ROGER WOODWARD CECIL TAYLOR - Festival d'Automne à Paris · Cecil Taylor - la différence...

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ROGER WOODWARD CECIL TAYLOR OEUVRES POUR PIANO IMPROVISATIONS OPERA-COMIQUE 7 et 8 OCTOBRE 1988 Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés

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  • ROGER WOODWARDCECIL TAYLOROEUVRES POUR PIANO

    IMPROVISATIONS

    OPERA-COMIQUE7 et 8 OCTOBRE 1988

    Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés

  • Photo

    Jean-Pierre LE

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  • VENDREDI 7 OCTOBREROGER WOODWARD, pianoJean Barraqué : Sonate pour piano (1950-1952)entr'acteCECIL TAYLOR, pianoImprovisations

    SAMEDI 8 OCTOBREROGER WOODWARD, pianoToru Takemitsu : For A Way (1973)Toru Takemitsu : Piano Distance (1961)lannis Xenakis : Mists (1980)Morton Feldman : Piano (1977)entr'acteCÉC/L TAYLOR, pianoImprovisations

    AIR FRANCE

    Une tournée de huit concerts Roger Woodward/Cecil Taylor s'est déroulée en novembre 1987 enAngleterre, à l'initiative d'Annette Moreau pour l'ArtsCouncil ContemporarY Music Network Tour.

    Roger WOODVVARD, australien, né à Sydney. Etudesavec Alexander Sverjensky. Bourse du gouvernementpolonais, études avec Zbigniew Drzewiecki. Grandinterprète de la musique d'aujourd'hui, il a créé"Kekrops " de lannis Xenakis avec le New YorkPhilharmonic et Zubin Mehta et prépare actuellement24 représentations de "Kraanerg " de lannis Xenakisà l'Opéra de Sydney.

    "Une belle histoire, en somme. Car cela en esttoujours une pour un compositeur que de découvriraux confins de sa nuit l'interprète qui a su donner uneconsistance à un rêve entrevu...La technique de Roger Woodward : la diversité desattaques, une registration des timbres, vibrato de lapédale conjugué au vibrato manuel, cantando, notesrépétées en écho, contrôle des nuances, une nouvelleconception du trille et du tremolando souvent à deuxmains, le jeu dans le double échappement commeune harpe etc.Sur le plan de l'interprétation je cite le souffle, laviolence, le lyrisme, la tendresse nocturne, un senscomplètement intégré du silence comme valeurstructurelle...".

    Jean Barraqué

    Cecil TAYLOR : Né à Long Island (USA) en 1933.Etudes de piano dès cinq ans. Premières prestationsmusicales en amateur vers 15 ans. Cours d'harmonieet de composition au New York College of Music.De 1951 à 1955, cours au New England Conservatory.(études de Bartok et Stravinsky). Dès 1958, il joue puisenregistre avec les autres musiciens de "free jazz",Albert Ayler, Archie Shepp, Sam Rivers, Bill DixonAlan Silva, Jimmy Lyons...

    "... Longtemps considéré comme l'héritier le pluspassionnant de Duke Ellington et Thelonious Monk,en particulier à cause de son parti pris évident dediscontinuité, de cette perpétuelle remise en questionque représente son discours, il est apparu dès 1 960comme un des principaux créateurs de l'avant-gardemusicale afro-américaine. Sur le piano, devenu pourlui instrument de percussion, il tente - en dépit d'unsoubassement tonal - des échappées atonales. Lechoix des notes n'étant pas fait en fonction de cesoubassement, chacune acquiert une valeur absoluedans le discours improvisé.

    La définition de son style devra passer par la réso-lution de contradictions liées à la diversité de sesgoûts. Progressant par bonds successifs, sa matu-ration musicale est indissociable d'une série deconflits, d'hésitations entre un mélange de simplicité,de vigueur et d'efficacité caractéristiques de l'artafro-américain et une sorte de sophistication plusproche -des conceptions européennes. Dès le débutde sa carrière, son oeuvre semble s'interroger quantà sa direction définitive : jazz ou musique moderne ?"

    Extraits de "FREE JAZZ BLACK POWER "de PhilippeCaries et Jean-louis Comolli.

    C'est en marchant que Cecil Taylor va à son piano -ou peut-être y court-il ? Il esquisse un petit pas dedanse, se ramasse comme la panthère qui va bondir,fend l'air de ses mains comme un karatéka et poseenfin les doigts sur le clavier. Les mouvementsd'échauffement qu'exécute Cecil Taylor font partieintégrante de son récital, au même titre que les sonsqu'il obtiendra de son instrument. Dès qu'on est enprésence d'un soliste, le silence qui précède lespremières notes est sinistre. Il y a comme un frémis-sement d'intention auquel le public, lui aussi, participe.Chacun choisit mentalement la sonorité qu'il souhaiteentendre comme élément inaugural, le défrichageprimat. C'est un simple accord, un motif unique quiétablira peut-être l'esprit et l'impact de tout le récital ;mais ce ne sera peut-être qu'un geste imperceptibledans la langue particulière que le musicien a décidéde construire à partir de son seul piano, ou l'espace,ou encore ce silence tellement signifiant. Les pre-mières sonorités qu'émet Ceci/ Taylor sont obscures,une harmonie dense de sombre connotation qu'ilassène dans le premier accord. Elles semblent sourdrede dessous la voûte de son petit corps tendu surmontéd'une raide couronne de dreadlocks.

    C'est devenu un cliché que de faire remarquer uncertain adoucissement chez Cecil, comme pourinsinuer que l'âge aurait eu raison de son intransi-geance, qu'il serait en somme devenu une personneplus calme, plus réfléchie. II n'est pas faux qu'on peuts'attendre à. découvrir des mélodies plus faciles et desmodes plus légers, presque allé gres, dans l'énormegrondement qui constitue toujours le coeur de samusique. Mais son style, avec la "tripe" et l'espècede franchise clairvoyante qui le caractérisent, nechange pas. Inébranlable, il continue de jouer sansfaire de concessions. Combien de temps dure unmorceau ? Dans J'univers de Ceci/ Taylor, le tempssemble n'avoir aucune importance. Les accordsmajeurs martelés, le dialogue entre les deux mains, letiraillement continuel entre les basses et les aigusdans les complaintes, les sursauts terpsichoréens,tout finit par prendre sa place dans le temps propre del'interprète. Au début de sa carrière, on l'accusait dene pas avoir de "swing ". Mais le sens du swing, dansson acception jazzistique, lui est tellement consubs-tantiel qu'il paraît déplacé de l'évoquer à son sujet.Le rythme est omniprésent dans sa musique, un rythmeample, lancinant et indénombrable, qui entoure et finitmême par enlacer l'auditeur. Le style pianistique deTaylor crée ses propres frontières. A la manière d'uneplanète bondée de bruissements qui ferait sa révo-lution avec une grâce laborieuse. C'est un universentier, capable de se fragmenter en îlots, en minus-cules criques de silence, mais dont on doit entendre lamasse géologique comme un tout.

    Il est inutile de prendre Cecil Taylor molécule parmolécule, seconde par seconde (même s'il est possiblede découvrir dans chaque seconde une force et unebeauté particulières). Il faut écouter un récital de Ceci/

    Taylor comme un fout, qu'il s'étende sur plus d'uneheure ou, comme pour ses bis, sur deux ou troisminutes. Même au terme d'une longue représentation,nous n'avons eu droit qu'à un coup d'oeil sur unpaysage immense. C'est toute une vie de création quivient de produire un nouveau bourgeon. toutrecommence dès qu'il se remet au clavier.

    Le style plein d'éloquence délicate de Roger Woodwardsemble être à l'opposé de celui de Cecil Taylor.Pourtant, les rares et intenses apparitions de Woodwardexigent au moins autant d'attention que les attaqueséclairs du pianiste américain. Son programme secompose de musique écrite par d'autres ;pas d'impro-visations. Il apporte cependant à cette musique savision, tout entière de concentration personnelle. Onsait qu'il n'a guère enregistré de disques : un récital endirect, même s'agissant de morceaux qu'il a étudiés etqu'il connaît dans les moindres détails, n'en devientpas moins une création spontanée d'une image depiano. Le terrain qu'il a choisi va de Takemitsu àXenakis, en passant par Morton Feldman : une gammes'étend donc d'un filigrane complexe et carillonnant,jusqu'au tonnerre qui fait tout chavirer. Les contrastesdynamiques sont aussi étendus que ceux où s'aventureCecil Taylor - la différence essentielle vient de lafréquence dans les changements de registre. Là oùl'univers sonique de Taylor est en état de flux perpétuel,de grondement continu, l'itinéraire de Woodwards'avère tout tracé, balisé. Il se fraie un passage difficiledans les tournants dangereux en s'aidant de toutes lessubtilités des pièces de Takemitsu - dont certaines ontété composées pour lui - et rend la puissante articu-lation de Xenakis avec une impitoyable précision. Etlorsqu'il interprète Morton Feldman, recemmentdisparu, le récital, conçu comme un hommage aumaître, devient un pieux requiem.

    Dans ces deux styles musicaux, venant de deuxhommes qui pourraient être issus de deux mondesdifférents, c'est le piano qui est l'agent unificateur. Il ya une certaine distance entre la gamme résonnante etcomme déferlante de Cecil Taylor aux réflexionslentement distillées de Roger Woodward. C'est en faitau piano que les deux hommes se rejoignent, cetinstrument que Taylor a défini une fois comme unorchestre de quatre-vingt huit tambours accordésdans les muscles de ses rythmes,' dans la chargepercussive de ses doigts, il subsume le jazz et recom-pose la musique comme une totalité kaléidoscopique.Tandis que dans les fines recherches et méditationsde Woodward, le piano se disloque à nouveau en sesquatre-vingt huit tores. C'est au portrait d'un instrumentprotéen que les deux hommes sont voués, un pianoqui a le pouvoir de se renouveler indéfiniment.

    Richard COOKWIRE Magazine(Londres, 1988)

    Traduction : Serge Grunberg

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