aussi résulter du saignement d’un vaisseau sanguin cérébral ou de caillots. Au niveau mondial, près de 2% des décès par maladies cardio-vasculaires sont liés au rhumatisme articulaire aigu, tandis que 42% sont liés aux cardiopathies ischémiques et 34% aux maladies cérébrovasculaires.

plus de 600 angioplasties coronaires par an. Pour maintenir sa qualité de pionnier, le groupe investit dans l’UCDI aux alentours de 200 000 euros chaque année. Mais la perfor-mance de cette unité, ouverte sept jours sur sept et 24 heures sur 24, repose avant tout sur ses ressources humaines. Une équipe de 6 cardiologues interventionnels et 1 cardiologue non invasif, spécialisé en cardio pédiatrie et en échocardiographie, tous anciens internes des hôpitaux ou anciens chefs de clinique des hôpitaux, exerçant en secteur 1 au regard de la Sécurité sociale, ce qui signifi e qu’il n’y a pas de dépassement d’honoraires. Ces cardio-logues sont entourés d’une équipe de 54 per-sonnes : attachée de recherche clinique, sur-veillante cadre infi rmier, surveillant pour la salle de cathétérisme, 22 infi rmier(e)s, 10 aides soignantes, 8 agents hospitaliers, 6 se-crétaires, 5 manipulateurs. Une véritable mis-sion de service public pour cette structure privée qui a signé des contrats de relais avec les établissements hospitaliers publics de l’île, mais aussi les établissements privés.

LES MALADIES CARDIOVASCULAIRESSONT LA PREMIÈRE CAUSEDE MORTALITÉ À LA RÉUNIONIl faut dire que les maladies cardiovasculai-res sont le premier motif d’admission en Af-fection de longue durée (ALD) à La Réunion,

l’offi ciel de la santé dans l’océan indien 43

techno

Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde et ont un rôle non négligeable dans la mortalité « prématurée » (avant 65 ans) d’une population. On estime que 29% de la mortalité dans le monde est imputable à ces pathologies.

» PREMIÈRE CAUSEDE MORTALITÉ

» BILAN 2010DE L’UCDI

Ci-contre : Les maladies cardiovasculaires sont le

premier motif d’admission en Affection de longue durée

(ALD) à La Réunion, à hauteur de 38% devant le diabète

(28%) et les cancers (13%).

Ci-dessous : La performance de cette unité, ouverte sept jours

sur sept et 24 heures sur 24, repose sur une technologie de

pointe et sur ses ressources humaines spécialisées.

• 1 800 coronarographies diagnostiques

• 600 angioplasties coronaires

• 90 implantations de stimulateur cardiaque

• 60 enregistrements du faisceau His

• 1 200 Echo-doppler et échographies

• 400 tests d’effort sur tapis roulant

Page 44: Santé Austral No 1

IMA

GE

RIE

DIC

AL

EL

AB

OR

ATO

IRE

ME

DIC

AL

Préanalytique, Immuno, Hémato, Chimie...

Automates complets avec haut niveau de

sécurité et de fl exibilité pour une automati-

sation complète et un traitement rapide et

économique. Promedical, avec son équipe

d’experts, est leader sur le marché local du

diagnostic laboratoire (automates

et réactifs), en partenariat avec

des sociétés prestigieuses comme :

ROCHE, BD, BIORAD-DIAMED,

STAGO, SEBIA . . .

Bienvenuedans le futur . . .

Spécialiste de la santé Vente et maintenance de matériels, produits et consommables Medical, Laboratoire, Radiologie, Recherche ...

La protection du patient, par une forte diminution

des doses, tout en préservant une très belle

imagerie, est aujourd’hui la priorité essentielle.

General Electric a mis au point des scanners qui

réduisent l’exposition de plus de 60%. Fournis-

seur d’Imagerie Médicale : IRM, Scanner, PET,

Cyclotron et matériel medico-chirurgical,

Promedical est à même d’équiper un hôpital

de A à Z.

Leader sur le marché régional avec Accu-Chek depuis

25 ans, Propharm propose ces lecteurs glycémie

de référence. Désormais tropicalisés, ils propo-

sent beaucoup moins d’interférences au niveau

de l’humidité, de la chaleur et de l’altitude. Les

bandelettes sont munies d’électrodes en or, ce

qui permet un écart maximum de lecture de 10%

par rapport aux valeurs obtenues en laboratoire.

Révolution en épisode n° 1 : le Nano, avec son look

de MP3. De très petite taille, il présente des fonc-

tions innovantes ; l’identifi cation et les moyennes

des glycémies pré et post-prandiales, le rappel

des glycémies post-prandiales (1 h ou 2 h après le

repas). Ces lecteurs sont dotés de 500 mémoires

et de quatre sonneries de rappel programmables.

Révolution en épisode n° 2 : Oseriez-vous

imaginer un lecteur sans bandelette ?

142, rue Stéphane Rébecca, ZI N°2 – BP 345 • 97452 Saint-Pierre CedexTél. : 0262 96 13 96 • Fax : 0262 96 13 99 • Email : [email protected] • Site : www.locate.fr

PROMEDICAL®

Locate O.I.

Des scanners (GE)qui réduisent l’expositionde plus de 60 %

Nouveauté

L’autosurveillance glycémiqueau creux de la main

NOUVEAU !Accu-Chek FastClix, le seul autopiqueur à barillet, s’utilise en trois gestes simples : armer, piquer et tourner pour changer la lancette. Les six lancettes de diamètre réduit restent invisibles dans leur barillet, et le prélèvement est quasi indolore pour neuf personnes sur dix.

Page 45: Santé Austral No 1

47 TRIBUNE LIBRE Emmanuel Adain : « Infi rmière libérale, le long

chemin vers la reconnaissance »

48 LA DOULEUR RACHIDIENNE

49 L’IRM DERNIÈRE GÉNÉRATION DU GHSR

52 SAVOIR DIAGNOSTIQUERL’AVC

54 LA CLINIQUE DES TAMARINS À LA POINTEDE LA RÉÉDUCATION

55 L’ANGIOGRAPHIE

SALUTAIRE POUR LES PATHOLOGIES CARDIAQUES

56 TÉLÉMEDECINE Trois questions à Fabrice Fantaisie

« On s’achemine vers une pratique hybride du métier de médecin »

du cô

té d

es

45l’offi ciel de la santé dans l’océan indien 45

pros

Page 46: Santé Austral No 1
Page 47: Santé Austral No 1

47l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

TRIBUNE LIBRE

Une silhouette se détache dans la fraîcheur de l’aurore. Descendant de sa voiture, l’infi rmière arrive d’un pas assuré, valisette en

main, à la rencontre de son premier patient. Une poignée de main, un sourire, parfois une bise, elle est attendue avec impatience. Une relation particulière, faite de simplicité, d’écoute, de proximité et bien sûr de services rendus.Jusqu’au crépuscule, ces tranches de vies ordinaires se répèteront. Sous la pluie, le soleil écrasant, pendant l’alerte cyclonique, surmontant des routes parfois très dégra-dées ; elle viendra. Cette technicienne en soins infi rmiers, formée au terme de trois années d’études après son baccalauréat,peine à trouver sa place sur l’échiquier de la Santé. Unanimement reconnue pour son travail, sa dévotion envers ses patients et ses compétences, elle n’en reste pas moins sou-vent considérée comme « une auxiliaire ». Diffi cile de mettre en perspective l’admiration qu’elle suscite dans le cœur de la population et le peu de considération dont lui té-moignent souvent les institutions. En décembre 2006, le législateur a créé un ordre pour les infi rmiers. Il faudra attendre le mois de janvier 2009 pour doter cette nou-velle institution d’une réalité exécutive.Conduite sous la présidence de Dominique Lebœuf, le chantier est immense. Décliné localement par Alain Vitry et Guy Soubaya respectivement présidents de l’échelon ré-gional et départemental, tout est à créer. Un soutien ministériel timide, mais de grandes ambitions pour la profession. Les infi rmières ne se découragent pas facilement. Les pouvoirs publics, tant au niveau national que régional, adoptent souvent une attitude bienveillante voire condescendante pour ces

« petites mains ». Puisqu’elles sont auxiliaires médicales, autant s’adresser directement aux médecins.Et pourtant… L’infi rmière en ville est un lien social extraordinaire. Elle vient chez vous, dans votre intimité, dans votre chambre. Elle connait vos joies, vos espérances mais aussi vos peines. C’est au quotidien qu’elle vous

connaît. Si l’on prend le temps de l’écouter, c’est un sondage d’opinion permanent sur tous les sujets de notre société.Loin des grands meetings technocratiques, des grands-messes d’experts, il est rare qu’on les sollicite vraiment sur des questions de santé publique. Surprenant pour des éducatrices de la santé ! En tandem avec les médecins traitants, qui pouvait donner la mesure d’épidémie telle que le chikungunya ou transmettre desdonnées fi ables sur la dernière campagne de vaccination H1N1 ?Trop souvent, notre chaine de décision en santé publique se tourne vers le « tout struc-ture ». Entretenant une méfi ance subjective pour toutes activités libérales, surtout sises membres ne correspondent pas à l’idée

d’une catégorie socioprofessionnelle dite« supérieure », notre administration reste ancrée dans ses fondamentaux. Notamment pour la santé, le secteur libéral est souvent suspect. Sa capacité d’autonomie et de gestion alternative contraste singulière-ment avec une administration au fonc-tionnement totalement différent. On ne peut que le regretter. La puissance collective et l’agilité des petites unités sont complémen-taires. À trop vouloir concentrer, organiser et hiérarchiser le secteur libéral, la souplesse se perd. Tout esprit d’innovation est suspecté d’engendrer de nouveaux coûts.Dans la loi hôpital, patients, santé et territoire (HPST), véritable feuille de route pour la santé, le législateur insiste. Sous une ava-lanche de nouveaux textes, le professionnel de santé peine à distinguer le sens. Et cer-taines missions se retrouvent désormais fi -nancées par les professionnels eux-mêmes. Alors que l’allongement de la durée de vie, la réduction du temps d’hospitalisation et les capacités techniques d’être soigné chez soi, remettent l’infi rmier libéral au centre du projet de soins en ville. Véritable coordon-nateur indépendant, son pragmatisme, sa souplesse et son haut niveau de compétences doivent absolument retenir l’attention de nos dirigeants pour aborder effi cacement les grands enjeux de santé publique.Cette infi rmière, au visage si familier, n’est pas qu’une technicienne du soin. Après sa tournée, une fois sa mallette posée, elle s’engage. Consciente de son rôle, dans un souci d’amélioration et d’effi cacité, son ac-tion est souvent discrète. Lui donner sa véri-table place dans le système de santé, voila un grand défi !

EMMANUEL ADAIN

EMMANUEL ADAININFIRMIER - PRÉSIDENT ONSIL RÉUNION

« Infi rmière libérale, le long chemin versla reconnaissance »

« Tout esprit d’innovationest suspecté d’engendrer de nouveaux

coûts »

Pivot essentiel du parcours de soin, l’infi rmière libéralea pourtant du mal à trouver sa place dans un systèmeen mutation permanente.

du côté des ProsIP

REU

NIO

N.C

OM

Page 48: Santé Austral No 1

du côté des Pros

48

A u Groupe Hospitalier Sud Réunion (GHSR), une équipe de radiologues, menée par ledr Romain Kohlmann, s’est spé-

cialisée dans cette technique pour le moment encore très peu développée. Ils proposent une prise en charge en ambulatoire à près de 200 patients tous les ans, et rencontrent des taux de succès prometteurs, de l’ordre de 90%. Les pathologies concernées sont de deux types : dégénérescentes et cancéreuses.

Les infi ltrations réaliséessous scanner pour guérirles hernies discalesPour les pathologies dégénérescentes, l’opération consiste à infi ltrer, sous guidage, un anti-infl ammatoire sur le site de la dou-leur. L’intervention ne peut se faire que si le site causal de la douleur a été localisé au préalable par scanner. « Cette technique offre de très bons résultats, avec une diminution de près de 80% de la douleur, notamment sur les hernies discales. Mais elle offre également un autre avantage, une durabilité de près de deux ans. Grâce à ce délai sans douleurs, les patients fi nissent généralement par guérir d’eux-mêmes », note Romain Kohlmann. À noter cependant que cette intervention s’adresse d’abord à des patients en échec de traitement médicamenteux et qui présentent une véritable pathologie d’hernie discale. Cette technique présente par ailleurs un ris-que de paralysie très minime (dix patients dans le monde à ce jour). « Au GHSR, nous disposons d’un très haut niveau de technicité et, à ce jour, nous n’avons rencontré aucun problème. Les patients sont néanmoins tenus de signer une décharge avant l’intervention », ajoute le radiologue.

La nucléotomie Cette technique s’applique particulièrement aux pathologies discales et représente une véritable alternative à la chirurgie lorsque celle-ci apparaît comme l’ultime recours. « Je réalise une ablation d’une partie du nucléus (le centre du disque) par voie percutanée, au laser, et sous guidage scanner. L’intervention en elle-même dure une heure et peut donc se réaliser en ambulatoire. Le patient doit par

Diffi cile de se concentrer, de faire des projets,voire même d’envisager le simple fait de se déplacer lorsqu’un mal de dos chronique vous empoisonne la vie. Loin d’être une fi n en soi, la douleur rachidienne peut désormais être soulagée, voire même dans certains cas guérie par voie percutanée.

La douleur rachidienne priseen charge au GHSR

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 49: Santé Austral No 1

49l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

contre observer quatre semaines de conva-lescence. Le succès avoisine là encore les 90% », explique le spécialiste.

L’anuloplastie Dans le cadre de cette intervention, on s’intéresse plus précisément à la périphérie du disque. Cela est particulièrement indiqué dans les cas de lombalgies, pour lesquels la chirurgie classique n’à pour le moment pas encore de solution à offrir.

Le principe est le suivant : à l’aide d’un petit cathéter qu’on va introduire par une petite incision, puis dérouler, on va réaliser un ap-port de chaleur dans toute la périphérie du disque. « Cela aura pour conséquence de cicatriser les fi bres annulaires, et donc de faire disparaître progressivement et défi ni-tivement la douleur en trois semaines », es-time le dr Romain Kohlmann. Cette interven-tion peut être réalisée en ambulatoire et nécessite également quatre semaines de convalescence.

La prise en charge des fractures vertébrales ostéoporotiques Cette pathologie concerne généralement les femmes âgées, ménopausées, et qui se frac-turent une vertèbre suite à une chute ou à un choc. Le traitement proposé est la verté-broplastie, qui consiste à cimenter la vertè-bre fragilisée par voie percutanée ou la ky-phoplastie, une technique par l’intermédiaire de laquelle on introduit un ballonnet gon-fl able dans le corps vertébral pour créer un orifi ce dans la vertèbre, qu’on « étayera » ensuite par cimentoplastie. L’ensemble de ces techniques se réalisent en ambulatoire et offrent donc l’avantage de générer très peu de complications.

Vertébroplastie sur métastase osseuse dans le cas de cancers solidesLes douleurs ayant une origine can-cérologique sont prises en charge différem-ment au cours d’une intervention paliative. Elle consiste à détruire les métastases ven-ues se loger sur les vertèbres d’un patient. Ces métastases peuvent, à terme, engendrer des fractures du fait de la fragilisation du rachis. « Dans ce cas précis, où la douleur devient quasi-insoutenable pour le patient, nous proposons une intervention sous anes-thésie générale. Elle consiste à détruire la métastase par la chaleur (90°), sous contrôle scanner. Une fois la métastase éliminée, on effectue une cimentoplastie, qui consiste à remplir l’orifi ce créé par la métastase avec un ciment », explique le spécialiste. Cela aura deux conséquences majeures : la stérilisation du foyer et la consolidation de la vertèbre.

NOTRE EXPERT :Dr Romain KOHLMANN,

radiologue au Groupe Hospitalier Sud Réunion

(GHSR)

La plupart des interventions peuvent

se réaliser par voie percutanée sous guidage scanner.

« Certaines interventions peuvent même se faire sous hypnose »

L’effet antalgique est immédiat pour le pa-tient et l’examen offre lui aussi près de 92% de succès.

Vertébroplastie dansle cas d’un ostéome ostéoïdeCette tumeur osseuse bénigne, rencontrée fréquemment chez le jeune homme de moins de 30 ans, se caractérise par des dou-leurs nocturnes chroniques très localisées. « Pour cette pathologie particulière, on pro-pose un traitement curatif. On utilise la même technique que pour la vertébroplastie, c’est-à-dire qu’on élimine la tumeur par la chaleur, puis on cimente l’orifi ce », indique le spé-cialiste. L’intervention se fait en ambulatoire sous anesthésie locale, générale et même sous hypnose au GHSR.

LISBETH VIARD

IPR

EU

NIO

N.C

OM

IPR

EU

NIO

N.C

OM

du côté des Pros

Page 50: Santé Austral No 1

du côté des Pros

50

Opérationnel depuis quelques semaines au GHSR deSaint Pierre, à La Réunion, l’IRM 3 Tesla est un outil

de haute technicité qui offre de nombreux atouts,mais qui requiert également une grande

précaution d’usage. Revue de détails.

Le GHSR acquiert unIRM dernière génération

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 51: Santé Austral No 1

51l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

du côté des Pros

C ’est une petite révolution qui est en train de s’opérer au pôle d’imagerie médicale du Groupe Hospitalier Sud Réunion. L’éta-

blissement vient en effet de s’équiper d’un appareil de haute technicité, l’IRM 3 Tesla, jusqu’ici réservé aux CHU métropolitains. Si le procédé d’image par résonnance magné-tique est connu depuis près de soixante ans, la technicité de cet appareil dernière généra-tion offre de sérieux atouts, tant en termes de rapidité que de précision.« Ce nouvel appareil nous permet d’obtenir un gain de signal important, ce qui se traduit par des images deux fois plus précises qu’auparavant. On peut par exemple mettre en évidence la structure des fi bres nerveuses du cerveau ou l’activation de certaines ré-gions du cerveau déclenchée par la volonté,

ou étudier la composition tissulaire par spec-troscopie, une exploration qui était jusqu’à maintenant diffi cile ou incomplète avec un IRM 1,5 Tesla », explique Marc Bintner, ra-diologue et responsable du pôle imagerie au GHSR.De ce fait, l’examen est particulièrement indiqué pour l’exploration du système nerveux central : cerveau et moelle épinière. Mais pas seulement. Le foie, le pancréas, le petit bassin, les os et les articulations sont égale-ment éligibles à ce type d’imagerie.Le radiologue peut choisir de prioriser la rapidité, en conservant une résolu-tion équivalente à celle obtenue à 1,5 Tesla, ou inversement privilégier la précision. Pour la même séquence et pour le même temps d’acquisition de l’image, le résultat présente une meilleure résolution. Ce qui permet notamment de réaliser des images 3D en coupes fi nes dans des délais raisonnables.Les contre-indications et précautions d’em-ploi de l’appareil sont néanmoins nom-breuses. « Dans le cadre de l’IRM 3 Tesla, le champ magnétique produit est 60 000 fois supérieur au champ magnétique terrestre. Cela implique un mode opératoire très précis lors de son utilisation », explique le docteur Marc Bintner. En effet, la moindre particule métallique présente sur ou à l’intérieur du patient va inévitablement réagir aux aimants extrême-ment puissants de l’appareil et va, de ce fait, brouiller le signal. Le patient doit donc être déshabillé et inter-rogé de façon très précise : « Nous les soumet-tons à un questionnaire minutieux à propos des opérations qu’ils ont subies et des traite-ments qu’ils prennent. Ceci pour s’assurer

qu’ils n’ont pas de pacemaker, de prothèse ou de broches à l’intérieur de leur corps. Ensuite, nous leur demandons d’ôter les piercings qu’ils portent le cas échéant, ainsi queleur maquillage pour les femmes, ce dernier pouvant parfois contenir des particulesmétalliques », explique le spécialiste. Suivant les réponses données au questionnaire, cer-tains patients ne seront pas en mesure de se

soumettre à l’examen. « Si nous les récusons, ce n’est nullement pour les brimer, comme le croient encore certains. C’est simplement une mesure que nous pre-nons pour les protéger, dans la mesure où ils ne peuvent, du fait de leurs antécédents, se soumettre à l’examen », indique le médecin ra-diologue.Le manipulateur qui réalise l’examen doit quant à lui s’assurer

qu’il n’y a aucun élément dans la pièce pou-vant perturber le champ magnétique de la machine lorsqu’elle est en marche. Les en-trées et sorties du personnel sont elles aussi extrêmement règlementées dans l’enceinte de la salle d’examen.Le déroulement de l’examen s’accompagne d’un bruit très intense, nécessitant le port de boules quiès ou d’un casque.Une fois toutes ces vérifi cations préalables effectuées, l’examen peut avoir lieu. Il prend généralement de vingt à trente minutes, par-fois plus longtemps, suivant la zone à ex-plorer. « Avec ce nouvel appareil, nous es-pérons passer de 25 à 30 examens par jour », ajoute le spécialiste. Le délai d’attente, de l’ordre de deux à trois mois - pour le moment légèrement inférieur à la moyenne nationale française - pourrait alors s’en trouver réduit.

LISBETH VIARD

QU’EST CE QUE L’IRM ?

L’IRM, littéralement Image par résonnance magnétique, est un type d’imagerie qui,par l’intermédiaire d’un appareil, va appliquer sur une partie du corps un fort champ magnétique, simultanément à une combinaison d’ondes électromagnétiques à hautes fréquences appelées ondes radio. En mesurant le signal - en fait, la réponse - émis par certains atomes présents dans le corps humain - le noyau d’hydrogène notamment -,il est possible de déterminer la composition chimique et donc la nature des tissus biologiques étudiés. L’image produite apparaitra en deux ou trois dimensionspour permettre une lecture optimale par le praticien.

« Ce nouvel appareil nous

permet deréaliser 20 à 30

examenspar jour »

À ce jour, seuls quelques hôpitaux en France métropolitaine

sont équipés d’un IRM 3Tesla.

Page 52: Santé Austral No 1

du côté des Pros

52

800 personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) tous les ans à La Réunion dont 80% de nature ischémique. S’informer sur les signes précurseurs d’un AVC est donc primordial, et peut même contribuerà sauver la vie du patient s’il est traité à temps.

Savoir diagnostiquer l’AVC peut sauver des vies

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 53: Santé Austral No 1

du côté des Pros

53l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

« L a prise en charge d’un AVC est une véritable course contre la montre. C’est la raison pour

laquelle les proches, à la vue de certains signes d’alerte, doivent immédiatement avoir le réfl exe d’appeler le 15 », explique Marc Bintner, radiologue et chef du service d’imagerie médicale au GHSR.Paralysie faciale ou hémiplégie (paralysie de la moitié du corps), trouble du langage, chute inexpliquée ou encore perte de la vision d’un œil sont des signes alarmants à ne pas pren-dre à la légère, surtout si deux ou trois d’entre eux surviennent au même moment. Si c’est le cas, il convient d’alerter le SAMU, qui con-duira le patient au centre hospitalier le plus proche. « Une fois que le patient arrive dans le service, nous interrogeons la personne qui l’accompagne pour connaître l’heure de déclenchement des signes d’alerte et nous lui faisons systématiquement passer un scanner. Cela va nous permettre de déterminer si l’AVC a crée une hémorragie dans le cerveau ou si nous sommes en présence d’un caillot qui a bouché une artère », indique le spécialiste. Le cas échéant, le patient passera une IRM en urgence pour « affi ner » le diagnostic établi au départ et donner une indication plus précise des lésions cérébrales.L’ensemble des informations recueillies per-mettra ensuite de traiter le patient de façon appropriée, avec notamment l’injection en deux étapes d’un anticoagulant puissant, des-tiné à dissoudre le caillot à l’origine de l’AVC. Mais cela n’est malheureusement possible que si le délai de 4h30 (depuis les premiers signes) n’est pas encore écoulé et si l’AVC n’est pas trop important, du fait du risque de sur-venue d’une hémorragie secondaire. Ainsi 10% des patients adressés aux urgences du GHSR ont pu être traités par cette technique. « À La Réunion, par manque d’information, beaucoup de patients arrivent aux urgences passé ce délai. Il devient alors diffi cile pour nous de les prendre en charge de façon opti-male… Nous pouvons néanmoins proposer une solution de dernier recours avec un traitement endovasculaire (désobstruction mécanique) au sein de l’artère bouchée. Nous sommes les seuls sur l’île, au GHSR, à réaliser cette opéra-tion et elle reste de toute façon très marginale, car nous n’avons pu traiter que six patients en 2010 », ajoute le radiologue.L’urgence passée, les conséquences à moyen terme de l’AVC sont bien souvent drama-tiques, puisque 20% à 30% des patients décè-dent dans le premier mois suivant l’accident. Parmi les survivants, 25% d’entre euxguériront sans séquelles, alors que près de 75% garderont un handicap. Dans leur cas, la rééducation (kinésithérapie, ergothérapie,orthophonie…) reste un des traitements les plus appropriés pour retrouver un minimum d’autonomie.

LISBETH VIARD

COMMENT SE DÉCLENCHE UN AVC ?

L’accident vasculaire cérébral peut survenir à tout âge, mais touche principalement les personnes de plus de 65 ans. Les facteurs de risques sont désormais bien établis : hypertension artérielle, tabac, hypercholestérolémie, diabète, obésité et surtout maladie cardiaque prédisposante de type fi brillation auriculaire… Et le scénario est lui aussi connu d’avance : un caillot de sang monte au cerveau par une artère, l’obstrue et déclenche un blocage partiel ou total de l’irrigation d’une partie du cerveau, entrainant des signaux d’alerte bien particuliers : paralysie faciale ou hémiplégie, trouble du langage, syndrome confusionnel, troubles de la vision..

L’AIT, UNE ALERTEÀ NE PAS NÉGLIGER

L’accident ischémique transitoire (AIT)est un syndrome neurologique défi citaire qui peut faire penser à un mini-AVC.« Les troubles, semblables à ceux rencontrés lors d’un AVC, surviennentet disparaissent rapidement, le plus souvent en moins de dix minutes, explique Marc Bintner, radiologue et chef de service au GHSR. La brièveté de l’accident ne doit pas rassurer : c’est une grande urgence neurologique, car le patient quia connu cela présente 7% à 10% de risque de développer un AVC dans la semainequi suit et 20% à un an. » Le traitement consiste à prendre un antiagrégant plaquettaire, tel que l’aspirine, ou parfois un anticoagulant quand la cause de l’AVC est une embolie d’origine cardiaque, le tout couplé à une surveillance médicale accrue.

Marc Bintner, radiologueet chef du service d’imagerie

médicale au Groupe Hospitalier Sud Réunion (GHSR)

Près de 75%des victimes d’un AVC garderont un handicap à vie.

LES CHIFFRES

Page 54: Santé Austral No 1

du côté des Pros

54

« L ’âge moyen de l’AVC (Acci-dent vasculaire cérébral) à La Réunion, c’est 60 ans, contre 70 ans en France métropolit-

aine, et c’est la première pathologie à l’origine des handicaps. » Le Docteur Gérard d’Abbadie, psychiatre de son état, mais aussi fondateur et dirigeant du groupe « Clinique Les Flamboy-ants », situe en quelques mots ce problème de santé publique. La clinique Les Tamarins, au Port, fait partie de ce groupe privé aux mé-thodes innovantes. Elle a été autorisée en 2004 et a vu le jour en 2008, fruit d’une réfl exion menée suite aux recommandations apportées, en 2002, par la Haute autorité de la Santé en France. L’AVC, c’est un nouveau mal du siècle. « L’équivalent, pour le cerveau, de l’infarctus pour le cœur, souligne le Dr d’Abbadie qui avance le nombre de 1 800 AVC enregistrés à La Réunion en 2010. Lorsqu’il survient, chaque minute compte. Il faut que le patient soit à l’hôpital dans l’heure qui suit. » Mais si une intervention rapide peut sauver la vie du patient et limiter ses lésions, il n’en ressort pas toujours indemne. Le plus sou-vent, il doit s’engager dans une rééducation qui, elle aussi, doit être le plus précoce pos-sible pour se donner les meilleures chances de réussite. En l’occurrence, la clinique Les Tamarins dispose d’un outil de pointe en matière de rééducation fonctionnelle. Une technologie Suisse, le Lokomat - sous la marque Hocoma - que le Dr d’Abbadie a dé-niché après de minutieuses recherches (voir notre encadré). « Nous avons été le troisième établissement en France à nous être équipé de ce matériel de rééducation de pointe.

Maintenant, il doit y en avoir une dizaine en France et de plus en plus d’établissements s’équipent. »

« Quand une personne perd certaines de ses facultés physiques et cérébrales, il y a toujours chez elle une grande souffrance psychique »Au-delà de l’innovation technologique, il s’agit, pour Les Tamarins, d’un apport multi-disciplinaire qui conjugue des talents aussi divers que ceux de médecins rééducateurs, médecins généralistes, de kinésithérapeutes, neuropsychologues, psychologues, ortho-phonistes, ergothérapeutes, éducateurs spor-tifs et assistantes sociales pour faciliter la réinsertion du malade. « Quand une per-sonne perd certaines de ses facultés phy-siques et cérébrales, il y a toujours chez elle une grande souffrance psychique », souligne le fondateur de la clinique qui ne ressemble pas à une clinique avec ses 94 lits et 5 places d’hospitalisation de jour. Une ambiance con-viviale, on pourrait dire familiale, règne dans

L’ÉTONNANTE MACHINE LOKOMAT

Le concept d’« apprentissage d’une tâche spécifi que » basé sur la neuroplasticité démontre que les activités de la vie courante peuvent être entraînées et améliorées par une exécution répétitive chez les patients neurologiques. La rééducation robotisée grâce au Lokomat répond à cette stratégie en permettant une rééducation locomotrice fonctionnelle intensive avec « augmented feedback ». Le Lokomat Basic se compose d’une orthèse de marche robotisée et d’un système de compensation du poids du corps, combiné avec un tapis roulant.

La clinique des Tamarinsà la pointe de la rééducation

IPR

EU

NIO

N.C

OM

De même qu’il est déterminant, dans le cas d’un AVC, d’intervenir le

plus rapidement possible ; lorsqu’une rééducation

s’impose, il faut la mettre en œuvre aussitôt. Dans les

meilleures conditions techniques, mais aussi

psychologiques...

cette enceinte qui ressemble, par certains aspects, à un hôtel avec son spa et ses di-verses activités artistiques et sportives. Les Tamarins ont été conçus dans le même esprit que Les Flamboyants, clinique voisine qui, elle, s’adresse à des dépressifs. Il s’agit de faire en sorte que le patient se sente chez lui, car la rééducation est tout autant une affaire de technique que de psychologie. Et au fi l des jours, il retrouve le sourire en même temps que ses facultés. Cette réédu-cation, qui s’adresse aussi à d’autres pa-thologies que l’AVC, est loin d’être un luxe et répond à un besoin crucial. « À La Réunion, 95% des victimes d’un AVC repar-tent à leur domicile au lieu de démarrer tout de suite une rééducation fonctionnelle. En Métropole, ils sont près de 30% à être pris en charge de suite. »

AF

Le Lokomat Basic se compose d’une orthèse de marche robotisée et d’un système de

compensation du poids du corps, combiné avec un tapis roulant.

Page 55: Santé Austral No 1

du côté des Pros

55l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

A ctuellement, l’une des ten-dances médicales les plusfortes est la transition de la chirurgie ouverte à la mini-in-

tervention invasive, permettant des procé-dures plus rapides, moins traumatisantes pour le patient, avec de meilleurs résultats. C’est le cas de l’angiographie, à la foisindiquée comme examen intrusif et acte thérapeutique. Dans un premier temps, elle permet l’observation de l’état général du circuit artériel afi n de déceler et localiser les zones de rétrécissements ou de sténoses provoquées par des plaques d’athéros-clérose ou d’athérome. À son intérêt diag-nostique une visée thérapeutique est sou-vent associée avec, par exemple, la réalisation d’une angioplastie dans la foulée de l’examen, c’est-à-dire une revas-cularisation d’une des coronaires malades par la pose d’un stent. Cette procédure invasive non chirurgicale est réalisée par un cardiologue « interventionnel » car elle ne nécessite pas l’ouverture du thorax.Cette coronarographie est rendue possible par l’injection d’un produit de contraste, opaque aux rayons X, qui permet de visu-aliser l’ensemble des coronaires. Pour in-jecter ce produit, de mini-sondes creuses sont utilisées, introduites par un cathéter, mis en place au niveau de l’aine (artère fémorale) ou du poignet (artère radiale), après anesthésie locale. Ces interventions sont aujourd’hui jugées très effi caces dans le cas de traitement des artères coronaires bloquées, ainsi que dans le traitement des troubles du rythme cardiaque (arythmie) ou du remplacement d’une valve cardiaque. Durant ces interventions, la procédure est rendue complexe et diffi cile d’un point de vue technique par le fait que les cardio-logues interventionnels ne peuvent voir directement le cœur du patient ni le toucher. Aussi ont-ils besoin d’autres sources d’information pour guider leurs actions. L’une des plus importantes est l’imagerie médicale. Elle fournit la carte,

Cette technique, de plusen plus performante, permet d’éviter le traumatisme de lachirurgie ouverte.

L’angiographie, salutaire pour les pathologies cardiaques

OÙ PRATIQUERUNE ANGIOGRAPHIEÀ L’ÎLE MAURICE ?

L’appareil Philips Allura Xper FD10/10 biplan cardiovasculaire, commercialisé par Ducray Lenoir et dont dispose l’hôpital Apollo Bramwell, offre des outils tridimensionnels dans les procédures de coronarographie. Ce qui permet de réduire les doses de rayons X et de produit de contraste, grâce au système biplan. Il offre une fl exibilité de mouvement et une très haute qualité d’image. Chaque utilisateur peut personnaliser les paramètres de positionnement et les mouvements de l’appareil et ainsi économiser un temps précieux. Le système Philips cardio-vasculaire X-ray biplan offre ainsi des avantages dans le traitement des cardiopathies congénitales car il offre deux fois plus d’informations avec une injection de contraste unique, ce qui est le facteur le plus critique dans les cas pédiatriques, en particulier.

l’itinéraire et les informations de localisa-tion pour guider leurs instruments vers la zone concernée du cœur. Au lieu de tra-vailler directement avec leurs mains, les cardiologues interventionnels travaillent via un écran et une télécommande. Les appareils d’angiographie de dernière gé-nération permettent une visualisation exceptionnelle de l’anatomie cardiaque grâce à une image précise au millimètre près dans les deux plans, frontal et latéral. Les mouvements complexes de posi-tionnement sont paramétrés pour obtenir une personnalisation optimale des plans, permettant ainsi de réduire les doses de rayons X et de produit de contraste. De plus, l’imagerie obtenue apporte une am-plifi cation et une précision jamais égalées, qui permettent de visualiser en trois di-mensions les sténoses pour lesquelles la pose de stent est nécessaire. Longtemps après l’intervention, cette technique d’imagerie permet aussi de surveiller leur bon positionnement.Bien que la procédure semble relative-ment simple, la décision de réaliser une coronarographie nécessite tout de même une juste mesure des bénéfi ces attendus et des risques encourus de l’examen car, si le risque de complications graves est rare, le risque de décès est estimé entre 1 pour 1 000 et 1 pour 2 000 examens.

VALERIE AUBERT

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

Page 56: Santé Austral No 1

du côté des Pros

56

Santé Austral : Quel est le rôle du Groupement d’intérêt économique Télémédecine Océan Indien(GIE TOI) à La Réunion ?Fabrice Fantaisie : Notre GIE est chargé d’accompagner les structures médicales hos-pitalières privées et publiques dans la mise en place des programmes nationaux en matière de télémédecine. La télémédecine est une solution qui a été souhaitée par le gouvernement français pour faire face à la pénurie de médecins et de spécialistes dans certaines régions de France, en passe de de-venir des « déserts médicaux ».Ici, le GIE TOI agit comme un rouage entre ce souhait et sa mise en place pratique sur notre territoire qui comprend La Réunion et Mayotte. Et ce, autant du point de vue des infrastructures que de la formation des pro-fessionnels de santé censés utiliser ces nou-veaux outils. À La Réunion, la télémédecine est d’ores et déjà une réalité, avec notamment l’hôpital de Cilaos qui dispose d’une salle dédiée à la télémédecine, où les médecins peuvent échanger en direct avec le GHSR à St Pierre, grâce à des appareils médicaux reliés aux outils de communication. Dans le cirque de Mafate, les « valises médi-cales » disponibles dans cinq ilets permettent de mesurer les principales fonctions vitales d’un patient et de transmettre en direct les

informations au Samu 974 qui peut ainsi décider de son évacuation.

Aujourd’hui, quels sontles projets sur lesquelsvous concentrez vos efforts ?Le déploiement local du dossier médical per-sonnalisé (DMP) est un gros chantier sur lequel nous travaillons également et que nous espérons voir aboutir à une échéance de cinq ans. Pour ce nouvel outil, installé au niveau national, il s’agit de créer une plate-forme virtuelle sécurisée sur un serveur où le patient pourra consulter son dossier médi-cal personnel. Il pourra ensuite le partager avec les médecins de façon à adapter au mieux la continuité de ses soins. En consul-tant le parcours médical du patient, le mé-decin pourra visualiser les analyses réali-sées, lire les comptes-rendus d’intervention ou encore voir ses prescriptions médicales…Ce qui permettra d’éviter bon nombre d’erreurs et d’examens doublons, parexemple.Ensuite, nous travaillons également sur le dossier de la téléradiologie. L’idée avec un outil comme celui là, est d’assurer une per-manence du diagnostic radio, en mutualisant les gardes sur un territoire donné. Au lieu d’avoir quatre radiologues de garde la nuit sur l’ensemble de l’île, qui ne vont traiter que cinq ou six patients chacun sur

« On s’achemine vers une pratique hybride du métier de médecin »

TÉLÉMÉDECINE

TROIS QUESTIONS À FABRICE FANTAISIE,COORDINATEUR DE

PROJET AU GIE TÉLÉMÉDECINE OCÉAN INDIEN

Depuis que le gouvernement français en a fait l’unde ses projets phares en octobre dernier, la pratiquede la télémédecine tend à se concrétiser. Si les applicationssont nombreuses, dans la région, on mise sur cette nouvelle pratique pour améliorer la prise en charge des patients dans les cirques réunionnais, mais aussi à Mayotte et à Rodrigues.

IPR

EU

NIO

N.C

OM

Page 57: Santé Austral No 1

du côté des Pros

57l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

leur temps de garde, on en mobilise deux fois moins, mais qui traiteront l’ensemble des cas. Cela présente un avantage pour tout le monde : le patient, qui est sûr d’avoir undiagnostic fi able en se rendant dans n’importe quel service d’urgence, et le radio-logue lui même qui optimise son temps de travail avec tous ses collègues et allège ainsi considérablement le nombre de ses gardes sur l’ensemble du mois.

Concrètement, quels sont lesfreins qui s’opposent encoreà la généralisation de ce typede médecine « interconnectée » ?Pour que cela devienne réellement opéra-tionnel, il faut que le très haut débit fonc-

tionne bien entre toutes les structures de santé. C’est en passe d’être le cas sur l’île. Nous devons également mettre en place une organisation optimale de chaque côté de la chaîne. Pour reprendre l’exemple de la garde en radiologie, il faut que les mé-decins urgentistes et manipulateurs radio qui effectuent les examens dans chaque service d’urgence sur l’île sachent bien utiliser le système de téléradiologie pour que le radiologue de garde puisse faire un diagnostic à distance dans les meilleures conditions. Nous espérons pouvoirgénéraliser cette pratique dans les deux ans à venir.La téléconsultation avec webcam (ndlr : déjà opérationnelle à Cilaos) fait également partie de ces projets qui vont changer durablement la pratique du métier.En fait, on s’achemine véritablement vers une pratique « hybride » du métier de méde-cin. Avec ces nouveaux outils, le profession-nel de santé ne sera plus exclusivement at-taché à un cabinet ou à un hôpital : il offrira ses compétence à un territoire de santé. Cette nouvelle organisation va probablement en-courager les spécialisations et ainsi amélio-rer la qualité des soins. Sur un territoire géographiquement scindé comme La Réunion et Mayotte, cela prend tout son sens.

PROPOS RECUEILLIS PAR LISBETH VIARD

LA TÉLÉMÉDECINE A MAURICESOUS GESTION DU GOUVERNEMENT INDIEN

En place au sein du Centre cardiaque du Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital (SSRN), depuis février 2009, le centre de télémédecine du réseau Pan african e-network permet aux médecins mauriciens de communiquer avec plusieurs grands hôpitaux en Inde. Ce réseau, initié et entièrement fi nancé par le gouvernement indien, vise à développer la communication et la connectivité entre l’Inde et une cinquantaine de pays africains. Les médecins mauriciens bénéfi cient entre autres de télé-consultations avec des spécialistes indiens et de séances de formation continue. Une seconde phase prévoit que l’hôpital SSRN devienne un centre spécialisé pour la région est d’Afrique, sous le terme « Super Speciality Regional Hospital for the Eastern African Region ». Maurice jouerait le rôle d’un hub en matière de soins médicaux à distance pour une dizaine de pays de l’Afrique de l’Est, le but recherché étant de faciliter et d’étendre la coordination des services au sein des pays africains.

Toutefois, comme le confi ait le Dr Neerunjun Gopee, directeur général du service santé du ministère de la Santé, lors de sa rencontre avec les équipes de télémédecine au salon Orange expo, une mise en réseau au niveau intérieur du pays reste nécessaire. Relayer les cours de formation continue auprès des médecins spécialistes présents dans les cinq hôpitaux publics du pays et assister dans leur diagnostic les médecins de l’ile Rodrigues, où le manque de spécialistes se fait cruellement sentir, sont les principaux objectifs à court terme.

LES MEMBRES DU GIE TOI

Établissements publicsCHR Félix GuyonGHSRGHERCHGMEPSMRCH Mayotte

Établissements privésClinique de Sainte-ClotildeClinique DurieuxCentre d’hémodialyse Durieux

Établissements privésà but non lucratifHôpital d’Enfants, ASFAAURAR (Hémodialyse)ASDR (Association de soinsà domicile à La Réunion)ARAR (Hospitalisation à domicile)

« L’idée est d’assurer une permanencedu diagnosticen mutualisantles gardes »

STO

CK

LIB

Page 58: Santé Austral No 1

Le tissu adipeux,

Régis Roche en a fait

son sujet de thèse. Docteur

en science, il a connu Franck

Festy, docteur lui aussi, au labora-

toire de l’université de La Réunion, GEICO.

Ils ont effectué ensemble des recherches du-

rant une dizaine d’années avant de mettre au

point le kit Microfi ll et de créer, en 2006, la so-

ciété ADIP’sculpt. Pour mieux comprendre leur

apport, il convient de se pencher sur les tech-

niques actuelles de chirurgie esthétique rela-

tives au visage, le but étant toujours de « ra-

jeunir ». « La jeunesse d’un visage, c’est son

aspect poupon, explique Franck Festy. Avec la

vieillesse, la peau tombe et les rides apparais-

sent. » La chirurgie esthétique peut proposer

alors le lifting qui consiste à tendre la peau,

mais l’inconvénient, c’est la disparition de cer-

taines expressions du visage. Il existe aussi

l’injection d’acide hyaluronique avec de toutes

petites aiguilles, une opération rapide, mais il

se résorbe après six à douze mois. Certes, la

modifi cation chimique de la molécule lui donne

un effet plus long, mais le risque d’allergie aug-

mente. On ne peut donc pas aller trop loin dans

cette modifi cation. Et dans tous les cas, le ré-

sultat disparaît au-delà d’un an. Reste l’injection

de graisse prélevée sur l’abdomen ou les fesses,

qui a un effet durable sur le visage. Mais cette

injection se faisait jusqu’alors avec une canule

assez grosse (de 1,6 à 2 mm) et entraînait des

hématomes et des oedèmes sur le visage du-

rant une bonne semaine et souvent même dix

L’innovation de la start-up ADIP’sculpt améliore le prélève-ment et l’injection de graisse. Et standardise le protocole tout en

évitant au patient les héma-tomes et les oedèmes sur le

visage qu’il devait parfois subir pendant dix jours...

Le kit Microfi ll facilite la viedes chirurgiens plasticiens

et de leurs patients

DR

Avec son kit Microfi ll commercialisé aux

alentours de 150 euros, ADIP’sculpt propose

une méthode stricte qui va de l’infi ltration

sous anesthésie locale, pour le prélèvement

de graisse, jusqu’à son injection avec une

canule beaucoup plus fi ne, de l’ordre de 0,7

mm, qui évite de laisser des traces.

PUBLI-REPORTAGE

Page 59: Santé Austral No 1

jours. Pas toujours évident pour un patient qui

manque de disponibilité ou recherche, tout

simplement, une certaine discrétion.

« DEUX JOURS APRÈS,VOUS POUVEZ ÊTRE À VOTRE TRAVAIL »Avec son kit Microfi ll, ADIP’sculpt propose une

méthode stricte qui va de l’infi ltration sous

anesthésie locale, pour le prélèvement de

graisse, jusqu’à son injection avec une canule

beaucoup plus fi ne, de l’ordre de 0,7 mm, qui

évite de laisser des traces. « Deux jours après,

vous pouvez être à votre travail », souligne Ré-

gis Roche. Cela semble simple, mais pour par-

venir à l’utilisation d’une canule aussi fi ne, il a

fallu mener de longues recherches sur le tissu

adipeux, aboutissant à un procédé qui permet

de le réduire en particules beaucoup plus fi nes.

Le kit Microfi ll a l’avantage aussi d’améliorer la

prise de graisse qui se réalise sous simple

anesthésie locale. Et enfi n, il permet de stan-

dardiser le protocole, ce qui ne peut que satis-

faire les praticiens qui n’effectuent pas régu-

lièrement ce type d’opération. D’autant plus

qu’ADIP’sculpt assure la formation sur

l’utilisation de son kit. Financièrement parlant,

tous ces avantages ne représentent qu’un sur-

coût de l’ordre de 10% pour le patient.

D’AUTRES PARTIES DU CORPS PEUVENT EN BÉNÉFICIER COMME, PAR EXEMPLE, LE PÉNISDes années de recherche - avec des expérimen-

tations sur des souris de laboratoire - ont per-

mis d’optimiser ce produit qui répond aux

normes CE. Et son usage ne se limite pas au

visage. D’autres parties du corps peuvent en

bénéfi cier comme, par exemple, le pénis, mais

pas la poitrine du fait que l’injection pourrait

masquer une tumeur cancéreuse, ni les fesses

du fait que l’injection n’est pas suffi sante. Mais

ADIP’sculpt fi nalise actuellement un produit qui

permettra des injections plus importantes. Une

solution pour donner du volume aux fesses,

mais aussi pour reconstruire un sein après son

ablation ou pour accompagner une prothèse

mammaire. Ce nouveau produit, baptisé Mac-

rofi ll, devrait être commercialisé avant la fi n de

l’année. Les idées ne manquent pas du côté

d’ADIP’sculpt qui poursuit ses recherches sur

le tissu adipeux en vue de traiter de grosses

pathologies. « C’est l’une des voies d’avenir de

la médecine », déclare Franck Festy. Pour se

développer, la start-up a fait appel à un fond

d’investissement français et elle a commencé

à commercialiser son produit à l’international.

Deux distributeurs lui permettent aujourd’hui

de couvrir la France, la Belgique, le Luxem-

bourg, mais aussi le Brésil où le marché de la

chirurgie esthétique se révèle important... En

attendant la Chine, un immense marché où la

chirurgie esthétique est en vogue. Mais encore

faut-il pouvoir fournir la demande. Régis Roche

et Franck Festy ne veulent pas mettre la charrue

avant les bœufs. Après avoir conclu un accord

avec un fabricant français, ils se sont fi xés un

objectif raisonnable, pour 2015, de 10 000 kits

vendus annuellement.

Régis Roche (à gauche) et Franck Festy,

deux docteurs en science, ont beaucoup

travaillé sur le tissu adipeux avant de

mettre au point leur procédé et de créer

ADIP’sculpt.

IPR

EU

NIO

N.C

OM

« Son usage ne se limite pasau visage. D’autres partiesdu corps peuvent en bénéfi cier … »

TECHNIQUES DERAJEUNISSEMENT DU VISAGELe lifting consiste à tirer la peau.

Son inconvénient est de supprimer

certaines expressions du visage,

sans parler de son coût.

L’injection d’acide hyaluronique permet

de rajeunir le visage, mais son effet reste

limité dans le temps (six à douze mois).

Cette technique comporte aussi

un risque d’allergie.

L’injection de graisse, prélevée sur

l’abdomen ou les fesses, donne un effet

durable, mais elle entraîne des héma-

tomes et des oedèmes du visage.

Le kit Microfi ll permet un meilleur

prélèvement, sous simple anesthésie

locale, et limite les hématomes et les

oedèmes suite à l’injection.

UN MARCHÉ EN FORTE CROISSANCEAprès avoir connu la crise en 2008 et

2009, le marché de la chirurgie esthétique

est reparti en 2010 avec une croissance de

10% et pèse 3,5 milliards d’euros de

chiffre d’affaires. Le segment du

« comblement des rides » fait encore

mieux, à 13%, selon le l’Observatoire de

l’Imcas (International Master Course on

Aging Skin) - un congrès européen - et

pèse 520 millions d’euros à lui tout seul.

POUR EN SAVOIR PLUSSite Internet : www.adipsculpt.comTél. : +(0) 262 93 88 40

Page 60: Santé Austral No 1

À 27 ans, Unicorn, l’entreprise spécialisée dans

l’importation, la promotion et la distribution de

produits pharmaceutiques et de santé se porte

très bien. L’entreprise, située près du Champ de

Mars, à Port-Louis, a été créée en 1984 par Kumar

Gunness, un pharmacien formé au Royaume-Uni.

Des laboratoires internationaux de renom ont

alors commencé à travailler exclusivement avec

la nouvelle société. Parmi eux, il y a eu 3M, Restan

(Adcock Ingram), LRC Durex, Woodwards Gripe

Water ou encore Rhone-Poulenc Rorer. Ceux-ci

seront vite rejoints par d’autres, mais aussi par

des laboratoires de produits de bien-être et

d’équipements médicaux. « Nous avons dû nous

réorganiser pour soutenir ce développement »,

évoque Kumar Guness, CEO du groupe Unicorn

qui compte aussi comme entreprises subsidiaires

cinq grandes pharmacies dans des zones straté-

giques de l’île. La société est divisée en trois

« business units » (clusters). Le premier est le

« Pharma » pour les médicaments. Ensuite, le

« Consumer health », en charge des produits de

santé dont la nutrition et les compléments ali-

mentaires, les cosmétiques, les préservatifs et les

lentilles de contact. Enfi n, le troisième « business

unit » s’occupe des équipements médicaux et

consommables. Chaque cluster est dirigé par un

responsable des ventes et du marketing qui a des

délégués médicaux et « brand managers » sous

sa responsabilité. « Notre réputation, notre sta-

bilité fi nancière et nos ressources humaines

qualifi ées nous ont permis cette stratégie de

croissance, ce qui nous place aujourd’hui parmi

les leaders dans le secteur de la santé », selon le

CEO d’Unicorn. L’effectif de notre groupe est main-

tenant passé à plus d’une centaine de personnes,

dont 25 dans la force de vente, tout en maintenant

notre niveau de qualité ISO 9001-2008 dont la pre-

mière certifi cation a été obtenue en 2002 et la

recertifi cation en 2008», affi rme Sadeck Vawda,

le directeur général qui est un pharmacien formé

au Royaume-Uni également.

TROIS PÔLES D’ACTIVITÉSPOUR RÉPONDRE À LA CLIENTÈLELe pôle pharma comprend les produits de labo-

ratoires très connus comme GlaxoSmithKline

(GSK), Novartis, Sanofi Aventis, Bayer, Merck

Médication Familiale, Alcon, Cephalon, Adcock

Ingram, Aspen Pharmacare, Reckitt Benckiser,

Inova, Ferring, Baxter et Boiron, entre autres. Le

pôle Consumer Health comprend les produits de

Danone Baby Nutrition (Milupa), Ciba Vision (len-

tilles de contact), Durex (préservatifs et lubrifi

ants), Nutricia (nutrition clinique), Freeman et SVR

(cosmétique), Health Aid et Nativa (compléments

alimentaires), Scholl (soin des pieds) et Sweet and

Low (édulcorant). Dans le pôle des équipements

médicaux et des consommables, Unicorn propose

Alcon pour l’ophtalmologie, Medtronic pour la

cardiologie (stents, pacemakers, produits de

chirurgie cardiaque), 3M pour les produits para-

médicaux ou encore Vygon pour divers produits

médico-chirurgicaux. Unicorn distribue ses

produits auprès pharmacies, cliniques, hôpitaux

et centres de santé et aussi auprès de l’État mau-

ricien à travers des appels d’offres. La société

exporte aussi certains des ses produits à Mada-

gascar et aux Seychelles. « Nous avons un port-

folio de produits innovants fournis par des multi-

nationales, mais aussi des génériques », explique

M. Vawda. « Cela nous permet de satisfaire les

demandes du marché en terme de pouvoir d’achat

», soutient-il. « Ces produits répondent parfaite-

ment aux besoins des Mauriciens, surtout en ce

qui concerne les produits anti-douleurs et anti-

infl ammatoires où l’on enregistre une demande

forte. Nous sommes aussi présents pour répondre

aux attentes des gens en ce qui concerne les

maladies cardiovasculaires et celles liées au

diabète qui sont un problème majeur à Maurice. »

PUBLI-REPORTAGE

Unicorn, un des leaders du secteur médical à Maurice

L’entreprise d’importationet de distribution de produits pharmaceutiques, médicaux etde bien-être, Unicorn (MSJ LTD), élargit son offre de produitspour répondre aux besoinsde l’industrie et du public.

Tél: +230-210 81 00Email: [email protected]

Page 61: Santé Austral No 1

opin

ion

61l’offi ciel de la santé dans l’océan indien 61

LES DANGERSDE L’ASPARTAME

64 INFO OU INTOX La baie de goji

66 QUESTIONS/RÉPONSES Nos experts vous répondent

62 POUR OUCONTRE

Page 62: Santé Austral No 1

62

Alors que les résultatsde deux études récentes ravivent le débat sur le danger de l’aspartame, nos experts débattent de sa réelle utilité.

L’aspartame,dangereux pour notre santé ?

pour ou contre

L’ASPARTAME, LEADER DUFAUX SUCRE DANS LE MONDEEn janvier 2011, deux études publiées mettent en lumière des risques liés à la con-sommation de l’aspartame. La première, conduite par le Danois Thorhallur Halldors-son, porte sur l’impact des boissons dites «sans sucre», contenant un édulcorant chi-mique, sur les femmes enceintes. Les cher-cheurs ont mis en évidence qu’une consom-mation importante et régulière augmente les risques d’accouchement prématuré. L’autre étude émane de l’Institut Ramazzini, struc-ture privée installée à Bologne (Italie). Pilotée par le chercheur Morando Soffritti, les résul-tats démontrent que l’aspartame accroît les risques de cancers du foie et du poumon chez des souris mâles, exposées depuis la gesta-tion et jusqu’à la mort.À la suite de ces publications, l’Autorité eu-ropéenne de sécurité des aliments (EFSA) a déclaré réunir très prochainement un panel d’experts sur le sujet.L’aspartame est présent depuis 21 ans dans près de 100 pays. Il est utilisé dans plus de 6 000 produits alimentaires ou pharmaceu-tiques. L’aspartame est composé de deux acides aminés, l’acide aspartique et la phé-nylalanine, qui digérés se transforment en trois composants : aspartate, phénylalanine et méthanol, déjà présents dans d’autres ali-ments, comme le jus de tomate ou le lait écrémé.L’aspartame a été l’objet de plus de 200 études d’évaluation de sécurité depuis 30 ans. Sa présence dans les aliments est indi-quée soit par son nom, aspartame, soit par son numéro E-951. La dose journalière ac-ceptable (DJA) a été fi xée à 40mg/kg de poids corporel.

VALERIE AUBERT STO

CK

LIB

Page 63: Santé Austral No 1

l’offi ciel de la santé dans l’océan indien 63

pour ou contre

« Les avantages de l’aspartame sont impor-tants, surtout dans le cadre d’un régime et plus encore dans une alimentation dont l’apport en glucide doit être constamment contrôlé, comme c’est le cas pour les per-sonnes diabétiques. Cela permet de retrouver un goût sucré sans pour autant compro-mettre le taux de sucre dans le sang. Malgré tout, des idées circulent sur les dangers sup-posés de l’aspartame et cela en dépit des nombreuses études qui ont été menées avant et depuis sa mise sur le marché. Or, aucune d’entre elles n’a révélé scientifi quement un réel danger ou démontré la responsabilité de l’aspartame dans l’épidémie de cancers. Si l’on réfl échit au problème du cancer et son évolution rapide depuis les vingt dernières années, les causes sont multiples, il serait trop simple d’incriminer seulement l’usage de l’aspartame. Il y d’autres facteurs, tels que l’obésité, dont l’impact sur la santé ont été plus clairement démontrés.

Toutefois, il existe des restrictions auxquelles il est important de porter attention. À com-mencer par la quantité journalière admissi-ble, fi xée à 40 mg par kilo et par jour, qui correspond à 30 canettes de boissons « diet » par jour. Impossible d’atteindre cette limite ! De plus, l’aspect génétique est aussi à pren-dre en compte. Il arrive que certaines per-sonnes possèdent dans leur organisme des antigènes qui les empêchent d’assimiler certains acides aminés. Dans ce cas, la situ-ation est comparable à une allergie alimen-taire et il est alors impossible pour la per-sonne de consommer cet édulcorant. Bien sûr, il existe différentes sortes d’édulcorant comme le sorbitol ou la saccharine, quipossèdent les mêmes vertus sucrantes. Mais d’un autre coté, un édulcorant fabriqué à partir d’éléments naturels, dont l’impact sur la santé est jugé sans danger, est de loin pré-férable à l’aspartame car il permet d’éviter le caractère chimique de ces produits. »

« Toutes les publications d’études menées au cours des dernières années au sujet de l’aspartame laissent une impression de doute persistant. Alors que certains résultats sont publiés, d’autres ne le sont jamais. De plus, bien que certaines études aient jugé dan-gereux l’usage de l’aspartame, aucune mise en garde n’a été demandée, ni même de re-striction plus contraignante décidée. Cette absence de lisibilité des résultats et leur dif-férence de traitement ne sont pas cohérents. En effet, même si le produit est simple - deux acides aminés eux-même déjà présents dans la nature - leur combinaison n’est pas na-turelle et peut engendrer des conséquences sur l’organisme. L’argument de la simplicité n’est pas valable non plus, le cyanure par exemple possède une composition chimique très simple, il est toutefois mortel ! Bien sûr, toute prise de médicament engendre un ris-que. Pour un médecin, la prescription d’un

médicament doit tenir compte de toutes les contre-indications et effets secondaires indi-qués par le fabriquant, et la décision fi nale se fait a partir du calcul entre profi ts et ris-ques. Or, dans le cas de l’aspartame, le gain n’est pas suffi sant. Son pouvoir sucrant, sur-tout attractif pour les personnes diabétiques, peut être contourné par une rééducation du goût. Il est intéressant de savoir que le sucre, tel que nous le connaissons, est apparu dans notre alimentation depuis quelques années, parallèlement au développement de la cul-ture massive de la canne. En conclusion, c’est une responsabilité à prendre pour chacun, en toute connaissance des risques sur sa santé. Certaines personnes font des choixde consommation toxique de manière con-sciente, car le gain psychologique est pour elles supérieur au danger auquel elles s’exposent. C’est alors une question deliberté personnelle. »

« Sans preuve scientifi que du dangerde l’aspartame sur la santé, je ne voispas pourquoi sa consommationdevrait être interdite »

« Les bénéfi ces n’excèdent pas les dangers possibles et, dans le doute,je ne conseille pas son utilisation caril ne s’agit pas d’un produit essentiel »

» POUR :

DOCTEURSHAMEEM ADAMJEE-

FATEHMAMODECONSULTANTE EN

NUTRITION ET MINCEURÀ L’ÎLE MAURICE.

DOCTEUR JEANINE RIVALLAND

MÉDECIN GÉNÉRALISTE À L’ÎLE MAURICE.

» CONTRE :

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

Page 64: Santé Austral No 1

64

info ou intox

La baie de goji, le fruitqui arrête le vieillissement ?Poussée par un engouement thérapeutique sans limite la baie de goji trouve aujourd’hui sa place dans de nombreux magasins. Maisil ne faudrait pas surestimer ses vertus.

STO

CK

LIB

Page 65: Santé Austral No 1

65l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

Cet article a été réalisé avec la très aimable collaboration de Philippe Sionnaux, docteur en médecine chinoise.(www.sionneau.com.)

Issues d’un arbuste nommé Lycium en latin, en français Lyciet, trois espèces sont répertoriées, le lycium chinense, le lycium europaeum et le lycium barbarum. Cette dernière produit la baie de goji. En Europe, l’arbuste possède une longue tradition ornementale sous forme de haies végétales le long des chemins. Il est d’ailleurs signalé comme tel dans le guide de Lamark en 1813. Ses fruits ne font quant à eux plus partie de la consommation des Européens depuis longtemps.En Asie, la baie de goji est connue depuis plusieurs millénaires et fait partie de la pharmacopée chinoise. Désigné sous plusieurs appellations, ce n’est qu’en 1973 que le botaniste Bradley Dobos rebaptise le fruit sous le terme baie de goji. Quelques années plus tard, les producteurs de lyciet du Ningxia, province située au centre de la Chine, décident d’étendre leur production et commencent à commercialiser le fruit sur le marché intérieur chinois ainsi qu’à l’étranger. Désigné comme un fruit miracle, c’est un succès commercial. Aujourd’hui, le Ningxia est devenu la première zone de production du lyciet au monde et connaît une recette dans ses exportations estimée à 12 millions de dollars, pour toutes formes de goji confondues : fruits séchés, infusions, jus, capsules.

info ou intox

Connue depuis l’antiquité, la récente réussite commerciale de la baie de goji a de quoi étonner. Les argu-ments de vente, qui vont avec,

s’avèrent quant à eux sans limites.Sur certains sites marchands, il est courant de lire que ce fruit « arrête le vieillissement des cellules et, chez les gens âgés, inverse le processus ». Face à cette vague d’argumen-tations sans fondement, plusieurs équipes scientifi ques, en Europe et en Amérique du Nord, ont décidé de contre-attaquer et ont mis en place plusieurs études afi n de démon-trer les qualités du fruit par de vrais argu-ments scientifi ques.

C’est en premier lieu la composition nutritive de la baie de goji qui est défi nie : le fruit est constitué dans sa majorité de polysaccha-rides, qui sont en fait des protéines présentes également dans le raisin, le colza, le soja, le café, le riz et la tomate. Pour le reste, la baie de goji est constituée de vitamines C, B1et B2, de plusieurs minéraux, d’oligo-élé-ments, d’acides aminés, de carotéides, de fl avonoïdes, ainsi que d’acides gras. Ce sont des composés courants qu’on retrouve dans les fruits et qui correspondent à la famille des solanacées, comme la tomate, la pomme de terre, le piment et les aubergines. Concer-nant la vitamine C, sa quantité est estimée à 42 mg pour 100 g. À titre de comparaison, la pulpe d’un citron possède, pour 100 g, 53 mg de vitamine C. Du point de vue pharmacologique, ce sont les quatre polysaccharides spécifi ques à la baie de goji qui intéressent surtout les cher-cheurs. Ces substances possèdent des pro-priétés anti-oxydantes ayant un rôle dans l’inhibition de la dégradation oxydative des cellules du corps humain. Les cancers et maladies neuro-dégénérescentes, comme l’Alzheimer et Parkinson, en sont des con-séquences. Ces polysaccharides sont par ailleurs présents dans les épices, les plantes aroma-tiques, les fruits et les légumes. Afi n de mesurer la capacité de réaction face aux radicaux libres des polysaccharides, les mé-thodes de mesures utilisent un système de comparaison entre les principaux végétaux. L’une de ces méthodes, nommée TEAC (Tro-lox Equivalent Antioxidant Capacity), donne à la baie de goji une valeur de 491. En com-

paraison, le thé est noté 5 268, la tomate 141, et la moyenne générale est de 788. Dans ce système de mesure, la baie de goji se situe en dessous de la moyenne générale mais pos-sède toutefois une capacité de réactivité face aux radicaux libres supérieure aux fruits et légumes courants. Un autre test, plus connu du grand public, est celui de l’ORAC, (Oxygen Radical Absordance Capacity), qui donne une valeur à la baie de goji de 3 290, loin derrière le cacao (40 200), les artichauts (6 552) et le vin rouge (4 523) ! Finalement, c’est toujours dans le domaine de la pharmacopée chinoise que la baie de goji conserve sa véritable valeur thérapeu-tique, même si pour Philippe Sionnaux, docteur en médecine chinoise, « la baie de goji, dont le vrai nom est Fructus Lycii Chinen-sis, en chinois Gou Qi Zi, n’est pas un trésor national. C’est un argument commercial in-venté par les importateurs de ce fruit. C’est un remède qui appartient à la pharmacopée chi-noise, mais sans aucun statut spécial. » En effet, depuis de nombreuses années, le Fruc-tus Lycii Chinensis fait parti des centaines de substances médicinales chinoises et n’est fi nalement que l’une d’entre elles. Elle ne peut être prescrite que si le besoin du patient correspond à ses actions. D’après Philippe Sionnaux, « ses principales actions sontde nourrir le foie et les reins, et de traiterles douleurs des lombes et des genoux,les vertiges, le blanchissement précoce, l’impuissance spermatorrhée… La deuxième indication du Fructus Lycii Chinensis est de nourrir le sang et le Jing, ce qui permet d’éclaircir les yeux dans des cas de larmoie-ment, photophobie, baisse de l’acuité visuelle, héméralopie ». Et pour conclure, le spécialiste

en médecine chinoise ajoute que « le Fructus Lycii Chinensis n’est qu’un remède parmi des centaines d’autres dans la pharmacopée chi-noise, même s’il est effi cace sur certaines in-dications, ce sont les importateurs qui ont créé toute cette mythologie très récemment pour le vendre à prix d’or. Il y a des dizaines d’autres remèdes bien plus intéressants et effi caces que cette baie de goji ! La pharmacopée chinoise détient un grand nombre de trésors… »

MARIE PIERRE GAYRAUD

» D’OÙ VIENTLA BAIE DE GOJI ?

« Ce sont quatre polysaccharidesqui intéressentles chercheurs »

« Un remède dela pharmacopée chinoise, sans aucun statut spécial »

Page 66: Santé Austral No 1

66

CHRISTOPHE, 45 ANS« Mon médecin m’a diagnostiquéun début de cholestérol sans toutefois me prescrire de traitement médicamenteux. Pensez vous que les compléments alimentaires richesen oméga 3 soient utiles pour régulerce début de cholestérol ? »

Dr Jeanine Rivalland répond :« Tout à fait et il vous seront très utiles. Dans votre cas, il ne s’agit pas forcément d’éliminer votre cholestérol, mais plutôt de rééquilibrer le ratio entre « mauvais » cholestérol c’est-à-dire les LDL, qui sont les lipoprotéines de petite densité, et « bon » cholestérol, les HDL ou lipoprotéines en forte densité. Or les oméga 3 ont le pouvoir d’augmenter ces dernières. Dans la nourriture, elles sont présentes surtout dans les poissons gras comme le thon, le maquereau et le saumon. Mais ce type d’alimentation est rare et très souvent plus cher. C’est pourquoi il est pré-férable de consommer de façon régulière des suppléments alimentaires enrichis en oméga 3 qui auront un impact sur le ratio entre LDL et HDL. Concernant les margarines enrichies, la présence d’oméga 3 dans une ration quo-tidienne est trop faible pour avoir un effet mesurable sur votre taux de cholestérol et il est donc inutile de les consommer pour cette raison uniquement. »

MARIE-CLAIRE, 56 ANS « Je souffre d’un abcès au niveau d’une molaire. Pourtant, j’aitoujours eu de très bonnes dents. Pensez-vous que mon diabèteen soit la cause ? Et quelle est la solution car je ne souhaite pasfaire arracher cette dent ? »

Dr Jeanine Rivalland répond :« Effectivement, c’est très certainement votre diabète qui est responsable de cet abcès car c’est une des manifestations de cette maladie. Les abcès sont généralement dus à un diabète mal contrôlé et peuvent apparaître partout dans le corps. La manière de soigner cet abcès dépend de la date depuis laquelle il est intervenu. Si l’abcès est apparu pour la première fois il y a quelques jours, alors la prise d’antibiotiques peut suffi re à le faire disparaitre. Si, toutefois, il s’agit d’une pathologie récurrente et per-sistante, une intervention chirurgicale est sans doute nécessaire et seul un dentiste peut diagnostiquer son type. Dans tous les cas, il est très important de soigner votre diabète par un traitement médicamenteux pris de façon régulière. Si cela est le cas, le traitement peut être moins effi cace qu’auparavant et il faut donc retourner consulter votre médecin et surveiller votre alimentation, bien sûr. »

SHIRLEY, 37 ANS« D’origine indienne, j’ai la peau naturellement tannée. Or, depuis quelque temps, des taches brunes et foncées apparaissent sur mon visage, en particulier au niveau du front et des joues. Pourtant,je vais régulièrement chez mon esthéticienne pour faire nettoyermon visage avec un gommage. Dois je augmenter ces séancesde nettoyage de peau ? »

Dr Marie-Christine Dubourg Piat répond :« Non, surtout pas ! Car ces taches brunes vont s’assombrir encore davantage sous l’effet des gommages de votre esthéticienne. En effet, tout frottement de l’épiderme, aussi doux soit-il, est une stimulation et une irritation pour la peau qui réagit alors par une hyper pigmentation. Loin d’éclaircir la peau, le gom-mage provoque une excitation des cellules qui produisent les pigments, les mélanocytes. Ces derniers augmentent alors leur activité avec, comme résul-tat, l’apparition de taches plus brunes que la peau elle-même. Afi n de prévenir et faire disparaître ces taches, il s’agit tout d’abord de se protéger du soleil à l’aide d’une crème de jour dotée d’une protection solaire à l’indice élevé, c’est-à-dire 50+. En parallèle, je recommande l’utilisation de produits de nettoyage de peau les plus doux possible. En agissant de la sorte, l’hyperpigmentation réactionnelle est diminuée et la peau peut se régénerer en étant moins irritée. Et pour les situations les plus avancées, seule une consultation au cas par cas est nécessaire. »

ANTOINE 17 ANS« J’ai fait il y a quelques semaines une crise d’asthme, alors que je n’ai jamais été considéré comme asthmatique auparavant. Dois-je pour autant faire des test d’allergie ou vaut-il mieux attendre de voir si cela se réprésente ? »

Dr Christian Bettoum répond :« Généralement, on ne fait pas un bilan d’allergologie pour une crise isolée, sauf si la crise était grave. J’entends par grave une crise qui a nécessité une hospitalisation.Si la crise se répète, et qu’il y a également des symptômes de rhinite, de conjonctivite ou d’eczéma, là, le bilan d’allergologie est effectivement nécessaire. Dans votre cas, et si il n’y a aucun précédent dans l’enfance de bronchiolite, ou encore de bronchite asth-matiforme, on peut réaliser, non pas un bilan d’allergologie, mais un bilan étiologique qui nous aiguillera sur les causes de cette crise isolée tardive. Mais rassurez-vous, il n’y a, pour le moment, pas lieu de vous inquiéter. Et si cela se répète, n’hésitez pas à consulter votre médecin traitant, il vous orientera vers un allergologue le cas échéant. »

Posez vos questionsà l’adresse suivante :

[email protected]

Nos expertsvous répondent

STO

CK

LIB

questions /réponses

Page 67: Santé Austral No 1

6767l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

zen

68 PHYTOTHÉRAPIE L’Aloe Vera

74 PSYCHO Se libérer de ses phobies76 Education : quand les

grands-parents s’en mêlent…77 Les fl amboyants, une clinique

pas comme les autres

79 LIVRES

82 ABONNEMENT

AMEENAH GURIB FAKIM « LA PHYTOTHÉRAPIE UNE

CHANCE POUR L’AFRIQUE »

70 ENTRETIEN

Page 68: Santé Austral No 1

6868

phytothérapie

L’Aloe Vera,une plante d’exception

Trésor des jardins créoles, l’Aloe vera est une plante

succulente de la famille des Asphodelacées cultivée

autant pour ses qualités ornementales que ses

vertus médicinales. Comme soin de la peau, cette plante originaire du Moyen Orient

excelle. À découvrir absolument !PAR NATAELLE SISSOKO *

Si, dans la zone océan Indien, l’Aloe Vera Barbadensis est l’espèce la plus largement rencontrée dans les jardins en dessous de 1 000 mètres,

près de 450 espèces naturalisées existent dans les zones chaudes et tropicales de l’ensemble du globe.Les vertus du gel mucilagineux d’aloès sont connues depuis plus de 5 000 ans : les méde-cines traditionnelles du peuple maya et la médecine ayurvédique lui attribuent des pro-priétés hypoglycémiantes ou antidiabétiques. Le gel d’aloès fut préconisé par Aristote et Hippocrate pour traiter les affections de la peau, le latex absorbé pour ses propriétés laxatives, cholagogues et vermifuges. L’aloès produit deux substances très différentes quant à leur aspect et à leurs propriétés théra-peutiques, qu’il convient de ne pas confondre :Le latex, sève jaune et amère tirée de lapartie externe des feuilles, renferme de 20 % à 40% d’anthranoïdes (principalement l’aloïne), des molécules aux effets laxatifs puissants. Il peut être irritant pour la peau et les muqueuses ;Le gel, composé d’un mucilage clair se trou-vant au cœur des grosses feuilles de l’aloès constitue une substance largement utilisée en cosmétologie et en dermatologie. On peut également ingérer le gel sous forme de gélules ou de jus. Ce sont les vertus de ce gel quiintéressent notre peau.

SES PRINCIPALES INDICATIONS COSMÉTIQUES

Soins des peaux déshydratées, desséchées, desquamées (engelures, crevasses...)Soins des peaux matures, ridées, atones, distenduesSoins des peaux dévitalisées, dénutries, ternes.Problèmes cutanés : acné, eczéma, herpès, psoriasis, lichen plan...Peaux irritées, sensibles, feu du rasoir.Coups de soleil, brûlures (1er et 2ème degrés), plaies superfi cielles.Pour retrouver cet ingrédient dans vos cosmétiques, cherchez l’appellation INCI : Aloe Barbadensis Leaf Juice, Aloe Barbadensis, Aloe Vera Extract.Dans le commerce, le gel est souvent additionné d’un conservateur, d’un gélifi ant (souvent la gomme xanthane) et d’un ajusteur de pH

Critères qualitéà privilégier : Non reconstitué - Non pasteurisé - Non irradié -Gel natif - Non congelé -Non chauffé.

* NATAELLE SISSOKO,CRÉATRICE DE LASAVONNERIE SOLIFLOR

Infi rmière de formation, Nataelle Sissoko est depuis trois ans créatrice de savons à froid et de cosmétiques naturels. En 2010, son entreprise a reçu le prix de l’Innovation du Challenge des créateurs, décerné par le Conseil général de La Réunion. La savonnerie Solifl or propose des formulations naturelles, qui intègrent et valorisent les vertus des ressources présentes dans les Mascareignes.

STO

CK

LIB

Page 69: Santé Austral No 1

69l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

phytothérapie

La feuille d’Aloe Vera contient plus de 75 éléments nutritifs, dont 20 minéraux,18 acides aminés et 12 vitamines.Les feuilles de l’extérieurdu plant les plus charnues sontles plus riches en principes actifs.

COMMENT RECUEILLIRLE PRÉCIEUX GEL D’ALOE

Prélevez une feuille charnue à la base du plant, laissez le latex jaune s’écouler totalement, découpez une nouvelle tranche à la base pour enlever la partie oxydée. Puis épluchez la feuille : découpez les bords épineux, puis coupez la feuille en deux dans le sens de la longueur. Maintenant, disposez la feuille à plat, et recueillez le gel inodore et transparent à l’aide d’une spatule en bois. Il convient d’utiliser toujours la plante fraiche, ne conservez pas le gel pour un usage ultérieur.

En jus frais :Utilisez le gel mixé pur ou associé à du jus de fruits ou du lait de coco pour adoucir son goût très légèrement amer : un délice !

En applicationdirecte sur la peau :Pur ou associé à une huile végétale de qualité pour les peaux fi nes et sensibles, cela évitera les sensations de tiraillement.

Quelques applications : Gel tenseur pour le corps, le visage et le contour des yeux. Gel apaisant après-rasage.Gel coiffant pour les cheveux.Gelée apaisante après soleil.Masque hydratant en couche épaisse (le mettre au réfrigérateur quelques heures avant application pour un effet rafraîchissant). Laisser poser 10 à 15 minutes, puis rincer à l’eau claire.

SOURCE DE BIENFAITSL’Aloe vera est un véritable cocktail de vita-mines : A, B1, B2, B3, B6, B9, B12, C, E, cho-line... et de nombreux minéraux : calcium, phosphore, potassium, fer, sodium, chlore, manganèse, magnésium, cuivre, chrome, zinc…. Ces composants soutiennent l’activité enzymatique de la peau. La bradykinase, enzyme contenue dans l’aloès a une action spécifi que contre la douleur, anti-infl amma-toire et cicatrisante qui explique le soulage-ment immédiat à l’application du gel d’aloès sur une brûlure, une lésion herpétique ou acnéique. La lectine favorise la cicatrisation, les saponines ont une action nettoyante et antiseptique.Cette plante, objet d’études scientifi ques fournies, révèle des composés nouveaux aux propriétés remarquables tels que l’aloetine et l’aloesine antiseptiques. L’aloelucine ac-tive la régénérescence cellulaire et accélère la guérison des ulcères. L’aloemicine semble posséder une action anti tumorale effi cace

Aloe barbadensis est l’espèce la plus largement

rencontrée dans les jardins en dessous de 1 000 mètres.

Ses autres dénominations sont Aloe vulgaris,

Aloes et Lys du désert.

« L’aloès a une action spécifi que

contre la douleur »

dans le traitement de certaines cellules can-céreuses.Les vertus cosmétiques de l’aloès tiennent à la ressource vitaminique et minérale ainsi qu’à la présence de sucres tels que le man-nose-6-phosphate et l’acemannan pour leur effet hydratant et tenseur. Le gel contient 18 des 22 acides aminés présents dans le corps humain, dont 7 des 8 acides aminés essen-tiels intervenant dans la régénération des tissus cutanés, c’est donc un excellent actif anti-âge. La plante contient en outre de la lignine qui favorise la pénétration cutanée des principes actifs. Grâce à sa texture, le gel dépose à la surface de la peau un fi lm pro-tecteur contre les agressions extérieures. Par la présence de principes tels que l’acide de cannelle, le lupéol (acide salicylique naturel), les saponines, l’urée ou encore le soufre, l’application cutanée du gel pur d’aloès pro-cure une protection antibactérienne et anti-mycosique remarquable.NS

STO

CK

LIB

STO

CK

LIB

Page 70: Santé Austral No 1

70

phytothérapie

Santé Austral : Vous venez de prendre vosnouvelles fonctions de présidente au sein duCentre de phytothérapie et de recherche (CEPHYR), basé à Maurice, quelle est votre vision concernantle développement de la connaissance en matièrede plantes médicinales et son utilisation pratique ?Ameenah Gurib Fakim : Travailler pour le CEPHYR est l’occasion de mettre en place un développement à la fois horizontal et ver-tical. Je m’explique, grâce à notre position en tant que CRO (Con-tract Research Organization), nous sommes en contact avec le milieu universitaire d’un côté et les investisseurs privés de l’autre. Par conséquent, notre mission est d’établir des liens entre ces deux pôles et la coopération entre pays est une solution à adopter pour cela. Nous devons favoriser les relations entre les pays du Sud afi n de créer une pharmacopée africaine. Et dans une autre direction, vers les pays du Nord, nous cherchons des partenaires susceptibles de soutenir fi nancièrement ces recherches. Car la phytothérapie est une réponse d’avenir pour le développement des pays pauvres. Comme le préconise l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui défend un meilleur accès des populations aux médicaments, la phytothérapie permet d’apporter des remèdes fi ables, moins onéreux et adaptés aux cultures locales. Parallèlement, c’est aussi une réponse aux préoccupations des pays riches. Le label écologique est de plus en plus recherché par les consommateurs, par conséquent les groupes privés se doivent de répondre à cette demande.

Effectivement, vous défendez depuis de nombreuses années une plus grande utilisation des plantes dansla médecine. Aujourd’hui, quels sont les progrès à réaliser dans ce domaine ?C’est une course contre la montre ! Car, depuis l’apparition des antibiotiques, une grande partie des médecines naturelles et traditionnelles s’est perdue. C’est donc une recherche sur le ter-rain qui est aujourd’hui nécessaire pour retrouver les recettes d’hier. Or, très souvent, la tradition est orale et les personnes

Personnalité reconnue sur la scène internationale pour son travail de référencement des plantes médicinales des régions africaines, cette chercheuse passionnée passe aujourd’hui du cotédu secteur privé et poursuit son engagement pour le développement d’une médecine naturelle.

Ameenah Gurib-Fakim est lauréate du Prix L’Oréal-Unesco pour les femmes et la Science 2007 et du Prix pour les femmes et la science de l’Union africaine 2009.

« La phytothérapie, un moyen de rendre indépendantes les populations les plus pauvres »

ENTRETIENAMEENAH GURIB-FAKIM

« Nous devons favoriserles relations entre les pays du Sud afi n de créer une pharmacopée africaine »

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

70

Page 71: Santé Austral No 1

71l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

phytothérapie

45 000 espècesde plantes sont répertoriées surle continent africainet ces espèces contribuent à hauteur de 25% au commerce mondial des plantes.

LES CHIFFRESsusceptibles de la transmettre ont disparu. Sans parler de la surface forestière qui ne cesse de diminuer. C’est pourquoi il est important d’agir maintenant pour enregistrer et sauver tout ce savoir. Parallèlement, en laboratoire, il existe un travail de bio prospection qui reste nécessaire afi n de mieux connaitre les propriétés thérapeutiques des espèces déjà répertoriées. Le but est alors de standardiser les procédés de fabrication afi n d’être reconnu par les organismes internationaux et obtenir ainsi les soutiens nécessaires pour lancer la fabrication des médicaments. Certes, le chemin est long, mais toujours moins que celui qui mène au brevet d’un médicament allopathique.

Par conséquent, développer la médecine naturelleserait un moyen de défendre et d’encouragerle développement durable des pays pauvres ?Tout à fait, c’est ce qu’on appelle l’« empowerment », c’est-à-dire la prise en main par l’individu de son avenir et la reconnaissance de sa capacité à répondre à ses besoins. En d’autres termes, il ➞

STO

CK

LIB

Page 72: Santé Austral No 1

72

phytothérapie

5 000 plantes médicinales sont répertoriées en Afrique, mais seulement 83 médicaments fabriqués à base de plantes africaines fi gurent parmi les 1 100 médicaments les plus vendus dans le monde.

Les plantes médicinales constituent la plus grande entité avec plus de 30 000 espèces à travers le monde et parmi elles 33% sont des arbres.

LES CHIFFRES

La phytothérapie est l’utilisation des plantes médicinales à des fi ns thérapeutiques. En réalité,la plupart des médicaments prescrits sont issus des végétaux, mais il s’agit souvent d’extraits ou de molécules synthétisées. La phytothérapie préfère, à un principe actif isolé, l’ensemble le plus complet possible de tous les composants de la plante, pour agir globalement sur le patient et non sur un symptôme isolé, afi n de rééquilibrer durablement l’ensemble des fonctions de l’organisme. Toutes les plantes font l’objet d’études biochimiques afi n de déterminer leurs composants et leurs effets sur l’organisme humain, qu’ils soient thérapeutiques ou toxiques. Une plante médicinale, quant à elle, doit répondre à des critères précis obtenus à partir d’études pharmacologiques qui permettent d’isoler les

principes actifs de la plante et réduire ses effets secondaires sur l’organisme. Un exemple : Le ginkgo, vieux de 200 millions d’années, est le plus vieil arbre du monde. Certains de ses principes actifs sont les fl avonoïdes, réputées pour leurs actions bénéfi ques sur la circulation et l’insuffi sance veineuse. Ainsi, on retrouve cette plante sous différentes formes galéniques pour soulager œdèmes, jambes lourdes, varices, hémorroïdes... Par son action sur la consommation en glucose des cellules cérébrales, le ginkgo est un neuro-protecteur ainsi qu’un antidépresseur. Il lutte contre les défaillances de mémoire et améliore les facultés intellectuelles. Depuis de nombreuses années, le ginkgo fait partie de la pharmacopée traditionnelle chinoise. Il est de plus connu comme un élixir de longévité en Inde.

» QU’EST CE QUE LA PHYTOTHÉRAPIE ?

s’agit de rendre leur indépendance aux populations les plus pauvres. Développer la phytothérapie requiert la mise en place d’une culture raisonnée. Par exemple, à l’ile Maurice, le CEPHYR soutient de manière concrète plusieurs projets. Nous aidons des associations locales de femmes à mettre au point des procédures de cultures, nous les aidons aussi dans leurs recherches de fi nance-ments. Au moment de la vente, nous sommes aussi des acteurs importants car, grâce à notre expertise, la qualité de leur production est reconnue. Les exploitants peuvent ainsi contrôler le bon respect des prix sur le marché inter-national. Plus globalement, la phytothérapie permet de créer du travail pour la population, tout en respectant l’environnement car les cultures doivent parfaitement s’adapter au milieu naturel local. Face à cela, nous pouvons affi rmer que les impacts du développement de la médecine naturelle sont alors sociaux, économiques et climatiques.

PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE AUBERT

« Le but est destandardiser lesprocédés de fabrication »

STO

CK

LIB

Page 73: Santé Austral No 1

Au delà de l’excellence médicale

MEDICAL & SURGICAL CENTRE LTDRue Georges Guibert, Floréal, Ile MauriceTel: (230) 601 2300 | Fax: 696 3612 (Administration) / 696 1209 (Médical)Email: [email protected] | www.cliniquedarne.com | www.fortishealthcare.com

Réputée pour sa tradition d’offrir des soins dédiés et personnalisés, Fortis Clinique Darné demeure la référence dans le domaine de la santé privée à Maurice, et ce, pendant les dernières décennies. Son association avec Fortis Healthcare, un des plus grands prestataires de services dans le domaine de la santé en Asie, lui a valu une place encore plus prépondérante, lui permettant de se réinventer afin d’offrir le meilleur dans le domaine de la santé privée à Maurice en matière ‘d’Excellence Clinique’ et ‘d’Accompagnement du Patient’.

Avec un chiffre record dépassant les 40,000 interventions réalisées au cours de ces dix dernières années, Fortis Clinique Darné offre un service de diagnostic complet et des soins médicaux et chirurgicaux dans 25 spécialités sous un seul toît, incluant notamment:

Chirurgie à Coeur Ouvert, Remplacement de Valve, Angioplastie, Angiographie, Implantation de Pacemaker

La mise en place de Prothèse de Genoux et de Hanches, Chirurgie de la Colonne Vertébrale, Arthroscopie des Épaules et des Genoux

Chirurgie Esthétique incluant les Implants Mammaires, le Lifting du Visage et la Liposuccion

Endoscopie et Laparoscopie

Chimiothérapie et Chirurgie pour Cancers du Sein, du Col de l’Utérus, de la Prostate et du Colon

Conventionnée par la CFE (Caisse des Français de l’Etranger)

Page 74: Santé Austral No 1

74

QU’EST CE QU’UNE PHOBIE ?Une phobie est une peur persistante, intense, excessive ou ir-raisonnée, déclenchée par la présence d’un objet ou suite à une situation spécifi que. « Pour être considérée comme phobie, et non pas seulement comme « peur », elle doit exister depuis au moins six mois et avoir une incidence négative sur notre quotidien », ajoute Catherine Soares, psychologue neuropsychologue. Il existe plusieurs théories expliquant l’origine de la phobie. Selon les psychologues de formation psychanalytique, elle est la manifestation externe d’un confl it que le psychisme n’a pu résoudre. L’angoisse provoquée par ce confl it interne non résolu va être déplacé vers un objet ou une situation à l’extérieur. La phobie serait un signal d’alarme, tout comme la fi èvre, lorsque des microbes attaquent l’intégrité de notre organisme. Pour d’autres psychothérapeutes comportementalistes et cognitiv-istes (TCC), la phobie est née de la rencontre hasardeuse entre un état d’anxiété et l’objet phobique que l’individu aurait as-socié. L’individu aurait alors renforcé sa phobie dans le temps en évitant la situation. À noter que plus une phobie dure dans le temps, plus elle est ancrée chez l’individu.

Exemple : Jean est commercial dans une grande entreprise, il aime son métier car il est au contact des clients. Il a été longtemps le meilleur vendeur de son équipe mais il risque d’être rétrogradé car sa dentition est abimée et son sourire laisse de plus en plus à désirer. En effet, il présente une pho-bie des aiguilles qui l’empêche de se faire soigner les dents et cela depuis des années. Jean est conscient que cette peur est exagérée et constitue un risque pour sa santé et son emploi. Mais il lui est impossible de s’y résoudre.

COMMENT SE MANIFESTE-ELLE ?La phobie se manifeste dès lors qu’une personne est face à la situ-ation en question. Mais elle peut également être déclenchée par son anticipation, ou même à la simple vue d’une photo. « Dans le cas de Jean, le simple générique d’une émission de télévision sur la santé provoque une forte angoisse à l’idée qu’il puisse y voir une aiguille », explique Catherine Soares. Jean, comme n’importe quelle personne victime d’une phobie, se trouve alors dans un état d’anxiété, de détresse intense, qui peut conduire à l’attaque de panique, avec tachycardie et transpiration excessive. Cet état de mal-être pousse les individus phobiques à éviter la situation. En effet, Jean n’est plus allé chez le dentiste ou le médecin depuis plusieurs années. Cette peur a été diagnostiquée comme une pho-bie car l’intensité de son angoisse et ses manifestations physiques sont devenues intenses. Mais cela est également vrai du point de vue de la conséquence de cet état sur sa vie : l’évitement. Cela constitue une gêne importante, à savoir l’impossibilité de soins et un risque pour sa vie professionnelle. Il faut savoir que 10% à 11% de la population développe une phobie qui persiste toute la vie.

psycho

Peur des araignées, des serpents,du vide, ou encore de la foule….Nous avons tous nos petites peurs qui empoisonnent plus ou moins notre quotidien. Comment et pourquoi deviennent-elles des phobies, quelles sont les méthodes pour s’en libérer ?

Comment se libérer de ses phobies ?

NOTRE EXPERT :Catherine SOARES, psychologue neuropsychologue

« Pour être considérée comme phobie… elle doit exister depuis au moins six mois et avoir une incidence négative sur notre quotidien »

STO

CK

LIB

CYR

IL P

LOM

TEU

X

Page 75: Santé Austral No 1

75l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

COMMENT « GUÉRIT-ON » D’UNE PHOBIE ?Il existe différents types d’accompagne-ment pour sortir de ce cercle vicieux.« Pour choisir l’accompagnement le plus approprié, l’individu devra se poser deux questions : est-ce qu’il sou-haite faire disparaître les symptômes de la phobie sans sentir la nécessité d’entamer une réfl exion sur soi et, dans ce cas, il choisira une thérapie brève dite comportemen-tale et cognitive (TCC), ou est-ce qu’il souhaite se lancer dans une démarche plus longue pour comprendre le sens de sa phobie », explique Catherine Soares.Dans le premier cas, on va tout d’abord apprendreà l’individu des méthodes de relaxation pour ensuite progressivement le confronter à l’objet de sa phobie. Généralement, en une quinzaine de séances, il y a un net progrès. Les symptômes deviennent vivables au quotidien.Dans le second type de démarche, l’individu seraaccompagné vers un travail dans lequel il se tournera vers lui-même, de façon à comprendre son fonctionnementpsychique et le sens de cette phobie. Si ces deux types de thérapies diffèrent quant à leur miseen œuvre, elles ont néanmoins un dénominateur commun : celui d’apprendre au patient à écouter ce qui se passe en lui.

MARIE SOMERS

psycho

Si l’on se retrouve en situation dite « phobogène », il faut garder à l’esprit que l’anxiété va toujours fi nir par baisser. Car même si, sur le moment, c’est très intense, les manifestations physiques de l’anxiété ne perdurent pas au-delà d’une heure. Il faut essayer d’être à

l’écoute de ce qu’on ressent, de façon à comprendre davantage ses émotions. Les phobies existent également chez l’enfant, elles peuvent être transitoires.Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel si cela devient diffi cile à vivre au quotidien.

» METTRE UN MOT SUR SA PHOBIE

Acrophobie :Peur des hauteurs,qui s’accompagnesouvent de vertiges.Arachnophobie :Peur des araignées.Aquaphobie :Peur de l’eau.Bélénophobie :Peur des aiguilles.Entomophobie :Peur des insectes.

Dysmorphophobie :Peur ou rejet desanomalies physiques.Hématophobie :Peur du sang.Kénophobie :Peur du noiret de l’obscurité.Mysophobie :Peur de la saleté,de la contaminationpar les microbes.

» COMMENT GÉRER AU MIEUX UNE « CRISE » ?

10% à 11% de la population développe une phobie qui persiste toute la vie.

LE CHIFFRE

STO

CK

LIB

Page 76: Santé Austral No 1

76

NOTRE EXPERT :Nicolas TORRIJOS, psychologue clinicien

psycho

Quand les deux parents travaillent,les grands-parents sont souvent les plus proches pour veiller sur les enfants.Peut alors survenir un confl it éducatif. Comment sortir de cette impasse ?

Education : quand lesgrands-parents s’en mêlent…

La communication verbale est la solution la plus bénéfi que. Expliquer à ses propres parents que leur place n’est pas dans l’éducation mais dans un accompagnement affectif est la meilleure solution. Ce qui possède l’avantage d’être détaché de certaines responsabilités. Aider dans la garde des enfants après l’école ou pendant les vacances n’est pas incompatible avec ce respect de l’autorité des parents. Au contraire, chacun trouve sa place dans ce système. Les parents représentent l’autorité et l’encadrement matériel, à leurs cotés les grands-parents les soutiennent dans cette tâche. Partager avec leurs petits enfants des moments de rire et de joie devient alors un plaisir. Mais bien entendu, si la communication ne passe toujours pas, il est préférable pour les parents de faire appel à des professionnels pouvant les accompagner dans cette démarche.

Rien de plus agaçant qu’une grand mère qui n’en fait qu’à sa tête dès que les parents ont le dos tourné...Sans parler des réfl exions couran-

tes, parfois devant l’enfant, sur l’ineffi cacité de leur éducation ! Des détails certes, mais qui en disent long sur les diffi cultés qu’entretiennent parents et grands-parentsEn effet, rien de grave en apparence, mais ces petits confl its, en s’accumulant, peuventengendrer de lourdes conséquences sur le caractère de l’enfant. Car une éducation se partage-t-elle ? D’après Nicolas Torrijos, psychologueclinicien, la réponse est claire : « Sauf dans des situations de défaillance parentale majeure, les parents sont seuls en mesure de choisir l’édu-cation qu’ils souhaitent apporter à leurs enfants. Et tous les acteurs qui encadrent la vie de l’enfant doivent larespecter, à commencer par les personnes les plus proches dans la famille, les grands-parents. » Pour comprendre, il s’agit de revenir tout d’abord sur les principes fondamentaux de l’éducation parentale. Comme l’explique le spécialiste, « un enfant construit sa person-nalité grâce à des repères stables qui l’aident à différencier le principe de plaisir du principe de réalité. Le plaisir est une notion innée qui guide l’enfant durant les premiers mois de sa vie. A contrario, la prise en compte de la réalité représente un acquis. Nous sommes tous

partagés entre ces deux axes et la vie adulte est un exercice de passe-passe permanent entre ces deux notions ». Mais jongler entre ces deux extrêmes n’est pas simple, cela oblige à maitriser nos instincts afi n de dé-passer nos frustrations. Pour Nicolas Tor-rijos, « devenir parents signifi e transmettre cet exercice d’apprentissage à nos enfants ». Pourtant, la tâche est loin d’être aisée et, comme le rajoute le psychologue, « c’est le plus dur des métiers et le seul qui ne s’apprend pas ! » Alors, quand des perturbations extérieures viennent brouiller les messages d’éducation

des parents, rien ne va plus. Les repères de l’enfant deviennent in-stables, il ne trouve plus la concentration néces-saire pour écouter et peut devenir désobéis-sant. Comme l’explique le psychologue, « son esprit est en fait préoc-cupé par ce problème de déséquilibre entre les dif-

férents messages qu’il reçoit. La solution la plus facile pour l’enfant est alors de refuser la frustration et de se réfugier vers ses premiers instincts naturels de plaisir ».Il arrive malheureusement que ces perturba-tions proviennent du cercle familial, quand certains grands-parents revendiquent une fonction éducative sur leurs petits enfants. En effet, de la même manière qu’on doitapprendre à devenir parents, il faut aussi apprendre à devenir grands-parents. VALÉRIE AUBERT

» COMMENT RENDRESA PLACE À CHACUN ?

« un enfant construit sa personnalité grâce à des repères stables »

STO

CK

LIB

DAV

IDS

EN

AR

NA

CH

ELL

UM

Page 77: Santé Austral No 1

77l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

2011-début 2012, 57 lits et 15 places avec toujours la même approche qui vise à ne pas stigmatiser les patients tout en leur permet-tant de se libérer de leur dépression. « Parmi ces patients que nous soignons, il y en a 80% que nous ne revoyons pas. Il n’y a que 7% de pathologies chroniques, telles que la psy-chose maniaco-dépressive. Il faut en fi nir avec certaines idées reçues. » La dépression est néanmoins un fl éau car elle peut invalider quelqu’un rapidement. « Avec la perte de repères et un certain délitement du sens de la famille, elle gagne du terrain à La Réunion où il existe peu d’établissements d’accueil. » En collaboration avec les architectes Douyère et Tessier, Les Flamboyants ont été conçus davantage comme un espace hôtelier - avec un cheminement thérapeutique - où le pa-tient s’approprie sa chambre, où il se sent protégé et écouté. « Notre objectif est de ras-surer, d’apaiser les souffrances, de donner de l’information sur cette maladie qui est si mal comprise par le patient et son envi-ronnement. » Des ateliers d’art fl oral, de peinture, de photographie et de sport sont proposés et la clinique associe plusieurs thérapies en optant pour la plus appropriée à chaque cas. Les patients sont d’ailleurs très différents les uns des autres. Des jeunes cô-toient des personnes âgées qu’elles aident alors que ces dernières, en retour, leur dis-tillent des conseils. Des échanges fructueux...

A.F

« Nous avons été les premiers à proposer des hospitalisations de jour pour les pathologies

dépressives. » Le docteur Gérard d’Abbadie a conçu Les Flamboyants avec un regard nova-teur. De retour, avec son épouse pédopsychia-tre, en 1986 dans son île natale, ce psychiatre commence par ouvrir un cabinet à Saint-Denis et découvre une « population de dépressifs cachés » avec « des taux de suicides qui battent les records français ». En 1990, il en arrive à la conclusion qu’il faut créer une clinique pour « soigner tous ces gens qui s’enfuient quand on leur parle de Saint-Paul (ndlr : com-mune qui abritait un établissement psychi-atrique public sur lequel se cristalisaient les peurs de la folie) ». Une première demande pour 60 lits et 20 places est rejetée. Une deuxième demande, pour 45 lits et 15 places, est fi nalement acceptée et Les Flamboyants voient le jour en 1995 en se positionnant comme « clinique psychothérapique ». Une autre image de la psychiatrie et une pratique qui fait appel à de multiples approches psy-chothérapiques et développe l’innovation en permanence. L’enthousiasme caractérise le fondateur qui avoue même que sa passion s’amplifi e avec les années. Et cela se traduit par la réussite de cet établissement privé qui compte aujourd’hui 71 lits et 15 places. À tel point qu’une deuxième clinique, Les Flamboyants II, est en construction dans le sud de l’île, à Pierrefonds (Saint-Pierre). Elle proposera, fi n

DES TRAITEMENTS ADAPTÉS

Diverses pathologies sont traitées aux Flamboyants, comme l’anorexie mentale chez l’adolescent et les débuts d’Alzheimer de la personne âgée. Les cinq psychiatres de l’établisse-ment favorisent les « théra-pies de communication ». Le patient va voir son psychiatre dans son cabinet aux Flamboyants, et une relation de confi ance s’instaure. « Il faut arriver à comprendrele patient et l’impactde la maladie sur son environnement », aime à répéter le Dr d’Abbadie.

psycho

Dr Gérard d’Abbadie : « Notre objectif, c’est de

rassurer le patient, de lui dire : Reposez-vous, on va s’occuper de vous, on va parler à votre famille... »

Les Flamboyants, une clinique pas comme les autres

Depuis son ouverture en 1995, cet établissement du Port apporte des réponses originales aux pathologies

dépressives. Et cela semble lui réussir puisqu’une

deuxième clinique s’édifi e dans le Sud.

IPR

EU

NIO

N.C

OM

En collaboration avec les architectes Douyère et Tessier,

Les Flamboyants ont été conçus davantage comme un espace

hôtelier - avec un cheminement thérapeutique - où le patient s’approprie sa chambre pour

aller ensuite vers d’autres espaces thérapeutiques.

DR

Page 78: Santé Austral No 1
Page 79: Santé Austral No 1

79l’offi ciel de la santé dans l’océan indien

dossier

NON AUX ORANGES CARRÉES ! Guide pratique pour changer sa façon de faire ses courses (de A à Z) de Stéfane Guilbaud aux éditions Guy Trédaniel.Revenir au plaisir de manger pour retrouver le goût des ali-ments vrais et pas trafi qués ! Dans ce guide pratique, vous trouverez des informations sur tous les types de produits nécessaires à l’alimentation : beurre, huile, pain, lait, poisson, viande, chocolat... Chacun décrypté de façon simple et com-préhensible, avec des conseils et des petites règles pratiques pour changer sa façon de faire ses courses. Ce livre nous renvoie vers les vrais valeurs des produits, valeurs nutritives mais aussi culturelles, avec toujours ce même désir de l’authentique. Disponible à la librairie « Le Jardin d’Epicure », îleMaurice

livres

ADDITIFS ALIMENTAIRES DANGER Le guide indispensable pour ne plus vous empoisonner de Corrine Gouget, aux éditions Chariot D’or.Un guide pratique et pas trop cher, pour tous les con-sommateurs qui voudraient savoir ce qui se cache dans la liste des ingrédients, sous des noms diffi ciles ou des codes mystérieux, comme le E951, par exemple. Colorants, conservateurs, émulsifi ants, exhausteurs de goûts ou édulcorants sont répertoriés et signalés de trois couleurs, vert, orange et rouge, selon leur degré de dangerosité. Car si tous sont autorisés, tous ne sont pas sans danger ! Avec ce guide, le consommateur peut enfi n décider en toute conscience d’acheter ou non les produits concernés, pour le plus grand bien de la famille. À posséder et à offrir.Disponible à la librairie « Le Jardin d’Epicure », îleMaurice

ET SI LA MALADIE N’ÉTAIT PAS UN HASARD ?de Pierre-Jean Thomas-Lamotte,aux éditions Le Jardin des Livres.

Déceptions sentimentales, deuils, échecs professionnels, toutes ces émotions jouent un rôle sur notre santé, et particulière-

ment quand elles ne peuvent s’exprimer, c’est ce que démontre le Dr Thomas-Lamotte, neurologue français. Aussi utile aux

patients qu’aux médecins pour décoder les maladies, ce livre nous fait saisir les liens entre le psychisme et le corps. Tout un

système de compensation symbolique dans lequel chaque émotion s’exprime par un symptôme. Car comprendre, c’est un

pas de plus vers la guérison.Disponible à la librairie « Le Jardin d’Epicure », îleMaurice

DES PLANTES ET DES HOMMESCéline Quoniam et Pascal Porcel aux Editions KDestiné à tous ceux qui souhaitent découvrir ou approfondir leurs connaissances des plantes aromatiques et médicinales, cet ouvrage donne quelques clés pour aller à la rencontre du patrimoine botanique immense de La Réunion.Les auteurs nous proposent de les suivre dans leur périple, riche en émotions, sur les chemins des 24 communes de l’île, au gré de leurs rencontres passionnantes avec des amoureux des plantes aromatiques et médicinales. Trente et une plantes ont été sélectionnées. Croisées chez les uns ou les autres, dans leur jardin, leur îlet, leur placard... Chacun a confi é l’usage qu’il en faisait, une recette, et puis la place qu’occupent les plantes aromatiques et médicinales dans sa vie.

Page 80: Santé Austral No 1

80

livres

PSYCHOLOGIE DE LA PEUR :CRAINTES, ANGOISSES ET PHOBIESChristophe André aux Editions Odile JacobPourquoi les mécanismes de nos peurs se dérèglent parfois ? Pourquoi notre cerveau émotionnel prend alors le pouvoir ? Au travers de récits étonnants, parfois bouleversants, l’un des meilleurs spécialistes français des peurs et phobies nous entraîne avec lui dans ses séances de thérapie. A partir de son expérience de médecin et de psychothérapeute, il nous explique comment guérir durablement de nos peurs. Un livre qui offre des pistes concrètes pour savoir comment s’endéfaire ou aider ceux qui en souffrent.

Le cholestérol, c’est la vache sacrée de la médecine. Plus il serait bas, mieux on se porterait. Allons-y donc ! Près de sept

millions de Français prennent des médicaments anti-cholesté-rol, qui rapportent chaque année un milliard d’euros

à l’industrie pharmaceutique et coûtent autant à l’Assurance maladie. Pourtant, moins de cholestérol, ce n’est pas moins

d’infarctus ni moins de morts ! C’est ce que démontre icile Dr Michel de Lorgeril, un cardiologue connu dans le monde

entier pour ses travaux sur la prévention des maladies cardio-vasculaires.

TRAITER L’OBÉSITÉ ET LE SURPOIDSDr Jean Philippe Zermati,Dr Gerard Apfeldorfer,Dr Bernard Waysfeldaux Editions Odile JacobDans ce livre, des cher-cheurs et des médecins réputés ont réuni leurs compétences pour compren-dre l’origine des dérègle-ments du poids et proposer des solutions. La recherche avance et les idées bougent du côté de la génétique, de la physiologie, de la nutri-tion, de la psychologie ! À partir d’une théorie toute différente des causes de l’obésité, de nouvelles démarches thérapeutiques et préventives porteuses d’espoir, plus respectueuses de la diversité des person-nalités, se dessinent. Il ne s’agit plus seulement de perdre des kilos, mais d’aider la personne en diffi culté à retrouver une unitée psychique, physiqueet émotionnelle.

LA NOUVELLE AROMATHÉRAPIE.Essence et sens, volume 1, collection Les Fondamentaux de Philippe Mailhebiau, aux éditions EugeniaLongtemps attendu par les praticiens de médecines na-turelles, Philippe Mailhebiau nous livre dans ce premier volume de cette réédition une introduction au principe de l’aromathérapie comme médecine holistique et sci-entifi que. Conçu comme la clef de voute de ses travaux, cet ouvrage dévoile les bases de ce concept inédit dans le quel la caractérolo-gie aromatique joue un rôle prédominant. Appuyé par le récit des senteurs au travers des époques et la manière dont nous les appréhen-dons, Philippe Mailhebiau complète son exposé par la défi nition du génie aroma-tique qui, contenu dans les huiles essentielles, permet des traitements de fond adaptés à chaque individu.

CHOLESTÉROLMensonges

et propagandeDr Michel De Lorgeril

aux éditions Thierry Souccar Editions

Page 81: Santé Austral No 1
Page 82: Santé Austral No 1

82

Je souscris un abonnement au magazine trimestriel Santé austral :

REUNION • MADAGASCAR • MAYOTTE4 parutions pour 1 an au montant de 10 €

Bulletin à remplir et à retourner avec votre chèque à l’ordre de :

L’Eco AustralBP 10003

97801 Saint Denis Cedex Tel: (0)262415141

Fax : (0)[email protected]

MAURICE4 parutions pour 1 an au montant de Rs 300

Bulletin à remplir et à retourner avec votre chèque à l’ordre de :

Overseas Publications Ltd8, rue d’Artois

Port Louis Tél : 211 5620Fax : 211 5605

[email protected]

www.santeaustral.com

abonnez vous !NOM : _____________________________

___________________________________

PRENOM :___________________________

___________________________________

ENTREPRISE :________________________

___________________________________

FONCTION : _________________________

___________________________________

ADRESSE POSTALE :___________________

___________________________________

___________________________________

EMAIL PERSONNEL : __________________

___________________________________

TEL :_______________________________

FAX :_______________________________

PORTABLE :__________________________

Sant

é

TRIMESTRIEL • JUIN-AOÛT 2011 • No. 1 RÉUNION - MAURICE - MADAGASCAR - MAYOTTE 2,50 Rs 75

DOSSIERRÉAPPRENDRE À

MÉDIATORDES RAVAGES DANS L’OCÉAN INDIEN

ASPARTAMEPOUR OU CONTRE ?

AVIS D’EXPERTS

PHYTOTHÉRAPIEUNE CHANCE

POUR L’AFRIQUE

MANGER

CAHIER PRO SAVOIR DIAGNOSTIQUER L’AVC PRÉCOCE

ÉQUQUUUUUUUEEEEREREREEEE L’AVC PRÉCOCE

1 AN = 4 NOREUNION • MAYOTTE MADAGASCAR10 €MAURICERs 300

Page 83: Santé Austral No 1

Vos Cheveux, un Capital à faire fructifier……..On peut venir à Maurice pour la beauté de ses paysages, maisaussi pour retrouver des cheveux qui repousseront pour la vie !

Cette spécialité est le domaine réservé du Centre Français,conçu aux normes Européennes et de réputation Internationale.

Un chirurgien esthétique (Membre de l'Association InternationalSociety of Hair Restoration Surgery), un médecin (lauréat de lafaculté de Paris, Membre du Syndicat National de MédecineEsthétique), un médecin anesthésiste, ainsi que douzeinfirmières spécifiquement formées composent l'EquipeMédicale exclusivement dédiée à la Greffe de Cheveux.

En 2009, les patients sont venus de vingt six pays, de la Réunion,Mayotte ou Madagascar en passant par l'Inde, l'Afrique du Sudou encore la Suisse, la France, l'Angleterre, la Belgique,l'Australie, l'Irlande, l'Italie, l'Estonie, Taiwan, Qatar, l'Iran etmême les USA.

Choisissez vous-même votre Programme de ReconstructionCapillaire !Si votre calvitie est très importante, vous pouvez retrouver en uneseule séance de 4.000 à 9.000 cheveux, ou choisir un transfertde cheveux sur mesure, tout en douceur, étalé dans le temps.

30 à 40% moins cher qu'en Europe !Saviez vous qu'une séance peut être programmée pour vous en24 heures sans nuire à vos vacances.

Centre de Chirurgie Esthétique Cinq étoiles à l'ile Maurice.

A vous de choisir la technique qui vous convient le mieux !Des techniques bien maîtrisées ont ouvert la voie à des greffesindécelables et naturelles que même votre coiffeur ne pourraitpercevoir.

" Follicular Unit Extraction " sans cicatrice, sans oedème etsans douleur, la FUE est idéale pour les cheveux clairsemés oupour traiter les bordures frontales, et permet de retrouver de 1000à 2500 cheveux en une séance de 4 à 7 heures.

" Follicular Unit Transplantation " idéale pour des calvitiesbeaucoup plus importantes, cette autre technique (FUT) permetde retrouver en une séance de 4 à 5 heures de 4000 à 9000cheveux. C'est l'assurance de cicatrices pratiquement invisibles(suture trichophytique) et d'absence de douleurs et d'oedèmespostopératoires.D'une haute précision et d'une grande technicité, elles exigenttoutes deux, des Operateurs d'une grande dextérité, un savoirfaire et une expérience. Ces spécialistes sont peu nombreux aumonde.

Dans la galerie photo du site Internet, de nombreux patients ontaccepté de figurer à visage découvert, et se sont mis à ladisposition des personnes hésitant encore à franchir le pas,pour partager leur expérience.

Obtenez des témoignages de patients à travers le monde, ennous écrivant: "[email protected] ".

L'Equipe de 12 infirmières : condition essentielle pour une bonne greffede cheveux dans les règles de l'art.

Découvrez les photos avant/après de nos patients sur www.calvitie.net

Page 84: Santé Austral No 1

Sant

é

TRIMESTRIEL • JUIN-AOÛT 2011 • No. 1 RÉUNION - MAURICE - MADAGASCAR - MAYOTTE 2.50 € • Rs 75

DOSSIERRÉAPPRENDRE À

MÉDIATORDES RAVAGES DANS L’OCÉAN INDIEN

ASPARTAMEPOUR OU CONTRE ?

AVIS D’EXPERTS

PHYTOTHÉRAPIE

UNE CHANCEPOUR L’AFRIQUE

MANGER

CAHIER PRO SAVOIR DIAGNOSTIQUER L’AVC PRÉCOCE

MAUVILAC, 1er fabricant de peintures de l’Océan Indien, lance

sa gamme de produits professionnels certifiés NF ENVIRONNEMENT.

En blanc et dans plus de 10.000 teintes pour :

° Intérieur : COVATEX, ACRYSTYL MAT, ACRYSTYL SATIN,

° Extérieur : COVALITH, MUROXANE,

° Imperméabilité de façades : PRIMAIRE RETIPLAST «E»,

RETIPLAST 3000 MAT & SATIN.

Performances techniques et environnementales,

MAUVILAC reste plus que jamais LA VALEUR SÛRE.