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LanguedocRoussillon

2006Juifs en

LanguedocRoussillon

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Direction de la publication : Hubert Allouche

Direction éditoriale : Hellen Kaufmann

Relations éditoriales : Perla Danan

Édition du Crif Languedoc-Roussillon18, rue Ferdinand Fabre

34090 Montpellier - FranceTél. 04 67 79 29 88 - Fax 04 67 72 82 43

Mail : [email protected]

Juin 2006

Graphisme, réalisation : Bernard Lhoumeau

SommaireLivret

Juifs en Languedoc-Roussillon

avant-propos p. 2

Juifs séfarades et provençaux p. 3

expulsion des Juifs par Philippe le Bel p. 7

itinéraire en Languedoc-Roussillon p. 8

Juifs en Languedoc-Roussillon p. 10

quelques grandes figures p. 12

quelques ouvrages de référence p. 14

vocabulaire p. 16

Livret

Crif Languedoc-Roussillon 2006

les principales missions du Crif

le Crif Languedoc-Roussillon

les actions du Crif Languedoc-Roussillon

vivre ensemble en Languedoc-Roussillon

les études du Crif

le judaïsme

Alain Kleinmann, né à Paris le 18 juin1953, a le don exceptionnel de faire surgirles images poignantes, simples et définiti-ves du souvenir à travers la stratificationde notre mémoire. Peintre, sculpteur, ilexpose depuis 1976 dans des galeries pres-tigieuses mais aussi dans les musées denombreux pays (France, Europe, États-Unis, Israël, Chine, Singapour, Chili…), sonparcours étant ponctué de prix prestigieux.www.alain-kleinmann.com

En contemplant les œuvres d'Alain Klein-mann, c'est devant notre profondeur que nousnous trouvons, c'est un des chemins par les-quels nous regagnons notre lumière intérieure.

Louis Aragon

livres

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Montpellier et ses Juifs : c’est une longue histoire…

Les Juifs du Midi constituent les « assises les plus anciennes

du judaïsme français ». Ils sont signalés très tôt en Languedoc,

dès le Haut Moyen Âge. À Montpellier (« Ir ha Ar » ou « Ir ha

qodesh », « la ville du mont » ou « la ville sainte » en hébreu),

les Juifs sont cités dès 1121 dans le testament de Guilhem V,

leur présence pouvant remonter à la fondation de la ville (985).

Durant la période médiévale, les Juifs y possèdent un quartier,

dont il subsiste aujourd’hui un bain rituel (mikvé),

et une synagogue qui s’avère être l’une des plus anciennes

et des mieux conservées d’Europe. Ces Juifs montpelliérains

de souche ibérique (fuyant les persécutions des Almohades

au XIIe s.) ont trouvé refuge dans la « petite Cordoue »,

et contribueront par leur intellectualisme au rayonnement

de la « cité de la tolérance » aux côtés de leurs frères chrétiens.

La Dynastie des Tibbonides, des Kimhi ou encore

des médecins Isaac Ben Abraham, Meshulam, Shem Tov Ben

Isaac, dont les noms pour ces derniers ornent le fronton de la

faculté de Médecine, rappellent le souvenir de cette « Jérusalem

du Languedoc ». La tolérance n’a jamais été démentie jusque

pendant la Shoah… C’est sans nul doute ce riche passé dont se sont

souvenu les professeurs de médecine Balmès et Giraud, lorsque

sept siècles plus tard et pendant la Shoah, contournant le numerus

clausus de Vichy, ils permirent à des étudiants juifs, de devenir

médecins. D’autres événements historiques tels que l’échec partiel

de la rafle des Juifs de l’Hérault du 26 août 1942, ou encore

le nombre élevé de Justes parmi les Nations dans la région,

accentuent cette tradition de tolérance et d’humanisme.

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avant-propos

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la transmission de l’héritage andalouJuifs séfarades et provençaux,

livre ferméAlain Kleinmann

Du XIIe au XVe siècle, de nomb-reux éléments précisent les rapportsétroits noués entre les communautésjuives catalanes et ibériques de Sefa-rad, et les collectivités sœurs du midide la France (Provencia).

Des migrations dans les deuxsens, consécutives à la croisade desalbigeois et aux exils frappant le juda-ïsme français (1306, 1322), se pour-suivent jusqu’en 1391, date fatidiquepour les Juifs catalans.

Proximité géographique et étroi-tes relations spirituelles, intellectuel-les, familiales et commercialesexpliquent cette interpénétration etcette homogénéité des judaïsmes del’espace occitano-catalan. C’est unmême monde socioculturel quianime les communautés de Sefaradet de Provencia.

Plus tard au XVe siècle, les implan-tations juives du midi de la Francesubsistant dans l’aire provençalehéritent du riche passé languedo-cien qui avait été tant nourri etfécondé par le judaïsme catalan etibérique. Du bannissement des Juifsd’Espagne (1492), des anciens com-tés de Roussillon et de Cerdagne(1493), aux expulsions locales (Arles1493, Tarascon 1496), puis généralesaffectant la Provence (1500-1501), lesimbrications sont étroites. Au débutdu XVIe siècle enfin, lorsque seretrouvent à Marseille ou à Aix-en-Provence des convertis d’originescatalane et ibérique, les neofiti ounouveaux chrétiens de Provence,frappés en 1512 par un « nouvelimpôt sur les néophytes », seront àleur tour accusés de judaïser, à l’ins-tar du modèle fourni outre-Pyré-nées.

En fuite devant les persécutionsdes Almohades ; des JuifsAndalous en Languedoc (milieu XIIe siècle)

Première donnée notoire et clas-sique, que cette installation dans leLanguedoc d’émigrés juifs du sud dela Péninsule en fuite devant les enva-hisseurs almohades. Des familleszélées fuyant les persécutions par-

vinrent ainsi en France méridionale,véhiculant avec elles de l’Andalousienatale un savoir ibérique d’expres-sion arabe.

Le premier lignage, issu deJoseph Kimhi, s’installa à Narbonneet s’attela surtout à des travaux dephilologie et d’exégèse biblique ; lefils David deviendra « le Prince desgrammairiens » et son fameux ou-vrage de lexicographie, le Shorashimou Livre des racines, fera autorité.

La deuxième parenté, celle desibn Tibbon, allait offrir au judaïsmelanguedocien quatre générations delettrés, savants et traducteurs de l’a-rabe en hébreu.

C’est ce climat fébrile d’intenseactivité spirituelle qui allait faire l’ad-miration d’un visiteur célèbre : Benja-min de Tudèle.

Le carnet de route de Benjamin de Tudèle

Ce rabbin voyageur, venu deNavarre, visita dans les années 1160-1165 les communautés du midi de laFrance et laissa par écrit ses impres-sions. Sa relation de voyage constituepour l’historien un repère utile etdéfinit un siècle, le XIIe, d’essor éco-nomique, de prospérité sociale etintellectuelle.

Les communautés languedocien-nes qu’il décrit dans son carnet deroute semblent très paisibles et abri-tent nombre de savants juifs ; il yfleurit des écoles talmudiques célèb-res à la fréquentation choisie et par-fois lointaine.

Ce sont tour à tour Narbonne,« ville ancienne de la Torah » oùvivent « de grands lettrés » ; Béziers« où les sages abondent » ; Montpel-lier, « la ville du volcan » ou « dumont », où exercent « les plus grandslettrés de notre temps » avec, parmieux, « des hommes riches et charita-bles ».

Quant à Lunel et Posquières, cescités aujourd’hui de moindre impor-tance, elles auraient compté autrefoisdes collectivités juives glorieuses,

Par-delà les persécutions, les Juifs du Midi ont joué un rôle majeur de transmetteurs des richesses culturelles du monde ibérique.

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réputées et hospitalières pour lesétudiants itinérants ou étrangers.

Pour la Provence, Benjamin rap-porte qu’à Marseille, « ville des geo-nim et des savants », existaient« deux communautés distinctes »,avec école talmudique et hauts per-sonnages ; d’Arles, il évoque le col-lège rabbinique réputé.

Si Benjamin a cité les commu-nautés les plus prestigieuses, il fautsavoir qu’au XIIe siècle l’habitat juifs’égrène et fleurit sur tout l’espaceméridional, aussi bien dans lesvilles que dans les villages ; essai-mage de la population qui traduitencore une certaine quiétude ettranquillité. Un tel contexte, sereinet ouvert, favorable aux dons del’esprit, offrit au judaïsme méridio-nal du XIIIe siècle un véritable âged’or. Les potentialitésandalouses s’épanouirentet décuplèrent en terrainlanguedocien, qui devintun foyer exceptionnel depensée et de science jui-ves, d’échanges spirituelsstimulés autant par lavaste entreprise de traduc-tions que par l’éclosioncroissante de créationsoriginales.

De célèbres controver-ses et polémiques s’y gref-fèrent, témoignant del’extrême effervescencequi régnait au sein de cesjuiveries du Midi.

Dans le Midi, les intellectuels deLunel et de Montpellier trouvèrentauprès des maîtres andalous desréponses aux questions qu’ils seposaient et auxquelles le Nord,conservateur, n’avait su répondre.Finalement, ce sont les commu-nautés juives languedociennes quifurent les véritables héritières de lapensée maïmonidienne, consti-tuant un terrain original, fertile,sorte de trait d’union ou de passe-relle entre les tsarfatim de France etles sefaradim de l’Ibérie.

Parallèlement au mouvementrationaliste et philosophique, d’aut-res expressions du judaïsme langue-docien médiéval – ésotérisme etmysticisme à Posquières avec Isaacl’aveugle surnommé le « père de laKabbale » – fleuriront et trouveront

un prolongement en Catalogneavec le centre kabbalistique en trainde se former à Gérone. En avancesur leur temps, les Juifs du Langue-doc connurent dans des heures fas-tes une renaissance avant la lettre àl’intérieur de collectivités minoritai-res, certes marginalisées, mais épri-ses de culture et de sciences,cultivant d’ailleurs longtemps la lan-gue des lettrés espagnols : l’arabe.

La persistance de la connaissance de l’arabedans le midi de la France

On ne manquera pas en effet deconsidérer combien dans lesfamilles de lettrés méridionaux àtradition ibérique on tint à entrete-nir, au fil des générations, la pra-

tique de l’arabe qui permettaitl’approche de tant d’œuvres fonda-mentales produites en Espagne.

C’est Juda ibn Tibbon, l’ancêtrede la célèbre famille, qui recom-mande inlassablement à son fils del’application en calligraphie arabe,du soin dans la tenue d’une bonnebibliothèque composée comme il sedevait de manuscrits autant héb-reux qu’arabes ; on sait que c’est cefils Samuel qui traduira le Guide deMaïmonide. On pourra s’étonnerencore d’observer au XIVe siècle,chez les lettrés du comté de Pro-vence, la connaissance de l’arabe.

Kalonymos ben Kalonymos, lecélèbre Juif arlésien de souche nar-

bonnaise, né en 1287, qui fit ses étu-des à Salon, était « le plus habilepour traduire de l’arabe en hébreu »selon le témoignage d’Immanuel deRome, ami de Dante. Ses nombreu-ses traductions en témoignent : Aliibn Ridwân, Al-Fârâbî, Al-Kindî(1314) et surtout Averroès. Telsfurent l’impact et l’étendue de latransmission juive des richessesculturelles du monde ibérique,fécondée dans tout le midi de laFrance à partir de l’apport arabo-andalou du XIIe siècle : toute cettematuration spirituelle et créativeavait résulté en somme d’un tempsde crise. D’autres temps de crisesurviendront aux XIIIe et XIVe siè-cles : persécutions des albigeois,bannissement de 1306 suivi de rap-pels et de renvois, massacres de1320, autant de moments fatidiquesoù l’on verra inversement les Juifs

du domaine royal langue-docien se réfugier – certesdans le comté de Pro-vence voisin – mais plusencore en Catalogne.

Temps troubles encore générateurs de migrations(XIVe siècle)

Lors de la croisade desalbigeois, des rescapésjuifs biterrois se sauventen Catalogne. Deux pré-cieuses traces épigra-phiques racontent cetévénement et témoignent

du rapport étroit entre vestiges juifslanguedocien et catalan.

L’inscription synagogale deBéziers (1214), qui peut être vue aucloître de la cathédrale Saint-Nazaire, fournit des éléments d’his-toire locale non négligeables.

La pierre d’Olot, du Muséebiblique de Gérone, raconte l’exil decourte durée des Biterrois et leurretour à Béziers, évoquant ainsi lesouvenir ébloui que les originairesde Béziers rentrés chez eux avaientconservé de leur communauté d’o-rigine agressée. La survivance par-delà les siècles de ces traces offredes repères tangibles : la pierre d’Olot constitue une preuve palpa-ble de l’implantation juive biter-roise en Catalogne. Ces migrations

Juifs séfarades et provençaux,

le livre brûléALAIN KLEINMANN

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s’expliquent en grande partie par laproximité géographique de laFrance méridionale et de la Catalo-gne, et ce mouvement de va-et-vient se poursuivra naturellementdans d’autres moments de crise.

L’année 1306 vit l’expulsion desJuifs de France par Philippe le Bel.On sait que ce monarque avait déjà– sombre prélude ? – dès 1276ordonné l’éviction des Juifs despetites agglomérations ; on saitaussi que la situation des Juifs fran-çais avait empiré avec l’arrivée desJuifs anglais frappés en 1291 debannissement. À ce moment-là l’Aragon avait accueilli une pre-mière vague de réfugiés (quelquesdizaines d’hommes, de femmes etd’enfants).

L’arrêt de 1306 conduisit doncles Juifs languedociens à se réfugieren terre d’Aragon : de la mêmefaçon que les Juifs de la France duNord s’intégrèrent facilement enterre rhénane où ils avaient avecleurs coreligionnaires affinités cul-turelles et religieuses, ceux du Lan-guedoc trouvèrent en Catalogne (etdans le comté de Provence) des ter-rains aisés d’absorption, favorisésautant par la proximité géogra-phique que par d’étroites relationsspirituelles et familiales.

Les persécutions atteignirentleur paroxysme avec l’accusationd’empoisonnement des puits parles Juifs en 1321, et en 1322 quandle troisième fils de Philippe le Bel,Charles IV, résolut dès son arrivéeau trône de les expulser à nouveau.

Il faut savoir que l’expulsion de1322 atteignait tous les Juifs du roy-aume de France, du Languedoc etde Bourgogne. Les réfugiés de 1322furent autorisés par Jacques II às’installer en Aragon ; parmi eux, denombreux convertis de force queles Juifs autochtones encoura-geaient à retrouver le judaïsmeancestral. L’Inquisition, quand elleput les dépister, les châtia sévère-ment. Il est certain que l’intégrationdes réfugiés de 1306 facilita l’arri-vée des nouveaux venus.

Ainsi, de même que le judaïsmeibérique avait nourri et stimulé– avec l’apport andalou – le judaïsmelanguedocien, plus tard fin XIIIe

début XIVe siècles, les rescapés

français de ce même judaïsme lan-guedocien allaient apporter à laCatalogne, à l’Aragon leurs richespotentialités spirituelles, scienti-fiques : que l’on songe à ibn Caspi(commentaire sur l’Ecclésiaste), àAaron ha-Cohen de Lunel (sonouvrage halhahique), à Kalonymosben Kalonymos (sa Pierre de Touchehonorant dix sages catalans), aupoète Yedahia Penini de Béziers. Enscience et en médecine, les traduc-tions des réfugiés rehaussèrent leniveau déjà élevé des coreligionnai-res autochtones. Mais la Catalogneconnut à son tour en 1391 son cor-tège de drames et de souffrances,éprouvant durement les commu-nautés de Barcelone, Gérone,Lérida, Cervera, et ayant raison deleur existence. Cette fin de XIVe siè-cle, tragique pour la Catalogne,entérina trois ans plus tard l’éra-dication définitive des Juifs duroyaume de France après une « der-nière période autori-sée » qui dura un peuplus (de 1359 à 1394),le temps d’une généra-tion. Le rideau tombaitsur l’histoire médiévaledes Juifs languedo-ciens, presque enmême temps que surcelle de leurs frèrescatalans contraints à laconversion, égaux enmisère, avec lesquelsils avaient entretenudans l’épreuve commedans la vie quotidiennetant de liens étroits.

Ainsi, tel un mouve-ment pendulaire debalancier, des Juifscatalans durent à leurtour chercher refugedans le midi de laFrance : non plus dansun Languedoc vidédéfinitivement de ses Juifs, maisdans le comté de Provence qui, àl’instar des terres ibériques et mal-gré les rudes épreuves de 1348 (lefléau noir affecta durement lespetites collectivités de Toulon etde Haute-Provence qui eurent àsouffrir d’une série d’émeutes :ces manifestations d’antijudaïsmeinscrites dans un climat de crisemodifièrent la physionomie descommunautés provençales avecdésertion rurale, baisse démogra-phique et chute du pouvoir contri-

butif) leur offrait encore un sièclede sursis. La nouvelle carte descommunautés juives au XVe siècles’est considérablement modifiée. Ducôté de l’Espagne, l’émergenced’une société marginale de conver-sos est la conséquence des dramesde 1391 qui ensanglantèrent la Cas-tille et l’Aragon : ces massacres,inscrits dans un climat de troubleséconomiques et de prédicationsincendiaires, ont entraîné un mou-vement massif de conversions for-cées jugées valides par l’Église,poursuivies par l’aversion popu-laire.

Un siècle supplémentaire consentiaux Juifs ibériques ; le même sièclede présence autorisée pour les Juifsdu comté de Provence. Il faut souli-gner enfin que, dans cette aireméridionale du XVe siècle, une pré-sence juive subsiste aussi dans laprincipauté d’Orange, le Dauphiné,

dans le comtat Venaissin et la villed’Avignon, et naturellement dans l’an-cien comté de Roussillon-Cerdagne.

Après tous ces temps de crise,générateurs toutefois de relationsprivilégiées et de migrations dansles deux sens, il convient d’évoqueraussi des temps plus calmes, despériodes relativement tranquillesoù des échanges commerciaux etmatrimoniaux purent se nouer. De

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la transmission de l’héritage andalou

erranceALAIN KLEINMANN

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même que le Juif fut – grâce à sesvertus linguistiques… et à ses exo-des – un intermédiaire économiquenotoire, il se révéla pour les mêmesraisons un intermédiaire intellec-tuel certain.

Pour le comté de Provence, nouspossédons nombre de matériauxsur les relations commerciales oufamiliales nouées avec les Juifs ibé-riques, et également sur le prolon-gement d’une culture héritée duLanguedoc. Le XVe siècle provençalconnaît le prolongement de cestemps fastes où les Juifs languedo-ciens offraient au monde juif médi-terranéen des XIIe et XIIIe siècles unvéritable foyer de culture, de scien-ces, de bouil-lonnement et d’affron-tement d’idées. Il n’y aura certespas la floraison intellectuelle propreaux juiveries du Languedoc, avec samoisson de traductions et d’œuvresoriginales, mais plutôtdes vestiges repérés çà etlà d’un passé brillant.

Du bannissementibérique (1492) àl’expulsion provençale(1501)

C’est à Marseille quel’on perçoit des inciden-ces directes du formida-ble bannissement ibéri-que. En fait, bien avant lamontée des périls, lapressentant vraisembla-blement, un flux et unreflux de Juifs s’opèrentde l’Espagne vers l’Italieen passant par Marseille.

L’expulsion des Juifs ibériquesva être l’occasion d’un fructueuxcommerce pour les mariniers mar-seillais. Moyennant des prix exorbi-tants, ils affrétaient leurs bateauxaux Juifs exilés pour leur permettrede gagner l’Italie et le Levant.Qu’on en juge : 31 mars 1492 expul-sion des Juifs d’Espagne ; juillet1493 expulsion locale des Juifs d’Ar-les (sans oublier en septembre-octo-bre 1493 le renvoi des Juifs descomtés de Roussillon et de Cerda-gne) ; 22 mars 1496 expulsion localedes Juifs de Tarascon ; 5 décembre1496 expulsion ou plutôt conver-sion massive des Juifs du Portugal.

L’imbrication chronologique estétroite : tandis que le judaïsme ibé-rique a vécu, celui de Provence esten cours de liquidation. En 1500-1501, les décrets provençaux d’éra-dication générale portent l’em-preinte du précédent espagnol.Dans les attendus des édits, ontrouve les arguments ou argutiessuivants : « puisqu’ils ont été des-chassés de partout… » ; on tolérerales conversions simulées, pas lecryptojudaïsme. En Provence ceux,nombreux, qui resteront en adop-tant la religion majoritaire, désor-mais appelés « néophytes », aurontcertes au départ un comportementmarranique qui dérangera assuré-ment : on dénoncera les stratégiesmatrimoniales de ces anciens Juifsqui, malgré le pas considérablefranchi, s’allieront longtemps entreeux. Leur solidarité de groupe, leurascension sociale progressive

seront sans doute à l’origine de lataxation toute spéciale de 1512 quipèsera sur eux.

En tout cas, les convertis de Pro-vence – même en butte à la méfi-ance de la société globale leur repro-chant longtemps cette « extractionjudaïque » – feront souche, se gref-fant assez rapidement sur les plushauts lignages du terroir provençal.

Ceux qui optèrent pour l’exil endemeurant juifs quittèrent la Pro-vence devenue inhospitalière etabordèrent des rivages lointainsplus tolérants : ceux d’Italie, des Bal-kans et d’Afrique du Nord.

D’autres, qui ne parvinrent pas às’arracher au sol méridional, tentè-rent de se réfugier tout près, dansles terres pontificales. C’est en Avi-gnon que la famille ha-Cohenvenue de Huete en 1492 se réfugia ;Joseph, qui deviendra le célèbreauteur de La Vallée des Pleurs, ynaquit en 1496 et n’y demeura quecinq ans avant de poursuivre avecles siens les chemins d’errance enterritoire génois. En ces lieux, si laprésence du Saint- Siège permit àl’histoire des Juifs de perdurer jus-qu’à la Révolution française, leurmode d’existence se dégrada sensi-blement. Ils paieront la faveur dunon-exil par une réduction considé-rable de leurs libertés à l’intérieurde communautés résiduelles etmarginalisées.

D’une décision d’expulsion pro-grammée en 1569 mais en partie

avortée, il résulta unmouvement d’émigrationvers la Terre promise,observé autour de 1570,lorsque de nombreuxJuifs comtadins et avi-gnonnais parvenus à Mar-seille furent acheminésvers le Levant.

Danièle Iancu

La pensée de midi,Marseille (Actes Sud),

no1, 2000, p.26-31.

Danièle Iancu, ancienne élèvede Georges Duby, chercheur auCNRS, enseigne à l'Universitélibre de Bruxelles et à l'Institut

Nahmanides de Gérone. L'Institut Historiquede Provence a notamment publié en 1981,avec une préface de Georges Duby, sonouvrage Les Juifs en Provence. De l'insertion àl'expulsion. En 1998, elle a publié Être juif enProvence au temps du roi René chez AlbinMichel.Chez Peeters, ont paru son livre, Juifs et néo-phytes en Provence (1469-1525). L'exempled'Aix à travers le destin de Régine Abram, Pré-face de G. Duby, Postface de Gérard Nahon,Paris-Louvain, 2001 (Grand Prix historiquede Provence 2002, et Prix de l'Académied'Aix 2002) ; et sous sa direction, L'expulsiondes Juifs de Provence et de l'Europe méditerra-néenne (XVe-XVIe siècles). Exils et conversions,Paris-Louvain, 2005.Danièle Iancu-Agou dirige depuis 2003 l'Équipe CNRS-EPHE, UMR 8584, NouvelleGallia Judaica, délocalisée de Paris à Mont-pellier, et installée aux côtés de l'InstitutMaïmonide, dans les lieux de mémoiremédiévaux de la rue de la Barralerie.Les travaux de cette équipe portent sur L'his-toire médiévale et moderne des Juifs enFrance.

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les souliers abandonnésALAIN KLEINMANN

la transmission de l’héritage andalouJuifs séfarades et provençaux,

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Présents dans la Gaule romaine,quelque 100 000 au XIVe siècle, lesJuifs vivent dans les bonnes villes,les bourgs et les villages, surtoutdans l'Île-de-France, en Champ-agne, en Normandie, dans les paysde la Loire et le Bas-Languedoc. Ilstirent leur subsistance de la culturede champs et de vignobles, d'artisa-nat, de commerce et de crédit. Ilsversent aux seigneurs et au roicens, tailles et dons. En 1301, leurapport au revenu royal atteint10 273 livres.

Distincts de ceux de la langued'oïl voués au commentaire de laBible et du Talmud, les Juifs de lalangue d'oc s'adonnent aux scien-ces, à la médecine, à la philosophie,à la poésie sacrée et profane.

Durant le XIIIe siècle, l'impactdes conciles sur les Capétiens avaitdégradé leur statut, leur interdisantl'exercice des fonctions publiques etl'emploi de domestiques chrétiens.Depuis 1269, ils portent sur leurvêtement la rouelle.

Au printemps 1306, les clercs duroi dépêchent en secret des instruc-tions verbales à des commissairesad hoc validées par des lettres roya-les rendues le 21 juin 1306 enfaveur de Jean de Saint Just, chan-tre d'Albi, et de Guillaume de Noga-ret. Le vendredi 22 juillet, aulendemain du jeûne qu'observentles Juifs au jour anniversaire de ladestruction du Temple de Jérusa-lem, les sergents du roi incarcèrentleurs familles et saisissent leursbiens, registres, effets jusqu'auxKetoubot ou « chartes nuptiales » deleurs épouses. On leur signifie en-suite leur bannissement sous peinede mort. Les sources hébraïques –Abba Mari Moïse de Lunel, Mena-hem b. Zerah, Isaac de Lattes, Kalo-nymos d'Arles, Yedaya de Béziers,Matityabu ha-Yizhari de Narbonne,Gersonide de Bagnols-sur-Cèze,Baruch b. Isaac de Corbeil, Aaronha-Cohen de Narbonne, En Durande Lunel – égrènent les malheursdes expulsés et leur nostalgie de lapatrie perdue. Jean de Saint-Victorrésume : « En cette même annéetous les Juifs, sinon quelques-unsqui voulurent se faire baptiser,furent expulsés du royaume ; le rois'appropria leurs biens et les fit col-lecter par ses officiers, à l'exceptiond'une somme d'argent laissée à

chaque Juif pour payer son départdu royaume ; nombre d'entre euxmoururent en chemin d'épuise-ment et de détresse. »

Les commissaires préposés « à labesogne des Juifs » procèdent plu-sieurs années durant à l'inventaireet à la vente à l'encan des terres,des vignes, ouvroirs et demeuresdes Juifs au profit du roi. Ainsiadjuge-t-on pour 200 livres leurcimetière à Mantes-la-Jolie et pour140 livres leur escole petite d'Or-léans. Le roi gratifie son charretierd'une synagogue de la rue de l'Atta-cherie et les religieuses de Saint-

Louis de Poissy du cimetière desJuifs à Paris. Il recouvre à son profitles créances juives rappelant aubesoin pour un temps certainscréanciers en leur promettant uncinquième des sommes récupéréesavec leur aide. Au gain en numé-raire – 40 775 livres pour la seulesénéchaussée de Toulouse au 3décembre 1307 – s'ajoute uneembellie monétaire, la réévaluationde la monnaie décrétée grâce auxfonds entrés au Trésor du Louvredu fait des spoliations. Les histo-riens Robert Chazan et WilliamChester Jordan estiment le total dela recette entre 200 000 et 1 000 000de livres.

Pourquoi Philippe le Belexpulse-t-il les Juifs, se privant ainsidu revenu régulier de leurs imposi-tions ? Pense-t-il satisfaire une opi-nion publique hostile aux Juifs ?Souhaite-t-il parfaire l'unité reli-gieuse du royaume ? Entend-il reve-nir à la bonne monnaie de saint

Louis ? Vraisemblablement à courtde liquidités au lendemain de laguerre en Flandre, ses clercs ontpris la mesure de l'impossibilitéd'augmenter le revenu régulier tirédes Juifs. Un seul recours : saisircapital et patrimoine immobiliersans lequel les Juifs ne peuventsubsister, spécialement dans le midioù ce patrimoine, plus visible, res-sortit de la mouvance de seigneu-ries. Dépouillés, les Juifs perdenttoute utilité et leur expulsion per-mise par saint Thomas d'Aquindans son Épître à la duchesse deBrabant fournit la solution logique.

Expédient lucratif, l'expulsionampute la population de la compo-sante juive qui avait contribué à lapénétration de la Bible, par l'œuvrede Rashi, des Tossafistes et desavants rabbins écrivant en hébreu– deuxième langue savante de l'Oc-cident – à façonner la physionomieculturelle de la France.

Arrachés à leur terroir, les exilésgagnent la Catalogne, l'Aragon, laNavarre, la Bourgogne, la Savoie, lesprincipautés italiennes et alleman-des, voire la Croatie et la Terresainte. Certains prennent pour nomcelui de leur ville d'origine, Bedersi(de Béziers), Narboni, Segré, voiredu pays Sarfati (français) mais, saufexceptions locales en Italie, neconstituent pas une diaspora spéci-fique. Du foyer par excellence dusavoir juif médiéval désormaisperdu, des bribes de langage, destermes français transcrits en carac-tères hébraïques dans les manus-crits bibliques et talmudiquespasseront sous d'autres cieux etpour l'éternité dans la littératuresacrée des Juifs.

Dans le royaume même, deslieux-dits ruraux et urbains, desrues et places gardent le souvenirdes Juifs, tandis que leurs monu-ments aliénés sombrent dans l'oublimalgré la « denonciatio « des chro-niques de Saint-Denis, de Saint-Martial, de Jean de Saint-Victor, deGuillaume de Nangis, voire mêmedu rappel des Juifs par Louis Xinscrit dans une ordonnance des 18mai et 28 juin 1315 et rendue « decommune clamour du peuple ».

Gérard Nahon Directeur d'études émérite École pratique des

hautes études, section des sciences religieuses.

EXTRAIT DE LA CHRONIQUE RIMÉE DE GEOFFROI DE PARIS, POUR L’ANNÉE 1306.

Expulsion des Juifs par Philippe le Bel22 juillet 1306

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Agde et Lattes Hérault.« Leurs vaisseaux partaientd’Agde, de Lattes et allaients’approvisionner en mar-chandises en Italie etjusque dans les pays d’O-rient. Ils trouvaient enEspagne, à Séville notam-ment, les étoffes de soie. Ilsen rapportaient aussi lesproduits des mines d’or,d’argent, de fer, d’anti-moine qu’ils répandaientdans tout l’Occident. Ilsdevenaient ainsi les cour-tiers, les agents uniques dunégoce mondial. »

Alet Aude. Les Nostredame,Juifs convertis au christia-nisme, descendent de latribu d'Issakhar. Au MoyenÂge, on les trouve établis àNotre-Dame-d'Alet (valléede l'Aude), d'où leur nomchrétien.La plus longue rue d’Alet se nomme « Rue de la Jui-verie » démontrant qu’ilexistait dans la cité unecommunauté juive forte-ment implantée. Il est ditaussi que cette mêmecommunauté contribua lar-gement au financement del’actuelle église paroissiale,(certains y voient ici l’expli-cation de ce que les vitrauxde l’église soient en forme« d’Étoile de David »).

Bagnols-sur-Cèze Gard.Rabbi Levi ben Gershom ouGersonide ou Maître Léon,né à Bagnols-sur-Cèze(1288-1344) connu sous l'a-cronyme de son nom Ral-bag, est l'un des plusimportants commentateursbibliques de son temps, ilétait également mathémati-

cien, astronome, philoso-phe et médecin. Son traitéd'astronomie fut traduit parle pape Clément VI. Il estl'inventeur d'un instrumentd'astronomie appelé « bacu-lus Jacob » servant à mesu-rer la position des astres età observer les éclipses. Ontrouve à Bagnols-sur-Cèzeune « rue Juiverie ».

Béziers Hérault. La pierrerectangulaire trouvée dansles fouilles de la placeSaint-Félix à Béziers, en1890. L'inscription, datéedu Xe ou du XIe s., men-tionne Daniel fils de Pare-goros.

Lunel Hérault. Au XIe s. desJuifs, fuyant les califats,viennent s’installer àLunel. Du XIe au XIVe s,Lunel est un lieu d’impor-tance de la recherche grâceà sa Grande École Juive,qui connaît son apogée auxXIIe et XIIIe s. Parmi lesdiverses disciplines qui ysont enseignées, l’étude dela médecine, de l’astrono-mie et la traduction des tex-tes anciens font saréputation. De nombreuxchercheurs connus sontissus ou passés dans cetteécole, comme la célèbredynastie des Tibbonides deLunel. Il s’agissait, pourl’essentiel de rabbins (AbbaMari ben Yosseph ben Yaa-kov, né à Lunel vers la findu XIIIe siècle ; ibn Tibbonqui assure avec son pèreJuda la traduction du MoréNévouhim de Maïmonide).Ceux-ci ont travaillé sur latraduction de nombreuxouvrages de savants grecs

très réputés tels qu’Euclide,Aristote, Maïmonide ouAverroès. Mais en 1306,Philipe Le Bel décide dechasser la communautéjuive hors de son royaume.Le rayonnement intellec-tuel de Lunel s’éteindraalors avec leur départ.

Mende Lozère. L’anciennesynagogue, dans l'ancienquartier juif de Mende,probablement édifiée enmême temps que l’anciencouvent des Carmes par lemême maître d'œuvre sontles plus anciennes bâtissesde Mende (XIII-XIVe siè-cles).

Montjézieu Lozère. Montjé-zieu était, antérieurementau XIVe siècle le chef-lieud'une colonie juive ; il existe,dans d'autres hameauxvoisins, à Booz, à Reilhes età la Tieul, des tombeauxjuifs creusés dans le rocher.

Montpellier Hérault. Ledéveloppement économi-que et intellectuel de Mont-pellier est étroitement lié àla communauté juive, trèsimportante au Moyen Âge.La rue de la Barralerie, abri-tera jusqu'au XVIe la toutepremière synagogue de laville. Le mikvé, le plusancien bain rituel juif d'Eu-rope date de la fin du XIIe

siècle (deux salles souter-raines, un bassin quirecueille l'eau pure d'unesource). La communautéjuive de Montpellier étaitparticulièrement impor-tante jusqu'au début duXIVe siècle.La faculté de médecine de

Montpellier fondée en 985est la plus ancienne de tou-tes les facultés de méde-cine du monde. Accueillant les Arabes, les Juifs chas-sés d'Espagne et les hom-mes d'affaires italiens,la ville devint uncarrefour dusavoir. Lesouvrages

d'Averroës,d'Avicenne, deRazès, de Constantin furent les références despremiers médecins deMontpellier. Les noms deces médecins des XIIe etXIIIe s. sont inscrits à l'en-trée de la Faculté de méde-cine : Isaac Ben Abraham,Meschulam, Chem Tov BenIsaac, etc.En 1940, la Faculté deMédecine et celle de Lett-res permirent ainsi à des

Itinéraire en Lang« Les Juifs sont les plus vieux européens. L’Europe du XIIe siècle correspond à

une réalité. Commerçants, ils entreprenaient de longs voyages, des écoles talmudiques étaient situés dans les plus petits hameaux, ils ne connaissaient pas de frontière ».

Un itinéraire du patrimoine juif traverse tout le Languedoc-Roussillon, couvrant de nombreuseslocalités depuis l’Espagne, jusqu’aux confins de la région, suivant la route des Juifs du Ier siècle

de notre ère aux dernières expulsions de 1493. Les Juifs ont laissé des traces dans les ruellessombres et étroites qu’ils habitaient, sur les pierres, les pierres tombales, les murs et les portes.

Certains noms de rues racontent encore leur histoire. Rue, ruelle, venelle, sente, sentier, passage,promenade, chemin, voie, impasse, route … avaient souvent pour noms leurs aboutissants ou un

détail remarquable dans la rue : on trouve ainsi une « rue de la Juiverie » à Alet, Bagnols-sur-Cèze, Pézenas, une « rue des Juifs » à Posquières (Vauvert), la « rue du Puits Juif » à Aix…

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étudiants juifs de poursui-vre leurs études, contour-nant le numerus clausus.

Narbonne Aude. Jusqu’en483, la vie des Juifs s'était

déroulée sans heurts.Mais en 587 une

série de mesu-res restricti-

ves contre

les Juifs lescontraignit au

baptême. Au VIIe siè-cle, le roi franc Dagobert

contraignit tous les Juifs àla conversion, ce quientraîna un reflux de nom-breux Juifs vers la Pro-vence où ils bénéficiaienttoujours d’une plus grandetolérance. En 719, Narbonne fut occu-pée par le général ElSamah. Musulmans, chré-tiens et Juifs cohabitèrent

dans une société nouvelleen bonne intelligence. En 759, Pépin le Bref repritla ville et confirma juridi-quement la communautéjuive de Narbonne et donnaaux Juifs le droit de possé-der héréditairement desbiens immobiliers. Cettetolérance s’interrompt avecla période de la premièrecroisade (1095). En 1306, l’expulsion défini-tive des Juifs du royaume estprononcée par Philippe le Bel.

Nîmes Gard. Si la commu-nauté juive de Nîmes n'apas, dans l'histoire, uneplace aussi remarquableque celles des commu-nautés de Béziers, deLunel, de Montpellier et deNarbonne, elle a possédéune académie célèbre, ellea donné à l'exégèse talmu-dique, des docteurs esti-més ; à la science, desmédecins, au momentmême où l'étude était ren-due si difficile aux Juifs.Mais ce qui la distingueentre toutes, c'est que lessentiments qu'elle inspiraità la population ne cessè-rent d'être bienveillantsjusqu’au XIVe siècle.

Perpignan Pyrénées-Orien-tales - Catalogne nord. Latoute première mention del'existence des Juifs dans lacité date de 1185 sous leroyaume d'Aragon : James1er d'Aragon attribua auxJuifs un territoire et lesdispensa de nombreuximpôts indirects. Perpignanest ainsi devenu un centrejuif important. Les personnalités juives qui

ont marqué cette époquesont Abraham Bedresi,élève de Joseph Ezobi etRabbi Menachem Ben Salo-mon Meiri. Les Juifs ontexercé le commerce inter-national et se sont lancésdans le transport maritimeavec d'autres Juifs de Bar-celone. Au XIVe siècle Perpignanétait réputé pour ses astro-nomes parmi lesquels oncite le nom de Jacob BenDavid Yom Tov, qui a dressédes tables traduites à l'é-poque en catalan. En rapport direct avec lafamille royale du royaumede Majorque, les Juifs ontbénéficié de la protectiondu trône et ont vécu à peuprès normalement jusqu'en1493, date à laquelle le roy-aume majorquain dû plieret appliquer l'édit d'Isabellela Catholique instaurantl'inquisition.

Pézenas Hérault. C’est vers1298 que les Juifs seseraient établis à Pézenas,venus d’Espagne, du Portu-gal et d’Italie, attirés proba-blement par la renomméedes Foires de Pézenas.Leurs activités de chan-geurs de monnaie et de prê-teurs les rendaient utiles aubon fonctionnement desfoires, les forains venant detoutes les régions munis deleurs propres monnaies. Aucommerce « typique » devieux habits et de bestiaux,ils ajoutèrent l’activitérégionale de la vente deslaines et des draps, « ilspolissaient aussi le verre,vendaient de l’alcool, duvin, des parfums et de

l’huile ». Les draps de Mont-pellier étaient réputés sousle nom de panni e Montepes-sulano.

Saint-Gilles Gard Générale-ment appelée officieusement Saint-Gilles du Gard. Au XIIe siècle laville voit fleurir son activitécommerciale, grâce à sesmarchands installés dansles états latins de Jérusa-lem ainsi qu’aux banquiersjuifs et italiens.

Vauvert Gard anciennementPosquières. Une commu-nauté juive, particulière-ment dynamique, y étaitinstallée sur le flanc sud dela colline. Dans ce quartier,il existe encore la « rue desJuifs », témoin de cetteépoque. Cette communautécomptait quelque 200 per-sonnes, ce qui justifiaitl’existence d’une école rab-binique. Sous l’impulsion d’un maî-tre prestigieux, Abrahamben David, plus connu sousle nom de Rabad de Pos-quières, cette école a connuun rayonnement interna-tional. Aujourd’hui encore,les œuvres de Rabad dePosquières, font autorité.Son fils Isaac l’Aveugle, luiaussi habitant de Posquiè-res, a été un de principauxinitiateurs de la Kabbale. Àce titre, sa pensée, commecelle de son père, est étudiéedans tout le monde juif. Vauvert a été utiliséconcurremment avec Pos-quières au XIVe siècle et lanouvelle désignation duvillage s’est définitive-ment instaurée courantXVe siècle.

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guedoc-RoussillonAprès l’expulsion en 1493, les maisons furent abandonnées, les ghettos devinrent friches de pierre, les cimetières démembrés pour servir à la construction des églises, des maisons, au pavage des rues...Certains prennent le nom de leur ville d'origine française ou catalane : Arles, Beaucaire (Gard),Bédarrides (Vaucluse), Bedersi (de Béziers), Besalù, Camprodon, Carcassonne (Aude), Castellod’Empuries, Cavaillon (Vaucluse), Ceret, Cotlliure, Crémieux, Delpuget (de Puget), Digne, Elna,Figueres, Girona, Illa, La Bisbal, Lunel (Hérault), Meyragues (Bouches-du-Rhône), Millars,Millau, Monteux (Vaucluse), Narboni, Peralada, Perpinyà, Puigcerdà, Sant Feliu de Guixols, Sant Llorrenç de la Muga, Segré, Vallabrègue, Vilafranca de Conflent,Vilajuïga ; voire du pays Sarfati (français) ou encore de leurs racines juives Juhegues, Juïgues, Matajudaïca, Montjuïc et bien d'autres.

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Juifs comtadins en Languedoc

Ils sont originaires des « Étatsfrançais du Pape », d’Avignon, duComtat Venaissin (Carpentras,Cavaillon et l’Isle-sur-la-Sorgue) oùils furent tolérés dès le Moyen Âge.Grâce à cette tolérance des gens duMidi, et malgré la législation restric-tive, les Juifs résident librement àMontpellier et dans les localités voi-sines, Béziers, Pézenas, Sète, etc.,bien avant le décret d’émancipationde 1791.

En 1806, un Mossé Vidal-Naquetfut délégué par la communauté deMontpellier à la Grande Assembléedes Juifs réunie à Paris par Napo-léon.

En 1808, il y avait à Montpelliercent vingt-trois personnes juivespour Cavaillon, Crémieu, Digne,Giepa, Lazare, Levy, Lisbonne,Lyon, Mayrargues, Milhaud,Milliaud, Montel, Naquet, Navarre,Petit, Puget, Veroly et Vidal-Naquet.

Tout au long du XIXe siècle, onassiste à une intégration harmo-nieuse des Juifs dans les cités méri-dionales. À Montpellier, outre lenotable Moïse (dit Cadet) Vidal-Na-quet (1797-1874, ancêtre de l’histo-rien Pierre Vidal-Naquet), marchandde vins qui exerça la fonction deministre officiant, deux autres per-sonnalités se sont fait connaître parleur rayonnement, les avocatsIsraël Bedarride et Eugène Lis-bonne.

Le premier, collaborateur de laRevue judiciaire du Midi, bâtonnierà plusieurs reprises, fut membre del’Académie et fit paraître plusieursouvrages importants : « Les Juifs enFrance, en Italie et en Espagne.Recherches sur leur état depuis leurdispersion jusqu’à nos jours sous lerapport de la législation, de la littéra-ture et du commerce » (1859) ; Étudesur « Le Guide des Égarés » de Maïmo-nide (1867) ; Étude sur le Talmud(1869), etc. En 1834, il brigua unsiège de député dans la circonscrip-tion de Pézenas mais échoua depeu ; en revanche, son fils, GabrielAlfred Bedarride (né en 1830),devenu avocat, fut élu maire deVilleveyrac en 1860 et conseiller

d’arrondissement du 3e canton deMontpellier (de 1861 à 1867).

Eugène Lisbonne (1818-1894),né dans la Drôme, avocat au bar-reau de Montpellier, professa desopinions républicaines et, après lecoup d’État de 1851, fut assigné pen-dant quelque temps à résidence enVendée. Avec l’instauration de laIIIe République, il devient préfet del’Hérault (du 4 septembre 1870 au23 avril 1871), conseiller général du2e canton de Montpellier (1871),député de la 2e circonscription deMontpellier (1876) et sénateur(1888).

À la fin du XIXe siècle, arriventdans la capitale de l’Hérault denombreux étudiants juifs d’Europede l’Est (surtout de Russie) qui fon-dent l’Association des étudiants sio-

nistes. Leur nombre s’accroîtconsidérablement dans la périodede l’entre-deux-guerres : en 1933, ily avait soixante-dix-neuf étudiantsjuifs roumains à la faculté de méde-cine, 10 % du nombre total des étu-diants dont près de la moitié étaientétrangers et, pour la plupart, juifs.

Après la Grande Guerre, Mont-pellier, Béziers et Sète voient l’arri-vée d’un certain nombre de séfa-rades de Turquie et de Grèce, et, à laveille de la Seconde Guerre mon-diale, les deux premières commu-nautés – les seules structurées del’Hérault – comptaient respective-ment trois cents et cent cinquante

membres. Exception faite de quel-ques notables appartenant à la fonc-tion publique – Benjamin Milhaud,maire de la ville (1929-1935), et lesprofesseurs Lisbonne, Godechot etGuenoun, respectivement desfacultés de médecine, des scienceset du droit – la plupart des Juifsmontpelliérains étaient des commer-çants ou des artisans. Leurs activi-tés avant l’éclatement de la guerrenous sont connues grâce à destémoignages oraux.

En 1940, suite à la défaite, leseffectifs de la communauté explo-sent avec l’arrivée de réfugiés fran-çais et étrangers (une quinzaine denationalités, la moitié étant desJuifs polonais. Le fichier établi parla préfecture de l’Hérault (début1942) contient 1 153 noms : 819Français et 334 étrangers.

Si les Juifs français furent d’a-bord touchés par la perte de leuremploi et par les spoliations, lesJuifs étrangers le furent par lesinternements, et les uns et les aut-res par les rafles et les déportations.Il est vrai qu’était en vigueur l’arse-nal législatif répressif du Régime deVichy, calquée que sur les loisaryennes nazies, mais de pureinspiration française.

C’est dans les centres d’accueilde Montpellier, qui leur avaientauparavant offert un premierrefuge, que furent arrêtés les pre-miers Juifs étrangers, envoyés aus-sitôt au camp d’Agde. Si ladestination première du camp desinistre renommée fut l’accueil desréfugiés espagnols, il se transformavite en une immense prison où, surun total de près de six mille inter-nés, il y eut trois mille Juifs.

Le camp d’Agde n’étant qu’uncamp de transit, ses internés furentdirigés vers d’autres camps d’héber-gement du midi de la France.

La rafle des Juifs de l’Hérault

Dans le cadre de l’application dela solution finale en France, de lalivraison des Juifs français par lerégime de Vichy aux nazis, et doncde l’organisation des grandes rafles

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livre ferméAlain Kleinmann

Juifs en Languedoc-Roussillon

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de l’émancipation à nos joursde l’été 1942, celle des Juifs de l’Hé-rault se singularise des autres.

La rafle des Juifs de l’Hérault eutlieu le 26 août 1942, à 5 heures dumatin, avec la participation de lapolice, de la gendarmerie, des gar-des mobiles et des pompiers. Lerecensement, opéré par Vichy le 2janvier 1942, des Juifs entrés enFrance après le 1er janvier 1936servit de base pour la constitu-tion de la liste de ceux que l’ondevait arrêter. La rafle pré-voyait l’arrestation d’un millierd’hommes, femmes et enfants(1 010 d’après une informationtransmise par le gouverne-ment de Vichy à la police et lagendarmerie du départementde l’Hérault), établis dans 62localités dont 140 personnes àMontpellier.

En fin de journée, 419 per-sonnes seulement furentconduites au camp d’Agde ; l’é-chec partiel de la rafle s’expli-quant par une vigilance accrueaprès les rafles de la régionparisienne et par l’humanitéde certains gendarmes et poli-ciers qui ont alerté les person-nes en danger.

Dans le camp de transitagathois, après tri, trois centsoixante-dix Juifs raflés dansl’Hérault furent envoyés à Rivesal-tes et une partie de ces derniersdéportée quelques jours plus tardvers la zone nord et ensuite vers lescamps d’extermination de Pologne.

La Résistance : le rôle desorganisations juives

Lorsque l’on parle de la Résis-tance (active ou passive) dévelop-pée à Montpellier et dans l’Hérault,il importe de souligner le rôle desorganisations juives, une action auquotidien, souvent déterminante,en dépit des faibles moyens exis-tants. Il s’agit du Comité d’Assis-tance aux Réfugiés (C.A.R.), del’Œuvre de Secours aux Enfants(O.S.E.), de l’Organisation, Recons-truction, Travail (O.R.T.), des Éclai-reurs Israélites de France (E.I.F.) et

du Mouvement de la jeunesse sio-niste (M.J.S.).

Il convient ici de rappeler queMontpellier a toujours joué un rôledans le mouvement sioniste poli-tique contemporain. Le meilleurexemple est sans nul doute la pré-sence en 1897 au 1er Congrès Sio-niste de l’ère moderne à Bâle

(Suisse) de quatre délégués mont-pelliérains sur douze délégués fran-çais.

L’aide de la population

Dans le combat pour la survie,les Juifs ont bénéficié de l’aideactive d’une partie de la populationde l’Hérault. Quelques noms doi-vent être rappelés pour la ville deMontpellier : le professeur AntoninBalmès qui outre la protection qu’ilaccorda aux étudiants juifs à lafaculté de médecine, a caché etsauvé de nombreuses familles juives.

Même attitude courageuse de lapart de deux sœurs protestantes,Marie et Jeanne Atger, du père Paul

Parguel de la paroisse Sainte-Berna-dette, de Raymonde Demangel, dessœurs dominicaines du monastèredes Tourelles, de Lucie et GeorgesPascal, de la famille Pallarès del’abbé Prévost, ce dernier aidantprécieusement Sabina Zlatin (moni-trice de la « Colonie des enfantsréfugiés de l’Hérault », plus connuesous l’appellation « Enfants d’I-

zieu ») en recueillant lesenfants juifs qu’elle faisait sor-tir des camps d’Agde et deRivesaltes, en coordinationavec l’O.S.E., à l’enclos Saint-François de Montpellier.

Nous ne pouvons clore cettesuccincte énumération sansrappeler le nom de CamilleErnst, secrétaire-général de lapréfecture de l’Hérault pourson engagement en faveur desréfugiés juifs étrangers.Déporté et rescapé de Dachau,il fut honoré « Juste parmi lesNations » en 1971, par l’InstitutYad Vashem de Jérusalem.

Parmi les nombreux Juifsd’origine étrangère qui onttrouvé refuge dans l’Hérault etqui ont eu une activité résis-tante soutenue, il convient dementionner le nom de GeorgesCharpak. De même, signalonsl’action de Albert Uziel, sur-nommé Vivi, fils du président

de la communauté juive de Mont-pellier, César Uziel, qui fut l’un desmembres éminents du maquis BirHakeim.

Des personnalités qui par leuraction d’entraide et de sauvetagedes populations pourchassées, ontaccédé au rang des figures de larésistance à Montpellier et dansl’Hérault.

Entre ostracisme et humanisme,la mémoire d’une communauté, derencontres judéo-chrétiennes sou-vent réussies, l’histoire d’hommeset de femmes qui ont posé leurpierre à l’édifice de la tradition detolérance de Montpellier et du Lan-guedoc.

Michaël IANCU Docteur en Histoire, Directeur de l’Institut Maï-monide, auteur de Spoliations, Déportations,

Résistance des Juifs à Montpellier et dansl’Hérault, 1940-1944, Éd. Barthélemy.

le gel des clefsAlain Kleinmann

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Averroès, nom latiniséde Abu'l WalidMuhammad ibnRushd de Cordoue

1126, Cordoue - 1198, MarrakechIl est à la fois un philosophe, unthéologien islamique, un juriste, unmathématicien et un médecinarabe du XIIe siècle. Son ouvertured'esprit et sa modernité déplaisentaux autorités musulmanes de l'é-poque qui l'exilent comme héré-tique et ordonnent que ses livressoient brûlés. Ses commentaires del’œuvre intégrale d'Aristote (aussile nommait-on le Commentateur) tra-duits en latin vers 1230 et en héb-reu, eurent une influence majeuresur les penseurs du Moyen Âge tantdans l'Andalousie maure que danstoute l'Europe. Conciliant la philo-sophie aristotélicienne et la foimusulmane, il a réussi à devenir ungrand penseur du monde islamique,et contribué à la diffusion des cultu-res grecque et arabe dans le mondeoccidental.

Abraham ben Meir ibn Ezra v. 1090, Tudèle - v. 1165, CalahorraRabbin, poète, grammairien, traduc-teur, commentateur, philosophe,mathématicien et astronome, futl’un des plus éminents érudits de l’« Âge d’Or » espagnol.Il rencontre Juda Halevi à Grenade,puis voyage avec lui à traversl’Espagne musulmane et l’Afriquedu Nord à partir de 1109.Après la mort de Juda au Caire, ilentreprend ses pérégrinations auxalentours de 1140. Dans le plusgrand dénuement, il se rend àRome, Lucques, Mantoue etVérone. Il écrit des poèmes, descommentaires sur les Prophètes etdes ouvrages de grammaire. Allantd’une communauté juive à l’autre, ilse rend en Provence puis vers lenord de la France, où il produit unesérie de commentaires sur le Penta-teuque, des traités d’astrologie, descommentaires sur le livre deDaniel, sur les Psaumes et les Pro-phètes mineurs.

Isaac l'Aveugle - Itzhak SagiNahor ou Isaac Plein de lumière1160 - 1235, PosquièresIl fut un grand kabbaliste juif. Filsdu Ravad III, qui lui enseigne lestraditions secrètes héritées depuisMoïse sur le mont Sinaï, il naîtaveugle, mais compense son handi-cap par sa grande maîtrise de la

Kabbale, d'où son surnom.Il professe à l'époque du Bahir, maisest profondément influencé par lesidées Néo-Platoniciennes. Il formede nombreux disciples dont Azrielde Gérone, qui recueille ses inter-prétations, dont un commentairedu Sefer Yetsira.

Zerakhia ben Itzhak HaLeviGerondi dit RaZaH 1125, Gérone – v. 1186, LunelIl fut un grand rabbin, commenta-teur biblique et talmudique, etpoète. Né dans la famille Izhari,composé de rabbins et éruditsrespectés, il se dirigea assez jeunevers la communauté de Provence,où il étudia dans le cercle des éru-dits de Narbonne. On connaît decette époque un Piyyut rédigé enAraméen, alors qu’il avait 19 ans, etses études sur d’épineux problèmeshalakhiques.Il y resta de nombreuses années,aux côtés du Rav Meshulam benYaakov, mais les conflits et luttesintestines qui agitaient perpétuelle-ment la communauté le poussèrentà la quitter. Il y fut regretté. Judaibn Tibbon, qui envoya son fils étu-dier auprès de lui, disait de lui qu’ilétait « unique en sa génération, etplus sage que moi ». Il fit égalementforces éloges de son style d’écriture,ce qui encore plus remarquablelorsqu’on sait qu’elles émanentd’un des plus grands traducteursque connut le Judaïsme.

Maïmonide, Rabbi Moshe benMaimon, dit le Rambam 1135, Cordoue - 1204, Fostat

Philosophe etthéologien juif,Nagid (chef de lacommunauté) desJuifs d’Égypte etmédecin à la courde Saladin, etfigure majeure dujudaïsme rabbi-nique, il a exercé

une influence considérable sur laphilosophie médiévale. Il est l’au-teur d’un Commentaire sur laMishna et du Mishné Torah, ouvragemonumental rédigé en hébreu etdestiné à remédier à la dispersionmillénaire des règles de la pratiquejuive (Mishna). Son œuvre dans cedomaine constitue encore le soclede la loi rabbinique. Comme philo-sophe, il ouvrit des pistes dans lesdomaines de la psychologie et de

l'éthique, mais son apport essentielconsiste en une conciliation de lascience et de la religion qu'il exposedans son Guide des égarés écrit enarabe. Maïmonide fut l'un des rarespenseurs du Judaïsme médiévaldont l'influence rayonna au-delàdes cercles juifs.

Nahmanide - Moshe ben NahmanGerondi, Ramban

1194, Gérone – 1270, AcreIl fut l’une des grandesfigures du judaïsme ibé-rique de l’Âge d'Or, méde-

cin, rabbin, grand commentateur dela Bible et du Talmud, philosophe,halakhiste et kabbaliste.Il s'illustre, et publie ses premiersouvrages à 16 ans. Profondémentinfluencé par l’école française desTossafistes, il manifeste une défé-rence sans réserve aux sages de laMishna et du Talmud, ainsi qu'auxGeonim et aux Sages de France. Rabbin de Gérone, ensuite chef spi-rituel de la communauté juive deCatalogne, ami du roi Jaime Ier, ilfera office de médiateur à maintesreprises entre la couronne et lesalmajas. La quiétude dont il jouis-sait sera brisée lorsqu'en 1263, c'estlui qui est choisi pour disputer enprésence du roi avec Pablo Chris-tiani, sur l'ordre de Raymond dePennafort. Pablo Christiani, Juifapostat devenu frère dominicain estdéjà connu pour avoir tenté deconvertir la communauté juive deProvenceLa démarche de Christiani est origi-nale : présumant que son adversairedevra rester mesuré, de crainte deheurter la sensibilité des dignitaireschrétiens, il escompte non pasinterdire le Talmud, mais aucontraire l'utiliser afin de prouverla vérité de la foi et du messagechrétien. En effet, il pense pouvoirattester à partir de plusieurs passa-ges attenant à l'Aggada, que lesSages Pharisiens ont pensé que leMessie vivait à l'époque du Talmud,et donc qu'il s'agissait de Jésus.Nahmanide demande, et obtient, lacomplète liberté d'expression aucours des 4 jours qui vont suivre, du20 au 24 juillet 1263.La disputation fut abrégée, à lademande pressante des Juifs deBarcelone craignant d'exciter le res-sentiment des Dominicains, se ter-mina sur la victoire éclatante deNahmanide, le roi allant jusqu'à luifaire don de 300 maravedis en signe

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quelques grandes figures

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de respect. Cependant, le clergédominicain prétendit avoir rem-porté la rencontre. Bien que le roi etla commission reconnurent la jus-tesse de sa défense, les Domini-cains obtinrent que les livres deNahmanide soient brûlés et qu'ilsoit exilé pour deux ans, ce qui secommua rapidement en bannisse-ment à perpétuité. Il s’embarquapour la Terre Sainte et s’établit àAcre jusqu’à sa mort.

Shem Tov ben Shem Tov ben Meïrdit Kalonymos ben Kalonymos1286, Arles – v. 1328Philosophe et traducteur provençal,membre d'une importante familleprovençale (lui-même et son pèreétaient appelés Nassi (prince) parleurs contemporains), il s'établit àAvignon en 1314, et se lia à Robertd'Anjou, qui l'envoya à Rome, où ilfut si apprécié que lorsque safamille lui demanda de rentrer enProvence, le poète Immanuel benSalomon écrivit au Nassi Salomond'Arles pour protester contre ceretour, au nom de toute la commu-nauté juive d'Italie. Il aurait plaidéla cause des Juifs auprès du pape,mais cette donnée est soumise àcaution.Il étudia la philosophie et la littéra-ture rabbinique à Salonique, sous la

direction de Senior Astruc de Noveset Moïse ben Salomon de Beaucaire,ainsi que la médecine.Il fut lié un temps à Joseph ibnCaspi, mais divergea fortement delui après avoir lu ses commentaires(Tirat Kessef). Il est lui-même l'au-teur d'une importante quantitéd'œuvres, dont le Even Bo'han,traité d'éthique rédigé en 1322.

David Kimhi, ou Redaqc. 1160-1235Les ouvrages de gram-maire et d'exégèse dece savant provençalinfluencèrent profon-dément les éruditspendant des siècles,

célèbre pour son commentaire de laBible centré sur le sens objectif.

Joseph ibn Caspi (Yossef ibnKaspi ou Yossef Kaspi) ben AbbaMari, également connu sous sonnom provençal : Sen Bonfos ouDon Bonafoux de l'Argentière1279, Argentières - 1340 Rabbin et philosophe juif averroïstedu XIIIe siècle, issu d'une familleérudite, il est né à Argentières (d'oùson nom, Argent = « Kessef » enHébreu). En 1306, il s'installe àTarascon, probablement suite à l'ex-pulsion des Juifs de France. Il effec-

tuera de là de nombreux et longsvoyages, en Espagne et en Orient.En 1317, il s'établit à Arles, en Pro-vence, où il se lia avec Kalonymosben Kalonymos (Shem Tov benShem Tov) ben Meïr, et où il rédigeason introduction au Pentateuque, leTirat Kessef, qui lui valut de sebrouiller avec Kalonymos ben Kalo-nymos et les maîtres de celui-ci. Ilmourut en 1340, vraisemblable-ment au cours d'un voyage.

Abraham ben David de Posquières (Rabad III)1120, Narbonne - 1197, PosquièresRabbin, kabbaliste et philosopheprovençal du XIIe siècle, talmudisteet halakhiste, il étudie sous latutelle de Rabad II qui deviendrason beau-père et lui prodiguera unenseignement mystique. Il suivrad'abord sa ligne de pensée, avantrédiger ses propres commentairessur des traités mishniques et talmu-diques. Il est également célèbrepour ses objections (Hassagot) surles positions halakhiques et les arti-cles de foi de Maïmonide. Son butest d'éveiller l'esprit critique de l'é-tudiant.Il écrit également des traités hala-khiques et Baalei Ha-Nefesh, sur leslois de pureté familiale, et la cons-truction d'un mikvé.

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quelques ouvrages de Être juif en Provence : au temps du roi René,Danièle Iancu, Éd. Albin Michel (1998)À partir de l'étude des actes notariaux duXVe siècle, une étude sur la communautéjuive dans le comté de Provence, régionqui semble tolérante, à côté des terresfrançaises et languedociennes désormais

vides de Juifs.

Les Juifs du Midi, Daniele Iancu et CarolIancu, Éd. Alain Barthélemy (1995)« Il est de ces livres qui, malgré leur carac-tère universitaire et savant, ressuscitentles acteurs d'une histoire ancienne, leplus souvent oubliée… Un récit fascinantqui commence à l'aube du 1er millénaire ».

Spoliations, déportations, résistance desJuifs à Montpellier et dans l'Hérault (1940-1944), Michaël Iancu, Éd. Barthélemy(2000)L'auteur fait une analyse statistique desspoliations, appréhende la question desrafles, des internements et des

déportations, ainsi que de la Résistance. Il permetde mesurer l'ampleur de cette spoliation, le calvairedes Juifs internés dans les camps, halte provisoire,vers la solution finale imaginée par les nazis. Ilévoque aussi tous ceux qui ont tenté et parfoisréussi à les aider.

Histoire des Juifs de France, Philippe Bourdrel, Éd. Albin Michel (2004)L'histoire des Juifs de France se confondavec le passé le plus lointain de notrepays. De l'installation des premiers immi-grés qui arrivèrent en Gaule dans les pas

des légions romaines jusqu'au retour des « Pieds-noirs » d'Algérie, les communautés juives françaisesont connu des fortunes diverses. Pierre Bourdrel areconstitué cette longue et difficile aventure, qui estd'abord une histoire humaine.

Histoire universelle des Juifs : de lagenèse au XXIe siècle, Élie Barnavi, Éd. Hachette (2002)Une histoire des Juifs immergée dansl'histoire des nations, illustrée de 135cartes, 140 chronologies et 700 illustra-tions. Paru une 1re fois en 1992, ce livre

est augmenté de neuf nouveaux articles dont « LesJuifs et l'Église », « Histoire et mémoire de la Shoah »…

Juifs du Languedoc, de Provence et des ÉtatsFrançais du Pape, Armand Lunel, Éd. Albin Michel (2000)En Avignon et dans le Comtat Venaissinles Juifs, presque partout persécutés, ontpu survivre physiquement et spirituelle-ment. Cette tolérance obtenue à prix d’or

leur a été accordée en Oc et en Provence grâce à laprotection des Comtes, et à l’ombre de la Croix dansl’asile pontificale. Ces noyaux juifs, implantés dansla Gaule méridionale dès avant la destruction deJérusalem par Titus, ont connu une histoire auxpéripéties tour à tour pittoresques et dramatiques.

L’Université de médecine de Montpellier etson rayonnement (XIIIe-XVe siècles), sous la direction de Daniel Le Blévec, Éd. Brepols (2004)Fréquenté par des étudiants venus de tousles pays, recrutant des maîtres eux-mêmesd’origines diverses, le « studium » de Mont-

pellier s’est imposé dès le XIIIe siècle comme l’undes grands centres européens des études médicales.Forte de sa renommée et du rayonnement de sonenseignement, la médecine montpelliéraine a ainsiconstruit une pensée dont les manuscrits conservéstémoignent de la diffusion et illustrent l’influenceque Montpellier, en ce domaine comme en d’autres,a exercée en Europe à la fin du Moyen Âge.

Les Juifs du Pape en Provence, Jules B. Farber, Actes Sud (2003)De l'Espagne à Avignon, la route est bali-sée de vestiges laissés par ceux quiallaient devenir les Juifs du pape. Présentsavec les Romains, les Juifs s'établissent enGaule dès le Ier s. av. J.-C. dans des villescomme Marseille ou Lunel. Au cours des

siècles, leur situation se détériore. Frappées d'expul-sion au Moyen Âge, les petites communautés se sont pourtant maintenues en Languedoc et enProvence, en particulier dans le Comtat venaissin,propriété des papes jusqu'en 1791.

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Le judaïsme pour débutants, Volume 2, Leregard juif sur le monde, Charles Szlakmann,Éd. La Découverte (2006)Expose les principes et l'histoire de l'unedes grandes religions monothéistes avecbeaucoup d'humour et de simplicité. Il traite de la vision du judaïsme face aux

questions de société. L'ouvrage s'inscrit dans lacollection de vulgarisation « pour débutants ».

La Guérison par l'esprit et Lettres de Fostat,Moïse Maïmonide, présentation LaurentCohen, Bibliophane, Paris (2003)C'est en Égypte, depuis la « vieille ville » duCaire que Maïmonide a rédigé les épîtrestraduites dans ce volume. Le grand philoso-phe, chose rare, y évoque son quotidien :

médecin à la cour de Saladin, il côtoie la classe diri-geante mais son cabinet est ouvert à tous, Juifs,musulmans, chrétiens, démunis... En même temps, ily dispense des leçons de philosophie magistrales,évoquant sa passion pour Aristote et les grands pen-seurs musulmans, tels Averroès et Alfârabî.

La longue route de Jacob Ben Ezra, JacquesBonnet, Presses du Languedoc, Montpellier(2000)Ben Ezra, Juif de Tolède, s'avance sur lesroutes de la science des nombres. EntreDamas, Salerne et Montpellier, un péripleoù la passion de la mathématique triomphe

des dangers de ce XIIe siècle où domine la violence.

Le mémorial de la communauté des Juifs deCarpentras au XVIIIe siècle, Simon Schwarz-fuchs, Éd. Peeters Collection de la Revue des études juives (2004)Les documents hébraïques ayant trait à l'histoire des Juifs du pape sont extrême-

ment rares. Ce mémorial ou Pinkas, ensemble derèglements internes, de délibérations et lois somp-tuaires, est le seul qui nous soit parvenu émanant de la communauté juive de Carpentras.

Les Juifs au temps des Croisades en Occidentet en Terre sainte, Simon Schwarzfuchs, Éd.Albin Michel Présences du judaïsme poche(2005)Au Moyen Âge, les croisés qui traversèrentl'Europe et le Proche-Orient à partir de la fin du XIe siècle persécutèrent

les communautés juives qui se trouvaient sur leurchemin. L'auteur retrace les destructions de cescommunautés et leurs tentatives de reconstitution.

Le peuple juif et ses contacts avec le mondeméditerranéen : de la chute du royaume d'Israël(720 av. J.-C.) à la destruction du 2nd temple(70 apr. J.-C.), Jacob Ashkenazi, Éd. EdisudEncyclopédie de la Méditerranée (2005)En se basant sur les textes de la « Bible » et sur l'historien juif Flavius Josèphe,

l'auteur retrace huit siècles d'histoire du peuple juifen l'insérant dans le contexte méditerranéen etexplique les causes du phénomène de la diaspora.

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Almohades. La dynastie desAlmohades (en arabe al-muwahhidun les « Unitariens »ceux qui proclament l'unitédivine, tawhid) ou Banû`Abdul-Mu'min (banu `abdu l-mu'min du nom du premierkhalife). Dynastie berbère etmusulmane dite la cinquièmeMaure, issue d'un mouvementde réforme religieuse, quirègne sur le Maghreb etl'Espagne musulmane de 1147à 1269. Les Almohades se déve-loppent en réaction aux Almo-ravides qui dominent depuisMarrakech l'actuel Maroc etl'Espagne musulmane.Ashkénaze. « Allemagne » enhébreu médiéval. Juif dontl’aire géographique diaspo-rique d’origine se situe enEurope de l’Est.Casher. Rituellement pur, enparlant des aliments ; la cash-

rout constitue l’ensemble deslois alimentaires juives.Catalogne. La Catalogne estun espace historique, linguis-tique et géographique à chevalsur le Languedoc-Roussillonen France et sur l’Empordà enEspagne, soit l’ancienne Ara-gon.Diaspora. Entre la destruc-tion de la Judée et le rétablis-sement d'un état juif avec lacréation de l'État d'Israël en1948, tous les Juifs étaientconsidérés comme faisant par-tie de la diaspora. Récem-ment, le terme n'est plusemployé que pour les Juifsvivant hors d'Israël. Après lerenversement en 588 av. J.-C.du royaume de Juda, et ladéportation d'un nombreconsidérable d'habitants versles vallées de l'Euphrate, lepeuple juif se concentrait en

deux points : Babylone et laTerre d'Israël. Jérusalem étaitjusqu’en 70 apr. J.-C. le centrede la vie nationale et religieu-se des Juifs du monde entier.Après la prise de Jérusalem etla destruction du Temple parles Romains en 70, certainsJuifs furent vendus commeesclaves et transportés, d'aut-res joignirent les diasporasexistantes, pendant que d'aut-res commencèrent à travaillersur le Talmud. Ces derniersétaient alors généralementacceptés au sein de l'empireromain, mais avec la montéedu Christianisme, de nouvel-les restrictions apparurent.Durant le Moyen Âge, les Juifsse divisèrent en groupes dis-tincts qui sont aujourd’huigénéralement classés en deuxgroupes : les Ashkénazes dunord et de l'est de l'Europe etles Séfarades de la péninsuleibérique et du bassin méditer-ranéen. Ces deux groupes par-tagent une série d’histoiresparallèles de persécutions etd'expulsions, avec finalement,le retour en terre d'Israël lorsdu XXe siècle.Kabbale. Ensemble des doc-trines et des préceptes dumysticisme juif. Née au XIIe

siècle dans le midi de la Fran-ce, la Kabbale, « Traditionreçue » en hébreu se présentecomme une tentative de revi-vifier la tradition religieuseque beaucoup jugent dessé-chée par l’interprétation philo-sophique et de rendre au ritesa place éminente. La Proven-ce connaît un travail kabbalis-tique intense avec Abrahamben David de Posquières(aujourd'hui Vauvert), legrand critique de Maïmonide,Jacob Nazir de Lunel…

Marrane. Au Moyen Âge enEspagne, Juif converti sous lacontrainte, resté secrètementfidèle à sa religion. Les marra-nes furent persécutés par l'In-quisition.Messie. De l’hébreu Mashiah’,signifiant « oint », et qualifiantle personnage régalien, de lalignée davidique, qui incarne-ra l’ère nouvelle du « mondequi vient ». Le judaïsme attendle Messie, « toujours pourdemain» comme le dit É. Wiesel.Neofiti. Crypto juifs du roy-aume de Naples.Rouelle. La rouelle est uneétoffe de couleur jaune, impo-sée aux Juifs comme signe dis-tinctif par le concile de Latranen 1215, découpée en disque,symbolisant les 30 deniers deJudas. L’étoile jaune en seraun avatar moderne, et à viséeplus explicite. En 1269, SaintLouis obligea tout les Juifs desa juridiction à porter cetteétoffe ; ceux qui refusaientétaient astreints à une amen-de de 10 livres.Séfarade. « Espagnol » en héb-reu. Juif des pays du pourtourméditerranéen.Sofer. Un sofer ou scribe juifs’applique à la plume d’oietaillée, à calligraphier les tex-tes hébraïques contenus dansles phylactères, les mezouzoth,les sefarim ou rouleaux de laTorah, et dans les rouleaux duLivre d’Esther ou méguilad’Esther. Selon des règles stric-tement établies, n’ayant subiaucune modification depuisdes temps très anciens, l’écri-ture de l’hébreu est un art àpart entière, une fonctionsainte et un savoir qui requiertétude, expérience, habileté etmodestie.

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots » Platon (Athènes, 427 - 347 av. J.-C.)

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vocabulaire

TENDANCE

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Congrès

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tél. 08 72 27 00 02 (appel local)

06 75 94 97 18

mail : [email protected]

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Le Crif Languedoc-Roussillon tient à remercier, pour leur contribution, les Amis du Crif

et les associations membres et partenaires. Il est reconnaissant à toutes les personnes qui ont offert

leur temps et leur talent à l’élaboration de ces livrets et à l’organisation du dîner annuel du Crif Languedoc-Roussillon 2006.

Il remercie Carol, Danièle et Michaël Iancu, ainsi que Gérard Nahon pour leurs écrits

et Alain Kleinmann pour ses œuvres.Il sait gré de leur participation les annonceurs :

Chambre de Commerce et d’Industrie de Montpellier,Médiaffiche, Méridienne, Porat, Château Pouget,

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Imprimé en juin 2006. Graphisme, réalisation : Bernard Lhoumeau 08 71 76 72 15 www.lhoumeau.comSIRET 319 153 326 00040

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