RIPOSTE SEFARADE N° 6

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L'antisémitisme dans le monde arabe et musulman.

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EDITO

Depuis l’intervention des forces militaires françaises dans le Sahel, on constate une multiplication des menaces terroristes sur la communauté juive de France.

Le BNVCA, le SPCJ, la LDJ ainsi que d’autres structures de la communauté sont inquiètes et « demandent instamment aux autorités françaises de déclarer l’état d’urgence afin de renforcer la loi et de prendre les mesures nécessaires pour écarter ce danger qui menace bel et bien tous les citoyens français – chrétiens, juifs et musulmans ».

Par ailleurs, différentes organisations juives ont alerté les autorités et demandé une meilleure protection des écoles, synagogues et centres communautaires. En effet, une plus grande vigilance s’impose en raison de la présence sur le territoire de multiples cellules islamo-fascistes qui n’hésitent plus à diffuser une propagande de haine anti-juive et à lancer des appels aux meurtres contre les juifs.

http://riposte.sefarade.over-blog.com

SOMMAIRE

LE PACTE D’OMAR

LE STATUT DE DHIMMI

UN ISLAM ANTIJUIF ?

L'ANTISEMITISME MUSULMAN

PROCES FOFANA

MOHAMED MERAH

L'ANTISEMITISME EST A LA HAUSSE EN EUROPE

LE NOUVEL ANTISEMITISME

MENACES SUR LA COMMUNAUTE JUIVE DE FRANCE

Les Manuels Scolaires Arabes

UN ISLAM D'EUROPE

LA HAINE DES JUIFS PROMUE PAR LA PRESSE ARABE

TAGUIEFF DECODE LA THEORIE DU COMPLOT

QU'EST-CE QUE L'ANTISEMITISME ARABE ?

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LE PACTE D’OMAR

Est-ce de l’époque des Omayades que date le statut des ‘dhimmis’, des protégés chrétiens et juifs, tel que les légistes musulmans le codifieront définitivement un ou deux siècles plus tard ? Ces légistes aimaient à se référer à des répondants antiques et vénérables, et attribuaient le statut en question au Calife Omar, deuxième successeur de Mahomet ; en réalité, il lui est certainement bien postérieur ; quoi qu'il en soit, voici les termes et les conditions, au nombre de douze, du célèbre « pacte d'Omar » :

Six conditions sont essentielles :Les dhimmis ne se serviront point du Coran par raillerie, ni n'en fausseront le texte,Ils ne parleront pas du Prophète en termes mensongers ou méprisants,Ni du culte de l'Islam avec irrévérence ou dérision,Ils ne toucheront pas une femme musulmane, ni ne chercheront à l'épouser,Ils ne tâcheront point de détourner un Musulman de la foi, ni ne tenteront rien contre ses biens ou sa vie,Ils ne secourront point l'ennemi, ni n'hébergeront d'espions.La transgression d'une seule de ces six conditions anéantit le traité et enlève aux dhimmis la protection des Musulmans.

Six autres conditions sont seulement souhaitables : leur violation est punissable d'amendes ou d'autres pénalités, mais n'anéantit pas le traité de protection :Les dhimmis porteront le ghiyar, un signe distinctif, ordinairement de couleur jaune pour les Juifs, de couleur bleue pour les Chrétiens,Ils ne bâtiront point de maisons plus hautes que celles des Musulmans,Ils ne feront pas entendre leurs cloches et ne liront point à haute voix leurs livres, ni ce qu'ils racontent d'Ezra et du Messie Jésus,Ils ne boiront pas de vin en public, ni ne montreront leurs croix et leurs pourceaux,Ils enseveliront leurs morts en silence, et ne feront point entendre leurs lamentations ou leurs cris de deuil,Ils ne se serviront point de chevaux, ni de race noble ni de race commune ; ils peuvent toutefois monter des mulets ou des ânes.A ces douze conditions, si révélatrices du mélange de mépris et de bienveillance qui caractérisait l'attitude des Musulmans envers les Infidèles, il faut en ajouter une treizième, absolument fondamentale : les dhimmis paieront tribut, sous deux formes différentes : le kharadj, impôt foncier, déjà mentionné, et la djizyia ou djaliya, capitation à acquitter par les hommes adultes, « portant la barbe ». De celle-là aussi, le célèbre légiste Mawerdi écrivait «qu'elle est demandée avec mépris, parce qu'il s'agit d'une rémunération due par les dhimmis en raison de leur infidélité, mais qu'elle est aussi demandée avec douceur, parce qu'il s'agit d'une rémunération provenant du quartier que nous leur avons fait ».De la sorte, une symbiose organique s'institue entre conquérants et conquis, qui, sauf exceptions passagères, a permis, tout le long du Moyen Age, l'existence de Chrétientés et de Juiveries paisibles et prospères dans toutes les régions de l'Imperium islamique.

Histoire de l’antisémitisme, Léon Poliakov ; Calmann LevyTome I ( pages 59, 60 et 61 )

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Le statut de dhimmi

Omar, calife de 634 à 644 est le premier à affronter des colonies importantes de chrétiens et de juifs à qui il décide d’accorder son hospitalité et sa protection. Cette décision s’exprime sous la forme d’un contrat indéfiniment reconduit, la dhimma, à condition que les bénéficiaires, les dhimmi respectent la domination

Un contrat sous domination

Le concept de dhimma qui s’applique aux juifs et aux chrétiens stipule un comportement desoumission envers les musulmans. Les dhimmi doivent respecter toute une série d’interdictions :ne pas porter d’arme, ne pas chevaucher un cheval, ne pas construire de nouveaux lieux de culte,ne pas élever la voix lors de cérémonies ou ne pas ressembler aux musulmans dans leurhabillement. Toutefois, les dhimmi conservent leurs droits internes et peuvent toujours avoirrecours à leurs tribunaux. Le droit de résidence des juifs n’était pas limité en principe mais il resteque le séjour dans les villes saintes leur étaient interdit. Certains juifs finissent donc par disparaîtrede la péninsule arabe à l’exception du Yémen.

Une étape supplémentaire est franchie lorsque les conquérants arabes s’enracinent dans leursconquêtes et que le contact avec les dhimmi devient permanent. Il leur est alors interdit deconstruire des maisons plus hautes que celles des musulmans, de prendre des noms et des titresarabes, d’étudier le Coran et de vendre du vin aux vrais croyants. Ils ne peuvent pas non plus fairepartie de la fonction publique, ce qui ne les empêche pas de conserver ou de conquérir,notamment en Egypte et en Espagne, une place importante dans la haute administration et plusparticulièrement dans les finances.

L’aggravation des restrictions

Le morcellement de l’Empire musulman et l’apparition de nouvelles élites ont des répercussionsau sein des communautés juives. Dans l’Egypte des Mamelouks du XIIIe et XIVe siècles, denouvelles règles aggravent le statut de dhimmi : les juifs doivent désormais porter comme leschrétiens une coiffe particulière, en l’occurrence jaune pour être plus aisément reconnus. En 1354,les juifs doivent également porter un anneau métallique distinctif dans les bains publics et lesfemmes s’envelopper d’un tissu de couleur pour sortir de leurs maisons.

Le principal tribut que doivent verser tous les dhimmi, en contrepartie de la protection et del’hostilité est la djizia. Il est sans doute payé en nature à l’origine mais est rapidement transforméen capitation, ce qui suffit à démontrer l’état de subjugation auquel était soumis celui qui étaitassujetti. Les persécutions des dhimmis sont rares au cours des premiers siècles de l’islam et cen’est qu’à partir des derniers siècles du Moyen-Age qu’un raidissement est noté. La dhimmitudefait partie de la vie quotidienne des pays arabes jusqu’à l’époque moderne. Les juifs semblent s’enêtre mieux accommodés que les chrétiens : ces derniers ont disparu de plus d’un pays où les juifsréussissent à se maintenir comme en Afrique du Nord.

http://www.akadem.org/medias/documents/6_dhimmi.pdf

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UN ISLAM ANTIJUIF ?Le monde arabe en particulier et le monde musulman en général, représente aujourd’hui l’un des foyers actifs principaux au monde de la diffusion de l’antisémitisme institutionnalisé et organisé à grande échelle. Des maisons d’édition considérées comme respectables, de nombreux journaux et des chaines de télévision et de radio, des sites Internet, tous s’affairant à la rédaction de messages antisémites des plus explicites, et leur diffusion à travers le monde arabe et musulman. L’Iran et la Syrie ont augmenté la diffusion de propagande antisémite comme composant de leur politique externe (en Iran, des administrations entières sont enrôlées dans cette mission, et en Syrie – les medias servent de caisse de résonance au régime). Leur but, représenter les Juifs comme Satan, un monstre assoiffé de sang, source du mal du monde, aspirant à contrôler le monde, tout en expropriant des Palestiniens de leur terres. Tout ceci, entre autres, par l’invention du mythe de la Shoah, ayant fait son chemin en vue de l’exécution de leur plan sans soulever aucune opposition de la part des nations du monde. C’est la raison pour laquelle la négation de la Shoah est très répandue dans le monde arabe et musulman. D’où provient cette profonde haine de la part du monde arabe et musulman envers les Juifs? Tout d’abord cette hostilité trouve clairement sa source dans le Coran et le Hadith (un recueil important d’affirmations attribuées à Mohammed le prophète de l’Israël). Les Juifs sont représentés dans ces livres comme haineux de la religion islamique, traitres, assassins de prophètes et un grand nombre d’autres qualificatifs négatifs. Entre autres, la guerre des Musulmans contre les Juifs est considérée comme une étape parmi les étapes du «jour du jugement» (à la fin des jours) après lequel l’Israël règnera. L’élément antijuif de la religion musulmane est extrêmement fort. Malheureusement, de nos jours, parmi les grands penseurs des courants centraux islamiques, aucune personnalité ne s’est distinguée, capable de laver les Juifs des accusations portées dans les textes saints musulmans comme ce fut le cas au moment où l’Eglise catholique déclara en 1965 lors du Nostra Aetate que les Juifs ne portaient pas la responsabilité de la crucifixion de Jésus.

Deuxièmement, cette haine a été attisée par le conflit israélo-arabe par l’intermédiaire d’une propagande antisémite exacerbée de la part de différents acteurs arabes: des groupes terroristes, des acteurs gouvernementaux ou de l’opposition, des groupes intellectuels ou des organisations professionnelles. Troisièmement, l’antisémitisme est porté par des vagues de discrimination et de frustration du monde arabe suivant leurs échecs de se sortir des crises répétées les affligeants, et ce, sur fond de l’implication d’Arabes et des Musulmans dans les attentats terroristes de par le monde (comme l’attentat des tours jumelles). Malheureusement nombreux sont ceux dans le monde arabe, sauf un petit groupe courageux, qui tentent d’accuser des acteurs externes des crises les affectant, au lieu d’avoir une vision intérieure afin de vérifier ce qui ne convient pas chez eux, et la façon dont il leur est possible de faire progresser leur société et leur économie au bénéfice de leur population dans leurs propres pays. Quels sont les buts recherchés par les prédicateurs antisémites dans le monde arabe et en Iran:Avant tout, nier la légitimité de l’existence de l’Etat d’Israël en le présentant comme Satan, un monstre et un soldat. A savoir, une démonisation et une déshumanisation de l’Etat d’Israël. Cette forme d’antisémitisme menée par l’Iran, le Hezbollah, les différents groupes terroristes palestiniens, a pour vue de nier toute humanité aux Juifs et d’ouvrir la voie à l’élimination de l’Etat d’Israël et le meurtre de ses citoyens dans des attentats terroristes. Avez-vous pensé une fois à la façon dont un terroristes palestinien est capable de massacrer de sang froid des civils israéliens, enfants et personnes âgées, femmes et hommes sans défense? Où trouvent-ils leur inspiration pour tuer des familles israéliennes? Il ne s’agit pas des mêmes attentats commis par les Kurdes en Turquie ou les Tamouls au Sri Lanka, étant des attentats ciblant principalement des objectifs militaires ou des4

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personnes de l’establishment ou du pouvoir. Un tel massacre contre les Juifs n’est possible qu’après un lavage de cerveau antisémite qui supprime aux Juifs tout semblant d’humanité, les transformant en Satan et en monstre permettant de verser son sang. Souvenez-vous, les nazis agissaient exactement de la même façon.De plus, la propagande antisémite est utilisée par certains milieux palestiniens et arabes comme levier pour la diabolisation d’Israël sur la scène régionale et internationale dans le but de l’obliger à des concessions politiques, à céder des territoires qu’elle détient sans que la partie arabe ne fasse de concession sur ses positions. Aux côtés de cette propagande, ces acteurs arabes utilisent le système des liens qu’ils entretiennent avec les radicaux de gauche à travers le monde afin d’attiser les esprits contre Israël, lui attribuant divers complots, ignorent le terrorisme meurtrier appliqué contre Israël ayant le droit de se défendre et le représentant comme un pays de l’Apartheid et promouvant des boycotts à son encontre. Le danger de l’antisémitisme dépasse de beaucoup les attentats perpétrés par les terroristes entrainés par cet antisémitisme. Il représente un réel danger pour l’état d’Israël et le peuple Juif car il effectue des lavages de cerveau de générations entières au sein de la population arabe et musulmane en empêchant une paix réelle entre les peuples. De plus, il augmente les chances de perpétuer le conflit israélo-arabe. De plus, la propagande antisémite arabe a depuis longtemps dépassé les frontières du Moyen Orient et s’est propagée par différents moyens auprès de la communauté musulmane dans le monde et en occident en particulier. Ainsi, des littératures antisémites en arabe en Grande Bretagne, des livres antisémites iraniens en Allemand, une série antisémite syrienne-Hezbollah à travers le monde par le biais de satellites, et des films antisémites iraniens en hollandais. Cette incitation de la population musulmane des pays occidentaux s’exprime par des attaques antisémites sur des citoyens Juifs de ces mêmes pays, et créent une sensation profonde de crainte au sein de la communauté juive en Diaspora. Le Forum de Coordination pour la Lutte contre l’Antisémitisme averti contre le danger de l’antisémitisme arabe et musulman, et appelle tous les Arabes et Musulmans à s’opposer et ne pas se taire, mais au contraire, à hausser la voix, condamner et agir pour le dialogue et la coexistence des Juifs et Musulmans à travers le monde. http://www.antisemitism.org.il/fra/L%E2%80%99antis%C3%A9mitisme%20dans%20le%20monde%20arabe%20et%20musulman

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L’antisémitisme musulman

L’origine de l’antisémitisme musulman remonte pratiquement à la naissance de l’Islam. Ce dernier se construit en grande partie en opposition au judaïsme et au christianisme. Très rapidement, dans l’émergence de l’Islam, comme du reste pour le christianisme, sont énoncés un jugement et une condamnation du judaïsme et des Juifs. Mis à part quelques rares sourats du Coran favorables aux « gens du Livre » (Juifs et Chrétiens), le livre saint des Musulmans contient une liste impressionnante de griefs portés à l’encontre de ceux qui ont perverti la foi au Dieu unique, à savoir les Juifs. Ils sont, entre autres, menteurs, hypocrites, falsificateurs des Ecritures, fourbes, etc. Ils incitent sournoisement à quitter la vraie foi et sont, en cela, un danger mortel pour le vrai croyant (le Musulman).Durant leur guerre de conquête, les musulmans se sont heurtés à une tribu juive, dans l’oasis deKaybar. Ils ont alors conclu un traité de paix, rompu peu de temps après quand les forces musulmanes furent suffisantes. Les Juifs devinrent alors des « sujets protégés » sous le pouvoir islamique, avec une certaine liberté religieuse précaire, et contraint à payer l’impôt des « soumis ». C’est à la suite de cet épisode que les Musulmans élaborèrent le statut de « dhimmi » (protégé) qui toucha jusqu’à aujourd’hui les Juifs et Chrétiens notamment, vivant sous un régime islamique.Cet état de « citoyen de seconde zone » ne touche pas que les Juifs et on ne peut y voir forcément une réelle cause d’antisémitisme. Néanmoins, le statut de « dhimmi » a largement contribué à cultiver dans la société musulmane un regard négatif et péjoratif qui, comme pour le christianisme, a nourri une sorte d’ « enseignement du mépris », pour reprendre la formule de Jules Isaac. Ainsi, le terme « Juif » est une insulte banale dans bon nombre de pays arabo musulmans. La condition de « dhimmi » subie par les Juifs a recouvert différents aspects, depuis les situations relativement favorables jusqu’aux situations d’humiliations et de persécutions, selon les époques, les lieux et les chefs en place.L’élément le plus propice à l’antisémitisme musulman se trouve dans le discours religieux. Celui-ci s’est enrichi d’arguments politiques, notamment depuis la naissance du sionisme moderne à la fin du XIXème siècle,et ce jusqu’à aujourd’hui à travers le conflit israélo-arabe. Depuis lors, dans l’ensemble du monde arabo musulman, se développe un antisémitisme de plus en plus virulent. En témoigne le surnom donné aux Juifs de Palestine au début du XXème siècle « l’enfant mort-né », les pogromes de 1921 à Jérusalem, 1929 à Hébron etc. jusqu’aux prêches antijuifs actuels dans des mosquées des pays arabes. Voici ce que l’on peut entendre lors de prêches prononcés à La Mecque en 2002 : « Lisez l’histoire. Vous verrez que les Juifs d’hier étaient mauvais et que ceux d’aujourd’hui sont pires encore. Ce sont des assassins de prophètes. Ils sont la lie de la terre. Dieu a déversé sur eux ses malédictions et ses indignations.Il a fait d’eux des ânes, des porcs et des adorateurs de tyrans. Les Juifs, d’une génération à l’autre, ne sont que grossièreté, ruse, obstination, tyrannie, méchanceté et corruption. Ils répandent la corruption sur la terre. » Cheick Abdel-Rahman Abdel-Aziz Al Soudaïs (L’Arche, Mai-Juin 2002 page 129). Ces propos ne reflètent évidemment pas l’Islam dans sa totalité, mais ils sont loin d’être un cas isolé, notamment dans le monde arabe.

Ils reflètent une montée de l’antisémitisme, attisée par l’échec des Etats arabo musulmans dans leurdéveloppement et le conflit israélo-arabe. L’existence de l’Etat d’Israël est vécue dans l’Islam comme une insulte et une menace. Le mécanisme du bouc émissaire fonctionne très bien dans les sociétés arabo musulmanes. Dans la foulée de la guerre israélo-arabe dite des « 6 jours », en 1967, se réunit à l’université Al Azhar (la plus grande université sunnite ) en Egypte une conférence organisée par l’Académie de Recherche islamique. Certains discours qui y ont été prononcés reflètent cet antisémitisme exacerbé tel que celui du Professeur Abdoul Sattar El-Sayed, Mufti du Tursos en Syrie : « Le Coran a dressé un sombre tableau des Enfants d’Israël, ne les montrant que sous forme de horde dispersée, possédée par une âme pernicieuse qui évite tout ce qui est bon et

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apporte le désastre à tout ce qui est dans le droit chemin. La description coranique des enfants d’Israël n’est pas la description d’un phénomène qui serait apparu durant l’ère de la Prophétie,mais plutôt d’une tare ancienne transmise depuis des âges par une génération de Juifs à l’autre.(…) Qui plus est les Juifs devinrent fourbes et perfides, sanctionnèrent toutes les actions interdites et prétendirent ensuite qu’elles leurs avaient été ordonnées par Dieu et étaient prévues par la loi. En agissant ainsi, ils désiraient conférer à ces péchés et à ces vices un caractère sacré.(…). »(Les Juifs et Israël vus par les théologiens arabes, Extraits des procès verbaux de la Conférence de l’Académie de Recherche islamique 1968, Ed de l’Avenir, 1974, page 39).Les propos qui vont suivre sont de M. Kamal Ahmad Own, Vice-Directeur de l’Institut de Tanta : « Le vice, la perversité, le parjure et l’idolâtrie de l’argent sont des caractéristiques inhérentes aux Juifs. Ils ont été souvent punis pour leurs vices, mais jamais ils ne se sont repentis ou n’ont voulu renoncer à leur nature pécheresse. Ils ont usurpé la Palestine à ses propriétaires légitimes, faisant le mal, versant le sang, éventrant les femmes enceintes, faisant sauter les villages, défiant l’opinion mondiale et s’en moquant. ».(Idem page 21).Ces extraits de discours illustrent l’état d’esprit qui peut régner dans une partie importante du monde arabo musulman, état d’esprit qui ne cesse de s’aggraver aujourd’hui.L’antisémitisme musulman se nourrit d’éléments politiques issus des milieux néo-nazis, en particulier le révisionnisme. Les articles qui nient la Shoah sont nombreux dans les médias arabes et rencontrent assez peu de contre pouvoir. L’auteur révisionniste Roger Garaudy a une grande audience dans le monde arabe actuellement, jusqu’au plus au niveau des hiérarchies politiques et religieuses. Ce révisionnisme va même très loin. Dans la société arabe palestinienne, des personnes très en vue telles que Y.Arafat ou le Mufti de Jérusalem Ikrama Sabri, nient à peu près toute l’histoire juive palestinienne, l’existence d’un temple juif à Jérusalem etc. Pour eux, il n’y a aucun lien historique entre la terre de Palestine et le peuple juif, si tant est pour eux que le peuple juif existe.La Charte de l’OLP (1968, toujours en vigueur), qui prône l’élimination de l’Etat d’Israël dans sesarticles 21 et 22, contient des éléments révisionnistes qui nient l’idée même de peuple juif et le lien historique entre ce peuple et la terre d’Israël Palestine. A l’article 20 on peut lire : « Les prétentions fondées sur les liens historiques et religieux des juifs avec la Palestine sont incompatibles avec les faits historiques et avec une juste conception des éléments constitutifs d'un État. Le judaïsme, étant une religion, ne saurait constituer une nationalité indépendante. De même, les juifs ne forment pas une nation unique dotée d'une identité propre, mais ils sont citoyens des États auxquels ils appartiennent. ». Ce révisionnisme a pesé lourd lors des dernières négociations de Camp David en 2000.Nous pourrions allonger encore et encore la liste des exemples d’antisémitisme aujourd’hui dans lemonde arabo musulman, depuis les manuels scolaires palestiniens mis en Tmuvre en 1995 et instruisant ses lecteurs à la haine des Juifs (manuels révisés récemment suite à des pressions internationales, mais contenant toujours des incitations à la haine et à la non reconnaissance de l’Etat d’Israël), jusqu’à l’Islam intégriste appelant à la destruction des infidèles dont les Juifs sont la cible prioritaire. Dans la Charte du Hamas, à l’article VII on lit : « Le prophète, que la prière et la paix soient pour lui, a dit : Le temps ne viendra pas avant que les Musulmans combattent les Juifs (et les tuent) ; jusqu’à ce que les Juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, qui eux-mêmes appelleront : Ô musulmans, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens et tuele ! ». Plus loin à l’article XXVIII, on peut lire : « Les Juifs ont fomenté la Révolution française et ils ont établides sociétés secrètes, dont le but est de détruire les communautés humaines et qui sont : La francmaçonnerie, les Clubs du Rotary, le Lion (…) Ces sociétés secrètes sont les espions des Juifs. » (Israël Magazine, décembre 2001, page 25). Bel exemple d’alliance entre l’antisémitisme islamique et l’antisémitisme politique…Quand le ministre syrien de la Défense, Mustapha Tlass, déclare le 5 mai 2001 sur la chaîne detélévision LBC : « Si chaque Arabe tuait un Juif, il ne resterait plus de Juifs »

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(L’HISTOIRE N°269, Octobre 2002, page 71), il exprime ouvertement une pensée qui hélas se répand dans le monde arabo musulman et qui correspond à la « solution finale » version arabo musulmane.InLES RACINES DE L’ANTISEMITISMEJean-Daniel CHEVALIER

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PROCES FOFANAL a complaisance de certains sociologues tourne au crétinisme

Le procès désormais a huis clos est déjà riche d’enseignements. Un des trois avocats de l’assassin- fier de son acte, dénonce : « Fofana a été maltraité par une campagne de marketing politique et religieux ». On ne sait si l’odieux l’emporte ici sur le grotesque. Mais le ton est donné : la victime n’est pas celle que l’on croyait. Le coupable ne peut pas être le chef assassin et ses complices actifs et/ou passifs.

La victime dans ce drame, la vraie victime, ce serait l’homme débarquant devant ses juges et les provoquant (1). La victime, la vraie, ce serait l’homme exprimant une haine et un mépris absolu pour la République et ses institutions. Mais on ne veut ni le voir ni le relever. Nous sommes dans un déni de la réalité sinistre, rappelant la diplomatie française et Cie face à Durban2.

Fofana est né une seconde fois, lance-t-il en défi au tribunal et à la mère de sa victime, le jour ou il a abandonné Ilan Halimi à Sainte Geneviève des bois, après l’avoir achevé en cherchant à le carboniser.

L’auto aveuglement volontaire

Un exemple parmi quelques autres : Pour justifier son refus de soutenir la manifestation qui eut lieu après l’assassinat, le PT publiera un articulet du défunt Lambert. Le « trotskiste orthodoxe », qui prétendait aussi construire un parti pouvant organiser les militants se réclamant de la tradition de Jaurès, nous y expliquera laborieusement, pour justifier l’inaction de son organisation après l’assassinat de Ilan Halimi, qu’il ne ferait rien « qui pourrait affaiblir le combat du peuple palestinien ». Aujourd’hui, ce courant qui prétend toujours poursuivre la tradition de Jaurès, n’a pas encore entendu parler du procès Fofana. Le procès Fofana, après Durban2, est un non événement.

Décidément, il est bien loin l’engagement de Jaurès aux côtés des dreyfusards et celui de Lénine aux côtés de l’ouvrier Juif Beilis. Il est vrai qu’il est difficile de contenter tout le monde et de courtiser le Hamas et le Hezbollah, sous prétexte de soutien à la cause palestinienne, et défendre les Juifs victimes de violences quand les premiers estiment qu’en finir avec les Juifs c’est accomplir la volonté de MHMD, que c’est un ordre divin.

La mort d’un homme est le symbole de la nouvelle existence de djihadiste du chef des « barbares »C’est clair et net, sauf à dire que le tueur est un malheureux irresponsable, sauf à dire qu’il est un pauvre fou. Mais personne ne le dit.

Chez Yves Calvi, à « c’est dans l’air » le 29 avril, chacun y est allé de son petit couplet. Personne n’y a relevé le moindre fait ramenant à la résurgence criminelle, via le djihadisme salafiste revendiqué, de la question juive et de sa solution via l’humiliation, la torture et la mise à mort d’un Juif rendu captif.

Le sociologue Vieworka a fait montre d’une rare complaisance, confinant au crétinisme

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Sa sociologie de bazar nous a charrié une série de petits restes désarticulés de ce pseudo marxisme qui s’enseignait dans les cours de « marxisme léninisme » encore au début des années soixante quand l’Université Nouvelle nous faisait découvrir la « surdétermination » (2) qui justifiait par la théorie « marxiste » tous les tournants de la politique stalinienne.

Et que nous a-t-on chanté tout au long de cette émission de la chose « dans l’air » ?

Que la bande à Fofana, « ce sont des jeunes, toutes sortes de jeunes… et qu’ (On) laissera à notre collègue psychiatre, à nous expliquer… » Qu’ils sont, les jeunes, dans une nouvelle problématique, « un truc nouveau, le bisness »… « Avant, il y avait des apaches », sous-entendu, maintenant il y a le gang dit des barbares ; en d’autres termes, rien de vraiment nouveau sous le soleil, ni d’inquiétant, et blablabla, et blablabla.

Que Ilan ait été dragué en vue d’être enlevé, parce qu’il était Juif et pour aucune autre raison, cela n’existe plus ou n’a pas vraiment d’intérêt, cela ne doit pas exister.

Parce que même si sa famille à lui est pauvre, les « Juifs sont riches et solidaires et qu’ils paieront pour un des leur ». Ce postulat de Fofana, est celui qui a fondé depuis des siècles les actions diverses déchaînées contre les Juifs ici ou là. Si l’on a bien compris les « penseurs » rétribués qui sont sensés rendre au peuple français ses repères brouillés, cette croyance de base du chef de la bande ne devrait pas être rappelée, ou qu’incidemment.

Ce dont on peut parler, sur tous les tons, en bon sociologue marxisant : c’est de la cruauté de l’homme Fofana ; c’est de son sentiment d’impunité ; c’est de la peur, de la crainte du caïd dans la cité et dans sa bande, mais sans relier cette peur à autre chose qu’à des défauts individuels des personnes incriminées. Ce dont on peut quand même aussi parler, c’est qu’on a transformé la victime en chose ; en « chose » seulement, mais quelle chose ? Et pourquoi ce n’est pas un arabe ou un afr ces jeunes s’étaient imprégnés, directement ou par connivence et copinage, de ces fragments d’un texte religieux disant que doit venir le temps ou : quand le Juif se cachera derrière l’arbre ou le rocher, le rocher et la pierre diront, viens derrière moi, un Juif se cache, tue le !?

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Ils ne sont, nous veut-on faire accroire, rien que « des primitifs primaires ». A entendre les discours du genre « c’est dans l’air », on n’a surtout pas à faire à des individus solidaires, haineux et bourrés de stéréotypes comme les groupes de SA hitlériennes ou les bandes de « cent noirs » pogromistes en contenaient tant (3). Si des jeunes et leurs complices ont ravalé au rang de « l’autre » le « jeune homme de confession (4) juive », « vendeur de téléphonie » soutien de famille, c’est parce qu’ils n’étaient que « des primitifs ». En ramenant leur prisonnier au statut de « l’autre », les bourreaux, « un groupe d’une totale inconstance », luttaient contre leur « stress ». Traduisons : ils souffraient de faire souffrir. Pour Ilan, Ce fut donc la faute à pas de chance, rien de plus.

Les plaidoiries ont commencé le premier jour du procès

Plaidoiries encore, cet argument en guise de circonstance : Cette bande, ce sont tous ceux qui s’en prennent aux écoles, aux bus, aux abris bus. C’est un phénomène sociétal, un des effets des « promesses non tenues de la république » (Vieworka). Face à ces promesses non tenues, « Vous vous sentez en droit de vous attaquer à tout ce qui personnifie la république… ».

Si je comprends bien le sociologue Vieworka, le Juif personnifierait la République ? S’en prendre à lui serait une forme de la protestation sociale... La réponse serait dans la résolution de certains problèmes sociaux. Lesquels, comment ?

On a aussi eu droit à la plaidoirie nous expliquant et justifiant « l’appât » : C’est une jeune iranienne, violée quand elle avait treize ans. Nous sommes dans un drame humain. (Vieworka). Certes, mais en mettant en avant ce que son avocat devra mettre en avant, on efface le fait qu’elle devait partager les préjugés du groupe envers les Juifs. Pourquoi cette jeune fille, dont les parents ont été contraints de quitter l’Iran des ayatollah, s’est retrouvée embarquée dans un banditisme choisissant ses victimes parmi les Juifs et personne d’autres, c’est une intéressante question.

On a eu droit aussi aux petites manœuvres pro-PS, du genre : est-ce que ce qui est arrivé n’est pas un argument en faveur de la police de proximité ? La police de proximité, parlons-en. Quand elle patrouille dans les « cités » pour s’y faire canarder ou traiter de fils de pute, de « pute ou d’enculé », qu’elle ne doit pas réagir à ces propos pour ne pas envenimer les rapports entre les jeunes « issus de l’immigration » et les institutions de la république, on imagine ce que veulent dire les sociologues de la TV : ce qui est arrivé à Ilan Halimi est bien triste, mais la gestion de la réalité obligera à chercher la douleur exprimée au moyen du crime.

Quand au racisme, est-ce que c’est un requis dans une bande de banlieue, se demandera-t-on devant les caméras d’Yves Calvi ? Le « racisme », certes, mais quel racisme ? Le racisme en soi, le racisme générique ? Comme si on disait fruit au lieu de dire pomme ou poire. Choix de l’imprécision délibérée ? On préfère dire : la haine et le mépris, à la place des mots : Juifs et antisémitisme. La question de savoir de quel racisme il s’agit principalement, voire exclusivement dans le patrimoine mental de ces bandes, ne sera donc pas posée à « c’est dans l’air ».

On ne nous a parlé de Juif, dans ces comptes-rendus de procès, de ces premiers jours de procès, que pour montrer sous un jour défavorable les jeunes gens en colère qui ont hué une mère accrochée au bras de son assassin de fils.

On n’entendra pas parler des trois semaines d’appels quotidiens à la famille, ponctués chaque fois par la formule « allah ou Akbar ». C’est pourtant par cette formule que Fofana s’est présenté devant ses juges. Un ami musulman me disait ce matin : le comportement de brute revendiquant fièrement la torture, l’humiliation et la mise à mort d’un homme sans défense, ce n’est pas un comportement de vrai musulman. Je veux lui dire ceci : je veux bien te croire, même s’il clame « allah ou Akbar ».12

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Mais si tu as raison, comment se fait-il que l’UOIF et les associations et fédérations musulmanes, la FAIACA notamment, qui organise les musulmans originaires d’Afrique subsaharienne et des Antilles, n’aient pas sorti le moindre communiqué pour se démarquer de l’assassin crachant des « Allah ou Akbar » pour affirmer la légitimité de l’assassinat de Ilan Halimi ?

Ce silence des instances musulmanes représentatives de « l’islam de France » n’est-elle pas une manière de dire : que Fofana n’est pas un imposteur, même s’il est peut être allé un peu loin, dans les conditions actuelles ? J’attends. Peut-être que dans les prochains jours, la FAIACA, l’UOIF, le CFCM, vont communiquer et dénoncer le banditisme djihadiste de Youssouf Fofana. J’aimerai. Cela apaiserait les craintes suscitées par Durban2 et la conférence des ONG qui l’a accompagnée.

A décharge, à l’opposé de « c’est dans l’air » et de toute cette pseudo information castrée, ou toute en empathie « sociologique » pour les « victimes d’une campagne de marketing politique et religieux » (5), citons Audrey Pulvar. Elle débutera en ces termes son journal du soir sur FR3 : « Juif donc riche », la fausse équation de l’antisémitisme, l’homme (Ilan Halimi) en est mort.

Alain RUBIN

http://www.ripostelaique.com/Proces-Fofana-la-complaisance-de.html

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MOHAMED MERAH

Attentats islamistes, dont l’un antisémite, à Toulouse et Montauban par Mohamed Merah, djihadiste salafiste franco-algérien

Cet article est republié alors que le Parquet, placé sous l'autorité de la ministre de la Justice Christiane Taubira, a classé sans suite l'enquête préliminaire pour apologie du terrorisme, ouverte après la diffusion des propos de Souad Merah, au motif qu'ils ont été filmés à son insu. Lors de Mohamed Merah : itinéraire d'un terroriste français, sur M6, le 11 novembre 2012, Souad Merah a été filmée disant : " Les juifs, tous ceux qui sont en train de massacrer les musulmans, je les déteste... Moi et (Abdel)Kader, on soutient les salafistes ".

Or, le 31 janvier 2012, la Cour de cassation a validé les enregistrements audio, réalisés à l'insu de Liliane Bettencourt par son majordome, et la procédure judiciaire issue d'eux.

Les 11, 15 et 19 mars 2012, Mohamed Merah, terroriste islamiste franco-algérien âgé de 24 ans, a commis plusieurs tueries contre des soldats français et l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse et Montauban (sud-ouest de la France).

Délinquant multirécidiviste dès l’adolescence, formé en Afghanistan et au Pakistan, ce moudjahidin a revendiqué son appartenance à al-Qaïda et, refusant de se rendre, a été tué le 22 mars 2012 dans son appartement toulousain par le Raid.

11 mars 2012. A Toulouse, Mohamed Merah tue le maréchal des logis-chef Imad Ibn Ziaten, 30 ans, sous-officier du 1er régiment du train parachutiste, qui avait mis sur Internet une annonce pour vendre sa moto. Il lui dit : « Tu tues mes frères. Maintenant, je te tue ».

15 mars 2012, à Montauban, il a assassiné Abel Chennouf, 25 ans, et le 1ère classe Mohamed Legouad, 24 ans, soldats français du 17e régiment de génie parachutiste (RGP). Un quatrième soldat, Loïc Liber, 28, est gravement blessé à la moelle épinière (tétraplégique, sous assistance respiratoire).

Le 19 mars 2012, vers 8 h du matin, conduisant un scooter Yamaha a tué devant, puis dans le collège-lycée juif Ozar Hatorah, institution Alfred Leder, de Toulouse, Jonathan Sandler, 30 ans, professeur de judaïsme, et ses deux fils, Arye, 5 ans, et Gabriel, 4 ans, puis Miriam Monsonego, la fille âgée de 8 ans du principal de l’établissement scolaire, le rab Yaacov Monsonego. Il blesse gravement Bryan Aaron Bijaoui, élève antibois de 15 ans blessé tandis qu’il tentait de protéger la petite Miriam. L’adolescent a été hospitalisé et opéré.

L’assassin a agi calmement, froidement, et a filmé la scène, comme les précédentes tueries, avec sa mini-camera attachée sur son corps. Il a fui sur son scooter.

Plus de 2 000 élèves juifs sont scolarisés à Ozar Hatorah, qui est situé dans un quartier calme de Toulouse et dispose de deux caméras vidéos, dont l’une placée à l’entrée de l’institution.

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Nicole Yardeni, présidente du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France)-Midi-Pyrénées, a vu la vidéo de l’attentat : « C’est insupportable… C’était bien organisé. C’était comme un film d’horreur ».

Une mère d’élève d’Ozar Hatorah a déploré l’allègement du dispositif de sécurité concernant cet établissement.

Né à Paris, le rabbin Sandler est le fils du président de la communauté juive de Versailles. Il a étudié dans une yeshiva (école talmudique) à Jérusalem. Ancien élève d’Ozar Hatorah, il a rejoint l’équipe de cet établissement toulousain en septembre 2011 pour une mission de deux ans comme professeur de Kodech. Enseignant et homme apprécié, il s’était marié très jeune et avait trois enfants, dont une fille Liora de 18 mois.

Le Président de la République Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, des responsables de la communauté juive française, dont Joël Mergui, président du Consistoire de France, le candidat socialiste à l’élection présidentielle François Hollande, le candidat centriste du Modem François Bayrou et d’autres politiciens se sont rendus à Ozar Hatorah. Tous ont condamné cet attentat.

Richard Prasquier, président du CRIF, a souligné le caractère antisémite de cet attentat et a appelé au renforcement de la sécurité des établissements juifs.

« La situation a changé en France. Il y a une montée de l’antisémitisme en France », a déploré Jean-Paul Amoyelle, président d’Ozar Hatorah.

Le Président Sarkozy a ordonné des « mesures exceptionnelles de protection » dans la région de Toulouse « aussi longtemps que le meurtrier ne sera pas arrêté », notamment en élevant le Plan Vigipirate au niveau écarlate. Synagogues, mosquées et établissements religieux feront l’objet d’une protection particulière de la police.

Le Président Sarkozy a aussi annoncé qu’une minute de silence sera observé dans tous les établissements scolaires en France le 20 mars 2012 à 11 h.

L’église catholique a exprimé son indignation. A 17 h 45, des fidèles se sont recueillis en silence à la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a dit son horreur et exprimé sa solidarité à l’égard des communautés juive et musulmane.

Le soir de l’attentat antisémite, la synagogue d’Ozar Hatorah a accueilli un office de prières à la mémoire des quatre victimes juives.

Claude Guéant, François Bayrou et le grand rabbin de France Gilles Bernheim ont assisté à une cérémonie de prières dans une grande synagogue de Toulouse.

Claude Guéant et d’autres politiciens ont participé à une marche dans la « Ville rose ».

Une chasse à l’homme

Le ministre de l’Intérieur a déclaré que la police avait remarqué l’usage de la même arme et du même modus operandi dans les tueries des 11, 15 et 19 mars 2012.

La police a envisagé plusieurs pistes : celles d’un serial killer, d’un militaire d’extrême-droite et d’un islamiste.

« La police collabore avec deux profileurs, un psychologue. Un plan policier immense a été appliqué : un hélicoptère, cinq unités mobiles qui représentent 380 policiers, 120 enquêteurs de la police judiciaire. De plus, Claude Guéant a mobilisé les services anti-terrorisme et secret », m’a précisé Dominique Lunel, le 19 mars 2012. Mme Lunel agit en interface entre le gouvernement et la communauté juive.

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Ce 19 mars, vers 19 h, le Consistoire israélite de France a organisé une cérémonie dans la célèbre synagogue parisienne Nazareth (75003), près de la place de la République.

Y ont assisté le président Sarkozy et son épouse Carla Bruni-Sarkozy, des membres du gouvernement, François Hollande et sa compagne, la journaliste Valérie Trierweiler, la socialiste Martine Aubry et les Ecologistes-Verts Eva Joly et Cécile Duflot – toutes trois ont été conspuées -, et de nombreux politiciens parmi un millier de personnes.

Des psaumes ont été lus. Le Grand rabbin Alain Goldman a rappelé qu’il connaissait bien les familles Monsonego et Sandler. Il a fait référence aux attentats à Paris contre la synagogue Copernic (1980) et le restaurant Goldenberg, rue des Rosiers (1982). Il a conclu : « Nous ne sommes pas un peuple de la vengeance, mais nous n’acceptons pas que des vies innocentes soient jetées par terre, soient tuées ».

Joël Mergui, président des Consistoires israélites de France et de Paris-Ile-de-France, a exprimé sa tristesse et déclaré combien il aurait préféré que la solidarité avec la communauté juive ne se manifeste pas seulement pendant des évènements tragiques.

La cérémonie a pris fin avec la prière pour la République française.

A l’appel de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France), à laquelle s’étaient jointes des organisations non Juives – LICRA, SOS Racisme, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peoples), Ligue des droits de l’homme -, une marche silencieuse a rassemblé environ 20 000 personnes, dont l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi et des politiciens. Candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon a été brièvement hué. Des drapeaux français étaient brandis par des manifestants.

Le Président Sarkozy a suspendu sa campagne présidentielle jusqu’au 21 mars, date de la cérémonie à la mémoire des trois soldats assassinés. Son rival socialiste François Hollande a fait de même. Le soir même, Marine Le Pen, candidate du Front national, a annulé sa participation à un débat télévisé tandis que François Bayrou a centré sa réunion publique à Grenoble sur une réflexion sur la société française. Eva Joly a annulé son meeting du 20 mars.

Le Président Sarkozy a écrit au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Le 19 mars au soir, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a déploré « la tuerie hors d’une école Juive à Toulouse » et a condamné « cet acte de violence ». La directrice générale de l’UNESCO Irina Bokova a exprimé « sa solidarité avec les familles des victimes de la tragédie à Toulouse » et a condamné ce « crime antisémite » dans une lettre au ministre français de l’Education nationale Luc Chatel.

« Nous nous joignons au gouvernement de la France pour condamner cet acte de violence non provoqué et choquant dans les termes les plus forts possibles », a déclaré TommyVietor, porte-parole du Conseil de securité nationale .

Quant à Catherine Ashton, Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, elle a déclaré en marge d’une réunion sur la jeunesse palestinienne à Bruxelles (Belgique) : « Quand nous pensons à ce qui s’est passé aujourd’hui à Toulouse, nous nous souvenons de la Norvège l’année dernière, nous savons ce qui se passe en Syrie, quand nous voyons ce qui se passe à Gaza et dans d’autres lieux ». Et de rendre hommage aux jeunes Palestiniens… Devant l’indignation suscitée notamment en Israël par ces propos, l’Union européenne a publié le 20 mars 2012 une « version écrite rectifiée » du discours de Mme Ashton : « Quand nous pensons à ce qui s'est passé aujourd'hui à Toulouse, quand nous nous souvenons de ce qui s'est passé en Norvège il y a un an, quand nous savons ce qui se passe en Syrie, quand nous voyons ce qui se passe à Gaza et Sderot et dans différentes parties du monde, nous pensons aux jeunes et aux enfants qui perdent leur vie ».

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Le 20 mars, le Président Sarkozy a reçu à l’Elysée des responsables des communautés juive et musulmane.

Le 21 mars 2012, une minute de silence à la mémoire des élèves et de l’enseignant de l’école de Toulouse a été observée à 11 h dans des établissements scolaires français.

Le Président Sarkozy s’est rendu au collège parisien François-Couperin (75004) où il a déclaré : « Ça s'est passé à Toulouse, dans une école confessionnelle, avec des enfants de familles Juives, mais ça aurait pu se passer ici ». Il a évoqué « un sujet grave, tellement grave que c'est toute la République qui doit être concernée ». La secrétaire nationale d'EELV, Cécile Duflot, a critiqué mardi les propos de Nicolas Sarkozy, en estimant « qu'on ne parle pas ainsi à des enfants ».

François Hollande et François Bayrou se sont rendus respectivement dans des établissements scolaires du Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) et de Valence (Drôme).

Le ministre des Sports David Douillet a demandé « qu'une minute de silence soit observée, avant chaque compétition sportive, professionnelle ou amateur, jusqu'au dimanche 25 mars au soir », pour « honorer la mémoire » des victimes du tueur de Toulouse.

Le CRIF a appelé les Français à participer à une grande marche silencieuse en mémoire des victimes juives et des soldats tués à Montauban et à Toulouse à Paris le dimanche 25 mars, à Paris, sur le thème « Non à l’antisémitisme, Non au racisme et Pour une France unie et solidaire ». Une marche annulée le 21 mars 2012.

Le Président Sarkozy a assisté à une cérémonie de recueillement devant les quatre sépultures des victimes franco-israéliennes juives à l’aéroport Roissy.

Un siège de plus de 32 heures

Au terme d’une enquête conjuguant l’analyse des connexions Internet et le recueil d’informations auprès d’un concessionnaire Yamaha intrigué par la demande saugrenue de Mohamed Merah désireux de repérer et d’enlever le tracker (GPS) permettant de retrouver le scooter en cas de vol, la police a identifié le suspect : Mohamed Merah.

Auprès d’une journaliste de France 24, Mohamed Merah a revendiqué ses actes et dit avoir diffusé des images de son film de la tuerie contre les Juifs sur Internet. Des images non repérées.

Le 21 mars, vers 3 h du matin, le RAID a tenté de forcer l’entrée de l’appartement de Mohamed Merah dans un immeuble de quatre étages, situé dans un quartier résidentiel de Toulouse. Mohamed Merah a blessé deux membres de cette force spéciale d’intervention.

Lors de son dialogue avec le RAID interrompu puis repris, Mohamed Merah a promis de se rendre dans l’après-midi et a indiqué l’emplacement d’une automobile bourrée d’armes et d’explosifs qui a été neutralisée par la police. Il a aussi fait part de ses motivations.

Abdelkader Merah, frère de Mohamed Merah, a été interpelé par la police.

Sa mère a refusé de parler avec son fils retranché car elle estimait son influence trop faible sur lui.

Au matin du 21 mars 2012, les quatre victimes juives ont été enterrées dans le cimetière à Guivat chaoul, mont du repos, le plus grand cimetière de Jérusalem, en présence de MM. Amoyalle, Sirat, Mergui, Bensemoun, des deux grands rabbins d’Israël et d’Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères.

Le Président Sarkozy a reçu à l’Elysée les responsables juifs et musulmans qui affirmaient leur solidarité. Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris, a récusé tout amalgame entre islam, musulmans et islamisme.

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Sur BFM TV, Richard Prasquier a refusé tout amalgame entre l’islam, « une religion comme les autres religions de France, et le salafisme ».

Le 21 mars, le Président Sarkozy s’est rendu au chevet du soldat français blessé. Puis il a présidé la cérémonie officielle à Montauban à laquelle participaient François Hollande, François Bayrou et Marine Le Pen, mais non Jean-Luc Mélenchon.

Une cérémonie réunissant responsables communautaires juifs et musulmans s’est déroulée à Drancy, près de Paris.

Au fil de la journée, l’itinéraire de Mohamed Merah a été rendu public. Seul regret exprimé par ce djihadiste : ne pas avoir tué plus de personnes. Le 19 mars 2012, il aurait vainement tenté de tuer un policier, puis se serait dirigé vers l’école juive. Des proches insistent sur sa « haine des Juifs ». Mohamed Merah se vante d’avoir mis « la France à genoux ». Le 21 mars 2012, Me Christian Etelin, avocat de Mohamed Merah, décrit un client non préoccupé par les questions religieuses. Mohamed Merah est aussi un délinquant de droit commun, condamné à 15 reprises.

Après avoir assuré le départ de tous les autres habitants de cet immeuble, après que Mohamed Merah n’ait pas respecté sa parole et se soit engagé dans une logique de rupture (fin du dialogue), le RAID a opté pour une stratégie d’intimidations dans une logique d’usure : coupures d’eau, de gaz et d’électricité dans l’immeuble, explosions nocturnes pour faire éclater les vitres de l’appartement, etc.

Le 22 mars, vers 11 h, après 32 heures de siège et sans signe de Mohamed Merah depuis 22 h 45, le Raid donnait l’assaut en pénétrant par la fenêtre et la porte. Après des échanges de tirs nourris au cours desquels plusieurs policiers ont été blessés, Mohamed Merah est sorti armé de la salle de bains où il s’était retranché. Franchissant la fenêtre, il a tiré des rafales, sauté du balcon et a été mortellement touché par des balles du RAID.

Les observateurs ont souligné la similarité avec une scène du film Piège de cristal (Die Hard) de John McTiernan (1988) avec Bruce Willis.

Cet article a été publié le :

- 1er novembre 2012 à l'approche de l'hommage rendu par le Président François Hollande et le Premier ministre Benyamin Netanyahou aux victimes franco-israéliennes Juives de Mohamed Merah.

- 11 novembre 2012 à l'approche de la diffusion de Mohamed Merah : itinéraire d'un terroriste français, dans le cadre d'Enquête exclusive, sur M6, le 11 novembre 2012, à 22 h 45.

Il a été publié en une version concise en américain par AMI Magazine en mars 2012.

http://www.veroniquechemla.info/2012/11/attentats-islamistes-dont-lun.html

MERAH ETAIT-IL UN AGENT DOUBLE DE LA DCRI

QUI A MAL TOURNE ?

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L'ANTISEMITISME EST A LA HAUSSE EN EUROPE

Selon GATESTONE Institute, la conclusion générale du rapport attristant, qui traite de nombreuses discriminations, et d’une hostilité envers les immigrés, les Noirs, les musulmans et les juifs atteste que le fléau est de plus en plus répandu dans toute l’Europe, et que l’antisémitisme est une composante importante de cette hostilité .

Le rapport définit l’antisémitisme comme les préjugés sociaux dirigés contre les Juifs simplement parce qu’ils sont Juifs. Être juif est considéré comme une caractéristique négative.

L’antisémitisme actuel prend de nombreuses formes:

1- Politique (les Juifs sont une conspiration mondiale)

2- Laïque (les Juifs sont des usuriers)

3- Religieux (les Juifs sont responsables de la mort de Jésus)

4- Raciste (les juifs à travers leur génétique ne sont pas dignes de confiance)

Le rapport se poursuit avec des détails supplémentaires:

* Les Juifs ont trop d’influence

* Les Juifs se font passer pour des victimes ( période nazie)

* Les Juifs en général ne se soucient de rien ni de personne, que de leur argent.

D’autres troublants points de vue ont été documentés:

* Pourquoi les gens n’aiment pas les juifs ?

Car Israël mène une guerre d’extermination contre les Palestiniens.

Même si l’étude porte sur un nombre limité de personnes et de pays européens, les résultats sont significatifs. Les détails sont un avertissement pour la communauté qui est en danger .

L’étude montre que l’animosité contre les Juifs la plus élevée dans les pays d’Europe sont en Allemagne, en France, en Italie et au Portugal, et les plus faibles aux Pays-Bas et la Grande-Bretagne (étonnant ? ).

Un récent changement semble s’être produit depuis l’antisémitisme traditionnel vers un nouvel anti-sémitisme par rapport à l’Holocauste. Fait inquiétant, une inversion de l’agresseur et la victime a eu lieu.

Auschwitz a été libéré le 27 Janvier 1945, mais le crime de la Solution finale semble avoir été oublié dans le point de vue des citoyens européens.

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“Les Juifs exploitent la mémoire de l’Holocauste.”

Pologne : 72%

Hongrie : 68%

Allemagne : 49%

Pays-Bas : 17%

Grande-Bretagne : 21%.

“Les Juifs ont trop d’influence dans le pays où ils se trouvent”

Hongrie : 70%

Pologne : 50% d

Pays-Bas : 6%

Grande-Bretagne : 13,9% .

Les quatre autres pays: 20%

“Les Juifs ne s’occupent que d’eux-mêmes”

Portugal, Hongrie et la Pologne : 51-57%

Les six autres pays : entre 20 et 30%.

Assez curieusement, la majorité des huit pays pensent que les Juifs ont enrichi la culture du pays;

les chiffres les plus élevés sont dans les Pays-Bas, (72%), la Grande-Bretagne (71%), et l’Allemagne (69%).

” Israël mène une guerre d’extermination contre les Palestiniens”

Les Européens : 40%

La Pologne : 63%.

Le Portugal : 48%

L’Italie : 37%

La Grande-Bretagne : 35%

http://alyaexpress-news.com/2012/05/lantisemitisme-est-a-la-hausse-en-europe/

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LE NOUVEL ANTISEMITISMEdans les cercles de l'Intelligentsia européenne

Le nouvel antisémitisme en Europe est nouveau stade dans l'antisémitisme et il présente une forme de discrimination contre les juifs en tant que peuple.

Le nouvel antisémitisme cache sa véritable essence en prétendant qu'il s'agit d'une critique légitime contre les actes d'Israël dans les territoires. Cependant, l'antisémitisme apparait sous l'antisionisme par le biais de la négation des droits du peuple juif à un état et la négation de la relation historique du peuple juif à la terre d'Israël, ainsi que la prétention antique selon laquelle les juifs contrôlent le monde avec leurs richesses.

Il y a en Europe trois groupes de conception antisémite: l'extrême-droite, la seconde génération d'immigrants de pays islamiques et l'Intelligentsia.

Professeur Yehuda Bauer, du Département des Etudes sur l'Holocauste de L'université Hébraïque de Jérusalem, a publié plusieurs travaux de recherche sur le nouvel antisémitisme. En 1985, son livre: "La vague antisémite dans le monde contemporain: mythe et réalité" a été publié et il a également publié des articles sur ce sujet dans plusieurs revues.

Professeur Bauer se réfère dans ses recherches aux vagues d'antisémitisme qui ont submergé l'Europe après la Seconde Guerre Mondiale. Il divise ces vagues d'antisémitisme en plusieurs contre-courants:

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- La première vague - 1958 – 1960

- La seconde vague - 1968 – 1972

- La troisième vague - 1987 – 1992

- La quatrième vague – de 1999 à nos jours

Chacun de ces contre-courants a eu des origines différentes et certaines d'entre eux sont liés à des événements économiques qui se sont déroulés en Europe. Cependant, tous ces contre-courants ont une base commune. Selon Professeur Bauer, il s'agit d'un antisémitisme latent qui attend d'éclater au grand jour comme résultat d'une quelconque crise extérieure. Chacun de ces contre-courants est lié à des événements qui se sont déroulés dans le Proche-Orient, dans le système de relations entre Israël et ses voisins arabes. La première vague a eu lie après la guerre du Sinaï, la seconde a commencé après la Guerre des Six jours, la troisième après la première intifada et la guerre de la Paix du Galilée et la dernière, après la seconde intifada et tout ce qui est arrivé par la suite.

Selon Professeur Bauer, le phénomène qui caractérise toutes les vagues est que le nouvel antisémitisme est différent de l'antisémitisme tel qu'il s'exprimait dans le passé, et qui était principalement caractérisé par les couches les plus faibles de la population; il s'agit à présent de l'antisémitisme de la classe sociale moyenne et élevée. C'est un phénomène intellectuel fréquent dans les médias, les universités et parmi les cercles académiques. Il s'agit des rangs de la gauche européenne.

Deux crises ont engendré le nouveau phénomène: l'Holocauste et la création de l'Etat d'Israël. L'Holocauste a créé une gène parmi les européens vis-à-vis des juifs. Professeur Bauer définit la situation comme une vie aux cotés de 6 millions de fantômes. La situation a créé une mutation dangereuse et cruelle dans la culture européenne.

La création de l'Etat d'Israël a créé une sensation de soulagement. Les européens ont apporté leur support à la création de l'état, comme une expression de leur dégout vis-à-vis du passé antisémite et afin d'expier pour ce que les juifs d'Europe avaient subi. Ils espéraient que les juifs trouveraient en Israël leur maison.

Mais la création de l'Etat d'Israël a engendré l'aggravation des relations entre Israël et les pays arabes et une escalade du conflit israélo-arabe. Le conflit israelo-arabe a créé une véritable tragédie pour les palestiniens. L'un des principes fondamentaux de la conception de la gauche européenne est le support des peuples combattant pour leur indépendance. Au problème des refugiés, s'est ajouté le problème de l'occupation israélienne en 1967 et la gauche est foncièrement opposée à l'occupation.

Mais a présent, l'antisémitisme- qui était latent – s'est lié à la tragédie palestinienne et a donné aux juifs le label d'assassins de masses et de nazis. Cette étiquette collée aux israéliens a permis à l'Intelligentsia européenne de se libérer psychologiquement des problèmes mentaux engendrés par l'Holocauste. Dans ce contexte, les faits n'ont aucune importance. Depuis le début de la deuxième intifada, environ 2000 palestiniens ont été tués, ce qui représente 1/6 du nombre de juifs amenés de la Hongrie à Auschwitz en un seul jour, lors du printemps 1944. La gauche voit le terrorisme palestinien comme un combat contre l'occupation, une réaction contre les actions israéliennes, et non pas l'inverse. Leur support du combat des palestiniens, en tant que peuple opprimé, pour leur indépendance, les a menés à une opposition grandissante à l'existence même de l'Etat d'Israël. 22

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Parmi les cercles de l'Intelligentsia européenne, ont est arrivé à la conclusion que le support à la création de l'Etat d'Israël avait été une erreur historique indélébile.

Selon Professeur Bauer, le nouvel antisémitisme est dangereux, du fait qu'il soit né en même temps que l'antisémitisme islamique. Les médias musulmans ont adopté l'idéologie nazie en l'adaptant à leurs besoins. Des millions de musulmans sont exposés quotidiennement à une incitation génocidaire contre les juifs et contre Israël, et ainsi, les deux vagues se rejoignent, la vague d'antisémitisme européen et la vague d'antisémitisme musulman, en une menace de génocide contre les juifs. La gauche européenne s'est en fait jointe à l'Islam extrémiste et à Ahmedinijjad quiappellent ouvertement à l'extermination de l'Etat d'Israël, extermination qui amènera à l'éradication de la plupart de la population.

Professeur Bauer ne s'oppose pas à une critique contre la politique israélienne. L'antisionisme n'est pas forcement antisémite. Mais la négation de l'existence d'Israël en tant qu'état sans l'exigence de l'annulation de tous les états nationalistes – cela est de l'antisémitisme et du racisme. Ceux qui disent que seuls les juifs n'ont pas le droit à leur indépendance sont anti-juifs et quand ils excluent uniquement les juifs du principe général pour des raisons nationalistes – ils sont racistes et antisémites.

La gauche européenne dira: l'Etat d'Israël a été créé parce que les juifs ont le droit à l'autodéfinition comme tout autre peuple. La relation historique des juifs à la terre d'Israël est un fait historique indéniable. Cependant, la sensation de culpabilité de l'Occident vis-à-vis de l'Holocauste a donné lieu à la décision des Nations Unies de 1947 en faveur de la création de l'état , mais le processus a commencé en 1917, avec la Déclaration Balfour, la reconnaissance par la Société des Nations de l'établissement d'une maison nationale pour les juifs en Israël et la fondation du gouvernement mandataire britannique en 1922. L'Holocauste a accéléré la création de l'état mais elle n'est pas l'unique raison de sa fondation. Les palestiniens ont manqué l'occasion de créer un état à eux en 1937 et en 1948, et pendant toute la période entre 1948 et 1967, alors qu'ils étaient sous gouvernement arabe. Même en 1967, ils ont reçu une nouvelle occasion, quand le premier Ministre Levy Eshkol a déclaré qu'il était prêt à rendre des territoire en échange de la paix. Ce qui s'est passé suite au dédain de la proposition d'Eshkol est de la faute des deux parties.

Le nouvel antijudaïsme

Professeur Irwin Kotler est conférencier en droit à l'Université McGill et membre du Parlement Canadien. Kotler a publié un article intitulé: "Les droits de l'homme et le nouvel anti-judaisme / alerte".

Dans son article, Kotler explique la différente essentielle entre l'antisémitisme classique et le nouvel anti-judaisme. L'antisémitisme classique est la discrimination ou la négation des droits des juifs de vivre en tant que membres à statu égal dans une libre société. Le nouvel antijudaïsme isole et discrimine Israël et le peuple juif par une discrimination et une différenciation dans la scène internationale et désigne Israël et le peuple juif comme un objectif d'extermination.

Kotler propose un système d'indices pour l'identification de la nature et de la signification du nouvel antijudaïsme. Ces indices sont basées sur les principes de la discrimination et de l'égalité dans les constitutions des états et les lois internationale.

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Kotler décrit 13 indices:

a. L'antisémitisme existentielle ou d'extermination – désignant les organisations terroristes appelant ouvertement à l'extermination d'Israël et au génocide des juifs, les sentences religieuses des religieux musulmans extrémistes appelant à l'extermination d'Israël et des juifs comme un devoir religieux, l'Iran appelant à gommer Israël de la carte et qui déclare son intention de faire usage de l'arme nucléaire pour effectuer un génocide.

b. L'antisémitisme politique – désignant la négation du droit du peuple juif a une autodéfinition, la négation de la légitimation et de l'existence de l'Etat d'Israël et la démonisation d'Israël, décrit comme le symbole de la violation des droits de l'homme.

c. L'antisémitisme idéologique – qui s'exprime par la décision des Nations-Unies - officiellement annulée mais dont l'impact est encore ressenti – selon laquelle "le sionisme est équivalant au racisme", la critique d'Israël comme un "pays d'Apartheid" et la diffamation d'Israël comme un "pays nazi".

d. L'antisémitisme théologique – désignant l'antisémitisme islamique qui voit dans les juifs et dans le judaïsme l'ennemi de l'Islam, et fait du meurtre des juifs un précepte religieux et l'antisémitisme théologique chrétien, qui voit en l'Eglise l'héritière du statu du judaïsme devant Dieu et par conséquent, considère que la terre d'Israël appartient à l'Eglise et non au peuple juif et que l'Etat d'Israël a été créé illégalement.

e. L'antisémitisme culturel – désignant la nouvelle tendance des cercles universitaires et intellectuels de donner à l'antisémitisme une légitimation par la négation de la légitimation de l'état d'Israël.

f. L'antisémitisme européen – désignant la nouvelle et récente éruption d'antisémitisme en Europe, qui s'exprime par l'attaque de synagogues, d'écoles, d'institutions juives, de personnes identifiées comme juifs et de propagande d'horreur contre Israël et les juifs, tout en démonisant Israël et niant le droit de se défendre contre le terrorisme. L'activité antisémite est commune à la droit et à la gauche, qui organisent des manifestations où on appelle ouvertement "Mort aux juifs".

g. L'anti-judaisme sur la scène internationale: la négation de l'égalité devant la loi d'Israël. Israël est devenue une sorte de "juif collectif" et est traité comme est traité le juif individuel par la communauté non-juive. La relation discriminative envers Israël s'exprime par la Convention de Durban contre le racisme mais elle présente un phénomène régulier parmi les différentes organisations de l'ONU et principalement par la délégation de l'ONU pour les Droits de l'Homme.

h. L'anti-judaisme administratif: la prévention de la participation d'Israël et d'organisations juives et extra-gouvernementales dans des associations régionales.

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i. L'antisémitisme qui a été "formé" par la loi – après la décision de l'ONU selon laquelle le sionisme a été révélé comme une couverture de l'antisémitisme, la méthode a changé et a présent, la diffamation contre Israël se réfère au sujet des droits de l'homme. L'ONU est particulièrement actif à ce sujet.

j. L'antisémitisme économique, désignant le boycott arabe. Dans le passé, l'antisémitisme économique s'exprimait par la discrimination des juifs pour le logement, l'éducation et l'emploi mais le boycott arabe exige des compagnies désirant avoir des relations commerciales avec des pays arabes de signer un contrat exigeant d'elles qu'elles boycottent Israël, de ne pas employer de juifs et de ne pas accorder d'avancement à ceux qui sont déjà employés.

k. La négation de l'Holocauste – Les juifs sont accusés d'avoir inventé l'Holocauste, d'avoir extorqué des indemnisations de l'Allemagne et d'avoir créé Israël "illégalement" sur la terre palestinienne. La signification de ce dernier argument est la négation du passé des juifs – les palestiniens sont les réels propriétaires de la terre – et la négation de leur futur, c'est-à-dire de leur droit à un pays.

l. Le terrorisme raciste contre des juifs – désignant les tentatives de facteurs terroristes internationaux d'effectuer des actes de terrorisme contre des juifs et contre Israël, comme par exemple, les attentats du Hizbollah et d'El Kaida contre des institutions juives et la tentative d'attentat contre les tours Azrieli.

m. L'antisémitisme comme approbation gouvernementale – désignant l'encouragement d'une "culture de la haine" contre les juifs et contre Israël par des pays, cela par le biais de l'incitation dans des mosquées, des écoles et des medias, par exemple, l'utilisation des "protocoles des Sages de Sion", des diffamations de sang et de symboles et de sujets classiques d'antisémitisme.

En conclusion, Professeur Kotler met l'accent sur le fait qu'il ne s'attend pas à une attitude de discrimination en faveur d'Israël mais se contenterait d'une discrimination à l'encontre, c'est-a-dire de la création de différents critères envers Israël en comparaison d'autres pays.

par Dr' Rivka Shpack-Lissak

http://ripostesefarade.blogspot.fr/search?q=terrorisme&updated-max=2009-02-21T08:32:00%2B01:00&max-results=20&start=11&by-date=false

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MENACES SUR LA COMMUNAUTE JUIVE DE FRANCE

Le BNVCA et le Centre Simon-Wiesenthal exprime sa profonde inquiétude face aux menaces islamistes proférées contre des Français chrétiens et juifs à la suite des événements survenus en Algérie et au Mali. Il « demande instamment aux autorités françaises de déclarer l’état d’urgence afin de renforcer la loi et de prendre les mesures nécessaires pour écarter ce danger qui menace bel et bien tous les citoyens français – chrétiens, juifs et musulmans ». M. Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre Simon-Wiesenthal, entend sonner l’alerte contre les menaces proférées par Mokhtar Belmokhtar, porte-parole du groupe terroriste qui a attaqué les installations de gaz d’In Amenas, en Algérie, la semaine dernière. Dans une interview téléphonique qu’il a accordée au magazine Paris Match, Belmokhtar a annoncé s’exprimer au nom de son supérieur, le djihadiste mauritanien Hacen Ould Khalil, alias Joulaybib. Il l’a cité en ces termes : « [Joulaybib] menace de commettre de nouvelles attaques en France, pour que les croisés [les chrétiens] et les juifs sionistes paient le prix contre les agressions qu’ils ont perpétrées au nord du Mali. » Il a ajouté : « J’espère que la France se rend compte qu’il y aura des douzaines de Mohamed Merah [le meurtrier des enfants de l’école juive de Toulouse] et de Khaled Keilal [qui a jeté une bombe dans le train Paris-Lyon en 1995 et a organisé l’attaque d’une école juive à Villeurbanne]. » Il a insisté sur le fait que « l’attaque d’In Amenas n’est qu’un début ». M. Samuels constate que « ces événements révèlent clairement que des cellules dormantes nées en France sont directement liées à des groupes terroristes tels qu’Al-Qaïda ; ces groupes ont leurs bases au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ». Il insiste sur le fait que « cette menace ne se limite plus à des “loups solitaires” locaux mais à des éléments vivant en France et entraînés au Pakistan, dans la corne de l’Afrique et à présent en Syrie. Une fois rapatriés en France, ces hommes sont contrôlés à distance par leurs mentors aux mains du Djihad. » Le Centre Simon-Wiesenthal se joint à son partenaire français, le BNVCA (Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme), pour enjoindre les autorités « à déclarer l’état d’urgence afin de renforcer la loi et de prendre les mesures nécessaires pour écarter ce danger qui menace bel et bien tous les citoyens français – chrétiens, juifs et musulmans ». 26

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BUREAU NATIONAL DE VIGILANCE CONTRE L ANTISEMITISME 8 Boulevard Saint Simon 93700 Drancy 06 Drancy Le 22/1/13

Pour de plus amples informations, veuillez contacter M. Shimon Samuels/CSW au +33 (0) 609 77 01 58.

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Les Manuels Scolaires Arabes

Depuis la guerre d'Indépendance d'Israël en 1948, et les guerres suivantes infligées au Moyen Orient par les pays de la Ligue arabe, les manuels scolaires dans l'enseignement des jeunes arabes sont des specimen de désinformation, de mensonge et de calomnie quant au conflit arabo-israélien et, surtout des manuels de haine anti-juive et anti-sioniste.Josiane Sberro écrit dans le site Primo, le 22-10-2010

"Dans les livres scolaires palestiniens, l’Israélien n’est jamais défini ou appelé autrement que « le Juif », ce qui lui dénigre toute légitimité nationale sur la terre d’Israël. Cette désignation coupable laisse le champ libre à toutes sortes de fantasmes ou d’élucubrations mystico-religieuses et fait du conflit national israélo-palestinien une guerre de religion israélo-arabe.Ce que les enfants palestiniens apprennent dans leurs manuels scolaires est un constant appel à la haine, au rejet d’Israël et du Juif en tant que telQuand le juif n’est qu’un traître cupide, un voleur de terre qu’il faut jeter à la mer, quand les problèmes de calcul dans les classes de CP prennent comme unité de compte « Un juif tué plus un juif tué ».Dès leur plus jeune âge, les enfants palestiniens voient leurs modes de pensée, leurs représentations élémentaires nourries d’un antisémitisme violent, qui laisse dans leurs mémoires des traces indélébilesLes Protocoles des Sages de Sion, le fameux faux tsariste, est un best seller traduit et vendu dans tous les pays arabes en édition jeunesse. Dans une école maternelle, des bébés habillés en kamikazes miment des attentats suicide chez les Juifs.

Interview de fillettes de 10 ans dans leur classe : d’adorables frimousses se font concurrence pour savoir laquelle poussera son djihad le plus loin en se faisant exploser parmi des « juifs ». Les années 2000 ont été des années charnières dans ce déversement constant de haine au sein des manuels scolaires et des programmes de « loisirs ». Dès 2001, Yohanan Manor et son équipe se sont attelé à démontrer le danger des contenus éducatifs des livres scolaires palestiniens, comme dans ceux des pays arabes environnants.Le CMIP (Center for monitoring the impact of Peace ou Observatoire de l’impact de la paix) a examiné 160 manuels scolaires publiés par l’Autorité Palestinienne et a constaté – sans que cela conduise à la moindre réaction - que des fonds de l’ONU étaient utilisés à diffuser une propagande outrageusement antisémite.

"Les résultats sont consternants et montrent que ces ouvrages visent à inculquer à la jeunesse la haine des juifs en général et d’Israël en particulier. Il n’y a pas dans ces livres un seul cas de référence positive à un juif ou à la paix avec Israël."

De son côté, sous l'impulsion de son fondateur Itamar Marcus, l'organisme Palestinian Media Watch (http://www.pmw.org.il/) s'emploie à analyser, année par année, le contenu des livres scolaires et medias palestiniens.

A titre d'exemple, un dernier Bulletin de PMW rapporte un programme de la télévision de Mahmoud Abbas que le contribuable français cofinance, sans le savoir 28

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"Un peintre est reçu pour commenter son « tableau » sanguinolent à souhait dans lequel on voit un horrible monstre, qui porte au cou la clef d’une maison palestinienne [ soi-disant volée ] et embroche un enfant sur la baïonnette de son arme, tandis qu’il a dans sa gueule un autre petit enfant qu’il dévore. A ses pieds un petit monstre mange un autre enfant près d’une pile de cadavres. Deux femmes palestiniennes, enrobe traditionnelle lèvent les bras au ciel dans un geste de désespoir...Commentaire de l’artiste : il montre ici « la cruauté et la sauvagerie de l’ennemi sioniste » (http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=32091 )

Un des premiers objectifs que l’Autorité palestinienne (AP) s’est fixé dès sa création en 1994 a été la délégitimation d’Israël. Ce projet prit corps, clairement, dans toute la société palestinienne. Il empruntait des canaux divers, la télévision, les manuels scolaires et la culture. La délégitimation d’Israël se nourrissait d’un certain nombre de messages, vecteurs de haine, en particulier du refus du droit à l’existence d’Israël. mais la siuation est similaire dans les pays arabes et en Iran. Ainsi le Courrier International du 3.11.2011 rapporte:"L’incitation à la violence et à l’extrémisme demeure partie intégrante des manuels scolaires d’Arabie Saoudite. Cinq millions d’élèves y sont confrontés chaque année dans les salles de classe. De plus, le royaume, parce qu’il contrôle les deux lieux de pèlerinage les plus sacrés de l’islam [La Mecque et Médine], est en mesure de disséminer son matériel d’éducation religieuse auprès des millions de musulmans qui font le hadj [pèlerinage] chaque année. Grâce à l’argent du pétrole, l’Arabie Saoudite peut en outre distribuer ses manuels très loin. Ils sont disponibles sur le site du ministère de l’Enseignement et sont expédiés et distribués gratuitement à de nombreuses écoles, mosquées et bibliothèques musulmanes du monde entier par le biais d’une vaste infrastructure sunnite soutenue par des fonds saoudiens. Le programme saoudien d’éducation religieuse est suivi par la plupart des dix-neuf établissements d’enseignement internationaux que le gouvernement a fondés dans de grandes villes du monde et qui sont présidés par l’ambassadeur d’Arabie Saoudite. Dans son livre The Looming Tower and the Road to 9/11 [en français, La Guerre cachée, éd. Robert Laffont], Lawrence Wright estime que, s’ils ne représentent que 1 % des musulmans du monde, les Saoudiens “assurent 90 % des dépenses de l’islam”. David Aufhauser, un ancien directeur du service juridique du ministère des Finances américain, et d’autres analystes ont déclaré devant le Congrès que l’Arabie Saoudite dépensait chaque année trois fois plus pour exporter l’idéologie salafiste, également appelée wahhabisme, que les Soviétiques ne le faisaient au plus fort de la guerre froide pour exporter le communisme. Les manuels scolaires continuent comme auparavant à se préoccuper des juifs et d’Israël. Les programmes débordent d’un antisémitisme flagrant. Les juifs sont régulièrement diabolisés, déshumanisés et désignés comme cibles. Les textes nient toute légitimité à l’Etat d’Israël et visent à préparer mentalement les élèves à la guerre finale, et non à la paix. Comme pour les autres sujets d’histoire, le déroulement des événements est copieusement déformé et truffé d’erreurs, et les textes tendent à rendre les juifs responsables de tous les problèmes du monde. Ainsi, ceux qui dénoncent la théorie de l’évolution qualifient Darwin de “juif”. Un cours d’histoire de seconde qui étudie le premier verset du Coran laisse entendre que le terme “égarés” qu’on y trouve fait référence aux juifs et explique que “Dieu tout-puissant les a attaqués, a déversé sur eux humiliation et misère, et les a égarés”. Un manuel de terminale commente la vilenie des juifs en déclarant : “Les juifs sont un groupe hétérogène et dispersé, et ils n’ont jamais connu la paix avec une seule nation à cause de leur propension à tromper, mentir et conspirer. Rien ne le prouve mieux que ce que les musulmans ont connu avec eux à Médine, d’où le Prophète (loué soit son nom) les a expulsés en recommandant qu’ils soient chassés de la péninsule Arabique. C’est aussi ce qui leur est arrivé dans des pays comme l’Allemagne, la Pologne, l’Espagne et d’autres.” 29

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Bien que Les Protocles des sages de Sion, un faux antisémite tristement célèbre rédigé en Europe à l’époque de la révolution russe, ne fassent évidemment pas partie des hadith (les actes et paroles du Prophète), ils figurent dans le manuel d’éducation religieuse sur “le hadith et la culture islamique”, où ils continuent à être présentés comme authentiques. Muhammad Al-Issa, le ministre de la Justice saoudien, a expliqué en février 2011 que les Protocoles étaient traités comme s’ils appartenaient à la culture islamique parce qu’on les trouve depuis longtemps en abondance en Arabie Saoudite (c’est d’ailleurs l’un des rares livres non musulmans à être dans ce cas).De même, au Salon du Livre de Casablanca, on trouve on est face à un festival de livres antisémites (mars 2012). Mr Mandrin, reporter, écrit:"Quand des dirigeants et des institutions arabes cultivent ce réflexe de haine antisémite pour l’étendre à une apologie du négationnisme et du nazisme, cela témoigne de la manière dont tout ce beau monde tente d’asseoir son pouvoir sur les vieilles recettes qui ont justement été celles du nazisme… Nous sommes décidemment entrés dans une période bien sombre de notre histoire, celle d’un monde où le nazisme n’a jamais été éradiqué… le pouvoir marocain peut bien parler de ses juifs avec tendresse, une telle manifestation n’a pu avoir lieu sans son accord".Envoyée par le président des Etats-Unis, Hanna Rosenthal est en tournée… en juillet 2011 pour combattre l’antisémitisme au Moyen-Orient ! L’objectif ne manque pas de culot : "faire disparaître les éléments d’intolérance religieuse et de haine antisémite dans les livres scolaires, et promouvoir une éducation plus proche des sources juives de l’Islam ». La conseillère spéciale sur l’antisémitisme auprès du président Barack Obama, Hanna Rosenthal vient d’effectuer une tournée en Arabie Saoudite, en Jordanie, et au Liban, ou elle a rencontré des employés de l’ONU qui travaillent dans les camps de réfugiés. Elle a avoué diplomatiquement « que ses impressions étaient mitigées ». « J’ai été émue lorsque des rares responsables arabes ont accepté (verbalement) d’enlever les passages antisémites des livres scolaires, et très contrariée lorsque je me suis heurtée à des refus ou à des manœuvres dilatoires », a-t-elle déclaré. L’objectif de la visite de Rosenthal est pratiquement illusoire : faire disparaître les éléments d’intolérance religieuse et de haine antisémite dans les livres scolaires, et promouvoir une éducation plus proche des sources juives de l’« Islam ! » Hanna Rosenthal raconte « qu’elle a rencontré des réactions communes à tous ses interlocuteurs : dès qu’elle leur parlait du problème spécifique de l’antisémitisme ou que les discussions commençaient à être tendues, ils déviaient tous la question sur la répression israélienne contre les Palestiniens ».Si en Arabie Saoudite, il lui a été « promis » que des passages antisémites seraient retirés des certains ouvrages scolaires, comme par exemple des extraits de « Protocoles des Sages de Sion » en Jordanie par contre – pays en paix avec Israël – un fonctionnaire du ministère de l’« Education nationale » lui a déclaré « qu’il refusait d’inclure le sujet de la + Shoah + dans les programmes scolaires car on n’enseigne pas des événements qui n’ont jamais existé » (sic).L’impossibilité d’aborder ce thème a été évoquée également devant elle par les employés de l’« ONU », qui devraient normalement enseigner la « Shoah » auprès des arabes à l’aide de livres d’Histoire fournis par l’« ONU », mais qui ne le font pas selon eux pour deux raisons : l’obligation exigée par certains pays arabes d’utiliser des livres d’Histoire de « fabrication locale », et plus spécifiquement à Gaza, les menaces du « Hamas » envers les employés de l’« ONU » qui « oseraient » aborder le sujet de la « Shoah » dans les écoles sous leur responsabilité.Au Liban, Hanna Rosenthal n’a rencontré que des membres non-gouvernementaux, militants d’organisations de défense des droits de l’Homme. Et même eux, lui ont avoué « que leur action pour le rapprochement des religions abrahamiques…ne concernait que les Musulmans et les Chrétiens » !!!2 sites à consulter également:http://www.adl.org/main_Arab_World/default.htm http://www2.memri.org/french

www.nuitdorient.com 30

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UN ISLAM D'EUROPE Les Frères musulmans concoctent un "Islam d'Europe" à leur sauce depuis Istanbul

Un colloque réunissant la crème mondiale des Frères musulmans et de leurs alliés et/ou observateurs complaisants s'est réuni à Istanbul. Officiellement, il s'agit d'un colloque placé sous le signe de la "diversité" nous dit saphirnews.com : "Près de 180 personnalités musulmanes réunies ce weekend à Istanbul ont discuté de la présence musulmane en Europe (...) A l'image du tandem Sarah Joseph et de Tariq Ramadan, en charge de sa conférence de presse du 28 juin 2006, ce week-end d'Istanbul aura été à la fois culturel et intellectuel. Le programme se voulait un équilibre entre moments culturels, et échanges intellectuels avec pour particularité, la très grande variété des intervenants".

En réalité, comme toujours, il s'agit d'une diversité toute relative puisqu'il s'agit d'un grand raoult chargé de réunir les proches de l'école de pensée fondamentaliste des Frères musulmans, toutes nuances confondues sur le thème "A la fois musulmans et Européens à Istanbul".

Parmi ces invités (Turcs, Anglais, mais aussi Français, des Canadiens et des Danois) : Tariq Ramadan et son chef spirituel, Youssouf al-Qardaoui (l'homme qui approuve les attentats kamikazes et le fait de battre sa femme ou de brûler des homosexuels) mais aussi Rachid Gannouchi (leader du mouvement islamiste tunisien Ennahda vivant en exil à Londres depuis 1989), le Cheikh Muhammad Al-Qadri (fondateur de Minhaj ul-Quran), Mustapha Cerci de Bosni, Amr Khaled d'Egypte, Ekmeleddin Ihsanoglu de l'Organisation de la conférence islamique, Anouar Ibrahim (ex-premier ministre de Malaisie connu poru ses diatribes antisémites). Le tout aux côtés de membres de l'UOIF (Lhaj Thami Breze, Ahmed Jaballah et Fouad Alaoui) ainsi que de la jeune garde islamiste tendance ramadienne participant au mouvement altermondialiste et aux Indigènes de la république : Fouad Imarraine ainsi que Siham Andalousi, deux membres du Collectif des Musulmans de France.

Sans oublier d'autres acteurs de l'"Islam de France": le Cheikh Khaled Bentounes (maître de la confrérie Alawiya et fondateur des Scouts musulmans de France), Eric Geoffroy (maître de conférence à l'université de Strasbourg et auteur de plusieurs ouvrages sur le soufisme), Mohamed Mestiri (directeur du bureau français de l'Institut international de la pensée islamique), le Cheikh Zakaria Siddique (fondateur de la Maison de savoirs).

A noter, ce rendez-vous, nous dit Saphirnews.com, était "soutenu par le Foreign Office et le gouvernement turc était dirigé par une équipe internationale dont Tariq Ramadan et Sarah Joseph". Toujours selon le site islamiste, "les orgainsateurs auront réussi à rassembler, le temps d'une conférence, un panel de sensibilités particulièrement large de musulmans d'Europe. Dans le texte final publié à l'issu de la rencontre, la conférence affirme son opposition à toute violence et à tout acte de terrorisme au nom de l'islam". Vieille rhétorique habituelle tendant à faire passer l'islam des Frères musulmans comme le centre de l'islam en Europe et comme un antidote au terrorisme, alors qu'il alimente l'intégrisme à la base du radicalisme islamique...

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Mais ce n'est pas tout. Le site nous annonce d'autres rencontres de ce type à suivre de très près :

"Du 26 au 28 mai dernier, le ministère koweitien des affaires Islamiques a financé un séminaire réunissant 150 personnalités venues de toute l'Europe pour discuter de la présence musulmane en Europe. Une campagne d'information sur l'islam, financée par des fonds qatari est prévue cet été à travers le royaume. Du 7 au 9 juillet, à la date anniversaire des explosions de Londres, l'association américaine Asma Society réunit des responsables musulmans à Copenhague. Les questions d'identités sont à l'ordre du jour avec des tables rondes sur les ponts entre la société européenne et l'identité musulmane. Une dizaine de responsables associatifs français prendront part à cette rencontre sur les lieux d'où est parti le scandale des caricatures du Prophète de l'islam".

Source : http://www.saphirnews.com

12 septembre 2008http://ripostesefarade.blogspot.fr/search?q=terrorisme&updated-max=2009-02-21T08:32:00%2B01:00&max-results=20&start=11&by-date=false

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LA HAINE DES JUIFS PROMUE PAR LA PRESSE ARABE

L'accord de paix signé avec l'Egypte il y a une quinzaine d'années, l'Accord d'Oslo et les visions d'un Nouveau Moyen- Orient du Ministre israélien des Affaires étrangères ne semblent nullement influencer ou inspirer les intellectuels du monde arabe islamique. Les efforts inlassables des Israéliens pour présenter la culture juive et israélienne à l'intelligentsia arabe n'ont rencontré que mépris et rejet le plus total. D'après le traité de paix signé entre Israël et l'Egypte, la normalisation des rapports entre les deux pays impliquait des relations culturelles articulées sur le principe de la parité, ainsi que la suppression de toute forme de propagande anti-israélienne ou anti-juive dans les médias.

Mais en réalité, rien de tel ne s'est produit. Les médias, la presse en particulier, continuent de publier les mêmes informations antisémites que par le passé, avec encore plus de virulence et d'animosité. Le gouvernement égyptien n'a pas fait le moindre effort en réponse à la très prompte réaction d'Israël dans la mise en ýuvre de l'"accord culturel". En effet, si les Israéliens ont fondé le Centre académique israélien au Caire, les Egyptiens n'ont rien fait de semblable, et ne paraissent nullement disposés à créer prochainement une telle institution.

Bien au contraire: les autorités politiques égyptiennes, généreusement appuyées par la presse, mettent tout en ýuvre pour ternir la réputation et l'image d'Israël. Les rares universitaires israéliens qui se sont rendus en Egypte dans le but de bénéficier de l'enseignement de ce pays se sont heurtés au rejet et se sont vus signaler plus d'une fois qu'ils n’étaient pas les bienvenus. Les intellectuels et professionnels égyptiens, se fondant sur l'autorité que leur confère leur statut académique, n'hésitent pas, pour leur part, à prendre la plume pour rédiger des articles emprunts d'antisémitisme, critiquant Israël et tout ce qui s'en rapproche. La Jordanie, pays avec lequel un traité de paix a récemment été signé, connaît un phénomène semblable. Les accords politiques laissent froids et intransigeants les écrivains, artistes, caricaturistes, journalistes, avocats, médecins et autres intellectuels arabes; en un mot, aucun de ces traités pour lesquels Israël a payé un lourd tribut ne parviennent à lénifier la haine que le monde arabe et islamique porte aux Juifs depuis des générations.

L'expansion de la foi musulmane, l'influence croissante des dirigeants et des mouvements islamistes, parmi les intellectuels comme dans l'ensemble de la communauté musulmane du monde arabe, alimentent l'antisémitisme avec des arguments religieux traditionnels. Dans le monde arabe, des centaines de pamphlets et de livres viennent attester que les Juifs sont les pires créatures au monde. "Les protocoles des Sages de Sion", ouvrage d'un antisémite russe du XIXe siècle connu pour sa haine des Juifs, a été traduit à plusieurs reprises en arabe, jusqu'à ce qu'une nouvelle version (traduite de l'anglais) soit publiée en 1972 par Muhammad Khalifa al-Tunisi et paraisse au Caire avec une note introductive rédigée par Abbas Muhmud al-Aqqad, le grand philosophe et maître à penser de l'Islam en Egypte et dans tout le monde arabe. Non seulement ce livre s'est vendu à des dizaines de milliers d'exemplaires, mais il a été cité comme référence sur l'histoire juive et comme document juif authentique. Au dos de l'ouvrage, une mise en garde avertit le lecteur: "Conservez cet exemplaire, car les Juifs se sont toujours opposés à la parution de ce livre, où que ce soit et dans quelque langue que ce soit. Ils ont dépensé sans compter pour en acheter tous les exemplaires et les brûler, afin d'empêcher le monde de connaître le sort diabolique qu'ils lui réservent. C'est de ce sort que parle l'ýuvre que vous tenez..."

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L'idée que les Juifs sont les ennemis de D' et de l'humanité s'inspire du Coran. En effet, les écritures saintes de l'Islam dépeignent les Juifs comme les assassins des prophètes, les auteurs du mal et les instigateurs des guerres. Ils sont par conséquent voués à la dégradation et à l'humiliation jusqu'à la fin des temps, alors qu'Allah en personne se chargera de toujours éteindre les foyers de guerre dont ils sont à l'origine.

En 1978, Muhamad Abd al-Aziz publiait un livre intitulé "O Muslims the Jews are coming" (O, Musulmans, les Juifs arrivent), qui se fonde sur les versets coraniques évoquant la nature malicieuse des Juifs, leur caractère traître et le danger immédiat qu'ils représentent pour le monde. L'auteur consacre tous ses efforts à démontrer d'une part le caractère immoral des Juifs, des femmes juives en particulier, en se référant à des passages choisis de l'autobiographie de Yaël Dayan, et d'autre part la soif de sang et l'irrespect des Juifs pour la notion divine d'humanité et de justice, en citant pour seule source les "Principles of the Talmud" (Les Principes du Talmud) de Yussuf Hanna Rizqallah. Or, Rizqallah, faut-il le préciser, n'a jamais vu le Talmud et tire ses informations de livres publiés en Europe par des antisémites qui cherchaient à présenter le Talmud comme une référence attestant du caractère mauvais des Juifs. Son ouvrage se conclut en ces termes: "Voilà donc ce que sont les Juifs: des personnages dépourvus de toute vertu et de toute noblesse. Ils ont rejeté tout principe positif, nié tout idéal. Ils ne sont pas humains, non, ils dégradent l'humanité... etc., etc..." (p. 149). La page de couverture du livre ne laisse d'ailleurs aucun doute quant au contenu, puisqu'elle représente un Juif vêtu de noir, avec toutes les caractéristiques typiques aux descriptions antisémites européennes: un chapeau et des habits noirs, le regard mauvais et de longs doigts crochus prêts à s'emparer de tout !

Le livre de Mansur nous donne un exemple d'antisémitisme européen assorti d'éléments arabes et islamiques, sur lesquels se fonde la haine des Arabes envers les Juifs. Les écrits antisémites d'inspiration occidentale, en tête desquels se trouve "Mein Kampf" d'Adolphe Hitler, ne se contentent pas de dépeindre les Juifs comme les initiateurs de toutes guerres et comme les fomenteurs d'un complot destiné à conquérir le monde. Ils propagent également la théorie du meurtre rituel - cette effroyable accusation selon laquelle les Juifs se serviraient de sang humain dans leurs cérémonies religieuses - une idée avidement reprise par les Arabes, les auteurs musulmans et les maîtres à penser de l'Islam.

Le 10 avril 1974, Anis Mansur, un journaliste égyptien renommé publiait dans le très populaire hebdomadaire "Akhir Sha'a" un article consacré au caractère vil des Juifs. Il y écrit notamment que: "Le célèbre historien juif Flavius Joseph fut le premier à dévoiler au monde que les Juifs se servent du sang de leurs congénères pour confectionner les pains azymes durant les fêtes. En général, ils ne massacrent pas la personne; ils se contentent de percer son crâne, puis son cýur, afin de boire le sang de la tête et du cýur en même temps, suite à quoi ils se débarrassent du cadavre n'importe où." (Traduction libre de la version de R.L. Nettler, "Islam and the Minorities", 1978, pp. 12-13).

Jamais, bien entendu, Flavius Joseph n'a rien affirmé de pareil. Il nous a au contraire mis en garde contre les idées des antisémites hellénistiques, qui, en son temps, défendaient déjà les mêmes notions. Le meurtre rituel est devenu un sujet si populaire que presque chaque année quelques livres, pamphlets et articles sur la question paraissent dans un ou plusieurs pays arabes. Le dernier exemple en date prétend que les Juifs utilisent le sang d'enfants musulmans dans la fabrication des pains azymes à Pâques et dans les gâteaux pour Pourim !

Enfin, l'une des méthodes les plus répandues pour diffuser des idées anti-juives et antisémites est la caricature. En règle générale, les caricaturistes arabes représentent le Juif de la même manière que les Occidentaux: un personnage aux yeux exorbités et au regard avide, avec des cheveux frisottants, un énorme nez busqué, de longs ongles noirs sur des doigts crochus, une barbe, des habits et un chapeau noirs, toujours prêt à maltraiter, à tuer ou à voler le pauvre Arabe innocent aux traits sympathiques. Une autre méthode très prisée est de présenter le Juif comme un nazi, en recourant à diverses combinaisons entre l'étoile de David et la croix gammée nazie. En voici quelques exemples:

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Le 5 septembre 1994, l'hebdomadaire égyptien "Roz al Yusuf" publiait la caricature d'un soldat Juif portant une étoile de David sur son casque et une croix gammée sur sa manche, une bombe atomique à la main. Le message est clair: les Juifs, à l'instar des nazis, souhaitent détruire le monde. Le 1er août 1994, l'hebdomadaire syrien "Tishrin" faisait paraître un dessin représentant un vilain Juif assis à une table dont les pieds étaient représentés par deux pauvres petits arabes. Il déclame devant un public inexistant ses exigences pour la signature de la paix. Le caractère traître des Juifs ressort également d'un croquis sans commentaire où un Juif typique (chapeau, barbe, habits noirs) trompe un Arabe.

Plus d'une fois dans l'histoire, les Juifs se sont vus accusés d'avoir empoisonné l'eau potable et d'avoir propagé la maladie en infestant les réservoirs d'eau de microbes. Ce sujet a souvent été repris par les écrivains et caricaturistes arabes. Ainsi, le 10 octobre 1994, une parodie paraissait dans "Roz al Yusuf", dans laquelle un Arabe propose la fin du boycott à un Juif en lui tendant une coupe d'eau en signe de paix. Le Juif, représenté une fois de plus dans sa tenue de soldat, une étoile de David collée sur son casque allemand et une croix gammée portée en médaille, verse du poison dans la coupe.

L'affreux Juif au gros nez, au chapeau et aux habits noirs, jouant avec le destin du monde, revient encore dans l'édition du 22 octobre 1994 du journal syrien "Tishrin". Un autre journal syrien, "Al-Thawra", décrit les Juifs comme des vers poursuivant un rameau d'olivier terrorisé pour le dévorer (12 octobre 1994). Le 14 novembre 1994, "Roz al-Yusuf" nous montre encore ces Juifs méprisants et assoiffés de sang, dotés de tout l'attirail antisémite typique du "Stürmer", escroquant les Arabes et n'hésitant pas à faire main basse sur leurs marchés. Le parallèle entre le Juif et un vampire se passe de tout commentaire. En Egypte, c'est "Al-Ahâli" qui a lancé l'idée du Juif empoisonnant la paix. Là encore, tous les accessoires antisémites sont présents.

Quant à la légende antisémite selon laquelle les Juifs se servent de leur argent pour acheter les Etats-Unis, elle ressort d'une caricature montrant un billet de un dollar orné de deux serpents formant l'étoile de David. Le serpent comme symbole des plans maléfiques ourdis par les Juifs pour régner sur le monde apparaissait déjà comme emblème des Sages de Sion dans les tristement célèbres "Protocoles". L'Arabie Saoudite apporte sa contribution à cette collection en présentant un Juif particulièrement laid roulant les Arabes avec le soutien des Américains ("al-Majallah" 4.9.94; "ash-sharq al-Awsat", 7.8.94). Le Juif barbu au long nez, qui vide les poches du président américain avec l'aide d'un Congrès déjà corrompu par les Juifs est également un grand classique, que l'on retrouve dans une caricature typiquement antisémite de "ad-Duster" (11 février 1990).

Pour ce qui est du Juif polluant le monde, une thématique souvent reprise par la publication antisémite allemande "der Stürmer", il revient notamment dans un dessin représentant le monde se bouchant le nez à l'aide d'un couvre-chef arabe et regardant le vilain Juif (qui porte l'étoile de David sur son chapeau) en disant: "Eh bien, voilà pourquoi l'environnement est pollué". D'autres caricatures inspirées du même sujet dépeignent le Congrès américain faisant le baisemain à un affreux Juif qui tient un document dans lequel Jérusalem est déclarée capitale d'Israël, tandis qu'un autre Juif cupide et laid grignote le monde arabe.

Le meurtre rituel apparaît également dans ces parodies sous une forme autrement vicieuse. Ainsi l'on voit deux soldats israéliens en train d'assassiner une fille arabe, alors que Mme Shamir les réprimande en disant: "Comment osez-vous gaspiller le sang de la fille avant que nous ayons pu l'utiliser pour les pains azymes ?!" "Al-Bayan", du 21 mars 1990, reprend la même idée à quelques variantes près.

L'idée du serpent juif revient aussi dans de nombreuses illustrations, soit de manière indépendante soit en rapport avec les Américains. Dans la région du Golfe, par exemple, on voit un serpent juif attaquant de ses crochets venimeux le Dôme du Rocher, autrement dit les lieux saints de l'Islam, tandis que les deux principaux parti d'Israël ont la forme d'un serpent à deux têtes.

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Pour ce qui est de l'image des Juifs sanguinaires, les caricaturistes arabes du Koweit ("Sawt al-Kuwait", 10 février 1992) ont choisi la variante du Juif cannibale.

Enfin, la terreur fait elle aussi l'objet d'illustrations. Le péril ne vient évidemment jamais des Arabes; la notion de terrorisme arabe n'existe même pas, étant donné que les Arabes sont les combattants de la liberté. Les seuls terroristes étant les Juifs, il incombe à chacun de mettre fin à leurs exactions en détruisant Israël et ses habitants juifs. ("An-Nadwa", 18 avril 1990). Car après tout, les Juifs sont capables d'empoisonner le monde entier, comme le montre la caricature parue en Egypte dans "El-Wafd", le 14 mai 1990.

Ce ne sont là que quelques exemples récents parmi les milliers d'illustrations du même genre qui paraissent quotidiennement dans l'ensemble du monde arabe, du Maroc à l'Irak. Des croquis semblables sont également publiés en Iran. La thématique est toujours la même: les Juifs, ces horribles et impitoyables créatures à l'allure de serpent, ont pris le contrôle du monde avec leur argent. Les Arabes et les Musulmans qui leur livrent la guerre rendent en réalité un fier service au reste du monde, puisqu'ils s'efforcent de libérer l'humanité du fléau juif et des fauteurs de trouble juifs avant qu'il ne soit trop tard. Ces caricatures, sans nul doute, témoignent d'une haine profondément enracinée qu'aucune négociation de paix ne saura apaiser. Des années de propagande antisémite et d'éducation de masse par la presse, les médias électroniques et les publications populaires devront d'abord être effacées avant que l'on puisse rêver d'une authentique réconciliation entre Juifs et Arabes.

Or, rien n'a été entrepris dans ce sens. Au contraire, la prolifération de caricatures antisémites est plus importante que jamais.

( Février 1992)

Par le Professeur Moshé Sharon

http://www.shalom-magazine.com/Print.php?id=230106

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TAGUIEFF DECODE LA THEORIE DU COMPLOT

Le Point : pourquoi la théorie du complot se porte-t-elle si bien ?

Pierre-André Taguieff : L'époque présente, qu'on la dise postmoderne ou hypermoderne, se caractérise par une forte augmentation des incertitudes et des peurs qu'elles provoquent ou stimulent. En quoi elle est particulièrement favorable à la multiplication des représentations ou des récits conspirationnistes, à leur diffusion rapide et à leur banalisation. Ces récits, si délirants soient-ils, présentent l'avantage de donner du sens aux événements incompréhensibles ou effrayants. Ils permettent ainsi d'échapper au spectacle terrifiant d'un monde déchiré, chaotique, instable, dans lequel tout semble possible à chaque instant. Ces récits mettent de l'ordre et de la rationalité dans les événements, qui paraissent ainsi s'enchaîner. Les interprétations paranoïaques de tout ce qui arrive dans le monde, interprétations qu'il est convenu d'appeler "théories du complot", sont ainsi devenues socialement "normales" et culturellement "ordinaires". Sous le regard conspirationniste, les coïncidences ne sont jamais fortuites, elles ont valeur d'indices, révèlent des connexions cachées et permettent de fabriquer des micromodèles explicatifs des événements. L'utopie communiste a beau avoir été disqualifiée, sa démonologie anticapitaliste lui a survécu : les capitalistes, les "puissants" et les "maîtres de la finance" forment toujours la redoutable bande de démons que les hommes dénoncent comme les responsables cachés des malheurs qui les frappent. Et la démocratie, qui instaure le pouvoir comme "lieu vide", selon l'expression de Claude Lefort [un des pionniers de la réflexion sur le totalitarisme, NDLR], produit un appel du vide auquel fait l'écho l'offre conspirationniste. La démocratie libérale paraît en quelque sorte impuissante à répondre à certaines attentes fondamentales des humains. L'individualisme libéral, qui ne fournit par lui-même aucune nourriture psychique, ne favorise pas non plus la constitution d'une religion civile ou civique qui permettrait aux citoyens des sociétés démocratiques de sortir de leur triste condition d'individus solitaires et en concurrence virtuelle avec tous les autres. C'est dans ce désert spirituel que fleurissent en Occident les plantes vénéneuses qui composent la flore spécifique du conspirationnisme, laquelle favorise les dénonciations abusives et les chasses aux sorcières.

Vous avez travaillé sur "Les protocoles des sages de Sion". Quelle différence y a-t-il entre les conspirationnistes du début du XXe siècle et ceux du XXIe ? La pensée conspirationniste classique est fondée sur la croyance qu'il existe un grand complot menaçant l'ordre naturel du monde. L'idée d'un grand complot subversif ou contre-subversif est apparue sous une forme élaborée à l'époque de la Révolution française. Au cours des deux siècles qui suivent cette période, les récits mettant en scène tel ou tel mégacomplot postulent l'existence d'acteurs collectifs de dimension universelle (francs-maçons, juifs, communistes, ploutocrates, etc.) auxquels sont attribués des projets de conquête, de domination ou de destruction de l'ordre social ou de la civilisation. Au XIXe siècle, la vision conspirationniste de l'Histoire s'est développée aux deux pôles de l'espace politique, dans la pensée révolutionnaire comme dans la pensée contre-révolutionnaire. Le point d'aboutissement de cette dernière a été la vision d'un complot judéo-maçonnique dont l'objectif serait la conquête du monde à travers la destruction de la civilisation chrétienne. C'est le thème central des "Protocoles des sages de Sion". Les interprétations conspirationnistes du 11 Septembre, par exemple, ont montré l'émergence d'une forme nouvelle de pensée du complot, acceptable par des publics non extrémistes, fondée à la fois sur le rejet des "thèses officielles" vues comme mensongères et l'instrumentalisation du doute sceptique ou37

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méthodique en tant que mode de légitimation de la thèse, laquelle peut ainsi rester sous-entendue. Ce qui est ici déterminant, c'est le point de départ déclaré : non pas une croyance dogmatique à tel ou tel complot ou type de complot déjà répertorié, mais l'observation de failles ou de contradictions dans les explications "officielles" données de l'événement saillant, observation sur la base de laquelle des doutes sont formulés d'une façon de plus en plus radicale. La nouveauté est donc le point de départ sceptique de la démarche conspirationniste, qui mime l'esprit scientifique. Depuis la fin du XXe siècle, on observe en outre un fort accroissement du soupçon visant les médias, accusés - souvent à juste titre - soit de connivence avec les pouvoirs politiques ou économiques dont ils ne seraient que les courroies de transmission, soit de conformisme frileux les conduisant à s'aligner sur les communiqués "officiels" et à respecter le "politiquement correct". Cette attitude de défiance favorise la croyance que les investigations sans tabous et les débats libres ne se rencontrent que sur Internet. C'est la thèse publiquement défendue par la plupart des tenants de la pensée conspirationniste, qui se transfigurent eux-mêmes en "résistants" luttant contre la "désinformation officielle". Ils s'imaginent en héros d'une grande aventure intellectuelle, qui s'élève à leurs yeux à la hauteur d'un combat pour la vérité. Illusion, bien sûr, mais qui donne sens à leur vie. Dans un univers régi par le soupçon, tout paraît possible, surtout le pire.

L'expression "théorie du complot" est-elle pertinente ? L'expression "théorie du complot"(conspiracy theory) est malheureuse et trompeuse. L'Histoire universelle est remplie de complots réels, qui ont abouti ou échoué. Mais elle est aussi pleine de complots imaginaires, objets de croyances collectives. Dans l'affaire DSK, il est rationnel de formuler l'hypothèse d'un complot, sur la base d'indices qui restent à vérifier et à recouper. Mais, en l'état actuel des connaissances, on ne peut pas affirmer qu'un complot réel a été organisé contre DSK ni que les accusations de complot relèvent de la "théorie du complot", c'est-à-dire d'une forme de paranoïa très répandue. Je préfère parler de vision conspirationniste, d'imaginaire ou de pensée conspirationniste, dont les postulats me paraissent être les suivants : 1/ rien n'arrive par accident ; 2/ tout ce qui arrive est le résultat d'intentions ou de volontés cachées ; 3/ rien n'est tel qu'il paraît être ; 4/ tout est lié ou connecté, mais de façon occulte. Il faut en outre mettre en garde contre un mauvais usage de l'accusation de conspirationnisme ou de "théorie du complot", lorsqu'on y a recours pour disqualifier tout soupçon justifié qui, fondé sur des indices bien identifiés et correctement interprétés, porte sur l'organisation d'un complot réel. Les organisateurs d'un véritable complot ont bien sûr intérêt à diffuser la rumeur selon laquelle tout complot est un complot fictif. On peut en outre imaginer l'organisation d'un complot pour faire croire à telle ou telle "théorie du complot", c'est-à-dire à un complot fictif attribué à un opposant, un concurrent ou un ennemi, pour désinformer et donc affaiblir l'adversaire, faire diversion, le délégitimer, lui donner une figure de criminel, provoquer des réactions de rejet ou d'hostilité à son égard, le priver ainsi de ses alliés, etc. Complots et contre-complots imaginaires s'enchaînent, s'engendrent et se renforcent mutuellement, se reproduisant par imitation ou par inversion. Dans tous les cas, le complotiste, c'est l'autre ! Les complotistes posent rituellement la question : "A qui profite le crime ?" Il faut aussi poser la question "A qui profite la "théorie du complot" ?" On connaît la réponse : aux victimes imaginaires du complot fictif.

Verra-t-on un jour la fin de la théorie du complot ? Que le monde soit supposé désenchanté ou en cours de réenchantement, les humains n'ont jamais cessé de croire, dans l'espace des religions historiques ou dans le champ des néoreligions émergentes et non institutionnalisées. Contrairement à l'interprétation "progressiste" de la thèse de la rationalisation croissante, ils sont même devenus de plus en plus crédules, car en quête de réenchantement du monde. C'est là ce que suggère la célèbre boutade de G. K. Chesterton : "Depuis que les hommes ne croient plus en Dieu, ce n'est pas qu'ils ne croient plus en rien, c'est qu'ils sont prêts à croire en tout." Tant que la marche de l'Histoire paraîtra obscure, absurde et inquiétante aux38

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humains, ces derniers demanderont aux récits conspirationnistes de les éclairer et de satisfaire leur besoin de sens, sans se soucier de la validité des réponses. Or il paraît improbable qu'on puisse un jour accéder à une transparence historique totale. Il est même hautement probable que l'invisible ne cessera jamais de hanter le visible, en dépit du progrès des connaissances. Les interprétations conspirationnistes, qui éclairent en aveuglant et en trompant, ont donc de beaux jours devant elles. Dans la nature comme dans la culture, les mauvaises herbes repoussent toujours.

Propos recueillis par Christophe Ono-dit-Biot

Pierre-André Taguieff, Philosophe et historien des idées*, directeur de recherche au CNRS, à Paris. Il s'est intéressé aux théories du complot dans "La foire aux illuminés" (2005) et "L'imaginaire du complot mondial" (2006) (éditions Mille et une nuits).

http://www.lepoint.fr/societe/taguieff-decode-la-theorie-du-complot-15-12-2011-1408474_23.php

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QU'EST-CE QUE L'ANTISEMITISME ARABE ?

La résurgence de l'antisémitisme ces dernières années, en France comme ailleurs en Europe, a permis de comprendre que l'antisémitisme, que l'on croyait en déclin depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, menace une fois de plus les Juifs. Cet antisémitisme récent comporte, toutefois, deux spécificités : (a) les positions anti-juives sont présentées comme une juste réaction à la conduite d'Israël dans le conflit qui l'oppose aux Palestiniens ; (b) ce sont les médias arabes qui génèrent la majeure partie de la propagande anti-juive. Voilà qui pose le problème de la particularité de l'antisémitisme arabe, qui se distingue des attitudes musulmanes à l'égard des Juifs et du judaïsme antérieures à l'ère moderne. Ces deux caractéristiques, qui interagissent l'une sur l'autre de diverses façons, sont toutefois nées dans des contextes historiques totalement différents et doivent donc être considérées séparément. Il est en effet malheureux que le statut des Juifs - considérés comme une minorité tolérée dans le monde musulman avant l'avènement du sionisme, soit devenu, pour les Juifs comme pour les Arabes, un argument essentiel de ralliement de l'opinion publique à leurs positions respectives. Le profane se sent souvent perdu face aux arguments des uns et des autres. D'un côté, il entend dire que les Juifs (et les chrétiens) bénéficient du statut de minorité protégée sous l'islam et que les Juifs de l'Espagne musulmane ont connu un Age d'or de paix et de prospérité. De l'autre, il entend dire que les Juifs et les chrétiens ne sont pas égaux aux musulmans face à la loi et n'ont jamais été plus que des citoyens de seconde classe. Ces versions contradictoires ont été replacées dans leur contexte par la plume équilibrée de Bernard Lewis : "Même à son sommet, l'islam médiéval était assez différent de l'image qu'en donne Disraeli et d'autres écrivains romantiques. L'Age d'or de l'égalité des droits est un mythe, et la croyance en l'existence d'un tel Age d'or est le résultat, plutôt que la cause, de la sympathie des Juifs pour l'islam. Ce mythe a été créé par les Juifs d'Europe au 19ème siècle comme un reproche fait aux chrétiens – puis repris à notre époque par les musulmans comme un reproche aux Juifs". Comme la plupart des mythes puissants, cette histoire contient un élément de vérité historique. Si la tolérance signifie l'absence de persécution, alors on peut en effet dire que la société islamique classique était tolérante à l'égard de ses sujets juifs et chrétiens – plus tolérante peut-être en Espagne qu'à l'Est, et dans ces deux régions, incomparablement plus tolérante que le christianisme médiéval. Mais si la tolérance signifie l'absence de discrimination, l'islam n'a jamais été, ni prétendu être tolérant, insistant au contraire sur la supériorité du véritable croyant dans ce monde et dans le monde à venir. (1) L'analyse suivante se limite au sujet de l'antisémitisme arabe comme phénomène médiatique contemporain ; nous évitons délibérément d'aborder le sujet de l'attitude des musulmans à l'égard des Juifs et du judaïsme avant l'ère moderne. Cela ne signifie toutefois pas que je sous-estime les effets d'une tradition vieille de plusieurs centaines d'années : comme on peut s'y attendre, les stéréotypes du Juif hérités de l'islam médiéval alimentent la réaction arabe au sionisme et à Israël.Pour illustrer ce point, voici le témoignage d'un témoin des plus fiables : le grand historien du 14ème siècle Ibn Khaldun. Dans l'un des chapitres les moins bien connus de sa célèbre Muqaddima ("Introduction à l'étude de l'histoire"), portant sur les principes de l'éducation, Ibn Khaldun met en garde ses lecteurs contre une discipline trop sévère et le recours au châtiment corporel des enfants, susceptibles, selon lui, de provoquer des dégâts moraux : 40

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"Une éducation sévère brise l'esprit des jeunes ; elle supprime la vertu et engendre des traits de caractères négatifs tels que la propension au mensonge et la fourberie (khubth)." "L'effet nuisible des restrictions sévères et de l'oppression," soutient Ibn Khaldun, "est visible non seulement sur les individus, mais aussi sur les groupes. Cela," affirme-t-il, apparaît clairement chez les Juifs, qui sont "connus partout pour leur bassesse et leur fourberie." (2)Ce dernier commentaire nous en apprend beaucoup sur l'image des Juifs dans l'islam médiéval, d'autant plus qu'il est rapporté par Ibn Khaldun pour illustrer un sujet extérieur à la question juive: dans ce chapitre, Ibn Khaldun ne cherche pas à informer ses lecteurs sur les Juifs ; il se contente de rapporter ce qui est considéré comme un fait bien connu. C'est précisément parce qu'Ibn Khaldun ne doute aucunement du fait qu'en tout lieu, les Juifs soient considérés comme vils et fourbes, qu'il peut aisément se servir de leur image pour illustrer son propos. Cela me rappelle une anecdote personnelle : en juin 1979, je me trouvais au Caire, à l'occasion d'une visite toute particulière, puisque j'avais été invité par le président Sadate [ndlr : le professeur et colonel Milson fut l'aide de camp de Sadate lors de sa visite en Israël]. J'étais descendu à l'hôtel Shepheard; or personne à l'hôtel ne savait que j'étais israélien, hormis bien sûr le directeur de l'hôtel et les standardistes, pour des raisons évidentes. Au petit déjeuner, une hôtesse me demanda d'où je venais ; je lui répondis "d'Israël". Mais elle ne voulut pas me croire, affirmant : "Non, vous vous payez ma tête, vous êtes jordanien" Elle imagina aussi que je pouvais être libanais ou libyen, mais ne parvenait pas à croire que je puisse être israélien. Elle expliqua : "Je connais les Israéliens ; nous avons reçu un grand nombre d'Israéliens. Je sais reconnaître les Israéliens" . Cela m'intrigua. Je lui demandai : "Et à quoi les reconnaissez-vous ?" "Eh bien, dit-elle, ils ont un regard fourbe typique". Cette remarque me frappa: cette hôtesse, décrivant les Israéliens, employait précisément le terme "fourbe", adjectif qui avait été employé six siècles plus tôt par Ibn Khaldun pour qualifier les Juifs.Je voudrais souligner que mon intention n'est pas ici de faire d'Ibn Khaldun un anti-Juif. Il ne l'était certainement pas : quand il évoque les Juifs dans sa Muqaddima (ou dans ses autres ouvrages), comme il le fait de temps à autres pour dresser des comparaisons historiques, il en parle de façon parfaitement objective, sans manifester le moindre antagonisme. S'agissant de l'exemple cité plus haut, on y discerne d'ailleurs une touche de compassion pour les Juifs "opprimés". Je n'ai pas non plus l'intention d'accuser d'antisémitisme l'amicale hôtesse égyptienne. Le seul but de ces exemples est de montrer que les stéréotypes ont la vie dure. L'antisémitisme contemporain dans les médias arabes On entend souvent dire que, dans les pays où les médias sont contrôlés par l'Etat, le public tend à développer une saine résistance vis-à-vis de la ligne du parti et à cultiver ses sympathies et ses antipathies indépendamment des médias. Doit-on en conclure que dans les pays arabes, le public, habitué à se méfier des médias officiels, ne tiendrait pas compte des propos antisémites servis par les médias, les reléguant au rang de "propagande officielle (et donc mensongère)" ? Il n'en est rien. L'attitude de l'hôtesse égyptienne de l'hôtel Shepheard au Caire révèle la résistance, par-delà les frontières, de préjugés vieux de centaines d'années, lesquels facilitent l'adoption des images négatives des Juifs et des Israéliens diffusées par les médias.L'antisémitisme arabe en tant que phénomène idéologique et politique moderne, relayé par les médias, correspond à l'émergence du sionisme et à la naissance de l'Etat souverain d'Israël. La date de parution des publications antisémites en arabe le montre bien : le premier roman arabe aux thèmes clairement antisémites date de 1921 ; en 1925 a paru la première traduction en arabe du Protocole des Sages de Sion. A partir de 1947, on assiste à une augmentation indéniable du nombre de publications antisémites en arabe. Mais ce serait une erreur de limiter l'antisémitisme arabe à une 41

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conséquence du conflit israélo-arabe. Pourquoi ce refus de reconnaître l'existence d'un antisémitisme proprement arabe ? Au vu de la quantité de références antisémites contenues dans les publications arabes de toutes sortes du siècle dernier, on ne peut que constater, avec une certaine perplexité, que les universitaires juifs et israéliens les ont tout bonnement ignorées.

Il existe toutefois quelques exceptions (en Israël et ailleurs) : La position arabe dans le conflit israélo-arabe (paru en hébreu en 1968), de Yeoshafat Harkabi, demeure, jusqu'à ce jour, un ouvrage de référence sur le sujet. (3) Harkabi n'a pas hésité à qualifier le phénomène d'antisémitisme. A suivi, en 1971, un article de Bernard Lewis intitulé "Sémites et antisémites" suivi de travaux supplémentaires du même auteur. Rivka Yadlin, Norman Stillman, Bat Yeor et Ron Nettler ont aussi abordé le sujet. Mais ils sont restés des exceptions: l'écrasante majorité des spécialistes du Moyen-Orient, en Israël et ailleurs, ont évité le sujet. J'ai tenté de donner une explication à ce surprenant phénomène: des facteurs psychologiques se mêlent ici aux facteurs politiques et idéologiques. Nous devons garder en mémoire le fait que toute l'entreprise sioniste avait pour but de résoudre le problème de l'antisémitisme. Ainsi, la découverte que la haine à laquelle nous croyions avoir échappé en quittant l'Europe était endémique au Moyen-Orient est un fait que beaucoup ont préféré ignorer ou nier.

Il existe peut-être une autre motivation, plus politique, derrière le refus d'admettre l'existence d'un antisémitisme arabe: la crainte que la révélation de ce sentiment antisémite chez les Arabes ne renforce l'intransigeance politique en Israël et fasse le jeu des groupes politiques opposés à tout compromis territorial. Il faut reconnaître que cette crainte n'est pas sans fondement. Toutefois, ceux qui, comme moi, sont favorables à une politique israélienne allant dans le sens de deux Etats, doivent bien admettre que fermer les yeux sur l'antisémitisme arabe n'est pas seulement une faute intellectuelle; c'est aussi contre-productif sur le plan politique. Nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer l'antisémitisme arabe ; nous nous devons même de l'examiner de près. Il est désolant de constater que l'antisémitisme arabe est devenu, depuis la fin des années 1930, la plus dangereuse forme de haine des Juifs, où que ces derniers se trouvent. Cela est notamment dû à la coopération qui existe entre Arabes antisémites et leurs homologues occidentaux. Qu'est-ce que l'antisémitisme arabe ? La définition la plus évidente serait : un sentiment arabe anti-juif, s'exprimant en arabe à l'attention du public arabe. Force est de constater que les antisémites arabes s'adressent toutefois fréquemment aux publics étrangers pour gagner leur soutien. Quelles sont les caractéristiques de l'antisémitisme arabe ? Les conclusions suivantes ont été formées sur la base d'une veille médiatique de grande envergure réalisée par le MEMRI, portant sur la presse, des publications arabes, des émissions télévisées, des sermons du vendredi, des ouvrages et des sites Internet. 42

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La propagande arabe anti-juive semble comprendre trois composantes majeures : a – des opinions anti-juives dérivées de sources islamiques traditionnellesb – des stéréotypes antisémites, des images et des accusations d'origine européenne et chrétiennec – Une attitude négationniste, et l'équation de sionisme avec nazisme (également d'origine occidentale, mais son rôle de pivot requiert une attention particulière).

La composante islamique

Des singes et des porcs

Une insulte extrêmement courante adressée aux Juifs, non seulement dans les sermons du vendredi, mais aussi dans les articles politiques, consiste à les qualifier de singes et de porcs, ou de descendants de ces animaux. Cette référence injurieuse se base sur un nombre de versets coraniques selon lesquels certains Juifs auraient été transformés en singes et en porcs par Dieu, pour les punir d'avoir enfreint le shabbat. (4)Cette injure ne devrait pas être écartée comme une vulgaire insulte, et la croyance selon laquelle les Juifs ont été métamorphosés en singes, en porcs et en d'autres créatures ne devrait pas plus être considérée comme une simple croyance primitive propre à la pensée magique. Le fait de faire allusion de façon récurrente aux Juifs comme à des bêtes méprisables les déshumanise et justifie leur élimination. Voici quelques exemples de l'utilisation de cette injure dans différents contextes.- Le cheikh saoudien Abd El-Rahman Al-Sudayyis, imam et prédicateur à la mosquée Al-Haram, c'est-à-dire à la mosquée de la Kaaba à la Mecque, Premier lieu saint du monde musulman, a déclaré dans un sermon : "Lisez l'histoire et vous comprendrez que les Juifs d'hier sont les ancêtres malfaisants des Juifs d'aujourd'hui, une descendance malfaisante composée d'infidèles qui déforment les paroles (de Dieu), d'adorateurs du veau, d'assassins des prophètes, de négateurs des prophéties… Le rebut de l'espèce humaine, qu'Allah a maudit et 'dont il a fait des singes et des porcs...' Ainsi sont les Juifs, un continuum d'escroqueries, d'entêtement, de permissivité, de mal et de corruption…" (5)- Cette image a pénétré la conscience collective, y compris celle des enfants. En mai 2002, Iqraa, la chaîne satellite saoudienne qui, selon son site Internet, s'efforce d' "éclairer les aspects de la culture islamique qui suscitent l'admiration… afin de mettre en avant la véritable image de l'islam - fait de tolérance, et de réfuter les accusations dirigées contre l'islam", a interviewé une "vraie petite musulmane" âgée de trois ans et demi au sujet des Juifs, dans l'émission Magazine féminin musulman. L'animatrice a demandé à la fillette si elle aimait les Juifs. Celle-ci a répondu : "Non." A la question "pourquoi ?", la fillette répond que les Juifs sont des "singes et des porcs". "Qui a dit cela?", demande la présentatrice. "Notre Dieu", répond la fillette. "Où l'a-t-il dit ?" reprend la présentatrice. "Dans le Coran." A la fin de l'entretien, la présentatrice conclut avec satisfaction : "Des parents ne pourraient pas souhaiter qu'Allah leur accorde plus croyante petite fille (…) Qu'Allah la bénisse, ainsi que son père et sa mère." (6)- Salim Azzouz, chroniqueur pour le quotidien égyptien d'opposition Al-Azzouz, affilié au parti libéral religieux, a ainsi commenté le retrait israélien du Liban en mai 2000 : "Ils se sont enfuis avec seulement la peau sur le dos, comme des porcs. Et pourquoi dire 'comme', quand ce sont effectivement des porcs et des singes?"

La promesse des pierres et des arbres – Wa'd al-hajar wa-'l-shajar

Un autre thème traditionnel anti-juif très populaire est celui de "la promesse de la pierre et de l'arbre". Une tradition prophétique (hadith) souvent citée affirme que peu avant le Jour du43

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Jugement, les musulmans se battront contre les Juifs et les tueront. Les Juifs se réfugieront derrière des pierres et des arbres, mais ces derniers s'exclameront : "Ô musulman, ô serviteur d'Allah, un Juif se cache derrière moi. Viens le tuer !" Tout récemment, un prédicateur de la plus grande mosquée de Bagdad a cité un hadith à la télévision en brandissant son épée. Son cri "Nous leur couperons la tête !" a mis en transe le public, composé de centaines de personnes.

Eléments occidentaux

L'antisémitisme arabe a adopté tous les mythes antisémites européens, y compris ceux que les antisémites occidentaux ont écartés comme étant trop primitifs. Les exemples le plus évidents sont : l'accusation de crime rituel, le Protocole des Sages de Sion, et l'accusation – assez étrange de la part de musulmans – selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus. L'accusation de crime rituelCette accusation est encore très courante aujourd'hui dans le monde arabe et musulman, jusque dans les journaux gouvernementaux à grand tirage. Certains écrivains rabâchent et recyclent ces accusations bien connues, leur donnant un tour nouveau, comme à celle concernant la festivité juive de Pourim, qui prétend que les Juifs incorporent du sang humain à leurs gâteaux traditionnels. Ces accusations de crimes rituels contenues dans les médias arabes se rencontrent essentiellement dans le contexte de la critique des actions d'Israël contre les Palestiniens. L'une d'elle a incité la Cour suprême de Paris à assigner à comparaître Ibrahim Nafie, directeur du quotidien égyptien Al-Ahram. Nafie a été accusé d'incitation à l'antisémitisme et de violence raciste pour avoir autorisé la publication d'un article intitulé "La matza juive est faite de sang arabe", paru dans le numéro d'Al-Ahram du 28 octobre 2000. L'article a créé un lien entre l'accusation de crime rituel de Damas en 1840 et les opérations israéliennes dans les territoires occupés. (7) Il est intéressant de constater que les accusations contre Nafie, qui est président de l'union des journalistes arabes, ont suscité une tempête de protestations à travers le monde arabe. Elles ont été qualifiées dans les médias arabes de "terrorisme intellectuel", de "coup porté à la liberté d'expression", d' "attaque sioniste contre la presse égyptienne", d' "extorsion du lobby sioniste de France" et même d' "insulte à l'ensemble de la presse arabe", Ibrahim Nafie étant considéré comme son principal représentant. Le Protocole des Sages de SionDepuis 1927, année de la traduction du Protocole des Sages de Sion en arabe, l'ouvrage a fréquemment servi de référence au discours anti-juif dans le monde arabe, pour appuyer l'hypothèse d'un "complot juif pour contrôler le monde". Dans le monde arabe, nombreux sont les façonneurs d'opinion qui citent ce faux pour montrer comment le prétendu projet juif visant à contrôler le monde, transcrit dans le Protocole, est mis à exécution. Les Juifs sont accusés de recourir à des méthodes sournoises pour atteindre leur but : contrôler l'économie et les médias, corrompre les mœurs et encourager le conflit national et international. Fin 2002, l'usage du Protocole des Sages de Sion dans les médias arabes a suscité la controverse aux quatre coins du monde, avec la diffusion de la série télévisée égyptienne Cavalier sans monture pendant le Ramadan (novembre-décembre). (8) Au mois de Ramadan 2003, également à une heure de grande écoute, un autre feuilleton a été diffusé, dans le but de salir la réputation des Juifs en "révélant" leurs machinations. La série, produite par la Syrie et intitulée Al-Shatat (Diaspora), prétendait présenter la vie juive en Diaspora et l'émergence du sionisme ; elle était diffusée par la télévision du Hezbollah Al-Manar. Ce feuilleton comportait quelques scènes proprement horribles, telles que celle du meurtre rituel d'un Juif marié à une non-Juive. 44

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Le feuilleton montre en outre comment Amschel Rothschild, prétendu fondateur d'un gouvernement juif secret, aurait ordonné à ses fils, sur son lit de mort, d'entamer des guerres et de corrompre le monde pour servir les intérêts financiers et les objectifs politiques des Juifs. Il est intéressant de noter que les producteurs d'Al-Shatat, conscients du tollé général provoqué par la diffusion de Cavalier sans monture, ont pris la peine de diffuser un démenti au début de chaque épisode, affirmant que la série ne se basait pas sur le fameux Protocole des Sages de Sion mais sur des faits et des recherches historiques, y compris des écrits de Juifs et d'Israéliens. Quand le Protocole est mentionné dans les médias arabes, il n'est jamais remis en question. De nombreux écrivains arabes sont bien sûr conscients du fait que le Protocole est un faux. Néanmoins, cela ne les empêche généralement pas se servir du Protocole parce que, disent-ils, "peu importe qu'ils rapporte des faits ou relève de la fiction : leurs 'prédictions' se sont en grande partie réalisées."Voici, à titre d'exemple, un extrait d'article du journaliste libanais Ghassan Tueni : "Si nous ne savions pas que le Protocole des Sages de Sion avait été fabriqué par les services de renseignement russes au 19ème siècle (…), nous dirions que les événements actuels correspondent très exactement au projet juif mondial, vu la grande similitude qui existe entre [les événements actuels] et ce qui est attribué, à tort, [aux Juifs]. [Je fais allusion] au complot visant à contrôler le monde et à en piller les richesses, aux actions [des Juifs] partout dans le monde et au statut financier, politique et militaire [des Juifs à travers le monde]. Cela s'ajoute à leurs efforts pour détruire tout ce que les autres considèrent comme sacré."(9) Comme mentionné plus haut, il existe quelques notables exceptions, dont des personnalités renommées, qui ont ouvertement dénoncé Le Protocole comme étant un faux. On compte parmi elles le philosophe syrien Dr Sadeq Jalal al-Azm, le conseiller du président Moubarak Oussama El-Baz et le Dr Abdel Wahhab Al-Massiri, une référence en Egypte en matière d'histoire juive et l'auteur d'une encyclopédie du judaïsme en langue arabe. Les Juifs ont tué JésusL'ancienne accusation chrétienne selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus s'est banalisée dans le discours arabe antisémite. Un exemple : le conseiller d'Arafat, Bassam Abou Sharif, fait allusion, dans le quotidien saoudien Al-Sharq Al-Awsat, basé à Londres, à la statue de la Vierge Marie endommagée par les tirs israéliens au cours du siège de l'Eglise de la Nativité à Bethlehem, dans les termes suivants : "Le triste sourire de la Vierge Marie qui sert de bouclier à son fils le Messie n'a pas empêché les soldats de l'occupation israélienne de pointer leurs armes sur l'ange palestinien [Jésus] et d'assassiner le sourire [de la Vierge] (…) afin d'éliminer ce qu'ils n'ont pas réussi à tuer en 2000 ans. A Bethlehem, un nouveau crime a été commis. Ce fut, bien sûr, une tentative ratée pour éradiquer la paix, l'amour et la tolérance, à l'instar de leurs ancêtres qui ont essayé d’assassiner le message prophétique en enfonçant des clous et des pieux en fer dans le corps du Messie et la Croix de bois." (10)Il est particulièrement ironique de constater que la propagande arabe anti-juive qualifie les Juifs de meurtriers du Christ, car selon le Coran, Jésus n'a pas été crucifié et n'est pas mort sur la croix. Cette croyance chrétienne est considérée par l'islam comme blasphématoire. (11)

Négationnisme et équation entre sionisme et nazismeLes écrits anti-sionistes arabes actuels tendent généralement à faire l'équation entre sionisme et nazisme. Ils insistent sur une prétendue similitude entre les idéologies des deux mouvements, notamment sur une composante raciste commune : tout comme les nazis croyaient en la supériorité de la race aryenne, les sionistes croiraient en l'existence d'un "peuple élu", le peuple juif. 45

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En outre, ces deux idéologies sont prêtes à une expansion militaire au moyen des armes, affirment-ils.Un autre argument est que les sionistes auraient collaboré avec les nazis à l'annihilation du peuple juif : puisque les sionistes considéraient la Palestine comme la seule destination appropriée à l'immigration du peuple juif, ils ne se sont pas donné la peine d'investir dans une aide strictement humanitaire pour sauver des Juifs. De telles déclarations ont servi de thème à la thèse de doctorat (1982) du haut responsable de l'Autorité palestinienne et secrétaire général du comité exécutif de l'OLP, M. Mahmoud Abbas, connu aussi sous le nom d'Abou Mazen, à l'Institut des études orientales de Moscou. La version arabe de la thèse a été publiée en 1984. (12) L'équation entre sionisme et nazisme s'applique aussi à la situation actuelle au Moyen-Orient. Les actions d'Israël et des sionistes contre les Palestiniens sont comparées aux crimes nazis contre les Juifs ; on peut parfois lire qu'elles sont pires encore. Les implications politiques de ces déclarations sont claires : s'il n'y a pas eu d'Holocauste, les Allemands ne devraient pas se sentir coupables à l'égard des Juifs. Mais s'il n'y a pas eu d'Holocauste, les Allemands, et le reste du monde occidental, sont coupables de ce qu'ils ont fait subir aux Palestiniens au nom des Juifs. Et si les Juifs font aux Palestiniens ce que les nazis ont fait aux Juifs, les Allemands n'ont pas à avoir honte. Tel est le lien qui relie l'antisémitisme du Moyen-Orient à l'antisémitisme occidental, créant un axe stratégique de l'antisémitisme. La diabolisation du Juif La conséquence "logique" de ce qui a été dit plus haut est la diabolisation des Juifs, individuellement et collectivement. Malgré les informations accumulées sur l'identité des auteurs des attentats du 11 septembre 2001, fonctionnaires, journalistes et dirigeants religieux dans l'ensemble du monde arabe et musulman ont continué d'affirmer que les auteurs des attentats n'étaient pas arabes ou musulmans. La croyance selon laquelle des éléments américains ou juifs/israéliens ont perpétré ces attaques est devenue un mythe communément accepté dans le monde arabe. Selon certaines versions de ce fantasme grotesque, ce serait même le président George W. Bush et le Secrétaire d'Etat Colin Powell qui auraient commandité les attentats. (13) Que faire ? La question que l'on se pose finalement est : que faut-il faire ? La première étape consiste à comprendre le danger représenté par l'antisémitisme arabe. Il a infiltré les esprits de part et d'autre du monde arabe et créé une atmosphère dans laquelle les Juifs, individuellement ou collectivement, ne sont pas considérés comme tout à fait humains. Cela représente en soi un obstacle à la paix : les accords de paix avec Israël signés par l'Egypte et la Jordanie n'ont toujours pas conduit à la normalisation des relations avec Israël. C'est pourquoi lutter contre l'antisémitisme arabe n'est pas seulement lutter contre le mensonge et les préjugés ; c'est essentiellement lutter pour l'amélioration des relations entre Juifs et Arabes. En pratique, il faudrait opérer une veille médiatique des manifestations de l'antisémitisme arabe et permettre aux médias occidentaux, ainsi qu'aux façonneurs d'opinion, d'en connaître le résultat. Les publications antisémites devraient être traduites dans les langues européennes, dans l'espoir que la révélation publique de ces propos suscite des protestations au niveau international, des pressions diplomatiques à l'égard des institutions et des gouvernements arabes coupables d'antisémitisme.

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Certains ne manqueront pas d'opposer qu'une telle veille médiatique attirera l'attention sur l'opinion d'une minorité de fanatiques religieux qui seraient autrement passés inaperçus. Cette opinion ignore le fait qu'une grande partie de cette littérature de la haine est publiée dans les principaux journaux et magazines des pays concernés – subventionnés pour beaucoup par les gouvernements – et sur des chaînes télévisées très populaires. Feindre d'ignorer l'antisémitisme arabe ne fera qu'encourager les éléments extrémistes du monde arabe à se développer sans surveillance et à accroître leur influence politique néfaste. De récentes expériences ont montré que les gouvernements et intellectuels arabes ne sont pas indifférents aux protestations et aux pressions extérieures. Les articles d'Oussama Al-Baz, de décembre dernier, où il dénonce l'antisémitisme, ont été accueillis comme un important pas en avant. Tout aussi importante est la nouvelle (rapportée par le quotidien saoudien Al-Watan du 14 mars 2003) selon laquelle l'Institut d'études islamiques de l'université a recommandé aux prédicateurs musulmans de ne pas comparer les Juifs à des singes et des porcs. Aucune de ces mesures n'aurait sans doute été prise sans les récentes protestations et critiques émises par le Congrès américain et les médias occidentaux. (14)Pour toutes ces raisons, je pense qu'il convient de persévérer dans la tâche fastidieuse qui consiste à surveiller et exposer le terrible produit de l'antisémitisme arabe.

• "Qu'est-ce que l'antisémitisme arabe ?", paru dans Antisémitisme international, revue annuelle du centre international Vidal Sassoon [Jérusalem, 2003], pp. 23-29 – sur la base d'une conférence donnée a l'Université hébraïque de Jérusalem le 20 février 2003.

Par Menahem Milson, professeur émérite de l'université de Jérusalem et conseiller au MEMRI.MEMRI- Dossier spécial n° 26http://www.nuitdorient.com/n1318.htm

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