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Ils sont l’incarnation de la droiture morale et de la bravoure. Mais ces geurriers, qui ont laissé leur empreinte sur le Japon, étaient aussi de fins lettrés.

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ALL 6,80 €/BEL 5,95 €/CAN 9,25 $CAN/ DOM 6,20 €/ESP 6,20 €/GR 6,20 €/ITA 6,20 €/LUX 6,00 €/MAR 55,00 DH/MAY 7,50 €/PORT CONT 6,20 €/CH 10,20 FS/TOM AVION 1500,00 XPF/TOM SURFACE 850,00 XPF/TUN 6,20 TND

AOÛT 2010 - N° 764

SAUVONS L’HISTOIRE !CE QUE VOS ENFANTS N’APPRENDRONT PLUS

Vie et mœurs des légendaires guerriers du Japon

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Chercheur au CNRS, il dirige une équipe de recherche internationale à la Sorbonne, édite la revue Études J.-J. Rousseau et anime le site http://rousseaustudies.free.fr.

Il a étudié l’histoire militaire du Japon à l’université militaire de Manassas, en Virginie (États-Unis) et termine un ouvrage sur les châteaux du Japon.

Professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Langues-O), il est le coauteur, avec Mieko Macé, du Japon d’Edo (Les Belles Lettres, 2006).

Ancien directeur de la Maison franco-japonaise à Tokyo, il enseigne à l’Université de Genève. Il vient de publier Nouvelle Histoire du Japon (Perrin, 2010).

Gare aux fautes… de repèresLe deuxième volet de notre enquête sur l’enseignement

de l’Histoire aborde les nouveaux programmes en 6e, 5e

et en seconde. Où l’on constate la disparition de grandes

civilisations ou de grands événements des manuels. Et

un panorama comparatif dans sept pays d’Europe.

Les samouraïs, à la vie, à la mortIls sont l’incarnation de la droiture morale et de la bra-

voure. Mais ces guerriers, qui ont laissé leur empreinte

sur le Japon, étaient aussi de fins lettrés.

Lumière sur les Quinze-VingtsAu Moyen Âge, les aveugles sont réduits à la mendicité.

Louis IX, en ouvrant cette institution, leur redonne un

peu de dignité et les aide à sortir de cette vie misérable.

58 La seule victoire navale de NapoléonDu 23 au 28 août 1810, la flotte française affronte la Royal

Navy à Grand-Port, au large de l’île Maurice. Et contre

toute attente Duperré offre à l’Empereur son unique

succès sur mer. C’était il y a deux siècles.

64 Le massacre des Italiens d’Aigues-MortesEn août 1893, un affrontement, entre des ouvriers pié-

montais et français des salines, tourne au bain de sang.

On compte 150 morts chez les Ultramontains. Un acte

dénoncé par la presse internationale.

68 Yvonne, l’épouse de l’ombreLes Français l’appelaient Tante Yvonne. Rien de mé-

chant pour la femme du général de Gaulle, qui ne voulait

pas s’exhiber et préférait le pouvoir derrière le trône.

Les neuf bons plans de l’été, notre sélection d’exposi-

tions à voir absolument, et des DVD… au cas où.

J.-H. Lartigue, le photographe du mouvementUne exposition à L’Isle-Adam célèbre celui qui, dès les

années 1920, a su capter les joies du sport au grand air.

Spécial Romans policiers historiques et BD

Pointilleux, le Barbe-Bleue de Gambay

Bourgeois

Winchester

Marco Polo découvre la Chine

Août 2010

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Ancienne professeur d’histoire et de géographie, produc trice de « Surpris par la nuit » (France Culture), elle a coécrit Le Guide du Jardin des plantes (éd. du Patrimoine).

Directeur d’études à l’EHESS, il vient de sortir son dernier ouvrage, Le Massacre des Italiens. Aigues-Mortes, 17 août 1893 (Fayard).

Dix ans à la Fondation Charles de Gaulle, directrice de La Boisserie, elle vient de publier, chez Fayard, une biographie d’Yvonne de Gaulle.

Spécialiste de la marine du XIXe siècle à l’Institut de recherches stratégiques de l’École militaire, elle vient de faire paraître Plon-Plon, le Bonaparte rouge (Perrin).

Dossier : Les samouraïs p. 25À la vie, à la mort

Débat : Sauvons l’Histoire ! p. 6Gare aux fautes… de repères

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Un archer revêtu de son armure, avec son casque, son arc (yumi) et ses flèches. Prise en 1867, cette photo est l’une des dernières d’un guerrier authentique. L’année suivante, l’empereur retire aux samouraïs le droit de porter les sabres, le long katana et le court wakizashi.

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Adams, le samouraï anglais Le 12 avril 1600, le Liefde, un navire hollan-

dais, arrive en vue de l’île de Kyosho, au Japon : à son bord, vingt-quatre marins épuisés dont le maître-pilote, William Adams, natif de Gillingham, dans le Kent. Entre mai et juin, Ieyasu Tokugawa, seigneur de Mikawa, ren-contre à trois reprises Adams, 36 ans. Le Britannique est passionnant. Il excelle en construction navale, en astro-nomie, mathématiques, navigation. Il a sillonné durant deux ans l’Arctique à la recherche du passage du Nord-Est, longeant la côte de Sibérie vers l’Extrême-Orient. C’est suffisant pour devenir le précepteur du fils du shôgun Taiko Hideyoshi Toyotomi.

En 1603, Ieyasu, de-venu shôg un à son tour, nom me Wi l l i a m Ad a m s conseiller personnel pour toutes les choses concernant l’Occident, puis interprète officiel de la cour. « Grand in-génieur et mathématicien », le marin anglais reçoit deux sabres d’honneur qui font de lui le premier « samou-raï » étranger. À cette occa-sion le shôgun décrète que William Adams le naviga-teur est « mort » et que Miura Anjin (le pilote de Miura) le samouraï est né. Adams reçoit également le titre de hatamoto (porte-étendard). Vassal direct du shôgun, il se retrouve à la tête d’un fief (inclus aujourd’hui dans la cité de Yokosuka), près du port d’Uraga, à l’entrée de la baie d’Edo (actuelle Tokyo).

Déjà marié, en 1588 à Mary Hyn, en l’église de Saint Dunstan, paroisse de Stepney, au pied de la Tour de Lon-dres, et père de la petite Deliverance, Adams épouse pour-tant Oyuki, fille de Kegeyu Magome, samouraï du château d’Edo. De cette union, naîtront un fils, Joseph, et une fille, Susanna. Adams aime le Japon : « Les gens de ce pays […] sont gouvernés avec une grande civilité […]. Il n’y a pas une terre dans le monde qui soit régie avec une meilleure politique civile. » En 1611, il envoie une lettre aux colons anglais de Bantam (Indonésie) leur demandant de donner de ses nouvelles à sa famille en Angleterre.

En 1613, le capitaine John Saris arrive à Hirado, une île au nord de Nagasaki, reliée par un pont à Kyosho.

Il regarde Adams avec stupeur : « un (vrai) Japonais na-turalisé » qui réside chez un magistrat japonais, porte des vêtements japonais et parle couramment japonais. Adams et Saris rencontrent le shôgun Ieyasu à Shizuoka, sur la côte Pacifique, visitent, dans l’ancienne capitale Ka-makura, le célèbre Bouddha (le Daibutsu fondu en 1252 et sur lequel les marins gravent leurs noms). Ils sont ensuite reçus à Edo, siège du gouvernement, par le fils d’Ieyasu qui offre à Saris deux armures comme cadeau pour le

roi Jacques Ier d’Angleterre (encore visibles à la Tour de Londres). Ieyasu accorde aux Anglais « licence libre de demeurer, acheter, ven-dre et échanger » au Japon. Saris établit un comptoir (une factorerie) à Hirato et Adams devient « facteur » de la Compagnie anglaise des Indes orientales qui, de 1613 à 1623, expédie trois navires de Londres au Ja-pon, chargés de cargaisons modestes (drap, couteaux, lunettes de vue). Il entre-prend aussi deux voyages au Siam et deux autres en Cochinchine.

À la mort d’Ieyasu (1617), son fils Hidetada lui succède. Il autorise William Adams à continuer ses acti-vités. Son titre de hatamoto est renouvelé. Adams meurt à Hirato, le 16 mai 1620, lais-sant quatre enfants : Delive-rance, la Britannique, à qui il lègue la majeure partie de son héritage en argent ;

Joseph et Susanna, et un enfant illégitime. Le souvenir d’Adams est toujours vivace au Japon : son titre de maître-pilote (anjin sama) a donné son nom à la rue Anjin Cho (rue du Pilote) à Tokyo. Tous les 15 juin, une fête est donnée en son honneur. Un village de son ancien fief (Anjinzuka, « la Colline funéraire du Pilote »), à Yokosuka, porte égale-ment son nom. Enfin, dans la ville d’Ito, dans la préfecture de Shizuoka, se tient chaque année le 10 août le festival du Miura Anjin. Plus étonnant, sa ville natale du Kent, Gillin-gham, est jumelée avec Ito et Yokosuka.Michel Vergé-Franceschi, professeur à l’université

François-Rabelais de Tours, a dirigé Le Dictionnaire d’histoire

maritime dans la collection Bouquins (Robert Laffont).

Sous le nom de Miura Anjin, il devient le conseiller et le porte-étendard du nouveau shôgun, Ieyasu Tokugawa

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par Élisabeth Couturier

Dans les années 1920, le culte du corps est célébré par une classe de privilégiés se livrant à toutes sortes d’activités sportives. Une exposition à l’Isle-Adam présente les clichés et les peintures de l’artiste.

J. H. Lartigue, le photographe du mouvement

Au début du XXe siècle la gymnastique exerçait une grande attirance sur les classes privilégiées. Par souci d’hygiène, il était de bon ton, dans les familles aisées, d’entretenir un esprit sain dans un corps sain par une pratique régulière du sport et de la culture physique. Dans Biceps et Bijoux, le film commandité par Charles et Marie-Laure de Noailles, tourné dans leur villa ultramoderne, à Hyères en 1928, de nombreuses séquences montrent les protagonistes en shorts et maillots rayés faisant des exer-cices d’assouplissement et d’étirement, sous la férule d’un professeur privé, employé à demeure. Une tendance qui accompagne l’engouement de cette société pour les records sportifs et la fascination pour la vitesse permise grâce aux progrès de moyens de transports. Le culte des champions qui a commencé, dès 1865, avec la diffusion en masse des cartes postales représentant des athlètes, montre combien la photographie a joué un rôle majeur dans la propagation de cette nouvelle image du corps.

Pour compenser la sédentarisation due à la révolu-tion industrielle, on encourage l’individu – du moins celui qui en a les moyens – à s’adonner à des activités bonnes pour la santé : marche, natation, cyclisme, etc. On prône un nouvel état d’esprit. Eugène Sandow, par exemple, pionnier du culturisme, se présente lui-même comme un modèle d’harmonie esthétique plutôt que comme une force brute. Vers 1880, Edmond Desbonnet lance, lui, une méthode extrêmement efficace pour développer un physique avanta-geux, prouvant le bien-fondé de son enseignement avec les photographies « avant et après » de ses élèves à la muscula-ture parfaite. Mais le standard de la photographie sportive reste paradoxalement statique car il faut obtenir la pleine participation des modèles, obligés qu’ils sont de tenir des postures dangereuses ou acrobatiques, parfois plusieurs

minutes. Tout change avec l’invention de l’appareil Kodak maniable qui permet de saisir des activités athlétiques en plein air. Une vraie révolution. Il faudra néanmoins atten-dre encore un peu pour que la technologie photographique devienne suffisamment sophistiquée et permette de tra-duire la légèreté, l’élan et le déplacement.

C’est à un amateur que nous devons les plus mer-veilleux clichés sportifs du début du XXe siècle : Jacques Henri Lartigue. Ce fils de banquier a 6 ans lorsque son père lui offre son premier appareil. Maîtrisant vite la technique, il se met à photographier, dans le parc de la demeure fami-liale, ses parents en les représentant, le plus souvent, en mouvement. La Belle Époque découvre, alors, les plaisirs de l’activité physique au grand air. Et l’album de photos de Lartigue montre les jours heureux de bourgeois joyeux, sautant, tombant, plongeant, courant, s’adonnant à toutes sortes d’exercices ou de pitreries. Les uns s’essayent à la bicyclette, les autres au tennis ou au char à voile. Ils bou-gent, s’envolent, se mettent en danger. Plus tard, ce capteur d’instantanés rencontre des athlètes professionnels et son style fait merveille. Son cliché montrant le champion Géo André s’entraînant au saut en longueur pour les jeux Olympiques de 1924 est un chef-d’œuvre d’équilibre et de grâce. Tout comme son portrait, très peu conventionnel, de Maurice Chevalier, en maillot de bain, faisant l’arbre droit sur la plage de Royan, en 1920. Cependant, Jacques Henri Lartigue, dilettante devant l’éternel, considéra longtemps la photographie comme un simple passe-temps. Il poursui-vra toute sa vie un autre dessein, plus ambitieux à ses yeux : devenir un grand peintre. Hélas ! l’artiste ne parviendra jamais, avec ses pinceaux, à traduire aussi bien qu’il le fit avec la photographie, l’esprit de son temps. Une époque qui glorifiait l’avènement d’un corps plus libre et plus sain.

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L’idée de vitesse. Jacques Henri Lartigue photographie volontiers ses sujets en train de bondir, de sauter ou de courir. C’est, en quelque sorte, sa signature. Il traduit ainsi l’idée de vitesse et de progrès qui marque la société au début du XXe siècle.

Suzanne Lenglen. Véritable phénomène sportif, Suzanne Lenglen dispute son premier tournoi junior à 13 ans, en 1912. Deux ans plus tard, elle atteint la finale du championnat de France à Roland-Garros et se voit sacrée championne du monde sur terre battue. Elle remporte également

six fois le tournoi de Wimbledon et six fois les internationaux de France. En sept ans, celle qu’on appelle la Divine gagne 241 tournois dont 81 en simple et sera trois fois championne olympique. En 1926, elle met fin à sa carrière.

La tenue. La jeune tenniswoman, durant sa courte carrière, améliore les techniques de jeu et invente un style vestimentaire pour se sentir plus à l’aise, elle est la première à porter des jupes courtes.

Ce que dit Lartigue. « Il y avait l’année dernière [1913], parmi les champions de tennis, un phénomène : une petite fille de 14 ans appelée Suzanne Lenglen qui gagna le championnat de France. Je l’ai trouvée ce matin au tennis club de Nice, juste au-dessous de l’appartement qu’elle habite avec maman et papa Lenglen. »

. Entraînement de Suzanne Lenglen à Nice en novembre 1915. La tenniswoman donne l’impression de s’envoler avec sa raquette.

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Historia rétablit chaque mois une vérité historique, en allant à l’encontre d’une notion aussi communément admise qu’erronée.

. Le marchand vénitien échange des présents avec l'empereur mongol. Il laissera un récit de ses voyages : le Livre de Marco Polo

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Pour la première fois, un Occidental atteint le pays du Grand Khan, après avoir voyagé des mois. Un exploit sans précédent

Marco Polo découvre la Chine

Gu i l l a u m e d e Rubr ouck , u n moine francis-cain, atteint le premier la cour du Grand Khan (1253-1254) et fait

un récit détaillé de son voyage. Dans la première moitié du XIIIe siècle, les Mongols avaient fait trembler l’Eu-rope. Le fils de Gengis Khan avait pris Moscou en 1238, s’était emparé de Kiev et Zagreb, avait envahi la Pologne et menaçait Vienne. Mais les problèmes de succession qui suivent sa mort, pro-voquent le repli des Mongols en Asie centrale. Le risque écarté, l’Occident, alors en pleine croisade, voit dans les hordes des steppes, qui comptent des chrétiens nestoriens, des alliés poten-tiels contre le monde islamique. Une

première mission est confiée en 1244 par le pape Innocent IV au franciscain Jean de Plan Carpin et au dominicain Ascelin de Crémone, pour exprimer au Grand Khan la désapprobation papale sur les destructions qu’il a commises et l’inviter à rentrer dans le droit che-min. Ce dernier, irrité, répondra en se disant prêt à reconnaître le pape comme son… vassal. Néanmoins une alliance avec les Francs est évoquée.

En 1246, alors que Louis IX est à Chypre où il dirige la septième croi-sade, un envoyé mongol lui propose une action militaire commune. Les chrétiens attaqueraient le sultan du Caire tandis que les Mongols se lance-raient à l’assaut du califat de Bagdad. Mais lorsque la délégation du domini-cain André de Longjumeau arrive à la cour du Grand Khan, celui-ci vient

de mourir et tout est à recommencer. Le moine cependant constate que de nombreux nestoriens entourent le souverain et annonce que la femme du nouvel empereur serait chrétienne.

Saint Louis décide d’envoyer une nouvelle ambassade, qu’il confie au frère Guillaume de Rubrouck. Le roi ne souhaite pas une mission trop officielle. Le franciscain doit conser-ver de bonnes relations entre les deux cours, rester sur place dans un but d’évangélisation et rapporter tout ce qu’il peut observer et apprendre. Il quitte Constantinople en 1253 et met trois mois pour parcourir les 3 000 ki-lomètres qui doivent le conduire à Ka-rakoroum, au nord du désert de Gobi, là où réside le Khan Mongku. Le 3 jan-vier 1254, le voilà enfin devant le petit-fils de Gengis Khan. Il entre à ses côtés dans Karakoroum, une première pour une ambassade occidentale. L’accueil est chaleureux et Guillaume de Ru-brouck peut constater la présence et l’importance de la communauté chré-tienne nestorienne, hérésie qui avait atteint l’Asie au Ve siècle. Ses adeptes, bien qu’ayant mauvaise réputation, occupent les fonctions d’interprètes, de fonctionnaires, de ministres, de précepteurs. Le Grand Khan organise une controverse entre musulmans, bouddhistes et chrétiens au cours de laquelle le franciscain voit tous ses rêves d’évangélisation s’évanouir.

L’ambassade est un échec, les Mongols ne seront pas convertis, pas plus qu’ils ne s’allieront aux Francs. Guillaume de Rubrouck reprend le chemin du retour en 1255 et, ne pou-vant joindre Saint Louis, lui envoie le récit de son voyage. Il précède de qua-rante ans l'arrivée de Marco Polo. Olivier Tosseri