Salle Richelieu Théâtre du Studio-Théâtre Place Colette ... · Paris 1er Théâtre du...
Transcript of Salle Richelieu Théâtre du Studio-Théâtre Place Colette ... · Paris 1er Théâtre du...
Salle RichelieuPlace ColetteParis 1er
Théâtre du Vieux-Colombier 21 rue du Vieux-ColombierParis 6e
Studio-ThéâtreGalerie du Carrousel du Louvre99 rue de RivoliParis 1er
SAISON 2002-2003
La troupe, sa puissance de métamorphose, et
tous les métiers du théâtre qui constituent la
Comédie-Française, feront éclore, la saison
prochaine, onze productions nouvelles et six
reprises, dans nos trois salles.
Nous veillons à ce que l’art théâtral qui se
pratique à la Comédie-Française soit un art
maintenu dans toute sa dignité littéraire, à
la recherche de sa propre tradition – Racine,
Hugo, Feydeau – et ouvert à l’œuvre nouvelle :
François Bon, Werner Schwab, Marie Ndiaye…
Fidèle à ce qu’en a retenu notre mémoire
collective, on peut dire que la Comédie-
Française s’incarne dans la joie de jouer,
l’énergie de la parole et la liberté.
Il nous appartient, pour reprendre l’expression
de Paul Bénichou, de « sauver et d’approfondir
encore une conception de l’homme civilisé ».
Marcel Bozonnet
Savannah Bay« Tu ne sais plus qui tu es, qui tu as été, tu sais que tu as joué,
tu ne sais plus ce que tu as joué, ce que tu joues, tu joues, tu sais
que tu dois jouer, tu ne sais plus quoi, tu joues. Ni quels sont tes
rôles, ni quels sont tes enfants vivants ou morts. Ni quels sont
les lieux,
les scènes,
les capitales, les continents où tu as crié la passion des amants.
Sauf que la salle a payé et qu’on lui doit un spectacle. Tu es la
comédienne de théâtre, la splendeur de l’âge du monde, son
accomplissement, l’immensité de sa dernière délivrance. Tu as
tout oublié sauf Savannah, Savannah Bay. Savannah Bay c’est
toi. » M.D.
Marguerite Duras, romancière, dramaturge et cinéaste. Après
une période consacrée au roman, elle vient au théâtre dans les
années cinquante. Elle cherche à repousser les limites du genre
et notamment refuse le dialogue conventionnel entre les person-
nages. Pour le théâtre, après avoir mis à la scène son roman Le
Square en 1956, elle écrit sa première pièce Les Viaducs de
Seine-et-Oise de facture classique. Par la suite, elle expérimente
l’absurde et la dérision avec Les Eaux et Forêts, Le Shaga et Yes,
peut-être. Avec L’Amante anglaise, créée par Claude Régy en
1968, elle refuse la structure du dialogue traditionnel : les
personnages ne se parlent plus ; ce qu’ils disent est simplement
proféré sur scène et ne touche les autres qu’indirectement. Dans
Eden Cinéma, le personnage de la mère est muet et n’est que
de Marguerite Duras
Coproductionla Comédie-Française
et le CDDBThéâtre
de Lorient
l’objet du récit que l’on entend. Le théâtre de Duras se nourrit
aussi de la question de la mémoire, du passé réinventé au fur et
à mesure de l’évocation du souvenir, comme dans Suzanne
Andler, Agatha ou encore Savannah Bay, pièce créée en 1982
au Théâtre du Rond-Point chez Jean-Louis Barrault avec
Madeleine Renaud, pour qui la pièce a été écrite. À la Comédie-
Française, elle sera interprétée par Catherine Samie et Catherine
Hiegel.
Né à Rennes en 1960, plasticien de formation, Eric Vigner a
suivi les cours du Conservatoire national supérieur d’art drama-
tique où il réalisa sa première mise en scène en 1988 pour La
Place royale de Corneille. Animé par le désir de créer un groupe
de recherche théâtrale, il a fondé
la Compagnie Suzanne M. et
poursuit depuis son travail de formation et de recherche avec de
jeunes acteurs. Il participe régulièrement aux travaux de
l’Académie expérimentale des théâtres où il a travaillé avec
Anatoli Vassiliev, Yoshi Oïda et Luca Ronconi. En 1995, il a été
nommé directeur du Centre dramatique de Bretagne à Lorient.
Avec la troupe de la Comédie-Française, il a mis en scène
Bajazet de Racine au Théâtre du Vieux-Colombier en 1995 et
L’Ecole des femmes de Molière et à la Salle Richelieu (1999).
Salle Richelieudu samedi 14 septembre
au dimanche 5 janvier
en alternance
ENTRÉE AU RÉPERTOIRE
Eric Vigner
Une visiteinopportuneDans une chambre d'hôpital un acteur, pour lequel le corps
médical ne peut plus rien, tient salon. C'est aujourd'hui son
anniversaire. D'insolites et encombrants cadeaux se déversent,
apportés par des personnalités plus excentriques les unes que les
autres. La vie mondaine et nocturne des grandes métropoles
défile sous ses couleurs les plus provocantes. De surprise en
surprise, la liberté d'action et de parole gagne du terrain.
Bafouant les frontières, franchissant allègrement les limites, un
autre monde se dilate, s'impose. L'esprit de sérieux fond comme
neige au soleil. La gravité des enjeux et de la situation tord le cou
à tout sentimentalisme, lui préférant la
généreuse provocation des désespérés.
Copi n'a pas peur du mauvais goût, il a l'insolence d'un ange. En
matière d'effets de Grand-Guignol et de vaudeville, il ne recule
devant rien. Son écriture lui permet tout et ne laisse rien au
hasard. La pièce tient en balance le monstrueux et l'hilarant.
Tout ici respire une urgence jubilatoire.
de Copi
De sa jeunesse passée entre Buenos-Aires où il est né en 1939
et Montevideo où sa famille doit s'exiler, entrecoupée de séjours
à Paris et à Milan, Copi a gardé l'image d'un monde instable
traversé par la violence politique et la mort. Humoriste,
romancier, dramaturge, il s'installe à Paris en 1963 et travaille
comme dessinateur pour le Nouvel Observateur, Charlie-Hebdo
et Hara-Kiri. Il se fait connaître par de courtes pièces dont il est
l'auteur et qu'il interprète. Alfredo Arias et Jorge Lavelli devien-
dront ses metteurs en scène favoris. Il meurt en 1987 alors que
Une visite inopportune est en répétition au Théâtre National de
la Colline.
Lukas Hemleb, né en Allemagne, commence sa carrière théâtrale
au milieu des années quatre-vingt à la Schaubühne de Berlin et
dans plusieurs grands théâtres d'Allemagne. Parallèlement il
découvre l'univers de la musique contemporaine. Cette passion
pour le théâtre et la musique se concrétisera par la réalisation
de plusieurs opéras. Il
est installé en France
depuis 1995, on a pu voir ses spectacles à l'Odéon, à la MC93 de
Bobigny, à l'Opéra de Lyon, au Théâtre National de Strasbourg,
et au Studio-Théâtre de la Comédie-Française en septembre
2001 pour cette nouvelle production de Une visite inopportune
reprise aujourd'hui en raison du chaleureux accueil réservé par
le public. Il met également en scène cette saison à la Salle
Richelieu, Le Dindon de Feydeau.
Théâtre du Vieux-Colombier
du mardi 17 septembre
au samedi 19 octobre
REPRISE
Lukas Hemleb
Dom Juanou le Festin de pierreChacun connaît Dom Juan : les tirades de Sganarelle aux prises
avec l’esprit fort de son maître ; l’accueil terrible fait à Elvire par
un époux en fuite, cynique et infidèle ; les jeux de caresses et de
mots avec Charlotte et Mathurine irrésistiblement séduites et
trompées ; la scène où est éconduit Monsieur Dimanche avec un
art virtuose de la conversation et de la duperie ; la provocante
humiliation du Pauvre ; l’obstination impudente dans le conflit
avec les frères d’Elvire ; l’insolent silence en présence du père ;
le face à face avec le Commandeur
et la Mort. Chaque nouvelle repré-
sentation de Dom Juan fascine pourtant le spectateur. De la
fameuse tirade de Sganarelle sur les bienfaits du tabac au Festin
de pierre et au châtiment final de l’impie, Molière tisse une
intrigue complexe, mêlant tragique et comique et questionnant
le public sur la famille, l’argent, l’honneur, les puissants, la
société, l’amour, la religion et la mort.
de Molière
Avec L’Ecole des femmes en 1662, Molière donne un tour décisif
à sa carrière d’auteur dramatique. Abandonnant le comique de
farce de ses débuts, il aborde des questions plus graves et
brûlantes, touchant à la société et surtout à la religion. La
querelle de L’Ecole des femmes ouvre une période de polémique
mouvementée qui se poursuit avec la création de Tartuffe en
1664, aussitôt interdit. C’est dans ce contexte que Molière écrit
Dom Juan, représenté avec grand succès à partir du 15 février
1665, mais retiré de l’affiche après la trêve de Pâques, sous la
pression des dévots et d’une partie de l’aristocratie.
Auteur dramatique, metteur en scène, Jacques Lassalle fonde le
Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine en 1967, dirige le Théâtre
National de Strasbourg de 1983 à 1990, avant d’être nommé
administrateur de la Comédie-Française où il reste jusqu’en
1993. Il a mis en scène plus d’une centaine de spectacles en
France et à l’étranger. Pendant son mandat d’administrateur, il
a notamment monté
à la Salle Richelieu,
La Fausse Suivante de Marivaux, La Comtesse d’Escarbagnas,
George Dandin et Dom Juan de Molière, spectacle repris aujour-
d’hui, La Serva amorosa de Goldoni et inaugura le Théâtre du
Vieux-Colombier avec Le Silence et Elle est là de Nathalie
Sarraute. Il y retournera cette saison pour Les Papiers d’Aspern
d’Henry James.
Salle Richelieudu mercredi 18 septembre
au mercredi 15 janvier
en alternanceREPRISE
Jacques Lassalle
Le Marchandde VeniseUn riche marchand vénitien veut aider un de ses amis, jeune
homme ambitieux et désargenté, à satisfaire ses prétentions
amoureuses auprès d’une belle héritière. Pour ce faire, il fait un
emprunt auprès d’un usurier juif, Shylock. Par contrat, il
s’engage à sacrifier une livre de sa chair, s’il ne peut rembourser
l’argent emprunté. C’est ce qui arrive : s’ouvre alors un procès où
s’affrontent le juif et le
chrétien, tous deux
animés d’une hostilité irrépressible à l’égard l’un de l’autre. La
pièce traite de ce thème, des haines ancestrales qui dominent et
déchirent les hommes. En situant l’intrigue à Venise, ville des
hommes d’affaires et du premier ghetto juif, l’auteur met ses
personnages dans la nécessité de choisir entre amour et religion,
argent et religion ou encore amour et argent, thèmes ô combien
brûlants pour le public contemporain.
Shakespeare écrit Le Marchand de Venise entre 1594 et 1598,
dans la première période de sa production dramatique. C’est le
temps de la jeunesse, de la fantaisie, des grands drames histo-
riques qui flattent l’orgueil national du public élisabéthain.
Shakespeare puise dans la littérature médiévale pour tisser son
intrigue, qui croise la légende de la « livre de chair », tirée d’un
conte italien, et l’histoire des « trois coffrets », rapportée par
Boccace. Par ailleurs, son inspiration est proche de celle d’un
de Shakespeare
TraductionJean-Michel
Déprats
Christopher Marlowe qui, quelques années auparavant, avait fait
représenter Le Juif de Malte, pièce hostile aux Juifs qui connut
un succès considérable. Mais Shakespeare exploite cette veine en
brouillant les pistes. Il dépasse la caricature traditionnelle du Juif
apparue au Moyen-Age en posant plus de questions qu’il ne
donne de réponses.
Né en Roumanie où il fait ses premières mises en scène, Andrei
Serban collabore ensuite avec la Mama Company à New York,
puis avec Peter Brook au Centre international de recherche
théâtrale. Installé à New York, il met en scène un répertoire
varié qui va des tragiques grecs à Bertolt Brecht, en passant
notamment par Tchekhov
et Shakespeare : Comme il
vous plaira, La Nuit des rois, Hamlet. En France, il a mis en
scène Le Maître et Marguerite au Théâtre de la Ville et L’Avare
à la Comédie-Française. Il a aussi abordé le répertoire lyrique.
A l’Opéra de Paris, il met en scène Lucia di Lammermoor,
L’Ange de Feu, L’Italienne à Alger, Les Indes galantes, La
Khovantchina et cette saison, Les Vêpres siciliennes. A la tête
du Théâtre national de Bucarest de 1990 à 1993, il dirige actuel-
lement la prestigieuse Ecole théâtrale de Columbia University à
New York.
Salle Richelieudu lundi 30 septembre
au dimanche 22 décembre
en alternance
REPRISE
Andrei Serban
Quatre avecle mortIls sont trois : un frère, une sœur et une épouse à veiller le corps
d'un de leurs proches. Sans aucune complaisance dans la
douleur, cette famille unie dans l'amour de la musique, voit cette
disparition raviver les blessures et féconder un silence délicat à
rompre. Avec douceur et fermeté, les dissonances de ce trio,
dont les sources de désaccords sont lointaines, enfouies dans le
secret de l'enfance, vont résonner jusqu'au départ pour l'enter-
rement. Cette pièce, commande de la Comédie-Française, est le
fruit d'une expérience
singulière. Au cours
de l'année 2001, les comédiens ont commencé à travailler avec
le metteur en scène à partir des premières ébauches du texte,
qui s’est élaboré sous l'influence de ces séances de travail.
François Bon est né en Vendée en 1953. Père mécanicien-
garagiste, mère institutrice. Après une école d'ingénieur à
dominante mécanique (Arts et Métiers), il se spécialise dans le
soudage par faisceau d'électrons et travaille plusieurs années
dans l'industrie aérospatiale et nucléaire, en France et à
l'étranger. Il publie en 1982 son premier livre aux éditions de
Minuit Sortie d'usine, et se consacre depuis à la littérature. Il
mène depuis 1991 une recherche dans le domaine des ateliers
de François Bon
CoproductionThéâtre de laManufacture CDN Nancy-Lorraine etla Comédie-Française,
Studio-Théâtre
d'écriture, en particulier auprès des publics en situation difficile,
et collabore régulièrement avec des théâtres. Paysage de fer a
récemment reçu le Prix La Ville à lire, décerné par France
Culture et la revue Urbanismes. Il anime un site internet
consacré à la littérature, au théâtre et aux ateliers d'écriture :
http:// www.remue.net
Charles Tordjman, auteur et metteur en scène, dirige le Théâtre
de la Manufacture-Centre dramatique national de Nancy
Lorraine depuis
1992. Il y met en
scène de nombreux textes contemporains parmi lesquels ceux de
Jacques Kraemer, Eugène Durif, Bernard Noël. En juin 1997, il
accueille en résidence pour trois ans l'écrivain François Bon
dont il mettra en scène plusieurs textes. Au Théâtre du Vieux-
Colombier, il a créé en 1995, Neiges de Nicolas Bréhal.
Studio-Théâtredu mercredi 2 octobre
au dimanche 3 novembre
CRÉATION
Charles Tordjman
Un jour delégendeUn midi-minuit avec La Légende des siècles de Victor Hugo et
l'ensemble de la troupe de la Comédie-Française. En partenariat
avec France Culture et avec la collaboration de l'Ircam.
Conseiller littéraire Claude Millet.
Dans la préface de son grand œuvre, Victor Hugo déclarait :
« Comme on le verra, l'auteur, en racontant le genre humain, ne
l'isole pas de son entourage terrestre. Il mêle quelquefois à
l'homme, il heurte à l'âme humaine, afin de lui faire rendre son
véritable son, ces êtres différents de l'homme que nous
nommons bêtes, choses, nature morte, et qui remplissent on ne
sait quelles fonctions fatales dans l'équilibre vertigineux de la
création.
Tel est ce livre. L'auteur l'offre au public sans rien se dissimuler
de sa profonde insuffisance. C'est une tentative vers l'idéal. Rien
de plus. »
« L'aurore apparaissait ; quelle aurore ? Un abîme
D'éblouissement, vaste, insondable, sublime ;
Une ardente lueur de paix et de bonté.
C'était aux premiers temps du globe ; et la clarté
Brillait sereine au front du ciel inaccessible
Etant tout ce que Dieu peut avoir de visible ;
Tout s'illuminait, l'ombre et le brouillard obscur ;
Des avalanches d'or s'écroulaient dans l'azur ;
Le jour en flamme, au fond de la terre ravie,
Embrasait les lointains splendides de la vie. »
(Premiers vers de La Légende des siècles.)
Des extraits de ce grand livre des figures de l'humanité seront
présentés en cinq séquences retransmises par France Culture en
direct de la Salle Richelieu.
A midi, début des lectures réparties en cinq séquences : Les
Premiers Temps, Les Temps des chevaliers, Les Temps modernes,
Les Temps contemporains, Tout le passé et tout l’avenir.
Salle Richelieudimanche 20 octobre
ÉVÉNEMENT EXCEPTIONNEL
Exterminationdu peuple ou Mon foie n’a pas de sensHistoires de famille et querelles de voisinage : bienvenue dans
« la communauté autrichienne d’entreprises familiales » ! En
Autriche, Hermann, « éclopé artistique », pied-bot trentenaire,
passe ses journées à peindre des tableaux que sa mère bigote
jette régulièrement à la poubelle. Mère et fils se vouent une
haine violente,
et bruyante, qui
ameute les voisins de l’immeuble. Rappliquent en tête, Kovacic,
« authentique Autrichien de langue allemande depuis deux
générations » et sa famille, suivis d’une veuve terrifiante,
Madame Pestefeu, pour qui ses congénères sont des décérébrés
qu’il faudrait exterminer.
Le regard de Werner Schwab est intransigeant sur l’Autriche des
années quatre-vingt-dix qui a oublié son Histoire et se replie sur
le travail, la famille, l’ordre et la religion. Pour la croquer, il
convoque des stéréotypes mais leur prête une langue décalée,
radicale et « méchante » qui malmène les mots, la syntaxe et la
grammaire, sans se prendre au sérieux. C’est elle le personnage
principal, c’est par elle que tout se joue. Place au théâtre
subversif.
Né en 1958, à Graz en Autriche, Werner Schwab étudie les arts
plastiques à Vienne avant de s’installer à la campagne où il vit
en autarcie avec sa femme et son fils. Il partage alors sa vie
entre écriture et sculpture, devient « bûcheron-sculpteur ». En
de Werner Schwab
TraductionHenri
Christophe
1989, il retourne à Graz et, ne trouvant pas d’éditeur pour
défendre sa prose, se lance seul dans ce qu’il nomme le « projet
Schwab », son œuvre théâtrale. Avant de mourir d’une crise
d’éthylisme, la nuit de la Saint-Sylvestre 1993, il aura écrit une
quinzaine de pièces terribles et violentes qui lui ont valu
plusieurs prix littéraires, et ont été traduites et jouées dans de
nombreux pays d’Europe. Parmi elles, Les Présidentes, Excédent
de poids insignifiant : amorphe, Escalade ordinaire, Anticlimax
ont déjà été montées en France.
Auteur, scénariste et metteur en scène, Philippe Adrien a fondé
en 1985 l’Atelier de Recherche et de Réalisation Théâtrale à la
Cartoucherie, il est
également professeur
au Conservatoire national supérieur d’art dramatique et
directeur du Théâtre de la Tempête. C’est dans ce théâtre qu’il
a monté en 1999 Excédent de poids insignifiant : amorphe de
Werner Schwab. Il a déjà mis en scène au Théâtre du Vieux-
Colombier Maman revient, pauvre orphelin de Jean-Claude
Grumberg (1994), les Bonnes de Jean Genet (1995, reprise Salle
Richelieu en 1997 et 2000), Arcadia de Tom Stoppard (1998,
reprise Salle Richelieu en 1998), Point à la ligne de Véronique
Olmi (1998), l’Incorruptible de Hugo von Hofmannsthal (1999),
Monsieur de Pourceaugnac (2001), et à la Salle Richelieu
Amphitryon et Le Médecin volant de Molière (1983).
Théâtre duVieux-Colombier
du mercredi 6 novembre
au samedi 7 décembre
CRÉATION
Philippe Adrien
Le DindonUn homme poursuit de ses ardeurs une femme mariée jusque
dans son salon. Honnête et rongé de scrupules, celle-ci se plaint
de cette situation à son mari qui reconnaît dans l'intrus un de
ses anciens amis ! Profitant d'une absence momentanée de
l'époux, « l'ami retrouvé » redit sa passion à la fidèle épouse qui,
pour clore le débat, finit par lâcher, bien imprudente mais si sûre
de son couple : « Je ne serai à
vous que si un jour mon mari me
trompe. » C'est là que tout bascule et que les mensonges anodins
vont ouvrir des gouffres. Une série de malentendus et croisement
de plusieurs intrigues sentimentales tissent des situations de
plus en plus rocambolesques. Affolement, décalage de la réalité :
plus personne ne maîtrise la situation et chacun se retrouve à
occuper une place qui n'est pas la sienne !
C'est après le succès de Monsieur chasse en 1892 que Feydeau
se décide à écrire sans la complicité d'un collaborateur.
L'initiative est heureuse puisqu'en 1895 triomphe au Théâtre des
Nouveautés l'Hôtel du libre échange qu'il signe seul. C'est durant
cette période faste qu'il compose Le Dindon. Si l'on retrouve là
tous les ingrédients du vaudeville et des emprunts à des pièces
à succès de l'époque, l'originalité et le talent de Feydeau
augmentent considérablement les potentiels comiques reconnus
dans ces références. Une verve farceuse et un prodigieux sens du
rythme font de cet auteur un maître incontesté et quasiment
inégalé dans l'art de provoquer le rire. Le Dindon est généra-
lement admis comme son vaudeville le plus accompli. Son
inscription au répertoire de la Comédie-Française en 1951
provoqua une véritable guerre des critiques : les uns repro-
chaient aux autres leur excessif enthousiasme et admettaient
de Feydeau
mal de voir les artistes de la Comédie-Française se prêter à ce
style de jeu. Le succès trancha définitivement le débat pour le
grand plaisir du public et des comédiens. Désormais, les œuvres
de Feydeau occupent une véritable et noble place dans l'aventure
littéraire théâtrale et les metteurs en scène les plus exigeants
aiment à se confronter à ses pièces composées avec une impres-
sionnante précision et une surprenante imagination.
Lukas Hemleb, né en Allemagne, commence sa carrière théâtrale
au milieu des années quatre-vingt à la Schaubühne de Berlin et
dans plusieurs grands théâtres d'Allemagne. Parallèlement il
découvre l'univers de la musique contemporaine. Cette passion
pour le théâtre et la musique se concrétisera par la réalisation
de plusieurs opéras. Il
est installé en France
depuis 1995 on a pu voir ses spectacles à l'Odéon, à la MC93 de
Bobigny, à l'Opéra de Lyon, au Théâtre national de Strasbourg,
et au Studio-Théâtre de La Comédie-Française en septembre
2001 avec Une visite inopportune reprise aujourd'hui en raison
du chaleureux accueil réservé par le public.
Salle Richelieudu samedi 16 novembre
à mai en alternance
NOUVELLE PRODUCTION
Lukas Hemleb
Ruy BlasBanni de la Cour d’Espagne, Don Salluste veut se venger de la
Reine. Pour servir ses plans, il « anoblit » son valet, Ruy Blas, et
lui commande de séduire celle qui est responsable de sa
disgrâce. Ruy Blas fait une prodigieuse ascension politique,
nettoie la Cour de ses
ministres corrompus et
gagne ainsi l’estime et l’amour de la Reine dont il était depuis
longtemps secrètement épris. Don Salluste peut alors actionner
le piège qu’il a échafaudé et dans lequel vont se débattre les
protagonistes.
Plus de 160 ans après sa première représentation, le public se
laisse toujours happer par ce grand drame romantique, à la fois
comédie et tragédie, intrigue sentimentale, pamphlet politique
et peinture sociale. Un drame animé par le vers que Victor Hugo
a voulu « libre, franc, loyal » pour que « ce qu’a dit le poète se
retrouve longtemps encore debout dans la mémoire de
l'auditeur. »
Après Cromwell, son premier drame, qui ne fut pas joué en
raison de ses proportions colossales, la censure de Marion de
Lorme, la bataille d’Hernani, l’interdiction du Roi s’amuse et le
triomphe de Lucrèce Borgia, Victor Hugo écrit Ruy Blas en
quelques semaines, en 1838, pour l’inauguration du Théâtre de
la Renaissance dont, avec son ami Dumas, il voulait faire un
haut lieu du drame romantique. Homme de théâtre à part
de Victor Hugo
entière, Victor Hugo suit de près la création de sa pièce, choisit
la distribution, faisant notamment engager Frédérick Lemaitre
et Louise Beaudouin, dessine décors et costumes, assiste aux
répétitions qu’il dirige comme un véritable metteur en scène. Si
la pièce connut à l’époque un beau succès populaire, la critique,
en revanche, continua à attaquer le théâtre de Victor Hugo. Il
faut attendre sa reprise en 1867 à l’Odéon, puis en 1879 à la
Comédie-Française pour que la pièce connaisse la consécration,
grâce notamment à Sarah Bernhard et, là encore, Victor Hugo
suit de près les répétitions.
Comédienne, metteur en scène, Brigitte Jaques-Wajeman a
fondé en 1976, avec François Regnault, la compagnie Pandora,
et dirigé le Centre Dramatique National d’Aubervilliers de 1990
à 1997. Elle a signé les mises en scène de nombreux spectacles
et notamment un important travail autour de l’œuvre de
Corneille. Avant de monter Ruy Blas à la Salle Richelieu la
saison dernière, elle avait déjà travaillé avec la troupe de la
Comédie-Française pour La Nuit de l’iguane de Tennessee
Williams, en 1991, au Théâtre d’Ivry.
Salle Richelieudu mercredi 11 décembre
à mai en alternance
REPRISE
Brigitte Jaques-Wajeman
Présences deKateb YacinePrésences de Kateb Yacine. Parcours littéraire et biographique
conçu par Mohamed Kacimi. Réalisation scénique Marcel
Bozonnet.
Ces lectures restituent le parcours de l'homme, du romancier, du
dramaturge et du poète à partir des entretiens qu'il a donnés de
1954 jusqu'à sa disparition.
Kateb Yacine est né en 1929 à Constantine. Son père, avocat, est
un homme de double culture et sa mère l'initie à la poésie et au
théâtre. Après avoir fréquenté l'école coranique, il est mis dans
la « gueule du loup » c'est-à-dire à l'école française. Le 8 mai
1945 il est arrêté alors qu'il participe aux manifestations pour
l'indépendance. L'expérience de la prison sera déterminante
pour sa carrière d'écrivain. Sa mère, le croyant fusillé, perd
définitivement la raison. Renvoyé du collège, il rencontre
Nedjma et l'expérience de l'amour. En 1950, il commence un
long et dur exil en France. Il
rencontre à Paris Bertolt
Brecht. En 1956 il publie son premier roman Nedjma. En pleine
guerre d'Algérie ses tragédies Le Cadavre encerclé et Les
Ancêtres redoublent de férocité sont mises en scène par Jean-
Marie Serreau qui y joue aux côtés d'Antoine Vitez. Elles font
Kateb Yacine
venir sous la plume des critiques les noms de Sophocle,
d'Eschyle et de Paul Claudel. En 1962, à la proclamation de
l'indépendance, Kateb Yacine rentre à Alger avant de reprendre
le chemin de l'exil. A partir de 1971, il se consacre à l'écriture
et à la représentation d'un répertoire de pièces de théâtre en
arabe populaire où il pourfend les fanatiques, défend l'émanci-
pation des femmes et appelle à une société libre. Ses créations
Mohamed, prends ta valise et La Guerre de deux mille ans sont
jouées en arabe au Théâtre des Bouffes du Nord. Le Grand Prix
national des Lettres lui est décerné par le ministre français de
la Culture. Kateb Yacine meurt à Grenoble en 1989, il est enterré
au cimetière des martyrs d'Alger. Figure à la fois de l'homme
révolté et du chercheur absolu de beauté, Kateb Yacine imprégné
de culture berbère, arabe et française est considéré aujourd'hui
comme un des plus grands écrivains du siècle.
Mohamed Kacimi est auteur de traductions de poésie, d'essais,
de romans et de pièces de théâtre. Son dernier ouvrage
La Confession
d'Abraham, qui
a été présenté au Studio-Théâtre de la Comédie-Française et au
festival d'Avignon 2001, est publié aux éditions Gallimard et mis
en scène, cette saison, par Michel Cochet au Théâtre du Rond-
Point.
Salle Richelieulundi 6 et mardi 7 janvier
dans le cadre de Djazaïr,
une année de l’Algérie en France
ÉVÉNEMENT EXCEPTIONNEL
Mohamed Kacimi
Le MaladeimaginaireArgan fait ses comptes et sa croyance lui coûte cher, mais il
croit en la médecine et un dévot ne compte pas. Les lavements
sont pour lui comme grains de chapelets, jamais suffisants,
toujours répétés. Il destine sa fille au fils de son médecin, bien
que ce soit un autre qu'elle aime. Il
faudra les fourberies de la servante
Toinette pour satisfaire les illusions de chacun et pour entrevoir
quelques vérités. Argan devra contrefaire le mort… Ultime chef-
d'œuvre de Molière, Le Malade imaginaire est une pièce
habitée par la mort. Dans les mois qui précédent sa création,
Molière voit disparaître Madeleine Béjart, son ami La Motte Le
Vayer, son dernier fils de dix jours, et lui-même meurt lors de la
quatrième représentation… Sans doute, jamais farce n'aura été
autant farce et aussi proche de sa leçon : la pensée de la mort
n'a pas plus saine médecine que le théâtre.
de Molière
Les représentations du Malade imaginaire à la Comédie-
Française se comptent par milliers, précisément 2096 à l'heure
où ce document est imprimé. C'est la trentième et dernière
comédie de Molière. Ecrite en prose et en trois actes, elle mêle
musique et danses. Initialement conçue pour être représentée à
l'occasion de carnaval elle fut, par le déclin de la faveur de
Molière auprès du roi qui allait lui préférer Lully, créée en
« ville » avec un succès immédiat. Le fauteuil d'Argan, dans
lequel le créateur de la pièce devait mourir, est exposé dans les
galeries de la Salle Richelieu.
Claude Stratz est né à Zurich. Il a étudié la psychologie à
l'université de Genève et a enseigné la dramaturgie et
l'interprétation à l'Ecole supérieure d'art Dramatique de
Genève. Assistant de
Patrice Chéreau de
1981 à 1988 il a pris la direction de la Comédie de Genève de
1989 à 1999. Depuis 1975 il a mis en scène une vingtaine de
pièces. En septembre 2001 il a été nommé directeur du
Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris.
Salle Richelieudu jeudi 9 janvier
à mi-mars en alternance
REPRISE
de Claude Stratz
Les Papiersd’AspernJohn, jeune critique littéraire américain en visite à Venise, est
prêt à tout pour posséder des papiers ayant appartenu au poète
Jeffrey Aspern auquel il a consacré plusieurs études. Aussi,
quand son amie, Mrs Prest, lui conseille de louer une chambre
chez les demoiselles Bordereau, dont la plus âgée pourrait avoir
eu une liaison avec le poète, il suit ses conseils. Les deux
Américaines, Juliana nonagénaire et sa nièce Tita, vivent
recluses dans un palais vénitien délabré. John gagne bientôt leur
confiance et paie surtout le prix fort pour être logé chez elles,
sans prêter cette fois l’oreille aux mises en garde de Mrs Prest :
« Elles vont prendre tout votre argent sans vous montrer le
moindre bout de papier. »
On retrouve dans cette pièce, adaptée d’une nouvelle écrite par
Henry James en 1888, plusieurs thèmes récurrents dans son
œuvre. Fascination de l’Amérique pour l’Europe, lutte entre les
âges et les sexes, secrets, mensonges et destructions réciproques,
se mêlent
ici à une
quête obsessionnelle menée comme une véritable enquête litté-
raire qui progresse en même temps que le mystère entourant ses
personnages s’épaissit.
AdaptationJean Pavans
CoproductionThéâtre Vidy-
LausanneE.T.E.
CompagnieJacques
Lassalle pourmémoire etla Comédie-Française,Théâtre
du Vieux-Colombier
d’après Henry James
Ecrivain britannique d’origine américaine, Henry James (1843-
1916) partagea sa vie entre Amérique et Europe, construisant
une œuvre littéraire tour à tour romantique, réaliste, naturaliste,
marquée par la subtilité de ses analyses psychologiques, la
beauté des dialogues et des évocations. Auteur d’une œuvre
importante, romancier, nouvelliste, critique littéraire, il était
aussi passionné de théâtre. Et si les pièces qu’il écrivit, jugées
trop déclaratives, furent des échecs, ses romans et ses nouvelles
inspirèrent de nombreux metteurs en scène de théâtre et de
cinéma. Ce fut le cas notamment des Papiers d’Aspern et de La
Bête dans la jungle, qui furent adaptés pour la scène et du Tour
d’écrou, de Portrait de femme (Jane Campion, 1996), des Ailes
de la colombe (Benoît Jacquot, 1981 ; Iain Softley, 1997), ou
encore de La Coupe d’or (James Ivory, 2000) pour le cinéma.
Auteur dramatique, metteur en scène, Jacques Lassalle fonde le
Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine en 1967, dirige le Théâtre
National de Strasbourg de 1983 à 1990, avant d’être nommé
administrateur de la
Comédie-Française
où il restera jusqu’en 1993. Il a mis en scène plus d’une centaine
de spectacles, en France et à l’étranger, et notamment à la Salle
Richelieu, La Fausse Suivante de Marivaux, La Comtesse
d’Escarbagnas, George Dandin et Dom Juan de Molière (repris
cette saison à la Salle Richelieu, à partir du 18 septembre 2002),
La Serva amorosa de Goldoni, ainsi que Le Silence et Elle est
là de Nathalie Sarraute, au Théâtre du Vieux-Colombier.
Théâtre duVieux-Colombier
du mercredi 15 janvier
au samedi 22 février
CRÉATION
Jacques Lassalle
Papa doitmangerDix ans après avoir abandonné, sans explication, sa femme et ses
deux enfants, un homme revient au domicile conjugal. Il
demande à être accueilli, reconnu, choyé et aimé. Il se dit riche
et capable de tout acheter. Auréolé d'une gloire qui lui donne des
ailes, il veut offrir à sa famille une autre vie, ailleurs, loin de ce
quartier très modeste de la périphérie de Paris. Les deux filles,
l'une prolixe, l'autre muette, découvrent soudainement un
homme qui parle de
lui en disant : papa.
Quant à celui qui depuis ces années d'abandon assume leur
éducation et partage leur vie, il ne peut qu’observer, sidéré, la
puissance magnétique de ce mari qu'on croyait mort. De ce
mythe vivant coulent des mots d'amour, des gestes d'abondance
et une absence totale de culpabilité. Malgré les peines, les
humiliations et les rancœurs accumulées, l'épouse délaissée sent
revivre un amour prêt à la submerger, c’est alors que le grand-
père, la grand-mère et les tantes surgissent pour la mettre en
garde contre cet homme aux projets aussi noirs que sa peau.
Venu d'Afrique, à l'époque de son adolescence, cet homme
symbole, catalyseur des pulsions les plus sourdes, sujet d'atti-
rance et de haine, est aussi puissance de révélation pour ceux
qui l'approchent.
de Marie Ndiaye
Marie Ndiaye est née à Pithiviers en 1967. Son père est d'origine
sénégalaise. Elle est de nationalité française, comme sa mère
avec qui elle a passé toute son enfance. Elle a étudié la linguis-
tique à la Sorbonne et obtenu une bourse de l'Académie de
France dont elle a été pensionnaire pendant un an à la Villa
Médicis à Rome. Aujourd'hui elle habite en Aquitaine avec ses
trois enfants et son compagnon. Elle a commencé à écrire vers
l'âge de treize ans et n'avait que dix-huit ans lors de la publi-
cation de son premier ouvrage aux éditions de Minuit. Elle est
l'auteur de sept romans. Ecrivain de premier ordre, elle a connu
la consécration littéraire avec son roman En famille et obtenu
le prix Fémina avec Rosie Carpe. Sa première pièce Hilda a été
créée au Théâtre de l'Atelier, en 2002.
André Engel a enseigné la philosophie jusqu'en 1969 et, à cette
époque, fait ses débuts dans la mise en scène. A partir de 1982,
il se consacre entièrement à cette discipline et signe une série
de spectacles qui le place parmi les artistes les plus originaux et
inventifs. Il fonde en 1988 le
Centre Bilatéral de Création
Théâtrale et Cinématographique. En 1996 il est nommé
directeur du Centre Dramatique National de Savoie. Aujourd'hui
il compte à son actif la réalisation d'une quarantaine de mises en
scène dont quatorze pour les opéras les plus prestigieux et six
films. Pour sa première collaboration avec la Comédie-Française,
il a proposé l'œuvre d'un auteur vivant dont ce sera ici la
création.
Salle Richelieudu samedi 22 février
à juillet en alternance
ENTRÉE AU RÉPERTOIRE
André Engel
Quatrequatuors pourun week-endC'est le temps des cerises dans une ferme à la campagne.
Bernard, que l'on dit vieux, est peintre. Ses œuvres sont
présentes dans les plus grandes collections. Anne, sa compagne
quadragénaire, est quelque peu languissante. Ils reçoivent un
écrivain dans la force de l'âge accompagné d'une femme jeune
et coquette : Daniel et
Cécile. Quatre rôles
d'une valeur égale, quatre individualités dessinées avec précision
forment deux couples réunis le temps d'un week-end en quatre
séquences appelées chacune : quatuor ! Est-ce assez dire que
la référence musicale, livrée avec le titre, est essentielle ?
Abandonnant la logique des événements et l'ordre temporel, la
structure de la pièce entrelace théâtre, narration et poésie.
Trivialité du quotidien, audace du rêve, émotion du souvenir,
acuité de l'analyse, autant d'éléments par lesquels chacun des
quartettistes approche, dans un ensemble parfait et une
cohérence quasi mathématique, l'intimité secrète de son être et
de son corps.
de Gao Xingjian
Mise en scènede l’auteur
Gao Xingjian né en 1940 est romancier, dramaturge, metteur en
scène, critique littéraire et peintre. Il s'est rapidement imposé en
Chine comme un des pionniers du théâtre et de la littérature
d'avant-garde. En brisant plus de cinquante ans de conventions
théâtrales, il est devenu une des principales cibles du
« mouvement contre la pollution spirituelle » visant à limiter
l'influence occidentale. A partir de là il devait connaître des
moments difficiles. Depuis 1988 il vit à Paris et poursuit son
œuvre appréciée partout dans le monde. Ses pièces ont été
produites et traduites dans plus d'une quinzaine de pays. Ses
talents de plasticien (encre de Chine sur papier de riz) sont très
prisés dans le monde de la création graphique contemporaine.
Depuis 1998 il a acquis la nationalité française. Le rayonnement
de son œuvre lui valut de recevoir en 2000, le Prix Nobel de litté-
rature.
Théâtre duVieux-Colombier
du mercredi 12 mars
au jeudi 17 avril
CRÉATION
La ForêtCinq actes, douze personnages, un enchevêtrement de rapports
humains et de relations de classes. Tout un monde paysan est là,
grouillant d'intérêts, de rêves, de renoncements. Depuis la jeune
fille pauvre, recueillie avec charité par une riche veuve,
puissante propriétaire et ridiculement sensible au charme d'un
très jeune étudiant, sans oublier l'intendante à l'étrange
servitude, le naïf jeune paysan pragmatique, le raffiné à la
cravate rose, l'officier de cavalerie en retraite jusqu’aux deux
acteurs de théâtre ambulant qui finiront par dénoncer les travers
d'une société de province, égoïste et cruelle : que de chemins à
emprunter, que de vies à découvrir ! On avance dans cette œuvre
comme dans une forêt qui aurait le pouvoir de charmer et
d'effrayer, tout en préservant la vie et le rire. Cette comédie, par
son amertume lyrique et ironique, ses multiples niveaux d'action
et de conscience, son jeu de métaphores, est une œuvre qui
fonde l'identité du théâtre national russe. Créée en 1871, cette
pièce est constamment reprise et reste, à ce jour, la plus repré-
sentée dans les théâtres de Russie. Elle fut baptisée, par un
célèbre critique de l'époque, « le théâtre shakespearien de
l'actualité russe ».
de Alexandre Ostrowski
C'est à quarante-sept ans, au sommet de sa gloire, qu'Alexandre
Ostrovski écrivit en 1840 La Forêt. Il avait vingt-quatre ans et
terminé ses études de juriste lorsque sa première œuvre fut
publiée. Toute sa vie, ses pièces furent représentées dans les
théâtres impériaux et diffusées dans les plus importantes revues.
En marge de son impressionnante production, il devait fonder
l'Assemblée des Auteurs dramatiques russes, qu'il présida jusqu'à
sa mort, et accepter la charge de directeur artistique des théâtres
de Moscou. Considéré comme un maître du théâtre de mœurs,
il a dressé une fresque sociale minutieuse de la Russie, à travers
des situations et des personnages représentatifs, dans une langue
savoureuse et juste.
Piotr Fomenko est venu à la scène après des études musicales et
littéraires. En 1965, il se heurte à la censure. Nomade, il
s'attache cependant de 1972 à 1981 au Théâtre de la Comédie
de Leningrad. Il compensera les difficultés de sa vie artistique en
dirigeant la troupe du
théâtre universitaire de
Moscou et surtout en se consacrant à la formation. Son parcours
discret et obstiné est jalonné de grands succès, notamment avec
Les Coupables innocents d'Ostrovski qui fit une tournée inter-
nationale et devait le conduire en France en 1994. Héritiers
d'une riche culture, les spectacles de Fomenko sont célèbres
pour leur théâtralité ludique et tonifiante. Pédagogue reconnu,
on lui doit la révélation de plusieurs talents d'acteurs et de
metteurs en scène.
Salle Richelieudu samedi 12 avril
à juillet en alternance
ENTRÉE AU RÉPERTOIRE
Piotr Fomenko
Monsieur dePourceaugnac« Mon Dieu ! Eraste, gardons d’être surpris… » Julie aime Eraste,
mais son père la destine à Pourceaugnac, avocat lourdaud et
limougeaud. Les deux amants sont soutenus par Nérine et
Sbrigani, intrigants expérimentés
et fourbes patentés. La machi-
nation consiste à soumettre Monsieur de Pourceaugnac à une
série d’épreuves. La médecine le déclare fou et deux femmes
l’accusent de polygamie. Menacé de pendaison, il s’enfuit… La
comédie se joue aux dépens de Pourceaugnac et pour le plaisir
des amants et du spectateur. Vraisemblablement inspiré des
canevas de commedia dell’arte et poursuivant sa charge contre
les médecins, Molière y joue de tous les registres du burlesque,
tant dans les jeux de scène – Pourceaugnac poursuivi par une
batterie de clystères – que de langue…
de Molière
Au moment de la création de Monsieur de Pourceaugnac, le
6 octobre 1669 au château de Chambord, la querelle du Tartuffe
vient de se terminer et la faveur du roi est totalement acquise à
Molière. Outre le remboursement des frais occasionnés à la
troupe, Louis XIV accorde à Molière une gratification excep-
tionnelle de mille livres « en considération de son application
aux belles-lettres et des pièces qu’il donne au public ». Les trois
comédies suivantes sont aussi créées à la Cour : Les Amants
magnifiques à Saint-Germain-en-Laye, Le Bourgeois gentil-
homme à Chambord et Psyché aux Tuileries. Cette période faste
marque l’apogée de la carrière de Molière.
Auteur, scénariste et metteur en scène, Philippe Adrien a fondé
en 1985 l’Atelier de Recherche et de Réalisation Théâtrale à la
Cartoucherie. Il est également professeur au Conservatoire
national supérieur
d’art dramatique et
directeur du Théâtre de la Tempête. A la Comédie-Française, il
a déjà mis en scène Salle Richelieu Amphitryon et Le Médecin
volant de Molière (1983) et au Théâtre du Vieux-Colombier
Maman revient, pauvre orphelin de Jean-Claude Grumberg
(1994), Les Bonnes de Jean Genet (1995, reprise Salle Richelieu
en 1997 et 2000), Arcadia de Tom Stoppard (1998, reprise Salle
Richelieu en 1998), Point à la ligne de Véronique Olmi (1998),
L’Incorruptible de Hugo von Hofmannsthal (1999).
Théâtre duVieux-Colombier
du mercredi 7 mai
au samedi 14 juin
REPRISE
Philippe Adrien
EstherDurant l'hiver 1698 Louis XIV, cerné par l'Europe qui marche
contre lui, se rend plusieurs fois à Saint-Cyr avec toute la Cour
pour voir représenter l'histoire d'Esther. La pièce commandée
par Madame de Maintenon pour les demoiselles se donne dans
le vestibule du dortoir des jeunes
filles. Les toiles ont été peintes par
Berain, les musiciens du roi prêtent leur concours tandis que
Jean-Baptiste Moreau, le compositeur, est au clavecin. Racine en
compagnie de Boileau a fait répéter les vers. Les costumes
viennent de la garde-robe du roi. » J'ai exécuté un dessein qui
m'avait souvent passé par l'esprit qui était de lier, comme dans
les anciennes tragédies grecques, le chœur et le chant avec
l'action » écrit Racine dans sa préface à Esther. Chant et décla-
mation, alternent avec une telle harmonie que Madame de
Sévigné dira au sortir d'une représentation : « c'est un rapport de
la musique, des vers, des chants, des personnages si parfait, si
complet qu'on n'y souhaite rien. » Au centre de ce rapport : ces
voix d'enfants, « ces filles qui font les rois » et sur les lèvres
desquelles le poète de Port-Royal dépose les paroles du livre
d'Esther, les prophéties, la politique de l'Ancien Testament…
Quand la vérité est voilée et les sorts contraires, le plus grand des
rois, fût-il Assuérus ou Louis XIV, n'est-il pas à l'image de cet
enfant devant la cour rassemblée : un néant dans la main de
Dieu ? (Alain Zaepffel)
de RacineMusiquede Jean-Baptiste
Moreau avecla Maîtrise deRadio France
dirigée parToni Ramon
La Maîtrise est une des quatre formations musicales permanentes
de Radio France. Ce chœur d'enfants et de jeunes filles fut fondé
en 1948. Elle a pour mission d'illustrer le répertoire choral
français pour voix d'enfants et de favoriser la création contem-
poraine. Elle a acquis une reconnaissance internationale et s'est
produite en concerts en Europe, Asie et Amérique du Nord. Elle
a reçu en 1995 le premier Orphée d'Or de la musique lyrique
attribuée à un chœur d'enfants. Pour ces Petites liturgies de la
Présence Divine Olivier Messiaen la citait comme référence.
Alain Zaepffel, après des études de Lettres et de chant, participe
à plusieurs ensembles polyphoniques. Il chante dans le même
temps oratorios et opéras. Passionné de théâtre, il travaille
notamment avec Antoine Vitez et Marcel Bozonnet pour lequel
il adapte au théâtre La Princesse de Clèves en 1997. Outre
l'opéra baroque qu'il interprète régulièrement, il participe à un
grand nombre de créations
contemporaines (Georges
Aperghis, René Koering…). Fondateur de l'Ensemble Gradiva, il
enregistre de nombreux disques. Responsable du département
musique-voix-diction au Conservatoire national supérieur d'Art
dramatique de Paris, il y dirige en 1999 un atelier intitulé Scènes
d'Esther, repris au festival d'Ile-de-France. Il prépare actuel-
lement un ouvrage sur la voix pour la collection Apprendre chez
Actes Sud – Papiers. Il est également professeur au Conservatoire
National Supérieur de Musique.
Salle Richelieudu samedi 24 mai
à juillet en alternance
NOUVELLE PRODUCTION
Alain Zaepffel
NedjmaA la fois roman, poème et épopée, mêlant la légende tribale aux
réalités historiques de l'Algérie coloniale, Nedjma est une œuvre
immense qui fait souvent évoquer pour sa modernité les noms
de Joyce, Dos Pasos ou Faulkner. Nedjma, dont le père est
incertain, est la fille
d'une juive française
enlevée successivement en Algérie par quatre amants. Autour
d'elle vont se retrouver quatre amis, jeunes témoins des
massacres du 8 mai 1945. Soumis à un véritable dérèglement des
sens, les quatre personnages vont s'affronter pour trouver
chacun ce qui le relie comme sang et comme désir à cette
amante « sœur et étrangère ». En écrivant son œuvre l'auteur a
tenu à bouleverser tous les repères de la chronologie et de la
narration. L'adaptation de Nedjma visera à retrouver le temps
brouillé de l'œuvre pour mettre à jour la trajectoire des prota-
gonistes. Oublier un peu la fièvre et la fureur de la langue pour
donner à voir la vie des personnages. Tenir compte de la
conviction de Kateb Yacine : « Il n'y a pas de fossé entre le roman
et le théâtre. » (Mohamed Kacimi)
Kateb Yacine, poète, dramaturge, romancier, est né en 1929 à
Constantine. Son père avocat est un homme de double culture
et sa mère l'initie à la poésie et au théâtre. Après avoir fréquenté
l'école coranique, il est mis « dans la gueule du loup » c'est-à-dire
à l'école française. Le 8 mai 1945, il est arrêté alors qu'il
participe aux manifestations pour l'indépendance. L'expérience
de la prison sera déterminante pour sa carrière d'écrivain. Sa
mère, le croyant fusillé, perd définitivement la raison. Renvoyé
du collège, il rencontre Nedjma et l'expérience de l'amour. En
1950 commence un long et dur exil en France. Deux de ses
de Kateb YacineAdaptationMohamed
Kacimi
Spectaclehors
abonnement
pièces sont mises en scène par Jean-Marie Serreau qui y joue aux
côtés d'Antoine Vitez. A la déclaration de l'indépendance en
1962 il rentre à Alger. A partir de 1971 il se consacre à l'écriture
et à la représentation d'un répertoire de pièces de théâtre en
arabe populaire où il pourfend les fanatiques, défend l'émanci-
pation des femmes et appelle à une société libre. Le Grand Prix
national des Lettres lui est décerné par le ministre français de
la Culture. Il meurt en 1989. Figure à la fois de l'homme révolté
et du chercheur absolu de beauté, imprégné de culture berbère,
arabe et française il est considéré comme un des plus grands
écrivains de ce siècle.
Ziani Cherif Ayad devient metteur en scène en 1980 avec Les
Bains de Maïakovski. Suivent plusieurs autres spectacles qui lui
valent d'être plusieurs fois lauréat des Journées théâtrales de
Carthage, puis
d’acquérir une
reconnaissance internationale qui le conduit au Festival de
Limoges, au Théâtre des Amandiers de Nanterre, aux ateliers de
théâtre à l'université d'Orsay, à la Royal Shakespeare Company…
Fondateur et directeur de la compagnie indépendante « Masrah
el Kalaa » (Théâtre de la Citadelle), il a été nommé en septembre
2001 à la tête du Théâtre National d'Alger.
Théâtre du Vieux-Colombier
du mercredi 25 dimanche 29 juin
dans le cadre de Djazaïr,
une année de l’Algérie en France
ACCUEIL
Ziani Cherif Ayad
6 week-ends La Comédie-Française et l’Opéra National de Paris, dans le cadre
de leur mission de théâtres nationaux, ont le souci constant de
diffuser leurs productions auprès d’un public toujours plus large,
en particulier en province.
Pour la cinquième saison consécutive, les deux établissements se
sont rapprochés afin de vous proposer des week-ends excep-
tionnels de musique, de danse et de théâtre.
Vous trouverez dans un document à paraître dans le courant du
mois de juillet la présentation des spectacles ainsi que toutes les
informations nécessaires pour réserver vos places.
Pour recevoir ce document, merci d’adresser vos demandes à :
Comédie-Française, Service location - Abonnement, BP 2141,
75021 Paris cedex 01 ou Opéra National de Paris, Service
Groupes / collectivités, 8 rue Scribe, 75009 Paris.
La Comédie-Française
Administration
Administrateur généralM. Marcel Bozonnet
Directrice généraleMme Anne Coutard
Secrétaire généralM. Jean-Pierre Jourdain
Agent comptableMme Annie Pugnet
Directeur général de la scèneM. Christian DammanDirecteurs adjoints dela scèneM. Yves LacroixM. Jean-François Vacher-Aveline (par interim)
Conservateur-archivisteM. Joël Huthwohl
Direction de la coordinationMlle Aliette Martin
Théâtre du Vieux-Colombier
Administrateur déléguéDenis May
Directeur techniqueJacques Renaud
Studio-Théâtre
Régisseur généralJacques Connort
Comité d’administration
Mme Catherine SamieMlle Dominique ConstanzaMlle Muriel MayetteM. Éric RufM. Éric GénovèseM. Bruno RaffaelliM. Denis PodalydèsSuppléantsM. Alain LengletMlle Florence Viala
Comité de lecture
Les membres du Comitéd'administration etM. Bertrand Poirot-Delpechde l’Académie françaiseM. Philippe BoucherMme Florence Delayde l’Académie françaiseM. Gao Xingjian
La troupe au 1er juin 2002
Sociétaires honoraires
M. Jean MeyerMlle Renée FaureMlle Gisèle CasadesusMlle Lise DelamareM. André FalconMlle Micheline BoudetM. Paul-Émile DeiberM. Jean PiatM. Robert HirschM. Jean-Paul RoussillonM. Michel DuchaussoyMlle Denise GenceMlle Ludmila MikaëlMlle Claude WinterM. Michel AumontMlle Geneviève CasileM. Jacques SereysM. Yves GascMlle Françoise SeignerM. François BeaulieuM. Roland Bertin
Sociétaires (de gauche à droite et de haut en bas) Madame,Mesdemoiselles et Messieurs : Catherine Samie, Simon Eine,Alain Pralon, Claire Vernet, Christine Fersen, Catherine Hiegel,Nicolas Silberg, Catherine Salviat, Dominique Constanza,Catherine Ferran, Gérard Giroudon, Claude Mathieu, MurielMayette, Martine Chevallier, Véronique Vella, Alberte Aveline,Jean-Yves Dubois, Catherine Sauval, Michel Favory, ThierryHancisse,
Jean Dautremay, Anne Kessler, Jean-Pierre Michaël, IsabelleGardien, Igor Tyczka, Andrzej Seweryn, Cécile Brune, MichelRobin, Sylvia Bergé, Jean-Baptiste Malartre, Eric Ruf, EricGénovèse, Bruno Raffaelli, Christian Blanc, Alain Lenglet,Florence Viala, Coraly Zahonero, Denis Podalydès, AlexandrePavloff, Françoise Gillard.
Pensionnaires Mesdemoiselles et Messieurs : Pierre Vial, CélineSamie, Olivier Dautrey, Malik Faraoun, Bruno Putzulu, Laurentd’Olce, Laurent Rey, Nicolas Lormeau, Claudie Guillot, Clotildede Bayser, Roger Mollien, Laurent Montel,
Laurent Natrella, Christian Gonon, Jérôme Pouly, GuillaumeGallienne, Jacques Poix-Terrier, Christian Cloarec, Julie Sicard,Laurent Stocker, Rachida Brakmi, Jérôme Huguet, EmmanuelleWion.
La Salle Richelieu
Discrète et secrète, sans même son nom sur la façade, cettesalle à l’italienne est un des théâtres les plus réputés dans lemonde. Sa naissance est le fruit des conflits et des passions quianimaient la France à la fin du Siècle des Lumières. Voulu parle duc de Chartres pour être un opéra, ce bâtiment, qui fit l’admi-ration de ses contemporains, fut construit par l’architecte VictorLouis sans rompre l’harmonie du Palais-Royal.En 1791, une partie de la troupe des Comédiens-Français,rassemblée autour du charismatique tragédien Talma, investitpour la première fois cette salle alors rebaptisée Théâtre de laRépublique, tandis que l’autre partie se produisait au Théâtre dela Nation (Odéon). A la suite des divisions révolutionnaires et del’incendie de l’Odéon, la Troupe reconstituée s’y installa défini-tivement en 1799.Au XIXe siècle les travaux de Prosper Chabrol (1860-64) complé-tèrent le volume originel en l’augmentant notamment del’Escalier d’Honneur et du Foyer du Public où actuellement sefont face, saisis dans le marbre, Voltaire et Molière. En mars1900, un terrible incendie ravagea le théâtre. L’effondrement dela salle fut évité grâce à la résistance de la structure métallique.Afin de respecter les règles de sécurité et d’augmenter le confortdes spectateurs, le nombre de places, à l’origine proche des2 000, fut réduit progressivement pour atteindre la jauge actuellede 896 places.
Le chemin pour se rendre de la place Colette à la Salle Richelieu,cœur de cette architecture, est en soi un voyage dans la mémoiredu théâtre. Une fois franchies les colonnes doriques de la façade,vous gravissez les escaliers illuminés de candélabres, jalonnéspar une impressionnante collection de bustes immortalisant lestraits des plus grands poètes et interprètes de l’art théâtral ;vous empruntez les déambulatoires, découvrant au passage danssa cage de verre, le « fauteuil de Molière », souvenir de sadernière œuvre Le Malade imaginaire, et enfin vous poussez lesportes capitonnées de tissu rouge et prenez place dans la SalleRichelieu à l’abri de l’agitation de la ville. Lieu des grandesbatailles (Hernani) et des projets les plus démesurés (le Soulierde satin). C’est une conque rouge et or à la pénombre fastueuseet feutrée. Quatre atlantes encadrent la scène. Le plafond auxtons ocre, jaune et doré auréole le lustre étincelant de cristaux.Au centre de la corbeille, un blason, celui de la Troupe, âme deslieux. Une ruche bourdonnante entourée de ces mots Simul etsingulis (être ensemble et être soi-même).La Salle Richelieu est le lieu où sont présentées les œuvres durépertoire, celles que le comité de lecture a sélectionnées, plusde 3000 textes depuis 1680. Ainsi, sans relâche de septembreà fin juillet, la Salle Richelieu présente en alternance sesspectacles, enchaînant ainsi les œuvres du passé et celles denotre temps.
Le Théâtre du Vieux-Colombier
Le 7 avril 1993, les portes du Théâtre du Vieux-Colombier sesont à nouveau ouvertes. Sans son rachat par l'Etat en 1986 etla volonté d'en faire la seconde salle de la Comédie-Française, celieu essentiel de l'histoire théâtrale moderne aurait bel et biendisparu. D'un lieu de mémoire, il fallait faire un lieu de vie.L'architecture en fut confiée à Bernard Kohn qui, sans rienbrusquer et dans l'observation calme des volumes, le respectdes matériaux, favorisa la mise en place d'un véritable retour auxsources. Pour être complet, ce dernier devait ne pas dissocier lefond de la forme. Tout commença en 1913 lorsque Jacques Copeau, arpentant laRive gauche à la recherche d'un lieu pour y ancrer ses ambitionsthéâtrales, se fixa au 21 rue du Vieux-Colombier, loin des grandsboulevards où fleurissaient d'abondants et bruyants théâtres quiressemblaient le plus souvent à de vastes salons bourgeois emplisde miroirs, de lumières, d'allégories… et de propos futiles. Avecune rigueur ascétique, Copeau ouvrit cet espace « contre toutesles lâchetés du théâtre mercantile ». En une seule saison, laradicalité de son propos, implacablement mise en pratique dansses spectacles et dans son école, fit du Théâtre du Vieux-Colombier un lieu vivifiant et nécessaire où artistes et specta-teurs vinrent se régénérer par la noblesse d'un art qu'ilsaimaient. Un vent d'enthousiasme soufflait, interrompu par laguerre de 14, mais l'onde de choc était lancée et devait profon-dément marquer l'aventure théâtrale moderne. Refus du décor,de la machinerie, de l'accessoire afin de privilégier l'œuvre etl'auteur. Jacques Copeau poussa plus loin que quiconque l'esthé-tique du plateau nu. Aujourd'hui encore, la pureté des volumes,le choix des matériaux de construction, l'absence de décorationrespectent l'esprit du lieu et en restituent la puissance d'origine.
Située au bout d'un long couloir que l'on emprunte comme si l'ondevait passer d'un monde dans un autre, la salle du Théâtre duVieux-Colombier, par son impressionnante charpente de boisdonnant la sensation d'être sous la coque d’un bateau renversé,est un espace sobre et chaleureux, rigoureux et confortable.Jacques Copeau, appelé spontanément par ses contemporains« le patron », est l'âme de ce théâtre. C'est en 1924 qu'il mit finà l'expérience du Vieux-Colombier, et partit s'installer enBourgogne… En 1940, il fut nommé administrateur de laComédie-Française mais dut rapidement donner sa démission.Depuis, le Théâtre du Vieux-Colombier dont la référence artis-tique, avec le temps, gardait toute sa pertinence, fut encore lecreuset de créations déterminantes : Huis clos de Jean-PaulSartre en 1944, la fameuse Conférence ininterrompue d'AntoninArtaud en 1947, Paolo Paoli de Arthur Adamov, la Hoberaute deJacques Audiberti dans les années soixante… puis dans lesannées soixante-dix de nombreux auteurs étrangers découvertspar Laurent Terzieff… Et enfin l'initiative de l'actrice MartheMercadier, soucieuse du destin incertain de ce lieu, avec la miseen place d'une forme de théâtre permanent… Malheureusementaucune de ces activités ne put s'inscrire dans la durée et, d'annéeen année, le lieu se délabrait jusqu'à la décision ministérielle de1986.Désormais habité par la troupe de la Comédie-Française, leThéâtre du Vieux-Colombier, de la volonté de ses administra-teurs successifs, garde clairement son identité de théâtred'auteurs.
Le Studio-Théâtre
En novembre 1996, à quelques centaines de mètres de la SalleRichelieu, le troisième théâtre de la Comédie-Française a ouvertses portes. Son nom, le Studio-Théâtre, est clairement uneréférence au Premier Studio du Théâtre d'Art de Moscou voulupar Stanislavski en 1912. En appelant de ses vœux un lieu dontles proportions permettraient l'élaboration de spectaclesfavorisant “quelque chose de particulièrement intime, allantdroit au cœur des spectateurs”, Stanislavski généra un besoin.Aujourd'hui encore à Moscou les petits théâtres de ce typepullulent. Très différents les uns des autres par les spectaclesqu'ils proposent, ils ont en commun des proportions et deséquipements techniques minimaux et sont avant tout recherchéset appréciés pour l'extrême proximité dans laquelle aiment à seretrouver interprètes et spectateurs. Afin de réaliser pour la Comédie-Française un projet de cettenature, Jean-Pierre Miquel, alors administrateur général,s'adressa à l'architecte Michel Sené. La galerie du Carrousel quiconduit de la rue de Rivoli au Musée du Louvre, venait d'êtrecreusée. Sa conception, et aujourd'hui sa réalisation, ne sont passans évoquer les nombreux passages qui virent le jour au débutdu siècle dans cet arrondissement de Paris, sortes de voiespiétonnes protégées d'une verrière. C'est donc là, entre la SalleRichelieu et le Musée du Louvre, dans un passage bordé decommerces que le choix d'implantation d'un Studio fut arrêté. La
réussite espérée ne pouvait être que le fruit d'un délicat et savantcompromis entre les utopies d'un nouvel espace théâtral et lesénormes contraintes liées à la topographie des lieux. Parvenir àdégager, sans jamais avoir l'impression d'exiguïté tant d’élé-ments : une scène de 50 m2 (avec trappes !), quatre loges, unecabine pour la régie technique et un volume suffisamment grandpour y installer sur des gradins 136 spectateurs avec, pour tous,une visibilité parfaite, est un véritable tour de force. Si, commechacun se plaît à le reconnaître, le théâtre est l'art du paradoxe,les contraintes techniques et les impératifs économiques, réelset incontournables du Studio-Théâtre, loin de figer les limites dela création ont tendance à les exalter. Espace de liberté qui pourexister se nourrit de l'imagination des artistes, il s'ouvre auspectateur avec chaleur et franchise. D'un accès direct etimmédiat, on y entre en prenant son billet au guichet ouvert uneheure avant la représentation. Le Studio-Théâtre est bel et bienun lieu différent et complémentaire aux deux autres salles de laComédie-Française.
Accueil des personnes handicapées sensorielles
Poursuivant son action en faveur des personnes handicapéessensorielles, la Comédie-Française, en association avec AccèsCulture, tient cette saison, Salle Richelieu, à leur disposition unmatériel d'audiodescription et de surtitrage pour certaines repré-sentations du Marchand de Venise, du Dindon, de Ruy Blas, duMalade imaginaire et de La Forêt. Renseignements Comédie-Française : 01 44 58 15 15. AccèsCulture : 01 53 65 30 74 (Julie Langlet).
Services aux entreprises
La Comédie-Française propose plusieurs formules pour réaliserdes opérations de relations publiques dans un cadre prestigieux,constitué de plusieurs espaces d'accueil très différents. Accueilpersonnalisé. Vous pouvez réserver une soirée dans un des troisthéâtres, pour des groupes de 20 à 800 personnes qui, avant ouaprès la représentation, pourront consommer un cocktail dans lefoyer mis à leur disposition, recevoir des cadeaux de la Boutiquede la Comédie-Française et/ou le journal Comédie-Française.La salle du Studio-Théâtre, équipée d'un vidéoprojecteur, ainsique son foyer peuvent être loués, vides, pour des conférences depresse ou des séminaires. Dossiers envoyés sur simple demande.
Salle Richelieu, théâtre à l'italienne de renommée internationaleet chargé d’histoire. 896 places. Contact : Paul Rens au 01 44 58 15 42/45 du lundi au vendredide 10 h à 18 h. Fax: 01 44 58 15 50.E-mail : [email protected]
Théâtre du Vieux-Colombier, lieu chaleureux situé au cœur duquartier de Saint-Germain-des-Prés dont il a marqué et marqueencore l’aventure artistique. 300 places.Contact : France Thiérard, responsable de la communication etdes relations avec le public. Tél. : 01 44 39 87 15.
Studio-Théâtre, dans la galerie du Louvre. Petite salle appréciéepour sa convivialité et sa situation exceptionnelle, près de lapyramide inversée. 136 places.Contact : Jacques Connort au 01 44 58 98 41 (du lundi auvendredi de 11h à 17h).
Le service aux entreprises suspend son activité entre le 19 juilletle 26 août 2002 inclus
Offrez une soirée à la Comédie-Française
Nous proposons des billets-cadeaux que vos amis pourrontéchanger contre des places pour le spectacle de leur choixpendant la saison en téléphonant au 01 44 58 15 15.Salle Richelieu : catégorie A, 30 € ; catégorie B, 23 €
Théâtre du Vieux-Colombier : 26 €
Vente aux guichets. Par correspondance : sur papier libre,accompagné d’un chèque à l’ordre de la Comédie-Française oudu Théâtre du Vieux-Colombier en précisant vos nom et adresse,ainsi que le nombre et la catégorie des places, et le nombre depochettes-cadeaux souhaitées. Envoyez votre commande à :Comédie-Française, Location, BP 21 41, 75021 Paris cedex 01.ou au Théâtre du Vieux-Colombier, 21 rue du Vieux-ColombierParis 6e.
Les deux boutiques de la Comédie-Française
L’une à la Salle Richelieu, l’autre au Studio-Théâtre, ellesproposent : un rayon librairie présentant une large sélectiond’ouvrages sur le théâtre ; des enregistrements audiovisuelsréalisés avec les acteurs de la Troupe. La Boutique du Studio-Théâtre présente en outre, un département audiovisuel uniqueen France : près de 300 titres français et étrangers édités encassettes vidéo, audio ou en disques compacts ; une ligne deproduits “Comédie-Française” mettant en scène le patrimoine de
ce théâtre. Les trésors de ses collections – sculptures, portraits,autographes d'auteurs ou de Comédiens-Français, maquettes dedécors ou de costumes, textes du répertoire… – sont réinter-prétés sur des objets originaux et de grande qualité.
Boutique de la Salle Richelieu : 2 rue de Richelieu, Paris 1er.Ouverte tous les jours de 11 h à 20 h 30.Tél. : 01 44 58 14 30. Fax : 01 44 58 14 51
Boutique du Studio-Théâtre : 99 rue de Rivoli, Galerie duCarrousel du Louvre, Place de la Pyramide inversée. Paris 1er.Ouverte tous les jours sauf le mardi de 11 h à 20 h.Tél. : 01 44 58 98 54. Fax : 01 42 60 35 65
Vous pouvez aussi consulter le catalogue de ces boutiques
et passer commande par Internet sur notre site :www.comedie-francaise.fr
Une nouvelle publication
Tous les 2 mois et demi, avec le calendrier des représenta-tions dans les trois théâtres, recevez un journal de 30 pagesconsacré à l’activité de la Comédie-Française et de ses troissalles. Au sommaire : des entretiens avec les équipes artistiques,des parcours d’acteurs, des présentations de différentsmétiers du théâtre, des pages d’Histoire, des échos sur la viede la Maison dans et hors les murs…
Prix du numéro : 4 €. En vente aux boutiques de la Comédie-Française et à l’entrée des spectacles dans les trois théâtresou en abonnement pour cinq numéros (voir bulletin pagesuivante).Les titulaires de Passeports reçoivent gratuitement lesjournaux de la saison.
Abonnement au journal de la Comédie-Française
M., Mme, Mlle (en capitales)
Prénom N° ancien abonné
Adresse
Code postal Ville
Tél. Tél. professionnel
Fax
Prix de l’abonnement : 20 € pour 5 numéros (frais d’envoi inclus)
Nombre d’abonnement(s) au journal x 20 € = €
Réduction pour les abonnés de la Salle Richelieu ou du Théâtre du Vieux-Colombier pour la saison 2002/2003, prix de l’abonnement : 15 € pour 5 numéros(frais d’envoi inclus)
Nombre d’abonnement(s) au journal x 15 € = €
À retourner à la Comédie-Française, Service des abonnements au journal,BP 2141, 75021 Paris cedex 01, accompagné d’un chèque bancaire ou postallibellé à l’ordre de la Comédie-Française.
Date Signature
La loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, garantit un droit d’accèset de rectification pour les données vous concernant auprès du Secrétariat général de la Comédie-Française.
La Comédie-Française et France Culture poursuivent leur parte-nariat artistique, fondé depuis ces dernières années sur un désirde découverte, d’expérimentation, mais aussi de mémoire dansses aspects parfois oubliés ou méconnus.
Dans un programme de création spécifiquement adapté auxbesoins radiophoniques qui fait de France Culture une radio dedécouverte et de prolongement des activités de la Comédie-Française, les voix prestigieuses des comédiens viennent porterles textes d’hier et d’aujourd’hui pour une écoute du présentdestinée à constituer les archives de demain. France Culture seveut un lieu de mémoire, mais aussi un banc d’essai, pour desauteurs dont l’œuvre est en cours d’élaboration.
France Culture, c’est aussi le charme et les délices de la durée.Il y aura la longue et enthousiasmante traversée de la Légendedes siècles, dans un marathon réalisé en public et retransmis endirect, le dimanche 20 octobre, pour retrouver encore et encorela force de Victor au delà des commémorations.
France Culture fait aussi le choix de faire découvrir à sesauditeurs un grand texte contemporain, le Graal-Théâtre deFlorence Delay et Jacques Roubaud que France Culture et laComédie-Française souhaitent réaliser dans son intégralité, sousla forme de cycles successifs.
Des audaces, donc, dans la démesure, dans la totalité desœuvres, ou dans leur nouveauté. Le temps, tout le temps qu’ilfaut, pour faire entendre, pour faire retentir la création vivanteet immortelle.
Laure AdlerDirectrice de France Culture
La Comédie-Françaiseremercie ses partenaires
et pour le Théâtre du Vieux-Colombier
Textes écrits parJean-Pierre Jourdain,
Secrétaire généralPascale Pont-Amblard,Secrétaire de rédaction
Joël Huthwohl,Conservateur-archiviste
Crédits photographiques V. Adloff, S. Annand,
C. Caron, M. et B. Enguerand,Flore, L. Lot, E. Luvisutti,
C. Marie, N. Mazéas,D. Mignon, J. van Mulder,
Orly, Parallaxe, F. Raybaud
Conception graphiqueDenis Ducrocq