Saisir les occasions d’affaires! Mémoire de l’Association ...

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1 Saisir les occasions d’affaires ! Mémoire de l’Association de l’industrie électrique du Québec Présenté à la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec 18 septembre 2013

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Saisir les occasions d’affaires !

Mémoire de l’Association de l’industrie électrique du Québec

Présenté à la

Commission sur les enjeux énergétiques du Québec

18 septembre 2013

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TABLE DES MATIÈRES

1. Sommaire exécutif ………………………………………………………………………… 3

2. L’Association de l’industrie électrique du Québec ……………………………………… 10

3. Introduction ………………………………………………………………………………. 11

4. Réduire les émissions de gaz à effet de serre …………………………………………… 16

5. Utiliser les surplus d’électricité pour accentuer l’électrification des transports

et développer l’industrie ………………………………………………………………… 23

5.1 L’électrification des transports ………………………… …………………… 28

5.2 Développer l’industrie …………………………................................................ 31

5.2.1 L’hydroélectricité québécoise comme source

d’équilibrage pour l’éolien ……………………………………………….. 31

5.2.2 Le développement du Nord québécois …………………………….. 34

6. L’efficacité énergétique …………………………………………………………………. 36

7. Miser sur la production d’énergies renouvelables et développer les

énergies renouvelables émergentes en favorisant le développement

et l’innovation ……………………………………………………………………………. 38

8. Assurer à long terme la sécurité et la diversité des approvisionnements

énergétiques du Québec …………………………………………………………………. 46

9. Conclusion ……………………………………………………………………………….. 49

3

1. Sommaire exécutif

Contexte énergétique nord-américain

L’industrie de l’énergie est « en pleine mutation ». Et l’Amérique du Nord est

une des régions du monde où les transformations ont été les plus importantes,

particulièrement aux États-Unis. La capacité d’extraire des quantités immenses de

pétrole et de gaz naturel non traditionnels aux États-Unis transforme radicalement

le paysage énergétique nord-américain. Dans le secteur de la production

d'électricité, les principaux effets de l’abondance de ces ressources thermiques

sont une recrudescence significative de la construction de nouvelles centrales au

gaz naturel et une baisse importante du coût d’un kWh.

Le modèle énergétique québécois

C’est d’ailleurs en tenant compte de ces changements que l'AIEQ soutient qu'il y a

toujours une place importante pour de l'hydroélectricité québécoise dans le

marché de l’énergie nord-américain. Le Québec peut compter sur son modèle de

développement énergétique, lequel est l’un des plus performants au monde. Ce

modèle représente en soi l’un des avantages compétitifs dominants du Québec qui

lui procure un apport de valeur considérable, et ce, tant sur le plan économique,

environnemental que social.

Le modèle énergétique québécois compte sur les acquis suivants :

Un parc de production d’hydroélectricité qui lui assure la sécurité de ses

approvisionnements énergétiques. Grâce à l’hydroélectricité, le Québec

possède une source d’énergie abondante, fiable, souple et polyvalente.

4

Une expertise environnementale de renommée mondiale, qui repose sur 40

années d’expérience.

Une énergie propre et renouvelable qui émet peu de gaz à effet de serre.

Une industrie électrique fortement établie au Québec, créatrice de richesse

collective, dont l’expertise est présente et reconnue dans plus de 150 pays.

Des tarifs d’électricité abordables parmi les plus bas au monde.

Une production électrique à faible coût avec une stabilité des prix à long terme

et une assurance opérationnelle offrant un facteur de compétitivité pour

l’économie.

Une capacité d'attirer des secteurs industriels fortement consommateurs

d'électricité.

Un appui important de la population au développement électrique, lequel

s’avère une source de fierté collective pour les Québécois.

L’AIEQ souhaite que la politique énergétique du Québec s’appuie sur ce modèle,

car il assure la sécurité des approvisionnements énergétiques, la création de

richesse collective et la réduction des émissions de GES.

Les occasions d’affaires : que faire avec les surplus d’électricité

L’électrification des transports

L’AIEQ soutient que la politique énergétique doit faire progresser à la fois

l’électrification des transports collectifs et celle des transports individuels et de

marchandises. Pour ce qui est du transport collectif, certains produits, systèmes et

technologies sont déjà connus et éprouvés. Et, le Québec dispose d’un bon noyau de

constructeurs, d’assembleurs, d’experts en recherche et développement, de concepteurs et

5

de fabricants de pièces et systèmes. Quant au transport individuel et de marchandises, il

est nécessaire, d’une part, de contribuer à l’amélioration de la performance et de

l’autonomie des véhicules, et d’autre part, de développer un réseau public de recharge

accessible pour répondre aux besoins d’appoint des conducteurs. Le Québec possède une

expertise dans les domaines du moteur-roue, du moteur électrique central, des batteries et

de l’infrastructure de recharge.

L’hydroélectricité comme source d’équilibrage à l’éolien

Si l’on s’en tient qu’au Nord-Est américain et canadien, c’est près de 9000 MW

de capacité éolienne qui sont installés. Les parcs éoliens produisent de l'électricité

certes, mais pas nécessairement quand les réseaux en ont besoin. Le défi est donc

d’assurer l’équilibrage, et ce, dans des laps de temps très courts. Or,

l'hydroélectricité et l'éolien se complètent bien. Les centrales hydroélectriques

sont très flexibles et peuvent rapidement accroître ou décroître leur production en

quelques secondes. C’est pourquoi l'intégration massive de l'énergie éolienne dans

les réseaux de transport nord-américains est une occasion d'affaires pour

l'hydroélectricité québécoise.

L’AIEQ demande au gouvernement québécois de valoriser la source de

production hydroélectrique auprès des autorités politiques américaines. En effet,

un important travail de promotion et d’éducation doit être fait pour que cette

filière québécoise soit considérée comme une solution à l’équilibrage éolien, à la

réduction des émissions de GES et à l’accroissement de la fiabilité des réseaux

électriques.

Le développement du Nord-du-Québec

Le développement du Nord-du-Québec peut s'avérer extrêmement profitable pour

les Québécois. Il est déjà reconnu pour son énorme potentiel minéral et plusieurs

6

projets sont actuellement en développement. Or, comme le réseau de transport

d’électricité dans la région de la Côte-Nord est déjà fréquemment utilisé à sa

pleine capacité (étant donné les infrastructures de production de la Baie-James), il

est inévitable qu’un accroissement de sa capacité soit nécessaire au cours des

prochaines années.

Des investissements massifs dans les infrastructures électriques

Des investissements de plusieurs milliards de dollars seront consacrés aux

infrastructures de production, de transport et de distribution d’électricité sur

l’ensemble des territoires canadien et américain d’ici à 2030, et ce, tant en ce qui

a trait à des projets liés à de nouvelles constructions qu’à la rénovation et encore à

la réhabilitation d’installations existantes. Aux États-Unis, c’est plus de 1500

milliards de dollars américains qui seront investis dans les infrastructures

électriques durant cette période. Au Canada, c’est plus de 300 milliards.

L’AIEQ soutient que c’est en maintenant et en consolidant le modèle énergétique

québécois que l’industrie électrique du Québec pourra participer activement aux

travaux de rénovation et de construction dans les infrastructures électriques de

l’Amérique du Nord. Elle doit profiter de son avantage compétitif et miser sur ses

forces qui peuvent être synthétisées ainsi :

Une solide expérience dans les grands projets hydroélectriques (nouvelles

constructions complexes et réhabilitation/remise aux normes des actifs

existants).

Des entreprises qui offrent des produits de qualité puisqu’ils respectent les

critères élevés d’Hydro-Québec qui sont reconnus parmi les plus exigeants

au monde.

7

Une compréhension globale de l’ensemble des éléments touchant la

production, le transport et la distribution d’électricité.

Une offre globale très compétitive (Prix-Service-Qualité-Innovation).

Une industrie qui a été précurseure dans plusieurs domaines par le passé (par

exemple : ligne à haute tension de 735 kV).

Tous les sous-secteurs de l’industrie sont actifs et certaines entreprises ont

une position avantageuse dans certains domaines (ex. : génie-conseil).

Une forte présence de filiales de grands groupes mondiaux qui développent

des produits ici au Québec et qui sont vendus à l’échelle mondiale.

En tenant compte des investissements dans les infrastructures électriques qui

seront réalisés au cours des prochaines années et des forces de l’industrie

électrique du Québec, l’AIEQ insiste pour que la politique énergétique mette en

valeur les technologies et les créneaux suivants :

La mise à niveau et l’expansion des réseaux de transport et de distribution

d’électricité.

L’intégration des énergies renouvelables dans le réseau de transport

d’électricité.

L’optimisation de la performance des centrales existantes.

La contribution des technologies de l’information dans les réseaux de

transport et de distribution d’électricité (Smart Grid).

8

À cet effet, l’AIEQ souligne qu’en février 2013, faisant suite à une démarche de

réflexion de membres de l’industrie, une étude a été complétée sur la faisabilité et

la pertinence d’un projet rassembleur pour l’industrie de l’électricité et des

énergies renouvelables au Québec : la création du Consortium en électricité du

Québec. Ce consortium est une organisation au sein de laquelle les grands

donneurs d’ordre de l’industrie électrique du Québec sont des catalyseurs pour

l’innovation. Ce consortium aurait le mandat d’identifier les besoins en

développement technologique et permettrait un arrimage avec les partenaires pour

le développement.

Assurer à long terme la sécurité et la diversité des approvisionnements

énergétiques du Québec

Certains membres de l’AIEQ soulignent que l’interruption du développement

hydroélectrique au cours des années 1990 a conduit le Québec de l’abondance à

l’inquiétude sur la sécurité des approvisionnements. Dans le même esprit, ces

membres souhaitent que la politique énergétique adopte une stratégie prévoyante

visant à augmenter la marge de manoeuvre et la réserve énergétique, ce qui

signifierait qu’il faudrait déjà penser à la réalisation d’un nouveau projet de

production d’électricité à large échelle. Dans le choix d’un projet, l’AIEQ soumet

des éléments qui devraient être considérés :

Comme mentionné précédemment, l’importance de s’appuyer sur le modèle

de développement énergétique québécois.

L’importance de maintenir et de promouvoir le tissu industriel québécois qui

détient une solide expertise dans les grandes infrastructures hydroélectriques

électriques. En plus de réduire les GES, la décision de faire travailler des

entreprises basées ici permet d’accroître la richesse collective, et ce, dans

toutes les régions du Québec. Cette affirmation et d’autant plus vraie avec

9

l’arrivée massive de nouveaux joueurs au sein de l’industrie de l’électricité en

provenance principalement du Brésil, de la Chine et de l’Inde.

L’importance de tenir compte de la capacité d’une filière électrique à fournir

une forte quantité d’électricité de qualité, fiable et au moment désiré. C’est

d’autant plus vrai dans un marché de l’énergie nord-américain fortement

concurrentiel.

Réduire les GES

L’AIEQ soutient que pour que le Québec atteigne son objectif de réduire les GES

de 25 % sous les niveaux de 1990 d’ici 2020, la politique énergétique

doit prioritairement :

Favoriser la substitution d’énergie de source thermique par de l’énergie

renouvelable, particulièrement dans le transport terrestre.

Privilégier la croissance des sources d’énergie renouvelable les moins

coûteuses et capables de fournir une forte quantité d’électricité de qualité,

fiable et au moment désiré.

Insister sur des programmes d’efficacité énergétique pour les sources

d’énergie thermique (gaz naturel, pétrole et mazout).

10

2. L’Association de l’industrie électrique du Québec

Porte-parole de l’industrie, l’Association de l’industrie électrique du Québec (AIEQ) met

en lumière l’importance de poursuivre le développement des énergies renouvelables

auprès des citoyens, des décideurs et de diverses instances gouvernementales, de façon à

ce que ceux-ci puissent faire des choix favorisant la réduction des émissions de gaz à

effet de serre et la création de richesse collective.

Organisme à but non lucratif fondé en 1916, l’AIEQ réunit des entreprises faisant partie

de quatre grandes catégories :

Les producteurs, transporteurs et distributeurs d’électricité (privés et publics).

Les fabricants des équipements servant à la production, au transport et à la

distribution d’électricité (turbines, transformateurs, alternateurs, etc.).

Les fabricants de matériels électriques (câbles, disjoncteurs, sectionneurs, etc.).

Les entreprises de services de génie-conseil qui ont une expertise liée à la

production, au transport et la distribution d’électricité.

La contribution des professionnels de l’industrie électrique du Québec aux grands projets

d’infrastructures en fait des acteurs économiques de premier plan au Québec. Et leur

expertise est reconnue à l’échelle mondiale.

L’AIEQ est intervenue à plusieurs reprises dans les grands débats publics liés à l’énergie

au Québec, et ce, tant lors d’audiences au BAPE ou à la Régie de l’énergie que lors de

commissions parlementaires.

11

3. Introduction

Comme il est mentionné dans le document officiel de consultation lié à la Commission

sur les enjeux énergétiques, l’industrie de l’énergie est « en pleine mutation »1. Il est

vrai que la « situation a bien changé depuis 20062. » Et l’Amérique du Nord est une des

régions du monde où les transformations ont été les plus importantes, particulièrement

aux États-Unis :

“Energy developments in the United States are profound and their effect will be felt well

beyond North America – and the energy sector. The recent rebound in US oil and gas

production, driven by upstream technologies that are unlocking light tight oil and shale

gas resources, is spurring economic activity – with less expensive gas and electricity

prices giving industry a competitive edge – and steadily changing the role of North

America in global energy trade. By around 2020, the United States is projected to

become the largest global oil producer (overtaking Saudi Arabia until the mid-2020s)...

The result is a continued fall in US oil imports, to the extent that North America becomes

a net oil exporter around 20303. »

La capacité d’extraire des quantités immenses de pétrole et de gaz naturel non

traditionnels aux États-Unis transforme radicalement le paysage énergétique nord-

américain. Dans le secteur de la production d'électricité, les principaux effets de

l’abondance de ces ressources thermiques sont une recrudescence significative de la

construction de nouvelles centrales au gaz naturel et une baisse importante du coût d’un

kWh :

1 Voir « De la réduction des gaz à effet de serre à l’indépendance énergétique », document de

consultation, Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, page 1. 2 Ibid, page 2.

3 « World Energy Outlook 2012, Executive summary, International Energy Agency, page 1.

12

Source : Energy Information administration, World Energy Outlook- 2012

Et la transformation du secteur de l’énergie ne se limite pas au seul secteur de la

production d’électricité. D’importants changements sont survenus également dans le

secteur de la distribution de l’électricité et plus particulièrement les applications reliées

au réseau intelligent. La réalisation du Smart Grid est d’ailleurs une priorité du

Département de l’énergie des États-Unis (DOE) et de l’administration américaine :

“ To build an economy that can lead this future, we will begin to rebuild America… That

means updating the way we get our electricity by starting to build a new smart grid that

will save us money, protect our power sources from blackout or attack, and deliver clean,

alternative forms of energy to every corner of our nation. It means expanding broadband

lines across America, so that a small business in a rural town can connect and compete

with their counterparts anywhere in the world4.»

Ainsi, un réseau intelligent et adaptatif, qui opère avec un niveau d’autonomie

décisionnelle de plus en plus grand, prend forme en Amérique du Nord. Et les nouvelles

capacités de ce réseau permettront entre autres l’émergence d’applications de

communications bidirectionnelles entre les fournisseurs d’électricité et les

consommateurs (distributeurs d’électricité consommateurs) et l’accroissement de

microréseaux reliés aux réseaux principaux dans lesquels plusieurs alternatives de

4 “Remarks of President Barack Obama As Prepared for Delivery American Recovery and

Reinvestment », January 8, 2009 ; http://change.gov/newsroom/entry/dramatic_action/

13

production d’énergie (éolien, microturbine, photovoltaïque, géothermique, pile à

combustible,..) sont mises à contribution pour répondre aux besoins énergétiques. Depuis

l’adoption du plan d’investissement dans les infrastructures américaines de 2009

(American Recovery and Reinvestment Act), le gouvernement américain a investi plus de

3 milliards 400 millions de dollars dans des projets reliés au smart grid5.

Au Québec, c’est surtout la récession économique de 2008 - 2009 − et la fermeture de

plusieurs industries au Québec et dans le Nord-Est du Canada et des États-Unis − qui a

transformé le contexte énergétique et causé les surplus d’électricité actuels. Mais les

transformations survenues au sud de notre frontière doivent être considérées dans

l’élaboration de la nouvelle politique énergétique.

C’est d’ailleurs en tenant compte de ces changements que l'AIEQ soutient qu'il y a

toujours une place importante pour de l'hydroélectricité québécoise dans le marché

de l’énergie nord-américain. Malgré cette abondance d’énergie aux États-Unis et

une reprise économique qui tarde à venir, le Québec est loin d’être à genoux. Il peut

compter sur son modèle de développement énergétique, lequel est l’un des plus

performants au monde. Ce modèle représente en soi l’un des avantages compétitifs

dominants du Québec qui lui procure un apport de valeur considérable, et ce, tant

sur le plan économique, environnemental que social.

Le modèle énergétique du Québec compte sur les acquis suivants :

Un parc de production d’hydroélectricité qui lui assure la sécurité de ses

approvisionnements énergétiques. Grâce à l’hydroélectricité, le Québec

possède une source d’énergie abondante, fiable, souple et polyvalente.

Une expertise environnementale de renommée mondiale, qui repose sur 40

années d’expérience.

5 “Smart Grid Investment Grant Programs”, page 2 :

http://energy.gov/sites/prod/files/Smart%20Grid%20Investment%20Grant%20Program%20 %20Progress%20Report%20July%202012.pdf

14

Une énergie propre et renouvelable qui émet peu de gaz à effet de serre.

Une industrie électrique fortement établie au Québec, créatrice de richesse

collective, dont l’expertise est présente et reconnue dans plus de 150 pays.

Des tarifs d’électricité abordables parmi les plus bas au monde.

Une production électrique à faible coût avec une stabilité des prix à long

terme et une assurance opérationnelle offrant un facteur de compétitivité

pour l’économie.

Une capacité d'attirer des secteurs industriels fortement consommateurs

d'électricité.

Un appui important de la population au développement électrique, lequel

s’avère une source de fierté collective pour les Québécois.

L’AIEQ souhaite que la prochaine politique énergétique du Québec s’appuie sur ce

modèle. Le nouveau contexte énergétique offre des occasions d'affaires pour l’industrie

électrique du Québec. Et, comme le document de consultation en fait mention,

l’électrification des transports est une de ces occasions à saisir. C’est que les

innovations technologiques récentes dans ce secteur et l’abondance d’hydroélectricité

prédisposent le Québec pour se frayer une place de choix parmi les chefs de file en

électrification des transports 6.

Le développement progressif des ressources hydroélectriques au Québec a assuré une

disponibilité d’énergie en quantité suffisante qui a contribué à transformer radicalement

6 Voir le dossier sur le transport terrestre préparé par Investissement Québec : http://www.invest-

quebec.com/fr/investissement-direct-etranger/transport-terrestre.html

15

le bilan énergétique du Québec. Alors qu’au début des années 1970, le Québec dépendait

des hydrocarbures importés pour satisfaire plus de 80 % de ses besoins énergétiques,

aujourd’hui, grâce au développement hydroélectrique, l’électricité occupe une position

dominante dans la satisfaction des besoins énergétiques des secteurs résidentiel,

commercial et industriel. Seul le secteur des transports est encore tributaire du pétrole,

d’où l’importance d’accroître l’électrification dans ce secteur.

Et ce n’est pas la seule occasion d’affaires que l’industrie électrique du Québec doit

saisir. En effet, le développement éolien massif chez nos voisins offre des

perspectives d’exportation intéressante pour le Québec. Étant une énergie variable,

l’électricité éolienne n’est pas nécessairement produite quand le client en a besoin. Or,

l’hydroélectricité est reconnue pour être la meilleure source d’énergie pour pallier la

variation du vent.

Et bien sûr, il y a aussi le développement du Nord-du-Québec!

L’AIEQ souhaite aussi que la politique énergétique permette à l’industrie électrique

du Québec de profiter encore davantage des importants investissements qui se

feront dans les infrastructures énergétiques au Canada et aux États-Unis au cours

des prochaines années. C’est que la majorité des installations électriques en Amérique

du Nord atteindra la fin de leur vie utile d’ici à 2030. Il y a un besoin énorme de mettre à

niveau les actifs et de moderniser les équipements et installations.

D’ici à 2030, les investissements dans les infrastructures électriques aux États-Unis

seront de l’ordre de 1 500 milliards de dollars américains, soit près de 40 % en

production, 20 % en transport d’électricité et 40 % en distribution7 . La situation est

similaire au Canada puisque c’est près de 300 milliards de dollars canadiens qui seront

investis dans les infrastructures électriques entre 2010 et 2030, dont les 2/3 seront

consacrés aux équipements reliés à la production, qu’il s’agisse de remplacer les centrales

7 Voir l’étude du Brattle group « Transforming America’s Power Industry: The Investment Challenge 2010-2030”.

16

existantes, d’accroître leur rendement ou d’en construire de nouvelles8. Et au Québec,

depuis quelques années, les investissements réalisés par Hydro-Québec dans les

infrastructures électriques varient entre 3 et 4 milliards de dollars par année9.

En somme, les prochaines années s’annoncent fort occupées pour les professionnels de

l’industrie électrique du Québec. Et pour en tirer profit pleinement, la politique

énergétique doit développer des créneaux d’affaires porteurs pour eux et miser sur des

innovations qui renforcent leur expertise.

Avec ce mémoire, l'AIEQ souhaite contribuer à cette réflexion sur l’avenir énergétique

du Québec en soumettant au gouvernement du Québec des propositions qui aideront notre

industrie à poursuivre sa croissance, à maintenir sa forte présence au Québec et à

accroître la richesse collective.

4. Réduire les émissions de gaz à effet de serre

Plusieurs des objectifs et des perspectives d’action qui guident la prochaine politique énergétique

témoignent clairement de l’intention du gouvernement du Québec de réduire les émissions de

GES10

:

Réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Utiliser les surplus d'électricité pour accentuer l'électrification des transports et

développer l'industrie.

Favoriser l'efficacité énergétique dans tous les secteurs et pour toutes les sources

d’énergie pour le développement des régions.

8 Voir l’étude Conference Board of Canada « Shedding Light on the Economic Impact of Investing in Electricity ».

9 Rapport annuel 2012 d’Hydro-Québec, page 3.

10 Extrait du site internet de la Commission sur les enjeux énergétiques :

http://consultationenergie.gouv.qc.ca/documents/document.asp

17

Miser sur la production d'énergies renouvelables (hydroélectricité et éolien) et développer

les énergies renouvelables émergentes (hydrolienne, solaire passif, géothermie, etc.) en

favorisant le développement et l'innovation.

Ces orientations ouvrent la voie d’une économie « décarbonisée », c’est-à-dire moins

d’utilisation d’énergie thermique. En effet, les émissions de GES sont largement attribuables à

l’utilisation de l’énergie de source thermique. Au Québec, c’est 60.53 mégatonnes de GES sur

81,79 qui proviennent de l’énergie, soit plus de 80 % :

Source : Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2009

et leur évolution depuis 1990

Déjà en 2009, l’adoption de la cible de réduction des émissions de GES de 20 % sous les niveaux

de 1990 positionnait le Québec comme un leader nord-américain. Avec sa nouvelle cible de

25 % sous les niveaux de 1990 d'ici 2020, le Québec se positionne maintenant comme un leader

mondial.

Les gouvernements américain et canadien n'ont toujours pas adopté un plan massif de réduction

de leurs émissions de GES à l'échelle nationale. La cible fixée par les deux gouvernements est

une réduction de 17 % sous les niveaux de 2005, ce qui est nettement moins élevé que celle du

Québec. Cette cible a d’ailleurs été reconfirmée récemment par l’administration américaine :

18

« In 2009, President Obama made a pledge that by 2020, America would reduce its greenhouse

gas emissions in the range of 17 percent below 2005 levels if all other major economies agreed to

limit their emissions as well. Today (june 2013), the President remains firmly committed to that

goal and to building on the progress of his first term to help put us and the world on a

sustainable long-term trajectory11

”.

Or, malgré cette faible volonté des gouvernements nationaux à réduire de façon massive les

émissions de GES, l’AIEQ demeure convaincu que les prochaines années seront celles de la

nouvelle économie «décarbonisée». Plusieurs indicateurs laissent croire que la transition

vers une "décarbonisation" est déjà commencée.

Plusieurs États américains, provinces canadiennes, municipalités et même certaines

industries (dont plusieurs grands émetteurs industriels) sont résolument tournés vers une

plus forte production d'énergies renouvelables et une diminution de leurs émissions

polluantes. Aux États-Unis, c’est près de 30 États qui se sont fixé des objectifs de

production d'énergie renouvelable qu’ils doivent atteindre d'ici 2020 (Renewable

Portfolio Standards). Et sept États ont des objectifs volontaires12

:

Plusieurs États et provinces, dont le Québec, ont mis en place des systèmes de

plafonnement et d’échanges de droits d’émissions de CO2 qui visent principalement les

grands émetteurs industriels13

.

L’organisme américain Environmental Protection Agency (EPA) a imposé des contraintes

sévères aux producteurs d'électricité qui possèdent des centrales au charbon afin de

limiter les émissions de GES provenant de ces équipements. D'ailleurs, ces nouvelles

règles incitent des producteurs d’électricité à fermer certaines centrales au charbon

désuètes14

.

11

“The president climate action plan”, Executive Office of the President, june 2013, p. 4. 12

Voir la carte des cibles d’émissions de GES par État via le programme des « Renewable Portfolio Standards » : http://www.dsireusa.org/documents/summarymaps/RPS_map.pdf 13

Voir le site officiel de la Western Climate Initiative : http://www.wci-inc.org/ 14

Voir le site officiel de la « Mercury and Air toxic Standards » http://www.epa.gov/mats/

19

Les sources de production d’énergie renouvelable, particulièrement éolienne et solaire

connaissent une croissance soutenue au Canada et aux États-Unis, et ce, depuis quelques

années déjà15

.

L’intégration des énergies renouvelables est un défi considérable pour les gestionnaires

de réseaux de transport d'électricité, de sorte que plusieurs programmes de recherche et

d’innovation ont été mis en place par les gouvernements pour trouver des solutions à ce

défi considérable16

.

Le coût des technologies liées aux énergies renouvelables diminue d’année en année.

Elles deviennent plus accessibles17

.

Dans le secteur automobile, la plupart des grands manufacturiers proposent déjà des

véhicules hybrides rechargeables et tout électriques.

Le secteur économique des énergies renouvelables (Green jobs) connaît une forte

croissance et embauche des milliers de travailleurs. Malgré que la proportion d’emplois

dans ce secteur demeure faible en comparaison à d’autres secteurs, il ne s'agit plus d'un

domaine marginal de l'économie réservé à une clientèle restreinte18

.

L’accroissement des catastrophes naturelles (tempêtes, sécheresses, températures

extrêmement élevées, etc.) liées au réchauffement climatique sensibilise de plus en plus

la population aux effets de l’augmentation de la température. Les politiciens ne peuvent

plus évacuer cette problématique et considérer qu’il ne s’agit que de simples événements

conjoncturels. Évidemment, le temps n'est pas encore venu ou les citoyens auront le

changement climatique au sommet de leurs préoccupations politiques, mais tout laisse

croire qu'une grande majorité d’entre eux serait prête à changer certaines de leurs

15

Annual Energy Outlook 2013 : http://www.eia.gov/forecasts/aeo/MT_electric.cfm#cap_addition 16

Voir cet Institut de recherche américain dédié au défi de l’intégration de l’énergie renouvelable : http://www.nrel.gov/esi/esif.html 17

« Wind Innovations Drive Down Costs, Stock Prices”, Bloomberg : http://go.bloomberg.com/multimedia/wind-innovations-drive-down-costs-stock-prices/ 18

En 2011, aux États-Unis il y avait 3,4 millions d'emplois reliés à l’industrie verte, ce qui représente 2,6 % de l'emploi total aux É-U. Mais depuis 3 ans, la croissance est forte : http://www.bls.gov/ggs/news.htm

20

habitudes de vie pour réduire leur propre consommation d'énergie de source thermique et

contribuer à la lutte au réchauffement climatique19

.

Plusieurs initiatives ont donc été mises de l’avant pour accroître la consommation

d’énergie renouvelable et pour diminuer les GES, et pourtant, le total des émissions de

CO2 canadiennes et américaines pour l’année 2011 indique que les réduire d’une façon

massive n’est pas une mince tâche :

Émissions de gaz à effet du Canada (1990-2011)

Source : Environnement Canada

Émissions de gaz à effet des États-Unis (1990-2011)

Source : U.S. Environmental Protection Agency

Bien sûr, la situation québécoise est différente de ses voisins étant donné que le secteur

de la production d’électricité émet peu de GES, mais malgré cela, l’AIEQ soutient que

19

Voir l’article intitulé « La vulnérabilité des infrastructures américaines dans le domaine de l'énergie face au changement climatique et aux évènements climatiques extrêmes »; http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/73604.htm

21

pour que le Québec atteigne son objectif de réduire les GES de 25 % sous les

niveaux de 1990 d’ici 2020, la politique énergétique doit prioritairement :

Favoriser la substitution d’énergie de source thermique par de l’énergie

renouvelable, particulièrement dans le transport terrestre.

Privilégier la croissance des sources d’énergie renouvelable les moins

coûteuses et capables de fournir une forte quantité d’électricité de qualité,

fiable et au moment désiré.

Insister sur des programmes d’efficacité énergétique pour les sources

d’énergie thermique (gaz naturel, pétrole et mazout).

En plus de mettre de l’avant ces initiatives, la politique énergétique doit aussi promouvoir des

secteurs d’activités, des technologies ou des services qui permettront au Québec de solidifier son

tissu industriel et de mettre en valeur son expertise et son avantage compétitif.

Or, les manufacturiers et les sociétés de génie-conseil de l’industrie électrique sont

fortement établis au Québec. En effet, ce secteur économique est composé d’environ 1 000

établissements. Au sein de ce grand secteur industriel, le principal acteur demeure

Hydro-Québec, entouré d’une vingtaine d’équipementiers et de sociétés de génie-

conseil. Les grands équipementiers sont, règle générale, des filiales de

multinationales parmi lesquelles on retrouve Alstom, Schneider Electric, Voith

Hydro, ABB, GE, Siemens, etc. Ces filiales canadiennes constituent l’ossature

importante de l’industrie électrique du Québec puisqu’en plus de fabriquer une bonne

partie des équipements de production, de transport et de distribution pour le marché

québécois, ces entreprises développent d’autres marchés à partir d’ici et, dans ce cadre,

permettent à des fournisseurs québécois de s’insérer dans leur marché d’affaires...

Ce secteur génère d’importantes retombées économiques, dont une grande partie provient des

investissements réalisés par Hydro-Québec dans les infrastructures électriques :

22

« Nos acquisitions globales de biens et de services ont totalisé 3 011 M$ en 2012,

comparativement à 2 913 M$ en 2011 :

1 088 M$ pour l’achat de bien.

26 M$ pour la location de biens.

1 471 M$ pour les travaux et les services spécialisés.

426 M$ pour les services professionnels.

Et nos acquisitions de biens et de services auprès d’entreprises établies au Québec ont

atteint 2 834 M$, soit 94 % du total. Et le nombre d’emplois soutenus par les acquisitions

est évalué à 19 400, dont 12 900 directs20

».

C’est grâce à la réalisation de projets électriques de grande ampleur que l’industrie

électrique a acquis une expertise et un savoir-faire en matière de conception, de

fabrication d’équipements et de construction. Les nouvelles capacités de production

hydraulique et éolienne ont permis à cette industrie de poursuivre son essor et

d’améliorer son expertise. L’innovation et les compétences d’ici intéressent

beaucoup de clients ailleurs dans le monde. C’est d’ailleurs plus de 30 % des

revenus de l’industrie électrique qui proviennent des exportations21

. La politique

énergétique doit assurer la croissance de ce secteur économique parce qu’il

participe activement à la réduction des émissions de GES et à la création de la

richesse collective.

20

Rapport annuel 2012 d’Hydro-Québec, p. 46 21

Les données proviennent de l’étude de positionnement de l’industrie électrique du Québec réalisé par l’AIEQ en 2009;

23

5. Utiliser les surplus d’électricité pour accentuer l’électrification des

transports et développer l’industrie

Comme mentionné dans l’introduction, l’AIEQ soutient qu’il y a toujours de la place

pour de l’hydroélectricité québécoise dans le marché énergétique nord-américain et des

occasions d’affaires sont à saisir dont :

L’électrification des transports.

L’hydroélectricité comme source d’équilibrage à l'énergie éolienne.

Le développement du Nord-du-Québec.

Mais dans un premier temps, pour profiter de ces occasions d’affaires et, bien sûr,

pour répondre à la demande québécoise future, il faut prioritairement augmenter

les capacités du réseau de transport d’électricité. En effet, malgré la robustesse et

l’étendue du réseau de transport d’Hydro-Québec, plusieurs installations sont

exploitées à la limite de leur capacité22

:

Source : Hydro-Québec

22

Régie de l’énergie, Dossier R-3777-2011, HQT - Demande de modification des tarifs et conditions des services de transport – 2012, HQT-9 « planification du réseau de transport”, page 13.

24

Afin d’illustrer l'évolution de l'écart entre la capacité totale de transport d’électricité et la

demande d’électricité, il est à noter que pour l'année 2010, la capacité de transport23

d'Hydro-Québec était établie à 41 714 MW et la demande des besoins québécois à la

pointe a atteint 34 659 MW. Pour l'année 2013 cependant, la demande des besoins

québécois à la pointe avait momentanément atteint un sommet historique de 39 120 24

. Et

les prévisions d’Hydro-Québec fixent à 1,0 % par année l’augmentation moyenne des

besoins en puissance pour le Québec d’ici 201925

:

Source : État d'avancement 2012 du Plan d'approvisionnement 2011-2020, Hydro-Québec Distribution

Or, en maintenant ce rythme, il faudra ajouter de nouvelles lignes de transport, de

nouveaux postes et de nouveaux équipements au réseau existant.

Aussi, plusieurs équipements de production devront être raccordés au réseau au cours des

prochaines années. Depuis 1994, Hydro-Québec a intégré à son réseau des nouveaux

moyens de production pour répondre à l'augmentation des besoins québécois, et ce, sans

23

Régie de l’énergie, Dossier R-3777-2011, HQT - Demande de modification des tarifs et conditions des services de transport – 2012, HQT-9 « planification du réseau de transport”, page 13 . 24

Voir le rapport annuel 2012 d’Hydro-Québec, page 14. 25

Voir État d’avancement 2012 du Plan d’approvisionnement 2011-2020, page 12

25

ajout de nouvelle ligne de transport à 735 kV26

. Et d’autres intégrations sont à venir dont

celles du complexe hydroélectrique de la Romaine et de plusieurs parcs éoliens.

D’ailleurs, l’essentiel des investissements dans le réseau de transport d’électricité qui ont

été effectués au cours des dernières années concerne surtout l’intégration des nouvelles

installations de production au réseau principal (incluant des postes électriques et des

nouvelles lignes), la réfection ou l’optimisation d’équipements existants, l’amélioration

de la stabilité du réseau et l’ajout de certaines applications liées au réseau intelligent. De

1 à 1,5 milliard de dollars par année a été investi dans le réseau de transport d’Hydro-

Québec27

au cours des dernières années.

Les investissements seront plus élevés à l'avenir, pour préserver le réseau de transport

existant et pour construire, puisque les besoins en puissance augmenteront de plus de

2 000 MW d’ici 2019-2020 :

Source : État d'avancement 2012 du Plan d'approvisionnement 2011-2020, Hydro-Québec Distribution

26

Tiré du document de présentation de la Ligne à 735 kV de la ligne Chamouchouane–Bout-de-l’Île : http://www.hydroquebec.com/projets/chamouchouane.html 27

Rapport annuel 2012 d’Hydro-Québec, page 16

26

Le défi des prochaines années est donc clairement d’accroître les capacités du

réseau de transport d’électricité. Et ce, tant en ce qui a trait au marché québécois

qu’à celui de l’exportation. Déjà, trois projets importants ont été annoncés soit celui

de la ligne à 735 kV Chamachouane vers la région de Montréal, le projet

d'interconnexion entre le Québec et l’État de New York de 1 100 MW et le projet

d'interconnexion entre le Québec et le New Hampshire de 1 200 MW.

L’AIEQ insiste sur l’importance pour le Québec d’accroître les capacités de son

réseau de transport d’électricité parce qu’il s’agit non seulement d’une nécessité

pour répondre adéquatement à la demande future d’électricité et pour profiter

d’occasion d’affaires lucratives, mais aussi parce que l’expertise québécoise sera

mise à profit afin de réaliser des projets permettant de poursuivre les efforts

d’innovation et de recherche de solutions. Ces mêmes solutions seront par la suite

fortement sollicitées par des clients extérieurs.

Étant donné que les sites de production hydroélectrique sont éloignés des centres de

consommation, l’industrie électrique du Québec a érigé de longues lignes de transport

pour acheminer l’électricité vers les consommateurs. Étant donné qu'une ligne de

transport d’électricité requiert la présence de l’infrastructure (déboisement, pylônes,

postes de transformation, etc.), dans ces circonstances, le meilleur moyen pour minimiser

les impacts sur le milieu est de localiser les lignes de transport au bon endroit. C’est

d’ailleurs la raison pour laquelle en plus de l’expertise technique, il s’est également

développé une expertise en études environnementales et sociales afin d’assurer une

implantation harmonieuse des infrastructures électriques sur le territoire.

De concert avec Hydro-Québec, l’industrie électrique du Québec, depuis maintenant plus

de 40 ans, a conçu et appliqué une démarche d’analyse d’impact sur l’environnement qui

a été bonifiée au fil des ans en se basant sur le retour d’expérience des suivis

environnementaux et sociaux effectués dans le cadre des projets passés et qui de ce fait a

contribué à établir les standards internationaux en la matière. Cette démarche d’analyse

27

éprouvée et la connaissance en profondeur des milieux biophysiques nordiques qui

l’accompagne permettent :

d’analyser de façon systématique les contraintes environnementales et sociales de

la zone d’implantation potentielle des lignes de transport d’électricité;

de mener des analyses comparatives de corridors permettant de choisir le corridor

de moindre impact;

de proposer plusieurs variantes de tracés à l’intérieur du corridor retenu;

de sélectionner à partir de l’analyse exhaustive des variantes le tracé de ligne qui

présente le moindre impact tant sur l’environnement biophysique qu’humain.

Cette démarche permet également de proposer des mesures d’atténuation ou de

compensation afin de réduire les impacts résiduels inévitables. Elle permet aussi

d’émettre des directives sur de bonnes façons de faire. Soulignons, à ce titre, qu’une

étude d’impact réalisée dans le cadre d’un projet d’infrastructures électriques est le

résultat d’un travail concerté d’experts des différentes disciplines techniques, sociales et

environnementales qui bénéficie de nombreuses années de retour sur les expériences

passées. Cette expérience acquise permet d’optimiser la conception et la réalisation des

projets électriques au Québec de façon à minimiser leur impact socio-environnemental.

L’étude d’impact est d’ailleurs le document de base utilisé lors des audiences publiques

ou lors d’évaluation environnementale d’un projet. Ces audiences permettent au

promoteur de bénéficier de la connaissance intime du territoire par ses habitants et de

prendre connaissance du milieu afin d’optimiser le projet et d’en réduire les impacts.

Ainsi, la réalisation des trois projets de transport mentionnés précédemment s’inscrit dans

cette même démarche d’évaluation environnementale poursuivie depuis plus de 40 ans au

28

Québec afin d’arriver à une solution optimale, et ce, tant sur le plan environnemental que

social.

5.1 L'électrification des transports

Au Québec, l'utilisation de l'énergie électrique est encore modeste dans le domaine des

transports. Par exemple, pour ce qui est du transport collectif, les seules applications

comprennent le métro de Montréal, qui fonctionne depuis 1966, et le train de banlieue de

Deux-Montagnes, qui fonctionne depuis 1918.

Or, l’électricité comme source de remplacement aux carburants classiques pour les

véhicules, les camions légers et lourds, les autobus, les locomotives, les trains, etc.,

devient de plus en plus une réalité et le Québec, avec ses ressources d’énergie

renouvelable abondantes et une industrie active dans ce secteur, est en bonne position

pour tirer profit de ce mode de transport propre.

Le Québec possède également des ressources minérales qui ont une grande importance

dans le secteur de l’électrification des transports (du lithium et certains métaux provenant

de terres rares) de sorte qu’une croissance du transport électrifié faciliterait l’installation

de certaines industries minières et permettrait de garantir un usage au Québec de bon

nombre de ses produits.

Les avantages d’une forte électrification du transport terrestre au Québec sont nombreux

et très connus, tant à ce qui a trait à la réduction des émissions de GES, à la

recrudescence du secteur manufacturier ainsi qu’à la réduction du déficit commercial

relié à l’énergie.

L’explosion démographique et l’augmentation de la concentration des populations dans

les villes ont fait augmenter considérablement le nombre de voitures sur les routes au

cours des dernières années (3,6 millions en 2001 à 4,4 millions en 2012). Dans la région

29

de Montréal seulement, en 13 ans, le nombre de voitures a augmenté de près de 42 %.

L’automobile est actuellement au coeur du mode de vie des Québécois. C’est leur

principal moyen de transport. Et les émissions de GES attribuables à ce secteur atteignent

33% du total du Québec. Et cette proportion n’a pas vraiment changé depuis 1990. Même

que les émissions de GES provenant des camions légers et des véhicules lourds ont

beaucoup augmenté au cours des dernières années28

.

L’AIEQ soutient que même si l’on ne pourra pas totalement remplacer les véhicules à

carburant à court et à moyen terme, par des véhicules électriques, la stratégie énergétique

doit adopter des mesures afin de favoriser une meilleure utilisation de l’électricité

renouvelable et à faibles émissions de GES dans le transport terrestre.

L’AIEQ soutient que la politique énergétique doit faire progresser à la fois

l’électrification des transports collectifs et celle des transports individuels et de

marchandises. Pour ce qui est du transport collectif, certaines produits et

technologies sont déjà connus. Et le Québec dispose d’un bon noyau de

constructeurs, d’assembleurs, d’experts en recherche et développement, de

concepteurs et de fabricants de pièces et systèmes29

.

Quant au transport individuel et de marchandises, il est nécessaire d’une part, de

contribuer à l’amélioration de la performance et de l’autonomie des véhicules, et

d’autre part, de développer un réseau public de recharge accessible pour répondre

aux besoins d’appoint des conducteurs.

Pour ce qui est de la performance et de l’autonomie du véhicule électrique, le Québec

possède une expertise dans les domaines du moteur-roue, du moteur électrique central et

des batteries. D’ailleurs, Hydro-Québec participe activement aux travaux de recherche

28 Voir « l’Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2010 Et leur évolution depuis 1990”, MDDEFP 29

Voir le répertoire des entreprises sur le site Finances et économie du gouvernement du Québec à l’adresse suivante : http://www.economie.gouv.qc.ca/objectifs/informer/par-secteur-dactivite/transport-terrestre/

30

mondiaux reliés à la batterie au lithium qui offre plusieurs avantages, dont une énergie

spécifique élevée, une grande densité d’énergie, un rendement élevé et une plus longue

durée de vie.

Quant à l’infrastructure de recharge, les réseaux de transport et de distribution d’Hydro-

Québec peuvent déjà assurer la substitution du pétrole par de l’électricité pour une grande

partie du parc automobile québécois sans altérer la fiabilité et la qualité des réseaux. La

quantité d'énergie électrique que le réseau doit fournir à une batterie déchargée dépend

directement de sa capacité en kWh tandis que le temps de recharge dépendra de la

puissance disponible à la borne de recharge. Selon Hydro-Québec, la demande en énergie

totale pour un million de véhicules tout électriques s'élèverait à 3 TWh par année, ce qui

représenterait moins de 2 % des ventes d’électricité au Québec qui ont été de 168,4 TWh

en 201230

. La recharge se fait principalement la nuit lorsque les réseaux sont moins

sollicités. Toujours selon Hydro-Québec, un million de véhicules tout électriques

n’entraîneront pas d’investissements majeurs sur le réseau de distribution.

Hydro-Québec et ses partenaires, avec le « Circuit électrique », déploient actuellement un

réseau de bornes de recharge publique qui permet déjà à un propriétaire de véhicule

électrique de recharger sa batterie à différents endroits (au centre commercial, dans un

stationnement incitatif, etc.) à toute heure de la journée.

30

Rapport annuel d’Hydro-Québec, p 2.

31

5.2 Développer l’industrie

5.2.1 L’hydroélectricité électricité québécoise comme source d’équilibrage à

l'énergie éolienne

L’énergie éolienne connaît une croissance soutenue depuis les 5 dernières années. La

majorité des États américains et des provinces canadiennes ont maintenant des parcs

éoliens en service :

Source : NREL - US Department of Energy

Si l’on s’en tient qu’au Nord-Est américain et canadien, c’est près de 9000 MW de

capacité éolienne qui sont installés :

32

Capacité éolienne installée dans le Nord – Est

du Canada et des États-Unis ─ décembre 2012

États de la Nouvelle-Angleterre,

Provinces de l’Est du Canada de New York et de la Pennsylvanie

Source : Canwea Source : NREL - US Department of Energy

Cette nouvelle capacité signifie la réalisation de plusieurs parcs éoliens. Seulement pour

l’Ontario et le Québec, c’est plus de 100 parcs éoliens ayant des capacités variant entre

10 MW et 400 MW31

qui sont en activité, ou qui le seront bientôt.

L’intégration d’une grande proportion d’énergie renouvelable variable, tel que l’éolien,

représente un défi pour les opérateurs de réseaux électriques. Elle se distingue

principalement par la variabilité de sa production et sa relative « imprévisibilité » due aux

conditions atmosphériques. Or, les gestionnaires de réseaux doivent s’assurer de l’équilibre

constant de l’offre et de la demande d’électricité, suivant différents horizons de temps et

différents scénarios de contingence. Les parcs éoliens produisent de l'électricité certes,

mais pas nécessairement quand les réseaux en ont besoin. Le défi est donc d’assurer

l’équilibrage, et ce, dans des laps de temps qui sont beaucoup plus courts. Avec les

31

Pour le Québec, voir la liste sur le site du MRNF : http://www.mrn.gouv.qc.ca/energie/eolien/eolien-projets.jsp et pour

l’Ontario voir la liste sur le site de WIND Power Grab : http://windpowergrab.wordpress.com/

33

sources traditionnelles (hydroélectricité, gaz naturel et charbon), ça pouvait être à l'heure

ou à la demi-heure. Mais avec le vent, il faut équilibrer plus rapidement

Or, l'hydroélectricité et l'éolien se complètent bien. Les centrales hydroélectriques

sont très flexibles et peuvent rapidement accroître ou décroître leur production en

quelques secondes, et ce, sans les pertes d'efficacité des centrales thermiques.

L'hydroélectricité peut donc atténuer la variabilité du vent de manière très efficace.

À cet égard, les réservoirs hydrauliques jouent un rôle de premier plan dans la gestion

d’un parc de production hydroélectrique. Ils permettent de retenir les apports naturels en

période de faible demande et de les restituer au moment où la demande est plus forte.

Dans la commercialisation de l’hydroélectricité sur les marchés voisins la possibilité par

les réservoirs hydrauliques de moduler la production devient un avantage de valorisation

inégalé et excessivement important

Le fait de disposer d’une source de production renouvelable et faiblement émettrice de

GES, comme la filière hydraulique, pour pallier la variabilité d’une autre source

renouvelable, comme l’éolien, est un avantage enviable que possède le Québec. Aux

États-Unis, ce sont bien souvent les centrales thermiques qui garantissent l’équilibrage

éolien. Cette dernière situation n’est pas optimale, car les opérateurs de ces centrales

doivent garder les températures d’opération des bouilloires qui alimentent les turbines

suffisamment élevées pour en assurer une mise en service rapide. Il en résulte alors une

grande production de GES, et ce, qu’il y ait production électrique ou non.

L’autre solution d’équilibrage envisagée aux États-Unis est le stockage d’électricité par

turbinage-pompage. Les centrales hydroélectriques à réserve pompée permettent en effet

de transférer à la pointe les surplus d’électricité disponibles pendant les creux de la

demande. Cette technique repose sur le principe de pomper de l'eau pour la stocker dans

des bassins d'accumulation lorsque la demande d'énergie est faible — c'est le pompage —

afin de turbiner cette eau plus tard pour produire de l'électricité lorsque la demande est

34

forte — c'est le turbinage. Le cycle de pompage – turbinage engendre cependant des

pertes d’énergie de 15 à 30 %, ce qui est tout de même un bon résultat si on compare à

des solutions concurrentes comme les centrales à gaz à cycle simple dont le rendement

est inférieur à 40 % .

Par leurs caractéristiques intrinsèques et complémentaires, les filières

hydroélectrique et éolienne ne présentent pas ce genre de contraintes et constituent

une option de jumelage optimale. Et surtout en raison de sa capacité à produire au

bon moment, la filière hydroélectrique représente une valeur sûre.

Ainsi, l'intégration de l'énergie éolienne dans les réseaux de transport nord-américains est

une occasion d'affaires pour l'hydroélectricité québécoise.

C’est au gouvernement québécois qu’incombe la tâche de valoriser la source de

production hydroélectrique auprès des autorités politiques américaines. En effet, la

grande hydraulique n’a pas la cote auprès des autorités politiques américaines et un

important travail de valorisation et d’éducation doit être fait pour que cette filière

québécoise soit considérée comme une solution à la réduction des émissions de GES

et à l’accroissement de la fiabilité des réseaux électriques.

5.2.2 Le développement du Nord-du-Québec

Le développement du Nord-du-Québec peut s'avérer extrêmement profitable pour les Québécois.

Il est déjà reconnu pour son énorme potentiel minéral et plusieurs projets sont actuellement en

développement :

35

Localisation des projets miniers de mise en valeur au Québec pour l’année 201232

Source : Ministère des Ressources Naturelles

Le Nord-du-Québec est riche en minéraux, on y trouve du nickel, du cobalt, du zinc, du

minerai de fer, du cuivre, de l’or, de l’uranium, de l’apatite, du diamant, du niobium et du

tantal, du lithium, du vanadium et des terres rares, des ressources qui intéressent des

firmes étrangères parce qu’elles sont utilisées dans les secteurs de l’énergie, du transport

et de certaines industries de pointe. D’ailleurs, d’importantes multinationales ont

confirmé leur volonté d’investir dans le Nord-du-Québec, dont par exemple Wisco (mine

de fer au lac Otelnuk, situé entre Schefferville et Kuujuaq), Xstrata, Stornoway, Tata

Steel et Arcelor Mittal33

.

32

Voir le site du MRN à l’adresse Internet suivante : http://www.mrn.gouv.qc.ca/publications/mines/publications/publication-2012-chapitre5.pdf 33

Cette liste de projets est tirée de la carte Projets miniers de mise en valeur et de développement du Ministère des

Ressources Naturelles, mise à jour en octobre 2012. Pour figurer sur cette liste, un projet doit avoir franchi l'étape de l'évaluation économique préliminaire. Voir l’article d’Hugo Fontaine paru dans la Presse du 26 novembre 2012 : http://affaires.lapresse.ca/portfolio/developpement-du-nord/201211/26/01-4597640-ou-creuse-t-on-au-quebec.php

36

Il est certain que la force du secteur minier est fortement tributaire du contexte

économique général. Et les deux dernières années ont été plutôt difficiles pour certaines

sociétés minières puisque le coût des matières premières a considérablement baissé.

Malgré cette diminution des activités, plusieurs projets seront tout de même réalisés au

cours des prochaines années au Québec, ce qui est un bon indicateur pour le potentiel de

développement du Nord-du-Québec.

Or, comme le réseau de transport d’électricité dans la région de l’Abitibi est déjà

fréquemment utilisé à sa pleine capacité, il est inévitable qu’un accroissement de sa

capacité soit nécessaire au cours des prochaines années.

6. L’efficacité énergétique

L’efficacité énergétique occupe toujours une place de choix dans les orientations portant

sur l’avenir énergétique. D’ailleurs, la Stratégie énergétique 2006-2015 avait fixé à 11

TWh l’objectif d’efficacité énergétique pour Hydro-Québec.

L’AIEQ soutient depuis longtemps que l’efficacité énergétique est un élément essentiel

dans la planification à court et à long terme de l’approvisionnement énergétique

québécois. Elle permet de :

Ralentir la croissance de la consommation d’énergie.

Rendre plus compétitive l’économie québécoise.

Toutefois, l’accroissement important de la réalisation de projets d’efficacité énergétique,

comme cela est proposé dans le document de consultation, n’est toutefois pas un

automatisme. Au Québec, plusieurs obstacles doivent encore être surmontés.

37

Les bas tarifs d’électricité : une barrière importante

Certains des membres de l’AIEQ pensent que les bas tarifs du kWh au Québec

découragent les investissements en efficacité énergétique, puisque les dirigeants

d’entreprise s’intéressent surtout aux plus gros postes budgétaires alors que la dépense

énergétique n’en est pas un dans la plupart des cas.

Des périodes de récupération de l’investissement (PRI) trop longues

Des membres de l’AIEQ soulignent que bien souvent, les propositions de projets

d’efficacité énergétique sont bloquées au niveau décisionnel au sein des différentes

entreprises parce que la période de récupération de l’investissement est trop longue et

parce que les surcoûts sont trop élevés. La plupart du temps, ces projets sont bloqués

puisqu’ils n’offrent pas des rendements comparables à ceux des autres mandats et

investissements que peuvent réaliser ces entreprises. En d’autres termes, souvent, les

gains escomptés ne représentent qu’une fraction nominale, voire marginale des budgets

des entreprises, et ne justifient aucunement les investissements que nécessiterait la mise

en place des mesures proposées en efficacité énergétique. Par conséquent, ces mesures ne

constituent pas des priorités pour les décideurs qui font face à des décisions souvent

beaucoup plus pragmatiques.

Une main-d'œuvre souvent mal adaptée et mal formée

Un autre élément mis en avant par des membres de l’AIEQ est qu’une importante barrière

à la réalisation de plus de projets d’efficacité énergétique est celle de la main-d'œuvre. À

l’exception des grands centres hospitaliers, des grands parcs immobiliers et des grandes

industries, il y a un manque chronique de main-d’œuvre spécialisée au sein des

établissements et des entreprises en matière d’efficacité énergétique. En règle générale,

les petites et moyennes entreprises ne peuvent se doter de tels spécialistes pour des

raisons financières. Il appert que la plupart du temps, les gestionnaires de l’énergie de ces

entreprises sont des généralistes. Ceux-ci ne connaissent que les questions de base et ne

38

possèdent pas toujours la formation nécessaire à la compréhension de problèmes

complexes en matière énergétique.

Par ailleurs, une analyse détaillée de la dépense énergétique exige du temps, des

ressources et un certain niveau d’engagement de la part des dirigeants. Et dans le

contexte actuel, il est loin d’être assuré que ce niveau d’engagement évolue de manière à

favoriser des résultats concrets en matière d’efficacité énergétique.

D’autre part, les projets se doivent d’être très détaillés au niveau technique afin de

convaincre les décideurs en entreprises, puisque les responsables des finances au sein des

organisations s’attendent à des présentations contenant de l’information précise sur les

rendements de tels projets. Or, pour arriver à présenter des projets convaincants en

matière d’efficacité énergétique, il faut de l’expertise interne possédant des connaissances

techniques particulières, laquelle expertise fait souvent défaut dans bien des entreprises.

7. Miser sur la production d’énergies renouvelable et développer les énergies

renouvelables émergentes en favorisant le développement et l’innovation

Le contexte énergétique actuel et à venir et les forces de l’industrie électrique du Québec

permettent d’envisager une participation plus grande de nos entreprises dans des projets

de production d’énergie renouvelable et de transport d’électricité.

Comme cela a été mentionné précédemment, des milliards de dollars en investissement

seront consacrés aux infrastructures de production, de transport et de distribution

d’électricité sur l’ensemble des territoires canadien et américain, et ce, tant en ce qui a

trait à des projets liés à de nouvelles constructions qu’à la rénovation et encore à la

réhabilitation d’installations existantes. Et bien sûr, une grande partie de ces

investissements serviront à renouveler des actifs existants. Or, bien souvent, ces

renouvellements entraînent l’ajout d’une nouvelle technologie ou stimulent une

innovation qui améliore l’équipement existant.

39

Selon une étude publiée en 2011, le Conference Board of Canada estime à près de 300

milliards de dollars canadiens les investissements dans les infrastructures électriques au

Canada entre 2010 et 2030. Selon cette étude, les 2/3 de ces investissements seront

consacrés aux infrastructures de production, qu’il s’agisse de remplacer les centrales

existantes, d’accroître leur rendement ou dans d’en construire de nouvelles. Voici le

tableau des investissements pour le Canada dans son ensemble et par province 34

:

Prévisions des investissements dans les infrastructures de production, de transport

et de distribution au Canada par province, de 2010 à 2030 - (en dollars de 2010)

Et ces prévisions ont été faites à partir des plans d’investissement des différents

producteurs, transporteurs et distributeurs d’électricité canadiens. Ils tiennent également

compte des prévisions de la demande pour les prochaines années, de la vétusté des

installations existantes et du besoin de remplacement et de la croissance économique du

pays.

34

Canada’s Electricity Infrastructure: Building a Case for Investment, Conference Board of Canada :

http://www.conferenceboard.ca/e-library/abstract.aspx?did=4132

40

Et aux États-Unis, c’est entre 1 500 et 2 000 milliards de dollars américains qui seront

investis dans les infrastructures électriques entre 2010 et 203035

:

Prévisions d’investissements dans les infrastructures de production, de transport

et de distribution d'électricité aux États-Unis (entre 2010 et 2030)

ou(en milliards de dollars américains de 2008)

Nord-Est Middle-West Ouest Sud total

Production 63,50 149,80 127,50 356,40 607,00

Transport 298,00

Distribution 582,00

Total 1 577,00

Source : The Brattle Group

Une grande partie de ces investissements couvriront 5 secteurs 36

:

Production d’électricité, notamment les énergies renouvelables.

Remplacement et remise à neuf des équipements et installations reliés à

la production, au transport et à la distribution d’électricité.

Gestion et optimisation des réseaux de transport et de distribution.

Électrification des transports.

Efficacité énergétique.

Ces programmes d’investissements visent l’ensemble des installations de l’Amérique du

Nord et ils offrent de multiples occasions d’affaires que l’industrie électrique du Québec

doit saisir. Et cette industrie réussit déjà à percer les marchés internationaux et à

intéresser des clients ailleurs qu’au Québec :

Les principaux marchés étrangers des manufacturiers

de l’industrie électrique du Québec37

35

Transforming America’s Power Industry: The Investment Challenge 2010-2030, The Brattle group, 2008 : http://www.brattle.com/_documents/uploadlibrary/upload725.pdf 36

Positionnement de l’industrie électrique du Québec, Exportation et développement à l’international, document de la Table de concertation : http://aieq.net/wp-content/uploads/2011/09/TCIE_etude_Export_et_potentiel_de_developpement1.pdf

37 Ce total inclut seulement les ventes des produits de l’industrie électrique du Québec, pas les ventes

d’électricité des producteurs québécois.

41

Source : Institut de la statistique du Québec

Les forces de notre industrie peuvent être synthétisées ainsi38

:

Une solide expérience dans les grands projets hydroélectriques (nouvelles

constructions complexes et réhabilitation/remise aux normes des actifs

existants).

Des entreprises qui offrent des produits de qualité puisqu’ils respectent les

critères élevés d’Hydro-Québec qui sont reconnus parmi les plus exigeants au

monde.

Une compréhension globale de l’ensemble des éléments touchant la

production, le transport et la distribution d’électricité.

Une offre globale très compétitive (Prix-Service-Qualité-Innovation)

Une industrie qui a été précurseure dans plusieurs domaines par le passé

(par exemple : ligne à haute tension de 735 kV).

38

Positionnement de l’industrie électrique du Québec, Exportation et développement à l’international, document de la Table de concertation : http://aieq.net/wp-content/uploads/2011/09/TCIE_etude_Export_et_potentiel_de_developpement1.pdf

42

Tous les sous-secteurs de l’industrie sont actifs et certaines entreprises ont

une position avantageuse dans certains domaines (ex. : génie-conseil).

Une forte présence de filiales de grands groupes mondiaux qui développent

des produits ici au Québec et qui sont vendus à l’échelle mondiale.

Une proximité des marchés canadiens et américains… Distance still matters

dans les domaines liés au secteur manufacturier.

En tenant compte des investissements dans les infrastructures électriques qui seront

réalisés au cours des prochaines années et des forces de l’industrie électrique du Québec,

l’AIEQ insiste pour que la politique énergétique mette en valeur les technologies et les

créneaux suivants :

La mise à niveau et l’expansion des réseaux de transport et de distribution

d’électricité.

L’intégration des énergies renouvelables dans le réseau de transport

d’électricité.

L’optimisation de la performance des centrales existantes.

La contribution des technologies de l’information dans les réseaux de

transport et de distribution d’électricité ( Smart Grid).

À cet effet, l’AIEQ souligne qu’en février 2013, sous l’égide de la Table de

concertation de l’industrie électrique (TCIE) du Québec et faisant suite à une

démarche de réflexion de membres de l’industrie, une étude a été complétée sur la

faisabilité et la pertinence d’un projet rassembleur pour l’industrie de l’électricité et

des énergies renouvelables au Québec : la création du Consortium en électricité du

Québec.

43

Ce consortium est une organisation au sein de laquelle les grands donneurs d’ordre de

l’industrie électrique du Québec sont des catalyseurs pour l’innovation. Ce consortium

aurait le mandat d’identifier les besoins en développement technologique et permettrait

un arrimage avec les partenaires pour le développement.

Chacun des acteurs du secteur de l’électricité fait face à des défis qui leur sont propres.

Les enjeux clés pour les fournisseurs d’électricité sont de maintenir et d’améliorer les

infrastructures en production, transport et distribution ainsi que d’augmenter l’efficacité

des opérations. Pour les équipementiers, le défi principal est de créer des structures de

développement de technologies en tenant compte des besoins futurs. Qu’il s’agisse d’une

PME ou d’une multinationale, les manufacturiers doivent créer de nouveaux produits et

se positionner sur de nouveaux marchés. Finalement, les centres de recherche, les

universités et les collèges doivent attirer des chercheurs de renommée internationale,

assurer la disponibilité des Fonds pour la recherche et augmenter le taux de placement

des diplômés. Tous ces joueurs ont beaucoup à gagner en agissant en synergie. Le

modèle d’affaires du Consortium en électricité du Québec permettra de faire progresser

les avantages concurrentiels de l’industrie électrique du Québec et fortifiera les

collaborations entre le secteur privé et le secteur public. Par son rôle de coordonnateur et

de facilitateur, le Consortium permettra :

Une création d’un écosystème complet et soutenu, comprenant des centres de

technologies, des vitrines technologiques et des projets de démonstration et de

pré-commercialisation.

Un environnement d’échanges, de collaboration et de complémentarité

impliquant les grandes entreprises, les PME, les gouvernements, les

associations, les centres de recherche et les institutions d’enseignement.

44

Un guichet unique et intégré pour favoriser la R&D, pour initier des projets de

démonstration technologique, pour attirer et développer des centres d’intégration

et de fabrication, et pour favoriser la commercialisation nationale et

internationale des technologies développées par les membres.

Une organisation dotée d’une structure performante offrant une panoplie

d’activités et de services : facilités d’accès à du financement, prospective,

promotion, réseautage, identification des projets et validation technologique.

Une possibilité pour les régions d’implanter des centres de technologies et de

contribuer par l’apport et le développement de ressources spécialisées à haute

valeur ajoutée dans l’économie québécoise – à titre d’exemple, le Consortium

pourrait s’établir à Montréal et compter des entités satellites dans des régions

telles que Shawinigan, Varennes et Bécancour.

C’est que la modernisation des réseaux électriques est en cours partout au Canada.

Motivées par le développement économique, le renouvellement des actifs, la sécurité

énergétique, l’environnement ou l’intégration des énergies renouvelables, les provinces

mettent de l’avant des innovations technologiques afin de rendre le réseau électrique plus

performant et plus intelligent « Smart Grid ».

Au Canada, l’industrie du réseau intelligent présente une valeur de plusieurs milliards de

dollars et d’importants projets sont en cour de réalisation39

. Pour les fournisseurs

d’électricité, les grands manufacturiers, les sociétés de génie-conseil, les centres de

recherche et les universités, ces projets représentent un potentiel considérable de

développement de marchés, de croissance économique et de bienfaits pour

l’environnement. Alors que plusieurs pays sont à développer une expertise dans

différentes technologies rattachées au réseau intelligent, l’industrie québécoise doit agir

rapidement afin de se positionner sur ce marché mondial qui aura un chiffre d’affaires de

39

Voir « Les réseaux électriques intelligents au Canada (smart grid) – aperçu de l’industrie en 2010 », Canmet :http://canmetenergie.rncan.gc.ca/sites/canmetenergy.nrcan.gc.ca/files/files/pubs/2011_027_RP-TEC_411_SmartGrid_overview_industry_f.pdf

45

73 milliards de dollars américains par année en 202040

.

Partout en Amérique du Nord, le défi de la mise à niveau et de l’accroissement des

infrastructures électriques amorce un nouveau cycle d’investissement et celui-ci coïncide

avec l’émergence des technologies intelligentes. Les solutions qu’amènent les réseaux

intelligents s’avèrent moins coûteuses à long terme en raison des avantages que procurent

les produits et services novateurs qu’ils utilisent.

Ces technologies comprennent entre autres :

l'infrastructure des compteurs intelligents;

l’équipement qui permet de réduire les pertes de puissance sur une ligne de

transport d’électricité;

l’automatisation des sous-stations électriques;

l’automatisation de la distribution de l’électricité;

la communication et le flux d’électricité bidirectionnel de la production

(conventionnelle et renouvelable) jusqu’aux consommateurs (commercial,

industriel et résidentiel);

les systèmes de gestion de l'énergie et de la gestion des véhicules électriques;

les technologies de sécurité – particulièrement pour prévenir une cyber

attaque. C’est dans cet esprit que des efforts sont fait pour s’assurer que la

nouvelle infrastructure soit fonctionnelle et sécuritaire.

8. Assurer à long terme la sécurité et la diversité des

approvisionnements énergétiques du Québec.

40

Cette donnée provient d’une étude produite par Navigant Research : http://www.navigantresearch.com/research/smart-grid-technologies

46

L’État d’avancement 2012 du Plan d’approvisionnement 2011-2020 produit par Hydro-

Québec Distribution met en lumière les besoins québécois en énergie et en puissance41

:

Source : Hydro-Québec

Source : État d'avancement 2012 du Plan d'approvisionnement 2011-2020,

Hydro-Québec Distribution

Malgré la situation de surplus, certains membres de l’AIEQ soutiennent qu’il faut déjà

envisager la réalisation d’importants projets de production d’électricité puisque la

période comprise pour une mise en service varie entre 10 et 20 ans.

41

Pour consulter l’État d’avancement du Plan d’approvisionnement 2011-2020, voir à l’adresse Internet suivante : http://www.regie-energie.qc.ca/audiences/Suivis/SuiviD-2011-162_PlanAppro_2011-2020/HQD_EtatAvancement_01nov2012.pdf

47

Le complexe hydroélectrique de la Romaine illustre bien ce délai puisque sa réalisation à

elle seule s’échelonne sur 11 ans, soit de 2009 à 202042

. Et c’est sans compter les études

d’avant-projet, l’évaluation environnementale, etc.

À ce titre, certains membres de l’AIEQ soulignent que l’interruption du développement

hydroélectrique au cours des années 1990 a conduit le Québec de l’abondance à

l’inquiétude sur la sécurité des approvisionnements. Dans le même esprit, ces membres

souhaitent que la politique énergétique adopte une stratégie prévoyante visant à

augmenter la marge de manoeuvre et la réserve énergétique, ce qui signifierait qu’il

faudrait déjà penser à la réalisation d’un nouveau projet de production d’électricité

à large échelle. Dans le choix d’un projet, l’AIEQ soumet des éléments qui doivent être

considérés :

Comme mentionné précédemment, l’importance de s’appuyer sur le modèle

de développement énergétique québécois.

L’importance de maintenir et de promouvoir le tissu industriel québécois qui

détient une solide expertise dans les grandes infrastructures hydroélectriques

électriques. En plus de réduire les GES, la décision de faire travailler des

entreprises basées ici permet d’accroître la richesse collective, et ce, dans

toutes les régions du Québec. Cette affirmation et d’autant plus vraie avec

l’arrivée massive de nouveaux joueurs au sein de l’industrie de l’électricité en

provenance principalement du Brésil, de la Chine et de l’Inde.

L’importance de tenir compte de la capacité d’une filière électrique à fournir

une forte quantité d’électricité de qualité, fiable et au moment désiré. C’est

d’autant plus vrai dans un marché de l’énergie nord-américain fortement

concurrentiel.

42

http://www.hydroquebec.com/romaine/projet/echeancier.html

48

9. Conclusion

Malgré les changements qui sont survenus récemment dans le secteur énergétique nord-

américain, l'AIEQ soutient qu'il y a toujours une place importante pour de

l'hydroélectricité québécoise. Et la stratégie énergétique doit mettre en valeur cette

ressource naturelle. Bien sûr les énergies thermiques (surtout le pétrole et le gaz de

49

schiste), éoliennes et solaires connaissent un essor fulgurant depuis une dizaine d’années,

mais les forces de la filière hydraulique québécoise lui permettront de maintenir sa part

de marché, voire même l’augmenter. Comme ce mémoire l’a illustré, des occasions

d’affaires sont à saisir.

Au Québec, la politique énergétique doit proposer des initiatives qui stimulent la

consommation d’énergie renouvelable, particulièrement dans l’électrification des

transports.

Et à l’échelle nord-américaine, le gouvernement québécois doit se donner le mandat de

promouvoir les avantages de l’hydroélectricité québécoise auprès du gouvernement

américain et de l’administration publique. Elle offre un approvisionnement fiable pour

nos partenaires et est la solution à la réduction des émissions de GES.