ÉRIC CHARLEBOIS...Un jour, le seul remords sera d’avoir espéré, et, ainsi, d’avoir douté de...

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POÉSIE ÉRIC CHARLEBOIS

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P O É S I E

ÉRIC CHARLEBOIS

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Du même auteur

Faux-fuyants, Ottawa, ��� ������, �����, ��� ������, �����

Pé��stalt�sm��� Clystè��� p�ét�qu��, Ottawa, É��t��ns Dav��, ���4�

C��nt��fug��� Ext�a�t ��� na��at��n� P�és��� fa�t�� ��� c�nc��nt�é, Ottawa, É��t��ns Dav��, ���5�

C�né��t��� F���t�l�té ���s c��n����s �u T�a��t��n �u m�uv��m��nt, Ottawa, É��t��ns Dav��, ���6�

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Éric charlebois

Circa

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Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada et le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario. En outre, nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Les Éditions David remercient également le Cabinet juridique Emond Harnden.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Charlebois, Éric, 1976- Circatrices / Éric Charlebois.

(Voix intérieures) Poèmes. ISBN 978-2-89597-089-7

I. Titre. II. Collection : Voix intérieures (Ottawa, Ont.)

PS8555.H4183C57 2008 C841’.6 C2008-900304-7

Maquette de la couverture, typographie et montage : Anne-Marie Berthiaume graphiste

Les Éditions David Téléphone : (613) 830-3336 265, rue St-Patrick, Bureau A Télécopieur : (613) 830-2819 Ottawa (Ontario) K1N 5K4 [email protected] www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 1 er trimestre 2008

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Cicatrices.

Circatrices.

Cicatrisse

vers

à peu près

toi, moi et

nous.

La larme

de l’incendie :

tu te panses ma montre pour ne pas que le temps soit

feu.

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Parangoniomaître

Nous ne sommes tués que par la vie.

rené char, Le Nu perdu

Une aube, j’oublierai que

tu n’es plus là.

les écluses

s’embrasent ;

il y a une digue d’

étoupe

dans ma gorge.

Plus je bois, plus

je t’ai cru.

ad libérons-nous.

il faut espérer,

ne pas prévoir.

il y a de la poudre de

fossile

stellaire

dans chaque trace.

on aurait toujours pu

autre chose.

Une culture n’est-elle que

passé ?

soi-même créer,

sans créer soi-même.

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Une cigarette sans mégot :

mort provisoire

ou

vie en sursis ?

Nous ne sommes que figues et dattes,

desséchées,

inspirées.

Je diffère

l’indifférence.

Nous incarnons

le carnier.

Je m’exaspère dans

l’ex-espérance.

le soleil est un feu jaune qui lézarde le ciel.

clin deuil.

clinceul.

J’ai les plis du soleil au coin des yeux :

pattes d’oies

sauvages et sédentaires.

Faux cils sur la pierre.

les stigmates de

ton éclipse

calcinent

mon foie.

tu es érubescence

sans corrosion.

il n’y a pas plus abrasif et antiémail que

du dentifrice séché.

robert.

Parce qu’à l’aube,

le ciel a

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des gencives

et les sourcils de

mes essuie-glace

dessalent et dessillent

ton éclipse.

c’est ma vigie, ma nuit mondiale de la poésie.

c’est le printemps :

il y a un phénixelin

à l’horizon.

le soleil est

en autodafé.

si la vie est absurde,

la mort l’est forcément.

le soleil levant

titube.

Une photo à fleur

d’ongles.

Des souvenirs en chapelle ardente.

Des larmes à brûle-,

à fend-,

à corrode-

pourpoint

d’interrogation.

inter-rogations

et ad libations à une table

des multiplications.

il fait étincelant sur un immeuble étamé dans

mon rétroviseur ;

je vais vers le soleil

rétrospectral.

et si l’évasion était la seule sincérité ?

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N’est-on que

marmoréen

dans cette liberté provisoire ?

les mirages ne sont pas censés

mourir

si on

les garde à distance.

Un lémure en

blouson de jeans,

fumée de cigarette,

bouquet rouge,

œufs pochés,

peau guimauvée,

barbe constellaire.

Mort iconoclaste.

elle seule ne

se regrette pas.

Un jour, la guerre aura été.

Un jour, l’amour sera sans âme puisque

sans mort.

Un jour, les égoïsmes aboliront

toute distance, toute domination.

Un jour, le seul remords sera d’avoir espéré, et, ainsi, d’avoir

douté

de ce jour.

Même l’ombre m’en veut.

Nous sommes les survivants de

l’amour ;

la survie ne vaut que

de l’amour.

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tu te denimes.

tu te dissémines.

Denim.

Demain.

tu es le tain

inatteint.

Étâmé.

J’ai hâte de t’avoir aimé

pour toujours.

tu es à tir d’elle.

elle t’a volé de son propre

zèle.

Nous faisons partie de la même

gangue.

Je crache cru

la vérité dure et

drue.

l’instant est sans intention,

sans prétension,

contingent,

geins, content.

Parangoniomètre.

Même les mendiants ne se préoccupent pas

de nous.

tu es tire-bouchon,

attire-liège

imprégnant,

imbibant

plus dense que lourd

comme

un poème.

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tu es Moncton.

tu es Montréal.

tu es sudbury.

tu es effluvial.

humains paysages en temps de

libertés provisoires.

tu as compris le sursis :

un sablier Plinko.

Décal-âge.

entre le bleu de la fumée et le rouge du bouquet,

le blanc albestre

d’un sourire.

il est temps de fermer l’œil

sur le ressac du jour

en bataille.

Jambes croisées et nodales :

l’infini a deux sorties.

Jugulaires cendriers.

blouson jeans.

Pantalons jeans.

cortex viscéral

extensible.

Nous discutions,

nous riions,

« ii »,

mais, surtout,

nous écoutions

la vitesse du son et

l’écho immuable

du roc.

l’usine de l’acuité de la poésie.

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Nous pleurions,

malgré nos yeux,

malgré nos vœux,

malgré nos vieux,

d’irritation

devant la déprédation

pour la paix.

Nous mangions des canapés et

des tables de chambre d’hôtel.

Nous fermentions,

nous ferblantions

la nuit :

nickel,

ni elle.

liberté obligée.

tes roucoulements,

tes ululements,

puis ma lecture de

ce qui reste.

tu es monument ;

je suis mon

dénuement.

Je ne me souviens pas,

plus,

de tes yeux ouverts simultanément :

le rire, la fatigue,

la gravité ;

clin seuil.

tu as rendu à la poésie

la beauté la plus belle ;

celle qui est

périssable,

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fossile de mirage

autour du sable.

Ma mémoire est

formol ;

tes mots sont

formes molles

infinies

amor-moréennes.

si on doit graver le marbre, c’est que l’eau s’évapore

devant l’érosion.

Nous sommes amphibiens,

grenouilles ;

ne grouille pas que

je t’aime.

en effet

de serre,

ton même poème m’écrit toujours.

si aller vers l’autre, c’est voyager vers soi,

prête-moi ta navisphère.

ce monde est-il encore assez grand pour nous ?

sursis.

soucis.

sourcils.

sourd, si.

ce qui est sans frontière est

sans grandeur.

Un univers tout juste derrière le tain ;

là où les anges se coupent avec le verre, s’asphyxient avec le sable, et

ressuscitent

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en baissant les bras pour faire monter la pression, comme

un tire-bouchon.

Momentanément, la guerre était au passé,

l’amour était au conditionnel,

et l’espoir était au présent.

on tire sur tout ce qui fleurit,

et ça ricoche contre le

marbre

de vivre.

on se souviendra que, chaque année,

on se souvenait

qu’on avait un jour déclaré

la paix

avec ses impôts ;

l’armistice n’est toujours qu’une opportunité

d’imposer une trêve

à la paix.

Pays sage en temps de paye relative.

bathyscaphe de

de mon

ciel-en-arc.

Pas ici. Pas là. Pas

à pas.

l’espace subjugue

milliterrement

le temps.

Je veux être gravité et attraction

dans mon équilibre

de toi.

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borne fontaine devant tous nos

autodafés.

la liberté est

une statue.

la vie est

pachyderme

dans la mort

ptérodactyle.

Je frôle ma perte, non pas la mort ; on ne peut frôler ce qu’on

ne connaît pas.

seule la mort confère

et confirme

l’immortalité.

si on t’abandonne sa vie, ce n’est déjà plus un abandon. tout est définitive-ment indéfini. Du moment que l’on met un point final, c’est pour le circonscrire, pour mieux le res-saisir. il faut prétendre savoir pour espérer ; on ne peut espérer ce qui n’est pas crédible. Mais tout est présomption ; si on savait, on saurait aussi que là était toute la peine ; il ne resterait alors rien. et si les arbres n’étaient qu’un mirage ; il faut conti-nuer pour s’en rendre compte… où sont passées les couleurs entre le pâle et le sombre ? il y a ombre. Puis il y a pénombre, soit espoir qu’il y a ombre de quelque chose… si l’ombre défaille, c’est que les yeux plissés se ferment lentement devant l’auréole de sang… il faut que subsiste l’ombre de l’obre. l’ombre, c’est la lumière, et l’objet réel devant ; quand l’ombre disparaîtra, il ne restera que l’ima-ginaire, et là, nous serons perdus. Quand le sui-cide sera lui-même seulement imaginaire, c’est là, la maudite éternité immobile…

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J’accepte ce que tu es, je vois ce que tu deviens, j’imagine ce que tu ne seras pas…

Je veux me faire tatouer un tire-bouchon près du cœur ; je trouve ça juste.

J’ai peur. le problème, c’est que l’on croit pouvoir s’imaginer, mais ce n’est jamais soi que l’on ima-gine, mais bien l’entourage qui nous borne… J’ai été abandonné et inaimé. J’ai été repris et aimé. J’ai abandonné mes mots à toi, sachant très bien que ma moelle est dans l’espace entre ces mots… oui, je m’y suis abandonné ; à ta confiance, à ton sourire, à cette fulgurance dans tes yeux, à ton espoir en moi, à nos contradictions solidement dialectiques, à l’attraction du kaléidoscope et à la gravité épitaxique… J’ai été abandonné par les soleils levants, par les marées descendantes, par le sable autour de mes empreintes, par les gens qui se sont endormis, par les amis qui retournent à leurs absurdes cafards, par l’espace qui a cicatrisé… Mais je rejaillis aussi ! comme un point d’excla-mation ! interjection, onomatopée : voilà les seuls vrais mots…

Prends ton temps. Ne pense pas trop ; la réflexion est trop près du regret, de l’espoir, de l’ailleurs. Un tire-bouchon tatoué près de la mort.

si tout était monochrome, le chromatisme en ques-tion serait vert ouvert…

en nous éloignant, nous privons les autres de leur sécurité : nous. la profondeur est attrayante : la gravité est jusque dans l’imaginaire. Nous sommes la profondeur sans garde-fou, sans parachute, sans para-quoi-que-ce-soit ; les gens pensent nous per-dre dans notre projection, qu’ils croient être une chute assurée ! il faut chuter pour saper les conven-tions dans leur propre insignifiance… !

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Pourquoi chercher le mystère de l’univers ? Pour se suicider plus tranquillement ? Je cherche à élucider le mystère de l’humain, non pas de l’univers. J’y suis presque. on y est presque. Mounier, lévinas, sartre, Merleau-Ponty, husserl, heidegger, Kier-kegaard… schopenhauer… cioran… Ma tête. les mots. la toile para-écrasement ; rien n’est para-chute ; tout est para-écrasement…

Mon cœur est en fonte, à l’épreuve de la calcination.

Mon cœur est en teflon, à l’épreuve de la fonte.

Mon cœur est en carton, à l’épreuve des frigorifications.

Mon cœur est en béton, à l’épreuve du sang.

Mon cœur est en Goretex™, à l’épreuve des larmes.

Mon cœur est en tain, à l’épreuve des autres.

Mon cœur est en verre, à l’épreuve de moi.

Mon cœur est en inox, à l’épreuve de l’expiration.

Mon cœur est en cellophane, à l’épreuve de l’inspiration.

Mon cœur est en céruse, à l’épreuve des couleurs.

Mon cœur est en pierre, à l’épreuve de la vie.

Mon cœur est en rêve, à l’épreuve du réveil.

Mon cœur est en lochies, à l’épreuve du rêve.

Mon cœur est en totem, à l’épreuve de la mort.

Mon cœur est une bouteille, à l’épreuve de la sobriété.

Mon cœur est en circonvolutions, à l’épreuve de lui-même.

Mon cœur est en cortex.

Mon cœur est en nerfs.

Mon cœur est en anathème.

Mon cœur est en sépulture violée.

Mon cœur est en viande hachée.

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stabat mater. autodafé. Kamikaze. christaux de vie cénotaphe…

rien de plus tragiquement indélébile que le roc.

culpatibilité. Nous sommes coupables. comme de la chair sous le coutelas. Mais nous sommes telle-ment, ainsi, tellement compatibles : tell mensonge.

la liberté est conditionnelle, sous le temps et l’espace.

sédieuments.

Dieu n’est en personne ; on croit qu’il l’est. si c’était le cas, la liberté serait inerte.

capacité d’aimer ? N’est-ce pas simplement capa-cité de s’aimer soi-même, de savoir précisément, mais aussi étroitement ce que l’on veut ? en aimant, nous nous privons de ce que nous choisissons de ne pas travailler à devenir ?

s’il y a une autre dimension une fois que nous som-mes morts, à quoi bon ? autre dimension signifie autre mode d’influence, d’évolution, donc autre soi-même ; pourquoi alors s’en préoccuper ?

aimer, c’est anéantir ce que nous ne sommes pas ; mourir, c’est anéantir. ainsi, aimer, c’est mourir un peu plus, seulement contre toute solitude.

le temps d’aimer… Ne t’en fais pas, dans le temps, nous choisissons ce que nous ne serons pas, donc nous nous anéantissons. ce n’est pas l’amour qui anéantit, mais ce que nous ne pouvons aimer le temps que nous aimons autre chose.

Pourquoi détruire les molécules alors que le sim-ple mouvement s’en charge ? tout n’est que mouve-ment dans le spatio-temporel ; il y a donc comme une friction dans le magnétisme…

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ainsi, si Dieu est inconnu, et qu’il est en nous, nous sommes inconnus… ? si Dieu est amour et inconnu, l’amour est inconnu. si l’amour était accessible, à quoi cela servirait-il d’aimer, puisque ce que nous aimons, c’est l’image ; or pourquoi avoir l’image de ce qui est devant soi… ? Nous aimons l’absence, non… ?

Qu’est-ce qu’exister ? c’est refuser notre contin-gence. Qu’est-ce que le mal ? c’est l’autre qui me rappelle ma contingence…

la vie est un concours de limbo. Poil de phénix. au fond. À la fonte.

cœur de tungstène.

De tongue stain.

la poésie, un festival, une chambre d’hôtel. Un tire-bouchon de denim, des conversations enfu-mées, la vie envolutée, italiques censurées. sang suri. le sens d’un sourire qui ellipse ton visage en satellite dodécagone.

Nous créons le mythe. tu as créé l’homme. Person-nage, oui. Personne âge, jamais.

la mort aux dents. la mort au-dedans.

inhumé. in me, you. italiques dans le cendrier.

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Appathie

le politically correct lui-même, dans ses fonde-ments même, n’est pas en toute rectitude… la politique est croche ; elle est loin du politique, c’est-à-dire la science de l’organisation sociale. De toute façon, correct, c’est sans heurter l’autre ; ne reste-rait dès lors que le silence. tout mot atteint, parce qu’il sollicite un effort de déchiffrage ; il dérange donc l’esprit qui était occupé à autre chose. le mot est aussi création, en ce sens qu’il détruit toutes les autres possibilités, c’est-à-dire les mots qui n’ont pas été dits au lieu…

humpty… comme Hurt et empty… ? il faut que se brisent les objets pour que se dégage l’énergie nucléaire… Une bombe de plumes. Une grenade de velours. et une colombe enragée…

appathie, qui est de se greffer à la douce douleur, à la douce épreuve de vivre…c’est une sérénité en chaque individu, qui fait qu’il n’a rien à envier au prochain… c’est la jalousie qui fomente tout, l’égoïsme, mais en cessant de penser à soi pour remplacer l’autre, à notre esprit, ainsi que tout ce qu’il possède…

Dieu est-il sensible, sensoriel, même ? tant que l’on offre le pardon, on domine l’autre, celui à qui on pardonne. l’égarement est impossible : les hom-mes ont choisi les voies dont il ne faut déroger. la dépravation n’est donc pas par rapport à Dieu ; il voulait que nous expérimentions, que nous éprou-vions, que nous désirions, que nous espérions ; il savait que sans espoir, il n’y aurait plus de raison ; il savait qu’une cause, paradoxalement, est dans l’avenir. celui qui ne doute pas, s’égare…nous ne sommes libres que dans la mesure où cette liberté est remarquable par les autres…

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Nous sommes fourmis, certes, mais nous tra-vaillons à construire notre volcan de sable, contre le vent, contre le moulin, contre notre liberté… Nous sommes tellement libres, que nous pouvons anéantir notre liberté. Nous sommes tellement libres que, dans la solitude, nous implosons…

croire à la liberté ? Dieu nous a faits ; il ignore, tou-tefois, que nous le faisons…

la plongée doit ne pas être sous-marine, submer-geante ; elle doit être pleine d’air !

Je serai là. la mort, c’est pour les autres, comme l’enfer.

sers-toi de moi. cette partie folle mourra si elle n’a pas de récepteur, vois-tu ; le souffle de la réplique la garde en vie, comme le phénix dépend du feu, dans le fond, au fond, à la fonte…

Je serai là. Jamais plus ici, mais là. ici est trop vola-til, trop infidèle. Je serai là. Une possibilité perpé-tuelle. Je serai infidèlement fidèle. Je serai franc. Je serai lucide. je serai inéluctablement mourant, mais, ce faisant, irrépressiblement vivant ! ! ! J’es-père en toi. J’espère de toi. Mais toi, qu’est toi pour toi ?

l’océan a son fond. le cosmos a son fond. la navis-phère a son fond. l’atlas a son fond. l’humain a leur fond…

les mots. la toile para-écrasement ; rien n’est para-chute ; tout est para-écrasement…Mais j’aime le vide ; n’appelle donc pas les pom-piers, avec leur canevas inutile. le suicide est normal, lorsque l’édifice est en feu ; le phénix est mythique ; pourquoi, autrement, incinérerions-nous les cadavres ?

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Qu’est-ce que la force ? la résignation ou la révolte ? on ne peut ne pas imploser sous pareille appro-priation des difficultés d’autrui…

si je n’écrivais pas, je me ferais certes du mal ; les mots me confèrent une illusion de scission ; ainsi, le je se perd, et se sépare ; que donnerait alors de faire du mal, puisque « je » est déjà hors les situa-tions que je viendrais d’exprimer ? se faire du mal, c’est attaquer l’être le plus accessible, le plus cou-pable, le plus unique, c’est atteindre l’inattaquable pour quiconque…

courtepointe, brandebourg, popeline, tissée, tatouée, gravée, cicatrisée pour mieux se blesser… blessed ; blessée. la dérive, elle relève du rapport à l’autre. la famille amène, à sa manière, à la dérive. bouées. Écueils. Glaciers. récifs. Personne ne peut pallier à ces questions, au malaise ; tout ce qu’ils peuvent faire, c’est amortir, surseoir, atermoyer le tout, non pas l’empêcher. on a besoin de s’ac-crocher à la réalité pour ne pas la changer. on a besoin de se cramponner au souvenir et à l’avenir parce que le présent est tellement opaque. on a besoin de se résigner pour ne pas sombrer dans le doute systématique ; les autres ne voient que la folie, jamais la profondeur. tissée. Métissée. les gens ont peine à ne pas pouvoir nous répondre ; par indulgence, nous ne les mettons jamais devant cette obligation… la liberté est peut-être la pire invention ; l’espace s’avère alors le salut ultime… il est tellement rassurant de ne pouvoir être par-tout à la fois. si nous connaissions les intentions de tous, nous serions déçus… ainsi, nous pouvons leur prêter les intentions les plus héroïques. Prends garde : nous ne pouvons nous les approprier, ces autres ; nous sommes aussi autres pour eux…

Ne m’intime rien.

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Considéré comme un des chefs de file de la relève en poésie franco-ontarienne, Éric Charlebois a remporté, en 2003, le Prix LeDroit ainsi que le tout premier Prix Trillium dans la catégorie « Nouvelle poésie ». Ses trois recueils suivants, Péristaltisme, Centrifuge et Cinérite, ont été publiés respectivement en 2004, 2005 et 2006 aux Éditions David. Centrifuge a été couronné du Prix Trillium-Poésie 2006 et fut finaliste au Prix LeDroit 2005, alors que Cinérite a été finaliste au Prix du livre d’Ottawa 2007.

Il demeure très actif dans le milieu de l’instant poétisant, en offrant divers ateliers en matière d’expiration poétique et de réacsituation de communication. Il bourlingue à travers l’Europe, en attendant que l’été de ses congés désertiques assèche les moussons. La poésie le fait un peu partout.

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table Des Matières

Parangoniomaître . . . . . . . . . . . . . . . . . . �appathie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 3Fonte des gènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 6Éclipse terrestre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 0squamules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2esthétoscope . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 5Fée morale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 1Necro plus ultra . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 6Néther . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 3l’épouvantail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 8l’inseul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 �surombre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 8cerf-volant paratonnerre . . . . . . . . . . . . . � 2Marelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . � 4Vapeur de sablier . . . . . . . . . . . . . . . . . . � 6elue mal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . � 8Ultrason . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 0 0Zeppelingles à linge . . . . . . . . . . . . . . . 1 0 2Fenaître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 0 5Échographie d’une pupille . . . . . . . . . . . . 1 0 �hippocampe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 1We deter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 5empiremptoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2 1orogenèse : Fin X . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2 3

Notice biographique . . . . . . . . . . . . . . . 1 2�

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VOIx INtÉrIeureS

C�ll��ct��n ����g� pa� Ma�c P��ll��t����

Antoine, Yv��s� �a mém����� à fl��u� ��� p��au, �����

BeAulAc, Guy� ����-Su�, 1999�

BéruBé, S�ph���� �a t��mb�� sac�é��, �����

Brunet, Jacqu��s� Acc���s ��t c��s� J��ux ��� m�ts, 1995�

cArducci, ��sa� Pays �nc�nnu / Pa��s�� sc�n�sc�ut�, �����

chArleBois, É��c� Pé��stalt�sm��� Clystè��� p�ét�qu��, ���4�

chArleBois, É��c. C��nt��fug��� Ext�a�t ��� na��at��n� P�és��� fa�t�� ��� c�nc��nt�é, ���5�

chArleBois, É��c. C�né��t��� F���t�l�té ���s c��n����s �u T�a��t��n �u m�uv��m��nt, ���6�

chArleBois, ��c. C��cat��c��s, ���8�

christensen, An��é��, ��t Jacqu��s Flaman�� Qu�� l’ap�calyps�� s��t ! Chants n�uv��aux ��� la Syb�ll��, �����

deschênes, Ma�j�la�n��� �’ét����nt�� n�� s���a plus fugac��, ���7�

dorvAl, J��an, ��t Dan���l GAgné� �a T��l�g��� éch�qué��nn��, ���4�

duhAime, An��é� �’h���� ��t ��� t�uj�u�s, ���3�

estigène, Eugèn�� B��n�t�� Mém����� �’un�� nu�t à g��n�ux, ���1�

Forget, Ca��l��� Ell�� hab�t�� un�� m��t��p�l�s, �����

JeAn, Stéphan��� P��s�ns �bscu�s, ���1�

JeAn, Stéphan��. C��tèg�� mém�����, �����

JeAurond, Gaétan� Pays ��n palab���s p����us, 1996�

lAcomBe, G�ll��s� Blancs g��s ��t n���c��u�s, 1996� Épu�sé�

lAcomBe, G�ll��s. ���s p��t�t��s h��u���s qu� s’avanc��nt ��n ��ant, 1998�

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lAcomBe, G�ll��s. ��� b��u�lla�� au-���ssus ��� la ��uc��u�, 1999�

lAlonde, �uc���� Icôn��s, 1999�

lAvAllée, ��ïs��� Un�� fa�m ��� l�uv��� Cant�qu��s cha�n��ls, �����

mAJor, J��an-��u�s� Ant�fabl��s, �����

MilAt, Ch��st�an� D�ul��u���us�� au�����, ���6�

morin, Dany��ll��� Cant�� J�n��, ���3�

motArd, Chantal� ���s ��nfa�g��s �u t��mps, ���5�

muir, M�ch��l� ���s a�m��s c�nv��té��s �u cœu�� Su�t�� p�ét�qu��, 1994� Épu�sé�

muir, M�ch��l. Ca�n��ts �nt�m��s — 1993-1994, 1995� Épu�sé�

muir, M�ch��l. �’�népu�sabl�� t���mbl��m��nt ���s v�vants, �����

ouellet, Ma����-B��ll��� Un p��u ��� c���l au b�ut �’un�� c�����, ���6�

Pelletier, ��u�s�� ��� g�nzagu��� E��anc��s p�ét�qu��s, ���4�

Pelletier, ��u�s�� ��� g�nzagu��. Rêv��s �nach��vés, ���7�

Perrot-BishoP, Ann�ck� F��mm�� au p��fil �’a�b���, ���1�

Perrot-BishoP, Ann�ck� En l�ngu��s ��v���s cach�s, ���5�

Pierre, Clau��� C� Déb��s �’ép�pé��…, ���4�

PleAu, M�ch��l� �a l��nt��u� �u m�n���, ���7�

rAimBAult, Ala�n� �’abs��nc�� au j�u�, �����

rAimBAult, Ala�n� Pa�t�� c�mm�� jama�s, ���5�

RichArd, �yn��� �a pat���nc�� ���s c���fs-v�lants su�v� ��� ��� b�u�ss��m��nt ���s c��n����s, ���7�

SAvoie, Paul� C�ac, ���6�

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thérien, M�ch��l A� Fl��uv��s ��� m�ca, 1998�

thérien, M�ch��l A� C��ps sauvag��, ����� Épu�sé�

thérien, M�ch��l A� Eaux �’Èv��, �����

thérien, M�ch��l A� �’a����té ���s fl��uv��s, ���4�

thérien, M�ch��l A� J’éc��s à ���b�u�s, ���5�

thérien, M�ch��l A� C��ps sauvag��, ���7� ��uv��ll�� é��t��n�

thérien, M�ch��l A� Du v���t�g�� ��t ��� l’��sp���� Ca�n��ts af��ca�ns, ���7�

voldeng, Év��lyn��� B��cél�an��� à cœu� ��� n���g�� su�v� ��� M�n h���b���� sauvag��, �����

ZAlitis, D�m�n�qu��� Ent��� l��s mu�s ��� la Balt�qu��, ���7�

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Ach��vé �’�mp��m��� ��n fév����� ���8su� l��s p���ss��s ��� Ma�qu�s Imp��m��u�Cap-Sa�nt-Ignac�� (Québ��c) Cana�a

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VOIX INTÉRIEURES

Je suis né avec le vertige.La chute vers l’inconnu.L’angoisse de vivre.L’asthme du trop-plein.Je suis né sans savoir comment faire ;c’est pourquoi « naître » est un verbe d’état.

J’ai cessé de craindre la mort puisque je ne peux comprendre la naissance.

Circatrices, c’est la poésie de ceux qui veulent mal l’entendre. À peu près et de loin. La déraison d’être, l’autre autre, l’orgasme annihilateur du moindre souffle, le désir d’indifférence, le je régénérateur, le moi enclavé, le vous à fleur de peau cisaillée, tous immunisent, comme des leucocytes, contre la plaie de la distance, et contre la lésion laissée par l’espoir pendant la vie qui meurt en réaction acuponctuelle. Des récits d’amour et de mort ; une nécromanie, ainsipide, en quête d’une tendre fin. Le papier est tissu, au même titre que la peau. Le moindre mot l’ébrèche, le déchire, le stigmatise. Le papier coupe sous les ongles ; seul l’espace cicatrise.

La poésie ne doit pas exprimer les événements ; elle doit les créer et les circonscrire, sans limites. Entre déjà et peut-être, entre jamais et sans doute, entre je et vous, il y a l’instant.