ROYAUME DU MAROC MINISTÈRE DE LA SANTÉ · Au Maroc, plus de quatre millions de patients, soit...
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ROYAUME DU MAROC MINISTÈRE DE LA SANTÉ
INSTITUT NATIONAL D’ADMINISTRATION SANITAIRE I.N.A.S
Septième Cours de Maîtrise en Administration Sanitaire et Santé Publique
(2002-2004) Mémoire présenté pour l’obtention du diplôme de Maîtrise
en Administration Sanitaire et Santé Publique.
Option : Administration Sanitaire
Elaboré par : Mr. Brahim EL HARRI
JUILLET 2004
ANALYSE DE LA PRISE EN CHARGE DES SITUATIONS D’URGENCES VITALES AU NIVEAU
DES SERVICES D’ACCUEIL DES URGENCES DE L’HÔPITAL IBN SINA RABAT
2
Introduction
Le service des urgences d’un hôpital constitue, avec la consultation externe, l’un
des principaux points de contact avec la population, sa vitrine qui détermine son
image chez les usagers.
Le niveau d’organisation du système des urgences et la célérité de l’intervention
devant un tableau grave sont des éléments dont on tient de plus en plus compte
pour juger de la qualité d’un système de santé dans un pays.
Dans notre pays, les urgences sont actuellement l’objet d’une politique nationale,
qui vise la restructuration des services d’accueil des urgences, des structures
préhospitaliere, la formation en urgentologie et d’élaboration des plans d’urgence
hospitaliers.
De même, la reconnaissance de la médecine d’urgence comme spécialité
médicale à part entière, l’implantation des premiers centres de SAMU,
l’organisation des congrès et la préparation à la tenue d’une conférence nationale
sur les urgences et catastrophes en fin 2004. Cette dynamique annonce l’intérêt
accordé à la problématique des urgences ces dernières années par les décideurs,
les professionnels et la société civile.
Ces changements stratégiques invitent les responsables hospitaliers à
s’interroger sur la qualité et l’activité de leurs propres services, en adoptant des
méthodes et outils d’évaluation et d’analyse leur permettant de prendre les
décisions rationnelles, rapides et équitables en matière de régulation des soins
urgents.
Ce travail intitulé «analyse de la prise en charge des situations des urgences
vitales au niveau des SAU de l’HIS» vise à identifier les facteurs ayant une
influence sur le déroulement du processus des soins urgents, en terme d’accueil,
de délais de prise en charge et d’orientation.
Le présent document est scindé en trois parties distinctes : La première est
consacrée à la problématique, l’état des connaissances, et la méthodologie
3
d’approche, la seconde présente les résultats de l’étude, et la troisième aborde
une synthèse globale des résultats, suivie d’une discussion, et enfin des
recommandations et conclusion.
4
I- Conceptualisation du problème de recherche 1-LE CONTEXTE DE L’ÉTUDE. Au Maroc, plus de quatre millions de patients, soit environ 13% de la population
totale du Royaume, sont recrutés annuellement par le SAMU. Ce dernier se définit
comme l'ensemble des ressources et activités intra et extrahospitalières mises en
œuvre et intégrant les différentes structures hiérarchisées du ministère de la
santé, ainsi que l'ensemble des moyens des départements concernés par les
urgences et la gestion des risques sanitaires. Ce secteur souffre de maux
multiples, à savoir des insuffisances sur le plan structurel, organisationnel et en
moyens humains et financiers appropriés [1,3, 14, 15,17].
Les premiers secours aux blessés ou aux accidentés par exemple, sont à l'heure
actuelle, encore trop souvent, soit improvisés, soit inexistants. Si le problème
aujourd'hui reste entier, nous constatons cependant, que le regard qu'on lui porte
commence à évoluer. L’intérêt pour cette discipline s'est concrétisé dès la fin des
années 90 par la promotion des salles "d'observation" des hôpitaux en Services
d'Urgences et/ou en salles de "déchocage", à part entière. La DUS sise au niveau
de la DHSA, ne cesse de faire progresser ce dossier par de multiples actions, dont
le début est la mise en place "des centres de régulation" à Casablanca et Rabat,
et le lancement d'une stratégie nationale de développement des urgences et de
gestion des risques sanitaires [1,3, 16].
Par ailleurs, l'organisation des congrès nationaux de médecine d'urgence et de
catastrophe, semble légitime à de nombreux égards : Il est d'abord le témoin de
l'évolution, ces dernières années, de la médecine d'urgence dans notre pays. En
effet, depuis novembre 2002, la médecine d'urgence et de catastrophe est une
spécialité, reconnue et individualisée à part entière. En plus de l’organisation de la
première conférence nationale sur la politique des urgences et catastrophes en
novembre 2004. Nous pouvons dire qu’à ce jour, le système marocain de prise en
5
charge de l’urgence est en pleine mutation et qu’une réorganisation doit émerger
dans les toutes prochaines années [17,18].
2. Problématique La constatation que les services d’urgence et les hôpitaux pouvaient avoir à faire
face inopinément à de nombreuses victimes s’est imposée, non seulement aux
personnels médicaux, mais aussi aux décideurs politiques. Les évènements du 11
septembre 2001 à New York, du 16 mai à Casablanca et le tremblement de terre
d’Al Hoceima, illustrent la pertinence de ce risque dans une grande ville. La
gestion des urgences et des catastrophes semble être un défi pour notre pays, en
terme de financement de la permanence des soins et la coordination des
intervenants.
Ces dernières années, la "crise" des services d'Urgence alimente régulièrement
les inquiétudes des uns, les réflexions des autres et l'attention de tous. Certes, le
propos n'est pas de nier l'existence d'un réel problème se manifestant notamment
dans lesdits services d'Urgence, et encore moins d'ignorer la détresse tout aussi
réelle des personnels ni les conséquences inquiétantes pour les patients.
C'est dans le cadre de cette démarche, qu'il est utile de proposer une vision
concernant la prise en charge des urgences vitales au niveau des SAU de l’HIS.
Pourquoi intéressons-nous spécialement aux SAU de l’HIS et non pas à d’autres ?
Pour trois raisons au moins. D’abord parce que les SAU de l’HIS sont le dernier
recours d’un patient qui n’a pu être soigné dans les hôpitaux locaux et régionaux,
faute de moyens ou de compétences. Ensuite parce qu’il s’agit du plus grand
hôpital du pays, et enfin parce qu’il fait partie du grand Centre Hospitalier et
Universitaire censé dispenser une formation de pointe et s’investir dans la
recherche scientifique et médicale.
L’HIS dessert toute la population de la capitale et des villes limitrophes, Salé et
Temara, en raison du développement de son plateau technique et son
implantation à proximité des agglomérations urbaines. Comme il draine aussi, les
6
patients provenant du Nord et de toutes les régions du Maroc pour les pathologies
complexes nécessitants des compétences et ou investigations spécialisées. Cette
situation illustre l’encombrement dont souffrent les services des urgences et la
gravité des cas qui se présentent en absence d’une prise en charge correcte en
pré-hospitalier, étant donné que les patients arrivent sans alerte préalable. A cela
s’ajoute l’insuffisance des moyens humains sur le plan qualitatif et quantitatif.
Malgré de nombreuses tentatives de réorganisation et d’équipement, la qualité
des prestations offertes n’est pas proportionnelle aux efforts déployés depuis
1995, déclarée année des urgences au niveau du CHIS. Depuis ce temps, les
SAU de l’HIS ont fait l’objet des réaménagements architecturaux, l’acquisition des
équipements nouveaux (civières plus monitorage et matériel du bloc) à titre
d’exemple le don royal en 2002 (Annexe n°1).
Ainsi, le présent travail se propose d’identifier les facteurs internes aux SAU
influençant la prise en charge des situations vitales. L’intérêt de cette étude est
double. D’abord mettre à la disposition des gestionnaires des unités d’urgence, un
document de référence pour orienter leurs stratégies d’amélioration. Ensuite,
améliorer la qualité de la prise en charge et l’image de marque des SAU à la
hauteur des aspirations des clients internes et externes.
3 - Objectifs de l’étude. Les principaux objectifs assignés à cette étude sont les suivants :
3.1 Objectif général. Ce travail a pour objectif général d’analyser le processus de prise en charge des
urgences vitales en terme d’accueil, de soins urgents et d’orientation au niveau
des SAU de l’HIS de Rabat.
3.2. Les objectifs spécifiques :
• Analyser les modalités d’organisation de l’accueil face aux urgences vitales,
et les conditions de prise en charge en pré-hospitalier.
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• Etudier le processus de soins urgents mis en œuvre en fonction des
situations qui se présentent (procédures d’appel, temps de réponse des
consultants, disponibilité des moyens, réponse du plateau technique...)
• Analyser les modalités d’orientation et de transfert des patients vers les
unités spécialisées d’aval.
4 - Etat des connaissances : La revue de littérature nous a permis de : i) clarifier et expliquer les concepts
utilisés, ii) décrire le processus de prise en charge des urgences à travers les
expériences de certains pays et des sociétés savantes de médecine d’urgence.
4.1. Définition de l’urgence : "Au sens médical, c'est une échéance avec un pronostic vital à très court terme"
(Rapport Barrier). C’est « ce qui ne peut être différé1 ». Pour toute personne se
présentant aux urgences, il y a urgence : douleur, angoisse, etc. L'important pour
les professionnels est de déterminer si l'urgence est relative (sans conséquence
vitale) ou absolue. Dans le cas d'une urgence absolue, la victime est
immédiatement prise en charge, et souvent attendue, après information par la
régulation du SAMU. Dans le cas des urgences relatives, le facteur temps n’est
pas primordial et les patients sont pris en charge dans des délais adaptés à leurs
situations.
Une urgence vitale est une situation grave (maladie ou accident), à domicile ou
sur la voie publique, où la vie d’une personne pourrait être en danger : fortes
douleurs à la poitrine, grande difficulté à respirer, coma (inconscience), noyade,
importantes pertes de sang, blessures au niveau du dos, du ventre ou du thorax,
brûlures étendues2...
4.2. Typologie des urgences : On différencie 2 grandes catégories d'urgences : les urgences médicales qui
nécessitent des médicaments en fonction de la pathologie et qui, a priori ne
1 Le d i c t i onna i re Enca r ta mu l t iméd ia , 200 4 . 2 Déf i n i t i on donn ée pa r l a soc ié té vau do ise de mé d ic ine su i sse 2 001 .
8
demandent pas d'intervention chirurgicale en première intention. Par exemple, un
patient se présente pour une forte douleur au ventre, une investigation
diagnostique est faite et met en évidence une crise d'appendicite. Dès lors, un
traitement antalgique (contre la douleur) est mis en route et une intervention
chirurgicale est programmée. Mais un patient peut se présenter et nécessiter une
intervention chirurgicale en première intention, à l'image de la fracture résultant
d'un accident de la voie publique, ou plus simplement, une plaie nécessitant des
points de suture. Ainsi, les CHU possèdent souvent au sein du SAU des
départements d'urgences médicales et chirurgicales. Il est donc à noter qu'une
première orientation est nécessaire dès l'accueil. Des patients peuvent aussi se
présenter aux urgences sans problème somatique ("touchant au corps").
Effectivement, des troubles psychiatriques peuvent apparaître. Il existe alors une
prise en charge médicamenteuse possible (neuroleptiques) sur laquelle se greffe
une prise en charge psychiatrique dans un milieu spécialisé.
4.3. Services d’accueil des urgences : (SAU) Le service des urgences joue un rôle déterminant dans l’activité hospitalière : tri
des patients, accès aux filières de soins. Les missions des SAU sont : i) accueillir,
sans sélection 24h/24, tous les jours de l’année, toute personne se présentant en
situation d’urgence y compris psychiatrique, ii) prendre en charge la personne,
notamment en cas de détresse et d’urgences vitales. Ces services constituent le
noyau central du réseau d’accueil des urgences et sont le garant de l’organisation
et de la qualité des soins urgents.
Les missions dévolues aux urgences n’ont pas cessé de se développer avec la
création du SAMU dont l’objectif est l’organisation de la prise en charge dans un
délai court pour des soins complexes médicaux et chirurgicaux. D’un côté, le
service d’urgence doit être médicalement et techniquement performant pour
pouvoir sauver des vies humaines. De l’autre, il doit accueillir toute personne qui y
adresse sa souffrance. Cette ambivalence des urgences se rapporte à l’histoire
même des hôpitaux dont la mission première au moyen âge consistait en l’accueil
9
des pauvres. Certaines fonctions spécifiques, telles que l’accueil, l’information des
patients et des familles et en fin le concours à AMU, s’ajoutent aux obligations
classiques de service public. Le mot lui-même est devenu ambigu. Tout est
n'importe quoi, n'importe quand, il n'est pas excessif de définir ainsi l’urgence. Les
comportements tant de la population que des professionnels évoluent rapidement.
Exigence de rapidité et de disponibilité pour les citoyens ; reconnaissance et
valorisation d'un exercice spécifique et de sa pénibilité pour les seconds.
[3,4, 5,10].
Cette définition de la mission des services d'urgences a cependant suscité un
certain nombre de commentaires basés sur le fait qu'il existe une certaine
antinomie entre « absence de sélection » a priori et « absolue priorité de la prise
en charge » d'une détresse vitale.
Tout le problème de l'urgence réside dans la diversité des pathologies
rencontrées, le flux de patients imprévisible, le danger de risque vital pour un
patient et la nécessité d'un triage de qualité pour orienter le patient vers la
structure de soin la plus adaptée. Ainsi, un service d'urgence requiert la présence
de matériel performant pour pallier à des urgences absolues et relatives, pour
diagnostiquer de façon précise une pathologie. De surcroît, ce même service
nécessite des personnels médicaux et paramédicaux polyvalents, faisant preuve
de dextérité et de maîtrise. Il semble important de définir des protocoles de prise
en charge des urgences vitales individuelles ou collectives, avec une
détermination précise du rôle de chacun et des modalités d'appel des différents
médecins devant participer à la prise en charge. Les exigences d’un véritable
service des urgences sont si nombreuses et si contraignantes, notamment en ce
qui concerne le plateau technique et les personnels, et avant tout le personnel
médical. Mais aussi, les infirmiers, les brancardiers, les secrétaires et hôtesses….
Pour répondre aux missions confiées aux services des urgences et de
réanimation, il est nécessaire de mettre en œuvre les moyens et les ressources
10
nécessaires. La qualification des personnes y joue un rôle important et le
professionnalisme de l’équipe soignante devient l’indicateur incontournable dans
les divers référentiels d’audit ou d’évaluation. [2,6, 10].
4.4. La prise en charge des urgences. En situation d’urgence, la prise en charge initiale du patient repose sur l’évaluation
rapide et systématique de ses fonctions vitales (conscience, ventilation,
circulation). La réalisation des gestes de conditionnement minimal, la définition
d’un certain nombre d’objectifs thérapeutiques et la mise en oeuvre des moyens
destinés à atteindre ces objectifs [12].
La prise en charge des urgences à l'extérieur de l'hôpital repose sur une idée
maîtresse : l'intervention la plus rapide possible, lorsque la vie est menacée, d'une
équipe de réanimation du SAMU, comprenant obligatoirement un médecin.
Les professionnels chargés de cette régulation doivent établir des priorités, ne
pouvant suivre le principe habituel du " premier arrivé, premier traité ".
Au contraire, dans un service des urgences, et particulièrement en cas d’afflux de
patients, ils doivent établir avec justice les soins prioritaires. S’il n’ya pas de
critères techniques ils doivent traiter en premier les pathologies qui s’aggravent le
plus vite ou celles où des soins rapides peuvent stabiliser ou guérir au moindre
coût en temps et en ressources.
Pour des motifs de Justice et d’Equité dans l’attribution des ressources, les
médecins sont responsables, dans le cadre de leurs fonctions dans le service des
urgences, de la régulation économique de ces ressources de la santé car elles
sont rares et onéreuses.
Le développement de l’AMU a modifié le comportement des usagers accueillis :
les cas d’urgence vitale sont de plus en plus pris en charge directement par des
filières spécialisées après intervention des SMUR et SAMU [4, 8, 11,13].
11
La puissance technologique, le refus de la fatalité passive et le droit au secours
donnent une nouvelle définition de la victime. Pour cette dernière tout délai, tout
retard à la décision peut faire toute la différence entre la vie et la mort3.
Diverses études randomisées nord américaines montrent que le défaut de prise
en charge précoce aboutit à des durées d'hospitalisation plus longues, des retours
à domicile plus faibles, voire des chances de survie plus faibles.4
Marcel Arnaud, inventeur du concept de secourisme routier, ne disait t-il pas lui
même à propos des polytraumatisés, que « ces blessés là, acceptent mieux
l’attente que la maladresse ». A cet égard, la meilleure façon de gagner du temps
ne consiste pas à accélérer mais à adopter une conduite systématique. C’est de la
qualité et de la rapidité de prise en charge de départ que dépendra le pronostic.
Une condition importante du succès de la prise en charge des patients, dont l’état
est instable, est la disponibilité des ressources humaines. Dès l’annonce de
l’arrivée d’un patient qui doit être dirigé dans la SAUV, le personnel médical et
infirmier doit se mobiliser et être disponible immédiatement pour accueillir les
ambulanciers, superviser l’installation du patient et répondre à la demande
urgente. Les rôles de chaque intervenant doivent être définis et connus. La mise
en place de kits, de protocoles et de procédures d'appels standardisées devrait
permettre une meilleure coordination et une meilleure prise en charge des
urgences vitales intra-hospitalières.
L’intérêt de l’accueil se mesure en terme de délai de prise en charge infirmière et
médicale, d’une diminution de la durée de passage moyenne des patients dans
toutes les spécialités. Surtout le repérage immédiat des malades nécessitant une
prise en charge rapide, du confort et de la confidentialité de l’accueil pour le
patient et l’équipe soignante, d’une cohérence d’action en fonction des situations
rencontrées. Selon cette approche, le patient doit être placé au centre des 3 P r W a j i h MAAZOUZI , éd i t o r i a l ca r re fo u r ho sp i ta l i e r n °13 .2003 .
4 Rappor t URGENCES ET GERIATRIE p a r M . l e Dr Géra rd Me yer Che f du se r v i ce des Urgenc es d u Cen t re Hosp i ta l i e r de Cre i l . F rance . ( Rappo r t va l i dé pa r l e g ro upe d e t ra va i l l e 6 sep te mbre 2001) .
12
préoccupations locales et le processus de soins doit répondre aux critères de
qualité. [1, 3,9.12].
Bien que les urgences vitales ne constituent qu’une minorité de cas dans un
service d’urgence, elles nécessitent une stratégie préétablie d’organisation des
moyens humains et matériels. Les relations entre le SAMU et la SAUV sont
essentielles pour l’admission et l’orientation du patient. Ces relations concernent
au quotidien la prise en charge des patients, la coordination des acteurs étant un
facteur essentiel de qualité. Le fonctionnement optimal de l’urgence ne peut être
possible que grâce à la participation active de toutes les composantes du réseau.
L'environnement du service d'urgences comporte un nombre d'éléments dont
certains sont indispensables 24h/24. À cet effet, il doit exister un leader médical
responsable de la coordination des activités.
En effet, un service d'urgences même parfaitement organisé (personnel
Médical et Paramédical compétent et en nombre suffisant, équipements et locaux
optimaux...), ne peut exercer sa mission de soins à lui seul.
L'existence d'un "plateau technique" d'urgence et la possibilité d'interventions à
toutes heures de médecins consultants est une absolue nécessité.
La persistance de ce non respect rend illusoire toute solution autre que la
coercition des personnels et un investissement sans fin en moyens et personnels
dans les structures d’urgence.
A ce titre, il est indispensable que le projet médical, le projet du SSI et le PEH
intègrent cette dimension à l'échelle du fonctionnement de l'ensemble de l’hôpital.
[2,7, 10, 12, 19,20].
En terme de conclusion, soigner aux urgences, c’est apporter une réponse
adaptée et efficace à un problème médical diagnostiqué, soit sur place, soit par
une orientation pertinente
4.5. Cadre conceptuel : La médecine d’urgence s’exerce à différents niveaux. L’intervention peut se faire
sur les lieux mêmes de l’événement et au cours du transport (secteur pré-
13
hospitalier) mais l’intervention majeure et décisive se déroule essentiellement en
milieu hospitalier.
Nous présentons le modèle conceptuel élaboré qui schématise les différents
éléments qui conditionnent la prise en charge des urgences d’une façon globale. Il
semble que ces facteurs sont de trois types :
1. Les exigences basiques pour les differents niveaux d’intervention en
temps, moyens adaptés et en compétences, qui conditionnent une prise en charge
immédiate, suivis par la coordination, l’organisation, le financement et la
réglementation de la chaîne de secours dès l’alerte jusqu’à la prise en charge des
patients en aval.
2. Les niveaux de prise en charge distincts, d’abord en prehospitalier, puis au
niveau des SAU et les services d’aval. Un système de coordination entre les trois
niveaux s’avère indispensable pour une action cohérente et efficiente.
3. en dernier, le modèle fait ressortir les types de réponses face à l’urgence
en fonction de chaque niveau d’intervention.
Nous avons introduit, les facteurs temps, compétences, les moyens et la
coordination entre les differents acteurs, dans ce schéma pour souligner que la
prise en charge des urgences est exigeante et contraignante (service public). Elle
nécessite la disponibilité des moyens et des compétences spécifiques 24h/24. Et
un financement soutenu pour pouvoir assurer une activité de qualité.
Concernant la prise en charge hospitalière des urgences, le schéma a identifié
trois phases à savoir l’accueil, soins urgents et en fin l’orientation et qui seront
l’objet de ce travail pour approcher la prise en charge à travers le suivi du
cheminement des patients admis à la SAUV.
14
Schéma n°1 : Modèle conceptuel.
Délais MOYENS COMPETENCE ORGANISATION COORDINATION REGLEMENT FINANCEMENT
…..
Amont. Régulation
SAMU-SMUR…
Au niveau des SAU
Aval des services des urgences
Ecoute- assistance orientation- transferts
SOINS URGENTS
ORIENTATION
Avis –bi lans- hospital isat ion
suivi.
ACCUEIL
Exigences basiques Niveau de réponse Type de réponses
URGENCE VITALETémoins ?
Légende : : Orientation par SAMU. : Coordination entre les niveaux : Circuit patient aux SAU : Type de réponses .
Alerte
15
4.6- La question de recherche. L’organisation et le fonctionnement actuels des SAU de l’HIS, permettent-ils une
prise en charge adéquate des situations d’urgences vitales qui s’y présentent ?
5- La stratégie de recherche Il s’agit d’une étude de cas, qui s’intéresse à l’analyse du processus de la PEC
des urgences vitales, au niveau des SAU de l’HIS en matière d’accueil, soins et
d’orientation.
Un échantillon de patients présentant une urgence vitale, médicale ou
chirurgicale, est suivi, dès l’arrivée aux services des urgences jusqu’à son
transfert vers les services spécialisés internes ou externes.
5.1. Matériel et méthode : Dans une première étape, nous avons recensé les ressources et les contraintes
de l’environnement extra et intra-hospitalières qui conditionnent cette activité. Il
s’agit de situer l’hôpital dans son environnement, de préciser la place des
urgences dans l’établissement et d’analyser les caractéristiques de la clientèle
reçue. A l’aide, d’une grille de recensement destinée à cet effet et des entretiens à
differents niveaux de compétence et de décision.
La seconde étape étudiera le processus de la prise en charge à travers le suivi du
cheminement d’un échantillon de patients de l’accueil jusqu’à leur orientation.
Deux outils de recherche sont privilégiés : l’observation, c’est elle qui permettra la
collecte des données durant le suivi du cheminement du patient. Les entretiens
avec les gestionnaires et les professionnels impliqués directement dans la prise
en charge à differents niveaux, compléteront cette collecte.
Pour appréhender la prise en charge des urgences vitales, nous nous sommes
inspirés du modèle «structure-processus-résultats» de Donabedian. Dans ce
modèle, la structure réfère aux ressources matérielles et humaines utilisées pour
dispenser les soins et aux caractéristiques plutôt stables des organisations dans
lesquelles ils sont produits. Le processus réfère aux procédures reliées à la
dispensation et la réception des soins et services et les résultats, au respect des
16
procédures et délais de séjour à l’urgence. Du fait que la distinction habituelle
entre les procédures et les résultats en terme de niveau de santé ne parait pas
pertinente aux urgences où l’individualisation de la part du service dans l’évolution
du niveau de santé du patient pose problème.
Schéma n°2 : Cadre d’analyse
Structure Processus Résultats
Cette méthode nous parait la plus opérationnelle, au regard des objectifs de cette
recherche et les spécificités des urgences, qui sont :
L’éventail très large des pathologies reçues,
L’importance particulière du facteur temps,
L’absence de maîtrise de la globalité du processus de soins.
5.2. Choix des traceurs :
Le choix de la méthode des traceurs permet d’individualiser les différentes
phases, et de les analyser séparément.
Les pathologies retenues comme traceurs sont les extrêmes urgences médicales
ou chirurgicales les plus représentatives au niveau de la SAUV (déchocage) à
savoir :
1. Pour les urgences médicales nous avons retenu les détresses cardio-
respiratoires, les intoxications et les urgences de médecine interne.
Locaux, circuits, Personnel, Matériels Système d’information, ………
Respect des procédures et délais de passage au niveau de la SAUV. Orientation ……….
Protocoles, Procédures, Coordination Délais de réponse, …….
17
2. Concernant les urgences chirurgicales nous avons choisi de suivre les
patients présentant des pathologies traumatiques telles que les traumatismes
crâniens, abdominaux et thoraciques et les hémorragies,….
Le choix de ces traceurs se justifie par :
La nécessité d’une intervention immédiate, donc évaluation de la cohérence de
l’action urgente en interne du service concernant l’alerte, et également apprécier
les conditions de prise en charge en pré-hospitalier (mode d’arrivée,
accompagnement, compte rendu de transfert, traitement reçu sur place….)
L’implication d’une équipe multidisciplinaire, donc évaluation des procédures
d’appel et la réponse des spécialistes pour avis ou interventions. (Notion de temps
et de coordination).
L’exigence des moyens matériels très importants (radiologie, labo, TDM,
médicaments et dispositifs médicaux) évaluer la disponibilité des plateaux
techniques et la dotation des urgences pour faire face à sa mission. Donc analyser
le soutien et la priorité accordée aux urgences d’une manière générale.
La nécessité de transfert interne et / ou externe, pour évaluer les conditions de
transfert et le degré d’implication des services et/ou établissements de l’aval.
5.3. Etablissement des critères : Au cours de cette recherche, notre attention s’est orientée vers le processus
organisationnel dans lequel se déroule la dispensation des soins urgents. Les
standards ou critères utilisés à chaque phase analysée sont choisis en fonction de
l’objectif de l’étude.
Vu l’insuffisance du cadre normatif national relatif aux conditions d’organisation et
fonctionnement d’un service des urgences hospitalières, les critères et indicateurs
retenus dans ce travail sont choisis en fonction du contexte de l’étude, les critères
intéressent les domaines jugés essentiels pour assurer une prise en charge
optimale.
Les critères dits optionnels et/ou souhaitables ne sont pas pris en considération,
pour des raisons pratiques liées au contexte. Les référentiels desquels nous nous
18
sommes inspirés, sont ceux préconisés par la SFMU, de la réflexion de l’équipe
de ENSP de Rennes (France), dans le cadre méthodologique de l’évaluation d’un
service des urgences et du guide de gestion de l’unité d’urgence [20].
Parmi Les limites de l’étude, nous citons : i) le temps alloué à la recherche qui
nous estimons insuffisant. ii) une baisse de l’effectif total des admissions à la
SAUV durant le mois de Mai de 25%. iii) l’insuffisance du système d’information
disponible pour pouvoir déterminer les ratios de chaque pathologie traceur en
fonction de sa représentativité comparée pour au moins 2 années précédentes. iv)
le caractère aléatoire de l’urgence qui nécessite une présence 24h/24 de
l’enquêteur n’a pas été respecté par faute de moyens. Devant ces contraintes et
limites méthodologiques, seule la saturation en information a été considéré pour
arrêter la taille de l’échantillon, une fois obtenue.
6- Planification opérationnelle. 6.1. Population cible.
Il s’agit des services d’accueil des urgences hospitalières relevant du l’HIS de
Rabat et plus particulièrement la SAUV (salle de déchocage).
6.2. Échantillon. Pour réaliser cette recherche, nous avons suivi un échantillon de patients se
présentant aux SAU de l’HIS, et ayant été admis au niveau de la SAUV pour une
prise en charge urgente. Il s’agit en fait d’un échantillon raisonné pour pouvoir
inclure différents types de pathologies (médicales et chirurgicales).
La taille de l’échantillon dont le cheminement a été suivi dans le cadre de cette
étude est de 16 cas, l’age médian est de 42ans, le sexe masculin représente
62,5% et 37,5% des femmes. La taille de l’échantillon n’a pas été précisée au
début de l’étude, car il est fonction de plusieurs facteurs. Le choix est fait en
fonction de la présence ou non des cas relevant des caractéristiques prédéfinies
dans la stratégie de recherche.
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Les patients inclus dans notre échantillon sont ceux ayant présenté des extrêmes
urgences et admis au niveau de la SAUV. Nous avons exclu les patients :
provenant des services hospitaliers médecine ou chirurgie, et qui sont transférés
aux urgences pour une prise en charge par défaut de moyens ou par habitude de
ces services.
Les cas sont repartis en fonction des plages horaires en vigueur au niveau du
services : matin, après midi, nuits, samedi et dimanche. Cette répartition des
moments des observations nous a permis de couvrir toutes les plages horaires
24h/24 et d’avoir une idée globale des variations de la réponse des services des
urgences.
6.3. Définition des variables à l’étude. La prise en charge des urgences hospitalières correspond à la capacité de
l’établissement hospitalier, de répondre efficacement aux besoins urgents dans
des délais raisonnables en utilisant des moyens adaptés à la situation des patients
en terme d’accueil, de soins urgents et d’orientation.
Deux approches ont été employées dans le but de caractériser la réponse d’un
service des urgences face à la demande des soins urgents. L’une s’appuie sur
l’information recueillie auprès des professionnels et caractérise principalement la
structure en place pour assurer la prise en charge. L’autre est basée sur
l’information fournie par l’observation du cheminement des patients et documente
les processus mis en œuvre, de l’accueil jusqu’à l’orientation.
Pour des considérations pratiques l’épisode des soins au niveau des urgences est
divisé en trois phases distinctes afin d’analyser séparément chacune en suivant le
cheminement des patients.
Accueil : Dans ce travail, l’accueil est considéré comme un acte de soin et
analysé selon trois dimensions qui conditionnent sa réalisation pratique et efficace
à savoir :
20
- Accueil en tant que Structure, correspond aux locaux (agencement, circuits,
signalisation..), et aux moyens humains et matériels dont dispose l’unité d’accueil
pour permettre un accès facile et sécurisant pour les patients.
- Processus d’accueil : désigne les modalités de l’accueil en terme
d’enregistrement des passages, du tri et de l’orientation à l’arrivée.
- Résultats : dans ce travail le résultat attendu de l’accueil est de fournir les
informations aux familles et la mise à jour de l’évolution de la situation des patients
(décès, transfert, sorties).
Soins urgents :
L’observation de la phase des soins urgents a porté essentiellement sur les
compétences ayant intervenu dans la prise en charge immédiate, les précautions
de sécurité. Ensuite l’enchaînement par la réalisation des bilans demandés, les
avis spécialises et enfin la prise de décision, l’orientation et quelques
appréciations concernant la tenue des systèmes d’information, et les relations
avec les familles des patients.
La dimension technique des soins ne sera pas abordée dans ce travail, seuls les
aspects organisationnels feront l’objet d’une observation et d’analyse. Les
précisions concernant la signification des variables dans ce travail sont les
suivantes :
1. Les variables retenues pour évaluer la sécurité au niveau de la SAUV sont
les suivantes : le monitorage des constantes vitales (Pouls, Tension, Saturation, et
le tracé de l’ECG) est mis en œuvre systématiquement,
La sécurité assurée veut dire que le patient est bien installé, le chariot possède les
barres latérales de sécurité, la vigilance du personnel
L’hygiène et asepsie, on entend par ses variables dans ce travail le respect des
règles d’hygiène (lavages des mains, la désinfection et la stérilisation du matériel
manipulation du matériel stérile…..) et le respect des principes d’asepsie
(préparation du matériel, réalisation des actes, …).
21
L’activité relative à la traçabilité des actes a été abordée en surveillant les feuilles
de réanimation et la tenue des differents documents (compte-rendu des
spécialistes, le registre de la salle, le cahier de passation des consignes..) et
surtout l’assistance à la passation des consignes entre les équipes.
2. Pour suivre l’évolution de l’exécution des bilans une grille est mise en place
pour chaque patient suivi, permettant le recensement des examens demandés
puis la surveillance de l’exécution effective et la récupération des résultats. Une
analyse de ces délais a été faite par groupe de patients pour un même examen et
ensuite, nous avons calculé la moyenne, médiane pour chaque type d’examen.
3. L’approche adoptée pour mesurer les délais d’attente des avis spécialisés
est essentiellement basée sur le relevé de l’heure de demande, d’appel et enfin
l’heure de la réponse effective du spécialiste au chevet du patient.
4. Dans ce travail la décision médicale a été appréciée en mesurant le délai
écoulé entre l’admission du patient à la SAUV et le moment ou l’équipe médicale
décide d’une orientation du patient vers une structure de prise en charge.
5. La durée de passage, que nous présentons, englobe les differents délais
observés chez les membre de l’échantillon, dés l’arrivée au niveau des SAU
jusqu’à leur admission au niveau des services d’aval.
Orientation
Les éléments retenus dans ce travail pour apprécier la qualité de l’orientation des
patients suivis sont : i) la répartition des patients selon l’orientation décidée, ii) la
durée de passage au niveau des SAU, iii) le dossier du patient, la mise à jour des
documents informationnels. iv) les relations avec la famille.
6.4- Collecte de l’information :
Les outils de collecte de l’information privilégiés dans le cadre de ce travail sont
au nombre de trois :
22
La grille de recensement relative à l’étude de l’environnement, composée
des critères et indicateurs permettant de qualifier et de situer les services
des urgences sur le plan stratégique et structurel. Leur place au niveau de
l’hôpital, leurs moyens, soutien des services hospitaliers (annexe n°2)
La grille d’observation du cheminement des patients pour approcher la
prise en charge à l’aide de critères choisis, permettant de repérer les
dysfonctionnements en terme d’organisation et de délais de réponse des
differents intervenants. Chaque grille traite les trois étapes décrites, en
haut, séparément (annexe n°3).
Les entretiens compléteront les informations recueillies à travers les
observations. Une grille d’entretien comportant quatre grandes questions a
été élaborée (annexe n°4). Ces entretiens ciblent les personnes ayant un
rôle primordial dans la prise en charge des urgences à savoir les chefs des
services des urgences, certains internes et résidents, les infirmiers de la
salle de déchocage et d’accueil, et les gestionnaires de l’hôpital.
Les données sont analysées sur le plan quantitatif et qualitatif :
- l’analyse quantitative des bilans et chiffres d’activité et de moyens, (médiane,
moyenne, ratios, des pourcentages) et sont présentées sous forme de graphiques
et tableaux.
- l’analyse qualitative à travers la technique de l’analyse du contenu de la grille
d’observation du cheminement par cas (voir annexe n°5), puis une mise en
commun de l’ensemble des observations en synthèse.
- la synthèse des propos des interviewés et une mise en commun des idées sous
forme de tableaux et commentaires.
23
II- Présentation des résultats 1. Présentation du site d’étude. Ce travail s’est déroulé au niveau des SAU de l’HIS de Rabat, et particulièrement
au niveau de la salle d’accueil des urgences vitales (SAUV) ou la salle de
déchocage. La présentation porte sur l’HIS et son environnement, les SAU et la
SAUV.
1.1. L’hôpital Ibn sina de Rabat : Il est inauguré en 1954 avec 674 lits, il comprend actuellement 1150. La capacité
litière fonctionnelle est de 1028 dont 48 lits de réanimation. Il s’étend sur 10
hectares et constitué de 5 étages et de trois sous sols. L’HIS dispose de 27 salles
d’opération, de dix services d’explorations fonctionnelles de radiologie
(conventionnelle, numérisée et nucléaire) et de laboratoires et 25 services
cliniques. Il comprend également plus de 7 services de soins intensifs -
réanimation médico-chirurgicales, chirurgie cardio-vasculaire etc. l’effectif total du
personnel de l’HIS atteint 2364 agents dont 25% sont des médecins, 39% des
infirmiers et 36% de personnel administratif, technique et de soutien. L’HIS fait
partie du CHU RABAT-SALE, qui est composé de dix établissements hospitaliers
avec une capacité litière de 3250. Il est situé dans la commune urbaine Agdal-
Riad, entouré d’un axe routier, ferroviaire et industriel très dense, constituant un
facteur de risque permanent en matière d’accidents.
*L’hôpital en chiffres : Les données retenues sont celles en relation avec l’activité des SAU et
particulièrement les services directement impliqués dans la prise en charge des
urgences vitales.
24
Tableau n°1 : comparaison des admissions au niveau de l’HIS et les services de
réanimation en 2003.
CLF Admissions Directes
Admission en urgence
Total DMS TOM
RUCH 14 20+97* 443 560 5,03 55 %
R M 12 11+75* 450 536 6,56 80 %
R Ch. 22 121+666* 40 827 5,34 55 %.
Hôpital 1028 14138 6581 20731 13,75 76 %
Source : bilan d’activité HIS 2003.service des statistiques.
*ces chiffres indiquent l’effectif des admissions en réanimations à partir des services
hospitaliers.
Ce tableau présente l’activité de l’hôpital en comparaison avec celle de certains
services dont le fonctionnement peut influencer la prise en charge des urgences
vitales. Le nombre total d'entrées dans l'établissement est de 20731, dont 14138
admissions directes et 6581 en urgence, soit 31% de l’effectif total. Le nombre des
consultations externes annuelles de l'hôpital s’élève à 43224 avec une
augmentation de plus 3% par rapport à 2002. La DMS globale de l'hôpital est de
13 jours en 2002 et de 14 jours en 2003, celle des services de réanimation est de
5 jours pour la RUCH, la RCh, et de 6,56 jours pour la RM.
Le TOM de l’hôpital est de : 77%, celui des services de réanimation est identique
pour les réanimations chirurgicales avec un taux de 55% avec une baisse non
négligeable en regard des taux observés au niveau des differents services
hospitaliers et particulièrement la réanimation médicale avec 80%.
Le nombre d’interventions chirurgicales est de 14325 en 2003 dont 4141en
urgence soit 29% de l’activité opératoire de l’hôpital.
L’analyse des données montre une occupation moyenne des services de
réanimation aux alentours de 50%. Il est vrai que plus de la moitie des lits de
25
réanimation ne disposent pas de l’équipement permettant une prise en charge
optimale. A cela s’ajoute un manque très important en ressource humaine et
particulièrement les professions paramédicales. Ce qui pourrait probablement
influencer la fluidité des passages de patients nécessitant une surveillance en
soins intensifs.
1.2. Les services des urgences de l’HIS. Les SAU de l’HIS de RABAT, ont été organisés depuis 19955 en deux pôles
distincts, avec une salle d’accueil des urgences vitales commune, il s’agit des
services des urgences portes médicales (UPM) et urgences portes chirurgicales
(UPC). Chaque service est doté d’un médecin chef et d’un infirmier chef, en plus
d’une équipe infirmière et de soutien. Les SAU de l’HIS sont desservis, en matière
de bilan radiologique standard et échographie par la radiologie des urgences
située à proximité, pour les examens spécialisés, la TDM, par l’unité de
scannographie sise au niveau du service de radiologie central qui est très éloigné
des SAU..
Le circuit des patients au niveau des SAU de l’HIS mis en évidence une multitude
de cheminements empreints par differents patients en fonction du degré de gravité
et ou de leur orientation à l’accueil. Ce modèle de prise en charge ne prévoit pas
une séparation des circuits malades sur civière et sur pieds. Ce qui crée des
zones d’encombrement à travers tout le cheminement, car la structure n’est pas
adaptée à ce genre d’organisation. Ce modèle multidirectionnel nécessite la
coordination permanente entre les differents intervenants, et une
responsabilisation à tous les niveaux du circuit. Si non, le patient risque de se
perdre à l’intérieur des SAU ou d’être oublié par l’équipe médicale à cause de
l’encombrement.
Schéma n°2 : Le circuit des patients
5 ORGANISATION DES URGENCES DE L 'HÔPITAL IBN S INA RABAT/ B .A . Be nchek rou n : P ro fesseu r , Fac u l t é de Méde c ine e t de Pha rmac ie , Rab a t
Arrivée des patients au
Hall des ambulances
Prise en charge ambulatoire.
26
ConsultationMédicale ( Interne)
SAUV « Déchocage »
Triage
Accueil
Réanimation
Bloc opératoire Observation
Consultation spécialiste
Plateau technique
Transferts interne&externe
La légende : : Circuit des urgences vi tales,
: Circuit des urgences relat ives, et mineures.
& : mouvement à l ’ intér ieur des SAU.
Sortie, décès
27
Les éléments relatifs à la structure seront évoqués au fur et à mesure que nous
présentons les résultats de l’étude. Seule la SAUV où sera réalisée le suivi des
patients fera l’objet d’une brève présentation.
1.3. La Salle d’Accueil des Urgences Vitales (SAUV) : Il s’agit d’un local situé au niveau de l’unité rouge (secteur d’hospitalisations aux
UPC) d’une surface de 20m2, destiné à recevoir un effectif de quatre patients sur
civières en plus des personnels, placard, respirateurs. Le local ne dispose pas des
locaux annexes : la réserve du matériel, salle de préparation et de surveillance, un
chariot d’urgence et un téléphone, un local pour recevoir les familles.
Sur le plan des ressources, l’équipement a été modifié plusieurs fois, car se
détériore rapidement vu la mauvaise maintenance et l’utilisation incorrecte par
plusieurs intervenants. La salle ne dispose pas d’un matériel de réserve sous la
main en cas de panne de l’existant ou lors d’afflux massif ou pour le transfert des
patients.
Le nombre de cas d’urgences vitales est en moyenne de 6,4 patients par jour,
pour quatre postes d’accueil des urgences vitales existants, le délai de passage
se situe entre quelques heures (4h50’) jusqu'à plus de 24h (3jours)6. Les
pathologies médicales les plus fréquentes sont les intoxications, les
pneumopathies, les cardiopathies et la neurologie, avec un pourcentage respectif
de 31%,18%,15%, et 14%.
1.4. Environnement externe du site de l’étude : Les structures sanitaires publiques d’accueil des urgences au niveau de la zone
d’attraction sont les suivantes :
Les SAU généraux au nombre de 02 situés au niveau de l’hôpital cheikh zayed et
l’hôpital Mohammed V d’instruction militaire.
Les SAU spécialisés au nombre 04 :
6 . i l s ’ ag i t d ’une enquê te ponc tue l l e , su r un échan t i l l o n de 100 pa t i en t s , réa l i sée dan s l e cad re de ce mé mo i re p a r abs ence de l ’ i n f o r ma t ion à ce su j e t au n i vea u du s i t e d e l ’ é tude .
28
- urgences ORL, Ophtalmologie, neurologie et neurochirurgie à l’hôpital des
spécialités,
- urgences pédiatriques et néonatalogie au niveau de l’hôpital d’enfants,
- urgences obstétricales et gynécologiques au niveau de la maternité suissi.
- urgences psychiatriques au niveau de l’hôpital ER-RAZI de Salé,
Unité d’urgence de proximité il s’agit de 03 services des urgences implantés au
niveau de Temara, salé et l’hôpital Molay Youssef à Rabat.
Le nombre de lit de réanimation est de 79 pour le Chis.
Sans oublier, la naissance bientôt d’un centre de régulation Médicale ou SAMU à
proximité de l’hôpital, et l’ensemble des intervenants à titre d’exemple la protection
civile, les ambulanciers privés, gendarmerie, police….
En synthèse l’environnement externe de l’HIS offre plusieurs opportunités et
menaces. À signaler que les composantes prises en considérations pour designer
l’environnement externe de l’HIS sont les hôpitaux de proximités disposants des
SAU et ou plateau technique et compétences nécessaires pour assurer une
orientation adaptées à l’état des patients.
Parmi les menaces, le développement du secteur privé et l’existence dans la
proximité, des SAU hautement performants à l’hôpital militaire et cheikh zayed. Il
s’agit d’un environnement concurrentiel très exigent et le sera autant avec
l’avènement de l’AMO. Sur le plan des opportunités, cet environnement est très
riche en compétences et technologies médicales. Cette richesse n’est pas
exploitée à son maximum à cause d’un certain cloisonnement des structures
hospitalières constituants le micro environnement.
C’est aussi un environnement en pleine mutation qui oblige l’HIS de revoir son
fonctionnement pour s’adapter aux exigences imposées par l’évolution de la
médecine d’urgence dans notre pays.
2- Présentation des cas traceurs : L’effectif des cas traceurs, dont le cheminement a été suivi dans le cadre de cette
étude, est de 16 cas, l’age médian est de 42ans, le sexe masculin représente
29
62,5% et 37,5% des femmes. Le choix est fait en fonction de la présence ou non
des cas relevant des caractéristiques prédéfinies dans la stratégie de recherche.
La période d’observation a débuté du 12/05/2004 au 03 /06/2004.
2.1. Les motifs de recours : La liste des pathologies représentant notre échantillon n’est pas exhaustive, mais
représente les pathologies les plus fréquentes au niveau de la SAUV. A titre
d’exemple au cours de 2003, les intoxications représentent 30% de la pathologie
médicale et 7% de l’effectif total des admissions au niveau de la SAUV.
Tableau n°2 : motifs de recours des patients de la cohorte.
Les données relatives aux motifs de recours indiquent une représentation égale
des pathologies médicales et chirurgicales. Les cas sont pris au hasard sans
aucune prétention à l’avance, la taille de l’échantillon est de 16 patients
représentants cinq pathologies-traceurs. Au premier rang, on trouve 4/16 des
accidents de la voie publique soit 25%, de même pour les comas divers, suivis
des hématémèses les intoxications avec des taux respectifs de 18% et enfin la
pathologie cardio-respiratoire avec 12,5%. La taille de l’échantillon n’a été
précisée au début de l’étude, car il est fonction de plusieurs facteurs ayant limités
le nombre de la cohorte. Parmi eux, nous citons : i) le temps alloué à la recherche
qui nous estimons insuffisant. ii) une baisse de l’effectif total des admissions à la
SAUV durant le mois de Mai de 25%. iii) l’insuffisance du système d’information
disponible pour pouvoir déterminer les ratios de chaque pathologie traceur en
fonction de sa représentativité comparée pour au moins 2 années précédentes. iv)
le caractère aléatoire de l’urgence qui nécessite une présence 24h/24 de
l’enquêteur n’a pas été respecté par faute de moyens. Devant ces contraintes et
Motifs de recours Détresses cardio-respiratoires
Hématémèses Coma (neuro) Intoxications AVP
2 3 4 3 4
30
limites méthodologiques, seule la saturation en information a été considéré pour
arrêter la taille de l’échantillon, une fois obtenue.
2.2. La provenance des patients : Tableau n°3. Lieux d’origine des patients.
Provenance des patients.
Origine des patients
Rabat Salé Temara Kenitra Tanger Oujda Benslimane
Nombre 8 2 1 2 1 1 1
Les données de ce tableau montrent que 50% des patients sont d’origine de
Rabat, 19% référés par les hôpitaux limitrophes, et 31% relevant d’autres villes en
dehors de la région. Ces derniers ont été transférés à bord des ambulances non
médicalisées et ne répondant pas aux conditions de sécurité et de confort. Pour
plus de détail, nous présentons les differents éléments relatifs au transport extra
hospitalier des patients membre de la cohorte à l’étude.
2.3. Moyens de transport utilisés par la cohorte :
Tableau n°4 : Type de transport utilisé
TYPE Ambulance
santé pub
Sapeur
pompier Privée ONG
TAXI
Effectif 5 6 1 1 3
L’analyse des moyens de transport ayant assuré l’évacuation des patients vers les
SAU de l’HIS, montre que 68% des évacuations est assurées par les ambulances
appartenant au secteur public. Il s’agit essentiellement des sapeurs pompiers avec
37%, suivis des ambulances de la santé avec 31%. Ces données affirment
également l’insuffisance des moyens mis en œuvre dans le cadre de la prise en
31
charge préhospitaliere. Puisque les 19% des patients sont transportés par des
taxis ou voiture personnelle à la place des ambulances.
2.4. Accompagnement des patients lors du transfert. L’accompagnement ou l’assistance des patients en situation d’urgence constitue
une problématique majeure en matière de prise en charge en prehospitalier.
Tableau n°5.Accompagnement lors du transfert.
Personne accompagnante
Médecin Infirmier Sapeur-pompier
Sapeur+ famille
Famille
Patients 0 0 3 3 10
% 0 0 18,5 18,7 62,5
Les données recueillies concernant l’assistance des patients suivis en extra
hospitalier montre que 2/3 des patients soit 62,5% sont accompagnés par les
membres de la familles, 37% sont pris en charge par les sapeurs pompiers dont la
moitie la famille est présente. Alors qu’aucun cas n’a été accompagné par un
personnel de santé médecin ou infirmier, selon les données de l’étude. Ceci
montre encore une fois une lacune majeure du système de prise en charge des
urgences extrahospitalières.
L’exemple le plus frappant est celui d’un élément de la cohorte qui a été orienté
vers les SAU de l’HIS, transféré à bord d’une ambulance louée à 1500 dhs pour
une durée de 7 heures accompagné par son père sans aucun contact préalable.
Le résultat le père est obligé de relouer encore un véhicule avec 3500 dhs pour
amener le cadavre de son fils les larmes aux yeux, Ce cas illustre toute la
problématique de prise en charge des urgences, car en plus de la non assistance
à une personne en danger, il soulève les questions de la responsabilité, du
financement, de l’éthique et de la coordination de l’action urgente.
2.5- la référence des patients :
32
Tableau n°6 : système de référence des patients.
Pour plus de précision il est à signaler que les patients évacués par les sapeurs
pompiers sont considérés non référés puisqu’ils n’ont pas encore bénéficiés d’une
prise en charge médicale ayant motivé leur transfert. Les données récoltées
montrent que 8/16 soit 50 pour cent des patients observés ont été référés par un
médecin relevant des SAU où ils étaient accueillis, avant leur transfert vers les
SAU de l’HIS. 50% autres ont été amenés par les sapeurs pompiers, donc
transférés à partir de leur résidence, ou sur la voie publique soit respectivement
un pourcentage de 25% chacune. Ceci veut dire que 50% de la cohorte a
bénéficié d’une évaluation médicale de son état, donc arrivent au niveau des SAU
avec une observation médicale pouvant faciliter la tache du personnel de l’accueil.
Après cette présentation succincte de la population constituant la cohorte et les
conditions de transfert des patients, l’étape suivante s’intéresse à la phase
d’accueil au niveau des SAU de l’HIS.
2- RESULTATS RELATIFS AU SUIVI DU CHEMINEMENT. 1. Phase d’accueil : 1.1. La nature des prestataires. Le fonctionnement de l’unité d’accueil est assuré 24h/24 par un personnel infirmier
et des agents de service. La répartition du personnel dans le temps et l’espace
n’est pas équitable, du fait qu’on trouve deux infirmiers le matin et l’après midi et
un seul infirmier les nuits, les week end.
Référence
Type Référés Non référés
Effectif 8 8
33
Tableau n°7 : Nature des prestataires impliqués dans l’accueil. prestataires Infirmier Etudiant en
médecine Aide soignante
Non accueillis
Bénéficiaires 8 2 1 5
% 50 12 6 31
Selon l’étude 50% des patients observés ont été accueillis par le personnel
infirmier, 31% n’ont pas bénéficié de la prestation d’accueil par indisponibilité du
personnel, soit que le patient est directement acheminé vers la consultation ou
vers la SAUV sans aucune intervention de l’équipe d’accueil. Le reste des patients
soit 19% ont été accueillis et orientés par des étudiants ou des stagiaires du
croissant rouge qui sont sensés ne pas être des acteurs principaux d’une telle
prestation très complexe.
1.2. Orientation des patients à l’accueil Tableau n°8 : Orientation des patients suivis.
Orientation SAUV Cm Total
Effectif 5 11 16
% 31 69 100
Seulement un tiers des patients suivis dans cette étude soit 31% ont été orientés
directement vers la SAUV, contre 68% qui ont bénéficie d’une consultation
médicale avant leur transfert vers la salle des urgence vitales. Parmi ces derniers,
les patients non accueillis dont l’estimation de la gravité n’a pas été faite à
l’accueil. Probablement la compétence du personnel affecté à cette activité, et
l’absence des protocoles et procédures peuvent être aussi des facteurs ayant une
influence sur la qualité de l’accueil au niveau des SAU. Quant à l’orientation, elle
est basée sur la lettre de référence pour 50% de la cohorte, et dans les cas sur
l’interrogatoire de la famille.
34
D’une manière générale, la prestation de l’accueil se résume pour ceux qui ont
bénéficié par la signalisation au membre de la famille et ou l’ambulancier de la
voie à suivre, un seul patient parmi la cohorte a été accompagné par l’infirmier
jusqu'à sa prise en charge médicale. L’activité d’installation de brancardage est
assurée par la famille ou l’ambulancier, même les chariots sont cherchés par ces
derniers.
Concernant la prise en charge des familles qui sont souvent angoissées, aucune
prestation en leur faveur n’est observée au cours de cette étude. Du fait de
l’absence d’une salle d’accueil d’une part, s’ajoute l’absence d’attention en terme
d’informations concernant les formalités administratives, le personnel referant
(médecin, infirmier), Généralement, même au sein de l’hôpital la famille est
toujours sollicitée pour assurer des activités d’hygiène, de transport et les
formalités administratives. Ce qui accentue l’encombrement des SAU et entrave le
bon déroulement des activités, de plus l’hôpital n’est pas encore en mesure
d’assurer l’ensemble des besoins des patients urgents.
1. 3. Enregistrement des patients au niveau de l’accueil. L’enregistrement des patients n’est pas systématique au niveau de l’accueil,
puisque 2/3 des patients suivis n’ont pas fait l’objet d’enregistrement, même
lorsque le patient est accueilli. Sachant qu’un registre a été mis en place et un
système informatique a été conçu spécialement pour gérer l’activité à ce niveau.
Malheureusement, on observe une négligence du système d’information en tant
que ressource importante pour la prise de décision mais aussi pour l’information
des citoyens.
1.4. Délais entre la phase d’accueil et l’admission à la SAUV. Pour mieux illustrer les conséquences liées aux contraintes de la phase d’accueil,
nous avons pris en considération le délai écoulé entre l’orientation et l’admission
effective du patient à la SAUV.
35
Tableau n°9 : Répartition des délais entre l’accueil et l’admission à la SAUV
durée 2 mn 5 mn 10 mn 15 mn 25 mn 30 mn +1h
Nombre
patient
1 5 4 1 1 1 3
Les données de l’étude montrent que ce délai est très variable, allant de deux
minutes jusqu’à quelques heures. 1/16 patient a été admis à la SAUV en 2mn soit
6%, 31% en 5mn, 25% en 10mn et 37% en 15mn et plus. 37% ont accusé un délai
de moins de 5mn moins, alors que 63% ont vu des délais de 10mn et plus.
Ceci est expliqué du fait que plus de 2/3 des patients ayant nécessité une prise
encharge à la SAUV ont été orientés vers la consultation médicale, d’autres ont
des difficultés d’accès liées à l’indisponibilité des civières sur place et ou à
l’attente d’une consultation médicale. Surtout pour les patients non référés et dont
l’évaluation de la gravité n’a pas été faite à l’accueil.
Concernant la prise en charge des familles, qui sont souvent angoissées, aucune
prestation en leur faveur n’est observée au cours de cette étude.
Les données de l’enquête concernant l’enregistrement des patients, viennent
appuyer la qualité jugée insuffisante de l’orientation, puisque 62% des membres
de la cohorte ne sont pas enregistrés, même si 68% d’entre eux ont été accueillis
par un personnel au niveau des SAU, soit un effectif de patients suivis, non
inscrits au niveau de l’accueil de 10/16 cas.
2. La phase des soins urgents. 2.1. Éléments de la structure : Les éléments retenus pour qualifier la
structure des soins urgents sont :
2.1.1-Disponibilité des moyens à l’admission des patients. L’étude de la disponibilité des moyens a été introduite pour évaluer le processus
d’approvisionnement de la pharmacie de la SAUV, la préparation et l’entretien des
36
differents matériels et appareils nécessaires, disponibilité de poste prêt pour
assurer la réanimation et la sécurité des arrivants…
Tableau n°10 : postes disponibles à l’arrivée au niveau de la SAUV.
Postes Zéro Un Deux total
Patients 6 8 2 16
% 37,5 50 12,5 100
A travers les données de l’étude nous constatons que la disponibilité des postes à
l’admission des patients est très variable au niveau de la SAUV. Ainsi 50% des
patients suivis trouvent un poste disponible à leur admission, 37,5% ont été pris
en surcharge avec zéro poste, ce qui pourrait être un facteur aussi de non qualité
par encombrement et dépassement des ressources existantes. L’unité d’urgence
fonctionne d’une façon optimale lorsque son taux d’occupation est inférieur à 80%.
Seulement 12,5% des cas admis ont trouvés deux postes disponibles. Ces chiffres
expliquent, l’encombrement et la qualité de la prise en charge, puisque 1/3 des
cas suivis ont des difficultés d’accès aux soins même au sein de l’hôpital.
2.1.2. Disponibilité des médicaments et autres matériels : Pour étudier la disponibilité d’une manière objective, notre attention est portée sur
la manière dont les soins sont dispensés et la provenance des produits utilisés.
Dans la plupart des cas suivis pour ne pas dire dans la totalité, c’est au moment
de l’arrivée du patient et lors des prescriptions que le personnel s’approvisionne et
cherche le nécessaire au niveau de la pharmacie du service. Ce comportement
est répétitif pour presque tous les patients admis. A cela s’ajoute l’absence d’une
pharmacie propre à la SAUV permettant une indépendance surtout pour les
médicaments d’urgences et le matériel d’assistance et de réanimation.
Le jugement a été porté sur la disponibilité immédiate sur place en fonction des
besoins de chaque patient suivi. Certes, les moyens essentiels existent au niveau
du service, mais sont inaccessibles temporairement. Ce qui augmente d’avantage
37
les délais d’attente des soins urgents avec comme conséquences une perte de
temps pour le patient et démoralisation des professionnels.
Le résultat de l’observation concernant la disponibilité des moyens nécessaires
montre une certaine indisponibilité des médicaments en premier avec une
fréquence de 85% chez la totalité des cas observés. Soit chez 14/16 patients les
médicaments d’urgence ne sont pas à la portée des prestataires.
Les autres moyens matériels tels que les chariots de transfert, les kits de prise en
charge par geste, le monitorage, les draps…. accusent une insuffisance flagrante.
L’exemple d’un AVP pris en charge rapidement, mais l’indisponibilité d’un drap a
retardé la réalisation du bilan radiologique pendant une heure.
Ce problème de la non disponibilité des moyens est lié au processus de gestion
de cette salle qui ne prévoit pas des procédures de contrôle et
d’approvisionnement et surtout la responsabilisation, d’autre part la dotation et
l’équipement de cette salle doivent être basées sur le consensus entre des
differents utilisateurs.
En outre, l’absence d’un médecin coordonnateur responsable 24h/24 sur le
déroulement de la prise en charge et la régulation des ressources de l’urgence
accentue cette situation.
2.2. Processus de soins urgents. 2.2.1. Accueil au niveau de la SAUV. Tableau n°12 : Compétences engagées au niveau de la SAUV. Compétences Interne
+inf Interne+inf+ Résident
Inf+A/S Aide Soignante
Total
patients 9 1 3 3 16
% 57 6 19 19 100
Les données de ce tableau mettent en évidence les compétences intervenues lors
de la mise en condition et la dispensation des soins urgents. Nous constatons que
38
l’interne de garde est présent sur place où accompagne le patient pour plus de la
moitie des cas soit 58%, l’infirmier (ère) est présent sur place pour 81% des cas,
alors que 19% des cas ont été accueillis par l’aide soignante, qui appelle le
médecin et remplace l’infirmière non disponible pour une cause quelconque : la
plus probable est l’accompagnement des patients totalement dépendants pour les
bilans, et éventuellement pause café…. Ceci explique également la faiblesse liée
au système de gestion des ressources qui ne prévoit pas les remplacements et
surtout le renforcement au niveau des postes dits chauds en cas d’afflux massif ou
d’absence d’un personnel.
2.2.2. Les moyens de sécurité au niveau de la SAUV. L’équipement de la SAUV semble insuffisant par rapport au volume d’activité et
les besoins des patients. Comme il a été constaté lors de l’évaluation des
ressources des SAU qu’il existe un écart important entre ce qui existe et les
normes optimales de fonctionnement et d’organisation d’un SAU.
Tableau n°13 : le niveau de sécurité et la traçabilité au niveau de la SAUV.
Le volet sécurité au niveau des SAU est insatisfaisant comme le montre les
chiffres relatifs à l’étude avec 1/16 patients qui a été correctement monitoré, les
autres soit la salle est encombrée soit le matériel en place ne couvre pas les
besoins des patients par manque de maintenance et une mauvaise utilisation. Le
problème de sécurité et en partie lié à la qualité des moyens qui n’offrent pas un
confort et une sécurité contre les chutes et traumatismes, également un seul
patient parmi les 16 observés a été installé confortablement. Quant à l’asepsie et
l’hygiène, sont les derniers soucis de l’équipe exerçant au niveau de la SAUV.
Moyens de sécurité
Monitorage adéquat
Sécurité assurée
Hygiene asepsie Enregistrement
des actes
Patients 1/16 1/16 0/16 1/16
39
Pour illustrer ce jugement grave et véridique, nous avons observé l’absence de
procédure de désinfection et décontamination du matériel utilisé. Le lavage des
mains n’est pas systématique et la salle n’est pas équipée, la préparation des
médicaments se fait sur le bureau, le chariot du malade n’importe où.
Enfin, l’enregistrement des actes n’est aussi systématique de la part des
prestataires, seul un patient dont la feuille de surveillance a été correctement mise
à jour par un interne.
2.2.3. Exécution des bilans. Tableau n°14 : délais d’exécution des bilans à la SAUV
Délais examen
MOYEN Médian Min Max
Radiologie 2H40mn 1h52mn 30mn 8h15mn
TDM 4H25mn 5h30 mn 35mn 9H15mn
Fibroscopie 6h35mn 6h30 mn 3h45mn 9h30mn
ECG 15mn
Laboratoire 4h42mn 5h 1h30mn 9h30mn
Toxicologie 6h30mn 9h30mn
Les résultats de l’étude à propos de la réalisation des bilans montrent des écarts
énormes entre les differents examens. Ainsi 50% des patients observés ont
obtenu les bilans radiologiques dans un délai de 1h52mn, ce résultat est très
satisfaisant par rapport aux autres bilans ayant observé des délais médians
parfois triples et plus. Le délai moyen pour le bilan radiologique des patients suivis
est de 2h40mn, alors que le délai maximum a atteint 8h15mn, vient en second
rang le scanner et le laboratoire avec des délais moyens presque double voire
même triple pour la fibroscopie. Alors que le délais maximum peut atteindre
plusieurs heures allant de huit heures et plus.
2.2.4. Délais d’attente des avis spécialisés.
40
Tableau n°15 : délais d’attente des avis spécialisés
variable Moyenne Médiane Mini Maxi
Délais
d’attente
3h46mn 1h00 5mn 20h
Les chiffres de ce tableau montre une incohérence dans l’intervention des
spécialistes au niveau des SAU, avec les exigences de la médecine d’urgence en
terme de délais. Car, 50% des patients ont observé une attente d’une heure, avec
des délais extrêmes allant de 5mn jusqu’à 20heures dans un seul cas. Le délai
moyen d’attente pour l’ensemble des patients suivis est de 3h46mn. Ce qui illustre
encore une fois l’insuffisance d’implication des intervenants, et la fragilité des
mécanismes mis en place pour coordonner l’action urgente.
2.2.5 : la décision médicale. Tableau n°16 : Délais de décision médicale
variables Moyen Médian Minimal Maximal
Durées
8h52mn
9h
1h30
65h
A la lumière de ce tableau, 50% des patients ont observé un délai inférieur à
9 heures, alors que le délai moyen entre l’entrée à la SAUV et la décision
d’orientation est de 8h52. En regard des recommandations de la littérature, ce
délai est quatre fois supérieur, ce qui pourrait expliquer l’indisponibilité des postes
pour 31% des patients observés. La répartition des délais d’attente par spécialité
pour l’ensemble des cas, classe la réanimation médicale en tête avec un cumule
de 60% du temps total d’attente d’avis spécialisés, ensuite vient la traumatologie,
chirurgie viscérale, thoracique, cardiologie, neurochirurgie, réanimation des
41
urgences chirurgicales, avec des taux respectifs de 18%, 6,6%, 5,7, 5,5%, 3,3%,
0,4%.
Les taux les plus faibles sont enregistrés par les spécialités chirurgicales, en
l’occurrence la RUCH. Des variations très sensibles ont été observées notamment
entre les services de réanimation allant de 0,4% à 60%. Particulièrement pour ces
derniers, ces taux doivent être les plus bas, voire même nuls, vu le poids de la
composante temps en matière des urgences.
Après connaissance des délais encourus en attente des spécialistes, nous
présentons l’orientation des patients à la fin de leurs passages à la SAUV.
2.3. La phase d’orientation des patients 2.3.1. L’orientation des patients suivis.
Tableau n°17 : Répartition des patients selon l’orientation
Sortie DCD SCAM RUCH R M OBS T/I T/EX
Nombre 3 2 2 2 3 3 1
% 19 12 12 12 19 19 6
Les chiffres de ce tableau montrent une faible participation des services de
réanimation médicale et chirurgicale avec des taux respectifs de 12,5 %. Viennent
au même rang, les patients dits sortants contre avis médical, et qui sont
réellement donnés à la famille. Les 66% restant, sont repartis comme suit : les
décès, les transferts intra SAU et interne à l’hôpital représentent respectivement
20%, alors que les transfert externe ne représentent que 6%.
2.3.2. La durée de passage au niveau des SAU de l’HIS. Tableau n°18 : durée de passage au niveau des SAU.
variables Moyenne Médiane Mini Maxi
durées 17 heures 10 heures 3 heures 67 heures
42
La durée de passage au niveau des SAU, selon les données de l’enquête, la
médiane est de moins de 10H30 mn chez 50% des patients suivis dans le cadre
de l’étude. Avec des écarts extrêmes entre la durée minimale et maximale, le délai
maximal est quatre fois supérieur à la durée moyenne. Cependant, nous avons
remarqué que la durée de passage est proportionnelle au délai d’attente des avis
spécialisés et de réalisation des bilans. Plus ce dernier est court plus la durée sera
moins longue. Ceci vient souligner l’importance du facteur temps, les
compétences engagées et la coordination dans le cadre de la prise en charge des
urgences vitales. Après cette approche globale de la durée de passage, nous
présentons les données par spécialités médicales et chirurgicales.
Tableau n°19 : Répartition de la durée de passage selon les pathologies
traceurs.
A la lumière de ce tableau, les pathologies médicales ont observé des délais allant
de 3h45mn jusqu’à 35h 39mn avec une moyenne générale de 14h75mn. Sachant
que la durée la plus basse est liée au décès du patient. Du cotés chirurgical la
Urgences Médicales
Pathologies Coma (2) Intoxication (3) Dyspnée (1)
OAP (1)
Durée total. 17h55 107h 10h45
Moyenne 8h57 35h39 10h45
3h45
Urgences chirurgicales
pathologies AVP Hématémèse
52h45 50h25
moyenne 13h11 16h48
Urgences médico-chirurgicales associées
pathologies Diabète + Arthrite AVC
durée 67h 10H30MN
43
durée moyenne globale pour tous les cas est légèrement inférieure à celle des cas
médicaux avec un écart de 27mn. Les durées de séjours observées sont
beaucoup plus liées aux retards causés par les délais liés à la réalisation des
bilans dont la moyenne est supérieure à 3heures, et ou à la réponse des
spécialistes. Sans oublier les délais imputable au déroulement de la phase de
soins urgents tel que l’insuffisance des moyens, absence de procédures et de
protocole, transfert vers l’hôpital des spécialités des patients pour TDM7.
Quant aux pathologies médico-chirurgicales associées, les durées de passage
sont identiques au délai médian et maximal de l’ensemble des patients suivis. Ces
délais allant de 10h30mn jusqu’à presque trois jours (67h), expliquant les
difficultés de coordination, l’implication insuffisante des services d’aval en terme
d’avis et de prise en charge dès la stabilisation de l’état des patients.
2.3.3. Le dossier du patient. Vu l’absence d’un dossier standard pour l’ensemble des passages aux SAU, les
éléments contenus dans les dossiers des patients sont variables d’un patient à
l’autre.
Tableau n°20 : La gestion du dossier des patients
Les chiffres de ce tableau affirment que 100% des cas suivis possèdent un
dossier médical, mais seulement 25% contiennent tous les avis spécialisés
demandés. Quant au rapport qualité contenant/ contenu et l’archivage après
transfert des patients suivis, ils sont insatisfaisants du fait que la plupart des 7 Le scan ner de l ’H IS é ta i t en panne dep u is l e 2è me jou rs de l ’ o bse rva t i on des cas .
Critères Existe tous les avis
Bien tenu Archivé
Effectif 16 4 0 0
% 100% 25% 0% 0%
44
dossiers se transforment en fin de séjours en feuilles volantes. Quant à la mise à
jour des documents en fin de séjour des patients, seulement 25% des passages
observés ont fait l’objet d’un enregistrement correct et lisible. Dans la majorité des
cas restants, nous avons constaté une négligence du système d’information,
certains cas sont enregistrés à l’entrée, sans compléter les informations à la sortie
et certains ne sont pas enregistrés. Les dossiers ne sont pas dupliqués au niveau
du service avant les transferts, donc accompagnent les patients même en cas de
sorties. Seuls certains dossiers appartenant aux patients décédés, sont déposés
au niveau de la salle de cours, par absence de local à cet effet.
2.3.4. Relation avec les familles : L’observation des relations entre les soignants et les proches des patients, nous a
permis de commenter les aspects suivants : i) l’information de la famille est faite
en plein public pour la majorité des cas par absence d’un local pour cet effet d’une
part, et de l’autre le principe de confidentialité est souvent négligé. Les
comportements des professionnels en vers la famille, sont caractérisés par une
certaine indifférence, voir même une agressivité verbale. Nous avons constaté
également l’absence d’un personnel référent pour assurer cette délicate fonction,
la famille se trouve devant une multitude d’intervenants. ii) Quant à la participation
de la famille à la décision, est peu fréquente et ne concerne que les cas ou la
famille est sollicitée pour l’achat d’un produit quelconque ou le paiement d’un
bilan, et ou lorsque la décision de donner le patient à la famille est prise.
Après cette présentation des résultats relatifs à la prise en charge des urgences
vitales, nous exposons les propos des differents professionnels (infirmiers et
médecins) ayant un lien quotidien et étroit avec le déroulement effectif de la prise
en charge soit au niveau des SAU et où en aval.
45
3- Résultats des entretiens :
3.1. Présentation des interviewés :
Tableau n°21 : catégorie des personnels interviewés
Médecins infirmiers
Professeur agrégé chef de service.
2
Ifirmier IDE
4
Professeur agrégé
2
INF Anesthesiste
4
Professeur assistant 2
Résident en réanimation& Anesthésie
5
Interne 5
DNS 4
Urgentiste en formation. 4
Infirmier d’encadrement.
4
effectifs / catégories 24 12
Total 24 +12=36.
Le nombre des personnels interviewé a été déterminé de manière arbitraire, le
choix de la personne est déterminé par le besoin en information et où l’implication
directe dans le processus de prise en charge des urgences vitales. L’échantillon
est constitué de 2/3 des médecins et 1/3 des infirmiers.
3.2. Qualité de la prise en charge des urgences au niveau des SAU de HIS.
46
Tableau n°22 : la qualité de la prise en charge au niveau des SAU.
Selon les interviewés la qualité de la prise en charge des situations d’urgences au
niveau des SAU de l’HIS semble insatisfaisante pour les 2/3 soit 72% de
l’échantillon, moyenne pour le tiers restant. Plusieurs arguments ont été avancés
dont nous présentons les plus pertinents aux yeux de ce travail.
Les principaux motifs évoqués sont les suivants :
-Qualité des soins insatisfaisante : problème de continuité et de surveillance,
après une mise en condition initiale les patients sont abandonnés, les condition de
travail sont défavorables (encombrement, locaux,…)
-Retard de prise en charge lié à la non disponibilité des moyens sur place :
médicaments, chariots, spécialistes,….
-Absence de protocoles et des procédures,
- Gestion insuffisante des ressources existantes : inadéquation de l’activité au plan
des effectifs, absence d’encadrement, gaspillage des médicaments et sous
utilisation des moyens stockés dans les réserves.
-Structure inadaptée : absence de circuits différenciés et de salles d’attente pour
les patients et les accompagnants, locaux exigus …
- Personnel insuffisant : une seule infirmière pour 2 à 5 patients voir même plus en
cas d’afflux massif,
Qualité de Prise En Charge Nombre de réponse
% des réponses
Bonne 0 0% Moyenne 10 38%
insatisfaisante 26 72%
Total 36 100%
47
- Les SAU ne disposent pas d’une ambulance médicalisée pour assurer le
transfert externe, et les moyens de surveillance pour le transfert interne (scope,
dynamap,…)
- Absence d’une formation pour le personnel des urgences (médecins et infirmiers,
brancardiers….)
3.3. La qualité de la prise en charge des urgences à l’HIS ? Tableau n° : La qualité de la prise en charge des urgences dans l’hôpital.
q
Le résultat de l’entretien concernant l’implication des services de l’aval dans la
prise en charge des urgences, montre des taux variables selon des interviewés,
allant de 10% comme bonne, 33% moyenne et plus de 50% considère la prise
charge de l’aval insatisfaisante.
3.4...Les dysfonctionnements Les Commentaire apportés parles interviewés concernant les principaux
dysfonctionnements sont les suivants :
-Implication des services hospitaliers et médico-technique insuffisante, par
absence de coordination entre les services d’aval et les SAU : absence de
réunion, la priorité aux cas urgents reste à améliorer, elle n’est pas effective,
-Le plateau technique dédié à la prise en charge des urgences est moins
développé : 50% des appareils de radiologie des urgences sont obsolètes (1975
date de mise en service),
Qualité de PEC à l’HIS Nombre de réponses
% des réponses
Bonne 4 11,1%
Moyenne 12 33,3%
insatisfaisante 20 55,5%
Total 36 100%
48
-Insuffisance des effectifs du personnel, également au niveau des services
hospitaliers, limite leur capacité d’accueil,
-absence d’une politique d’accueil et de traitement des urgences au sein de
l’établissement, définissant, les délais, les compétences, les moyens et plateau
technique à mettre au service des patients se présentant en urgences.
-Formation de l’ensemble des personnels de l’hôpital à la prise en charge des
urgences,
3.5. Les recommandations préconisées par les interviewés. Les recommandations des interviewées ont été scindées en deux types celles
relatives à la structure et autres liées au processus.
Les recommandations liées à la structure :
-Développer la prise en charge en extra et inter hospitalier (SAMU, SMUR),
-Adapter la structure aux besoins des clients internes et externes (circuits,
espaces, disposition, annexes,…) et réglementer l’utilisation des SAU
(organisation, fonctionnement).
-Développer le plateau technique (radiologie, bloc opératoire, réanimation) et
doter les SAU de moyens humains motivés, jeunes et formés, et équipements
nécessaires pour assurer la permanence des soins (disponibilité et accessibilité
24h/24). la médicalisation de l’accueil (séniorisation), l’amélioration des
compétences des intervenants en matière de soins urgents, et la gestion de
l’épisode de l’urgence individuelle et collective par une formation continue et
formation action en urgentologie.
Les recommandations liées au processus :
Elles visent essentiellement la coordination, la responsabilisation des acteurs
impliqués dans la prise en charge des urgences. L’accent a été mis également sur
la motivation et la rémunération des gardes, l’élaboration et validation des
protocoles et procédures avec implication des intervenants. Pour certains, mettre
49
en place des contrats objectifs et moyens pour obtenir l’adhésion du plateau
technique et améliorer la réponse de l’aval.
En dernier, la majorité des interviewés plaident pour une implication effective de la
direction de l’HIS et du chis dans le cadre du Projet d’établissement hospitalier, la
Commission médicale d’établissement, le comité des urgences et le plan
d’urgence. Ces organes peuvent œuvrer pour l’amélioration de la prise en charge
des urgences en apportant un soutien permanent aux SAU en terme de moyens et
d’observance de l’application stricte des engagements des differents intervenants.
III- ANALYSE DES RESULTATS 1. Synthèse : Après la présentation des résultats concernant l’information recueillie à travers les
trois outils utilisés dans ce travail. Nous présentons une analyse des résultats
obtenus, en confrontation avec le modèle conceptuel, en tenant compte des
objectifs assignés à ce travail. L’accent est mis sur la prise encharge au niveau
des SAU, des commentaires feront allusion à la prise en charge en amont et en
aval.
Pour l’engagement de l’administration, les critères retenus sont cités en annexes
n°1(de 1 à 9), sur un total de 9 critères la réponse positive est de 1/9. Les
documents consultés dans cette optique sont le règlement intérieur de l’hôpital, le
projet d’établissement 1999-2003 qui fait seulement allusion à la restructuration
des urgences avec absence de projet de service. Aucun document interne de
l’hôpital ne précise les missions et le fonctionnement des SAU, les délais d’attente
et de mise en observation, les modalités d’appel et les délais de réponse des
spécialistes, les modalités de réalisation des examens en urgences et enfin les
modalités et les moyens de réalisation des transferts intra et inter établissements.
Sans oublier la qualité des compétences engagées dans la prise en charge en
terme de séniorisation de la permanence des soins, car sur le terrain la prise en
charge est assurée par des internes et les résidents sans aucun encadrement.
Les effectifs du personnel infirmier et de soutien, ne permettent pas d’assurer des
50
soins continus, globaux. Les locaux des SAU sont inadéquats : Absence de
circuits différenciés et de salles d’attente pour les patients et les accompagnants,
locaux exigus, de plus ne répondent pas au principe de flexibilité, du respect de
l’intimité des patients et de sécurité.
Concernant les résultats de la grille destinée à ausculter le niveau d’équipement,
les compétences et l’organisation des SAU (critères 10 à 29). Le premier constat
est que les SAU de l’HIS sont à 80% hors normes optimales de fonctionnement
d’un service des urgences hospitalières. Ce chiffre montre que, malgré les
améliorations apportées les dernières années aux SAU de l’HIS, elles restent
modérées par rapport aux conditions optimales pour le fonctionnement d’un SAU.
Parmi les dysfonctionnements majeurs constatés, citons par exemple, l’absence
de procédures (délais de réponse, délais de passages, compétences, contrat
relais), les équipements inadaptés, absence de certains matériels indispensables.
L’équipement a été modifié plusieurs fois, car celui-ci se détériore rapidement, vu
la mauvaise maintenance et l’utilisation incorrecte par plusieurs intervenants. La
salle ne dispose pas d’un matériel de réserve sous la main en cas de panne de
l’existant ou lors d’afflux massif ou pour le transfert des patients. L’exemple d’une
seule boite d’intubation pour la salle et le transfert des patients.
L’analyse du processus d’accueil démontre une certaine négligence ou sous
estimation de cette activité par l’affectation des étudiants en médecine et les
stagiaires du croissant rouge, la SAUV ne dispose pas d’un médecin responsable
de sa gestion 24 heures /24, l’effectif du personnel infirmier est très réduit8.
La phase d’accueil : L’analyse de la phase d’accueil au niveau des SAU de l’HIS, nous permet de tirer
les conclusions suivantes :
Des lacunes liées à l’organisation et le fonctionnement ont été relevées à savoir :
l’unité ne dispose pas de moyens pour assurer sa mission tel que les chariots, les 8 L e d é p a r t d u p e r s o n n e l i n f i r m i e r e s t e n a u g m e n t a t i o n p a r r a p p o r t à s o n r e m p l a c e m e n t , r e t r a i t e , i m m i g r a t i o n !
M o t i v a t i o n ? I m a g i n e z . U n i n f i r m i e r , p a r g a r d e s u r t o u t l a p é r i o d e d e s c o n g é s e t a b s e n c e s , p o u r p l u s d e 5 p a t i e n t s à l a
S A U V e t p o u r p l u s d e 2 5 e n o b s e r v a t i o n .
51
brancardiers, les protocoles et les procédures, les ressources humaines affectées
à ce niveau ne sont pas formés aux activités de triage et d’orientation. La
répartition du personnel dans le temps et l’espace ne tient pas compte des
fluctuations de l’activité. Ce propos est illustré par les cas suivis dans le cadre de
cette étude, dont 68% ont été orientés vers la consultation alors qu’ils relevaient
de la SAUV. Ce qui a entraîné des retards de prise en charge de 5mn chez 31%
des cas et de 10mn chez 25%, ce retard est dû également au comportement du
personnel chargé de l’accueil, qui reste souvent enfermé dans sa tour d’ivoire.
L’étude a démontré que l’accueil se résume à une simple indication à la famille et
où ambulancier de l’endroit ou s’adresser. Seul 1/16 cas a été accompagné
jusqu'à la prise en charge médicale. Le personnel ne participe pas d’une manière
effective à la prise en charge des urgences. Le brancardage a été assuré par la
famille et les ambulanciers chez tous les cas de l’étude. L’enregistrement des
passages n’est pas systématique. Le volet informationnel est négligé à tel point
que 68% des patients ayant été accueillis (10/16) ne sont pas enregistrés.
Concernant le processus d’accueil 50% sont accueillis par les infirmiers, 19% par
étudiants et stagiaires et 31% n’ont pas bénéficié de cette activité. L’évaluation de
la gravité est basée essentiellement sur les lettres de référence et ou
l’interrogatoire des accompagnants. La prise en charge de la famille pour
information n’a été observée chez aucun cas. D’une manière générale, le
fonctionnement actuel de cette unité doit être revu afin de l’adapter aux exigences
de la médecine d’urgence et des spécificités locales. Sachant qu’actuellement à
travers le monde, cette activité est assurée par un personnel infirmier formé à
l’urgence et aux techniques de communications. Au Canada, l’accueil par un
personnel infirmier est considéré comme un critère de qualité.
La phase des soins urgents :
Avant d’entamer le processus de soins, il est à signaler que la disponibilité des
moyens au niveau de la SAUV, constitue un problème majeur de
dysfonctionnement. Comme le montre le résultat de l’étude, 37% des cas suivis
52
ont trouvé zéro postes au niveau la SAUV, 50% ont trouvé un seul. Ses chiffres
montrent qu’un tiers des cas sont pris en charge en sur plus, ce qui diminue
l’accessibilité aux moyens de surveillance et de traitement. Les médicaments vient
en tête avec un taux de 85% d’indisponibilité sur place, car souvent les
médicaments existent au niveau de la pharmacie du service et non pas à la portée
des professionnels, ce qui est responsable des délais d’attentes élevés avec
toutes les conséquences que peut avoir sur l’état des patients. Certains moyens
essentiels pour une prise en charge adéquate sont inexistants : les draps, les
chariots, les électrodes, les gants et sonde. Le problème c’est que les
gestionnaires locaux n’ont pas prévu des modalités d’approvisionnement de la
pharmacie ni la personne responsable. Nous avons constaté l’absence de
consensus entre les intervenants concernant l’arsenal en matériel dont doit
disposer la SAUV en fonction des differents gestes spécialisés.
Déjà l’effectif du personnel affecté à ce niveau se trouve débordé par la charge de
travail et comme il n’existe pas de médecin responsable de la gestion de cette
salle, les patients y séjournent pour longtemps.
Concernant les compétences engagées au niveau des SAU, il faut signaler que,
sur le plan médical seul les internes assurent effectivement la garde à ce niveau.
Le principe de la séniorisation de la prise en charge fait défaut. Comme il a été
décrit plus haut, l’accueil est laissé aux débutants et la décision aux apprentis,
sans encadrement ni évaluation par les pairs. Comme si la prise en charge des
urgences est une question simple qui ne demande ni formation ni compétences.
Contrairement a ce qui se fait partout dans le monde, les urgences sont confiées à
un personnel formé et compétent pour ne pas dire spécialiste en urgentologie. Les
personnels engagés sont incapables de faire face à cette demande de soins
complexe et contraignante qui exige une rapidité d’action et surtout la maîtrise des
aspects techniques de soins.
Concernant la sécurité des patients, et selon les résultats de cette étude, la SAUV
ne dispose pas de moyens performants pour assurer sa mission. L’évaluation des
ressources des SAU de l’HIS a démontré un écart important entre ce qui existe
53
sur place et les normes de fonctionnement optimal d’un SAU. Le volet sécurité qui
est insatisfaisant illustre cette situation. Seulement 1/16 des cas suivis a été
correctement monitoré, pour les autres, soit la salle est encombrée ou le matériel
est défaillant, et dans la plupart du temps, le suivi de l’évolution des patients est
faible voire même absent. La constatation est que le personnel s’acharne sur le
patient au début de la prise en charge et une fois la mise en condition est faite les
patients sont abandonnés entre les mains de la seule infirmière et les stagiaires
pour les bilans et la surveillance, comme si la responsabilité médicale se résume à
un diagnostic, la prescription des médicaments et des bilans. En plus le médecin
de garde aux urgences et le gestionnaire du risque sanitaire ne sont aucunement
"redevable" de leurs actes devant la communauté médicale. Ils ne sont soumis à
aucune évaluation.
Il est vrai que les deux internes de garde sont responsables, en même temps, des
consultations, le suivi des patients en observation et de la prise en charge des
urgences vitales et leur suivi. Devant cette mission impossible9, vu leurs
compétences limitées et l’absence d’un médecin coordonnateur des urgences, de
protocoles et procédures, la prise en charge des urgences vitales se déroule dans
un environnement affolé, sans respect des normes de sécurité pour le patient et
parfois même pour les soignants.
Les règles d’hygiène sont absentes, les lavages des mains ne sont pas
systématiques, insuffisances des procédures de désinfection et de
décontamination du matériel. A cela s’ajoute l’implication des stagiaires du CR
dans la dispensation des soins urgents, sachant que ses derniers ignorent les
principes de base d’asepsie et d’antisepsie et ne sont pas formés ou initiés sur le
terrain.
Ce problème de formation intéresse également le personnel médical et infirmier,
surtout ces derniers dont le cursus de formation de base n’a pas intégré les soins
urgents et aucune initiative de formation continue n’est envisagée actuellement.
9 En rega rd du tab leau de ga rde d es médec ins , un iquemen t au x UPC, l ’ e f f ec t i f a f f i ch é pa r t ranche ho ra i re es t d e 19 méde c ins , rep r ésen tan t d i x s péc ia l i t és méd ico -ch i ru rg i ca les .
54
Pour le personnel médical une formation continue ‘s’impose, du fait que le
médecin des urgence doit maîtriser un effectif de deux cent diagnostics et actes
d’urgence.
Devant cette situation où les moyens engagés, présentent des insuffisances sur le
plan qualitatif et quantitatif10, ou les mécanismes de coordination de l’action
urgente sont fragiles, le déroulement de la phase de soins urgents n’obéit pas aux
principes de la médecine d’urgence. Ces principes sont essentiellement, le
respect des délais, la compétence, qui est l’élément de réussite devant une
urgence vitale, le matériel performant et pertinent et enfin la coordination qui
garantie la qualité, la rapidité, l’efficacité et la responsabilisation de l’ensemble.
Dans le même ordre d’idée, la réalisation des bilans radiologiques et sanguins a
manifestement dégagé ces insuffisances chez l’ensemble des cas suivis, 50 %
des cas ont observés un délai moyen d’attentes des bilans allant de moins de 2
heures. Les meilleurs délais sont réalisés par la TDM11et la radiologie.
Ces délais exorbitants, qui sont en contradiction avec la notion d’urgence,
expliquent d’abord le poids de la coordination qui est insuffisante voire même
inexistante. Ils explicitent, d’autre part, le degré d’engagement du plateau
technique dans la prise en charge des urgences.
La décision médicale est également influencée, la conséquence est que le patient
ne bénéficié pas à temps d’une orientation pertinente. Le cas de la fibroscopie
chez les patients observés, qui connaît des délais importants allant de 6 heures
35 mn à 9 heures 30 mn. Ceci est lié du fait que les fibroscopies en urgence sont
faites rarement le matin en tout cas dans le cadre de cette étude. Ce qui explique
la priorité encore accordée aux urgences à l’intérieur de l’hôpital.
Ces retards de réalisation des bilans sont aussi liés au processus du
cheminement et de récupération des résultats des bilans, qui lui aussi n’est pas
clair. D’autre part, surtout pour les bilans sanguins, les laboratoires n’accordent
10 Le ma nque du pe rs onne l es t f l ag r an t en pe rsonn e l i n f i rm ie r , t e chn ic i en , ges t i onn a i re e t d e so u t i en . Du co té méd i ca l , i l s ’ a g i t d ’un p ro b lè me de ges t i on . 11 Un seu l e xa men a é té f a i t à l ’H IS , l es au t res on t é té réa l i sé s à l ’ hôp i ta l des spéc ia l i t é s , ce qu i a p ro lon gé l es dé la i s mo yen e t méd ian ch ez l es pa t i en ts su i v i s .
55
aucune priorité aux urgences le matin. Les bilans sont faits au même titre que les
bilans programmés. Ce phénomène soulève un problème de responsabilité et de
suivi, ce qui souligne encore une fois la nécessité d’un médecin coordonnateur
des urgences, doté d’un pouvoir de décision quant à la régulation des ressources
de l’urgence et la gestion de l’interface avec les intervenants.
Quant à la réponse des spécialistes pour avis spécialisés, connaît, elle aussi, des
hauts et des bas. Les résultats obtenus en terme des délais d’attente d’avis
spécialisés dégagent un symptôme très grave, celui de l’indifférence totale vis-à-
vis des demandes provenant des urgences. Exception faite pour certains services
à titre d’exemple la RUCH qui a enregistré les délais les plus bas, par rapport à
l’ensemble des services sollicités dans le cadre de ce travail. 50% des patients
ont observés un délai médian d’une heure. L’interprétation des chiffres par rapport
aux exigences de la médecine d’urgence montre que les délais enregistrés
témoignent l’insuffisance de l’implication des intervenants et de la fragilité des
mécanismes mis en place pour coordonner l’action urgente au niveau des SAU de
l’HIS. Le paradoxe est que le service de réanimation médicale qui est sensé
enregistrer les délais les plus bas, se trouve en tête avec un cumule de 60% de la
somme globale des délais d’attente d’avis spécialisés, selon l’étude.
Les données relatives à la décision médicale, montre que 50% des cas suivis ont
observés des délais inférieurs à 8heures 52mn. Ces délais semblent être la cause
principale de l’encombrement et de la non disponibilité des postes12 et/ ou des
moyens. L’orientation des patients après passage à la SAUV, en tant que résultat
du processus de prise en charge vient confirmer l’insuffisance de l’implication de
l’hôpital dans la PEC des urgences, puisque seulement, 50% des cas suivis ont
bénéficiés d’une orientation adaptée à leur situation.
Cette orientation est souvent tardive, car elle dépend de la rapidité d’exécution
des bilans, de la réponse des spécialistes et la disponibilité des lits en aval.
Sachant que les services de réanimation et de radiologie des urgences sont
12 31% des cas su iv is sont admis à la SAUV, a lors qu ’aucun pos te n ’es t d isponib le .
56
équipés à 50% de leur capacité. De plus, les moyens humains, facteur de réussite
de toute intervention en urgence, font défaut aussi au niveau des réanimations.
En dernier, nous tenons à signaler que le système d’information mis en place ne
répond pas aux besoins informationnels exigés par une telle discipline. En plus le
système actuel n’est pas exploité et diffusé, les registres ne sont pas tenus à jour,
le relevé des statistiques journalières et mensuelles n’est pas systématique,
surtout au niveau des UPC. Par contre, au niveau des UPM, nous assistons à un
changement dont les résultats sont apparents en matière d’observation et de suivi
des patients, le système de traçabilité est en cours de mise en œuvre.
2. Discussion Dans cette discussion, nous essayons de faire une liaison entre les résultats
obtenus en regard des objectifs assignés, de la tendance actuel en matière des
soins urgents et en fin un mot sur la validité des résultats et sur le degré de
généralisation.
Par rapport aux objectifs qui visent l’identification des facteurs internes aux SAU
de l’HIS ayant une influence sur la prise en charge des urgences vitales, les
jugements portés sont basés sur des réalités vécues par des patients pendant des
heures et des heures en attente d’un avenir incertain, entre les mains d’un
personnel dévoué mais qui manque de tout. Le cas des ressources humaines
chargées de cette mission impossible, qui, ni les effectifs ni les compétences ne
leurs permettent de faire face à ces situations qui se présentent. A cela s’ajoute
l’absence de motivation et la pénibilité de l’activité.
L’analyse séparée des composantes du processus de PEC, comme préconisée
par le cadre d’analyse adopté, nous a permis de mieux cibler les éléments
influençant le déroulement de la PEC en regard des recommandations des
sociétés savantes et du référentiel d’évaluation de l’activité des SAU.
La concrétisation de cette expérience sur le terrain à poser d’énormes difficultés
souvent liées au système d’information disponible à differents niveaux. Cet
handicap a été surmonté en introduisant un troisième outil « grille d’entretien
57
dirigé ». Ceci pour s’approcher plus de la réalité cachée derrière ce phénomène,
en permettant d’ouvrir un espace de communication avec les professionnels pour
écouter leur point de vue concernant ce qui se passe en bas de ce gigantesque
immeuble de l’HIS.
Le coté financier de la question n’a pas été abordé comme prévu, faute
d’information permettant de faire la part des choses, d’autre part ce travail
nécessite un temps suffisant et des moyens financiers.
Une deuxième interprétation de ces résultats va dans le sens contraire de la
première qui a dramatisé la situation. Nous pouvons dire que ces résultats
montrent combien il est difficile de répondre adéquatement à une situation
urgente, dans un cadre universel, avec des intervenants n’ayant pas les mêmes
objectifs et les mêmes principes. Ce qui soulèvent des problèmes de culture,
d’éthique et de civisme. Certains questionnements sont en faveur de cette idée.
Comme il est connu qu’un SAU ne peut à lui seul assurer cette mission, qui
revient à l’hôpital entier, n’est-il pas possible que l’hôpital assume ses
responsabilités vis-à-vis de ses hotes ?
Ceci n’est réalisable q’une fois, la priorité est accordée aux urgences, à travers
des mécanismes préétablis réciproquement, pour assurer la réponse adéquate en
terme de délais et de compétences.
La responsabilité des SAU ne peut être engagée séparément face à ce
phénomène, du fait du caractère aléatoire de l’urgence, la gravité des cas qui
demandent la PEC, sans alerte ni soins pré hospitaliers ni assistance en cours de
route (100% de l’échantillon ne sont pas accompagnés par un personnel de santé
lors du transfert et 50% sont référés). Le professionnel referant ayant motivé
l’envoi du patient connaît bien le risque encouru par le patient en le transférant
seul ?
Les moyens des SAU sont hors de ces murs, ce qui crée une certaine
indépendance vis-à-vis du plateau technique, qui lui aussi a des contraintes
communes à tous les établissements de la santé. Il s’agit de l’insuffisance des
58
ressources, une mauvaise gestion de l’existant et un certain cloisonnement des
structures et des personnes.
Cette approche montre la partie cachée de l’iceberg et déplace le problème
ailleurs en dehors des SAU. Dans ce cas, les résultats de l’étude ne peuvent être
appliqués aux SAU de l’HIS sans intégrer cette dimension de partenariat entre les
differents acteurs du système d’urgence. Ce qui vient à dire que la responsabilité
est partagée, d’un coté, les pouvoirs publics doivent réglementer et financer la
permanence des soins dans sa globalité, de l’autre coté, les structures de santé
en l’occurrence les SAU, doivent suivre l’évolution de la médecine d’urgence en
terme de gestion, formation, recherche dans une perspective d’amélioration
continue et durable de la PEC.
3- Recommandations Dans ce chapitre, nous présentons quelques pistes d’actions pouvant diminuer
l’ampleur de certains phénomènes observés dans le cadre de cette étude. Vu, le
caractère urgent de la situation qui prévaut au niveau des SAU de l’HIS, les
recommandations intéressent les domaines suivants :
3.1- Les recommandations immédiates : - Renforcer l’effectif du personnel infirmier exerçant à ce niveau pour permettre
une prise en charge adéquate et sécurisante pour les patients. Vu la complexité
des soins urgents, la présence effective d’un infirmier anesthésiste par tranche
horaire s’avère obligatoire.
- Affecter un médecin responsable de la gestion de la SAUV, de préférence un
médecin réanimateur.
- Définir avec l’ensemble des intervenants, au niveau de la SAUV, la liste des
moyens nécessaires pour la PEC des urgences vitales.
- Doter la SAUV d’un chariot d’urgence, et revoir le système actuel
d’approvisionnement en médicaments et matériels, dans le but de disposer à tout
moment des moyens pour agir sans que le personnel se déplace.
59
3.2- Les pistes d’action : Favoriser une véritable intégration de l’urgence à l’intérieur de l’hôpital :
L’hôpital doit accorder la plus haute priorité à l’urgence, notamment pour les
actions suivantes :
-Mettre en place, un système de monitoring continu permettant de mesurer,
notamment, les temps de réponse aux consultations et d’accès aux résultats de
l’investigation.
-Concevoir, avec le soutien du comité des urgences et la direction, des plans de
débordement journaliers définissant les actions nécessaires en cas d’attente
importante ou d’encombrement, en s’assurant de l’application de ces plans.
-Accroître les capacités d’hospitalisation en aval et l’organisation en réseau de la
chaîne des urgences pour éviter l’engorgement des SAU. Notamment par la
contractualisation interne.
Améliorer le fonctionnement interne de l’urgence :
- Etablir une entente sur la rémunération des gardes pour tous les intervenants.
- Elaborer un plan de formation pour une amélioration continue et durable de la
qualité de la PEC.
- Impliquer le personnel dans la prise de décision concernant l’organisation et le
fonctionnement des SAU, avec la mise en place d'un système d’encadrement
permanent.
- Instaurer une démarche qualité pour pérenniser les actions entreprises.
- Améliorer les conditions de travail,
- Evaluer le rendement et les pratiques.
- Améliorer la gestion de l’unité d’urgence, en mettant en place un modèle de
gestion basée sur la responsabilisation partagée médico-nursing, en concertation
et avec le soutien des intervenants.
- Mettre en place Un système d’information complet sur les urgences
- Désigner un médecin coordonnateur par garde,
60
Conclusion
La prise en charge des urgences vitales constitue une problématique partout dans
le monde. Les réponses des differents niveaux de PEC de l’urgence à cette
situation médicale ont en commun des exigences basiques de fiabilité. Le non
respect de ces fondamentaux est un déterminant majeur de la problématique des
urgences tant à l’hôpital qu’en ambulatoire.
Les résultats de ce travail, illustrent les difficultés structurelles et
organisationnelles des SAU, face aux multiples exigences de la médecine
d’urgence. L’ampleur des problèmes et leur gravité, soulignent les défis à relever
pour améliorer la prise en charge des urgences à l’HIS. D’autres facteurs externes
aux SAU accentuent cette situation, tels que, le cloisonnement des services
d’aval, l’absence de relations avec l’amont et le besoin de réglementer l’action
urgente dans sa globalité.
La présente étude a pu mettre en évidence les dysfonctionnements internes à
l’unité d’urgence, dont certaines pistes d’action ont été proposées pour diminuer
l’ampleur du problème. Néanmoins, ce travail doit être couronné par d’autres
recherches ciblant les besoins en formation par catégorie du personnel, étudier
séparément l’influence de chaque facteur identifié. Les recommandations sont à
titre indicatives, une étude de faisabilité doit être entamée par les gestionnaires
locaux et le personnel afin d’élaborer un plan d’action. Le développement du
professionnalisme de l’équipe, un financement adéquat, un système de régulation
type SROS urgences, semblent être les bases d’une politique de prise en charge
des urgences intra et extrahospitalières.
61
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