Revue DMA – ELARGIR LE REGARD (Janvier - Février 2015)

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Revue des Filles de Marie Auxilitrice (Filles de Marie Auxiliatrice)

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 2

dma Revue des Filles

De Marie Auxiliatrice

Via Ateneo Salésiano 81

000139 Roma

Tél. 06/87.274.1fax 06/87.13.23.06

e.mail : [email protected]

Directrice Responsable Mariagrazia Curti

Rédacteurs Maria Helena Moreira

Gabriella Imperatore

Collaboratrices Maria Americo • Julia Arciniegas

Patrizia Bertagnini • Mara Borsi

Carla Castellino • Piera Cavaglià

Maria Antonia Chinello

Anna Rita Cristaino • Emilia Di Massimo

Dora Eylenstein • Palma Lionetti Anna

Mariani • Adriana Nepi

Maria Perentaler • Loli Ruiz Perez

Debbie Ponsaran • Maria Rossi•

Eleana Salas • Martha Séïde

Giuseppina Teruggi

4 Editorial DMA 2015

5 Premier Plan

6 La Paix, c’est la vie

La Paix n’est pas un rêve

8 Femmes sur le terrain

Femmes sur les terres de la joie

10 Culture écologique

L’écologie au centre des préoccupations mondiales

12 Fil d’Ariane Rencontres et tensions

15 Dossier Elargissez votre regard

27 En recherche

28 Dossier Elargissez votre regard

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRIC

3 Dma damihianima ANNEE LXII ■ Janvier Février 2015

Traductrices

France : Anne-Marie Baud

Japon : Province japonaise

Grande Bretagne : Louise Passero

Pologne : Janina Stankiewicz

Portugal : Maria Aparecida Nunes

Espagne : Amparo Contreras Alvarez

Allemagne: Prov.Autrichienne et Allemande

EDITION EXTRACOMMERCIALE

Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice

Via Ateneo Salesiano 81, 00139 Roma

C.C.P.47272000

Reg. Trib. Di Roma n.13125 del 16-1-1970

Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c,

Legge 662/96 – Filiale di Roma

n. 1/2 Janvier-Février 2015

Tip. Istituto Salesiano Pio XI

Via Umbertide 11, 00181 Roma

30

La Parole

Emmaüs :

Une spiritualité éducative

32

Charisme et leadership Etre père/mère : Identité et mission

35

Un regard sur le monde Le courage de partir

Regard sur le monde La force de la vie

37 Communiquer 38 Vie consacrée Communication et communion avec Dieu

40 Vidéo La faute des étoiles

42

Livre La lumière sur les océans

44

Musique Parents et enfants : Entre amour et conflit

46 Camille Ré-création

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Dma 2015

Au cours de cette année nos chemins personnels et communautaires auront comme objectif l’approfondissement des orientations du Chapitre Général qui vient d’avoir lieu. Cet événement capitulaire qui s’est déroulé à Rome, peut être défini comme une expérience de l’Esprit Saint et de formation permanente. A chaque FMA et communauté il propose des choix et des voies concrètes pour l’avenir. Le titre du Document capitulaire «Elargissez votre regard. Avec les jeunes, missionnaires d’espérance et de joie» est un appel et un engagement à actualiser l’expérience vécue, caractérisée par un fort dynamisme mission-naire. La revue DMA se situe dans cette optique et accompagnera les FMA, les laïcs et les jeunes dans le processus d’assimi-lation et de traduction dynamique des contenus émis par ce XXIIIème CG. Quelques aspects du Document seront approfondis surtout dans le Dossier qui aura comme titre Elargissez votre regard... et avec le leitmotiv qui a poussé les Capitulaires à scruter la réalité et le monde d’un regard neuf. Le moment historique que nous avons vécu est aussi riche de signes et d’appels. En particulier, l’année de la Vie Consacrée et le Bicentenaire de la nais-sance de Don Bosco sont des dons et des appels à rendre plus lumineuse notre identité de consacrées dans l’Eglise et dans la société d’aujourd’hui.. Le DMA cette année, propose quelques nouvelles rubriques en lien avec l’actualité mondiale. Les chemins de la Paix, pour prendre connaissance, à travers le témo-ignage des FMA et des laïcs, des situa-

tions de conflits présents dans le monde et examiner quelles sont les voies concrètes pour promouvoir une culture de Paix. La page sur la Parole contribue à faciliter la prière avec les jeunes et les personnes que nous côtoyons, alors que le Charisme et Leadership présente, pour l’animatrice de la communauté et les autres sœurs, les caractéristiques d’un leader-ship efficace avec, comme références charis-matiques, la présentation de quelques figures salésiennes.

Les thèmes sur la Vie consacrée trouvent un espace dans la rubrique Femmes sur le terrain avec la beauté et la richesse de la féminité qui, bien accueillies, donnent couleur et chaleur à la joie de notre identité de consacrées. Dans la rubrique Communiquer, le thème de la consé-cration est mis en parallèle avec la société actuelle et le Magistère de l’Eglise.

Enfin, dans Insertion de chaque numéro, seront présentés les Objectifs du Développement du Millénaire, pour la lutte contre la faim et la pauvreté, la protection de l’environnement, la promotion des droits de la femme et la lutte contre la mortalité infantile,... défi qu’il n’est pas possible de remettre à plus tard.

Notre Revue désire élargir notre regard, être instrument de formation non seulement pour les FMA mais aussi pour beaucoup de laïcs et de jeunes qui fréquentent nos maisons. En outre elle veut devenir toujours plus une aide pour les animatrices de communauté, les éducateurs et éducatrices appelés à être avec les jeunes missionnaires d’espérance et de joie. Bonne année, donc, en compagnie de la Revue DMA.

La rédaction

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La paix n’est pas un rêve

Emilia di Massimo, Gabriella Imperatore

«Arrêtez, s’il vous plaît, je vous le demande de tout ton cœur, arrêter. "

C’était le cri du cœur du Pape François lors de l'Angelus dominical contre les guerres qui ravagent le Moyen-Orient, en Irak et en Ukraine.

Une paix qui marque, non seulement dans les territoires dont parlent les chroniques dans ces dernières périodes, car les endroits où ont lieu des conflits sanglants sont dans le monde entier.

Drames non toujours racontés, qui désignent une carte géopolitique impressionnante pour la quantité de conflits durables et apparemment insolubles aussi à cause d’une diplomatie internationale souvent peu concluante.

Le monde est en guerre. Jamais, depuis la fin de la seconde Guerre mondiale, ça n’a été comme aujourd'hui. Le monde n'a pas connu une journée dans laquelle chaque État n’ait vécu dans la “paix" non pas comme l'absence de guerre, mais comme attitude, comportement, soit per-sonnel, soit social. En rechercher les causes n’est pas simple. Nelson Mandela, le grand chef défenseur africain des droits de l'homme et Prix Nobel de la paix, soutenait: «La paix ne peut pas est un rêve il peut devenir une réalité; mais pour la garder il il faut être capable de rêver " L'attention, cependant, est nécessaire, non seulement pour les grands conflits, ceux qui deviennent un phénomène médiatique et se transforment en spectacle, mais aussi aux conflits inconnus, ceux dont personne ne s’intéresse parce qu'ils ne sont pas d’intérêts économiques, Ils naissent comme une question ou un événement, appa-remment local, mais qui présentent toujours des aspects de caractère inte-rnational ou mondial.

La révolution des médias a produit une série de changements sociaux, économiques et politiques grâce à l'avènement de la numé-risation d'une grande partie de l'accès à l'information; elle a contribué à changer profondément le concept de communication. Le développement d'outils interactifs a provo-qué la prolifération et la multiplication des voies d'accès à l'information, qui ont changé la façon dont a lieu l'acte de communication. Du terrorisme islamique et de la «guerre mondiale», nous sommes informés chaque jour, bien que souvent en termes de propa-gande et partiale. Pourtant, personne ne parle des dizaines d'autres conflits qui se vivent dans les quartiers les plus pauvres du village planétaire, où l'information globale ne parvient pas. La question est donc : «Sommes-nous vrai-ment mieux informés et plus libres dans nos choix?". Une carte de synthèse des conflits actuels, pourrait être un des critères que tout le monde peut faire personnellement pour répondre à la question. Actuellement 62 Etats sont impliqués dans les guerres interna-tionales ou internes, auxquelles il faut ajouter 549 milices, cartels de la drogue, des groupes indépendantistes, des groupes séparatistes et des groupes anarchistes impliqués. Les points chauds sont : L’Egypte (soulèvement popu-laire contre le gouvernement), la Libye (guerre contre les militants islamistes), le Mali (guerre contre les Touaregs et les militants islamistes), le Nigeria (guerre contre les militants isla-mistes), la République centrafricaine (guerre civile), la République du Congo (guerre contre les groupes rebelles), la Somalie (guerre contre les militants islamistes), le Soudan (guerre contre les groupes rebelles), le Sud-Soudan (guerre civile). Le nombre de conflits actuels est vraiment incroyable.

La réponse est encore la paix Essayer de comprendre un conflit signifie se mettre à l'école des «visages», pour éviter le

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risque d'attirer l'attention uniquement sur les faits, oubliant que les protagonistes sont des gens qui ont des sentiments, des émotions et gardent en direct dans le cœur de beaucoup de désirs, justes comme chacun des nous.“Christ Jésus, notre espérance” (1Tm 1,1) est l’expression avec laquelle Paul décrit la source de l’espérance chrétienne. En fait, si nous parcourons l’Evangile, nous nous rendons compte comment Jésus se comportait avec les hommes et les femmes qui lui confiaient leurs petites et grandes espérances. Tout en répondant à leurs demandes de vie, de libération, de dignité, il les invitait à la découverte de la Grande espérance, qui trouve son plein accomplissement dans le mystère pascal.

La réponse est toujours la paix

Compte tenu de l'échec de nombreuses initiatives de paix, Deepak Chopra - médecin indien- propose

une stratégie alternative pour vaincre la culture de la guerre, la même que celle qu’a proposé le Mahatma Gandhi: «Il n’existe aucune voie pour la paix, la paix est la voie». Le médecin indien a déclaré: "Comme toute habitude, la guerre a creusé un sillon dans nos esprits. Nos recherchons la guerre comme le fumeur recherche une cigarette, constamment nous nous lamentons et disons que nous devons arrêter. La guerre est devenue une habitude, un vice. Pour le vaincre, vous devez prendre l'habitude de la paix ".

Les épisodes de la guerre, la violence et le terrorisme suscitent la peur et l'angoisse dans l'âme de notre société contemporaine. Partout dans le monde, les gens désirent ardemment trouver la paix et être en mesure de donner réconfort à la souffrance des opprimés. Cependant, il serait naïf et superficiel de définir de tels épisodes comme un exemple de simple méchanceté et dépravation. En réalité, nous sommes tous impliqués dans la violence qui a lieu dans le monde. Chacun est impliqué dans le réseau complexe de l'injustice sociale, les disparités économiques, les catastrophes éco-logiques, la guerre et le terrorisme. Mahatma Gandhi a déclaré que si nous continuions sur cette voie le monde entier deviendrait aveugle. Réussirons-nous jamais à regarder au-delà de notre cécité et à créer une communauté mon-diale de l'humanité interconnectée ?

Les attaques terroristes, les guerres déclarées et/ou cachées, petites et grandes violences qui touchent toutes les parties du monde doivent faire naître en nous le désir de vivre pour la paix par-dessus tout. Souvent, les violences sévissent en raison du manque de culture, d'un nationalisme dangereux, de l'ignorance et des disparités économiques profondes entre les classes sociales. Il ya des causes profondes, mais on peut espérer que ces causes puissent être modifiées, en utilisant comme moyen non pas la guerre, mais la paix.

[email protected] [email protected]

Les Verbes de la Paix Chacun de nous peut aider à promouvoir une culture de la paix, en multipliant les petits gestes de la vie quotidienne :

être Paix/penser la Paix sentir la Paix/parler de Paix agir en Paix/créer la Paix

partager la Paix.

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Femmes sur les terres de la joie Palma Lionetti

Commencer une nouvelle Rubrique dédiée aux femmes en évitant des répétitions et des lieux communs n’est pas une affaire facile. Elle pourrait se répéter, en usant une métaphore littéraire, comme dans le célèbre roman de Jules Verne «Voyage au centre de la terre» dans lequel tous les instruments que les protagonistes possèdent au com-mencement (le baromètre, les armes, les pioches…) sont perdus au cours du voyage, laissant l’homme dépourvu face à la nature. Certes c’est un risque d’écrire sur les femmes, mais, malgré cela, c’est toujours «stupéfiant, magnifique, splendide» comme l’exprime ou l’explique l’un des protagonistes du roman cité à la fin de chaque action, parce qu’il les affronte avec la confiance et l’optimisme pour voir quelles sont les possibilités de pénétrer dans les mystères d’une dimension différente qui, dans notre cas, est celle de la féminité. Elles nous accompagneront dans ce voyage «sur les terres de la joie, jouant le rôle d’éclaireur sémantique, à partir de certains points présents dans la lettre circulaire aux consacrés et consacrées pour l’année de la Vie Consacrée dont le titre est : «Réjouissez-vous». Nous explorerons la richesse de la féminité qui, consciemment acceptée, donne couleur et chaleur à la joie de la consé-cration. Les urgences du monde actuel demandent une réponse au génie féminin. Une plénitude naîtra quand la contribution féminine sera pleinement reconnue à côté de la conscience masculine. Mais pour terminer ce voyage, qui est plus un pèlerinage intérieur comme le dit le pape François, nous avons besoin de nous mettre en état d’«écoute» avant de pénétrer dans

.

cette terre précieuse et féconde aux multiples, que représente la féminité.

C’est une Odyssée, par conséquent, racontée au féminin loin de toute présomption héroï-que, liée plus au quotidien, à la fatigue de la condition de femme ; un voyage plus intérieur, dans une apparente immobilité, cependant libre dans la contrainte et prisonnière de sa liberté.

Donc, se mouvoir sur les terres d’une féminité consciente et joyeuse signifie peut-être aller en dehors du sens commun, à partir de la récupération d’une authentique conscience de sa propre valeur. Malheureusement à cause de notre «sens de la culpabilité» inné s’ajoute, parfois, la peur de mal faire, le manque de reconnaissance qui nous rend timides dans la manière de faire, dans l’action, timide dans le désir, dans le vouloir.

La peur occasionne aussi un jugement de valeur, nous, les femmes nous nous sentons toujours moins capables que les hommes, nous craignons leur jugement, souvent aussi nous les craignons beaucoup plus que celui des autres femmes. A côté, cependant, de cette «fragilité» nous avons des «points forts» lumineux, comme cette joie qui naît dans la femme quand elle se sent profondément habitée par l’amour, cet amour qui la rend courageuse, audacieuse qui -mettant à part la tendance à se prendre pour une victime– empêche l’agressivité par la pratique d’un pouvoir générant de la joie, parce qu’elle est capable de faire équipe, de donner des responsabilités aux autres, sans se sentir diminuée, de faire en sorte que toute parole ait un résultat concret, ces paroles qui savent générer un climat positif.

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Se sentir victime, voilà le vrai piège qui nous bloque nous, les femmes et fait naître un sentiment très particulier qui est la rancœur.

L’étymologie de la parole en Italien est intéressante : rancore du latin rancere, se réfère à un aliment périmé, qui possède cette odeur désagréable, cette saveur acide que nous connaissons tous. Alors, nous devons être attentives à ce que nous gardons dans le cœur et dans l’esprit !

Des sentiments semblables telle la rancœur, nous enlèvent petit à petit l’énergie intérieure et nous fait jouer un rôle bien différent qui devrait être composé de liberté et de légèreté, un rôle honnête, élégant, un rôle ressemblant à un plongeon sans éclabous-sures, ou à une vaporisation dans une pièce dégageant une délicate odeur qui n’étourdit pas mais réjouit.

Alors qu’il y ait des femmes c’est une chance

pour l’humanité, même si être femmes ce n’est pas facile…cela ne l’a pas été pour Marie de Nazareth, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila, Marie-Dominique Mazzarello ; comme cela ne l’a pas été pour Indira Gandhi, Evita Peron, Marie Curie, Jane Austen, Maria Zambrano, Simone Weil, Maria Callas, Grâce Kelly, Marilyn Monroe.

Etre femme est un privilège qui, comme l’a dit Irina, citoyenne européenne immigrée en Italie pour un travail que maintenant elle a perdu, s’en réjouit profondément, dans les confidences avec ses semblables ou en compagnie d’hommes conscients, ou même dans les grandes épreuves.. En somme, un peu de féminité que l’on accueille dans toute sa beauté lumineuse au milieu des réalités ordinaires de la vie pour nous permettre de cueillir les réalités extraordinaires.

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L’écologie au centre de la scène mondiale

Julia Arciniegas - Martha Seïde

Un regard sur les magazines les plus connus à l'échelle internationale de ces dernières années, une brève recherche sur Internet, nous montre que le thème de l’écologie occupe une place centrale dans l'opinion publique mondiale. La sauvegarde de la Création devient un point de rencontre entre les différentes confessions religieuses qui sont d’accord pour exiger des interventions urgentes et concrètes contre le changement climatique et en faveur des différents plans pour la protection de l'environnement.

2015 une année écologique L'année 2015 verra le déroulement de nombreux événements internationaux qui proposeront des initiatives et mettront l'accent sur le développement durable et la protection de l'environnement. L'ONU a affirmé que les Objectifs du Millénaire n’ont pas été atteints car ils n’ont pas intégré les aspects écono-miques, sociaux et environnementaux du développement durable comme cela avait été prévu. Le nouvel agenda post-2015 devrait prendre en considération les résultats et le suivi de Rio + 20 vers une «économie verte» qui ne soit pas seulement une amélioration de l'environnement, mais un nouveau paradigme qui vise à réduire les menaces mondiales telles que le changement climatique, la perte de la biodiversité, la désertification, l'épuise-ment des ressources naturelles et en même temps promouvoir un bien-être social et économique.

En marge de certains événements prévus en 2015

Conformément aux données enregistrées, l'Assemblée générale des Nations Unies a

proclamé 2015 "Année internationale de la Lumière et des technologies basées sur la lumière (IYL 2015)." C’est une initiative mondiale qui vise à accroître les connais-sances et la sensibilisation de chacun de nous sur la façon dont les technologies basées sur la lumière promeuvent le développement durable et fournissent des solutions aux défis mondiaux comme par exemple dans les domaines de l'énergie, de l'éducation, des communications, de la santé et de l'agriculture (cf http://iyl2015.inaf.it/).

La France accueillera la Conférence de Paris 2015 sur le climat (COP21). Ce rendez-vous prévu en Décembre 2015, marquera une étape décisive dans les négociations du futur accord international pour l'après 2020. L'objectif de la Conférence est que tous les pays soient engagés par un accord universel constructif sur le climat (cf http: //www.ambafrance -it.org/La-Francia-ospitera-la-COP21). Les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont atteint les plus hauts niveaux depuis 800.000 années. Les émis-sions mondiales doivent être réduites de 40 à 70% d'ici 2050. «Nous devons agir maintenant pour contribuer à la prospérité économique, à une meilleure santé et rendre les villes plus vivables», a déclaré le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki -moon (02/11/2014).

L'événement central de cette année sera sans doute l’"Expo Milan 2015". Une Exposition Universelle avec des caractéristiques absolu-ment inédites et innovantes. Non seulement une exposition, mais aussi un processus participatif qui vise à impliquer activement de nombreux acteurs autour d'un thème essentiel : «Nourrir la planète, énergie pour la vie"

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Du 1er mai au 31 Octobre 2015, 184 jours d'événements, avec plus de 130 Pays participants, et 20 millions de Visiteurs du monde entier se verront impliqués dans un débat sur des thèmes universels relatifs à l’alimentation et au développement durable (http: // www .expo2015.org / fr / cos-e).

Des Raisons d'espérer L'attention à l'intégrité de la Création est un signe des temps. Non seulement cela répond aux problèmes émergents, mais devient aussi une possibilité de faire des alliances entre les groupes, les mouvements, les différentes confessions. Le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée a prévu, pour Juin 2015, un colloque écologique au siège du Fanar, à Istanbul, sur "Théologie, Ecologie et Logos, dialogue sur l'environnement, la littérature et les arts." Avec le Pape François, Il a parlé à plusieurs reprises de ce thème et, lors de leur rencontre en Terre Sainte, ils ont signé une déclarat ion commune, dans laquelle, au numéro 6, ils écrivent : "Nous sommes profondément convaincus que l'avenir de la famille humaine dépend de la façon dont nous saurons garder, de façon sage et aimante, avec justice et équité, le don de la création confiée par Dieu » (25 mai 2014). Avec une grande espérance donc at tendons l 'encyc l ique sur l 'écolog ie , annoncée à plusieurs reprises par les médias et maintenant conf i rmée en d iverses occasions par le même Souverain Pontife

Parier sur l'éducation Il est maintenant admis qu'il est impensable de résoudre le problème écologique sans un changement culturel profond et une réflexion sur les styles de vie. Par conséquent, il devient urgent d'éduquer à une nouvelle prise de conscience écologique dans la perspective du développement durable, à savoir le développement vers la promotion de tout l'homme en harmonie avec la création (cf. Paul VI, Populorum Progressio, 14). C’est une invitation à assumer la tâche de l'éducation dans le domaine écologique pour former à l'amour et à la protection de la création et pour un engagement effectif comme citoyen de la planète.

[email protected], [email protected]

Un événement à suivre : Don Bosco à l'Expo Milano 2015

La présence salésienne à l'Expo 2015 est un événement à suivre. Il se situera sur une structure couverte d'environ 350 mètres carrés, et sur un terrain de 747 mètres carrés, ouvert à tous et pendant six mois. Le pavillon aura le nom de "Maison Don Bosco" et développera le thème “Eduquer les jeunes, énergie pour la vie". Avec cette présence la Famille salésienne donnera ainsi une résonance au bicen-tenaire de Don Bosco et à l'étrenne de 2015 et, surtout, attirera l'attention du monde sur les jeunes, "la partie la plus délicate et la plus précieuse de la société humaine" comme disait Don Bosco. C’est une occasion unique, providentielle et un défi pour interagir avec le monde entier (plus de 130 nations participantes), pour présenter Don Bosco et notre apport culturel et éducatif, pour faire comprendre et témoigner combien les jeunes sont importants pour la vie de chaque commu-nauté sociale et ecclésiale et pour l'ensem-ble de la planète (http://www.infoans.org/, 07/11/2014).

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Rencontres et tentions

Giuseppina Terruggi

La vie c’est la relation : Cela semble une affirmation évidente. C’est en effet une vérité fondamentale : que seraient la vie, le monde si nous n’avions personne avec qui dialo-guer, nous confronter, nous comprendre au même nous opposer ? Nous pouvons être plus ou moins sociables, préférer quelquefois rester seuls, mais en général tous admettent que l’important c’est la qualité du réseau d’échanges dans lequel nous nous trouvons plongés à tout instant. Et cette qualité dépend en partie de nous.

Le processus de la relation L’attention portée à la dimension humaine de la relation revient à Sigmund Freud, le fondateur de la psychanalyse. C’est lui qui a eu l’intuition selon laquelle deux ou trois personnes en relation forment un milieu différent de deux ou trois personnes indé-pendantes ou isolées En conséquence, le développement de l’être humain et lié à de bonnes relations : la pathologie des compor-tements dépend beaucoup de l’expérience de relations difficiles ou défensives. La conscience de soi, l’estime de soi, la motivation pour agir et projeter l’avenir ont comme fondement la relation avec les parents ou les figures parentales et avec les premiers éducateurs. Aujourd’hui, on est d’accord pour donner à la bonne relation une valeur essentielle pour une croissance équilibrée de la personne, avec la conviction pourtant qu’il n’existe pas de modèles décisifs quant à la formation harmo-nieuse de la personnalité. En fait d’autres facteurs interviennent, en lien avec le patri-moine génétique de chacun. Dans un rapport interpersonnel, on s’influence réciproquement : c’est inévitable.

De même dans le rapport mère/enfant depuis la période de la gestation. Les personnes qui sont en relation modifient réciproquement ce qui les constitue intérieurement et leurs réactions, leur façon de se comporter. La relation se renforce et s’enrichit quand elle devient interaction : rapport où l’un et l’autre se voient comme des personnes. Surtout quand a lieu la rencontre.

Je - Tu On doit en particulier à Martin Buber la définition de l’être humain comme individu et comme personne. L’individualité s’exprime en se distin-guant des autres individualités tandis qu’une personne se montre quand elle entre en relation avec d’autres personnes. C’est justement dans la relation que le Je prend sa réalité. La relation Je-Tu est nécessairement réciproque parce que le Tu agit sur le Je comme le Je sur le Tu. Chaque Je se positionne face au Tu comme tout autre et le confirme comme tel dans l’authenticité et la réciprocité

Pour le philosophe Viennois, le sens fonda-mental de l’existence humaine se trouve dans le principe dialogique, c'est-à-dire dans la capacité de se ternir en relation avec les autres personnes, avec la nature, avec les entités spirituelles dans un rapport Je-Tu. L’être humain Authentique se définit comme une “personne qui, dans la relation Je-Tu prend conscience de soi-même comme subjectivité (Enciclopedia

Garzanti de Philosophie).”

Selon Buber, on vit, de nos jours une profonde crise due à la désagrégation des formes tradi-tionnelles de la vie en société : La famille, le village, les associations de travail qui permettent d’établir une rencontre authentique et person-nelle avec les autres, avec un implication quasi automatique des membres, la culture actuelle est marquée par des situations sociologiques et médiatiques nouvelles qui tendent à laisser la

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personne dans une solitude sociale qu’on ne peut surmonter que par des relations inter-personnelles et communautaires. C’est seule-ment par la rencontre avec “l’autre” en fait que la personne peut entrer dans sa réalité véritable et dépasser la solitude et l’isolement. C’est par la rencontre que l’individu devient une personne.

Les pièges de la relation Une façon mal adaptée de communiquer entre des personnes peut rendre la vie compliquée et détruire nos rencontres jusqu’à en faire des affrontements. De même quand on se pare, ce qui est reçu, ce n’est pas seulement le message en lui-même, les paroles dont nous nous servons, la vérité de ce que nous disons. Ce qui frappe le plus, c’est l’émotion, l’intention avec laquelle nous allons à l’autre en lui passant le message et notre état psychologique face à cette personne. L’influence de ces aspects est si importante que, souvent elle finit par être la force qui guide la communication et déclenche son effet efficace ou destructeur.

Dans une relation, quand la communication est agressive par exemple ou tend à asservir l ’autre personne, même sans en avoir conscience. L’objectif implicite, c’est vouloir s’affirmer soi-même, avec ses propres raisons, sans écouter ni comprendre celles des autres. Dans cette situation domine la règle : «Je suis vainqueur, toi, tu perds”. Même la façon de s’exprimer le montre : Ton autoritaire, rythme rapide qui laisse peu de temps pour réfléchir, tendance à dominer l’interlocuteur en élevant la voix –forte présence du pronom “je” opinions présentées comme des faits et des souhaits comme des devoirs- On peut arriver quelque-fois jusqu'au sarcasme. Les exemples sont multiples, même dans nos communautés. Comme quand Marie énervée s’écrie : «Mais Anna ! pourquoi ne fais-tu,

jamais bien cette chose” ; Anne irritée par cette critique généralisée et parce que le travail effectué n’est pas reconnue, réagit : “Evidem-ment, on ne m’explique jamais ce que je dois faire” Marie revient à la charge, encore plus tendue : “Ah, et maintenant c’est de ma faute”. “Je me souviens très bien de ce que je t’ai dit, j’ai une bonne mémoire, Moi !”

Anna, toujours plus peinée, est exaspérée : “Ah, et d’après toi, c’est moi qui invente ça… J’ai compris que…” Et Marie : “Tu n’est jamais d’accord !” Dans les relations, il y en au contraire, qui ont recours à un autre style passif de commu-nication. On se met au second plan, laissant à l’autre le pouvoir sur la situation. L’objectif est de se protéger du danger que l’on redoute : “Je perds, toi tu es le vainqueur” ; Dans ce cas on s’exprime sans d’affirmer personnellement. Le style prend une forme une fuyante. Le pronom “Je” apparaît peu mais de nombreux rappels de devoirs et des expressions de justification, d’auto-commisération, de minimisation de ses besoins personnels. S’il y a dialogue, on cher-che à clore au plus vite la conversation et à se soustraire avec rapidité à la situation angois-sante de cette confrontation. La personne souhaite “rester en paix”, éviter tout conflit C’est une façon de faire qui quelquefois attire la sympathie et la bienveillance de ceux à qui convient la soumission de l’interlocuteur. Le prix à payer : souvent les autres finissent par imposer leur volonté, vont jusqu’à des malver-sations.

Avec cette attitude passive, on n’affronte pas les problèmes interpersonnels. On ne peut plus les gérer convenablement. Ils tendent même à s’aggraver avec des répercussions négatives sur l’estime que l’on a de soi-même, avec le risque possible de glisser tôt ou tard dans un comportement agressif. Culpabilité, manque d’estime de soi ou même une courtoisie exagérée peuvent amener à vivre de telles situations. On ne vit pas là une authentique relation “interpersonnelle”

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“Je gagne, tu gagnes” : La communication est positive Comment réagir en des situations difficiles de communication sans devenir agressif ni subir passivement ? Dans nos communautés éducatives, il est normal d’avoir à faire avec des personnes de formation, de styles différents. Nous nous trouvons quelquefois avec des interlocuteurs aux manières rapides immédiates, envahis-santes, manipulatrices, indiscrètes. Ou bien c’est-nous-mêmes qui nous exprimons ainsi. Soyons averties de la nécessité de savoir comment gérer notre style de relation pour ne pas nous enfermer dans d’inutiles discus-sions ou dans des tension désagréables. Même s’il n’est pas toujours possible de transformer la relation en une communion agréable et satisfaisante, nous souhaitons tous vivre des rencontres significatives, sereines et en sortir avec le moins possible d’ennuis. De fait, nos relations provoquent quelquefois des trainées de souffrance, d’incompréhension et d’amertume. Les stratégies de relation existent, elles sont en commun d’être ni agressives ni passives, en garantissant également nos exigences et nos aspirations indissociables de la com-munication positive.

Le style agressif et le style passif sont insatisfaisants pour au moins une des raisons. La communication positive dont la revue a parlé dans un article précédent donne du champ autant aux sentiments personnels qu’à ceux de l’autre, aux exigences respectives, aux états d’âme, et cela par le face à face, l’écoutel. L’accord loyal sur la vérité et même sur “le droit à l’erreur”.

Nous sommes positifs quand nous nous exprimons de façon claire, d’une voix expressive, en regardant l’autre en face, sans vouloir l’intimider ; Nous le sommes quand

nos opinions ne sont pas présentés comme des faits indiscutables et que nos demandes sont présentées comme telles, c’est-à-dire comme des souhaits et non des obligations ni des prétentions. Les suggestions sont données de façon libre et libérante, ni contrai-gnante ni culpabilisante et les critiques sont constructives. Les questions viennent du désir de mieux comprendre l’autre et même par curiosité. Quant aux solutions proposées, elles tendent à résoudre les problèmes dans l’intérêt commun. La communication positive s’appuie sur la prémisse : “je gagne, tu gagnes” avec, à la base la prise en compte du droit de chacun à l’émotion. Dans la trame quotidienne de la vie, face aux attaques manipulatrices ou spontanées, il est utile de déplacer l’attention que l’on porte sur soi vers les comportements ou vers les situations concrètes, il faut accepter la possi-bilité d’avoir fait des erreurs sans pour cela s’avouer perdant. De cette façon, on peut transformer même un désaccord en, affron-tement constructif et en occasion de croissance réciproque. Retrouvons encore Marie qui se bat avec Anna : “Mais enfin ! Pourquoi ne fais-tu jamais cela convenablement ?” Anna cherchant à réfléchir sur le problème plutôt que sur sa propre ir r i tat ion répond : “Je m’y suis appliquée, mais il doit y avoir un détail qui n’est pas encore éclairci. Explique-moi ce qui ne va pas, ainsi nous avancerons”. Sans doute ce genre de réponse aiderait “toutes les Marie” à redimensionner leurs jugements et leur style. Et au lieu de disputes cela permettrait de créer de l’échange.

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Elargissez votre regard

Anna Rita Cristaino

“Ouvrez votre cœur pour accueillir les motions intérieures de la grâce de Dieu; élargissez votre regard, élargissez votre regard pour reconnaître les besoins les plus authentiques et les urgences d’une société et d’une génération qui changent”.

(Pape François, Discours aux Capitulaires à l’Audience du 8 novembre 2014) Visages, espérance, sourires; écoute, dialogue, connaissance réciproque; langues, manières différentes d’être et de penser, tout cela est la mosaïque qui a caractérisée le Chapitre Général XXIII des FMA. Une grande assem-blée à l’écoute de l’Esprit Saint pour chercher à comprendre ce que le Seigneur veut faire aujourd’hui avec chacune d’entre nous et avec l’Institut. L’expérience vécue au chapitre peut se raconter avec trois verbes : s’arrêter, regarder, aller.

S’arrêter

Arrivant de situations diverses vécues dans nos provinces respectives, avec des défis quotidiens qui interpellent notre vie, notre mission, notre manière d’être avec les jeunes, a fait que nous avons ressenti la nécessité de nous arrêter. Le chemin parcouru, celui de ce sexennat à peine terminé, les processus mis en place, ceux qui se sont achevés et ceux qui sont entrevus, tout cela a besoin d’une plus grande compréhension et réflexion. S’arrêter pour prendre conscience de soi et passer d’une vision liée à la vie des provinces respectives à une vision universelle où chaque partie s’insère dans un tout, composé de 83 provinces, dans 94 nations du monde, avec environ 13.000 fma.

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S’arrêter pour se connaître, pour apprendre comment le charisme continue de s’incarner et de s’inculturer de manière créative sur tous les continents. S’arrêter pour réveiller en nous, notre grande passion pour les jeunes, pour le charisme salésien et l’amour de l’Institut qui, malgré un certain nombre “de difficultés”, est vivant et travaille au bien de tant de jeunes de par le monde entier.

Regarder S’arrêter est seulement une première étape du parcours qui nous amène à celle de regarder. En rappelant une phrase de David Cooperrieder qui dit : «Notre monde n’est pas un problème que nous devons résoudre mais un miracle que nous devons «prendre en considération», nous avons compris l’impor-tance de regarder le monde avec tendresse, tenant compte de tous les miracles qui s’y passent. Le monde des hommes est vraiment le lieu où nous sommes appelées à exister, à témoigner et à annoncer la bonne nouvelle de l’Evangile. Pour cela, nous avons examiné les défis présents dans les contextes où nous vivons, les considérant comme des appels de Dieu. Il nous parle et nous invite à trouver de nouvelles réponses, adaptées à l’époque que nous vivons, avec ses changements conti-nuels. Regarder nos communautés, non pour mettre en évidence les défauts et les pro-blèmes, mais pour les aimer comme elles sont et, avec amour, les guérir pour leur donner un nouvel élan. Regarder chaque jeune avec espérance, en témoignant notre joie d’avoir rencontré le Seigneur, sans Lequel notre vie n’a pas de sens et serait bien triste.

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Aller Toute l’expérience vécue durant ce chapitre, a été une invitation continuelle à aller à la rencontre des jeunes, à partir d’une mission qui porte à être dans un état permanent de “sortie”. Face à tous les appels de Dieu qui nous interpelle continuellement à travers tout ce qui arrive autour de nous et en nous, nous ne pouvons pas rester immobiles, les bras croisés. Il est important d’avoir un désir fort de partir 'sans tarder', sans peur de laisser ses sécu-rités, d’abandonner les médiocrités et de prendre avec courage de nouveaux chemins qui s’ouvrent au moment où nous reprenons contact avec les gens. Aller avec les jeunes à la rencontre authentique de Jésus, pour pouvoir redécouvrir la joie de l’annonce. Aller avec les plus petits et les plus pauvres. Seul le contact quotidien avec eux nous permettra d’avoir un regard sur la réalité qui part de leurs exigences, un regard “converti” et évangélisé par la petitesse, par la pauvreté, par la précarité. Le point de départ La réflexion est partie de la vie de l’Institut, du monde, des jeunes, des pauvres, en ayant comme objectif de chercher ensemble un chemin pour être avec les jeunes une maison qui évangélise.

Cinq questions qui, à partir de l’Instrument de travail, ont permis d’approfondir le thème articulé en cinq parties : Comment annoncer Jésus dans un monde qui change, à une génération qui change ? Quel style de com-munauté créer avec les jeunes pour être prophétie de vie religieuse salésienne? Comment nous situer dans la culture de la communication ? Pourquoi avec toute la formation que nous recevons, la vie ne change pas ? Sommes-nous seulement en train de restaurer ou de faire quelque chose de nouveau ? La beauté de notre Institut, contemplé aussi dans ses blessures et fragilités, nous encou-rage à continuer à incarner le charisme de manière dynamique et prophétique, dans les différents pays du monde où vivent et travaillent tant de FMA. Aujourd’hui il est nécessaire de croire que l’Institut a une parole originale à dire. Le monde nous demande de témoigner notre “différence” et ceci devient pour nous un engagement à être cohérentes et fidèles à la Vérité de l’Evangile. La volonté de regarder les défis comme un appel de Dieu et comme une occasion de fidélité devient une réponse à l’appel à être présent au milieu des jeunes et des adultes, pour rechercher et travailler ensemble au bien d’autres jeunes, pour qu’ils arrivent vraiment à la rencontre

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Qu’est-ce qu’il y a de nouveau? Quelle est la nouveauté de ce chapitre?. La nouveauté ne se fabrique pas, la nouveauté on la laisse émerger et croître, la nouveauté a besoin d’espace et de confiance, de courage et de clairvoyance, de chemi-nements personnels et communautaires. Alors pour devenir une communauté nouvelle, il est nécessaire d’opérer des changements de mentalité pour être prêtes à laisser tomber des schémas sécurisants et quelques fois dépassés, et commencer à regarder la mission éducative avec des yeux neufs. Seul un regard neuf, fondé sur des projets remplis d’espérance et de joie, peut permettre de faire de nouveaux choix et d’avancer concrètement que ce soit au niveau local, provincial, ou général.

Comme les disciples d’ Emmaüs La période actuelle que nous vivons dans la vie consacrée et dans l’Institut, nous porte souvent à être comme ces disciples, qui après la mort en croix du Christ, pensent que tout est fini, qu’il n’y a pas d’ espérance à attendre de l’avenir. Mais leur expérience nous parle d’un changement. Les disciples qui regardent avec des yeux tristes et déçus les évènements de la mort en croix de Jésus, se laissent quand même rejoindre par un étranger à qui ils s’ouvrent en leur confessant leurs doutes et leur mélancolie. Tandis qu’ils écoutent l’inconnu qui les aide à lire leur réalité à la lumière des Ecritures, leur coeur commence à brûler, jusqu’à ne pas vouloir laisser partir celui qui, par ses paroles, réussit à toucher la partie intime de leur existence. Ils ont peur de l’obscurité qui arrive et ils ont aussi peur de perdre cette petite lumière qu’ils entrevoient dans les paroles de celui qui s’est fait proche d’eux. Ils l’invitent à l’auberge pour le souper. Jésus partage le pain et leurs yeux s’ouvrent. Ils sont prêts, ils ont déjà été préparés durant leur voyage à un changement, à laisser de côté leur tristesse pour accueillir la nouveauté du Règne de Dieu. Ils le reconnaissent et leur joie est immense.

Le monde extérieur avec ses contradictions, ses ombres et lumières est le même, ce sont eux qui ont changés, qui portent un nouveau regard, qui sont différents. Ils se sont laissés transformés par une rencontre qui, lorsqu’elle est authentique, change la vie pour toujours. Ils repartent tous les deux pour Jérusalem : les dons de la grâce ne peuvent pas être enterrés et conservés jalousement, ils doivent être partagés à toute la communauté, ainsi les deux disciples retournent à Jérusalem pour raconter aux autres ce qui leur est arrivé, ils partent tout de suite comme des mission-naires d’espérance et de joie.

Un regard nouveau La pauvreté, la perspective des périphéries, l’être avec les jeunes, nos relations renou-velées par une vie de profonde communion avec le Seigneur, notre passion éducative et évangélisatrice, sont les moteurs qui doivent nous pousser à scruter l’horizon pour entre-voir ce que le monde et les jeunes attendent de nous. Il est important de savoir accueillir l’inédit du monde, de la vie de chaque FMA et des communautés, du monde de la jeunesse.

Accueillir et comprendre pour agir avec courage, de manière évangélique, avec des réponses charismatiques et avec la passion du DMA.

Se rendre compte qu’autour de nous il y a des situations de pauvreté urgente, ne nous laisse pas indifférentes. Le contact, la proximité des pauvres, c'est-à-dire souffrir avec eux, avoir de la compassion pour eux, nous aide à grandir dans l’amour, à devenir plus humaines et avoir un projet diversifié sur l’éducation !

Pour nous être préventive veut dire rêver d’un monde plus juste, plus vivable pour tous, un monde où chacun puisse apporter sa contri-bution en toute liberté, un monde où l’huma-nité entière puisse se sentir bien pour pouvoir donner le meilleur. Pour nos jeunes nous rêvons ce qu’il y a de meilleur : nous leur souhaitons une vie heureuse, engagée, pleine d’amour et de solidarité, fruit d’une vie de foi authentique et profonde. ...

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Et ce sont justement les jeunes qui nous enseignent le sens de la “différence” chrétienne. C’est la vie au milieu d’eux, avec les plus petits, avec ceux qui sont margi-nalisés pour différentes raisons, qui nous enseignent à être pauvres, à regarder le monde et nous-mêmes de manières diffé-rentes, avec un regard nouveau. Comme il est écrit dans l’Instrument de travail du CG XXIII : «La périphérie n’est pas seulement un lieu géographique, mais aussi une perspective de laquelle regarder la réalité pour accueillir la mystérieuse sagesse que l’Esprit Saint nous communique à travers les pauvres qui sont pour nous, les jeunes les plus démunis». C’est donc cette “prospective”, “l’optique des périphéries” dont très souvent le pape François nous parle et nous invite à nous rendre, et qui nous fait craindre seulement de perdre notre “tranquillité” et notre recher-che d’une “vie calme et sans ennuis”. Pour nous être heureuses ne veut pas dire, ne pas avoir de difficultés, parce que nous trouvons notre joie dans l’espérance et la foi en Celui pour qui rend possible. Voilà pourquoi

nous devons apprendre à remercier Dieu pour toutes les fois où il nous dérange!

L’horizon «J’espère que toutes les communautés feront en sorte de mettre en œuvre les moyens néces-saires pour avancer sur le chemin d’une conver-sion pastorale et missionnaire, qui ne peut laisser les choses comme elles sont. (…) constituons-nous dans toutes les régions de la terre en un “état permanent de mission» (Pape François, Exhortation apostolique Evangelii Gaudium n. 25 -27, 24 novembre 2013).

Ces paroles du pape François sont un appel à renouveler notre passion et notre engagement dans notre mission éducative et évangélisatrice, quelque soit la situation, l’œuvre traditionnelle ou inédite, qui rend visible le charisme salésien.

Nous devons croire que cet appel du pape à toute l’Eglise, pour que chaque chrétien se bouge et sorte de ses sécurités, est aussi adressé à nous. L’Eglise, en fait, par sa nature ne peut pas ne pas être missionnaire et doit avoir “les portes ouvertes” pour “sortir vers les

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autres” et “rejoindre les périphéries humaines”. Pour le pape François, une Eglise qui n’annonce pas l’Evangile est une Eglise retirée dans les salles vides de la mondanité spirituelle qui ne produit pas de fruits, et qui risque même d’occasionner des dégâts. C’est parce que nous sommes aimés de Dieu que nous sommes façonnés à son image et rendus capables d’être des témoins et instruments de sa miséricorde. Nous aimons Dieu parce que Dieu nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4,19) et nous devons reconnaître que nous avons continuellement soif de cet amour et continuellement besoin de conversion. Il est là, le cœur battant du renouvellement perpétuel de l’Eglise! Et aussi le nôtre. La familiarité avec Jésus et la connaissance non superficielle du mystère de son existence, en fait, constituent le fondement du discernement pastoral com-munautaire. Voilà pourquoi des décisions concrètes et des choix importants doivent permettre et aboutir à une Conversion pastorale. Une conversion qui pousse à sortir de nos

médiocrités, à choisir une vie authentique pour que la vie religieuse soit une vraie prophétie

Pour la nouvelle évangélisation, il est important d’avoir conscience que seule une rencontre personnelle et authentique avec Jésus, dans les différentes périodes de la vie, nous transforme de l’intérieur, nous fait vivre des relations nouvelles, nous conduit à plus de communion entre nous et avec les jeunes, et nous donne le courage d’oser des chemins nouveaux. Pour actualiser une vraie conversion pastorale, la contribution de chacune est donc nécessaire. Il ne peut y avoir d’alibis d’âge, de rôles, de situations et de circonstances. Chacune, partant d’elle-même peut actualiser les chemins de transformation qui rendront sa vie plus évangélique. A partir de tout cela, voici les trois grands orientations, que le CG XXIII propose à tout l’Institut : Transformées par la Rencontre; Ensemble, avec les jeunes; Missionnaires d’espérance et de joie.

La route s’ouvre en marchant Ceci est au tout début. Le chemin commence et continue dans les réalités locales diverses où chacune est appelée à se laisser transformer pour être, avec les jeunes, missionnaires d’espérance et de joie, c’est ce qu’a souhaité Mère Yvonne Reungoat lors de son message de con-clusion au Chapitre Général XXIII. «Le cœur s’ouvre à la reconnaissance par la richesse de l’expérience que nous avons vécue et partagée. Une richesse que nous découvrirons progressivement quand nous aurons repris notre vie quotidienne. Nous avons vécu une expérience faite d’écoute réciproque, de dialogue, de discernement et de prière, et surtout de grande espérance. Le Chapitre, dans son déroulement a été un temps fort de formation permanente et quelque chose a certainement changé en nous».

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Aussi la Revue DMA, dans les prochains dossiers suivra ce cheminement pour partager le parcours que l’Institut veut entreprendre comme la Mère elle-même nous invite à le faire : «…nous réaffirmons ensemble notre confiance en l’action de l’Esprit qui opère dans l’Eglise, dans l’Institut, dans l’humanité et surtout dans les jeunes. Nous continuons à discerner sa voix parmi toutes les voix que nous entendons chaque jour, nous continuons à découvrir ses appels à “sortir”, à nous libérer de nos schémas et de nos peurs pour être de vraies collaboratrices de l’Esprit au service de l’Evangélisation, des jeunes dans le besoin, surtout les plus pauvres, à ren-

contrer Jésus et à être dans l’Eglise les évangélisateurs d’autres jeunes. Une nouvelle porte s’ouvre aujourd’hui devant nous et nos pas nous conduisent au milieu du monde pour allumer de nouvelles lumières, pour être une présence éducative efficace parmi les jeunes et offrir à tous un témoignage prophétique. Jésus nous rejoint tandis que nous sommes en chemin. Il appartient à notre cœur de le reconnaître, mais nous devons toujours demeurer éveillées comme de vraies sentinelles [email protected]

Aller de l’avant avec enthousiasme… Je ne peux que vous encourager à aller de l’avant avec enthousiasme, en suivant les pistes que l’Esprit Saint vous suggère. Ouvrez vos cœurs pour accueillir les motions intérieures de la grâce de Dieu ; élargissez votre regard pour reconnaître les besoins les plus authentiques et les urgences d’une société et d’une géné-ration qui changent. Soyez partout un «témoignage prophétique» et une «présence éducative », en pratiquant un accueil inconditionnel des jeunes, en relevant le défi des relations intercultu-relles et en trouvant des parcours qui rende efficaces vos interventions aposto-liques dans un milieu – elui des jeunes– imprégné par le monde virtuel et les nouvelles technologies, surtout numériques. Pour faire cela il faut toujours mettre le Christ au centre de son existence ; il faut se laisser façonner par la Parole de Dieu

qui éclaire, oriente et soutient; il faut alimenter l’esprit missionnaire par la prière persévé-rante, par l’adoration, en «perdant son temps» devant le tabernacle.... Soyez pour tous les missionnaires de l'espérance et de la joie, témoignant les valeurs de votre propre identité salésienne, en particulier la catégorie de la rencontre, aspect fondamental de votre charisme : c’est une source toujours fraîche et vitale avec laquelle vous pouvez atteindre l'amour qui revitalise la passion pour Dieu et pour les jeunes. Les inévitables difficultés rencontrées, dans le voyage, ne ralentira pas l'enthousiasme de votre action apostolique. En effet, l'exemple de Saint Jean Bosco et Sainte Marie Dominique Mazzarello vous inspirera à contribuer avec encore plus d'enthousiasme à la nouvelle évangélisation au cœur de vos activités dans l'éducation et l'école, la catéchèse et la formation pastorale des jeunes

(Pape François, Discours aux Capitulaires à l’Audience du 8 novembre 2014)

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Qu’est-ce que c’est ?

Quatre piliers pour être Maison Accueil

Le jeune qui franchit le seuil d’une communauté FMA doit sentir et expérimenter qu’il est au centre de l’attention de chaque sœur, il doit se sentir important, utile, il doit se sentir le préféré à la manière de don Bosco ; aujourd’hui l’accompagnement personnel des jeunes est plus que jamais importante, ceux-ci ont la certitude d’être aimés, compris, et écoutés dans leur être le plus profond, pur et réel. Le jeune accueilli doit trouver des personnes disposées à être proches de lui, à comprendre sa situation, à être capables de l’aimer dans sa pauvreté ; un accueil qui doit éviter de “baisser l’objectif” pour rejoindre tout le monde, mais qui s’efforce avec créativité de faire des propositions différentes, misant au plus haut pour chacun.

Maternité

“Etre femme” implique une prédisposition naturelle à être mère : et c’est ce désir et cette capacité de porter en soi, de soutenir, de nourrir et puis, aussi, de laisser aller, qui doit transparaître dans la relation avec une Fille de Marie Auxilia-trice. Ecorce dure, cœur tendre ; la capa-cité d’être dans les normes mais en vue d’un bien plus grand, celui de chaque jeune; pour rendre explicite le plus possible, l'Amour qui renverse et imprè-gne la relation avec les jeunes.

Témoignage

On témoigne vraiment par une relation directe : il est donc nécessaire que le Christ transparaisse dans chaque action, engagement, pensée d’une Fille de Marie Auxiliatrice. Celle-ci, justement parce que, grâce à sa consécration particulière, en a une connaissance directe, s’engage à transmettre cette connaissance (qui ne doit pas être exclusivement théorique) à

quiconque franchit le seuil de la communauté. C’est Lui, le Christ, le centre de la vie de chaque FMA, comme c’est Lui aussi qui aime, jouit, espère en chaque jeune. Prière

Etre en premier d’authentiques femmes de prière : un défi, à une époque où proposer une foi non "bricolée person-nellement", ni exclusivement tournée vers les sacrements ou marquée par des "compromis" et des satisfactions immé-diates, a comme conséquence directe l’éloignement de ceux qui "utilisent" Dieu. En même temps, une spiritualité de ce genre rapproche et implique plus préci-sément ceux qui font l’expérience d’une foi "sincère", radicale, non tiède mais en continuelle recherche de dialogue profond. La vraie maison est celle où habite une famille : construire des relations empreintes de familiarité, qui permettent aussi d’être à l’aise avec les jeunes, en les mettant au centre pour apprendre à être avec eux, se préoccupant seulement après du faire. Et ceci signifie avoir le courage d’ouvrir les structures, les mentalités, les cœurs ; partager le quotidien de la communauté avec tous ceux qui franchissent votre seuil; ouvrir les moments de prière et montrer la beauté d’être des femmes chrétiennes, consacrées ; redécouvrir la valeur de la collaboration avec les Salé-siens pas seulement au niveau des activités pastorales mais dans la perspec-tive de construire une maison pour toute la Famille Salésienne ; accueillir en vérité les plus pauvres, pas seulement les pauvres au niveau matériel mais aussi spirituel et existentiel ; en même temps redécouvrir la pauvreté comme une donnée charismatique, sans laquelle nous ne serons pas même capables de vivre dans l’esprit salésien ; se redire avec courage que se sont les plus petits et les derniers nos préférés, parce qu’ils “ont été les premiers à être blessés” par la vie.

(Les jeunes capitulaires, 11 octobre 2014)

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…Le pari de la gratuité

Mara Borsi

Par étapes, s’est imposée une culture de crise : On vit dans un climat diffus de gêne, de malaise. Il y a de la gêne de celui qui ne sait pas faire face aux problèmes que lui pose la vie. Il y a le nihilisme sarcastique de celui qui trouve que la vie se moque de lui. Il y a celui qui prône l’abandon à un nouveau consumérisme. Cependant, dans ce contexte, quelques valeurs émergent auxquelles les jeunes sont sensibles. Parmi elles se trouve ‘la gratuité’. La gratuité, à notre époque désenchantée et angoissée, est une façon originale de s’accrocher à la vie dans sa spontanéité à l’opposé à la logique de domination, d’acca-parement contre la transformation de la vie en une marchandise et la destruction des ressources naturelles. La gratuité soutient et renforce la culture du don.

Don et marché Le don est un geste unilatéral, assymétrique qui exprime la gratuité et par là, se met en contradiction avec la loi du marché, celle de l’échange équivalent. Ce que fait naître le don c’est une nouvelle façon de vivre en société qui, avant n’existait pas. Aujourd’hui le marhé est devenu une logique, un ensemble d’idées et de catégories dans la tête des gens et donc le marché c’est beaucoup plus que l’économie, de la finance des multinationales ou autres réalités maté-rielles. L’homme n’est plus que l’homme oecnomicus et le monde n’est plus que marché. Voilà pourquoi, dans la mentalité domine la logique de la compétivité.

A cause de la crise, les oppositions paraissent pour tous se diluer. L’époque des oppositions est, de bien des façons, dépassée même pour les jeunes. En famille et au travail, dans les groupes comme à l‘école règne, grosso modo une attitude de tolérance. En famille on cherche à vivre ce qui unit au niveau affectif, en dépassant les divisions qui sont bien là au niveau des positions, des interprétations et des choix de vie. Au travail et à l’école l’objectif est devenu de créer un milieu humain surtout en améliorant les rapports avec l’entourage.

Regard sur les jeunes

Si l’on étudie attentivement le monde des jeunes, il semble qu’ils partagent leurs choix entre deux logiques existentielles, celle de l’avoir et celle de l’être. Dans le contexte de la logique de l’avoir, la vie est finalement vue comme un vide à remplir. On vit en calculant, en administrant tout comme une sorte de partie double où s’équilibre toujours le don et l’avoir. Dans une logique de vie marquée par la gratuité, on se considère, soi-même et les autres, comme une richesse qui naît du mystère insondable de la vie. Le rapport avec les autres ne se règle pas sur l’échange mais sur le besoin d’offrir sa propre richesse intérieure. La vie n’est pas pensée comme un vide à combler mais comme une richesse, un mystère à découvrir et à communiquer. [email protected]

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ANNEE LXI ■ Novembre-Décembre2014

ment : «N’ayez pas peur, nous sommes-là».

Et alors que de belles choses : Le goûter à 17 heures, les chansons, les danses en groupe, l’asado, le barrio, Vilma, Tati, Marta.

Et notre don pour eux… où est-il ? Il est dans notre «Merci» pour tous, grands et petits. Merci pour cet enthousiasme que deux jeunes seulement, tout juste majeures ont pu nous donner.

Notre expérience n’est pas terminée à notre retour à Rome, elle grandit, continue, murit. Observer et écouter, discerner et apprendre, décider et agir sont les mots clefs de cette période de formation : “éducation» aux droits humains et au rapport au monde. En Argentine mais aussi dans le volontariat sur place que nous poursuivons dans notre ville dans un centre d’enfants réfugiés, il a été fondamental de comprendre le sens que le VIDES donne à ces paroles : Tout se tient : de l’observation, à l’action, au dialogue avec l’autre. Une expérience qui se prolonge. Elle n’a pas changé notre vie, mais notre façon de la vivre.

VIDES International : La parole Aux jeunes Le bario 22 De Enero est tout gris et plein de boue. La pauvreté, plus que matérielle, vient de la misère et de la délinquance qui gouvernent le quartier. Tous les regards ne sont pas beaux et profonds comme ceux des enfants avec lesquels nous passons nos journées, quelques uns sont sombres, obscures comme les baraques qui nous entourent. Malgré tout cela quelque chose cependant me permettait à moi Flavie, comme à Laina, d’admirer avec enthousias-me tout ce qui nous entourait. Trois FMA ont accompagné l’expérience de Volontariat VIDES : Sr Vilma, Sr Tati, Sr Marthe Riccioli.

Au début nous cherchions : «Que savons-nous donner ? Et si donner veut dire recevoir que rapporterons-nous à la maison ? » Voici la réponse à nos questions : le pouvoir de donner sans condition et l’approfondissement unifiant dû au don de nous mêmes. Les cadeaux, pour nous ont le premier jour : l’extrême hospitalité des gens du lieu, le caractère indispensable des baraques de tôle, parfumées des déchets que l’on brûle pour s’assurer chaleur et lumière, le sourire de paix exceptionnel et un repas toujours prêt pour dire merci.

Mais le cadeau le plus grand que personne ne nous enlèvera nous l’avons reçu des enfants et c’est la Sécurité Souvent nous avons eu peur de ne pas y arriver, de nous tromper… Mais nous étions protégées par des enfants : Jean, Milagros et Wanda qui, en serrant leurs petites mains dans les nôtres nous disaient silencieuse-

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Emmaüs : un inconnu s’avance

Eleana Salas

Ambiance: Une grande Bible; au-dessus de la Bible, un crucifix et à côté un cierge pascal Disposez les chaises en cercle autour de la Bible On peut dessiner un chemin sur le sol, avec des morceaux de papier.

Invocation à l'Esprit Saint : Viens, viens, Esprit d'amour, viens en nous.

La mort de Jésus sur la croix (non seulement à cause des souffrances terribles qu’elle provoque, mais par le fait d'être aussi «une mort civile», qui annule la mémoire de la personne), a été la cause d’une crise profonde dans la première communauté chrétienne. En outre, le sort du Maître pouvait aussi mettre en danger ses disciples ; c’est pourquoi dans le jardin "tous (les disciples) l'abandonnèrent et s’enfuirent» (Mc 15,50); d'autres abandonnent Jérusalem et fuient et s’en retournent dans leur village. C’est probablement le cas de ces deux disciples. Certains pensent que ces, "deux d'entre eux" étaient en fait un couple: Cléophas, et Marie, sa fiancée, qui était selon Jn 19:25 près du Crucifié et probablement aussi dans le groupe des disciples qui allèrent au tombeau, à l’aube du dimanche. Certes, la conversation entre eux part de différents points de vue.

Les yeux et le cœur sont encore dans l'obscurité. A ce moment un étranger s’approche et réussit à prendre part à leur conversation. Le texte est clairement proclamé par un lecteur ou une lectrice. Puis chaque participant le relit. Après il est possible de partager les phrases les plus significatives.

Luc 24,13-19 13 Et voici que, ce même jour, deux d’entre eux se rendaient dans un village appelé Emmaüs, éloigné de Jérusalem de soixante stades; 14 ils parlaient entre eux de tous ces événements.15 Or comme qu'ils parlaient et discutaient ensemble, Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux ; 16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.17 Il leur dit : « Quels sont donc ces propos que vous échangiez en marchant ? » Alors ils s’arrêtèrent tout tristes.18 L'un d'eux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul habitant de Jérusalem à ignorer ce qui s’y est passé ces jours-ci ! » 19 "Quoi donc ?" leur dit-il. Ils lui répondirent : «Ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en action et en parole devant Dieu et devant tout le peuple.»

Lecture : le texte en lui-même

Emmaüs. Plusieurs localités se disent être le lieu indiqué par Luc. Chercher des explications de notes sur Emmaüs, dans votre Bible et, éventuellement, sur les cartes de la Palestine du premier siècle. En tout cas, c’est

loin de Jérusalem.

Les disciples. Découvrez ce qu’ils se disent entre eux : Ce qu’ils font, avec quelles attitudes intérieures (comment sont leurs yeux, leur cœur). Ce qui les accable.

Jésus : Suivre avec attention ce qu'il fait:

"Jésus lui-même" : l'Absent est désormais présent, "en personne."

"Il s’approche d’eux” : il semble avoir pressé le pas pour être plus rapidement proche d’eux. Cf Ph, 3,12 "Il a commencé à marcher avec eux". Avant de parler il accueille leur expérience

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"Il leur demande" : De quoi parliez-vous en chemin? Qu'est-ce que vous avez dans le cœur ? La question permet d'ouvrir leur cœur pour partager ce qu’ils ont justement sur le cœur ? Méditation: Que dit le texte pour moi aujourd'hui ?

Emmaüs : À une époque où l'Eglise et le Pape François nous invitent à “aller vers les périphéries," nous individualisons les "Emmaüs" d’aujourd’hui, d'où proviennent ils et où vont les jeunes, les gens. Nos yeux sont-ils ouverts, sommes-nous intéressés à chercher les "Emmaüs" de notre temps ?

Quelles attitudes avons-nous face à ceux et celles qui sont différents de nous (personnes, âges, cultures, styles, etc.)? Nous sommes confrontées aux attitudes de Jésus par rapport à ses deux disciples.

Comment recevons-nous ceux qui nous interrogent et qui remettent en question nos schémas mentaux, nos styles pastoraux, nos façons de travailler, etc.

Oraison En silence, nous dialoguons avec le Seigneur à partir de ce texte :

Prions pour Emmaüs : Rappeler les images des lieux où nos jeunes sont le plus présents, y compris ceux que la société considère comme «perdus»... Faisons l'exercice d’ouvrir notre "cœur et d'élargir notre regard», comme nous le demande le Pape François.

Jésus lui-même s’approcha et fit route avec eux." Prions, à partir de nos comportements : de l’ouverture et de la confiance qui habitent nos cœurs; rendons grâce pour les ponts que nous sommes capables de construire, demandons la capacité de sortir comme Jésus, et d’être proche des autres avec autant de finesse, avec amabilité, comme Lui ...

Est-ce que je me laisse rejoindre, toucher par Jésus et mes sœurs, les jeunes, par la vie des gens ? Que la prière me dispose à des rencontres authentiques, fécondes selon le DMA... Partageons certaines ré-sonnances de notre prière.

Contemplation – Engagement il ne suffit pas de se contenter d'étudier et de prier la Parole de Dieu ; il est important qu’elle germine dans notre vie. Quelles attitudes doivent alimenter notre cœur pour me rapprocher des attitudes de Jésus dans ce passage ?

Comment pouvons-nous nous exprimer en communauté "sortir à la rencontre" des Emmaüs de notre temps ?

Oraison finale:

Pour la route d'Emmaüs, un pèlerin vint avec moi; Je ne l’aie pas reconnu en chemin, maintenant oui, dans la fraction du pain.

[email protected]

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRIC

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Etre père/mère :

Identité et mission

PieraCavaglia

Don Bosco qui a vécu dès l’enfance le drame de grandir sans père, a su canaliser toutes ses énergies pour exprimer un véritable amour paternel à ses jeunes et aux confrères salésiens. Ayant connu que la paternité authentique ne se trouve qu’en Dieu et qu’elle vient de Dieu, il s’est donné passion-nément pour son règne d’amour et de miséricorde. Il désire donc refléter cet amour même, avec des ressources humaines. Dans la foi, il est père comme l’était Saint Paul lorsqu’il écrivait aux Galates :«Mes enfants, pour lesquels je souffre à nouveau les douleurs d’un enfantement jusqu’au jour où le Christ sera formé en vous. (Galates IV, 19). La profondeur de l’identité de Don Bosco se révèle dans sa façon d’être père, ami, frère. Pour lui l’animation et le gouvernement ne sont pas un quelconque rôle amis un engendrement spirituel.

Etre et agir comme Don Bosco Les premioers salésiens apprennent de Don

Bosco, presque par osmose, à diriger, à animer,

à gouverner les communautés qui s’ouvrent

progressivement. Son témoignage est pour eux

chemin quotidien de formation. Sa personne

elle-même, toute donnée au bien des jeunes, le

style avec lequel il guide la communauté, sa

forte puissance de communication, sa sagesse

imprégnée de charité et d’esprit de famille, sa

passion pour le Règne de Dieu, deviennt des

modèles, pour ses fils, les éducateurs, les

directeurs des premières maisons salésiennes.

Il les forme à la responsabilité pour donner une

base solide à la Congrégation ; nous dirions

aujourd’hui qu’il les forme à incarner en eux et

à implantrer le charisme, dans les divers

milieux. Chaque directeur est, à cette époque,

comme à chaque période par la suite un

acteur (et non un spectateur) de ce processus

de fondation de son œuvre et c’est ainsi que

Don Bosco recommande aux directeurs, qu’il

rassemble le 6 avil 1869 dans la bibliothèque

de l’oratoire : «Efforçons nous de devenir

vraiment de valables fondateurs de la Société

Saint François de Sales pour que ceux qui

liront notre histoire puissent trouver en nous

des modèles, que nous n’ayons pas, au

contraire, à nous faire plaindre : “Quelle sorte

de fondateurs étaient-ils ?”.Aidez-moi par

votre bone volonté et votre obéisssance en

cette grande mission. C’est à vous de faciliter

ma tâche». (M.B.IX 600).

Il est vrai que le charisme fondateur a été

donné par l’Esprit Saint à Don Bosco, mais en

un certain sens, il revient à chaque membre

de la Congrégation Salésienne, surtout à ceux

qui ont des responsabilités d’animation, de le

garder, le rénover, le développer,de donner

de la visibilitré au charisme salésien au niveau

local.

Le charisme resplendit chez celui qui ouvre

son cœur à l’Esprit et devient transparence de

son amour manifestant à tous la fraicheur de

cet amour qui fait grandir, donne confiance et

promet la vie.

Don Albera écrit :«Il faut dire que Don

Bosco,avec quelle prédilection unique, toute à

lui, il nous aimait : il s’en dégageait un charme

irrésistible. Je me sentais aimé comme jamais

je ne l’avais jamais éprouvé, au-dessus de

toute autre affection. Il nous entourait tous et

entièrement dans une atrmosphère de joie,de

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ANNEE LXI ■ Novembre-Décembre2014

bonheur. Il ne pouvait pas en être autrement

parce que de chaque parole, de chacun de ses

actes émanait la sainteté de son union à Dieu

qui est l’Amour parfait» ACS 1 (1920)

Don Bosco définit l’attitude de base de celui qui

a la responsabilité de directeur par “la charité e

la courtoisie”. Ce doit être ce qui caréctérise

chaque directeur dans ses rapports avec ses

confrères autant qu’avec les jeunes, les

collaborateurs et toute personne rencontrrée.

Orientations pour la formation des

directeurs salésiens

Don Bosco forme les directeurs en insistant sur

différentes façons de faire, surtrout en ce qui

concerne l’entretien particulier, les lettres et les

rencontres communautaires annuelles au

Valdocco, généralement aux environs de la

fêtes de Saint François de Sales. Pour ces

“Conférences” le maître c’est Don Bosco, mais

il souhaite l’entr’aide et la complémentarité : il

confie parfois la présidence à Don Rua et invite

les directeurs à présenter leurs collègues

respectifs et leurs communautés en montrant

difficultés, espoirs et projets d’avenir.

Expert pour faire s’impliquer les énergies des

jeunes et donner confiance à chacun, il trace

pour Don Giovanni Bonetti un programme

d’action très concret :«Souviens-toi que le

Directeur ne doit pas faire beaucoup mais

arriver à ce que les autres agissent, en veillant

à ce que chacun accomplissse ce dont il est

chargé» lettre du 19 avril 1871 dans Epistolario

a cura di F. Motto III 324).

On dirait aujourd’hui subsidiarité ou coordination

pour la communion. Les termes changent mais

l’esprit est le même : condition pour un esprit de

famille où chacun se sent aimé et valorisé.

Don Bosco écrit au jeune directeur Michel Rua ce qui résume son programme de vie : «En tout la charité. Fais que tous ceux à qui tu parles deviennent tes amis» Lettre du 10 Août 1873,

dans Epistolario a cura di F. Motto IV142).

Cette lettre deviendra le document de formation sous le titre : Souvenir confidentiel, pour les Directeurs, qui constitue encore aujourd’hui l’une des sources principales de la spiritualité de Don Bosco fondateur et forma-teur d’éducateurs.1

En commentant cette lettre, Francesco Motto écrit : «Son cœur paternel et –pourquoi pas ?- sa sollicitude maternelle en arrive au point de se préoccuper de la santé physique du directeur et de ses confrères, de leurs heures de sommeil. (“Chaque nuit tu feras sept heures de repos” ; Ne commande jamais des choses nuisibles à la santé et contraire au repos nécessaire) à table (évite l’austérité dans la nourriture ; Que ta mortification consiste à t’appliquer à tes devoirs et à supporter les ennuis du prochain”) du risque d’un travail excessif (Tâche de répartir les choses de façon que personne ne soit surchargé”)2.

A la différence d’un animateur socioculturel, le directeur salésien désiré par Don Bosco est la personne entièrement consacrée à Dieu, consciente d’être un instrument docile de son amour pour aider tous et chacun, à vivre le projet du Père sur chacun de ses fils. Son identité vocationnelle assumée et exprimée avec un vrai sens de responsabilité, avec un cœur paternel/maternel est la condition de base pour mener à bien sa mission de service pour la joie et l’espérance de chacun dans les communautés… [email protected] 1 Cf MOTTO Francesco, I “Ricordi confidenziali ai direttori” di don Bosco, in Don Bosco educatore. Scritti e testimonianze, a cura di P. Braido, Roma, LAS 1992, 173-186. 2 Ivi 174-175.

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Le courage de partir

Anna Rita Cristaino

Le Mexique présente une réalité nationale qui est une des plus importantes du monde : ce pays est riche par son histoire et par ses beautés natu-relles. Malgré le progrès économique de ces dernières années, le Pays connaît de gros problèmes d'instabilité et d'inégalité sociale. Au-delà des grandes villes, il existe des endroits du territoire national, où il est bien difficile de trouver du travail, où il faut lutter chaque jour pour survivre et c'est ce qui incite beaucoup de per-sonnes à quitter leur lieu d'origine. Au-delà de la forte migration vers les Etats Unis, il y a en fait, une constante mobilité interne. Des milliers d'adolescents abandonnent leur village pour aller vers les grandes villes déjà surpeuplées. Mais qu'est-ce qui pousse une jeune à laisser sa famille, son village, ses habitudes, ses amitiés ?

Routes non connues Rosalia et Modesta nous ont raconté ce que voulait dire : avoir le courage de partir toute seule et de tout quitter, stimulée par le profond désir de découvrir de nouvelles possibilités d'exister. Elles sont parties très jeunes pour vivre une vie dans laquelle elles pourraient dépenser toutes leurs énergies choisissant des routes inconnues

Voici comment Rosalia raconte son départ : «Je suis arrivée à Mexico lorsque j'avais 17 ans. Ce ne fut pas facile. Je suis arrivée à la maison chez un de mes frères. Je vivais là. Je ne savais pas comment prendre le métro, je savais à peine lire. Arriver ici seule et commencer des études, m'a donné plus de sécurité et m'a confrontée à d'autres idées. C'est ainsi que j'ai pu grandir, avec crainte bien sûr, mais je suis toujours allée de l'avant. Je viens d'un village qui s'appelle San Bernardino Laguna. Nous sommes huit enfants et nous avons toujours vécu là. Nous n'avions pas beaucoup de ressources. Mon papa cultivait la terre, ma maman s'occupait du ménage

Mes frères aidaient mon père, mais mainte-nant ils sont tous ici en ville».

Ces jeunes emportent avec eux tout un bagage d'affections, de relations familiales, d'amis, de lieux fréquentés et aimés, un bagage plein de plans bien connus. Mais dans ce bagage il y a un grand espace pour les rêves. Le rêve de pouvoir travailler pour subvenir à leur propre existence et ne pas peser sur la famille, le rêve d'apprendre correctement l'espagnol sans oublier l'idiome local des parents, le rêve d'apprendre à lire et à écrire, de progresser dans leurs études, de prendre conscience de leurs nombreuses capacités et possibilités encore inexplorées. C'est ce que raconte Modesta: «Quant à nous qui arrivons de la province, il y a beaucoup de difficultés qui se présentent, car le Ville de Mexico est très grande et beaucoup, comme moi, ne savent ni lire ni écrire. Puis nous ne savons pas où loger. Beaucoup n'ont pas, non plus des membres de leur famille chez qui habiter. Ceci est l'une des raisons pour les-quelles la majorité des jeunes, des femmes et des hommes qui arrivent dans cette ville recherchent un travail qui donnent en même temps le logement, car nous ne savons pas où aller».

La ville de Mexico est énorme. C'est un micro monde de culture, d'usages et de coutumes, de gens riches et de gens pauvres, de familles heureuses et de personnes seules. C'est un petit univers qui coupe le souffle à celui qui provient d'autres lieux où tout est proche et connu. La manière de parler, de se mouvoir, de regarder la vie, de s'habiller, de manger, tout est différent. Celui qui arrive se sent comme projeté au milieu d'un océan et il ne lui reste qu'à apprendre à nager pour ne pas se noyer.

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Une lutte acharnée On arrive, en portant en soi le souvenir des larmes des mamans, des regards fiers des pères qui auraient voulu faire plus pour qu'aucun de leurs enfants ne soit obligé de partir. On ressent encore la chaleur des gestes d'affection de la famille. On s'aperçoit vite que le parcours à faire sera une grande ascension. Il faut trouver du travail, espérer trouver un logement, se faire de nouveaux amis, profiter de toutes les occasions pour apprendre quelque chose de nouveau sur la ville, et apprendre quelque chose à partir de toute nouvelle connaissance.

«Depuis plusieurs années -nous dit encore Modesta- je sentais la nécessité de partir pour grandir. Je viens d'une famille nombreuse ayant peu de possibilités économiques. J'ai six frères. C'est une des raisons qui m'a poussée à venir ici. Je suis arrivée dans cette ville pour travailler comme domestique dans une famille, je faisais le ménage. Par la suite j'ai bien réfléchi pour savoir comment continuer à étudier, mais je ne savais pas comment faire. Je n'avais que le dimanche

comme jour de repos. J'ai ensuite découvert qu'il existait une école où l'on donnait des leçons le dimanche et tout de suite j'ai pris contact avec cette école».

Les meilleurs opportunités Les FMA de la province mexicaine Nostra

Signora di Guadalupe ont créé en 1970 le Centre de jeunes Maria Ausiliatrice, qui en 2001 a pris le nom de Obra Social Auxi/io. C'est ici qu'ont été accueillies, dimanche après dimanche, des milliers de jeunes femmes ne pouvant fréquenter l'école durant la semaine. Avec les années, en plus de ces jeunes femmes, on a aussi accueilli des garçons et des adultes, tous migrants, employés comme ouvriers dans le privé ou dans des bureaux. Sœur Neida Julieta Carriedo, une des FMA qui a travaillé dans l'OSA nous explique : «Les jeunes qui sont aidés dans ce Centre ont beaucoup de lacunes et c'est pour cela que nous cherchons à leur proposer les meilleures solutions en ce qui concerne la profession, les études classiques, la vie spirituelle et morale. Ils proviennent des

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différentes régions de la nation, en quête d'opportunités de vie meilleure. Ils viennent ici pour chercher un emploi de domestique, pour cette raison nous apprécions le fait qu'ils sacrifient leur unique journée de liberté pour améliorer leur situation professionnelle».

Promotion humaine intégrale L'Obra social Auxilio, (OSA) accueille chaque année, environ 650 bénéficiaires, comptant jusqu'à plus de mille inscrits. Son offre formative comprend : la formation académique, l'apprentissage d'un métier, le développement humain, une approche psychopédagogique, l'éducation sexuelle, la mise en valeur de la culture d'origine et une approche critique de la communication. C'est un espace significatif de promotion humaine intégrale, un lieu important de rencontre et d'accueil. «Ici - nous dit encore Rosalia –nous sommes dans un milieu religieux. Je suis catholique et de venir ici m'a beaucoup enrichie et me conduit vers une plus grande maturité. Et maintenant que j’ai terminé mes études secondaires, je vais continuer en faisant celles de la Préparatoire et tout cela m'aide beaucoup. Ce collège est ma maison ». Modesta, elle aussi, a étudié à l'OSA: «Lors-que je suis arrivée, l'école s'appelait 'Centro Juvenil Maria Auxiliadora'. A l'époque elle offrait des cours de préparation au travail, l'Ecole Primaire et Secondaire, et vu que je n'avais pas encore terminé la Primaire j'ai commencé un cours de trois ans pour devenir secrétaire. Puis on m'a offert de rester comme volontaire». Sœur Neida nous explique : «Il y a environ 80 volontaires dans l'OSA qui collaborent et viennent tous les dimanches pour aider gratuitement, en donnant des cours et en encourageant les jeunes et les adultes

qui se présentent chaque semaine dans ce Centre», Rosalia et Modesta construisent ainsi leur avenir jour après jour. Ce qui est frappant chez ces jeunes, c'est la volonté de s'engager et de se donner. Elles travaillent fort et elles travaillent bien. Modesta travaille au Centre Préventif de Réadaptation Sociale, depuis cinq ans, en tant que secrétaire de la directrice du Centre et en même temps elle poursuit des cours à l'Université.

La journée de Rosalia est toute différente: «Je commence à travailler à six heures du matin. Je me lève vers cinq heures et demie et à six heures je prépare tout ce qui m'est nécessaire pour nettoyer et entretenir la maison, cela me prend en pratique toute la journée. Toute la journée je monte, je descends, pourtant ce travail me plaît car il m'aide économiquement et avec ce que je gagne je peux aussi aider un peu ma famille à construire sa propre maison». Durant ce séjour au Mexique nous avons visité une des plus grandes villes au monde, une nation riche en possibilités de développe-ment et en contradictions, où l'on touche du doigt le lien qui unit des personnes de provenance bien différentes. Nous avons rencontré des sœurs courageuses, fraternelles, sympathiques; nous avons connu des jeunes femmes et des jeunes gens qui n'ont pas peur de prendre en mains leur propre vie. Nous avons pu expérimenter que lorsque nous nous engageons sérieusement, la Providence elle aussi s'engage avec nous, nous aidant à concrétiser idées et projets. Quelles que soient les aspirations de chacun, il faut commencer par les réaliser parce que, oser, apporte le génie, la force et l’audace !

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Communication

et communion avec Dieu

Patricia Bertagnini

La proximité avec Dieu, dans la logique des rayons du cercle qui, à mesure qu’ils se rapprochent du centre, raccourcissent les distances existantes entre eux, permet de dépasser la fragmentation. Dans le dialogue continuel avec le Seigneur, l'identité vocationnelle propre se renforce et on apprend à se mettre à l'écoute des sœurs et des frères.

Un monde en morceaux Le monde dans lequel nous vivons a un dénominateur commun qui est en général exprimé par le terme de fragmentation; c'est ainsi que l'on indique le manque progressif de communautés d'appartenance, qui dans le temps étaient des points de référence authentiques et identitaires. Le parti, l'église, le village, l'ensemble des personnes avec lesquelles on partageait la vie quotidienne sont des réalités communautaires, qui face à l'urbanisation, à la diffusion des moyens de communication de masse, à l'homologation et à l'isolement de la vie métropolitaine, semblent destinées à disparaître. Dans ce contexte, la personne est réduite à la condition de simple individu, de fragment et trouve difficilement un lieu de collaboration sociale ; au manque de la communauté physique, s'oppose en effet, la crise de la communication et de la solidarité. Quant au social, l'homme est contraint d'aban-donner la modernité «solide» avec ses codes, ses normes, ses valeurs et ses liens, pour émigrer vers une société «liquide» (Bauman), dans laquelle tout est incertain, fluctuant, .

détaché de toute référence ; dans une vie liquide il n'existe pas de héros ni de martyrs, car il n'y a aucune tranchée à défendre ni aucune valeur pour laquelle donner la vie ; ils sont jugés comme les victimes de quel-que «disfonctionnement psychologique».

A leur place apparaissent les «célébrités», les stars, les nouveaux héros de la chanson, du sport, du cinéma et des finances. Des célébrités qui disparaissent rapidement pour faire place à d'autres célébrités, à d'autres stars qui jouent le rôle de liens sociaux entre les hommes.

Chaque élément sa place

Est-il possible de saisir le défi du monde contemporain et de se soustraire à la logique décrite précédemment?

La relation de Dieu avec les hommes est dès le début, marquée par la communication puisque la Dei Verbum commence de cette façon : «Dieu se révèle, manifeste sa volonté, à travers le Christ, parle, s'entretient avec les hommes, invite et admet la communion avec lui» (cf. DV,2). La Révélation a pour but de rendre l'homme participant de la vie de Dieu lui-même, de faire entrer toute personne dans la relation d'amour exprimée par la Divine Trinité et, c'est pour cela même que la libre adhésion de l'homme à l'initiative de Dieu, est nécessaire. Mais c'est par le Jésus historique, raconté dans les Evangiles que s'accomplit le miracle de la communication parfaite entre Dieu et l'homme; l'Incarnation est l'espace

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ANNEE LXI ■ Novembre-Décembre2014

ANNEE LX ■ Mars-Avril 2014

où Dieu se fait présent à l'homme en l'appelant à une profonde relation avec Lui, un rapport dans lequel apparaissent dans toute leur évidence, les attentions de Dieu à faire de la relation avec la personne humaine un pacte de qualité qui comporte, la libre réponse de l'homme au Seigneur, comme but final. Si l'évènement historique du Fils de Dieu, exalte d'un côté une Volonté supérieure de commu-nication, de l'autre côté elle se propose comme le terrain le plus fertile pour que cette commu-nication se réalise dans sa plénitude.

Les laboratoires de la communication Toute communauté religieuse est, de par sa nature, le témoin des paroles et des gestes de Jésus qui impliquent l'humanité dans son projet de salut; elle «existe pour communiquer à tous les hommes, la bonne nouvelle. Si elle ne s'engageait pas de toutes ses forces, à communiquer ce que le Seigneur lui a confié, elle faillirait à sa mission ». (Card. Ruini).

S'approcher du Seigneur et se laisser prendre par un profond dialogue avec Lui permet de renforcer la propre identité vocationnelle, identité que nous sommes appelées à garder et qui se fonde sur la fidélité à l'histoire vocation-nelle personnelle, sur la prise de conscience de la propre unification des différentes valeurs et sur le besoin de relations authentiques qui élar-gissent les perspectives. Une identité centrée sur la sequela se transforme dans un don de soi généreux, car lorsque l'on se donne aux autres on découvre le sens de ses propres choix et de sa propre consécration. Le défi de la fragmentation impose à la commu-nauté religieuse d'avoir un soin tout particulier pour la communication, aussi bien en interne, puisqu'elle est koinonia, communion, relation intime et fraternelle de solidarité, de corespon-sabilité, de participation, qu'en externe puisque elle se présente au monde comme une réalité engagée dans l'annonce explicite du salut, comme réalité au service de l'homme, comme sacrement de l'union de l'homme avec Dieu.

[email protected]

Le 25 mars 1996, Jean-Paul II signait l'Exhortation apostolique Vita Consecrata, un document éclairant sur la doctrine ou sur la théologie de la VC. Au n. 36 on lit : «Tout charisme a (...) à son origine une triple orientation: tout d'abord envers le Père, dans le désir d'en rechercher filialement la volonté à travers un processus de conversion continuelle, où l'obéissance est source de vraie liberté, la chasteté exprime la tension d'un cœur non satisfait d'un amour qui a une fin, la pauvreté alimente cette faim et soif de justice que Dieu a promis d'apaiser (cf. Mt 5, 6). ( ... ) envers le Fils avec qui on cultive une communion de vie intime et joyeuse, à l'école de son service généreux de Dieu et des frères, ( ... ) envers l'Esprit Saint, qui dispose la personne à se laisser guider et soutenir par sa grâce que ce soit dans son propre cheminement spirituel ou dans la vie de communion et dans l'action apostolique, pour vivre dans cette attitude de service qui doit inspirer les choix de tout chrétien authentique».

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Nos étoiles

contraires de Josh Boone Stati Uniti, 2014

Mariolina Parenter

A quoi tient le succès de ce film, champion des rentrées financières à travers le monde entier ? “un amour plus fort que la mort”, répond Famille chrétienne dans un article. Le phénomène eut son commencement dans “Love Story”, réalisé en 1970 et qui a fait pleurer toute une génération. L’histoire d’amour entre Olivier et Jennifer qui ont décidé de se marier pour que la maladie n’anéantisse pas toute chance d’avenir, est le cas typique d’un genre auquel est associée une définition, en Amérique : cancer movie. (film autour du cancer). Un genre capable de fasciner un public toujours plus jeune dont on imaginerait qu’il préfère des sujets plus légers. Mais évidemment le binôme “amour et mort” ou mieux, “amour et maladie”, exerce sa fascination. “Nos étoiles contraires” de Josh Boone, a attiré au cinéma un nombre record d’adolescents et de jeunes. Nullement effrayés par le sujet (lequel sans doute effraie davantage les adultes), ils sortent émus et comblés des salles de cinéma, après avoir assisté à l’histoire d’amour d’Hazel et de Gus, ses excellents interprètes. Et si la phrase symbole de “Love Story” était Aimer signifie ne pas devoir dire “je regrette”, celle de ce film suggère quelque chose de plus profond : “Tu m’a donné un amour pour toujours, parmi les jours qui me sont comptés”. Il mérite d’être connu et il se prête à toute forme d’utilisation appropriée.

Je voulais faire un film qui “soulève les âmes”..

L’expression est du producteur hollywoodien Wyck Godfrey, qui affirme ainsi : “c’est un film capable de communiquer l’idée qu’une vie brève peut également être belle et riche”. Dans le Web 2.0 Telles sont les expressions qui ont convaincu

le trentenaire John Green, - auteur du best seller homonyme de plus de 9 millions d’exemplaires -, à céder les droits de son roman au cinéma. Ce qui a inspiré l’écrivain américain, ce fut son amitié avec une jeune fille nommée Esther Earl, à qui il dédia le roman. Même si Esther n’incarne aucun personnage spécifique du livre. Green a déclaré : “notre amitié et sa joie de vivre ont été une grande source d’inspiration. C’est pourquoi je voulais que mon texte mais aussi le film lui-même restent fidèles, joyeux, une célébration de la vie”. Frappée d’un cancer généralisé de la thyroïde, Esther est morte en 2010, à seize ans. La courageuse interprète de “Nos étoiles con-traires” est Hazel Grace, qui a seize ans: resca-pée de la mort, obligée de respirer avec un tuyau et de se déplacer en permanence avec une bombonne à oxygène. Elle a également la réponse vive et rapide; sa mère la croit déprimée et la pousse à entrer en contact avec un groupe de soutien aux malades en phase terminale. C’est ainsi qu’elle va rencontrer Augustus Waters, ancien joueur de basket: un garçon de dix-huit ans, sympathique et ironique, au beau sourire conquérant et magnétique, dont une jambe a été amputée. Il est ami avec Isaac qu’il va voir perdre progressivement la vue à cause d’une tumeur aux yeux.

Dès leur première rencontre, Hazel et Gus deviennent inséparables. Gus tombe amoureux de la jeune fille et s’éloignera au début, de peur de trop en souffrir après sa mort. Mais ensuite, ensemble, ils sauront donner vie à une histoire passionnée, tendre, divertissante et émouvante : qui veut être en effet une “célébration de la vie”. Doués d’une beauté simple et sans artifices, ce qui rend la situation dans laquelle ils se débattent, encore plus déchirante, ce qui les rapproche encore plus que la maladie, c’est leur manière de voir et d’affronter l’existence. Conscients et lucides, ils ne se laisseront pas piéger : à travers

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ANNEE LXI ■ Novembre-Décembre 2014

ANNEE LX ■ Mars-Avril 2014

MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2011

l’espérance, la peur, l’angoisse et autant d’opti-misme, ils comprendront comment la force d’un amour peut permettre de vaincre et de survivre à la mort. “Nos étoiles contraires” chemine avec beaucoup de précaution sur le fil qui sépare le mélodrame de la comédie romantique. Comme le reconnaît la critique elle-même : “il peut faire alterner de manière subtile la gravité avec l’humour, le pathos avec la légèreté”. Amour et mort ont formé depuis toujours un couple gagnant en littérature comme au cinéma, de Roméo et Juliette à Love Story : l’adolescence est le moment où l’on s’est le moins compromis et où tout se vit dans l’absolu. Voilà pourquoi cette œuvre a tant fasciné la jeunesse. Giulio, de Rome, âgé de 14 ans, l’exprime ainsi i

dans son commentaire sur Facebook : “ce n’est pas mon genre et avant de voir le film, je pensais que c’était une histoire idiote. Je l’ai vu parce que mes camarades de classe y allaient et j’ai dû faire un effort pour ne pas pleurer. Je l’ai fait et j’ai apprécié le courage et la sympathie que dégageaient Hazel et Gus. J’ai compris que loin d’être des défaitistes, ils étaient deux héros. Le juge pastoral de la commission CEI a suggéré d’utiliser le contexte, en le mettant en valeur : c’est de cette manière que l’on peut approfondir les nombreux sujets abordés comme la maladie, la vie, la mort, l’amour, le rapport parents-enfants et, sans en finir, le rapport entre les parents, les maladies des enfants et ce qu’il en advient”.

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L’IDEE DU FILM

Mettre en scène le roman de Green avec un grand respect, sans altérer les faits ou les personnages pendant le passage au grand écran. “Nos étoiles contraires” reste proche de la parole écrite parce qu’il a la capacité et l’intention d’explo-rer et de communiquer le beau côté, stimulant et tragique de la vie et de l’amour”. Il évite ainsi le cynisme qui peut s’insinuer dans la tentation de faire d’une tragédie un véhicule commercial. Ce qui fait la différence dans le best-seller de Green, comme dans le film proche du roman, c’est le “comment raconter une histoire triste ?” qui plus est par les voix de Hazel et de Gus. Leur ton désenchanté mais jamais résigné et ce, jusqu’à la fin, et leur interpré-tation convainquent et émeuvent. Ansel Elgort devient le plus authentique des Augustus : il sait centrer le personnage à la perfection, en particulier son sourire, dont on parle dans tout le roman. Et Shailene Woodley parvient à descendre en Hazel avec une douceur désarmante, une sensibilité intelli-gente et vite intuitive. Comme dans le roman, la camera “épouse leur vision du monde”, elle rend les spectateurs amoureux parce qu’elle se fait objet non de compassion, mais d’empathie, en traitant leur histoire comme toute autre histoire de “premier amour”: riche de ce qui respire l’absolu et de cette idée de ”pour toujours” qui la distingue.

LE REVE DU FILM

Aider à “vivre” aussi avec la maladie, avec intensité et avec joie, comme la jeunesse et l’amour en rêvent, comme ils le choisissent.

Hazel et Gus sont des jeunes extraordinaires, leur relation est presqu’un miracle. Ils vivent pourtant une histoire qui se prête non seulement à être vue mais à être affrontée et discutée par deux types de public : celui des adultes qui se retrouvent face à des sujets de réflexion éducative, qui plus est dans le contexte extrême qu’est celui du cancer. Et celui des ado-lescents, qui peuvent s’identifier à deux jeunes de leur âge, contraints d’affronter des moments graves et inhabituels pour leur âge. Même si elle tombe parfois dans le sentimentalisme, l’œuvre ne manque pas de moments authentiques et pose des questions qui souvent pourraient émouvoir. Anna de Turin, 15 ans, le dit sur Facebook. “C’est une histoire d’amour absolu, parce qu’Hazel et Gus, même s’ils savent qu’ils pourraient mourir, ne peuvent s’empêcher de s’aimer. J’ai ressenti l’angoisse de la maladie et l’injustice de la mort qui sépare deux êtres aussi jeunes et qui s’aiment. Mais aussi j’ai ressenti de la tristesse parce tous les deux ont de belles familles qui, malgré la situation, leur donne confiance et rendent leur vie sereine. A la fin, ce sont peut-être les parents qui doivent affronter l’épreuve la plus terrible, sans la consolation du grand amour qui donne de la force à leurs enfants”.

POUR FAIRE PENSER

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ML Stedman

Une vie entre deux océans Adrian Nepi

L’auteure, M.L. Stedman, qui demeure à Londres mais qui est née et a grandi en Australie occidentale, s’est taillé avec ce premier roman, une renommée internationale. Dans l’édition Garzanti, le livre gagne en attractivité jusques dans la forme typographique : la couverture présente un panoramique évocateur de l’ampleur démesurée des deux océans au sud du continent australien, avec au premier plan l’image d’un enfant au regard interrogateur, et qui sera plus ou moins le pivot narratif du récit.

Dans une petite île d’Australie, Janus Rock, vivent Tom et Isabel. Lui est un valeureux rescapé de la première guerre mondiale ; engagé volontaire, comme un certain nombre d’autres qui étaient convaincus de combattre pour une cause juste, il en est revenu sain et sauf, mais blessé intérieurement tant il a vu et souffert. Il s’agit d’une homme profondément bon, courageux, capable d’accepter avec humilité les inévitables difficultés de la vie.

De Sydney, sa ville natale, la nécessité de trouver un emploi l’a conduit à Pointe Partageuse, un petit port de l’Australie occi-dentale, peu éloignée de Janus Rock ; il sera provisoirement gardien du phare qui prend le nom de l’île. Il se prépare à partir lorsqu’il rencontre Isabel, une jeune fille de dix-neuf ans, toute de spontaneité et de franchise. Et elle attire l’attention de Tom, avec une simplicité candide et joyeuse. L’amour naît entre eux et ils se marient ; elle n’a pas peur d’affronter la vie inconfortable et monotone qu’il peut lui offrir dans un phare. Des jours heureux s’écoulent. C’est alors que, d’une manière imprévisible,

survient l’évènement qui va bouleverser leur vie. Un jour, sur une petite plage de Janus Rock, les vagues poussent une barque en dérive : dedans gît le corps d’un homme sans vie et on entend le vagissement d’une toute petite fille. Isabelle, accourue pour secourir et consoler la nourrissonne, voit En elle un don du ciel, après ses fausses-couches succes-sives qui ont douloureusement frustré son besoin passionné de maternité. Tom est lié aux règlements qui lui imposent d’enregistrer tout ce qui survient dans l’île. Et cette fois, il s’agit de quelque chose d’important : un inconnu sans vie, avec un petit être sans défense, débarqués on ne sait comment, poussés par le vent du large. Isabelle, qui sent que la toute petite fille est déjà sienne, supplie son mari de ne pas signaler l’évè-nement : un chandail de femme, trempé, trouvé sur le bateau, semble confirmer sans aucun doute que la mère s’est aussi noyée. A ce point du récit, l’histoire traverse des moments obscurs et angoissants : l’accom-plissement de son devoir, est-ce toujours juste ? Peut-t-on impunément intervenir même par amour, dans la destinée de quelqu’un ? Entre la vérité, la justice et la peur de faire souffrir une petite créature sans défense, quel est le choix qui s’iimpose ? Les jours s’écoulent, sereins tout d’abord, comme les jours d’une famille heureuse : Tom, Isabel et Lucy, comme ils l’appellent, celle que tous prennent pour leur fille. Qui l’a recueillie après le naufrage ? qui l’a soignée et entourée de tendresse sinon tous deux : ils l’ont reçue comme le don d’une Provi-dence miséricordieuse ? C’est ce que pense isabelle, passionnément. Tom aime aussi la ....

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ANNEE LX ■ Novembre-Décembre 2014

petite, comme un bon père peut aimer, mais la voix du coeur ne parviendra jamais à étouffer en lui sa droiture vigilante et sa conscience.

On dirait que l’enfant est venue guérir beaucoup de blessures. Les deux frères d’Isabel sont morts à la guerre et rien n’est parvenu à consoler ses parents, surtout la mère qui n’ a pas cessé de mettre en ordre la chambre de ses fils, de manière excessive, comme s’ils vivaient encore. Elle, leur soeur, à l’époque âgée de 14 ans, avait pu assister de près à la tragédie irrémédiable et découvrir ce que signifiait vraiment l’amour d’une mère et sa douleur de perdre ses fils. Maintenant, l’expression extasiée de ses parents venus de loin saluer l’arrivée de la petite-fille, lui semble

un miracle et la confirme dans l’idée que son choix a été justifié de considérer cette petite fille comme la sienne.

Mais voici la révélation bouleversante : la mère de la petite fille sauvée au cours du naufrage, est vivante. Elle s’appelle Hanna, c’est la femme de Franck, le malheureux trouvé sans vie dans le bateau. De nationalité autrichienne, poursuivis, avec la filette dans les bras par un groupe d’ivrognes rendus fous de rage contre un peuple allemand haï, il avait sauté dans le bateau et s’était laissé emporter par le fort courant austral.

La désapprobation de Tom envers sa femme est maintenant inévitable : Tom est bien conscient de devoir prendre une décision qu’ils ne peuvent discuter. Obstinée, Isabelle ne veut pas bouleverser la vie de Lucy. “Que ce soit bien ou mal, nous avons fait ce que nous avons fait”. C’est un dilemme qui marque l’évènement et les tourmente. Qu’est-ce que le bien, qu’est-ce que le mal ? Le juste ? l’injuste ? On dirait que les faits évoluent selon une logique providentielle qui rétablit un juste équilibre. Tom ne pourra pendant quelque temps éviter la prison, endossant généreusement la responsabilité de la faute qu’il ne veut pas faire peser sur sa femme fragile et aimée.

Le juste choix semblera très dur, mais à la fin tout se passera comme cela devait se passer. Hanna retrouvera sa fillette, la petite se débattra un long moment mais finira par être la fille adorée et sereine d’une autre maman, la vraie, sans que jamais se rompe le lien avec celle qui l’a accueillie et élevée avec tant de passion. L’amour de Tom et d’Isabel, purifié par la souffrance, se maintiendra, pacifié et béni, comme ce doit être dans tout bon mariage : “dans la santé et dans la maladie, pour le meilleur et pour le pire.

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Parents et enfants entre amour et conflitS

Mariano Diotto

La musique a toujours raconté des événements familiaux avec ses moments inoubliablement beaux mais aussi très tristes, avec conflits et rancoeur ou “non dits”.

Enfants et parents La relation avec une mère affectueuse est racontée par Gatto Panceri dans sa chanson intitulée Madre mia. Cette mère a élevé son fils, seule, quand son mari l’a abandonnée avant la naissance de l’enfant. Alors cette chanson est née, inspirée d’un Madrigal du dix-neuvième siècle : «Ma vie, je sais ce qu’elle vaut / je sais ce qu’elle t’a coûtée /je la traiterai bien parce que/c’est tout ce que tu me demandes». «Oh papa assieds-toi et écoute ma chanson / si tu l’écoutes, chante-la toi aussi, s’il te plaît / non, non il n’y a rien de ce que je veux dire qui n’a déjà été dit avant mais, pour utiliser tes paroles, "je ne peux jamais être très sûr". / Vois, même si je ne le démontre pas toujours, je suis heureux que tu sois là».

Ce sont les paroles d’Alain Clark dans la chanson Father & Friend pour raconter sa relation avec son père considéré comme un ami resté à ses côtés, même à l’âge adulte. Par contre Bono des U2 en 2004 écrit la chanson Sometimes you can't make it on your own qui est son souvenir personnel face à son père disparu 3 ans avant. «Nous nous disputons tout le temps toi et moi /D’accord /Nous sommes une seule âme / Je n’ai pas besoin de t’entendre dire / que si

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nous n’étions pas aussi semblables / je te plairais beaucoup plus / Ecoute-moi maintenant/ j’ai besoin de te dire /Que tu ne dois pas tout faire tout seul».

La souffrance d’être parents La vie réserve souvent de grandes surprises et John Lennon, à la fin d’une grande tournée avec les Beatles, en pensant à son fils aîné Julian, se rend compte qu’il a été un père souvent absent et veut changer sa manière de faire avec Sean, son autre fils plus jeune. Il laisse ainsi la scène pour rester en famille et écrit son chef d’œuvre Beautiful Boy (Darling Boy). Dans cette chanson, Lennon décrit son amour pour son fils, et les petits et grands enseignements qu’un parent doit donner, partant des recommandations les plus simples «Avant de traverser la route, donne-moi la main» jusqu’à prononcer des phrases plus engagées comme : «La vie est ce qui t’arrive tandis que tu es engagé sur d’autres projets» Mais être parents veut dire aussi perdre des enfants au cours d’une mort tragique et injustifiée. C’est ce que nous raconte Eric Clapton dans sa fameuse chanson, vainqueur de trois tre Grammy Awards : Tears in Heaven (Des larmes au Paradis). Dans cette belle ballade avec voix et guitare le musicien nous raconte la mort de son fils Connor tombé du 53 ème étage d’un immeuble à New York. C’est le chant désespéré d’un père qui espère retrouver son fils au Paradis où finalement les difficultés disparaissent.

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ANNEE LX ■ Novembre-Décembre 2014

«Le temps peut vous faire tomber; le temps peut pliez vos genoux / l’heure peut briser votre cœur, avez-vous la mendicité avez- vous prié, s’il vous plaît prié / Au-delà de la porte il y a la paix, j’en suis sûr / Et je sais qu'il n’y aura plus de larmes dans le ciel».. Clapton ne joue plus cette chanson depuis plusieurs années, depuis qu’il dit avoir finalement dépassé la douleur de la perte de son fils et cela démontre qu’une chanson quelquefois n’est pas “une simple chanson”, mais parle de la vie, exprime des émotions, dévoile un peu son intimité. Faire partie du monde

Dans les chansons sont aussi racontées cer-taines formes de parentalité particulière : sentir qu’on fait partie d’un monde qui a besoin de personnes qui sachent guider d’autres personnes. C’est le cas de la chanteuse italienne Fiorella Mannoia qui dans sa chanson Luce parle

justement de cette forme d’amour : «Il n’y a pas d’enfant qui ne soit mon enfant ni blessure dont je ressent la douleur. Il n’y a pas de terre qui ne soit ma terre et il n’y a pas de vie qui ne mérite pas d’amour. Il n’y a pas de voix qui ne soit ma voix ni d’injustice dont je ne subisse l’offense. Il n’y a pas de paix qui ne soit pas ma paix et il n’y a pas de guerre qui n’ait pas d’excuse». Cette forme d’amour dépasse les degrés de la parenté et nous fait tous enfants de la même terre et du même Dieu. Ainsi les chansons, certaines fois, deviennent un message des parents vers leurs enfants et vive versa. Parce que certaines fois c’est plus facile de chanter certains sentiments que de réussir à les dire : «Et ma fille, ma fille, / Je ne veux pas que tu sois heureuse / Mais toujours "contre" /Afin qu’ils te laissent la voix».

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Re-création

Chères amies, qu’on veuille l’admettre ou non, il y a des réalités spécifiques dans notre vie, des consignes authentiques et claires que nos Fondateurs nous ont laissées et que nous essayons de vivre chaque jour ! La situation s’est aggravée avec le temps qui passe et je sens le devoir moral de signaler les risques auxquels, à mon humble avis, nous sommes exposés.

Si nous jetons un regard sur nos communautés nous nous apercevons alors que beaucoup de sœurs sont atteintes du virus de l’optimisation. C’est assez facile de saisir les symptômes de ce mal : elles courent toujours, elles s’arrêtent à peine dans un lieu déterminé, elles passent rapidement à côté des personnes, elles circulent dans la maison toujours rapidement avec quelque chose en main, elles ont toujours au moins deux engagements à résoudre en même temps, elles déclarent éviter scrupuleusement tous temps morts...

Voilà des signaux précis qui nous donnent la certitude d’être en présence de la maladie : la sœur malade a toujours un motif pour déserter la récréation

Ce sont des sœurs qui ne sont jamais présentes au temps de récréation et savez-vous pourquoi ? Elles sont victimes de l’optimisation : ces vingt minutes où l’on ren-contre la sœur qu’on a seulement vu le matin au petit-déjeuner, sont pour elles un vrai tourment. Je le dis très sérieusement !

Pour une personne active, constamment prise

par mille occupations et qui n’a pas le temps de respirer, de manger, de prier... ces vingt minutes, passées dans une salle où on ne dit rien d’essentiel, où une sœur raconte une histoire amusante, une autre qui travaille au crochet, une autre qui transmet un fait particulier pour lequel prier, une autre qui se fait aider à avancer de petits travaux pour le jour le lendemain, une autre qui s’informe de la santé d’une ancienne et même qui joue aux dames ou aux cartes, bien, croyez-moi, pour cette sœur, ces vingt minutes «perdues» lui procurent une douleur indescriptible..

Je ne parle pas, c’est clair, des sœurs qui ont des activités précises à faire durant ce temps, mais de celles qui s’échappent tout de suite dès que l’heure x a sonné, et si la communauté a un peu de chance, on les revoit au début du mot du soir, sinon le lendemain !

Maintenant, je me dis que, si c’est la récréation est où on récupère un peu d’éner-gie et on resserre nos liens, évidemment ces sœurs se recréent ailleurs, avec quelque chose ou quelqu’un d’autre, parce que personne ne peut vivre seul, tout au moins si on a choisi de vivre en communauté.

Moi, par contre, au contraire, j’aime beaucoup la récréation, mais à peine le mot du soir commence-t-il, je m’endors. Serais-je malade moi aussi ? Parola di C.

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