Richesse pétrolière en Afrique centrale...PAO : Fernando Sole Cataloging-in-Publication Data Joint...

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  • Richesse pétrolière en Afrique centrale

    Les moyens d’une croissance solidaire

    DIRECTEURS DE PUBLICATION

    Bernardin Akitoby et Sharmini Coorey

    F O N D S M O N É T A I R E I N T E R N A T I O N A L

    ©International Monetary Fund. Not for Redistribution

  • ©2012 Fonds monétaire international

    Couverture : FMI, Division des services multimédias

    Édition françaiseServices linguistiques du FMI, Section françaiseTraduction : Yannick Chevalier-DelanoueCorrection : Van TranPAO : Fernando Sole

    Cataloging-in-Publication DataJoint Bank-Fund Library

    Oil Wealth in Central Africa : policies for inclusive growth / editors, Bernardin Akitobyand Sharmini Coorey. — Washington, D.C. : International Monetary Fund, 2012.

    p.; cm.

    Includes bibliographical references.ISBN 978-1-61635-376-6 (version anglaise)ISBN 978-1-47558-423-3 (version française)

    1. Petroleum industry and trade — Africa, Central. 2. Petroleum industry and trade — Africa, Central — Case studies. 3. Natural resources — Africa, Central — Management. 4. Natural resources — Africa, Central — Management — Case studies. 5. Economic development — Africa, Central. 6. Africa, Central — Economic policy. I. Akitoby, Bernardin. II. Coorey, Sharmini. III. International Monetary Fund.

    HD9577.A352 O35 2012

    Mise en garde : Les opinions exprimées dans ce livre n’engagent que leurs auteurs et ne doivent pas être attribuées, directement ou indirectement, au Fonds monétaire international, à son Conseil d’administration ou aux gouvernements de ses États membres.

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  • iii

    Avant-propos v

    Remerciements vii

    Présentation des auteurs ix

    Abréviations xv

    Vue d’ensemble xvii Bernardin Akitoby et Sharmini Coorey (FMI)

    Première partie DÉFIS MACROÉCONOMIqUES ET CROISSANCE

    1 Les défis macroéconomiques pour la CEMAC ......................................................3 Bernardin Akitoby et Sharmini Coorey (FMI)

    2 Amélioration de la surveillance dans la région de la CEMAC ......................17 Robert York, Plamen Iossifov, Noriaki Kinoshita, Misa Takebe et Zaijin Zhan (FMI)

    3 Les facteurs de croissance du secteur non pétrolier dans les pays producteurs de pétrole de la zone franc : quelles particularités? ..............41 Alexandra Tabova (Conseil de réserve fédéral) et Carol Baker (FMI)

    4 Le déficit d’infrastructures dans les pays de la CEMAC : problèmes et solutions possibles .................................................................... 57 Rupa Ranganathan, Vivien Foster et Cecilia Briceño-Garmendia (Banque mondiale)

    Deuxième partie GESTION DE LA RIChESSE PÉTROLIèRE ET RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

    5 Gestion de la manne pétrolière de la CEMAC ............................................ 93 Frederick van der Ploeg (université d’Oxford)

    6 Les défaillances de l’État et la réduction de la pauvreté dans la CEMAC ..............................................................................................................115 Shantayanan Devarajan et Raju Jan Singh (Banque mondiale)

    7 Ressources naturelles, gouvernance et recettes intérieures : enseignements pour la région de la CEMAC ...................................................129 Sanjeev Gupta et Eva Jenkner (FMI)

    Table des matières

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  • iv Table des matières

    8 La cyclicité des politiques budgétaires dans la région CEMAC ................141 Gaston K. Mpatswe, Sampawende J.-A. Tapsoba et Robert C. York (FMI)

    Troisième partie GESTION DE LA RIChESSE PÉTROLIèRE : ÉTUDES DE CAS

    9 La richesse pétrolière du Cameroun : l’importance de la transparence ............................................................................163 Bernard Gauthier (HEC, université de Montréal, Canada) et Albert Zeufack (Directeur de recherche, Khazanah Nacional Berhad, Malaisie)

    10 Tchad : les leçons des années pétrole .................................................................179 Jean-Claude Nachega et Jaroslaw Wieczorek (FMI)

    11 La gestion de la richesse pétrolière au Congo ................................................191 Carol Baker et Oscar Melhado (FMI)

    12 La gestion de la richesse pétrolière au Gabon ................................................205 Cheikh Gueye (FMI)

    Appendice. Introduction aux institutions de la CEMAC .............................................223 Salao Aboubakar (Conseiller auprès du Gouverneur de la BEAC)

    Index ..................................................................................................................................................227

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    Il est amplement manifeste que les pays exportateurs de pétrole de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) — c’est-à-dire cinq des six pays de la région — n’ont pas échappé à la «malédiction des ressources». Malgré d’abondantes richesses pétrolières, la région affiche une croissance économique lente, même par rapport aux pays d’Afrique subsaharienne qui se situent à un stade com-parable de développement. La gestion budgétaire inadaptée de recettes pétrolières instables se traduit par des politiques procycliques et une alternance de périodes d’expansion et de récession, elles-mêmes source d’instabilité macroéconomique, ce qui nuit à l’investissement et à la croissance. Les niveaux de vie et les indicateurs sociaux de la région sont parmi les plus bas du monde. La pauvreté et le chômage demeurent endémiques, et une forte proportion des habitants ne bénéficient toujours pas d’un accès minimum au réseau électrique, à l’eau potable ou à des installations sanitaires améliorées. Bref, la richesse pétrolière n’a pas conduit à un meilleur partage des bienfaits de la croissance.

    La gestion efficace des richesses pétrolières continue de faire partie des sujets d’étude du FMI, et cette question est régulièrement évoquée dans le cadre du dialogue avec les autorités des pays riches en pétrole. Le Département Afrique du FMI a récemment lancé une initiative dont le but est d’aider les pays à mieux gérer leurs ressources naturelles, de mieux cibler les conseils de politique économique et d’approfondir le dialogue avec les autorités concernées pour promouvoir une croissance plus solidaire. Le présent ouvrage s’inscrit dans le cadre de cette initiative. Il offre une excellente occasion de centrer notre réflexion sur les grands défis auxquels est confrontée la région de la CEMAC et sur les solutions qui pourraient être apportées. Pour ces pays, la priorité absolue demeure de mettre à profit la richesse pétrolière pour promouvoir une croissance économique forte et soutenue qui bénéficie à tous, et créer suffisam-ment d’emplois, en particulier pour les jeunes, dont la proportion s’accroît rapidement. Pour les pouvoirs publics, cela suppose tout à la fois de rompre avec les politiques budgétaires procycliques et de renforcer la gouvernance et la transparence dans le secteur pétrolier, mais aussi de veiller à ce que l’investissement public soit productif et d’améliorer les dépenses de santé et d’éducation.

    En s’appuyant sur l’expérience des pays exportateurs de pétrole de la CEMAC et sur des études récentes consacrées à la gestion des richesses pétrolières, le présent ouvrage offre des conseils aux pouvoirs publics pour affronter les défis susmentionnés. Tout d’abord, il propose un cadre budgétaire qui tient compte de la nécessité pour les pays de la CEMAC d’investir massivement dans les infrastructures physiques et le capital humain tout en réduisant la prépondérance des politiques budgétaires procycliques. Il rappelle que les projets d’investissements publics doivent s’insérer dans un plan d’investissement pluriannuel réaliste et que les budgets annuels corres-pondants doivent s’inscrire dans un cadre à moyen terme qui ne menace pas la sta-

    Avant-propos

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  • vi Avant-propos

    bilité macroéconomique ni la viabilité des finances publiques et des comptes extérieurs. Ensuite, l’évaluation, la sélection et le suivi des projets d’investissement doivent être améliorés de manière à garantir la qualité des dépenses. Le rythme d’accroissement des investissements doit être à la mesure de la qualité des systèmes de gestion des investissements publics. Enfin, il est impératif d’assurer une meilleure responsabili-sation et une plus grande transparence dans la gestion des recettes pétrolières. Plusieurs contributions et études de cas présentées ici proposent des mesures pour atteindre cet objectif important.

    La probabilité que les cours des matières premières restent élevés au cours des années à venir donne aux pays exportateurs de pétrole de la CEMAC une forte inci-tation à se donner les moyens de bénéficier autant que possible de l’exploitation de ces ressources. J’espère que le présent ouvrage offre un cadre macroéconomique et des conseils qui aideront les pays de la CEMAC à saisir cette occasion de transformer leur richesse pétrolière en une croissance économique durable profitant à tous.

    Antoinette M. Sayeh Directrice

    Département Afrique Fonds monétaire international

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  • vii

    Le présent ouvrage s’inscrit dans le projet du Département Afrique du FMI visant à améliorer la gestion des ressources naturelles et à promouvoir une croissance dont les bienfaits soient mieux partagés. Il rassemble les travaux d’un large éventail d’écono-mistes du FMI et d’éminents experts de la Banque mondiale, du monde universitaire et de l’un des fonds souverains de la Malaisie.

    Nous tenons à remercier Antoinette M. Sayeh, Directrice du Département Afrique du FMI, du soutien qu’elle a apporté à cette initiative. Nous sommes aussi redevables à de nombreux collègues du FMI et de la Banque mondiale qui ont bien voulu lire et commenter les travaux présentés ici. Nous remercions en particulier Michael Atingi-Ego, Carol Baker, Andrew Berg, Dhaneshwar Ghura, Saul Lizondo, Paulo Mauro, Sean Nolan, Roger Nord, Catherine Pattillo, Raju Singh et Mauricio Villafuerte. Nous sommes particulièrement reconnaissants à Paul Collier (université d’Oxford), Shanta Devarajan (Économiste en chef pour la région Afrique à la Banque mondiale), Sanjeev Gupta (Directeur adjoint du Département des finances publiques du FMI) et Rick van der Ploeg (université d’Oxford) de nous avoir fait bénéficier de leurs précieux conseils. Nous remercions aussi les autorités de la CEMAC, avec lesquelles nous avons eu ces dernières années des entretiens très fructueux sur les questions de politique économique.

    De nombreux collègues nous ont prêté leur concours technique et administratif. Nous avons notamment beaucoup apprécié l’excellente contribution de Cheryl Roberts à la préparation des manuscrits. Des remerciements particuliers vont aussi à Atsushi Oshima et Mpumelelo Nxumalo, qui ont fourni un travail de recherche excellent, de même qu’à Jenny DiBiase, qui a corrigé plusieurs chapitres, et à Joe Procopio, du Département des relations extérieures, qui a assuré la mise en forme finale et la pro-duction de l’ouvrage.

    Enfin, nous remercions surtout nos familles de leur soutien indéfectible pendant la préparation de cette publication.

    Les opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position du FMI, de ses administrateurs ou des autorités de la CEMAC, ni les politiques qu’ils peuvent prôner.

    Remerciements

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    Présentation des auteurs

    Bernardin Akitoby, de nationalité béninoise, est Chef de division au Département Afrique du FMI. Il est aussi chef de mission du FMI pour la Communauté écono-mique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), la Banque des États de l’Afrique centrale et le Gabon. Avant d’entrer au FMI, il a travaillé au Département des études de la Banque mondiale et enseigné à l’université de Montréal ainsi qu’à l’Université nationale du Bénin. Il a publié des articles dans diverses revues spécialisés, notamment l’Economic Journal, le European journal of Political Economy, la Revue d’économie mondiale (Weltwirtschaftliches Archiv), l’Économie appliquée et la Revue économique. En matière de recherche, ses centres d’intérêt sont les cycles économiques réels, la croissance, les taux de change, l’hyperinflation, la gestion macroéconomique des ri-chesses pétrolières, la procyclicité budgétaire, l’investissement public et les partenariats public–privé, les marchés financiers, les institutions économiques et le risque souve-rain. Il est titulaire d’un doctorat en économie de l’université de Montréal et de di-plômes en administration des entreprises, en finance et en comptabilité.

    Carol Baker, économiste et Chef de division adjointe au FMI, est actuellement chargée de la région de la CEMAC. Ses travaux récents portaient sur des sujets aussi divers que l’efficacité de l’investissement et la croissance en passant par l’adéquation des réserves. Avant d’entrer au Département Afrique en 2010, elle a travaillé longue-ment en Asie du Sud sur les économies dynamiques de la région, à savoir la Chine, la Malaisie, Singapour et le Viet Nam. Elle est titulaire d’une licence et d’une maîtrise en économie de l’université de Boston, ainsi que d’un doctorat en économie de l’université de Wisconsin-Madison.

    Cecilia Briceño-Garmendia est économiste principale au Bureau du Directeur pour le développement durable dans la région Afrique, à la Banque mondiale, où elle a codirigé un vaste programme de gestion du savoir connu sous le nom de Africa Infrastructure Country Diagnostic (Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique). Pendant plus de vingt ans, Mme Briceño-Garmendia a consacré sa carrière à des travaux de recherche sur les questions économiques et les aspects de l’action publique qui touchent à la fourniture de services et au fonctionnement optimal des infrastructures. Elle a étudié de façon approfondie les questions concernant le financement public des infrastructures, en particulier les liens entre institutions et cadre réglementaire, et l’efficacité des dépenses. Elle a fait œuvre de pionnière en prônant l’utilisation d’outils spatiaux pour aider les décideurs à définir leurs priorités en matière d’inves-tissements d’infrastructure et à coordonner les interventions publiques entre les secteurs concernés et les parties prenantes. Son travail à la Banque mondiale comprend des services d’analyse et de conseil ainsi que le volet économique de la conception et de la supervision des projets, notamment le financement des infrastructures publiques. Avant d’entrer à la Banque mondiale, elle a travaillé dans l’ingénierie informatique

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  • x Présentation des auteurs

    et la conception de systèmes d’information et d’organisation dans des entreprises du secteur privé et du secteur public au Venezuela. Elle est titulaire d’un doctorat en économie de l’université de Georgetown ainsi que d’une maîtrise en administration des entreprises (MBA) de l’Instituto de Estudios Superiores en Administración.

    Sharmini Coorey, native de Sri Lanka, est Directrice de l’Institut du FMI pour le développement des capacités. Auparavant, elle a été Directrice adjointe du Département Afrique du FMI, où elle a exercé des fonctions de supervision et de contrôle pour la région de la CEMAC et l’Afrique du Sud. Elle a été chef de mission du FMI en Afrique du Sud, au Zimbabwe et en Irlande, et elle a dirigé la division chargée du Royaume-Uni et des pays nordiques. Elle a acquis une vaste expérience de la surveillance et des programmes appuyés par le FMI dans un large éventail de pays industriels et émergents d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord et du Sud, ainsi que de divers aspects des politiques publiques au Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI. Elle a aussi siégé au comité de rédaction de la série des Staff Papers du FMI et a été chercheur invité à la Elliot School for International Affairs de l’université George Washington. Mme Coorey est titulaire d’un doctorat et d’une licence en économie de l’université Harvard. Elle s’intéresse particulièrement aux questions concernant le secteur financier, la stabilisation macroéconomique et la croissance, thèmes au sujet desquels elle a publié de nom-breux ouvrages.

    Shantayanan Devarajan est économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique. Depuis qu’il est entré à la Banque mondiale en 1991, il a été économiste principal et directeur de recherche pour l’économie publique au Groupe d’étude sur le développement, et économiste en chef du Réseau pour le développement humain et de la région Asie du Sud. Il a dirigé la publication du Rapport sur le développement dans le monde 2004 : mettre les services de base à la portée des pauvres. Avant de travailler à la Banque mondiale, il a enseigné à la John F. Kennedy School of Government de l’université Harvard. Auteur et coauteur de plus de 100 publications, M. Devarajan a étudié l’économie publique, la politique commerciale, les ressources naturelles et l’environnement, et la modélisation d’équilibre général pour les pays en développe-ment. Natif de Sri Lanka, il a obtenu sa licence en mathématiques à l’université Princeton et son doctorat d’économie à l’université de Californie, à Berkeley.

    Vivien Foster est économiste principale en chef au Bureau du Directeur pour le développement durable dans la région Afrique, à la Banque mondiale, où elle a été chargée de coordonner un vaste programme de gestion du savoir connu sous le nom de Africa Infrastructure Country Diagnostic (Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique). Son travail à la Banque mondiale comprend des services d’analyse et de conseil ainsi que le volet économique de la conception et de la supervision des projets, notamment les effets de la réforme et de la privatisation des infrastructures sur les pauvres. Avant d’entrer à la Banque mondiale, elle a été consultante en gestion à Oxford Economic Research Associates, Ltd., au Royaume-Uni, où elle conseillait des clients publics et privés opérant dans le secteur de l’eau et de l’énergie. Enfin, elle a

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  • Présentation des auteurs xi

    travaillé avec de nombreux gouvernements d’Amérique latine sur divers aspects de la réforme du secteur de l’eau. Elle est titulaire d’un doctorat d’économie de University College de Londres.

    Bernard Gauthier est professeur d’économie à l’Institut d’économie appliquée à HEC Montréal (l’école d’administration des entreprises de l’université de Montréal). Il est aussi professeur invité à l’université de Paris I, à l’université de Paris XII et au CEIS, Università degli Studi di Roma. Ses travaux portent sur l’économie du déve-loppement, les finances publiques, l’économie du secteur public et la nouvelle économie des institutions. Depuis 2011, il participe à des enquêtes au niveau microéconomique dans le secteur public, en utilisant des enquêtes de suivi des dépenses publiques ainsi que des enquêtes quantitatives sur la prestation de services dans divers secteurs. Il était consultant pour le Consortium pour la recherche économique en Afrique, la Banque mondiale, l’UNICEF, le Département du développement international du Royaume-Uni et l’Union douanière et économique de l’Afrique centrale.

    Cheikh Anta Gueye est économiste principal au FMI et a acquis une vaste expérience des questions de politique publique. Avant d’entrer au FMI, il a travaillé à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, basée à Dakar, où il a occupé successivement les postes d’économiste principal et de directeur de la recherche et de la statistique de 2003 à 2007. Avant de rejoindre la banque centrale, il a travaillé au Ministère sénégalais de l’économie et des finances. Il est titulaire d’une maîtrise en administra-tion des entreprises (MBA) de Southern Illinois University, d’une maîtrise en admi-nistration publique de l’École nationale d’administration de Dakar, et d’une maîtrise d’économie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

    Sanjeev Gupta est Directeur adjoint du Département des finances publiques du FMI. Auparavant, il a été conseiller principal au Département des finances publiques et Sous-directeur du Département Afrique. M. Gupta est l’auteur de nombreux articles et ouvrages consacrés à la macroéconomie et aux questions budgétaires.

    Plamen Iossifov est économiste au Département Europe du FMI. Avant de faire partie de l’équipe chargée de la Bosnie-et-Herzégovine, il a travaillé longuement sur des pays d’Afrique occidentale et centrale (Guinée équatoriale, Sierra Leone, Gabon) et sur la surveillance régionale dans la CEMAC. Ses travaux actuels portent sur la croissance du crédit, les tests de résistance des banques et la demande de monnaie.

    Eva Jenkner a travaillé de façon approfondie sur les questions de politique budgétaire et la réforme du secteur public au FMI, où elle est économiste principale au Département des finances publiques. Elle a publié des travaux sur divers aspects de la politique budgétaire ainsi que sur les dépenses de santé et d’éducation, et elle a rédigé des contributions à des rapports du FMI sur l’Amérique latine, les pays émergents d’Eu-rope et le Moyen-Orient. Avant d’entrer au FMI, elle a été conseillère économique principale du gouvernement de Géorgie et représentante adjointe auprès de l’UNICEF en Malaisie. Elle est titulaire d’une licence de l’université de Cambridge et d’une

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  • xii Présentation des auteurs

    maîtrise d’affaires publiques de la Woodrow Wilson School of Public and International Affairs de l’université de Princeton.

    Noriaki Kinoshita, de nationalité japonaise, est économiste principal au Département Afrique du FMI. Il est titulaire d’un doctorat d’économie de l’université de Cambridge et d’une licence en économie de l’université de Tokyo. Avant d’entrer au Département Afrique, où il a travaillé sur la République centrafricaine et l’Éthiopie, M. Kinoshita a travaillé pendant plusieurs années au Département des finances publiques. Avant de rejoindre le FMI, il dirigeait l’équipe chargée de l’économie internationale à l’Ins-titut de recherche Mitsubishi de Tokyo.

    Oscar Melhado est représentant résident du FMI à Brazzaville (République du Congo). Arrivé au FMI en 1999, il a travaillé au Département Hémisphère occidental et, depuis 2003, au Département Afrique comme économiste chargé du Gabon et du Tchad. Avant le FMI, il a été consultant et a enseigné à l’Université de l’Amérique centrale à El Salvador.

    Gaston Kagabo Mpatswe est économiste au Département Afrique du FMI. Il s’est occupé des programmes économiques de plusieurs pays bénéficiaires d’accords avec le FMI. En outre, il a été conseiller de l’Administrateur pour l’Afrique. Il a précé-demment occupé des postes de responsabilité à la Présidence de la République du Rwanda. Ainsi, il a siégé aux conseils d’administration de plusieurs organismes publics et instances gouvernementales de haut niveau chargés de concevoir et de suivre l’exécution des politiques et réformes économiques qui ont constitué la clé de voûte du redressement du Rwanda postconflit et de sa dynamique actuelle de développement économique. M. Mpatswe a amorcé sa carrière d’économiste comme enseignant à l’Université nationale du Rwanda. Ses recherches concernent l’effica-cité de l’aide extérieure accordée à l’Afrique subsaharienne, le développement du secteur financier, ainsi que les réformes et le développement économiques. Il est titulaire d’un diplôme supérieur en économie quantitative du développement de l’université de Warwick.

    Jean-Claude Nachega est économiste au Département Afrique du FMI. En 2008–10, il a été directeur de cabinet adjoint et conseiller économique en chef du Premier ministre la République démocratique du Congo. Avant cela, il a été éco-nomiste à la Société financière internationale (Groupe de la Banque mondiale). M. Nachega a publié des articles portant sur l’économie monétaire, les finances publiques et l’économie du développement.

    Rupa Ranganathan est membre de l’équipe principale chargée d’établir le Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (Africa Infrastructure Country Diagnostic). Elle a travaillé dans plusieurs départements de la Banque mondiale et de la Société financière internationale. Économiste spécialiste de l’énergie, Mme Ranganathan est titulaire d’une maîtrise en politiques publiques et poursuit ses études en vue d’obtenir un MBA.

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  • Présentation des auteurs xiii

    Raju Jan Singh est économiste principal en chef pour l’Afrique centrale, basé à Yaoundé (Cameroun). Avant la Banque mondiale, M. Singh a occupé plusieurs postes au FMI à Washington, au Ministère des finances de la Suisse à Berne et à la Lombard Odier & Cie (banque privée) à Genève. Il a également été consultant à l’Agence suisse pour le développement et la coopération, travaillant avec les banques centrales du Rwanda et de la Tanzanie, et il a enseigné à l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève (Suisse), où il a obtenu son doctorat.

    Alexandra Tabova est économiste à la Division de la finance internationale au Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale à Washington. Ses travaux actuels portent sur les questions relatives aux flux de capitaux transfrontaliers et à leur incidence sur l’économie américaine et mondiale. Elle s’intéresse particulièrement aux flux de ca-pitaux internationaux, au choix de portefeuille, aux investissements directs étrangers, aux effets de l’exposition aux risques sur la croissance économique, aux fluctuations des prix des matières premières et à la croissance dans les pays à faible revenu. Auparavant, elle a travaillé au Département de la politique économique et de la dette et au Département de la mobilisation des ressources financières à la Banque mondiale, ainsi qu’au Département Afrique du FMI. Originaire de la Bulgarie, Mme Tabova est titulaire d’un doctorat en économie de l’université Duke et d’une maîtrise de la Vrije Universiteit d’Amsterdam.

    Misa Takebe était économiste principale au Département Afrique du FMI lors de la rédaction de son chapitre. Elle a également travaillé au Bureau indépendant d’éva-luation de l’institution, où elle s’est occupée des pays en crise d’Amérique latine, d’Europe de l’Est et d’Asie. Auparavant, Mme Takebe a été stratège régionale et éco-nomiste pour l’Asie chez Nomura Asset Management. Elle est actuellement en congé du FMI et travaille à l’Autorité monétaire de Hong Kong.

    Sampawende J.-A. Tapsoba est économiste au Département Afrique du FMI. Avant le FMI, il a été économiste–chercheur au Ministère des finances et de l’économie de la France et professeur adjoint à l’université d’Auvergne. Titulaire d’un doctorat et d’une maîtrise en économie internationale du Centre d’études et de recherches sur le développement international (France), il est également diplômé en économie et en gestion de l’université d’Ouagadougou.

    Frederick van der Ploeg est actuellement professeur à l’université d’Oxford, codirecteur de l’Oxford Centre for the Analysis of Resource Rich Economies, et maître de re-cherche au New College d’Oxford. Auparavant, il a travaillé à l’université de Cambridge, à la London School of Economics, aux universités de Tilburg et d’Amsterdam, et à l’Institut universitaire européen de Florence. En outre, il a été député et Secrétaire d’État à l’éducation, la science et la culture des Pays-Bas, ainsi que membre du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO. Outre son intérêt primordial pour la macro-économie et les finances publiques, M. van der Ploeg s’intéresse particulièrement à l’économie du développement, de l’environnement et des ressources naturelles. Il a conseillé l’Union européenne, l’OCDE, la Banque africaine de développement, la

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  • xiv Présentation des auteurs

    Banque asiatique de développement et la Banque mondiale, et il a dispensé un cours d’économie des ressources naturelles à l’Institut du FMI.

    Jaroslaw Wieczorek, originaire de la Pologne, est Chef de division adjoint à la Division Afrique centrale I du Département Afrique du FMI. Il est titulaire d’un doctorat et d’une maîtrise en économie internationale de l’Institut universitaire de hautes études internationales (IUHEI) de Genève, et d’une maîtrise en économie et en philosophie de l’université de Varsovie. De plus, il a été bénéficiaire d’une bourse George Soros au Lincoln College d’Oxford. Avant le Département Afrique, M. Wieczorek a travaillé durant plusieurs années au Département Moyen-Orient et Asie centrale et au Département de l’élaboration et de l’examen des politiques. Par ailleurs, il a enseigné à l’École polytechnique de Varsovie, à l’université de Varsovie et à l’IUHEI, et il a été consultant au Centre de recherches entreprises et sociétés à Genève.

    Robert C. York est Chef de division adjoint au Département Afrique du FMI. Il a une vaste expérience de la région CEMAC, ayant participé à des missions du FMI dans tous les pays de la région, à l’exception du Tchad; auparavant, il a été chef de mission pour la République centrafricaine et la République du Congo. M. York est actuellement chef de mission pour la République démocratique du Congo. Titulaire d’une licence et d’une maîtrise de l’université de la Colombie-Britannique, il a fait des études doctorales en économie à l’université Queen’s.

    Albert G. Zeufack, en congé de la Banque mondiale, est Directeur des études et de la stratégie d’investissement à la Khazanah Nasional Berhad, un fonds souverain de la Malaisie. Avant Khazanah, il a été économiste principal en chef par intérim, res-ponsable du Pôle réduction de la pauvreté et gestion économique et du Pôle déve-loppement du secteur privé pour l’Asie du Sud-Est au bureau de la Banque mondiale à Bangkok (Thaïlande). Arrivé à la Banque mondiale en 1997 en qualité d’économiste dans le Programme des jeunes professionnels, M. Zeufack a travaillé dans la recherche et les opérations sur l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient, à partir de Washington et des bureaux extérieurs de l’institution. Avant d’amorcer sa carrière à la Banque, il a enseigné l’économie et l’économétrie appliquée à l’université de Clermont-Ferrand, où il a obtenu son doctorat en économie avec la plus haute distinction. M. Zeufack a beaucoup travaillé sur les micro-fondements de la croissance et de la compétitivité, et il est l’auteur de plusieurs livres et d’articles publiés dans des revues universitaires. Il est un orateur principal de renom dans les conférences internationales.

    Zaijin Zhan est économiste principal au Département Afrique du FMI, où il a été économiste chargé de l’Afrique du Sud et de l’Éthiopie. Auparavant, il a travaillé pendant plusieurs années au Département de la stratégie, des politiques et de l’éva-luation ainsi qu’au Département financier, s’occupant des programmes de prêts du FMI en faveur de divers pays. M. Zhan est titulaire d’un doctorat et d’une maîtrise en économie de l’université du Maryland et d’une licence en économie de l’université de Beijing (Chine).

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    AfSS Afrique subsaharienneAPD Aide publique au développementBEAC Banque des États de l’Afrique centrale CAE Communauté de l’Afrique de l’Est CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest CEMAC Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale CFA Coopération financière en Afrique centraleCOBAC Commission bancaire de l’Afrique centrale COMESA Marché commun de l’Afrique orientale et australeCPI Compagnies pétrolières internationales DPHP Déficit primaire hors pétrole FMI Fonds monétaire internationalIGIP Indice de gestion des investissements publicsIPC Indice des prix à la consommationITIE Initiative pour la transparence dans les industries extractiveskWh KilowattheureMCO Moindres carrés ordinairesMW MégawattOCDE Organisation de coopération et de développement économiquesOMD Objectifs du Millénaire pour le développementPEAC Pool énergétique de l’Afrique centralePEM Perspectives de l’économie mondialePFR Pays à faible revenuPGRP Programme de gestion des revenus pétroliersPIB Produit intérieur brutPPA Parité de pouvoir d’achatPPTE Pays pauvres très endettés RNB Revenu national brutSADC Communauté du développement de l’Afrique australe SNH Société nationale des hydrocarburesSOGARA Société gabonaise de raffinageTCER Taux de change effectif réelTIC Technologies de l’information et de la communicationUEAC Union économique de l’Afrique centraleUEMOA Union économique et monétaire ouest-africaineUMAC Union monétaire de l’Afrique centrale

    Abréviations

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    La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a tiré des recettes substantielles de la production pétrolière pendant ces dernières décennies, mais elle a beaucoup de mal à progresser sur le plan de la croissance et du développement. La région reste à la traîne pour la croissance hors pétrole et la réduction de la pauvreté, même par rapport aux pays de l’Afrique subsaharienne qui ont des niveaux de déve-loppement économique comparables. Les inégalités demeurent prononcées, la pauvreté et le chômage sont généralisés et la région a peu de chances d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. Le principal défi économique pour les pays de la CEMAC est de savoir mettre à profit la richesse pétrolière pour réduire sensiblement et durablement la pauvreté en réalisant des investissements publics productifs dans le capital humain et physique et en créant des emplois dans le secteur non pétrolier.

    La présente étude cherche à déterminer comment la richesse pétrolière pourrait être mieux gérée et comment l’adoption de mesures conduisant à une croissance mieux partagée pourrait être favorisée. Elle comprend trois parties : la première expose les défis macroéconomiques et les enjeux de la croissance auxquels la région doit faire face, la deuxième s’intéresse plus particulièrement à la gestion de la richesse pétrolière et à ses implications pour la réduction de la pauvreté, et la troisième consiste en quatre études de cas portant sur la gestion de la richesse pétrolière par des pays de la CEMAC et les enseignements qui en ont été tirés.

    DÉFIS MACROÉCONOMIQUES ET ENJEUX DE LA CROISSANCEDans le chapitre 1, Akitoby et Coorey distinguent quatre principaux défis macroéco-nomiques à relever pour la région de la CEMAC : i) assurer la viabilité des finances publiques et la viabilité des comptes extérieurs, ii) stimuler la croissance hors pétrole, iii) réformer le secteur financier, et iv) promouvoir le commerce et l’intégration régionale. En ce qui concerne le premier défi, ils font valoir que le modèle reposant sur l’hypothèse du revenu permanent n’est pas adapté à des pays en développement aux ressources en capital limitées comme ceux de la CEMAC. Étant donné l’importance de leurs besoins d’investissement dans les infrastructures économiques et sociales, ces pays doivent mettre l’accent sur la qualité et l’efficience de leurs investissements publics. Ils doivent pour cela les intégrer dans des programmes d’investissement pluriannuels réalistes et inscrire les budgets annuels correspondants dans un cadre macroéconomique à moyen terme compatible avec la viabilité des finances publiques et des comptes extérieurs. S’agissant du renforcement de la croissance hors pétrole, les auteurs insistent sur la nécessité de rehausser la qualité de la santé et de l’éducation, d’améliorer le climat des affaires, de mettre en place les infrastructures de base et de faciliter l’accès des petites et moyennes entreprises aux moyens de financement. Ils soulignent qu’il convient d’améliorer l’éva-luation, la sélection et le suivi des projets d’investissement pour garantir la qualité des dépenses. La réforme du secteur financier est un autre défi que la région doit relever

    Vue d’ensemble

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  • xviii Vue d’ensemble

    depuis longtemps. Les auteurs insistent sur l’urgence d’améliorer le cadre prudentiel et réglementaire et de s’attaquer aux problèmes des banques d’importance systémique. Quant au commerce et à l’intégration régionale, les auteurs relèvent que les obstacles aux échanges commerciaux restent omniprésents et que le commerce intrarégional est le plus faible de tous les regroupements commerciaux régionaux d’Afrique subsaharienne. Ils prônent la suppression des entraves internes et externes au commerce.

    Les trois chapitres suivants offrent une analyse approfondie des deux premiers défis définis au chapitre 1. Il est impératif d’améliorer la surveillance régionale au sein de la CEMAC pour sauvegarder l’union monétaire et le régime de taux de change fixe. Dans le chapitre 2, York, Iossifov, Kinoshita, Takebe et Zhan examinent comment la surveillance de l’union monétaire pourrait être améliorée en élargissant les critères actuels de convergence à l’aide de nouveaux indicateurs budgétaires. Ils notent tout d’abord que le critère de convergence de la CEMAC dans le domaine budgétaire — balance de base non négative — présente deux principaux inconvénients. Premièrement, il ne tient pas compte du caractère cyclique de chaque économie, ce qui rend difficile la mise en œuvre de politiques budgétaires anticycliques. Deuxièmement, il ne prend pas en considération le fait que le pétrole domine l’éco-nomie de la région. Pour remédier à ces inconvénients, les auteurs recommandent qu’une plus grande attention soit accordée aux soldes budgétaires hors pétrole dans la conception des critères de convergence. Ils suggèrent aussi que la CEMAC envisage de fixer un niveau minimum de réserves comme critère de convergence.

    Partant du constat que la croissance est faible dans les secteurs non pétroliers des pays producteurs de pétrole de la zone franc, Tabova et Baker (chapitre 3) examinent comment les facteurs de croissance diffèrent dans ces pays de ceux qui sont à l’œuvre dans d’autres pays à faible revenu. En recourant à une régression sur données de panel et en tenant compte du taux de change effectif réel, les auteurs ne détectent pas de lien significatif entre la croissance hors pétrole et l’importance des investissements publics dans les pays producteurs de pétrole de la zone franc. Elles avancent deux raisons pour expliquer ce constat surprenant. Premièrement, la qualité des investissements publics laisse sans doute à désirer étant donné les déficiences des processus de sélection, d’éva-luation, d’exécution et de suivi des projets. Deuxièmement, les conditions indispensables pour que les investissements publics stimulent l’activité du secteur privé font proba-blement défaut. Parmi ces conditions figurent en particulier l’existence d’infrastructures de base, un environnement commercial porteur et une bonne gouvernance.

    La croissance hors pétrole a été freinée par la faiblesse des infrastructures physiques. Par exemple, malgré l’abondance des richesses pétrolières, la densité des routes revê-tues dans la zone CEMAC est très inférieure à celle, pourtant faible, qu’on observe en Afrique de l’Ouest. Dans le chapitre 4, Ranganathan, Foster et Briceño-Garmendia décrivent l’état des infrastructures dans la région et examinent les moyens d’action et de financement auxquels il est envisageable de recourir pour combler les carences dans ce domaine. D’après les indicateurs disponibles, les pays de la CEMAC seraient, à cet égard, au même niveau que les autres pays à faible revenu de l’Afrique subsaha-rienne, mais accuseraient un retard important par rapport aux pays du reste du monde qui sont riches en ressources. Malgré la richesse pétrolière, un fort pourcentage de la population n’a toujours pas accès aux services énergétiques de base, à une eau potable

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  • Vue d’ensemble xix

    salubre et à des installations sanitaires améliorées. Les coûts des nouvelles infrastruc-tures sont en outre très élevés en raison des obstacles réglementaires ainsi que de l’insuffisance et de la mauvaise qualité des infrastructures de base existantes. Les problèmes de gouvernance ont empêché que les investissements se traduisent par des infrastructures productives. Que peut-on faire pour répondre aux besoins d’infrastruc-ture pressants de la région de la CEMAC? De l’avis des auteurs, le déficit de finan-cement de 5 % du PIB de la région que suppose la réalisation de l’objectif minimaliste d’un alignement des infrastructures de la CEMAC sur celles des autres pays en dé-veloppement sera gérable moyennant une amélioration de l’efficience et de la régle-mentation. L’établissement d’un climat favorable à l’investissement aidera aussi la région à attirer des financements privés pour ses infrastructures.

    GESTION DE LA RICHESSE PÉTROLIÈRE ET RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉLes quatre chapitres de cette section portent sur les difficultés de la gestion des ressources pétrolières et de leur utilisation dans la lutte contre la pauvreté. Dans le chapitre 5, van der Ploeg tente de répondre à la question fondamentale qui se pose aux pays ex-portateurs de pétrole de la CEMAC, à savoir comment la richesse pétrolière peut-elle être convertie avec succès en actifs productifs pour le développement économique? En faisant observer que le modèle reposant sur l’hypothèse du revenu permanent n’est pas le meilleur qui soit pour des pays en développement disposant de peu de capital, l’auteur propose un autre cadre théorique pour exploiter au mieux la manne pétrolière. Il estime qu’il existe de bonnes raisons d’investir dans le capital physique et humain des économies nationales plutôt que d’investir exclusivement dans des fonds souverains. Les pays en développement se heurtant souvent à des problèmes de capacité d’absorp-tion, l’auteur recommande d’«investir en faveur de l’investissement» pour surmonter ces difficultés. Il suggère d’engranger provisoirement la manne pétrolière dans un fonds souverain là où la capacité d’absorption est très faible.

    Devarajan et Singh (chapitre 6) analysent l’incapacité des pays de la CEMAC à transformer les recettes importantes tirées des ressources naturelles en avancées dans la lutte contre la pauvreté. Ils tentent d’expliquer cette apparente déconnexion entre l’argent et les résultats en fondant leur analyse sur quatre thèmes. Premièrement, les élites gouvernementales ont accaparé les recettes pétrolières avec une transparence li-mitée vis-à-vis de la population du fait que ces recettes tombaient directement dans les caisses de l’État. Deuxièmement, les dépenses ont été orientées vers le maintien de la stabilité politique (ou l’accaparement du pouvoir politique) plutôt que vers des initiatives en faveur d’un développement partagé en raison de dissensions effectives ou potentielles à l’intérieur des pays — tenant souvent au fait que les rentes tirées des ressources étaient convoitées par différents groupes. Troisièmement, les dépenses consacrées aux infrastructures, à la santé et à l’éducation ont été mal ciblées ou utilisées de façon improductive. Enfin, les dissensions jointes aux distorsions économiques ont eu un effet négatif sur l’investissement privé, ce qui a ralenti la croissance et, plus encore, le recul de la pauvreté. Pour remédier à ce qu’ils appellent les «défaillances des pouvoirs publics» en écho aux «défaillances des marchés», Devarajan et Singh estiment

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  • xx Vue d’ensemble

    nécessaire un changement radical dans l’aptitude des administrés à tenir les autorités responsables de l’utilisation qui est faite des recettes provenant des ressources naturelles.

    Une mobilisation efficace des recettes nationales est indispensable au développe-ment durable des pays riches en ressources. Des études récentes soulignent que les pays qui tirent des recettes importantes de leurs richesses naturelles en prélèvent gé-néralement moins par le biais des impôts intérieurs, ce qui réduit l’incitation du public à se montrer vigilant à l’égard des autorités. En examinant sur la base de données désagrégées l’évolution de la mobilisation des recettes dans les pays de la CEMAC, Gupta et Jenkner (chapitre 7) concluent à l’existence d’effets négatifs sur la mobilisation des recettes fiscales intérieures. Ils avancent trois arguments en faveur du renforcement par ces pays de leur base de recettes fiscales hors ressources naturelles. Premièrement, les recettes pétrolières étant épuisables, l’exploitation précoce d’autres sources de recettes permettra d’atténuer le coût de l’ajustement lorsque les réserves de pétrole se tariront. Deuxièmement, une plus forte dépendance à l’égard des recettes fiscales intérieures favorisera sans doute une plus grande vigilance de la part du public et une responsabilisation des pouvoirs publics, ce qui renforcera la gouvernance et les institutions de l’État. Enfin, les niveaux élevés de corruption coïncident généralement avec une faible mobilisation des recettes fiscales intérieures.

    L’instabilité des recettes pétrolières a souvent conduit à des politiques procycliques entraînant une alternance de périodes d’expansion et de récession qui sont source d’instabilité macroéconomique. Au chapitre 8, Mpatswe, Tapsoba et York examinent la cyclicité budgétaire dans la région de la CEMAC. Ils concluent de leur analyse de données de panel que les dépenses publiques totales y sont fortement procycliques, comme dans d’autres pays de l’Afrique subsaharienne. Cette procyclicité est plus marquée pour l’investissement public, qui réagit de façon excessive à une croissance retardée de la production avec une élasticité supérieure à l’unité. La fragilité des insti-tutions, le faible niveau de développement économique et l’aide étrangère sont autant de facteurs qui favorisent ce schéma procyclique. L’existence d’un programme soutenu par le FMI peut, en revanche, exercer un effet compensateur qui atténue cette dérive.

    ÉTUDES DE CAS SUR LA GESTION DE LA RICHESSE PÉTROLIÈRE Bien qu’elles offrent des éclairages différents, les quatre études mettent en évidence plusieurs caractéristiques communes de ces pays : des politiques budgétaires procy-cliques entraînant une alternance de période d’expansion et de récession qui sont source d’instabilité macroéconomique; une croissance hors pétrole peu dynamique, qui se solde par moins de possibilités d’emploi et une croissance moins bien partagée; la mauvaise qualité des dépenses, surtout en matière d’investissement; et, enfin, des institutions déficientes et une responsabilisation insuffisante, qui se traduisent par une gestion peu satisfaisante de la richesse pétrolière.

    Gauthier et Zeufack (chapitre 9) comparent l’expérience du Cameroun à celle de la Malaisie pour la gestion de la richesse pétrolière. En faisant observer que ces deux pays présentaient de nombreuses similitudes au moment de leur accession à l’indé-pendance (il y a plus de 50 ans), les deux auteurs se demandent pourquoi, à la différence du Cameroun, la Malaisie a su exploiter sa richesse pétrolière pour assurer un déve-

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  • Vue d’ensemble xxi

    loppement économique largement partagé. Ils concluent que cela tient à la transparence et à la responsabilisation qui caractérisent la gestion de la richesse pétrolière en Malaisie. Ils constatent que, même si des progrès ont été accomplis à ces deux égards dans le secteur pétrolier du Cameroun ces 30 dernières années, beaucoup reste à faire. À leur avis, des réformes allant dans le sens de la Charte sur les ressources naturelles, notam-ment de ses préceptes visant à rendre les gouvernements, les entreprises et les marchés de capitaux responsables de leurs actions vis-à-vis de la société civile, seraient très utiles.

    Nachega et Wieczorek (chapitre 10) estiment, quant à eux, que le Tchad a eu du mal à traduire sa richesse pétrolière en dépenses publiques productives, un meilleur taux de croissance ou un recul de la pauvreté. Les ressources pétrolières ont en outre intensifié les tensions en matière de sécurité. Le Tchad a aussi connu des cycles d’expansion–récession sous l’effet de politiques budgétaires procycliques insoutenables. La durée de vie relativement courte des gisements pétroliers tchadiens doit inciter à épargner les recettes pétrolières sur le long terme et à améliorer la mobilisation des recettes fiscales intérieures. Les auteurs soulignent l’intérêt du Programme de gestion des revenus pé-troliers (PGRP) pour la transparence des recettes pétrolières ainsi que la nécessité de mettre en place les institutions essentielles avant que les recettes pétrolières commencent à rentrer. Ils font néanmoins observer que la rigidité des mécanismes du PGRP a com-pliqué la gestion budgétaire et mis à rude épreuve les capacités limitées du pays.

    Baker et Melhado (chapitre 11) décrivent les cycles d’expansion–récession que la République du Congo a connus ces 50 dernières années, et ils soulignent l’extraor-dinaire difficulté de tirer le maximum de la manne pétrolière dans un pays dont les institutions sont déficientes. Au bout d’un demi-siècle de production pétrolière, beaucoup reste à faire pour améliorer la vie de la population congolaise et faire en sorte que les bienfaits de la croissance profitent à tous. Les auteurs estiment nécessaire de consolider les progrès récemment accomplis dans différents domaines (stabilité macroéconomique, position financière extérieure et gestion des finances publiques) pour entretenir la dynamique des réformes dans trois directions : le renforcement des institutions, l’amélioration de la gouvernance et de la gestion de la richesse pétrolière, et l’encouragement d’un développement tiré par le secteur privé.

    Dans son étude de cas sur le Gabon (chapitre 12), Gueye constate que la production pétrolière de ces 40 dernières années a fait du Gabon un pays à revenu intermédiaire; cependant, les disparités de revenu sont fortes et les autres secteurs de l’économie stagnent. Si le Gabon figure dans le peloton de tête des pays africains pour son PIB par habitant, il se situe au-dessous de la moyenne des pays à revenu intermédiaire pour les indicateurs du développement humain. Les dépenses publiques ont en outre souvent manqué d’efficience, les dépenses en capital ne s’étant pas traduites par une amélioration des infrastructures ou une croissance hors pétrole forte et soutenue. Les recettes pétro-lières sont un moteur important de l’activité économique par l’intermédiaire des dépenses publiques, mais l’instabilité des cours du pétrole et la politique budgétaire procyclique mise en œuvre par les autorités ont provoqué l’alternance de phases d’expansion et de récession. L’auteur insiste sur la nécessité d’ancrer les politiques budgétaires et de rehausser la qualité des dépenses, de renforcer encore la gouvernance et la transparence, et d’amé-liorer le climat des affaires pour encourager le développement du secteur privé.

    Bernardin Akitoby et Sharmini Coorey

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  • Défis macroéconomiques et croissance

    première partie

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  • 3

    CHapitre 1

    Les défis macroéconomiques pour la CEMACBernardin akitoBy et Sharmini Coorey

    La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a tiré des recettes substantielles de la production pétrolière au cours des dernières décennies, mais elle doit faire face à d’importants défis sur le front de la croissance et du déve-loppement (graphique 1.1). Cinq de ses six pays membres sont producteurs de pétrole; celui-ci représente environ 40 % du PIB régional et 85 % des exportations totales. Les recettes pétrolières sont le principal moteur de l’activité économique par l’inter-médiaire des dépenses publiques, mais l’instabilité des cours du pétrole et des politiques budgétaires procycliques ont donné lieu à une succession de périodes d’expansion et de récession qui ont parfois été exacerbées par une hausse rapide des salaires, inélas-tiques à la baisse en régime de taux de change fixe. Les dépenses financées par la manne pétrolière ne se sont pas traduites par une croissance mieux partagée. Dans un contexte de fortes inégalités, la pauvreté et le chômage restent très répandus. Le taux d’activité des jeunes, en particulier, est plus bas qu’au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (tableau 1.1). Il est peu probable que la région atteigne les objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015 (tableau 1.5).

    Le principal défi pour les pays de la CEMAC est donc de mettre à profit la richesse pétrolière pour rehausser fortement la croissance en dehors du secteur pétrolier et faire reculer sensiblement et durablement la pauvreté. Assurer des investissements publics productifs, améliorer le climat des affaires pour renforcer la compétitivité et stimuler l’investissement privé, et assouplir davantage le marché du travail sont autant d’initiatives qui peuvent utilement contribuer aux efforts déployés dans ce sens. Plus fondamentalement, il faudrait s’attaquer aux taux élevés de pauvreté en améliorant la qualité des dépenses consacrées à l’éducation et à la santé et créer davantage de possibilités d’emploi dans les secteurs non pétroliers.

    Pour jeter les bases du développement économique et social des pays de la CEMAC, les autorités responsables doivent relever quatre principaux défis macroéconomiques : i) assurer la viabilité des finances publiques et des comptes extérieurs, ii) stimuler la croissance hors pétrole, iii) réformer le secteur financier, et iv) promouvoir l’intégra-tion commerciale et régionale.

    AssurEr LA viAbiLité buDgétAirE Et LA CoMpétitivité ExtériEurELe déficit primaire hors pétrole (DPHP) de la zone CEMAC s’est creusé ces dernières années sous l’effet des investissements publics (graphique 1.2 et tableau 1.2). Il devrait,

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  • 4 Les défis macroéconomiques pour la CEMAC

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    Croissance du PIB réel

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    Croissance du PIB réel des pays producteurs de pétrole

    Pays du CCG1

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    Autres pays exportateurs de pétrolede l'Afrique subsaharienne

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    CEMAC : croissance du PIB réel par habitant (moyenne 2005–10)

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    Indice du développement humain du PNUD, 2010(Indice 0 = faible, 1 = élevé)

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    Production pétrolière de la CEMAC

    Production pétrolière (axe de gauche)Prix au comptant du pétrole(axe de droite)

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    graphique 1.1 CEMAC : défis de la croissance et du développement, 2005–10Sources : FMI, base de données des Perspectives de l'économie mondiale; estimations des services du FMI.Note : CCG = Conseil de coopération du Golfe; UEMOA = Union économique et monétaire ouest-africaine.1Le CCG regroupe les pays suivants : Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar.

    tAbLEAu 1.1

    Indicateurs sociaux

    Indice d’espérance de vie Indice du niveau d’instruction Emploi des jeunes1 (%)

    CEMAC 0,51 0,41 47UEMOA 0,54 0,28 56AfSS 0,55 0,50 49

    Sources : Programme des Nations Unies pour le développement; Banque mondiale.Note : AfSS = Afrique subsaharienne; CEMAC = Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale; UEMOA = Union économique et monétaire ouest-africaine. 1Ratio emploi/population, 15–24 ans, total (%).

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  • Akitoby et Coorey 5

    d’après les projections, se rapprocher du niveau soutenable d’environ 5 % du PIB hors pétrole, calculé à l’aide du modèle de l’hypothèse du revenu permanent (HRP)1, les investissements devant diminuer à moyen terme.

    Du fait qu’il ne fait pas de distinction entre les dépenses en capital et les dépenses courantes et qu’il ne tient pas compte des besoins de développement, le modèle HRP ne peut toutefois servir de référence que sur le long terme pour évaluer l’orientation budgétaire d’un pays qui exploite ses ressources naturelles et investit dans son capital physique2. Pour assurer la viabilité et l’optimalisation des finances publiques, les décisions en matière d’investissement public doivent être prises de manière à assurer un taux de rendement au moins égal à celui des actifs financiers, en tenant compte

    1 Le DPHP soutenable repose sur les estimations et les projections des services du FMI. Voir le chapitre 5, pour une analyse du modèle HRP.2 Voir le chapitre 5 et Collier et al., 2010.

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    Solde primaire hors pétrole

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    hor

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    Norme de DPHP viable à long terme (HRP)Investissement public

    graphique 1.2 Viabilité des finances publiques Source : estimations et projections des services du FMI.Note : DPHP = Déficit primaire hors pétrole; HRP = Hypothèse du revenu permanent.

    tAbLEAu 1.2

    Coûts des infrastructures

    Indicateur de coût CEMAC AfSS Autres pays en développement

    Tarifs d’électricité(dollars/kilowatt-heure)

    0,20 0,23 0,08

    Frais de manutention portuaire des conteneurs(dollars/EVP)

    210 210 115

    Fret routier(dollars/tonne-kilomètre)

    0,13 0,09 0,03

    Téléphonie mobile(dollars/panier/mois)

    15,1 11,8 9,9

    Source : Banque mondiale, Étude diagnostique des infrastructures nationales en Afrique, 2008.Note : EVP = équivalent vingt pieds. Les chiffres correspondent au point médian des fourchettes régionales.

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  • 6 Les défis macroéconomiques pour la CEMAC

    des différences entre les profils de risque de ces deux types d’investissement. Les actifs physiques de l’État doivent offrir un rendement corrigé des risques équivalant au moins au taux d’intérêt réel à long terme des placements dans des actifs financiers internationaux (disons 2 à 3 %), ou produire un flux équivalent d’avantages sociaux pour mériter d’être pris en considération. La qualité des investissements est donc cruciale. Le risque que les pouvoirs publics n’obtiennent pas de rendements suffisants sous forme d’un accroissement des recettes fiscales ou de retombées favorables pour la société est non négligeable dans les pays de la CEMAC du fait des carences de ces pays sur le plan de la gouvernance ainsi que de la planification, de l’exécution, du suivi et de la maintenance des projets d’investissement public (voir plus loin la section intitulée «Accélérer la croissance hors pétrole»).

    La situation budgétaire a d’importantes implications pour la compétitivité exté-rieure. Les dépenses financées par les recettes pétrolières ont entraîné une appréciation du taux de change effectif réel (TCER), compte tenu du régime de change fixe, (graphique 1.3 et encadré 1.1 sur l’inflation), et érodé ainsi la compétitivité des secteurs autres que celui des produits de base. L’appréciation du TCER n’est pas nécessairement très préoccupante en soi si les investissements publics offrent un taux de rendement satisfaisant et stimulent la productivité dans ces secteurs. Étant donné, toutefois, la faiblesse des taux de rendement produits dans le passé par les investisse-ments publics dans les pays de la CEMAC, l’appréciation du TCER y a probablement pesé sur la croissance hors produits de base et nui à l’emploi.

    Considérations concernant l’action gouvernementale et les réformesLe modèle HRP n’est pas le meilleur qui soit pour des pays en développement aux ressources en capital limitées comme ceux de la CEMAC (chapitre 5). Étant donné l’importance de leurs besoins d’investissement dans les infrastructures économiques et sociales, ces pays doivent mettre l’accent sur la qualité et l’efficience de leurs inves-tissements publics. Ils doivent pour cela les intégrer dans des programmes pluriannuels d’investissement réalistes et inscrire les budgets annuels correspondants dans un cadre macroéconomique à moyen terme compatible avec la viabilité budgétaire et la viabi-lité externe. Ils devraient en outre examiner de près leurs programmes d’investissements publics et leur exécution pour veiller à ce qu’ils offrent un rendement réel, corrigé des risques, au moins égal au taux d’intérêt réel à long terme des actifs financiers.

    Graphique 1.3 Évolution des taux de change, 1990–2010Sources : FMI, bases de données des Perspectives de l’économie mondiale et du Département Afrique. Note : CEMAC = Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale; UEMOA = Union économique et monétaire ouest-africaine.

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    CEMAC UEMOA

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    L’inflation dans la zone CEMACL’un des effets positifs de l’union monétaire et du régime de change fixe a été le main-tien d’une inflation généralement basse et stable dans la région, malgré les chocs sur l’offre et les déséquilibres budgétaires. En utilisant un ensemble de données incluant des indices par pays des produits énergétiques et alimentaires, Caceres, Poplawski-Ribeiro et Tartari (2011) examinent la dynamique de l’inflation dans quatre pays membres de la CEMAC (Cameroun, Gabon, République centrafricaine et République du Congo) et dans ces quatre pays considérés globalement (CEMAC-4)1. L’objectif est d’analyser l’incidence des prix des produits de base sur l’inflation intérieure et de mettre au jour la dynamique et les interactions entre les composantes de l’inflation globale (comprenant les produits énergétiques et alimentaires) et l’inflation sous-jacente (comprenant tous les éléments du panier de l’IPC à l’exclusion des produits énergétiques et alimentaires).

    Il ressort de cette analyse que les chocs affectant les cours des produits de base ont un effet sensible sur l’inflation. Dans la plupart des pays de la CEMAC, l’effet des fluctuations mondiales des prix des produits alimentaires et des combustibles se fait sentir sur l’infla-tion globale surtout au bout de quatre ou cinq trimestres avant de s’estomper très sen-siblement par la suite. Les effets secondaires ne sont sensibles qu’au Cameroun et, dans une moindre mesure, en République du Congo. Au Cameroun, une hausse de 1 % des prix de l’énergie et de l’alimentation se répercute sur l’inflation sous-jacente, d’après les estimations, à raison d’un maximum de 0,32 % au bout de dix trimestres et de 0,14 % au bout de quatorze trimestres.

    EnCADré 1.1

    Source : Cacere, Poplawski-Ribeiro et Tartari, 2011.Note : IPC = indice des prix à la consommation.1La Guinée équatoriale et le Tchad sont exclus de l’analyse faute de données sur les composantes de leur indice des prix à la consommation (IPC).

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    Inflation sous-jacente (IPC)(glissement annuel)

    CEMAC : inflation sous-jacente et inflation globale, 1996–2010

    CEMAC-4 CamerounRépublique centrafricaine République du CongoGabon

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  • 8 Les défis macroéconomiques pour la CEMAC

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    graphique 1.4 Croissance du PIB hors pétrole Sources : FMI, bases de données des Perspectives de l'économie mondiale et du Département Afrique.Note : AfSS = Afrique subsaharienne; CEMAC = Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale; UEMOA = Union économique et monétaire ouest-africaine.

    accélérer la croissance hors pétroleLa croissance des secteurs hors pétrole est décevante dans la région de la CEMAC (graphique 1.4). Bien qu’à cet égard la région ait obtenu de meilleurs résultats que l’UEMOA, elle s’est laissé distancer par les pays exportateurs de pétrole de l’Afrique subsaharienne. La baisse tendancielle de la croissance hors pétrole a aussi eu un effet négatif sur l’offre d’emplois.

    Il ressort des données disponibles que les secteurs non pétroliers des pays de la CEMAC sont bridés par les carences des services d’infrastructure (chapitre 4). Les coûts liés à l’utilisation des infrastructures sont très élevés du fait qu’elles sont insuf-fisantes et de mauvaise qualité et en raison des obstacles de nature réglementaire (tableau 1.3). Les pays producteurs de pétrole de la CEMAC ont lancé d’ambitieux programmes d’investissement pour accélérer la croissance non pétrolière, mais, étant donné la faiblesse de leurs capacités administratives, un accroissement rapide des investissements risque fort de se faire au détriment de la qualité des dépenses. D’après l’analyse décrite au chapitre 3, les investissements publics ont été peu rentables dans le passé, et ils n’ont guère eu d’effet sur la croissance économique régionale.

    La croissance a aussi été bridée par un environnement peu favorable aux entreprises et la médiocrité des services de santé et d’éducation. D’après les indicateurs 2011 de la pratique des affaires (Doing Business) établis par la Banque mondiale, les pays de la CEMAC se classent, en moyenne, moins bien que ceux de l’Afrique subsaharienne (172e et 137e places, respectivement, sur un total de 183 pays). Individuellement, les pays de la CEMAC ont obtenu un très mauvais classement, la République centrafri-

    tAbLEAu 1.3

    CEMAC : échanges avec les principaux partenaires commerciaux (En pourcentage du total des échanges)partenaire commercial 1995 2005 20101

    Union européenne 49,0 31,5 32,2États-Unis 20,9 26,9 23,6BRIC 17,3 21,2

    Chine 2,1 14,7 16,4Inde 0,2 0,9 3,0

    Intra-CEMAC 2,4 1,1 1,2Sources : FMI, Direction of Trade Statistics; estimations des services du FMI.Note : BRIC = Brésil, Russie, Inde et Chine. 1Estimations.

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  • Akitoby et Coorey 9

    caine et le Tchad occupant les deux dernières positions, peu après la République du Congo3. Les domaines dans lesquels les pays membres de la CEMAC ont obtenu les pires résultats incluent la création d’entreprise, le paiement des impôts, l’exécution des contrats et le commerce transfrontalier. Jointe à cet environnement peu favorable aux entreprises, la médiocre qualité des services de santé et d’éducation a maintenu la productivité du travail à un faible niveau, et elle explique pourquoi peu de progrès ont été réalisés dans l’amélioration des indicateurs du développement humain.

    Considérations concernant l’action gouvernementale et les réformesLes actions suivantes semblent indispensables pour soutenir la croissance non pétrolière :

    • Recentrer les investissements publics sur les infrastructures de base qui permettront de réduire les goulets d’étranglement dont souffre l’appareil productif (électricité, routes facilitant les échanges, barrages et ports, par exemple). Les autorités pour-raient solliciter une aide technique pour améliorer l’évaluation préalable, la sé-lection et le suivi des projets d’investissement ainsi que la budgétisation des coûts d’exploitation et de maintenance. Elles pourraient envisager à moyen terme la possibilité de conclure des partenariats public–privé pour renforcer les investis-sements publics tout en réduisant les risques pour les finances de l’État4.

    • Poursuivre les réformes dans les secteurs de la santé et de l’éducation afin d’améliorer la productivité du travail, créer des emplois et réduire progressivement la pauvreté.

    • Améliorer le climat des affaires en renforçant la gouvernance et simplifiant les procédures administratives. Il faudrait, en priorité, lever les obstacles réglemen-taires qui entravent le secteur des infrastructures et remédier aux problèmes recensés dans les domaines pour lesquels les pays de la CEMAC ont été les moins bien notés dans l’enquête de la Banque mondiale sur la pratique des affaires.

    Les autorités ont pris des dispositions pour définir les priorités de l’investissement public et le recentrer sur les infrastructures de nature à favoriser la croissance. Au niveau régional, le Programme économique régional5 devrait jouer un rôle non négligeable à cet égard. Au niveau national, plusieurs pays ont pris des mesures expressément destinées à améliorer la gestion des investissements publics. C’est ainsi qu’au Gabon, notamment, a été créée une agence nationale des grands travaux, chargée de planifier, gérer et mettre en œuvre les grands projets d’infrastructure publics. Elle bénéficie du savoir-faire tech-nique de l’entreprise américaine d’ingénierie Bechtel. Un accord de service a également été conclu avec la Banque mondiale pour renforcer les capacités nationales dans ce domaine. De même, au Cameroun, les autorités ont l’intention de mettre en place une unité centrale pour les études de faisabilité et l’évaluation des projets.

    Des programmes visant à améliorer l’environnement pour les entreprises sont en vigueur depuis 2007 dans la plupart des pays de la CEMAC. Ils sont principalement axés sur la simplification des procédures administratives et l’amélioration du dialogue

    3 On peut tirer une conclusion analogue d’autres indicateurs de la compétitivité, comme l’indice de compétitivité globale du Forum économique mondial et le score EPIN (Évaluation des politiques et des institutions nationales) de la Banque mondiale pour le critère de la réglementation des affaires.4 Voir Akitoby et al. (2007) pour les enseignements tirés d’une étude pilote internationale du FMI.5 Au sommet de Bangui en 2010, les chefs d’État des pays de la CEMAC ont adopté un programme commun connu sous le nom de «Programme économique régional» dont l’objectif est de faire de la zone de la CEMAC un espace économique émergent intégré d’ici à 2025.

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  • 10 Les défis macroéconomiques pour la CEMAC

    entre les secteurs public et privé. Par exemple, le programme adopté par les autorités congolaises vise, entre autres, à améliorer ce dialogue, rationaliser le régime fiscal et assurer la sécurité des investissements. En Guinée équatoriale, des travaux sont en cours pour instaurer un guichet unique pour l’investissement. Au Cameroun, le temps nécessaire pour créer une entreprise a été ramené de 12 à 3 jours, les procédures de paiement des impôts ont été simplifiées, et les délais raccourcis pour l’obtention des permis de construire.

    réformer le secteur financier

    La réforme du secteur financier est une priorité pour la région de la CEMAC tant du point de vue de sa stabilité que de son développement. Des progrès ont certes été réalisés, mais davantage doit être fait pour préserver la stabilité financière et renforcer le secteur.

    Renforcement de la stabilité et de la surveillance du secteur financierDes progrès ont été accomplis dans le sens d’un renforcement du cadre de la stabilité financière depuis le rapport PESF (Programme d’évaluation du secteur financier) de 20066. Les autorités ont i) harmonisé et relevé le minimum de fonds propres que les banques doivent détenir (10 milliards de francs CFA ou 20 millions de dollars), ii) renforcé le gouvernement d’entreprise, et iii) créé un Comité de stabilité financière chargé d’analyser les facteurs de vulnérabilité du secteur financier et de recommander des mesures à prendre en conséquence. L’organisme régional de surveillance bancaire (la Commission bancaire de l’Afrique centrale ou COBAC) a également mis en place, en 2009, un système de garantie des dépôts supervisé par la COBAC sous le contrôle de la Banque des États de l’Afrique centrale et de représentants du secteur bancaire. Ce système, financé par les cotisations versées par les institutions financières, assure les dépôts à concurrence de 5 millions de francs CFA.

    Néanmoins, les principaux règlements prudentiels (relatifs à la solvabilité, aux engagements élevés et aux prêts à des parties liées) s’écartent des meilleures pratiques internationales et sont mal appliqués, ce qui favorise une concentration excessive du crédit et expose le secteur bancaire au risque de crédit. Pour limiter ces inconvénients, la réglementation prudentielle pourrait être modifiée dans les principaux domaines suivants : i) ratios de solvabilité et diversification des risques, ii) prêts aux actionnaires, associés, directeurs et administrateurs, iii) risques de marché, et iv) surveillance consolidée. Si la surveillance laisse à désirer, c’est aussi parce que la COBAC manque cruellement de personnel qualifié. Pour qu’elle puisse continuer de contribuer à la stabilité financière, il faut que ses effectifs soient sensiblement renforcés et qu’elle dispose de commissaires qualifiés.

    En ce qui concerne la résolution des défaillances bancaires, le temps mis à apporter une solution aux problèmes financiers d’un groupe bancaire régional d’importance systémique révèle deux faiblesses : un cadre juridique inadapté pour faire face aux crises bancaires et une coopération défaillante entre les ministères des finances de la région. Plus la situation actuelle perdurera dans les banques financièrement fragiles, plus elle risquera d’être coûteuse pour les États, la crédibilité des institutions de sur-

    6 Le Programme d’évaluation du secteur financier (PESF), créé en 1999 par le FMI et la Banque mondiale, permet de procéder à une analyse complète et approfondie du secteur financier d’un pays. Les évaluations sont effectuées conjointement par le FMI et la Banque mondiale dans les pays en développement et les pays émergents.

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  • Akitoby et Coorey 11

    veillance et la réputation du secteur financier de la zone CEMAC. Il faudrait donc surveiller de près les conditions de liquidité pour éviter que ces banques suspendent leurs paiements, exiger une prise en charge intégrale des pertes par les précédents actionnaires et essayer d’obtenir un remboursement maximum des prêts accordés à des entités apparentées afin de limiter le coût financier pour les États. Une nouvelle réglementation sur la résolution des crises bancaires, qui doit entrer en vigueur en 2012, devrait permettre aux autorités d’intervenir rapidement pour résoudre les crises bancaires, définir clairement le périmètre du contrôle judiciaire et empêcher les ac-tionnaires douteux de participer à la restructuration d’un établissement bancaire.

    Approfondissement du secteur financier L’accès au crédit dans la région CEMAC est l’un des plus faibles d’Afrique. Le taux de pénétration est bas (3 % environ de l’ensemble de la population), et les crédits au secteur privé sont bien inférieurs à la moyenne observée pour l’Afrique subsaharienne (graphique 1.5). Parmi les facteurs structurels qui expliquent cette situation figurent le niveau élevé des frais de fonctionnement dû à la faible densité démographique, le manque d’information sur la solvabilité des emprunteurs, et les déficiences du cadre institutionnel et juridique. Les institutions de microfinance ne jouant qu’un rôle limité, la plupart des petites et moyennes entreprises ont du mal à obtenir des crédits.

    Il est donc essentiel d’améliorer le cadre institutionnel pour approfondir le secteur financier (Akitoby, 2010; graphique 1.6). Parmi les mesures spécifiques prises et les initiatives en cours à cette fin figurent la publication régulière des coûts des prêts et des frais connexes pour renforcer la transparence et la concurrence dans le secteur bancaire et mieux protéger les consommateurs, la création d’un fonds régional de garantie des dépôts pour protéger les petits épargnants, la mise en place de centrales de risques (avec l’assistance technique de la Banque mondiale) et l’établissement d’une agence de notation et d’un registre central des bilans des sociétés pour réduire l’asy-métrie d’information dans les activités de crédit. À l’avenir, les réformes institution-nelles devraient principalement viser à améliorer le fonctionnement des cadastres et des registres du commerce, simplifier les procédures d’enregistrement et d’application des garanties, et renforcer le respect des droits des créanciers en améliorant la gou-vernance des tribunaux compétents. Le marché régional des titres de la dette publique

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    graphique 1.5 Crédit au secteur privé non financier Source : FMI, base de données des Perspectives de l'économie mondiale.Note : AfSS = Afrique subsaharienne; CEMAC = Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale; UEMOA = Union économique et monétaire ouest-africaine.

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  • 12 Les défis macroéconomiques pour la CEMAC

    récemment créé facilitera aussi la gestion des excédents de liquidité ainsi que la mo-bilisation et une meilleure répartition de l’épargne.

    La microfinance pourrait jouer un rôle important en élargissant l’accès des petites et moyennes entreprises et des ménages aux services financiers. Les établissements de microfinance connaissent un essor depuis l’introduction, en 2002, de la réglementa-tion générale régissant leurs activités. La transparence et la communication systéma-tique de données restent problématiques pour ces établissements de la région bien que des progrès aient été réalisés depuis l’introduction, en 2010, d’un cadre comptable spécialement élaboré à leur intention et la mise en place d’un système informatique permettant de collecter automatiquement les données financières. L’amélioration de la transmission des données et la surveillance des institutions de microfinance restent néanmoins des défis importants pour la COBAC.

    promotion de l’intégration commerciale et régionaleLes échanges commerciaux des pays de la CEMAC se sont redéployés au profit des marchés émergents. Ainsi, les échanges avec le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (BRIC), notamment, ont sensiblement augmenté au détriment de ceux qui s’effectuent avec l’Union européenne. Par ailleurs, à moins de 1½ % du total des échanges com-merciaux de la région, le commerce intrarégional est le plus faible de tous les groupes commerciaux régionaux d’Afrique (graphique 1.7).

    Les barrières commerciales restent un obstacle important. Le tarif extérieur commun (TEC) est plus élevé que celui de la plupart des autres régions d’Afrique (tableau 1.4) et, malgré cela, certains États membres de la CEMAC continuent

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    Tarifs extérieurs communs : principales régions (Pourcentage)

    Indicateur CEMAC UEMOA CAE COMESA

    Moyenne 16 9 12 12Maximum 30 20 25 25Minimum 5 0 0 0Nombre de taux 4 4 3 3

    Source : sites Internet des diverses communautés régionales.Note : COMESA = Marché commun de l’Afrique orientale et australe; CAE = Communauté de l’Afrique de l’Est.

    Enregistrement des titres de propriété

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    graphique 1.6 Indicateurs du climat de l'investissement Source : Banque mondiale, 2010.Note : Plus les lignes sont éloignées du centre, meilleur est le résultat relatif enregistré.AfSS = Afrique subsaharienne; CEMAC = Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale; UEMOA = Union économique et monétaire ouest-africaine.

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    CEMAC CAECEDEAO SADC

    graphique 1.7 Commerce intrarégional de plusieurs espaces économiquesSources : FMI, Direction of Trade Statistics; estimations des services du FMI.Note : CAE = Communauté de l'Afrique de l'Est; CEDEAO = Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest; CEMAC = Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale; COMESA = Marché commun de l'Afrique orientale et australe; SADC = Communauté pour le développement de l'Afrique australe; UEMOA = Union économique et monétaire ouest-africaine.

    tAbLEAu 1.5

    CEMAC : Objectifs du Millénaire pour le développement, 1990 et 2009

    1990 2009

    Objectifs et mesures CEMAC AfSS CEMAC AfSS

    objectif 1 : éradiquer l'extrême pauvreté et la faimRatio emploi/population, plus de 15 ans, total (%) 64 64 65 64Ratio emploi/population, 15–24 ans, total (%) 49 50 47 49PIB par personne employée (dollars PPA constants de 1990) . . . 2.493 . . . . . .Part du revenu détenue par les 20 % du bas de l’échelle . . . . . . . . . . . .Prévalence de la malnutrition, poids/âge (% enfants de moins de 5 ans) 18 . . . . . . 25Écart de pauvreté à 1,25 dollar/jour (PPA) (%) . . . . . . . . . . . .Ratio population pauvre à 1,25 dollar/jour (PPA) (% de la population) . . . 58 . . . 51Emploi vulnérable, total (% de l'emploi total) . . . . . . . . . . . .

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