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6-8 RUE JEAN ANTOINE DE BAIF 75212 PARIS CEDEX 13 - 01 56 79 36 82 20/26 SEPT 14 Hebdomadaire OJD : 594049 Surface approx. (cm²) : 3488 N° de page : 1,22,23,24,...,28 Page 1/7 LIENS 4217531400506/GPP/MFA/2 Tous droits réservés à l'éditeur JEREMY RIFKIN ENTERRE LE CAPITALISME e gl ll S Ispl S S "P? M S i g i rtl ..Hill rn JflccER RESSUSCITE JAMES BROWN

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JEREMY RIFKINENTERRE

LE CAPITALISME

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LE DOSSIER EN ROUTE VERS UNE SOCIETE D'ABONDANCE

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ON L'APPELAITCAPITALISME

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Longtemps il a régnésans rival. Miné parla crise, le capitalismerecule f ace aux modèlescollaboratifs nés surInternet. Un nouveaumonde émerge,centré sur le partage.Par Olivier Pascal-MoussellardIllustrations RichardNiessen pour Télerama

II y a vingt-cinq ans, c'était la star du ring, le «boss»,vainqueur du communisme par KO ! Aujourd'hui, le capita-lisme est un champion usé par la crise, miné par les contra-dictions et politiquement à bout de souffle Dans toutes lesdisciplines, d'éminents chercheurs se penchent sur le blesséL'an dernier, Thomas Piketty (dans Le Capital au XXIe siecle)ou l'anthropologue David Graeber (avec Dette, 5000 ansd'histoire) ont brillamment dissèque les failles du boxeur,bouffi d'excès. Au début de l'année l'historien Jérôme Bas-chet a publie ses Adieux au capitalisme - pronostic vital en-gagé ! Et voilà que se glisse, en tête du cortège, une des py-thies les plus écoutées de la planete, Jeremy Rifkm, venuprononcer l'épitaphe du capitalisme dans un essai au titrebarbare maîs au propos fascinant La Nouvelle Societe ducoût marginal zéro. L'Internet des objets, l'émergence des communaux collaboratifs et l'éclipsé du capitalisme.

Il y a dix ans à peine, Alan Greenspan, le président de laReserve federale américaine, pouvait certifier que, demain,« le monde sera régipar les forces du marché», on l'écoutait. Depuis, la crise de 2008 a saigné le monde a blanc Et fait cogi-ter. Sur le paradoxe cocasse d'un capitalisme sauvé in extre-mis par son ennemi jure... l'Etat! Ou sur «les gravesdysfonctionnements d'un système quise targue habituellementd'efficacité», dixit Jérôme Baschet Plus besoin d'invoquer lathéorie marxiste des «contradictions» internes du grandcorps malade, l'«horreur économique» des cinq dernieresannées s'est chargée de l'actualiser : spirale de l'endettementet du credit, tensions extrêmes sur le marche du travail, finannoncée des ressources fossiles et menace sur l'avenir del'humanité... Le systeme «bug» : si on changeait de logiciel i

C'est exactement ce que proposent Rifkm, Graeber et Bas-chet - en ordre disperse - dans des ouvrages denses, parfoiscomplexes, en tout cas portés par une audace stimulante. Lepremier pense que le capitalisme est condamne a s'éclipser;les autres, qu'il faudra lui donner un coup de pouce. Maîs lesdés sont jetés - ou le sort de l'humanité, scelle. Pas d'appel auGrand Soir, et zéro promesse d'avenir radieux, car l'horizon,pour eux, ne se limite plus a un choix binaire, capitalismecontre socialisme. Maîs un courant d'air frais, comme une fe-nêtre ouverte sur un present qui sent le renfermé : «Nousavons coutume dépenser qu'il n'y a que deux moyens d'organi-ser l'économie: le marché capitaliste et l'Etat, regrette Jeremy

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Rifkin Cette idée nous est si familière que nous en oublions letrmsiememoyenbienreeldontnousdependonsquotidiennementpour toute une séné de biens et services que ne fournissent ni lemarche rn l'Etat » Cette troisieme voie, Rifkin l'appelle les« communaux collaboratifs », une forme d'organisation sociale fondée sur l'intérêt de la communaute plutôt que bur celui des particuliers, dynamisée par les reseaux sociaux, I innovanon et la culture du partage Baschet et Gracber, chacuna sa façon, évoquent aussi la construction d'un «commun»fonde sur des choix de production qualitatifs et non quantitatifs, des decisions prises collectivement et collectivement assumees, le respect de la planete, le foisonnement créatif et lapluralite des modes d existence

Utopie? Tout le contraire1 Car ce modele alternatif existedéjà depuis la nuit des temps La mise en commun depâturages, de forets, de reseaux d'irrigation ou de pêcheriesa ete la regle pendant des siècles Et la gestion collective de cesbiens, «une forme de gouvernance bien antérieure au capitalisme[ ] efficace pour organiser lavie economique aux époquesféodale et médiévale», poursuit Rifkin Ce n'est pas quel'homme soit bon, ou naturellement genereux Simplementl'économie du partage était le meilleur moyen d assurer I optimisation des maigres ressources dont les gens disposaientAdieu, vieilles croyances piopagees par Adam Smith d'unmonde d égoïstes essentiellement tournes vers la recherchedu profit' Quantite de travaux ont montre que, lorsquongere des ressources communes, « chacun, laplupartdu temps,fait passer l'intérêt de la communaute avant le sien, assure Rifkm, et la preservation a long terme de la ressource communeavant sa propre situation immédiate, même quand elle est ternble» G'était vrai hier Et il n'y a aucune raison que cela nele soit plus demain

Faites entrer les nouvelles technologies1 Et la «societe ducout marginal zero» Le raisonnement de Rifkin est simpleAvec l'Internet des objets - une plateforme technologique quiva connecter l'ensemble des machines, des entiepnses, desdomiciles et des vehicules dans un reseau intelligent -, nousentrons dans la troisieme revolution industrielle (apres la vapeur et l'électricité) information, sante, securite, marketing,environnement, energie, education , tous les secteurs d'acdvite seront concernes Beaucoup le sont déjà Aux Etats Unis,37 millions de compteurs «intelligents» mesurent en tempsreel la consommation de I electricite dans le pays Demain,immeubles, téléviseurs, machines a laver, voitures, magasms enverront en temps reel des informations Oe fameuxbig data) sur I efficacité energetique d un equipement, I usured'un autre, la productivite d'un troisieme Avec de gigantesques economies a la cle Le geant de l'informatique CiscoSystems a calcule que cet «Internet de tout» rapportera14400 milliards de dollars en 2022 Or, ces gains de productivite, e est l'air et le feu du capitalisme - ce qui permet, depuisun siecle et demi, d'offrir toujours plus de biens a moindreprix et d'engranger du profit Passe une certaine limite, ilsfont exploser le systeme «/Vous «avionsjamais anticipe, ditRifkin, la possibilité d'une revolution technologique tellementextreme quelle pourrait reduire ce cout marginal, pour un ensemble important de biens et services, a presque zero, rendantces biens et services virtuellement gratuits et abondants Et sapant au passage les bases mêmes du capitalisme »

Ricanements dans les travées Le capitalisme tue par le numenque, la gratuite et l'apparition d'une societe d'abondance9 Tout juste D'ailleurs, plusieurs étages se sont déjà

affaisses La simple possibilité d'échanger gratuitementdes fichiers musicaux sur Internet a fauche l'industrie dudisque « materiel » La presse ecrite traverse une veritable tempète depuis l'arrivée des sites d'information - gratuits aussi -sur le Web Quant a la librairie, Amazon et la montee du livrenumerique n en ont fait qu une bouchée aux Etats Unis Volla pour I apero Car le plat de resistance est encore a venir untsunami sur la production et la distribution de tous les biensmatériels, dans tous les secteurs de l'économie

Prenez I energie les technologies de captation et de stcekage des energies renouvelables s améliorent si vite que lecout des panneaux solaires et des eoliennes promet de suivrela même courbe que le prix des equipements informatiquesune chute libre Le qui, a moins que le soleil ne s éteigne, laisseentrevoir la possibilité d'une energie quasiment gratuite L'AIlemagne, qui n'est pas le pays le plus ensoleille du monde, ycroît un quart de sa consommation d energie est déjà d'ongine verte S il n y avait que ça maîs I impression SD déferleaussi sur le monde, pour matraquer les coûts ' Aujourd'hui,quelque cent mille amateurs fabriquent leurs propres produits - vis, chaises, jouets - avec leur imprimante SD pourseulement quèlques euros Demain, ils seront des millionsproduisant, consommant et partageant quantite de biens etservices physiques ou virtuels a des tarifs toujours plus bas -quand ils ne seront pas gratuits «Nous nous éveillons a uneréalité nouvelle qui est difficile a cerner, écrit Rifkin La théorieeconomique classique, f ondée sur la rareté, voire la penurie desbiens disponibles, nous a paru si convaincante que nous avonsdu mal a croire qu'une economie de labondance soit possibleMaîs elle I est > Mieux vaut se tenir pret

G est la que ça coince Car les responsables politiques- en tout cas la majorité d entre eux - se conduisent, pour reprendre l'image du dernier livre de Françoise Benhamou i,comme ces plagistes auxquels on vient d'annoncer l'imminence d'un tsunami et qui se précipitent pour ranger les Iransais Malgre les mises en garde et les protestations, leur discours ne change pas «TINA '» (there is no alternative), e estle même refrain que celui de Margaret Thatcher et de RonaldReagan dans les annees 1980 Au royaume du capital, ce n'estjamais le systeme qui est en faute, maîs ceux qui le nourrissent - les hommes, incapables de s'adapter Peu importeque la planete soit au bord de I asphyxie, que les inégalités secreusent, que la boussole débloque le capitalisme reste « lamoins mauvaise des solutions », ça va finir par marcher Oncontinue donc d invoquer « La Croissance ' La Croissance ' »comme d'autres appellent la pluie, même si Thomas Pikettya montre, chiffres a l'appui, que sur la longue duree le tauxde croissance de nos economies n avait qu a de tres rares occasions dépasse les i % par an

Heureusement, une partie de plus en plus large de lasociete n a pas attendu la bénédiction des «experts» pourpasser a autre chose des particuliers, des groupes d amis,des associations, des entreprises sociales et beaucoup pluslargement les jeunes, cette fameuse «generation du Millenaire » qui a grandi dans un monde structure par des reseauxsociaux Consommatrice, cette generation I est sans douteMaîs plus intéressée par l'accès aux biens qu'a leur possession, comme le montrent un nombre croissant d'études Unnouveau monde se profile, ou «les jeunes partagent en lignemaisons, vetements et presque tout le reste [ ] », ou ils echangent voitures, bicyclettes et transports publics sur I Internetde la logistique (pensez a Velib' et a Autohb , puissance

Bientôt immeublesvoitures téléviseursusines chaines demontage seronttous connectes dansun vaste «Internetdes objets»

ALIKELa NouvelleSociete du coûtmarginal zerode Jeremy Rifkined Les Liens quilibèrent 512 p 26€Comme si nousétions déjà libres,dè Dav d Graebertraduit de I anglaispar Alexie Douceted Lux 270 p 22 €Des fins ducapitalisme,de David Graebertraduit de I anglaispar Maxime Rovereet Martin Rueffed Payot 20€(parutionle 1er octobre)Adieux aucapitalisme,de Jerome Bascheted La Decouverte206 p 15€

Le Capitalisme,serie en sixepisodes de (lanZiv sur Arte les 1421 et 28 octobre

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mille) ; et où demain, assure Rifkin, ils produiront de l'élec-tricité verte à l'échelle locale, avant de la distribuer sur l'In-ternet de l'énergie, comme ils échangent des infos sur lesréseaux sociaux. Et quel est ce monde? Précisément celuides «communaux collaboratifs». Ils attendent la déferlantetranquillement, leur planche de surfaux pieds.

D'autres couches de la population s'y sont mises aussi, ducovoiturage à l'échange d'appartements, du jardinage pourautrui (le propriétaire et le jardinier partagent la production)au crédit sans intérêts entre particuliers ou à l'entreprise so-ciale (qui n'a pas pour objet principal la recherche de profitsmaximaux). Aux Etats-Unis, ces entreprises emploient déjà10 millions de personnes, estime Rifkin. Et demain «la majo-rité de la population active sera employée dans le secteur nonlucratif sur les communaux collaboratifs ». Sans doute le capi-talisme ne s'écroulera-t-il pas en un jour, et ne disparaîtrad'ailleurs pas complètement. Mais si le remplacement du tra-vail des hommes par les machines dans l'industrie manufac-turière continue sur sa tendance actuelle, « l'emploi industriel,qui représentait 163 millions de postes en 2003, n'en compteraprobablement que quèlques millions en 2040, ce qui marquerala fin du travail industriel dans le monde». Et les services ne

devraient pas se porter beaucoup mieux. En fait, dans le nou-vel horizon d'une planète menacée de surexploitation, c'esttout le travail qui devra être redéfini, la notion de producti-visme abandonnée, «le développement technologique moinsaxé sur la production effrénée de produits de consommation »,souligne Graeber, et beaucoup plus sur «lesformes de travailque les humains assumeront toujours : les professions axées surles soins et l'aide envers autrui ». On aimerait le décrire dans ledétail, ce monde, mais depuis quand, demande Graeber, «lechangement social s'est-il produit sur un plan détaillé? Ce seraitcomme affirmer qu'un cercle étroit de visionnaires florentins aconçu à la Renaissance cette chose appelée "capitalisme", qu'ilen a élaboré tous les détails, jusqu'au fonctionnement de laBourse et des usines, puis qu'il a mis en œuvre un programmepour le concrétiser». Une seule chose semble assurée : lasociété postcapitaliste, rappelle Baschet, « est une société dutemps disponible. Dans le monde capitaliste, le "temps libre"n'est que l'envers du travail, son indispensable complémentvoué à la consommation [...] ou bien livré à la désespérantevacuité à laquelle condamne le chômage. Dans la société post-capitaliste, le temps disponible n'est pas un reste : il est l'essentiel[...]. On pourrait opposer, au culte marchand de la vitesse et à

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son impatience constitutive, un éloge de la lenteur et de lapatience - venus assurément indispensables dans un universfonde sur des rapports coopératifs et sur la construction, pastoujours aisée, de decisions communes »

Tout reste a inventer Les reponses viendront en marchant Sur la date approximative du deces du capitalisme,par exemple Si les faire part de disparition ont ete envoyésa I avance (avec une certaine audace), leurs auteurs saventbien que le capitalisme, mille fois donne mort, a montre uneaptitude exceptionnelle a encaisser les coups Et qu il varésister S entêter, même si, selon Rifkin, le rapport de forceavec les «communaux» devrait vite tourner a son desavantage Quefaire.alors ?Vivre<<commesifîou5ef!onscfe/a/îfcres>,suggère Graeber C est bien ce que font tous ceux qui, las d'at

« LA PROPRIETE,C'EST DÉPASSÉ ! »Pour l'économiste américain Jeremy Rifkin,l'heure de la troisième révolution industriellea sonné. La société va devoir s'adapter.

tendre, ont pris leur destin en mam Localement Collective-ment Et souvent joyeusement Qu il s agisse des mouvements Occupy (dont la branche américaine a pousse au cœurmême du reacteur, Wall Street), des communautés zapatistes du Chiapas, des cooperatives de producteurs independants, des villes qui ont opte pour la transition ecologique,des entreprises responsables, tous ont en commun troischoses (au moins) un modele de production et de consommation durable, une attitude non violente (Lénine «out»,Gandhi et la désobéissance civile «m» 1 ) , et le sentimentétrange et stimulant que le temps presse maîs que le com-mencement approche»i Le Livre a I heure numerique de Françoise Benhamou,ed du Seuil 212 p 17€

Avec le déclin du capitalisme et la montee en puissance des « communaux collaboratifs », selon Jeremy Rifkin,c'est une rude et longue bataille qui s'engage entre deuxsysternes economiques Les grands acteurs de I economie vontdevoir changer de metier, la politique devra s'élever pourrepondre aux nouveaux defis de la troisieme revolutionindustrielle Et l'individu ' II va sans doute muter Et ça commence des l'enfance, par les jouets Entretien

Nous nous éveillons, dites-vous, à «une nouvelle réalite- celle des communaux collaboratifs». Ce reveil ne risque-t-ilpas d etre difficile pour les entreprises7

L'économie des communaux collaboratifs est le premiersysteme global a émerger depuis l'avènement du capitalisme et du socialisme au début du XIXe siecle C est direcomme l'événement que nous traversons est historiqueAu début, le marche capitaliste et les communaux s'epanouiront cote a cote Maîs au fur et a mesure que les communaux gagneront du terrain, un combat terrible vas engager Pour suivivie, le capitalisme devra se «recondidonner», retoquer son approche du monde et tenter deprofiter de la montee en puissance des communaux plutôtque de s'y opposer Certains s'y mettent, en particulierdans le domaine de l'énergie Et mieux vaut ne pas trop tarder Car, comme je I ai dit aux cinq plus gros groupes energetiques allemands, devant la chancehere Angela Merkel,et aux dirigeants d'EDF « Vous allez changer de metier »Quand des millions d individus produiront leur propreenergie gratuitement et l'échangeront sur Internet, necomptez pas gagner de l'argent en fabriquant du courantelectrique votre job, ce sera de gerer le big data de l'energie pour faciliter la circulation des flux entre particuliers etentreprises - qui, demain, seront tous a la fois consommateurs et producteurs d energie Votre meilleure chance,c'est de faire comme IBM, GE ou Cisco, qui se sont lancesdans la gestion de l'information En Allemagne, le messageest passe En France, il fait son chemin même si l'on n'estpas encore pret a quitter la seconde revolution industrielleet son parc nucleaire

La gestion des flux sera donc le nerf de la guerre?

Absolument Et la grande question politique des anneesa venir devra porter sur le problème, essentiel, de la neutrahie du Web - soit un acces libre et une gestion collectivede ce dernier Disons le clairement les grandes compagmes du cable et des telecoms, et certains géants d'Internet,remettent en question cette neutralite, voulue par l'«mven-

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leur» de la Toile, Tim Berners Lee Quand ce dernier a imagine le World Wide Web, en 1990, il a souhaite que le systeme soit aussi simple d'utilisation que possible, pour quetout le monde puisse en profiter et que personne ne soitabandonne en chemin II a réussi, d'ailleurs que voussoyez patron ou collegien, sur le Net, tout le monde est aegalite Maîs aujourd'hui, les compagnies du cable rouspetent Elles disent «Nous avons mis beaucoup d'argent dansla mise en place des tuyaux, nous voulons gerer les flux autrement en faisant payer des tarifs différents en fonction dela qualite et des volumes des fichiers échanges Pour nousrembourser de nos investissements, nous devrions pouvoircontrôler les donnees que nous récupérons, et les commerciahser » Les câblo operateurs ne sont pas les seuls a vouloir le gâteau En installant des capteurs intelligents surleurs compteurs, par exemple, les fournisseurs d'énergieaimeraient bien faire remonter toutes les infos utiles sur leshabitudes de consommation de leurs clients, et les commerciahser G est donc bien autour du big data que se jouerent les profits - et les grands debats politiques - dans lesprochaines décennies Songez que Google enregistrechaque jour 6 milliards de recherches, qu'un habitant surtrois ou quatre de la planete est sur Facebook, que Twittera 160 millions d'utilisateurs, qu'Amazon est le supermarchedu monde Comment s'assurer que ces compagnies ne sequestrent pas les infos qu elles récupèrent a chacune de nosoperations sur le Net, comment faire en sorte qu elles n occupent pas de position de monopole dans leur activite ' Personne ne doit dominer outrageusement la plateforme technologiquedel Internet des objets Les centaines de millionsd'internautes que nous sommes devenus doivent s'orgamser Rien d'impossible ' Les syndicats sont bien apparusavec le début du capitalisme, parce que les individus isolesne parvenaient pas a exiger leur part de la production Jesuspecte que, demain, de nouveaux mécanismes émergerom afin que chacun ait un droit de regard sur la façon dontles informations qu il laisse sur le Web sont utilisées

Revolution industrielle, mutation politique .Omd du bouleversement de la société et des comportements

Deux phénomènes majeurs permettent de comprendrecomment cette troisieme revolution industrielle a déjà commence a transformer les comportements D une part, lesjeunes semblent de moins en moins obsèdes par I idée deposséder, d être proprietaires Une entreprise comme Generai Motors, aux Etats Unis, peut légitimement s'interrogersur son avenir quand elle découvre que l'achat de voitureschez les 18 25 ans aux Etats Unis est en chute libre Le secondchangement, c'est que, demain, dans une societe d'abondance, le capital social deviendra beaucoup plus importantque le capital economique ou financier Et cette mutationradicale commencera des le plus jeune âge Prenez les jouetsAujourd'hui, ils représentent le premier contact de I êtrehumain avec la propriete, donc avec le capitalisme Ce jouetque ses parents lui ont offert, l'enfant découvre que c'est lesien, pas celui de son petit copain Et personne ne le luiconteste Maîs demain - et en fait aujourd hill déjà dans denombreuses familles - les parents emprunteront des jouetspour leurs enfants sur un site Internet dedie, lenfant l'utiUsera pendant quèlques semaines ou quèlques mois ensachant pertinemment qu'il n'en est pas le proprietaire , etquand il s en lassera ses parents renverront le jouet au siteweb pour que d autres I utilisent A quoi bon garder des dizaïnes de jouets au grenier, n est ce pas' Maîs le grand bouleversement a l'œuvre dans cet exemple tout simple, ce n'estpas tant que l'enfant pourra, pendant toute sa jeunesse, profi ter d autres j ouets mieux adaptes a son âge e 'est le changement qui se produit dans sa tête par rapport a ce que lesgénérations qui l'ont précède ont connu II apprend en effet«naturellement» que les jouets ne sont pas des objets quel'on possède maîs des expériences auxquelles on accèdepour un temps donne, et que I on partage avec les autres IIse prépare en fait, des son plus jeune age, a l'économie dupartage qui l'attend C'est une mutation complète de la societe J'ai presque 70 ans et je n avais jamais, jamais anticipequ'une chose pareille se produirait •Propos recueillis par Olivier Pascal Moussellard

«Les parents emprunterontdes jouets pour leursenfants sur un site dédié»

RETROUVEZCET ENTRETIENEN INTÉGRALITÉLE 17 SEPTEMBRESURTÉLÉRAMA.FR .

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