Royauté Pharaonique MORET

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  Musée Guimet (Paris). Annales du Musée Guimet. 1902. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisatio n commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fournitur e de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenair es. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothè que municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisat eur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisati on. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Muse Guimet (Paris). Annales du Muse Guimet. 1902.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 : *La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits labors ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accder aux tarifs et la licence

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MINISTRE

DE

L'INSTRUCTION

PUBLIQUE

ANNALES

DU

MUSE

GUIMET

D'TUDES VlliLlOTHEQUE Tome Quinzime.

DU

CARACTRE

RELIGIEUX

DE

LA

ROYAUT

PHARAONIQUE

IMI'MMEMIS ORIENTALEBUKIlINTC'e, HUE A. ANGERS, E 4. GARNIKK,

Mi

CARACTRE

RELIGIEUX

DE LA

ROYAUT

PHARAONIQUE

PAR

MORET ALEXANDRE Docteur es-lettres, des de d'gyplologic l'colepratique Hautes-Etudes. Charg confrences

PARIS ERNEST DITEUR LEROUX, V 28, RUE BONAPARTE, I8

FRONTISPICE

LE DOUBLE DU ROI AOUTOU-AB-RI (De Morgan, Dahchour, I, pi. XXXIII). ,.,-

BIBLIOGRAPHIE

Principaux

recueils

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INTRODUCTION

La royaut les institutions est, de toutes pharaonique nous connues celle dont humaines jusqu'ici, pouvons le plus haut dans le pass. Quatre mille ans pousser l'tude fourni avant notre re, tel est le point de dpart par les dont on suit les tradimonuments pour une civilisation m' sicle aprs tions persistantes Jsus-Christ. jusqu'au offre donc un terrain de choix pour l'observaL'Egypte tion des institutions autant par l'antiquit primitives, que du champ de recherches con; ou y pourra par l'tendue trler les thories antiques d'aprs grco-romaine. travail a pour but de chercher dans l'tude une vrification de quelques-unes gyptienne mises sur les attributions gnrales la civilisation proposes sur les socits Le prsent de la socit des ides

des royauts primitives. de ces attributions, Aristote a donn la formule quand : Ils ont trois prrogatives il a dit des rois de Sparte ; ils commandent la guerre font les sacrifices, et rendent la 1 . Partant de cette Fustel de Coulanges a ide, justice chez les peudmontr lumineusement que le magistrat, concentrait en sa main les classique, ples de l'antiquit de la justice et du commandedu sacerdoce, pouvoirs 1. Politique, III, 9 . A. MORET. t

INTRODUCTION ment 1. D'aprs le plus important de ces trois Aristote, Les rois tiennent tait celui du sacerdoce: leur pouvoirs de leur qualit de prtre du culte commun 2 . Il dignit ressort des tudes de Fuslel minutieuses de Coulanges c'est bien la religion que dans la socit grco-romaine qui fit le roi' . La socit nous offre aussi, tous les degrs gyptienne de la hirarchie, la confusion du sacerdoce, de la justice et du commandement des chefs militaire dans la personne et surtout dans la personne du roi. Nous savons exactement quelle importance le Pharaon attachait son rle de et comment il s'efforait de le remplir justicier personnelment 4. GThef de l'arme, le Pharaon mne au combat ses il n'y a pas et, s'il en faut croire les rcits officiels, troupes de victoire il n'y a pas de qui ne soit due sa vaillance, danger pour l'Egypte qui ne soit conjur par la vigilance du souverain. Cette tude de l'activit du roi dans la socit gyptienne en tant que dispensateur et de la justice de son peuple, serait d'un assurment grand mais-nous avons d nous limiter, dans ce travail, intrt; la dfinition du caractre de la royaut religieux phaAussi bien le sujet est-il assez vaste et d'un intraonique. rt assez grand, comme au dbut en Grce car, en Egypte et Rome, il apparatra tait l'attribution que le sacerdoce essentielle du chef de l'tat. Au point se rsumer de vue religieux, en trois formules le rle : du roi d'Egypte peut dfenseur

1. La cit antique, p. 211. 2. Politique, VI, 5. 3. La cit antique, p. 207. 4. On trouvera un expos trs sommaire de la question dans mon tude sur L'appel au roi en Egypte, au temps des Pharaons et des Ptolmes (Actes du X Congrs des Orientalistes, 1894, p. 141-165).

INTRODUCTION

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Le roi est le fils, l'hritier, le successeur des dieux. Comme tel, il rend le culte de famille aux dieux ses anctres et devient le chef de la religion. En tant que prtre, le roi reoit lui-mme les honneurs il n'a pas qualit divins, sans lesquels pour mdiaire entre les hommes et les dieux. servir d'inter-

Dans les trois parties du prsent travail on tudiera sous ces trois aspects la royaut ; on verra gyptienne s'accommode de la dfinition donne les qu'elle pour autres royauts mais avec des nuances de dtail primitives, et un caractre bien marqu. original dsirable tude ait pu tre que cette triple de vue historique aussi bien qu'au point de Le plus souvent on ne trouvera ici qu'un des questions, comme les quasi, pendant expos gnral rante sicles de l'histoire les mmes faits s'gyptienne, taient rpts toutes les poques sans modification apLa faute en est attribuable prciable. On sait que, ds qu' nous-mme. la civilisation taine, pharaonique acheve et, en apparence, complte mmes croyances depuis perceptible, priode semblent les temps aux documents la plus l'poque se prsente nous : les mmes rites, les subsister sans changement primitifs jusqu' la fin de la plus loinIl et t faite au point vue analytique.

Une Egypte archaque commence grco-romaine. : mais, jusqu'ici, nous tre rvle les dcoucependant vertes n'ont fait que reculer la date d'existence des instisans nous apprendre tutions encore rien d'essenconnues, ni sur leur cration. tiel sur leur volution D'autre part, de l'histoire l'autre extrmit la conqute d'Egypte, a pu introduire des concepts nouveaux et grco-romaine modifications l'aspect quelques superficielles apporter extrieur de la souverainet. Mais ces innovations n'ont pas

4

INTRODUCTION

elles dans la socit gyptienne; pntr profondment sur l'ide qu'elle se faisait de la n'ont eu aucune influence : on nous permettra donc de ne pas leur consacrer royaut l'lici notre intrt et de rserver un expos dtaill ment permanent et indigne de la doctrine royale pharaonique 1.

1. Il rentre au contraire dans notre sujet de noter la persistance des traditions pharaoniques aprs la conqute trangre ; aussi nous efforcerons-nous d'appuyer toujours notre expos par des citations empruntes des documents de l'poque grco-romaine, aussi bien qu' des textes de la priode pharaonique.

PREMIRE

PARTIE

LE PHARAON

FILS,

HRITIER, DIEUX

SUCCESSEUR

DES

CHAPITRE

I

Dfinition

du caractre

religieux

du Pharaon

d'aprs

ses titres.

I. Le Pharaon successeur des dynasties divines. II. Le Pharaon hritier des dynasties divines ; le testament de R. III. Le Pharaon, fils de R. Le Grand Nom rvle la filiation. 1" Noms d'Horus. 2 Noms solaires. 3 Titres solaires. IV. Explication historique du protocole royal. V. Conclusion : en quels lments se rsout le caractre religieux du Pharaon.

se distingue de tous les tres vivants, En Egypte, le Pharaon et l'hritier des dieux. parce qu'il est le fils, le successeur satit de la personne Cette dfinition royale est donne seul, pour n'en citer qu'un par les textes de toute poque; Ramss II parlant au dieu Phtah : voici comment s'exprime Je suis ton fils, que tu as mis sur ton trne; tu m'as donn l'image de ta perpar dcret ta royaut, tu m'as engendr de ce que tuas cr '.Les sonne, tu m'as fait hritier gyp1, Ed. Naville, Le dcret de Phtah-Totunen (Trans. S. B. A., VII, p. 126

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DD CARACTRE ELIGIEUX LA ROYAUT R DE PHARAONIQUE

tiens ne donnaient point ces phrases un sens vague ; chacune d'elles rsumait pour eux des traditions vridiques reposant sur des faits connus; ces traditions et ces faits, il convient de les exposer brivement ici. est le successeur des dieux; cela implique I. Le Pharaon que les dieux ont rgn sur l'Egypte, que les dynasties royales font suite des dynasties humaines divines. Pour les gyptiens il n'y avait point l fiction mythologique. L'histoire les archives officielle, rdige d'aprs royales, qu'elle ft crite sous les Ramessides par le scribe du papyrus royal de Turin ou sous les Lagides par Manthon, reconnaissait avant des dieux rois d'Egypte. les pharaons humains l'poque en trois dynasties, la premire celle grecque on les classait /juiet, la des dieux ot, la seconde des demi-dieux des mnes vxue. A l'poque le troisime pharaonique, est plus vague 1, et, abstraction faite des demiclassement se proclamait surtout le sucdieux et des mnes, le Pharaon cesseur des dieux . dont le nom Aprs la cration du monde par un dmiurge, suivant les villes 8, la dynastie divine avait organis changeait

d'Ipsamboul, a t repris presque sans changement par Ramss III (temple de Mdinet-Habou). 1. Maspero a dmontr dans son mmoire Sur les dynasties divines de l'ancienne Egypte [tudes de Myth., II, p. 279 sqq.) que les dynasties de eoi et d'r,(iiOEot correspondent, l'poque pharaonique, aux dieux des deux i premires Ennades d'Hliopolis.Quand aux vxuE. ls ont t identifis par Chassinat aux dieux de la troisime Ennade hliopolitaine (Rec. de trav.,Xl\, p. 23). 2. Le dmiurge tait Phtah Memphis, Toum et R Hliopolis, Thot Hermopolis, Montou Thbes, Khnoumou lphantine, Seb en d'autres lieux, etc. (cf. Maspero, tudes de Myth. II, p. 284, et Histoire, I,

TITRES RELIGIEUXDU PHARAON

7

et gouvern la terre d'Egypte; son histoire tait consigne dans des annales qui nous sont parvenues en partie. Le soleil R avait rgn le premier 1; ses enfants et petits-enfants, par Seb et Nout, couples de rois et de reines, Shou et Tafnout, Osiris et Isis, Sit et Nephthys, lui succdrent 3. Les deux derniers frres rois, Osiris et Sit, taient : leur rivalit fut le fait capital de l'poque des dynasties divines : sanglante des luttes entre les tribus gyppeut-tre symbolise-t-elle tiennes primitives. Sit tua son frre Osiris et usurpa son hritage : jusfils d'Osiris et d'Isis, fora qu'au jour o Horus, par les armes son oncle Sit lui rendre la totalit du royaume pa reprit la moiti ternel 3, ou suivant une autre tradition nord de l'Egypte aprs sentence arbitrale rendue par le dieu p. 159, n. 4.) Chaque ville mettait son orgueil possder comme dieu local le dmiurge. 1. D'aprs une tradition, il y aurait eu une priode d'anarchie et d'galit entre les dieux avant l'tablissement de la royaut de R et l'organisation de l'univers ; on parle aux textes des pyramides d'un de ces grands corps de dieux ns jadis Hliopolis, qu'aucun roi ne tenait, alors que le ciel ni la terre n'existaient qu'aucun prince ne dirigeait encore . (Ppi II, 1. 1228-1231.) Ce serait une indication sur une phase correspondante de l'histoire humaine d'Egypte, dans la priode archaque encore mal connue. 2. Pour les traditions relatives l'histoire des dieux-rois, voir Maspero, Histoire, I, p. 160-178. On a deux fragments de la chronique du rgne de R (Lefbure, On chapitre de la chronique solaire, Zeitschrift, 1883, p. 27; Ed. Naville, La destruction des hommes par R (Trans. S. B. A., IV, p. 1 ; VIII, p. 412), et le rcit des campagnes des dieux Shou et Seb (Grifflth, The antiquities of Tell el Yahudiyeh, pi. 23-25). La lgende d'Osiris, Isis, Horus, Sit, est conte dans le De Iside et Osiride, et par Diodore, I, 13 sqq. ; la plupart des dtails en sont confirms par une foule d'allusions parses dans les textes religieux gyptiens et surtout dans le Pap. Saluer IV (Chabas, Le calendrier des jours fastes et nfastes) ; cf. Maspero, Histoire, I, p. 174-176. 3. Les campagnes d'Horus contre Sit sont graves sur les murs du sanctuaire principal d'Horus, Edfou. (Ed. Naville, Textes relatifs au mythe d'Horus; Brugsch, Die Sage von der geflgelten Sonnenscheibe ; cf. Maspero, tudes de myth., II, p. 321.)

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DU CARACTRE ELIGIEUXDE LA ROYAUT R PHARAONIQUE

Thot 1. Le triomphe fut un vnement mmorable d'Horus des hommes; entre tous, qui resta grav dans le souvenir mais aprs sa restauration, ou s'obsles traditions manquent curcissent. Horus tait-il le dernier roi de la premire dynastie ou le premier des v)[ji6cO'. les gyptiens 2? n'taient point d'accord pour le dire. Quoi qu'il en soit, parmi les demidieux qui succdrent Horus, on plaait ses compagnons dans la lutte contre Sit, Anubis et Thot 3, et les vxue (ou autres que les propres Jv) n'taient ^ enfants d'Horus huainsi aux dynasties *. On arrivait maines dont le premier et roi, Mens, tait, par la naissance des fils d'Horus. par le rang, le successeur Aprs Mens, les 1. La tradition hellnise du De lsideet Osiride, 19 (d. Parthey, p. 33), est confirme par les textes gyptiens, qui appellent Thot le dieu qui dpartage les deux compagnons (Horus et Sit). Sur cette expression p-rehouhou, cf. Bec. de trav., IX, p. 57, n. 2. D'aprs une autre tradition gyptienne, l'arbitre avait t Seb (Sharpe, Egyptian Inscriptions, I, pi. 36-38 et Goodwin, dans les Mlanges gyptologiques de Chabas, III 0 srie, t. I, p. 281). 2. Manthon, d'aprs le Syncelle (Fr. Hist. Gr., II, 530-531) cite Typhon (Sit) comme dernier roi de la premire dynastie des eoi, et, d'aprs Eusbe. Manthon (Ib., II, 526) donne le mme rle Horus fils d'Osiris et Isis. Le papyrus royal de Turin arrte la premire dynastie divine Horus d'Edfou (Horus le Grand) aprs avoir nomm Horus-lesdieux (fils d'Osiris et d'Isis) comme roi successeur d'Osiris et Sit. (Cf. Maspero, tudes de Myth., Il, p. 295). Les gyptiens distinguaient et confondaient tour tour Horus le Grand (Haroris, Harmachis) et Horus le Petit (Harpocrats) fils d'Osiris et d'Isis. 3. Manthon-le Syncelle (Fr. Hist. Gr., II, 5304-531"); cf. Maspero, Hist., 1, p. 204, n. 2. On verra plus loin que Thot et Anubis sont les aides d'Horus dans ses fonctions de prtre du culte osirien. 4. Chassinat (loc. cit., Bec. de trav., XIX, p. 23) montre que les Mnes ^5*. _ Jj sont Edfou, les Enfants d'Horus jjj 0 | VV et . Lors de ses fouilles Abydos (1895-98) qui amen|D II I rent la dcouverte de monuments des rois de la premire dynastie humaine, M. Amlineau crut avoir trouv les restes vritables des vxue?mythiques. mnes Khou

TITRES RELIGIEUXDU PHARAON

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rois de toutes les dynasties se tenaient entre eux par les liens 1: du sang et de l'hrdit descendaient tous, par consquent, des fils d'Horus, d'Horus et de R le premier roi lui-mme, d'Egypte 3. IL Vis--vis de ces dieux, le Pharaon n'est pas seulement dans la position d'un successeur qui occupe par le jeu du destin une place autrefois divine : il honore de la prsence d'un fils et d'un hritier. est est dans la situation L'Egypte il le tient de ses anctres patrimonial; pour lui un domaine divins. Or, dans la socit humaine, tout bien tenu titre de de donation, ded'achat, proprit d'hritage, qu'il provnt vait tre tabli (1 h : smen) sur les papiers publics le nom le nom et la filiation du propritaire, qui certifiaient tait proprit du roi aux du domaine 3. L'Egypte et l'hrdit Sur les actes officiels, dcrets, proclamammes conditions. tmoignait tions, actes de donations royales, etc., le Pharaon en mentionnant sur le pays d'Egypte, de son droit l'hritage Nous avons vu que les sa filiation et ses titres de proprit. les dmiurges taient des Pharaons divins prdcesseurs en particulier ceux du monde et les dieux-rois, organisateurs divine. Les uns et les autres sont de la premire dynastie comme des actes publics, dans les protocoles mentionns du Pharaon. garants de l'hrdit dans des est fils des dmiurges On affirme que le Pharaon 1. Telle tait, du moins, la thorie royale gyptienne, que j'examine au point de vue objectif. 2. C'est au rgne de R, le premier roi d'Egypte, que l'on rapportait l'origine des choses ou des coutumes trs anciennes, en disant qu'elles Dcret de ["H *\ existaient depuis le temps de R( f\ J]')Phtah-Totunen, 1. 27) ou depuis la premire fois ou depuis R 3 ^ (A.bydos, I, pi. 7, 1. 56, 64). 3. Voir ce sujet A. Moret, Un procs de famille sous la XIXe dynastie. (Zeitschrift, XXXIX, p. 29.)

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RELIGIEUXDE LA ROYAUT DU CARACTRE PHARAONIQUE de toutes les poques, dont voici les plus usuelles fils du soleil On dit de Ram:

formules

R. A partir 6^, ss II, sa R s'accole par

de la Ve dynastie aux noms

l'pithte

du Pharaon.

qu'il est roi sur le trne de R 1. A Edfou, le soleil R appelle Pto%\ 1 *#)\ ou qu'il est son fils tabli sur le trne de son pre

Dans un dcret du dieu en l'honneur Phtah. de Ramss II et de Ramss III, Phtah, s'adressant au Pharaon, dit de : Je suis ton pre qui t'ai engendr lui-mme pour tre un dieu qui fasse les actes de roi du Sud et du Nord en ma place

Ces citations sont communes, pas. je ne les multiplierai d'un sens analogue, mais s'appliVoici d'autres formules, de la premire dynastie divine quant chacun des dieux-rois de Manthon. R. Aux textes dj cits, propos de R dmiurge, on 1. 2. 3. 4. 5. 6. Abydos, I, pi. 51, 1. 25-26. A. Z., 1870, p. 2, pi. I, 1. 1-2. Abydos, I, pi. 5, 1. 5-6. A. Z., XXXII, p. 76 (Stle de Pithom). A. Z., XXXII, p. 81. Ed. Naville, Le dcret de Phtah-Totunen (Trans. S. B. A., VII, p. 121).

TITRES RELIGIEUXDU PHARAON

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ces allusions l'hrdit du Pharaon, vis--vis peut ajouter de R, premier roi d'gyple : Ramss II se lve comme un roi sur le trne de l'Horus des vivants, de mme que son pre R, tous les jours ^ e ri VII \ 9 Ol 'V ' i jr ^ i ^z?' et. i ^ liw Ptolme II, fils de Toum, est tabli sur le trne de R e et le trne d'Horus (^.' chef des vivants | | f* 3 du roi (-*

cette formule est une des plus frquemment poque classique usites ; la stle de Pithom souhaite de mme Ptolme II le ( ^ .M. v ) 3. vc-a-Tr' Horus. L'affirmation est un autre Horus, que le Pharaon ou qu'il se lve en roi sur le trne de ce dieu, est insatiablement rpte du dbut la fin de la civilisation gyptienne ; d'insister l'occasion et j'aurai plus loin sur l'importance le sens prcis de cette formule. Je ne citerai que quelques : Abydos, on dit Ramss II tel tu textes caractristiques es, tel est le fils d'Osiris ; te voici (son) hritier bel adolescent sa ressemblance; tu les ralises ses royauts, comme lui trne des deux dieux

comme norus les Ptolmes

nts a JSIS et a usiris v ; , ait-on a f tolmee et les Csars n'ont cess de prendre l'pithte ( 8 ~vw Sj) T n V^. )6cette liste d'Egypte, occupent dj trop longue de grandes ou petites, la premire place ) qui s'assied sur le

de bel adolescent trne d'Horus (f

Il serait ais de dvelopper Toutes les divinits formules. dans le sanctuaire o elles

1. Voir Piehl, Petites tudes gyptologiques, p. 9, n. 9. 2. Brugsch, Recueil de monuments, I, 50. 3. Zeitschrift, XXXII, p. 76. 4. Abydos, I, pi. 7, 1. 60. 5. lon de Rosette, texte grec 1. 10; cf. texte hiroglyphique Rec. de trav. VI, p. 7. 6. Par ex., inscriptions d'Auguste et de Tibre, Karnak (Zeitschrift, XXXVUI, p. 124-155) publies par Erman.

14

DE RELIGIEUX LA ROYAUT DU CARACTRE PHARAONIQUE

et de prdcesseur de assumer le rle d'anctre peuvent avec l'ide que la Ceci n'est pas contradictoire Pharaon. filiation dont le roi se rclame surtout est celle des dieux qui Les figures du panthon se ont rgn sur l'Egypte. gyptien sinon un monothisme, du moins ramnent facilement, solaire ; toutes sont des rpliques plus ou un hnothisme moins fidles du soleil R; aussi tous les dieux ont-ils peu ou de leur prototype, avant l'image prou rgn sur l'Egypte, A quelque humaines. la venue des dynasties personnalit en prsence, il est toujours divine que le Pharaon s'adresse, de ses frres ou de ses la formule suivant gyptienne, pres les dieux . Aussi plutt que de citer une nomenclature plus longue est-il plus utile de dfinir qui serait toujours incomplte le sens prcis des termes dont le Pharaon se sert pour dsigner sa filiation et son hrdit vis--vis des dieux. Au cours des citations donnes certains mots reviennent prcdemment sans cesse : le Pharaon ou(lit. est le fils "fe^ sa, l'hritier tabli Il 5^A ^^

: lachair)dudieu;etilest

(smen)

sur le trne de son pre. Ces termes ne sont pas employs sans ce sont des expressions intention; celles dont les techniques, se servaient la filiation et l'hEgyptiens pour dsigner rdit humaines dans les actes de transmission de proprit. Quand pre, un fils possdait de plein droit un bien venant (H S "~ igg, de son

on disait qu'il tait tabli d' hritier (Ss\

7| smen) sur ce bien ou) : c'est pro-

en qualit

atteste la proprit'. Le droit prement la formule juridiquequi l'hritage le plus souvent sur un inventaire-tess'appuyait 1. J'ai rsum ce que l'on sait actuellement sur ces questions dans mon mmoire Un procs de famille sous la XIXe dynastie (Zeitschrift, XXXIX, p. 30).

TITRES RELIGIEUXDU PHARAON tament JU 1\ zrzi mit-pou* (lit. : ce qui est dans

18 la

et le faisait enregistrer au greffe maison ) ; le pre le rdigeait dondu nomarque par devant tmoins. L'inventaire-testament nait la description dtaille du bien transmis, avec sa contedes des maisons, et, s'il y avait lieu, le nombre nance, champs cultivs, des arbres, des sources, des serfs de la glbe, qui y taient compris. Les gyptiens imaginrent que R, le premier roi d'Egypte, la forme lgale, avait lgu son hritage Pharaon suivant ; on le sait par un texte du temple par inventaire-testament remard'Edfou dont l'importance n'a pas t suffisamment du temple, le greffier que*. On voit sur le mur extrieur au dieu divin Thot, rouleau de papyrus en main, s'adresser Horus (et au Ptolme Horus) et lui dire : qui s'identifie Je te donne inventaire-testament de ton pre l'crit ( !| A .w~~ ] JL^^ K^_). Suit le texte de l'inventaire : Acte d'tablissement (smen) elles sont tablies entire;

des terres cultives de l'Egypte pour Horus, perptuit,, d'aroures en terres depuisElphantine jusqu'Bouto3...tant cultives, tant occupes par le Nil en largeur, et tant d'aroures Le tout est donn Horus fils d'Isis, l'hen profondeur*. ritier accompli Horus d'Edfou... d'Ounnofir, pour qu'il 1. Les Amit-pou sont mentionns ds les IV-Ve dynasties (RIH, pi. I; 1. 6,18; Mariette, Mastabas, p. 318). Les Papyrus de Kahun(ed. Ptrie Griffith) nous en ont conserv de la XIIe dynastie. 2. De Roug, Edfou, pi. CXVIet Brugsch, Thsaurus, p. 604-607. Jecite d'aprs ce dernier texte.

1. 1-2. Elphantine et Bouto taient l'Egypte au sud et au nord. 4. L. 2-4.

les frontires

traditionnelles

de

16

DUCARACTRE ELIGIEUX LA ROYAUT R DE PHARAONIQUE

'.Le Pharaon, rjouisse son coeur de sa portion (d'hritage) accomqui est lui aussi, comme nous l'avons vu, l'hritier est associ par l'inventaire-testament au dieu pli d'Ounnofir : R lgue son royaume Horus pour la jouissance de l'hritage donne des Horus d'Edfou condition que lui-mme d'annes sur le sige millions de pangyries et des centaines et tablisse le double (de d'Horus au fils du soleil Ptolme finale celui-ci) en tte des doubles vivants ...". Une formule atteste que l'acte a t dment : Tous ces biens enregistr sur le plan gnral en leur totalit sont tablis de du Sud et du Nord 3 ; d'aprs les intentions des l'Egypte l'acte est fait pour le roi aussi bien que pour le rdacteurs, dieu. Dans d'autres textes d'Edfou*, on certifie que le roi possde la dure de R, les royauts de Toum, le rgne de Shou, du modeleur le trne de Seb, le grand inventaire-testament Horus . d'Osiris, A l'poque les mmes taient classique expressions : sur un ostracon du Muse certainement de employes Ramss II, on lit : les royauts Gizeh, dans un hymne ^ ) de ta mad'Horus et de Khopri sont la proprit ( ^ jest perptuit, tu es roi comme Amon, il a combl

1. L. 15-16. 2. L. 16-17. 1. 18. Les textes juridiques relatifs aux affaires prives appellent les registres du cadastre, o sont tablies les proprits, du nom de (I [I c^ (cf. mon tude Un procs de famille sous la XIXe dynastie, Zeitschrift, t. XXXIX, p. 15).

TITRES RELIGIEUXDU PHARAON ton coeur de (ses biens) ment (-az>yS il a fait pour toi un inventaire-testa-

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dans la pense ) '.Ainsi, -jl- f\ des gyptiens, les archives du Pharaon conservaient le testament des dieux; le roi possdait les titres de proprit de son hritage aussi bien que n'importe quel fils des hommes hritier de son pre". III. L'expression de l'hrdit du Pharaon vis--vis des dieux se disperse dans des formules varies, puis se rsume dans l'acte officiel du testament des dieux. La filiation du roi vis--vis des dieux, exprime d'abord par d'innombrables trouve aussi sa formule officielle dans le Protocole, pithtes, les gyptiens, dans le Grand Nom ou, comme disaient ww afc* tran our\ r]u pharaon. Ce protocole royal n'a t dfinitivement fix qu'assez tard, sous la XIIe dynastie; mais les termes se qui le composent dans les titres des plus retrouvent, plus ou moins complets, anciens Pharaons, et leur srie, une fois constitue, fut resde l'Egypte jusqu'aux derniers Cpecte par les souverains sars. L'analyse des lments du Grand Nom a t technique faite magistralement par Erman et Maspero 3; je m'efforcerai ici de mettre en lumire l'intention le morale que rvle 1. Texte publi d'abord par Erman, Zeitschrift, t. XXXVIII, p. 40, puis plus compltement par Daressy, Catalogue gnral des antiquits gyptiennes du Muse du Caire, Ostraia, n 25.204, p. 40, 1. 9. 2. Le temple d'Edfou'a conserv des dcrets ([ au cercle 3; l'une et l'autre figure puis on a prfr l'ellipse un schma de la course circulaire taient pour les gyptiens c'tait 1. Stle d'Amada (Amnophis II), 1. 1 (Reinisch, Chrestomathie, pi. 7). Cf. Dcret de Phtah -Totunen, I. 2. Sur la date de l'usage du titre es cf. Ptrie, History, I, p. 69. 2. H. Schfer, ap. . Z., XXXIV, p. 167, a montr, d'aprs un passage du Pap. de Berlin, n. 3049 que le Pharaon tait appel f /i J] 0 m ^ _ Q chef du serekh et du shennou c'est--dire du cadre ' w, o? n du nom de double et du cartouche du nom solaire. Il faut ajouter cet exemple ceux cits ici p. 28. 3. La forme circulaire Q apparat rpte deux fois comme cadre des noms royaux de Zosiri (IIIe dynastie); Sethe (. Z., XXXV, p. 4, n. 2) y a bien vu la forme arrondie originelle du cartouche (opinion conteste par Wiedemann P. S. B. A., XX, p. 112); la forme elliptique appa' de lui d'abord les mots

DU TITRES RELIGIEUX PHARAON

25

du soleil, un plan du monde, l'image des rou elliptique Pharaon gions que R entoure de sa course et sur lesquelles exerce son empire en tant que fils de R' . Le cartouche vodu domaine o vivait le Pharaon quait aux yeux le contour identifi au soleil, c'est--dire l'orbe solaire; de mme qu'on inscrivait le nom de double dans la demeure du double, dans le cartouche le nom du Pharaon en tant on inscrivit du circuit solaire; ce nom tait l'lment variable qu'habitant du titre. L'usage fut au dbut d'avoir un seul nom et un seul cartouche, puis on adopta deux noms ; il y eut alors deux cartouches qui furent spars par le groupe ^gx_- L'ide qui amena

le ddoublement du nom et du cartouche plus claiapparatra rement dans l'analyse du troisime groupe des titres royaux. varier avec Les noms inscrits dans les cartouches pouvaient L'un des deux, le premier en usage avant chaque Pharaon. du cartouche ds sa naissance double, qualifiait l'adoption suivant la mode l'enfant royal. Le sens qu'il offrait variait ou le temps, mais, l'poque classique, il est thophore c'est--dire qu'il exprime un voeu li au nom d'une divinit : Amon est en avant (de moi); Amenophis Amenemhit Amon repose (en moi) ; Ramss R l'a enfant . Ces ils ne rvnoms taient pareils ceux des autres hommes, laient pas la race divine du roi. C'est que les princes royaux S'ils n'arrivaient ne devenaient pas tous des pharaons. pas au rat de suite aprs avec Snofroui et Chops; Ptrie, History, I, p. 31 (L. D., II, 1, c) Hiraconpolis, le roi archaque Besh Khsakhem inscrit son premier nom dans le cartouche arrondi Q (Quibell, pi. XXXVI). 1. Maspero, Histoire, I, p. 260. L'ide que le Pharaon rgne dans les limites que circonscrit le disque solaire avait t expose avec beaucoup de clart par Grbaut dans l'Hymne Amon-R surtout p. 215-216, Les deux yeux du disque solaire (Recueil de trav., I, p. 73), et les Mlanges d'archologie gyptienne et assyrienne, p. 249. Voir les textes cits propos du titre 4liaR ou 'e mo^ c'"'c"^ du soleil est le mme que celui qui dsigne le cartouche royal.

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DUCARACTRE ELIGIEUX LA ROYAUT R DE PHARAONIQUE

leur nom tel quel ; s'ils ceignaient la coutrne, ils gardaient dans ronne, leur nom ne devenait royal que par son inscription le cartouche solaire. Aussi le nom reu la naissance semblale Pharaon; t-il insuffisant caractriser pour cette raison, et d'autres qui seront exposes plus loin, on donna au roi, au moment o il prenait le pouvoir royal, un second nom inscrit dans un second cartouche. mais le Comme le premier, ce second nom est thophore, choix du dieu ne change pas suivant la mode de l'poque'; sans exception, travers toute l'histoire d'Egypte, presque le dieu R occupe la place divine. Ainsi Ppi I se dit aim de R o il 0 ; Ousirtasen se manifeste de la vrit puissant 0 O de R, double I s'intitule le double de R

J_J ; Ramss lu de R

II est celui qui est riche -] Jt "o |t ; Ptolme II

, , /J. | 1 Ce nom devint le nom royal par excellence; il rapprochait le roi de son pre R, par une affirmation constante de filiale la premire pit. Dans l'ordre du protocole, place lui fut on l'a appel, donne : c'est pourquoi d'ailimproprement le prnom du nom reu , pour le distinguer leurs, et inscrit dans le second cartouche. la naissance On voit par ce bref expos quelles intentions dictent le inscrits dans les cartouches et choix des noms solaires fils du soleil . Tandis que les noms runis par l'pithtc 1. La seule mode dont le nom donn l'avnement subisse l'influence est dans le choix des pithtes accoles au nom deR. Ainsi que M. Maspero le faisait observer ses cours du Collge de France, dans chaque famille royale ou dynastie, il y a une rgle de formation du prnom, Ainsi pour la XIIe dynastie : Ousirtasen I : Le double de R se manifeste ; Amenemht II : Les doubles de R sont d'or ; Ousirtasen II : Le lever de R se manifeste ; Ousirtasen III : Les doubles de R se lvent , etc. ; on sent une harmonie visible et voulue dans la srie de ces choix,

de R, aim d'Amon

TITRESRELIGIEUX PHARAON DU d'Horus dans le Pharaon dsignaient du dieu R, les noms solaires montrent incarn sion d'un ( Jr3% *= | royal; j 3, et o

ou que

plan rectangulaire de la variante forme

du temple M. ]^,

cela semble qui fut

archaque du titre

peut-tre Horus

la premire figure

l'pervier Le

ct de l'Urseus

du Nord. avec les noms

groupe

j^R

a d'autant

plus d'analogie

d'une d'Horus pithte qu'il est suivi, comme l'pervier, variable avec chaque Pharaon, et que cette pithte, jusqu'au milieu de la XII 0 dynastie, fut commune au nom de double et au nom nebti : par exemple Zosir a comme nom d'Horus S^v 1^1 ef comme nom nebti YSjZ j '. C'est seu-

1. Par ex. Ed. Naville, Deir el-Bahari, III, pi. LXIV o Nekhabit tend le cartouche de ses serres, tandis qu'il est projet par le corps des Ouazit en frise au plafond. Cf. t. II, pi. XXXVIII-XXXIX. Le vautour Nekhabit prsente dj le cercle solaire Q o le nom du roi Besh est inscrit, sur un vase d'Hiraconpolis (Quibell, pt. XXXVI). 2. A. Pellegrini (Archivio storico siciliano, n.s., XX, 1896, pi. I, d. lig.) 3. Tablette du roi Ah-Mns Negadah (cf. pi. I ; voir ce sujet Wiedemann, P. S. B. A., XX, p. 112). Les deux desses VW sont appeles les mres du roi, comme les deux dieux de Phtah Tolunen, 1. 37). 4. Cf. Brugsch, A. Z., XXVIII, 110. j^, y^ sont ses pres (Dcret

32

DU CARACTRE DE RELIGIEUX LA ROYAUT PHARAONIQUE

IIi qu'une lement partir d'Ousirtasen pithte spciale I par diffrencia le nebti du nom de double; Thoutms matre des deux couronnes, s'intitule qui se lve exemple, en roi (couronn) de l'Uraus, fort comme et vaillant nom d Horus j^j/ taureau

&, T\ ' e* Por'e de Mt a. L'usage puissant me II qui est l'Horus-R matre des deux couronnes, oek. ^\ IV. Les clairement choix des divine du ou du fils textes

la fin : Ptolpersista jusqu' se dit vaillant adolescent 3. grand de vaillance

de toute poque cits plus haut nous font voir discernaient dans le quel les in tentionsles gyptiens noms royaux. Les titres d'Horus attestent l'origine roi en lui attribuant la personnalit du dieu cleste d'Osiris vainqueur et de Sit; les noms de naissance enferms dans le cartouche, d'intronisation, image de l'orbe la filiation immdiate du Pharaon vis-solaire, rappellent vis de R; les doubles titres souton bt, nebti, spcifient que le roi domine sur le Sud et le Nord comme le disque solaire. Tous ces noms impliquent la divinit de ceux quiles portent : les noms d'Horus sont ceux d'un dieu; les noms et titres solaires avaient t, d'aprs la tradition, adopts par les dieux, au temps o ils rgnaient sur l'Egypte, et l'on pouvait touaux divinits. Le Pharaon n'avait donc jours les attribuer fait qu'adopter le protocole en usage sous les dynasties divines. Telle est la thorie qui ressort des documents officiels de Ce n'est pas qu'il soit impossible de donner l'poque classique. du protocole humaine royal une explication aprs avoir Le ddoublement des noms expos la tradition thologique. et des titres, Horus et Horus d'or, roi du Sud et du Nord, 1. K. Sethe, A. Z., XXX, p. 53, n. 4. 2. Stle de TombosA. 1. 3. Brugsch, Thsaurus, p. 855.

MoRET.

PL. I.

EXEMPLES DE PROTOCOLES DE PRIODE DES OIS LA R ARCHAQUE decylindre, lenom donnant dedouble K du Nebou rnf, del'Horus-Sit. A Empreinte Shouonne etlaforce roi hsakhemou hotpou prcd ledieu d lavie d'ivoire le II,p.244). 2.Palette portant gauche, Ahd-Mens denebti Morgan, (De Recherches, nom dedouble etlenom de Recherches, Morgan, II,d'Horus3.Nom bt Azb, p.167). S dedouble .sur dudouble Morgan, (DeII,p.241).4.Nom ettitres outon deAzb l'hiroglyphe (De Recherches, ettitre d'Horus nebti deMerselch (Ptrie, Msrbapen Royal I,pl.26). 5.Nom (Ptrie, tombs, de 6.NomsSouton etdenebti bt duroiKhsakhemou Semempss Royal iombs,2S). pi.duroi (De Morgan, H,p.244). Stle Zportant d'Horussureserekh d'Amlineau, Recherches,.238). le titre seul l 7. De organ, (Fouilles M Recherches, H, p

TITRESRELIGIEUXDU PHARAON

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matre d'El Kab et de Bouto, l'usage des deux cartouches semble aussi bien explicable et perpar la division naturelle manente de l'Egypte en delta et en valle 1, en rgion basse et rgion haute : les deux portions du pays, spares souvent aux poques historiques, aux temps devaient tre distinctes et leur runion sous un mme roi dut amener le archaques, choix de titres en partie double. Les dcouvertes de rcentes monuments aux noms de rois archaques des trois premires nous permettent de voir un peu plus dynasties aujourd'hui clair dans les origines obscures de la monarchie pharaonique. Le premier centre connu do la royaut semble avoir t HieKom el Ahmar actuel, en face d'El Kab raconpolis (Nekhen, Nekhab) ; l s'levait le sanctuaire de l'pervier v\ . Le plus

ancien des rois jusqu'ici retrouvs Narmer (?) porte comme seul titre royal le nom de l'pervier debout sur le cadre serekh*. Or les monuments de Narmer sont essentiellement : ce sont des masses d'armes votives, ou des pabelliqueux lettes de schiste portant graves des scnes religieuses o l'on sacrifie des prisonniers de guerre aux pieds du roi et de 3. Les vaincus, nous le savons par des l'pervier vainqueurs documents un peu postrieurs, sont des gens du analogues Nord (W) 1; partir le centre de la royaut du moment primitive o leur dfaite se dplace s'accentue, le Nord,

vers

1. Cette division a exist en fait toutes les poques troubles de l'histoire d'Egypte : il y a eu deux capitales sous les IXe-XIe dynasties (Hraclopolis et Thbes), de la XV la XVI" dynastie (Avaris et Thbes), de la XXIe la XXVIe dynastie (Tanis et Thbes). 2. Quibell, Hierakonpolis, I, pl. XXVI B (masse d'arme, avec reliefs relatifs la fte Sed. Sur la grande palette de Narmer (i., pl. XXIX) le nom royal est inscrit dans le serekh, mais l'pervier n'est point juch audessus. 3. Voir ce sujet l'article de Foucart (Sphinx, IV, p. 198). 4. Hierakonpolis, I, pl. XXXVI-XLI, vases et statues du roi KhsakhemBesh ; cf. Maspero, Revue critique, 1901, I, p. 382 sqq. A. MOBET. 3

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DU CARACTRE ELIGIEUXDE LA ROYAUT R PHARAONIQUE

et Abydos, o se trouve Ngadah passe d'Hiraconpolis 1. Alors le second groupe des monuments royaux archaques souton bt et nebti" dont les doubles titres apparaissent de la moyenne progressive l'usage semble attester l'annexion du Sud. Si le roi adopte el, de la basse Egypte au royaume c'est parce qu'il en de Nekhab comme nom le vautour \, ; le titre form avec occupe le sanctuaire 3 du Delta. Souton ^, signale l'acquisition par le grand prtre d'Hraclopolis magna, l'uroeus 4 de Bouto porte

pithte

)^, nom du pontife de Koptos, passent dans le protocole des rois du des Sud aprs la prise de ces deux villes. La progression titres doubles noms royaux, depuis jusqu'aux l'pervier d'une conqute semble marquer les tapes gographiques allant du Sud au Nord. le cartouche solaire et le titre Horus d'or Au contraire des deux n'apparaissent que plus tard, aprs la runion Leur introduction dans le protocole royal semble gyptes. de la thologie attribuable l'influence solaire, qui affirme en ajoutant sa puissance au mme moment (IV-V dynasties) l'pithte plus tard fils du soleil en associant