S 08f -Afghanistan : l'enjeu de la solidarité (juin 2008) - (French)

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AFGHANISTAN : L’ENJEU DE LA SOLIDARITÉ

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AFGHANISTAN : L’ENJEU DE LA SOLIDARITÉ

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Photo couverture : Alain Boinet/SOLIDARITES

Supplément au N°59 de la revue trimestriellede SOLIDARITES, juin 2008

N° COMMISSION PARITAIRE : 0910 H 8781

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Alain Boinet

COORDINATEUR : Pierre Brunet

CONCEPTION GRAPHIQUE : Belenos

IMPRIMÉ EN FRANCE : imprimerie L.Imprime

TIRAGE : 2 500 exemplaires

Merci à Anne-Sophie Arnoux, Gaylord Robin,Benoit Sourisseau, Typhaine Gendron et Sophie Ghaleb,ainsi qu’aux membres de la mission Afghanistan et du siègede l’association qui ont contribué à ce Rapport.

SOLIDARITES - 50 rue Klock 92110 Clichy la-GarenneTél. standard : 01 80 21 05 05 - Fax : 01 80 21 05 99

Pour en savoir plus sur SOLIDARITES : www.solidarites.org

S O M M A I R E

3Editorial : L’enjeu de la solidarité

4Afghanistan : les données essentielles

6L’accès à l’eau et l’assainissement à Kaboul :

radiographie d’une question vitale

14L’enjeu de la sécurité alimentaire en Afghanistan :

analyse et recommandations pour une réponse adaptée

20SOLIDARITES : 28 ans d’action en Afghanistan

23Présentation de SOLIDARITES

24Contacts SOLIDARITES

MERCI À NOS PRINCIPAUX PARTENAIRES EN AFGHANISTANUnion Européenne (DG ECHO, EuropeAid)Nations Unies (UNAMA, PAM, FAO, UNOPS, UNICEF)Autres agences ou organisations : Ministère Français des Affaires Etrangères/DAH, IOM (Internatio-

nal Organization for Migration), DFID (Department For International Development – Coopération bri-tannique), MRRD (Ministère Afghan du développement rural), JICA (Japan International CooperationAgency – Coopération japonaise), la Coopération suisse (Swis Developement Cooperation – SDC),NZ Aid (Coopération Néo-Zélandaise), CIDA (Canadian International Development Agency - Coopé-ration canadienne), Helvetas (ONG Suisse).

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Une nouvelle fois l’Afghanistan est à la croisée deschemins. Depuis 30 ans, toutes les occasions de paix

ont été perdues.

Aujourd’hui, la situation est fort contrastée. D’une part,des progrès énormes ont été réalisés en matière deroutes, de santé, d’éducation ou dans le domaine des ins-titutions. Mais, simultanément, il y a des problèmesconsidérables, comme l’insécurité qui dure et sembles’étendre, la production record de la drogue, la corrup-tion, la mauvaise gouvernance.

Force est de constater les limites de la politique actuelle,et le risque qu’il y aurait à continuer comme si tout allaitbien.

Déjà de multiples risques de fractures apparaissent :entre le Nord et le Sud du pays, entre Kaboul, les grandesvilles et les campagnes, entre les très pauvres et les trèsriches.

Le renforcement d’une présence militaire étrangère acertes des raisons, mais aussi des limites, et l’option dutout militaire semble être une impasse, en l’absence desolution politique.

L’Afghanistan est de surcroît confronté aujourd’hui àdeux défis majeurs, celui de la confiance de la populationdans l’avenir, et celui d’une très grave crise alimentairequi nécessite des mesures d’urgence.

Aussi, nous préconisons particulièrement :

- Une plus grande aide directe à la population, aux pluspauvres, et une priorité accordée aux agriculteurs quinourrissent la population.

- Une reconnaissance et des responsabilités attribuéesaux communautés villageoises, dans le respect des struc-tures sociales et religieuses.

- La recherche d’une solution politique qui réconcilie lagrande majorité des Afghans.

Les organisations humanitaires, comme SOLIDARITESengagée depuis 28 ans en Afghanistan, ont toujours laresponsabilité d’assumer une aide humanitaire et à lareconstruction, dont le succès final dépendra aussi d’unesolution globale qui conduise à terme à la paix et audéveloppement durable, que nous espérons avec la popu-lation afghane.

C’est tout l’enjeu de la Conférence Internationale surl’Afghanistan à Paris le 12 juin, à laquelle la communautéinternationale doit apporter des réponses, des ressourceset des engagements.

E D I T O R I A L

L’enjeu de la solidarité

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Alain Boinet.Directeur général et [email protected]

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Afghanistan :les données essentielles

PRÉSENTATION GÉNÉRALENom officiel :République Islamique d’Afghanistan.Superficie : 652 090 km²Population :25,1 millions selon le Rapport duPNUD 2007-2008 ; 29 millions selonles estimations les plus hautes.Pourcentage de la populationurbaine (2004) :24% (OMS-UNICEF, JMP *)Pourcentage de la populationrurale (2004) :76% (OMS-UNICEF, JMP *)Capitale : KaboulReligions :80% de Musulmans sunnites et 20 %de Musulmans chiitesLangues officielles :persan (Farsi), pachtou.

Autres langues d’usage courant :ouzbek, turkmèneMonnaie :afghani (77 pour 1 € en mai 2008).Croissance démographique(2002-2015) :3,4 % par an.Taux de fertilité :7.5 enfants/femme (Rapport du PNUD2007-2008)Espérance de vie (en années) :42.9 ans (rapport du PNUD 2007-2008)Mortalité infantile :135 pour 1 000 (UNICEF, 2007)Mortalité en dessous de 5 ans :257 pour 1 000 (UNICEF, 2007)Taux d’alphabétisation des plus de15 ans (1995-2005) :28% (rapport du PNUD 2007-2008)

Taux de scolarisation combiné pourl’éducation primaire, secondaire etsupérieure (2005) : 42,8%PIB : 7 milliards de dollars hors pro-duction d’opium (2006)PIB/hab. (en parité de pouvoird’achat, 2005) : 930 $Part des principaux secteurs dansle PIB :Agriculture : 48,5 %, Industrie : 21,3 %,Services : 30,2 %Economie informelle(en % du PNB) :90%. Production et trafic d’opium,d’héroïne, de morphine, représentant60 % du PIB licite et occupant envi-ron 10 % des terres cultivables. Partde la production mondiale d’opiumen 2007 : 93% pour une productionde 8 200 tonnes ; en 2007, un hec-

Comprendre la situationde l’Afghanistan, c’est,avant tout, connaître leschiffres et les données quiexpriment la nature dupays, et la réalitéquotidienne de seshabitants :

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tare de pavot rapportait 4 500 dol-lars, contre 500 dollars pour un hec-tare de blé, et les revenus des culti-vateurs représentaient 1 milliard dedollars au niveau du pays (source :UNODC – United Nations Office onDrugs and Crime).

DONNÉES COMPLÉMENTAIRES :Pourcentage de la population ayantaccès à des sources d’eau potableaméliorée : 39% (OMS-UNICEF, JMP*)Pourcentage de la population utili-sant des systèmes d’assainissementaméliorés : 34% (OMS-UNICEF, JMP*)Selon l’UNICEF, en 2005, 26,2 % de lapopulation (estimée à 4 millions d’ha-bitants) de Kaboul n’avait pas accès àl’eau potable.Selon le Rapport 2007 sur le dévelop-pement humain publié par les NationsUnies, 30 % des Afghans ne mangentpas à leur faim, 50 % des enfants ont

un poids en dessous de la normale, et70 % de la population n’a pas accès àl’eau potable.Nombre d'habitantspour 1 médecin : 50 000

Selon un rapport récent d’ACBAR(Agency Coordinating Body for anAfghan Relief), qui est une struc-ture de coordination regroupantune centaine d’ONG internationales(dont SOLIDARITES) et afghanesintervenant en Afghanistan :- L’assistance internationale repré-sente 90 % des dépenses publiquesde l’Afghanistan- La communauté internationale s’estengagée à affecter près de 25 mil-liards de dollars à l’Afghanistandepuis 2001 ; pourtant, seuls 15 mil-liards ont jusqu’à présent été versés,ce qui représente un déficit de près de10 milliards de dollars qui étaient

promis pour la période 2002-2008,soit l’équivalent de 30 fois le budgetannuel afghan de l’éducation.- Les deux tiers de l’aide versée à l’Af-ghanistan ne passent pas par le gou-vernement afghan.- On estime à 40 % le pourcentage del’aide versée qui revient aux payscontributeurs, sous forme de profitsd’entreprises et de salaires de consul-tants.- L’armée américaine dépense près de100 millions de dollars par jour enAfghanistan pour ses activités mili-taires, alors que l’aide versée ne repré-sente que 7 millions de dollars par jour.

Source : Matt Waldman, Falling Short AidEffectiveness in Afghanistan, ACBAR Advo-cacy Series, mars 2008Site de ACBAR : http://www.acbar.org/

(*) JMP : Joint Monitoring Programme OMS-UNICEF.

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CONTEXTE ET CAUSES : GUERRE,ABSENCE D’INVESTISSEMENT ETCROISSANCE ANARCHIQUE

Les guerres en Afghanistan entre 1979et 2001 ont détruit une large partie deKaboul et, en particulier, les infrastruc-tures hydrauliques. Parallèlement,durant les 20 dernières années, lesinvestissements dans les infrastructuresd’eau et assainissement ont été réduitsauminimum, engendrant une dégrada-tion des infrastructures existantes.A cette situation, s’ajoute ces dernièresannées une forte augmentation de lapopulation, en raison de l’arrivée deretournés et de déplacés, ainsi que del’exode rural. En 2004, la population dela ville était de 1,7 million d’habitants,elle en compte désormais près de 4 mil-lions. D’où une très forte pression surune ressource en eau déjà fragile.

Au niveau de la situation en eau etassainissement, on peut différencierdeux types de quartiers : ceux comprisdans le plan d’urbanisation de la ville(zone du Master Plan, dont la 1re ver-sion date de 1974) et les quartiers dits« non officiels » (qui sont principalementdes nouveaux quartiers où se sont ins-tallés les retournés).

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L’accès à l’eau et l’assainissementradiographie d’une question vitaleAnne-Sophie Arnoux a été responsable pourSOLIDARITES des programmes d’accès àl’eau et l’assainissement à Kaboul, denovembre 2005 à juin 2007. Forte de son

expérience de terrain, elle livre ici l’analysedétaillée, exemples à l’appui, d’une problé-matique complexe, et des recommandationspour y apporter les réponses adaptées.

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Corvée d’eau à Kaboul : quand boire est source de maladies

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Dans l’ensemble des quartiers deKaboul (hors Master Plan et zones duMaster Plan), la situation générale dela ville entraîne des taux importantsde maladies hydriques (diarrhée, dys-enterie, fièvre typhoïde et mêmepaludisme et choléra).

L’URGENCE DE L’ACCÈSÀ L’EAU DANS LES ZONESNON-OFFICIELLES

La situation relève de l’urgence dans lesquartiers horsMaster Plan. Ces quartiers

ne bénéficient pas des mesures offi-cielles, visant à améliorer sur 15 ans lesinfrastructures publiques de distributiond’eau (il faut noter par ailleurs qu’il n’y aaucun concept de développement dusystème d’approvisionnement en eau dela ville après 2015, alors que beaucoupde besoins resteront à cette date insa-tisfaits : en effet, le Master Plan couvreseulement une zone abritant près de2 millions d’habitants sur les 4 millionsvivants dans la ville).Ces quartiers sont peuplés de personnesen situation vulnérable : la plupart sontretournés, population majoritairement

ouvrière et taux de chômage élevé,manque d’abris (certaines famillesvivent sous tentes en attentant dereconstruire), nombre important deveuves et d’orphelins…

Il s’agit soit de nouveaux quartiersconstruits dans l’extension de la ville, nebénéficiant d’aucune installation sani-taire publique, soit d’anciens quartiersfortement détruits où la population estd’autant plus vulnérable. En effet,n’ayant pas la possibilité de construireune nouvelle maison, les familles viventsouvent dans desmaisons partiellement

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à Kaboul :

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File d’attente devant une pompe à main installée par SOLIDARITES dans un quartier défavorisé de Kaboul

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détruites (comme à Qala-e-Wahid, Dis-trict 5).Dans ces zones dites « non-officielles »,les moyens d’accès à l’eau sont les puitsprivés (la plupart sont ouverts), les« Karez » (canaux souterrains) / rivières,les forages équipés de pompe à main(où le temps d’attente est parfois de plu-sieurs heures), les systèmes de réseauxautonomes, ou encore un approvision-nement par camion. Les familles les plusaisées installent des pompes privéesdans leur parcelle.Prenons le cas du quartier de Sar-e-Karez (District 5), où SOLIDARITES estintervenue en 2007-2008 : il existe dansce secteur une station de pompage des-servant les quartiers du centre-ville, sanspour autant alimenter la population dece quartier. La population a branché, defaçon illicite, 4 robinets sur la conduitede distribution. Cependant, avant l’in-tervention de SOLIDARITES, la majoritédes ménages s’approvisionnait auniveau du Karez qui traverse le quartier.

Concernant les nouveaux quartiers, il estnécessaire de construire des infrastruc-tures hydrauliques à faible coût. Sharek-e-Safa (District 13, périphérie ouest) estpar exemple un quartier densémentpeuplé apparu en 2004 avec l’arrivée desretournés. En 2005, la seule ressource eneau utilisée par la population était despuits privés, dont la plupart tarissent ensaison sèche. De plus, la majorité de cespuits sont pollués (non couvert). Enoutre, la multiplication des puits privésaugmente les risques de pollution de lanappe phréatique. Il n’y a pas d’électri-cité dans ce quartier, ce qui rend diffi-cile la mise en place d’un réseau d’eauautonome (type forage, pompe immer-gée et réseau de distribution), la popu-lation étant dans l’incapacité de cotiserpour payer l’eau (frais importants liés àl’achat de carburant). Ainsi, entre 2005et 2007, SOLIDARITES a installé à Sha-

rek-e-Safa des forages équipés depompes à main. Ceci a permis d’appro-visionner en eau l’ensemble de la popu-lation de la zone, en quantité et qualitésuffisante. La réponse apportée resteune réponse d’urgence. A terme, il estfortement souhaitable que ce quartiersoit inclus dans le plan d’urbanisation dela ville et soit approvisionné en eau via lefutur réseau d’eau municipal (qui seraalimenté par des forages profonds situésà l’extérieur de la ville) car la ressourceen eau reste limitée.

Il faut ajouter que la forte augmenta-tion de population fait que Kabouls’étend aussi sur les collines qui l’entou-

rent. Dans ces quartiers situés en hau-teur, il est difficile d’installer des pompesà main. En effet, hormis les difficultésd’accessibilité s’ajoute le problème de laprofondeur des nappes aquifères.

Dans les anciens quartiers, il est néces-saire de réhabiliter les infrastructuresexistantes comme à Dogh Abad (District7, périphérie Sud). En 2005, la seule res-source en eau disponible pour la popu-lation était son réseau d’eau, qui pré-sentait des défauts de conception, àl’origine de dysfonctionnements. Entre2005 et 2006, SOLIDARITES est interve-nue sur ce réseau en y installant unréservoir surélevé. Ceci a permis d’amé-

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Forage profond réalisé par SOLIDARITES à Kaboul

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liorer de façon notable les quantitésd’eau disponible pour la population.

L’ACCÈS À L’ASSAINISSEMENTEN ZONES NON OFFICIELLES :ÉTAT DES LIEUX D’UNE SITUATIONINÉGALEMENT CRITIQUE

Au niveau de l’assainissement des quar-tiers situés en dehors de la zone cou-verte par le Master Plan, la majorité desfamilles disposent de latrines sèches ouà siphon d’eau. Ces latrines sont souventune source de contamination, d’où lanécessité d’améliorer les modèles exis-tants. Un bon exemple est celui duquartier de Qala-e-Wahid. La majorité

des familles vivant de ce secteur sontéquipées de latrines sèches surélevées.Cependant, la plupart des fosses nedisposent pas de trappe de vidange.Ainsi, les eaux usées s’écoulent direc-tement dans la rue et vont rejoindre leKarez (à noter qu’en 2007, 67 % de lapopulation utilisait ce Karez pour laboisson). Entre 2007 et 2008, SOLIDA-RITES a entrepris la réhabilitation delatrines de démonstration. Le modèle« latrines sèches surélevées » a étéamélioré. Parallèlement, un serviced’assainissement a été formé etéquipé, ayant pour objectif d’assurer lavidange des latrines de façon adaptée.Un site de décharge a été identifié avecl’autorité du District.

Les latrines sèches sont également cou-rantes dans les zones semi-rurales deKaboul comme à Kokor (District 13) oùSOLIDARITES est intervenue en 2007.Dans ces quartiers, l’utilisation de cetype de latrines est moins probléma-tique car les familles disposent souventde terre pour épandre le compost. Aprèsamélioration des latrines, il n’est pas for-cément nécessaire de mettre en placeun service d’assainissement. Par contre,il est important de sensibiliser la popu-lation sur la manipulation et l’utilisationdu compost.Dans certains quartiers de Kaboul, lapopulation préfère utiliser des latrines àsiphon d’eau (culture ethnique et habi-tudes prises à l’étranger). Ces latrines

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nécessitent donc d’avoir de l’eau facile-ment disponible. Lorsque cela est le cas,l’avantage de ce type de latrines estqu’elles sont particulièrement hygié-niques. Néanmoins, deux problèmesreviennent de façon récurrente. Lesfosses se situent dans la rue (domainede l’état) et ne sont pas isolées (risquede pollution des nappes). Dans certainsquartiers du District 13, nous avons aidédes familles à réaliser des fossesétanches. Parallèlement à ce genre d’ac-

tion, SOLIDARITESmet en place des sys-tèmes pour la vidange de ces latrines.A Sharek-e-Safa par exemple, le comitéa été équipé d’un camion-vidange et destechniciens ont été formés à cette tache.

Enfin, il y a très peu de points de collectedes déchets dans ces zones non-offi-cielles. L’autorité du District est respon-sable de la collecte des déchets, mais lemanque de moyens matériels et lemanque de points de collecte rend cette

tache difficile à assurer. Encore une fois,il est prévu d’implanter des nouveauxpoints de collecte uniquement dans deszones couvertes par le Master Plan.Dans les zones les plus rurales, le pro-blème est moindre car les déchets sontmajoritairement organiques et le resteest brûlé pour la cuisson des aliments.Dans les zones plus densément peu-plées, les déchets s’entassent dans lesquartiers, se mélangent à la boue, obs-truent les canaux de drainage… A Qala-e-Wahid par exemple, les maisons enruine servent de décharge.SOLIDARITES a mené un projet dans cequartier incluant la construction depoints de collecte. Parallèlement, unpartenariat a été mis en place avec l’au-torité du District. SOLIDARITES a sou-tenu cette autorité par l’apport dematé-riel et l’organisation d’une campagneconjointe de nettoyage des quartiers. Deson côté, le District s’est engagé à col-lecter les déchets des points de collectede façon régulière. Par contre, oncompte peu de sites de déchargementdes déchets dans la ville de Kaboul etceux existants sont souvent inappro-priés. Il est nécessaire de créer de nou-velles décharges ou centres de traite-ment des déchets et de recouvrir lesanciens sites.

LA RECONSTRUCTIONDES INFRASTRUCTURES D’ACCÈSÀ L’EAU ET L’ASSAINISSEMENTDANS LES ZONES OFFICIELLES :UN CHANTIER SANS MOYENSQUI NÉCESSITE PARFOISDES RÉPONSES D’URGENCE

Même si la situation est moins alar-mante dans les zones couvertes par leplan d’urbanisation de la ville, lesbesoins en termes de reconstruction yrestent importants. Les infrastructuresont non seulement été détériorées par

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Pompe à main installée par SOLIDARITES à Kaboul

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la guerre mais également par le manqued’entretien. Le CAWSS (Central Autho-rity for Water Supply et Sewerage), rat-taché au Ministère du DéveloppementUrbain est responsable des infrastruc-tures localisées dans les zones couvertespar leMaster Planmais n’a actuellementpas la capacité de prendre en chargel’ensemble des ouvrages. Ainsi, nombrede réseaux d’adduction ne sont pasentretenus, voire ne fonctionnent pas.

A Kaboul, les nappes aquifères sont deplus en plus polluées, en particulier parles eaux usées. La plupart des immeublessont connectés à des fosses septiques,cependant, ces systèmes d’assainisse-ment ne sont pas bien dimensionnéset par conséquent, les eaux uséessont rejetées sans aucun traitement.

A noter que moins de 5 % des habi-tants sont connectés à un réseaud’assainissement.

Il existe également une station d’épura-tion sur Kaboul, le WWTP de Macro-rayan (Waste Water Treatment Plant)qui reçoit les eaux usées de certainsquartiers. Néanmoins actuellement,cette station ne fonctionne pas correc-tement (réhabilitation nécessaire), ce quia pour conséquence que les eaux uséessont rejetées directement (sans traite-ment) dans la rivière Kaboul (utilisée parune partie de la population Kabouli). Laforte augmentation de population et laperméabilité du sol n’ont fait qu’altérerla situation.C’est le cas par exemple du quartierd’Awaï Blocks (District 7) qui comprend

un complexe de 20 immeubles etquelques 200 maisons. L’ensemble desimmeubles sont connectés à un réseaud’assainissement construit il y a plus de25 ans. Actuellement, la station de pom-page est défectueuse, ce qui a mené aublocage du réseau. Ainsi, les eaux uséesressortent au pied des immeubles ets’écoulent jusqu'à de grandes fossesd’eaux usées situées au milieu du quar-tier. Les eaux usées entourent égalementl’école et l’aire de jeux des enfants. Prèsde 80 m3 d’eaux usées/jour s’accumu-lent ainsi dans le quartier. Quant auxmaisons, elles ne sont pas toutes équi-pées de systèmes d’assainissement indi-viduels, et certaines sont directementconnectées aux « mares » d’eaux usées…Concernant l’approvisionnement en eau,le quartier est alimenté par un forage

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L’aire de jeux des enfants du quartier d’Awaï Blocks inondée par les eaux usées

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situé au milieu du quartier. Par consé-quent, les risques de pollution du foragesont importants et il n’existe aucun sys-tème de traitement de l’eau avant dis-tribution. Dans le cadre de la mise enplace du Master Plan, il est prévu uneconnexion à la station de Macrorayan,mais la mise en place de cette connexionprendra entre 5 et10 ans d’après les experts de la BanqueMondiale et pour l’instant, la station deMacrorayan ne fonctionne pas de façonadéquate.Il serait donc nécessaire de mener uneaction permettant de minimiser lesrisques sur le moyen terme : réhabiliterla fosse septique afin qu’elle fonctionne

correctement et mettre en place un sys-tème de traitement biologique sur siteavant de rejeter les eaux traitées sur lesterres agricoles. Par la suite, laconnexion à la station de Macrorayanpourrait être mise en place.

Concernant la gestion des déchets dansles zones du Master Plan, le nombre depoints de collecte reste insuffisant,même si la couverture est beaucoupplus importante que dans les zonesnon-officielles. Il existe seulement3 décharges dans la ville dont 2 pleines.Ceci engendre une prolifération desmouches et des rongeurs. Dans le cadredu Master Plan, il est cependant prévu

de mettre en place de nouvellesdécharges et de renforcer les capacitésde transport de la Municipalité.

LE DÉVELOPPEMENT PARL’IMPLICATION DES AUTORITÉSLOCALES : INVESTIR POURRENFORCER LES MOYENS,FORMER LES HOMMESET CLARIFIER LES TUTELLES.

Afin de pérenniser l’action menée enmatière d’accès à l’eau et d’assainis-sement, l’implication des autoritéslocales dans l’ensemble des projets estindispensable.

NOS PROGRAMMES D’ACCÈS À L’EAU POTABLE ET L’ASSAINISSEMENT EN AFGHANISTAN EN 2008

Programmes d’accès à l’eau potable et l’assainissement dans les districts vulnérables de Kaboul (districts 5, 6 et13). Budget : 1 228 979 euros

L’objectif de ces programmes est de lutter contre les maladies d’origine hydrique (choléra, diarrhées, dysenterie, typhoïde) quifrappent les habitants des quartiers défavorisés de la capitale afghane, et en particulier les enfants. Ces familles sont souventretournées d’Iran ou du Pakistan où elles s’étaient réfugiées, ou venus des campagnes vers la ville, afin de trouver un moyen desubsistance. Ces programmes prévoient, au bénéfice de 74 592 personnes :

• Le forage de 212 puits profonds équipés de pompes à main

• La réhabilitation de 13 pompes à main

• La mise en place de 4 comités locaux de gestion de l’eau hygiène

• La formation de techniciens locaux

• La réhabilitation de 1 041 latrines

• La mise en place de dépotoirs à déchets et d’un système d’enlèvement des déchets.

• La distribution de 6 000 kits d’hygiène

• La formation de formateurs locaux à l’hygiène

• La tenue de sessions de sensibilisation et formation à l’hygiène dans les mosquées et les foyers

• La réhabilitation et le drainage de 4 100 m de route.

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Concernant les zones incluses dans leplan d’urbanisation de la ville, il estnécessaire de renforcer les capacités(matérielles et en termes de forma-tion) du CAWSS et de la Municipalité(unique responsable de la gestion des

déchets). Car actuellement, leur capa-cité d’action est limitée et cela nefavorisera pas la prise en chargefuture des installations situées dansles zones hors Master Plan. Dans leszones dites « illégales », il n’y a pas

d’autorité officielle en charge de l’eauet de l’assainissement. Actuellement,le principal interlocuteur est le MRRD(Ministère de la Réhabilitation et duDéveloppement Rural), en particulierpour la mise en place de projet d’ap-provisionnement en eau. Cependant,cela reste flou dans le sens où, commeson nom l’indique, il est officiellementen charge des zones rurales. Les auto-rités des Districts (représentant laMunicipalité) sont également souventun bon appui, en particulier pour lamise en place de projet d’assainisse-ment.

Il est donc important d’investir danscette ville, en priorité dans les zonesnon-officielles, afin que les popula-tions retournées puissent bénéficierd’installations sanitaires adéquates.Cependant, il est également néces-saire de s’impliquer dans la remise enfonctionnement des installationsexistantes (en particulier dans leszones du Master Plan). Car sans cela,il sera difficile pour les autoritéslocales de prendre en charge l’en-semble des infrastructures d’accès àl’eau et l’assainissement, celles situéesdans les zones du Master Plan dansun premier temps, puis celles desquartiers jusqu’à présent officielle-ment non reconnues.

POUR L’AVENIR :REDÉFINIR LE PLAN DE KABOUL ?

A plus long terme, on peut souhaiterqu’il soit donné un statut officiel à l’en-semble des quartiers de Kaboul et quesoit établi un nouveau plan d’urbanisa-tion de la ville, bénéficiant cette fois-ci àl’ensemble de sa population.

Anne-Sophie ArnouxCATH

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L’enjeu de la sécurité alimentaireen Afghanistan :analyse et recommandations pour une réponse adaptée

Les contraintes agro-écologiques ducentre de l’Afghanistan sont nom-breuses et diffèrent d’une vallée àl’autre. L’altitude qui influence le cli-mat, la disponibilité en eau et en terreirrigable ou encore l’éloignement dumarché pour l’approvisionnement enintrants et l’écoulement des produc-tions sont autant de facteurs quiinfluencent les systèmes de productionagricole et les activités rurales engénéral. Une vallée de moyenne alti-tude comme celle de Kahmard(1 600 m), dont le bassin versant derécolte des eaux est immense etconstitue une source d’alimentation eneau pour l’irrigation inépuisable, per-met plusieurs cycles de culture par ansur une même parcelle. La clémence duclimat permet la culture du blé et de lapomme de terre, mais aussi du riz, dumaïs et des fruits comme l’abricot, laprune, l’amande, la pomme ou la noix.Dans la vallée voisine et parallèle deSaighan le manque d’eau est la pre-mière contrainte. En outre, l’altitudeplus élevée (2 000 m) rend le climatplus rigoureux – les gelées précoces auprintemps, au moment de la floraisondes arbres, rend la production fruitière

Gaylord Robin a été responsable de projetpour SOLIDARITES à Kahmard et Saighandans la province centrale du Hazaradjat de

mai 2007 à février 2008. Il est actuellementcoordinateur des programmes agricoles etde sécurité alimentaire.

ADAPTER L’ACTION EN SÉCURITÉ ALIMENTAIRE AUX SPÉCIFICITÉS LOCALES :L’EXEMPLE DE DEUX VALLÉES

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plus risquée – et allonge les cycles deculture dans le temps, ne permettantqu’une culture par an. Dans les valléescomme celle de Saighan, l’élevage etles cultures pluviales d’altitude (dansles estives) ont un rôle prépondérantdans l’économie des familles ; ellessont alors d’autant plus vulnérablesque les précipitations sont irrégulières,limitant les rendements des céréalespluviales et la productivité des pâtu-rages, et que la pression démogra-phique des hommes sur la terre et lesressources et de leurs animaux sur lespâturages s’accroît.

La population de ces deux valléescompte respectivement 45.000 et35 000 habitants. La réponse de SOLI-DARITES aux besoins de cette popula-tion doit se différencier selon lescontraintes des deux vallées et selonl’évolution du contexte socio-écono-mique propre à chacune. Suite à unprojet mené de 2003 à 2006 dans cinqdistricts de la province de Bamyan,avec des activités diverses de soutienà l’agriculture, SOLIDARITES adapte desactivités spécifiques à chaque vallée aufur et à mesure des renouvellementsde projets. A Kahmard par exemple,SOLIDARITES dynamise le secteur del’abricot sec, première source derevenu de la majorité des agriculteurs.A Saighan, SOLIDARITES accompagnetechniquement le développement dusecteur fruitier (pomme, amande, abri-cot) qui pourra devenir dans les annéesà venir une source de revenu intéres-sante. Le stockage hivernal de pommesen abri sous-terrain pour la vente auprintemps sur le bazar principal du dis-trict voisin de Bamyan, comme cela sefait dans le Wardak à proximité deKabul, est une piste à expérimenter.Au-delà de ce secteur particulier et enréponse à la vulnérabilité de la valléede Saighan, SOLIDARITES planifie

NOS PROGRAMMES DE SÉCURITÉ ALIMENTAIREEN AFGHANISTAN EN 2008

Programme de développement rural dans le district de Yakawlang, province deBamyan. Budget : 1 678 000 eurosCe programme, commencé en septembre 2004, est prévu de s’achever en août2008. Il est exemplaire d’une vision à long terme de notre action. Destiné à ren-forcer de façon durable la sécurité alimentaire des familles de paysans desrégions enclavées de la zone deYakawlang, dont le système de production agri-cole a été affecté par des années de guerre et de sécheresse, il prévoit :• La réhabilitation d’infrastructures agricoles : réseaux d’irrigation, drainage decours d’eau, digues, réservoirs, etc., au profit de 1 700 familles.• La diffusion de pratiques par le biais de parcelles de démonstration, formations,diffusion de brochures et émissions sur radio locale, au profit de 6 000 agricul-teurs.• Le soutien au marché local : recherche de débouchés, distributions desemences et engrais, construction de marchés couverts, au profit de 8 000 per-sonnes.• Des microprojets : horticulture, construction de charrettes, installation de chauf-fage solaire, formations en maçonnerie et charpente, au profit de plus de 100familles.

Programme de développement de l’horticulture dans les districts de Kahmardet Saighan, province de Bamyan. Budget : 788 000 eurosCommencé en avril 2007, ce projet doit s’achever en janvier 2011. Il a pourobjectif de renforcer la sécurité alimentaire de familles rurales en leur offrant unesource durable de revenus par le développement de l’horticulture pérenne (arbresfruitiers).Le projet est structuré en deux composantes : 1/ le soutien technique à la pro-duction de fruits (abricots, amandes, poires) et 2/ la standardisation des procédésde séchage des fruits et l’organisation de la vente au niveau local pour renforcerle poids des agriculteurs dans la filière. 700 fermiers (dont 200 femmes) et5 organisations locales d’agriculteurs bénéficient directement du projet.

Programme de renforcement de la sécurité alimentaire des populations ruralesvulnérables du district de Roy-e-Doab, province de Samangan au nord du pays.Budget : 440 000 eurosUn projet de sécurité alimentaire vise à rétablir la capacité de production agricoledes populations isolées de ce district, victimes à la fois de la sécheresse en 2006et des inondations en 2007, par la distribution d’intrants (à 4 700 familles) et laréhabilitation de terres et d’infrastructures d’irrigation.

Programme de développement rural et de promotion de la démocratie localedu district de Roy-e-Doab, province de Samangan, en partenariat avec le gou-vernement Afghan à travers le « National Solidarity Program » (NSP). Budget :142 483 euros.Ce projet prévoit, au profit de près de 95 000 personnes (ensemble de la popu-lation du district), la mise en place de 67 conseils communautaires masculins, et67 conseils communautaires féminins, qui sont orientés et soutenus (appui tech-nique, formation, mise à disposition de fonds) pour la réalisation de leurs propresprojets.

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maintenant de travailler sur la gestionde l’eau, en parallèle d’activités de sou-tien à l’agriculture, et de gestion com-munautaire des pâturages, sur lemodèle d’un projet pilote réalisé en2007 dans le district de Yakawlang (enpartenariat technique avec la FAO).

De ces deux exemples,retenons la spécificité dechaque vallée. Dans lecadre du lien urgence –réhabilitation – dévelop-pement, SOLIDARITES faitle choix de définir sa stra-tégie de soutien à l’agri-culture dans la durée.Car malgré la diversitéde situations, le centrede l’Afghanistan est demanière générale très vul-nérable. Si l’on replacel’action de SOLIDARITESdans le contexte actuel dela crise des prix alimen-taires, on mesure l’impor-tance de soutenir la pro-duction agricole du paysafin de renforcer lesfilières locales et natio-nales. Car si cette criseest généralisée ou « mon-dialisée », résultante dedysfonctionnements desmarchés au niveau global,dans le cas spécifique del’Afghanistan, elle est aussistructurelle. En effet, après7 années de reconstruc-tion, les filières agricolessouffrent d’une ineffi-cience qui accentueencore l’impact de tellescrises. L’Afghanistan estun pays agricole qui peutatteindre l’autosuffisancesur certains produits ali-mentaires de première

nécessité (pomme de terre, fruits) voirel’exportation (fruits secs).

L’enjeu est donc de taille. D’un côté, lesoutien à des populations vulnérablesen menant des activités variées, par-fois très techniques. De l’autre, le sou-tien à l’économie nationale et à sa sta-

bilité par l’appui à la production agri-cole et le renforcement des filières.Dans ce cadre, SOLIDARITES doit conti-nuer à travailler dans les vallées ducentre de l’Afghanistan et planifier sastratégie sur plusieurs années.

Gaylord Robin

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Formation sur le greffage assuré par SOLIDARITES

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LE « CHAMP » DES PROJETSDE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE :UNE QUESTION ESSENTIELLE.Les « champs » couverts par les pro-jets humanitaires dans le domaine dela sécurité alimentaire sont, d’aprèsl’expérience de SOLIDARITES, détermi-nants pour la pertinence de ceux-ci.Quelques remarques sur ce point :

1 / Le « mieux produire » en quantité(élévation des rendements) et qualité

(diversification des productions) resteplus que jamais d’actualité au regard dela hausse des prix des matières pre-mières agricoles. Il faut continuer à for-mer les producteurs à plus et mieuxproduire. Ce champ regroupe les activi-tés de formation/expérimentation liéesaux productions végétales et animales,mais aussi les infrastructures directe-ment liées à la production agricole,telles que les ouvrages d’irrigations etle drainage de plaines alluviales.

2/ La mise en marché des produitsagricoles reste une priorité majeure, àtravers notamment l’appui à la struc-turation de filières courtes (ex : abri-cot, pomme de terre), et à l’approvi-sionnement d’intrants (ex : petitmatériel, engrais). Il est nécessaire decontinuer à développer les compé-tences dans les techniques de « post-récolte » pour augmenter la capacitéde stockage et pour améliorerla conservation des productions

Benoit Sourisseau a été, de mai 2003 à mars 2007, responsable de projets de sécurité alimen-taire pour SOLIDARITES en Afghanistan. Il formule ici des recommandations pour l’avenir.

OPTIMISER L’ACTION EN SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

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Séchage des abricots

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stockées (ex : pomme de terre, abri-cot, pomme) qui, avec du recul, sem-blent déterminantes pour le futur auregard de la crise actuelle des prix.

3/ La gestion des ressources naturellesapparaît plus que jamais cruciale si onsouhaite équilibrer l’équation « haussesignificative de la population rurale et fini-tude des ressources naturelles », notam-ment l’eau d’irrigation et les espaces natu-rels servant à la fois de pâture et debuissons pour la chauffe domestique. Cesproblématiques vont à l’avenir devenir deplus en plus cruciales pour les populationsusagères et les acteurs du développe-ment/réhabilitation rural.

4/ L’amélioration durable de l’accès àl’eau potable doit rester une prioritédes projets menés, tant en zonesurbaines que rurales. Cet accès doit

être pensé et réalisé dans une optiquede gestion à moyen terme et ce enpartenariat avec le gouvernementafghan.

5/ Un aspect transversal mais trèspertinent compte tenu de l’histoiresociale très tendue durant les 30 der-nières années consiste en la promo-tion du lien social. Le succès d’événe-ments type foires agricoles organiséspar SOLIDARITES en 2006 et 2007montre combien la société rurale abesoin « d’air » pour continuer à sestructurer, construire des relationsmoins violentes et résister aux tenta-tions radicales.

DURÉE ET LOCALISATIONDES PROJETSAu regard des projets menés parSOLIDARITES depuis 2003, la durée

des projets joue un rôle prépondé-rant sur leur qualité et leur impactauprès des populations cibles. Parconséquent, il est important d’insis-ter sur la nécessité de s’engager surdes projets de 3 ans (les tranches de3 ans sont les mieux adaptées aucontexte afghan).Par ailleurs, et en terme de stratégiepour un impact maximal, il estimportant d’investir les moyens d’ac-tion humanitaires disponibles pour lasécurité alimentaire dans des zonescalmes telles que par exemple la pro-vince de Bamyan. Celle-ci, occupantla première position à l’échelle dupays en terme de production depomme de terre, est un territoireprépondérant au regard de la sécu-rité alimentaire nationale.

Benoit Sourisseau

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Pépinière d’arbres fruitiers mise en place part SOLIDARITES

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POURQUOI LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE EST UN ENJEU CRUCIAL EN AFGHANISTAN :TABLEAU DE LA HAUSSE DES PRIX DES DENRÉES ALIMENTAIRES DE BASE À KABOUL(Etabli par Gaylord Robin pour SOLIDARITES à partir des informations fournies par le PAM (Programme Alimentaire Mondial). )

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Battage du blé

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SOLIDARITES :28 ans d’action en Afghanistan

SOLIDARITES engage son action huma-nitaire en Afghanistan en 1980, peuaprès l’invasion soviétique de Noël 1979qui durera 10 ans, causera la mort d’unmillion de personnes et obligera près de6millions d’Afghans à se réfugier en Iranou au Pakistan. De 1980 à 1988, denombreuses missions d’aide d’urgence,appelée « Caravanes de l’espoir » furentorganisées. Simultanément, des pro-grammes de soutien à long terme ontété mis enœuvre très tôt : réhabilitationdes canaux d’irrigation au sud de Kan-dahar, soutien aux écoles de 1983 à1987, programme agricole dès 1984dans la province du Wardak. A cetteépoque et durant 10 ans, les équipes deSOLIDARITES entrent clandestinementen Afghanistan à partir du Pakistan poursecourir les populations affectées par laguerre dans de nombreuses provinces dece pays qui va jouer un rôle décisif dansla naissance et l’histoire du mouvementhumanitaire contemporain.

A partir de 1992, nous allons initier puisréaliser un vaste programme de relancedes activités rurales dans la vallée de Jal-rez situé à 50 km au sud ouest de Kaboul.Cet ambitieux programme, qui vas’échelonner sur une dizaine d’années,sera prolongé vers Bamyan et le Haza-radjat et sera remis par nos soins avecses installations au Ministère de l’Agri-culture en 2002 avec le soutien de l’Am-bassade de France à Kaboul.Dès l’été 1994, de vastes programmesd’accès à l’eau et d’assainissement sontmis enœuvre par SOLIDARITES à Kaboul,la capitale. Ces programmes permettrontà près de 700.000 personnes d’avoir

De 1980 à aujourd’hui, SOLIDARITESintervient sans interruption en Afghanis-tan, adaptant en permanence son actionaux besoins, de l’urgence à la reconstruc-tion et à la relance de l’agriculture…

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Séchage des abricots

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accès à l’eau potable et de disposer deconditions d’hygiène satisfaisantes. Ilsauront permis la construction d’un mil-lier de puits profonds, la réhabilitation de27 réseaux d’adduction et de deux sta-tions d’épuration. Le volet assainisse-ment a pris en charge, entre autre, laconstruction de 50 fosses septiques, ledrainage du canal deWazir Abad, la col-lecte et la destruction de déchets médi-caux contaminants. Ces programmessont brusquement interrompus en juillet1998, avec l’expulsion de la capitale desorganisations humanitaires par les Tale-ban.

A partir de juillet 1998, l’action de SOLI-DARITES en Afghanistan se concentresur le programme de soutien agricolecommencé en 1995 dans la vallée de Jal-rez, et surtout la mise place de pro-grammes d’aide d’urgence au profit dela population de la région du Hazarad-jat, au centre du pays. Cette région,enclavée, soumise à un blocus et de vio-lents combats, ne reçoit alors pratique-

ment pas d’aide humanitaire. SOLIDA-RITES va y mener, à partir de sa base àBamyan, des distributions d’aide alimen-taire destinées à des milliers de famillesvulnérables et de veuves sans soutien.SOLIDARITES engagera également desprogrammes de reconstruction de routeset de ponts, afin de permettre l’approvi-sionnement des zones les plus enclavées.L’association prendra enfin en chargedes programmes de réhabilitation deréseaux d’irrigation, de distribution dematériaux de reconstruction pour lesmaisons endommagées par les combats,et enfin un programme de soutien et derelance à l’agriculture, par le biais d’uncentre agricole comparable à celui déjàmis en place dans la vallée de Jalrez.En janvier 2001, l’intensification descombats et par la suite l’interdictiond’accès qui nous est imposée par lesTaleban avant la destruction des boud-dhas de Bamyan en mars 2001, où noussommes basés, nous amènent à inter-rompre momentanément nos pro-grammes au Hazaradjat et à redéployer

nos équipes et nos moyens à partir de laville deMazar-e-Scharif, au Nord de l’Af-ghanistan.

Le 9 septembre, le commandant Mas-soud est victime d'un attentat suicide, etle 11 septembre, l’organisation terroristeAl Quaida basée en Afghanistan avec lesoutien des Taleban, perpétue les ter-ribles attentats du World Trade Center àNew York. En réaction, les forces améri-caines lancent une offensive en Afgha-nistan le 7 octobre, avec le soutien desforces afghanes de l’Alliance du Nord,dont le commandant Massoud était lechef. Le 13 novembre : les forces de l'Al-liance du Nord entrent dans Kaboul,désertée par les Taleban.Fin 2001 et en raison de la situation dra-matique due à la sécheresse, SOLIDA-RITES poursuit ainsi son soutien auxfamilles de paysans de la vallée de Jal-rez, dans le Wardak. Aussi et surtout, dufait de la rupture politique et des boule-versements qui ont accentué la vulnéra-bilité des populations les plus démunies,elle intervient, à partir de sa base àMazar-I-Scharif, dans les provinces deBalkh, Samanghan, et Nord-Bamyan. Cesprogrammes permettent à 300.000 per-sonnes, déplacées aussi bien que rési-dentes, de recevoir une aide alimentairevitale, d’avoir accès à l’eau potable et depermettre l’irrigation de leurs terrespar la reconstruction d’infrastructuresrurales (puits, réseaux d’irrigation) etenfin de recevoir des semences destinées

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Reconstruction de route

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Distribution d’aide alimentaire d’urgence en 2001

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à la relance de l’agriculture. En 2002 et2003, l'action de SOLIDARITES vise àrépondre aux besoins vitaux des popu-lations dans les zones parmi les plusaffectées par la sécheresse et le conflit,et à les accompagner dans la phase dereconstruction. La phase d'urgenceconsistait en une assistance alimentaire,abris et produits de première nécessité.Parallèlement et ensuite, nous avonsaidé ces populations à se réinstaller dansleurs régions d'origine, avec des pro-grammes les impliquant (réhabilitation,reconstruction de l'habitat et de cer-taines infrastructures publiques, renfor-cement de la sécurité alimentaire, distri-bution de semences, génie rural). Enfin,un programme ambitieux de soutien àl'agriculture et l'élevage dans la régionparticulièrement vulnérable du Hazarad-jat, au centre du pays, s’est développé.Le continuum urgence – reconstruction- développement est maintenant claire-ment établi. Enfin, pendant la périodeparticulièrement difficile de l’hiver, une

action spécifique, avec l'aide de bulldo-zers et de travailleurs afghans, est miseen place au Hazaradjat. Il s'agit, endéneigeant, de maintenir les routesouvertes, et de permettre ainsi à l'aide,aux soins et aux échanges économiquesd'atteindre les zones les plus isolées etvulnérables.Au cours de l’année 2004 et en 2005,notre équipe met en œuvre une quin-zaine de projets dans les domaines del’eau, de la sécurité alimentaire et sur-tout de la réhabilitation. L’expérienceacquise en Afghanistan nous permet deconduire des projets de développementaudacieux mais adaptés, tout en restantprésents et réactifs là où l’urgence seprésente. Un exemple de ce type de pro-grammes ambitieux est le projet sur 3ans de réhabilitation de la plaine de Sha-man, près de Yakawlang, destiné à endi-guer les inondations et optimiser la pro-duction agricole de cette zone. Enfin,2005 est l’année où SOLIDARITES, trèsprésente dans le secteur de l’accès à l’eau

et l’assainissement sur la capitale entre1994-98, y relance ses activités dans cedomaine vital, afin de lutter contre lesépidémies dans les quartiers défavorisés.

SOLIDARITES confirme en 2006 sa tran-sition de l’urgence vers la reconstructionentamée en 2005. En parallèle, le main-tien d’une capacité de réponse aux criseshumanitaires ponctuelles demeure pournous un impératif. SOLIDARITES renforceson engagement dans le domaine del’accès à l’eau et à l’assainissement àKaboul. Par ailleurs, SOLIDARITES s’en-gage en 2006 dans le « National Solida-rity Program » (NSP) destiné, en parte-nariat avec le gouvernement afghan, àfavoriser le développement rural et pro-mouvoir la démocratie locale. Ces axesd’intervention se confirment et se déve-loppent en 2007 et 2008, notammentquant au deux secteurs essentiels del’accès à l’eau et l’assainissement en zoneurbaine (Kaboul), et de la sécurité ali-mentaire durable en zones rurales.

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Réhabilitation de canal d’irrigation

L’équipe de SOLIDARITES en Afghanistan compte actuellement 7 volontaires expatriés et 135 Afghans

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Présentation de SOLIDARITESSOLIDARITES est une association d’aidehumanitaire internationale qui secourt lespopulations victimes de conflits armés oude catastrophes naturelles. Depuis28 ans SOLIDARITES répond aux besoinshumains vitaux : boire, manger et s'abri-ter en réalisant des programmes d'ur-

gence puis de reconstruction. Lesmissionsde SOLIDARITES, composées actuellementde 170 volontaires et de plus de 1 500 per-sonnels nationaux, sont aujourd'huiactives en Afghanistan, au Soudan (au suddu pays et au Darfour), au Burundi, auLibéria, en République Démocratique du

Congo (Nord Kivu, Ituri, Katanga), enSomalie, au Kenya, en République Centra-fricaine, au Tchad, au Bangladesh, en Côted’Ivoire, et en Thaïlande auprès des réfu-giés Birmans. En 2006, plus de 1,5 millionde personnes ont été secourues par nosprogrammes humanitaires.

SOLIDARITES : DE L’AIDE HUMANITAIRE D’URGENCE A LA RECONSTRUCTION

SOLIDARITES est une association selon laloi de 1901 en France. L’Assemblée Géné-rale annuelle des adhérents élit le Conseild’Administration (14 membres) quiélit lui-même le Bureau Directeur(6 membres dont le Président et le Tré-sorier). Le Bureau se réunit chaque moiset le CA chaque trimestre. Le Présidentest Pierre de La Bretesche, la Vice Prési-dente Sylvie Rosset et le Trésorier GildasPoirel. Notre siège près de Paris à Clichyla Garenne comprend une cinquantainede permanents, avec Alain Boinetcomme Directeur Général et Fondateur.

SOLIDARITES est membre de VOICE quiregroupe une centaine d’ONG des paysmembres de l’Union Européenne.

NOTRE ORGANISATION

SOLIDARITES a développé depuis 28 ansune capacité à répondre à des situationscomplexes, où l’urgence, la post-urgenceet la reconstruction se succèdent, et semêlent parfois. Notre action répond àl’évolution des besoins, s’adapte à chaquecontexte, dans le respect des cultures despopulations. Notre démarche est fondéesur l’engagement humanitaire et larecherche de l’efficacité, portés par les

volontaires qui mettent en œuvre descompétences et un savoir-faire reconnudans nosmétiers qui sont : l’accès à l’eaupotable et l’assainissement, la sécuritéalimentaire et la reconstruction.

Parmi cesmétiers, notre expertise dans ledomaine de l'accès à l'eau potable et l'as-sainissement est à la pointe de notrecombat contre les maladies hydriques,

1re cause de mortalité au monde. Surune centaine de programmes mis enœuvre par SOLIDARITES, la moitié sont,ou ont une composante, d’accès à l’eaupotable et l’assainissement, allant parexemple de l’acheminement d’eaupotable par camions ou du forage depuits en urgence, jusqu’à de vastes pro-grammes de reconstruction de réseauxd’adduction d’eau ou d’irrigation.

DES PROGRAMMES HUMANITAIRES ADAPTÉS AUX BESOINS DES POPULATIONS :

NOTRE BUDGET : PRÈS DE 37,5 MILLIONS D’EUROS POUR 2007

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Pour toute information complémentaire,consulter notre site Internet : www.solidarites.org

courriel : [email protected]

SOLIDARITES, 50 rue Klock, 92110 Clichy, France – Tél. : 01 80 21 05 05 – Fax : 01 80 21 05 99

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