SalamNews8

20
N° 8 – JUIN 2009 www.salamnews.fr UNE VILLE, UNE MOSQUÉE MONTREUIL, LA DIFFICILE ÉDIFICATION DE LA GRANDE MOSQUÉE p. 12 ACTU LE MESSAGE D’OBAMA AU MONDE MUSULMAN p. 6 FOCUS LES 1 001 RICHESSES DE DUBAÏ p. 10 MOHAMED-ALI BOUHARB « MON BUT : ÊTRE UN AMBASSADEUR DE L’INSTITUTION MILITAIRE » p. 16 SPÉCIAL VOYAGES p. 8-10 Imprimé sur du papier recyclé, ne jetez pas ce mensuel sur la voie publique : donnez-le. Merci !

description

le messaGe d’obama aU monde mUsUlman les 1 001 richesses de dUbaï voyaGes www.salamnews.fr p. 12 p. 10 p. 16 sPécial p. 6 N° 8 – JUIN 2009 p. 8-10 Imprimé sur du papier recyclé, ne jetez pas ce mensuel sur la voie publique : donnez-le. Merci !

Transcript of SalamNews8

Page 1: SalamNews8

N° 8

– J

UIN

200

9

www.salamnews.fr

Une ville, Une mosqUée montreUil, la difficile

édification de la Grande mosqUée

p. 12

actUle messaGe d’obamaaU monde mUsUlman

p. 6

focUsles 1 001

richesses de dUbaï

p. 10

mohamed-ali boUharb« mon bUt : être Un ambassadeUr

de l’institUtion militaire »p. 16

sPécial

voyaGesp. 8-10

Imp

rimé

su

r du

pa

pie

r re

cyc

lé, n

e je

tez

pa

s c

e m

en

sue

l su

r la

vo

ie p

ub

liqu

e :

do

nn

ez-

le. M

erc

i !

Page 2: SalamNews8
Page 3: SalamNews8

SOMMAIRE ÉDITOSALAMNEWS N° 8 / JUIN 2009

HORIZONS

4 Spiritualité et mondialisation

ACTU

6 Les élections européennes

7 Le Message d’Obama

au monde musulman

UNE VILLE UNE MOSQUÉE : Montreuil

12 La difficile édification

de la Grande Mosquée

14 Montreuil-sous-Mali !

Muslim is beautiful

16 Mohamed-Ali Bouharb : « Mon but : être

un ambassadeur de l’institution militaire »

De Vous à Nous / Jeux

18 Tabous – Mots mêlés

Un tournant annoncé

À retourner avec votre règlement à l’ordre de Saphir Média : 113-115, rue Danielle-Casanova – 93200 Saint-Denis

Salamnews113-115, rue Danielle-Casanova – 93200 Saint-Denis

www.salamnews.fr Rédaction : [email protected]

Publicité : 01 79 97 46 47 [email protected]

Directeur de la publication : Mohammed ColinRédactrice en chef : Huê Trinh NguyênJournalistes : Hanan Ben Rhouma, Nadia Hathroubi-Safsaf, Siham BounaïmOnt participé à ce numéro : Éric Geoffroy, Chams en Nour. Photos de couverture : Lahcène Abib, Radovan Kraker Conception graphique et mise en pages : Pierre-André MagnierDirecteur commercial : Mourad LatrechChef de projet : Sandrine MayenImprimé en France Tirage : 110 000 exemplairesÉditeur : Salamnews est édité par Saphir Média, SARL de presse au capital de 10 000 eurosN° ISSN : 1969-2838 – Dépôt légal : juin 2009.

FOCUS Spécial Voyages

En application de la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification des informations vous concernant, en vous adressant au service des abonnements. Ces informations peuvent être exploitées par des sociétés partenaires de Saphir Média. $

r Oui, je m’abonne à Salamnews pour 15 € par an.

r M. r Mme r Mlle

Nom : Prénom :

Adresse :

Code postal : Ville :

E-mail : Tél. :

• Je ne paye que les frais d’envoi et de gestion : 15 € (France métropolitaine).• Abonnement annuel pour recevoir 11 numéros par voie postale.•Je règle par chèque bancaire ou postal ci-joint à l’ordre de Saphir Média.

Je veux recevoir Salamnews à domicile

© In

gus

© L

ahcè

ne A

bib

© L

ahcè

ne A

bib

8 Vacances à tout prix 10 Les 1 001 richesses de Dubaï

Pour ceux qui en doutent encore, le discours de Barack Obama pro-

noncé à l’université du Caire marque un tournant d’avec la période Bush. Obama porte la voix d’une Amérique souhaitant reconquérir les cœurs d’un milliard et demi de musulmans. Cette Amérique-là peut y parvenir. Son nouveau président a des atouts qui manquaient à son prédécesseur. Le bon sens, tout d’abord. Les musulmans ne peuvent être considérés comme un bloc monolithique. Et encore moins être réduits à une frange ultra marginale prônant la violence et la destruction de l’autre ! À partir de ce simple constat, le choc des civilisations prôné par l’ancienne adminis-tration apparaît comme puéril, mais ô combien destructeur. D’autant que la des-truction de l’Irak – berceau civilisationnel – est pour l’Arabo-musulman semblable à celle de la Grèce pour un Occidental. C’est donc une autre voie que nous pro-pose Barack Hussein Obama, celle du dialogue et du multilatéralisme. « As salam alaykum », ces premiers mots par lesquels le président a débuté son discours ont bien été pesés. Il en va de même pour le choix du Caire, un autre foyer de civilisation. Sans parler du fait qu’il reconnaît l’islam comme étant un élément du melting-pot américain. Ce président a vraiment tout pour plaire. Les musulmans ont été sen-sibles à ses paroles, mais ils restent en attente d’actions probantes, notamment sur le dossier israélo-palestinien. Si les actes viennent, le discours du Caire pourra être considéré comme historique. ■

Mohammed Colin

Page 4: SalamNews8

HORIZONSÉric Geoffroy, islamologue, notamment à l’université de Strasbourg, spécialiste du soufisme ; vient de signer aux Éditions du Seuil : Le Soufisme, voie intérieure de l’islam, et L’islam sera spirituel ou ne sera plus. www.eric-geoffroy.net

4SALAMNEWS N° 8 / JUIN 2009

© D

.R.

oSpiritualité et mondialisation

« où qUe voUs voUs toUrniez, là est la face de dieU » (Coran, s. 2, v. 115) : tout ce qui se trouve dans l’Univers est un signe divin, et fait sens. Le musulman ne saurait exclure de la Présence divine aucune religion, aucune culture, aucun visage. C’est bien ce qu’ont vécu les premières générations de musulmans, ce qui explique pourquoi, dans son élan fondateur, l’islam a opéré une véritable « mondialisation » humaniste, une première modernité universelle, qui n’a rien à voir avec la « globalisation » actuelle, de type matérialiste.

de nos joUrs, l’absence de sens, le nihilisme atteiGnent l’occident comme l’orient, en mani-festant des symptômes contradictoires mais solidaires. En Occident, ils ont produit de l’errance morale ; en Orient, le complexe de l’humilié et la culture du ressentiment. Dans les deux cas, le ciel de la spiritualité a été refermé. Mais l’instant même de la prise de conscience généralisée du nihilisme provoque le retour du balancier : la réémergence de la spiritualité sous des formes renouvelées.

dans ce contexte de désaGréGation des rePères, de la révolution informatique et de l’instantané média-tique, où « la seule vérité absolue est la totale “fluidité” et le changement continu » (Mohamed el-Tahir el-Mesawi), comment maintenir un espace intérieur non altéré ? Il semble que seule la spiritualité puisse vivifier l’enseignement islamique, selon lequel la sacralité réside non pas dans un temple, mais en l’homme.Le cosmos lui-même n’a pas la capacité d’accueillir la Présence comme peut le faire l’homme : « Ni Ma terre ni Mon ciel ne Me contiennent ; seul Me contient le cœur de Mon serviteur fidèle », dit un hadîth qudsî. Si les sociétés traditionnelles, qui four-nissaient les repères socioreligieux, sont mortes ou en train de mourir, la spiritualité répond que l’homme peut trouver ici et maintenant son axialité en lui-même.

PlUs qUe jamais, avec la mondialisation, la Terre entière devient une « mosquée pure » – comme l’in-diquait le Prophète – en dépit de sa pollution matérielle. Le processus d’individualisation du religieux va en ce sens : dans le mouvement d’émancipation vis-à-vis des églises, et parfois même des lieux de culte, les repères seront intérieurs ou ne seront pas.

dans notre noUvel esPace-temPs caractérisé Par l’immédiateté et la simUltanéité, Dieu n’a sans doute jamais été aussi immanent. Vivons-nous dans le « dernier tiers de la nuit », au cours duquel – selon une parole du Prophète – Dieu descend jusqu’à ce bas monde ? La nuit symbolise bien sûr la durée de vie du cosmos et de l’humanité. Pour Ibn ‘Arabî comme pour l’émir Abd el-Kader, Dieu serait plus proche de nous durant cette période…

oUi, la mondialisation condUit à l’Uniformisation des cUltUres pour mieux imposer sa vision mercantile du monde ; oui, elle consacre la domination d’une aire culturelle sur les autres ; oui, elle produit le désen-chantement et fait de l’homme un prédateur pour les autres règnes et pour lui-même. Mais ne peut-on y voir la trace, en négatif, de la Sagesse ? Selon le cheikh Bentounès, « Dieu accomplit l’unité du monde à travers la société de consommation ».La postmodernité cache peut-être le projet suivant : ce n’est qu’après avoir perdu toute illusion quant aux idéologies poli-tiques, religieuses ou scientistes (le « mythe du progrès »), après avoir touché le fonds du manque de repères, de la confu-sion, que le Sens, quelque visage qu’on lui donne, émergera comme une évidence. ■

Page 5: SalamNews8

Spiritualité et mondialisation

Page 6: SalamNews8

FRANCEFatiha Benatsou, première femme préfet issue de la diversité

EUROPEVague bleue au Parlement européen

ACTU6 w Pour plus d’actus, saphirnews.com,le premier quotidien musulman d’actualité

NOMINATION. Mercredi 3 juin a été nommée, en Conseil des ministres, la première préfète « issue de la diversité », pour le départe-ment du Val-d’Oise (95). L’heu-reuse élue est Fatiha Benatsou, 52 ans, actuellement chargée de mis-sion pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Diplô-mée d’un master en ingénierie des affaires à l’École polytechnique féminine, elle avait rejoint en 2005 le cabinet du ministre des Anciens combattants comme conseillère technique chargée de la mémoire. Membre du Conseil économique et social depuis 2004, elle est éga-lement l’auteure d’une biographie

familiale Le Rêve de Djamila (Éd. Robert Laffont, 2009). Fatiha Benatsou doit prendre ses fonctions de préfète déléguée à l’égalité des chances d’ici à quelques semaines à l’occasion d’une céré-monie officielle. Sa mission sera d’assister le préfet Paul-Henri Trolle dans la coordination et la mise en œuvre de la politique du gouver-nement en matière de cohésion sociale, d’égalité des chances et de lutte contre les discriminations. Ainsi aura-t-elle à participer, sur le plan départemental, à la mise en œuvre des actions visant à l’in-tégration des populations immi-grées résidant en France. ■ H. T. N.

ÉLECTIONS. Abstention record de 60 %, victoire des conservateurs et percée des extrêmes : voilà ce qu’on peut retenir des élections européennes, qui se sont tenues du 4 au 7 juin dans les 27 pays membres de l’Union euro-péenne. La majorité présidentielle a obtenu son meilleur score (28 %) « depuis 1979 », date de la première élection des députés européens au suffrage universel direct, selon Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP. Parmi les eurodéputés élus, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, et la garde des Sceaux Rachida Dati s’en vont tout droit pour Bruxelles.En France, les conséquences de la crise et le vote sanction n’ont pas eu l’effet escompté pour la gauche. L’abstention mais surtout l’extrême émiettement des oppositions ont donc profité à la droite. Seule la liste Europe Ecologie, emmenée par Daniel Cohn-Bendit, s’en sort avec les honneurs grâce aux 16,2 % de voix récoltées sur l’ensemble de

l’Hexagone. Un « succès » qui tran-che avec « l’échec » du MoDem (8,5 %) de François Bayrou et des résultats « médiocres » du Parti socia-liste (16,8 %), selon Martine Aubry, secrétaire générale du PS. Quant au Front national, il n’a remporté que 6,5 % des voix, ce qui lui fait perdre quatre députés au Parlement. Ce résultat contraste avec celui des autres pays européens, où la percée des extrémismes en Europe s’est fait remarquer. ■ Hanan Ben Rhouma

ONE-MAN-SHOW

Rires à profusionau Comedy Club, avec Vie de chien d’Abdelkader Secteur, qui nous vient tout droit d’Algérie pour jouer (en arabe) ses sketchs hilarants. Il dénonce les travers de la vie quotidienne, tous les samedis, à 21 h 45.Les comédiens du Jamel Comedy Club se produisent en solo : Wahid, les jeudis et vendredis, à 21 h 45 ; Dedo, les mercredis et samedis, à 20 h ; Yacine, les jeudis et vendredis, à 20 h.w Réservations : 0811 940 94042, bd Bonne-NouvelleParis 10e

www.lecomedyclub.com

COLLOQUE

Pour un Maghreb des droits de l’homme Colloque organisé par l’Association des travailleurs maghrébins de France et la Ligue des droits de l’homme, à l’Assemblée nationale.w 20 juin, de 10 h à 17 h126, rue de l’UniversitéParis 7e

[email protected] 33 43 64 93

JOURNÉE-SOIRÉE

Manifestation culturellesous l’égide de la Grande Mosquée de Lyon : projection du film d’animation Muhammad, le dernier Prophète, pique-nique familial, stands, spectacle, conférences avec Larbi Kechat, Ghaleb Bencheikh, Mohamed Mestiri et Abd al-Haqq Guiderdoni, soirée anasheed.w 21 juin, de 11 h à 22 h 30Parc Antonin-Perrin 130, rue Guillaume-Paradin, Lyon 8e

04 78 76 00 23 06 60 89 73 43 [email protected]

AGENDA

SALAMNEWS N° 8 / JUIN 2009

INTERRELIGIEUXLe pape en Terre saintePROCHE-ORIENT. Du 8 au 15 mai, Benoît XVI a effectué un pèlerinage en Terre sainte, en suivant les principales étapes qui ont ponctué la vie de Jésus décrites dans les Évangiles. La Jordanie, Israël et les Territoires occupés palestiniens ont figuré au programme de cette tournée. Concernant le conflit israélo-palestinien, le pape s’est déclaré en faveur de la création de deux États : « Le peuple palestinien a le droit à une patrie souveraine et indépendante, de vivre avec di-gnité et de se déplacer librement. » Il a évoqué le mur de Séparation comme étant « une de mes plus tristes images au cours de ma visite ». ■ H. T. N.

Construire l’amitiéCULTURE ET FOI. Dernières semaines d’inscription pour la SERIC 2009, la Semaine de rencontres islamo-chrétiennes, qui se déroulera du 12 au 22 novembre. Que l’on soit chré-tien ou musulman, il s’agit d’initier et d’organiser une action destinée à favoriser l’échange culturel entre les deux communautés de foi mais aussi avec toutes les personnes inté-ressées par la construction d’un monde de justice et de paix, dans la compréhension mutuelle. Les actions peuvent revêtir des formes diverses : conférences, ciné-débats, partage de repas, animations sportives... Toutes les idées sont bonnes à proposer. En 2008, 67 villes ont participé, dont 7 européennes (Espagne, Finlande, Suède...), organisant 123 manifestations. ■ H. T. N.GAIC (Groupe d’amitié islamo-chrétienne) : 01 43 35 41 16 www.semaineseric.eu

© L

ahcè

ne A

bib

Page 7: SalamNews8

l ’administration du pré-sident George Bush, en-gluée dans une idéologie

guerrière, a perdu toute crédibi-lité aux yeux du monde musul-man. À la suite au 11-Septembre 2001, elle a envahi l’Afghanis-tan. Puis elle a attaqué l’Irak sur la base d’un mensonge légen-daire sur les armes de destruc-tion massive.Alors que les GI’s affrontaient la résistance irakienne et les ta-libans afghans, l’administration Bush resserrait ses liens avec le régime saoudien, l’un des plus décriés du monde musulman. Mais aussi elle menaçait la Ré-publique islamique d’Iran en soutien à Israël contre le projet d’un État palestinien. L’Améri-que de George W. Bush fut une Amérique en guerre contre di-vers peuples musulmans.En portant Barack Obama à la tête de l’État, l’Amérique a voulu changer. Le nouveau président a charge d’arrêter l’hémorragie d’une économie

blessée par les efforts de guerre, il a aussi mission de restaurer l’image d’une Amérique paci-fiste, libératrice de l’Europe, ga-rante des libertés individuelles. Pour cette mission, M. Obama doit réconcilier l’Amérique avec le monde musulman. Sa straté-gie tient en deux mots : séduire et rassurer. La séduction du monde mu-sulman a commencé en fé-vrier avec Hillary Clinton, la secrétaire d’État. « L’Indoné-sie serait un bon partenaire des États-Unis pour tisser des liens avec le monde musulman », annonce-t-elle à Susilo Bam-bang Yudhoyono, le président de l’Indonésie, premier pays musulman avec 230 millions de fidèles (90 % de la popula-tion). Au cours de sa tournée en Asie, Mme Clinton prépare le terrain. « Nous avons la responsa-bilité de communiquer et de tra-vailler avec le monde musulman en vue d’une évolution positive », déclare-t-elle.

Pour avoir vécu en Indonésie, pour avoir travaillé avec les Black Muslims à Chicago, pour avoir une famille paternelle mu-sulmane, Barack Hussein Oba-ma est familier du fait musul-man malgré sa foi chrétienne. Il sait que le monde musulman est multiple et hétérogène. Il a les atouts pour réconcilier l’Améri-que avec celui-ci. En prenant la parole au Caire, ce jeudi 4 juin 2009, M. Obama commence ainsi par un as salam alaykum de séduction. Quand il aborde la question du foulard, il la place sous le sceau de la liberté religieuse. « Il est important que les pays occidentaux évitent de gê-ner les citoyens musulmans [dans la pratique de leur religion] », prévient-il, avant de préciser : « Par exemple, en leur dictant

les vêtements qu’une femme doit porter. » Une allusion à la loi de 2004 sur les signes religieux qui interdit l’école publique fran-çaise aux musulmanes portant un hijab.Le président américain est ex-plicite : « L’Amérique n’est pas en guerre contre l’islam. » Au mois d’avril dernier, à Istanbul, lors de sa première visite en pays musulman, M. Obama avait tenu les mêmes propos bien accueillis dans le monde mu-sulman. Un espoir de paix est né, il reste à le concrétiser. For-cer Israël à négocier la création d’un État palestinien serait un geste concret de paix. Un geste qui vaudra mieux que tous les beaux discours. Barack Obama en a-t-il les moyens ? ■

Amara Bamba

INTERNATIONALLe message d’Obama au monde musulman

7www.salamnews.fr

HommagesDeuil. Lundi 1er juin disparaissait mystérieusement des écrans radars un Airbus A330 de la compa-gnie Air France. Des débris d’appareil et les premiers corps ont été retrouvés cinq jours après à 360 km des côtes brésiliennes. Le bilan est lourd : 216 passagers et 12 membres d’équi-page se trouvaient à bord du vol assurant la liaison entre Rio de Janeiro et Paris. Parmi les passagers se trouvaient 32 nationalités, dont 73 Français, 5 Libanais et 2 Marocains. Deux cérémonies se sont tenues mercredi 3 juin : l’une, musulmane, à la Grande Mosquée de Paris ; l’autre, œcuménique, en la cathédrale Notre-Dame de Paris, présidée par Mgr André XXIII. ■

« Les États-Unis et le monde occidental doivent apprendre à mieux connaître l’islam ; d’ailleurs, si l’on compte le nombre d’Américains musulmans, on voit que les États-Unis sont l’un des plus grands pays musulmans de la planète. » (Barack Obama, 2 juin 2009)

© C

huck

Ken

nedy

/ M

aison

Blan

che

© Sa

phir

Méd

ia

POLITIQUE. En prenant la parole au Caire le 4 juin, Barack Obama ne s’adressait pas aux seuls Égyptiens, il parlait à l’ensemble du monde musulman. Pour les observateurs politiques à travers le monde, il s’agit d’un discours majeur dont l’on attend les effets prochains. En clair, le président américain a plaidé la réconciliation et la paix. Les regards se portent désormais sur le passage à l’acte.

Le 4 juin, à l’université

du Caire, Barack Obama

prononce son discours

à l’adresse du monde

musulman.

Page 8: SalamNews8

LES CLASSIQUESLa France et le pourtour médi-terranéen sont à l’honneur cet

été. Pour 2009, le sud de la France séduit toujours autant, si ce n’est plus. En cette période de récession économique, les cam-pings et les villages de vacances, qui sont montés en gamme, sont les grands bénéfi-ciaires de ce phénomène. Les Français délaissent l’avion et prennent la voiture pour découvrir les beaux paysages de l’Hexagone et ceux des pays européens limitrophes.À l’image de la situation de l’an passé, le bas-sin méditerranéen enregistre les meilleurs taux de réservations. Soleil, tarifs attractifs et proximité, autant d’arguments qui expli-quent l’attrait des vacanciers pour cette destination.

L’Espagne et ses îles (Ibiza, les Baléares...) décrochent la première place. Le pays étant bien desservi en compagnies et doté de nombreux aéroports, il est facile d’acheter un billet sec et de s’y rendre par ses propres moyens. À un degré moindre, l’Italie, ses îles (Sardaigne, Sicile) et ses villes mythiques empreintes d’Histoire (Rome, Florence, Venise…) redeviennent des lieux prisés par les familles.Autre destination indémodable : l’Égypte. Mélange d’Orient et d’Occident, de splen-deur et de pauvreté, le pays des Pharaons séduit toujours les voyageurs. Abordable financièrement, l’Égypte continue d’en-flammer l’imaginaire, comme en témoigne Imane, 26 ans, enseignante, qui s’est rendue au Caire et à Charm el-Cheikh. « Ayant fait

des études d’histoire, j’ai toujours rêvé de visiter les pyramides. Même après les avoir vues plus de mille fois en photos, les voir en vrai est impressionnant », se souvient-elle. « J’ai aussi beaucoup apprécié la population locale, qui est éduquée, respectueuse et plus pratiquante que les Maghrébins », fait-elle remarquer. Entre visites des monuments historiques, décou-vertes de la vallée du Nil, plongées dans les rivages de la mer Rouge et excursions dans les splendeurs du désert, l’Égypte demeure intemporelle.

LES INCONTOURNABLESLes États-Unis demeurent une destination phare pour les Fran-

çais. La tendance ne fait que s’accentuer depuis l’an dernier. Selon une récente étude

Les vacances d’été approchent à grand pas. Alors que les études menées par les tour-opérateurs dressent un bilan plutôt rassurant

sur les départs en vacances des Français, la crise économique incite les vacanciers à changer leurs habitudes et leurs lieux de voyage.

Gros plan sur les destinations les plus prisées.

SALAMNEWS N° 8 / JUIN 2009

Vacances à tout prix

FOCUS8 spécial VOYAGES

f

f

© In

gus

Page 9: SalamNews8

9www.salamnews.fr

Go Voyages, le pays de l’oncle Sam se classe à la troisième position des destinations les plus réservées pour le printemps (augmentation de 45 % du nombre de passagers). Un engouement majoritairement expliqué par la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. New York s’af-fiche désormais comme étant la destination préférée des voyageurs. Les prix des billets sont devenus plus accessibles que par le passé, les Français se ruent donc vers la Grande Pomme, à l’instar d’Oumar, 26 ans, Sénégalais d’origine, qui s’y est rendu à trois reprises. « Tout le monde a déjà rêvé au moins une fois d’aller aux States. Depuis que je suis petit, les séries TV et les clips ont contribué à alimenter mon admira-tion pour New York : ses grands buil-dings, sa Cinquième Avenue, la sta-tue de la Liberté et le Ground Zero [emplacement laissé béant par les Twin Towers, ndlr]. Tout est impres-sionnant là-bas », nous confie-t-il.Non loin du continent américain, la République dominicaine tire également son épingle du jeu. Idyl-lique et romantique, elle est l’île tropicale la plus prisée, et le voyage est à moindre coût (environ 600 euros). Un endroit paradisiaque, qui ne manque pas de charmer les touristes tels que Shéhérazade, 25 ans, animatrice dans un centre de

loisirs. Revenue il y a trois mois de son séjour de deux semaines, elle en garde des images plein la tête. « C’était vraiment une destination coup de cœur. Depuis que j’avais vu des images de ses plages à la télé, il y a une dizaine d’années, je souhaitais m’y rendre. J’ai donc enfin réalisé mon rêve. Je suis vraiment tombée amoureuse de cette île. Les Domini-cains sont chaleureux et généreux. Quant aux plages et aux paysages, ils sont magnifiques », se remémore-t-elle.

L’ASIE FEVEREn 2009, l’attrait pour les destinations de long-

courrier se renforce chez les Fran-çais musulmans. En quête d’exo-tisme et de dépaysement, ils n’hésitent plus à traverser le Vieux Continent pour aller à la décou-verte de l’Asie. Longtemps délaissé, ce continent à dominance musul-mane a le vent en poupe. Une ten-dance encouragée par les formules de séjours tout inclus, de plus en plus avantageuses, que proposent les agences de voyages en ligne (il faut tout même compter en moyenne 1 000 euros).Amateurs de paysages tropicaux, de grandes étendues de sable blanc, de plages bleu turquoise et de pois-sons multicolores, les vacanciers

plébiscitent de plus en plus les îles et presqu’îles d’Asie. En tête du classement se trouve la Thaïlande, où se rend un grand nombre de jeunes Français, entre amis ou en couple. Baignades dans des lagons transparents, shopping, coût de la vie peu élevé et farniente sous le soleil, telles sont les clés de la réus-site du tourisme thaïlandais. Le pays souffre, en revanche, d’une réputation sulfureuse à cause de la prostitution.

C’est ainsi que l’on retrouve, dans un registre similaire mais en ver-sion moins frivole, la Malaisie. Une île de plus en plus prisée par les musulmans, essentiellement ceux qui sont pratiquants, qui apprécient son côté islamique et calme. « C’est la Thaïlande sans la débauche. Il y a des mosquées par-tout, on peut manger halal, le tout dans un cadre respectueux et magni-fique. Je peux, de ce fait, pleinement y pratiquer ma foi. C’est une destina-tion idéale pour les voyages en famille », affirme Nabil, 32 ans, chef d’entreprise.On ne saurait parler de l’Asie sans évoquer l’engouement qui existe pour l’empire du Soleil levant. La Chine est un pays qui attire de plus en plus de jeunes entrepreneurs musulmans qui s’y rendent pour faire des affaires. Si le tourisme chinois est beaucoup porté par le business, il n’en reste pas moins que certains s’y rendent pour ses sites touristiques et culturels gran-dioses telle la Grande Muraille. ■

Siham Bounaïm

■ ÉCHANGE DE MAISONÉchanger sa maison contre celle d’un autre vacancier : très tendance, ce procédé simple et économique permet de découvrir de nouvelles régions en France ou de l’étranger. De nombreux sites proposent ce type de services. Il suffit de s’inscrire et de choisir la maison ou l’appartement de sa prochaine destination. Ce système repose avant tout sur la confiance et l’échange culturel.

■ ÉCOTOURISMEIl s’agit de « voyager responsable » sur le plan environnemental, en visitant des milieux naturels relativement peu perturbés dans le but d’apprécier la Nature. L’idée est d’encourager les touristes à la conservation des sites naturels, à la protection de la biodiversité, et de laisser le moins d’impacts négatifs après son séjour. Le tourisme vert s’appuie aussi sur une participation active des populations locales.

■ toUrisme éqUitableLe tourisme équitable et solidaire s’inscrit dans une logique d’aide au développement des territoires d’accueil et obéit à plusieurs principes : activité économique avec les producteurs locaux les plus défavorisés ; refus du travail des enfants ; bénéfices tirés du tourisme réinvestis par les communautés d’accueil dans leurs projets agricoles, de santé, de formation…

MEMO

La France, première destination touristique du mondeBénéficiant d’une géographie diversifiée − mers et océan, montagnes et campagnes – et riche de hauts lieux chargés d’Histoire, la France demeure la première destination mondiale. Elle occupe le 1er rang mondial en nombre de touristes (80 millions, en 2008) et le 3e rang en recettes générées par le tourisme (42,3 milliards de dollars, derrière les États-Unis et l’Espagne). Les trois régions les plus touristiques sont l’Île-de-France, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la région Rhône-Alpes. Les cinq sites culturels les plus fréquentés sont le musée du Louvre, la tour Eiffel, le centre Georges-Pompidou, le château de Versailles et la Cité des sciences de la Villette. Les cinq sites non cultu-rels les plus visités sont Disneyland Paris, le parc Astérix, le Futuroscope, le Puy du fou et le parc zoologique du bois de Boulogne. Cependant, plus de la moitié des Français (52 %) ne partira pas en vacances, essentiellement pour des raisons financières. D’autres choisiront de partir, malgré la crise, mais opteront pour des distances moins longues, un séjour plus court et réduiront leurs dépenses en souvenirs et sorties.

w C’est le pourcentage de Français qui déclarent que, malgré le contexte économique difficile et la baisse du pouvoir d’achat, le voyage reste un moyen d’évasion indispensable. Si chacun fait des économies, les vacances ne seront pas, cet été, les premières à être sacrifiées.65 %

f

Mosquée à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie.

© F

raser

Cam

brid

ge

Page 10: SalamNews8

LA VILLE-PAYS. « Époustouflant, fasci-nant, luxueux, futuriste »... Les adjectifs ne manquent pas pour décrire Dubaï.Capitale économique des Émirats arabes unis (dont plus de 65 % de la population n’est pas dubaïote), Dubaï est le plus connu des sept émirats. Une renommée due à la médiatisation de ses projets touristiques, à l’image de l’hôtel Burj al-Arab, le plus luxueux et le plus étoilé du monde, dont la forme rappelle celle d’une voile de voilier, d’une hauteur de 321 m.La fréquentation touristique ne cesse d’y augmenter et de nombreux projets de com-plexes hôteliers pharaoniques viennent compléter ceux qui sont déjà en place. En moins de dix ans, pas moins de 150 hôtels ont été construits. Se plaçant résolument sur le marché de la démesure, Dubaï a pour but avoué de devenir la première destina-tion mondiale du tourisme de luxe.Lieu très tendance, Dubaï est reconnu notam-ment pour le shopping. Et les vacanciers euro-péens viennent s’adonner à cœur joie dans ce qu’on appelle le « paradis du shopping ». C’est le cas de Kamélia, 26 ans, ingénieur projet, venue essentiellement faire des emplettes et se dorer au soleil dans un cadre luxueux, et sur-tout musulman. « À mes yeux, c’est surtout une destination à faire entre filles. Je suis partie avec ma mère, il y a moins de deux mois, et on a vraiment apprécié. Nos journées étaient rythmées par les souks, le matin ; la plage, l’après-midi ; et

le soir, les centres commerciaux. Ce sont des com-plexes géants, ouverts 24 heures sur 24, c’est vrai-ment démesuré. Il n’y a que des boutiques de luxe, on se croirait à Paris. Cependant, si on évite les grandes marques, alors la vie n’est pas chère du tout », nous explique-t-elle. Un paradis artificiel ?Fonctionnant sur le principe du « client est roi », rien n’est laissé au hasard et tout est fait pour séduire les touristes. Terrains de golf, croisières, centres de congrès, spas, res-taurants ouverts nuit et jour, salles de gym et plages exclusivement réservées aux fem-mes un jour par semaine, etc. Dès lors que l’on a les moyens de payer, on peut tout faire et tout trouver – même jouer dans les casinos... interdits en islam.Pour Mohamed, 26 ans, gestionnaire en back-office dans une grande banque fran-çaise, la donne est différente. C’est un habi-tué des lieux. Il y a deux semaines, il rentrait de son quatrième voyage à Dubaï, où il était parti rendre visite à sa sœur qui y est instal-lée. Ce qu’il aime à Dubaï ? « C’est une des-tination pas trop chère, ensoleillée toute l’an-

née, idéale pour le musulman moderne. Il y a des mosquées partout, même dans les centres commerciaux, cela me permet de prier à l’heure, tout en pouvant pleinement profiter de mes vacances. Cela dit, c’est vrai qu’à part la plage et les magasins il n’y a pas grand-chose à faire. Ceux qui aiment la fête et les visites de sites culturels seront déçus », prévient-il.En effet, nombreux sont ceux qui reprochent à Dubaï de manquer d’âme et d’Histoire, à l’inverse de ses voisins, le Qatar ou Oman, où l’on trouve un patrimoine historique plus riche. Imane, 26 ans, enseignante, le déplore. « Dubaï manque cruellement de paysages tradi-tionnels ou authentiques, ce n’est pas comme Paris. Le pays est très bling bling, on ne voit que ça : l’argent, l’immobilier... Alors qu’à Doha, la capitale du Qatar, ils font en sorte de préserver l’identité culturelle de leur pays. Ils ont un musée ; et misent sur le sport, avec les Masters féminins de tennis, le grand prix de Formule 1... »Dubaï, une destination qui fait rêver... mais qui ne doit pas faire oublier la situation de ses 700 000 travailleurs immigrés, véritables piliers de son ambition. ■

Siham Bounaïm et H. T. N.

SALAMNEWS N° 8 / JUIN 2009

FOCUS10

Les 1 001 richesses de DubaïLassés des voyages au Maghreb, de nombreux Français de culture musulmane se dirigent vers Dubaï. Une destination très en vogue, qui ne cesse de fasciner par sa splendeur et sa profusion de luxe à outrance.

spécial VOYAGES

LAGORA INVEST

P.O. Box 112 933 - Dubai

Tel: +971 4 357 2066 • Fax: +971 4 357 2099

LAGORA FRANCE

19, Bd Malesherbes - 75008 Paris

Tel: +33 1 55 27 37 31 • Fax: +33 1 55 27 37 37

w w w . l a g o r a i n v e s t . c o m i n f o @ l a g o r a i n v e s t . c o m

LAGORA INVEST P R E M I E R P R O M O T E U R F R A N Ç A I S A U X E M I R AT S

© St

eve R

osset

Page 11: SalamNews8

Les 1 001 richesses de Dubaï Le halal à l’honneur au restaurant l’AlambraOn y vient de toute la région parisienne pour y manger une raclette savoyarde, une flamenkuch ou encore un carpaccio de bœuf.L’Alambra, qui connaît depuis trois ans un succès qui ne se dément pas, propose désormais un service traiteur. Focus sur une stratégie gagnante.

COMMUNIQUÉ

q uand, en 2006, le res-taurant ouvre ses por-tes, personne ne pou-

vait préjuger de sa réussite. Et pour cause. Situé en Seine-Saint-Denis, l’Alambra s’installait dans les locaux d’un restaurant savoyard contraint de fermer faute de couverts suffisants. Le défi était alors double : géogra-phique et culturel. Il fallait convaincre une nouvelle clien-tèle non seulement de venir jus-que dans le 93, mais encore de manger autre chose que le tradi-tionnel kebab.

Un concept simple, mais novateurLes meilleures idées sont sou-vent les plus simples. Alors que les consommateurs musulmans étaient plutôt habitués aux fast-foods et au fameux « salade, tomates, oignons », s’ouvrir aux cuisines du monde, et en parti-culier à la cuisine française, s’est avéré être le ticket gagnant.Le restaurant, d’une capacité d’accueil de 150 personnes sur 450 m², fait en effet salle comble tous les week-ends. Au point que l’Alambra fait figure aujourd’hui de référence dans la communauté musulmane.Ce succès, l’Alambra le doit à

une idée simple, mais novatrice : permettre aux musulmans de goûter à toutes sortes de cuisine. Mexique, Algérie, Italie, France, Inde, la carte sans cesse renouve-lée offre aux musulmans l’occa-sion de découvrir des plats qui leur étaient jusque-là interdits, faute d’être halal. Cultiver l’ori-ginalité et l’innovation, voilà la clé du succès de l’Alambra. Le concept fonctionne si bien que, après le restaurant, les musul-mans peuvent désormais s’offrir les services d’un traiteur : Alam-bra traiteur.

Seul traiteur certifiéSi, il y a quelques années encore, lors des réceptions et des maria-ges, on faisait plutôt appel aux amies de la famille ou à des cui-sinières bénévoles pour s’occu-per du repas, les mœurs ont évo-lué. Un mariage ou une réception se fait désormais avec traiteur. Il n’en fallait pas plus à l’Alambra pour proposer son propre ser-vice traiteur.Ce service a été pensé dans le même esprit que le restaurant : une certification halal, assurée par l’organisme de certification AVS, et une carte originale com-posée de différentes spécialités, du classique tajine au filet

mignon en passant par la souris d’agneau. Comme le restaurant qui offre la possibilité de privati-ser tout ou partie des salles, Alambra traiteur s’adresse tant aux particuliers lors d’événe-ments familiaux (naissance, repas de famille, mariage, etc.) qu’aux professionnels (buffets dînatoires, séminaires, confé-rences, soirées thématiques, etc.) et aux institutions. L’ONG internationale Muslimhands, le collège-lycée La Réussite et le syndicat des patrons musulmans figurent d’ailleurs parmi ses clients.Grâce à un service commercial efficace et disponible, et à une logistique bien rodée, l’Alambra traiteur couvre toute l’Île-de-France et prend en charge des réceptions allant jusqu’à mille couverts. Les entreprises ne sont pas oubliées puisque l’Alambra traiteur va très prochainement proposer des coffrets repas en livraison. Il suffira de comman-der par téléphone ou via le site Internet dédié :www.alambra-traiteur.fr

© D

.R.

© D

.R.

© D

.R.

© D

.R.

© D

.R.

Alambra93, avenue Paul-Vaillant-Couturier 93240 Stains – 01 48 22 57 10 www.alambra.fr Service traiteur halal, certifié AVS

Page 12: SalamNews8

vVoilà plus de deux ans que la première pierre de la future Grande Mosquée de Montreuil (Seine-Saint-Denis) a été posée. Pourtant, au 215, rue de Rosny, aucune trace de travaux. Le terrain semble être

laissé à l’abandon. Un sujet de désolation pour l’imam Ahamadou Nimaga, également président de la Fédération cultuelle des associations musulmanes de Montreuil (FCAMM), qui avoue, de lui-même, avoir

été « tenté de baisser les bras à de nombreu-ses reprises ». Car la construction de la Grande Mosquée de Montreuil n’en finit pas de connaître de multiples rebondisse-ments.Le dernier en date ? La décision du Mou-vement national républicain (MNR) de se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État en septembre dernier. Le parti d’extrême droite n’accepte pas, en effet, la décision de la cour d’appel de Versailles (Yvelines), qui a invalidé, le 6 août 2008, le recours en annulation pour bail illégal, déposé par l’élue MNR, Patricia Vayssière.L’ancienne conseillère municipale MNR contestait la légalité du bail emphytéotique* (de 99 ans, ndlr) consenti à la FCAMM pour l’édification d’une mosquée. Plus que la durée du bail, c’est le montant du loyer (un euro symbolique par an) qui avait

MONtrEUIL12 SpécialSALAMNEWS N° 8 / JUIN 2009

La communauté musulmane montreuilloise, lassée de prier dans des caves ou des foyers inadaptés, tente de se doter depuis plusieurs années

d’une Grande Mosquée. Pour réunir toutes les chances d’y parvenir, cinq associations se sont regroupées en 2004

en Fédération cultuelle des associations musulmanes de Montreuil. Leurs efforts sont enfin en passe d’être récompensés.

2004 : naissance de la FCAMM.

2005 : concours d’architectes.

Mai 2006 : désignation du lauréat.

Décembre 2006 : obtention du permis de construire.

30 décembre 2006 : pose de la première pierre.

Superficie totale du terrain : 2 150 m2, mosquée sur deux niveaux ;

Capacité d’accueil : 800 fidèles.

Coût du projet : 2 350 319 € TTC ; 400 000 € récoltés (avril 2009).

Durée prévisionnelle des travaux : 10 mois.

Reportage de Nadia Hathroubi-Safsaf – Photos de Lahcène Abib

Une ville, unemosquée

La difficile édification de la Grande Mosquée

REPÈRES

Page 13: SalamNews8

soulevé l’indignation de l’édile, qui dénonçait une forme de financement indirect et une atteinte au principe de neutralité de l’État, inscrit dans la loi de 1905.Des arguments rejetés par la cour d’appel qui a estimé que « le principe constitutionnel de laïcité, qui implique la neutralité de l’État et des collectivités territoriales de la République et le traitement égal des différents cultes, n’interdit pas, par lui-même, l’octroi, dans l’in-térêt général et dans les conditions définies par la loi, de certaines aides à des activités ou à des équipements dépendant des cultes ».

« Un lieu de prière digne »Une issue heureuse qu’atten-daient avec impatience les musulmans de Montreuil : « Nous n’étions pas certains de remporter ce bras de fer », expli-que Ahamadou Nimaga. « Nous avions déjà perdu et vu notre pro-jet annulé, le 12 juin 2007, par

le tribunal administratif de Cergy-Pontoise au motif de la loi sur la séparation de l’Église et de l’État. Du coup, nous avons été obligés d’arrêter les travaux, alors même que nous venions de poser la pre-mière pierre », se désole-t-il.« Pourtant, la première délibération en conseil municipal avait été votée le 25 septembre 2003 à l’unanimité, moins la représentante du MNR », rappelle Mohamed Abdoulbaki, vice-président de la FCAMM. « Bizarrement, le même jour, un bail similaire pour la construction d’une synagogue avait été approuvé, et il n’a jamais été contesté par le MNR », fait-il observer. « À cha-que fois, seuls les lieux de culte musulman sont visés par ces atta-ques, ces tentatives de déstabilisa-tion. Pourtant, d’autres associations cultuelles d’autres confessions béné-ficient de baux emphytéotiques sans déclencher de polémique. On veut nous cantonner dans les caves », s’indigne-t-il.Autre difficulté : la collecte. Lancée par la FCAMM, elle a

permis de ne récolter que 400 000 € à ce jour.« Il en faudrait au moins le dou-ble pour démarrer les travaux. On est encore trop loin des 2,350 millions d’euros nécessaires au projet ! », explique Mohamed Abdoulbaki. Le vice-président espère, malgré tout, voir le chan-tier démarrer dans les semaines à venir. « Une Grande Mosquée doit impérativement voir le jour ! Les salles de prière débordent. Nous avons, nous aussi, l’envie de prier dans des lieux dignes. Il faut sortir de l’islam des caves », s’im-patiente-t-il. La nouvelle sénatrice-maire Verte de Montreuil, Dominique Voynet, a décidé d’accompagner le mieux possible ce projet, qu’elle juge cependant pharao-nique : « Je constate que les asso-ciations ont beaucoup de mal à collecter l’argent », a-t-elle déclaré au journal Le Parisien en janvier 2009. Une sortie dans la presse qui étonne quelque peu Mohamed Abdoulbaki, qui avoue attendre de rencontrer l’élue : « Nous avons mis du temps à nouer des rapports avec l’ancien maire qui n’avait pas forcément les bons interlocuteurs, on espère que ce ne sera pas le cas avec elle. » ■* Bail de très longue durée en échange d’un loyer modique et de la mise en valeur du bien.

w 20 000 musulmans résident à Montreuil, selon la Fédération cultuelle des associations musulmanes de Montreuil. La ville compte 110 000 habitants. 20 000

Portrait

« Je suis le plus ancien prêcheur de Montreuil », s’enorgueillit Ahama-dou Nimaga, 61 ans, aujourd’hui retraité. Depuis vingt-huit ans, cet imam tente de délivrer la bonne parole. Son cheval de bataille : prévenir la délinquance. « J’aime le contact des gens, j’aime parta-ger avec les jeunes mon savoir, les guider dans leur recherche spiri-tuelle », explique ce père de dix enfants, qui avoue être fier de leur réussite.

Arrivé du Mali en 1961, après des études de théologie, il poursuit sa formation à l’université de Paris-VIII. Il est parallèlement peintre en bâtiment : « Il fallait bien nour-rir la famille », explique-t-il avec un grand sourire. Infatigable, Ahamadou Nimaga multiplie les casquettes : président de la Fédé-ration cultuelle des associations musulmanes de Montreuil ; mem-bre du CRCM, chargé de mission auprès du président du CRCM de la Région Paris-Centre.

PAROLE À

Un imam tourné vers la jeunesse

13www.salamnews.fr

J’aime me rendre utile »

mohammed diarra 57 ans, agent d’entretien

« Je suis musulman, c’est donc un devoir pour moi de venir prier tous les vendredis. Pour tout vous dire, je viens tous les jours sans me poser de questions, c’est le contraire qui serait inimaginable. J’aime me retrouver dans ma communauté. »

cheickne traoré 60 ans, conducteur « Je suis retraité, je peux donc venir prier

tous les jours et à toutes les prières. Ce que j’aime ici, c’est le mélange des nationalités : Maliens, Sénégalais, Mauritaniens… Mais, avant tout, nous sommes tous des frères musulmans. On partage souvent des repas ensemble. »

ibrahim soukouna 28 ans, étudiant « J’habite plus loin,

à Noisy-le-Grand, mais je viens chaque vendredi prier ici et visiter en même temps ma famille. J’accomplis ainsi deux devoirs chers à notre Prophète − paix sur lui. C’est un moment important pour moi. J’aime le mélange des communautés aussi. »

ibrahima niakaté 18 ans, sans emploi « Je viens d’abord pour accomplir un

des piliers de notre religion. C’est aussi l’occasion de retrouver des amis, de discuter avec les anciens, d’apprendre de nouvelles choses. Puis mon père m’a toujours dit que c’est recommandé de prier en groupe. »

FCAMM1-2, square Jean-Zay93100 Montreuil01 48 70 86 71 06 25 19 77 14

Mohamed Abdoulbaki : « 800 000 € seraient nécessaires pour démarrer les travaux de la Grande Mosquée. »

Page 14: SalamNews8

IMMIGRATION. Montreuil, la « deuxième Bamako » ? « Non ! », s’insurge Jean-Pierre Brard (apparenté PCF), qui connaît bien la question pour avoir été le maire de la ville pendant 24 ans et surtout le principal artisan du rapprochement entre les deux pays. « Montreuil n’est pas la deuxième ville malienne après la capitale du Mali, c’est un vieux fantasme. En revanche, je pense qu’elle est la première de France, peut-être même avant Paris ! Nous avons toujours eu une tradition d’accueil de cette commu-nauté. », renchérit-il.Ce n’est donc pas un hasard si, cette année, la ville fête ses 24 ans de jumelage avec le cercle (équiva-lent de notre département) de Yélimané, cette partie de l’ouest du Mali, dans la région de Kayes, d’où est originaire la majorité des Maliens mon-treuillois. La plupart de ceux qui sont arrivés dans

les années 1960 sont de l’ethnie soninké. Grâce au jumelage avec Yélimané 5 micro-barrages ont été construits et 14 puits ont été creusés ou réha-bilités, ce qui a relancé l’activité agricole. Dans un des foyers de travailleurs de la ville, les Maliens de Montreuil le savent bien, ils trouveront toujours une oreille attentive et le réconfort d’être ensemble. Le plus connu est le foyer Bara. C’est là un véritable village malien reconstitué, avec ses vendeurs en tout genre qui s’affairent dans la cour. Cette ancienne usine de pianos, reconvertie en foyer en 1968, était prévue à l’origine pour 400 résidents, elle en accueille aujourd’hui le double. Même situation au foyer Branly, où, malgré la suroccupation, « tout se passe bien », affirme le doyen Souleyman Diarra. Sur les neuf foyers de la ville, sept sont « maliens ». ■ N. H.-S.

14SALAMNEWS N° 8 / JUIN 2009

21e arrondissement de Paris

Une ville, unemosquée

MUTATIONS. « 21e arrondissement de Paris », c’est ainsi que le chanteur Alain Chamfort définit sa ville d’adop-tion. Montreuil, en effet, est située dans la banlieue est de la capitale, au sud du département de la Seine-Saint-Denis, à la limite des départements de Paris et du Val-de-Marne. Desservie par plusieurs lignes de métro, la ville attire les jeunes couples « bobo », chassés par les loyers exorbitants de la capitale. Ces artistes, intellectuels et jeunes cadres bouleversent le visage de la commune ouvrière, communiste pendant quarante ans, et qui a viré « écolo » aux muni-cipales de 2008.En vingt ans, Montreuil a perdu un tiers de ses ouvriers et, dans le même temps, le nombre de contribuables soumis à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) a augmenté de près de 60 %. Sur les anciennes friches indus-trielles, les sociétés se multiplient : Air France, BNP Paribas, Nouvelles Fron-tières... ■ N. H.-S.

Sur la présence des Maliens à Montreuil, les avis divergent : ils seraient 2 000 selon l’INSEE ; 6 000, selon la ville ; et 10 000 selon Niakaté, président de l’Association des Maliens de Montreuil.

MONtrEUILSpécial

Montreuil-sous-Mali !

1re édition de la Fête des foyers, à Montreuil, en mai 2008. ©

D.R

.

Page 15: SalamNews8
Page 16: SalamNews8

Muslim is beautiful Mohamed-Ali Bouharb16

L’aumônerie du culte musulman à la gendarmerie nationale a désormais un visage : celui de Mohamed-Ali Bouharb, 32 ans. C’est dans son bureau, au fort de Charenton, à Maisons-Alfort (94), que l’aumônier nous reçoit pour expliquer son parcours, son engagement et ses projets.

SALAMNEWS N° 8 / JUIN 2009

© L

ahcè

ne A

bib

Comment êtes-vous arrivé à devenir aumônier pour la gendarmerie ?Mohamed-Ali Bouharb : J’étais loin d’imaginer, il y a un an et demi, que je serai officier de l’État français, dans une telle position historique. Je préparais mes concours d’inspecteur des doua-nes, des impôts et du Trésor public, que je préparais activement jusqu’au jour où j’ai rencontré mon chef actuel, Abdel-kader Arbi, en 2007. Je le connaissais déjà, mais on s’était perdu de vue. Il m’a annoncé avoir été nommé au poste d’aumônier général de l’armée fran-çaise un an plus tôt. On s’est échangé nos numéros. Alors que j’étais en pleine révision, il me rappelle fin 2007 pour me présenter le métier d’aumônier, dont je ne connaissais rien. Il avait besoin d’un adjoint. C’est là qu’il m’a proposé le poste. J’ai réfléchi pendant un mois avant de rendre ma décision que je ne regrette pas.

Pour parfaire votre formation, vous avez intégré l’Institut catholique de Paris (ICP). Quel regard portez-vous ?M.-A. B. : Avant mon intégration, j’ai d’abord eu quelques frustrations. Tous, rabbins, prêtres et pasteurs, peuvent aller à l’université, à côté de leur formation théologique, pour un master ou un doc-torat, alors que ce n’est pas le cas pour les cadres cultuels musulmans. S’ils se déclarent comme tels au moment de leur inscription, ils ne sont pas acceptés. L’université de la Sorbonne et Paris-VIII m’ont refusé sous couvert de défense de la laïcité. La volonté politique de l’État s’est trouvée mise à mal, puisqu’il n’ar-rivait pas à nous trouver de partenaire public. Mais il n’a pas lâché prise et s’est

tourné vers le privé. La seule université capable de nous délivrer une formation de qualité a été l’ICP. J’en garde un très bon souvenir, puisque j’en suis ressorti major de la promotion.

Comment avez-vous été accueilli à votre arrivée au poste ?M.-A. B. : Vraiment très bien. J’ai eu beaucoup de messages de soutien de la part de tous les militaires musulmans, qui m’ont inondé de mails, de lettres, de coups de téléphone, de visites. Mais les messages de félicitations venant de gendarmes non musulmans et du com-mandement m’ont particulièrement touché. Je pense que la gendarmerie est une véritable institution qui prône l’éclectisme, le courage et l’engagement, un terme qui correspond parfaitement à la structure de l’esprit du croyant : en-gagé envers Dieu et envers l’autre.

« Mon but : être un ambassadeur de l’institution militaire »

BIO EXPRESSNé en 1977 à Dreux (Eure-et-Loir) − ancien bastion du Front national −, Mohamed-Ali Bouharb grandit avec ses parents, partis de Tunisie dans les années 1970. Vivant « dans l’abnégation » et « la peur des skinheads », il ob-tient son baccalauréat à 17 ans. Poussé par son père, technicien, il part étudier les sciences de l’ingénieur à la faculté de Rouen. Mais son goût pour la réflexion et les lettres le rattrape au point de tout abandonner, deux ans plus tard, pour des études de sociologie.

Dans le même temps, il se découvre un goût pour le re-ligieux, grâce à des rencontres d’Algériens qui ont fui la période noire du terrorisme dans les années 1990. En parallèle de sa vie universitaire, il suit alors plusieurs formations théologiques, dont celles du CERSI et de l’IESH. Après l’obtention de sa licence de sociologie, il se réoriente vers les sciences du langage, qui lui per-mettent, aujourd’hui, de manier rhétorique et éloquen-ce, et de communiquer plus justement sur l’islam. Son dernier diplôme en date : le DU Interculturalité, laïcité et religions, en 2008, à l’Institut catholique de Paris.

Marié et père de deux enfants, le capitaine Mohamed-Ali Bouharb est, depuis mars 2008, le premier aumô-nier de la gendarmerie nationale, sous tutelle du minis-tère de la Défense, qui l’a nommé.

Page 17: SalamNews8

Quelles sont vos tâches au quotidien ?M.-A. B. : J’apporte aux militaires qui viennent me voir un soutien spirituel et religieux. Ils viennent me voir pour toutes sortes de raisons, d’ordre fami-lial par exemple : relations conflictuelles avec des parents ; éloignement physique avec la famille ap-portant un déséquilibre affectif ; conflits au travail qui sont d’ordre religieux ou non. Une personne m’a demandé si elle pouvait porter le hijab pen-dant le service. Je lui ai répondu négativement, car le service public stipule qu’elle ne peut avoir un signe d’appartenance religieuse. Certes, je porte un képi avec le croissant islamique, mais ma fonction est purement religieuse.

Occupez-vous la fonction d’imam en parallèle de l’aumônerie ?M.-A. B. : Sémantiquement, un imam est une personne qui est devant pour guider la prière. Me concernant, je suis aumônier du culte musulman par statut tout comme mes homologues catholi-ques, protestants et israélites. Par analogie, je suis imam, car les autres aumôniers ont une fonction de prêtre, de pasteur ou de rabbin ; à partir du moment où je suis amené à guider la prière, je suis imam, comme n’importe qui peut l’être, car il n’a pas de statut juridique défini.

Y aurait-il une question liée à l’islam qui est un sujet de débats au sein de la gendarmerie ?M.-A. B. : Il n’y a rien, c’est tout le paradoxe. Au sein des cursus de formation, il existe des modu-les de formation dans lesquels sont intégrés des cours sur la diversité religieuse, sur le respect des libertés publiques. La situation était ici tout à fait banalisée, car les musulmans sont présents depuis longtemps. On les recrute non pas en fonction de leur religion mais de leurs compétences. C’est plutôt à l’extérieur que l’on perçoit ma nomina-tion comme un exploit… Les militaires ne m’ont pas attendu pour faire leurs preuves.

Trouvez-vous que les choses ont changé depuis votre arrivée ?M.-A. B. : Absolument. Cette nouvelle a renforcé l’image de la gendarmerie. C’est un exercice pé-rilleux, car la question de l’islam est minée. Elle est généralement perçue sous un angle sécuritaire, puisqu’on l’envisage seulement comme une capa-cité à nuire la sécurité publique. Ma nomination prouve le contraire et participe à un mouvement de société qui va vers une meilleure compréhen-sion de la religion musulmane.

Quels sont vos projets en préparation dans votre service ?

M.-A. B. : J’organise des repas de rupture du jeûne pour le Ramadan, l’iftar, avec le commandement. J’inviterai donc l’état-major avec des colonels, des commandants et les militaires, musulmans ou pas, le but étant de montrer que l’islam est une religion de partage. En même temps, on se sert de ce mo-ment comme vertu pédagogique pour expliquer pourquoi nous nous privons du matin au soir car, même si la culture du respect de l’autre est là, beau-coup ne savent rien de l’islam, surtout en cette pé-riode où l’image des médias envers les musulmans est négative. Mon travail est de la déconstruire.

Vous projetez d’organiser le pèlerinage, le hajj, pour bientôt ?M.-A. B. : C’est le projet le plus important. Il est prévu pour 2011, voire 2010. On essayera d’af-fréter deux avions de 220 places chacun. Actuel-lement, les militaires partent avec des agences de voyages civils, dont beaucoup sont défaillantes. Je souhaite qu’ils et leurs familles puissent bénéficier du soutien de l’aumônerie et donc du ministère pour que le protocole soit pensé en amont. Je rappelle que l’État ne peut financer, au nom de la laïcité, le hajj ; de toute façon, religieusement parlant, c’est au pèlerin de payer le voyage. Nous partons bientôt repérer les infrastructures qui offriraient la possibilité, tout au long de l’année, aux militaires et à leurs proches d’effectuer le petit pèlerinage, la ‘umra. L’état-major des armées a été particulièrement favorable à cette idée.

Un jour, ce sera à vous de choisir des aumôniers locaux pour la gendarmerie…M.-A. B. : Exactement, mais pour l’instant ce n’est pas d’actualité car c’est tout nouveau. Mais j’espère que les effectifs augmenteront bientôt.

Quel message souhaitez-vous faire passer ?M.-A. B. : Mon message est celui de ma religion, celui de concourir à une vie commune de paix et d’engagement pour la justice. Pour cela, nous devons en apprendre davantage sur notre religion et je suis convaincu que c’est par la laïcité, telle qu’elle existe en France, que va émerger un islam qui soit à la hauteur de sa grandeur perdue. Les musulmans de France doivent se débarrasser de ce syndrome dichotomique qui relève des cultu-res maghrébine et subsaharienne et qui sont loin des principes lumineux de l’islam. Ils doivent aussi se définir comme des citoyens à part entière. Une fois ce syndrome résolu, nous serons de vrais moteurs pour la société. La France est une chance pour les musulmans mais nous sommes aussi une chance pour elle. ■

Propos recueillis par Hanan Ben Rhouma

« travailler pour l’État français n’entre pas en contradiction avec l’islam. La question sur notre loyauté ne se pose pas. » 17

www.salamnews.fr

Abcédaire

E comme ENgAgEMENt

Posture qui lie l’homme à Dieu, à soi, à autrui et donc à la société dans laquelle on vit. Je pense que l’engagement permet de donner le meilleur sens à son existence.

M comme MUSULMANS

LAïCS Le pléonasme le plus aberrant de l’Histoire française sur la couverture de l’islam. Si on n’est pas forcément musulman lorsqu’on est laïc, on est forcément laïc lorsqu’on est musulman, puisque « aux musulmans, leur religion ; aux autres, la leur » (Coran, s. 109). Les musulmans doivent cesser d’utiliser cette expression, c’est une nouvelle stratégie de distraction émotionnelle qui les égare dans leur engagement envers la nation française.

S comme SyNDROME DICHOtOMIQUE

État d’esprit de l’existence qui empêche de pouvoir prendre une décision assumée, à partir de l’antagonisme de deux univers de référence et de l’impossibilité à dépasser cet antagonisme. Je cite ici les antagonismes entre l’appartenance à la foi et l’engagement citoyen envers un État, une institution.

R comme RÉPUbLIQUE Dispositif

institutionnel qui permet de se rendre utile pour les citoyens. L’islam est intrinsèquement une mission de service public, car les musulmans se doivent d’être au service des autres.

Page 18: SalamNews8

DE VOUS À NOUS

JEUX

18 Vous traversez un moment difficile ? Vos réactions et celles des autres vous surprennent ? Vous avez l’impression d’être dans une impasse ? Quelle décision prendre ?…À partir du bel islam et d’une lecture appliquée du Coran, des solutions peuvent toujours être trouvées. Posez vos questions à : [email protected]

SALAMNEWS N° 8 / JUIN 2009

Par Chams en Nour, psychanalyste

Par Huê Trinh Nguyên

« À 35 ANS, APRÈS HUIT ANS DE MARIAGE ET lA NAISSANcE DE NoS DEUx ENfANTS, ma femme Rahma vient de m’annoncer qu’elle voulait divorcer. Je suis effondré. Elle me reproche de me plaire au chômage et de compter sur elle pour faire vivre la famille, mais est-ce de ma faute ? Je cherche un nouvel emploi depuis des mois et je n’arrive pas à trouver. Elle ne me fait plus confiance, je me sens humilié, je ne sais pas quoi faire pour obtenir une seconde chance. » Riad

Chams en Nour. Pourquoi avez-vous l’air surpris ? N’en avez-vous pas discuté avec elle de nombreuses fois auparavant ? La ques-tion du chômage est-elle la vraie raison de son envie de s’éloigner de vous ? Quelle est votre part de responsabilité dans sa décision ? À ce stade, il est urgent de comprendre ce qui a pu dissoudre ainsi la solidarité qui aurait dû vous lier pour passer ces moments difficiles. Êtes-vous un homme de dialogue ? Avez-vous essayé de comprendre ce qui la pousse à vouloir vous quitter et renoncer ainsi à votre rôle de père à plein temps ? Son sentiment d’insécurité lui a fait perdre confiance en vous, parce que des mots, des confidences, des parta-ges… ont manqué entre vous. Ce verset du Coran (s. 18, v. 104) peut peut-être vous éclairer : « Vous ferai-Je connaître ceux dont l’effort se perd dans la vie de ce monde alors qu’ils pensent avoir bien agi ? » Avant de lui faire un procès, faites-le d’abord à vous-même. ■

« JE SUIS CONSCIENTE qUE cE qUE j’AI À DIRE EST DélIcAT, c’est un tabou, mais il me semble urgent d’en parler enfin. J’ai 29 ans. Célibataire, je travaille et je suis la risée de ma famille, car je ne correspond pas au modèle habituel de la femme au foyer qui s’occupe de ses enfants. Dans mon enfance, mon frère aîné a abusé de moi et m’a menacée de ne le dire à personne sous peine de violentes représailles. J’étouffe dans ce carcan familial, d’autant plus que je suis la seule à avoir un bon salaire ; et sans scrupules toute la famille compte sur moi. Qu’en pensez-vous ? » Wahiba

Chams en Nour. Au moins vous êtes courageuse et digne, et, disons, sans rancune apparente. Mais si vous payez parce que vous vous sentez coupable de ce qui vous est arrivé, vous avez tort. Votre frère n’a pas su garder sa place et a abusé de vous, c’est le seul responsable. Il a contribué à vous gâcher la vie, ce n’est pas rien. Si vous étiez logique avec vous-même, vous laisseriez ce frère prendre le relais financier. Vous ne devez rien à personne. La culpabilité est le pire des poisons. Selon Abd ar-Rahmân as-Sulamî, qui le tient d’Abu Bakr al-Razi : « Le commencement du mal réside dans l’idée qui traverse l’esprit (al khatra), si celui qui s’y expose ne parvient pas à lui opposer la répugnance et la lutte, elle devient de l’opposition et de la résistance… » ■

Tabous…

Mots mêlésMots cachés

w Retrouvez les mots-clés liés au thème du voyage. Dans la grille, ils se lisent horizontalement, verticalement ou en diagonale. Les lettres restantes forment le mot mystère.

w Retrouvez les capitales de chaque pays, puis découvrez le mot mystère. 1. Indonésie. – 2. Arménie. – 3. Arabie Saoudite. 4. Azerbaïdjan. – 5. Syrie. – 6. turquie. 7. Pakistan. – 8. tchad. – 9. Mali.

SOLUTIONSMot mystère : soleil. – Mots cachés : 1. Jakarta. – 2. Erevan. – 3. Riyad – 4. Bakou. – 5. Damas. – 6. Ankara. – 7. Islamabad. – 8. Ndjamena. – 9. Bamako. – Mot mystère : Jérusalem.

S S G B N H E N

B P N A I O S O

A G I G C t C I

t U P A C E A V

E I M G A L L A

A D A E V S E O

U E C S L E I I

E N A U O D L V

Mot mystèreCette ville est sainte

pour les trois religions monothéistes.

Mots-clésAVION

BAGAGES

BAtEAU

CAMPING

DOUANE

ESCALE

GPS

GUIDE

HOtEL

VACCIN

VISA

MOUtON

NOEL

Mot mystèreQuand on part en vacances, on souhaite qu’il soit au rendez-vous :_ _ _ _ _ _

12

345

67

89

Page 19: SalamNews8

LOISIRS

Mot mystèreCette ville est sainte

pour les trois religions monothéistes.

Quand les musulmans rient d’eux-mêmesHUMOUR. La comédie islamique a le vent en poupe. À l’heure où les musulmans font l’objet de méfiance et d’incompréhension, faire table rase des clichés à travers l’humour et l’autodérision est tendance.

t rois jeunes Français pau-més dans leur religion se cherchent. En quête de

savoir sur l’islam, ils se retrouvent au Maroc pour suivre des cours de « remise à niveau » et ainsi devenir de « bons musulmans ». Manque de pot, un prétendu enseignant en sciences religieu-ses – un escroc local à la barbe et au chapelet ostentatoires – se présente à eux pour leur donner des leçons… Welkoum à l’Islam School ! Mais, au fait, qui a bien pu dire que les musulmans ne savaient pas rire ?Après le succès engendré par la sitcom canadienne La Petite Mos-quée dans la prairie, voici que la série À part ça tout va bien débar-que sur nos écrans… d’ordina-teur. La saison 1, intitulée « Islam School Welkoum », fera son entrée sur Saphirnews.com.

Abattre les clichés par le rireLancé en octobre dernier et porté par l’association Filmoude Afri-qua (consacrée à la réalisation de films sur les rapports Nord-Sud), À part ça tout va bien a été créé par le réalisateur Zangro. « No-tre collectif traite de la francité, ce

que c’est que d’être Français, ce qui nous divise et nous rassemble. On s’est rendu compte que l’islam est au centre de toutes les crispations au sein de notre société. Cette question s’inscrit dans la thématique de la diversité et du vivre-ensemble. On a donc décidé de mettre les pieds dans le plat », explique-t-il.Les quelques courts-métrages visi-bles sur le site apartcatoutvabien.com connaissent déjà un réel suc-cès sur la Toile. Pour preuve, près de 2,5 millions de visites ont été enregistrés toutes vidéos confon-dues, dont plus de 1 million pour l’épisode « Les nettoyeurs ». Cette fois, le changement de dé-cor pour la saison 1 est probant. Le tournage des épisodes inédits s’est déroulé au Maroc, à Marra-kech, afin de coller au plus près à l’histoire.

Une série pour tout publicLes réactions sont majoritaire-ment positives. Mais le réalisateur le répète : il ne s’agit pas de rire de la religion musulmane. « On ne peut pas rire de tout. Le rire qui ne fait que dénigrer ou provoquer l’autre ne fait pas avancer le débat. On ne le fait donc pas. Chaque scène a fait l’objet de débats, d’in-terrogations avec les comédiens. Le travail n’a pas été facile. » Pour le moment, huit épisodes, qui durent chacun trois à cinq minutes, ont été réalisés. Ils se-ront diffusés chaque jeudi en exclusivité sur Saphirnews.com, à raison d’un épisode par semaine, à partir du 11 juin prochain. ■

Hanan Ben Rhouma

www.salamnews.fr©

D.R

.

Page 20: SalamNews8