Revue DMA – CONFIANCE ET TENDRESSE(Janvier - Février 2014)

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Revue des Filles de Marie Auxilitrice

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REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE 2

dma Revue des Filles

De Marie Auxiliatrice

Via Ateneo Salésiano 81

000139 Roma

Tél. 06/87.274.1fax 06/87.13.23.06

e.mail : [email protected]

Directrice Responsable Mariagrazia Curti

Rédacteurs Giuseppina Teruggi Anna Rita Cristiano

Collaboratrices

Tonny Aldana Julia Arciniegas Mara Borsi Piera Cavaglià .

Maria Antonia ChinelloAnna Condò

Emilia Di Massimo Dora Eylenstein

Laura Gaeta Bruna Grassini

Maria Pia GiudiciPalma Lionetti

Anna Mariani Adriana Nepi

Louise PasseroMaria Perentaler

Loli Ruiz Perez Paola Pignatelli

Lucia M;RocesMaria Rossi

4 Editorial Evénements spéciaux 2014

5 Dossier Paroles et gestes de confiance

et de tendresse

13 Premier Plan

14 Spiritualité missionnaire «Me voici ; envoie-moi»

16

L’Esprit et le Droit Un enfant à tout prix !

18 Culture et écologie La terre, notre maison commune

20 Fil d’Ariane En gratitude

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ANNEE LX ■ JANVIER FEVRIER 2014

Traductrices

France : Anne-Marie Baud

Japon : Province japonaise

Grande Bretagne : Louise Passero

Pologne : Janina Stankiewicz

Portugal : Maria Aparecida Nunes

Espagne : Amparo Contreras Alvarez

Allemagne: Prov.Autrichienne et Allemande

EDITION EXTRACOMMERCIALE

Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice

Via Ateneo Salesiano 81, 00139 Roma

C.C.P.47272000

Reg. Trib. Di Roma n.13125 del 16-1-1970

Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c,

Legge 662/96 – Filiale di Roma

N° 1/2 Janvier-Février 2014

Tipographia Istituto Salésiano Pio XI

Via Umbertide 11,00181 Roma

27 En recherche

28

Culture Vivre avec passion

30 Pastoralement JMJ : L’Etape d’un long chemin

32

Regard sur le monde Unies pour une société meilleure

34 On “Fait” pour “Dire”

Etre branché

35 Communiquer

38

Femmes sur le terrain Le reflet de la tendresse dans l’économie

40 Vidéo La première neige

42

Livre L’âme dumonde

44 Musique Les jeux théâtraux dans la formation artistique

46 Camille

Ames priantes

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L'Eglise ouvre la nouvelle année avec la première Journée mondiale pour la

paix“Evénéments Spéciaux pour 2014

Giuseppina Teruggi

Nous sommes au début d'une année particu-lièrement significative : une année qui nous conduira à la célébration du 23e Chapitre général à partir de septembre prochain. Entre les événements que les participants du Chapitre vivront, il y a la rencontre avec Mère Angela Vallese, la pionnière des missions d'Amérique dont cette année nous rappelle le centenaire de la mort. La halte à Lu Monferrato (Alessandria), sa terre L'Eglise ouvre la nouvelle année avec la première Journée mondiale pour la paix natale au terme des Exercices spirituels à Mornèse, a le sens d'un hommage à sa mémoire et à l'enracinement du charisme salésien en terre américaine. Mère Vallese nous accompagnera dans une nouvelle rubrique pour un parcours mission-naire intéressant. Dans les premiers mois de l'année, les Confrères Salésiens vivront aussi l'événement capitulaire, qui les engage dans l'approfon-dissement du thème «Témoins de la radicalité évangélique». Et comme pour les FMA, le Chapitre procédera à l'élection du Recteur Majeur qui, avec le Conseil général, est appelé à animer et diriger la Congrégation pour le prochain sexennat. L'année 2014 nous introduit en outre à la période culminante de la préparation au bicentenaire de la naissance de Don Bosco. L'étrenne du Recteur Majeur, don Pascual Chavez Villanueva, se place dans la perspec-tive de cet événement et entend soutenir l'en-gagement de la Famille salésienne dans l'approfondissement de l'expérience spirituelle de Don Bosco, source de la sainteté salésienne.

L'Eglise ouvre la nouvelle année avec la première Journée mondiale pour la paix célébrée par le Pape François sur le thème : «Fraternité, fondement et voie pour la paix». Dans les mois suivants, d'autres Journées mondiales accompagneront les fidèles à vivre les événements qui ren-voient aux valeurs fondamentales de la vie selon l'Evangile. niveau mondial, à partir des Nations Unies sont prévues des initiatives variées pour mettre en évidence le thème de l'Année internationale de l'agriculture fami-liale. A la rencontre d'août 2013 à Cesuna, l'équipe de rédaction de la revue DMA a tenu compte des propositions mondiales, ecclésiales et salésiennes de 2014, avec une attention spéciales pour les thèmes de fond qui se profilent à l'horizon du 23e C.G. Nous pouvons les résumer à partir de cet objectif : construire des relations pour l'évangélisation, avec une référence parti-culière aux paroles et gestes du Pape François. Pour chaque dossier nous avons choisi d’utiliser la méthodologie du Voir, analyse de la situation avec ses lumières et ses ombres ; Juger, à partir de la question « qu’est ce que nous dit Dieu pour cela ? » ; Agir, pour répondre à la demande que nous demande Dieu de faire pour collabo-rer à la construction de son Royaume ?

[email protected]

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ANNEE LX ■ JANVIER FEVRIER 2014

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Paroles et gestes de confiance et de tendresse Giuseppina Teruggi

La récente Encyclique “Fidei Donum”; le Synode des Evêques sur la Nouvelle Evan-gélisation sont des événements qui renfor-cent dans l’Eglise l’engagement à rester “comme Jésus au puits de Sychar” et à s’asseoir “à côté des hommes et des femmes de ce temps pour rendre présent à leur vie le Seigneur, de telle façon qu’ils puissent le rencontrer”. Comme FMA, nous nous laissons illuminer par ce chemin ecclésial pour renouveler notre être et notre manière d’être en relation comme chemin d’Evangélisation, conscientes que la priorité se trouve dans la cohérence de vie. La Nouvelle Evangélisation, en fait, s’accomplit uniquement dans la synchronie de nos paroles et de nos gestes, comme en témoigne le pape François. Sur ce thème conducteur nous commençons les réflexions des Dossiers, qui nous accompagnerons tout au long de cette année.

“Annoncer l’Evangile aussi par la parole” De nombreux signes et événements peuvent nous convaincre que nous sommes en train de vivre une époque particulière dans l’histoire de l’Eglise, guidée par l’Esprit à travers la médiation de figures extraordi-naires des souverains Pontifes. Aujourd’hui celui qui étonne les hommes et les femmes du monde entier c’est bien le pape François. Dès le commencement de son pontificat, il a adressé une invitation pressante à l’Eglise : annoncer l’Evangile par une vie cohérente. «Je dis toujours ce que saint François d’Assise affirmait : Le Christ nous a envoyés annoncer l’Evangile aussi au moyen de la parole. Voici la phrase précise : “Annoncez toujours l’Evangile. Et,

si cela est nécessaire, avec les paroles”. Qu’est ce que cela veut dire? Annoncer l’Evangile par une vie authentique et cohérente.

Mais en ce monde où les richesses font tant de mal, il est nécessaire que nous prêtres, que nous religieuses, que nous tous, nous soyons cohérents avec notre pauvreté ! Et quand tu vois que le premier intérêt d’une œuvre éducative ou paroissiale c’est l’argent, cela ne va pas. C’est une incohérence ! Nous devons être cohérents, authentiques. Sur ce chemin, faisons ce que nous dit saint François : prêchons l’Evangile par l’exemple, puis avec les paroles ! Mais avant tout c’est en nous voyant vivre que les autres doivent pouvoir lire l’Evangile ! Ceci sans peur, avec nos défauts que nous cherchons à corriger, avec nos limites que le Seigneur connaît, mais aussi avec notre générosité pour le laisser Lui, agir en nous » (Cf Rencontres des séminaristes et des novices - Rome, 6/07/2013).

Paroles et gestes de la nouvelle Evangélisation C’est plus dans son style, dans ses gestes, que dans ses paroles, que le pape François parle 'urbi et orbi'. «Notre vie est un chemin et quand nous nous arrêtons, cela ne va plus», affirme-t-il dans l’homélie prononcée le jour qui a suivi son élection. Partant de la parole de Dieu, il montrait l’importance du concept du mouvement : «Marcher, édifier, confesser. Marcher toujours en présence du Seigneur, à la lumière du Seigneur, en cherchant à vivre de manière irrépréhensible comme Dieu l’a demandé à Abraham, confiant en sa promesse». Et encore : «Je voudrais que nous tous après ces jours de grâce, nous ayons le courage, oui le courage, de marcher en présence du Seigneur, avec la croix du Seigneur, d’édifier l’Eglise sur le sang que le Seigneur a versé sur la

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ANNEE LX ■ Janvier-Février 2014

NNEE LVII MENSUEL / MAI-JUIN

croix et de confesser l’unique gloire, Christ crucifié, et ainsi l’Eglise ira de l’avant.» Dès le début, le pape François veut faire avancer l’Eglise sur les chemins de l’Evangile, assumé et vécu non “à l’eau de rose”, mais capable d’imprégner la vie et de la transformer. Nous avons été marquées par son homélie, inaugurant son pontificat, le 19 mars sur la Place Saint Pierre, où nous avons perçu sa grande humanité. «Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, ainsi que de la tendresse ! Et là il ajoute une précision : prendre soin les uns des autres, ce qui demande de la bonté, de la tendresse. Dans les Evangiles, Saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son fort intérieur émerge une grande tendresse, qui n’est pas la vertu des faibles, mais au contraire qui dénote la force d’âme et la capacité d’attention, de compassion, d’ouver-ture vraie à l’autre, d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse !»

Confiance et tendresse : qu’est-ce que cela signifie? Comment en vivre? Nous vivons à une époque de grandes opportunités humaines et technologiques, mais aussi marquée par des limites qui bien souvent nous empêchent de faire l’expérience de la beauté des relations entre les personnes, de goûter la joie d’être ensemble, de vivre la

douceur de sentiments profonds et chaleureux. On tend aujourd’hui à privilégier en tout la rapidité et on sent que s’accentue un “rationalisme” qui prétend trouver en toute chose et tout de suite une explication. Et ceci passe pour une “sagesse”. Souvent les relations sont basées sur le profit, sur l’intérêt personnel, sur la peur qui crée des distances entre les personnes. Dans un livre publié il y a quelques années dont le titre est “Théologie de la tendresse, un ‘évangile’ à découvrir” (Ed. Dehoniane, Bologna, 2000), le théologien Carlo Rocchetta clarifie le sens du terme tendresse, qui est associé à la confiance. En fait, il peut y avoir un malentendu autour de ce terme, il est souvent confondu avec une certaine attitude doucereuse, avec une certaine tendance au sentimentalisme, au romantisme à bon marché. On court encore le risque de faire passer la tendresse pour de la faiblesse et en parler peut être comme un signe d’immaturité. La tendresse est “force intérieure, signe de maturité, qui naît seulement dans un cœur libre, capable d’offrir et recevoir de l’amour”. C’est la même acception donnée par le pape François dans sa première homélie publique. Nous pouvons alors affirmer que la tendresse est la force la plus humble et en même temps, la plus puissante pour faire jaillir des nouveautés dans notre monde.

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Il arrive que certaines personnes lui attribuent une connotation principalement féminine et dont rarement virile. Mais, notre théologien précise : «Il s’agit d’un préjugé non fondé, qui doit être démasqué avec énergie. Ce serait comme dire que la sensi-bilité et la capacité d’exprimer de l’affection, l’attention à la vie, la douceur de l’amour de Dieu ou la délicatesse évangélique, consti-tuent des attitudes fermées au monde masculin. Le sentiment de tendresse concerne en réalité, totalement et de manière ineffaçable, aussi bien l’homme que la femme, leur humanité et leur vocation à l’amour et à la communion». Et c’est justement l’intégration harmonieuse entre masculin et féminin qui donne relief à ce sentiment. Pour les croyants, en outre, c’est Dieu la source inépuisable et le sommet de toute tendresse, qui se cons-truisent dans la confiance réciproque et favorisent le jaillissement de sentiments profonds, libres, délicats. Cette attitude chaleureuse et humaine peut constituer une force positive pour la vie de la foi, parce qu’elle est une aide pour la formation d’une personnalité riche d’humanité, configurée à l’humanité du Seigneur Jésus. Le christia-nisme, sans tendresse, risque d’apparaître un peu réducteur, presque “uniquement ritualiste ou moralisateur”.

Gestes de beauté de l’Eglise

La voie de la tendresse peut constituer une dimension importante pour l’avenir de l’Eglise, un aspect qui peut fasciner aussi les non croyants, une voie pour sortir de la sécheresse qui touche aujourd’hui beaucoup de communautés ecclésiales. La tendresse permet de redécouvrir la signification mer-veilleuse du christianisme dont la grande réalité est faite de beauté, d’amour, de solidarité, d’attention aux plus pauvres, aux petits, aux personnes sans défenses.

Certains parlent de la tendresse comme “le rêve de Dieu pour l’humanité”. Le 21° CG (2002) a proposé à toutes les FMA l’engage-ment de vivre la communion “rêve de Dieu pour l’humanité”. Je crois qu’il peut y avoir complémentarité et unité entre tendresse et communion, car ce sont des réalités inter-changeables. L’une n’existe pas sans l’autre. Pour cela, nous aussi, nous pouvons souhaiter «une Eglise de tendresse qui vive le commandement nouveau de l’amour comme sa ‘norme principale’ et qui fasse de la tendresse son âme et son signe distinctif. Une Eglise qui, comme le charpentier de Nazareth, se fasse pauvre, dépassant la tentation d’être une église de domination et de condamnation. Une Eglise de l’amitié, antiautoritaire et anti-centralisatrice, où la logique du ‘dominium mundi’ est substituée par la logique du ‘servitium mundi’, la logique de la tendresse». C’est une route à prendre pour construire une nouvelle humanité où le profit, l’égoïsme, la violence, la défiance ne peuvent avoir tous les droits. La confiance en Dieu, la confiance toujours renouvelée dans le frère et dans la sœur, la tendresse, l’amour sont des forces qui apportent l’espérance à l’humanité. Et elles sont les chemins de l’évangélisation.

Enracinés sur des fondations solides

La parole et l’action de Jésus sont imprégnées de gestes de tendresse, de misé-ricorde : les évangiles abondent en témoigna-ges de son “passage parmi les gens en faisant du bien à tous”. Le Maître fait confian-ce à tout le monde, sauf s’il se trouve en face de personnes dont le cœur est endurci par les préjugés, le refus de sa personne et de sa parole. Vraiment “sa tendresse se répand sur toute créature” (Ps. 144).

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«Dieu ne peut qu’aimer», affirmait fr. Roger, le prieur de Taizé, faisant noter que pour le croyant il est très important aujourd’hui d’ouvrir des chemins de confiance jusque dans les nuits de l’humanité. «Il y a des personnes –disait-il- qui, à travers le don d’eux-mêmes, témoignent que l’être humain n’est pas destiné à la désespérance. Leur espérance veut regarder l’avenir avec une profonde confiance. A travers eux, ne voyons-nous pas surgir jusque dans les situations les plus inquiétantes du monde, des signes d’une espérance inégalable?». Ces personnes savent que “ni les malheurs, ni les injustices ne viennent de Dieu”, parce que Dieu est Amour. Il regarde chaque créature avec une infinie tendresse et une profonde compassion. Notre confiance en Dieu est reconnaissable quand elle s’exprime par le simple don de nous-mêmes pour les autres : la foi devient alors crédible et se communique avant tout quand elle est vécue. «Aime et dis-le par ta vie», écrivait St. Augustin trois siècles après Jésus-Christ

Aux racines du charisme salésien il y a une confiance illimitée surtout envers les jeunes. Ils ont littéralement “volé le cœur” de don Bosco! «Le Seigneur m’a envoyé auprès des jeunes», soutenait-il, «C’est pour quoi je dois m’écono-miser sur d’autres choses et préserver ma santé pour être à leur service». «Ma vie est consacrée au bien-être des jeunes pauvres et personne jamais ne me fera changer de voie, cette voie que le Seigneur a tracée pour moi». Pour les filles de Mornèse et pour celles du monde entier, Mère Mazzarello a aussi donné sa vie, affrontant de nombreuses difficultés afin de pouvoir leur faire du bien. Le style du “être au milieu des jeunes” choisi par nos fondateurs est celui de l’amorevolezza, synthèse harmonieuse de confiance et de tendresse, amour éducatif manifesté et perçu. Il est indispensable, en fait «que les jeunes ne soient pas seulement aimés, mais qu’ils se sentent réellement aimés». Et chacun, chacune, à Valdocco et à Mornèse, se sentait effectivement le plus aimé, la plus aimée ! Dans une maison salésienne, l’éducation/ évangélisation “est une affaire de cœur”!

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Quand l’Eglise, engagée dans mille choses, néglige cette proximité et communique seulement à partir de documents, elle est comme une mère qui communique avec son fils au moyen de lettres» (Cf Interview à la tv Brésilienne ‘O Globo’, 28 juillet 2013). Pour le Pape, l’Eglise doit “plus faciliter la foi que la contrôler”. Parfois, il y a des «pastorales ‘lointaines’, des pastorales disciplinaires qui privilégient des principes, des conduites, des processus organisa-tionnels, sans proximité, sans tendresse, sans caresse. On ignore la ‘révolution de la tendresse’ qui engendre l’incarnation du Verbe. Il y a des pastorales vécues avec une telle distance qu’elles sont incapables de permettre la rencontre : la rencontre avec Jésus-Christ, la rencontre avec les frères». «Comment sont nos homélies? –demande le Pape– Nous rapprochent-elles de l’exemple notre Seigneur, qui ‘parlait comme quelqu’un qui a autorité’ ou sont-elles simplement des préceptes lointains, abstraits?» (Cf Discours au Comité de coordination du Celam, 28 juillet 2013).

Dans le concret de la vie La tendresse est l’attitude d’une personne mature, qui se rend attentive aux richesses de l’autre et permet de participer, avec toute la chaleur de sa sensibilité, à ses émotions, ses sentiments. Elle s’exprime par la cordialité, l’accueil, l’attention à donner des petits gestes d’affection qui expriment la confiance, la joie, la valorisation de l’autre. C’est savoir saluer et répondre par un sourire, éviter d’élever, la voix dans des moments difficiles savoir écouter, donner une caresse inatten-due. C’est l’attention continue à vouloir rendre heureux à travers mille gestes dictés par la fantaisie de l'amour. Dans les circonstances ordinaires ou extraordinaires de la vie. Il y a quelques temps on a parlé longuement d’Eleonora, tuée tandis qu’elle était en train de secourir sur la route un homme gravement blessé, après un litige avec certains de ses compatriotes. Eleonora était de passage par hasard et n’avait pas hésité à arrêter sa voiture à l’improviste quand elle avait vu qu’il y avait

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une personne à secourir. Tandis qu’elle était penchée sur l’homme, son agresseur lança sa propre voiture à toute vitesse sur les deux... «Ils m’ont dit –affirme Mariella, la maman d’Eleonora– que l’homme tué avait quatre enfants et je n’arrête pas de penser à eux, à ce qu’ils sont en train de vivre. Alors j’ai fait ce raisonnement : si Eleonora est morte pour aider le père, elle qui aimait tant les enfants, elle voudrait sûrement que l’on fasse quelque chose pour aider ses enfants, même économique-

ment». Et elle décide avec son mari que les offrandes récoltées aux funérailles de sa fille soient données aux orphelins. «On me demande si j’éprouve de la haine –confie-t-elle-, mais je ne sens rien. Je ne sais pourquoi, je ne sais pas si c’est à cause d’Eleonora, qui aimait tout le monde, et par-dessus tout, les plus petits. Mais je ne ressens pas de colère. Je ne me sens pas non plus de parler de pardon. Qu’est-ce que veut le pardon? Ce sera au Père éternel de pardonner. L'unique chose que je me sens de

Le premier jour du pape François

Ce que le Pape souligne et propose aux jeunes en formation, est un reflet de son style de vie, jamais démenti, et qui constitue le fil rouge de sa vie. Nous l’avons perçu dès son élection comme Successeur de Pierre, le soir du 13 mars 2013. La chronique de son premier jour comme Pape est intéressante. La première messe de Jorge Mario Bergoglio élu Souverain Pontife donne déjà une idée de ce que sera son Pontificat, tout commence dans un style clair. Dans la Chapelle Sixtine, à peine élu, il ne monte pas sur le trône. Au moment où les cardinaux font leur serment d’obéissance au Pape, c’est lui qui va vers le cardinal Ivan Dias, qui ne peut se déplacer à cause de son handicap. Il apparaît devant les fidèles à la loggia de Saint Pierre sans camail et avec sa simple croix d’Evêque, à côté d’un cérémoniaire au visage un peu perplexe. Il s’adresse aux fidèles venus sur la place après l’apparition de la fumée blanche, en commen-çant par leur dire "Bonsoir...", puis il leur demande de prier pour lui.

Il prend le bus avec les autres cardinaux même après son élection. Quand ils trinquent avec ses électeurs, il plaisante : "Que Dieu vous pardonne ce que vous avez fait". Il ne prend pas la voiture qui lui est réservée, immatriculée 'Scv1' – Etat de la ville du Vatican 1 - même quand tôt le matin, au premier rendez-vous publique de son Pontificat, il va prier la Madone dans la basilique sainte Marie Majeure. Aux confesseurs dominicains qui officient à la Basilique, il recommande la miséricorde. A la sortie de la Basilique, il salue de la main les étudiants du lycée voisin qui lui faisaient signe depuis les fenêtres. En retournant au Vatican, il demande d’aller à la Maison internationale du clergé où il a logé avant le Conclave. Il descend, va prendre ses valises, remercie le personnel. Et, à la surprise générale, il règle le prix de sa chambre. En soirée, de nouveau à la chapelle Sixtine pour la Messe avec les cardinaux, il prêche d’abondance, dans un italien calme et coloré d’accent espagnol. Il renonce à vivre en permanence dans les appartements pontificaux. D’ailleurs, à Buenos Aires il habitait un appartement, il prenait le métro et, à Rome il arrivait à la congrégation général des cardinaux à pieds : presque le seul sans la calotte rouge, s’esquivant sans être remarqué des groupes de journalistes à la recherche des papabile.

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faire est d’aider les quatre enfants orphelins. Et cela ne m’intéresse pas de les rencontrer ou savoir qui ils sont, quel est leur âge, où ils habitent et qu’est-ce qu’ils font». Eleonora, gynécologue de 44 ans, est décrite par tout le monde comme une personne «douce, expansive, généreuse, qui voulait le bien des autres, toujours prête à venir en aide à quiconque en avait besoin. Une femme courageuse, altruiste à l’excès ! Sa grande sensibilité la poussait natu-rellement vers les plus humbles. Elle vivait

la charité intensément. Dans sa carrière, elle a fait naître des centaines d’en-fants et assisté tant de maman, se rendant disponible gratuitement à qui était en difficulté ou sans ressources». Le monde dans lequel nous vivons nous a habitués à aller toujours plus vite, à ne pas avoir de temps pour des gestes et des paroles de tendresse, de consola-tion. Peut-être que la chose la plus importante à faire c’est justement de prendre du temps pour ces gestes, en choisissant le défi de la solidarité, du don gratuit et discret. Comme l’a vécu Meghan, jeune athlète américaine enga-gée dans une épreuve de course à pieds. Au beau milieu de la compétition elle note qu’une adversaire est en difficulté à cause de crampes. Elle décide de renoncer à la victoire et elle l’accom-pagne jusqu’à l’arrivée. Elles finirent respectivement dernière et avant-dernière, mais elles ont été accueillies par un standing ovation par le public qui réserva à Meghan un traitement de gagnante ! De nombreux gestes et paroles d’attention aux autres se vivent un peu partout, ils sont souvent peu connus, mais n’en sont pas moins précieux. Gestes et paroles de confiance et de tendresse qui donnent un bon parfum à la vie. [email protected]

• Que représentent concrètement

pour moi la tendresse et la

confiance ?

• Quel effort suis-je disposée à faire

pour sortir de moi, pour offrir aux

personnes qui vivent près de moi

le parfum de la tendresse, pour

instaurer et vivre dans la

confiance?

• Suis-je convaincue qu’un style de

vie imprégné de confiance et de

tendresse est un chemin

d’évangélisation? Comment est-ce

que je peux l’exprimer ?

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«Me voici, Envoie-moi !» Make Loes

La fma appelée à la vocation missionnaire ad gentes, s’engage à y répondre par toute sa vie et avec la générosité du «vado io» ( C 32), elle s’engage à vivre dans la nouveauté l’identité charismatique, à vivre la Parole dans sa radicalité, à raviver l’ardeur missionnaire pour que les jeunes «éloignés» du monde entier aient la vie. Toute vocation missionnaire naît de la Missio Dei. « Dieu a tant aimé les hommes qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). C’est pour cela que toute vocation missionnaire a ses racines et son fondement en Jésus, Parole du Père. Dans son désir de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (cf Jn 11, 52), Jésus confie à ses disciples le mandat missionnaire, montrant par les paroles et par les actes que Dieu est amour : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15). L’engagement à répandre la foi appartient à tous les disciples du Christ. La vocation missionnaire est une vocation spéciale. Dieu prépare soigneusement le cœur d’un(e) missionnaire afin qu’il soit dans le monde l’expression visible de son amour. Le (la) missionnaire est un homme (une femme) de charité, qui annonce plus par la vie que par les paroles, que chaque personne est aimée de Dieu et que nous sommes faits par Amour et pour l’amour. Le (la) missionnaire est doté(e) d’un cœur universel qui réussit à dépasser les frontières et les divisions de nationalité, d’ethnie, de culture, d’idéologie et de religion. Il crée de l’espace pour tous : il n’exclut pas, il ne catalogue pas, ne divise

pas, mais embrasse, accueille, ne fait qu’un avec et pour les autres. Il appartient à «l’Eglise du tablier » comme la définissait don Tonino Bello, il vit la dimension du service toujours, partout et avec tous ! Un(e) missionnaire apprend continuellement, et avec humilité, à s’insérer dans le monde socio-culturel et religieux de ceux vers qui il (elle) est envoyé (e), en assumant leur propre langue, en prenant connaissance des expres-sions significatives de la culture locale, en allant à la découverte des valeurs présentes dans cette réalité (cf RM 53). La vocation missionnaire, avant d’être une activité est un témoignage qui exige une spiritualité spécifique en communion intime avec le Christ. Le (la) missionnaire sait que sa force intérieure lui vient de l’Esprit-Saint, c’est Lui la source où puiser continuellement l’énergie pour accomplir toujours et partout la volonté du Père. Nos constitutions, déjà à partir du premier article, nous révèlent la caractéristique missionnaire de notre Institut : «Don Bosco a fondé notre Institut (…) et l’a marqué d’un puissant élan missionnaire». Or donc, «la dimension missionnaire –élément essentiel de l’identité de l’Institut et expression de son universalité– a toujours existé dans notre histoire depuis nos origines». Fidèles à l’élan missionnaire des origines, les fma sont appelées à travailler à l’avènement du Royaume de Dieu dans les pays chrétiens et dans les pays non encore évangélisés ou déchristianisés (C 6), «parmi les populations auxquelles n’est pas encore parvenue l’annon-ce de la Bonne Nouvelle, afin de les aider à trouver dans le Christ le sens profond de leurs aspirations et de leurs valeurs culturelles» (C 75).

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■ ANNEE LX Janvier-Février 2014

.Angela Vallese : un épisode de son enfance qui en révèle la vocation. Angela Vallese naît le 8 janvier 1854 à Lu Monferrato, un tout petit village mais très fécond pour avoir donné à l’Eglise de nombreuses vocations. Angela gardera le souvenir de cette grâce toute la vie en son cœur : être née durant l’année de la procla-mation du dogme de l’Immaculée Conception. La famille est pauvre matériellement, mais les valeurs chrétiennes et l’affection y sont bien présentes.

A l’âge de six ans elle fréquente l’école, qu’elle doit abandonner quatre ans plus tard car la famille a besoin de son soutien économique, c’est ainsi qu’elle apprend le métier de couturière. Elle défie la pauvreté et offre le don de son travail pour soulager sa famille.

Angela fréquente l’église paroissiale comme le font la plupart des enfants de son village. Elle a presque sept ans, lorsqu’arrivent dans son village deux missionnaires pour parler aux gens de l’Oeuvre de la Propagation de la foi et de la Sainte Enfance. Angela écoute avec beaucoup d’attention et est frappée par le fait qu’il existe encore tant de personnes qui ne connaissent pas Jésus et tant d’enfants dans la nécessité. La première, elle se présente pour faire la collecte, imaginant déjà comment cet argent servira à faire connaître Jésus, elle pense aux enfants pauvres et délaissés qui meurent sans avoir eu la possibilité de le connaître et d’être baptisés.

C’est sans doute à cause de son aspect gracile et angélique que les gens lui donnent

plus d’offrandes qu’à ses compagnes. Elle porte en son cœur une prière unique et spontanée : «Que le Seigneur me fasse la grâce de sauver autant d’âmes qu’il y a de sous dans ma bourse ! ». Dès ce moment là, Angela a l’intuition de ce qu’elle fera lorsqu’elle sera grande, le désir intime de faire connaître Jésus et de lui conduire beaucoup de monde fait en elle son chemin. Même si elle n’est qu’une enfant, elle n’a pas peur du sacrifice, elle se donne aux travaux les plus difficiles et devient aussi catéchiste. Le prêtre voyant ses capacités, lui confie l’enseignement du catéchisme aux enfants de son âge et même à des plus grands qu’elle. A l’âge de quinze ans elle commence à fréquenter le groupe des Filles de l’Imma-culée. Elle est capable d’unir la vie quoti-dienne et les exigences de la vertu, la générosité dans la prière et le recueillement, qu’elle recommande aussi avec beaucoup d’affection à ses plus jeunes sœurs dont elle prend grand soin. Et arrive enfin le jour où elle fait la connaissance de Don Bosco ! Elle a vingt ans et elle découvre que ce prêtre a ouvert une maison pour les religieuses à Mornèse. Angela n’a plus aucun doute : «Voilà où me veut le Seigneur, je le sens !». Le 15 novembre 1875 elle arrive à Mornèse et découvre l’Institut des fma crée il y a à peine trois ans. Mère Mazzarello accueille avec une grande bonté, cette fille humble et simple au regard limpide et plein de candeur et qui porte en elle un trésor de vertu et de sagesse. Elle avance à grands pas dans la vie religieuse salésienne [email protected]

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 16

Un fils à tout prix ! Rosaria Elefante

Mettre la main sur la vie. Est-ce possible de déterminer le prix de son enfant ? Aujourd'hui, la réponse n'est malheureusement pas contestée. Le processus de «normalisation» nous a désormais habitués depuis un certain temps à des paroles qui semblent provenir d'un roman de science-fiction, mais qui, en vérité, cristallise une réalité surréaliste qui, depuis des années, est présente dans de trop nombreux pays. Utérus en location, maternité subrogée, contrat de mère porteuse, sont des mots qui renferment les hypothèses dans lesquelles une femme peut « louer » son corps pen-dant neuf mois, le temps d’une grossesse pour mettre au monde un enfant commandé

par d'autres et qui leur sera destiné conformé-ment à un contrat établi auparavant Eh bien oui, aujourd’hui, parallèlement à la vente des gamètes (ovules ou spermato-zoïdes), une nouvelle mode est apparue : les couples stériles ou homosexuels louent le corps d’une femme pour le temps d’une grossesse comme on loue une "voiture", pour obtenir une "chose": l’enfant qu’ils n’ont pas la possibilité d’avoir naturellement. Après l’accou-chement, le couple acheteur retire la mar-chandise, l’enfant, en déboursant de 8 mille à 60 mille dollars, et plus, selon le pouvoir de chantage exercé sur la "mère porteuse." Aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Inde, en Ukraine ou au Guatemala : dans tous les pays où ce commerce est florissant, quelle différence ? Seulement une question de prix.

La dignité humaine et chrétienne de la procréation, en effet, ne consiste pas en un "produit", mais en son lien avec l’acte conjugal, expression de l'amour des conjoints, non seulement de leur union biologique, mais aussi spirituel. L'instruction Donum vitae nous rappelle, à cette intention, que "pour sa structure intime, l'acte conjugal, pendant qu'il unit avec un lien profond les époux, les rend actes à la génération de nouvelles vies, selon les lois inscrites en l'être même de l'homme et de la femme", n. 126). L'Église prête beaucoup d'attention à la souffrance des couples concernés par l'infertilité, elle a soin d'eux et, vraiment elle encourage la recherche médicale. La science, cependant, n’est pas toujours apte à répondre aux désirs de n,ombreux couples. Je voudrais alors rappeler aux époux qui vivent ce problème de l'infertilité que leur vocation matrimoniale vient ne doit pas en être frustrée. Les conjoints, par leur vocation baptismale et matrimoniale, sont toujours appelés à collaborer avec Dieu dans la création d'une humanité nouvelle. La vocation à l'amour, en effet, est vocation au don de soi et en cela est aucune condition organique ne peut l’empêcher. Où, la science ne trouve pas de réponse, la réponse qui donne lumière vient de Christ. (Discours de Benedetto XVI aux participants à l'assemblée de l’Académie Pontificale pour la Vie février 2012)

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LVII MENSUEL / MAI-JUIN 2011

C’est vraiment un rapport de force – éco-nomique, géographique, social - entre les parents aspirants (si on peut les définir ainsi) et la femme réellement enceinte, qui dicte les conditions et déplace le choix de la maman intérimaire sur la mappemonde. Cela s'appelle marchandage de la vie humaine, non seulement pour l’enfant, mais aussi pour les femmes par l'exploi-tation et l'humiliation de leurs corps, par la défiguration réelle de la dignité de la femme, jusqu'à l’atteindre dans le plus intime de son être, l'essence magnifique et immaculée de la procréation : l’instinct maternel, le lien du sang et le lien psycho-logique avec une créature qui se déve-loppe, grandit, bouge et vit dans le corps d’une mère.

Interdit d’interdire Réfléchissons un instant. Un couple donne de l'argent à une femme qui l’encaisse pour donner naissance à un enfant "commissionné", “produit” et vraiment "vendu", avec peut-être aussi au départ une demande de sélection de caractéristiques déterminées. L'étalage des vaches d'accouchement est ouvert. Sous le couvert de “nobles intentions" on proclame clairement : il est "interdit d'interdire". Oui, parce que maintenant tout

ceci, dans l’état actuel est devenu un droit à l’enfant, à la maternité, à la paternité, à la progéniture. Droit et liberté. C’est devenu une pratique contractuelle normale. Avec moins de 7 mille dollars la vie d'une jeune indienne "soudoyée" dans les taudis change radi-calement, l'important est qu'elle soit saine et, dans le cas de malformations de la "marchandise", qu’elle ne fasse pas d'histoires et avorte rapidement, sans dire un mot. Ce qui est essentiel c’est que l’enfant soit en bonne santé. Le silence pesant qui recouvre cette pratique odieuse est insupportable ! Nous sommes en train de tout acceptés. Il faut certainement mieux ne pas parler. Il semble être presque opportun de ne le pas faire. Peut-être qu’en mettant tout cela un peu trop en évidence, apparaîtrait le nihilisme absolu. Comment peut se justifier la distorsion entre la dignité féminine autoproclamée et revendiquée et la condition avilissante vécue par des milliers de femmes aujourd’hui dans le monde pour satisfaire le désir d'un fils de la part d’une femme qui a de l’argent et qui se sent dans son droit tant légalement que culturellement, à se le faire faire? Un fils n'a pas de prix !

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 18

La terre

notre maison commune

Julia Arciniegas, Martha Seïde

L’humanité fait partie d’un vaste univers en évolution. La terre, notre maison commune, est vivante avec une communauté de vie particulière. La protection de la vitalité, de la diversité et de la beauté de la planète est un devoir sacré. (Cf : Charte de la Terre).

Le cri de la terre

Il est indiscutable que la crise de l’environ-nement a atteint la dimension du globe. La pollution dans ses diverses formes, le changement climatique, la crise des ressour-ces en eau, la réduction iréversible de la biodiversité, la diminutin de nombreuses ressources alimentaires, pétrolières, géolo-giques, réduisent progressivement la qualité de la vie. Face à cette dégradation progressive du milieu croît ausssi la conscience et la néces-sité de construire une culture écologique qui renforce l’alliance entre l’être humain et son milieu. C’est pourquoi il est urgent de retrou-ver la capacité de reconnaître dans la création un don à mettre en valeur et à respecter.

«Et Dieu vit… que cela était bon»

Dans la Genèse, on trouve sept fois la formule : «et Dieu vit… que cela était bon» ; et cela est dit pour la lumière, pour la terre, pour les astres du ciel, pour les animaux et à la fin pour l’être humain, en tant qu’homme et femme (cf Ch. ). L’œuvre créée est bonne parce que le Créateur l’a créée par amour dans le but du bien. Le vrai bien est celui qui naît d’un acte

libre d’amour. Cependant cette bonté ne vise pas seulement la dimension morale mais inclut la capacité des créatures à refléter la gloire et la perfection de Dieu.

En ce sens la valeur créée représente une valeur par elle-même, par son lien au Créateur. «Le monde sous humain rejoint sa pleine signification à partir de son rapport à l’homme. En même temps l’homme retrouve tout son sens par son rapport à Dieu.» (Haffner, Vers une théologie de l’Environnement, 123).

Le Nouveau Testament présente le Seigneur Ressuscité comme le Médiateur de la Création tout entière : par Lui, tout a été créé et trouve sens et plénitude (Jean 1,1-3 ; col 1,15-20 ; Heb.1, 3).

Le Verbe, devenu chair en Jésus Christ, agissait depuis le début comme Sagesse créatrice du Père. La Pâque même du Seigneur, ensuite, montre une dimension cosmique : la terre elle-même est impliquée dans la Résurrection pour être conduite à la plénitude de la vie.

La création est le premier grand don de Dieu, la première expression radicale de son amour puissant : cosmos ordonné et précieux capa-ble d’entretenir cette réalité mystérieuse et fragile qu’est la vie (cf CEI, Journée de la Sauvegarde de la Création, 2006).

Un héritage à sauvegarder C’est l’un des défis du XXIe siècle que de construire une culture écologique centrée sur le rapport entre l’homme et son habitat, entre l’écologie humaine et l’écologie de l’environ-nement. «Aujourd’hui, on ressent fortement l’appel à nous convertir du comportement de

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consommateurs qui gaspillent à un com-portement de gardiens de la création. C’est de l’intérieur de la personne que doit partir, quand elle se sent responsable, l’inversion de la marche» (Cir. 934, p.10).

Garder, c’est prendre soin, se sentir respon-sable du monde dans lequel nous vivons, favoriser un meilleur équilibre dans le rapport de l’homme avec la nature. Il ne s’agit pas seulement de mieux conserver les écosys-tèmes et le milieu naturel, mais de revoir en profondeur les modalités selon lesquelles nos sociétés créent du bien être et le développe-ment économique et social.

On peut déjà, aujourd’hui, mener beaucoup d’actions en vue d’arriver à des compor-tements visant de façon réaliste à réduire l’utilisation de la nature, la destruction des ressources naturelles, le gaspillage des bien de l’environnement, tels que l’eau, la terre, l’air, la biodiversité, l’énergie.

En même temps, il y a beaucoup d’initiatives à soutenir pour mettre en œuvre des parcours de développement capables d’apporter dignité

et bien être à une grande partie de l’humanité qui, aujourd’hui, n’en profite pas. De plus sauvegarder la création dans le cadre écono-mique, politique, social, c’est aussi orienter par des règlements adaptés et soutenir par des ressources proportionnées toutes les mesures qui permettent d’alléger l’empreinte écologique, c'est-à-dire le poids d’une communauté sur le milieu naturel, et d’améliorer la condition et la qualité de la vie des personnes (cf. CEI, 8e journée pour la Sauvegarde de la Création 2013). Pour garder la création, enfin, il faut éduquer et s’éduquer à une culture écologique, en vue d’un style de vie moins pesant.

Que pouvons-nous faire ? Notre vie quotidienne nous donne des occa-sions pour traduire, de façon concrète, la con-viction que la terre est un don sacré à gérer pour le bien de l’humanité. Le Bureau JPIC de l’Ordre des Frères Mineurs nous propose des pistes intéressantes et pratiques. Pour réaliser ce programme, par exemple, au niveau de la gestion des déchets, les trois R de l’écologie sont toujours valables : Réduire, Recycler. Réduire : l’usage des produits jetables : “plastiques, emballages fabriqués en polyester, emballages superflus, le matériel polluant, etc.” Réutiliser : sacs, boites, sachets papier et plastique et autres récipients. Donner priorité aux produits qui portent le label écologique, choisir des produits fabriqués avec du matériel recyclé et des produits dont les récipients sont réutisables. Recycler : cartons, papier, plastiques, bouteilles, récipients… ; verre et aluminium, les déchets domestiques. Enfin, il est indispensable de mettre en pratique le ramassage des déchets par catégorie.

j.arciniegas @ cgfma.org

Nous former et former Quels produits “jetables”

utilisons-nous le plus souvent ?

Comment les remplacer

ou réutiliser ?

Quels produits pouvons-nous

recycler ou réutiliser ?

Effectuons nous régulièrement

le tri des déchets ?

Prenons des décisions

concrètes à cet égard.

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En/Gratitude

Maria Rossi

Devant une situation de souffrance, ce sont en général des sentiments de compassion qui émergent, avec le désir de secourir, d’aider, de lever des obstacles. Parfois il est possible d’intervenir seulement avec une vraie prière d’intercession. En d’autres occasions, ayant les moyens et si les circonstances le permet-tent, la compassion se transforme en un geste d’accueil, de protection, de soutien, de tendresse.

Il s’agit de gestes concrets qui viennent d’un profond sentiment d’humanité et de compas-sion, dans la rencontre de celui qui, souvent injustement, souffre. Ce sont les marques du désir de procurer le soulagement, la possibilité d’évoluer sereinement et aussi l’enthousiasme de pouvoir contribuer à une cause importante. Il naît sous le signe de la gratuite, mais on ne peut ignorer que “le désir de faire le bien contient inconsciemment la demande d’en recevoir au moins la reconnaissance”. (PARSI Maria Rita, Les ingrats. Le syndrome rancunier du Bienfait, Mondadori, Milano 2012)

Une personne qui procure de l’aide, de l’accueil, de l’amour et de la tendresse, s’expose, elle devient vulnérable et peut se retrouver dans une situation de difficultés non négligeables. Elle peut rester bloquée et succomber sous le poids des divers aspects de l’ingratitude, surtout si elle part avec l’enthousiasme et l’ingénuité du jeune néophyte, avec peu de conscience de ses propres ressorts intérieurs et une connaissance limitée des réponses possibles de celui qui reçoit le bienfait

Un poids insupportable :

C’est rapidement que dans la vie on se trouve confronté à l’expérience de l’ingratitude. Il n’est pas rare d’entendre les enfants, mais surtout les adolescents qui confient leurs premières expé-riences avec leur sentiment de souffrance devant la trahison : “l’année dernière, elle était

mon amie, je lui portais aussi à goûter.

Cette année, elle va avec une autre et raconte mes secrets à tout le monde”. “Depuis toute petite, elle venait à la maison, nous jouions et nous faisions nos devoirs ensemble. Mainte-nant, elle ne vient plus et dit du mal de moi et de ma famille”. Et ces choses vécues ont souvent une incidence négative sur les résultats scolaires et sur les relations avec les autres. Mais elles peuvent encore devenir l’occasion d’une croissance personnelle.

Pour les adultes et les anciens, encore plus que pour les adolescents et les jeunes, l’ingratitude peut être un poids insupportable. Les personnes auxquelles on a ouvert son cœur et avec lesquelles on a partagé sa vie (le partenaire, un/e ami/e, un fils, une fille, un être cher, une Institution à laquelle on appartient) et en qui on s’est investi beaucoup sur le plan affectif : quand ces personnes répondent en déformant la réalité, par la trahison, la calomnie, les humiliations, les refus et les abandons (réels ou perçus comme tels), elles peuvent faire des dégâts comparables à un tsunami. Elles peu-vent désorienter, pousser à remettre en cause sa propre identité, à se refermer sur soi, à perdre tout sentiment de vie ou de don. Les phrases qui en témoignent sont ainsi exprimées : “C’est très triste, je ne m’y attendais pas vraiment”; “je n’ai pas besoin de croire ni d’aider qui que ce soit”. “Voilà ce que j’ai gagné : après des années de sacrifice, on me laisse en plan. C’est mieux de penser à soi et de laisser les autres se débrouiller”. Et d’autres choses encore pires.

Bénéficiaires et bienfaiteurs L’ingratitude se définit comme “un comporte-ment qui méconnaît ou nie la dimension humaine et morale du bienfait reçu”.(Devoto-Oli). C’est un comportement très répandu qui, suivant les circonstances et l’âge dans la vie, peut se manifester non seulement chez le bénéficiaire mais aussi chez le bienfaiteur.

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D’après l’auteure citée plus haut, il fait partie de notre manière d’être au monde et il naît avec la vie : un grand don d’amour, mais qu’on ne vous demande pas et que comporte l’expulsion de la matrice, qui maintenait dans un état de bien être absolu et dans une protection inconditionnelle.

“Nous naissons d’un acte de trahison viscéral, d’autant plus important que l’amour qui l’a précédé fut grand. Et en naissant, nous tran-sitons vers une vie autonome que nous n’avons pas demandée”. L’empreinte de l’amour contient celle de l’ambivalence et la rancune du béné-ficiaire est “dans nos cœurs dès l’origine : nous devons apprendre à le reconnaître aussi en nous-mêmes pour le contrôler et empêcher qu’il n’atteigne une dimension pathologique”. L’accueil inconditionnel et les soins maternels qui suivent la naissance aident à faire oublier la blessure initiale. L’amour des parents devient “ce champ d’apprentissage affectif qui aide les enfants à être de bons bienfaiteurs...c’est à dire des personnes capables de demander avec sérénité, si elles en ont besoin et à dire “merci” à qui leur donne, capables de reconnaître le don reçu parce que l’amour leur rendra tout cela possible.

Le dommage causé par l’ambivalence se transforme en rancune quand il ne se transforme pas en gratitude, si le modèle et l’aliment lui ont fait défaut”.

Ceux qui, soit par manque de soins et d’amour soit par manque de connaissance suffisante de soi et par manque de réflexion, n’ont pas surmonté l’ambivalence de l’amour, pourraient ou bien être incapables de reconnaître les bienfaits reçus, les prenant pour un dédommagement pour ce qui leur a été irrémédiablement soustrait, ou bien devenir des bienfaiteurs à outrance pour montrer aux autres comment faire le bien. Les bénéficiaires qui comprennent le don comme un dédommagement pour ce qui leur a été pris, un prétexte et une trahison de la réalité, peuvent devenir un cauchemar et un danger. Pour ne pas se laisser trahir, pour ne pas permettre que des sentiments de haine et de vengeance s’enracinent dans l’âme et pour ne pas se refermer ni s’enfermer, il convient de prendre ses distances affectivement et, quand on le peut, également physiquement et il faut se fier à Celui qui reconnait même le don d’un verre d’eau. Maria Rita Parsi écrit “le destin des ingrats, celui qu’ils méritent, c’est l’oubli”.

Nous sommes tous des bénéficiaires et des bienfaiteurs. Et si ce n’est pas facile d’être un bon bénéficiaire, c’est aussi difficile d’être un bon bienfaiteur. Certains bienfaiteurs (nous pouvons nous trouver parmi eux) ont tendance à faire trop sentir le poids de leur aide ou à donner pour se faire prendre pour une personne serviable ou en tout cas pour se gagner des bonnes grâces et des faveurs en retour. L’intérêt, en particulier s’il est sournois, provoque chez celui qui en est l’objet, de l’humiliation, de la frustration, de l’embarras et aussi le refus du bienfait. Certains bienfaiteurs peuvent éprouver de l’envie et se sentir privés du succès professionnel ou du prestige que leur aurait conféré le bienfait. D’autres encore peuvent se renfermer dans un ressentiment morose et devenir incapables de trouver la sérénité et le goût de donner.

Un don est en tout cas un poids que tous ne réussissent pas à supporter sereinement et enco-re moins à en être reconnaissants. Cacciaguida, dans le dix septième chant du Paradis de la divine .

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Comédie, en référence à l’accueil qu’il reçoit en exil, dit à Dante : “tu verras comme le pain d’autrui est salé, comme est dure la rue et difficile la montée et la descente de l’escalier d’autrui”.

Apprendre par les ingrats

L’expérience de l’ingratitude peut infliger des blessures irréparables mais elle pourrait aussi devenir une occasion essentielle de crois-sance. L’auteure écrit : “je dois rendre grâces qu’il y ait tant, trop de personnes ingrates. Certaines d’entre elles l’ont été d’une manière incompréhensible, d’autres, d’une manière délibérément indigne. Je les ai rencontrées et je les rencontre continuellement dans ma vie. Elles ont été et sont mes véritables maîtres. D’elles, j’ai appris et apprends quotidienne-ment tout ce que je connais maintenant....sur mes limites, sur mes souhaits, sur mes misères, indignités, incompétences, inefficacités...”

L’ingratitude peut aider à mieux connaître sa propre humanité et également celle des autres. La connaissance profonde de soi même suppose que l’on reste ouverts, disponibles, désintéressés et dans le même temps, que l’on tienne compte de la part obscure de soi même. Elle contribue à nous faire prendre conscience que le désir de faire le bien contient inconsciemment l’envie d’en recevoir de la reconnaissance et cela peut être perçu par l’autre comme un poids excessif. Parfois, contraint par la nécessité, on peut se montrer reconnaissant, mais à trop ressentir le poids du bienfait que l’on considère comme le dédommagement de la privation, on peut ou bien ignorer le bienfaiteur ou bien se retourner contre lui et lui infliger souffrance et douleur. En partant de l’indignation, de la douleur et de la désorientation que provoque l’absence d reconnaissance, on peut apprendre à être prudents, réalistes et humbles, à ne past

s’adonner avec prodigalité au bien avec une bonhommie inconsciente, mais à se préparer de manière responsable à tout évènement. Bunuel dit : “ne pas faire le bien si l’on n’est pas prêt à supporter le mal quel’on recevra en échange”. Don Bosco lui aussi a appris de la part des ingrats. Après que des jeunes qu’il avait hébergés furent partis avec les couvertures et les draps, également la paillasse, sur le conseil de Maman Marguerite, il a continué d’accueillir mais avec plus de prudence.

L’expérience de l’ingratitude porte en elle la tentation de se refermer et de démissioner. Mais la conscience de notre humanité et de celle d’autrui illuminée par la foi, aide à continuer avec humilité et à croire que le bienfait est une grande valeur, indépendam-ment de la reconnaissance.

“Les ingrats, écrit l’auteure citée, sont pour moi boue sans âme ni lumière. Ils sont ma part sans lumière que je dois illuminer et que, grâce à eux je pourrais transformer en or. L’être humain authentique est celui qui regarde les étoiles. Egalement dans la boue et de la boue dont il vient”. Et un bon bienfaiteur est une personne authentiquement humaine, “qui aspire à faire le bien parce qu’elle en ressent la Beauté. Et elle vibre chaque fois qu’elle accomplit le bien, mettant en oeuvre une réalisation intérieure qui, telle une énergie constructive, relie ensemble son esprit, son corps, son imaginaire”. La reconnaissance a une grande valeur éducative; Don Bosco a voulu qu’elle soit mise en valeur carrément par une fête. Celui qui reconnait sereinement le bienfait reçu se reconnaît lui-même et sa condition propre. C’est cela qui confère identité et liberté et capacité à être un bon bienfaiteur, une personne généreuse qui non seulement donne, mais aussi accepte de recevoir et se montre reconnaissante. [email protected]

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Vivre avec passion

Mara Borsi

La spiritualité salésienne encourage les jeunes à affronter les défis et les questions de la vie quotidienne avec joie et esprit de sacrifice. C’est une spiritualité qui les rencontre à leur niveau et sait reconnaître l’action de l’Esprit dans leur cœur. Aujourd’hui nous vivons une époque qui, semble-t-il, se distingue par le mythe enivrant de l’efficacité et de la qualité : si tu es au sommet de tes performances, tu comptes : si tu ne l’es pas, tu ne comptes pas. La vie doit être belle, parfaite, intelligene, pleine de succès, la vie compte si elle paraît le résultat de cette vision de l’existence, c’est la reproduction de marques. On fait tout pouir cacher la fragilité, la faiblesse, les limites. La spiritualité salésienne forme à aimer la vie dans son intégralité avec ses lumières et ses ombres, compe aussi sa lenteur : le refguser c’est perdre la couleur et la saveur de la vie, de la vie authentique, cela s’entend. Jean Bosco et Marie Dominique, à travers leurs fils et leurs filles de toutes les couleurs, partagent la même spiritualité, aujourd’hjui encore apprennent à beaucoup de garçons et de filles à vivre avec passion, à lire la page actuelle de leur vie, le visage de ceux qu’ils rencontrent, l’émotion qui les effleure, en un mot, à être présents à ce qu’il font. Présent à l’instant de vie qui se présente. A l’école de l’incarnation d’un Dieu qui a habité ce qui est brisé, qui a demeuiré au cœur de notre ppauvreté et de notre faiblesse,

celui qui vit de la spiritualité salésienne croit à la présence d’un Dieu qui, sans cesse entour d’amour et de protection ses enfants. Il sait qu’il n’y a pas besoin d’êtredétaché de la vie ordinaire pour chercher son visage. C’est justement là que nous le trouvons Assumer avec cohérence l’aspect ordinaire de l’existence, accepter les défis, les questions, les tensions de la croissance, chercher à recoller les fragments dans l’unité qui réalise l’Esprit du Baptême ; traveqiller à surmonter les ambiguités présentes dans l’expérience quotidienne ; mettre le femrment de l’amour à tous nos choix : c’est le passage obligé pour découvrir et aimer le quotidien comme une réalité nouvelle dans laquelle Dieu agit avec miséricorde etmagnanimité. [email protected]

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L’enseignante fait comprendre que c’est le même amour que Laura avait pour sa mère. Donc, pour sauver une âme, on peut être généreux comme elle et dans cette générosité on peut mettre une intention spéciale pour la conversion de ceux qu’on aime. Une nouvelle main s’est levée. L’étudiant pour rendre plus solennel ce qu’il va dire se lève : «Est-ce que nous devons donner notre vie pour sauver une âme ?» L’enseignante explique que tous ne sont pas appelés à donner leur vie comme Jésus, Laura et tant d’autres témoins de l’Evangile, mais que l’on peut être généreux de beau-coup d’autres manières et elle commence avec une série d’exemples de situations concrètes qui, à partir de la vie quotidienne, parlent de disponibilité, de sacrifice, d’atten-tion aux autres.

Aider ses frères ou sœurs plus jeunes pour les devoirs ramenés de l’école, se proposer pour faire le ménage chez ses grands parents… Les exemples semblent ne pas devoir finir. Et c’est ainsi : qu’un jour déjà frais d’automne des étudiants de la 5e année d’une petite école élémentaire du Sud des Etats-Unis rencontrent le défi d’une plus grande générosité, qu’ils dépassent la leçon simplement entendue et vécue. L’enseignante touche du doigt l’action de l’Esprit Saint et renouvelle l’offrande de son temps et de son savoir pour le salut et l’éducation des jeunes générations. Jeanette Palasota fma, Etats-Unis

Les défis et les questions de la vie quotidienne Il est neuf heures. C’est la leçon de religion des élèves du 5e niveau de l’école élémentaire. L’enseignante voit une main se lever et donne la parole à un très jeunes étudiant qui commence : “Comment faire pour sauver son âme ?” L’enseignante sent un frisson le long du dos. La question arrive et bouleverse le plan de la leçon. Le silence descend, les yeux des élèves vont du visage de leur compagnon à celui de la maîtresse. Stupeur, attente d’une réponse. Dans l’esprit de l’enseignante de nombreuses pensées se croisent très vite. Une invocation à l’Esprit Saint jaillit de son cœur : faut-il répondre rapidement à la question et faire la leçon programmée ou bien faut-il s’engager sur la voie de l’inattendu ? Elle commence à raconter la vie de Laura

Vicuña, petite fille qui offre ses souffrances et

même sa vie pour que sa mère se convertisse aux exigences de l’Evangile. A un certain point l’enseignante demande à ses étudiants de fermer les yeux et de penser à quelqu’un –parmi leurs connaissances- qui pourrait pren-dre une mauvaise décision concernant se propre vie. L’enseignante les presse : comment vous sentez-vous ? Pourquoi vous sentez-vous ainsi ? Alors commence un partage qui conduit les élèves à exprimer leurs soucis pour des proches, des amis, des connaissances. Un dialogue animé et toujours profond qui, peu à peu, les amène à comprendre que le souci est basé sur l’amour.

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Les JMJ : étape d’un long chemin

Maria Borsi, Palma Lionetti

Le message essentiel des JMJ de Rio, nouveau par sa forme et son contenu, se fait accompagnon du voyage des jeunes : comme les disciples d’Emmaüs, ils semblent se méfier d’une Eglise qu’ils sentent éloignée. Se faire compagnons de route en parlant de Dieu à travers les gestes de la vie quotidienne. Les paroles et les gestes du Pape François pendant les JMJ de Rio de Janeiro ont montré au monde un peu de la route qu’il entend tracer pour l’avenir de l’Eglise.

Les jeunes ne constituent pas une réalité isolée. Ils sont partie intégrante de la société, le Pape l’a montré en donnant sa marque personnelle au programme des JMJ dont il a hérité.

Les arrêts au Centre de cure et de réhabilitation pour toxicomanes, la rencontre de 8 détenus (2 filles et 6 garçons) ont voulu dire que les nouvelles générations ne sont pas dispensées de tenir compte de la douleur de la limite, de la pauvreté du péché, du délit, de la peine, du rachat personnel et social. Le Pape lui-même faisanht le bilan de ce grand événement a rappelé à tous que les journées mondiales de la jeunesse ne sont pas des “feux d’artifices”, des moments d’enthou-siasme passager, ne se rapportant quà soi-même, mais qu’il s’agit d’étapes sur une longue route. Les responsaqbles de la pastorale des jeunes ont pris plus clairement conscience, de l’importance de conjuger la pastorale des événements, dont les JMJ sont un sommet, à la pastorale de la vie quotidienne en proposant des itinéraires éducatifs qui favorisent l’intériorisation de la foi.

Cependant, on constate encore une distance entre l’ expérience forte des grands rassem-blements –comme celui du Mouvement Salésien des Jeunes qui a été réalisé dans tous les continents- et la vie quotidienne. Il existe encore une certaine difficulté pour accompagner les jeunes dans leur expérience de l’université, dans le monde du travail (pour les quelques-uns qui réussissent à y entrer) pour capter la réalité des jeunes, surtout celle qui se vit à l’occasdion des grands événements.

Entrer dans la nuit Le Pape François, parlant des jeunes aux évêques du Brésil, a dit : «Il faut une église qui n’aie pas peur d’entrer dans leur nuit… qui soit capable de les rencontrer sur leur route… pour prendre part à leur conversation». On ne peut ignorer la nuit des hommes et des femmes d’aujourd’hui vers lesquels l’Eglise est appelée à se mettre en route sans peur ni préjugés. C’est une mission à respecter. Elle a été rendue concrète du fait que le Pape François a choisi les JMJ de Rio pour dire à tous ceux qui croient qu’ils sont appelés à être serviteurs de la communion, de la culture de la rencontre, sans présomption, guidés par la certitude humble et heureuse de ceux qui ont été trouvés, rejoints et transformés par la Vérité qui est le Christ et qui ne peuvent pas ne pas l’annoncer. Le Pape a donné aux jeunes un exemple personnel et une indication concrète sur la façon de vivre aujourd’hui en chrétiens, en mettant à la première place ceux qui souffrent, les exclus, les oubliés, ceux que l’on met à l’écart de la société. Le message est passé fort et clair.

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■ ANNEE LX ■ Janvier-Février 2014

Qu’en reste-t-il ? Martine, 18 ans : «J’attendais beaucoup, j’ ai trouvé plus encore. J’ai ramené chez moi une mission formidable. En tant que catéchiste, je veux faire passer aux enfants ce que j’ai reçu».

Marie-Hélène, 20 ans : J’ai compris que le Pape François croit en nous, en notre génération étouffée qui manque d’espace pour s’exprimer. Lui nous fait confiance -sans condition- la confiance c’est le trésor qui demeure».

Gabriel, 22 ans : «La Joie et la conviction que maintenant c’est notre tour».

Fausto, 25 ans : «Descendez de vos balcons», nous dit le Pape. Cela m’encourage à ne pas rester spectateur.

Lux, 28 ans, éducateur : «Engagement, travail pastoral, quotidienneté. Conscience que, de ce que l’on fait, rien n’est inutile ou trop petit, mais rend meilleur un morceau du monde. Partage de la vie de nos maisons, dans le milieu éducatif, dans les moments ordinaires qui, cela arrive parfois, deviennent exceptionnels parce qu’ils rayonnent de simplicité et d’amour. Oasis de sens, dans le désert de la banalité, sourires, baisers, gestes qui traduisent l’amour de Jésus».

Dans le vie de tous les jours Pour relier les grands événements et la vie quotidienne, pour bien planifier la pastorale des jeunes, il est nécessaire d’insister sur la place centrale de la figure de Jésus. C’est l’humanité de Jésus qui nous enseigne “comment vivre” et éduque l’humanité.

Avec les jeunes, en communauté de croyants, lire les Evangiles en cherchant quelle humanité Jésus a vécu, dans ses rapports avec les autres, sa façon de parler, la vie intérieure qu’il nous révèle.

Témoigner de sa foi, et donc montrer la foi comme la route du sens, capable de donner goût, direction, signification, à la vie des jeunes. [email protected] [email protected]

Dans les lieux abandonnés nous construirons avec des pavés nouveaux il y a des mains et des machines et de l’argile pour de nouvelles briques et de la chaux pour du mortier nouveau Là où les pierres sont tombées nous construirons avec de nouvelles pierres là où les poutres sont pourries nous construirons avec du bois neuf là où les mots ne sont pas prononcés nous construirons avec un nouveau langage c’est un travail en commun une Eglise pour tous une porte pour chacun chacun à son travail. Thomas Steams Eliots Chœurs de “la Roche”

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 32

Unies

pour une société meilleure

Anna Rita Cristiano

«Je crois fermement que le salut de l’Inde dépend de l’abnégation et de l’émancipation de ses femmes. (M. Gandhi).

Cette année la rubrique «Un regard sur le

monde» sera un journal de voyage, qui

nous racontera les rencontres et l’écoute

de faits historiques pour nous ouvrir aux

différentes cultures du monde. La première

étape est Bangalore dans l’Inde.

Nous visitons cette ville et les Etats du

Karnataka, Andhra et Kerala avec

l’intention de regarder cette terre à travers

les yeux des femmes… ce qui nous

donnera la possibilité d’entrer dans cette

grande Nation dans une perspective riche

de suggestions ; cela nous donnera surtout

la possibilité de saisir l’importance de la

contribution des femmes pour la croissance

de ce pays. Bangalore est la capitale de

l’état du Karnataka, situé dans la pointe

sud-occidentale de l’Inde.

C’est la troisième ville la plus peuplée de

l’Inde, comptant plus de six millions

d’habitants ; c’est une des villes de l’Asie

qui devient de plus en plus cosmopolite,

ce phénomène est dû à la présence de

nombreuses sociétés multinationales, et

de plus de 100 universités orientées vers

la recherche et la technologie.

Cependant si l’industrie de la technologie

de l’information est prospère, c’est au

détriment de la population rurale.

Seulement 28 % des habitants de Bangalore

vivent en ville et la plus grande partie de sa

population se base sur des entreprises agrico-

les. La différence économique-culturelle devient

de plus en plus importante et vise les techno-

logies de haut niveau par rapport aux principes

de l’économie agraire, ce qui a donné deux

visages à la même ville. Le premier est plein de

vie, créatif et ultra moderne, il montre le succès

d’un pays en plein développement.

Le second présente des gens qui vivent dans les périphéries, dans les rues avec des services publics inadaptés et avec d’énormes différ-ences de revenus, d’une santé précaire et d’un manque d’opportunités de rendement. Ceux qui souffrent surtout de cette situation, ce sont en particulier les femmes et les enfants. Pour les femmes il s’agit de lutter contre la pauvreté, mais aussi contre les discriminations de ceux qui voudraient les reléguer uniquement aux travaux ménagers, sans possibilité de se faire entendre. L’alphabétisation des femmes est donc absolument nécessaire pour qu’elles prennent conscience de leurs propres capacités

Nous rencontrons sœur Anna Thekkelkandathil, fma de la province INK. Elle nous raconte : «En voyant les conditions d’extrême pauvreté des femmes, des jeunes et des enfants dans les différents Etats de l’Inde, spécialement à Karnataka, Andhra Pradesh et Kerala, dans les slum et dans les villages, nous avons décidé de créer une ONG appelée Centre pour le Déve-loppement et l’Engagement des Femmes. (CDEW), afin de promouvoir la condition de la femme à travers des interventions et des activités variées».

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■ ANNEE LX ■ Janvier-Février 2014

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Comme partout en Inde, les FMA ont fait le choix de soulager la pauvreté et de promou-voir l’alphabétisation, à travers des campagnes d’actions durant lesquelles les femmes peuvent acquérir les bases néces-saires pour que leur vie devienne plus supportable. Pour les FMA, la promotion des femmes constituent le but à atteindre pour soulager la pauvreté et améliorer les conditions de vie au niveau de la nourriture, des soins de santé, et de l’instruction des enfants. On travaille donc pour que soient reconnus leur dignité et leurs droits, à travers la promotion, la participation sociale, l’instruction, la formation culturelle, l’autonomie économique et l’assistance sanitaire. Le CDEW est l’organisme d’action sociale officiel des FMA de la province. Il est né en

2003 comme une organisation de volontariat et son action est planifiée selon 5 stratégies d’engagement : dans l’organisation, dans l’ins-truction, dans l’auto-dépendance économique, dans le soin de la personne et dans la capacité de prendre des décisions. Au cours de notre voyage nous avons rencontré des femmes au visage marqué par la souffrance et la douleur, mais aussi par la détermination de faire quelque chose qui puisse améliorer leur avenir et celui de leurs enfants. Nous avons aussi rencontré des fem-mes au regard intense et profond qui connais-sent l’importance de chaque instant de vie, qui ont connu des moments difficiles, mais qui ont su aussi se relever et trouver en elle-même la force d’améliorer leurs propres conditions. Parmi celles-ci nous écoutons Mahalaksmi : «Je viens du village Palipalem en Kottapa-tnam Mandal. Mes parents ont arrangé pour moi un mariage ici à Mahendra Nagar, Ongole. Mon mari possédait un four pour la cuisson des briques. Un jour pendant un litige avec un voisin, il a été poignardé et est mort sur le coup. J’ai quatre enfants : trois filles et un garçon. A ce moment là le dernier n’avait que six mois. Quand mon mari était en vie, je sortais presque jamais de la maison, même pas pour aller au marché. Plusieurs voisins m’ont conseillé de vendre le four et d’acheter des buffles pour gagner ma vie. Avec des enfants encore si petits j’ai dû lutter pour faire vivre ma famille et je ne savais pas

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 34

comment faire. Par la suite, une des organi-satrices du Centre de Développement des Femmes «Auxilium Akhila Vikas» est venue me rendre visite. Elle m’a demandé de faire partie de leur groupe Aide-Autonomie pour pouvoir mettre de l’argent de côté et recevoir ensuite un prêt du groupe et de la banque. En tant que membre du groupe j’ai appris un tas de choses : j’ai pris confiance en moi-même, j’ai commencé à comprendre la valeur du travail. Après six mois j’ai pu faire un premier emprunt au groupe et j’ai acheté un deuxième buffle. J’ai envoyé mes enfants à l’école, même si avec le temps les études coûtent plus cher. Avec l’aide d’un autre emprunt à la banque j’ai pu acheter un autre buffle. Maintenant je possède trois buffles dont le revenu régulier me permet de bien faire vivre ma famille. Avant nous habitions dans une cabane, maintenant, un peu à la fois j’ai réussi à construire une maison de briques. Deux de mes enfants continuent leurs études, deux filles sont mariées. Faire partie du groupe m’a aidée à avoir confiance en moi, à grandir dans la dignité et à travailler sans dépendre des autres, pour aller de l’avant dans la vie. Au début j’étais très timide, puis en prenant conscience de mes capacités, je suis devenue capable de parler devant les gens, de dire ce que je pense et de raconter mon histoire ». Saguna, elle aussi est une femme bien décidée, qui a dû lutter pour se faire accepter et pour démontrer que, malgré l’impossibilité d’avoir des enfants, sa vie était utile.

«Maintenant je suis leader du groupe d’Aide Autonomie Laxmi. Je suis mariée depuis 25 ans. Je n’ai pas eu d’enfant, c’est pour cela que mes voisins et ma belle-mère me regar-daient avec mépris et me maudissaient pour ma stérilité. Mon mari travaillait dans un magasin comme gérant et moi j’étais ménagère. J’étais très découragée et personne ne m’offrait de l’aide. Un jour une des sœurs du Centre du Développement des Femmes «Auxilium Akhila Vikas» et une organisatrice de la communauté sont venues me voir et elles m’ont conseillé de faire partie du groupe d’Aide-Autonomie Laxmi Peu à peu j’ai pu surmonter ma douleur et elles m’ont encouragé à ouvrir un petit magasin. J’ai alors fait un emprunt et j’ai acheté du riz en vrac pour le revendre au détail. Ceci m’a aidée à surmonter ma souffrance. Après avoir rem-boursé le premier prêt, le groupe m’a conseillée d’en faire un second et ainsi j’ai pu agrandir mon commerce de riz. Maintenant par ce dur travail je prends conscience de mes capacités intérieures et j’ai établi de bonnes relations avec mes voisins. J’ai beaucoup de clients qui viennent acheter mon riz. Bien que je ne sois plus très jeune j’ai décidé d’adopter une petite fille. Mon mari et bien des voisins m’ont critiquée pour cette décision ; je les ai mis au défi en leur disant qu’en vendant chaque jour un peu plus de riz je pourrais élever la petite. Peu à peu mon mari a cédé. J’ai appelé ma petite fille Sri Harsavardhini. Aujourd’hui mon mari est heureux d’avoir une fille et il l’aime beaucoup».

Sœur Palma Latha travaille, elle aussi dans les centres de développement et partage avec nous son expérience : «Les femmes ont pris conscience qu’elles ont du pouvoir. Elles sont sorties de l’esclavage. Elles sont indépendan-tes et capables de penser par elles-mêmes. Elles ont acquis beaucoup de capacités pour améliorer leur propre vie. Elles sont capables de motiver leurs enfants pour qu’ils aillent à l’école, se rendant bien compte de leurs capacités et de leurs droits. A travers les groupes de SHG les femmes ont grandi à tous les niveaux et elles ont acquis plus d’assurance, d’estime de soi et de confiance. Elles ont plus de connaissances et d’espoirs. Aujourd’hui les femmes sont plus libres et l’on peut dire que le chemin parcouru avec ces femmes a été un chemin de libération ».

Au fil des années, le CDEW a réalisé avec suc-cès plusieurs projets et plusieurs programmes : la formation et le développement d’environ 700 Centres d’Aide Autonome qui constituent une fédération ; avec des programmes agricoles pour des rendements meilleurs, de construc-tion de maisons, d’écoles ; des programmes d’alphabétisation pour les enfants pauvres dans trois Etats différents qui touchent environ 3000 enfants ; des programmes de prévention et d’information sur l’AIDS ; la construction de plus de 500 puits pour recueillir l’eau de pluie, chez les plus pauvres en Kanakakkunnu et Kattappana ; des programmes pour les exclus de l’école ; 10 000 personnes ont été guéries de l’alcoolisme grâce aux groupes des AA.

Le travail du CDEW de Bangalore est raconté dans la vidéo de Missions don Bosco «Unis pour une meilleure société».

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Connecter

Maria Antonia Chinello

Dans la communication, comme dans la nouvelle évangélisation, il est essentiel de laisser ouvert le canal pour établir l'écoute réciproque, présupposée à un vrai dialogue. Le dictionnaire de la langue italienne nous explique que le terme "connecter” signifie "Unir deux ou plusieurs choses ; réunir les idées, les mettre dans une succession logique ; mettre en contact une chose avec une autre ; mettre en relation une chose avec une autre; raisonner; s'unir l'un à l'autre; se mettre en communication avec quelqu'un." Les définitions procèdent ainsi de manière à exposer successivement ou à mettre en relation des objets, des idées afin que tout le monde soit à l'unisson. Dans le monde contemporain, les entreprises privées, les organisations, les organismes publics privilégient de plus en plus l'approche systémique pour ce qui concerne l'étude, les projets et le développement de solutions en vue de la commercialisation, de la gestion et de la formation. Dans un contexte marqué par l'incer-

titude et la complexité, pour acquérir une vision d’ensemble il est nécessaire de s'unir, et d’exprimer une vision dynamique des relations, il s’agit de viser à l'inter discipline, au travail d'équipe, au partage des connaissances, pour dépasser les limites d'un savoir sectoriel, d'une vision parcellaire et statique de la réalité, des problèmes, des idées et de la confrontation. “Se connecter” dit l'agir communicatif à l’épo-que d’Internet : liaisons, avec ou sans fils, qui unissent deux ou plusieurs éléments soit au niveau technique, comme aussi des personnes : idées, convictions, émotions, actions. Ce sont les relations qui restent au centre du système et de l'échange de contenus, de plus en plus liés à qui les produit ou les signale. Il faut compren-dre que les concepts comme personne, auteur, relation, cohérence, responsabilité, amitié, intimité, autre, proche, évoluent justement avec l’arrivée du Réseau Internet. La connexion demande la disponibilité à entrer en contact, à tenir ouvert le canal, à être présent à la sonnerie, aux SMS, post et tweet “, que chaque interlocuteur soit toujours disponible”, “toujours joignable”.

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■ ANNEE LX Janvier-Février 2014

ANNEE LVII MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2011

Si la connexion n'est pas en lien avec la réalité, le revers de la médaille c'est la fermeture, parce que : "Si le Réseau Internet, normalement prévu pour mettre en contact les personnes, finit dans la réalité par les isoler, il se trahit lui-même, ainsi que sa signification. Le nœud problé-matique consiste dans le fait que connexion et échange ne s’identifient pas avec "la rencon-tre", qui est une expérience très importante au niveau de la relation. "La connexion est appelée à être un espace de communion, en aplanissant la route pour de nouvelles rencontres, en assurant toujours la qualité du contact humain.

Connexion lieu de communion "L'existence de l'homme est “conçue” non pour l'isolement et l'autosuffisance, mais simplement pour une vie de relation avec son Créateur, constitutive de son être le plus profond. Dieu même n'est pas solitude mais relation parce qu'il est "amour", 1Jn 4,8). Relation, amour signifient vie : Dieu a fait exister l'homme pour le rendre participant de sa propre vie.

Le Réseau Internet, du fait des nombreuses connexions qu’il permet, est un lieu où la foi peut s'exprimer, non par simple volonté d’"y être présent” mais parce que c’est la nature propre du christianisme que d’être en lien avec la vie des hommes. Comme Jésus, le Verbe “a accompli sa mission en descendant, en venant dans notre obscurité, avec humilité et un amour profond pour tous les hommes pécheurs. L’Église, aussi ne pourra pas suivre, une autre voie que celle de la kènosis pour révéler au monde le Serviteur du Seigneur (Communiquer l'Évangile dans un monde qui change,63). L'Église est maison et école de communion, demeure ouverte et accueillante, quand ses membres s’aident mutuellement à porter "leurs fardeaux", quand ils s’ouvrent au dialogue et restent en contact, parce que "Ce que nous avons entendu... nous vous l'annonçons aussi à vous pour que vous aussi soyez en communion avec nous...

«C’est pourquoi nous vous écrivons, pour que notre joie [la nôtre et la vôtre] soit parfaite», 1Jn 1,1 -4). C'est grâce à l'écoute, à l'expérience et à la contemplation du Verbe que notre vie et nous- mêmes sommes transformés pour devenir capa-bles de communiquer tout ce que nous avons reçu.

[email protected]

.Whats App Messenger

C’est une application de messagerie instan-

tanée, mobile, multiplateforme qui permet

d'échanger des messages avec nos contacts

sans devoir payer les SMS. Whats App

Messenger est disponible pour iPhone,

BlackBerry, Android, Windows Phone et Nokia.

Il est possible d’échanger des messages,

partager des photos, des vidéos, des enregis-

trements de musique et des relevés de notre

position géographique avec quiconque a un

Smartphone connecté au Réseau. Car on se

sert du même abonnement Internet utilisé pour

les e-mails et la navigation web, il n’y a pas de

coût supplémentaire pour envoyer des messa-

ges et rester en contact avec nos amis.

L'application est mise à jour sur des plate-

formes différentes périodiquement en amélio-

rant les offres et les opportunités.

Ainsi cette application, qui se répand parmi les

jeunes (et moins jeunes), exige d’avoir un

comportement responsable dans l'usage et

dans la production des contenus. Il ne manque

pas d’exemples d’histoires où des garçons et

des filles envoient, parfois inconsciemment,

des déclencheurs automatiques, vidéo, messages

compromettants pour eux et pour les autres.

Tout ce que l’on voudrait préserver peut finir

par voyager sur le Réseau et ne plus s'arrêter.

Nous n’avons pas de peine à imaginer les

conséquences.

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 38

Le reflet dela tendresse Dansl’économie

Bernadette Sangma,

«J’étais une jeune universitaire et j’attendais beaucoup de la vie avec de grands rêves et de beaux projets pour l’avenir, mais tout est parti en miettes dans un accident de la route d’où, en apparence, j’étais sortie sans aucune blessure externe. Peu de jours après, à l’improviste, je suis restée immobile, paralysée de la gorge jusqu’en bas. J’étais ravagée» C’est ainsi que Winnie Mugure décrit sa première réaction à la suite de son accident d’il y a 14 ans. Depuis lors, elle est réduite à la chaise roulante. Mais Winnie est une battante. Je l’ai rencontrée à l’Institut par la Pastorale des jeunes - Tangaza (Nairobi). En la rencon-trant, j’ai fait la connaissance d’une femme croyante ayant une forte résilience.

Comment avez-vous récupéré après cet accident ? Winnie : Ce fut un cheminement long et difficile. Au début, il me semblait être dans un tunnel obscur et noir avec mon corps démantibulé. Plusieurs fois j’ai demandé au Seigneur le sens de tout ce qui m’était arrivé. Il me semblait recevoir du mal en échange du bien que j’avais toujours essayé de faire. Au collège universitaire, j’étais la catéchiste de mes compagnons et je les ai préparés aux sacrements de l’initiation chrétienne. Peu à peu, j’ai commencé à me reprendre et tandis que ma vie en débris se recomposait, j’entendais comme un murmure : «Winnie tout est grâce !» Cela m’a aidée à regarder en face la situation. Je peux dire que ma guérison a pris alors un sens positif non pas au sens physique mais au plan spirituel et émotif. J’ai décidé de

ne pas me laisser définir par ma situation physique d’handicapée.

Que faites-vous maintenant ? Pour l’Académie, je complète actuellement ma thèse de doctorat. A l’époque de l’accident il me manquait encore quelques épreuves du Baccalauréat à passer. Paralysée J’avais perdu l’usage de mes mains et je ne pouvais plus écrire, mais l’université m’a accordé la possibilité d’un examen oral. Après huit ans, j’ai pu retrouver l’usage de mes mains et je suis retournée à l’université pour compléter ma deuxième licence en éducation, en 2006. Actuellement, je prépare le doctorat en psychologie de l’éducation et je fais ma thèse.Pour ce qui est du travail, j’enseigne à temps partiel dans une école secondaire et, occasionnellement, je sers de conseillère dans le collège des Jésuites et au Centre de Cure des Camilliens. De plus, je fais du volontariat dans la maison des malades en phase terminale et dans l’hôpital de Nairobi pour les accidents de la colonne vertébrale dont jus suis moi aussi victime.

Quel est, selon vous, la situation de la femme qui n’a pas la même habilité ? Winnie : La vie d’une femme qui n’a pas la même habilité est marquée par un double handicap. Tu te situes en marge parce que tu es femme et plus encore parce que tu es handicapée. Donc, il est difficile de continuer à vivre à cause de cette double discrimination

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ANNEE LX ■ Janvier-Février 2014

On le remarque surtout quand on recherche du travail. Des personnes s’enthousiasment de mon curriculum vitae, mais quand elles me voient en personne, le manque d’habilité crée tout de suite une distance et puis c’est le refus alors même que je suis qualifiée. Il m’est arrivé d’avoir réussi le concours en vue d’un poste de travail en Chine. J’étais prête pour le départ, mais on m’a retenue la veille. Aujourd’hui, on parle de soi-disant “action affimative” c’est-à-dire de discrimination posi-tive pour les groupes sociopolitiques désavan- tagés. Le but de ces politiques : les droits de la personne handicapée mais la rencontre de la réalité quotidienne est d’un autre ordre. On est considéré comme un citoyen de second ordre. Il faut alors faire preuve de beaucoup de courage pour ne pas se rendre et avancer avec audace.

Quel est le secret de la résilience que tu montres ? Winnie : Au début, quand c’est arrivé, j’ai crié vers el Seigneur, lui demandant “pourquoi ” cela m’arrivait ?. Je cherchais le sens de ma souffrance sur ce lit d’hôpital. Alors que j’en étais là, je me suis rappelé une expérience que j’avais faite avec un groupe d’étudiants de l’université. Je les avais accompagnés dans une usine de fabrication de Coca-Cola. Un responsable qui nous guidait, nous a expliqué comment était fabriquée cette boisson. Il nous a dit qu’elle était préparée avec l’eau du robinet que l’on soumettait à un processus de purification, qu’on pourrait même prendre l’eau sale d’un canal pour arriver au même produit. Comme je restais immobilisée sur mon lit cette explication m’est revenue à l’esprit. Comme l’eau dans la préparation du Coca Cola je passais par un processus de purification intense dans l’usine divine pour devenir un chef d’œuvre de marque divine. C’est Lui l’artiste suprême de ma vie ! La parole phare qui me soutient se trouve dans le livre de Jérémie : “Mes pensées pour vous, dit l’Eternel sont des pensées de paix et non de mal, je vous réserve un avenir plein d’espérance”. (Jérémie 2ç,11) L’expérience de mon handicap m’a rendue sensible aux souffrances des autres. Aujourd’hui, je suis psychologue consultante pour des personnes qui, comme moi, sont victimes de traumatismes de la colonne vertébrale. Je me rends compte que je peux leur parler et être crédible parce que je suis l’une d’eux. Cela m’aide aussi à faciliter leur rapprochement avec Dieu.

[email protected]

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LA PREMIERE NEIGE

De Paolo Bianchini, Italie 2012

Mariolina Perentaler

A peine sorti de l’accueil triomphal des critiques et des prix obtenus avec le magnifique «Io sono Li » (ndt : titre du film en français : «La petite Venise»), le réalisateur Andrea Segre, une expérience éprouvée de documentariste sur les épaules, s’attelle de nouveau au cinéma de fiction : «La prima neve» (ndt, la première neige), un film magnifique. Présenté au Festival de Venise 2013 dans la série Horizons, le film débute dans les salles italiennes en relation avec le projet «La première école». Une fois encore, Segre raconte un présent où la greffe entre la culture italienne et celle des immigrants de notre pays est le passage obligé pour une redécouverte de notre propre identité et pour un avenir neuf. Le Veneto est abandonné pour les montagnes du Trentin extraordinairement pho-tographié par Luca Bigazzi et, dans la splendide vallée des Mocheni, demeurée intacte, la ren-contre est décrite entre Dani, immigrant du Togo et une famille d’autochtones où Michel, 11 ans, est orphelin de père. C’est un bois, le lieu central de leur rencontre, où tous deux se cherchent, se repoussent, se connaissent. Un espace où la nature sert de décor et Segre poursuit avec efficacité sa recherche personnelle sur la relation entre les humains et les lieux qui accueillent leur histoire. Un espace entre la lumière et l’ombre, où l’on peut trouver une solitude qui se transforme en rencontre, en un chemin commun. Une photo-graphie de la vie de notre société.

Un aperçu de vie de notre société Les pères, les mères, les enfants, voici ce dont parle «La prima neve» (la première neige, ndt). Le film aborde le lourd héritage du passé, du haut d’un «col alpin» -rude et symbolique dans le même temps– qui mène vers le futur. Il aborde les deuils et les volontés à accomplir qui en résultent, les différences à atténuer, les maisons à trouver et à construire. «La première neige» parle d’aujourd’hui et il n’y a aucun scandale dans le fait que l’aujourd’hui soit constitué de la superposition inévitable et indispensable entre les aspects les plus tradi-

tionnels de la culture italienne, comme ceux liés à une famille vi-vant dans une vallée perdue du rentin-, et les as- pects plus insta-

bles d’un migrant de nos jours, un immigré qui a mal survécu au traumatisme des embar-cations et qui –en dépit de tout– ne sait encore quelle sera sa nouvelle «maison», «existentiel» où il pourra se réaliser.

«Documentaire et fiction sont seulement deux manières de raconter quelque chose au cinéma –explique le réalisateur-. Parfois, la limite est très mince. Dans ce film, par exemple, je me suis rendu sur les lieux où se déroule l’histoire, pour connaître les gens et comprendre comment ils vivent au quotidien. Et à plusieurs reprises, je me suis rendu compte que la fiction commence là où le récit de ces vies se termine. Le film est construit précisément à partir du dialogue entre la réalisation documentaire et la fiction, entre la relation directe avec la réalité et le choix de moments plus intimes construits en mettant l’accent sur les détails de la mise en scène. Il en est de même dans le travail avec les acteurs : les gens du lieu et les professionnels s’influencent mutuellement et ils ont alors le privilège de travailler avec l’énergie et le naturel imprévisible d’enfants et d’adolescents». C’est là que Segne fait se rencontrer les deux héros : dans une vallée des Mocheni que saisit la caméra en exaltant sur le plan esthétique la beauté naturelle demeurée intacte. Dani a laissé le Togo mais dans l’embarcation il a perdu sa femme qui accouchait. La douleur trop forte l’empêche encore de jouer les pères avec la toute petite fille nouvelle née et il rêve d’un autre but : Paris. Michele, par contre, est un jeune autochtone déchiré par le chagrin de la mort prématurée de son père. Il vit avec son grand père menuisier-apiculteur et sa

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ANNEE LX ■ Janvier-Février 2014

:

mère veuve. Ce sont eux deux les pièces principales d’un puzzle de personnages qui, de manière prévisible, sans secousses, avec le pas régulier et rythmé du montagnard, trouvera sa composition et son harmonie en révélant la silhouette d’une maison qui est celle du cœur et des sentiments. Deux pièces de puzzle qui s’encastrent, mais cet encastrement naturel, Segre ne le force jamais. Il s’arrange pour que toutes les pièces éparpillées sur l’écran au début du film, s’assemblent entre elles tandis que les spectateurs regardent à l’aide du filtre de la technique, qui participe mais qui n’envahit pas. Segre s’arrange pour qu’elles s’assemblent progressivement en fonction des pôles opposés et complémentaires qui s’attirent et qui caractérisent tout le film. C’est là que Dani

apprend d’une manière nouvelle à être un père, à être un homme, grâce à un jeune garçon qui à son tour réapprend à être un fils et parce qu’ils ont appris à s’écouter. On grandit seule-ment en s’écoutant, en se rencontrant, en tenant compte de la diversité des noms dans une communauté qui va s’élargissant et se redéfinissant parce que tous ses membres peuvent être à la maison. Dani est arrivé dans une Italie dont il ne connaît pas les traditions et il ne subit pas l’offense d’un racisme rampant. Il garde en lui-même sa marginalisation de même que le petit Michel, à cause de la souffrance qu’ils vivent et qu’il semble impossible de maîtriser. Ils ont tous deux besoin de cette première neige que leur offre une nouvelle vision du monde, extérieure et intérieure

LE REVE DU FILM

“ Porter des sujets authentiques, sociaux, à l’écran. Innover, promouvoir le « système cinéma » et d’une manière plus générale, le système de la production culturelle, qui aujourd’hui « avancent péniblement ».

«Le cinéma est un élément fondamental de l’éducation d’un pays. Mais le cinéma est une chose et le spectacle commercial une autre – résume Segre en présentant « la première neige ». Les films à tendance commerciale dominante, de ceux qui ne vont pas au festival et ne cherchent en aucune manière à faire de la qualité, visent exclusivement le spectacle. Ils reprennent aussi dans leur production comme dans leur écrits des figures stéréotypées ; des goûts homologués, une manière abusive de construire une narration, pour que le spectateur puisse le consommer rapidement. Je cite l’exemple d’un adolescent de 14 ans qui lors d’une projection de « io sono Li » à Udine, s’est levé à la fin de la projection du film et devant ses 300 camarades d’école a voulu me remercier. Il me disait qu’il ne connaissait pas l’existence de ce genre de cinéma : depuis l’âge de 9 ans, on l’avait emmené dans les nombreuses salles du centre commercial pour y voir ce que l’on y propo-sait, et s’habituer à ce genre de goût. A cet adoles-cent et à ses amis qui l’ont applaudi, nous devons garantir la possibilité de connaître un autre aspect de la production narrative, culturelle, éthique et esthétique de ce pays. « La première neige » naît «avec et pour les courageux adolescents du Val des Mocheni et tous ceux qui sont comme eux dans le monde».

L’IDEE DU FILM

Raconter la relation avec le père, avec les parents, avec les enfants et la souffrance de les perdre. Tant pour celui qui est né en Italie – dans la Vallée des Mocheni, l’une des plus isolées du Trentin – que pour celui qui arrive de nulle part, ce sont deux situations dramatiques, deux crises très profondes ; elles trouvent cependant un déroulement particulier au moment où les deux héros se rencontrent dans leurs individualités différentes mais complémentaires « C’est un cas un peu poussé à l’extrême – relève Segre dans ses notes de régie – en même temps, c’est ce qui fait la littérature, le récit et aussi le cinéma : rechercher par des histoires particulières, minimales, sans importance, les aspirations et les ressorts profonds, universels, des relations humaines. Et c’est cela qu’il a tenté de faire dans cette petite vallée du Trentin. « La première neige » raconte le dépassement d’une souffrance impossible à éliminer à travers le partage, le dialogue, l’affection et l’écoute. Peut-être que seule la parole qui « partage » en est la clé. Elle caractérise aussi notre manière de faire du cinéma avec un groupe de travail dans lequel tous connaissent l’histoire à fond, en parlent et en discutent. La clarté, l’écoute et le vrai partage sont devenus les caractéristiques principales de l’approche productive, de la voie que nous avons parcourue et que nous voulons montrer ».cependant, il s’agit d’écoles illusoires qui –si les enfants ne se révèlent pas des phénomènes– les abandonnent, peu importe où.

POUR FAIRE PENSER

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 42

Alejandro Palomas

L’âme du monde Adriana Nepi

Roman très singulier, fruit d'une fantaisie que nous pouvons définir comme rocambolesque, où les situations, même dans leur invraisem-blance objective, présentent une logique interne plausible.

Deux anciens époux, Otto et Clea, riches et seuls (un fils est mort depuis longtemps, une fille est loin, étrangère à la vie des vieux parents) se rendent compte avec effroi du vide dans lequel s'écoulent leurs journées et décident ensemble de donner un nouvelle élan à la plate uniformité d'une vie privée de sens. Ils savent qu'il existe une villa élégante bien exposée, appelée Buenavista qui ne veut pas être une maison de repos pour les personnes âgées : la directrice a organisé la vie de la maison de telle façon qu’elle soit une agréable Maison familiale. A chaque hôte est assignée une sorte d'auxiliaire de vie qui est comme une vraie dame de compagnie et pour cela, comme ce rôle n’est pas facile, elle doit posséder qualité et compétence.

Les deux vieux conjoints ne veulent pas d’une vraie séparation, mais veulent essayer, en repartant pour ainsi dire de zéro, de tisser une nouvelle amitié entre eux, pour donner

un sens à leur «vivre ensemble». Ils sont très différents : Otto a bien vieilli, à 86 ans il est encore vif et alerte et jouit de la vie moment

par moment avec un optimisme souriant. Clea, au caractère fort et exubérant supporte en silence, réagissant avec une arrogance affichée, drame tout féminin de la vieillesse : tout cela uni à la perte de la grâce physique, l'avertit avec intolérance, des limites inexorables

de l'âge qui avance. Et c'est elle qui a cogité la petite aventure qu'ils ont commencée et qui devra durer seulement quelques mois. Dans le passé, quand elle était encore jeune, elle a renoncé à une carrière prometteuse de violon-celliste remarquable pour rester près de son mari, excellent directeur d'orchestre et le suivre dans ses fréquents voyages : un choix fait par amour, mais qui a laissé en elle un fort regret. Les deux conjoints vivent en appartements séparés et leurs relations se limitent à celles d'un bon voisinage, avec des rencontres fortuites et sporadiques. On vient de leur assi-gner temporairement la même assistante, n'ayant pas pour le moment, dans le personnel disponible, une autre personne adaptée. Le matin, elle sera à la disposition de Madame Clea Ross, l'après-midi elle offrira sa compa-gnie à monsieur Otto Stephens. Sauf la directrice de la maison, personne ne saura que les deux hôtes sont mari et femme.

Rencontre avec llona A ce moment rentre aussi en scène un autre personnage, llona qui aura un poids déter-minant sur le résultat de la singulière expé-rience entreprise par les anciens conjoints ; la jeune femme a sur les épaules un passé de souffrances : avant les années du régime com-muniste, qui l'ont marquée fortement, autant dans son physique que dans son caractère devenu réservé et méfiant, ensuite la fuite de la terre natale, la dure fatigue de l'insertion dans un pays différent par la langue et la culture, une

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une histoire d'amour, là en Espagne, avec un luthier nommé Michel qui n'aboutit pas à cause d'un rappel imprévu en Hongrie pour assister sa mère gravement malade, la déception de l'abandon soudain au retour en Espagne, enfin l'atterrissage à Buenavista avec son diplôme d'infirmière, la solitude et la perspective d'un avenir incertain et angoissant. Chaque jeudi, qui est son jour de temps libre, elle part en voyage sans donner d’explications. Elle suscite quelque curiosité sur sa ponctualité mystérieuse à disparaître : où va-t-elle ? Vous savez qu'elle est une exilée hongroise qui n'a en Espagne ni parents, ni famille... En réalité la pauvrette poursuit l'espérance illusoire de ramener à elle Miguel, le luthier qui aurait dû l'épouser : elle attend un bébé de lui ! Un jour cependant, elle doit se rendre à l'évidence : dans son atelier, Miguel n'est plus seul il vit depuis longtemps avec une autre jeune femme... Une vie, celle de llona, qui semble une cruelle succession de frustrations ne paraît pas cepen-

dant lui avoir endurci l'âme. A côté des deux assistés originaux llona est une présence très discrète mais tout autre qu'absente. La sensi-bilité et l'intuition affinées d'une longue expérience de douleurs la rendront à la fin médiatrice d'une amitié renouvelée entre les deux vieux. Elle a appris, pendant sa cohabitation avec le luthier, à fabriquer les délicats instruments à cordes. Otto se servira d'elle pour se rappro-cher de sa femme, collaborant à la fabrication d'un violoncelle, un cadeau qu’il veut lui faire pour se faire pardonner le tort qu’il lui a fait en abandonnant sa vocation d’artiste. Au-delà de cette activité tout un jeu de relation se crée entre les trois protagonistes comme ce besoin de dévouement maternel chez la vieille dame face à llona devenue chère comme une fille, tandis qu'Otto éprouve envers elle une chaude sympathie en même temps que l'espérance de devenir grand-père. En réalité la fatigue de vivre qui opprimait la vieille dame, l'incapacité du conjoint qui l'aimait tant, à mettre du sens dans sa vie se révèlent ainsi : le besoin d'avoir quelqu'un à protéger et à aimer qui redonnent sens et chaleur à la vie. Après ces trois mois programmés pour vivre cette expérience extravagante, arrive pour monsieur Stephens et madame Clea Ross, le moment de repartir. La directrice de Buenavista, le communique à llona sans aucun ménage-ment, préoccupée seulement de ne pas perdre un bon élément de son personnel. Cela semble un dernier coup dur pour la jeune femme qui se sentait déjà liée à eux presque par un lien de famille, et alors : sur un fond d'éclairs et de tonnerre ainsi qu’une tempête de grêle, cette belle histoire se finit bien. Par un ciel finalement redevenu serein, les vieux époux partent ensemble et rapidement llona les rejoindra, comme une fille retrouvée, dans leur grande maison de famille..

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Musique et théâtre dans la formation artistique Sara Cecilia Sierra, Wolf Rüdiger Wilms

Par les articles de cette rubrique, consacrés au théâtre, nous voulons, cette année encourager à tourner les yeux vers le vaste champ des jeux de théâtre et à les accepter avec leur fonction pédagogique et artistique significatives.

Quand naquirent les premiers jeux vidéo, la musique était un élément d’une importance secondaire à tel point que les seuls sons qui étaient reproduits étaient des mélodies tirées des synthétiseurs. A l’époque cela passait déjà pour très moderne.

Maintenant en revanche, de concert avec les compositions graphiques d’avant-garde, la musique est devenue partie intégrante des jeux vidéo et les maisons de disques ont signé des contrats d’exclusivité avec leurs propres artistes uniquement pour pouvoir insérer l’une de leurs chansons dans les jeux.

Jouons nous au théâtre ?

Si nous concevons la personne comme un être en évolution et caractérisé par une culture, alors se justifie la définition qui suit : par culture, on entend la manière dont la personne joue, apprend et travaille, au point de considérer ces trois formes d’apprentis-sage de croissance comme des activités fondamentales. Dans la société moderne de telles formes d’activité étaient conçues comme des étapes de la vie qui se suivent automa-tiquement. Dans la société post moderne, on peut parler, dans la plupart des cas, d’activités dominantes qui accompagnent la vie d’une personne à travers diverses étapes. On croit que la rencontre entre ces activités est possible à tout moment dans sa vie.

Dans la tradition de Don Bosco, le théâtre est conçu en premier lieu comme un jeu : .

nous jouons au théâtre (comme nous jouons au football ou aux échecs). Celui qui a fait du théâtre ou parfois de la mise en scène, a sans doute vécu combien la production théâtrale de qualité nécessite d’efforts de travail : au cours de celui-ci en outre, les actrices, les acteurs et les directeurs apprennent généralement beaucoup. Ainsi faire du théâtre appartient à une forme d’activité où jouer, étudier et travailler forment un tout sous la prédominance impalpable du jeu.

Le plus humain de tous les arts Il y a toutefois un autre problème fondamental à résoudre : quand une réalisation théâtrale vécue dans un environnement pédagogique se transforme-t-elle en œuvre d’art ? Dans ce cas, la disposition suivante est appropriée : une activité humaine atteint à la dimension artistique quand nous l’exerçons de manière esthétique, c’est-à-dire quand nous construisons ou mode-lons quelque chose de «scénique». La recon-naissance de la légitimité du théâtre péda-gogique se base sur des valeurs de formation, liées à la qualité esthétique de la réalisation. C’est pour le sujet qui joue l’opportunité de se mettre en accord avec lui-même par le biais de l’art. Dans ce sens, « faire du théâtre » est une forme d’auto-formation. Dans la société post moderne, nous avons tendance à accorder une dimension esthétique absolue à la réalité. Notre mode de pensée et notre action pédagogique subissent cette pression. Les pédagogues présentent leurs stratégies de formation de manière esthétique, en les mettant en scène ou en les présentant d’une manière ostentatoire. D’autres transforment leurs classes en laboratoires de recherche et ils en tirent un scénario. Etant donné que le théâtre –du moins celui de Brecht– est le plus humain de tous les arts, il n’est pas surprenant qu’on le considère comme un remède universel qui doit donner une nouvelle vie à l’école, face à d’autres formes

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d’enseignement d’un académisme prétentieux, souvent éloignées de la réalité quant au contenu.

La magie du moment esthétique Un autre problème de fond consiste à résoudre la question du rapport entre le théâtre pédagogique et le théâtre profes-sionnel. Au début de l’expansion du théâtre amateur et du théâtre pédagogique, joué par des dilettantes, la comparaison entre dilettantes et amateurs d’une part, professionnels d’autre part a donné lieu à des appréciations qui mettaient en situation d’infériorité ceux qui n’étaient pas des professionnels aux yeux des spectateurs. Dans le passé, il y a eu et il y aura encore des directeurs de théâtre pédagogique qui, au prix de beaucoup de peine et de travail, ont tenté de réduire la marge de qualité dans les groupes de dilettantes, lesquels s’en sortent bien dans certains cas exceptionnels.

Par ailleurs, les professionnels du théâtre considèrent le théâtre amateur et le théâtre pédagogique comme une menace à leur soi-disant monopole artistique. Toutefois, la pédagogie du théâtre est pour une bonne part, tirée simplement de l’imitation du théâtre professionnel : elle a, du moins en partie, développé son esthétique propre, distincte de l’autre sur le plan de la qualité, et elle s’est gagné un public spécifique, qui se sent lui-même attiré par ce théâtre. Avant qu’un acteur professionnel ne monte sur scène pour exercer son métier, il acquiert une très grande expérience professionnelle. Dans le théâtre pédagogique on enseigne nécessairement aux enfants et aux jeunes les comportements fondamentaux du théâtre. Une particularité esthétique du jeu théâtral dans le travail avec les jeunes, peut-être à partir des préadolescents, c’est la possibilité d’une perte partielle de la conscience de la réalité. Nous connaissons ce phénomène appelé effet « flow », par lequel les jeunes acteurs peuvent créer la magie du moment esthétique. Ils se perdent dans cette situation, ils sont « totalement en eux » et ils sombrent dans une sensibilité et une profondeur absolues, par lesquelles ils se sentent reliés au monde entier et au cosmos. Les directeurs de théâtre expérimentés peuvent créer ces effets à partir de la culture d’un haut niveau de personnes expérimentées, mais les jeunes sont très ouverts en général à ces instants, qui peuvent se reproduire complètement dans les représentations publiques. S’ouvrir et montrer sans défense ses propres fragilités émotionnelles contribue essentiel-lement à la création d’un espace commun aux acteurs et aux spectateurs, marqués par une émotion intense. Cet essai de crédibilité dans le jeu théâtral est un autre point, où il n’y a pas à craindre d’être confronté aux profes-sionnels bien que, naturellement, cela ne nous libère pas de l’obligation de suivre un mode de jeu théâtral conventionnel.

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Femmes de prière

Chères amies, cette fois encore -aidée par Dieu- nous avons réussi à entrer dans la nouvelle année, qui porte avec elle, comme toujours, tant de désirs de renouvellement. Eh bien oui, même pour les personnes âgées comme moi, la passion pour quelque chose d'inédit pousse le cœur et les jambes vacillantes vers de nouveaux objectifs ! La réflexion que je vous propose part de l’idée que chacun de nos objectifs présup-pose un point de départ qui est au cœur de tout notre élan, je veux parler de la prière. En ces jours de fête, j’ai observé tout particulièrement la prière de ma commu-nauté et j'ai besoin de vous confié, à vous qui me comprenez, les réflexions que j’en ai tirées. Ma première réflexion concerne la prière du matin qui semble regrouper désormais les 4 ou 5 insomniaques de la communauté : on sait que beaucoup de sœurs sont engagées dans une pastorale de plus en plus tardive et virtuelle, mais beaucoup de ma génération comptaient aussi sur la soirée pour repriser, arranger, étudier ou faire des projets, et le lendemain, de bonne heure, on les trouvait devant Jésus comme si de rien n'était ! Je ne veux pas porter de jugement : probablement qu’aujourd'hui nous organisons-nous mieux et, pour méditer dans le calme, réussissons-nous à trouver le temps nécessaire en marge des journées de travail frénétique. .

Ma seconde réflexion tourne autour de la manière dont nous occupons l’espace dans la chapelle durant la prière. Je comprends très bien que maintenant beaucoup de nos chapelles sont bien grandes pour le petit nombre de sœurs qui viennent y prier, mais devant le crucifix nous réussissons à nous placer de manière si distantes les unes des autres que cela peut être une interrogation, pour qui nous observe, sur l'authenticité de ce «j'attirerai tout à moi» proclamé par le Seigneur.

Ma dernière réflexion a un rapport avec la qualité de nos voix qui s'élèvent vers Dieu quand nous prions ; elles devraient être à l'unisson, mais il n'est pas rare que surgisse celle d'une sœur plus zélée qui pense peut-être que Dieu est un peu dur d'oreilles ; elles voudraient être unies, mais souvent c'est un cœur (et donc aussi une voix) qui réussit à partir toujours une seconde avant les autres dans l'intention –je crois- de montrer à Dieu (quand ce n'est pas aux autres sœurs) qu'elle existe.

Enfin, peut-être que le renouvellement de notre vie commence par une prière soignée dans chaque détail pour que le Père Eternel n'en souffre pas quand nous peinons à ouvrir les lèvres devant Lui et qu’une fois sorties de la chapelle, nous retrouvions à l'improviste toute notre loquacité. Parola di C

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