s e année Georges Frêche€¦ · Chroniques : Jean-Baptiste Morvan Combat des idées : Gérard...

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L’ACTION FRANÇAISE « Tout ce qui est national est nôtre » Le président Le président en camp en camp agne... électorale agne... électorale : Sar Sarko zy visite zy visite les z les z ones r ones r ur ur ales ales PAGE 5 FRANCE FRANCE JEAN-CHRISTIAN PETITFILS : JEAN-CHRISTIAN PETITFILS : DU NOUVEA DU NOUVEAU SUR L'ASSASSIN U SUR L'ASSASSINAT D'HENRI IV T D'HENRI IV p. 16 Royaume-Uni, Royaume-Uni, Allemagne, France Allemagne, France : La déf La déf ense entr ense entre utopie et réalisme utopie et réalisme PAGE 6 EUROPE EUROPE Une critique Une critique du féminisme du féminisme : Le der Le der nier a nier ava tar tar de l'ég de l'ég alitarisme alitarisme PAGE 16 IDÉES IDÉES 3 s N° 2788 64 e année Du 18 février au 3 mars 2010 Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois www.actionfrancaise.net 2 0 0 0 3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@h@s@s@a; M 01093 - 2788 - F: 3,00 E voir pa oir pag e 3 e 3 Une violence "ordinaire" Les professeurs du lycée Adolphe-Chérioux de Vitry- sur-Seine qui refusent de re- prendre leurs cours depuis l'agression dont a été victime dans l'établissement un élève de quatorze ans et qui de- mandent une présence poli- cière accrue, se trouvent de- vant un cas de violence ordi- naire en milieu scolaire. Ils ouvrent maintenant les yeux, et l'on peut se demander combien d'entre eux ont contribué à semer la pagaille dans les écoles par un "péda- gogisme" très rousseauiste à la mode il n'y a guère, et qui voulait qu'aucune autorité ne fût imposée aux enfants. L'on devait alors ouvrir les cours de récréation pratiquement à tous les vents et la violence n'avait plus de frein... Nous déplorons ces choses de- puis des lustres, mais cela continue alors que M. Sarkozy s'est fait élire comme le champion de la « sécurité »! Et à chaque occasion il ressort le couplet de la « sanctuarisa- tion » des établissements... Alors pourquoi M. Luc Chatel, ministre de l'Éducation natio- nale, refuse-t-il depuis deux semaines à ces professeurs in- dignés une protection poli- cière indispensable ? Ils ne font que demander la sécurité pour leurs élèves et un peu de considération pour eux- mêmes. M. Chatel n'en a cure. Le poltron attend que cela se calme... Les considérations budgétaires passent avant le droit de ne pas risquer sa vie en allant à l'école ! Voilà la grande et meurtrière contra- diction de ce gouvernement qui se gargarise d'effets d'an- nonces et qui est incapable de se faire respecter. Une fois de plus la France a l'air d'être embarrassée de sa jeunesse. C'est le signe de la pire des décadences. L a question des retraites, lancinante et diviseuse, n'a pas fini d'empoisonner la vie politique. Il faut pourtant bien se rendre à l'évidence : les caisses sont vides ! Aujourd'hui, sur dix retraites versées, une n'est pas financée. Dans dix ans, ce sera une sur huit. M. Sarkozy, rappelant ces chiffres alarmants aux syndicats qu'il recevait ce lundi 15 février, a tenté de les rassurer en leur annonçant qu'il ne prendrait pas de mesure avant au moins cinq mois de concer- tation. Cela ne les empêchera pas d'organiser une journée d'ac- tion le 23 avril, il leur faut bien tenir leurs troupes en mains ! On trouvera toujours quelque raison de descendre dans la rue... Pas plus sérieux, le Parti socia- liste, en dépit de quelques hé- sitations vite oubliées de Mar- tine Aubry, se raidit à outrance dans son refus de discuter sur l'âge de départ à la retraite ; il s'en tient à soixante ans, comme à un acquis social, comme aux catastrophiques trente-cinq heures... Il n'a rien appris ni rien oublié depuis les temps déma- gogiques d'après 1981. M. Sarkozy, va devoir de nou- veau se lancer dans de grandes envolées, genre "travailler plus pour gagner plus", mais il aura plus de mal à faire passer un re- port de l'âge de la retraite qu'il n'en a eu à instaurer la coutume pourtant anticatholique du tra- vail le dimanche. Signe des temps décadents... Quoi qu'il dise il est coïncé par les échéances électorales. Il semble avoir trouvé le moyen de chas- ser les retraites de la campagne pour les régionales, mais peu après commencera à s'ouvrir la pré-campagne pour l'élection présidentielle... De toute façon les caisses ne se rempliront pas par miracle. On n'osera jamais trop dire que le mal actuel est dû aux politiciens de ces quarante dernières an- nées, apprentis sorciers égoïstes, qui n'ont pas su prévoir qu'en l'absence d'une véritable poli- tique familiale entretenant la natalité, on ne pourrait plus payer les retraites. Les enfants empêchés de naître par l'avortement légalisé, par le manque d'aides aux familles qui ne peuvent plus être nom- breuses, par trop d'incitations pour les mères à travailler hors de chez elles... seraient aujour- d'hui les actifs qui paieraient les retraites des "seniors", lesquels vivent de plus en plus longtemps. Et la situation sera pire dans les années à venir. Gémir ne servira de rien si l'on ne dénonce pas l'incurie de la République, incapable de conce- voir une politique dans la durée. Il faut vite changer de poli- tique... et de régime. Michel Fromentoux RETRAITES La course à l'abîme Confronté aux méfaits de l'incurie républicaine, Nicolas Sarkozy pourrait bien se casser les dents sur la réforme des retraites. Georges Frêche président !

Transcript of s e année Georges Frêche€¦ · Chroniques : Jean-Baptiste Morvan Combat des idées : Gérard...

  • L’ACTION FRANÇAISE« To u t c e q u i e s t n a t i o n a l e s t n ô t r e »

    Le prés ident Le prés ident

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    JEAN-CHRISTIAN PETITFILS :JEAN-CHRISTIAN PETITFILS : DU NOUVEADU NOUVEAU SUR L'ASSASSINU SUR L'ASSASSINAAT D'HENRI IVT D'HENRI IV p. 16

    Royaume-Uni , Royaume-Uni ,

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    3 s y N° 2788 y 64e année y Du 18 février au 3 mars 2010 y Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois y www.actionfrancaise.net

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    Une violence"ordinaire"Les professeurs du lycéeAdolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine qui refusent de re-prendre leurs cours depuisl'agression dont a été victimedans l'établissement un élèvede quatorze ans et qui de-mandent une présence poli-cière accrue, se trouvent de-vant un cas de violence ordi-naire en milieu scolaire. Ilsouvrent maintenant les yeux,et l'on peut se demandercombien d'entre eux ontcontribué à semer la pagailledans les écoles par un "péda-gogisme" très rousseauiste àla mode il n'y a guère, et quivoulait qu'aucune autorité nefût imposée aux enfants. L'ondevait alors ouvrir les coursde récréation pratiquement àtous les vents et la violencen'avait plus de frein...Nous déplorons ces choses de-puis des lustres, mais celacontinue alors que M. Sarkozys'est fait élire comme lechampion de la « sécurité » !Et à chaque occasion il ressortle couplet de la « sanctuarisa-tion » des établissements...Alors pourquoi M. Luc Chatel,ministre de l'Éducation natio-nale, refuse-t-il depuis deuxsemaines à ces professeurs in-dignés une protection poli-cière indispensable ? Ils nefont que demander la sécuritépour leurs élèves et un peu deconsidération pour eux-mêmes. M. Chatel n'en a cure.Le poltron attend que cela secalme... Les considérationsbudgétaires passent avant ledroit de ne pas risquer sa vieen allant à l'école ! Voilà lagrande et meurtrière contra-diction de ce gouvernementqui se gargarise d'effets d'an-nonces et qui est incapable dese faire respecter. Une fois deplus la France a l'air d'êtreembarrassée de sa jeunesse.C'est le signe de la pire desdécadences. n

    La question des retraites,lancinante et diviseuse, n'apas fini d'empoisonner la viepolitique. Il faut pourtant biense rendre à l 'évidence : lescaisses sont vides ! Aujourd'hui,sur dix retraites versées, unen'est pas financée. Dans dix ans,ce sera une sur huit. M. Sarkozy,rappelant ces chiffres alarmantsaux syndicats qu'il recevait celundi 15 février, a tenté de lesrassurer en leur annonçant qu'ilne prendrait pas de mesure avantau moins cinq mois de concer-tation. Cela ne les empêcherapas d'organiser une journée d'ac-tion le 23 avril, il leur faut bien

    tenir leurs troupes en mains ! Ontrouvera toujours quelque raisonde descendre dans la rue...Pas plus sérieux, le Parti socia-liste, en dépit de quelques hé-sitations vite oubliées de Mar-tine Aubry, se raidit à outrancedans son refus de discuter surl'âge de départ à la retraite ; ils'en tient à soixante ans, commeà un acquis social, comme auxcatastrophiques trente-cinqheures... Il n'a rien appris ni rienoublié depuis les temps déma-gogiques d'après 1981.M. Sarkozy, va devoir de nou-veau se lancer dans de grandesenvolées, genre "travailler plus

    pour gagner plus", mais il auraplus de mal à faire passer un re-port de l'âge de la retraite qu'iln'en a eu à instaurer la coutumepourtant anticatholique du tra-vail le dimanche. Signe destemps décadents... Quoi qu'ild i se i l e s t co ïncé pa r l e séchéances électorales. Il sembleavoir trouvé le moyen de chas-ser les retraites de la campagnepour les régionales, mais peuaprès commencera à s'ouvrir lapré-campagne pour l'électionprésidentielle...De toute façon les caisses ne serempliront pas par miracle. Onn'osera jamais trop dire que le

    mal actuel est dû aux politiciensde ces quarante dernières an-nées, apprentis sorciers égoïstes,qui n'ont pas su prévoir qu'enl'absence d'une véritable poli-tique familiale entretenant lanatalité, on ne pourrait pluspayer les retraites. Les enfants empêchés de naîtrepar l'avortement légalisé, par lemanque d'aides aux familles quine peuvent plus être nom-breuses, par trop d'incitationspour les mères à travailler horsde chez elles... seraient aujour-d'hui les actifs qui paieraient lesretraites des "seniors", lesquelsvivent de plus en plus longtemps.Et la situation sera pire dans lesannées à venir. Gémir ne servira de rien si l'onne dénonce pas l'incurie de laRépublique, incapable de conce-voir une politique dans la durée.Il faut vite changer de poli-tique... et de régime. n

    Michel Fromentoux

    o RETRAITES

    La course à l'abîmeConfronté aux méfaits de l'incurie républicaine, Nicolas Sarkozy pourraitbien se casser les dents sur la réforme des retraites.

    Georges Frêche président !

  • z ÉCONOMIE & MÉDIAS

    z 2 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2788 – du 18 février au 3 mars 2010

    » PRESSE 2.0

    La presse française, commeson homologue américaine,s'essaie à rompre avec le "toutgratuit" en ligne. En témoignel'initiative du Figaro : « Lesite gratuit demeure, maisune partie de son contenusera désormais en accèspayant ; ce sera le cas pourcertaines informations, leschroniques ou les éditoriauxtout comme le carnet du jour,a précisé Pierre Conte, direc-teur général adjoint dugroupe. » (AFP, 12/02/2010)

    » LOPPSI II

    Le projet de loi sur la sécuritéintérieure a été adopté parl'Assemblée nationalemardi 15 février. Entre autresmesures controversées, il pré-voit la possibilité de deman-der aux fournisseurs d'accès,sur décision judiciaire, de blo-quer des sites réputés pédo-pornographiques. « La mise enplace d'un système généraliséde filtrage du net est unepremière en France », ob-serve Erwan Cario (Écrans,09/02/2010). Commentant undiscours de Brice Hortefeux,notre confrère affirme que« le but est [...] clairementque moins d'internautes tom-bent "involontairement" surun contenu illégal ». Or, pour-suit-il, « comment luttercontre la pédo-pornographieen "luttant" contre les signa-lements ? » « Mettre en placeun système de filtrage aussicoûteux et risqué avec commeseul objectif de diminuer des"accidents" qui ne concernentqu'une infime partie de la po-pulation connectée » luisemble donc « un peu aberrant ».

    » SÉCURITÉ

    Les États-Unis font face à desmenaces « graves et impor-tantes » sur Internet, a af-firmé sur NBC John Brennan,conseiller du présidentObama. « C'est un défi trèscomplexe et compliqué maisnous travaillons en étroiteliaison avec le secteurprivé », a-t-il expliqué. (AFP,08/02/2010) En pleine criseavec les autorités chinoises,Google vient de solliciterl'aide de la NSA, rapporte leWashington Post.

    » LIBERTÉ

    L'accès à Gmail serait sus-pendu en Iran. Les inter-nautes seraient invités à utili-ser un nouveau service natio-nal de messagerie. Cela pour« stimuler le développementlocal des technologies Inter-net et instaurer la confianceentre le peuple et le gouver-nement », selon les propos del'Agence iranienne des télé-communications, rapportéspar le Wall Street Journal etcités par Camille Gévaudan(Écrans, 11/02/2010).

    Àquelque chose malheur estbon. La crise grecque ra-mène au principe de réa-lité, qui confirme tout bonnementqu'un État, comme un particulier,ne saurait indéfiniment accumu-ler les dettes sans encourir unesanction, la faillite ou la mise soustutelle. Ce désordre européenmontre aussi que la monnaieunique ne constitue pas une as-surance tous risques. On s'en dou-tait un peu, sans qu'il soit né-cessaire de rouvrir le procès deMaëstricht et du traité de Lis-bonne.

    Tricherie et laxisme

    Les principaux dirigeants euro-péens l'ont répété à satiété cesderniers jours : la Grèce ne risquepas la faillite, l'Union européennene va pas la laisser tomber. Ils'agissait de décourager les at-taques spéculatives des marchésfinanciers contre un euro fragi-lisé et en même temps de lier lesmains du Premier ministre grecGeorges Papandréou. En atten-dant une éventuelle aide à ce payssurendetté, avec un déficit publicde 12,7 % sur le PIB en 2009. Soit dit en passant, on est bienloin des fameux critères deconvergence qui, en principe, in-terdisaient à chaque pays de lazone euro d'afficher un déficit su-périeur à 3 % du PIB. Il est vraiqu'un pays réputé solvable commela France n'a pas donné le meilleurexemple ; les agences de nota-tion l'ont d'ailleurs à l'œil.

    Directeur de 1965 à 2007 : Pierre Pujo (?)

    Directeur de la publication : M.G. PujoDirecteur éditorial : Gérard BedelRédacteur en chef : Michel FromentouxRédacteur graphiste : Grégoire Dubost

    Politique française : Guillaume Chatizel, Jean-Philippe Chauvin, Antoine Goursky, Stéphane PiolencSociété :Stéphane Blanchonnet, Jean-Pierre Dickès, Michel FromentouxEurope :

    Charles-Henri Brignac, Grégoire Dubost, Guy C. MenusierMonde : Philippe Maine, Pascal NariHistoire :Michel Fromentoux, Yves Lenormand,René Pillorget, Frédéric WinklerCulture : Anne Bernet, Monique Beaumont, Charles-Henri Brignac, Alain WaelkensChroniques : Jean-Baptiste MorvanCombat des idées :Gérard Baudin, Stéphane Blanchonnet

    Abonnements, publicité, promotion : Monique Lainé

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    Certes, l'onde de choc provoquéepar la crise des subprimes auxÉtats-Unis a ébranlé les assiseséconomiques de la plupart despays industrialisés, mais la dé-bâcle grecque a des causes spé-cifiques. La première d'entre ellesest la tricherie. Membre de l'Unioneuropéenne depuis 1981 et dèslors au bénéfice d'importants sub-sides communautaires, la Grècea obtenu sa qualification pourl'euro en 2001 en falsifiant sescomptes publics, sans que la Com-mission de Bruxelles, habituelle-ment si vétilleuse, n'y voit quoique ce soit.

    Prébendes

    Pendant ce temps, les gouverne-ments successifs d'Athènes ont pumaintenir artificiellement un sec-teur public pléthorique et, aumoyen de prébendes, s'assurer uneclientèle politique. Ce qui pose,bien entendu, un problème degouvernance dans la zone euro.Un tel laxisme n'a pas échappéaux marchés – terme génériquequi désigne aussi bien les fondsde pension que les organismes au-près desquels les États ont em-prunté des milliards ces derniersmois pour financer leurs plans derelance, sans grand résultat –, d'oùles attaques contre les maillonsfaibles de la zone euro, la Grèceet dans une moindre mesure l'Es-

    pagne et le Portugal. Avec pourconséquence une dépréciation dela monnaie unique, notammentpar rapport au dollar.

    Sévère discipline

    Cette dépréciation a pour effetd'avantager, ou du moins de sou-lager, les exportateurs européens,mais simultanément de renchérirles importations payées en dol-lars, comme le pétrole. Ces phé-nomènes mécaniques sont toute-fois marginaux en comparaisondes risques de propagation du "vi-rus" grec et, au final, de désin-tégration de l'Euroland.C'est pourquoi l'affolement a ga-gné les chefs d'État et de gou-vernement qui, toute affaire ces-sante, se sont réunis la semainedernière à Bruxelles, à l'initiativedu président – désormais perma-nent – du Conseil européen, Her-man Van Rompuy, avec le soutienappuyé du chancelier Angela Mer-kel et du président Sarkozy.L'objectif était d'abord, nousl'avons dit, de donner un signalfort aux marchés tout en pro-mettant une aide concrète à laGrèce. En contrepartie, le gou-vernement socialiste de Papan-dréou devra se plier à une sévèrediscipline afin de réduire les dé-penses publiques ; ce plan d'aus-térité prévoit le gel total des sa-laires des fonctionnaires, la baisse

    des dépenses de santé, le relè-vement de l'âge légal de départà la retraite, etc. Autant de me-sures qui, cumulées, paraissentdifficilement applicables dans unpays où la population, habituéeau laxisme ambiant, vit largementà crédit sans se départir d'un es-prit revendicatif.De leur application effective dé-pend toutefois l'ampleur et la na-ture de l'aide sur laquelle tra-vaillaient en ce début de semaineles ministres européens des Fi-nances. La marge de manœuvreest étroite puisque les traités neprévoient pas le sauvetage d'unpays de la zone euro, alors quela Banque centrale européennene peut accorder un prêt auxÉtats. L'exercice consistait doncà contourner ces interdictions.

    Arrière-pensées

    On a vu que trois acteurs se dé-tachaient dans cette opération desecours : Merkel, Sarkozy et VanRompuy. L'intervention énergiquedes deux premiers tient pour unepart au fait que les banques al-lemandes et françaises sont lesplus exposées de la zone euro encas de défaut de paiement de laGrèce, mais aussi de l'Espagne etdu Portugal. En occupant le de-vant de la scène, Nicolas Sarkozys'est en outre employé à défendreson idée, déjà ancienne, de « gou-vernement économique » de l'UE– sans convaincre Angela Merkel,l'Allemagne n'ayant pas grand-chose à y gagner.Le président de la République n'apas perdu de vue les enjeux depolitique intérieure. Sa ferme op-position à une aide du Fonds mo-nétaire international, recours jugéhumiliant pour l'Europe, n'obéis-sait pas uniquement à un justeprincipe. Ce faisant, Nicolas Sar-kozy voulait éviter que le direc-teur général du FMI DominiqueStrauss-Kahn, adversaire poten-tiel à l'élection présidentielle de2012, ne joue un rôle clé dans lesauvetage de l'euro.Quant à Herman Van Rompuy, ilpoursuit lui aussi un but nonavoué : le président du Conseileuropéen voudrait qu'il y ait àl'avenir plus de sommets à vingt-sept pour empêcher la multipli-cation des sommets bilatéraux,surtout franco-allemands.Ainsi, même dans les affres de larécession, les dirigeants euro-péens ne renoncent pas aux cal-culs plus ou moins médiocres. Ladiablerie des marchés peut en-core donner carrière à son in-ventivité. n

    Guy C. Menusier

    o CRISE GRECQUE

    L'euro face aux marchésL'Europe espère décourager les attaques spéculatives contre un euro fragiliséMême dans les affres de la récession, cependant, les dirigeants européensne renoncent pas aux calculs plus ou moins médiocres...

    o La DGA ne connaît pas la crise. Atteignant prèsde huit milliards d'euros en 2009 – « une année his-torique » –, ses prises de commandes à l'export ontaugmenté de 21 % par rapport à l'année précédente.La France renoue ainsi avec les bons résultats dudébut des années 2000.

    o Le gouvernement a salué, le 5 février, une« nette réduction du déficit commercial de laFrance en 2009 » (43 milliards d'euros, contre55,4 milliards en 2008). Un recul qui résulteraitprincipalement de la baisse de la facture énergé-tique. 2009 fut marquée par « la crise et unecontraction sans précédent du commerce mondial(- 13 % en volume), se traduisant par une baisse

    de la demande mondiale adressée à la France dumême ordre de grandeur », a commenté Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État en charge du Com-merce extérieur.

    o Des « décisions extrêmement importantes »seront prises en avril afin d'enrayer la spirale desdéficits, a annoncé le président de la Républiquele 28 janvier. « Les Allemands sont parvenus à unaccord transpartisan, c'est ce que nous allons es-sayer de faire », a-t-il déclaré. C'est mal parti : lapremière session de la conférence sur le déficit or-ganisée à l'Élysée fut largement boycottée par lagauche, dont les élus locaux prétendent refuser dejouer les "boucs émissaires" d'un État défaillant.

    Un passé prestigieux, mais des finances en ruine

  • POLITIQUE z

    L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2788 – du 18 février au 3 mars 2010 3 z

    z NOTRE SOUSCRIPTION POUR L'AF

    En 1946 était publié aux édi-tions du Soleil, sous le pseu-donyme d'Arouet (le véri-table nom de Voltaire), un petitroman satirique qui montrait lafolie criminelle de la France vic-time de ses "libérateurs" aprèsl'avoir été des hordes hitlériennes.Malheureusement, notre pauvrepays reste l'Absurdie, le pays de Marianne, et la sottise desclasses dirigeantes ne s'est pasaméliorée.

    Idéologie trouble

    On croit rêver. Le modèle fran-çais, fondé sur un égalitarismeaveugle et forcené, a mené notreécole à la débâcle la plus com-plète, au point que le baccalau-réat passe pour une sinistre plai-santerie. Il a fallu créer la Certi-fication Voltaire pour rassurer lesentreprises sur le français desjeunes gens en quête d'emploi.Après les années d'école primaire,de collège et de lycée, le bacca-lauréat est si déconsidéré qu'ilfaut payer 59,90 euros pour seprésenter à la Certification Vol-taire, trois cents questions surl'orthographe, la syntaxe et le vo-cabulaire français auxquelles ondoit répondre en deux heures etdemie et qui permettent de nepas être soupçonné d'analphabé-tisme par un éventuel employeurque la mention du baccalauréatlaisse dubitatif. Le bac ne vautmême pas le vieux certificatd'études primaires ! Et les syndi-cats de l'enseignement de récla-mer « des moyens » et de lancerdes grèves pour un oui ou pour unnon. On devrait apposer sur lesportes des lycées d'État : fermépour cause de faillite.Continuons notre Voyage en Ab-surdie. L'ancien ministre socialisteJack Lang a suivi l'été dernier auGoethe Institut de Berlin un stagede perfectionnement en allemand,et voyait dans la création d'un por-tefeuille de ministre franco-alle-mand, dont rêvait l'Élysée, unposte taillé sur mesure. Mais l'idéedu gouvernement français pourdonner un nouvel élan à l'axe Pa-ris-Berlin a été écartée par lachancellerie allemande. La loi fon-damentale de l'Allemagne stipuleque seuls des ressortissants alle-mands peuvent être nommés à unposte ministériel. Les Français doi-vent savoir que leur classe poli-tique professe des sentiments apa-trides tout en engageant une ré-flexion sur "l'identité française".

    Preuve de l'absurdité de la classedirigeante (hommes politiques ethaute administration), au momentoù il lançait son débat sur l'iden-tité, le gouvernement affaiblis-sait l'enseignement de l'histoiredans les classes supérieures deslycées ! Son débat se noie la-mentablement dans une idéolo-gie trouble : être Français, c'estêtre républicain. Les monarchistesd'Action française risquent-ils ladéchéance civique ?Pour lutter contre l'insécurité, onva instituer un couvre-feu pourles enfants de moins de treizeans, installer des caméras de vi-déosurveillance, utiliser de nou-veaux fichiers informatiquescontre la "petite" délinquance.Que dirait-on d'un médecin quidonnerait des médicaments pourlutter contre la cirrhose à unhomme à qui il conseillerait parailleurs de s'adonner aux boissonsfortes ? Mettre des caméras desurveillance, engager des sur-veillants dans les établissementsscolaires et abreuver la jeunesse

    de cochonneries en tous genresdans les programmes et les acti-vités variées c'est agir de cettemanière. Et que penser d'une po-litique hostile aux familles quandon a mis en place une retraite parsolidarité des générations ?

    L'internationale de la sottiseUne angoisse m'étreint soudaine-ment. Si cette sottise des poli-tiques est un phénomène pure-ment français, nous courons trèsrapidement à notre perte.Rassurons-nous, si j'ose utiliser cemot dans ces circonstances, laplupart des pays ne sont pasmieux lotis que nous et l'interna-tionale de la sottise forme un jolichœur démocratique dans les na-tions occidentales.Pour lutter contre un réchauffe-ment de la planète contesté parune partie importante des savantset des historiens du climat, lesresponsables du monde entier sesont réunis avec force délégations

    de conseillers et d'experts et ilsn'ont pas emprunté les transportsen commun. On n'a même pas rilorsque le président américain quiparlait de réchauffement commetout le monde, s'est dépêché derentrer chez lui à cause d'une me-nace de tempête de neige.Le montant des "missions" et "fraisde représentation" de Jose Ma-nue l Ba r ro so s ' e s t é levé à730 230 euros en 2009 avec32 457 euros de frais de repré-s e n t a t i o n c o n t r e 5 0 0 0 à16 000 euros pour les vingt-sixautres membres de la Commis-sion européenne qui ont dépenséau total près de 4 millions d'eu-ros l'an passé. Ces messieurs pas-sent une partie de leur temps enavion, certainement pour soignerla couche d'ozone.Quand je vois le niveau d'incul-ture et de confusion mentale dela majorité de nos élus, je penseà Aristide Briand qui prenait leconcile de Trente pour une réunionde trente curés ; certains de sessuccesseurs pourraient penser qu'ils'agit de deux équipes de rugbyqui s'affrontent sur un terrain.

    Frêche : la vraie démocratieEnfin, en cette période d'incerti-tudes et de morosité, il nous resteGeorges Frêche. C'est le dernierténor politique puisque M. Le Pense voit poursuivi dès qu'il émetune phrase dérangeante. GeorgesFrêche a traité l'hôte de l'Élyséede « grand mamamouchi aux ta-lons compensés », ce qui n'est pastrès fort, mais, par les temps quicourent, on se contente de peu.Mais laissons ses boutades. Il y aplus sérieux.Dans une réunion publique en jan-vier 2009, il s'est laissé aller àdire tout haut ce que beaucoupd'hommes politiques pensent toutbas. L'électeur moyen réagit avecses entrailles alors qu'on devraiten principe s'adresser à son cer-veau. Les personnes intelligentesne représentant que 5 à 6 %

    de l'électorat, on s'adresse à lamasse imbécile (il utilise un autremot en trois lettres). Voilà la dé-mocratie. Voici comment on or-ganise un mandat de six ans pourêtre réélu : « Les deux premièresannées, vous devenez un maxi-mum impopulaire, vous leur ta-pez sur le claque-bec, etc. Ah,salaud ! Le peuple aura ta peau,on t'aura ! Moi je dis : cause tou-jours ! Je vous emmerde ! En-suite, deux ans, vous laissez re-poser le flan : vous faites destrucs plus calmes. Et les deux der-nières années, plus rien du tout,des fontaines, des fleurs et desbonnes paroles, je vous aime, ôCatalans, je vous aime, ô Occi-tans mes frères, je vous aime.Vous faites un petit institut, unemerde pour propager le catalanauprès de quatre gugusses. Toutle monde est content, évidem-ment ils parlent catalan : commeça, personne les comprend à troiskilomètres de chez eux. Mais çaleur fait plaisir. »« C'est un jeu ! Qu'est-ce que vousvoulez ? Il faut bien en rire.Avant, je faisais ça sérieusement.Maintenant, j'ai tellement l'ha-bitude de la manœuvre que çame fait marrer. »Quintus Cicéron, dans son Petitmanuel de campagne électoraleà l'usage de son frère Marcus, Depetitione consulatus, disait lamême chose mais en termes plusornés comme l'exigeait la dignitésénatoriale.Rions des propos de GeorgesFrêche, mais ne voyons pas en luiun déçu de la démocratie. LesFrançais étouffent. L'incontinenceverbale de Frêche provoque l'in-dignation de ses pairs, mais elleest si utile : c'est une soupape desécurité pour la démocratie to-talitaire. n

    Gérard Bedel

    o VOYAGE EN ABSURDIE

    Georges Frêche président !« Le pays de Marianne est toujours l'absurdie... » En témoigne, jour après jour,le spectacle offert par nos dirigeants politiques. « Ils ne savent que se faire élire et profiter des places... » Georges Frêche, lui, ne s'en cache pas.

    Gérard Bedel, ci-dessus, metl'accent sur l'absurdité de ladémocratie telle qu'elle est pra-tiquée en France, même dansles élections municipales.Les hommes politiques traitentbien souvent les problèmesdans l'optique de leur réélec-tion. Les électeurs : eh oui !cela se manipule... autant

    en profiter ! Ainsi GeorgesFrèche, l'ancien maire de Mont-pellier, l'avait bien compris enmettant au point un processuspour se faire réélire tous lessix ans.Si vous pensez que le suffrageuniversel n'est pas le meilleurmoyen pour faire progresser desidées de salut public dans notre

    pays, dans l'intérêt général, ai-dez-nous. Participez à la sous-cription de L'Action Fran-çaise 2000, et abonnez-vousdans toute la mesure de vosmoyens. Vous nous permettrezainsi de défendre vos idées.Merci d'avance. n

    Marielle Pujo

    Contre l'Absurdie Liste n° 1Virements réguliers : Jean-PierreLopez, 5 ; Jean-Michel de Love,7,62 : Mme Yvonne Peyrérol, 15,24 ;Mlle Annie Paul, 15,24 ; RaymondSultra, 17,78 ; Mme Bellegarde, 20 ;Mme Marie-Magdeleine Godefroy,22,87 ; Mme Marie-Christiane Leclercq-Bourin, 28 ; Henri Morfin,32 ; Mme Tatiana de Prittwitz,45,73 ; Louis Moret, 100.Philippe Boiry, 50 ; Mme HuguetteFouquet, 20 ; « Don pour le jour-nal », Laurent Fourneret, 25 ; Jean-

    Pierre Lopez, 5 + 7 ; Mlle ÉlisabethDominiart Lamotte, 3 ; Xavier Trabet, 100; Thierry Defosse, 20.

    Total de cette liste : 584,48 s3 Merci d'établir vos chèques àl'ordre de Mme Geneviève Castelluc-cio et de les lui retourner à cetteadresse : L'Action Française 2000,10 rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris.

  • z ASPECTS DE LA FRANCE

    z 4 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2788 – du 18 février au 3 mars 2010

    » LA FAUTE AU GEL

    La statue sculptée parMaxime Real del Sarte auxtraits de Charles Maurras, si-tuée place Carnot à Rouen,n'aurait pas été décapitée parun vandale. Selon un commu-niqué de la mairie cité parFrance 3 Normandie, c'est legel qui serait à l'origine de ladégradation du monument.Les services municipaux sechargeraient de le remettreen état. Affaire à suivre.

    Le bébé, cet agresseur...Par quel hasard Élisabeth Ba-dinter se retrouve-t-elle dansles pages centrales de Point devue du 10 février ? Là où l'onvoit plus souvent de grandes etbelles belles familles avec pa-rents et enfants heureux, ellevient tout bonnement dire qu'« onpeut être totalement femme sansêtre mère »... Bien sûr nousconnaissons tous des femmes qui

    ne sont pas mères et dont la vien'est pas pour autant ratée. Pen-sons d'abord à celles que Mme Ba-tinder ignore : les religieuses quiont aspiré à une vocation supé-rieure au mariage pour se don-ner à Dieu et au prochain. Quantaux autres femmes qui n'ont pasvoulu ou pas pu avoir d'enfant, ilne nous viendrait pas à l'idée de les juger.Ce qui est malsain dans le livreque vient de publier cette fémi-niste à tout crin, pourtant elle-même mère de trois enfants, sousle titre Le Conflit, la Femme et

    la Mère (Flammarion), c'estqu'elle prétend revenir trente ansen arrière, à l'époque où quelquesfuries dégrafaient leur soutien-gorge, affirmant que leur corpsleur appartenait et clamant leurrefus de cette chose encombrantequ'est un bébé. « Le retour en force, écrit-elle,du naturalisme (?), remettant àl'honneur le concept bien uséd'instinct maternel (sic) et fai-sant l'éloge du masochisme (sic)et du sacrifice féminins, consti-tue le pire danger pour l'éman-cipation des femmes et l'égalité

    des sexes. » Au nom de l'indiffé-renciation des sexes, elle ne veutpas que l'enfant vienne tuer lamère et tient à ce que le sein nesoit « pas destiné en priorité àl 'enfant mais au mari ou àl'amant ». En somme l'enfant dé-range et empêche parfois decontinuer à se faire belle... La dame pourrait s'en prendre àcelles qui considèrent l'enfantcomme un droit absolu et sontprêtes à en obtenir un par lespires manipulations génétiques(cas, souvent des lesbiennes en"couple" !). En fait elle est de

    même espèce qu'elles : même individualisme forcené, hédo-nisme d'abord !Un tel livre dépréciant la mater-nité est une mauvaise action dansune France qui ne renouvellemême plus ses générations, maisfaut-il s'en étonner de celle qui adit au sujet de l'assassinat deLouis XVI qu'il signifiait « le rejetdu père, et encore plus profon-dément celui de la transcen-dance » ? Elle ne peut comprendrece qu'il y a de transcendant dans la procréation. Qu'elle setaise ! n M.F.

    La réforme du lycée qui entreen application dès septembreprochain est désormaisconnue : en plus du programmed'histoire de Seconde et de la sup-pression de l'histoire comme ma-tière obligatoire en Terminale S,dont il y aurait beaucoup à dire,on relève de profonds change-ments dans la structure du lycéeet de ses enseignements. Cela neva pas dans le bon sens qui seraitcelui d'une meilleure maîtrise desconnaissances et des savoirs etd'une réflexion sur ceux-ci... C'estmême plutôt l'inverse !

    L'utilité économique

    La plupart des matières actuellesperdent des heures, y compris lessciences physiques dans les fi-lières... scientifiques ! Mais, cen'est pas le plus grave : l'espritmême de cette réforme tend àtransformer le lycée en une simplepréparation à l'activité écono-mique alors qu'il devrait aussijouer un rôle de formation des in-telligences, non comme un bour-rage de crâne, mais comme l'ou-verture à la culture et à la ré-flexion. Susciter la curiosité,l'envie de savoir au-delà de lasimple utilité "économique" ou"scolaire", voilà ce que devraitpermettre un enseignement dignede ce nom, un enseignement quichercherait à "élever" les espritsau-dessus des seules préoccupa-tions matérielles.

    Cela est-il absent des projets pré-sentés dans le cadre de la ré-forme ? Pas totalement car il exis-tera des enseignements "d'explo-ration" dont les thèmes sont fortalléchants, comme celui sur "l'écri-ture et l'engagement"... Mais cesenseignements seront-ils assez at-tirants pour des élèves dont leschoix risquent de se porter, pourdes raisons "d'efficacité", sur lesmatières plus scientifiques ?

    En fait, l'une des conséquencesde cette réforme semble être lapromotion d'une sorte d'"école àla carte" qui, en fin de compte,pourrait bien entraîner la dispa-rition des matières littérairescomme les langues anciennes, dé-sormais concurrencées par le chi-nois ou les sciences économiqueset sociales (SES), tandis qu'il serapossible de suivre une partie desenseignements scientifiques ou

    littéraires dans une langue étran-gère, en fait principalement l'an-glais. Cette dernière mesure, ins-crite dans la réforme, risque d'ag-graver le fossé entre les lycées"d'élite" qui proposeront ce genred'enseignement parce que le pu-blic (culturellement "favorisé")pourra s'y prêter, et les autres ly-cées où les élèves maîtriserontmal les bases de notre langue etéprouveront alors plus de diffi-cultés à suivre un enseignementdans une autre langue...

    Sans surprise...

    En somme, si tout n'est pas né-gatif, la logique de cette réformeest vicieuse et, surtout, marquela fin, déjà bien avancée dans lesfaits, d'une certaine culture fran-çaise, classique au sens noble duterme, et d'une tradition d'ensei-gnement diversifié et pas seule-ment "globalisé". Parmi les professeurs, c'est ledésarroi, le dépit, le décourage-ment, et l'impuissance qui domi-nent. Ils disent leur inquiétude,voire leur défiance (pour restercourtois), à l'égard d'une réformequi "divise pour mieux régner" etdémantèle, à bien y regarder, nonpas tellement l'Éducation natio-nale qui reste ce monstre bu-reaucratique et jacobin qu'il estdepuis Jules Ferry (au moins !),mais (et c'est plus grave) l'ensei-gnement "à la française", fondésur l'esprit de découverte et dediscussion, sur la "belle culture"et le débat, sur la rigueur intel-lectuelle et la discussion argu-mentée. Mais, cette réforme est-elle vraiment étonnante de lapart d'une République qui s'estdonné pour président un hommequi n'aime ni la littérature ni lebon vin ? n

    Jean-Philippe Chauvinjpchauvin.typepad.fr

    o RÉFORME DU LYCÉE

    La fin d'une culture françaiseLe nouveau lycée préparera davantage les élèves à la vie active. Ce faisant,il confortera vraisemblablement la désaffection pour les matières littéraires,au risque de négliger la formation des intelligences.

    L'UMPet la "famille"Que ne ferait pas l'UMP pourracoler des voix partoutmême côté gauche "bobo" ?Le Salon Beige nous apprendque Jean-François Copé, pré-sident du groupe UMP à l'As-semblée nationale, a invitéles députés à un colloque inti-tulé pompeusement Le législa-teur face aux questions de so-ciété. Une première tableronde aura lieu sur le thèmequelque peu piégé : La loi re-flet des mœurs ou projet desociété ? Aucun représentantde l'Église catholique, nid'ailleurs protestante, ne figu-rera dans ce débat où la pa-role sera donnée à un rabbin.M. Copé ne sait pas quela France est un pays catholique...Pire, dans la table ronde surle thème Le législateur a-t-ilson mot à dire sur lafamille ? prendra la parole,tenez-vous bien !, FranckTanguy, coprésident de l'asso-ciation des parents gays etlesbiens ! Ainsi donc, pourM. Copé et ses amis, plus dedifférence, mais égalité to-tale entre la famille naturelle(un père, une mère, un oudes enfants) qui assure la pé-rennité de la nation et les"familles" contre-nature quiprofitent des largesses de lanation pour assouvir leurs"tendances"... On devinequelles lois nous concocte-rait, si elle était reconduite,une "majorité" ainsi obnubiléepar l'idée de donner uneprime à l'individualisme leplus exacerbé.

    M.F.

    Le boulot plutôtque les berceauxL'on reparle de la réduction ducongé de maternité. Cela sembleêtre une idée fixe pour M. Sar-kozy lequel ne pense que renta-bilité et voit d'un mauvais œil800 000 femmes chaque annéedéserter le "marché du travail"pour s'occuper de langer leur nou-veau-né... Le Haut Conseil de laFamille a décidé à ce sujet lejeudi 11 février... de ne rien dé-cider. Entre deux options, celle

    de conserver le congé de troisans en offrant aux femmes qui lesouhaitent de le raccourcir pourêtre mieux rémunérées, et cellede réduire ce congé à un an avecune meilleure rémunération, le-dit Haut Conseil laisse trancherle gouvernement dont on sait qu'ilpréfère la seconde option.

    L'exemple de Mme Dati

    Les femmes seront donc invitéesà suivre l'exemple de Rachida Datiqui en décembre 2008 quitta lamaternité pour reprendre vite saplace au conseil des ministres,

    confiant sa fille à ses sœurs (carelle avait la chance d'en avoir)...Les calculs économistes dans untel domaine sont navrants. Com-ment pourra-t-on jamais rempla-cer ce contact si mystérieux et siindispensable de l'enfant et de samaman dans les premières se-maines et même les premiers moisde la vie ? Outre que la santé etla liberté de la mère sont ba-fouées, cette manière de vouloirréaliser des économies sur l'ac-cueil de l'enfant ne favoriseraguère la natalité. Une fois de plusla république s'enferre dans unepolitique à courte vue... n M.F.

    Cette réforme est vicieuse et marque la fin, déjà bien avancée dans les faits, d'une certaine culture française.

  • ASPECTS DE LA FRANCE z

    L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2788 – du 18 février au 3 mars 2010 5 z

    Féminisme à l'Assemblée

    Une proposition de résolutionpromouvant la "clause de l'Eu-ropéenne la plus favorisée" étaitinscrite à l'ordre du jour de laséance publique de l'Assembléenationale du jeudi 18 février. Untexte présenté par des parle-mentaires issus du groupe SRC (so-cialiste, radical, citoyen et divers

    gauche) galvanisés par « une pré-sidence espagnole pleine d'al-lant » qui multiplie les initiativesen faveur de "l'égalité hommes-femmes", comme le constatent,dans un rapport, Mme Anne Grom-merch et Christophe Caresche.Selon un mécanisme jugé « cu-rieux » par le député UMP ÉtienneBlanc, le législateur national de-vrait s'inspirer des législationsétrangères "les plus progressistes"– « notion qui, en droit, [le] laissed'ailleurs perplexe ». Mme Grom-merch (UMP) a pointé les diffi-cultés soulevées par l'applicationd'une clause générale. À ses yeux,« il y a un exemple qui est trèsconcret, c'est celui de l'interrup-tion volontaire de grossesse. Au-jourd'hui, en France, l'IVG n'estpossible que dans les douze se-maines. Or, passer à dix-huit se-maines, délai applicable enSuède, supposerait un débat ap-profondi. Il faut notamment sou-

    ligner qu'un tel délai [...] pour-rait permettre de sélectionner lesexe de l'enfant... » Le député a appelé ses collèguesà « éviter toute prise de positionprématurée ». La commission desAffaires européennes a donc re-jeté la proposition le mercredi3 février. Au préalable, son pré-sident Pierre Lequiller n'a pasmanqué de souligner que ses ré-serves ne portaient « pas sur l'ob-jectif ni sur l'intention, mais surle calendrier ». Ce faisant, ladroite parlementaire a démontré,une fois de plus, combien elle estsoumise à la gauche dans les dé-bats "sociétaux".

    Unanimité sur le fond

    Une semaine plus tard, cet avisfut contredit par la commissiondes Lois. « On ne peut à l'évidencepas légiférer à la hâte sur ce su-jet », a reconnu le socialiste Jé-

    rôme Lambert. Selon lui, cepen-dant, « il s'agit "simplement" [...]de voter une résolution invitantle gouvernement français dans lesnégociations européennes à venirà soutenir le principe de la clausede l'Européenne la plus favorisée.Qui peut refuser une tel lechose ? » Cela ne se discutepas : « Sur le fond du texte lui-même, on ne peut être contre »,a confirmé Mme Marie-Jo Zimmer-mann. « Si nous le rejetions, ex-pliquer notre décision pourraitêtre délicat », a même avertil'UMP François Vannson. La chambre basse a manifeste-ment du temps à perdre. Elle n'estpas la seule : un groupe de tra-vail interministériel étudieraitl'hypothèse d'un traité entre laBelgique, l'Espagne, la Suède etla France afin d'appliquer la clausede "l'Européenne la plus favori-sée" ; ses conclusions sont atten-dues pour le mois de mars. n G.D.

    Àun mois des élections régio-nales, confronté au mécon-tentement des agriculteursen difficulté, Nicolas Sarkozy n'ou-blie pas les campagnes. Pas seu-lement l'agriculture, mais l'en-semble des zones rurales qui, àl'instar des banlieues, se sententsouvent les oubliées des politiquespubliques. « La ruralité, c'estl'agriculture et les agriculteursbien sûr. Mais ce n'est pas que ça.C'est aussi ces villages que l'ondoit défendre » a expliqué le chefde l'État en visite dans le Loir-et-Cher où il a présenté un plan d'ac-tion pour les zones rurales, fai-sant suite aux assises des terri-toires ruraux lancées en octobredernier par le ministre de l'Espacerural et de l'Aménagement du ter-ritoire Michel Mercier.

    Désertification médicalePas facile pour le président de laRépublique d'inverser le sentimentdes habitants des zones ruralesqui, depuis de nombreuses an-nées, voient les services publicsde proximité se raréfier. Et de laréforme de la carte judiciaire àcelle de la taxe professionnelle,qui inquiète de nombreux élus lo-caux, l'exécutif actuel a lui aussialimenté ce sentiment de fragili-sation des zones rurales.C'est sur la question de la déser-tification médicale qu'avait par-ticulièrement insisté Michel Mer-cier : « Le nombre de médecinsgénéralistes diminue de 2 % paran, que ce soit en ville ou à lacampagne, c'est énorme » avait-il rappelé, en plaidant pour denouvelles formes d'exercice de lamédecine comme « les maisonsmédicales pluridisciplinaires ».Avec le ministre de la Santé Ro-

    selyne Bachelot, Nicolas Sarkozya visité un établissement de cetype, estimant qu'il s'agissait de« la bonne réponse contre la dé-sertification médicale ». En troisans, a promis le chef de l'État, l'É-tat et la sécurité sociale finance-ront sur tout le territoire 250 mai-sons de santé pluridisciplinaires.Et l'État financera dès la rentréeprochaine les études de 400 étu-diants en médecine boursiers aux-quels il sera demandé, en contre-

    partie, « de s'installer là où il ya des besoins ». On devrait en fi-nir également avec les "zonesblanches", ces territoires dont leshabitants, mais surtout les entre-prises, ne bénéficient toujours pasde l'accès à Internet en haut dé-bit ou d'un bon accès au réseaude téléphonie mobile. Mais il nefaudra pas être pressé. Si NicolasSarkozy a fixé clairement des en-gagements, d'aucuns estimerontsans doute qu'ils manquent un peu

    d'ambition : d'ici 2013, il a pro-mis la couverture 3G pour les té-léphones mobiles dans toutes lesvilles rurales. Et pour le très hautdébit, il faudra attendre 2020 pourque 70 % des Français y aient ac-cès et 2025 pour que la couver-ture du territoire soit totale. Unmilliard d'euros seront investisdans ce but. C'est pourtant unevraie urgence pour les entreprisesinstallées en zone rurale, y com-pris les agriculteurs, artisans, com-merçants... qui ont particulière-ment besoin de l'accès à Internetpour compenser l'éloignement desadministrations et services.

    Développement durableet mobilité individuelleLe président de la République estégalement revenu sur l'avenir dela Poste, qui a fait débat à pro-pos de son statut et qui inquièteles habitants des zones ruralesconfrontés à des fermetures debureaux. Pour Nicolas Sarkozy,c'est justement ce changementde statut qui, en permettant àl'État et à la Caisse des dépôtsd'injecter 2,7 milliards d'eurosdans le capital de la Poste, ga-rantira le maintien de 17 000"points de contact" et l'installa-tion, d'ici 2013, d'un distributeurde billets dans tous les bourgs-centres isolés.Seule vraie bonne surprise, le pro-moteur de la "taxe carbone" aurapeut-être quelque peu étonné enprenant la défense de l'automo-bile qui ne serait pas nécessaire-ment plus polluante que « descars ou des TER diesels qui rou-lent à vide ». Sans doute les ha-bitants des zones rurales, aux-quels le projet de taxe carbonepromettait déjà une ristourne,apprécieront-ils cette volonté deconcilier « développement du-rable et mobilité individuelle ».À un mois des élections régio-nales, c'est en tous cas une vraiedifférence, que marque le leaderde la droite, par rapport aux éco-logistes et à leurs alliés qui fontparfois assaut d'un intégrisme dela décroissance ignorant les be-soins individuels. n

    Guillaume Chatizel

    o ZONES RURALES

    En campagne... électoraleÀ quarante jours des élections régionales, un discours plein de bonnesintentions et une poignée de promesses peuvent-ils réconcilier la Francedes campagnes avec un président urbain et déraciné ?

    L'abbé PhilippeSulmontNos amis de Picardie, etmême de bien au-delà, ont eula tristesse d'apprendre ce di-manche matin le décès deM. l'abbé Philippe Sulmont,curé de Domqueur et de nom-breuses autres paroisses pen-dant trente-sept années. Ilétait le type même du curé decampagne attachant, cultivéet batailleur, ferme défenseurde la liturgie traditionnelle...Son bulletin s'attaquait avectalent et énergie aux aberra-tions de la société actuelle etplus particulièrement aux fan-taisies liturgiques. La répu-blique l'avait même harceléjuridiquement pour avoir ditce qu'il pensait de l'islam.Avec cela, profondément at-taché à l'Action française, ilne manquait pas de nous en-voyer son bulletin dans lequelil nous citait parfois, et célé-brait chaque année la messepour Louis XVI. Ses obsèques auront lieu àDomqueur le vendredi 19 fé-vrier à 14 h 30, selon le ritedit de saint Pie V. Nous joi-gnons nos prières à celles denos amis picards.

    Pour Nicolas Sarkozy, c'est le changement de statut de la Poste qui garantira le maintien de 17 000 "points de contact"

    quadrillant leterritoire.

    » QUOTAS

    Une convention « sur la diver-sité et l'égalité des chances »a été signée le 2 février parMme Valérie Pécresse, ministrede l'Enseignement supérieuret de la Recherche, et les re-présentants de la Conférencedes grandes écoles et de laConférence des directeurs desécoles françaises d'ingénieurs.Ceux-ci se sont engagés à ac-croître « la diversification desvoies de recrutement » afind'atteindre l'objectif des 30 %de boursiers.

    » SONDAGE

    « Les adolescents seraient-ilsplus rétrogrades que leurs aî-nés ? » L'institut Ipsos s'estinterroge après la publication,le 3 février, des conclusionsd'une enquête réalisée pour lafondation Wyeth. « On s'aper-çoit que les stéréotypes [sic]sont globalement partagésentre les générations, avecdes opinions légèrement plusconservatrices exprimées parles adolescents par rapportaux adultes (et en particulierles garçons adolescents) surla virilité par exemple, lepartage des tâches ména-gères. » Trop d'esprits résiste-raient au "matraquage pari-taire". Le Figaro a stigmatisé,sous la plume d'Agnès Leclair,« des adolescents fidèles auxclichés hommes-femmes »dont « une partie notablepense que les filles sontfaites pour la maternité etles garçons pour le travail »(02/02/2010).

  • z ASPECTS DU MONDE

    z 6 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2788 – du 18 février au 3 mars 2010

    Le Parlements'affirme

    La montée en puissance du Par-lement européen se confirme. Enapplication du traité de Lisbonne,les accords internationaux signéspar l'Union européenne traitantde la coopération judiciaire et po-licière pénale sont désormaissoumis à son approbation. Un droitde veto étrenné à Strasbourg le

    11 février, où l'assemblée a privéd'effet juridique un accord surles transferts de données ban-caires vers les États-Unis. Celacontre l'avis des gouvernements,évidemment.Deux jours plus tôt, les parle-mentaires européens avaientadopté un ensemble de "principesclefs" qui seront mis en œuvredans le nouvel accord-cadre dé-finissant leurs relations avec laCommission. Le Parlement exiged'être traité avec les mêmeségards que le Conseil des mi-nistres. « Cela se rapporte par-ticulièrement à l'accès aux ré-unions et à une documentationcomplète sur les réunions de laCommission avec les experts na-tionaux », explique-t-il dans uncommuniqué. Par ailleurs, lors

    des sessions plénières, une nou-velle heure de questions sera in-troduite avec les commissaires –y compris le Haut Représentantpour les Affaires étrangères et laPolitique de sécurité, dontl'agenda est déjà surchargé.Enfin, constatant que « le rôle duParlement européen s'est consi-dérablement accru », le gouver-nement a révisé le décret « re-latif aux cérémonies publiques,préséances, honneurs civils et mi-litaires ». Dorénavant, les dépu-tés français au Parlement euro-péen occupent le rang suivant ce-lui des députés et sénateurs.Jusqu'au 6 février, ils en étaientséparés, entre autres, par le grandchancelier de la Légion d'honneur,le chef d'état-major des arméeset le maire de Paris. n

    Le bric-à-brac de Paris et Berlin

    Bien que la désignation d'un mi-nistre commun soit abandonnée,on relève quelques "gadgets" dansl'agenda présenté le 4 février àl'issue du 12e conseil des ministresfranco-allemand, tels le vague pro-jet d'élaborer des propositions delois communes et la circulationd'un "train de la science" de part

    et d'autre du Rhin en 2010 et 2011.Paris et Berlin promettent la pré-paration d'un manuel scolaire com-mun sur l'Europe et l'histoire de la construction européenne,ainsi qu'une intensification deséchanges et autres jumelages. Ils confirment leur accord sur la"gouvernance économique" del'Union européenne, réfléchissentà la construction d'un nouveau lan-ceur spatial et veulent donner« une nouvelle impulsion » au rap-prochement de leurs réseaux di-plomatiques. Ils envisagent « uneétude systématique des possibili-tés de colocalisation franco-alle-mande lors des décisions immo-bilières », et même « l'objectifd'aller jusqu'à dix ambassadescommunes à l'horizon 2020 ».Simple effet d'annonce ? n

    L'Otan figure en tête des me-naces extérieures identifiéespar la nouvelle doctrine dedéfense russe, approuvée le 5 fé-vrier par le président Medvedev.Moscou s'inquiète, entres autres,d'un élargissement potentiel del'Alliance à la Géorgie et l'Ukraine.Une perspective à laquelle laFrance s'est opposée jusqu'à main-tenant. Ce veto ne fut pas étran-ger à l'accueil bienveillant que lapresse russe réserva à son retourdans le commandement militaireintégré de l'Otan sous l'impulsionde Nicolas Sarkozy (Courrier In-ternational, 13/03/2009).

    Albion croit en l'Europede la défenseJustifiant sa politique atlantiste,le président de la République avaitdéclaré, le 11 mars 2009 : « Enmettant fin à une ambiguïté [...],nous créons la confiance néces-saire pour développer une défenseeuropéenne forte et autonome. »Ses arguments aura ient- i l sconvaincu outre-Manche ? « Le re-tour de la France [...] offre l'oc-casion d'une coopération accrueavec un partenaire clef », peut-on lire dans le "livre vert" britan-nique publié le 3 février. « L'Otandemeure la pierre angulaire de notre sécurité », rappellentses auteurs. Cependant, « leRoyaume-Uni améliorera de façonimportante son influence si nouset nos partenaires européens par-lons et agissons de concert ». Etd'affirmer que « lors des opéra-tions de stabilisation en Bosnie eten Afrique, lors des opérationsantipiraterie au large de la So-malie [...], l'UE a démontré qu'ellepeut jouer un rôle important dansla promotion de notre sécurité ».Eurosceptique, Albion ?Plus radical, le ministre allemanddes Affaires étrangères, GuidoWesterwelle, voudrait édifier une« armée européenne » placée« sous plein contrôle parlemen-

    taire ». C'est « l'objectif à longterme », a-t-il affirmé le 6 fé-vrier lors de la conférence de Mu-nich sur la sécurité. Objectif ànos yeux irréaliste, dont la pour-suite pourrait néanmoins mobili-ser réflexions et moyens. À la lu-mière des faits, en tout cas, cerêve – ou ce cauchemar ! – appa-raît bien lointain.

    Inutiles, les GT 1500 ?

    La création d'un quartier généraleuropéen, promue par la France,suscite toujours des réticences.Or, « le dispositif actuel tient du bricolage » selon notre con-frère Nicolas Gros-Verheyde(Bruxelles 2, 14/02/2010). « Ledispositif des QG excentrés àPotsdam (pour le Congo), à Pa-ris (pour le Tchad), à Londres(pour Eunavfor) ne montre passa pleine efficacité. Ce sanscompter la difficulté qui existeà pourvoir les postes – les forcesnationales ne s'empressant pas

    toujours de pourvoir les postesd'état-major d'autant plus quandl'opération dure... »Soulignons également l'immobi-lisme d'un embryon d'armée eu-ropéenne formé par les groupe-ments tactiques. Forts d'environ1 500 hommes, ils sont censésfournir à l'Europe une capacité deréaction rapide. Pleinement opé-rationnels depuis le 1er janvier2007, ils n'ont jamais été utilisés,bien que des États membres sesuccèdent tous les six mois pourassurer la disponibilité perma-nente de deux battlegroups.« Jusqu'à présent, au moins deuxsituations ont répondu à tous lescritères de déploiement des grou-pements tactiques », au Tchad eten République démocratique duCongo, selon l'analyse de Caro-line Henrion publiée le 18 janviersous l'égide du GRIP (Groupe derecherche et d'information sur lapaix et la sécur i té) . « Cesexemples montrent que non seu-lement les Européens ne s'accor-

    dent pas sur les situations danslesquelles il faut intervenir, maishésitent également à envoyer destroupes sur le terrain. » Pourquois'en étonner ? Obtenir le consen-sus des vingt-six États participantà la Politique de sécurité et dedéfense commune n'est pas unesinécure ! (Vingt-six, et non vingt-sept, car le Danemark fait l'objetd'une dérogation.)

    Six États dans la FGE

    La Force de gendarmerie euro-péenne (FGE), quant à elle, re-groupait seulement cinq États àl'origine : la France, l'Espagne,l'Italie, les Pays-Bas et le Portu-gal, rejoints depuis par la Rou-manie. Selon le gouvernement, sacréation répondait à la nécessité« de combler le vide opération-nel [...] entre le moment où lesforces armées entrent sur lethéâtre des opérations et le mo-ment où les forces de police par-viennent à y remplir normalement

    leurs fonctions ». La FGE com-porte un état-major permanentimplanté à Vicence, en Italie, oùla France est représentée par sixofficiers. Chaque opération donnelieu à une "génération de force",sur la base d'un catalogue recen-sant des capacités déclarées parles États. Opérationnelle depuis2006, la FGE est engagée depuis2007 en Bosnie-Herzégovine, oùelle arme une partie de l'Unité depolice intégrée de l'opération eu-ropéenne Eufor Althéa. Depuis dé-cembre 2009, elle contribue éga-lement à la formation de la po-lice afghane au sein de la missionde l'Otan, où la France a engagé132 gendarmes.

    En marge de l'UE

    Son fonctionnement repose ac-tuellement sur une "déclarationd'intention". Le 18 octobre 2007,les États fondateurs ont signé untraité confortant son existence.Afin d'autoriser sa ratification, unprojet de loi a été enregistré à laprésidence de l'Assemblée natio-nale le 3 février. Fallait-il passerpar ces lourdeurs juridiques ? Legouvernement se justifie dans son"étude d'impact" : « Par rapportà la déclaration d'intention du17 septembre 2004 et aux textesqui la complètent, le traité [...]permet de clarifier un certainnombre de points relatifs auxdroits et obligations des person-nels de la force ainsi qu'au droitapplicable dans le cadre d'opéra-tions extérieures : conditionsd'entrée et de séjour sur le ter-ritoire de l'État hôte (État sur le-quel se trouve le quartier géné-ral permanent : Italie) ; privi-lèges et immunités ; juridictionpénale et disciplinaire ; dom-mages ; assistance médicale ; as-pects juridiques et médicaux encas de décès. » « Comme le suggèrent l'intitulémême de la force et son insignebleu, la FGE est un projet euro-péen », martèle le gouvernement,qui tient à saluer « une étape im-portante de la construction del'Europe de la défense ». La FGEn'en reste pas moins une force au-tonome : peut-être s'agit-il d'une« avancée concrète en matièrede gestion de crise », mais, le caséchéant, ces progrès auront étéaccomplis en marge de l'UE. n

    Grégoire Dubost

    o EUROPE

    La défense entre utopie et réalismeTandis que le Royaume-Uni envisage une coopération accrue avec ses partenaires de l'UE, le ministreallemand des Affaires étrangères veut mettre sur pied une « armée européenne ». La France, quant à elle, doit ratifier un traité portant création de la Force de gendarmerie européenne.

    La Force de gendarmerie européenne en exercice en avril 2006www.eurogendfor.org

  • ASPECTS DU MONDE z

    L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2788 – du 18 février au 3 mars 2010 7 z

    BELGIQUE

    Un catholique inattendu

    Razzia sur la foi ! À entendre lescris d'orfraie de Joëlle Milquet,président du CDH où les sociaux-chrétiens se sont reconvertis en"humanistes", on pourrait croireà un remake de Razzia sur lachnouf. Pourquoi tant de cla-meurs, tant de fureur ? Parce quele principal quotidien belge de

    langue française, Le Soir, a pro-cédé à une enquête pour déter-miner quelles sont les vingt per-sonnes dans le monde catholiquejugées les plus influentes en Bel-gique. Découvrant les "lauréats",Joëlle Milquet a failli s'étrangler.Moins parce qu'elle se classe àl'avant-dernière place qu'à causedu numéro 13. Un vrai chiffreporte-malheur, attribué à Jean-Michel Javaux, président d'Écolo,ce parti qui a fait un triompheaux dernières régionales alors quele CDH fait du surplace.

    Paradoxes

    En dehors du cadre familial et derares initiés, on ignorait tout àfait la mouvance spirituelle deJean-Michel Javaux. Comme Écolose classe à gauche sur l'échiquierpolitique, on supposait Javauxathée ou, à tout le moins agnos-tique. À commencer par les en-quêteurs du Soir. Le coming outcatho, pour sacrifier à l'expres-sion à la mode, de Jean-MichelJavaux éclipse les noms de tousles autres.

    Le catholicisme ? « C'est ma nour-riture. » Javaux se raconte et seconfesse. À la messe, il commu-nie. Lors des cérémonies d'hom-mage ou de funérailles il voit« des croyants pratiquants, quiau moment de la communion, nese lèvent pas ». Des personnali-tés politiques, « des gens connus,des présidents... » « Terrible »,ajoute-t-il. Ce qui ne fait pas pourautant de Javaux un catholiqueexemplaire. Il n'a pas été épar-gné par la vie. Sa femme et luiont perdu un enfant. « À l'Église,j'ai lancé des chaussures sur lecrucifix ! J'ai crié : "Pourquoi ?" »Il avoue que comme parlemen-taire, il aurait voté les lois surl'euthanasie et l'avortement. Dansla commune où il est bourgmestre,le mariage homosexuel est célé-bré, Écolo est pour. Il fait pour-tant l'éloge du nouveau primat deBelgique Mgr Léonard. « Il ne fautpas caricaturer [son] discours surles homosexuels. On peut avoirce débat avec lui. C'est un hautesprit, redoutable, et pas dansle mauvais sens du terme. Uneintelligence pure. Beaucoup plus

    nuancé qu'on ne le pense. » Jean-Michel Javaux offre une person-nalité complexe. Volontairementou non, il vient de mettre JoëlleMilquet en porte-à-faux. « Moi,je me suis toujours interdit demêler religion et politique », af-firme-t-elle. Ce comportement luisemble « honteux, très cho-quant ». Chacun jugera, mais ilest indéniable que le "coup" aporté. n Ch.-H.B.

    » CAMOUFLET

    Le président américain n'as-sistera pas au prochain som-met annuel UE-États-Unisprévu les 24 et 25 mai. Ca-therine Ashton, Haut Repré-sentant de l'Union européennepour les Affaires étrangères etla Politique de sécurité,s'était pourtant rendue à Wa-shington le 21 janvier pour yrencontrer Hillary Clinton. Vi-siblement, sa visite n'aura pasconvaincu le département d'É-tat, dont le porte-parole, Phi-lip Crowley, n'a pas manquéde souligner la confusion ré-gnant parmi les Européens.Confusion aggravée pourl'heure par l'entrée en vigueurdu traité de Lisbonne,puisque trois présidences sedisputent désormais la repré-sentation internationale del'Union (présidence stable duConseil européen, présidencetournante du Conseil et prési-dence de la Commission).

    » BARROSO II

    La nouvelle Commission aété investie par le Parle-ment européen mardi 9 fé-vrier, par 488 voix contre 137et 72 abstentions. Considé-rant que leurs prédécesseursn'avaient pas constitué « uneforce motrice », le Belge GuyVerhofstadt (ADLE) a lancécet appel aux membres ducollège : « N'écoutez pas au-tant les États membres. » Àl'opposé, le Britannique NeilFarage (EFD) s'est inquiété dela mise en place d'un « gou-vernement de l'Europe » sus-ceptible « de contrôler entiè-rement les États ».

    » FRÉNÉSIE

    Après avoir appelé à fémini-ser l'Otan, la présidence es-pagnole de l'UE a remerciéBan Ki-moon, jeudi 4 février,« pour sa proposition de ré-forme de l'architecture del'égalité des sexes » au seinde l'Organisation des Nationsunies. Entre autres événe-ments ponctuant le semestreeuropéen placé sous la res-ponsabilité de Madrid, signa-lons déjà : l'adoption par leConseil de conclusions surl'éradication de la violence àl'encontre des femmes prévuele 8 mars ; une table ronde le16 mars sur « le vin au fémi-nin » ; une conférence le25 mars sur « l'égalité entreles hommes et les femmes,une base pour la croissanceet l'emploi » ; la "Ve ren-contre de femmes espagnoleset africaines pour un mondemeilleur" le 28 mars ; la pro-jection le 11 avril de docu-mentaires sur le thème « mémoire et sexualité des femmes sous le fran-quisme » ; un "séminairetechnique" le 29 avril sur « lerôle de la femme dans le dé-veloppement rural ».

    C'était à prévoir et nousl'avions prévu (voir L'ActionFrançaise 2000 du 21 jan-vier), le second tour de l'électionprésidentielle ukrainienne a étéconfortablement gagné avec troispoints et demi d 'avance etpresque un million de voix d'écartpar Victor Ianoukovitch , et sa ri-vale Ioulia Timochenko refused'admettre sa défaite et a appelé« le peuple » au « soulèvement »et à la « résistance » !

    Une situationéconomique critiqueIl ne s'agit pas de prendre partini pour l'un ni pour l'autre. Lescrutin a été jugé convenable parl'OSCE, pourtant plutôt opposéeà Ianoukovitch, et les observa-teurs internationaux n'ont pasconstaté de fraudes. Les Ukrai-niens ont donc tranché dans leurmajorité pour Victor Ianoukovitch.Tout s'est déroulé dans la libertéet le respect des règles sous ungouvernement présidé par... lesperdants.Habituée à ce genre d'opération,Ioulia Timochenko, peut-être sou-tenue par quelques ONG d'outre-Atlantique, dessert les intérêtsde son pays. La situation écono-mique du pays est critique. L'aidedu FMI, indispensable au redres-sement de ses comptes, a été sus-pendue en raison de l'instabilitépolitique. L'Ukraine a besoin destabilité et surtout d'un fonc-tionnement normal de ses insti-tutions. L'opposition "orange" re-fuse de jouer le jeu. Elle se ré-clame de la démocratie maisn'accepte pas le verdict des urnes

    pourtant certifié par la commu-nauté internationale dont l'OSCEest l'émanation.

    Le gaz russe...

    L'Europe a tout intérêt à une sta-bilisation rapide en Ukraine. Laprincipale raison en est que plusde 25 % de sa consommation degaz provient de Russie et transitemajoritairement par l'Ukraine.

    Peut-être est-ce dans l'intérêt decertaines compagnies américainesque l'Europe connaisse des diffi-cultés sur ce point par suite dela situation de tension perma-nente avec Moscou, entretenuepar le gouvernement ukrainien,que préside encore Ioulia Timo-chenko. Mais ce n'est pas dans l'in-térêt des pays européens et il fau-drait s'en rendre compte et le direclairement.

    La candidate malheureuse duscrutin présidentiel ukrainientente de mobiliser la rue en safaveur. Jusqu'à ce lundi matin oùnous écrivons, elle n'a pas réussi.Ce sont les partisans de l'autrecamp qui manifestent à Kiev etailleurs. En tout cas, ce ne sontpas ces gesticulations qui pour-raient résoudre les problèmes du pays.

    Faut-il dissoudrela chambre ?Le président élu, une fois installéau pouvoir, sera amené à tran-cher : dissoudre la chambre et or-ganiser de nouvelles élections lé-gislatives, destituer Mme Timo-chenko et nommer un autrePremier ministre quitte à risquerque ce dernier ne puisse obtenirla confiance du parlement, ou dé-baucher quelques députés et pro-voquer un renversement des al-liances à l'intérieur du pouvoir lé-gislatif. L'Ukraine risque ainsi detraverser une période agitée danselle n'a guère besoin.Les puissances européennes dontl'influence à Kiev n'est pas négli-geable, ont tout intérêt à con-seiller l'apaisement aux protago-nistes. Il n'est pas sûr que l'ad-ministration Obama n'agisse pasdans le même sens. Washingtonne cherche pas à envenimer sesrelations avec la Russie laquelleest favorable à Ianoukovitch etsemble avoir peu de sympathiepour Timochenko. Les Américainspourraient à leur tour abandon-ner la "terrible Ioulia"... Affaireà suivre. n

    Pascal Nari

    o UKRAINE

    Démocrate contre démocratieLe second tour de l'élection présidentielle s'est déroulé sans fraude en Ukraine, si l'on en croit lesobservateurs internationaux. La situation politique n'en reste pas moins tendue dans le pays, dont l'instabilité durable desservirait l'intérêt des Européens.

    » PRIVATISATION

    Le sauvetage en mer est-ilune affaire publique ? Enpartie seulement aux yeux dugouvernement britannique.Outre-Manche, le serviceSearch & Rescue est déjà as-suré en partie par des hélico-ptères privés ; il devait l'êtreentièrement d'ici deux ans,selon les annonces rapportéespar notre confrère NicolasGros-Verheyde (Bruxelles 2,09/02/2010).

    Victor Ianoukovitch

  • Au début, ils étaient à peineune poignée. Quelquesgroupes de mécontents, defrustrés, de déçus. On les remar-qua aux quatre coins du pays, sur-tout dans les grandes villes. Onnota sans insister leur détermi-nation, mais aussi leur calme. Lapresse en parla en bas de page,et puis se tut. Les groupes secontentaient de défiler en lan-çant des slogans, en agitant desbanderoles, en déployant le dra-peau américain.

    Une grande mosaïque de brûlotsCe fut pourtant la première desoppositions à Obama. Avant le dé-chaînement des éditorialistes dedroite et les escarmouches répu-blicaines au Congrès. Obama negouvernait que depuis six mois.C'était au début de l'été dernier.Un été politique torride. Et me-naçant. Car, rapidement, la ré-volte gronda, le ton s'aigrit, l'hu-meur devint méchante.On compta 5 000 manifestants àSan Francisco, 8 000 à Chicago,12 000 à Philadelphie. En sep-tembre, ils furent près de 80 000à défiler sous les fenêtres de laMaison Blanche. Très vite, on étaitpassé d'une effervescence à unefronde et d'une fronde à un phé-nomène. Du coup, la presse pritla rue au sérieux et adopta le nomque les activistes donnèrent à leurélan : les Tea Parties.Pourquoi cette infusion de feuillesséchées dans les querelles yan-kees ? En 1767, le parlement bri-tannique accable de taxes les pro-duits destinés aux treize coloniesaméricaines. Mesure des plus im-populaires : outre-Atlantique, lesesprits commencent à fermenteret l'idée de sédition fait son che-min. Six ans plus tard, trois na-vires anglais chargés de lourds pa-quets de thé relâchent dans leport de Boston. La population yvoit la marque d'un mépris trèsbritish – « George III vient nousnarguer avec sa boisson d'impé-rialiste » - et les patriotes, uneoccasion inespérée. Deux centsd'entre eux montent à bord destrois navires le 16 décembre 1773et jettent à la mer les paquets

    de thé. Leur audace et leur inso-lence passèrent à la postérité sousle nom de Boston Tea Party. Leshistoriens considèrent même quece geste est le coup d'envoi de laguerre d'Indépendance. Un gestede révolte contre une fiscalitésournoise et humiliante. 237 ansplus tard, on retrouve la mêmeexaspération – Washington rem-place Londres -, la même volontéde secouer un intolérable joug.Le taux de chômage va dépasser11 % et le déficit budgétaire1,4 trillion de dollars. L'assurancesanté s 'annonce ruineuse etObama préfère renflouer lesbanques que les familles.

    L'establishmentdégringole Qu'est-ce qu'une Tea Party ?D'abord, c'est une force qui jaillitde la base sans qu'aucun calculpoliticien ne l'accompagne. L'étin-celle : une prise de conscienceque la situation n'est plus tolé-rable - et tout bascule. Le cœurs'indigne, les tripes hurlent. En-suite, cette force s'impose à toutmoment, en tous lieux et pourtoutes sortes de raisons. Sponta-

    néité désormais à fleur de peau.Les brûlots éclatent sans préve-nir : c'est de la guérilla. Enfin,une souveraine autonomie baignechacun de ces îlots d'efferves-cence. Pas de programmes éta-blis, pas de consignes nationales,pas de mots d'ordre. Les struc-tures sont inexistantes, les at-taques souples et les chefs locaux.On agit dans l 'humeur et ontriomphe dans les rues.À ces trois caractéristiquess'ajoute une quatrième qui en estla résultante. Lorsqu'on prend unpeuple libre comme creuset etqu'on lui injecte une bonne dosede spontanéité et d'autonomie,que voit-on apparaître ? Un mor-cellement infini, une grande mo-saïque. C'est ce qui arrive avecles Tea Parties. Combien y en a-t-il ? Personne ne connaît lechiffre exact. Des milliers, sansdoute. Et combien sont-ils à mi-liter sous leurs bannières ? Deuxmillions ? Quatre millions ? Da-vantage, peut-être.La masse de manœuvre sait cequ'elle ne veut plus : le président-marionnette d'un globalisme sio-nisé qui est en train de transfor-mer l'Amérique en une sous-ré-

    publique bananière. Mais cettemasse sait également ce qu'elleveut : défendre la Constitution,corseter le gouvernement, s'op-poser aux impôts, protéger le fé-déralisme et restaurer les liber-tés. Belle cible de salut public.Nous en sommes encore loin. Descentaines de flambées seront né-cessaires pour renverser le coursde l'histoire immédiate et sortirle pays de cet aventurisme.

    Vers le quadrillage du pays Déjà, les Tea Parties irritent, im-pressionnent, inquiètent ou en-thousiasment. Dans les sondages,elles caracolent en tête des opi-nions favorables. Devant le Partidémocrate. Et même devant leParti républicain. Le trophée re-vêt deux significations : l'esta-blishment n'en finit pas de dé-gringoler dans l'opinion publiqueet les Tea Parties doivent dèsmaintenant muscler leur impact.« Muscler, cela signifie d'abordréunir une convention nationalepour dresser un premier bilan detoutes ces actions éparpillées.Cela signifie, ensuite, exiger du

    Parti républicain qu'il fasse le mé-nage dans ses idées et ses candi-dats. Deux objectifs cruciaux. Onn'aura pas le temps de souffler. »Et Paul Reed ajoute : « Il faut enprofiter tant qu'on a le vent enpoupe. » De son état ingénieurélectronicien, Reed a fondé TeaParty Nation dans la région de Chi-cago. Quelques têtes chaudes vou-lant en découdre sont rapidementdevenues des bataillons de mili-tants opérationnels« Le quadrillage du pays par nosvagues de fond, souligne Reed,va finir par asphyxier Obama etses démocrates. » Le quadrillage,justement. On en a beaucoupparlé à la convention nationalede Nashville, capitale du Tennes-see et l'un des bastions avancésdu Sud profond. Pendant troisjours de l'autre semaine, les TeaParties ont tenu leurs assises.Beaucoup de responsables de basecomme Reed les appelaient deleurs vœux pour échanger expé-riences, méthodes et projets, co-ordonner des actions ponctuelles,établir un calendrier de combat.

    Le retour de Sarah Palin

    Trois jours de débats houleux, derevendications ardentes, de liesseet de confiance avec, en pointd'orgue, l'impétueuse Sarah Palin,l'ex-gouverneur de l'Alaska, l'an-cienne co-adversaire d'Obama ennovembre 2008. Pendant deuxheures, son charme électrisa l'as-semblée. Et pendant toute unesoirée, hors tribune, son ardeurgalvanisa les dynamiteurs volon-taires de l'Obamaland. Avant des'attaquer au pouvoir en place,ceux-ci ont compris qu'il fallaitforger un outil à la hauteur descirconstances. Autrement dit, dé-barrasser le Parti républicain deses scories, pesanteurs et ambi-guïtés. D'où une vaste opérationqui a débuté en automne dernier.Elle consiste à investir l'appareilrépublicain, à prendre d'assautses assemblées de circonscriptionafin d'y installer un esprit plusmordant et des méthodes plus ex-péditives. On radicalise un pro-gramme souvent trop modéré eton évince les libéraux parfois om-niprésents. En Pennsylvanie, dansl'Illinois et le Maryland, mais aussidans une dizaine d'autres États,les piliers du Parti républicain ontvu arriver des personnages nou-veaux bien décidés à donner leton. Pour les Tea Parties, c'est laphase du grignotage. Avant celledu contrôle ? n

    De notre correspondant

    aux États-Unis

    Philippe Maine

    z ASPECTS DU MONDE

    z 8 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2788 – du 18 février au 3 mars 2010

    COSTA-RICA

    La vie reprendses droits

    On ne reçoit pas toujours que desmauvaises nouvelles de par levaste monde...

    Les intérêts des femmes

    Le site de Genethique relève que« Laura Chinchilla, candidate duParti de libération nationale (PLN)au pouvoir au Costa-Rica est lapremière femme à avoir été élueà la présidence du pays dimanche7 février 2010. Après avoir occupéle poste de vice-présidente et deministre de la Justice dans le gou-

    vernement d'Oscar Arias, le pré-sident sortant, sa campagne sefondait notamment sur la défensede la vie et l'avancée des intérêtsdes femmes. » Lisons bien : lesintérêts non les droits, on resteici dans le concret, dans le res-pect des lois naturelles. Raimundo Rojas, directeur hispa-nique du Comité national du Droità la Vie, a déclaré : la victoire deLaura Chinchilla constitue « unrevers pour les mouvements pro-avortement en Amérique cen-trale ». Bravo ! n

    TARIF DES ABONNEMENTS(paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois)

    1. Premier abonnementFrance (un an) . . . . . . . . . . . . . . . 76 s

    2. Premier abonnementÉtranger (un an) . . . . . . . . . . . . . . 85 s

    3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 s4. Abonnement de six mois . . . . . . . 70 s

    5. Abonnement de soutien(un an). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 s

    6. Étudiants, ecclésiastiques,chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 65 s

    7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 s8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 s

    BULLETIN D’ABONNEMENT

    Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Bulletin à retourner avec un chèque à lordre de la PRIEP à :L’Action Française 2000, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 PARIS

    CCP Paris 1 248 85 A

    o ÉTATS-UNIS

    Les dynamiteurs de l'Obamaland Jaillie de la base, la grande mosaïque des Tea Parties est en voie d'organiser le quadrillage des États-Unispar vagues de fond. Son but : débarrasser le Parti républicain de ses scories, réorienter son discoursdans un sens plus radical, et asphyxier Barack Obama et ses démocrates.

    Manifestation le 12 septembre 2009

  • Quelques souvenirs, parlonsplutôt d'images, une inter-rogation géopolitique deplus en plus partagée, constituentle socle d'une analyse et d'une ré-flexion loin d'être exhaustives. Lesimages ? Une lointaine : celle del'ambassadeur d'Haïti à Bruxellesau temps de ma jeunesse univer-sitaire. C'était une femme. Trèsbelle. Elle traversait les salonscomme une frégate de haut bordentraînant dans son sillage les re-gards masculins. Elle répondait aunom si haïtien, aux parfums d'an-cienne France, d'Estimé. Mme Es-timé était la coqueluche du ToutBruxelles. Elle devait très certai-nement appartenir à cette bour-geoisie urbaine, celle de la "Ré-publique de Port-au-Prince", paropposition à cette société rurale,analphabète peuplant ce que Gé-rard Barthélemy appelle Le Paysen dehors.

    Le poids de l'histoire

    Ce qui nous ramène à la genèsede l'histoire d'Haïti et de son nau-frage. Mon propos n'est pas de laconter. Seulement de rappeler lesresponsabilités multiples. Cellesde la France existent, financièresà travers la dette, même si Haïtilui doit la richesse de sa culture.Responsabilités écrasantes aussid'une classe dirigeante dictato-riale et avide de profits. L'exemplede François Duvalier, Papa Doc etses Tontons macoutes, demeuredans toutes les mémoires.Le "voyage au bout de la nuit" pa-raissait s'achever au début des an-nées quatre-vingt-dix sur la pro-messe d'une espérance. À cetteépoque, j'ai rencontré le père Aris-tide. Il venait dans les cénacleseuropéens plaider la cause d'Haïti.L'homme avait le verbe haut etdu charisme. La plupart pensaient

    qu'il "sauverait" Haïti. C'était uneillusion. La chimère persistapuisque Aristide s'incrusta en1991, puis de 1994 à1996, enfinde 2001 à 2004 . Sorti par la porte,il revenait par la fenêtre. Rare-ment l'aphorisme selon lequel « lepouvoir corrompt et corrompt ab-solument » se vérifia à ce point.Aristide chassé par les Amérin-diens, les Nations Unies déployè-rent sur l'île la Minustah à l'effi-cacité sujette à caution.Une circonstance fortuite fitqu'après l'éviction d'Aristide, j'as-sistai, à Paris, à une réunion desoppositions haïtiennes. Quelquesminutes à peine suffirent. Si lesparoles avaient été des stylets,des poignards ou des dagues, iln'y aurait eu aucun survivant.

    L'ironie des choses veut que fi-gure sur la bannière d'Haïti cettedevise qui est aussi celle de laBelgique : « L'union fait laforce. » N'allons pas plus loin dansla comparaison...

    Passés communs

    Haïti, un des lieux les plus pauvresdu monde, a vu le séisme empor-ter une ébauche d'État et unestructure administrative qui te-nait de la virtualité. Le vide a étérempli. L'ampleur du désastre amobilisé des secours venus de par-tout. Au premier rang il n'est passurprenant de trouver les États -Unis. L'histoire d'Haïti recoupe laleur comme celle de la France. Ilsy ont débarqué en 1915 et y sont

    restés vingt ans laissant quelquesdictateurs en héritage. Dont Du-valier... Aux lendemains du séismeles États-Unis sont intervenus avectoute la puissance qui est la leur.Des milliers de marines ont dé-barqué. Des moyens qui sont pournous hors de portée. Mais l'arri-vée des États-Unis n'est pas cellede l'Armée du Salut. C'est une in-vasion militaro-humanitaire. Ellepourrait être durable

    La francophonie en péril ?N'oublions pas que moins de centmille Haïtiens de la diaspora vi-vent en France, et surtout en Îlede France. Ils sont plus d'un demi-million à vivre au Canada etquatre cent trente mille aux États-Unis. En effectuant leur retour enHaïti, les États-Unis réalisent, audelà de préoccupations humani-taires réelles, une double opéra-tion. La première, la plus impor-tante pour eux, est d'ordre géo-politique. Sans verser, une gouttede sang, ils encerclent, avec laFloride au Nord-Ouest et Haïti auSud-Est, Cuba, l'ennemi hérédi-taire. Du même coup, ils se rap-prochent de l'encombrant HugoChavez et du Venezuela. Que lesÉtats-Unis jouent là leur breland'as, nous n'y verrions pas d'in-convénient majeur.Par contre cette menace pourraits'étendre sur le plan culturel. Mal-gré sa misère, Haïti demeure, surle plan de la langue et de la cul-ture, un "vaisseau amiral de lafrancophonie" dans les Caraïbes.Une occupation prolongée pour-rait bouleverser ce jeu de com-bat naval. Sans envoyer par le fondcette "unité culturelle", les États-Unis pourraient réduire progres-sivement les influences françaisesdans les Caraïbes et les Antilles,qu'il s'agisse d'Haïti, de la Marti-nique ou de la Guadeloupe.Le "vaisseau amiral" haïtien laissela place à la IVe Flotte, au des-troyer USS Higgins et à l'imposantporte-avions USS Vinson. Le coor-dinateur des aides internationalesvient d'être nommé. Il s'appelleBill Clinton. Haïti était une répu-blique. Elle a désormais un roi. n

    Charles-Henri Brignac

    ASPECTS DU MONDE z

    L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2788 – du 18 février au 3 mars 2010 9 z

    o INFLUENCES

    Bill Clinton roi d'HaïtiCharles-Henri Brignac nous livre quelques souvenirs sur Haïti, et nous fait partde ses inquiétudes quant aux conséquences d'une implantation durabledes Américains sur une île où ils ont débarqué en force.

    AFGHANISTAN

    Le pari risqué de la "coalition"Ce dimanche soir, l'impression-nante opération de la "coalitioninternationale", baptisée Moch-tarek (commune) contre les Ta-liban continue dans la provincede Hélmand. Les images qu'en dif-fusent les télévisions américainesrappellent des films consacrés auVietnam. Cela déjà est un signe.La province de Hélmand, situéedans le Sud-Ouest de l'Afghanis-tan, à la fois proche des fron-tières iraniennes et située surcelles du Pakistan, est générale-ment considérée comme un fiefdes Taliban. Elle est égalementl'un des principaux centres de cul-ture de pavot et du trafic dedrogue, source de financementdes islamistes radicaux.

    La grande ville de cette province,Mardjah, 120 000 habitants étaitsous contrôle total des insurgés.Dans sa nouvelle politique, Wa-shington a d'abord voulu frapperun grand coup militaire et sur-médiatisé, et ensuite priver lesTaliban de leurs ressources fi-nancières, puis rendre au gou-vernement de Kaboul le contrôled'une zone vitale.Selon les informations officielles,15 à 20 000 hommes, dont 4 000Britanniques, un nombre supé-rieur d'Américains, et quelquesmilliers de soldats afghans au-raient été engagés. La présencedes militaires français a d'abordété démentie à Paris. Puis devantles informations fournies par leporte-parole officiel de la coali-tion (OTAN) sur place, on a étéamené à préciser que soixante-dix "instructeurs" français enca-draient les troupes afghanes. Se-raient également présents des pe-

    tits contingents d'autres pays del'OTAN, Espagne notamment. Ce porte-parole a déclaré di-manche après-midi que cinq sol-dats de la coalition, dont un Bri-tannique, et quinze Taliban (com-ment les reconnaît-on ?) avaientperdu la vie au début de l'offen-sive. Et, malheureusement, plusd'une dizaine de civils frappés"par erreur».

    Une opération aléatoire

    Ballet des hélicoptères, charslourds... Il s'agit d'une offensiveclassique contre la guérilla pardéfinition peu saisissable et fon-due dans la population. Même er-reur qu'au Vietnam. En annonçantl'opération, le commandementaméricain s'est privé de l'effet desurprise qui aurait pu jouer en safaveur. Samedi et dimanche, lestroupes de l'OTAN progressaient ;la population, à laquelle des Ta-

    liban étaient sans doute mêlés,fuyait les "zones de combat" etles porte-parole officiels pou-vaient constater les premiers suc-cès. En fait, il faudra attendreplusieurs jours et la fin des opé-rations pour tirer des conclusionsvalables. La "plus grande opéra-tion militaire" engagée depuis ledébut de l'intervention américaineen Afghanistan réussira-t-elle àinstaller durablement l'adminis-tration afghane dans tous lespoints de la province, à empê-cher la culture du pavot et le tra-fic de drogue, à apporter à la po-pulation les services qu'elle esten droit d'attendre ?Les Taliban sont déjà partis pourl'Iran ou le Pakistan. Sous peu ilspourraient commencer le harcè-lement des forces alliées, orga-niser quelques attentats specta-culaires et tout risque, dès lors,d'être perdu, y compris l'effet mé-diatique recherché par l'adminis-

    tration américaine. Face au ter-rorisme, seules la force et la fer-meté paient. Mais des spécialistespensent que des opérations sur-prises menées par les forces spé-ciales, suivies de l'installation dequelques centres hospitaliers, dedistributions de vivres et de l'ou-verture d'écoles pour les filles –au moins à Mardjah, ville contrô-lable – auraient pu être plus ef-ficaces, même moins médiatiséesaux États-Unis. Contre la guérilla,les chars, l'aviation, les tirs demiss i les . . . ne sont pas lesmeilleures armes. Au moins cer-tains officiers français de la"vieille école" savent-ils que lacontre-guérilla et l'action huma-nitaire et psychologique seraientplus performantes.Les premières vraies évaluationsde l'opération Mochtarek ne se-ront possibles que dans quelquessemaines. n

    Pascal Nari

    ÉtrangedécouverteLa presse de ce mardi matinpublie le discours prononcé laveille par le chef de la diplo-matie américaine. « L'Iran sedirige, a estimé Mme HillaryClinton, vers une dictaturemilitaire. » Elle a souhaitéque « la direction cléricale etpolitique commence à se ré-affirmer ». Je suis sidéré. Lerégime iranien ne se trans-forme pas en « dictature mi-litaire ». Depuis qu'il a étéinstauré, il n'a pas été autrechose qu'un système totali-taire. « C'est par suite denotre politique qu'un fou fa-natique a pu prendre le pou-voir en Iran et envoyer desmilliers d'iraniens devant lespelotons d'exécution », disaiten novembre 1984 le regrettéRonald Reagan lors de sonface à face télévisé avec Walter Mondale.Depuis les « milliers » se sonttransformés en plusieurs di-zaines de milliers de victimes.Et malheureusement lesconseillers de l'administrationCarter sont revenus en force.Washington et les capitalesoccidentales viennent deperdre une opportunité histo-rique en ne soutenant pas lemouvement du peuple et dela jeunesse iraniens. Il n'estpas encore trop tard pour cor-riger le tir. Le problème isla-miste ne sera pas résolu parune attaque militaire contreles installations nucléairesiraniennes – un crime ; pire,une faute. La seule issue pos-sible est une évolution signifi-cative, un vrai changement enIran. Comme l'avait écrit Mau-rice Druon, l'essor de l'isla-misme radical date deNeauphle-le-Château. Laboucle ne sera fermée qu'enIran. Ouvrez vos yeuxMme Clinton.

    Houchang NahavandiAncien recteur

    de l'université de Téhéran

  • CONFÉRENCES

    Charles Maurraset la question

    religieuse

    Le samedi 27 février à 14 h 30

    dans la salle des fêtes d'Arzens (11290)

    à 10 kilomètres deCarcassonne en direction

    de Montréal.

    Le dimanche 28 février à 14 h 30

    au château de Thégra, routede Gauré à Balma (31130).

    Intervenants :

    Philippe Prevostauteur de Autopsie d'unecrise politico-religieuse :

    la condamnation de l'Actionfrançaise 1926–1939

    Arnaud de Lassus Saint Genies

    directeur de l'Action familiale et scolaire

    Henri Becavocat, membre

    de l'Association Louis XVI

    Entrée libreLibre participation aux frais

    Action familiale et scolairede Toulouse

    Tel : 06 76 35 78 03

    z HISTOIRE

    z 10 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2788 – du 18 février au 3 mars 2010

    Cette année-là, la sixième deson règne, Henri III, trente ans,époux de Louise de Lorraine-Vau-démont, mariait sa belle-sœurMarguerite de Lorraine, vingt etun ans, à Anne de Joyeuse, ba-ron d'Arques, vingt et un ans.L'événement, qui fit en sontemps grand bruit à la Cour,n'appartient pas à la grande his-toire. Nous le retenons quandmême parce qu'il nous permetde fustiger ceux qui répandentdes inepties sur la prétendue ho-mosexualité du roi Henri III.

    Sur les bords riants de la BaumeAnne de Joyeuse appartenait àune vieille lignée du Vivarais éta-blie sur les bords riants de laBaume, affluent de l'Ardèche, etqui servait fidèlement le roi de-puis le XIIIe siècle. Dès ses jeunesannées, Anne partagea la vie mi-litaire de son père Guillaume, vi-comte de Joyeuse, lieutenant gé-néral du Languedoc, futur maré-chal de France. Très tôt, il se fitremarquer par sa bravoure et savive intelligence, à tel point quele roi le nomma à dix-neuf ansgouverneur du mont Saint-Michel,puis érigea en août 1581 la vi-comté de Joyeuse en duché-paie-rie, avec préséance sur tous lesautres ducs (hors les princes dusang). Enfin, le 24 septembre1581, le voici devenu beau-frèrede la reine de France. On peuts'étonner d'une telle ascensiond'un jeune homme qui, de plus,était d'une grande beauté.Les historiens sérieux n'ont jamaiséprouvé le besoin d'imaginer deshistoires scabreuses. Ils s'en sonttenus à ce que l'on sait d'Henri III,et que Olivier Tosseri résume ainsidans Historia de février 2010 :« un caractère entreprenant au-près des femmes, une très grandepiété qu'il exprimait de manière

    spectaculaire au cours de dé-monstrations d'expiations... »Certes il combla ses amis, ses mi-gnons (mot qui à l'époque signi-fiait ses préférés, et rien d'autre),de grands bienfaits, au risque deprovoquer la jalousie d'autrescourtisans, plus nobles, plus âgés,qui se sentirent évincés et qui joi-gnirent leurs calomnies à cellesdes dirigeants de la Ligue enten-dant discréditer le roi parce qu'ilreconnaissait son cousin Henri deNavarre, chef du parti protestant,comme l'héritier du trône.Or on doit tout simplement ad-mettre que le roi, dont nul n'a ja-mais pu relever le moindre com-portement équivoque en public,reportait sur ses amis l'affectionqu'il aurait eue pour ses fils, si leCiel lui en avait donné. Reste en-core l'extrême raffinement qu'ilimposait à sa Cour. Rappelant

    qu'Henri III introduisit l'usage dela fourchette à table et qu'il fai-sait preuve d'une hygiène alorspeu commune de son temps, Oli-vier Tosseri dit qu'il portait «