Sabores Del Dia n°8

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del Día 1 Biennale du Cinéma Espagnol 14 e Sabores Phrase du jour : Proverbe : RENCONTRE : SANTIAGO A. ZANNOU Sábado 20 de Marzo 2010 N° 8 «Journée patraque, films en vrac... » « Soigne le cinoche comme la prunelle de tes yeux, il te les arrachera. » « Cuida el cine como la niña de tus ojos, que te los sacará.» Santiago A. Zannou est le réalisateur de El Truco Del Manco. Il est sympa, volubile, d’une énergie incroyable. Comment avoir trouvé l’idée d’un héros han- dicapé moteur ? Grâce à deux choses, la sensation que tu as en toi, et ce qui vient de l’extérieur. J’ai eu la chance de rencontrer un jeune handicapé avec énormément de talent. Il m’a suffi de parler avec lui puis tout a été rapide. J’ai le sentiment que les jeunes de ces quartiers sensibles doivent lutter. Parlez-nous de la bande-son. La musique exprime beaucoup de choses, c’est quelque chose de capital dans un film. J’ai choisi de faire un mélange car El Truco Del Manco est un film de métissage. Il y a donc du Hip-Hop et du classique car le Hip-Hop est la musique de l’expression et le Classique celle de l’éducation. Ce métissage reflète bien mon opinion. Nous de- vons avoir une éducation de protestation. Quelle est la situation de la drogue dans ces quartiers ? La drogue est quelque chose qui vit parmi les gens, il ne faut pas avoir peur d’en parler. Je ne porte pas de jugement de valeur sur ce sujet, je pense que les gens qui se droguent trouvent là une manière de s’exprimer. Ils veulent qu’on les écoute, pas qu’on les critique. Pourquoi avoir associé ces deux personnages assez différents ? Ils sont comme les deux faces d’une même pièce de monnaie, l’un est handicapé mais est le plus fort moralement et l’autre est le Prince de la cité mais a peur d’avancer. Tu as toujours un handi- cap, certains se cachent derrière, s’en servent d’alibi pour se laisser porter. Mes personnages sont comme les doutes que nous avons. Quel est l’enjeu de la première scène ? (l’entrée dans le bain de Quique, l’handicapé) Elle est là pour que le spectateur comprenne que les actes quotidiens faciles pour certains prennent une ampleur pour d’autres et relèvent de l’exploit. Je veux éveiller une conscience, il y a des gens qui parfois ne peuvent même pas marcher. C’est votre premier film ? C’est mon premier long-métrage, il a gagné trois Goya, meilleure révélation pour l’acteur, meilleure musique et meilleur réalisateur. D’ailleurs, je repars tourner le 8 avril mon pro- chain film au Bénin, accompagné de mon père, émigré il y a 40 ans en Espagne. Je veux faire un mélange entre documentaire et fiction et parlerai des rêves brisés des personnes migrant vers l’Europe, remplis d’espoirs. Il y aura un parallèle entre ma tante qui vit encore au Bénin, heureuse, et mon père qui court toujours après un mieux matériel. Sabores del Dia 8.indd 1 20/03/10 12:16

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Gazette de la 14 ème Biennale du cinéma espagnol d'Annecy 2010.

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del

Día

1

Biennale du Cinéma Espagnol14e

Sabores

Phrase du jour :

Proverbe : RENCONTRE : SANTIAGO A. ZANNOU

Sábado 20 de Marzo 2010 N° 8

«Journée patraque, films en vrac... »

« Soigne le cinoche comme la prunelle de tes yeux, il te les arrachera. » « Cuida el cine como la niña de tus ojos, que te los sacará.»

Santiago A. Zannou est le réalisateur de El Truco Del Manco.

Il est sympa, volubile, d’une énergie incroyable.

Comment avoir trouvé l’idée d’un héros han-dicapé moteur ?

Grâce à deux choses, la sensation que tu as en toi, et ce qui vient de l’extérieur. J’ai eu la chance de rencontrer un jeune handicapé avec énormément de talent. Il m’a suffi de parler avec lui puis tout a

été rapide. J’ai le sentiment que les jeunes de ces quartiers sensibles doivent lutter.

Parlez-nous de la bande-son.

La musique exprime beaucoup de choses, c’est quelque chose de capital dans un film. J’ai choisi de faire un mélange car El Truco Del Manco est un film de métissage. Il y a donc du Hip-Hop et du classique car le Hip-Hop est la musique de l’expression et le Classique celle de l’éducation. Ce métissage reflète bien mon opinion. Nous de-vons avoir une éducation de protestation.

Quelle est la situation de la drogue dans ces quartiers ?

La drogue est quelque chose qui vit parmi les gens, il ne faut pas avoir peur d’en parler. Je ne porte pas de jugement de valeur sur ce sujet, je pense que les gens qui se droguent trouvent là une manière de s’exprimer. Ils veulent qu’on les écoute, pas qu’on les critique.

Pourquoi avoir associé ces deux personnages assez différents ?

Ils sont comme les deux faces d’une même pièce de monnaie, l’un est handicapé mais est le plus fort moralement et l’autre est le Prince de la cité mais a peur d’avancer. Tu as toujours un handi-cap, certains se cachent derrière, s’en servent d’alibi pour se laisser porter.Mes personnages sont comme les doutes que nous avons.

Quel est l’enjeu de la première scène ?

(l’entrée dans le bain de Quique, l’handicapé)

Elle est là pour que le spectateur comprenne que les actes quotidiens faciles pour certains prennent une ampleur pour d’autres et relèvent de l’exploit.Je veux éveiller une conscience, il y a des gens qui parfois ne peuvent même pas marcher.

C’est votre premier film ?

C’est mon premier long-métrage, il a gagné trois Goya, meilleure révélation pour l’acteur, meilleure musique et meilleur réalisateur.D’ailleurs, je repars tourner le 8 avril mon pro-chain film au Bénin, accompagné de mon père, émigré il y a 40 ans en Espagne.Je veux faire un mélange entre documentaire et fiction et parlerai des rêves brisés des personnes migrant vers l’Europe, remplis d’espoirs. Il y aura un parallèle entre ma tante qui vit encore au Bénin, heureuse, et mon père qui court toujours après un mieux matériel.

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ECHOSECHOSECHOSECHOSECHOSECHOS

Coin de tableBoîtacriti k

Alex Brendemhül

Pili Bois,gallega secré-taire

COORDONNEES DES SALLES & DES LIEUX PARTENAIRES

Bonlieu Scène nationale1, rue Jean Jaurès74 000 AnnecyTel : 04 50 33 44 11 www.bonlieu-annecy.comBus, 5, 6, 7, 8. Arrêt : Bonlieu.

Cinéma Les 4 Nemours22 Rue Sainte Claire74 000 AnnecyTel : 04 50 45 47 88 www.decavision.comBus : lignes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10. Arrêt Gare.

MJC NovelPlace Annapurna74 000 AnnecyTel : 04 50 09 68 35 www.mjc-novel.orgBus : ligne 5. Terminus Novel.

Cinéma La TurbinePlace ChorusRue de l’Arlequin74960 Cran-Gevrier04 50 46 18 34 www.laturbine-crangevrierBus : ligne 1. Arrêt Chorus.

Auditorium de Seynod27 Avenue Champ Fleuri74603 SeynodTel : 04 50 520 520 www.auditoriumseynod.comBus : ligne 5. Arrêt Seynod St Jean, Polynôme.

ArteppesPlace Rhododendrons74 000 AnnecyTel : 04 50 57 56 55Ligne 4. Arrêt : Plaine-Edelweiss.

Dans nos locaux, rencontre avec Ventura Durall, le réalisateur de Las dues vidas d’Andrés Rabadán.

D’où vous est venu l’idée de faire un film sur Andrés Rabadán ? L’idée m’est venue par hasard en entrant dans un restaurant où étaient exposés ses dessins. Je me suis demandé comment un tel artiste peut devenir un criminel.

Comment êtes-vous rentré en contact avec lui ? Je lui ai tout d’abord écrit une lettre pour lui demander s’il était d’accord pour que je fasse un documentaire sur lui. Ensuite nous nous sommes échangé plus de trois cent lettres pendant quatre ans et au fur et à mesure il s’est ouvert à moi et m’a raconté des éléments de sa vie dont il n’avait jamais parlé. J’ai tout d’abord voulu faire un documentaire, Le Pardon, puis m’est venue l’idée de la fiction parce que j’avais besoin que le spectateur s’identifie à Andrés Rabadán, qu’on rentre dans sa tête.

Avec un documentaire, je ne pouvais pas faire de flash-back et d’images mentales qui permettent de découvrir des facettes de ce personnage. De cette façon j’aime que l’on sente son l’ambiguïté.

Comment ont été perçus les dessins de Rabadán en Espagne ? L’œuvre de Rabadán est relativement connue en Espagne mais reste un sujet polémique car il y a des préjugés par rapport aux actes qu’il a commis. Rabadán a-t-il vu le film ? Oui, il l’a vu et l’a aimé. D’ailleurs il a donné son accord pour que je puisse mettre au grand jour les affaires de famille telles que les rapports incestueux entre le père et sa fille. Il a validé tous les dialogues et a collaboré à leur écriture.

Pourquoi figurer Rabadán enfant et adulte dans les scènes de flash-back ? Le flash-back est un procédé pour montrer le souvenir revisité par le personnage avec son âme d’adulte. Cela montre sa prise de recul par rapport à cette époque. Dans le film nous croyons qu’il est guéri de sa schizophrénie mais les retours en arrière dévoilent son besoin de faire ce voyage intérieur pour exorciser le passé .

Quelles ont été les conséquences de la sortie du film ? Trois mois après l’avant-première du film, Andrés Rabadán a obtenu une permission de

sortie. Peut-être que cela a facilité certaines choses. En revanche elle a mis à jour le problème du traitement en prison ce qui a créé des hostilités de la part des fonctionnaires pénitentiaires. Les préjugés ont aussi fait leur œuvre car une partie du public a boycotté le film.

Avez-vous déjà participé à d’autres festivals ? Oui, je suis allé à San Sebastian, en France à An-nonay (prix du public), à Paris et prochainement je serai à Nantes.

Comment avez-vous dirigé Alex Brendemhül, l’acteur principal ? Je lui ai demandé de ne pas faire une copie mimétique d’Andrés Rabadán mais de s’approprier son essence profonde. Je lui ai d’abord fait prendre connaissance des tableaux et lui ai fait lire nos lettres. Il lui a rendu des visites en prison pour le connaître. La préparation du tournage a duré deux mois.

Comment qualifieriez-vous votre film ? Mon film pose plus de questions qu’il ne donne de réponses, je voulais que le spectateur se pose des questions sur la prison, l’acte ou la culpabilité.

Aujourd’hui, Andrés Rabadán a 36 ans, il en aura 40 à sa sortie en 2014. Il est marié à Carmen qui attend un bébé pour la semaine prochaine.

Borja Cobeaga, le réalisateur de Pagafantas, a dit hier soir à la Turbine sa surprise de ren-contrer un maire dans une salle de cinéma. On ne lui avait pas dit qu’il y en avait deux : Syl-vie Gillet de Thorey, Maire de Meythet, et évidemment Jean Boutry, maire de Cran-Gevrier. Et puis toute une pléiade de per-sonnalités locales, élues ou non.

Le directeur de la salle, Michel Caré, a, après la projection, entonné de manière tonitruante le cou-

plet de « aux élections, citoyens » crai-gnant sûrement que les spectateurs ne soient trop détachés de la réalité.

Pagafantas, keskeçaveutdire ? Traduction officielle : « le bon co-pain ». Celui qui paie un verre, paie un fanta, une orangeade, mais

A 18h30 , à Faverges, à La Soierie, Le Bruit de la Neige 2010 organise un concert de créateurs. C’est possible d’y aller faire un tour entre deux films.

Ce sont les mêmes qui ont organisé au Brise Glace la soirée d’ouverture de La Biennale. La musique devient une ex-périence sonore, un bruit de « bruitiste », un noise electro. Pas vraiment mélo-dieux hein, mais prenant, ludique, un peu trop conceptuel quand même des fois.

Hier nous avons reçu à la Gazette une adorable femme, pleine de vie, May Silva qui est la directrice de la fondation du cinéma espagnol andalou. Son travail est au départ de promouvoir le cinéma andalou en Espagne et dans le monde entier. Au départ, elle était actrice puis elle se lança dans la production théâtrale et audiovisuelle. Elle travaille depuis quatre ans avec la Biennale en assurant la première sélection des films anda-lous qu’elle montre à Loïc Diaz Ronda qui les choisit .

Cette année il y a trois films andalous au programme : Yo, también, Dejate caer dont les sous-titres ont été écrits par May Silva, et Sevilla City.

Le Club Deportivo Obrero Es-pañol apporte un souffle d’air épi-cé venant tout droit de l’Espagne en proposant dans leur quartier général, au Chemin de la Prairie, de nombreuses activités comme le flamenco, le football, la cuisine ou les jeux de cartes ainsi que des voyages organisés une fois tous les ans. Tout cela orchestré sous l’œil bienveillant du président : Manuel Sanchez et du doyen vice-prési-dent : Jose Luis Marcias. C’est la première fois qu’ils participent à la Biennale même si chaque année ils en avaient déjà l’intention sans pouvoir la concrétiser.

L’association apporte un courant chaud de culture espagnole à notre Biennale.

Ce club est un endroit très cha-leureux et convivial où les res-sortissants espagnols d’Annecy aiment se retrouver, mais chacun est le bienvenu afin de cultiver et conserver la culture espagnole.

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Boîtacriti k

Carmen Machi et Javier RebolloBorja Cobeaga

Pili Bois,gallega secré-taire

«C’était là que je vivais»A propos du film C’EST ICI QUE JE VIS

de Marc Recha

Choisissons parmi les spectateurs un specta-teur moyen qui va voir C’est ici que je vis, le film de Marc Recha. Bon, ce genre de specta-teur n’est pas difficile à trouver : il y en a tout plein par définition…

Maintenant, imaginons que ce spectateur moyen soit issu de l’immigration espagnole sur Annecy. Cela réduit largement le champ des possibilités. Mais à n’en pas douter, il existe. En tout cas, sur Annecy le nombre de ceux qui affluent pour le festival n’est pas né-gligeable. Mais alors, si le spectateur, choisi au hasard bien sûr dans le panel des immigrés es-pagnols, a ceci de particulier qu’il a lui-même vécu dans le quartier nord-ouest de Barcelone qui est précisément le motif essentiel du film (c’est Marc Recha lui-même qui le dit) alors, le regard qu’il porte sur le film devient vrai-ment singulier ! On tient celui qu’on appellera l’indigène d’avant.

Que dit le film ?Par-delà l’anecdote que raconte ce film

dans lequel on s’applique à suivre une tranche de vie, un bout d’histoire (faire sortir sa mère de prison, un concours de chardonnerets, des courses de lévriers dans lesquelles on joue des sommes dérisoires), ce film dit la vie d’un quartier qui s’appelle Vallbona. L’indigène que j’ai contacté me rappelle qu’ancienne-ment ce quartier s’appelait Torre Baró. Je lui ai demandé pourquoi ce changement, mais il ne m’a pas répondu (silence pesant). Ce quar-tier n’est vivant que parce qu’on l’a ramené à la vie : la rivière, les arbres, les roseaux, la faune animale (renard, oiseaux). D’accord, d’accord…

C’est un quartier qui revient de loin : après avoir connu « la vie » il avait été rasé pour la construction d’une autoroute. De sorte qu’il ne restait plus que la tête dans la montagne (à l’ouest) et les pieds dans la rivière (à l’est) tandis qu’au milieu coulait l’autoroute. L’in-digène me précise encore qu’il ne restait que la moitié du crâne car l’autre moitié avait été ravagée par la construction de la Ciudad Meri-

diana (un ensemble de HLM). Et, si l’on veut bien poursuivre avec la métaphore, qu’en est-il alors du corps de ce quartier ? La réponse m’a parue brutale : le reste, comme tout corps décomposé, gît sous des tonnes de gravats…

Maintenant, oui c’est vrai, les habitants, les urbanistes, les écologistes ont redonné de la vie au quartier. Le film y contribue aussi. Car il faut savoir que l’immense majorité des barcelonais en ignorait l’existence et ne savait pas où le situer sur une carte. Comment pou-vait-on ne pas savoir qu’un village existait en pleine ville ? Le paradoxe n’est qu’apparent. L’indigène m’a répondu qu’il suffisait que par le hasard d’une urbanisation despotique, le village se trouve enclavé ou coupé de toutes les voies de communication mais avec, tout de même, quelques voies d’accès confidentielles. L’indigène m’a invité, de manière quelque peu ironique, à pousser plus avant ma réflexion : pourquoi l’automobiliste moyen s’écarterait-il des voies toutes tracées pour aller dans un lieu dont il ignore l’existence ?

Je vous le demande ! Un quartier donc. Mais attention, les habitants de ce quartier vivent dans des conditions de logement qu’on peut qualifier de relativement précaires. Précaires si l’on compare avec l’autre époque. Dans la période présente, ce sont de petits boulots, des difficultés à joindre les deux bouts. La sœur de Petit indi doit trouver trois mille euros à re-mettre à qui de droit mais il est difficile de les trouver. Rien ne dit mieux la vie au quotidien des catalans pauvres de Barcelone. La Barce-lone des « Ramblas » si prisée de nos touristes est passée par pertes et profits. Ca ne fait pas de mal.

Mais, que dit l’anecdote que raconte le film ?Un drôle d’histoire. Il faut se méfier des re-

nards dans un film. Car la fable n’est jamais loin.

D’un côté, il y a un renard. Il est blessé et vi-siblement malade. Quand Petit indi le trouve,

il est gisant, agonisant. Il a perdu la moitié de sa fourrure. Il est jeune. C’est un renardeau.

D’un autre côté, il ya le chardonneret sif-fleur. Il chante si bien. C’est un champion. Il vaut de l’argent. On se dispute cet oiseau. On veut l’acheter. Le vendre aussi ?

Le chardonneret et le renardeau sont l’objet de tous les soins de la part de Petit indi. En agissant ainsi, Petit indi concilie l’inconci-liable : le ciel et la terre, l’oiseau et le chasseur de proie, le règne humain et le règne animal.

Pourtant, rien ne peut changer leur nature.Petit indi a quelque chose du franciscain :

la croyance abusive dans le paradis sur terre...

FAMILY STRIP

Un anniversaire des grands parents, l’un des participants est peintre : il fait un tableau des grands parents. Une caméra tourne, comme souvent lors d’une fête de famille : et peu à peu ce qui devait sans doute s’ajouter à la pile de cassettes ou DVD familiaux devient un vrai film, improvisé, où des voix nous parlent d’un passé qui ne se mesure, en quantité d’années, qu’à deux chiffres et qui pourtant témoigne de la disparition d’un monde. La grand’mère, qui monopolise tranquillement, gentiment, mais fermement la parole malgré les efforts désespérés de son mari pour essayer « d’en placer une », évoque en riant ce monde où le catholicisme le plus rigoriste tenait la sexua-lité en respect, et où, enceinte, elle se préparait à l’idée que le bébé sortirait par le nombril et non par « cette cochonnerie »…

Tous deux racontent cela avec humour, ten-dresse. La grand’mère rit des hantises d’antan, le fils de n’avoir pas du tout été désiré. Les deux grands parents s’étonnent de la manière dont ils sont représentés sur le tableau et de ce qu’on fera de leur image, et posent, à travers ces interroga-tions, les ques-tions fondamen-tales du cinéma et de la représen-tation.

Un sacré anni-versaire, quoi !

sortie. Peut-être que cela a facilité certaines choses. En revanche elle a mis à jour le problème du traitement en prison ce qui a créé des hostilités de la part des fonctionnaires pénitentiaires. Les préjugés ont aussi fait leur œuvre car une partie du public a boycotté le film.

Avez-vous déjà participé à d’autres festivals ? Oui, je suis allé à San Sebastian, en France à An-nonay (prix du public), à Paris et prochainement je serai à Nantes.

Comment avez-vous dirigé Alex Brendemhül, l’acteur principal ? Je lui ai demandé de ne pas faire une copie mimétique d’Andrés Rabadán mais de s’approprier son essence profonde. Je lui ai d’abord fait prendre connaissance des tableaux et lui ai fait lire nos lettres. Il lui a rendu des visites en prison pour le connaître. La préparation du tournage a duré deux mois.

Comment qualifieriez-vous votre film ? Mon film pose plus de questions qu’il ne donne de réponses, je voulais que le spectateur se pose des questions sur la prison, l’acte ou la culpabilité.

Aujourd’hui, Andrés Rabadán a 36 ans, il en aura 40 à sa sortie en 2014. Il est marié à Carmen qui attend un bébé pour la semaine prochaine.

Borja Cobeaga, le réalisateur de Pagafantas, a dit hier soir à la Turbine sa surprise de ren-contrer un maire dans une salle de cinéma. On ne lui avait pas dit qu’il y en avait deux : Syl-vie Gillet de Thorey, Maire de Meythet, et évidemment Jean Boutry, maire de Cran-Gevrier. Et puis toute une pléiade de per-sonnalités locales, élues ou non.

Le directeur de la salle, Michel Caré, a, après la projection, entonné de manière tonitruante le cou-

plet de « aux élections, citoyens » crai-gnant sûrement que les spectateurs ne soient trop détachés de la réalité.

Pagafantas, keskeçaveutdire ? Traduction officielle : « le bon co-pain ». Celui qui paie un verre, paie un fanta, une orangeade, mais

qui n’est payé en retour que d’une tape dans le dos, rien d’autre, no sexe.Ah ! cette tape dans le dos de la copine canon tant désirée ! Cette embras-

sade chaste ! Ces petits coups dans le dos, ce sont « des bruits de clous dans le cercueil ».

La mujer sin piano : pour un film espagnol, l’humour est plutôt polonais, absurde. On rit parfois devant les échecs accumulés de Rosa. On pense aussi à Kauris-maki, petite musique et charme désenchanté. Et aussi à Jacques Tati pour la bande son, invasion des bruits du quotidien.

Le réalisateur Javier Rebollo comme son actrice Carmen Machi portent le film à bout de voix. Joyeusement intarissables. Quand on pense que Carmen est mutique, ou presque, dans le film...

Cette année il y a trois films andalous au programme : Yo, también, Dejate caer dont les sous-titres ont été écrits par May Silva, et Sevilla City.

Le Club Deportivo Obrero Es-pañol apporte un souffle d’air épi-cé venant tout droit de l’Espagne en proposant dans leur quartier général, au Chemin de la Prairie, de nombreuses activités comme le flamenco, le football, la cuisine ou les jeux de cartes ainsi que des voyages organisés une fois tous les ans. Tout cela orchestré sous l’œil bienveillant du président : Manuel Sanchez et du doyen vice-prési-dent : Jose Luis Marcias. C’est la première fois qu’ils participent à la Biennale même si chaque année ils en avaient déjà l’intention sans pouvoir la concrétiser.

L’association apporte un courant chaud de culture espagnole à notre Biennale.

Ce club est un endroit très cha-leureux et convivial où les res-sortissants espagnols d’Annecy aiment se retrouver, mais chacun est le bienvenu afin de cultiver et conserver la culture espagnole.

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Lexique

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PortraitChinoisCinéExpress Tapis RougeBSN Théâtre

14h00 : Le silence avant Bachde Pere Portalleba

16h00 : Dejate caer de Jesus Ponce18h00 : VOSde Cesc Gay

20H30 : Clôture officielleLos condenados

De Isaki Lacuesta

BSN petite salle14h30 : Familystrip

de Luis Miñarro16h30 : Pagafantasde Borja Cobeaga

18h30 : Un tir dans la têtede Jaime Rosales

21h00 : Recde Jaume Balaguero & Paco Plaza

Les 4 nemours14h00 : La mujer sin piano

de Javier rebollo16h45 : Tres dies amb la familia

de Mar coll19h00 : 20 centimètres

de Ramon Salazar21h30 : Ander

de Roberto Caston

La Turbine14h00 : El truco del manco

de Santiag A Zannou16h00 : Les dues vides d’Andres

Rabadánde Ventura Durall

MJC de Novel14h00 : Un buen hombrede Juan Martinez Moreno16h00 : Garbo : el espia

de Edmon Roch18h00 : Rec 2

de Jaume Balaguero & Paco Plaza

Auditorium de Seynod14h00 : Cobardes

de Jose Corbacho & Juan Cruz16h00 : Un rayo de luz

de Luis Lucia 18h00 : C’est ici que je vis

de Marc Recha

L’équipe de SaboreS deL día : Maquette : Jules GARREAU rédaction : Terminales « Cinéma Audio-visuel » du lycée Gabriel Fauré, à Annecy : Yuna DE MEO, Fanny DUPERIER, Laurine DUSSOLIET-BERTHOD, Audrey GALLACIO, Johanna GONZALEZ, Orianne JACQUIER, Amélie LASSALLE-RAMBES, Clara LAVIGNE, Chloé MIGNON, Elodie MUFFAT-MERIDOL,

Adélie NEGRE, Laura PARCHET, Mathilde RASTELLO, Manon REYNAUD, Camille SAYOUS, Laurie-Anne THEVENOT, Mélanie VINCETTE, Manon VIGLINO, Elise LUCIANI. profeSSeurS : emmanuel DELESSERT, Caroline DU CREST, Perrine LAMY-QUIQUE.

Lycée Gabriel Fauré

Quoi faire ?

La comédie : La comediaLe rire : La risaLa romance : La copla, el cupléLe comique : Lo cómico, la comicidadL’ambiance : El ambienteOuarf ! : Hahahaha !Drôle : DivertidoBurlesque : BurlescoLe gag : El efecto cómicoL’amusement : El entretenimiento, el regocijo (la rigolade)

Rencontre avec Borja Cobeaga, réalisateur.

Pagafantas, qui a obtenu le prix de la critique et du meilleur premier film au festival de Malaga, est le pre-mier long métrage de Borja Cobeaga. Cependant ce n’est pas sa première œuvre puisqu’il réalisait déjà des films à 10 ans au jardin d’enfant, des films sans scénario mais avec beaucoup d’ambition ! Les premiers films sont souvent source de beaucoup de questionnement pour les jeunes réalisateurs ce qui les pousse à faire des oeuvres sérieuses sur des thèmes qui leur tiennent à cœur. A l’inverse, Borja Cobeaga a voulu créer une atmosphère légère et drôle. Pari risqué car la comédie est un genre très exigeant et difficile à mener. Mais pas pour Señor Cobeaga ! Il a une as-tuce : né à San Sebastian, près de la frontière française d’où il captait la télé francophone durant son enfance, il a pu s’inspirer des comédies de Louis de Funès ainsi que du célébrissime Dîner de con de Francis Weber et aussi de sa propre vie. Et ça a marché. Pagafantas a été très apprécié en Espagne, il n’a rencontré aucun problème pour la distribution. Ce qui est très bien car les comédies espagnoles sont rarement bien reçues. Elles sont vues, mais les critiques ne sont jamais très élogieuses.Borja Cobeaga confie alors son obsession du rythme, il ne voulait aucun temps mort dans son film. Il ex-plique qu’en général au cinéma une page de découpage technique représente une minute de film, pour lui 30 secondes seulement ! Son projet a venir devait être un court métrage d’horreur mais en l’écrivant il a basculé dans la comédie, il aime bien jouer comme un funambule

sur le fil ténu entre le drame et la comédie. Finalement on découvrira son prochain long-métrage à Noël. Souhaitons-lui :¡ Buena suerte !

JUAN MARTINEZ MORENO

Réalisateur du film Un buen hombre

Un baiser de cinéma : Ingrid Bergman et Cary Grant dans Les Enchaînés

Un navet : AvatarUn héros de film d’animation : DumboQuelqu’un : Mon pèreUn artiste espagnol : Antonio GadesUn fruit : L’orangeUn bruit : N’importe lequel dans la cuisineUne scène d’horreur : Las vainas / Les cosses dans L’invasion des profanateurs de sépulture de Don SiegelUn coin d’Espagne : San Sebastian, le vieux quartierUn genre cinématographique : TousUn dicton : Estar contigo, non estar contigo,

asi mido mi tiempo / Etre avec toi ou ne pas être avec toi, c’est comme ça que je mesure le temps.

Un sentiment : Tous, même les politiquement incorrectsUn mot : CinémaUne partie du corps : La nuqueUn des cinq éléments : L’eauUn plat espagnol : Cordero asado / L’agneau rôtiUne danse : Le twistUn animal : El lemur / Le lemurienUn acteur, une actrice de cinéma : Emilio Gutíerrez Caba, Natalie Poza.

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