Revue DMA – Des Raisons de Vivre (Janvier - Février 2013)

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Revue des Filles de Marie Auxilitrice

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REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE 2

dma Revue des Filles

De Marie Auxiliatrice

Via Ateneo Salésiano 81

000139 Roma

Tél. 06/87.274.1fax 06/87.13.23.06

e.mail : [email protected]

Directrice Responsable

Mariagrazia Curti

Rédacteurs Giuseppina Teruggi Anna Rita Cristiano

Collaboratrices

Tonny Aldana Julia Arciniegas

– Mara Borsi Piera Cavaglià .

Maria Antonia ChinelloAnna Condò

Emilia Di Massimo Dora Eylenstein

Laura Gaeta Bruna Grassini

Maria Pia GiudiciPalma Lionetti

Anna Mariani Adriana Nepi

Louise PasseroMaria Perentaler

Loli Ruiz Perez Paola Pignatelli

Lucia M;RocesMaria Rossi

4 Editorial Choses nouvelles et choses enciennes

Giuseppi Terrugina

5 Dossier Des raisons de vivre. “Pour vous, qui suis-je ?

13 Premier Plan

14 Un regard sur le monde Unis en vue du changement global

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L’Esprit et le Droit Le juste poids des mots

18 Construire la Paix A cinquante ans de “Pacem in terris”

20 Fil d’Ariane Le Pardon

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ANNEE LX ■ JANVIER FEVRIER 2013

Traductrices

France : Anne-Marie Baud

Japon : Province japonaise

Grande Bretagne : Louise Passero

Pologne : Janina Stankiewicz

Portugal : Maria Aparecida Nunes

Espagne : Amparo Contreras Alvarez

Allemagne: Prov.Autrichienne et Allemande

EDITION EXTRACOMMERCIALE

Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice

Via Ateneo Salesiano 81, 00139 Roma

C.C.P.47272000

Reg. Trib. Di Roma n.13125 del 16-1-1970

Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c,

Legge 662/96 – Filiale di Roma

N° 1/2 Janvier-Février 2013

Tipographia Istituto Salésiano Pio XI

Via Umbertide 11,00181 Roma

27 En recherche

28

Culture Les vertus : un retour au passé

30 Pastoralement Un modèle pastoral pour évangéliser

32

En Mouvement Les origines du Mouvement

Salésien des Jeunes

34 En dialogue Interview à ….

35 Communiquer

36 On fait pour dire Communication et identité charismatique

38 Femmes sur le terrain Les Femmes et la Nouvelle Evangélisation

40 Vidéo Monsieur Lazhar

Livre Cyberthéologie

44 Camille

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Choses nouvelles et choses anciennes Giuseppina Teruggi

Quelques événements mondiaux, ecclésiaux, salésiens guident les contenus de la Revue DMA. Nous sommes submergés par ces événements qui nous semblent particuliè-rement significatifs. L'ONU a déclaré 2013 "Année de la coopération dans le secteur hydraulique" et à Naples se tiendra le " Forum International des cultures". Comme l'Eglise, nous vivons l'"année de la foi", ressentant l'écho du Synode célébré en octobre dernier sur "La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne"

A Rio de Janeiro et dans les Diocèses du monde entier la préparation aux JMJ sur le thème "Allez et faites des disciples de tous les peuples " est active. D'autres journées ecclé-siales pontualiseront des thèmes spécifiques, pour accompagner les croyants sur un chemin de formation permanente dans l'optique de l'l'Evangile et dans l'écoute des défis culturels d'aujourd'hui : la Journée de la Paix, celle de la Vie consacrée, des Communications Sociales, pour n'en nommer que quelques-unes.. En Mai nous serons impliqués dans l'Assemblée plénière de l'UISG sur le thème :"Il ne sera pas ainsi parmi vous.

La seconde année de préparation au bicentenaire de la naissance de Don Bosco sur la pédagogie du Système préventif, et l'Etrenne 2013 : "Offrons aux jeunes l'évangile de la joie avec la pédagogie de la bonté", nous provoquent à vivre la mission éducative, nous tournant vers les horizons ouverts, en syntonie avec la Famille Salésienne. A nous, FMA, la circulaire de convocation du XXIIIème CG donnera ultérieurement une impulsion à l'engagement de vivre aujourd'hui notre identité

de femmes consacrées pour la mission.

L'été dernier, à Cesuna, nous avons cherché en outre à intercepter les pensées et les désirs de chaque FMA pour continuer un dialogue ouvert et vivant. Nous sommes aussi inspirées à l'issue du sondage sur la Revue précédemment proposée.Les réponses parvenues ont été pour nous un don, qui nous a permis de recueillir de bonnes suggestions, comme celles de donner voix aux divers continents, aux laïcs et aux jeunes pour la rédaction de quelques articles ; de rendre le langage adhérent à la vie concrète. La demande unanime du retour de Camille nous a poussées à l'inviter à revenir pour nous redire son analyse originale sur les faits de la vie quotidienne et communautaire.

L'Evangélisation est le thème du fonds des Dossiers qui proposent comme sous-titre un verset de l'Evangile et contiennent un "signet" avec un commentaire de cette Parole. Pareilles rubrique sont confirmées. D'autres sont récentes, avec des thèmes différents comme par exemple : Un regard sur le monde.Le Mouvement( sur MGS dans le monde), Animation et Direction. En dialogue.

Nous souhaitons une année de belle opportunité, de vitalité charismatique, de fécondité vocationnelle : avec la Revue DMA! [email protected]

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Des raisons de vivre

Et pour vous qui suis-je ? Giuseppina Teruggi

Nous célébrons l’année de la foi : un ‘parcours’ que la communauté chrétienne partage avec tous ceux qui ressentent la nostalgie de Dieu et ont le désir de le rencontrer à nouveau. Pour cela il est nécessaire que “les croyants réalisent leur responsabilité dans le domaine de la transmission de la foi et se rendent proches de tous ceux qui nous ques-tionnent sur les raisons de notre foi”, et le sens de la vie.

Un Evangile plus visible La nouvelle évangélisation nous interpelle fortement dans notre identité de FMA. Peut-être que nous avons besoin nous aussi de vivre un nouvel élan de vie chrétienne pour faire en sorte que le Seigneur Jésus et son Evangile soient plus visibles dans notre vie, au niveau personnel et communautaire ? Aujourd’hui, une réflexion continue sur notre identité de femmes consacrée est impor-tante, réflexion portant sur la cohérence de vie, sur les exigences vocationnelles que la mission comporte, sur la force de notre témoignage. ″Pour que le monde croit.” La revue Testimoni (n° 16, pp. 15-16) présente une interview de fr. Luciano Manicardi de la Communauté di Bose (Magnano - Biella) à qui on avait demandé quels étaient selon lui, les éléments incontournables de la vie religieuse. “Son avenir est lié à sa capacité d’aller à l’essentiel et de se simplifier”, soutient fr. Luciano. “La primauté de l’Evangile et la sequela Christi dans l’amour et la liberté sont les fondements pérennes de cette vie. La communauté et la mission sont les deux éléments constitutifs qui permettent la créativité et la capacité d’inculturation des religieux”. Ce sont les points fondamentaux de la vie religieuse.

La vie religieuse se trouve face à son devoir prophétique : traduire dans l’histoire d’au-jourd’hui l’Evangile éternel et en montrer la beauté et la vitalité, dans une vie humaine et humanisée”. Suivre Jésus, signifie voir dans l’Evangile la norme claire de la vie humaine. “Je crois que la vie religieuse doit mettre plus l’accent sur le substantif ‘vie’ que sur l’adjectif religieux : ceci ne signifie pas sécularisation, mais souligne qu’elle n’est pas une vie ritualisée, ni une vie seulement philanthropique, elle ne peut être dominée par l’obsession de l’efficience pastorale, mais elle est avant tout et simplement une vie. Une vie qui se distingue et se manifeste dans la qualité de ses relations fraternelles, dans une affectivité ample et libérante qui se vit dans l’espace communautaire interne et externe à la communauté, dans la manière de vivre l’autorité, dans la manière de se saluer et de se reconnaître réciproquement, dans la manière de prendre les repas ensemble, de prier ensemble, de s’entendre et de se pardonner, donc de se vouloir du bien. De s’aimer”. Ce sont des valeurs très présentes dans notre Règle de vie : là est précisée l’identité de la FMA, orientée vers une “progressive configuration au Christ”, but de tout le processus de formation. Assumer la forma Christi c’est structurer une vie intégralement humaine, vécue selon l’humanité de Jésus de Nazareth. C’est une vie à la suite du Christ placée sous le signe de l’amour et de l’amour ‘pour toujours’

Femmes de l’Evangile Le sexennat 2009-2014 a pour orientation cet objectif prioritaire : “Raviver l’identité

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charismatique dans sa dimension prophétique pour le monde d’aujourd’hui, suivant un pro-cessus de conversion à l’amour qui s’exprime dans l’engagement d’assumer comme commu-nauté, la mission éducative, avec l’audace du da mihi animas cetera tolle”.

Le chemin de sainteté de chaque FMA se situe dans l’optique de cette identité qui exige une adhésion confiante au projet vocationnel salésien et engage à participer avec joie et responsabilité selon ses dons propres, les mettant à la disposition de la communauté et de la mission. Comme le témoignent toutes les sœurs qui vivent ou ont vécu près de nous.

Ainsi sœur Ruth Sojos, de l’Equateur, qui nous a quittées l’année dernière à l’âge de 92 ans. On disait d’elle : “Enracinée dans un grand amour de Dieu et de nos Fondateurs, elle irradiait un sens vif d’appartenance à l’Institut. Femme de foi, de profonde vie de prière, disponible, sincère et responsable ; l’expérience de la vie quotidienne lui enseigne la valeur de l’effort pour comprendre les autres, pour dédramatiser les situations et favoriser toujours plus le dialogue”.

Au mois d’août 2102 sœur Gabrielle Martin est décédée à Milan, elle avait 59 ans. Elle faisait ainsi la synthèse de sa vie : “Je peux dire que toute ma vie a été une belle expé-rience parce que j’ai toujours eu la possibilité de travailler avec les jeunes qui m’ont beaucoup apportés. J’ai appris à vivre avec enthousiasme le quotidien et à me donner sans compter. J’ai compris qu’il est possible, en commu-nauté, de réaliser notre identité de femme et de religieuse si on est disposé à s’impliquer le plus possible”.

D’une ancienne sœur japonaise, sœur Ozawa Tatsu Teresia, qui a grandi dans une famille bouddhiste, il a été dit que“ quand on allait la trouver, quelque soit le motif, sa chambre était devenue un espace infini, une fenêtre ouverte sur la communauté provin-ciale, mondiale, sur tout l’Institut. Elle était au courant de tout se qui se passait et de son lit, elle évangélisait le monde par la prière et une constante sérénité. Elle a beaucoup aimé sa vocation, elle l’a vécue avec fierté et une totale fidélité”.

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De sœur Lina Bardini, missionnaire argentine, ont été relevés “le long et fécond chemin d’animation et de gouvernement dans l’Institut, une histoire ininterrompue de dévouement, un cœur sans frontière. Capable d’une écoute profonde, toujours attentive aux personnes, dynamique et créative, elle a mis au service de la mission tous ses dons. Elle a toujours su créer la communion, préserver l’unité, invitant chacune à apprécier l’esprit de famille qu’elle a su incarner tout au long de sa vie. Elle aima tous les lieux et pays où elle est allée en mission et elle gardait des affections profondes qu’elle cultivait avec un cœur universel ”. “Ce n’est pas facile de décrire la personnalité de sœur Cecilia Calle”, affirment les sœurs colombiennes, “elle était habitée d’une sym-pathie innée pour tous, une caractéristique présente au cours de toute sa vie. Elle avait l’habitude de saluer toute personne avec le substantif ‘beauté’, que ce soit une personne connue ou non. Elle savait faire un éloge de chaque sœur et elle l’accueillait avec un sourire, un salut cordial”. C’était une femme capable d’exprimer un amour profond pour sa communauté et de manière particulière pour les pauvres auxquels elle a pensé jusqu’à ses derniers moments. Nous pouvons ajouter à ces “femmes de l’Evangile”, qui nous ont quittées il y a peu de temps, bien d’autres visages de personnes connues et aimées qui écrivent une histoire sainte authentique, par les simples gestes d’une vie héroïques parce que radicalement donnée, sans compter.

Jésus : le premier L’Evangile n’est pas un code éthique, ni une doctrine. C’est Jésus en Personne qui encore

aujourd’hui vient demander à celui qui se tient près de lui : ‘Et pour vous, qui suis-je?’. Jean-Paul II, au cours des JMJ de 2000 à Rome, a rassemblé toutes les personnes présentes autour de cette question et dans sa catéchèse, il a aidé la grande assemblée des jeunes à réfléchir sur le sens vital de cette question. Après avoir présenté la réalité contemporaine qui déf :ie profondément notre foi, le Pape a affirmé “Chers jeunes, est-il difficile de croire dans le monde d’aujourd’hui ? En l’an deux mille est-il difficile de croire? Oui ! C’est difficile. Ce n’est pas le moment de le cacher. C’est difficile, mais avec l’aide de la grâce de Dieu, c’est possible. […]

Ce soir on vous donnera l’Evangile. C’est un cadeau que le Pape vous fait en cette veillée inoubliable. La parole contenue dans cet Evangile est la parole même de Jésus. Si vous l’écoutez dans le silence, la prière, en vous faisant aider si cela est nécessaire pour mieux la comprendre, comprendre ses conseils de sagesse, alors vous rencontrerez le Christ et vous le suivrez, en vous engageant jour après jour avec et pour Lui ! En réalité, c’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez au bonheur ; c’est Lui qui vous attend quand plus rien ne vous satisfait ailleurs ; c’est Lui la beauté qui vous attire tant ; c’est Lui qui vous provoque en vous donnant soif d’une radicalité qui ne vous permet pas de vous arrêter à des compromis ; c’est Lui qui vous pousse à déposer vos masques qui faussent la vie ; c’est Lui qui lit dans vos cœurs les décisions les plus vraies que d’autres voudraient étouffer. C’est Jésus qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal, le refus de vous laisser envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humilité et persévérance pour devenir meilleur et rendre meilleure la société

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afin qu’elle soit plus humaine et fraternelle”. Un peu plus de dix ans après, Benoît XVI, à Madrid le 21 août 2011, reprend la même thématique que Jean-Paul II : “Chers jeunes, aujourd’hui encore le Christ se tourne vers vous : ‘Et pour vous, qui suis-je ?” Répondez-lui avec générosité et audace, avec votre cœur de jeune. Dites-lui : Jésus, je sais que Tu es le Fils de Dieu, que Tu as donné ta vie pour moi. Je veux te suivre avec fidélité et me laisser guider par ta parole. Tu me connais et tu m’aimes. J’ai confiance en toi et je mets ma vie entre tes mains. Je veux que Tu

sois la force qui me soutient, la joie qui ne m’abandonnera jamais. […] Permettez-moi, comme Successeur de Pierre, que je vous invite à affermir votre foi, cette foi qui nous a été transmise par les Apôtres, et qui vous invite à mettre le Christ, le Fils de Dieu, au centre de votre vie… et que je vous rappelle que suivre Jésus c’est marcher avec Lui dans la communion avec l’Eglise.

On ne peut suivre Jésus tout seul. Qui

cède à la tentation d’aller ‘pour son propre compte’ ou de vivre sa foi selon la mentalité individualiste d’aujourd’hui, court le risque de ne jamais rencontrer Jésus-Christ, ou de finir avec une fausse image de Lui. Avoir la foi cela signifie s’appuyer sur celle de tes frères, et de même que ta foi serve aussi d’appui pour venir en aide à celle des autres. […] De l’amitié avec Jésus naîtra aussi l’élan qui conduit à rendre témoignage de notre foi dans les milieux les plus divers, même ceux où règnent le rejet et l’indifférence. Il n’est pas possible de rencontrer le Christ et de ne pas le faire connaître aux autres. Donc, ne gardez pas le Christ pour vous ! Communiquez aux autres la joie de votre foi. Le monde a besoin de témoignage”.

Le trésor de la vie Les propositions exigeantes de nos Pasteurs aux jeunes nous interpellent profondément. Ces jeunes auxquels nous sommes envoyés. Femmes consacrées et données par un choix radical au Seigneur Jésus, nous recevons avec une force particulière l’appel évangélique et l’urgence de nous engager sérieusement pour proposer aux jeunes des raisons de vivre.

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et d’espérer. C’est une manière de rendre visible et crédible notre choix fondamental : être avec Jésus, le trésor pour lequel cela vaut la peine de tout “donner”. C’est un engagement à vivre notre foi en adulte qui a pris la décision de mettre Jésus-Christ au centre de sa vie : seulement cela nous permet d’offrir des raisons convaincantes de vie, non sujettes aux circonstances souvent variées et défavorables à la foi Certaines fois ce sont aussi les frères et les sœurs laïcs à nous rappeler l’immense valeur du “trésor” que nous avons trouvé et pour lequel nous pensons que tout le reste est “déchets”. Un journaliste, Luigi Accattoli, affirme : “Notre vie est pleine de détours, d’issues inattendues. Dieu nous inonde d’imprévus et chaque jour, à chaque imprévu de Dieu, nous devons réaffirmer Sa primauté dans notre vie, dans toute nouvelle situation. […] Et si cette vie doit être confrontée à des adversités (santé, épreuve de la mort) la primauté de Dieu doit être présente au milieu de cette adversité. Nous devons trouver dans toutes circonstances le geste, le choix, la parole qui attestent la primauté de Dieu dans notre vie. Lui laisser un espace parce que, à tout moment Il veut nous faire sentir sa primauté d’amour”.

Chemins de conversion Notre chemin de conversion est un chemin parfois incertain et pénible, d’autre fois plus agile et sûr. Cependant nous sommes sans cesse appelées à la « conversion ». Le cardinal Carlo Maria Martini à la question “Qu’est-ce qui peut effectivement aider l’Eglise aujourd’hui ?”, a donné cette réponse : “Le Père Karl Rahner utilisait volontiers l'image de la braise qui se cache sous la cendre. Je vois dans l’Eglise d’aujourd’hui tant de cendre sur la braise que bien souvent je suis assailli par un sentiment

Libres de préférer Dieu “Dieu donne sa grâce, mais il la donne seulement s’il trouve en nous le désir libre de la recevoir. La foi et tout ce qui en dérive est don de Dieu à un être libre. Je pense qu’être chrétien aujourd’hui consiste à accepter avec notre liberté la foi comme nous la connaissons… C’est accepter, et accepter pratiquement, la foi que Dieu nous propose à nous comme à des personnes capables de lui dire “oui” ou de lui dire “non”: c'est-à-dire comme à des personnes libres. Des personnes qui peuvent Le choisir Lui, Dieu et Le préférer à tout. Personnes libres de préférer Dieu. Le Dieu vivant ne peut qu’être le tout de notre vie; nous appartenons totalement et vitalement à Lui, notre liberté comprise. Savoir cela ou l’ignorer, l’accepter ou le refuser, cela ne change rien à l’immense réalité de la foi. Croire c’est accepté, en quelque sorte, et plus ou moins, que l’amour pour Dieu reste pour nous envelopper non dans un défaut de connaissance, mais dans un mystère. […] Dieu n’entrera pas dans ta vie, parce que Dieu est dans ta vie, et faire comme s’il n’y était pas cela ne lui empêchera pas d’y être assurément. Tu ne dois pas craindre de te mettre en face de Lui avec tous ceux que tu aimes et avec ce que tu aimes… Je pense que tu dois rester devant Dieu avec tous les désirs, les plus communs que tu as dans ton coeur et que – penses-y – Lui-même a inventés”. Madeleine Delbrêl, Indivisiile amour, 31-34

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d’impuissance. Comment peut-on libérer la braise cachée sous la cendre de manière à revigorer la flamme de l’amour ? En premier nous devons rechercher cette braise. Où sont les personnes généreuses comme le bon samaritain ? Quelles personnes ont la foi comme le centurion romain ? Quelles person-nes sont enthousiastes comme Jean Baptiste ? Quelles personnes osent la nouveauté comme Paul ? Quelles personnes sont fidèles comme Marie de Magdala? ”. Et si nous femmes consacrées nous nous laissions provoquer au point de décider de “secouer les cendres et raviver le feu”, à partir de gestes concrets et quotidiens qui expriment “notre passion pour le Christ et pour l’huma-nité”? Le vrai défi de la vie consacrée, nous rappelle le recteur Majeur, don Pascual Chàvez Villanueva, en rappelant la réflexion récente sur ce sujet, est substantiellement de “rendre le Christ à la vie religieuse et la vie religieuse au Christ”. (Témoins du Dieu vivant, 106). Un amour passionné : c’est l’horizon, le but du chemin de conversion auquel nous FMA, nous sommes appelées, invitées aussi par les résolutions du CG XXII. Le même don Pascual

insiste aussi sur l’importance de ces certitudes, parce “grâce à elles la personne se libère progressivement du besoin de se mettre au centre de tout et de vouloir posséder l’autre, et de la peur de se donner ; la personne apprend à aimer comme le Christ l’a aimée, avec cet amour qui est maintenant présente dans son cœur et la rend capable de s’oublier et de se donner comme l’a fait son Seigneur”.

A quelles conditions? Il y a des conditions pour vivre ce chemin de conversion. Notre règle de vie nous les précise pour réaliser sereinement et de manière responsable le projet de vie proposé par don Bosco et mère Mazzarello. Fondamentale est la proximité de vie et de relation avec le Seigneur Jésus, présent par sa Parole et son Pain, dans une intense expérience sacramentelle centrée sur l’Eucharistie et sur la Réconciliation, aliment de la vie de foi et d’appartenance à l’Eglise. L’amour pour la Vierge Marie est un soutien indispensable. La prière personnelle et commu-nautaire donne une certaine plénitude à notre

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notre rapport avec le Seigneur, nous permet d’entrer en intimité avec Lui et se prolonge dans la relation avec les sœurs et les frères. En fait du dialogue profond avec Dieu nous apprenons le dialogue avec les autres. La prière se concrétise dans la communion en communauté, pour arriver à être “un seul cœur et une seule âme” dans l’accueil, la bonté, le pardon, la capacité de toujours renouveler la joie de se donner. La prière s’exprime dans la mission avec la force du don total et de l’implication attentive aussi dans l’élaboration de programmes et de pro-cessus pastoraux adéquats. Donner des raisons de vivre et d’espérer. Comment ? Il y a une condition indispensable. Le Recteur Majeur nous la rappelle : être “un signe visible et crédible de la présence et de l’amour de Dieu (mystique); constituer une instance critique vis à vie de tout ce qui porte atteinte à la personne humaine, selon le plan de Dieu (prophétie); être solidaires avec l’humanité, surtout la plus pauvre et besogneuse, victime d’exclusion et mise à l’écart (diaconie)”.

Gteruggicgfma.org

Quel rapport y-a-t-il entre moi et Lui? "Selon vous qui est le Fils de l’homme?". Cette même question nous pouvons aussi nous la poser à nous-mêmes. Et voici que l’Evangile devient pour nous une question pressante et urgente : Qui est pour nous Jésus ? Qui est Jésus en lui-même ? Pour y répondre notre esprit se tourne vers ce que nous avons appris au catéchisme. Oui, nous nous souve-nons que Jésus est le Fils de Dieu fait homme. Mais savons-nous bien ce que cela signifie ? Et alors : si Jésus est Dieu fait homme, la merveille des merveilles, qui est-il pour moi ? Quel rapport y-a-t-il entre moi et Lu i? Est-ce que je dois m’occuper de Lui ? Est-ce que je le rencontre au cours de ma vie ? Est-ce qu’il est lié à mon destin ? Cela ne suffit pas. Nous qui avons ce grand et doux nom à nous redire sans cesse; nous qui sommes fidèles ; Jésus-Christ; savons-nous bien qu’elle est son identité ? Saurions-nous lui dire une parole directe et exacte ; est-ce que nous l’appelons vraiment par son nom : Maître, Berger; est-ce que nous l’invoquons et lui disons : tu es le Sauveur ? Ressentir qu’il nous est nécessaire, et que nous ne pouvons pas nous passer de lui; est-il notre bonheur, notre joie, notre espérance; est-il notre chemin, notre vérité, notre vie? Réussirons-nous à bien parler de lui ?

Des Discours de Paolo VI, 14 mars 1965

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Unis pour le changement global

Susana Li Tong

Notre attention à la culture de la commu-nication, en référence à l'incidence de celle dans le monde des jeunes, nous fait tourner le regard sur les dernières manifestations sociales qui ont eu lieu dans les principales villes du monde.

Il est intéressant d'observer la multiplicité de personnes qui se réunissent, mais surtout la forme, la rapidité et la simultanéité, dont cela se renouvelle. Internet et des Réseaux sociaux, ont stimulé le réveil de notre envie de participer et d'exprimer nos propres idées.

Nous cherchons une forme de démocratie participative, dans laquelle les citadins, parti-culièrement les jeunes, puissent s'associer et s'organiser de façon à avoir une influence directe dans les décisions publiques.

Dans beaucoup de villes d'Amérique Latine, aussi dans une petite Nation, comme le Costa Rica, des mouvements sociaux et des citadins, solides non violents, se sont unis et organisés pour demander et proclamer une réelle démocratie. Ils se font appeler les "Indignés", les "Indignes" .

Le mouvement des Indignés, réunit toutes les personnes qui, à leur âge, ne se sentent pas avec le système politique, qui veulent améliorer les services sociaux, qui désirent faire partie d'un changement positif. Cepen-dant, attention, sous ce nom, parfois se cachent de nombreux groupes avec beau-coup de propositions qui ne coïncident pas toujours avec le bien commun et c'est pour cela qu'il est nécessaire d'aller aux origines de ce phénomène. Les manifestations de protestations pacifi-ques du peuple espagnol, commencées à Madrid le 15 mai 2011, ont donné naissance à ce qu'on connaît aujourd'hui comme le mouvement 15M. Ces manifestations ont

relevé que le problème de la crise économique ne fut pas un problème supporté individuellement mais fut un problème social et que les gens ne sont plus disposés à payer les erreurs des gouvernants et des banques.

Quelques données des 'Université de Castilla Léon, faisaient ressortir que les jeunes sont intéressés par la politique et que, s'ils sont bien motivés, ils participent activement sans cepen-dant s'associer à un parti spécifique.. Elles ont donné aux citadins, à travers des assemblées en place, la possibilité de vivre une expérience politique unique de débats et de participation. Elles ont consolidé les Réseaux Sociaux comme espaces de discussions politiques. Ainsi, ce mouvement a inspiré de nombreuses personnes, en différentes parties du monde, qui avaient les mêmes sentiments .

Un texte qui invite à méditer

Le nom d'"indignes" s'inspire d'un opéra de grande popularité écrite par un diplomate, écri-vain et militant politique français Stéphane Frédéric Hessel. A 95 ans, c'est un des rédac-teurs, encore en vie, de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948. Son livre Indignez-vous est un texte qui invite à manifester contre l'indifférence et en faveur de l'insurrection pacifique, parce que la liberté et les valeurs les plus importantes de l'humanité sont en jeu. De cette façon, des manifestations semblables entre 2010 et 2012 - comme par exemple les protestations en Grèce, la mobilisation des étudiants au Chili, en Colombie, au Mexique ; les manifestations d'Occupy Wall Street à NewYork ; les chômeurs en Chine- expriment l'indignation de nombreuses personnes qui partagent les

mêmes préoccupations.

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Les valeurs d’une société moderne Les propositions concrètes qui s’expliquent dans ces mini-rassemblements font réfé-rence aux valeurs d'une société moderne où doivent exister l'égalité, le progrès, la solida-rité, le libre accès à la culture, le soutien écologique, le développement, le bien-être et le bonheur des personnes.

Cependant, pour éliminer les privilèges de la classe politique, combattre le chômage et les lois sur la mise à la retraite, protester pour le droit au logement, contrôler la gestion des services publics comme ceux des banques et des organismes financiers, la réduction des dépenses militaires, la modification des systèmes électoraux et la tutelle de la liberté de la population sont des éléments communs dans toutes les manifestations

Les valeurs qu’elles promeuvent comme le bien commun, l'organisation civile, le respect du milieu, la non-violence, la participation des jeunes ont donné de l'espérance à ces personnes qui, depuis de nombreuses années, croient que rien ne puisse changer.

Pour ceux qui parfois se sentent seuls dans un monde caractérisé par l'individualisme, le jour est arrivé oùl’on s'est rendu compte que beaucoup de gens "seuls" pensaient de la même façon et que, toutes ensemble, ellesse retrouvaient nombreuses.. Cette conscience globale a été surtout favorisée par la diffusion des messages par les systèmes informatiques et les téléphonies mobiles et plus concrètement par le network social comme Facebook et Twitter. Ces instruments de communications favorisent le rassemblement de nombreux citadins. D’après de nombreux points de vue, celui qui arrive aujourd'hui dans nos rues et villes s'inter-roge sur combien s'intéressent à l'éducation, la communication, la société et la culture. Ce ne serait pas mal de donner un regard aux "Indignés" de notre Pays pour découvrir les manques, les cris, les urgences des hommes d'aujourd'hui. Cela aussi est notre nouveau champ d'évangélisation.

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Le juste poids des mots

Rosaria Elefante

Milles épisodes d’actualité, scénarios inédits, posent des questions profondes, complexes, dont les réponses ne peuvent se traiter simplement par oui ou non et de longues argumentations risquent de faire perdre carrément le fil ou même le sens de l’objectif à atteindre. Ainsi dans le recherche désespérée d’une réponse qui s’oriente “nécessairement” vers un “laisser faire”, on finit par se perdre dans un dédale de nombreuses autres que-stions que la réponse complète et satisfaisante Vous vous retrouvez souvent à lire des nouvelles horribles, filtrées et présentées avec des mots qui ont pris, au fil du temps, de nouvelles significations et pour cela, rien que pour ça, sont admis à la cour de l'hypocrisie. Ainsi, des concepts tels que la dignité, l'intégrité, le respect, piliers intangibles de la civilisation et de l'éthique, ont été complètement modifiés, appauvris de leur valeur réelle, pour laisser place à des interprétations extrêmement subjectives, coupées de leur propre usage, façonnées sur l’onde émotionnelle qui peut ébranler ce soupçon de sensibilité, qui vit toujours dans une société presque complètement endoctrinée.

Souvent, de nombreux principes juridiques, universellement reconnus, qui figurent dans la loi, sont contredits, quand ils ne sont pas carrément dénaturés et soumis aux intérêts économiques ou idéologiques, ou les deux. Justement la mystification des mots est la première étape pour transformer avec désinvolture le «bon» en «mauvais». Ainsi, l'arrogance de la justification à tout prix permet les aberrations les plus absurdes. On éprouve une indignation authentique pour ceux qui abandonne le petit chien le long du chemin, mais dans le même temps, avec une extrême légèreté, on a une grande compréhension pour ceux qui relèguent leurs parents âgés dans un “camp de concentration" autorisé. Est mainte-nant justifié toute action et comportement au nom de l'autodétermination presque toujours effrayant, préférant la liberté à la dignité.

Cela semble être le moment des contor-sionnistes de la pensée.

Un regard laïc Un temps où une déclaration personnelle sur une question particulière devient une vérité absolue, quitte à la catapulter en son contraire si nécessaire, accusant ceux qui nous écoutent de ne pas avoir déjà compris. Ils conseillent aussi d’avorter un fœtus défectueux avec l'hypothèse selon laquelle c’est "seulement" pour son propre bien. Ils soutiennent de mauvaises habitudes sexuelles prétendant, avec arrogance ne pas comprendre, mais carrément la défendent. Aujourd’hui, affronter des questions d’actualité, signifie affronter de toute façon des thèmes brûlants comme souvent en bioéthique. Beaucoup, peut-être trop, parlent de la polyédrique et interdisciplinaire, bien que presque personne ne connaît son contenu complet, et encore moins la terminologie correcte, créant ainsi une confusion dangereuse, mère de malentendus et de solutions incorrectes. Vous allez décrivant une sorte de zone franche dans laquelle personne ne peut dire tout et le contraire de tout. On peut s'aventurer, à son goût et sa motivation, noble ou infime qu’elle soit, sur tous les terrains. Oublier qu'il y a des règles, des limites et des frontières géographiques, certainement pas infranchissables, telles que celles liées à l'être humain dans son essence la plus profonde Un cadre objectif En somme, le regard qui à travers cette rubrique prouverait à dire sur ce qui arrive serait strictement laïc indépendamment de l'idéologie ou de la confession. Strictement juri-dique. Mais certainement pas froid ou distant. Essayer de donner une image objective au

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LVII MENSUEL / MAI-JUIN 2011

problème à traiter, sans avoir à payer à côté des interprétations fascinantes mystifica-trices, en fait, appeler les choses par leur nom et expliquer ce que le droit prévoit en de telles occasions. Il n'y aura pas de réponse, mais certainement seront indiqués des outils pour permettre à chacun d’y consentir un peu plus objectivement et par conséquence la possibilité d’en tirer leurs propres conclusions. Ainsi, il ne sera pas difficile de trouver de l'inspiration dans les nouvelles, en effet. Il suffit de penser au sujet de la fin de vie, à l'euthanasie à l'eugénisme, à la fécondation assistée, aux mariages entre personnes du même sexe, pour ne citer que quelques-uns des thèmes éthiquement "sensibles" qui aujourd’hui remplissent les pages des journaux et des écrans de télévision. Les enfants qui, même avant la naissance, se trouvent avoir quatre ou même cinq parents.

C'est le cas de la fécondation hétérologue avec location de l'utérus. Il est permis, outre que possible, de ne pas alimenter et nourrir un grave handicapé pour préserver sa dignité. Ce sont quelques exemples simples, mais symboliques. C'est pour cette raison encore -au moins- d'être conscient des scénarios possibles et aussi de ceux qui sont plus ou moins probables. Pour affirmer la nécessité indispensable de définir des limites au-delà desquelles on ne doit jamais être capable d'aller. Frontières, en réalité, déjà largement et écrites sans équivoque dans l'essence de l'Homme en tant que tel. * Avocata Biogiurista, Présidente de l’Association Nationale Italienne Biogiuristi [email protected]

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A 50 ans de Pacem in Terris….

Martha Seide et Julia Arciniegas,

Cette rubrique a été inspirée par la célébration, cette année, du 50e anniversaire de l'encyclique Pacem in Terris (PT) et la Constitution Pastorale Gaudium et Spes (GS). Nous avons l'intention de mettre l'accent sur quelques-unes des raisons pour lesquelles les conflits persistent dans le monde et de proposer des lignes directrices pour un engagement quotidien de conversion à la paix.

Quel est le scénario actuel?

La nécessité de la paix dans le monde, ressentie par Jean XXIII, semble encore, non seulement actuelle, mais urgent. Nous vivons dans un scénario contradictoire, de la violen-ce et des conflits, en dépit de l'engagement constant de nombreuses associations, organismes, personnes, en faveur de la paix. Alors qu’est croissante la conscience collec-tive contre la guerre, s’affirme aussi une politique qui la considère comme un instru-ment quasi normal pour la solution des conflits entre les peuples (cf. La Revue de Théologie Morale de 2012, n. 174, p. 185-186). Ban Ki-moon, en effet, dans un récent Forum sur la Culture de la Paix, commente avec consternation que le monde dépense chaque jour sur les armes presque le double de ce que l'ONU consacre à une année de travail pour la paix, les droits de l'homme et le développement. Est-il possible de construire la paix ?

Il me semble très significatif que le GS, dans sa dernière partie propose la promotion de la paix et de la communauté des peuples comme une priorité pour les chrétiens et tous

les hommes de bonne volonté (cf. n° 77-90). Le dernier document du Concile Vatican II confirme de cette manière, les intuitions prophétiques de Jean XXIII qui était en absolu désaccord avec ceux qui pensaient la paix impossible. Dans son article magna, PT ne s'est pas contenté d'exposer des déclarations de principe, mais a ouvert des routes pour des objectifs très concrets. Après avoir expliqué que la paix implique la reconnaissance de la dignité de toute personne humaine et de ses droits, il stipule que la société doit adapter ses structures à de telles présuppositions. Une coexistence har-monieuse, ordonnée et féconde est fondée sur la vérité, elle doit être mis en œuvre selon la justice ; elle demande à être vivifiée et intégrée par l'amour ; elle exige de rassembler dans la liberté et un équilibre toujours nou-veau et plus humain (voir PT, 20).

Quatre piliers fondamentaux Jean XXIII identifie les conditions essentielles pour la paix en quatre exigences de l'âme humaine, considérées comme le fondement de la communauté des peuples et le début d'une révolution spirituelle.

■ La vérité Le respect de la vérité dans les paroles et dans les faits est la condition nécessaire pour la paix, parce qu’elle dérive de l'entente et de l'union entre les personnes et les groupes humains. Vivre dans la vérité exige une formation solide et un engagement correspondant de la part de tous, car cela n'est pas due à des opinions, mais mérite d’être est encouragé dans tous les secteurs et prévaudra sur toute tentative de relativiser ses exigences ou les assombrir (cf. Dictionnaire de DSC, p. 804 -805).

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■ La justice

La Justice édifiera la paix, si chacun concrètement respecte les droits des autres et s’efforce de remplir pleinement ses propres devoirs envers les autres. Aujourd'hui, la croissante mondialisation a donné lieu à un essor à la valeur sociale de la justice et à son caractère structurel, ce qui nécessite des solutions globales au niveau social, politique et économique. Dans la vie sociale, la justice est intimement liée à la charité: les deux sont essentiels pour assurer le bien commun et le développement intégral des personnes. L'éducation pour la justice est désormais une tâche de première nécessité parce que sur la base de cette valeur évangélique il peut être possible de construire la paix

L’amour La vie sociale devient plus humaine quand

l'amour est présent ainsi que les relations entre les gens. L'amour réciproque en effet, est l'outil le plus puissant pour le changement et s’exprime dans la solidarité, principe de base de l’organisation sociale et politique et que l’on appelle la «civilisation de l'amour» (cf. Centesimus Annus, 10).

L’amour sera ferment de paix, si les personnes sentent les besoins des autres comme leurs propres besoins et partagent avec les autres ce qu'elles ont, à commencer par les valeurs de l'esprit. L'amour social est aux antipodes de l'égoïsme et de l'individualisme (cf. Gaudium et Spes, 38).

La liberté

La liberté construira la paix et la fera prospérer si, dans le choix des moyens pour la rejoindre, les individus agissent selon la raison et assument la responsabilité de leurs propres actions. L’authentique liberté rejette tout ce qui contraste avec la pleine vérité humaine et se manifeste dans la capacité de disposer d’une foi authen-tique en vue du bien commun universel (cf. PT, n. 69). Après un demi-siècle, les propositions du Magistère social de l'Eglise deviennent pour nous, FMA et communautés éducatives, un défi qui nous conduit à réaffirmer la validité de l'éducation dans le style du Système préventif. C’est seulement dans cette voie que nous pourrons être des artisans de paix.

[email protected] [email protected]

Comment notre communauté exprime l‘engagement pour la paix ?

La plus belle réponse que nous puissions donner est l’expérience de notre vie quotidienne. La paix est pour nous un don de Dieu et un devoir de croyant. Pour cette raison, la paix nous engage à vivre, en harmonie, les relations interpersonnelles, d’acquérir les compétences de dialogue, de pardon, de réconciliation, et ainsi de réussir à résoudre les éventuels conflits. C’est justement au cœur du quotidien que nous devons revêtir de paix les autres valeurs : respect, solidarité, responsabilité… En outre, dans le décalogue des valeurs de la communauté éducative, la paix est un moyen privilégié. Le bonjour, la catéchèse, le dialogue personnel et de groupe, la célébration des sacrements, et surtout le témoignage des éducateurs, sont la façon habituelle d’éduquer et d’enseigner la paix. Se crée ainsi une ambiance, un environnement où se valorise et se savoure la paix, de telle façon que chaque personne, non seulement assume cette valeur, mais s’engage pour éradiquer la violence dans les relations ordinaires, pour rejeter toute attaque contre les personnes et les peuples et pour construire la paix dans notre pays actuellement frappé par une vague de violence

(Sr Maria del Pilar Miranda. Institut de Valle Arizpe Saltillo, Mexique)

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Le pardon

Giuseppina Fortuna

Le pardon construit les ponts les plus longs du monde, il peut réunir les berges éloignées, franchir les failles les plus profondes, mettre en contact des personnes et des lieux jusque là seuls et donc isolés. Vous êtes stressés ? Frustrés par un présent toujours plus fragile et incertain ? Découragés par un futur “sans jambes ni yeux” ? Fâchés envers tous : collègues, supérieurs, sœurs, amis, politiques ? Pardonnez !! Oui, cela semble paradoxal dans un moment historique comme celui que nous vivons, je vous assure qu’un bon remède pour préserver la santé physique et mentale c’est le pardon. Cette affirmation paraît dans le meilleur des cas hors de propos, même un peu hasardeuse sans doute, mais je vous le répète, il faut pardonner. Par pardon, on entend un acte d’humanité et de générosité qui amène à l’annulation de tout désir de vengeance, de revanche, de punition. Par extension, il a valeur d’indulgence pour les faiblesses ou les difficultés d’autrui, voire de bienveillance (dictionnaire Devoto Oli). Donc, le pardon n’est rien d’autre qu’un geste qui mène à la réconciliation même si tous ne le pratiquent pas. Parfois cependant, on se refuse à pardonner parce que l’on garde au fond de soi même les œillères du préjugé qui associe le pardon à la fragilité et à la faiblesse. Ainsi donc, dans un monde où il faut toujours être sur la défensive et où la valeur de la confiance s’affaiblit progressivement, il faut garder bien en tête les torts subis afin que la colère et la rancune servent de bouclier contre l’autre. On pense qu’il ne faut pas baisser sa garde ni ses défenses parce qu’on se verrait immanquablement en proie aux coups. Donc, pas question de pardon en aucun cas,

parce que dans ce schéma, pardon signifierait imprudence. Le pardon par conséquent reste un geste inutile pour notre survie et il est seulement le fait des idiots et des cœurs purs. De telles idées n’ont d’autre résultat que rendre le pardon toujours plus lointain, moins concret et moins praticable, sans compter qu’on le dépouille de sa valeur profonde : le pardon est un puissant moyen de libération.

Le remède du pardon contre la colère, la haine ou le stress Le pardon, au moment où l’on réalise que l’on a subi un tort, est un bouclier qui fournit une protection respectant les composants négatifs qui enveloppent la personne à plusieurs niveaux : émotif, intellectuel, affectif, relationnel, physique. Mais nous ne sommes pas toujours en mesure de savoir ni de vouloir pardonner. D’ailleurs, le pardon est un choix, comme ne pas pardonner. Et comment choisir ? On cherche d’habitude l’option la plus avantageuse. Mais est-t-il plus convenable de pardonner ou de ne pas pardonner ? Nous pouvons affirmer avec certitude que celui qui ne pardonne pas vit dans un état d’esprit et avec des sentiments qui le mènent progressivement à l’isolement social. Il reste rivé au passé, se condamnant à un présent fait de ressassements, de souvenirs disparus, de sentiments négatifs, qui le portent à revivre l’épisode qui l’a marqué, telle une spirale sans fin. Chaque mot, chaque geste rappelant cet épisode se cristallise dans son esprit de manière lancinante, tandis que cette personne vit hors du temps et fuit la réalité avec l’impression que l’épreuve subie a été vécue peu de minutes auparavant alors même que des mois, voire des années, se sont écoulés depuis. .

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La personne qui refuse de pardonner reste

donc comme bloquée dans un film où se

tourne incessamment la même scène, ce

qui conduit à une forme de pensée obses-

sionnelle. Une pensée qui ne reste pas

ancrée aux faits et à la personne incriminée

mais qui s’étend aux autres comme une

tache d’huile. Ainsi tous en arrivent à être

perçus d’une manière floue, comme à travers le

prisme déformant de l’absence de pardon et

celui qui ne réussit pas à pardonner se croit

entouré d’êtres négatifs en lesquels il n’est

pas certes opportun de placer sa confiance.

Par contre celui qui choisit la voie du pardon met fin au cycle de la haine et aborde un nouveau style de relation.

Pardonner par conséquent est bon pour la santé et source de bien être physique : car cela réduit le risque de somatisation dû au stress et à la colère ; c’est aussi une source de bien être psychologique parce que pardonner libère l’esprit de pensées noires et de projets de vengeance ; c’est enfin une source de bienfaits sur le plan des relations, parce que pardonner rapproche la personne de l’autre par le fait d’une sincérité et d’une reconnaissance réciproques, sans ambiguïté

Le pardon comme moyen d’entrer en relation Parfois nous pensons “comment puis je parvenir à pardonner ce qui m’a été infligé ?” Mais l’objet de notre pardon n’est pas lié à l’esprit du tort que l’on a subi, mais à la personne qui a manifesté un comportement ne correspondant pas à la relation de confiance qui existait jusque là. Le pardon survient donc entre deux sujets qui sont “en relation” et permet une restructuration de fond qui embrasse les trois ensembles : le soi individuel, la perception de l’autre et les conditions de la relation elle-même. Le pardon par conséquent revêt un caractère de changement profond et de redécouverte de certains aspects latents de soi et de l’autre et des limites de la relation affective.

Worthington (2006) distingue à ce sujet deux types de pardon : le pardon de la décision, le pardon de l’émotion. Le premier se traduit par la volonté de se comparer à l’offenseur comme si le tort subi n’avait jamais eu lieu, malgré encore quelques blessures affectives présentes en soi, des ressassements fondés sur un reste de colère, des pensées de revanche et de vindicte. Le pardon de l’émotion, par contre, suppose un changement à un niveau très profond, là où les émotions négatives perçues à l’endroit de l’offenseur sont remplacées par des sentiments d’amour et de réconciliation. Le pardon de l’émotion par conséquent, assume une fonction de transformation sur le plan intérieur, dans la mesure où il imprime un mouvement libérateur sur le plan intellectuel et affectif, parce qu’il permet d’accepter pour soi comme pour l’autre la possibilité de commettre des erreurs.

Se pardonner La colère et la rancœur sont des émotions qui ne naissent pas toujours du fait d’éléments extérieurs, lesquels peuvent aussi être provoqués de l’intérieur. Parfois, comme des petits soldats en guerre, les sentiments et les pensées que nous vivons face à nous mêmes peuvent gâcher, même supprimer toute sensation de bien-être. Qui n’a jamais pensé qu’il n’était pas capable d’accomplir telle tâche, qu’il n’était pas aussi intelligent que son ami, qu’il n’est pas parvenu à atteindre un objectif ? Ces pensées nous sont à tous habituelles, elles peuvent se présenter dans le quotidien professionnel, social, communautaire et familial qui est le fondement de notre vie, mais si ces sentiments se font pressants, excessifs et s’ils augmentent en force jour après jour, pénalisant chaque aspect de notre existence, alors nous nous trouvons face à des conditions qui entrainent un déséquilibre. En ce cas, la personne combat chaque jour, confrontée à une autocritique implacable qui devient un instrument de torture personnelle et favorise les états dépressifs et/ou la montée de comportements autodestructeurs.

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L’insatisfaction dans ce type de confrontation un ressentiment, un désamour envers elle-même où la personne se trouve, avec son apparence propre, sa manière personnelle d’être, sa propre vie, les choix retenus, ne fait qu’engendrer une frustration, une colère, Nous réussirons à vivre sereinement en compagnie de nous mêmes seulement quand nous nous accepterons avec tous les désirs et les défauts qui deviennent les caractères distincts de notre personnalité. Nous réussirons à dépasser la sous-estimation et la non affection seulement quand nous accepterons de ne pas être parfaits ; nous mettrons fin à l’envie d’être mieux que l’autre, nous éliminerons la volonté d’être appréciés pour ce que nous réussissons à obtenir, et non pas pour ce que nous sommes. Commettre des erreurs est seulement un symptôme d’humanité !!! Il s’ensuit que le premier pas pour se pardonner à soi-même, est lié à la prise de conscience de nos propres forces et de nos limites, lesquelles ne doivent pas faire l’objet d’un jugement ni d’une auto évaluation négative, mais bien devenir des éléments de départ pour entreprendre un chemin de croissance personnelle. Le pardon à soi-même doit comprendre l’acceptation des représentations de soi, bonnes et mauvaises, de la même manière que pardonner aux autres, cela comprend l’acceptation des bonnes et mauvaises représentations des autres. (Gartener, 1992).

Les règles d’or du pardon

Pardonner est un choix conscient et ne peut être imposé Le pardon ne peut être réduit à une obligation morale. La vision du pardon comme un acte imposé lui fait perdre son caractère intrinsèque de liberté. Le pardon authentique est gratuit et spontané.

Pardonner ne signifie pas oublier le tort subi, mais accepter que l’autre puisse se tromper. Le pardon, ce n’est pas s’incliner devant un ennemi et se soumettre à ses volontés, mais avoir conscience que l’autre, comme être humain, est capable de faire des choix erronés qui soient source de souffrance pour autrui. Pardonner, ce n’est pas un simple acte isolé ni aléatoire, mais un chemin vers la liberté. Le pardon ne peut être le fait d’un comportement occasionnel et immédiat, mais il vient bien plutôt d’un mouvement intérieur qui engage la personne à plusieurs niveaux : intellectuel, émotif, affectif et relationnel. Ce processus implique que l’on observe un temps personnel de réflexion qui prédispose au choix du pardon. Souvent le pardon survient de manière impulsive, il suggère l’absence d’une véritable transformation sur le plan émotif et c’est en ce cas un signe d’inau-thenticité. Pardonner, ce n’est pas un acte de faiblesse, mais plutôt la victoire d’une force et d’une vitalité. Le pardon authentique ne doit pas être jugé comme une absence de dignité, comme un comportement passif face à l’autre et comme un repliement sur soi. C’est au contraire le choix le plus important que nous puissions imaginer sur le plan de l’amour envers nous-mêmes. Là où il n’y a pas de pardon, la colère, la rancœur et la haine nous perdent et grandissent, car elles prennent possession de l’esprit et de l’âme des humains, et les privent d’équilibre, de sérénité et d’amour. Pardonner, c’est la voie à suivre !

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Les vertus :

un retour au passé ?

Mara Borsi

Les articles de cette rubrique veulent présenter un thème que certains chercheurs contemporains, croyants ou non croyants proposent d’étudier à nouveau, ce qui apparaît comme une nécessité dans le contexte actuel bien difficile. Développement technologique et scepticisme à l’égard de la nature humaine orientent la recherche de nouveaux styles de vie et d’une éthique sociale partagée. En ce moment, des revues, livres et études proposent de revenir et réfléchir sur les vertus, après un long temps de silence.

Un retour qui est pour beaucoup synonyme de sortie de l’actuelle crise de civilisation. En fait, la vie des personnes ne trouve pas seulement son sens dans les connaissances et les compétences.

Les fruits du modèle libéral présent ont envahi le domaine privé et s’incarnent dans des comportements sociaux et institutionnels géné-raux que nous avons devant nos yeux, partout où nous nous trouvons et travaillons.

Tant de personnes sont responsables de gaspillage et de désordre public. L’incurie et l’indifférence deviennent, dans de nombreux cas, la particularité de tout un chacun. L’identité .

Les vertus en pratique :

La force (d’âme)

A chaque geste, même celui qui peut paraître le plus insignifiant, mais qui exige quand même un effort, est confié l’exercice de la force d’âme, qui grandit justement grâce à l’engagement de chaque jour. Au mois de juillet 2012 j’ai vécu une expérience de volontariat avec des jeunes du MSJ Italien dans une région de l’ Emilia Romagna touchée par le tremblement de terre (précisément à Morelli et Crevalcore). Cela a été un moment important et significatif pour moi car j’ai pu partagé la vie de nombreuses personnes d’âges différents qui à cause du tremblement de terre ont souffert de grandes pertes matérielles et humaines. Eglises, écoles, édifices publics, usines, maisons en majorité détruites ou en mauvais état. En vivant avec ces personnes jour après jour, je me suis rendue compte de leur capacité d’affronter avec force et confiance, malgré tout, cette dure épreuve de la vie. Une nouvelle fois je me suis rendue compte que dans cette expérience de proximité avec ceux qui souffrent le plus important c’est bien plus ce qu’on reçoit que ce que l’on donne. J’ai été très touchée de voir combien ces personnes autant affectées par le malheur ont été capables de rester fortes et solides dans leur confiance et espérance en Dieu. J’ai entendu beaucoup d’entre eux dire : “Dieu a permis cette épreuve parce qu’Il est en train de nous demander de vivre avec plus de vérité l’unité et la solidarité”.J’ai vu concrète-

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ne s’affirme plus à travers l’humanité, la culture, la capacité d’écoute et l’aide aux personnes les plus fragiles et en difficulté, mais à travers

Chacun reste dans son petit monde privé et finit par se désintéresser de ce qui l’entoure et qui ne le concerne pas directement.

Et alors les grandes questions, les grands problèmes qui affligent l’humanité : la faim, la pauvreté, la douleur, la souffrance deviennent insignifiants l’exercice d’un pouvoir donné par la fonction ou la richesse. Cependant au milieu de cette dégradation apparemment général apparaissent de nouveaux signes, qui petit à petit prennent une grande place et sont intéressants du fait d’une recherche différente de sens et ceci au niveau des plus jeunes générations. Les vertus ne peuvent pas s’enseigner, mais il est possible dans la réalité quotidienne de partir d’elles pour éduquer. Elles peuvent jouer un rôle important dans la société en suscitant des comportements et styles de vie nouveaux et exemplaires.

[email protected]

La force et le courage La force est le courage de rechercher ce qui est bien pour soi et pour les autres et de l’accomplir malgré tout. C’est le courage de résister à ce que tout le monde fait, aux modes, aux sondages, à la majorité. La force est la capacité de lutter, même seul, pour le bien de tous, même de ceux qui t’abandonnent ou te laisse seul.

Tonino Lasconi

ment à travers cette expérience, la foi en Dieu de tant de personnes et par conséquent la disponibilité sincère à faire sa volonté. Au fil des jours et des semaines, petit à petit les gens autour de moi ont retrouvé la joie de vivre. La source de cette joie : la certitude que Dieu est le trésor de la vie, il donne la force dans toutes les circonstances, même les plus difficiles. J’ai vu vivre concrètement l’attitude de Job : “Le Seigneur a donné, le Seigneur a enlevé, béni soit le nom du Seigneur”. Cette expérience m’a beaucoup parlé. A travers elle, j’ai reconnu la voix du Seigneur qui m’invitait à grandir dans la confiance, à m’abandonner entre ses mains, avec l’assurance qu’Il est la source de cette force qui permet d’affronter les épreuves de la vie.

Expérience de sœur Estéfana María

Serrano Cruz Mexique

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Un modèle pastorale

pour évangéliser Mara Borsi

A notre époque de crise, de difficultés pour communiquer notre foi aux jeunes générations, nous nous sentons facilement inadaptés, incertrains. Plusieurs se demandent si nous avons un modèle de pastoral adapté à notre époque ?

Nous sommes nombreux ajourd’hui à recon-naître qu’en ce moment on doit donner la priorité à la formation des éducateurs. Un tel choix est la clef qui permet d’affronter la culture actuelle complexe, fragmentée et en perpé-tuelle évolution. Les adultes sont concernés en tant que communauté, surtout comme des éducateurs présents pour aider les jeunes à marcher vers la maturité hmaine et chrétienne, et à discerner leur vocation personnelle à partir de ce qui fait leur vie quotidienne. Les lignes d’orientation présentent la pasto-rale des jeunes comme la manière de réaliser la mission éducative de l’Institut dans le style propre aux FMA : tout faire pour la croissance intégrale de la personne.

C’est une praxis qui fait se rejoindre action éducative et action évangélisatrice parce que le Christ est le point de référence pour la construction d’une personnalité, pour le dis-cernement des valeurs humaines et cultu-relles du milieu. Elle rejoint les jeunes générations là où elles sont et met en œuvre une pastorale de la présence en y intéressant les jeunes eux-mêmes. Ce modèle est proposé à tous les membres de la communauté éducative : jeunes, laïcs, éducateurs, parents, communauté FMA (Cf secteur de la Pastrorale des jeunes. La Pasto- rale de la jeunesse des FMA : un modèle

pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance selon les Lignes d’Orientation de la mission éducative, Rome, 18.07.2011))

Une Pastorale inculturée

Pour les FMA, la pastorale des jeunes est une praxis inculturée, ayant au fond le con-texte multiculturel et mutireligieux et propo-sant une présence éducative dans tous les milieux par une lecture critique du monde des jeunes.

L’objectif est de conduire à la rencontre de Jésus afin que les jeunes, filles et garçons, murissent progressivement dans leur foi en Dieu : Père, Fils et Esprit Saint.

Le fondement théologique et pastoral, c’est d’abord l’Incarnation du Christ en lien avec la théologie trinitaire. La pastorale des jeunes a une logique éducative et préventive qui rend actuel le système préventif, selon quatre axes pédagogiques : culture, évangélisation, société et communication. Au centre, il y a la per-sonne qui grandit, pour qu’elle ait la vie en abondance et qu’elle mûrisse selon toutes ses dimensions. C’est pourquoi, elle envisage une formation intégrale.

Le primat de l’évangélisation

Les lignes d’orientation réaffirment le primat de la dimension d’évangélisation. Un choix déjà mis en oeuvre depuis le Projet de Pastorale Unitaire des Jeunes (1985). Un tel choix fait annoncer plus explicitement le Christ, sans pour cela laisser le dialogue avec les autres religions, il fait accompagnenr les

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nouvelles générations sur le chemin de la Foi ; il conduit à faire des expériences qui amènent à un style de vie évangélique, à trouver des critères, pour interprêter le vécu et permettre de grandir dans l’amour et le don de soi-même, par l’inté-riorité et la prière, par la célébration de la Parole et des Sacrements, en faisant l’expérience du mystère pascal, avec Marie comme éducatrice et compagne de voyage. La présentation de Jésus comme acteur de relations authentiques est la clef de l’actuelle pastorale. Elle la rend pertinente pour la situation socioculturelle où nous nous trouvons. L’humanité de Jésus est le point de référence pour toute relation entre des personnes. En Lui, en effet, resplendissent des relatons riches d’intériorité, de réciprocité, de proximité qui puisent à la source de sa filiation divine.

Une organisation ouverte sur l’avenir.

C’est une pastorale d’ensemble, vocationnelle et missionnaire qui exige l’élaboration d’tinéraires éducatifs visant à former, chez les jeunes, des dispositions pour choisir, pour agir selon la logique de l’évangile. Elle s’appuie sur l’expérience du,

vécu quotidien, notre lieu de rencontre avec Dieu, le groupe où s’expérimente l’appel à la relation et au travail en commun, et la qualité de la méthode. Le sujet de la pastorale des jeunes, pour les FMA, c’est la communauté éducative avec un noyau animateussr responsables de l’annonce explicite de Jésus qui doit garantir l’identité chrétienne et salésienne du milieu éducatif.

La pastorale est, par essence, commu-nautaire et expression de la mission ecclé-siale. La communauté éducative exprime la réalité de l’Eglise communion et incarne la pédagogie Slalésienne de la joie dont la source est le renconre avec Jésus.

La pastorale des jeunes se vit acec une mentalité de projet qui oriente la route l’Institut avec 5 stratégies : se former et travailler ensemble laÏcs et religieuses ; prendre soin de l’accompagnement des jeunes, animer le Mouvement Salésien des Jeunes, le volontariat et s’engager durablement pour la coordination en vue de la communion.

La Pastorale des jeunes des FMA se vit dans beaucoup de milieux et d’œuvres innovantes, s’inspirant des critères du système préventir : confiance dans les jeunes, option préférentielle pour les plus pauvres, pour les jeunes, pour les jeunes en recherche de vocation, pour les jeunes femmes , pour l’esprit de famille, la passion de l’éducation, la valeur éducative du groupe, le réalisme des parcrurs méthodo-logiques, l’ouverture au contexte ecclésial et social.

Un défi demeure, celui d’assimilier davan-tage et de traduire en action ce modèle pastoral. C'est-à-dire qu’il faut trouver une stratégie de formation pour permettre aux nouvelles générations d’éducateur qui se succèdent, de ne pas perdre le fil de l’histoire et de l’expérience pour pouvoir proposer de façon adaptée du nouveau susceptible de s’insérer dans la continuité. [email protected]

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 32

A l’origine du Mouvement Salésien des Jeunes

Cecilia Poblete

Un Mouvement de jeunesse pour des jeunes qui vivent et mettent en pratique le Charisme salésienne. Leur voix, leurs récits, leurs expériences de vie seront rassemblés sous ce titre qui en montrera le caractère international. C’est dans les années 70, par un don de l’esprit et en réponse à des besoins qui surgissent dans le contexte socioculturel chilien qu’apparaît la nécessité d’un service de Pastorale des enfants et des jeunes les plus pauvres de la ville de Santiago. Les Filles de Marie Auxiliatrice et les Salé-siens de Don Bosco, pressés par la passion du Da mihi animas vont réaliser alors la première colonie de vacances “Villa Féliz”. Une expérience, commune aux FMA et aux SDB, qui avait comme protagoniste les élèves des écoles de Santiago qui se rendaient disponibles pour aider et servir les enfants et les jeunes de Macul. C’était la première graine plantée qui, ensuite, est devenue un grand arbre étendant ses branches dans tout le pays et qui a permis de mettre en route l’expérience d’animation par de jeunes laïcs.

Le 6 avril 1974 est une date dont on se souvient avec reconnaissance. Ce jour-là a commencé le Mouvement Salésien des Jeunes (MSJ). Pendant la Messe, 470 jeunes de l’école secondaire (de 15 à 18 ans) ont pris l’engagement de vivre leur jeunesse comme une vocation selon l’esprit de la jeunesse salésienne

En 1988, le MSJ est devenu une source d’ins-piration au niveau mondial. La petite pousse a grandi bien au-delà des frontières du Chili.

Voici maintenant le témoignage de deux jeunes chiliens qui ont eu un rôle dans cette histoire.

Valentina De la Fuente Quand on est petit et que l’on est inscrit dans une école des Filles de Marie Auxiliatrice, on pense que c’est seulement une école reli-gieuse, un endroit fermé où l’on prie toute la journée. C’est ce que je pensais puis, en grandissant, je me suis aperçue que je n’étais pas seulement dans un collège, mais un lieu où l’on vivait la joie et le service, un lieu où l’on sentait fortement la présence d’une spiritualité : ce qui changeait tout.

A 14 ans, j’ai fait partie de la Jusam (Jeunesse Salésienne Missionnaire), une association rattachée au MSJ. Ce qui me plaisait c’était de voir des animateurs, toujours joyeux, vivre ce que Don Bosco disait à Dominique Savio : “Pour nous, la sainteté c’est d’être toujours joyeux”. Participer activement à la Pastorale au collège m’a permis de faire de l’adolescence une attente joyeuse. J’ai pu me connaître, apprendre à connaitre les autres et à respecter les différences. J’ai découvert d’autres réalités, bien diverses de la mienne et à aider, à la ma-nière salésienne, ceux qui en avaient besoin.

J’ai appris à m’aimer telle que j’étais, en me rendant compte du bien que Dieu faisait par moi et en moi. C’est ainsi que, par la suite, je suis devenue animatrice d’une communauté et je peux donc transmettre ce que j’a appris à d’autres jeunes. Il est difficile d’expliquer toute cette vie en quelques mots, mais les expé-riences vécues dans le mouvement, les promenades, les retraites les colonies ont été des temps de joie, de bonheur, .

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ANNEE LX ■ JANVIER FEVRIER 2013

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Pour moi, le sens du MSJ est clair : on est toujours en mouvement, en dynamique, attentif aux besoins des autres, on est jeunes, pas seulement d’âge, mais si l’on garde le cœur joyeux, si l’on, vit à fond la spiritualité salésienne, la marque que Don Bosco et Mère Mazzarello on laissée en chacun de nous .

Je crois qu’avoir participé au MSJ a été la meilleure expérience que j’ai vécue. C’est ce qui accompagnera ma vie et m’aidera à être, dans la société, une bonne chrétienne, une citoyenne valable

Ximena Alarcon Galaz C’est à travers le Mouvement Salésien des Jeunes que j’ai pu m’approcher du Seigneur. Je m’en souviens : quand j’ai commencé à y participer, j’ai pris la résolution de vivre selon l’esprit des Béatitudes qui donne sens à tout l’Evangile. En progressant dans le Service des autres, j’ai

pris le slogan “être sel de la terre et lumière du monde”. Ce n’est pas toujours facile parce qu’être témoin de Jésus c’est souvent une mission difficile.

Pendant toute cette période de croissance, le service du prochain a pris une place importante et a été un grand défi. C’est dans cette activité que j’ai découvert le Seigneur présent dans les enfants et les jeunes.*

Faire partie du Mouvement Salésien des Jeunes marque fortement notre, influence notre façon de comprendre le monde et d’y vivre. Faire partie du Mouvement c’est aussi s’identifier à Marie Auxiliatrice, la sentir vivante et présente dans son histoire, dans sa famille Aujourd’hui, dans mon travail, j’applique les valeurs salésiennes que j’ai découvertes, parce que c’est un style de vie qui me permet de rester sel et lumière du monde.

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 34

Interview à Sœur Iracema Schoeps et Sœur Elisa Molinari

Anna Rita Cristaino

Sœur Iracema, 78 ans,

52 ans de profession, travaille depuis 40 ans

dans des communautés de quartier. Elle est

maintenant à Diadema, San Paolo (Brésil).

Sœur Elisa, 35ans, 4 ans de profession,

étudie les Sciences religieuses. Elle vit à

Melzo, Milan (Italie), où elle enseigne la

religion.

Comment êtes vous interpellées par

l’urgence d’annoncer Jésus ?

Sœur Iracema

“Maître où habites-tu ? Voyez et voyez”. Il me

semble important de découvrir Jésus qui vi

dans les pauvres puis, l’ayant trouvé, de

partager leur vie. Jésus continue à s’incarner

dans les situations de souffrance : femmes,

jeunes, victimes du séisme, de l’exploitation,

des formes de violences, de l’inégalité,

d’injustice. Cela nous pousse à aller à la

rencontre de l’autre, comme Jésus, en nous

chargeant de ce qu’il vit, et en nous laissant

toucher, émouvoir et transformer

Sr Elisa

Face aux enfants de 1re année primaire (6ans)

je me dis : Ce serait si beau qu’ils voient

Jésus comme une personne vivante et

présente à leur vie !”Je les invite donc à me

poser des questions. J’aime rencontrer les

élèves, les enseignants, mes collègues

étudiants, des amis, des femmes qui travail-

lent chez nous, pour discerner dans ce qu’ils

Sr Iracema

dans la foi, dans la rencontre quotidienne du Seigneur, par notre entraînement à la prière et par le partage de vie dans l’amour réciproque. Etre coresponsables de l’animation et s’accom-pagner réciproquement. Construire ensemble nos projets de vie en communauté à partir du charisme salésien et de la réalité où nous sommes insérées .Laisser notre maison tou-jours ouverte aux pauvres. Construire avec tous des relations fraternelles, surtout avec les femmes, les jeunes et tous ceux qui sont diffé-rents à cause de leur race, leur culture, leur ethnie, leur credo religieux, etc…

Sr Elisa

“Qu’allez-vous faire à Melzo” : m’ont demandé des amis du MSJ et, avant que je réponde, l’un deux a dit : “Elle y va comme FMA !” Je pense que la meilleure annonce, de nous au gens, consiste simplement en notre présence au milieu d’eux, nous qui chaque jour sommes nourris d’un pain qui donne valeur et signi-fication à notre agir. En ce moment, où ne se référer qu’à soi-même entraîne à la solitude, je crois que nous devrions d’abord nous retrouver comme des sœurs unies dans la corespon-sabilité. qui nous pousse à nous aider, à pourvoir aux besoins des autres, à nous sentir partie vivante et indispensable d’une famille.

disent leurs doutes leurs questions, leur difficile recherche de sens. “Je te connaissais pour avoir entendu parler de toi, mais mainte-nant, je te vois de mes yeux” (Job 42,5). C’est au fond leur désir de dépasser ce que l’on a entendu dire, la rhétorique, les préjugés, pour faire réellement l’expérience de Jésus

Quel chemin prendre en communauté pour témoigner de l’Evangile par notre vie ? Etre à l’écoute de la réalité avec sagesse et

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ANNEE LX ■ JANVIER FEVRIER 2013

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 36

Communication

et identité charismatique

Maria Antonia Chinello et Patricia Bertagnini,

“Faire” pour “dire” une tournure de phrase pour donner un témoignage fort à notre “faire” parce que notre “agir”, “dit” toujours quelque chose. Qu’on le veuille ou non.

Un don qui a de profondes racines «Dans son admirable providence Dieu a donné à don Bosco un cœur grand comme les rivages de la mer et l’a rendu Père et Maître d’une multitude de jeunes. Selon un unique dessein de sa grâce il a suscité la même expérience de charité apostolique chez Sainte Marie Dominique Mazzarello, en la faisant participer d’une manière particulière à la fondation de l’Institut».

L’article 2 de nos Constitutions nous introduit dans le thème, fil conducteur de la rubrique et de l’année de notre revue DMA : la nouvelle évangélisation. Nous avons l’intention de relire notre vocation d’éducatrice par le biais de la communication et de la nouvelle évangéli-sation. Evangélisation et communication peuvent être des moyens pour relire et reparler de l’éducation aujourd’hui, à nos contemporains.

L’éducation est “une affaire de cœur” Cette affirmation marque notre action éducative. L’éducation est “une affaire ” de cœur, Dieu seul en est le patron : le seul travail des éducateurs et des éducatrices est de lui donner un coup de main afin que les jeunes accueillent le Seigneur. Nous

pourrions dire aussi que l’éducation est “une affaire” de communication : dans chaque jeune il y a un point accessible au bien et le parcours pour le découvrir et le faire croître est confié à des paroles et des silences, des gestes et des attentes, des instruments et des savoirs, des traditions et des innovations, des attitudes et des valeurs. Mais pas seulement. Pour don Bosco «le monde est devenu matériel et nous devons faire connaître tout le bien qui se fait». Nous sommes les filles d’un rêveur et d’un communicateur. Don Bosco et Marie Dominique déployèrent dans leur vie deux styles incom-parables de communication : gestes et regards, personne et communauté, guide et équipe, musique et théâtre, orchestre et promenade, cour et église, pays et monde, lettre et impri-merie, outillages et carnets de notes, livres, fil et aiguille, travail et école.

Valdocco et Mornèse ont donné vie à une communauté au “système ouvert”, où les jeunes et les salésiens, les filles et les FMA, se forment et grandissent dans un climat qui est synonyme d’accueil et de participation, de relation et de communication. Ce seront ces mêmes jeunes qui continueront et complète-ront l’action commencée par les fondateurs et qui passeront le témoin de générations en générations aux sœurs et aux frères qui encore aujourd’hui, dans le monde, traduisent, actua-lisent dans les diverses cultures le charisme salésien.

Apprendre le langage des hommes C’est le conseil de Marie Dominique. Nous le trouvons dans ses lettres : apprendre le langage des hommes pour ne pas oublier celui

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ANNEE LVII MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2011

de Dieu. Nous sommes un “réseau de femmes” et des “femmes en réseau” qui sont présentes partout dans le monde, sur tous les continents avec la diversité des langues, des couleurs, des cultures et des traditions, avec ses transformations et ses grandes nouveautés. Dans les différentes phases de son histoire, l’Institut a cherché à former des femmes capables d’intervenir au milieu des contextes socioculturels divers, afin qu’elles puissent interpréter les “signes des temps”, les dyna-miques et les processus présents dans les sociétés et les cultures où les sœurs sont insérées et vivent le charisme salésien, et leur fournir les clés pour affronter le “public” et vivre au milieu des nombreux “publics” avec discernement et courage.

Evangéliser c’est communiquer

L’annonce de l’Evangile est depuis toujours un défi culturel. L’Eglise, née de l’événement communicatif du Fils, le Verbe incarné, habite au milieu des hommes et –par la force de l’Esprit et l’écoute de la Parole du Père– nous invite à témoigner. Le défi est de «dire Dieu» aux hommes et aux femmes selon les normes de la communication de la société humaine liées à l’histoire et à l’époque, normes

contingentes qui ne pénalisent pas la mission de l’Eglise, mais lui offrent de nouvelles occasions d’«atteindre le monde entier». C’est un devoir qui nous implique nous aussi, pas seulement comme membres de l’Eglise mais comme éducatrices des jeunes. Le message final du Synode des Evêques qui vient de se terminer précise que «les changements sociaux et culturels nous appellent à quelque chose de nouveau : à vivre de manière renouvelée notre expérience communautaire de la foi et de l’annonce, au moyen d’une évangélisation “nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes, dans ses expressions” […] pour favoriser une nouvelle rencontre avec le Seigneur, qui seul donne à notre existence la paix et un sens profond ; pour favoriser la redécouverte de la foi, source de grâce qui donne joie et espérance à la vie personnelle, familiale et sociale». Etre éducatrice revient à être communicatrice et évangélisatrice. Il n’y a pas de dichotomie. Si Marie Dominique a averti les sœurs qu’il était important d’éduquer notre regard à voir plus loin que les maisons de Mornèse et ses collines lointaines et après à regarder au-delà de l’océan où sont parties les premières mission-naires, elle a appris à écrire pour raccourcir les distances, alors quel pas devons-nous faire aujourd’hui, comme simple FMA et en commu-nauté, pour discerner les modalités où s’établir dans le monde, pour toucher le cœur des jeunes et l’ouvrir à la force créatrice de Dieu, pour écouter et parler la langue des jeunes d’aujourd’hui? Notre mission est une mission qui ne peut pas ne pas tenir compte des changements des modèles anthropologiques et pédagogiques, des dynamiques qui orientent de nouvelles représentations sociales, de nouvelles identités et relations, de nouvelles recherches de sens et de signification, de nouvelles réponses pour l’aujourd’hui et le futur. C’est une grande peine que de n’avoir plus rien à dire, parce que «le sel a perdu sa saveur et la lampe ne donne plus de lumière». [email protected] [email protected] .

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 38

Les Femmes et la Nouvelle Evangélisation

Bernadette Sangma, Paola Pignatelli

La brise du Synode

Le 28 octobre 2012, tandis qu'à Rome avait

lieu la messe de clôture du Synode sur la

Nouvelle Evangélisation, on a senti le souffle

de l'esprit du Synode dans une petite église à

Nairobi. C’est dans la chapelle Flora des

Sœurs de la Consolata. Au moment de

l'homélie, le Père Jean Marie, qui préside la

messe, veut impliquer les fidèles présents et

invite au moins trois personnes à partager un

moment de leur vie, un moment où ils ont

rencontré de grandes difficultés et ont ressenti

une forte présence de Dieu. En dépit de la

demande réitérée, faite soit aux hommes et

aux femmes, la réponse est venue seulement

de ces dernières.

Les partages sont d’authentiques témoignages

de la façon dont ces femmes ont rencontré et

fait l'expérience de Dieu dans les profondeurs

de leur vie quotidienne et se sont accrochées

à Lui pour trouver courage et force. Leur

histoire est le meilleur sermon, car c’est le

témoignage d’une vie de foi, sans compromis.

Voici deux témoignages.

La vie au-dessus de la richesse (…tout d'abord LA VIE !). Celui de Mary : une femme hautement quali-

fiée dans une entreprise. Récemment encore

elle vivait à Atlanta aux États-Unis. Elle avait

une maison, une voiture... une vie confortable.

Puis vint l'amour d'un médecin riche, elle

semblait avoir touché le summum de la

réussite : le travail, la licence, et un homme

riche dans un pays riche !

Ils ont commencé à se fréquenter. Après

une brève cohabitation, Mary tombe

enceinte et la chance s’arrête là : le petit

ami n'apprécie pas la nouvelle. Mary est

confronté à deux choix inconciliables :

l'avortement ou rester avec lui, poursuivre

sa grossesse ou renoncer à cette relation.

Mary raconte qu'elle est allée dans une

Eglise, elle dit avoir pleuré et crié vers le

Seigneur pour lui demander pourquoi elle

ne pouvait pas tout avoir : maintenir sa

relation, la richesse que l'homme pouvait

lui offrir, et être mère. Elle dit que, hors de

l'église, son cœur était clairement décidé à

garder la créature qu’elle portait en elle.

Dans le même temps, elle préparait un

diplôme d’Administration des Entreprises.

Ses coéquipiers mêmes et leurs camara-

des de classe l'ont poussée à se faire

avorter, sous prétexte qu'il pourrait être

lourd de porter en même temps les études

et la grossesse. Mary, cependant, avait

déjà fait son choix. Elle a terminé ses

études avec d'excellents résultats, en plus,

même en fin de grossesse, elle dit qu'elle a

été embauchée comme directrice d'une

entreprise : fait presque miraculeux,

compte tenu de son accouchement

imminent.

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ANNEE LX ■ JANVIER FEVRIER 2013

Mary est maintenant une "mère célibataire" dans le contexte américain, un rôle fatigant à assumer. Elle a donc décidé de retourner au Kenya, où, avant même d'arriver là-bas, elle a trouvé un emploi dans une banque partenaire de référence. Puis elle parle de sa petite fille (5 ans) souriante et animée, qui est au premier banc de l'église, ce qui confirme le miracle de la vie, qui continue de s'épanouir en elle par son amour profond, courageux et indispensable de mère

Dieu sauve Voici l'expérience de Lucy : pendant son premier mois de travail en tant que secrétaire dans une entreprise, elle reçoit un jour, une lettre avec un chèque de 100.000 shillings qu’elle remet à un collègue en pensant qu’elle lui était destinée. Le lendemain, des policiers arrivent pour lui demander le chèque. Lucy, les accompagne auprès du collègue à qui elle l’avait remis. A sa grande surprise, Celui-ci nie et affirme qu’il n’a jamais reçu le chèque de sa

part. Ce soir-là Lucy quitte le travail bouleversée et affligée. Elle n'est que dans une période d'essai, et ce qui s'est passé, selon toute vraisemblance, va lui faire, perdre son emploi. Elle dit qu'elle a prié Dieu pour recevoir de lui lumière, assistance et réconfort.

Le lendemain, Lucy passe dans tous les bureaux de l’agence demandant aux collègues s‘ils avaient trouvé un chèque, mais en vain. Plus la situation devient grave, plus elle prie Dieu. Un soir, après la prière, elle décide de rencontrer le chef de l’agence pour lui demander de déduire une partie de son salaire tous les mois jusqu’à ce qu’il soit complètement remboursé de l’équivalence du chèque. Le lendemain, à peine entré dans le bureau, elle est entourée de tous ses collègues qui lui disent que le chèque a été retrouvé par la personne à qui elle l’avait remis. Lucy fondit en larmes. Elle sentit que Dieu avait fait la lumière sur son intégrité et sa foi n’a pas été déçue !

Evangélisatrices comme la Samaritaine

Le Synode nous a présenté la Samaritaine, l'icône féminine de laquelle tirer l'inspiration en tant que peuple de Dieu. Un choix paradigma-tique de la façon dont de nombreuses femmes peuvent contribuer à la gestation de la nouvelle évangélisation. En fait, le message final met l'accent sur la famille comme «le lieu naturel de l'évangélisation», et souligne le rôle particulier des femmes. Comme la Samaritaine, nous sommes invitées à nous exposer au soleil à partir de notre histoire, de note fragilité, de marcher à la rencontre surprenante de Jésus qui se révèle, nous purifie, nous transforme et nous envoie.

Avec Mary, Lucy et beaucoup d'autres femmes, soyons sur les routes du monde, comme la Samaritaine pour dire Dieu et engendrer la vie !

[email protected] [email protected]

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Monsieur Lazhar

De Philippe Falardeau,

Canada 2011

“De Rotterdam à Toronto jusq’à Locarno, avec une candidature à l’Oscar du meilleur film étranger, les prix et les récompenses ont déferlé sur “Monsieur Lazhar”, 4è long métrage du Canadien Philippe Falardeau. C’est un véritable joyau éducatif et culturel. “C’est le récit d’une croissance encore difficile., mais d’une grande délicatesse, sans fioritures faciles et bien intention-nées, un film qui émeut et qui frappe”, écrit Mauro Donzelli. Le personnage central est Bachir Lazhar, immigré d’Algérie venu à Montréal, et qui un beau jour se présente au poste d’enseignant remplaçant dans une classe boulervesée par la disparition macabre et subite de la maîtresse. Et ce n’est pas un hasard si –pour obtenir le poste – il se fait littéralement faire des faux papiers : lui aussi doit affronter son propre passé dont tout seul, il ne peut venir à bout. Malgré la différence de culture qui le sépare de ses nouveaux élèves, Bachir apprend à les aimer et à se faire aimer : telle est sa stratégie gagnante. Il pourra transformer l’année scolaire en un moment de travail en commun, touchant et magistral, sur la douleur et sur la perte, en redécouvrant l’importance des relations et de la rencontre, l’école la plus authentique. Un maître de vie, capable de parler au coeur et à la tête

“Bachir Lazhar”, (le titre sous lequel le film a été présenté à Locarno) était très attendu car au Canada la pièce de théâtre d’Evelyne de la Chenelière, dont le film est tiré, a eu un succès considérable. Il était par conséquennt inévitable que d’une manière ou d’une autre, le cinéma s’en empare. Le film s’ouvre sur un évènement imprévisible et bouleversant, le suicide d’une maîtresse d’école élémentaire qui, pendant la récréation, se pend au plafond de sa propre salle de classe.

L’émotion que provoque sa mort boule-verses ses collègues et gues et ses

élèves et traumatise particulièrement les deux seuls enfants qui ont vu de leurs près yeux le cadavre pendu de la femme : il s’agit d’Alice (Sophie Nélisse), une petite fille à l’intelligence brillante et à l’esprit critique aigu et Simon (Emilien Néron), qui s’efforce de réprimer un sentiment très vif de culpabilité sous des dehors détachés. L’arrivée du nouveau maître, un immigré algérien qui vit dans l’attente “secrète” d’un statut de réfugé politique avec derrière lui un passé tragique, permettra aux élèves de trouver en eux le moyen de l’écouter. C’est “un maître de vie” qui, malgré la règlementation stricte de l’école et les doléances de certains parents, offrira aux enfants la possibilité de se libérer et de grandir en exprimant ses propres états d’âme face au drame de la mort : une mort voulue par leur maîtresse elle-même. “Monsieur Lazhar” (le nom ne résonne pas par hasard : dans l’Evangile, Lazare est celui qui sort de la tombe en défiant la mort) décrit exactement ce parcours complexe du travail de deuil et de renaissance grâce à un combat plombé mené face à des enfants de douze ans, qui en aucune manière ne sont préparés à affronter l’injustice et la violence contenues dans un geste comme celui-là. Le scénario, d’un niveau élevé, soutenu par une mise en scène intelligente et agréable parvient pourtant à mêler subtilement l’in-tensité des arguments proposés à un ton courtois et léger : il se développe en un récit simple, tant du point de vue de la construc-tion que de l’esthétique et il va droit au cœur des spectateurs. Les enfants sont fantasti-ques dans la reconstitution d’émotions qu’il leur faut communiquer : du plus petit au plus

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ANNEE LX ■ JANVIER FEVRIER 2013

:

grand des acteurs (ils sont tous canadiens), ils réussissent à interpréter les élèves de l’école d’une manière absolument merveilleuse. Ils sont spontanés et réfléchis, et leurs réactions sont plus adultes que celles des adultes ; ils sont tendres et drôles, ils sont le ressort de cette œuvre riche en émotions, mais aussi en ironie. Et Fellag, le même acteur qui interprète aussi le personnage principal dans la pièce de théâtre, est insurpassable. Il a vécu en partie l’épisode douloureux de Bachir : tandis qu’il était en tournée en Tunisie, la guerre civile a éclaté dans son pays et il ne lui a plus été possible d’y rentrer. Il a la même force, la même dignité dans la dissi-mulation de son propre drame : son visage

est dur et marqué, mais traversé par cette même tendresse dont le récit est envahi. C’est une œuvre pleine d’intensité, qui porte avec intelligence la conscience de sa plus ou moins grande contribution à l’écroulement des murs d’hostilité et des contradictions de la dite civili-sation occidentale. “un film précieux d’une qualité indiscutable et récompensée, qui sait raconter avec clarté le désastre d’une vie “très actuelle” – souligne la presse italienne. Il possède la saveur rare de l’authenticité et il est vraiment capable de trouver le canal juste pour entrer en syntonie avec le spectateur, lui parlant et au cœur et à la tête”.

[email protected]

LE REVE DU FILM

Aider à réfléchir à la complexité que constitue l’ensemble “organique” représenté par l’école et comment l’école aujourd’hui en vient à se retrouver aux prises avec les problèmes de l’immigration et d l’insertion.

“Monsieur Lazhar ne se veut pas édifiant mais plutôt l’illustration d’une morale qui fait école depuis des siècles», écrit la critique. Il semble presque que l’œuvre veuille relancer –à la lettre- la mise en pratique d’une sagesse selon l’esprit salésien. “L’éducation est le fait du cœur”. Toutes les répliques intéressantes proposées à notre réflexion sont exploitées avec naturel et efficacité et si, au début, on peut imaginer qu’il s’agit d’un film sur le deuil, le sujet devient en réalité une réponse à ce que peut représenter l’école d’aujourd’hui. Sur la manière dont l’abus du “politiquement correct” a changer la société, ce qui rend irréalisable un système éducatif basé sur le contact et l’empathie, le film a son rôle tout trouvé. Le cœur du film reste la relation entre les enfants et le maître. Dans le même temps pourtant, l’actualité sociale, comme l’immigration (avec à la clé le risque d’expulsion) et la solitude ordinaire de bien des enfants, s’imposent à la réflexion. “C’est un récit sur la complexité d’une entité organique comme l’école, déclare en fait le metteur en scène, (....) ce qui m’a intéressé, c’est que le travail de deuil se fasse dans le contexte de la rencontre entre un immigrant et nous (...). Je suis heureux de penser que le film peut être une réponse à des questions comme celle-ci : comment intégrer les immigrés. (...) “

L’IDEE DU FILM

Raconter de manière transparente et concrète comment les urgences d’aujourd’hui enseignent que “faire école” signifie également ne jamais renoncer à “aller à l’école”.

En enseignant aux enfants et à lui même que l’on n’échappe pas à la mort, Lazhare leur rend la vie, et à lui même également. Son humanité évoque et repropose un passé pédagogique où l’enseigne-ment est aussi initiation à la vie, c’est à dire transmission d’une passion avant un savoir. Un film où l’étreinte entre le maître et un élève est l’ouverture intérieure et profonde à une entente qui devient échange d’apprentissages réciproques. “une œuvre que l’on ne peut qu’apprécier” selon la Commission NVF. La mise en scène privilégie une tonalité moyenne, avec l’introduction d’épisodes légers, sérieux, ou importants. Comme les difficultés du personnage central, enfui de son pays en proie à l’intégrisme musulman. La confrontation avec l’épisode du suicide -qui suppose une approche délicate sur le plan psychologique- la maîtrise des relations ensei-gnants/adolescents, voire au prix d’une incom-préhension, constituent des moments charnière très forts. Ces moments sont sous-jacents à une narration calme et modérée, plus attentive à explorer les nuances des sentiments qu’à brandir les fureurs de la dénonciation. Un tableau attentif, minutieux, ça et là poétique, pour un film qui, du point de vue pastoral, est recommandé et apte à susciter des débats

POUR FAIRE PENSER

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 42

Antonio Spadaro Cyberthéologie Emilia Di Massimo

Antonio Spadaro, un Jésuite, directeur de la revue “la Cité catholique”, explorateur de la dimension numérique de la vie quotidienne, apporte une contribution essentielle et novatrice par la rédaction de son livre “Théologie en ligne, ou cyberthéologie”, celle-ci étant considérée soit comme l’étude de la spiritualité qui s’exprime “dans” et “à travers” internet, soit comme l’intelligence de la foi à l‘époque du réseau. L’auteur toutefois n’a pas l’intention de rechercher sur le réseau de nouveaux outils d’évangélisation ni d’entreprendre une réflexion sociologique sur la pratique de la religion sur internet. Antonio Spadaro met l’accent sur des points de contact et d’inter-action enrichissants entre le réseau et la Pensée chrétienne. La réflexion théologique et la logique du réseau peuvent converger dans la mesure où la théologie peut aider l’homme du réseau à découvrir de nouvelles voies qui s’ouvrent vers Dieu et l’ère numé-rique peut offrir au christianisme des modes de conduite qui s’ouvrent à la communion et à la transcendance. On en déduit que pour l’auteur, le défi consiste à savoir comment bien vivre à l’époque du réseau, plutôt que bien utiliser celui-ci.

Une recherche et profonde Les principales interrogations auxquelles Antonio Sparado cherche à répondre dans son ouvrage sont les suivantes : “De quelle manière la révolution numérique affecte-t-elle la foi . ne doit-on pas commencer plutôt à réfléchir sur la manière dont le christianisme doit être pensé et formulé au sein de ce nouveau paysage humain ?” Les tentatives de réponse, dûment justifiées par l’auteur,

plongent leurs racines dans la conviction que l’Eglise ne peut pas ne pas être présente là où l’homme montre son aptitude à la connais-sance et son vif besoin de contacts. Sur la base d’un tel principe, l’auteur soutient que la foi, à l’intérieur du réseau, est appelée à s’exprimer pour que le christianisme vive en pleine correspondance naturelle avec les hommes et pas seulement au nom d’une simple volonté de présence. Le livre part de l’expérience même de l’auteur, en contact avec un monde qui, pendant trop de temps, a vu internet uniquement comme un moyen futur de communication au service de l’évangélisation, et se développe comme étant une recherche d’aujourd’hui, recherche sincère et profonde de sens.

Des défits nouveaux Dans cette perspective, Antonio Sparado évalue les conséquences problématiques que cela peut entraîner pour la réflexion théolo-gique, tout en exprimant une certaine per-plexité et une critique constructive, non sans évoquer les remarques du Pape Benoît XVI sur les media jouant sur la conscience des êtres, forgeant leur mentalité et déterminant leur vision des choses. “En tout état de cause, si les nouveaux langages ont un impact sur la façon de penser et de vivre, cela concerne également le monde de la foi, son intelligence et son expression. La Théologie, d’après sa définition classique, c’est l’intelligence de la foi et nous savons bien comment l’intelligence prise dans le sens de savoir, réfléchit et critique, qu’elle n’est pas étrangère à l’évolution culturelle en marche. La culture numérique est un nouveau défi à notre capacité à parler et à écouter un langage symbolique qui évoque la “transcendance”...

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Et l'auteur part à la recherche de ce que tout ceci signifie en ouvrant des pistes de réflexion; quelques exemples à ce propos : Spadaro réfléchit sur le mot "sauver”, qui pour un chrétien a une signification et pour celui qui utilise son ordinateur, une autre. Le résultat est surprenant: "on est sauvé de la condamnation théologique par le pardon, alors que sur le PC "on sauvegarde” pour empêcher l'oubli et l'effacement. Le nouveau contexte dans lequel évolue le mot “sauver” invite à réfléchir sur le fait que pardonner n’est pas effacer”.

Le réseau est devenu le lieu où l’oubli est impossible, le lieu où nos traces restent poten-tiellement ineffaçables. Et que découvre-t-on à propos du mot “convertir” ? Convertir un dossier signifie le modifier sous un autre format pour le rendre compréhensible suivant un autre code et un autre langage : “la conversion est donc une rédemption de l’incommunicabilité”, ce qui aide les théologiens à retrouver la signification originale de la conversion comme “une nouvelle

ouverture à une relation brisée“ pour ”rétablir un contact qui donne du sens”. Un parcours riche d’humanité Le parcours d’Antonio Spadaro se poursuit à travers la vie quotidienne de ceux qui marchent avec les casques de l’I-Pod, en s’isolant là où ils se trouvent pour se connecter à des univers divers et variés. Pour illustrer son propos, l’auteur soutient que : “dans un contexte culturel où la réponse signifiante tend à précéder la demande, il est essentiel d’apprendre à bien formuler les demandes, en considérant que la recherche de Dieu est toujours sémantique (ndt : de l’ordre de la parole) et son sens n’a rien d’abstrait, mais naît et dépend toujours d’un contexte.” On lit en introduction : “si les Chrétiens réflé-chissent sur le réseau, ce n’est pas tant pour apprendre à “bien l’utiliser” que parce qu’ils sont appelés à aider l’humanité à comprendre le sens profond du réseau au sein du projet de Dieu : non comme “un outil à utiliser” mais comme “un milieu à habiter”. Ensuite, l’Eglise et les simples communautés ecclésiales ont le devoir d’accompagner l’homme sur sa route et le réseau fait partie de ce parcours de manière irréversible”. Les thèmes abordés par le livre sont d’une portée considérable. Le texte est à lire pour apprendre en premier lieu ce qu’est le respect selon ce que nous présente l’actualité, que l’on soit ou non catholique. Par ailleurs, la lecture du livre mérite d'être approfondie pour re-donner le goût d’une voie à suivre chargée d’humanité, une voie capable d’ouvrir des pistes mentales et spirituelles qui retiennent l’attention, qui fassent réfléchir et vivre sur le réseau sans perdre la capacité irremplaçable d’établir une relation comme seul le contact réel peut en offrir.

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La Musique est Talent

Mariano Diotto

“La musique est une révélation plus profonde que toute sagesse et que toute philosophie” disait Ludwig van Beethoven et elle fait sans aucun doute fondamentalement partie de la vie de chacun. La musique évoque des moments, des lieux, des sensations et des émotions. Dès que quelqu’un fredonne dans la rue, alors des jeunes fredonnent en silence en remuant les lèvres, avec aux oreilles des écouteurs blancs reliés à un objet léger qui peut contenir 10 000 chansons : c’est le lecteur MP3. La crise de l’industrie du disque a entraîné la naissance d’une nouvelle voie pour devenir célèbre : participer à un Talent show télévisé. En fait, dans les années 90, des professionnels se produisaient, que l’on appelait talent scout et qui faisaient le tour du monde pour découvrir les voix les plus belles à proposer à la maison du disque. Au cours des 15 dernières années on a diffusé dans le monde les directives de la télévision, qui imposent de nouveaux chanteurs et de nouveaux styles de musique. A la fin des années 90, Pop Idol naît en Grande Bretagne, suivi au cours des années, moyennant une adaptation à chaque pays du monde, par Popstars, American idol, The X Factor, Operacion triunfo-Star Academy, Britain’s got talent, Amici, pour arriver au dernier né :The voice. A partir de ces programmes sont nés de véritables phénomènes discographiques comme : Leona Lewis, One direction, Alexandra Burke, Melanie Amaro de The X Factor; Susan Boyle et Paul Potts de Britain’s got talent; Kelly Clarkson, Carrie Underwood, Jordin Sparks, David Cook de American Idol; David Bisbal,

David Bustamante, Rosa Lopez de Operacion triunfo, pour aboutir à trois jeunes ténors italiens désormais stars mondiales, “Il Volo” et découverts dans le programme italien “Ti Lascio una canzone. (ndt “je te laisse une chanson”)

Nouvelles expérimentations musicales Journalistes et critiques contestent ces programmes dans la mesure où ils mettent en lumière les aspects les plus controversés des participants et pas uniquement leurs dons musicaux. Le web est plein des scènes et des larmes des concurrents, des disputes entre juges, des incompréhensions et prises de becs entre les aspirants artistes. Chaque directive imposée tient compte de ces aspects pour obtenir une audition télévisée parce que le public y constitue une référence.

Qu’est-ce que les TALENTS SHOW ? Les talents shows naissent vers la fin des années 90 comme une "exhibition de talents" pour la télévision, même si les premières émissions ont été conçues pour la radio dans les années 30-40 aux États-Unis avec le "Major Bowes Amateur Hour" ou en Italie dans les annnées 60 avec "Vous Corrida." Le Talent show prévoit que les concur-rents, en n'étant pas professionnels, montrent leurs dispositions particulières puis soient jugés, suivant la forme, par un jury d'experts ou par le public. Les programmes les plus populaires sont devenus ceux concernant la musique, la danse et les aptitudes similaires ou encore la magie.

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L’élément positif de cette nouvelle forme de découverte des talents a conduit à de nouvelles expérimentations musicales : les maisons de disques peuvent désormais prendre en charge un nouveau chanteur après au moins deux ou trois mois de passage télévisés et radiopho-niques, des interviews dans les journaux et les nouveaux média. Tout cela constitue une publicité gratuite que les plus grands de la musique rentabilisent en produits de très haut niveau mais qui sont aussi parfois de moindre qualité. Un exemple, ce sont les chanteurs sortis d’un cadre appelé Amici au sein duquel seulement deux ou trois chanteurs sont devenus vraiment célèbres parce que on les a “pressés” uniquement pour en faire un produit musical à durée limitée, pour ensuite les faire sombrer dans les oubliettes.

De nouveaux espaces pour la bonne musique Par contre, Leona Lewis est l’exemple du talent mis en valeur par des chansons justes, et qui s’impose comme la nouvelle Whitney Houston, par la voix ou comme la nouvelle Mariah Carey par la tenue sur scène et remportant le “pop” britannique, un triomphe comme on n’en avait pas vu depuis des années. Trying hard not to hear, but they talk so loud. Their piercing sounds fill my ears. Try to fill me with doubt yet

know that the goal is to keep me from falling. But nothing’s greater than the rest that comes with your embrace and in this world of loneliness I see your face. Yet everyone around me thinks that I’m going crazy, maybe, maybe. But I don’t care what they say I’m in love with you» sont les paroles que Leona utilise pour parler d’un amour contrarié dans sa chanson la plus célèbre, “bleeding Love”, qui a fait vendre 10 millions de copies dans le monde entier. Susan Boyle elle aussi, une révélation de Britain’s got talent, a porté au pinacle le genre liricpop qui était jusque là une exclusivité masculine. Le succès est arrivé avec un chant non inédit intitulé “J’ai fait un rêve” et tiré de la comédie musicale “Les Misérables”, grâce au tapage médiatique sur Youtube, avec plus de 110 millions de visualisations, qui raconte ses débuts de “vilain petit canard” devenu la star d’un Talent show. Il y a encore place donc pour la bonne musique et pour les belles voix. "Sans musique la vie serait une faute" disait Nietzsche et nous, nous ajoutons que "Sans musique la vie ne serait pas vraiment la vie." *Direttore corso di laurea STC - IUSVE – Istituto Universitario Salesiano - Venezia

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Voix du Peuple

Eh bien oui,soeurs éparpillées dans notre monde aimé,, votre Camille est revenue !. Je sais que vous le savez et que vous m'attendiez avec impatience, mais laissez-moi goûter ce moment ! Voix du peuple, voix de Dieu... va bien, mais ce n'est pas toujours vrai,( surtout de notre part)..., mais cette fois cela a fonctionné et a eu le pouvoir de me faire reprendre papier et plume pour rétablir le contact avec vous.. Du reste, comment aurais-je pu me soustraire aux tribus d'affection que le sondage reçu de la rédaction a révélé ?

Ce n'est pas pour me vanter, mais la demande presque unanime de votre part de me restituer la parole a été une expérience très agréable mais peu surpre-nante ; agréable, c'est évident, parce que à celui qui n'apprécie pas la reconnais-sance des dons qu'il a de la part de ceux qui la connaissent ? (et je dis des amis, connaissances et "reconnaissants", il est vrai que j'en ai tellement) ! Même un peu contesté, cependant, parce que -si vous me le permettez- mes confidences ont contribué à former des générations de fma, en temps de crise comme celles qui surgis-sent aujourd'hui, retourner à ses propres racines ne peut faire que du bien ! Donc mes compliments à vous qui, malgré mon absence prolongée, avez conservé le meilleur esprit des origines. Au lieu d'imaginer

quelque chose de nouveau et donc mes compliments à vous qui, malgré mon absence prolongée, avez conservé le meilleur esprit des origines. Au lieu d'imagi-ner quelque chose de nouveau et fortement déstabilisant, vous vous êtes élevées d'un seul choeur afin qu'il vous soit donné l'opportunité de retourner vous abreuver à la source à laquelle vous avez puisé autrefois. J'espère ne pas vous décevoir et j'accepte de retourner vous désaltérer, parce que la préparation à une vie meilleure que j'ai commencée il y a deux ans s'est prolongée démesurément et, durant cette attente, il est encore bon que je puisse me rendre utile Et cette année, que l'Eglise nous invite à une nouvelle évangélisation (comme si celle de mon temps fût désormais dépassée... hélas !) et le Saint père nous demande de redécouvrir notre foi (comme si nous n'avions pas suffisamment de foi pour avancer jour après jour). Cependant je ne peux rester indifférente, les mains croisées, s'il me venait à parler d'Evangile et de Foij’ai encore quelque chose à dire.! On fait vite à dire c'est l'Evangile et même l'écouter durant la Messe ; facile aussi de mettre en cause l'esprit de foi et agir pour le mieux. Eh, croyez-moi :dans nos maisons, on en voit de toutes les couleurs et pas toujours des arcs-en-ciel ! Mais de cela nous aurons le temps de parler et de se confronter; Comme aux beaux jours ! Parola di C.

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Pour le bonheur de tous – Bienheureux êtes-vous

Pour vivremieux

L’or bleu et les conflits armés

Communication et communautés heureuses

L’urgence d’un point de vue

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