Royaume du Maroc Ministère de l’Éducation Nationale...

56
Royaume du Maroc Ministère de l’Éducation Nationale Direction des Bâtiments et de l’Équipement L’école et les architectures régionales Banque Africaine de Développement

Transcript of Royaume du Maroc Ministère de l’Éducation Nationale...

Royaume du MarocMinistère de l’Éducation NationaleDirection des Bâtiments et de l’Équipement

L’école et les architectures régionales

Banque Africaine de Développement

Royaume du MarocMinistère de l’Éducation Nationale

Direction des Bâtiments et de l’ÉquipementDivision des Constructions

L’école et les architectures régionalesProjet 702/MOR/10

Section Architecture pour l’Éducation

Division pour la Reconstruction et le Développementdes Systèmes Éducatifs

UNESCO, Paris, juillet 1994

Banque Africaine de Développement

L’auteur est responsable du contenu de cet ouvrage, de sa forme ainsi que des opinions exprimées, lesquelles n’engagentpas l’UNESCO.

Les appellations employées dans cette publication et les modes de présentation n’impliquent, de la part de l’UNESCO,aucune prise de position quant au statut des pays, territoires, villes ou zones, non plus que vis-à-vis de leurs autorités, dutracé de leurs frontières ou leurs limites.

Publié en 2000par l’ Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP

Imprimé par l’imprimerie El Maarif Al Jadida, Rabat (Maroc)

© UNESCO 2000Printed in Morocco

REMERCIEMENTS

Ce guide a été préparé en juillet 1994 par Chorfi Abderrahmane, architecteconsultant, sous la supervision du chef de la Section Architecture pourl’Éducation, Division pour la Reconstruction et le Développement des SystèmesÉducatifs de l’UNESCO, en collaboration avec les services compétents duministère de l’Éducation Nationale du Maroc.

Nous remercions toutes les personnes qui ont participé à sa rédaction ainsi qu’àsa publication.

Ce guide a été élaboré dans le cadre du « Projet d’appui au développement del’enseignement de base en milieu rural » financé par un prêt consenti augouvernement marocain par la Banque Africaine de Développement. Saréalisation doit beaucoup à la coopération exemplaire entre le gouvernementmarocain, la Banque Africaine de Développement et l’UNESCO.

Section Architecture pour l’ÉducationDivision pour la Reconstruction et le Développement des Systèmes ÉducatifsUNESCO

Paris, janvier 2000

Royaume du MarocL’École et les architectures régionales

Table des matières

UNESCO/MEN/BADProjet 702/MOR/10

Pages

1 - Introduction à l’analyse des objets architecturaux 1

2 - Définition des régions architecturales 7

3 - Présentation et localisation des régions architecturales 15

4 - Recommandations aux architectes 51

5 - Conclusion 63

6 - Bibliographie 69

1INTRODUCTION

Á L’ANALYSEDES OBJETS

ARCHITECTURAUX

INTRODUCTION À L’ANALYSE DES OBJETSARCHITECTURAUX

INTRODUCTION À L’ANALYSE DES OBJETS ARCHITECTURAUX

L’objet architectural est un objet physique complexe. Sa description exhaustivefait appel à de nombreux critères qui peuvent être répartis selon quatrecatégories.

1.1. La morphologie externe

Elle recouvre l’ensemble des caractéristiques qui contribuent à donner à l’objetarchitectural la forme qui en est perçue à partir du milieu extérieur.

1.2. L’organisation

Un objet architectural est, par définition, constitué d’un ou de plusieurs espaces(chambres, salons, bureaux...). Ceux-ci sont organisés selon des schémasculturellement ou techniquement déterminés dont rendent compte les critèresayant trait à l’organisation.

1.3. La morphologie intérieure

Les espaces intérieurs sont définis par des formes spécifiques (nature du volume,dimension, qualité de l’enveloppe...). La morphologie intérieure décrit chacun deslieux constitutifs de l’objet architectural, tel qu’il est perçu de l’intérieur.

1.4. Les matériaux, les techniques et les systèmes constructifs.

Tout objet est matière. L’objet architectural est fait de matériaux organisés selondes règles dites « constructives », précises. Ces règles contribuent à lui donnerun certain nombre de qualités, notamment plastiques, qui ont nécessairement unimpact sur son aspect.

A ces 4 catégories de critères qui permettent de décrire « objectivement » l'objetarchitectural il faut en ajouter une cinquième se rapportant au site, qui prend enconsidération l’objet dans son environnement. Le site peut être urbain ou rural. Ilest, dans chaque cas, organisé selon des disposition plastiques particulières quivont conférer à la perception que nous avons d’un objet architectural donné denouvelles qualités nées du rapport des formes, des tailles, des couleurs, destextures...

Entreprendre une lecture de l’école et des architectures régionales pourraitimpliquer une analyse systématique sur l’ensemble du territoire marocain, autravers des cinq catégories de critères ci-dessus énoncées, des caractèresarchitecturaux de tous les types d’equipements s’apparentant à l’école (M’sid,Medersa, jardin d’enfants, école, lycée...). Cette démarche, dont les résultats sont

44

INTRODUCTION À L’ANALYSE DES OBJETS ARCHITECTURAUX

aléatoires, ne peut pas être entreprise dans le cadre de cette recherche car ellenécessite un long travail d’enquête et de relevé sur le terrain. Aussi cette étudesera principalement axée sur les caractères des objets architecturaux perceptiblesà partir du milieu extérieur ainsi que sur les critères qui en rendent compte defaçon discriminante et qui permettent d’organiser l'environnement bâti encatégories distinctes. Il s’agira essentiellement :

• de la morphologie extérieure d’objets architecturaux usuels, ce qui, dansle même temps, rend possible une description des règles les pluscourantes d’aménagement des sites non naturels.

• des matériaux, des techniques et des systèmes constructifs, dont nousavons dit précédemment qu’ils ont un retentissement sur l’aspect desconstructions.

Pour chaque région architecturale définie il sera cependant utile de faireréférence, par le biais d’une présentation d’un plan d’habitation typique, ausystème d’organisation des logements. L’intention est de montrer, dans chaquecas, quelle forme de relation la maison entretient avec le climat local en fonctionde l’existence d’un patio, de sa forme, de ses dimensions et du fait qu’il soit ounon couvert.

55

2LA DÉFINITIONDES RÉGIONS

ARCHITECTURALES

LA DÉFINITION DES RÉGIONSARCHITECTURALES

1111

LA DÉFINITION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

Comment définir des types architecturaux ? Quels sont les principaux élémentsextérieurs qui permettent, lorsque l’on parcourt un territoire, d’organiser les formesbâties en ensembles ou en sous-ensembles, de définir des régions, d’établir desfrontières ou de juger de l’homogénéité / hétérogénéité d’une zone ?

Trois caractères paraissent déterminants : la hauteur des bâtis, la forme de latoiture et la texture des murs, laquelle est liée à la nature du matériau principal.

2.1. La hauteur des bâtis

Un parcours à travers les différents régions du Maroc montre que, d’une zone àl’autre, les bâtis traditionnels se présentent de façon dominante selon deshauteurs déterminées. Trois catégories de hauteur peuvent être rencontrées enfonction du nombre de niveaux, qui déterminent trois types de zones :

• zones à bâtis dominants à rez-de-chaussée• zones à bâtis dominants à rez-de-chaussée et 1 étage.• zones à bâtis dominants à rez-de-chaussée et 2 étages ou plus.

2.2. La forme de la toiture

Deux types de formes de toitures prédominent.Des toitures plates, ou quasiment plates, généralisées dans de nombreusesrégions et des toitures a 2 pentes (parfois à 4), circonscrites à certaines zones.

1212

RÉGIONS ARCHITECTURALES

1313

LA DÉFINITION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

2.3. La texture des murs

Elle dépend du type de matériau principal utilisé dans la construction. L’enduitsuperficiel qui recouvre les murs, rarement entretenu, disparaît et laisse la vuedirecte sur le matériau principal dont la texture devient un caractère important dupaysage bâti. Trois types de matériaux-textures ont pu être repérés : la terre, lapierre, la pierre mêlée à la brique cuite par assises successives.

Sur la base de ces trois caractères une carte des architectures régionales a étéétablie sur une grande partie du territoire national (les régions économiques ducentre nord, du centre sud, du centre et du sud). Neuf types architecturaux ont étédéterminés sur les 24 combinaisons possibles (3x2x4). Chacun de ces types, parson caractère dominant, délimite une zone architecturale homogène. Certainesrégions présentent des territoires continus, d’autres sont constituées de zoneséparpillées sur le territoire national.

Sur la carte apparaissent également des zones notées R 10. Elles représententdes régions au sein desquelles des mélanges hétérogènes de typesarchitecturaux coexistent, notamment ceux subissant l’influence urbaine etutilisant de façon conséquente les matériaux modernes (béton, briques,agglomérés).

L’établissement de cette carte s’est faite essentiellement sur la base de rapportscommandés par la Direction de l’urbanisme et de l’architecture à différentscabinets d’architectes dont la liste est jointe à la fin de ce document. La précisionde cette étude est donc étroitement fonction de celle des documents qui la sous-tendent.

3PRÉSENTATION

ET LOCALISATIONDES RÉGIONS

ARCHITECTURALES

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DESRÉGIONS ARCHITECTURALES

1818

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

Une illustration des régions architecturales les plus intéressantes (R1, R2, R3, R4,R5, R7, R9) sera donnée ci-dessous. Pour rendre la présentation la plus explicitepossible et faciliter son utilisation par les maîtres d’œuvre nous avons choisi laformule du croquis commenté. Chaque région fera l’objet de 2 fiches :

- La première fiche, qui porte sur la morphologie extérieure, illustre :

• les masses et les rapports de masses,• la composition des façades,• la forme des toitures,• la forme des ouvertures,• les éléments du décor.

Cette fiche comprend également un plan commenté.

- La seconde fiche, consacrée aux matériaux et aux systèmes constructifs,précise la nature :

• des fondations et soubassements,• des murs et éléments porteurs,• des sols,• des franchissements,• des planchers usuels,• des toitures et systèmes de couverture,• de la protection des murs.

La région 5, jugée particulièrement riche, sera exceptionnellement présentée en 4fiches (2 pour sa partie nord et 2 pour sa partie sud).

1919

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

TYPE R 1 (voir carte des régions page 12)

- Caractéristiques dominantes du type

• Construction en rez-de-chaussée• Toiture plate• Matériau principal : terre

- Situation

• Région Saharienne (au sud de l’Anti-Atlas)• Bande étroite courant le long du Haut-Atlas• Bande dans le sud de la région du centre

- Climat dominant (partie Saharienne)

En dehors de la bande côtière, plus tempérée, le climat de la zone Sud appartientà l’étage bioclimatique Saharien qui se caractérise par :

• Une pluviométrie annuelle inférieure à 100 mm, concentrée surmoins de 20 jours.

• Des étés très chauds.• Des hivers tempérés (moyenne des minimas du mois le plus

froid comprise entre 3 et 7 degrés).• Des amplitudes thermiques très fortes (supérieures à 35, voire à

37,5 degrés).

2020

MORPHOLOGIE EXTÉRIEURE R1

2121

MATERIAUX ET SYSTÈMES CONSTRUCTIFS R1

2323

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

TYPE R 2 (voir carte des régions, page 12)

- Caractéristiques dominantes du type

• Construction en R + 2 ou R + 3• Toiture plate• Matériau principal : terre

- Situation

• Sud du Maroc (région de Ouarzazate, Rachidia, Imilchil)

- Climat dominant

En dehors des parties situées sur le Haut-Atlas Oriental (région d’Imilchil) le climatde la région appartient globalement à l’étage Saharien caractérisé par :

• Une pluviométrie annuelle inférieure à 100 mm ou compriseentre 100 et 200 mm.

• Des hivers tempérés ou frais (moyenne des minimas du mois leplus froid comprise entre 0 et 3 degrés).

• Des étés très chauds.• Des amplitudes thermiques très fortes (supérieures à

37,5 degrés).

2424

MORPHOLOGIE EXTÉRIEURE R 2

2525

MATERIAUX SYSTEMES CONSTRUCTIFS R 2

2727

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

TYPE R 3 (voir carte des régions, page 12)

- Caractéristiques dominantes du type

• Construction en rez-de-chaussée• Toiture plate• Matériau principal : la pierre

- Situation

• Anti-Atlas, à l’arrière de Taroudant• Une frange courant le long du Haut-Atlas• La région du centre

- Climat dominant

La partie Sud de la région se trouve située en climat aride ou semi-aride. Lesprincipales caractéristiques de la zone sont :

• Une pluviométrie comprise en général entre 100 et 300 mm.• Des hivers pouvant être froids (moyenne des températures

minimales du mois le plus froid inférieure à 0 degré).• Des étés chauds.• Des amplitudes thermiques tournant autour de 32,5 degrés.

La partie de la région 3 se trouvant au centre se caractérise par son appartenanceà l’étage semi-aride (voire sub-humide à proximité de Khénifra).

• Pluie comprise entre 200 et 400 mm.• Hivers tempérés.• Étés chauds.• Amplitude thermique autour de 30 degrés.

2828

MORPHOLOGIE EXTÉRIEURE R 3

2929

MATERIAUX ET SYSTÈMES CONSTRUCTIFS R 3

3131

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

TYPE R 4 (voir carte des régions, page 12)

- Caractéristiques dominantes du type

• Construction en rez-de-chaussée• Toiture à double pente• Matériau principal : la pierre

- Situation

• Hauteurs du Moyen-Atlas, à l’arrière de Khénifra.

- Climat dominant

La région appartient globalement à la région humide se caractérisant par :

• Une pluviométrie comprise entre 900 et 1200 mm.• D’importantes chutes de neige.• Des hivers froids (moyenne des minimas du mois le plus froid

inférieure à 0 degré).• Des étés chauds.• Des amplitudes thermiques trés fortes (supérieures à 35

degrés).

3232

MORPHOLOGIE EXTÉRIEURE R 4

3333

MATERIAUX ET SYSTÈMES CONSTRUCTIFS R 4

3535

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

TYPE R 5 (voir carte des régions, page 12)

- Caractéristiques dominantes du type

• Construction en R + 1• Toiture à double pente (ou 4 pentes• Matériau principal : la pierre

- Situation

• Le Rif central.

- Climat dominant

La région appartient aux étages bioclimatiques sub-humide ou humide.

• Pluviométrie très importante, partout supérieure à 900 mm etpouvant atteindre par endroit 2000 mm.

• Hivers frais (moyenne des minimas autour de 3 degrés).• Importantes chutes de neige.• Étés chauds.• Amplitude thermique comprise entre 25 et 27,5 degrés.

3636

MORPHOLOGIE EXTÉRIEURE R 5

3737

MATERIAUX ET SYSTÈMES CONSTRUCTIFS R 5

3939

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

TYPE R 5a (voir carte des régions, page 12)

- Caractéristiques dominantes du type

• Construction en R et R + 1• Toiture à double pente• Matériau principal : pierre (terre dans certaines sous-régions).

- Situation

• Le pré-Rif.

- Climat dominant

La région appartient globalement à l’étage bioclimatique sub-humide.

• Pluies comprises entre 500 et 900 mm.• Hivers tempérés.• Étés chauds.• Amplitude thermique entre 27,5 et 30 degrés.

4040

MORPHOLOGIE EXTÉRIEURE R 5a

4141

MATERIAUX ET SYSTÈMES CONSTRUCTIFS R 5a

4343

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

TYPE R 7 (voir carte des régions, page 12)

- Caractéristiques dominantes du type

• Construction en R + 2 / 3 / 4• Toiture plate• Matériaux principaux : pierre et terre

- Situation

• Haut-Atlas (l’arrière de Beni-Mellal)

- Climat dominant

La région appartient, pour l’essentiel, à l’étage bioclimatique sub-humide

• Pluies comprises par zone entre 500 et 1200 mm.• Chutes de neige importantes.• Hivers froids (moyenne des minimas du mois le plus froid

inférieure ou égale à 0 degré).• Étés chauds.• Amplitude thermique forte à très forte pouvant atteindre 37,5

degrés.

4444

MORPHOLOGIE EXTÉRIEURE R 7

4545

MATERIAUX ET SYSTÈMES CONSTRUCTIFS R 7

4747

PRÉSENTATION ET LOCALISATION DES RÉGIONS ARCHITECTURALES

TYPE R 9 (voir carte des régions, page 12)

- Caractéristiques dominantes du type

• Construction en R + 1• Toiture plate• Matériaux principaux : pierre et brique cuite

- Situation

• Massif de Zerhoun

- Climat dominant

Le massif de Zerhoun appartient à l’étage bioclimatique sub-humide.

• Pluviométrie comprise entre 800 et 900 mm.• Hivers frais (moyenne des minimas autour de 3 degrés).• Étés chauds.• Amplitude thermique autour de 30 degrés.

4848

MORPHOLOGIE EXTÉRIEURE R 9

4949

MATERIAUX ET SYSTÈMES CONSTRUCTIFS R 9

4RECOMMANDATIONSAUX ARCHITECTES

RECOMMANDATIONS AUX ARCHITECTES

5555

RECOMMANDATIONS AUX ARCHITECTES

Ces recommandations concernent deux grands domaines : la morphologieextérieure et les materiaux, techniques et systèmes contructifs.

4.1 La morphologie extérieure

Les fiches croquis se rapportant à la morphologie extérieure sont construitesautour de 4 grands thèmes majeurs du dessin architectural :

• les masses et les rapports de masses• la composition des façades• la forme des ouvertures• les éléments du décor

Ces fiches descriptives pourraient être considérées, zone par zone, commeautant de recommandations aux architectes concepteurs. Ce point de vue doitcependant être nuancé.

Sur un plan général, tout d’abord :

Chaque fiche a été établie pour une vaste région ; elle ne doit donc être compriseque comme une proposition moyenne. La réalité du terrain est toujours infinimentplus riche que la transcription dessinée qui peut en être faite. Dans la mêmerégion certaines localités rurales peuvent avoir des caractères ou des sous-caractères propres. L’existence de sites naturels, la présence d’un monumenthistorique ou encore d’autres conditions spécifiques peuvent avoir, en un pointdonné, une influence décisive sur les caractéristiques morphologiques quiconviennent à un ouvrage particulier.

Thème par thème, ensuite :

Des réserves peuvent également être énoncées, qui concernent :

Les masses et les rapports de masses

C’est le premier niveau de perception que l’on a d’un objet architectural. Il intègredeux des trois variables qui ont servi à établir les types architecturaux présentésdans ce document, a savoir la forme de la toiture et la hauteur de l’objetarchitectural. Pour autant il n’est pas uniquement déterminé par elles.

(i) La forme de la toiture

Elle se présente, partout, sous la forme de toiture terrasse, sauf dans des zones(Moyen Atlas, Rif central) où les conditions du climat (pluviométrie supérieure à 1000mm, importantes chutes de neige), rendent nécessaires des toitures en pente.

5656

RECOMMANDATIONS AUX ARCHITECTES

Dans ces zones, ce qui vaut pour les logements vaut également pour les écoles(problème de l’entretien, problème du déblaiement de la neige quand son poids,devenant important, pourrait ruiner les toitures terrasses). Il y est donc parfaitementrecommandé de doter les constructions scolaires de toitures à 2 ou à 4 pentes,selon le modèle morphologique local.

Partout ailleurs les toitures terrasses doivent être reproduites.

(ii) La hauteur ou le nombre d'étages

Recommander de reconduire, dans un projet de construction scolaire, deshauteurs égales à celle des bâtiments environnants peut paraître totalementdénué de sens quand cet environnement est haut (2 ou 3 niveaux) et que le projetne prévoit qu’un petit programme de 2 ou 3 classes. La position de ces classesdevrait peut-être, en priorité, permettre de délimiter un milieu intérieur ou semi-intérieur à l’école. Pour des programmes plus importants l’utilisation de 2, voire deplusieurs niveaux, justifiée par le milieu environnant peut constituer une solutionintéressante si les problèmes fonctionnels sont traités correctement (notammentle problème de l’accès aux classes) et si les problèmes liés au sol le nécessitent :

• rareté du sol à construire (par exemple dans les palmeraies)• cherté du sol (zone rurale à forte spéculation sur le sol).• sol difficilement constructible (fondations coûteuses, sol en

pente forte...).

(iii) La composition volumétrique

Selon les régions, elle est la résultante :

• de l’implantation, autour d’un espace central, de petites unitésde hauteurs différentes ou situées sur des terrains en pente.

• des décalages des murs au niveau du sol, des retraits auxétages, de la création d’espaces publics couverts, portés par 2murs parallèles et de toutes autres caractéristiques liées à laconstruction sur murs porteurs.

Ces modes de composition peuvent être recommandés quels que soient lesmatériaux et le type de structure utilisés dans la construction. Il n’y a, notamment,pas de contradiction avec l’utilisation des structures en béton. Dans ce cas, lebéton permettant une plus grande variété structurelle, les architectes sontseulement invités à faire preuve de sobriété dans leur choix.

5757

RECOMMANDATIONS AUX ARCHITECTES

La composition des façades

Le style des façades est très différent d’une région à une autre et dépend de larichesse du système décoratif, du degré d’ouverture sur le monde extérieur et,entre autres, du rapport plein / vide.

Deux modes de composition prédominent :

• des compositions symétriques• des compositions libres

Si ces modes d’ordonnancement ne rentrent pas en contradiction avec desaspects fonctionnels fondamentaux, en particulier ceux se rapportant à l’utilisationdes ouvertures, alors il est souhaitable que les maîtres d'œuvre s’en inspirent.

Par ailleurs, la consultation des fiches montre que partout dans la lecture desobjets architecturaux ce sont les parties pleines qui prédominent, la surface desouvertures étant très faible si on la compare à la surface développée des façades.Là encore des solutions adaptées au contexte doivent être recherchées (façadesextérieures relativement fermées, façades intérieures relativement ouvertes).Il faut signaler, enfin, que l’utilisation des matériaux modernes permet tous lestypes de composition ainsi qu’une grande liberté quant à la taille des ouvertures.

La forme des ouvertures

D’une région à l’autre les variations sont importantes. Si certaines ne disposentque de fenêtres de formes carrées ou rectangulaires, d’autres connaissent unegrande variété d’arcs. Un constat doit cependant être fait : quel que soit l’endroit,les fenêtres utilisées sont toujours inscrites soit dans un carré, soit, de façon pluscourante, dans un rectangle posé verticalement et dont la largeur dépasserarement 1 mètre.

Quant aux arcs, ils sont variés mais dominés par les formes brisées outrepassées.L’utilisation verticale du rectangle (traditionnellement explicable par l’usage delinteaux en bois à portée limitée) peut être reprise, y compris en ayant recours àdes matériaux modernes. La construction d’arcs (dont la forme est née avec labrique ou la pierre) est également possible en béton, surtout si l’on prend soin deréduire la variété des ouvertures afin de ne pas multiplier les cintres.

Il faut cependant rappeler ici que la dimension et la forme des fenêtres sontégalement liées aux fonctions internes du bâtiment et doivent être appréciéesdans le cadre d’un site déterminé (pente, vallée, présence d’arbres a feuillageconsistant...) et d’orientations particulières.

5858

RECOMMANDATIONS AUX ARCHITECTES

Les éléments du décor

Ils varient beaucoup d’une région à une autre. Dans certaines, la construction estdépourvue de tout ornement alors que dans d’autres, au contraire, les bâtismettent en évidence une profusion d’éléments décoratifs conjuguant des effets desurface avec des effets de bande, avec des encadrements ou, encore, avec lamise en valeur d’éléments particuliers du bâtiment.

Les décors résultent le plus souvent du gros-œuvre lui-même. Ils s’exprimentégalement dans la menuiserie et la ferronnerie. Ils ne sont que rarement produitspar le revêtement utilisé.

Beaucoup d’effets obtenus dans la maçonnerie le sont grâce à l’utilisation de labrique de terre ou de terre cuite. Certains de ces ornements correspondentégalement à des données fonctionnelles ou constructives (alléger un mur ausommet d’une construction ou réaliser une claire-voie pour permettre la ventilationd’un espace particulier).

La reproduction des éléments décoratifs, conformément à leurs formestraditionnelles peut, dans le cadre d’écoles réalisées en milieu rural, s’avérerdifficile ou coûteuse lorsqu’il est fait appel à des matériaux contemporains. Lesarchitectes doivent garder l’esprit du système ornemental et faire preuved’imagination pour le réadapter éventuellement aux savoir-faire contemporains.Par ailleurs ils devront être attentifs aux aspects fonctionnels et symboliques (ledécor peut être utilisé pour souligner les espaces ou les partie les plussignificatives d’un bâtiment).

Enfin, dans certaines régions où tout ornement est absent et où la texture d’unmatériau, telle la pierre, marque profondément la perception de l’environnement,il est recommandé d’utiliser cette pierre comme matériau principal (voir chapitresur les recommandations concernant les matériaux, les techniques et lessystèmes constructifs) ou comme revêtement extérieur des murs (si les moyensaffectés au projet le permettent). Ceci ne peut que contribuer à en améliorer lesperformances (bonne résistance à l’humidité, aux chocs, pas de peinture nid’entretien).

5959

RECOMMANDATIONS AUX ARCHITECTES

4.2. Les matériaux, les techniques et les systèmes constructifs

Dans ce domaine les recommandations se regroupent selon deux volets :

• les murs, soubassements et autres porteurs verticaux• les planchers

Aucune proposition ne sera faite pour les fondations dont le choix est lié à celuide la structure principale ainsi qui la nature du sol.

Les murs, soubassements et autres porteurs verticaux

Quatre systèmes apparaissent dans l’architecture traditionnelle :

• murs porteurs en terre (pisé et adobes)• murs porteurs en pierre• murs porteurs en pierre et brique cuite• murs porteurs en terre et pierre

Dans les constructions mêlant la terre et la pierre, le pisé est utilisé pourl’ensemble des murs, en association avec la pierre dans les appareils d’angle.Cette association ne paraît pas judicieuse : le tassements de la terre qui se produitprogressivement entraîne des fissurations aux points de jonction des deuxmatériaux.

Dans certaines régions l’utilisation de la pierre et de la brique cuite, par assisesalternées, a fait ses preuves. Les constructions édifiées selon ce mode sont trèsanciennes. Cependant, aucune étude connue n’a permis de rendre compte descapacités de ces structures.

Les murs porteurs en pierre ont d’excellentes qualités porteuses, ils constituentune bonne protection contre les éléments du milieu extérieur (froid, chaleur,bruit...), offrent une bonne résistance aux chocs et sont insensibles à l’humidité.Quand le matériau est local et qu’il correspond à une tradition constructiverégionale, son utilisation est tout à fait recommandée en mur porteur on ensystème mixte (mur en pierre non porteur, poteau en béton armé).

Cette utilisation n’est cependant pas, contrairement aux idées reçues, sourced’économie, surtout dans le cadre du système institutionnel de passation desmarchés.

Les murs porteurs en terre ont de bonnes qualités porteuses et constituent uneexcellente protection contre les éléments du milieu extérieur (froid, chaleur, bruit...). Ilfaut cependant noter une certaine sensibilité à la pluie, à l’humidité et aux chocs.

6060

RECOMMANDATIONS AUX ARCHITECTES

Dans le cadre de la réalisation d’écoles, les murs en terre peuvent être réaliséssur des soubassements en pierre portés à 1 m (au lieu des 50 cm classiques dansles constructions traditionnelles), ce qui assurera une meilleure protection de labase des murs (chocs, ruissellement...).

Des auvents, surtout s’il ont également des raisons fonctionnelles, peuvent êtreprévus pour la protection du corps des murs. Enfin des réfections périodiques (tousles 2 ou 3 ans) de l’enduit superficiel permettent de maintenir le pisé dans un bonétat.

L’utilsation des murs en terre, qui assure une bonne intégration dans le site naturel(la terre doit être puisée localement), est recommandée partout où la terre restele matériau principal de la construction, même si cette utilisation n’est pas toujourssynonyme d’économie dans le cadre des marchés de l’État.

Les murs en terre pourront être utilisés comme éléments porteurs ou commesimples cloisons associées à des structures en béton armé.

Les planchers

Ils utilisent, dans toutes les régions, le bois comme matériau porteur principal :

• pannes faîtières et sablières (toit en pente)• solives• lattes en bois ou roseaux

Sur le bois, et en fonction des régions, le corps du plancher est ensuite réalisé enterre, terre et paille ou terre associée à de la chaux. Le plancher traditionnel a desqualités indéniables de protection technique et acoustique. Cependant il estsensible à l’humidité, à l’attaque des insectes et autres parasites et peut présenterà la longue des fléchissements.

Si le recours à ce type de plancher est possible, il peut parfois rencontrerquelques difficultés dues :

• à des données fonctionnelles : les normes de largeur des sallesde classe sont importantes (au moins 5 mètres) alors que lalargeur autorisée par les solives en bois est faible (environ 2,5mètres), ce qui implique la division du plancher en travées, parl’intermédiaire de pannes ou de poutres maîtresses en bois.

• à la rareté et au coût élevé du bois de bonne qualité.

6161

RECOMMANDATIONS AUX ARCHITECTES

• aux vibrations possibles des planchers (dues, par exemple, àdes enfants turbulents...).

Différents solutions intermédiaires sont possibles :

• Plancher à dalle de béton sur chaînage périphérique et mursporteur (pierre ou terre). Sur la dalle de béton une forme en terrepeut améliorer le comportement thermique et acoustique.

• Plancher nervuré - en poutrelles de béton traversant la largeurde la salle de classe et hourdis ou voûtains en blocs de terre -posé sur chaînage périphérique et murs porteurs. Là,également, les comportements thermiques et acoustiquespeuvent être améliorés par l’utilisation d’une forme en terre.

Ces solutions sont données à titre d’exemple, il en existe d’autres. Des étudestechniques devront être réalisées dans le cadre de chaque projet pour optimiserau mieux les choix.

Le solutions choisies, aussi bien pour les murs que pour les planchers, devront,autant que possible, :

• être techniquement homogènes et utiliser chaque matériau là ouil est le plus utile,

• résoudre au mieux les problèmes fonctionnels,

• tenir compte des données climatiques,

• utiliser des matériaux et des structures permettant la réalisationd’objet architecturaux s’intégrant parfaitement dans le sitenaturel ou dans l’environnement bâti.

5CONCLUSION

CONCLUSION

6767

CONCLUSION

Les responsables marocains les plus qualifiés en matière d’urbanisme etd’architecture ont progressivement adopté, au cours des dernières années, unedoctrine privilégiant les dimensions régionales et locales.

Toutefois, dans le monde rural, les équipements de l’État apparaissent encorecomme le support principal des conceptions et des modèles urbains centraux, surles plans culturel, technique ou architectural.

Parce qu’elle est partout implantée, l’école primaire est probablementl’équipement de l’État le mieux diffusé sur le territoire national. Quelle grandeleçon si ce lieu de l’instruction pouvait devenir le vecteur principal des nouvellesorientations visant à réhabiliter les architectures, les cultures et les techniqueslocales.

6BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

7373

BIBLIOGRAPHIE

Ben El Khadir Mohamed, Lahbabi Abderrafih“Architectures régionales, un parcours à travers le nord marocain”, 1989.

Benabdeljalil Abdelmoumen“Architectures régionales, région du centre, rapport de synthèse etrecommandations générales” en édition provisoire - Direction de l’urbanisme et del’architecture - Septembre 1990.

Chorfi Abderrahmane“Les architectures régionales du centre-sud, étude typologique etrecommandations” - Direction de l’urbanisme et de l’architecture - Novembre1991.

Kerrim Moulay M’Hamed“Architecures régionales, région économique du Sud”, édition provisoire -Direction de l’urbanisme et de l’architecture -