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TABLE RONDE N5
LA CAMPAGNE DE "ARMES : UN MARCH HORS DE CONTRLE"
ET AMNESTY INTERNATIONAL - SECTION FRANAISE
Olivier ROUQUAN
AMNESTY INTERNATIONAL est une association internationale base Londres en
1961 partir dun appel qui demande la libration de prisonniers retenus pour dlits
dopinion. La perspective est librale au sens politique puisquil sagit de combattre
larbitraire de ltat. Lorganisation est cre par un avocat qui en appelle dans LObserver
lempathie de lopinion, suivant une rationalit conforme aux mobilisations en faveur de
ltat de droit suscitant linvestissement militant au nom du sentiment de justice universelle
devant motiver si besoin est la rbellion face larbitraire de ltat. Le lien aux mdias est
demble fort, puisque canal principal dexpression de la rvolte et arne de ralliement. Le
bnvolat est le pilier des dcisions, mais progressivement, lassociation se professionnalise
linstar de nombre ONG.
Les exigences humanitaires de AMNESTY concernent le droit dasile et laide aux
rfugis, les demandes de procs quitables, la garantie internationale de la libert dopinion.
Ainsi se prsente le mandat de AMNESTY, limit ds le dpart la promotion et la dfense
des articles 18 et 19 de la DUDH du 10/12/1948. Les actions dAMNESTY visent en
consquence promouvoir (le respect) et/ou sopposer (aux violations). Le mandat
dAMNESTY ne cesse de slargir suivant trois priodes telles que recenses par
lorganisation elle-mme. Entre 1961 et 1991, lorganisation creuse les thmes ouverts en
prcisant la dfinition du prisonnier dopinion ou les conditions dquit du procs, mais
encore et surtout en tendant son champ de comptences la lutte contre la peine de mort
(abolitionniste partir de 1974), aux excutions extrajudiciaires, aux disparitions forces, et
en laborant un travail prventif identifiant les causes des violations des droits humains, ainsi
que les auteurs les plus frquemment recenss de ces violations. partir de 1991,
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lorganisation souvre la lutte en faveur de la promotion des droits des homosexuels, la
contestation de la dtention prventive, tout ceci encore la faveur du droit du prisonnier
restant le socle du mandat de AMNESTY. Mais Yokohama, dautres directions sont
dcides : lorganisation se proccupe de la violation des droits par des entits non
gouvernementales, de lexil forc, du dplacement de population, des transferts militaires de
scurit Entre 1995 et 1997, de nouvelles extensions surviennent : sont pris en compte le
droit des femmes, lopposition certaines armes, la dnonciation des violations massives dans
les conflits arms et surtout un droit de remontrance aux tats pour absence de prvention de
dissmination de la violence ; la logique est prventive et inspire de la notion anglo-saxonne
de diligence ncessaire .
Dsormais, AMNESTY dfinit une mission non un mandat. Ceci conduit une nouvelle
dfinition des orientations DAKAR en 2001 identifiant six sujets prcis : les DESC ou
droits conomiques (demande aux OIG et IFI de ne pas soutenir des activits conomiques
contribuant des violations de droits humains), sociaux et culturels (personnes exclues et
marginalises) sont retenus comme enjeux ; la distinction opposition/promotion structure les
actions de AMNESTY ; les acteurs non tatiques sont dnoncs comme les tats, si une
violation aux droits humains survient ; les conflits arms, les interventions arms, les autres
mesures graves sont objets de proccupation. Se prononcer en faveur de boycotts (lancer,
soutenir, appeler au dsinvestissement pour tenter de changer le comportement dune
entreprise) et de sanctions (opposition des sanctions qui violent les droits humains, appel
des sanctions conomiques), fait partie des moyens de lutte ordinaire. Le principe de
proportionnalit des moyens par rapport aux objectifs guide les apprciations dAMNESTY,
produisant ainsi des jugements dopportunit. A Dakar, AMNESTY, partir dune approche
globale (couverture de lensemble de la DUDH), a conscience dune approche progressive qui
conduit sopposer toute violation des droits humains. Depuis 2003, lopposition aux armes
nuclaires est dclare, une tude est lance sur la position avoir vis--vis du recours la
force arme, sur le droit lautodtermination, enfin sur les droits des femmes (avortement,
reproduction). Le lobbying juridique est explicitement recens comme objectif de travail : la
fois au niveau international et local, AMNESTY veut veiller lintgration des DESC dans
les normes adoptes. Au-del, un travail de promotion sociale est entrepris. Comme nonc,
cette activation repose sur une mthode. Dune part faire comprendre que les DESC sont des
droits (judiciarisation), dautre part, encourager la justiciabilit (un droit est un droit si existe
un tribunal arbitrant un conflit avec imputation de responsabilit et rparation des dommages /
CPI).
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Cest donc dans un tel cadre doctrinal quest engage la campagne Armes, un march
hors de contrle en faveur de ladoption dun Trait International sur le Commerce des
Armes (TICA). A ce sujet, le but de la recherche empirique est, sous le paradigme de la
rgulation, de comprendre la mobilisation du droit par le bas, linsertion des ONG dans les
relations internationales, autrement que par le tmoignage ou laide durgence. Lexemple
choisi, saisit une ONG, - AMNESTY - Section franaise -, dans une uvre de mobilisation et
lobbying visant la ladoption du TICA. La campagne est internationale et implique des
plateformes de nombre associations. Ainsi, la posture de AMNESTY, tout comme de
OXFAM ou RAIAL-IANSA est raliste , tablant sur lefficacit. Sur ce plan, le suivi du
lobbying en cours entam auprs des parlementaires en France, tout autant quauprs de
lexcutif est instructif, tout comme les ngociations internationales (cadre du G8 et de
lONU).
Le corpus thorique invoqu ressort de la sociologie de laction organise ; elle est
applique sous la forme dune enqute de terrain 1. Le paradigme de la rgulation est utile
envisager les ngociations internes au monde associatif (dans le cadre de la plateforme
franaise engage en faveur de ladoption du TICA), ou externes (avec les autorits franaises
et internationales), car il autorise la prise en compte des interactions stratgiques et le suivi
pas pas des dmarches. Il est notable quelles procdent par incrmentation procdurales,
rvisables court terme et en permanence. Il est encore remarquable que lorganisation
connaisse une institutionnalisation interne variable, considre comme faible au niveau du
bnvolat, plus forte mais cependant contournable au niveau du salariat propre AMNESTY
INTERNATIONAL Section franaise -.
LORGANISATION DE AMNESTY SECTION FRANAISE -, ENTRE INNOVATION ET PROFESSIONNALISATION
Lintrt est dobserver via une enqute dun an, le fonctionnement de la section franaise
travers le prisme de la commission Armes, transferts et usages , dans la mesure o elle
est concerne au premier chef par la campagne Armes, un march hors de contrle .
Ressort lide dune ngociation permanente au sein de AI Section franaise des
initiatives des bnvoles de la commission avec ladministration du sige dont la tendance est
laffirmation du contrle sur les initiatives parfois innovantes (notamment en matire de
1 Cf. bibliographie
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lobbying) de la commission. Ainsi propos de la campagne examine, est notable la
professionnalisation de lONG.
La commission comme centre oprationnel innovateur
Sur le plan pratique, la base, les commissions dAMNESTY Section franaise -
apparaissent en partie comme des organisations innovatrices telles que dfinies par H.
Mintzberg [Mintzberg H., 2004] ; en effet, lautonomie des bnvoles est certaine, qui au
cours dun processus de maturation de plusieurs semaines simprgnent de la doctrine, des
moyens mis disposition et surtout de fonctionnement de lorganisation. Examine par le bas,
cette dernire est divise en commissions qui sinvestissent sur des campagnes prioritaires
( Armes : un march hors de contrle par exemple, etc.), mais aussi sur des ractions
durgence (droit humanitaire), enfin, sur une veille dactualit et juridique couvrant
lensemble des droits humains sur la plante. Les commissions sont classes en fonction de
leur objet [Commission Armes, transferts et usages ; femmes, entreprise, etc.), ou par
rgions (Afrique, Asie, Europe,)]. Les commissions quivalent des centres oprationnels.
Les bnvoles sont accueillis dans une grande salle bipartite, ressemblant un desk,
compose de deux ranges dordinateurs, autant de pupitres de travail offerts chacun pour
exercer sa recherche dinformations, sa rdaction de courriers, rapports, etc. Des tlphones
sont mis disposition. Lallocation de moyens concerne peu le bnvole, mais davantage le
stagiaire, statut hybride entre celui de bnvole et celui de salari. En fait, le stagiaire est
prsent non un jour par semaine comme le bnvole engag par ailleurs comme adhrent,
mais tous les jours de la semaine. Il dispose donc demble dune vision plus suivie du travail
effectu par une commission et des arcanes du sige. Il est plus ractif et plus corvable ; il
est une source prcieuse de renseignements pour le bnvole plus intermittent. Souvent
titulaire dun diplme de haut niveau (DESS. DEA,), le stagiaire est en attente demploi.
Dans la commission Armes, transferts et usages , quatre cinq bnvoles qualifis ayant
effectu des DESS sur les mtiers de la Dfense ou Affaires trangres et coopration, se
mettent au service des intrts de AMNESTY. Chacun peut drainer ainsi au service de
lorganisation, non seulement ses qualits, mais aussi son relationnel. Le turn-over est lev.
Bnvoles comme stagiaires oeuvrent non seulement dans les desk sur des actions
ponctuelles parfois trs prosaques (courriers, organisation de manifestations, etc.), mais aussi
dans des runions qui permettent de cristalliser les orientations venir et de faire le point sur
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le pass rcent. Ainsi, chaque commission organise des runions bilan o sont examins la
fois les problmes de doctrine, mais aussi le budget, le point sur les actions en cours. Ces
runions durent en moyenne une journe. Pour la commission Armes, transferts et usages ,
un ordre du jour est dsign lavance, envoy aux bnvoles participants ; lexpression y est
libre, mme si par convention, les hirarchies informelles mentionnes prcdemment sy
manifestent. De sorte que lanciennet et le niveau dimplication, hirarchisent
informellement le poids de la parole exprime. Ceci dit, la libert de parole est grande et
les arguments de chacun sont dbattus. Il faut souligner la prsence alatoire du rfrent
salari qui suit la commission, dont la disponibilit est relative, du fait de sa mobilisation sur
plusieurs dossiers. Ce genre de runion est dterminant pour rendre plus lisible aux bnvoles
et stagiaires la stratgie de la commission, ses orientations et moyens, et ses problmes au
sein de lorganisation, notamment dinteractions avec les autres commissions et le centre
administratif.
Il faut mentionner cet gard que par commodit, les commissions ont tendance se
structurer limage de lorganisation administrative du sige ; ainsi outre le chef de projet,
des bnvoles sont chargs du lobbying et relations extrieures, un autre de lorganisation et
communication externe, enfin dautres du traitement de linformation... Il y a aussi par
exemple un charg de la logistique et de lorganisation des liens avec les sous-groupes. Ce
dernier propose galement un Systme dInformation sur les ordinateurs en rseau propre la
commission afin de limiter la perte de temps dans la recherche et la manipulation des
donnes. Dautres bnvoles sinvestissent dans la rdaction de la circulaire de la
commission, qui fait le point rgulirement, sur les travaux mens, avec le produit dappel
(photos pour laffiche interne mise en ligne), linstar de La Chronique de AMNESTY ;
dautres sattlent aux traductions de rapports et instructions venus de Londres.
Par ailleurs, dautres runions sont organises, dites de formation. Y sont davantage
reprsents les groupes de rgions, incluant des sous-groupes consacrs la campagne
contrle des armes. Ces journes de formation importent donc pour mieux comprendre la
perception dune campagne en province, et pour tenter de faire circuler linformation de bas
en haut et de haut en bas. Les principes et objectifs peuvent tre dbattus, puisque chaque
sujet inscrit lordre du jour est suivi dun dbat. Les militants expriment souvent des
positions de principe. Plusieurs commissions peuvent par ailleurs tre runies pour une
journe formation ; le sige fournit la logistique (salle, nourriture, ordinateur, salarie
organisatrice, indemnisation des dplacements, etc.). La dure de la formation est en moyenne
une journe. Pour la campagne Armes : un march hors de contrle , est par exemple
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dbattu dbut novembre 2004, de lorganisation du recueil de photos par les sous-groupes en
province et de leur mise en ligne. La commission nationale se rend alors compte de la
difficult dans certains groupes de prioriser cette action du fait notamment de lge des
militants et responsables, peu familiariss avec la culture Web et parfois rticents lide de
laisser une trace visuelle sur un instrument priori peru comme un danger pour la protection
des liberts. Mais cette attitude ne semble pas majoritaire. Des projets sont alors voqus, tels
que, outre la mise en ligne, la production et la prsentation dun mur dimages notamment
lors de la ngociation de la convention lONU.
Chaque commission dispose dun coordinateur ; ce dernier est le chef de projet qui canalise
les nergies et les investissements, rpartit le travail, souvent dans lurgence et un certain
dsordre (pas dhoraire fixe, objectifs trs variables, comptences floues, possibilits de
reconnaissances symboliques et incertaines). Dans le cadre de la commission Armes, le
coordinateur apparat comme le leader ou chef de projet, seul capable davoir une vision
densemble des travaux, du fait notamment de la dure de son implication ; cette dernire lui
donne le loisir de connatre au mieux lorganisation non plus oprationnelle, mais
administrative, soit la partie la fois salarie (logistique, planification) et dcisionnaire
(Bureau Excutif, direction administrative). Le chef de projet communique ainsi avec
lorganisation et aussi avec lextrieur pour ce qui est des comptences de sa commission. Il
faut souligner le caractre mergent et alatoire des dmarches, dpendant des interactions
entre coordinateur et bnvoles selon disponibilit (lobbying lAssemble, stands lors de
manifestations,), mais aussi des relations internes, relations entre le coordinateur et
ladministration. Ainsi, nombre dmarches inities auxquelles les bnvoles consacrent du
temps chouent-elles in fine, du fait des dcisions prises par la direction, se rservant un droit
sans appel darrt de tout projet ; la ractivit peut ainsi tre stoppe nette. Sur ce plan, le
modle dcisionnel de la poubelle semble pertinent. Les tensions sont nombreuses dans le
cadre de la Commission Armes, transferts et usages entre la commission et
ladministration du sige AMNESTY Section franaise -, les raisons de ladversit
remontant plusieurs annes.
Au niveau national et international, une organisation en partie professionnelle
AMNESTY est une organisation relativement centralise : ainsi, tout document et toute
recherche doit-elle tre approuve par le Secrtariat International bas Londres qui
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monopolise la direction des tudes ; ainsi, les chercheurs Afrique bass en France dpendent-
ils directement du SI Londres. Les tudes et recherche qui orientent les dcisions du Bureau
Excutif national sont pralablement avalises par le SI et en fonction de ces rsultats, le BE
national peut prendre des dcisions aprs consultation des membres condition que ces
dcisions sorientent dans la stratgie internationale dfinie pour le pays en question. Dans un
tel cadre, les sections nationales sont encourages recenser et analyser les violations des
droits humains dans leurs tats. Le CEI choisit titre dessai des sections pour f aire raliser
ou raliser des recherches. Le CEI pourra gnraliser ces pratiques aprs essai.
Au niveau national, le BE est compos de 7 personnes dont une prsidente, deux vice-
prsidents dont un la communication, un laction rgionale et thmatique, un trsorier, un
charg daction sur la France, un de lAction rgionale thmatique, un du militantisme. Quant
la part hirarchique et administrative de AMNESTY, voici son organigramme pour 2004 : la
directrice est Lili-Anna Peresa, encadre par une direction-adjointe soccupant des finances.
La premire dirige plus particulirement les relations extrieures (RELEX), et quatre ples,
soit laction rgionale, laction sur la France, les mdias et la communication, la vie militante.
La planification nest pas une activit rpertorie comme telle, signe de la qualification des
centres oprationnels (commissions). La hirarchie nest pas trs toffe et ces ples
correspondent des centres daction plutt proches de la logistique (organisation, marketing,
communication, etc.). Ces caractristiques spcifient les organisations professionnelles 2. La
prise de dcision correspond au modle, tant les possibilits de tensions et conflits sont
nombreuses, tant encore, larbitrage est sans cesse ngoci. Ainsi, courant dcembre, de la
difficile harmonisation entre commissions Armes et commission pays Soudan propos du
Darfour. La commission Armes souhaitait une raction par communiqu de presse, qui
naboutit pas, la commission Soudan souhaitant prendre davantage le temps de lanalyse. Au
fil de telles controverses en loccasion tranche par la prsidente de AMNESTY - Section
franaise -, des lignes sinon de division, de conflits, plus durables sopposent concernant la
posture de lorganisation ; faut-il sopposer frontalement au besoin la politique trangres
franaise au nom dune conception urgentiste et intransigeante des droits humains ou faut-il
intgrer dans les positionnements de lorganisation humanitaire, les proccupations de la
politique trangre et si oui comment et jusquo ? Ces dbats qui dpassent et de loin
2 Elle repose sur des centres oprationnels relativement autonomes dont le travail est fortement planificateur et analyste, si bien que lunit gnrale en la matire est peu dveloppe. Reste un centre logistique dvelopp, alors que hirarchie et centre administratif le sont galement peu. Lune des recettes de la faible standardisation et de la grande autonomie de la base oprationnelle rside dans une formation trs standard et pousse des acteurs de ce niveau (expert) ; daprs [Mintzberg H., 2004]
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AMNESTY et concernent larticulation entre ONG et politique, sont rpercuts au sein de la
commission armes, mais trs attnus.
Les centres oprationnels que sont les commissions ne sont pas suffisamment corporatistes,
scelles par une formation longue et homogne pour conclure globalement lorganisation
professionnelle ; chaque commission constitue comme nonc plutt des organisations
innovatrices 3, mais la tendance au contrle par ladministration du sige crot selon les
tmoignages recueillis dans le cadre de la commission Armes, usages et transferts ,
certaines initiatives tant souvent rejetes ou soumises au contrle vtilleux des salaris.
Larticulation entre les deux se fait au coup par coup directement par la direction, signe dune
ligne hirarchique trs faible. Il faut noter la collaboration rendue ncessaire entre
ladministratif et les commissions ; ainsi par exemple de la dfinition du rle du RELEX ,
charg des relations avec personnalits politiques, administratives extrieures. Ce dernier
encadre la communication externe de la Commission Armes, soit son lobbying auprs de
lexcutif voire des parlementaires. Les commissions, qui prparent les lments de fond, les
courriers, participent aux RDV. La prsidente signe les courriers et participe de prs aux
relations extrieures ds lors que le Ministre des Affaires Etrangres et llyse ou toute
administration ou personnalit de premier rang sont les interlocuteurs privilgis. De plus en
plus comme mentionne, ladministration tend superviser lenvoi de tout courrier, voire
toute initiative rsonance externe.
La campagne Armes : un march hors de contrle
Ce type organisationnel donne laction militante une tournure spcifique, oscillant entre
innovation et procdure. Il sagit ci-dessous de prendre en compte lactivit spcifique de la
commission Armes, usages et transferts pendant un an dans le cadre de la campagne
internationale : Armes, un march hors de contrle , soit partir de lautomne 2004, an
deux de la campagne lance pour rguler le transfert darmes. Quels sont les canaux de
communication du message ? Quels sont les vecteurs de mobilisation ? Quels sont, outre la
mobilisation et linformation, les objectifs de la campagne ? Telles sont les questions
auxquelles il est propos de rpondre ci-dessous. 3 Ce type de configuration atteint le plus haut degr de son efficacit en devenant inefficace . Lorganisation innovatrice manque en apparence de structure : elle est comparable une adhocratie fluide, organique, dcentralisation limite. La pluridisciplinarit y est la norme, si bien que la division fonctionnelle ny est pas reprable. Telle est la condition de linnovation. Lorganigramme nest pas identifiable. Linformalit est la rgle. Ibid.
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En dehors de la communication externe ou du lobbying dont est observ quelle ne cde en
rien lamateurisme mais utilise les moyens du marketing contemporain [Decaudin J.-M.,
2003], lanalyse intgre galement les cibles du lobbying retenues en France et ltranger
pour augmenter les soutiens au TICA. Ainsi, AI Section franaise-, mais aussi une
plateforme dONG rallie la cause, nouent des contacts auprs des leaders politiques au
Parlement, mais encore au sein de lExcutif (Ministre des Affaires trangres et de la
Dfense nationale, enfin llyse), ou encore auprs dorganisations consultatives
(Commission Nationale Consultative aux Droits de lHomme, Haut Commissariat la
Coopration Internationale). Lintrt est de noter que le fonctionnement en rseau rappelant
la structure de la gouvernance, le cheminement des actions et dcisions demeurant alatoire,
incertain, en interne (au sein de la plateforme), comme en externe (chos auprs des
partenaires/adversaires). Il est aussi de rapprocher les tactiques de la position occupe dans le
jeu ; ainsi, les associations ont-elles pour objectifs de harceler les dcideurs publics sur la
question, en sensibilisant lopinion publique, organisant les pressions symboliques possibles
(cartes ptitions photos ou cartes ptitions-lettres, etc.), ou encore en affichant des
positionnements exigeants lors des discussions afin dobtenir le maximum.
Communication et mobilisation
Demble, lobjectif est dtermin par la secrtaire gnrale de AI (I. Khan), lanant
lopration un million de visages. Plusieurs actions sont dtermines comme une prsence au
Fond Social Europen, un jumelage avec la campagne femmes Ci-dessous, dans cette note
interne la commission Armes, figurent les objectifs principaux :
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La communication interne passe comme nonc plus haut, non seulement par les contacts
informels entre relais (sous-groupe) et segment (sige) 4 et au sein de la commission, par la
publication rgulire (mensuelle) dune circulaire faisant le point sur lavancement de la
campagne, mais aussi diffusant de linformation sur la rgulation des transferts darmes et au-
del le commerce. Au sujet des vecteurs de communication externe, un rapport intitul Vie
brise ralis par le SI permet de poser les dfinitions, le contexte et les enjeux, ainsi que les
objectifs de la campagne. Ce document en couleur, dune centaine de page, illustr, facile
consulter est distribu ds quune action de lobbying est tente (ex. contact en face face avec
des parlementaires en 12/2004 lAssemble lors dun colloque sur la libert de la presse). Le
document sert aussi informer les bnvoles lors de leur arrive ; il est donc relativement
incontournable. Ultrieurement, un autre document liant campagne sur le contrle des armes
et campagne en faveur des femmes, intitul Armes feu : les femmes en danger, paru au
printemps 2005 fait lobjet dun traitement comparable, servant de support au lobbying men.
Le lancement mdiatique de ce rapport est opr notamment via des interviews auprs de
TV5, KTO, Radio France, etc... Lapproche en 2005 par rapport lanne prcdente tend
faire travailler ensemble les Commission femmes et Armes, usages, transferts .
En terme daffiche, ds les premiers temps, une image symbole revient, celle dun enfant
noir portant un ballon de foot cribl de balles, avec en fond, un mur lui aussi transperc par
les impacts. Le logo en rouge et blanc non francis impose un reprage facile de la campagne
ainsi intitule control arms . Tout autant que le site Internet spcifique,
www.controlarms.org, ces moyens sont mis disposition par le SI. Un second type de support
est ainsi utilis, le Web : de petites cartes sont distribues un maximum de personnes (et
notamment dans les coles) qui peuvent ainsi envoyer leur photo et leur autorisation, afin que
cette dernire soit affiche sur Internet (adresse prcite) constituant un mur dimage virtuel,
symbolisant la lutte en faveur de ladoption du TICA. Cette action, planifie pour 2006
(runion ONU), pourrait recevoir un support matriel (un mur dimages) dont un driv
existe dj, soit une seconde affiche support de la campagne en 2004-2005, o visages de
stars et danonymes se mlangent, prenant la posture requise (en fait non seulement le visage
mais aussi la main imitant un canon de pistolet ligatur linstar dune sculpture installe
NY au sige de lONU). En France, cette affiche a pour emblme L. Thuram. Elle sert lors 4 Les thoriciens de la sociologie de laction organise insistent sur la double face des relais, la fois reprsentants de leur secteur (ngociant auprs de lorganisation lobtention de ressources) et de lorganisation auprs de ce dernier. Le raisonnement est rversible et sapplique donc aux segments organisationnels. La ngociation des frontires et donc de ressources, constitue des tests dintgration culturelle de lorganisation. ce titre, les rseaux de relais/segments apparaissent comme de vritables traducteurs et gnrent des investissements de forme ce concept est emprunt [Friedberg E., 1993]
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des oprations de communication externe en 2005. Le SI de AMNESTY veut orienter de plus
en plus vers des actions qui ne se limitent pas la ptition sauf dans le cas de la ptition
photos, nouveau vecteur, devant atteindre un million de participants dici 2006.
Rgulirement, la circulaire de la commission fait le point sur le nombre de signatures
(240900 signatures en France mi-2005).
Il faut noter la mobilisation au coup par coup (vnements), des bnvoles qui arms
dappareils numriques se promnent en province et Paris se joignant notamment dautres
manifestations (exemple au sujet de la Tchtchnie en 10/2004 ou concert de R. Charlebois en
mai 2005) pour recueillir le nombre maximum de photos. Ainsi, une certaine comptition
entre sections nationales et entre commissions, survient quant aux rsultats en matire de
recueil de ptitions, manifestant le degr de mobilisation. Des dbats sont organiss, des
sances de dessin qui sont autant doccasions de dlivrer le sens de la campagne des groupes
dopinion. Des projections de films sont prvues suivies de dbats (Bowling for Columbine,
La cit de Dieu,). La commission MSP participe en dec. 2003 la Confrence de Dublin,
puis en septembre 2004 la Confrence de la Haye, en nov. 2004 au FSE Londres. En 2005,
le calendrier organise des manifestations telles que le Gala de AMNESTY. Le Forum social
du Brsil est utilis, lenvoi du coordinateur B. Muracciole tant utilis, non sans dbat, par
lorganisation pour installer affiches et systmatiser et internationaliser la campagne photos ;
loccasion est trouve pour impliquer les VIP prsents. Le football est utilis comme vecteur
lavenir, notamment auprs des jeunes, ce sport tant trs populaire dans les milieux touchs
par la dissmination de la violence arme, notamment en Amrique du sud. Ds mai 2005 en
France, lentranement des joueurs dans les clubs de Ligue 1 se fait en portant le maillot
contrlez les armes . Au niveau local, les sous-groupes manifestent leur crativit :
bus mobiliss pour le recueil de signatures, cimetire fictif mis en scne, mmorial,
randonnes, concerts, soires thtrales, etc Pour ce faire, la commission nationale envoie
des recommandations prcises en matire de lobbying. La thtralisation de laction en
province prolonge la campagne : une manifestation une ville entire allonge par terre
devait intervenir Bgles, pour montrer le nombre de morts en RDC. Les antennes jeunes
sont actives pour manifester leur dynamisme et crativit (dans les coles, universits,).
Ainsi, chaque sous-groupe dans le cadre de la campagne contrle des armes, est-il invit
engager un lobbying auprs des mdias locaux.
Outre cette mobilisation de terrain, il est clair que la campagne doit toucher le maximum
les lites ; les supports stars sont viss, leur notorit faisant boule de neige, dune part auprs
de la constellation, dautre part auprs du grand public. Ainsi laffichage de stars vaut produit
-
dappel, y compris auprs de dirigeants (hommes politiques), qui peuvent y trouver moyen
sympathique de jouxter sur des affiches ou lors de manifestations des figures du sport, de
la varit, du cinma et thtre, apprcis du public. La campagne remporte au bout dun an
sur ce plan un succs certain. A cet gard, tout autant que linvestissement de stars, un match
de foot est prvu en Afrique du sud en 2004, offrant ainsi une arne mondiale la campagne.
Lorganisation du Gala 2005 donne loccasion, via une sous-traitance dorganiser un
vnement relativement mdiatique, avec linvitation de centaines de personnalits afin
dattirer lattention des mdias la fois sur la cause, mais aussi sur les bonnes
frquentations ainsi symboliquement (fugacement ?) rallies. La communication
vnementielle mobilise plusieurs mois lavance la salarie AMNESTY charge du suivi
des commissions Armes et Femmes (E. Kohl), le coordonnateur de la commission, enfin les
bnvoles : ainsi des chargs de communication interne et externe, chargs des invitations
(envoi), opration prosaque impliquant des travaux de relance tlphonique, etc Certains
participent aussi la logistique peu avant lvnement survenant le 5 fvrier 2005.
Est ainsi entendue la professionnalisation de la communication engage au sujet de la
campagne Armes, une march hors de contrle , dans la mesure o mdia planning
diversifi (supports distincts, mdiatisation variable, recours lvnementiel, etc.) jalonne la
communication externe entreprise pour sensibiliser les opinions publiques. La nature hybride
de lorganisation mi-professionnelle, mi-bnvole, sert la souplesse et accrot le taux de
pntration de la campagne vise citoyenne.
Lobbying litaire en vu adoption du TICA
Outre le facteur symbolique, comptent le contact et la fidlisation de personnalits
politiques et de la haute fonction publique dans un travail de lobbying. Sur ce plan, le leader
de la commission possde le carnet dadresse. Plusieurs bnvoles chargs de la
communication externe laident au sein de la commission. Ds fin 2003, chaque sous-groupe
rgional a t incit envoyer un courrier pour demander aux parlementaires quils fassent
pression pour limiter les conditions du transfert darmes. Un modle de lettre prpar par la
commission est propos. Rgulirement, la circulaire de la commission fait le point sur le
nombre de parlementaires soutenant (14 en juin 2005) et sur les dmarches engages auprs
des politiques (15 supplmentaires). En fait au bout de un an, les dputs ont t contacts
dont un nombre limit semble engag au-del de la simple question crite au ministre. Ainsi
-
F. Hollande voque un groupe pilote pour tudier les moyens lgislatifs de lutter contre le
trafic darmes ; lobjectif du groupe est de saccorder sur un texte ensuite remis au Prsident
de la Rpublique afin que la France sengage en faveur de la signature. Mais encore, F.
Loncle promet une runion informelle lAssemble, alors quenfin, un petit nombre a
envoy sa photo, soulignant ainsi sa sympathie par rapport laction mene. En fait, au regard
de ces rsultats est dcid par la commission, un second envoi (relance lhiver 2005), pour
provoquer la runion de travail avec un comit restreint de parlementaires. Cette runion a
lieu lassemble, la prsence de plusieurs assistants dune part, de quelques dputs (dont
MM. Boucheron et Blum) dautre part, permettant denvisager la cration dun suivi rgulier
de la question. Un second courrier de rappel visant les membres des commissions Dfense et
Affaires trangres de lAssemble et du Snat a lieu au printemps 2005. Il sagit de mobiliser
plus intensment les parlementaires afin de faire pression sur lexcutif et particulirement la
prsidence en les incitant inscrire lenjeu sur leur agenda, mais aussi plus long terme,
intensifier la veille sur les transferts darmes au vu de critres relatifs aux DESC. La
complexit du travail en rseau est notable ; en effet, Nol 2005, la plateforme dONG 5
cense engager la ngociation avec les parlementaires sur la question tarde saccorder sur
une stratgie commune, si bien que AMNESTY dcide de pousser le fer en solo sur la
question de la runion pilote avec les parlementaires. La dmarche en rseau freine, chaque
lettre tant soumise dbat, biffe, annote, nouveau ngocie, etc. Mais, cette mme
dmarche peut aussi permettre dlargir les soutiens. A partir du printemps 2005, le Secours
catholique investit aussi le Parlement et enrichit notamment sur la droite, le recueil
dventuels soutiens, AMNESTY Section franaise ayant des contacts au PC, au PS,
lUDF, mais sans tre inexistant, moindre lUMP.
Des runions se tiennent avec certains hauts fonctionnaires, au MAE particulirement (M.
Maillard, F. Dor - charg des commerces et industries sensibles). Les associations souhaitent
la nomination dun ambassadeur sur la question du transfert des armes auprs de lONU, un
mdiateur supprim depuis 1998 (fin du mandat de P. Charasse). Les entretiens sont
loccasion de faire crotre le rseau relationnel institutionnel et ainsi daugmenter les
contacts : ainsi, lors du RDV avec M. Dor, les associations sont mises en relation avec Me
Dubois (aux affaires conomiques auprs de M. Maillard), Me. Paradas (ss. dir. Affaires
stratgiques) AI note le manque de moyens du MAE sur la question de lutte contre le
transfert incontrl des armes et la stagnation au Snat, dune proposition de loi non reprise
5 (AMNESTY, AGIR ICI, SC/CARITAS, PAX CRISTI, MDM, JUSTICE ET PAIX, FOI ET JUSTICE)
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en compte. Au printemps 2005, les positions internes ladministration des Affaires
trangres semblent sharmoniser en faveur dun engagement de la France, puisque les
divergences apparues entre les directions conomiques (favorables) et dsarmement (en
retrait) diminueraient. Dautres contacts ont lieu avec le Ministre de la Dfense (tat major,
contrleur gnral des armes). la DGA, une runion a par exemple lieu avec le Gnral
Rossignol (12/1/2005). Une position de la France devrait tre dgage sur la question. Le 25
mai 2005, lors dune runion lInstitut de Recherche International et Stratgique, un
reprsentant du Secrtariat Gnral la Dfense Nationale dclare que la France soutient
toute initiative en faveur du contrle des armes
Un RDV avec le HCCI (J.-M. Hatton) est selon les participants de la plateforme la
runion, dcevant, dautant plus que les ONG nourrissaient des espoirs. Le HCCI est charg
par le MAE dun avis sur lincidence de la dissmination des armes lgres sur le
dveloppement humain Les ONG insistent sur la prise en compte des indicateurs humains
et sur la prise en compte de la campagne TICA ; mais le HCCI adopte une interprtation
stricte de son objet dinvestigation limitant aux effets des trafics illicites darmes lgres,
refusant dlargir au trait. Il est intressant de noter que lorsque le HCCI veut engager un
consultant pour raliser une mission de terrain avec remise du rapport en juin ; les ONG
refusent initialement et concluent une volont d instrumentalisation . Les ONG de la
plateforme envisagent de continuer la ngociation si le HCCI accepte de sautosaisir de la
question de la prparation de la biennale. Sous la controverse, se cache lenvie concrte du
HCCI dtudier le cas de la dstabilisation des tats d Afrique subsaharienne ds lors
notamment que 10 000 ALPC sont importes. Lide est avant tout oprationnelle. Le MAE
estime cependant ncessaire douvrir la rflexion aux stocks et aux trafics transfrontaliers, et
de ne pas se limiter la problmatique dusage Dsarmement, Dmobilisation, Insertion. Les
ONG veulent en adoptant une acception large de la mission, souligner les transferts illicites ne
sont pas les seuls indicateurs du problme, ne reprsentant que 20 % des ventes. Partant de
zro, les ONG adoptent la proposition la plus dure en refusant de suivre la saisine si ses
termes nintgrent pas le commerce licite. Rapidement cependant, il est dcid lembauche
dune universitaire, C. Tha, consultante, engageant un travail de systmatisation de la
rglementation, mais aussi ralisant des enqutes de terrain partir de contacts mis
disposition par les ONG, de sorte que ces dernires demeurent en amont. Elles se rservent le
droit dtre en dsaccord avec les recommandations de la consultante. Laccord est
subordonn linclusion dans lexpos des motifs de lavis du HCCI incluant les
propositions, de considrations plus larges sur les ncessaires rgulations par le droit. Les
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membres de la ngociation avec le HCCI, Ch. Josselin tant le politique facilitant lmergence
de laccord, notent mi-fvrier 2005, lvolution favorable de cette dernire. Il convient aussi
de noter la reprsentation de la plateforme auprs de la CNCDH fin mai 2005, plaidant ainsi
pour ladoption du TICA. Lune des membres de la commission Armes, transferts et
usages , S. Lorthois, rdige lavis de la CNCDH, vot le 23 juin 2005. La reconnaissance
obtenue ce niveau consultatif est donc une performance pour AMNESTY
INTERNATIONAL Section franaise .
La stratgie des associations et particulirement de AMNESTY en pointe sur lenjeu, est
de toucher la tte et dobtenir une reconnaissance prsidentielle et excutive, tant pour
lorganisation entendu que la politique trangre efficace et prioritaire ressort du chef de
lEtat. AMNESTY envoie une lettre au chef de ltat cosigne et mise dlibration des
autres associations ; puis est propose lopinion, une carte-lettre, mise en ligne sur le site
destination de la prsidence pour faire pression afin que la France sengage soutenir
fermement le TICA. Une runion a lieu llyse avec L. Vigier ; cette runion joint
plusieurs associations (SC/CARITAS, AMNESTY, AGIR ICI). Le charg de mission
llyse commande une expertise juridique de la proposition TICA. Lexpert souligne les
difficults de mise en uvre probable et les questions darticulation avec les ALPC. Selon le
charg de mission, les ministres doivent aussi donner leur avis. La rencontre avec le
Prsident nest pas envisageable avant quun tel processus naboutisse. Le sherpa, M.
Gourdault-Montagne rencontre les associations avant le G8 le 12 avril 2005 ; ces dernires
profitent de loccasion pour voquer le TICA. Lors de la runion qui inclut galement le
sherpa britannique, la GB se montre trs ouverte cette ide, la France privilgiant le code de
bonne conduite international avant tout Trait... Courant juin, le Prsident franais dclare
publiquement deux reprises soutenir la dmarche engage par les britanniques, et cite le
TICA (20/5/2005). Il convient cependant de noter quen matire de dveloppement, lAfrique
est au centre des proccupations du G8.
Le lobbying international est vis non seulement auprs de lONU, mais aussi auprs des
organisations rgionales. Lorganisation des tats Amricains se prononce pour ladoption
dun texte international limitant le commerce des armes au nom de principes humanitaires et
des droits humains au printemps 2004 avec mention du terrorisme. Une action comparable est
mene auprs du PE, bien relaye par les dputs Verts qui dposent une dclaration cense
devenir une proposition du PE (313 signatures requises avant renouvellement du PE en 2004).
Lopration choue (150 signatures). Par ailleurs les contacts sont entretenus avec lUnion,
une relance de la dmarche survenant chaque changement de prsidence. Des changes sont
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entretenus avec le COARM (groupe du Conseil sur les transferts darmement) ; le 30/09/2004,
une runion a pour objet la modification du code de conduite europens sur les transferts,
confrence laquelle participent les ONG mobilises dont AMNESTY. Au printemps 2004,
la requte de AMNESTY est douvrir la ngociation de la modification du Code europen de
bonne conduite aux ONG (Cdc), industries de la dfense, etc. Cette association remarque la
position franaise lui semblant en retrait par rapport aux autres sur les amliorations
apporter au code de conduite. Mais un an plus tard, les travaux avancent peu. Ainsi, dans une
note, la plateforme franaise, en concertation avec la plateforme europenne, s'inquite
du peu de prise en compte des recommandations des ONG dans l'amlioration significative du
Code de Conduite de l'UE. Ce malgr les confrences de Dublin, en dcembre 2003, et de La
Haye, en septembre 2004, qui avaient t l'occasion, pour les ONG europennes, de faire part
de leurs critiques et propositionsLe CdC et son application laissent grandement dsirer...
Concernant les volutions du Code [il faut] promouvoir l'adoption du TICA et uvrer dans
ce sens afin de soutenir l'laboration d'une version renforce du CdC. Promouvoir une
interdiction internationale qui porterait sur la fabrication, la commercialisation, les activits
de courtage et le transfert de matriel pouvant aisment tre utilis pour la torture, les mauvais
traitements et la peine capitale. tendre l'application extraterritoriale des lois europennes sur
le courtage, le transport et le financement des armements, et rglementer en bonne et due
forme les excdents d'armes. Adopter une action europenne conjointe afin de contrler
efficacement la production dans des pays tiers d'armes sous licence europenne, ainsi que les
exportations des composants et des technologies utilisables des fins tant civiles que
militaires, notamment les quipements de surveillance et de communication, qui peuvent
contribuer aux violations des droits humains. Introduire, par le biais d'une action europenne
conjointe, l'obligation lgale pour les tats de respecter le droit international humanitaire et
relatif aux droits humains, ainsi que de prendre en compte la question du dveloppement
durable dans tous les programmes europens d'aide dans les domaines militaire, de scurit et
de police, destins des pays tiers . Adopter des lois compatibles avec ces normes
internationales auxquelles devront se conformer toutes les entreprises de l'Union proposant de
fournir un savoir-faire et une formation dans ce domaine, et mettre en place des dispositions
interdisant aux citoyens et rsidents europens de pratiquer le mercenariat 6.
Un objectif intermdiaire est de pousser les tats participer la confrence internationale
(biennale) sur le commerce des armes prvue pour juillet 2006 avec lobjectif dlargir lenjeu
6 Note interne AMNESTY INTERNATIONAL Section franaise -, fev. 2005.
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au contrle du commerce des armes. Lide est donc linscription du trait lordre du jour de
la Confrence de rvision de 2006 (nouvelles ngociations du programme des NU sur les
armes lgres). Pour 2005, la prsidence de la commission des Nations Unies, en la personne
de l'Ambassadeur De Alba du Mexique, a donn au directeur de IANSA une invitation sans
prcdent de participer aux discussions en matire de matrise des armements lgers 7 et de
participer aux discussions du groupe d'experts de la table ronde. Le groupe de travail des
Nations Unies sur le marquage et le traage des ALPC se runit la fin du mois de juin 2005.
Le prsident de la runion biennale des tats demande expressment aux tats dinclure des
membres des ONG dans leurs dlgations et les soutenir financirement pour leurs actions
en faveur de la rduction de la prolifration et mauvais usages des ALPC. En juillet 2006, la
runion biennale des tats sur le Programme des Nations unies sur les armes lgres doit
permettre aux tats de faire un bilan de leurs actions ; le SI de AMNESTY envisage dors et
dj une mobilisation devant limmeuble de lONU par le recours au thtre de rue, via
notamment une prestation du Cirque du soleil.
En avril 2005, 30 tats dont la 15 plus particulirement incluant la GB sengagent
fermement en faveur du projet de Trait (Brsil, Cambodge, Costa-Rica, Finlande, Irlande,
Islande, Kenya, Mali, Mexique, Nouvelle-Zlande, Pays-Bas, Tanzanie, ). Le lobbying
auprs des administrations et politiques, doit dboucher sur des soutiens aux campagnes
locales de dsarmement (RDC, Cte dIvoire, Congo Brazzaville,) 8. Un lobbying auprs
des grands donateurs est prvu (AFD, ambassades, UNESCO, Conseil de lEurope,
Francophonie). Des contacts avec les entreprises darmement devraient tre tents
(Eurosatory). Plus largement des contacts avec les entreprises sont assurs ; en France, EADS
est sensibilise via une runion prvue le 4 juillet 2005. Des runions internationales scandent
la monte en puissance de la campagne, comme celle organise en Finlande en fvrier 2005
ou en Tanzanie Les tats dj engags servent de relais pour convaincre les autres, alors
que les responsables des commissions Armes, usages et transferts du monde entier se
runissent Nairobi en juillet 2005. Sur le plan international encore, une tentative des ONG
est, compte tenu de lorganisation dun G8 en Ecosse en 07/2005, et du positionnement de la
GB, dinciter les tats les plus riches encourager la lutte contre les transferts darmes
incontrls, voire sengagent soutenir le TICA.
7 En janvier 2005 le Conseil de scurit des Nations Unies tient un dbat ouvert sur les armes de petit calibre. 8 Sur le fond, la section franaise, commission Armes, participe notamment une mission de recherche en RDC et la rdaction dun rapport sur les livraisons darmes dans la rgion des grands lacs. Un rapport sur les consquences sur les femmes de la prolifration des armes lgres est planifi. Sur le plan de la recherche, lIRIS est contact ; des runions sont organises.
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En multipliant les angles dattaque (opinion publique, parlementaires, excutif, tats,
ONU,), en multipliant les scnes de ngociations (code de conduite europen, runion
biennale sur les armes lgres, runion en Tanzanie, G8,), la plateforme notamment
franaise et AI France en particulier, tentent de faire progresser la prise de conscience de
lenjeu et les modalits dinscription sur lagenda dune part, la rsolution juridique du
problme dautre part. Le risque est celui de la dilution, mais il correspond bien la technique
de harclement qui sied tout acteur en position de faiblesse. Le peu de visibilit du problme
(enjeu non prioritaire, peu de sensibilisation du public), limportance de ladversaire (les
industries darmement, les politiques ralistes des gouvernants), la complexit juridique du
droit international et son effet contraignant trs relatif, composent la situation de faiblesse pr-
mentionne. Ltude empirique traduit le caractre polyarchique et rticulaire de laction
stratgique des ONG et particulirement de AMNESTY INTERNATIONAL Section
franaise -, et le caractre alatoire de leur intgration aux circuits de la dcision en matire de
ngociations internationales. Pour autant, cet exemple incite penser que mobilisation de
lopinion, harclement des dcideurs et ralisme doctrinal, permettent progressivement aux
organisations de la socit civile davoir accs la scne de discussion des normes
internationales.
Bibliographie sommaire Aledo (Louis-Antoine), Le droit international public, Paris, Dalloz, 2005 Badie (Betrand)., La diplomatie des droits de lhomme, Paris, Fayard, 2003 Badie (Bertrand), Smouts (Marie-Claude) Le retournement du monde, Paris, Presses de Sc Po, 2004 Berghezan (Georges), Trafics darmes vers lAfrique, Paris, GRIP- Editions Complexe, 2002 Charillon (Frdric) Politique trangre, nouveaux regards, Paris, Presses de Sc Po, 2002 Collectif, Les ONG face aux mouvements altermondialistes , RFSP, n 3, vol. 54, 06/2004 Collectif, Les relations internationales illicites, Revue internationale et stratgique, n 43, t 2001 Collectif, Une socit civile internationale ? , Critique internationale, n 13, oct. 2001 Decaudin (Jean-Marc), La communication marketing, Paris, Economica, 2003 La Chronique mensuel dAmnesty Internationl - Favre (Pierre), Hayward (Jack), Schmeil (Yves), tre gouvern, Paris, Presses de Sciences Po, 2003 Friedberg (Erhad), Le Pouvoir et la rgle, Paris, Le Seuil, 1993 Hassner (Pierre), La terreur et lempire, Paris, Seuil, 2003 Laroche (Jospha), (ss. Dir.), Faire la paix, Paris, Chaos international, 2005 Mintzberg (Henry), Le management, Paris, Editions de lorganisation, 2004