Revue Des Etudes Grecques 45, 1932

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É>OUR VIRGItM

On a lu dans un numéro récent do cette Revue (1) quelques

pages de cette critique pénétrante par où M. Louis Roussel se

plaît à multiplier le quandoque bonus... dormital, en l'appli-

quant aux noms les plus célèbres des littératures antiques. Je

ne veux point médire, dans son ensemble, de la rigueur de

son jugement esthétique; on ne se défiera jamais trop de

l'admiration convenue et superficielle des textes anciens; et ce

bonphilologue

voitsouvent juste. L'écueil est ici celui d'une

critique trop étroite, trop intellectuelle, et qui risque de

méconnaître, dans l'appréciation littéraire d'un texte poé-

tique, l'expression sentimentale qui ne s'inquiète pas, et a1 le

droit de ne pas s'inquiéter de la démarche rigoureusement

logique de la pensée. De ce-danger je crois apercevoir quelquetrace dans la note de M. Roussel ; qu'il m'excuse d'être ici son

Zoïle :  je ne me le permets que parce que l'opposition à son

 jugement me paraît faire question générale,-et de méthode.C'est Virgile qui est celte fois la victime de la critique de

M.i Roussel, avec l'imitation qu'a faite le poète latin, par deux

fois (Geotr/. IV, 472 sqq.; Aen., VI, 305 sqq.) du beau pas-sage de la Nekuia odysséenne qui rassemble, du fond de

l'Erèbe, les ombres des défunts (Od. XI, 36 sqq.). Virgileaurait fait la preuve de son ignorance, et, chose plus-gravepeut-être, il aurait commis une « faute de goût ». Je; ne puis

admettre celle-là, ni reconnaître celle-ci. Les textes sont b'en

(1) HF.G, n° 204 (janvier-mars i93i), p. i et suiv. .1

REG, XLV, 1932, 11» 20<J. \ 

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EMILE CAHÈM

connus, et reproduits encore dans l'article de M. Roussel ; je tic

crois pas utile de les transcrire à nouveau.Il est très facile de constater que l'ensemble des vv. 38-41 du

passage homérique a été rendu par Virgile de façon bien

inexacte. Mais on aura peine à supposer qu'il ait fait ici

comme un mauvais devoir, et qu'il l'ait fait par ignorance do

médiocre helléniste. Je ne crois pourtant pas, en m'exprimantainsi, forcer beaucoup la£pensée; de M. Roussel, puisque, selon

lui, d'abord, dans les deux groupes 7ioXtkÀ7)-:o'l -zt yépovTe? et

àvSpeç /.. T. À. la distinction des divers âges n'aurait pas été« vue ». M. Roussel nous parle là d'une faute d'élève de qua-trième ; je ne puis croire qu'il admette lui-même que Virgilel'ail pu commettre. Et il est très vrai que ces « vieillards » et les

« guerriers » dos vv. 40-41 ont été « fondus » dans defunctaque

corpora, etc.. Mais, très loin de voir là une marque d'igno-

rance, j'en vois une de l'habileté et du « bon goût » de Virgile.Aussi bien, M. Roussel —

n'y a-t-il pas ici quelque contradiction

dans sa critique?— nous dit lui-même pourquoi les avopE^ àpr.i-

oe^atoî, devaient disparaître du texte virgilien. C'est que « dans

l'enfer que peut concevoir Virgile, la classe des morts à la

guerre n'est plus assez importante pour mériter d'être citée à

part». Peut-être. Cependant la triste période des guerres civiles,

qui fait toujours un arrière-fond à la pensée des poètes

augustéens, n'avait-elle pas, elle aussi, amassé les « victimes

d'Ares. »? Je verrais, plutôt à cette suppression une raison

d'ordre tout littéraire et poétique. Plutôt que pour se rangeral'exactitude de fait, c'est pour produire une certaine impres-sion sentimentale que Virgile s'est ici, volontairement, « privédu détail atroce et pittoresque ». Matrones, époux, enfants,

 jeunes filles, jeunes gens sur le bûcher funèbre-, tout est ici

nuancé en tristesse grave et douce; rien d'âpre ni de brutal,et le poète latin n'a pas voulu de la rupture d'impression quise marque au passage des vv. 39-40 du texte grec, raffiné déjà,

plus « vert » cependant, plus fruste que le texte virgilien. Il

n'est.pas. jusqu'à la mention majestueuse, mais estompée, des

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POCh VIRdtLË . ,*}

« héros » — morts peut-être, car rien n'est précisé, dans leur

lit, — héros, qui sait, de la guerre, ou de la cité?  —qui nes'accorde au ton de tout l'ensemble. Ne disons pas que le texte

grec «a été peu compris ». Disons que, par les touches les plushabiles, le poète latin Ta infléchi à sa propre sensibilité — et,tout en même temps, à la grandeur calme de l'esprit romain,

qui respire dans toute cette suite de mots « maures alque viri

defunctaque etc.. » M. Roussel nous dit fort bien que le mot

v!i[A®at, « épouses », a été rendu « à la romaine par le digne

maires ». Mais i! ajoute, « moins bien ». Non, mieux, puisque« à la romaine»; je ne pense point que M. Roussel veuille

sacrifier aux autels d'un « beau » littéraire en tous temps et

tous lieux identique à lui-même. Je m'excuse d'être banal :n'est-ce pas Ja grandeur d'un Virgile d'avoir si bien su, parl'usage le plus délicat et le plus varié des nuances^ unir à la

majesté un peu dure el tendue du Romain la tendre sensibilitédu poète? Et ne peut-on voir un frappant exemple d'une telle

réussite dans les trois beaux vers qu'il faut remercier M. Rousseld'avoir replacés devant notre attention?

Il a lui-môme trop le sentiment de la grande poésie pourn'être pas frappé de la noblesse mélancolique du vers quidépeint les êlres jeunes mis sur le bûcher sous les yeux mômesde leurs parents,

Impositiqae rogis juvenes ante ora parentttm.

Mais, lancé dans la voie de la critique, c'est à lui pourtant qu'ilréserve sa flèche la plus acérée. Si, en soi, le vers est beau, il

représente pourtant une erreur du poète latin qui, « s'il a vibréà la lecture de son modèle, rie l'a pas compris ». Qu'est-ce àdire? En nous faisant partager la douleur, non pas des morts,mais, ici, de leurs parents, le poète nous fait sortir d*e l'Hàdès,où se passe cependant la scène, et le vers est « malheureux ».Oui bien ! sur les bords du fleuve infernal on ne saurait voir les

 jeunes gens sur le bûcher funèbre; M. Roussel est, contre Vir-gile, un rude logicien qu'il est bien difficile de réfuter ; et je nel'essaierai point. Je confesserai seulement que je suis ainsi fait

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i -EMILE CAHEN

que j'ai grand plaisir, avec ce beau vers, à échanger ma pitié

« infernale», comme dit M. Roussel, contre une pitié « ter-restre » plus sincère, et que? pour moi, le saut d'imagination

qui contraint à passer, d'une démarche un peu bien irrégulièro,des ombres vaines à la réalité cruelle des: parents en pleurs,fait une beauté nouvelle qui renchérit sur le vieux texte.

D'ailleurs  je croirais volontiers que le poète latin a voulu, très

discrètement, éveiller dans l'esprit de son lecteur comme Un

souvenir fugitif, à peine marqué, des vers mêmes de la Nekiiia

sur les « hommes d'Ares » dont la dureté lui avait paru peuconvenable à son tableau poétique. Qu'est-ce en effet que ces

«  jeunes gens » que leurs tristes parents voient sur le bûcher

funèbre? Virgile ne laisse-t-il pas assez de champ libre à notre

imagination pour que nous puissions voir parmi eux tant de

victimes des luttes sanglantes qu'arrêta seulement la paix

impériale? Qui ne connaît le mot fameux d'Hérodote sur l'hor-

reur de la guerre, qui fait que les pères rendent les honneurs

funèbres aux enfants, non les enfants aux pères? N'est-ce pointune telle cruauté que Virgile a marquée d'un vers inoubliable,

infléchissant, encore, les détails réalistes du texte homériqueà la majesté romaine et à la sensibilité du poète ?

Quant, enfin, à la faute dégoût —-c'est la dernier reproche —

que Virgile aurait commise en associant à l'idée du rassemble-

ment hâtif — ruebal — des ombres celle des  jeunes gens allon-

gés —imposili

— sur la couche funèbre, il semble qu'elle

tombe, si tombe la faute prétendue qui oblige notre esprit à sor-tir de l'Hadès. Si un élan de notre imagination réussit l'illo-

gique changement de lieu, l'énonciation imposili, au début du

vers, et qui coupe habilement le dernier terme de l'énuméra-

tion, les  juvenes, de tous ceux qui le précèdent, n'a plus, par

là-même, rien qui choque. Le mouvement d'idée et l'expressionsont d!une hardiesse égale et se prêtent un mutuel appui. Qui

accepte l'un, l'autre ne saurait le heurter. Les deux mots sont,

d'ailleurs, assez éloignés l'un de l'autre pour que la discordanceen paraisse, elle aussi, assez « estompée ».

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POUR VIRGILE 5

Je voudrais, ma lance rompue pour Virgile, ne pas terminer

celte cpurte note sans chercher à préciser le sens d'une expres-sion du texte homérique, texte qui donne lieu, de la pari do

M. Roussel, à plus d'une fine et pénétrante observation.

M.Roussel noie avec bien de la justesse un certain air de brume

el de mystère qui donne à tout le passage de la Nekuia une

teinte très particulière. Parmi les traits qui vont dans ce sens

il cite le vsoravfHa BUJAÔVsyouTa'. du v. 39. Il critique à ce sujetla traduction de V. Rérard «... tendres vierges portant au

coeur leur premier deuil.. », étant donné que le mot veortevOviçrend l'idée d'un deuil nouvellement, tout dernièrement éprouvé.Et il remarque fort pertinemment que si « les vierges ont au

coeur une douleur récente, cette douleur n'est pas expliquée pré-cisément. » Mais, à vrai dire, si tel est bien le sens, l'expres-sion n'est pas seulement « estompée » ou mystérieuse, elle

apparaît—

soyons « logiques » à notre tour — inintelligible.

Quel pourrait bien être ce deuil «récent »? On n'en voit qu'un

qui, pour notre sensibilité, pourraitfairc la tristesse desjeunesvierges : celui d'un futur époux; mais nous sommes trop éloi-

gnés ici de toute idée antique. Il faut prendre l'expression,

croyons-nous, d'un autre biais, si l'on ne veut pas admettre

que l'épithète soit « en l 'air ». Le coeur VEOTTEVÔ/,?,c'est celui

pour qui la douleur, en soi, est chose récente, nouvelle; c'est le

coeur de la vierge qui n'a connu d'autre deuil que celui-là,

précisément, de sa mort prématurée, qui la prive des joies de la

vie, et parmi elles des douceurs de l'hymen. L'expression estun peu bien « romantique » ; mais c'est la nuance que M. Rous-sel attribue justement à lout le passage. A une telle expres-sion répondent encore, avec une exactitude qui n'est point litté-rale et scolaire, mais qui va au tond du sentiment, les innup-tae puellae du texte latin. Et encore il nous faut dire, en termi-

nant, que le « premier deuil » de la traduction de V. Bérardserait ainsi, dans sa liberté à l'égard d'une lexicographie rigou-

reuse, plus près que le « deuil récent » de M. Roussel de laYérifé du texte homérique. On peut bien critiquer plus cj'urj

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T-^-j-tt** ;'<'*.

6 ÉMILtO CAHEN

détail de 1' « Odyssée » de. Bérard ; la nuance y est souvent

forcée. En ce jour

où les hellénistesportent

bien aucoeur,

cette

fois, son deuil récent, je me permettrai d'offrir à sa grandemémoire cet essai de justification d'un détail intime dune pagede sa « restitution » homérique (1).

Emile CAUEN.Aix, 20 novembre 1931.

(1) Qu'on nous permette de noter ici mie surprenante constatation. La plusrécente histoire de la littérature grecque publiée en Allemagne, celle de Getîcken,

comporte, pour sa première partie, à côté d'un volume de texte, un volume d'an-notations et de références. Un chapitre en est consacré à YOdyssée, et d'autre

part un exctirsas développé traite de l'histoire de la question homérique jusqu'à

l'époque la plus récente. Au cours de l 'un et de l'autre, les divers systèmes sont

indiqués, et de très nombreux travaux sont mentionnés. Mais le nom de V. Bé-rard n'est même pas cité. Son oeuvre discutable et puissante n'existe pas pour le

lecteur de M. Geil'cken. Ou plutôt ce nom apparaît dans une note (p. 52, n. 1)où, à propos de son livre sur d'Aubignac, V. Bérard est qualifié « einer jener

raclisâchtif/en l'ranzosen im Wellkrier/e ». Il aurait l 'ait preuve de débilité d'esprit,schwiichlich ; entendons sans doute quelque chose comme de la « mesquinerie ».Ne peut-on en toute justice, pour son omission volontaire, renvoyer le compli-ment au savant allemand?

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^Sg**« |ir^/.^,'Vf^l-V..j5j^*;

ÉTUDES" D'HISTOIRE HELLÉNISTIQUE

LA CLAUSE TERRITORIALE DU TRAITÉ D'APAMÉE

(188 AV. J.-C.) (i)'

,'

II

J'ai défendu de mon mieux contre Les critiques de Kalirstcdt

l'interprétation que Viereck, Gardinali et quelques autres ont

donnée de la clause territoriale du traité d'Apâmée. A cette

interprétation s'oppose celle dont Kalirstcdt lui-même est

l'auteur. C'est elle qu'il faut maintenant examiner.

Il n'est tenu compte, dans le système de Kabrsledt, ni de

l'acception particulière où est pris en de nombreux traités le

verbe sxywpsïv ; ni de la siguilicalion convenue et fixe attribuée

à la locution i\  km ~b.os (ou ÈVTÔÇ)TOGTaûpou 'Aa-îa; ni de l'iden-

tité de la région ainsi nommée avec la svro^ "AÀuoçyj&pa., iden-

tité qui explique et justifie la mention de l'Halys dans le texte

du traité; ni de ce qu'a de vraiment décisif l'indication fournie

par le Mitfiridateios d'Appien. II serait, en conséquence, légi-

time d'écarter ce système par la question préalable. Mais la

l'éputation méritée de celui qui l'a conçu m'interdit l'emploi de

cette méthode expéditive. Je me crois tenu, par égard pour

Kalirstcdt, de sou mettre ses hypothèses à une critique fort

attentive.

Kalirstcdt maintient, à un menu détail près, le texte de

T. Livo tel que l'offre la vulgatc. Il n'admet aucun des chen-

il) Voir JOEG,XI.IV (1931), p. 304 rt suiv.

 /  '.-...M

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V?i!.-"- *~>* VÎ""'' ^'î

8 MAURICE UOLLEACX

gemenls qu'y oui introduits les derniers critiques. Il se refuse

à remplacer Tanaim par Halyn; il rejette ab inséré par Vier-eck entre et et ea valle ; il n'a garde, enfin, de transporterTauri après iuga [iugum) (1) : car il estime que les mots ea valle

sont Sans relation avec Tanaim, mais inséparables de Tauri.

De la phrase excedito (Antiochus) cet. il résulterait, d'après

lui, que le traité de 188 n'aurait astreint Antiochos qu'à « se

retirer» (abtreten) des parties de l'Asie-Miucure dont il était

 jusque-là maître effectif, mais qu'il les lui aurait fait évacuer

dans leur quasi totalité. Au nord-est, à l'est et au sud-est,les territoires perdus par le Grand-Roi auraient été en effet

délimités comme il suit (2) :

1° Au nord-est et à l'est, par les frontières de la Galalie et de

la Cappadoce.— 11° Au sud-est : 1° par le cours supérieur du

Tschakyt-Tschaï (3) jusqu'au point où celte rivière, qui arrose

d'abord l'angle sud-ouest de la Cappadoce, atteint et franchit

le ïauros, soit à 20 kilom. environ à l'est dés Portes-Cili-

ciennes : leTschakyt-Tschaï (dont

nousignorons

le nom

antique) serait le Tanais amnis des manuscrits de T. Live (4) ; — 2D>par la chaîne du Tauros, depuis le point où celle chaîne

est traversée par le Tschakyt-Tschaï jusqu'à celui où en des-

cend, au sud, l'Alata-Tschaï, fleuve de Cilicie ; — 3° entre le

Tauros et la mer, parla vallée de l'Alata-Tschaï et les hauteurs

qui la bordent à l'est : cette vallée, qui débouche dans la mer

à 22 kilom. à l'ouest de Soloi (5), serait identique à Vea vallis

de T. Live.

Il est, certain que, dès qu'on jette les yeux sur la carte, cette

délimitation cause quelque étonnement.

(1) Kahrstedt {Gôtt. Nachr. 1923, 93) écrit, connue Mommsen, Tauri usque ad

iuyum au lieu de iuga • c'est la seule retouche qu'il consente â faire au textetraditionnel.

(2) Kahrstedt, Ici. ibid. 94-96.

(3) Sur le Tschakyt-Tschuï, voir les observations instructives de l'.X. Schafl'cr,Cilicia, 1S (l'etermanna MM. Erg.-hel't 141, 1903); çf, aussi VV. Ilu<je, l'hil,Wockensckr. 1928, col. 1373, et ci-après, p. 24-2ÎJ,

(4) Kahrstedt, (i iit l. Nachr. ibid. i lî i.

(H) Kahrstedt, Id. ibid. 96,

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LE TRAITÉ D'APAMÉB 9

Antiochos, en vertu du traité de 188, doit  îxywpswTïjç 'Ao-taçv^?sid xâSe TOÛ

ïaùpoy ny.?-^ (1).Cela

implique—

n?est-il pas vrai? — que désormais la chaîne du Tauros servira, tout au moins

sur une grande longueur, de frontière nord-ouest à son empire :

or, d'après Kahrstedt, elle ne remplirait cet office que sur

quelque 75 kilom. en tout, entre la brèche par où s'échappe le

Tschakyt-Tschaï et les sources de l'Alata-Tschaï. Voilà qui est

singulier. — Par le même traité le Grand-Roi se voit enlever en

Asie-Mineure tous ses territoires « cistauriques », mais, sem-

ble-t-il,ceux-là

seulement (2). Cependant, à en croire Kahr-stedt, il serait en outre dépouillé d'une ample portion de ses ter-

ritoires « transtauriques » : il lui faudrait en effet céder ses

possessions maritimes à l'ouest de l'Alata-Tschaï, c'est-à-dire,

pour ne point parler ici de la Pamphylie (3), toute la Cilicie

Trachée et la bordure occidentale de la Cilicie Plane (4). Ceciencore est fait pour surprendre. — Enfin, du rôle imprévu queKahrstedt fait jouer au Tschakyt-Tschaï, il faudrait, conclure

qu'Antiochos devra évacuer la contrée qui est, à l'ouesl, rive-raine de ce cours d'eau, jusqu'au point où il s'ouvre un passageà travers la chaîne taurique. Cette contrée ressortissait pour la

plus grande partie à la Tyanitide, province cappadocienne. Ensorte que nous apprenons — ce qui est au moins inattendu

 —qu'Antiochos était maître, au sud-ouest de la Cappadoce,

d'un morceau de pays enlevé à ce royaume et s'étendanf

 jusqu'au-delà dés Portes-Ciliciennes (5).

L'interprétation que nous offre Kahrstedt du texte de T. Liveinspire ainsi, dès le premier moment, des inquiétudes quiparaissent fondées. Mais il faut serrer les choses de plus près.

(t) Pol. XXI, 17, 3, etc. ; HEG, XLIV (1931), p. 310.

(2) C'est ee que prouvesurabondammeiltladiscussion ayant pour objet la Pam'

phylie (ci après, p. 16 suiv.) : celle-ci sera ou ne sera pas séleucide selon qu'elleest transtaùrique ou cistaurique.

(3) Ce qui concerne la Pamphylie sei'a traité à part; voir ci-après, p. 16 suiv.

(4) C'est le fleuve Lamos qui sépare les deux Cilieies : Strab. XIV, 5, 6, p. 671.Entre le

Limos) (à l'ouest) et l'Alata-Tschaï (à l'est) la distance est d'environ10 lcilom. ; cette étendue de pays aurait été perdue par Antiochos en nv^metemps que la Cilicie Trachée.

(5) Kahrstedt, GSU. Naçlir. 1923, 94-9S ; cf. ci-après, p. 28-2tf,

,?.'•/<,

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10 MAURICE H0L.LEAC5Ê

I. — Ce qu'il y a de plus considérable et de plus neuf dans

cetle interprétation, c'est l'abandon qu'Antiochos aurait dû faire

de la moitié environ de la Cilicie. C'est donc la vraisemblance

de ce fait, si important et dont nul avant Kahrstedt n'avait eu

le soupçon, qu'il convient d'abord de contrôler.

Remarque préliminaire. Selon Kahrstedt, dans la phrase et

ca oalle Tauri uxque ad iugum, qua in Lycaoniam vergit, les

mots ca mille Tauri doivent nécessairement désigner : « une

vallée qui part de la chaîne principale du Tauros (là où celle-ci

incline, au nord, du côté de la Lykaonic) et qui se dirige au

sud vers la mer », c'est-à-dire « la vallée d'un de ces cours

d'eau, de faible longueur, qui abondent sur la côte de la Cilicie

occidentale » (1), et, dans le fait, celle de l'Alata-Tschaï (2). Si

tel est vraiment le cas, il faut convenir que ces Irois mois sont

étonnamment riches de sens : ils l'appellent le belmen du

Bourgeois gentilhomme. Mais il se trouvera sans doute des per-sonnes qui hésiteront à y découvrir tant de choses. Et peut-êtrese demanderont-elles aussi pourquoi, s'il s'agit d'une vallée qui

pari du Tauros et s'en éloigne, les mots usquc ad iugum cet.

semblent indiquer justement la direction contraire ; pourquoi,si la vallée en question débouche dans la mer, il n'est past'ait mention de celle-ci, et surtout pourquoi le lleuve qui la

parcourt n'est pas nommément désigné (H).

(1) Kahrstedt, OiM. Nachr. ibid. 93 : « Antiochos soll... ablrelcn das « Tal des

Tauros » bis zum Kamiii und zwar dus Tal, wo der Kamin nach Lykaonienahftillt. Da die Gcbiete nordlich des Tauros

erledigtsind, kann es sich minuit

cin Tal handeln, das vom Tauroskamm nach Siiden zum Meer fùhrt, eincn der

zahlreichen kurzen Kiistenflûsse im westlichen Kilikien... » ; 95-96 : « Antiochos*

soll ein Tal ablreten. d. h. die Grenzc soll auf einem jener kurzen Kammc. anf

der Wasserscheide zweier Kustenflûssc, vom Ilauptkauini zum Meere streichen.

Und zwar zweigt das besagle Tal dort vom Mauplkamni ab, wo dieser (niimlichauf deranderen Seite, nach Norden) nach Lykaonien abfâllt ».

(2) Kahrstedt, Id. ibid. 96 : « Nun gibt es... nur ein cinziges Tal, (las unmiltel-

bar ain Kamin ansetzt und von dem ...l,ykaonischen Tauros scharf hitidurchrasst

bis zum Meer, das des Alata-Tschai... »

'.'!) Cette singularité n'a point échappé à Kahrstedt; il écrit; (Id. ibid. 96,2) :

« Die Frage, ob in dem « ea » valle Tauri der Name des Klusses steht, ist eine

Sache filr sich. [Mais qui croira jamais que le nom d'un lleuve se puisse dissi-muler sous les Jeux letlfes du. mot efi'.'\ Kiilig isl die Annalmif- niclU.dic (ienlitn-

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LE TRAITÉ D'APAMÊE . i{

Mais passons. Kahrstedt attribue à son hypothèse deux

mérites. Al'entendre,

elle est d'abord nécessaire: elle introduit

dans le texte du traité une précision de laquelle on ne saurait

se passer ; de plus, elle supprime une bizarrerie choquante, une

véritable absurdité, qu'implique l'interprétation traditionnelle.

Remettons à tout-à-l'heure (p. J8 suiv.) l'examen du premier

point; commençons par vérifier le second.

Le traité interdit à Antiochos d'expédier aucun vaisseau de

guerre par-delà les bouches du Kalykadnos et le Cap Sarpé-

don (1). Or, si l'on accepte l'opinion courante, la nouvelle fron-

tière de l'Etat séleucide n'aboutit à la mer que fort loin — à

200 kilom. environ — dans l'ouest de ce cap : c'est donc une

côte de 200 kilomètres, la côte presque entière de la Cilicie

Trachée, qui, bien qu'appartenant en droit à Antiochos, se

trouve être inaccessible a sa flotte. Voilà, selon Kahrstedt, quidéfie le sens commun (2). Effectivement, remarque-t-il, « ta

Cilicie occidentale est au second siècle un pays sauvage entre

tous, impraticable, sans routes, réfractaire à toute civilisation.

Des chefs de bandits... y font la loi, dans une pleine indépen-

dance, du haut de leurs châteaux-forts ; entre l'est et l'ouest de

la Cilicie il n'existe par voie déterre aucune communication... »

Si donc le traité, en même temps qu'il maintient à Antiochos

la possession des villes maritimes de la Cilicie Trachée, l'em-

pêche de les atteindre par mer, les conséquences absurdes de

cette contradiction sautent aux yeux. Ces villes échapperontnécessairement à l'autorité du roi, puisqu'il sera hors d'état

mung isl auch so vblliq klar... » Voilà une appréciation qu'on jugera optimiste àl'excès ; sans ôtre bien exigeant, on a le droit de souhaiter poco piit diluce. —

Se. rappeler la question de Mommsen (R. F. II, 529) : « ...dann diesen [denHalys] zwischen den Taurus und das —ja welctiesï — Thaï des Taurus einzu-schieben ist cine Kette von Unvernunfligkeiten etc. » On sait que Moinmsenrésout la difficulté en faisant du Taurus un fleuve («. F. Il, 329-530).

(1) Pol. XXI, 43, 14 (Liv. 38, 38, 9). Pour les difficultés de détail que présentecette clause du traité d'Apamée, voir II. J. Millier dans Weissenborn, éd. de Liv.adl. Cf., en dernier lieu, Tt'iubler,

Imp.Roman. I, 17 et note 4, 78-79; De Sanc-

tis, Stor. de.i l\om. IV, 1, 208, note 149.(2) Kahrstedt, Gotl. Nachv. ibid. 96 : « VVenn die Ivûslenstiidte im rauhen Kili-

kien seleukidisoh bleiben solltep, so v?ar die f'alirtgrenze heller Unsjnn. H

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M^.^r ,-k,^ .#;,fipraP^^p^^^^p^p^s^^^,: ^rw ;•«*;.

là'

MAUWCÊ HOLLEAtiX

« d'y mettre des garnisons et d'y lever des troupes; à peine

y pourra-t-il envoyer quelques fonctionnaires et percevoirquelques impôts... » : elles ne seront séleucides que de nom.

La raison veut qu'il y ait eu concordance entre la Valirbijrenzeet la Reichsgrenze (1) et, partant, que la frontière occidentale

dit royaume dû Syrie ait touché la côte au voisinage du Cap

Sarpédon, c'est-à-dire vers l'extrémité orientale de la Cilicie

Trachée : ce qui est précisément le cas, si l'on admet le sys-tème nouvellement imaginé (2).

Certains ont  jugé convaincante cette argumentation (3);c'est qu'ils ont la conviction facile. A. Kahrstedt d'autres

répondront que |a contradiction qui le scandalise — la défense

signifiée à Antiochos de faire naviguer ses vaisseaux de ligne

plus loin que le Cap Sarpédon, encore qu'on le reconnaisse

maître de tout le littoral cilicien — a su suffisante explication

dans la crainte persistante du Sénat de voir la marine syrienne

paraître à nouveau dans la Mer Aigée(i), et dans son parti

pris, né du cette crainte,île

l'entenir constamment

éloignée.De même que le gouvernement romain a exigé la réduction de

cette marine à l'effectif minime de 10 katapliractes (S), de

même il confine strictement ce peu qui en reste dans les eaux

orientales : il n'y a rien la que de rationnel. Et quant aux

embarras que celte précaution pouvait entraîner pour le roi

vaincu, dussent-ils même être aussi sérieux que les représente

Kahrstedt, pourquoi les Romains y, auraient-ils eu' égard?

(1) Kahrstedt, Id. ibid. 96-97.

(2) On notera toutefois que la « concordance » ainsi obtenue n'est que très

approximative: car l'Alala-Tschaï se jette dans la mer à plus de 50 kiloni. dans

l'est du Cap Sarpédon.

(3) Cf. W. Wagc,Philol. Wochenschr. 1928, col. 137.') : « Die Angabe bei I,iv. 88,

38, 9, dass Antiochos westwârts nicht ùber den Kalykadnos und das Sarpedon-

ische Vorgebirge mit seinen Schifîen hinausfahren dûrfe, lasst gar keine andere

Grenzziehung zu. »

(4)*Remarquer, dans le traité d'Apamée, la clause (Pol. XXI, 43,4) : p.r, ico'Xep.f,-

T3U 5: 'AVTIO/OV TOÎ? ÈTCΠ TSlï{ VTflQH JJ.T.5ÈXoU KOlTà Tr,V E'JpWZT.V.

(Si)Pol.

XXI, 43,13 : v.ai

(iïivtÉTi iyétiazX'r\'/  ôÉxa

xataspixTuv.

Pour les embarras

que soulève la suite du texte dans Polybe et dans T. I.ive (38, 38, 8), cf. De Sanc-

.\is,,Stor, dei llom- IV, 1, ;J07, note W,

mxt&i .-.. ...

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Lis TKA1TÉ D APAMÉtë 13

A supposer (ce qui n'est pas sûr) qu'ils s'en fussent claire-

ment rendu compte, j'imagine que, loin d'en prendre souci,ils en eussent bien plutôt ressenti quelque satisfaction. L'au-

torité" d'Anfiochos sur la Cilicie Trachée risquait de devenir

illusoire? Celte perspective n'avait rien qui leur pût déplaire.

Lorsqu'il déclare absurdes les conséquences du traité d'Apa-mée interprété comme on fait d'ordinaire, Kahrstedt les jugedu point de vue d'Aniiochos. Peut-être aurait-il eu raison de se

placer à celui du Sénat, c'est-à-dire de l'auteur du traité,

lequel, sûrement, les considérait d'un autre oeil.La difficulté que devait faire disparaître l'hypothèse de Kahr-

stedt n'existe pas ; en revanche, celles que soulève cette

même hypothèse ne sont pas seulement réelles, mais inso-

lubles.

Dans les instructions qu'il remet à ses dix commissaires

envoyés en Asie (1), le Sénat fixe avec une grande précision le

sort des contrées perdues par Antiochos. 11 nomme en premierlieu : la Lykaônie, les deux Phrygies (la Pisidie incluse) (2), la

Mysie, les parties de la Lydie et de llonie non comprises dans

les territoires des cités grecques déclarées libres, la partie de

la Carie située au nord du Méandre — tous pays qui devien-

dront la propriété d'Eumcnes; il mentionne ensuite la Carie pro-

pre, au sud du Méandre, et la Lycie (moins Telmessos réservéeà Eumènes), qui seront adjugées aux Rhodiens. Dans cette énu-mération manquent, on le voit, et la Pamphylie et la Cilicie.

Ne nous occupons ici que de la dernière (3). Comment, dans le

système de Kahrstedt, rendre raison du silence que garde surelle le Sénat? 11 est clair qu'on ne saurait l'expliquer par une

omission involontaire. En conclura-t-on qu'après avoir enlevé

(1) Liv. (ann.) 37, 56, 1-6. Pour l'origine de ce passage, certainement extraitd'un document officiel, voir Mommsen, R. F. Il, S23-S24 (contre NUsen, Krit.UrUers, 200; cf. Niese, Geschichle..., 11, 748, note 5) et De Sanctis, Slor. dei Rom.

IV, l, 223, note 184.(2) Cf. Pol, XXI, 22, 14 (discours des Rhodiens au Sénat), et la remarque deTaubler, Imp. Boni. 1, 70, note^.

(3) Pour la Pamphylie, voir ci-après, p. 16 suiv.

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«j--«yçnp«t>.|pv,^ï« f-;; •

il MAUIIICE UOLLEAUX

au Grand-lloi la partie oucsL du pays, la Cilicic Trachée, les

patres, résolus à ne la livrer ni à Eumènes ni aux llhodiens,

avaient décidé de lui laisser l'indépendance? Mais, supposé quetelle fût leur volonté (et quelle apparence, vraiment, qu'ilseussent porté tant d'intérêt aux Ciliciens occidentaux?), encore

auraient-ils dû la signifier de façon expliciLe, comme ils firent

lorsqu'il s'agissait des cités helléniques naguère sujettes d'An-

tiochos. S'ils sont muets sur le soit réservé à l'ouest de la Cili-

cie, on n'en découvre qu'un motif : c'est que, contrairement

à ce qu'a pensé Kahrsledt, la côte cilicienne tout entière

demeure, comme devant, clans l'obéissance des Séleucides.

Aussi bien, si Antiochos avait dû abandonner la Cilicie occi-

dentale, il y a tout lieu de penser qu'après 188 elle serait

devenue, comme ce fut le cas pour une partie au moins de la

Pampbylie (1), une province du royaume de Pergame. Et c'est

là en effet ce que, sans le dire en propres termes, paraîtadmettre Kahrstedt (2). Mais, cependant, il n'y a nul indice

qu'aucune partie de la Cilicie ait  jamais dépendu d'Eumènes

(1) Voir ci-après, p. 21, et note 2.

(2) Kahi'sledt, GôU. Nadir. 1923, 98 et noie :s, à propos de Séleucie-du-

Kalykadnos, ville de la Cilicie Trachée. — Kahrstedt s'étend longuement (Id.ibid.) sur la célèbre inscription, comprenant de nombreux décrets d'origine variéerendus en l'honneur d'Eudéinos, fils de Nikon, courtisan influent d'Antiochos IV

(et non, comme le dit Kahrstedt, son ministre), qui a été découverte à Séleucie

(Sylloge*, 644-645 ; Jahreshefte, XVIII, 1915, Beiblalt, col. 1G suiv.). 11 s'évertueà établir que la présence de ladite inscription dans cette ville n'implique point

que celle-ci dépendit d'Antiochos. Dans le fait, comme Eudémos était originairede Séleucie, l'hommage dont il est l'objet dans sa patrie est chose toute naturelle

et qu'on peut croire dépourvue de signification politique ; à mon avis, l'ins-

cription ne saurait rien prouver ni pour ni contre le système de Kahrstedt.Mais celui-ci s'abuse gravement lorsqu'il écrit : « ... gerade Seleukeia ehrt seinenberiihml gewordenen Sohn nichl, sondern Argos, Rliodos, Boiolien, Byzanz,Lampsakos, Kalchedon und Kyzikos tun dies. War Seleukeia nicht nur dieIleimat des Ministers [?], sondern ein loyaler Untertan des Antiochos, wiïre das

Schweigen sellsam. » Ce prétendu silence de la viJle de Séleucie, que Kahrstedtaimerait ;ï tourner en argument, est une pure imagination. Il est de toute évi-dence qu'un on plusieurs décrets votés pour Eudémos par ses concitoyens, et

maintenant disparus, accompagnaient ceux des villes étrangères. C'est ce que

note expressément Ad. Wilhelm (Jahresliefle, ibid. col. 19), qui allègue l'exempletout semblable de la « série de décrets » concernant le médecin Asklépiadès de

Pergé (S. B. Wien. Akad. t. 119 (6), 54 suiv.).

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"fi\*'ï

Lit TRAITÉ D'AP^MÉE 15

tiî de ses deux successeurs (1). A l'appui de sa thèse, après

avoir rappelé qu' « Antiochos IV lit le plus énergique elï'ort

pour répandre l'hellénisme dans toutes les parties de ses Etats,

qu'il fonda nombre de villes ou leur rendit la vie..., et qu'en

Ciiicie spécialement, les traces de son activité se retrouvent à

Tarsos, à Adana, à Épiphaneia, à Mopsouhestia, bref, dans

toutes les localités importantes situées à l 'est du pays », Kahr-

stedt (2) insiste sur ce fait qu' « à l'ouesl », au contraire, on n'en

relève aucune, « encore que la Ciiicie occidentale, si elle avait

continué de faire partie de l'empire séleucide, en eût formé une

« marche » particulièrement exposée, où l'établissement de

postes défensifs contre les tribus sauvages des montagnes eût

été une nécessité impérieuse » ; et, bien entendu, ce contraste

lui est une preuve nouvelle que, depuis le traité d'Apamée, le

pays avait cessé d'être soumis aux rois de Syrie (3). Mais, en

(1) D'après M. Uostovlzetf (Cambr. anc. hist. VIII, 591, note 2), c'est à un souve-rain attalide (probablement Eumènes 11), que C. Bradford Welles attribuerait le

fragment tle lettre découvert à Soloi par Ad. Wilhelm et R. Heberdey et publié

par le premier [Deuhsclir. Wien. Akad. XUV, 1896, 43, n. 101). Il convient

d'attendre la démonstrat ion de Welles, l'ondée, paraît-il, « on stilistic grounds ».

Jusqu'à nouvel ordre, je considère la lettre en question comme étant d'origineséleucide ou ptolémaïque, et je Houte, je l'avoue, que des « arguments stylis-

tiques » puissent prévaloir sur les considérations historiques qui m'obligent à

refuser aux rois de Pergame la possession de la côte cil icienne. On observera

d'ailleurs que si la lettre trouvée n Soloi provenait de l'un d'eux, ce n'est passeulement (comme penche à le croire Kahrstedt) la Ciiicie Trachée, mais aussi

une partie de la Ciiicie Wane qui leur aurait appartenu. A quoi l'on peut ajouter

qu'ils n'eussent établi leur autorité sur Soloi qu'en dépit des Rhodicns et du Sénat

(voir ci-après). Cela est-il vraisemblable ?

(2) Kahrstedt, GÔU. Nachr. 1923, 91.

(3) Deux autres arguments produits par Kahrstedt (Id. ibid. 97) méritent à

peine qu'on les discute. — 1" En 189, après l'établissement des accords prélimi-naires, les Rhodicns prient le Sénat de faire en sorte que la ville cilicienne de

Soloi, qui leur est unie par des liens d'antique parenté, devienne une cité libre

(Pol. XXI, 24,10-12). Ceci suggère à Kahrstedt l'observation suivante : si Antiochosa dû renoncer h la Ciiicie Trachée, Soloi se trouve toute voisine de la frontière

nouvelle, et, par suite, ce que demandent les Rhodiens, c'est simplement une« lokale Korrektur »; dans le cas contraire, il faudrait, pour leur donner satis-

faction, que Soloi formât une enclave indépendante en territoire séleucide. Maispourquoi n'elit-on pas en ell'et arrangé les choses de cette dernière façon ? Le

système des « enclaves » était alors en usage : la ville lycienne de Telmessos nedevint-elle pas, en 189, une enclave pergaménienne en territoire rhodien ? Au

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16 MAURICE HOLLËAUX

raisonnant ainsi, il n'a pas pris garde que l'argument négatif

dont il faisait usage était à deux tranchants, et qu'on pouvaitle mieux du monde s'en servir contre lui. Les Atlalides

n'ont point été de médiocres propagateurs de l'hellénisme (1).

L'exemple d'Attaleia de Pamphylie montre, notamment, qu'ilsne négligèrent point de créer des villes dans cette régionméridionale de l'Asie-Mineure que leur attribua la paix de 188.

Parlant, ne serait-ce pas chose étrange, si la Cilicie Trachée

leur était alors échue, qu'ils n'y eussent fait aucune fondation?

Leur cas serait bien plus surprenantque celui d'Antiochos IV :car celui-ci n'ayant régné que douze ans, il se pourrait que le

temps lui eût fait défaut pour imprimer sa marque sur la

Cilicie occidentale, tandis que c'eût été durant plus d'un demi-

siècle, que, maîtres de la contrée, les princes de Pergame se

fussent abstenus de l'helléniser.

Et voici, enfin, la difficulté majeure.On connaît le différend, relaté par Polybe (2), qui, dans l'été

de 188, après qu'eut été conclu et  juré à Apamée le traitédéfinitif avec Antiochos 111, après même que les commissaires

du Sénat, eurent procédé à la répartition des territoires conquis,s'éleva brusquement au sujet de la Pamphylie. Encouragé (onn'en saurait douter), peut-être même stylé par Gn. Manlius,

Eumènes prétendit lout-à-coup démontrer qu'Antiochos s'en

devait retirer : d'où véhémentes protestations des envoyés

syriens et grande perplexité des commissaires romains, les-

quels ne sachant que décider, renvoyèrent l'affaire au Sénat.

reste, Kahrstedt ne fait point attention que, dans son zèle à complaire aux

Uhodiens, le Sénat commença par exiger qu'Antiochos « renonçât à toule la

(ïïlicie » (Pol. XXI, 24, 13: Èmtarts rataïiç Kt^ixCa; tx^upeïv tôv 'AVTÎO/OV) : eut-il

tenu ce langage, s'il avait suffi, pour que les Rhodiens eussent cause gagnée,d'une « rectification de front ière »? Cette phrase ne seinble-t-elle pas signifierbien plutôt que la côte entière, à l'ouest de Soloi, était encore en la possession du

Grand-Koi ? — 2" Quant au passage de Strabon (XIV, 5, 6, p. 671), où il est rappelé

que les Romains laissèrent Arctielaos régner sur la Cilicie Trachée, pour^sc dis-

penser de gouverner eux-mêmes une contrée en proie au brigandage, je ne sais

en vérité ce que Kahrstedt y peut découvrir qui confirme sa théorie.(1) Cf. Ernst, Meyer, Die Greiizen..., 151 suiv.

(2) Pol. XXI, 46,11.

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Lfc 'l'RAitÉ D'APAMÉE 1?

Or, si les stipulations territoriales du traité avaient été celles

qu'indique Kalirstedt, il est sûr qu'on devrait renoncer à rienentendre à cet incident. Effectivement, pour qu'ait pu naître

la contestation que rappelle Polybe, il a fallu qu'il y eût

doute possible sur un point, le suivant : aux termes du traité,

la frontière nouvelje de l'empire séleucide passait-elle à l'ouest

(comme c'était la conviction des représentants d'Antiochos), ou

(comme le soutenait Eumènes) à l'est de la Pamphylie? Mais

comment ce doute aurait-il existé, si cet empire avait eu désor-

mais pour limite nord-ouest le cours de l'Alata-Tschaï ? Ducoup, nous l'avons déjà noté (1), le Grand-Roi eût inévitable-

ment perdu tout ce qu'il avait possédé, le long de la côte, à

l'ouest du fleuve —par conséquent, la Pamphylie aussi bien

que les deux contrées qui l'encadraient, Cilicie occidentale,d'une part, et Lycie, de l'autre; et dès lors, toute possibilité

d'équivoque étant exclue, la déclaration d'Eumènes, les protes-

tations des Syriens, l'embarras des légats seraient également

inconcevables. — L'objection a été vue, et très bien, parKahrstedt (2). 11 en a saisi la gravité ; mais, quelque effort

qu'il y ait fait (3), il n'a point réussi à l'affaiblir : c'est qu'eneffet elle est péremptoire.

(1) Ci-dessus, p. 9.

(2) Kahrstedt, G'ûll. Nachr. 1923, 91-98.

(3) Pour s'en débarrasser, après avoir écrit (Id. ibid. 98): « Antiochos sotl

abtreten die Gebiete nôrdlich des Hauptkammes des Tauros und — da ein solcher

nichtObérai I als Grenze vorhanden ist

—das Tal des Alata-Tschai. » So haberlwir interpretiert. Nalilrlich war damil auch besagt, dass die Kilsle westlich des

Alata-Tscliai au/get/eben wevden mussle », Kahrstedt fait cette réserve : « Aber bei

allzu wortlicher Pressung des Satzes Itonnte jemand hineinlesen : nl irdl ich Pam-

phylien ist mieder ein klarer llauptkamm vorhanden, also hat er d ie Grenze zu

bilden. » Mais il semble bien plier ici l'orographie aux besoins de son argumen-tation. La carte (voir notamment VArchuolog. Karle de W. Iluge et E. Fredrich)n indique pas, au nord de la Pamphylie, ce «klarer llauptkamm » dont parleKalirstedt. L'ensemble montagneux désigné par le nom de Tauros n'est point là

moins confus que, par exemple, au nord de la Cilicie occidentale. En fait, trèsrares paraissent être les lieux où le Tauros se présente sous l'aspect d'une chaîne

nettement dessinée. Mais les anciens, simplifiant les choses, n'ont guère prissouci de cette difficulté; ils ont à l'ordinaire admis l 'existence I'.C celle chaînesans avoir égard à l'état réel du terrain. 11 se peut d'ailleurs Irt's Lien que, lorsde l'exécution du traité, on ait, comme, l'indique Appion .(Syr. 38\ jalonné de

ItEG; XLV, 1932, n» 209. ï

m-''-,' n.'ïf**1''.

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5fpS^^f^J"^^'''y%«'A;;^f:?j^r

iè MAtktCE H0LLEAUX

L'hypothèse de Kahrstedt louchant l'abandon prétendu de la

Cilicie Trachée par Antiochos est donc inacceptable ;.il faut

ajouter que, bien que son auteur l'ait estimée nécessaire, elle

n'a aucune raison d'être.

Comme avant lui Mommsen(l), Kahrsledt pose en axiome (2)

que la délimitation des contrées dites « cistauriques » présen-terait une lacune, s'il n'était fait mention dans le traité « d'une

ligne joignant », à l'ouest, « la chaîne du Tauros au littoral »

sud de l'Asie-Mineure, et coïncidant avec l'une des vallées

fluviales qui, comme celles de l'Alala Tschaï et du Kestros (3),descendent de cette chaîne à la mer. Ceci veut dire que, pas

plus que Mommsen, il ne consent que le Tauros ait été pour ces

contrées aulre chose qu'une limite méridionale (4) : il se refuse

à croire qu'il les ait pu borner au sud-ouest. Mais c'est en quoiil s'abuse à la suite de Mommsen. Les rédacteurs du traité

n'avaient point jugé qu'il fût besoin d'en compléter le texte de

la manière qu'il réclame ; les mots èra.-zôZt (ou èvTÔ?TOÛTaûpou,

cis Taurum), dont ils faisaient emploi, leur paraissaient suffi-samment explicites : ils regardaient en effet, d'accord en cela

avec tout le monde (5), 1' « Asie cislaurique » (au sens restreint

que nous savons) comme limitée par le Tauros, non seulement

au sud, mais au sud-ouest aussi et  jusqu'à la mer (6).

bornes («pot) la frontière de l'Asie cislaurique, telle que l'avaient fixée les con-

tractants.

(t) Mommsen,R. F.

II,529.

(2) Kahrstedt, Gôtt. Nachr. 1923, 95, 90.

(3) Cf. Mommsen, R. F. Il, B31.

(4) De là son interprétation constante de cis Taurum montent par « die Gebiete,aile Gebiete nordlich des Tauros (Id. ibid. 94,95)», interprétation qu'on peutsoup-çonner d'être un peu « tendancieuse » et qui n'est pas, comme on va voir, d'une

rigoureuse exactitude. Assurément, Antiochos ne doit renoncer à aucun territoiresitué au sud (encore que Kahrstedt se trouve conduit à l'admettre) ni à l'est de lachaîne du Tauros. Mais pourquoi certains de ceux dont il est chassé ne seraient-ils pas situés à l'ouest de cette chatm? 7 Tel est effectivement le cas.

(5) Comme on le verra plus loin, le différend entre Eumènes et ses contra-dicteurs porta seulement sur le point où le Tauros atteignait la mer. Le fait qu'il

l'atteignait, et bornait donc l'Asie cistaurique à l'ouest, n'était pas mis enquestion.

(6) Cf. les excellentes observations de Titubler, Imp. Roman. I, 16.

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LE l 'RAJTÉ 1) APAMËk 19

C'est ce qui ressort à l'évidence des instructions du Sénat à

ses dix commissaires ; nous les avons interrogées déjà, il s'y'faut reporter encore. —La Lycie, on s'en souvient (1), y figure

parmi les pays dont est dépouillé Antiochos : le Sénat en gra-tifie les Rhodiens (2). Mais, en revanche, on s'en souvient

aussi, il n'y est parlé ni de la Gilicie — ni de ta Pamphylie.Jusqu'après la conclusion, à A pâmée, des accords définitifs,

 jusqu'à l'incartade d'Eumènes ci-dessus rappelée, rien n'est

dit du sort qui sera fait à la Pamphylie après la paix. Ce que

signifie ce silence, nous l'avons vu plus haut quand il s'agis-sait de la Cilicie. 11 en faut nécessairement conclure que le

Sénat n'avait point mis la Pamphylie au nombre des terri-

toires conquis sur Antiochos (3) et, parlant, qu'il la considé-

rait comme « transtaurique », au lieu que la Lycie était à ses

yeux « cistaurique » : d'où il suit que, dans son opinion (ou

plutôt dans celle de ses conseillers) (4), la chaîne du Tauros,courant du nord au sud à sa partie extrême, séparait les deux

pays, marquant ainsi  jusqu'à la mer la commune frontière del'Asie cistaurique, désormais interdite aux Séleucides, et des

contrées qui leur étaient laissées. C'était là, du reste, une façonde voir qui n'avait rien d'original ; au contraire, comme on l'a

remarqué (S), elle était conforme à une doctrine géographique

que fait connaître Strabon (6) et qui paraît avoir compté beau-

coup d'adhérents. Strabon rapporte (sans d'ailleurs se ranger

(1) Ci-dessus, p. 13.

(2) Liv. (ann.) 37, 56, 5 ; cf. Pol. XXI, 24, 7; 46, 8 (Liv. 38, 39, 13) ; ci-dessus,p. 13.

(3) Cf. Niese, Geschichte..., I l, 760 ; Taubler, Imp. Roman. I, ibid.

(4) Au premier rang de ceux-ci, il semble qu'on puisse sanstémérité placer les

Rhodiens, qui, ayant obtenu desHomains la Lycie, devaient appréhender de voirleur nouvelle province flanquée à l'est d'un voisin aussi ambitieux et remuant

que le roi de Pergame, ce qui, très probablement, aurait été le cas si la Pam-

phylie avait été prise à Antiochos. Il est remarquable que, dans le discours

qu'ils adressent au Sénat, les ambassadeurs rhodiens (Pol. XXI, 22, 14) nenomment pas la Pamphylie parmi les contrées qui peuvent échoir à Eumèues

après leur abandon par Antiochos.(8) Viereck, Klio, IX, 1909, p. 373, avec lequel je m'accorde pleinement.(6)Strab. XIV, 2,1, p. 6al ; 3 , 8, p. 666 : èvteû8sv VOJICÇOUIW ol r.oX'kol TT,V

iptfiv Xanedvetv tôv Taûpov xtV ; cf. XI, 12, 2, p. 521.

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âO. MÀUUiCÉ HÔLLEAUX:

à leur ayis) que, selon nombre de géographes, le  jTauroô

commence — ou se termine — à la Hiéra-Akra, le promon-toire qui forme l'angle sud-est de la Lycie, au-dessus et en face

des Iles Chélidoniennes. Qu'on en eût à l'ordinaire  jugé comme

ces géographes, la preuve en est que. la Pamphylie n'a point

place dans l'énuraération, reproduite par Strabon, des paysdont se composait l'Asie cistaurique (1). A leur tour, les auteurs

du traité de 188 avaient suivi l'opinion régnante : pour eux

aussi cette rangée de montagnes qui, au sud, aboutit sur la

côte à la Hiéra-Akra et qui se soude au nord au massif pisidien.constituait l'extrémité occidentale de la chaîne taurique, en

sorte que les contrées demeurées au pouvoir d'Antiochos se

trouvaient circonscrites par le Tauros à l'ouest non moins

qu'au nord (2).La limite occidentale, autre que le Tauros, que Kahrstedt

a cru leur devoir tracer, est ainsi superflue et donc imaginaire.Son erreur vient de s'être persuadé que les Romains n'avaient

pu accorder à Antiochos vin traité qui le laissât possesseur d(*la côte d'Asie  jusqu'à la Lycie. Après être convenu (3) que « la

chaîne principale du Tauros n'atteint la mer qu'en Lycie » (paroù l'on voit qu'il épouse la doctrine des géographes dont parle

Strabon), Kahrstedt fait cette déclaration catégorique : « Es war

nie die Absicht, dièse Gebiele [?] (4) und Westpamphylien, das

die Rômer schon 189 organisiert hattcn, beim seléukidischen

Recht zu belassen... » (o) Mais ce peu de mots renferment

(1) Strab. XII, 1,3, p. S34, et REG, XL1V (1931), p. 314 et note 2; cf. H, o, 31,

p. 129, et REG,ibid. p. 316.

;2) C'est donc avec loute raison que Vicreck (Klio, IX, iliid.) parle de « dievom

Taurus eiageschlossene Stidlviisle Kleinasicns. »

(3) Kahrstedt, Golt. Nachv. 1923, 9a.

(4) Je ne sais à quoi se rapportent dans cette phrase les mots « dièse Gebiele ».

Est-ce à la Lycie? Il est bien sûr que le Sénat n'a point laissé la Lycie à Antio-

chos : le contraire est dit en termes exprès. Mais il lui a permis de garder font

le littoral à l 'est de la Lycie. et c'est ce que n'a point vu Kahrstedt.

(5) De môme, Ruge, Philol. Woclienschr. 1923, col. 1373 : « Kahrstedt gelit von der

richtigen Ueberlegung aus, dass in dem Vertrag angegeben sein musste, wievveitder Tauros Grenue sein sollte ; demi bis zu seinem Ende in Lykien konnte es

Hialilrlich nicht sein. » On aimerait à savoir ce qui autorise ce « naturlich ».

W«4ft r.-, ...

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LE TRAITÉ D'APAMÉE 21

d'évidentes inexactitudes. Ce n'est point le gouvernement

romain, c'est le seul G-n. Manlius, qui, jaloux de repousserAntiochos plus loin vers l'orient que n'avaient fait les Scipiôns,

 jugea bon, dans l'été de 189, d'entrer en rapports avec les villes

grecques de la Pamphylie (I), conclut des accords avec plu-sieurs d'entre elles (situées, non point à l'ouest, comme le croit

Kahrstedt, mais plutôt à l'est du pays) (2), puis, au printempsde 188, fit évacuer aux soldats du Grand-Roi la dernière place

pamphylienne, Pergé, qu'ils occupaient encore (3). Ce qu'on

ne saurait trop remarquer, c'est qu'en ces circonstances Manliusagit de son propre mouvement, sans l'aveu du Sénat (4). Celui-

ci n'avait alors aucune vue sur la Pamphylie, comme en

témoigne assez le fait — non remarqué de Kahrstedt —qu'il

ne l'avait pas nommée dans les instructions remises à ses

légats ; et, sans la soudaine réclamation d'Eumènes, on peutcroire qu'il n'eût jamais songé à s'en occuper (5).

(1) Pol. XXI, 35, 1-2 (les habitants d'Isinda font appel à Manlius contre lesTermessiens). Noter ce qui suit (38, 3) : ... 6 I'VÏÏOÎ... vo[iiax$ ép|i<xïov elvotiTÔ r.p o a7tsitTo>xo; sitoieÏTO T->,Vitopeix/  O'K ë-itl T'fjç na]xou)itaç. Manlius conclut un

traité d'amitié avec les Aspendiens (35,4); il parait traiter aussi avec les autresvilles pamphyliennes, dont les ambassades viennent le trouver (35, 5). Ce sont,

peut-on croire, les envoyés de ces villes, groupées par la suite en confédération,

qui se rendront à Rome en 169 (Liv. (ann.) 44, 14,3) ; cf. De Sanctis, IV, i, 223,note 179. — On notera que lorsque Kahrstedt (Id. ibid.) parle de 1' « organi-sation » de la Pamphylie par les Romains en 189, il semble exagérer singu-lièrement l'importance de ce que fit Manlius.

(2) Cf. Niese, Geschichte..., 111, 62 : « Der Sénat erkannte es (Pamphylien) domliumenes zu, jedoch nicht

ganz,der ostlichste Teil, die Stadte von

Aspendosund

Side wurden fur frei erklart. »

(3) Pol. XXI, 42, 1-5. — L'attitude du gouverneur de Pergé (42, 3 : -iratpj'XaêMvyip è\  itîsTEi -ap' 'AvTirfyou TT,V TLÔXVI XTV) paraît bien indiquer que jusqu'à cemoment (print. 18S) Antiochos n'avait point été invité à se retirer de la Pam-

phylie. Si les Syriens n'y occupent plus qu'une ville, la r aison en est sans doute

que, dans la débâcle qui a suivi Magnesia, leurs troupes ont spontanément faitretruite en niasse vers l'Orient; et si Antiochos consent, sur l'injonction de

Manlius, à évacuer Pergé (42, ;>), c'est qu'à bout de courage, il a maintenantpour système de plier devant toutes les exigences romaines. Ses représentantstiennent au conlraire le langage qui devrait être le sien (XXI, 46, 11).

(4) Voir, à ce propos (encore que ce morceau .annalistique ne doive être con-

sulté qu'avec réserve; cf. Do Sanctis, 1IV, 1, 225, note 182), les reproches vrai-semblables que font à Manlius, par la bouche de deux d'entre eux, les commis-saires du Sénat revenus à Home : Liv. (ann.) 38, 45, 2-7.

(a) Si cette réclamation ne s'était pas produite, les vil les avec lesquelles

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"•V*

22 MAURICE HOLLEAUX

Il est vrai, maintenant, que les patres s'étant prononcés on

faveur d'Eu mènes, leur décision entraîna des conséquencessingulières.

— La frontière nord-ouest des territoires séleucides

cessa d'être celle qu'impliquaient — car, à parler exactement,

on ne saurait dire qu'elles 1' « indiquaient » — les instruc-

tions des commissaires sénatoriaux : elle se déplaça d'environ

100 kilom. vers l'est. Mais, cependant (ce qui ne laisse pas de

paraître d'abord fort paradoxal), elle continua de se confondre

avec la limite sud-ouest de l'Asie cistaurique (1). C'est qu'en

effet il y eut, si l'on peut ainsi parler, déplacement simultanédu Tauros. Au rapport de Polybc (2), Eumènes, voulant expul-ser Anliochos de la Pampliylie, affirma qu'à l'inverse de ce

qu'on avait admis  jusque là, elle était, non « Iranstaurique »,

mais « cistaurique ». Entendons par là qu'il situait l'extrémité

occidentale du Tauros, non à l'ouest, comme avaient fait impli-citement les auteursjdu traité et persistaient à faire les plénipo-tentiaires syriens, mais à l'est de la plaine pamphylienne; ou,

en d'autres termes, que, pour lui, cette extrémité du Tauros,au lieu d'être formée par la chaîne qui aboutit sur le littoral à

la Hiéra-Akra, l'était par ces rameaux montagneux, détachés

du massif pisidien, qui inclinent vers la mer en arrière de

Sidé, de Korakésion et de Sélinonle, et vont se terminer au capAnémourion (3). Telle fut la thèse que, finalement, le Sénat

Manlius avait contracté amitié fussent naturellement demeurées libres sous la

protection de Rome; quant au r este du pays, au lieu de passer sous l'autorité

d'Eumcnes, il aurait, comme précédemment, reconnu celle d'Antiochus.

(1) Ceci a été méconnu par Kmst Meyer. Ce qu'il écrit (Die Grenzen..., 146) :

« Bekanntlich entschied der Sénat zu Eurnenes' Gunsten. Hier also war die

Stelle, wo die allgemelne Greuzbestimmung, namlich der ostwestlicl i strei-

chende Tauros, nicht mehr ausreiehte, da er ja noch weiter nach Westen sich

forlselzte, etc. » est erroné.

(2) Pol. XXI, 46, H : icspï ôè -rij; Ilajr.su>.îa;, Eius'vou; |j.èv cîvai odraxovxo; xùtryèitî toiSe TOÛTaûpou, TSV (Se) racp' 'Avnd/ou TipsuësuT'ov èraxEiva /.TX.

(3) Cf. Weissenborn-H. J. Millier, ad Liv. 38, 39, 11; Viereck, Klio, IX, 1909,374-315 ; Tiiubler (Imp. Roman. I, 16-17), dont les observations topographiquessont particulièrement instructives. — I,e principal de ces rameaux est celui qui,

sur la Karle von Kleinasien de R. Kieperf (D. III), court du nord-ouest au sud-est sous le nom de Haidar-Dagli, atteint au Gejik-nagh son point culminant e(,

projette jusqu'à la c6te d'innombrables éperons..

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LE TRAITÉ D'APAMÉE 23

coiisenlit à faire sienne. On serait tenté de n'y voir qu'une

hérésiegéographique, fabriquée

de toutespièces par

le roi de

Pcrgame pour les besoins de sa politique envahissante. Le cas

est pourtant différent. Cette doctrine, si commode à ses des-

seins, selon laquelle le Tauros passait à l'est de la Pamphylie,

d'autres L'avaient professée avant Eumènes. Il semblerait même

qu'elle eûL prévalu à l'époque d'Alexandre. Le fait est que,

dans son Anabase, Arrien rapporte que Néarque fut créé

« satrape de Lycie el du pays contigu à la Lycie (c'est-à-dire

dePamphylie) jusqu'au

Tauros »(i).

Et deux autrespassages

du

môme ouvrage, tirés d'Éralosthènes, semblent indiquer qu'enun temps plus récent le grand géographe se représentait aussi

le Tauros (ou une partie du Tauros) comme formant bar-

rière entre la Pamphylie et la Cilicie (2).Dans ces conditions, l'extrémité maritime du Tauros pou-

vant être « à volonté » placée soit en-deçà, soit au-delà de la

Pamphylie, et la limite sud-ouest de l'Asie cislaurique variant

enconséquence,

le toit manifeste elregrettable

duSénat, quiavait d'abord adopté la première opinion (ainsi qu'en témoignent

ses instructions aux légats envoyés en Asie), fut de n'avoir pas

spécifié dans le texte du traité, en termes excluant toute incer-

titude, qu'à son avis la chaîne taurique ne touchait la mer et

ne prenait fin qu'à l'ouest de la Pamphylie. Mais celte omission —

qui donnerait à croire que la rédaction du traité fut quelque

peu bâclée (3) —-.n'autorisait nullement Kahrstedt à déclarer

(1) Arrian. Anab. 111, 6, 6 (cf. H. Bcrvc, Dus Alexanderreich, I, 236) : ...NéatoyovS* aa-rpa-ÊJÊiv Aima; ïai xf,; È/O;J.SVT,; Auviîa; y/ôpac è'<xxe èTTl xôv TaCpov ti

ô'p o ;.

(2) A.rr. Anal). III, 28, ii : ixaxpov yàp opo; -apaxÉxaxat 6 Kaû/.aao;, ûaxe %xiTÔV Taupov xo opo;, b; 8TIXT,V Ki^txîav xe xat lia |X'juX Éav à-rcetpyÊ,., Qt-rcôxoû

Ka-jxiaou EVIX> AÉVOUTI... ; V, S, 2 : ... xàv Taupov xà opo; àitelpyeiv xty 'Aaîav, àpyo- jisvov (IÈV ir.b MuxiXr,; xoti xaxavxtxpù £â[iou xr,; vT.aou opou;, à-roxepivô ptsvov Ss

XT,V XE Ha a s» Xwv mi K'.Xixwv yf,v IvBsv |jiv w; è; 'ApjiEvîav itap^xeiv...;cf. lad. 2, 2, qui est moins précis.

— Sur les emprunts ici faits à Éralo-

stliènes, voir E. Schwartz, P.-W., au mot Arriamis, col. 1239; F. Jacoby, F. Gr.Hisl. H B, n.

139, p. TO, fragtn.23

(10),et 11

1), p. 51B;A.

G, Koos, dans sonédition des Indien, p. 2, note à la I. 15.

(8) C'est de quoi il y a nnmhre d'autres indices,

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24 MAURICE HOLLEAUX

impossible a priori que les contrées transtauriques laissées

par les Romains à Anliochos s'étendissent vers l'ouest  jusqu'auxmontagnes orientales de la Lycie.

II. — L'explication qu'a proposée Kahrstedt de la phrase

et ca valle cet. est à rejeter. Je doute qu'il ait été plus heu-

reux dans sa tentative pour éclaircir celle qui précède : cxcc-

dito (Antiochus) iirbibus cet. cis Tau ru m montem usque ad

Tanaim amnem.

On se rappelle (1) que pourlui le 'Fanais amnis de T. Livc

est la rivière aujourd'hui appelée Tschakyt-Tschaï, laquelle,

coulant du nord-ouest au sud-est, traverse le Tauros un peu à

l'est des Portes-Cilicionnes. Que vaut celte identificalion ?

1° Un motif qui, évidemment, l'a, sinon déterminé, du

moins incliné à l'admettre, c'est qu'il a pensé retrouver dans

le mot Tanais le nom ancien du Tschakyt-Tschaï. « Der Tscha-

kyt-Tschaï, écrit-il (2), entwassert in mehreren Quellllùssen

den Bezirkvon

Tyana,die

Tyanitis.» Par

suite,le nom

quiparaît lui avoir le mieux convenu dans l'antiquité est celui de

« fleuve de la Tyanitide », si bien qu'il est à croire qu'on lisait

dans le texte de Polybe : l'w; toù Tuav.vlSos itoTajAoCi. Supposons

à présent la disparition accidentelle de l'u dans Tuavt/cîSoç ; reste

TavtTÎSo;, qu'un copiste aura le plus aisément du momie trans-

formé en TavaîSo? : telle est l'origine du Tanais donné par les

manuscrits de T. Liva.

Parmalheur,

uncritique, qui, certes,

ne sauraitpasser pourhostile en principe aux vues de Kahrstedt, mais à qui est

familière la géographie de ces régions, W. Ruge, a eu vile l'ait

de mettre à bas ce prestigieux échafaudage de conjectures (3).

(1) Ci-dèssus, p. 8.

[2)Gpll. f lachr. 1923, 93.

[li)PUii. Wochensckr. 1928, col. VST.L — Ruge donne .sa pleine adhésion au sys-

tème de Kahrstedt touchant la Cilicie, ce qui, ;'i vrai dire, ne laisse pas d'être assez

paradoxal.Car il

place, non,comme

Kalirstedl,au

sud,mais au nord du

Tauros,Vea vallis de T. Live (identifiée par lui a colle du Kodja-Tsohaï,. la rivière de.

Kvbistra; voir ci-après, p. 29, note 4). Mais que restc-t- il alors de la dénioastru-

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LE TRAITÉ D'À PÂMÉE 25

Il a fait observer que le Tschakyt-Tschaï n'a pas droit à la qua-

lification de « fleuve de la Tyanitide », qu'en effet la Tyanilide

proprement dite est le bassin ayant pour centre la ville de

Nigdé, et que pas un seul des cours d'eau dont est formé le

Tschakyt-Tschaï n'a sa source dans ce bassin (l). Le fleuve de

la Tyanitide, c'est, non le Tschakyt-Tschaï, mais le Kyzyldja-

Su, qui, au sortir de Nigdé, coule dans la direction sud-ouest

(soit parallèlement au Tauros, en sorte qu'il ne saurait limiter

vers l'est les contrées cistauriques). Ainsi disparaissent à la

fois et le nom de o Tuavi/uSo; uoTapiôç appliqué au Tschakyt-Tschaï et la relation supposée entre TuavmSo;, TavatviSoç, Tavaî-

ooç. La paléographie, dont Kahrstedt se plaisait à alléguer le

témoignage (2) en môme temps que celui de la géographie, ne

lui peut être d'aucun secours.

2° Ce point réglé, puisqu'il vient d'être établi, contrairement

à ce que croyait Kahrstedt, qu'aux termes du traité d'Apaméela Cilicie Trachée et la Pamphylie demeurèrent à Antiochos,

soyons attentifs à ce qui résulte de là. Il en résulte manifeste-ment que ni PAlata-Tschaï, ni aucun cours d'eau parallèle à ce

fleuve n'a jamais formé au sud du Tauros la frontière des terri-

toires syriens, et que, par suite, les mots eavalle ne peuvent

désigner chez T. Live ni, comme le voulait Kahrstedt, la vallée

de l'Alata-Tschaï, ni celle d'un fleuve quelconque coulant du

Tauros à la mer. D'où la nécessité de rapporter ces mots à la

vallée du Tanais amnis (ceci quand bien même on les ratta-

cherait grammaticalement à Tauri : il s'agirait, en ce cas, de la« vallée du Tauros » où coule le Tanais), c'est-à-dire, selon

Kahrstedt, à celle du Tschakyt-Tschaï. Mais, les choses étant

tion de Kahrstedt? En lin de compte, [Juge se trouve réduit à admettre que le

texte de T. Live ne contient aucune indication sur la l imite des territoires séleu-cides en Cilicie. N'est-ce point là l'inconscient aveu qu'une limite de cette sorten'a jamais existé?

(1) Si l'on jette les yeux sur la Karle von Kleinasien de R. Kiepert (C. IV.

Kaisarje), onremarquera

en effetque

les nombreux affluents du Bozunit-Su —

c est le nom du Tschakyt-Tschaï,supérieur— coulent tous vers l'est, le sud et le

sud-est, c'est-à-dire dans une direction opposée à relie de la plaine de Tymift.(2) Giitt, Naçttr. 1923, 93,

S.M-

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^Çff^m^ttpiis-Msamm^

26 MAURICE HOLLEAUX

ainsi, on a lieu de se demander ce que pourua bien signifier

l'ensemble de la phrase : et ea valle Tauri nsque ad iugum,qua in Lycaoniam vergit. Essayons de l'interpréter. « Antiocbos

devra évacuer la vallée du Tschakyl-Tschaï (ou, si l'on veul,

la valle'e du Tauros que parcourt cette rivière) [et tout l'espace

s'étendant] jusqit'aie point où la chaîne [du Tauros] incline vers

laLykaonie. » A quel propos celle dernière indication? et quevient faire ici « le point où la chaîne du Tauros incline vers la

Lykaonic » —point qui n'est distant que de 70 à 80 kilôm.

de la trouée par où le Tschakyl-Tschaï traversele Tauros?

N'est-il pas évident qu'à partir de celte trouée {ea vallis), la

chaîne tau ri que servira, dans la direction de l'ouest, de fron-

tière à l'empiVe séleucide, non seulement jusqu'au point qu'in-

diquerait lo texte de T. Live, mais, d'après ce que nous avons

vu, beaucoup au-delà et  jusqu'à l'extrémité occidentale de la

l'amphylie ? Il le faut avouer : si les mots ea valle se rapportentau Tschakyt-Tschaï

— comme on le doit admettre dès qu'on

supposece fleuve

identiqueau 'fanais — la clause du traité

d'Apamée reproduite par T. Live ressemble trop à un non-sens.

Et voilà qui suffit à rendre singulièrement suspecte l'identifi-

cation chère à Kahrstedl.

3° Mais, cependant, voyons ce qui l'a conduit à la regardercomme certaine. Je résume aussi fidèlement que je puis, son

argumentation (I).

Jusqu'en 188 l'empire séleucidc était « cistaurique »— ou,

en d'autrestermes, dépassait

au nord laligne

du Tauros —

non seulement en Asie-Mineure, à l'ouest de la Cappadocc,mais aussi à l'est de celle-ci, celte fois hors de l'Asic-Mineure.

Au-delà de l'IDuphratc (2), l'Arménie, qui était plus qu'à demi

une contrée « cistaurique », c'est-à-dire située au nord du Tau-

ros, dépendait en effet de cet empire (3). Prise à la lettre, la

(1) GfUl, Nadir. 1923, 94-1)5.

(2)Slrab, XI, U, 2.

p.

527.

(:i) Kalirsteilt écrit (lii. ilriil. 04) : « ...sein Keicli (des Anlioclios) iibenrlirilt

noch ein zweites Mal ilen Tauros ; Arménien gehiirte seit 21S m ihjn.,, » Qeçj

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LE TRAITÉ D'APAMÊK 27

clause : « Antiocho.s se retirera des villes, territoires, etc. qui

sont « en deçà » ou « au nord » (1) du ïauros » aurait doncsignifié que le roi devait évacuer, en même temps que ses pos-sessions cistauriques d'Asie-Mineure, la plus grande partie de

l'Arménie—ce qui, cela va sans dire, n'eût été nullement

conforme aux intentions des contractants. Afin de prévenircette équivoque, afin que le traité eût bien le sens qu'on lui

voulait donner, une précision complémentaire était indispen-sable : il était nécessaire d'indiquer que c'était seulement en

Asie-Mineure qu'Antiochos devrait reculer jusque derrière leTauros, et, à cet effet, de marquer le point à partir duquel la

chaîne du Tauros allait devenir, dans la direction de l'ouest, la

frontière nouvelle de ses Etats. C'est évidemment à cette néces-

sité qu'on a pourvu en insérant dans le texte du traité les mots

usque adTanaim amnem. Le point en question de la chaîne

taurique devait se trouver quelque peu à l'est des Portes-

Cilicicnnes ; il coïncidait, en effet, avec celui où l'ancienne

frontière occidentale des territoires séleucides et de la Cappa-doce rencontrait cette chaîne : or c'est, un peu au-delà des

Portes, que celte frontière qui, partant du lac Tatta, tirait versle sud-est et passait entre Kybistra et Tyana, aboutissait auTauros. L'énigmatique Tanais ne peut dès lors être qu'uncours d'eau qui, un peu à l'est des Portes-Ciliciennes, descendde la chaîne taurique dans la direction du nord, ou la traversedans celle du sud. Il n'existe pas de cours d'eau satisfaisant à

la première condition ; il n'y en a qu'un qui réponde à laseconde : c'est le Tschakyt-Tschaï, dans lequel on reconnaîtradonc le Tanais amnis. La brèche pratiquée par le Tschakyt-ischai ù travers le Tauros va marquer le point extrême où se

termineront, à l'est, les contrées cistauriques enlevées à Antio-cho?.

manque de netteté. L'Arménie était, en droit sinon toujours en fait, un Étatvassal .tes Séleucides depuis le temps de Séleukos Nikator (Beloch, Griech.

(leseh. IV, 2,361) ; en 212 Antiochos III ne fit que rétablir sur elle l 'autorité desa maison.

U) Ou, plus exactement, « au nord et au nord-ouest » ; vojr ci-dessus, p. 18, n. 4,p. 20. '

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Û8 MAURICE HOLLEAUX

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s:

Là-dessus on peut faire deux observations.

Selon Kahrsledt, l'ancienne frontière de l'Asie-Mineureséleucide et de la Cappadoce se serait confondue, à son extré-

mité sud, avec le cours supérieur du Tschakyt-Tschaï ; ou,si l'on préfère, le cours supérieur du Tschakyt-Tschaï ^aurait

formé l'extrémité sud de cette frontière : il tient en effet

pour incontestable que elle-ci n'atteignait le Tàuros qu'à l'est

des Portes-Cilicienues (1). Mais, comme il a été indiqué

déjà (2), rien n'est moins assuré. De fait, il n'y a aucune

preuve (3) que les Portes et la partie de la Tyonilide (4) qui enétait voisine à l'ouest fussent en la possession d'Anliochos HT;et les rapports extrêmement amicaux qu'entretint avec lui le

roi de Cappadoce Ariaralhès IV, son gendre et son allié, la

fidélité que celui-ci lui garda jusqu'après Magnesia (o) rendent

la chose très peu vraisemblable. Il est probable, comme c'est

l'opinion de Kahrstedt et aussi d'Krnst Meyer, que la frontière

de la Lykaonic (territoire séleucide) et de la Cappadoce passait à

Vsî>

I

:S*~

' h

(1) Ernst Meyer [Die Grenzen..., 120 ; cf. 137, 151) soutient la même opinion.(2) Ci-dessus, p. 9.

(3) Ernst Meyer écrit'/)«; Grenzen..., 120, cf. 137) : « ...dièse wichligstc Ver-

bindungsstrasse [par les Portes-Cilicionnes] zwischen Kilikien ntid Klëinasienkann unmoglich in kappadokischem liesitz gewesen sein, solange die Seleukidennooh Hesilz in Klëinasien hatten. Das hraiiehl l.aitm. nock besonders beslitlirjt zu

werUen. » Mais une affirmation, si énergique soil-elle, ne remplace point unedémonstration. Que la région des Portes ait d'abord et longtemps appartenu aux

Séleucides, d'accord. Mais pourquoi ne l'auraient-ils pas dû abandonner au tempsde leur grande détresse,

après

le milieu du ur siècle, quand se forma ets'agran-dit à leurs dépens l'Etat rappadocien (cf. Ernst Meyer, ibid. 137)? — Aussi

bien, la route qui franchit les l'ortes-Cilicicnnes ('lait la principale, niais non

l'unique voie qui faisait communiquer les deux portions occidentales de la

monarchie syrienne : il existait à travers le Tauros d'autres grands passages,notamment la route menant d'ikonion à Séleucie-du-Kalykadnos.

(4) Ne point oublier qu'au témoignage de Strahon (XI, I, 4, p. 334), la Tyanilidetout entière formait une « stratégie » du royaume de Cappadoce.

(îi) Ariarathès IV soutint les Galates, alliés d'Anliochos, contre Gn. Munlius;c'est seulement après leur défaite qu'il traita avec liome : Liv. (Pol.) 37, 40, 10 :

38,2(1,4; Pol. XXI, 41, 4-3. — Remarquons ici qu'étant donné cette amitié quiunissait les deux souverains, il n'est pas douteux qu'Ariarathès, s'U était maître

des Portes, n'accordai à Antiochos toutes les facilités pour y l'aire passer sestroupes chaque fois que besoin était. : ce qui diminuait fort, pour le Séleucide,l'intérêt qu'il pouvait avoir à eu devenir lui-UK'ine possesseur,

I

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LE TRAITÉ D'APAMÉE 29

quelque

dislance à l'est de la ville de Kybistra (1), laquelle se

trouvait sur le chemin des Portes-Ci lieiennes; mais c'est tout.

Il ne suit naturellement point de là que cette frontière se

prolongeât aussi loin vers l'orient que l'ont pensé ces deux

critiques. Elle pouvait fort bien border, en la laissant intacte,

la ïyanitide, joindre le Tauros à l'ouest des Portes, et demeurer

ainsi sensiblemenl en-deçà du haut Tschakyt-Tschaï (2) que,

par suite, les rédacteurs du traité n'auraient eu nul motif de

mentionner. —Admettons pourtant que le tracé de la frontière

fût celui que suppose Kahrstedt. Y avait-il, même en ce cas,

nécessité de nommer le Tschakyl-Tschaï dans le texte du

traité? Non vraiment. On savait que le point où la frontière

rencontrait le Tauros était le même où ce cours d'eau péné-

trait dans la'niontagne : quel besoin de rappeler expressémentce fait connu? Kahrstedt est d'avis — et ceci paraît l'évidence

même — qu'au nord et au nord-est les frontières existantes de

l'Asie-Mineure séleucide indiquaient avec une suffisante netteté

 jusqu'où s'étendaient les contrées qu'allait perdre Antiochos (3) :

pourquoi en eût-il été différemment au sud-est? Quoi qu'il

déclare, on conçoit mal quelles précisions nouvelles et utiles

eût apportées ici la mention du Tschakyt-Tschaï et comment

« l'angle sud-ouest de la Gappadoce » s'en fût trouvé « mieux

délimité » (4).

(1) 11 n'y a rien de plus à tirer du passage de Strabon (XII, I, 4, p ., B34-

533; cl\  2, 7, p. 537) auquel se réfèrent Ernst Meyer {Die Grenzen..., 120) etKahrstedt {Gôtl. Nadir, ibùt. 94). Strabon y laisse seulement voir que Kybistraet ses alentours ne faisaient point à l'origine partie de la Gappadoce.

(2) il est à noter que, dans l 'art.'

Kappadokien de P.-W. (col. 1911), Ruge se

borne à dire qu'au-delà du lac Tatta la frontière de la Lykaohie et de la Cappa-doce courait « au sud-est »  jusqu'au Tauros; il n' indique pas qu'el le aboutit à lavallée du Tschakyt-Tschaï ni dépassât les Portes-Ciliciennes.

(3) Gôtt. Nadir. 1923, 93 : « ...weitere Angaben waren ùberflussig, denn dieGrenzen des abzutretenden Gebiets weiter nordlich standen ohnehin fest durchdie bisherige Reichsgrenze. »

(4) ld. ibid,'.—Voir les  justes objections faites par lUige à Kahrstedt [Philol.

Wodienschr. 1928, col. 1373-1374). — Quant au système propre à Ruge, j'estimetout à fait superflu d'eu entreprendre la critique. Dans ce système, le Tanaisserait la rivière de Kybistra (Eregli), le Kodja-Tschaï. Mais, pour y accommoderle texte de T. Live, il faut interpréter, ou mieux, paraphraser et commenter ce

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^^ff^i^yf^mf^f^^f^

'!>';

'M-

|}« MAURICE HOLLEiUiL

Mais laissons cola ; allonsà

l'essentiel. L'équivoque pos-sible dont s'est si fort ému Kahrstedt, l'équivoque que, si l'on

n'y avait pris garde, auraient contenue les mots excedito arbi-

bus cet. civ Taurum montent, que les rédacteurs du traité

auraient eu le devoir de prévenir, et qu'ils auraient prévenue

en mentionnant le 7'a?iai.s-Tschakyt-Tscliaï, cotte équivoque est

une pure illusion. Outre qu'en ce temps-là les Romains igno-

raient probablement l'Arménie et, en tout cas, ne s'en sou-

ciaientguère,

ce n'estque par

les théoriciens de lagéographie

qu'elle pouvait être rangée parmi les contrées « cistauri-

ques » (l). L'usage universel voulait, nous l'avons vu (2), quela £VTÔÇ(OUsiri xâos) TO'JTaûoou 'As-ia, au sens consacré du terme,

ne comprît que les pays situés à l'occident de la Cappadoce (3).Or si, dans le langage ordinaire, la dénomination de « cistau-

riqiie » n'était point appliquée à la Cappadoce, a fortiori ne

pouvait-elle l'être aux régions qui lui faisaient suite vers l'est.

Si lesinquieludes.de

Kahrstedt étaientlégitimes,

on'remar-

quera qu'une phrase telle que celle-ci, prise au hasard dans

Polybe (4) : Hskswx.o^... Tiuv9avo'[jiEvoç "Axxa^ov uâa-av Ï)OÏ) vrçv STH.

•uàos xoû Taûoou Sovow:ew.v ùco' aùràv Tteito'.riTQa!. xxX. ne laisserait

pas d'être ambiguë : elle pourrait à la rigueur signifier qu'outre

texte de la façon que voici : n Der Tauros ist Grenze bis zu dem Fluss Tanais,dann aber nicht weiter, die Grenze geht vielmehr dann durch das Gebicrge hin-

dupeh... Die folgenden Worte et ea valle Tauri usque ad iittjitm beziehe ich auf

ebea dièses Tal [du Tanais-Kodja-Tsohaï]. Bis dorthin von der kappadokischen

Grenze an ist der nôrdliche Fuss des Tauros die Grenze gewesen, nun aber gehtdie Grenze in dem Flusstal aufwârts bis z um Kamm... » Faire bon accueil à une

exégèse si compliquée n'est pas à la portée de tout le inonde. Joignons que,comme il a été dit déjà (p. 24, note 3), Ruge, en vertu de son système, est obligéde confesser qu'à partir du point où le Kodja-Tschaï sort du Tauros, on ne

trouve plus dans T. Live aucun renseignement sur le tra de la nouvelle

fjontière nord-est de l'État séleucide.

(1) Voir, par exemple, Strab. 11, G, 31, p. 129 ; XI, 12, 4 s.  /'., p. 522 : O-JTM pâvtolvuv TI6S|JUV SVTÔÇ TOO T a 6 p o u TÏ,V Te Mï)8(:cv... •*.x i T+IV 'Ap|i£v£zv; 12, 5

in. et s. /'., p. 522 ; 14, 1, p. 52G, etc.

(2) REG, XLIV (1931), p. 313 suiv.

(3) REG, XLIV (1931), p. 314-315, 317. La chose ressort assez du fait que laÈvtôç TOO Taùpou 'Asta est identique à la cvtôç TOO "XXW; 'Aaia et que l'IIalys limite

la Cappadoce à l'ouest ; REG, ibitl.

[i) Pol. IV, 48, T.

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ï^.^'^f-^y.V;?!,-.:.< *$&/&%

LE TRAITÉ D'APAMÉE Si

les pays dépendants des Séleucide's à l'ouest de l'Asie-Mineure,Attale avait aussi soumis l'Arménie (1) ; mais, à coup sûr, c'est

une ambiguïté dont ni Polybe ni aucun de ses lecteurs ne s'est

 jamais avisé, tëu égard aux habitudes établies, placer l'Arménie

« en deçà du Tauros », c'aurait été, pour parler comme Kahr-

sledt (2), « ein barer Unsinn » : et comment eût-on éprouvé le

besoin de se prémunir contre une méprise si absurde quel'idée n'en pouvait venir à personne? Ce n'est certainement

pas pour satisfaire à ce besoin qu'ont été inscrits dans le textedu traité les mots nsque ad Tanaim amnem, lesquels, non

moins certainement, ne désignent pas le Tschakyt-Tschaï.

La doctrine traditionnelle sur la clause territoriale du traité

d'Apamée n'a point eu jusqu'ici et, sans doule, n'aura jamaisd'adversaire plus énergique ni plus ingénieux que Kahrstedt.

On a pu voir, en parcourant ces pages, si à cette doctrine il

y a lieu de préférer celle que Kahrstedt y voudrait substituer,et quelle est, de l'une ou de l'autre, la plus satisfaisante.

J'ose me flatter qu'édifié par la discussion qui précède, le lec-

teur s'en tiendra, d'un esprit rassuré, à la tradition.

Maurice HOLLEAUX.Paris, avril 1931.

(1) Le même reproche d'ambiguïté pourrait êlre adressé, par exemple, à oette

phrase de Strabon (Xlll, 4, 2, p. 624) : xoei ËXa6s (Eumenes) ratpà irâv T«(i.atwv

Sitaaav tty» Oit' 'Avxtôj^a) xt\v tvxè; xoû Taûpou.(2) COU. Naclir. 1923, 9*.

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE(1)

On souhaiterait que ce Bulletin offrit un tableau complet des tra-

vaux d'archéologie grecque. Ce but n'aura chance d'èire atteint que si

les auteurs veulent bien prendre la peine d'adresser un exemplaire de

leurs publications, LIVBES ou ARTICLES, au directeur de la Bévue, 2,

avenue Sainte-Foy, à Neuilly-sur-Seine. Les LIVRES reçus seront signa-

lés dans le B ulletin et. analysés plus complètement dans les Comptes

rendus bibliographiques.

PlilllOIMQUKS nftl'OI'IU.KK.

Allemagne : Die Aiilike : [Sect. I], 1929, 1930, 1931 ; [Sect. III], 1930.

Arch. Jahrh. Jahrbuch des denlschen architologischen Instituts :

[Sec. I et III] 45 (1930), 3-4; [Sect. II et IV] 45 (1930) et 46

(1931), 1-2 ; [Sect. V] 45 (1930), 3-4 et 46 (1931), 1-2.

Alh. MM. Athenische Milteilungcn : [Sect. I et II] LV (1930) ;

[Sect. III] L1V (1929] et LV (1930), 1-2; [Sect. IV] UV (1929).Forsch. u. Fortsehr. Forschungen und Fortschritte : [Sect. II

et III] 1931.

Gnomon : [Sect. II et III] 1931.

Hermès : [Sect. II] LXV (1930), 3-i.et LXVI (1931).Klio : [Sect. II] XXIV (1930-31), 1-3.

Philologus : [Sect. II] LXXXVI (1931).Rtim. Itilt. Romische Mitleilungen : [Sect. II| XLV (1930), 3-4 et

XLVI (1931), 1-2 ; [Sect. III] XLV (1930) et XLVI (1931), 1-2;

[Sect IV] XLII (1927), XL111 (1928), XLIV (1929), XLV (1930].

Zeilsehrifl fur Numismalik : [Sect. V] 1930, 3-4 et 1931, 1-2.

Amérique : Art and Archaeolot/y : (Sect. I] 1931, janvier-novembre; [Sect. ÏII]XXIX (1929-30) et XXX (1930-31).

AJA. American Journal of Archaeology : [Sect. I] XXXV (1931);

(t) Subventionné par la Confédération des Sociétés scientifiques françaises àl'aide des fonds alloués par le Parlement.

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iilJLLKTlft AkCHËoLoëlQUE 33

 jsect. Il] XXXIV (1930), 4 et XXXV (1931): [Sect. III] XXXIV

(1930), 4 ; ISect. IV] XXXIV (.1930), 4 et XXXV (1931), 1-3.Bulletin of the Metropolitan Muséum : [Sect. I, III et V] XXVI

(1931).Memoirs of the Amer. Acad. Rome : [Sect. II] IX (1931V

Metropolitan Studies : [Sect. III] 111 (1930).

Angleterre : Archaeologia : [Sect. I] (1930).

BSA. Annual of the British School at Athens : [Sect. I] 1928-29;

[Sect. II,.III et IV], XXIX (1927-28).

JUS. Journal of Hellenic Studies : [Sect. I] Ll (1931); [Sect. il

et IV] L (1930), 2 et LI (1931), 1 ; [Sect. III] L (1930).JRS. Journal of R oman Studies :

[Sect. I II]XIX

(1929),fin et XX

(1930), 1. . . *

Numismalic Chronicle : [Sect. V] 1930, 4 et 1931, 1-2.

tiumismatic Circulai' : [Sect. V] 1931.

Autriche : Belvédère : [Sect. III] 1930.

Jaliresh. Jahreshefte des ôsterreich. archiiol. Instituts, Wien :

[Sect. I] (1931); [Sect. II et IV] XXVI (1930), 2; [Sect. III]XXV (1929).

Belgique : Musée Belge : [Sect. III| XXXLV (1930).

Espagne : Areh. ISsp. Archivo Espaûol de Arte y Archeologia : [Sect. II]n°s 17-20 (niai-août 1930 à mai-août 1931),

France : Aréthuse : [Sect. I] 1931 ; [Sect. III] 1930; [Sect Vj 1930-1931.

Beaux-Arts-: [Sect. III] 1931.

BCH. Bulletin de Correspondance hellénique : [Sect. I, III IV et

V] L1V (1930) ; [Sect. II] LIV (1930), 2 et LV (1931), 1.

CHAI. Comptes-rendus des séances de l 'Académie des Inscriptionset Belles-Lettres: [Sect.II] 1930, juillet-décembre et 1931, janvier-

 juillet; [Sect. III ] 1930, juillet-décembre.Documents : [Sect. III] 1930.

Gaz. B. Arts. Gazette des Beaux-Arts : [Sect. III] 1931.

Journal des Savants : [Sect. III], 1930.

Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École de Borné : [Sect. II,III et IV] XLVHl (1931).

Monuments Piot : [Sect. II] XXX et XXXI'; [Sect. III] XXXI,1930 ; [Sect. IV] XXXI.

Mouseion : [Sect. III] 1930 et 1931.

Revue Archéologique : [Sect. I] 1931 ; [Sect. II] XXXI (1930, I),2, XXXII (1930, II) et XXXIII (1931, 1), 1 ; [Sect. III] 1930, 1-11 et

1931, I ; [Sect. IV] 1930, II et 1931, I.

lieu. Art. Revue de l'Art : [Sect. III] 1931.

BEA. Revue des Études anciennes : [Sect. I, Il et III] XXXIII

(1931); [Sect. IV] XXXII (1930), 4 et XXXIII (1931), 1-3.REG. Revue des Études grecques : [Sect. I, II et III] XL1V (1931) ;

[Sect. IV] XLUI (1930), o et XL1V (1931), 1-4.

Revue Numismatique : [Sect. V] 1931,

kKU, XLV, 1032, ,,» 200. S

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3& J; CHAfeBONNEAui

' ' " 'Sijri'a : [Sect. I] XII (1931); [Sect. II et IV] XI (1930), 3-4 et Xlt

(1931), 1-2 ; [Sect. III1 XI (1930), 4 et XII (1931).

Grèce : ' Arch. Delt. Archaiologikon Deltion : LSect. I] XI (1921-28) et XII

(1929); [SBCt. IV] XI (1927-28).

Arch. Êph. Archaiologikè Éphèméris : [Sect. I et II] 1929 ; [Seçt. IV]

1927-28 et 1929.

Prakt. Praktika tes Archaiologikès Hétaireias : [Sect. I] 1931 ;

[Sect. II] 1929.

Hollande : Bulletin Musée Scheurleer : [Sect. III] 1931.

Mnemosyne : [Sect. II] 1930, 4 et 1931, 1-3.

Italie : Africa Ualiana [Sect. III] 1930, fin.

Annuario délia U. Scuola di Atene : [Sect. II et III] X-X1I (1931).

Bolletlino d'Arle : [Sect. I] 1931 ; [Sect. III] 1929-1930 et 1930-1931;[Sect. IV] 1930-1931 et 1931-1932, 1-3.

Bolletlino Associazione intern. Sludi Mediterranei [Sect. II] 1 (1930-

31), 2-6 et II (1931-32), 1-3.'

Bull. Commiss. arcli. Comun. di Roma : [Sect. III] LVII (1929).

Dedalo : [Sect. I] 1931 ; [Sect. III] XI (1930).

Mon, Ant. Monumenti Antichi : [Sect. III] XXXIV (1931) ; (Sect. IV]

XXXHI, 3 et XXXIV, 1.

Monumenti Insl. : [Sect. III] LUI (1928).

Not. Scav. Notizie degli Scavi : [Sect. II] VI (1930), 4-12 et VII

(1931), 1-3 ; [Sect. III] 1929, fin et 1930 ; [Sect. IV] 1930, 4-12.

Rio. Lit. Rivista-R. Istituto Archeologia e Storia dell' Arte :

[Sect. II] 1 (1929), 1-3 ; [Sect. III] II (1930).

Suisse : Genava : [Sect. III] VIII (1930) ; [Sect. IV] IX (1931).

I. —ËPOQLIR HHKHKLLKNIQim.

CnÊTË. — Keftiu. Pour M. Wainwright, les Keftiu ne sont pas des Cretois

mais des Asiatiques habitant la Gilicie ou quelque région voisine. En effet, il

y a lieu de distinguer, dans les représentations des fresques égyptiennes,

le « Peuple des Iles au milieu de la mer » (fresques d'Useramon et de Sen-

mut) des Keftiu, figurés soit seuls (fresques de Menkheperrésenb et Amenem-

heb) soit avec le peuple des Iles (fresque de Rekhmiré) : tandis que les deux

premières peintures ne montrent, avec des personnages à pagne nettement Cre-

tois,- que des objets minoens, à, une exception près, les trois autres n'offrent

qu'une proportion de 17, 5 0/0 des infimes objets et les Kefliu qui les accom-

pagnent portent un pagne'de forme et de décor non crétois; de plus l'un d'eux,

barbu, est vêtu de façon nettement asiatique. Les importations Cretoises, cons-

tatées en divers points de L'Asie et en Egypte même, expliqueraient suffisamment

la proportion,, assez faible d'ailleurs, d'objets crétois dans les présents des

Keftiu. Les Philistins enfin [Pelelhim de la Bible) sont bien distincts des Crétois

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 38

(Kerethim) et apparentés aux Kefliu ; leur pays d'origine Kaphtor pourrait bienêtre la

Gappadoce,comme l'indique la version des

Septante (1).Ecriture. — M. M. Dayet signale les relations que l'on peut établir entrele minoen linéaire et le chypriote, d'une part, entre le chypriote et le phé-nicien archaïque d'autre part — relations qui peuvent faire entrevoir l 'ori-

gine crétoise de l'alphabet phénicien (2).Salles hypostyles. — Les Cretois ont emprunté aux Égyptiens l'idée de la

salle hypostyle et l'usage de piliers de section carrée. Mais le plan particulier dela grande salle aux six piliers de Mallia ne reproduit pas celui d'une chapelleégyptienne ; c'est un plan minoen où les murs ont été remplacés par des

rangées de piliers. Ce principe se retrouve dans le mégaron Cretois du M.M. Ilf, composé de deux salles communicantes prenant jour sur deux por-

tiques et dont le prototype serait, au M. M. 1, la grande salle de Mallia, pré-cédée de son antichambre. Les salles à piliers des rez-de-chaussée crétois nenous montrent qu'une partie — la mieux connue, mais la moins intéressantesans doute des constructions hypostyles réalisées par les Crétois ; il fautfaire une place importante aux salles à colonnes de bois des étages des

palais, d'un plan plus varié et plus harmonieux, dont peuvent donner uneidée les restaurations de l'aile Ouest à Cnossos et celle que postule la

disposition des accès et des murs au-dessus des grands magasins de Phaes-tos (3).

Scylla. Le monstre figuré sur une intaille crétoise dont plusieurs empreintes

ont été retrouvées à Cnossos serait non pas la chienne Scylla mais un hippo-potame du Nil (4). '

Le port minoen des Saints-Théodore. Restes d'un établissement maritime à12 km. 500 à l 'est de Candie — le premier de ce genre exploré en Crète —

comportant une grande enceinte rectangulaire servant d'agora avec magasins àl'ouest. Tessons du M. M. III — M. R. I. Le plan sera donné prochainement (5).

La grotte d'Ililhye. Dans la même région côtière, à 9 km. de Candie, M. Mari-nàtos a repris la fouille entreprise autrefois par M. Hadzidakis, de la grottequ'il considère lui aussi, d'après Homère et Strabon, comme la grotte d'Uithye.Il y a recueilli des restes abondants de céramique : poterie néolithique annonçantla technique dite de Vasiliki, vases ou tessons du M.

A.,du M.

M.,du M. R. et

d'époque grecque, lampes romaines etchrétiennes. Des stalactites et stalagmitesparaissent avoir été là l'objet d'un culte. Ver3 l'entrée de la grotte, restes (6)encore mal déterminés de constructions (sanctuaire ?).

Tombeau rond de Krasi Çl). Près du village de Krasi, à quelques kilomètres auSud de Mallia, M. Marinatos a fouillé un tombeau rond, grossièrement construit,

(1) JUS, LI, 1931, p. 1 et suiv.(2) liev. Arch., 1931, p. 29 et suiv.(3) BCH, LIV, 1930, p. 382 et suiv. (J. CharbonneaUx).(4) Arch. Delt., 1927-28, p. 83-54 (Sp. Marinatos).(3) Prakl,, 1931, p. 94-95 (Sp. Marinatos).(6) lbid., p. 95-104.[1) Arch. Dell.) 1929, p. 102-141 et pi. IV,

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se i. CHARBÔNNEAM

de 4 m. 20 de diamètre intérieur, avec porte basse et amorce d'un dromos ; cfi

typede tombeau,

qui apparaîttrès anciennement dans les

Cycladeset, en

Attique (1), parait avoir été importé de ces régions dans la Crète du Nord, d'où

il est passé dans la Crète méridionale (Messara) — ce qui exclut l'hypothèse de

l'origine égypto-libyenne proposée par Evans et Xanthoudidis. Dans cette tombe

qvii a été utilisée longtemps, mobilier assez pauvre, mais caractéristique : série

de poteries allant de la f in du M. A. I au début

^_s^$p)—3?—^. d" M. M. I, notamment des vases du type de

n^Mïfi&> y Pyg 08) quelques poignards de bronze, deux

*--\jljlfs|w' bracelets et un anneau d'argent, un cachet

fâ^\  d'ivoire. L'usage des bijoux d'argent indique

 \Mo' <r>^ 'les affini lés avec les Cyclades. En outre, osse-

p§j *  / \  V^vr-^ ments d'animaux sacrifiés : hérisson et lièvre

(•J ( ~xl 11»1JilUi^") Ce corPs entier), chèvre, boeuf, porc et chien

V M ^<^^s3a$»ffî^ly (seulement les têtes).

l| .  //^^\ V\  Vallée du Carléros. Tombeau minoen récent

1 % -<-^r^îsL -?!>) avcc s'x sarc0Pnages renfermant des vases et

 î V ^/^ ^e Petits objets, notamment un peigne d'ivoire

1'

avec des crocodiles sculptés (2).

Mallia. — Bijoux tninoens (3). — Dans un grand bâtiment rectangulaire qui

est pcut-élre le cimetière royal du .M. M. I., M. P. Demargne a trouvé, outre

quelques fragments d'or ornés d'incisions et deux rondelles décorées au re-

(1) Fouil les de M. Mylonas.

(2) Arch, Dell., 1927-28 (Marinatos).

(3) HOU, 1930, p. 404 et suiv.

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BULLETIN AKCHÉOLOG1QCJE 37

poussé, deux bijoux dune qualité exceptionnelle (fig. let 2). L'un est une épin-

gle à la fois « massive et élégante » dont la tête est en forme de fleur à

six pétales ; l'autre est un pendentif formé par deux abeilles très styliséestenant entre leurs pattes un disque décoré au grènetis qui f igure peut-être

un gâteau de miel (forme analogue sur des vases attiques). La technique du

grènetis, qui suppose l'usage de la soudure, apparaît à la même époque

(environ 2000) en Crète, à Hissarlik, en Egypte ; elle paraît avoir été inventée

en Mésopotamie (dagues d'Ur).GUÈÛE. — Tombes du II, M. (i). Plusieurs centaines de tombes du Helladique

moyen ont été, à ce jour, explorées en Grèce. Un bon nombre de celles-ci

sont les tombes à ciste —type dont dérivent les tombes royales de l'acro-

pole de Mycènes ; et cette dérivation implique une continuité raciale entre les

Piémycéniens du II. M. et les Mycéniens. Ou a constaté dans les tombes du

II. M. que des offrandes avaient été déposées sur la tombe ou dans son voisinage

immédiat; deplus,

à côté d'une tombeimportante

deDrachmani,

on a trouvé

un puits sacrificiel rempli de cendres et de matières carbonisées — ce quidonne à penser qu'un culte des morts, analogue à celui qui était célébré sans

doute dans le cercle des tombeaux à Mycènes au II. U., existait en Grèce dès

le II. M. 11 semble donc bien que les envahisseurs du début du 1I« millénaire

constituaient « lavant-garde » des invasions helléniques successives qui ont

recouvert le sol de la Grèce.

GmïCE CENTRALE. — Ettlrésis. Publication définitive du site, par miss H. Gold-

man ; l'essentiel des résultats des fouilles avait été donné, en 1928, dansun rapport provisoire, analysé dans le Bulletin archéologique de 1929. Dé-

Fig. 3. —Type de mégaron du II. M. Maison A d'Rulrésis.

(I) Si/mbolae O.tloen.ies, IX, 1<no (C, \V. Blegen et A. .1. \), Wace), p. 28

(H siliv.

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38 îr CHARBONNEAUX

tails intéressants sur la construction de fours et coffres à provisions en terre

cuite dans les maisons du (I. M. ; sur la mode de couverture — toiture plateau H. A. et au ,11. R., probablement à double pente au moins pour cer-

taines maisons du H. M., la couverture étant faite, d'après les fragments re-

trouvés, de deux couches de terre, séparées par un lit de joncs ou de bran-

chages et portées par un lit de rondins ; sur ta disposition des briques dans

les murs (fig. 3).La céramique indique une parenté étroite avec les Cyclades au 11. A. 1. et

11 et des influences venues de l'Anatolie du Nord au II. A. lit ; c'est d'une

région s'étendant d'Auan en Turkestan (grandes analogies dans la céramique)

à tout le Nord-Ouest de PAsie-Mineure que serait venue l'invasion du début

du H. M., dontla date coïnciderait avec celle du début du M. M. en Crète

(fig. 4).La poterie à décor mat (fig. 5) géométrique aurait des affinités avec celle

de l'Anatolie hittite. Dé même qu'en Béotie (sauf Thèbesj, en Thessalio et en

Phocide, l'influence Cretoise n'aurait interrompu, à Eulrésis, la carrière mo-

notone des trois techniques du H. M. (peinture mate, minyen gris et minycn

 jaune) avant la « soudaine efflorescence » du H. R. III, qui correspond d'ailleurs

à une nouvelle organisation politique et religieuse plutôt qu'à une invasion

violente (1).

Attique. — Eleusis. M. Kouroniotis signale la découverte, sur la pentesud-ouest de l'acropole, d'un habitat préhcllcniquc remontant au d.ébut du

Fig. 4. — Rhytou en l 'orme de lauruau. H. A. Kulrosis.

(t) II. Goldman, Eulvesk.

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 39

H. M. et quelques restes de maisons mycéniennes; en outre, une tombe

remontant au début du H. M. a l ivré un squelette bien conservé (1).

Syrie. Dans les nécropoles de Minet-el-Beida et de Ras Shamra, découverte,

signalée par M. V. A. Schaetf'er, de fragments de vases (décor avec person-

nages) et de figurines féminines mycéniennes (2).

J. GHÀRBONNEAUX.

Fig. fi. — Vase à dûcor mal. géométrique du H. M. Eutrésis.

(1) Art and ArckaeoL, août 1931, p. 13-15.

(2) Syria, XII, 1931, p. 1 et sujv,

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m U. VALLOIS

11. — AllCIUTECTUHB. ToPOUHAl'IMIS (I).

Généralités. — Une nouvelle édition du Guide de Grèce, refondue et révisée

par M. Yves Béquignon, vient de paraître (2). Les chapitres sur l'Épire, la Maeé-

doine, la Thrace etles îles orientales de la tuer Égôe sont entièrement nouveaux.

Bases de colonnes. Samos.

Colonnes de bois et poteaux. Samos, Arkades.

En publiant un chapiteau ionique du milieu du v° siècle qui se trouve devant

la façade Ouestde la Stoa d'Hadrien à Athènes, M. W. Wrede apporte une péné-trante contribution à l'étude des chapiteaux de style attico-ionique (3). M. G. P.

Stevens a déterminé les centres au moyen desquels a été tracée la volute du cha-

piteau du temple d'Athèna de Priene. Ils se trouvent tous sur les diagonales ducarré inscrit dans l'oeil de la volute. Le centre I étant donné — l'auteur ne dit

pas comment — on divise en 16 parties égales sa distance du centre de l 'oeil. En

reportant ces divisions sur toutes les diagonales à partir du centre de l 'oeil pris

po'urO, la position des centres du tracé est fixée aux distances suivantes : 1 = 16,

Il = 15, III = 11, IV = 1» XVI = 1 (4).

Leplus

ancien deschapiteaux

ditséoliques

a été trouvé en Crète, dans la

région d'Arkades, par M. Doro I.evi (fig. 1). Il se compose de deux pièces

Fig. 1. —Chapiteau èolique d'ArkadeK.

(1) Pour les fouilles des deux dernières années voir Y. Béquignon, Chroniquedes fouilles et découver tes archéolor/iques dans l'Orient hellénique (1930), BCH, LIV

(1930), p. 452-528; H. G. Payne, Àrcliaeolocjy in Greece, i9î9-S0, JUS, L (1930),

p. 236-232; (l. Karo, Archiiologische Funde, Griechenland und Dodelcanes (1929-

 juin 1931), Arth. Jahr., Anz., 45 (1930), col. 88-167, et 46 (1931), col. 211-308;E. P. B., New items from Attiens, Al A, XXXIV (1930), p. 505-510 et XXXV (1931),

p. 90-93, 194-201, 340-341, 477-479.

(2) Les Guides Bleus, Grèce, Paris, Hachette, 1932 : 1 vol. in-12 de xv'm + 659 p.

avec 41 cartes, 77 plans et 16 illustrations.(3) Ath. mil., LV (1930), p. 191-200, Iteil. LXII-LXIV.

(4) Memoirs of the Amer. Açad. l\ome, IX (1931), p. 135-144 et pi. 10,

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE M

séparées : 1° la corbeille, dont les feuilles sont serrées au départ dans un tore

autour duquel semble s'enrouler une corde ; 2° un abaque beaucoup plus large,décoré de rosettes géométriques aux écoinçons du soflite et de spirales sur sa

tranche, et qui comprend, au-dessus, une partie plus étroite et sans décor. Les

deux pièces avaient été remployées séparément dans des tombes du vu 0 siècle

d'ailleurs voisines. Un fort tenon carré de 8 à 9 cm. de côté les traversait au

centre, les unissant au fût de la colonne et aussi sans doute à l'objet placé sur

le chapiteau (1). Ce type de scellement, aussi bien que la forme de l'abaque, .

indique que la colonne ne faisait pas partie .d'un édifice, comme on l'a cru, mais

portait un anathèma.

Poursuivant ses é tudes sur les variétés libres du chapiteau corinthien, M. K.

llonczëwski publie des séries de chapiteaux à volutes végétales (2) : cette trans-

formation, dit-il, appartient en propre à l'Italie et à l'Occident, et n'apparaît enOrient que tardivement ; mais il aurait pu citer le chapiteau du monument de

Lysicrate, qui manifeste une tendance analogue. Un couronnement de stèle du

Musée de Syracuse (3), orné de doubles volutes en S opposées, avec palmette d'axe

et demi-palmettes dans les écoinçons, se rapproche du « chapiteau de Mégara-

Hyblaea » dans un style plus archaïque.Allantes. Agrigente.

Quelle est l'origine des triglyphes ? Selon M. R. Demangel, Vitruve a égaré

l'opinion savante en rejetant la théorie des feneslrarum imagines : chez les Préhel-

lènes rô-itïj était un vide ménagé entre deux demi-rondins et plus tard encadré

d'un bâtirectangulaire ;

c'estl'origine

de la f rise àdemi-rosettes (ou palmettes)opposées. Le triglyphe dorique est I'ÔTCTIdivisée en deux par un  jambage. Installé

d'abord au Iantemeau du mégaron pour éclairer celui-ci, il a passé à l'enta-

blement du prodoinos puis à celui de la péristasis (4).Geison. Paestum, Agrigente.

Terres-cuites architeclilrales. Corinthe, Samos, Agrigente.Voûtes et encorbellements. Dion, Maltépé (Bulgarie), Égine, Arkades (Crète),

Agrigente.

Coupoles. Pergame.

Sur la date des acrolèves du Varlhénon et l 'histoire de l'acrolère, observationsintéressantes de M. H. Môbius (5) à propos d'une publication récente de M. C.

Praschniker (6).

(1) Annuario d. H. Scuoladi Atene, X-Xll (1931), p. 178, 187, 430-4S2, fig. 198 c,206 et 586 (voir ci-dessous, Crète) ; 0. Karo, Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz , col. 301-

302, fig. 38 (photographie du chapiteau restauré, d'après laquelle a été dessinée

notre fig.).

(2) Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 1-102.

(3) Ibid., fig. 83.

(4) BCH, LV (1931), p. 117-163 ; voir aussi ft. Demangel, Sur un vers d'Euri-pide, 11BG, 1931, p. 320-32.'!.

(3) Gnomon, VII (1931), p. 340-548.(6) C. Praschniker, Zvr Geschiclile des A/trolers, Prag, 1929, 58 p. +•, 4 pi.

[Xchriflen des Philos. FakuWU d- deulschen UniversilcU in Prag, S),

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^'*.<JSMW*'^#^4*^

42 R. VALLOIS

Pavements. Naxos, Samos.

Escalier.Agrigente.Technique. Naxos, Samos, Arkades, Agrigente.

Clôtures. Corinthe, Samos.

Étudiant ï'Incantada de Salonique, M. P. Perdrizet en rapproche les « Piliers

de Tulèlei) de Bordeaux et interprète ces colonnades surmontées d'un attiquecomme des clôtures monumentales et décoratives à claire-voie du même genre

.que celles du palais de Spalato (1).Plan polygonal centré. On a reconstitué à Mayence un édifice octogonal à

périslasis construit par la legio I Adjutrix (70-85/6). L'édifice est plus haut que le

portique qui l 'entoure. M. Roden-waldt y reconnaît le type celtique à « plancentral » — on dirait mieux « centré » — qui est connu , par un grand nombre de

sanctuaires : cella carrée, parfois circulaire ou polygonale, avec large péristasis.Il se demande si le Mausolée de Dioclétien et le Tombeau de Théodoric ne sont

pas de la même famille (2).Architecture religieuse. — Temples, sanctuaires. Athènes, liera Akraia,

Dodone, Gorinthe, Olympie, Naxos, Arkades,' Pcrgame, Doura-Europos, Paestum,

Agrigente.Antres sacrés. Olympie, Délos, Agrigente.Autels. Athènes, Dodone, Corinthe, Olympie, Samos, Cyzique, Agrigente.Enkoimèlèrion. Pergame.Trésors. Delphes, Samos.

Propylées. Samos, Pergame.Bases. Delphes, Dodone, Samos.Ex'edres. Dodone.

Bassins. Samos, Agrigente.Architecture funéraire. — A propos du Mausolée et des tombeaux lyciens,

M. OËlmann observe que les monuments funéraires placés sur un pilier ou sur

un socle élevé ne dérivent pas de la maison, mais du grenier. Ces grenierssurélevés existent encore en Lycie et ils sont représentés par un signe du disquede Phaistos. Les tombeaux du Caucase ont la même origine. L'utilisation funé-

raire du grenier ou d'une construction de ce^type est un fait dont on peut citer

plusieurs exemples (3).

Voir aussi Dion, Amphipolis, Maltépé (Bulgarie), Corinthe, Olympie, Éginc,Arkades.

Théâtres, Odéons. — M. E. Fiechter a entrepris la publication d'une série

de monographies de théâtres grecs qu'il a préparées sur le terrain avec la colla-

boration de deux jeunes architectes. Les deux premières, que j'ai lues, sont con-

sacrées aux théâtres d'OropoS, Oiniadai et Néopleùron. Elles se distinguent par

(1) Monuments Piot, XXXI (1931). L'italianisme Incantada, au lieu de Encan-

lada, est-il le fait des Juifs de Salonique ou des Occidentaux qui ont recueilli le

nom, plus exactement de « il signor Paradiso », qui accompagnait Stuart et

Revett ?(2) Arch. Jahrb., 46 (1931), col. 317-318.

(3) Arch. Jahrb., 45 (1930), Anz., col. 240-244,

1'".'JE

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 43

des relevés plus complets que ceux qui avaient été publiés, par des essais de

restitutions suffisammentobjectifs, par

Tétude de lachronologie

et de l agenèsedes plans (1).

Voir aussi Athènes, Bouthroton, Argos, Pergame,

Architecture militaire. — Dion, Galepsos, Bouthroton, Corinthe, Samos,

Arkades.

Architecture civile. —Portiques (2). Athènes, Corinthe, Naxos, Samos,

Pergame, Doura-Europos, Agrigente.

Agoras, Marchés. Athènes, Corinthe.

Lieux d'assemblée. Athènes.

Gymnases, thermes, bains. Dion, Éphèse.

Rues. Athènes, Dîon, Corinthe, Pergame.

Quais. Samos.

Habitations. — Dîon, Corinthe, Arkades, Doura-Europos, Pouipei, Hercu-

lanum.

Modèle de maison. Samos.

Architecture chrétienne. — M. G. Sotiriou a publié les monuments chrétiens

fouillés par lui à Néa Anchialos (3). La Basilique A forme un bel ensemble

richement décoré, datant du ve siècle ; la Basilique B, un peu plus récente, a été

restaurée au vi* siècle. Suit une i ntéressante étude sur les basiliques paléochré-

tiennes de Grèce (4).*

Voir aussi Bouthroton, Éphèse.

Athènes et Attique. — M. W. Judeich a publié une n ouvelle édition de saTopographie von Athen (5).

M. Broneer a d écouvert des inscriptions rupestres attestant l 'existence d'un

sanctuaire d'Érôs et Aphrodite sur la pente Nord de l'Acropole, à l'Est de

l'Érechtheion (6). A VOdéon de Péricles la fouille de 1929 a montré que le pré-

tendu mur Sud (7) n'était qu'une partie du mur de Valérien. Au delà on a

retrouvé des restes du mur Ouest de l'Odéon ; mais il est mal conservé et on en

ignore la longueur : à l'angle S.-O. du carré il ne subsiste aucun vestige de

construction (8).

(1) E. Fiechter, Das Theater in Oropos ; Die Theater von Oiniadai und Neupleu-ron : Stuttgart, W. Kohlhammer, 1930 et 1931 ;2 fasc. 4* d e 27 p. + 8 pi. et24 p. + 12 pi. On trouvera un C. H. dans le Supplément critique du Bull. Guil-

laume Budé, 1931, p. 74-76. Voir aussi E. Fiechter, Forsch. u. Fortschr., 1931,p. 454-455.

(2) Y compris les portiques des sanctuaires.

(3) Arch. Éph., 1929, p. 1-158 et 4 pi.(4) Ibid., p. 161-254.

(5) W. Judeich, Topographie von Athen. zweite, vollstiindig neubearbeitete

Auflage mit 27 Abbildungen auf 24 Tafeln, 56 Abbildungen im Text und 4 Plânen ;Munchen, C. H. Beck, 1931.

(6) Arch.Jahrb., 46(1931), An-.,

col. 212(G. Karo).(7) REG, 1930, p. 75.

(8) Prakt., 1929, p. 52-57 (P. Kastriôtis). —Cette fois encore (cf. I. l.)\\ y adiscordance entre les dimensions indiquées dans le tejtte et l'échçllç du plan ; le

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:',ftjAi .-?<•-—; iyM^I>p^..^W!^>yj^tt^^

44 fi. VALLOIS

A la t'nyx les recherches conduites par MM. Kourouniôtis et A. Thouison

ont précisé l'histoire assezcompliquée

des constructions(1).Dans la région de VAgora, les fouilles américaines commencées en 1931 ont

mis an jour, à l'Est du Théseion : t° une voie large de 24 m., dirigée du N.-E.

auS.-O., qui doit être le dromos suivi par Pausanias : 2° en bordure de cette voie

à l'Ouest, un portique dorique interrompu par la ligne du chemin de fer, et,

après un édiQce in antis (« Stoa Basileios » de Dôrpl'eld), une série de bâtiments

précédés d'une colonnade ; 3° en face, de l'autre côté du dromos, les restes d'un

autel (2).Voir ci-dessns, chapiteau ionique, acrotètes.

Grèce Moyenne, Thessalie, Macédoine, Thrace, Épire. — Non loin du

sanctuaire iTliera Akraia (Pérachôj'a), l'École anglaise a exhumé au bord de la

mer un curieux temple du début du ve siècle ; la cella divisée en trois parties

rappelle le plan des temples étrusques ou italiques (3).

Oropos, voir ci-dessus théâtres.

A Delplies, M. J. Audint a étudié la « dédicace du Trésor des All ié nienè », plusexactement te base et Vépigraphè des altrothinia de Marathon (4). Il démontre

que la longue pierre dont l'angle S.-E. est retaillé en pan coupé était primiti-vement la dernière de la rangée; néanmoins, avec des lettres plus serrées, la

rédaction de la dédicace ne paraît pas avoir différé notablement de celle quel'on connaît (['AitôX>,ovt Ilu0i]oi au lieu de x[i']i 'AitoM.ov[i]). Cette dernière date

d'un second état, pas antérieur au début du 111es. av. J.-G. Dans le troisième état

(détinilif),elle n'a

pas été modifiée,mais les

pierres ajoutées à la rangée primi-tive faisaient avec celle-ci un angle obtus parallèlement au mur Sud de la ter-

rasse (5).

Oiniadai, et Xéopleitron, voir ci-dessus théâtres.

A propos de la bataille de l'harsale (G) Luoain et Frontin parlent d'une inon-

dation de l'Énipeus. C'est une interprétation erronée de impeditis ripis (César) (7).

texte accorde 65 m. de longueur au mur Nord ; sur le plan je mesure 0 m.OSo,

soit, à raison de 0 in. 036 pour 23 m. (échelle;,2j '" * fe _  59 ln \| Jndeich

3U

(0. I., p. 3011 évalue cette même dimension a <<hockslens 6*2 m. », tandisqueM.

Béquignon (0. L, p. 60)lui donne 63 m.

40,sans doute

d'après les l'rakl.,1923-26 et 1927 (dimension intérieure !). Il ne sera peut-être pas nécessaire de

réunir un congrès archéologique pour discuter ce troublant problème.

(1) Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 219-221 (G. Karo).

(2) Gnomon, VII (1931), p. 549-552 (!''. J. de Waele).

(3, Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 255 et fig. 26 (G. Karo).

(4) llCll, UV (1930), p. 296-321 et pi. XV-XVI.

(5) On peut se demander si cet angle obtus existait déjà dans l'état 11 comme

M. Audiat le suppose. N'y en aurait-il pas eu plutôt un autre moins apparentau joint qui précède? 11 faut en effet expliquer pourquoi la pierre 6 seule a été

retaillée obliquement sur ce joint, qui, cependant, ne pouvait pas rester ouvert.

Le r ecul à l'extrémité de la pierre 7 ne serait que de 1 cm.; j'ignore si le lit

d'attente de l'assise inférieure l'admet.(0) Cf. RF.I1, 1930, p. 77.

(7) liCU, UV (1930), p. 307-375 (Y. Béquignon),

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BULLETIN ARCHEOLOGIQUE 4S

 jVe'a Anchialos, voir ci-dessus basiliques chrétiennes.

Mon. En 1929 M. G. Sôliriadis avail. mis au jour un certain nonibre.de rues

dallées se coupant à angle droit. La principale, qui traverse la ville, est large de

4 m. 40 — 5 m. 60 à l'une de ses extrémités; une rue perpendiculaire et deiur

autres parallèles à la première ont 3 ni. 13, 3m. 30, 2 m . Ces rues-dateraient

du' règne d'Archélaos comme le mur d 'enceinte. Les sondages avaient en outre

révélé des maisons et thermes (?) romains avec mosaïques, enfin un tombeau du

début des temps hellénistiques à.chambre voûtée et -prolhalamos couvert de dalles

et poutres en pierre (façade de petit temple dorique avec triglyphes et fronton ;

peintures sur enduit) ; cet édifice n'a été complètement déblayé qu'en 1930 (1).

Amphipoiis. Sur la rive droite du Strymon M. P. Collart et P. Devambez ont

levé le plan d'un monument funéraire partiellement exhumé qui a pu être décoréde colonnes doriques engagées (2). A côté, restes d'un lion colossal semblable

au lion de Chéronée, mais plus grand (3).

Les mêmes explorateurs donnent des indications topographiques sur la rive

gauche du Strymon et décrivent sommairement les ruines de Galepsos (4).En Bulgarie méridionale, près du village de Mézek, on a découvert sous le

tumulus de Mallépé un tombeau à coupole avec dromos et double vestibule. Le

principe de l'encorbellement a été appliqué partout. Cette construction ne sem-

ble pas antérieure au règne d'Alexandre (£>).

Dodone. Sous le mur Sud de l a basilique où ont été trouvés les bronzes Cara-

panosM. D.

Évangélidisa

dégagél'extrémité

postérieured'un

édificein antis

tourné vers le Sud, dont la largeur excède 9 m. Les murs extérieurs sont bâtis

en appareil isodome, le mur de refend a été refait; on ne sait encore si c'est un

temple de Zeus ; à droite base [ou autel?], à gauche exèdre (6).

Uouthrolon. Jusqu'ici ce que j'ai vu publié de plus ancien est une porte à cor-

beaux de l'enceinte hellénique (7).

Péloponnèse. — Corinthe. Au N. du Temple les fouilles américaines ont

dégagé d'abord un marché romain ; c'était une place rectangulaire bordée àcsloai

à boutiques, au moins sur les côtés Sud et Ouest. L'aile méridionale a 13 bou-

tiques qui ont été encore utilisées à l'époque byzantine ; de la sloa il ne reste

que le pavement en mosaïque.'

L'angle S.-O. du marché romain pénètre dans une stoa hellénique (plus de

(1) ïrakt., 1929, p. 69-82; BCU, LlV (1930), p. 498-SOO (Y. Béquignon).(2) BCU, LV(1931), p. 184-190.

(3) Cette ressemblance et, mieux encore, la forme des crampons et le style du

chapiteau ne permettent guère de chercher la date du monument d'Amphipolisavant le milieu du ive siècle. A rapprocher peut-être, pour les dispositions géné-rales, du monument de Cnide étudié par Newton.

{i)Ibid., p. 171-206, pi. Vil-XL

(S) Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 418-422et 3 fig. dont 1 plan (J. Welkow).(fi) Prakt., 1929, p. 104-109. D'autres édifices ont été découverts en 1930 {BCfl,

1930, p. 493).(1) Illustrat ion du 16 janvier 1932, p. 83 et suiv. (Th. Vaucher) : photographies

du théâtre (analemma avec niches à statues) et du baptistère (cf. REG, 1931,p. 50).

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le K. VALLOtS

92 m. x 6 m.) qui a été détruite en 146 av. J.-G. après deux siècles d'existence.

Elle comprenait un sous-sol avec ligne médiane de piliers (on y a trouvé unecachette de statères d'or de Philippe et d'Alexandre) et un étage principal de

niveau avec la terrasse du Temple. Le long du mur arrière passe une rue quiétait bordée, sur la rive opposée, de hautes dalles (2 m.) masquant peut-être le

sanctuaire A'Athèna Chalinilis. On a retrouvé des restes importants de chéneaux

hellénistiques en terre-cuite qui sont attribués à la stoa (rinceaux' en relief, têtes

de lion baroques). Avant celle-ci deux constructions analogues se sont succédé

sur. le même emplacement, mais avec des alignements plus ou inoins diver-

gents (1).

On a exhumé un aulelsemi-circulaire dans le Péribole d'Apollon et des portions

importantesdu mur

d'enceinte de la vi lle à l 'Ouest et à l 'Est de l'Acrocorinthe (2).M. Th. L. Shear a publié la Villa romaine, avec de magnifiques reproductionsen couleur des mosaïques (3). Il a fouillé 4 tombes à chambre romaines, dont

l'une est ornée de peintures (4).

Argos. M. W. VollgrafT a déblayé le théâtre : la cavea doit dater du ive siècle.

L'orchestra était d'abord circulaire comme à Épidaure; elle a été aménagée eu

naumachie sous l'empire romain; la reconstruction de la scène date du règned'Hadrien (5).

Amyclées. Étude d'un passage de Callisthène ou le « trône d'Apollon « est

nommé (6).

Olympie. M. W. Dôrpfeld expose ce qui suit ;

Le temple primitif d'Hèra (sans péristasis) a été construit après l'invasion

dorienne, lorsque les Èléens sous Oxylos usurpèrent la direction des Jeux anté-

rieurement tenus par les Achêens (Strab., VIII, 357), donc au xie siècle. A ces

 jeux prédoriens appartiennent les biges et conducteurs trouvés sous le plus ancien

Ilèraion. Le temple II et le temple III et dernier, qui le remplaça avant son

achèvement, datent tous les deux du ix's. (sic\).La « Grotte de l'Ida » (7) avec son autel de l'Hèraklès crétois a été construite

sur un sanctuaire plus ancien dont l'autel est encore reconnaissable. La « grotte »

a été recouverte au ive siècle, quand on a régularisé la terrasse des Trésors;elle a été remplacée par le Mètrôon, tandis qjie l'on construisait devant elle,

mais à un niveau un peu plus élevé, l'autel, d'abord rond, puis rectangulaire,d'Hèraklès. Le sanctuaire primiti f peut dater du 11° millénaire.

Dans le Pélopion, à 1 m. au-dessous de la couche no-ire où ont été trouvées les

offrandes primitives et géométriques, on a découvert le reste (1/3) d'un cercle

de pierres dressées de chant qui entouraient un tumulus de 30 ni. env., ou

(1) AS A, XXXIV (1930), p. 432-454, et XXXV (1931), p. 394-423 (I<\  J. de Waele).(2) Gnomon, VIl(1931), p. 47-33 (F.-J. de Waele).

(3) C. tt. dans BEA, 1932, 1.

(4) AS A, XXXV (1931), p. 424-441.

(5) Arch. Sahrb.,W (1931), Anz., col. 260-261 (G. Karo).

(6) l'hilologus, 86, p. 419-423 (P. Wolters).

(?) C'çst la cella située entre l'exèdre d'Hérode Atticus et le Trésor de Sicyonesur cette identification voir N. Gardiner, Olympia, p. 220-221.

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 47

tOO pieds, de diamètre. Ce tumulus est plus récent que les maisons à absides

de la lle moitié du 11°millénaire, mais plus ancien "que les offrandes primitives.C'est le TÙiJ.60; HéXoitoc, autrement dit un cénotaphe élevé dans la 2" moitié du

IIe millénaire, lorsqu'on institua les jeux funéraires qui sont l'origine des Jeux

Olympiques (1).Iles de l'Egée. — A Égine, découverte de tombeaux voûtés du 11es. av. J.-C;

ils sont décorés de peintures imitant les marbres veinés et les brèches (2).Délos. Selon M. O. Rubensohn, YAntre artif iciel du Cynthe serait le Kaêeipsiov

TÔ EÏÇ Kûv9ov(3).

Naxos. Le Temple de Palati (4) a été partout fouillé jusqu'au rocher parM. G. Welter. La fondation mesure 15 m. 14 x 37 m. 42, « dans l'axe » 13 m. 84

±x

3bm.

30±; édiflce à

3nefs

«avec de

2 à 4colonnes

»{?;; l'existence d'une

porte dans le mur Est n'est pas assurée. Le mur de refend antérieurement sup-posé n'a jamais existé. Le temple est inachevé ; le projet de péristasis n'est

attesté que parle travail préparatoire du rocher au Sud.

Dans la ville, près de la Métropole, stoa télragone de 61 m. 90 x 58 m., avec

portiques profonds de 7 m. sur trois côtés (l'un des côtés longs n'a qu'un mur) :travées de 2 m. 50, fondations de granit, colonnes non cannelées (au moins le

tronçon inférieur), avec chevilles carrées au centre des lits; le plan rappellecelui du Delphinion de Milet (S).

Samos. Importante étude ûes conslrnotions archaïques de l'Hèraion par M. E.

Buschor, qui en a reconnu les dispositions principales et les a classées parpériodes (6).

I. Époque géométrique : bassin rectangulaire (0 m. 56 x 0 m. 98) à 80 m. du

temple, au S.-E. ; formé de 4 orthostates de'calcaire : (*= bain primitif d'Hèra 1) ;près du temple, à l'Est, autel (?) et restes de 3 noiiskoi en TT-

IL Fin du vin 0 s. Premier temple, long de 33 m. 50 (hékatompédos) et largeentre murs de S m. 63, avec colonnade axiale de 12 ou 13 colonnes, base de

statue, désaxée légèrement, contre le mur Ouest (1' « Autel 1 » de Schede) et

péristasis dont les probables bases tronconiques [cf. Hèraion' primitif de Délos]devaient porter des colonnes ioniques de bois. Cet édifice se trouve entre le

grand temple actuel et le grand autel AR du plan reproduit REG, 1929, p. 58.

M. Buschor se représente sa toiture d'après le toit en croupe d'un modèle demaison elliptique £en calcaire trouvé dans le « temple de Rhoikos ». La tech-

nique aes murs est tout a tait primitive : petit blocage Doraê ae pièces ae porosbrutes qui sont souvent placées de chant.

III. Immédiatement au Sud, mais suivant la direction N.-O. S.-E. d'un bras-^de rimbrasos rejeté légèrement en arrière, le Portique Sud (fin du vne s. ou

(1) Arch. Jahrb., 45 (1930), Ani., col. 115-120.(2) Arch. Jahrb., 46 (1931), Ani., col. 275-276 (Û. itaro), ûg. 31-35 (plan et

coupes).'

(3) Arch.Jahrb., 46(1931), Ani., col. 375-379,(4) Cf. REG, 1926, p. 121.(5) Arch. Jahrb., 45 (1930), Ans., col. 132-134.(6) Ath. MM., LV (1930), p. 1-99, pi. I et Beil. I-XXVII,

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4& K. VALLOIS

1" moitié du vio s.), de 69 à Kl m. x Ei ni. 90, précédé d'une aire dallée siir

4 m . : e n superstructure les murs sont formés de minces carreaux de calcaire

blanc, irréguliers vers l'intérieur, mais finement rustiques et bien joints au

parement externe (quelques-uns forment boutisses). Sur des stylobates déta-

chés de 0 m. 40 x 0 m. 60 (petit côté de front), deux rangées de 29 poteaux cha-

cune (travée 2 m. 30) ayant en section 0 m. 14 x 0 ni. 19, comme le montrent

les vides laissés dans le revêtement du sol (grand côté de front!). Derrière la

stoa, quai bordant le ruisseau.

Au Sud-Est, grand bassin bâti avec plusieurs assises plates bien jointes, puisdes orthostates de pôros brun : nouveau bain d'liera'!

fig. t. — L'Héraion de Samos, époque de Rhoikos.

Le l' temple d'H'era (début de la période orientalisante) .a été construit au-

dessus des fondations du premier, mais il y a une couche de terre interposée.Murs appareillés, en carreaux de calcaire de 0 m. 20 à 0 m. 12 de hauteur, donjles joints baillent vers l'intérieur et ne sont pas toujours alternés. Au dessus du

niveau de la péristasis les assises sont ravalées. La base de la statue a été

reportée dans l'axe et les colonnes médianes probablement remplacées par des

supports dressés contre les murs. La péristasis s'est élargie de 1 m. 2tt à 2 m. 4M

(poteaux de 0 m. 21 x 0 m. 3b sur bases cylindriques?).

Dallagesur

grilledevant le temple; restes d'un propylon et d'une voie sacrée

dallée, au N.-E.

IV. Époque de Rhoikos (fig. 2). Portique du Nord-Ouesl, long de 60 m., fondé

à l'Ouest sur de puissantes plaques de calcaire, ailleurs sur une couche de gra-

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BULLETIN AiitiiiÉOLOGiQUE 49

vier et de petites plaques. Eu superstructure, le mur Nord a deux parements

identiques : carreaux de calcaire peu hauts, incomplètement dressés au pare-

ment, mais bien joints, avec remplissage d'éclats et cailloux; ce petit appareil

est interrompu à certaines places par des orthostates de pôros. Trochiloi cylin-

driques décorés de S cannelures horizontales séparées par des rainures.

A l'Ouest du temple alignement (N.-O. S.-E.l de bases, hordées extérieurement

d'une digue, qui ont sans doute porté les montants d'une barrière (Cf. HEG,

1929, p. 58, flg. 3, portique STA. et bases IV).

Le Portique Sud démoli est remplacé par ['Édifice Sud, un périptère incom-

plet de 46 m. X 23 m . ±, à deux nefs, sans colonnade antérieure M. Buschor lui

attr ibue des Irochiloi cylindriques (H. 0 m. 20, D. 0 m. 82) et des tambours à

;i2 cannelures.Le temple diptère « de Rhoikos » a été construit en partie sur les a lluvions de

l'ancien bras de l'Imbrasos. L'architecte aurait, asséché le fond des tranchées

avec une sorte de béton de chaux sur lequel il éleva les. murs de fondation épais

de 3-4 m. en plaques de calcaire, jusqu'à une hauteur de 2 m . Le naos mesure

150 coudées (78 m. 60) x 50 coudées (26 m. 20), mais les dimensions en super»

structure sout un peu inférieures. Un rectangle de d'al lés de pôros, interrom-

pant le pavement de stuc calcaire, occupe tout le milieu de la cella ; une partiecentrale limitée par des plaques de chant devait porter la base de la statue. Le

ptéron extérieur, entouré, à 3 m. de distance par deux degrés, était de 10 (0.) et

8 (E ) x 21 colonnes, le nombre total descolonnes,

de 134. Trochiloi ettores,cannelés ou rudentés horizontalement, ont des profils très variés exécutés au

tour. Les tambours présentent 40 cannelures ou sont l isses. Tuiles plates en t.-c.

de 0 m. 12 x 0 m. 81, et couvre-joints dont les faces rampantes sont légèrement

concaves; ces tuiles étaient peintes au vernis noir, mais il a pris un ton rouge

à la cuisson [ne serait-ce pas plutôt l 'oxydation produite par l' incendie?] ; unté-

fixes à palmette de neuf pétales sur volutes (décor en relief tt peint;.

Vautel (36 m. 30 x 16 m. 55) était en pôros. Le pôros a i'lé remplacé par du

marbre à l'époque romaine, mais on a conservé le plan et reproduit plus ou

moins fidèlement l'ornementation archaïque. Les degrés, à Ouest, étaient bornés

par deux avant-corps [Wangenaltar).

V. Le « temple de Rhoikos » fut détruit par un incendie que Pausanias (VII, 5, 4)

impute aux Perses, mais M. Buschor attribue la reconstruction à Polycrate. La

façade étant reportée à 40 m. à l'Ouest, le nouvel édifice serait entré en conflit

avec la Stoa N.-O, si l'on n'avait déplacé l'axe vers le Sud (cf. REG, 1929, p. 88,

fig. 3). Après une interruption, la construction du naos fut complétée dans la

1™ moitié du v« siècle (les bases du pronaos sont en marbre) et l'on éleva les

12 colonnes qui précèdent le pronaos (le fût encore en pôros). C'est seulement

aux nio-ii» s. que les vswitoïoi complétèrent les colonnades des façades; ils éle-

vèrent les rangées voisines des murs latéraux et quelques colonnes externes du

Sud, notamment celle qui est en place. Au temps de Strabôn le temple servait

de dépôt de «îvaxtç. On avait construit à l'Ouest de l 'autel un petit périptère(H 8) pour abriter la s tatue de culte à côté de laquelle on plaçn p'u; tard une

statue colossale d'empereur.L'enceinte de la ville a été étudiée. La porte à encorhi 'leu.çnt située entre les

KEC, XLV, 1932, il" 208. 4

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BO K. VALLOIS

tours 4 et 5 (Atli. Mitl., 1884, pi. Vil) date du vi" siècle comme le rauf polygottU)épais de 5 ni. dans lequel elle s'ouvre (1).

Crète. M. Doro Levi a publié le résultat de ses fouilles ti'Arkades (à l'Ouest

des Monts Lassithi) dans un gros volume dont la majeure partie ne relève pas

de cette section (2). Sur la colline du Prophète Élie il a reconnu une citadelle de

plan trapézoïdal avec tours rondes aux angles, grande citerne sous le mur Sud,

et édifices non identifiés dans l'enceinte : les assises de calcaire sont jointoyées

avec de la terre et de la pierraille (3). Les murs des habitations dispersées sur

les pentes de la colline et ceux d'un édifice (sacré?) à plusieurs compartimentsressemblent à ceux de la forteresse, mais, au lieu d'assises, il n'y a parfois quedes blocs bruts dont les intervalles sont remplis de petits morceaux et de

terre (4).

Dans la Nécropole, à l'Ouest, il faut signaler : 1" des Lombes k inhumation

construites sur plan carré ou rectangulaire avec coupoles à encorbellement -—

les tombes A et B renfermaient les deux pièces remployées séparément d'un

chapiteau éolique (voir Généralités) —; 2° des lombes n en four » ; 3° des lombes

circulaires à coupole. La céramique est géométrique et orientalisante (S).Asie Mineure. Syrie. — Perr/ame. M. L. Robert identifie la salle à b an-

quettes de la terrasse supérieure du Gymnase : c'est Venlcoimètèrion du petit

temple d'Asklèpios voisin (6).

M. Th. Wiegand donne des indications sur les récentes découvertes de VAsklè-

pieion, dans un frais vallon à l'Ouest de la ville basse (voie bordée de portiquessur 1 km.). Outre les deux temples circulaires (7) — à propos desquels M. D.

Krencker décrit l'évolution de l 'édifice à coupole romain (8) — on a reconnu

en avant la place des fêles. Elle est limitée au Sud par une sloa à étage longuede 120 m., qui tourne d'équerre vers le Nord. Au N.-O. de la place, grand

théâtre (on en connaissait déjà 3 à Pergame) avec sièges de marbre à pieds de

lion. Un couloir souterrain voûté va de la rotonde inférieure jusqu'au milieu de

la place, où débouche un escalier. « Ici sourd abondamment l'eau de la fontainemiraculeuse décrite par le rhéteur Aelius Aristide ; le trop-plein s'écoulait parun canal couvert dans le sol du couloir voûté ». Enfin on a découvert des restes

depropylées

dont letympan porte une dédicace de l'historien et philosopheClaudius Charax. Tous ces édifices datent de la deuxième moitié du ;ie s. ap.

J.-C. (9\ 

Cyzique. Parmi les acquisitions récentes du Musée de Stamboul, M. Arif Mûflt

(1) Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 292 et flg. 36-37 (G.-Karo).(2) Annuario, X-X1I (1931).(.')) P. 32-37 et pi. III.

(4) P. 38-57, 443-452 et pi. 11.

(5) P. 177-313 et pi. IV.

(6) CHAI, 1931, p.60-61

(S. Reinach).(7) Arch. Jahrb., 45 (1930), Anz., col. 191-192; cf. REG, 1931, p. fia.

(8) Ibid., col. 193-196.

(9) Arch. Jahfb., 46 (1931), Anz., col. 308-309.

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™)7^-?^^vy^F^Jss• >w' iSv'g^KteB

BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE èi

signale et reproduit deux pièces à volutes — couronnements d'autels — prove-

nant de Cyzique (1).

Êphèse. lies résultats principaux des fouilles de 1926-1930 ont été résumés par

MM. J. Keil (2) et E. Heisch (3). Dans la dernière campagne on a dégagé le

monument à abside, qui n'est qu'une riche habitation, et, au Sud de l'Odéon, le

temple pseudo-diptère de Domitien.

Magnésie du Méandre ; Aulel d'Avtémis (4) : M. A. von Gerkan a donné un

résumé de sa publication avec plan (S).

Ilalicarnasse, Lycie, voir Architecture funéraire.

Chypre. 11 a paru un Summary of swedish Excavations in Cyprus par M. Einar

Gierstad, avec une Note additionnelle de M. F. A. Schaeffer : un paragraphe est

consacré aupalais

de Vonni(6).

Syrie. Le lieutenant Froment a publié une carte touristique et archéologiquedu Gaza de llârem (à l'Est de l'Oronte) (7) accompagnée d'indications sur les

monuments antiques suivants : base dislyle de Sermada (pi. XLII1) érigée « aux

seigneurs Alexandre et tëérénikianos (ils d'Alexandre » entre 131 et 142 ap. J.-G. ;monument funéraire lêtraslyle ionique de Dané: arc de triomphe de Bab el-

llaoua et autres ruines (pi. XL1V); tombeaux formés de 4 arcs sur piliers et

couverts d'une pyramide (p. 285, (ig. 1, et p. 288) ; bases dislyles de Bénébel et

A'Amoudié (p. 286, pi. XLVU et p. 290). Les monuments funéraires formés de

deux colonnes corinthiennes lisses sont donc représentés par 3 exemplaires au

moins dans ce casa.

Doura-Europos. Indications de M. M. Pillet sur les temples d'Artémis et d'Atar-

{/rilis, complètement dégagés en 1929-30. MM. M. Roslovtzeff et C. Bradford

Welles décrivent sommairement la Maison des archives (plan); portique et

boutiques sur la façade (8).

Grande-Grèce, Sicile, Italie. — Recherches à Laos, colonie de Sybaris (prèsde Uorgo Laino, sur la ligne de Ballipaglia-tieggio), à Sybaris et Thourioi {9).

Paeslum. La pièce d'angle S.-O. de l a corniche de Yhexastyle archaïque (Tem-

ple de Cérès) ayant été récemment exhumée, M. Fr. Krauss a pu la dessiner.

La ligne frontale n'est pas brisée comme Koldewéy le croyait. Pour raccorder

(1) Arch. Jakrb., 46 (1931), Anz., col. 197-198, fig. 16-17. 11omet d'indiquer qu'ellesont été reproduites antérieurement par M. Ch. Picard, REA, XXIX (1927), p..278,«g. 8-9.

(2) Arch. Jahrb., 45 (1930), Anz., col. 448-462. Forsch. u. Forlschr., 1931,p. 63-60.

{S)Jahvesh., XXVI (1930), Beibl., col. 298-312 (plans complétés du Gymnase deVetlius et de la Basilique Saint-Jean, sans l'atrium).

(4) Cf. REG,1931, p. 56.

(5) Forsch. u. Forlschr., 1931, p. 137-138.

(6) Syria, XII (1931), p. 58-66 et pi. XXIV (photographie de la grande cour etde l'escalier). Pour le

plan,cf. REG, 1931,

p.57 et

fig.3.

0) Syria, XI (1930), p. 280-292, pi. XUII-XLVIII.

(8) CRAI, 1930, p. 300-301, et 1931, p. 162 et suiv.

(9) Arch. Jahrb., 45 (1930), Anz., col. 407-408, 410-412 (W. Technau),

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M it. VÀLLOIS

l'horizontale (côté Sud) avec le rampant (côté Ouest), on a gauchi le caisson

angulaire (1).

Sélinonte. Signalons provisoirement une importaute étude de M. E. Gàbrici (2\ 

Agrigente. M. P. Marconi publie les résultats de ses recherches :

1° Sur la pente orientale de la Rupe Atenea les deux cavernes des divinités

chlhoniennes (3) sont précédées d'une sorte de vestibule barlong (12 m. 32 x

3 m. 02) dont les murs antérieur et postérieur se rapprochent, comme ceux

d'une fausse voûte, jusqu'à n'être plus distants que de 1 m. 29 (4). L'édifice était

cependant couvert de pièces horizontales bordées d'une corniche. Il est divisé

en deux par un mur de refend ; chaque moitié a une, porte avant et une porte

arriére percées au-dessus de la 4« assise, et il paraît y avoir eu à ce niveau un

plancher ou dallage suspendu au-dessus de caves on bassins dans lesquels l'eau

émanée de la caverne courait par un système de rigoles assez compliqué. Desauges alignées devant le mur antérieur la recevaient d'une autre rigole passantsur le mur de refend. Cette construction, en assises inégales de pôros, daterait

du va 0 siècle {?).2° A 50 mètres à l'Est du « Temple d'Hercule », restes des fondations d'un

édifice rectangulaire (31 m. 54 x 10 m. 3b), avec anles vers l'Est, auquel l'auteur

rapporte deux fragments à'anléfixes archaïques (5).3° A 40 m. à l'Ouest du « Temple des Dioscures », autel rectangulaire (3>m.

923 x 5 in. 123) formé d'une assise unique au-dessus de l'euthyntèria; les piècesexternes (II. 0 m. 42) forment un léger rebord autour de la plateforme. A coté,monument circulaire dont le plan a la forme d'une roue : jante à deux

degrés;au niveau du second, moyeu réuni à la jante par 4 pierres figurant les rayons :

diam. extér. 7 in. "32 env. ; diam. interne du moyeu 1 m. 25. Il devait y avoir un

troisième degré et un dallage arrêté au cercle central, où le rocher est creusé.

Les fondations étant insuffisantes pour une superstructure, le monument ne

peut être qu'une eschara. Les objets trouvés avant ou pendant la fouille datent

ces autels du m ilieu du vie siècle et montrent qu'ils étaient consacrés au culte

de Dèmèter (6).

4» L'opisthodome de l'Olympieion s'arrête au dernier pilier après le mur de

refend. Comme on l 'a déjà signalé (1), les atlantes étaient bien entre les demi-

colonnes extérieures, directement sous l'épistyle, mais i l n'y avait pas de socle

ni de pilastre pouvant les porter. M. Marconi pense qu'ils reposaient sur desconsoles pyramidales dont il aurait retrouvé un exemplaire, mais il ne donne

aucune reproduction de celui-ci, ni n'en indique les dimensions. Sous les blocs

(1) Rom. Milt., XLVI (1931), p. 1-8.

(2) Mon. Anl., XXXIII (1930), p. 61-112 : cf. Aruh. Jahrb., 45 (1930), Anz.,col. 424-428 et flg. 50-52 (2 plans).

(3) Cf. REG, 1928, p. 231.

(4) Riv. ht., I (1929), p. 31-52.

(3) Ibid., p. 33-58 (Le plan, fig. 10, aurail pu être complété d'après l'état dernierde la fouille visible

surles

photographies).(6) Ihid., p. 59-68.

(1) REG, 1928, p. 230.

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 53

éboulés, dans la couche qui recouvre immédiatement le sol antique, il a recueilli

des tuiles en terre-cuite, notamment un kalypler de [aile, qu>, d'après le point

de chiite, ne pourrait provenir que du naos; celui-ci aurait donc été couvert

avant la prise d'Agrigente par les Carthaginois. Les deux premières assises du

mur de fondation Ouest étant encore en place on a pu mesurer la longueur de

l'édifice à ce niveau; elle est de 112 in. 60 ou 112 ni. 70 (Koldewey 113 m. 45).

Le fait que l'on n'a pas /trouvé d'allante devant la travée médiane du côté Sud et

que les deux colonnes s'étaient rapprochées laisse supposer l'existence d'une

porte à cet endroit. D'après le style des at lanles et de quelques autres restes de

sculpture décorative, M. Marconi pense que le temple a été construit entre 480

et 410 (I). .

5° Le Templed'Esculape, complètement débarrassé des constructions modernes,

montre une krèpis convexe dans le plan vertical, une façade in antiset un murOuest décoré de deux demi-colonnes entre deux pilastres. Le dallage est posé sur

des épis. Il y a un escalier dans le mur Nord de la porte.

Le grand édifice au Sud du Temple des Dioscures serait -«n réalité une plate-

forme découverte revêtue de ciment et entourée d'un péristyle. La construction

daterait, au plus tôt, du i i° s. av. J.-C. (2).

l'ompei, irerculanum. 1'' . Noack a examiné les maisons à plusieurs étages en

 /errasses élevées sur la pente Sud de Pompei, ïi l 'Ouest du Forum triangulaire ;

curieuse adaptation des dispositions ordinaires île la maison pompéienne aux

conditions topographiques, avec vues sur un beau panorama, comme les con-

temporains de Cicéron le désiraient de leurs, vi llas. Ici particulièrement on peutconsliiler que la vieille ville repose sur la lave; il faut donc abandonner la thèse

de Nis3en suivant laquelle le Forum triangulaire aurait été l'acropole primitive (3).Une étude chronologique de la Maison du chirurgien par M. A. Maiuri visait

ii déterminer l'âge des constructions en calcaire. Il a constaté que Yimpluviumn'existait pas avant l'époque du tuf. Construite avec des matériaux qui provien-nent en grande partie d'édifices plus anciens, analogues aux murs présaniuitésrécemment découverts, la maison date de la 1" période samnite (iv« s.); elle a

d'ailleurs subi plusieurs remaniements (4).M. W. Techuau indique les dispositions de la Villa llem d'après la fouille

récente (fi). Il relève, les caractères dislinct ils de l'architecture- privée à Hercu-

lanum : pans de bois, escaliers en bois, maisons sans impluvium, avec couloirs

et terrasses, etc. (6).

K. VALLOIS.

(1) Mo. ht., [ (1929), p. 185-231.

<2) Ibid., p. 293-324 et pi. I-III.

(3) Arch. Jahrb , 45 (1930), Anz., col. 55S-590 et hors-texte. Résumé dansh'orsch. u. Fortschr., 1931, p. 333-334.

(i)Nol. Scav., VI (1930), p. 381-39?",.

(o) Arch. Jahrb., 45 (1930), An:., col. 392,

(fi) Ibid., col. 387 etsqjv,

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m CU. l'ICARD

111. — SCULITUHE, STATUAIRE (1).

Généralités. —En 1931 ont été publiées lus planches 73fi à 740 des Venkmue-

ler <//-. u. riim. S/ttilplur (documents signalés à leur place ci-après). Les Antike

Uenkmaeler, l. IV, 5e Ueft, pi. 47-56, ont consacré toute une livraison à une élude,

excellente, de SI. A. C. Bhoniaios, sur les deux Couroi du Sounion (ci-après).

Quelques compléments aux Répertoires de la statuaire de M . S. Keinach ont

continué à paraître dans la Revue archéologique (2); du même savant, la Gazelle

des Beaux-Arts, en février 1931, a publié, connue chaque année, 'l'importantCourrier de l 'art antique (3..

Divers catalogues, ou de Musées, ou de séries do sculptures provenant de

grandes fouilles en cours, sont à mentionner. En Allemagne, M. C. iSlùinel a fait

paraître, — ce qui aurait dû être mentionné ici plus lot, — le t. III du Cataloguedes sculptures antiques de Berlin (v« et iv« s.) (4). Certaines collections privées ont

été inventoriées; M. B. Schweitzer a fait diligemment lé répertoire des collections

de deux châteaux delà Prusse orientale, lîegnuhnen et Waldburg (antiques achetés

en Italie). M. L. Curtius a commencé'la publication détaillée des bronzes de la Col-

lection Goethe à Weimar (5). En Hongrie, M. A. Hekler a inventorié les sculpturesde Budapest (C). Le Musée des Beaux-Arts de la même capitale, inauguré en

1930, contient plus d'un demi-millier de terres-cuilés intéressantes, provenant

en partie de l'ancienne collection P. Arndt (7). En France, la riche collection

Carlos de Beistegui, dont certaines pièces ont commencé à entrer dans nos

Musées nationaux (Bibliothèque Nationale) est signalée comme comprenantde bons antiques (8). En Angleterre, M. F. N. Pryce a fait paraître la suite du

(1) On n'a pas analysé ici les Chroniques de fouilles de l'année (par ex. Areh.

Jahrb., BCU, JUS).

(2) 1930, I, p. 97-121 : cL p. 98, n» 4, le Silène dansant de Volubilis (Maroc) et

la Vénus détachant sa sandale, ibid., p. 108, n° 5: p. 105, n» 3, l'Athéna à lachouette de l 'Odéon de Corinthe (AJA, 1928, p. 46C) ; p. 107, n. 2, l'Artémis

Kphesia de Tripoli = Lamer, llumanislisches Gymnasium, 192S, p. 152 ; p. 108, n. 1,une Aphrodite drapée sur tortue (Tierl. Mus. Berichle, 1929, II, p. 29). Nombrede documents de la Coll. de Lord Melchett, dont le luxueux Catalogue (par M. E.

Strong) est si peu accessible, seront trouvés là, au besoin.

(3) P. 73 sqq.

(4) Slaatliche Mwteen zu Merlin, Kalal. d. anli lten Skulpluren, III, die t/riech.

Skulptiiren des funflen and vierlen Jahrhunderts, 80 p., 88 pi. (1928). Sur lesrécentes réorganisations du Musée de Pcrgame. cf. 11. Nachod, Xeilsc/i. Ilild.

Knn.il, LXIV, 1930-1931, p. 120-127; W. Zschietzsehmann, Formes, IX, 1930,

p. 17 sqq. ; Wertheimer, l 'amassus, nov. 1929, p. 32sqq. ; Th. Wic-gnnil, ISerliner

Museen, 1930, p. 94 sqq.

(5) Riim. MM., XIV, 1930, p. 1-28, pi. 1-XXI1I.

(fi) Die Anlil ten in Budapest, I Abt., Die Skulpluren, 1929.

(7) Mouseioii, 1931, p. 122 sqq. (653 n"'); autres au Musée National ; autres au

Musée G. Uolh. — Sur les t. c. du Musée dos Beaux-Arts, cX aussi Zollan Orozlan,

Mnayar, 1930, p. (!8 sqq. (41 ligures).(8) Sur un Apollon en bronze de type lyeien, provenance Janina, cf. J. (Juiffrey,

Çfaz. D.-Arts, mars 1931, p. 153, flg. If

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 0?)

Catalogue des sculptures archaïques du British Muséum. (1) On doit à. M. B. Ash-

moie l 'inventaire des marbres d'Ince Blundell Hall (2). De rapides indications ont

été données sur les collections du Musée de Nicosie (Chypre) (3).

Dans la publication des Sculptures de Delphes {Fouilles de Delphes, IV, 3),M. P. De la Coste-Messelière à continué d'étudier avec de pénétrantes remarques

et un soin minutieux les sculptures des temples archaïques (4). Les restes du

temple en tuf du vi° siècle au sanctuaire d'Athéna Pronaia (tympans Nord et Sud)

complètent ce que nous pouvons savoir sur les destinées de la technique du pôros

;i la (in du vic s iècle. Une excellente étude est consacrée aux frontons du grand

temple d'Apollon dit des Alcméonides : notamment au fronton occidental, en

tuf, pour lequel l'auteur aboutit à un reclassement très personnel (char de Zeus

au centre, cf. fig. !' Pour le fronton oriental, l'auteur a repris les études

qu'il avait précédemment amorcées, en concluant de façon fort vraisemblable sur

une attribution àAnténor;

or l'oeuvredelphique

de ce maître athénien mar-

querait une rupture des plus instructives dans les habitudes archaïques des

décorateurs de frontons (par l'adoption de statues passives et frontales au tympan

de l'Est),— En appendice, les débris de grandes sculptures archaïques, recueillies

dans le téménos d'Apollon ou ailleurs, et la tète virile d'Athènes en pierre tendre

(Mus. Nal. n«G4), qui pourrait être rattachée a l'école de Sicyone(?). —M. Franklin

P. Johnson a publié les sculptures de Corinthe trouvées de 1896 à 1923, et dont

le lot s'est, comme Ton sait, beaucoup augmenté depuis lors. Il y a là notam-

ment une figure féminine nue prûhellénique (type cycladique); une centaine

de sculptures (fragments) autres que des portraits (Enyo (?) sur trophées n" 827,

cf. p. 21, n° 11; ci-après, fig. 7; le groupe des portraits officiels trouvés en

1914 15 à la Basilique julienne {AH and archaeol., XIV, 1922, p. 207-209), et

d'autres; les sculptures du Portique aux ligures colossales (iV 217-226); des

sarcophages, des reliefs funéraires, des stèles votives, etc. ; un groupe important,et de valeur rare, est celui des statues drapées pré-byzantines (du iv« s. et plus

tard), n°s 321-332. — M. Carousos prépare à Thébes un Corpus des monuments

funéraires béotiens, qui deviendrait l'annexe du Corpus des reliefs atliques (6).L'ensemble de l'ouvrage de SI. W. Deonna, Dédale ou la slalue de la Grèce

archaïque, est maintenant paru (t. 1 11) (7). C'est le travail le plus complet quenous ayons sur la statuaire grecque primitive, d'un connaisseur bien informé,

(1) Calai, of sculpture, Grceli a. roman Antiquities of the Brilish Muséum,vol. 1, part 11, Cypriote and elruscun, 1931.

(2) A Catalogue of the aucient marbles al Ince ll lundell Hall, Oxford, 1929.

(i) I*. Dikaios. Moitseion, 1931, p. 110 sqq. (pi. XV-XVI, sculpt.).(4) Fouilles de Delphes, IV; 3; Monuments figurés, sculpture; arl archaïque,

Sculptures des temples, 1931.

(5) Corinlh. Hesulls of excavations, IX, Sculpture 1896-19-23; Cambridge, 1931(un c. r. spécial paraîtra ici-mèuie).

(6) Arch. Jnlirh., XLV, 1930, col. 245-6.

(7) I. Origines et, évolution de la slalue archaïque, problèmes techniques et

esthétiques, 1930; 11, Artistes et groupements régionaux, influences subies et

exercées; survivumes et coïncidences, 1931. Cf. notamment, M. Billard, IOE4,1930, p. 270-8 ; un compte-rendu doit paraître au Journ. Savants (Cb,, Picard^

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86 CH. PICARD

dont le livre sur lus Apollons archaïques (1909) n'a pas cessé Je faire autorité.

Au l ieu de donner seulement aujourd'hui le travail parallèle et complémentaire

sur les Corésqu'on

eûtpu

attendre delui,

l'auteur apréféré

examinersynthé-

liqupuu.nl et analytiquement loute la production des artistes antérieurs au

v" siècle. Le premier tome expose en grand détail ce que nous savons de la statue

eu Grèce, et de ses fonctions, de sa genèse, de son évolution, des matières et de

leur technique, du modelé, du rendu du corps humain, atti tudes et gestes, vjte-

ineut et draperies, etc. En ce qui louche aux artistes et groupements régionaux

(second volume), on notera que l'auteur reste très réservé; il ne reconnaît

comme styles caractérisés de l'archaïsme que celui de Milct-Sainos, celui que

l'on pourrait appeler « insulaire » (Archipel), celui de Naxos; ailleurs, le style

attique, le style créto-péloponnésien. Les deux dernières parties du second

volume montrent, avec une information copieuse, les actions et réactions (vers le

dehors) de l'eslliétique grecque, et c omment les principes qu'elle a posés et

imposés, en créant les statues archaïques, ont pu se répandre, ou survivre,

même jusqu'à nous, plus ou moins consciemment, par l'imitation archaïsante.

A côté de ces deux gros livres, si précieux, signalons le « Syllabus » rapide do

M. lî. Doifacq, la scvlpluie grecque, lésnniO de kç< ns d'Université (1).

Quelques éludes de stylistique ou de typologie ont paru : M. G Méaulis a

signalé la tendance de l 'art grec h me lire sur la droite (donc à gauche du spec-

lateur) le dieu ou le héros qui doit sortir vainqueur d'une lutle ou d 'un combat :

le principe(dextèralilé) est appliquédans les frontons d'Egine, àOlyuipie (templede Zeus), au Parlhénon même (tympan Ouest). On le retrouve dans la peinture

des va*es,en

général (2).— M. P.

Devambe?,, reprenant aprèsP.

L. Couchoud,la question de l'interprétation des stèles funéraires alliques (3), montre la com-

ple-xilé du problème, et aboutit à croire que les sculpteurs des monuments

funéraires ont dû surtout chercher « à représenter les morts dans l'Hadès selon

le souvenir que gardaient d'eux les survivants ». M. P. Jaeobstahl a groupé les

représentations relatives à la mise à mort d'Actéon avant et après la cons-

titution de la légende classique (4). M.'W. Deonna s"e.-t intéressé aux typesd'êtres monstrueux à organes communs : triscèles, tétras cèles, rosaces d'animaux,

êtres à deux corps et à une seule tête (y).Sur la conservalion et le nettoyage des bronzes antiques, on trouvera d'utiles

indications dans une note de M. A. T» Cohen de Meisler (6).

(1) 2,: éd. 1929. Les 6 leçons professées a liruxelles de 1895 è 1901 auraient

besoin d'êtro remises, ça et là, au courant des travaux des années dernières. Il est

dit par erreur que je prépare une refonte de ['Histoire de la sculpture grecquede Max. Collignon.

(2)Cfid/, Hjuin 1931.

(3) HCH, L1V, 1930, p. 210-227. On ne croira guère que le personnage de la Stèle

de Lyséas soit, comme il est dit, un prêtre (p. 219).

(4) Alrfaions Torf, Marburger Jahrb. f. Kunstuisseiischa/t, 1930, t. V (23 p.).

(ii) Rev. archéol., 1930, 1, p. 28-13.

(6) Rulletin van de Vereenigwg loi lieiwrdering dev \\e\\nig van de Anliekçlieseliaring, VI, 1, juin 1931, p. 14-22.

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 57

Epoque archaïque (jusqu'à la fin du vi« siècle).

Crète, Péloponnèse, Grèce continentale (moins VAltique). On ne peut ici que

signaler,dans le dernier volume de la publication de Sir A. Kvans, The palace

of Minos al Cnossos, III, 1931V, ce qui est dit, p. 518 sqq., de la trouvaille si

curieuse, dans le « cloître » à portiques de l'Est, d'une main d'une statue demi

grandeur naturelle (minoenne?) et des boucles de cheveux en bronze d'un

« colosse » (1) partiellement sculpté en matière périssable (bois?) ; ce serait le

premier des xoana, donc le modèle de tous les Daedalica, repris par l'art « arehaï-

sant » des Dédalides (2). A. Semenov conclut à l'existence de statues au temps

d'Homère (3). Il y a d'utiles comparaisons à tirer, pour l'histoire de la statuaire,

des figures peintes sur les vases de la nécropole géométrique, et des autres

trouvailles (surtout céramiques) d'Arkades; riche butin présenté par M. D. Levi

(Annuario, X-XII). Je n'ai pu voir encore l'ouvrage de Kunze, Kretische Bronze-

reliefs (4). M. P. Demargue a étudié la « double déesse » Cretoise, d'après des

(igurines de l'Anavlochos (près Mallia, Crète), en montrant leur rapport avec

certains types du Péloponnèse ; à propos de deux plaquettes de Praisos (Louvre),

il a finement marqué l'évolution de la représentation du sphinx et de celle du

grifl'on, de la Crète à la Grèce. Il souligne la part des influences orientales

dans les recommencements de l'art géométrique (5).

Les récentes fouilles de Corinthe ont livré quelques nouvelles terres-cuites

archaïques, et une tfite en pôros, très primitive, avec bandeau rouge et diadème

(rosaces incrustées) (fi). Une nouvelle étude du coffret de Cypsélos a fourni.à

M. G. Méaulis d'ingénieuses observations, qui n'intéresseAt pas moins (pour

Corinthe) les historiens de la sculpture que ceux de la céramique (7). Les terres-cuites archaïques de Sparte trouvées principalement dahs la région de l'Acropole

(modelé plein) ont été publiées par M. J. M. Woodward (8), M. II. Koch a consacré

une suggestive étude (Apollon u.Apollines) (9) à l'Apollon Tyszkiewicz, maintenant

au Musée de Boston, et qui porte sur ses cuisses, en lettres béotiennes, une

dédicace de Manticlos, dont la cluusule rappelle Odyss., III, v. 58. — Couroi et

Corés, en Grèce, consacraient des Apollons, des Artémis, comme protecteurs et

symboles de la jeunesse. — Dans la 8« tombe de Trenenischte (Lac d'Ochrida),

ouverte, cette fois, par des archéologues serbes, on a trouvé, outre un nouveau

masque d'or, et des formes de sandales d'or (avec gorgones), un magnifiquecratère à volutes de la (in du vp siècle

(fig.I a-b). Il est décore — sur le col,

notamment — d'une frise de cavaliers passants. M. N. Vulic n'accepterait que

(1) Fig. 365, la tête aurait mesuré 0 m. 40.

(2) Cf. la tôte de Mycènes ,en stuc et tatouée que sir A. Evans rapproche, ibid.,P- 529, fig. 364 ; sur le mot colosse, P. Chantraine, Bull. Inst. fs. d'archéologieorientale, 1930, p. 449-452.

(3) Plùl. Wock., 11 mars 1931, p. 327-334.

(4) Sàchsische Forschunqsinstilute in Leipzig, 2 vol. 1931.

(5) BCI1, UV, 1930, p. 195-209.

;<>) N. du temple d'Apollon : (du temple?); cf. i\6jà.-AJA, XXXIII, 1929, p. 529.(7) rtffC

XL1V, 1931, p.241

sqq.(8) BSA, XXIX, 1927-8, p. 75-107 (E.r.cav. Sparla, III).(9) Stuttgart, 1930 (Akadtm, Anlrillsred. Leipzig, 1930),

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88 CH. PICARD

sous réserves la provenance corinthienne indiquée par (B. D. Kilow) (I). Tellen'est pas la tendance de M. K. A. Neugebauer (3), qui, rappelant les rapports rie

Corinthc comme métropole, avec Corcyre, i'Épire (Dodone, Apollonie) et lïllyrie,souligne la ressemblance, avec le décor du cratère de Trebenischte (cavaliers)d'un cavalier de Dodone, montant aussi à cru (bronze. Mus. Athènes); leschevaux ailés des monnaies de Corinlhe (Pégase) ont été répandus ci et là dansla Grèce du Nord; aux ateliers des brotiziers de la grande cité « des deux mers »on rattacherait l'Apollon signé d'F.lymoclédas (De Ridtler,JLouvre, n» 108, pi. 12)une Coureuse d'Athènes (Carapanos, pi. II, 1), le Silène dansant d'Athènes

(Carapanos, pi. X), le Silène tenant une corne, à boire d'Apollonic d'iipire

(Louvre, De lîidder, n° 131,- pi. ta). On eût pu, légitimement, faire état encorede certaines nouvelles trouvailles de la mission d'Albanie (l„ Key), à tort passées

sous silence.

Altiqite. M. A.-C. lihomaios a publié aven un soin perspicace (.'!), les deux

Couroi alliqiies (un torse acéphale) trouvés en 1906 dans le sanctuaire de la

(1) Arch. .lahrb., XI,V, 11)30. Anzeiger, col. 276 sqq. — Sur la nouvelle statuette

d'argile de Musehovilza-Mogila (femme nue, visage archaïque), cf. Arch, Jahrb.,

ibid ,11, p. 281 sqq., lig. 35.

(2) Fnv.tck. ». lùirlschrillr. 1(1 mai 1931, n" 14, p. 193 sqq.

(3) Cf. ci-dessus, p. Ti-i. Il y a trois hases a, h, c, dont une (c) pour une st.alneplus petite ((ig. lii-1"),

HK. I a.

Vase do bronze du Tnîbenisr.lilc.

Fip. I h.

Vase île Trulti'insdiUi. Délai! t!c la frise.

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BULLETIN AHCHÉOLOGIQOE f)9

pointe du Sounion. Cette étude est accompagnée de belles reproductions détail-

lées à grande échelle, signalant les parties refaites et de magnifiques planches

(W. Hege).L'identification avec les Dioscures est dite « certes

possible,niais

nullement nécessaire ». Pour les dates, sont adoptés les récents classements de

E. Buschor (p. 98) ; trois générations d'artistes auraient ainsi travaillé de 630

à 550, la première (Dédalides, frise (?) de Mycènes) (t) n'étant encore pas connue

par ses oeuvres en Attique (il n'est pas question ici de la « nouvelle » Ooré

debout de Berlin). La statue A du Sounion serait des environs de 6)0, le t orse B

d'une ou deux décades à la suite. L'auteur n' incline pas à voir une imitation

égyptienne dans le motif de la jambe gauche portée en avant (p. 103-105). — Au

Cincinnati Art Muséum, une tête d'Hermès du vie s. (?) est signalée comme

exposée depuis peu par prêt (2). — M. P. De la Cqste Messelière est revenu sur

le groupe des « Astragalizontes » de l'Acropole d'AlhèriPS [REG, llullel. 11)31,

p. 70 , et il le localiserait, — conformément aux vues de M. VV. Deonna, plutôt

qu'aux miennes, — dans un fronton de la fin du ive s. ; il n'accepte pas, du moins,

pour des raisons qui semblent valables, la suggestion de cochers écuyers, age-

nouillés derrière des attelages ; Pastragalomancie reste ainsi en cause (S). Une

statue archaïque du dernier quart du vi« s., homme acéphale, drapé, sur un

siège pliant, de très bon travail (traces de polychromie) a été découverte à

Athènes (place de la Liberté) (4).

Orient égyplo-asiatique, lunie ; Archipel. Quelques nouvelles « idoles des

Cyclades » ont été ajoutées aux séries connues (5). M« E.-M. Guest vise, comme

bien d'autres — mais est-ce justement? —, à réduire la part de l'influence

égyptienne sur les statues grecques archaïques (6). — Pour les sculptureschypriotes du Itritish Muséum, cf., ci-dessus, le Catalogue signalé de M. F.-N.

Pryce ; les récents travaux, si fructueux, de la mission E. Gjerstad ont aug-

menté le matériel d'étude (7). Les petits objets provenant des fouilles exécutées

de 1902 A 1914, à Limlos de Rhodes, par Chr. Blincfcenberg et K.-K. Kinch ont

été publiés en détail (8). Le second Rapport provisoire de M. Th. Wiegand

(fouilles des Musées de Berlin), sur les travaux de Samos, est annoncé comme

devant parail.ro clans les Abhandlungen de l 'Académie de Berlin (9). En atten-

dant, M. E. Buschor a donné une longue étude, surtout architecturale, sur les

(1) M. G. Karo parle plutôt d'un fronton [REG, Bulletin, 1931, p. 65).(2) Beaux-Arts, 25 mai 1931, p. 17.

(3) REG, XLIV, 1931, p. 279 sqq.(4) Messager; 28  juin 1931 (Dionysos'.'). Art attique; rien de commun avec les

statues de Branchides!

(3) V. Verhoogen, Bulle t. Mus. Bruxelles, 1930. p. 2.1-26 (on rappelle ici l'exis-

tence d'une ancienne liste de ces idoles dressée par Chr. Blinekenbcrg en 1896).Pour Corinthe, cf. ci dessus.

(6) Ane. lioypl, 1930, p. 45-54 (nombreux rapprochements par figures).(7) Cf. Syria, 1931, p. 58 sqq. (fig. I, à la p. 59) : statue en pierre du type grec

archaïque tardif.)(H) Fouil les de Rhodes, l.intlox, I, Les

petits oh/ets,

1931 (in-4° ; 152 pi.). Je n'ai

pas encore vu ce travail.

(9) Siteber., 21 fév. 1931,

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60 CH. PICARD

« frilhe Baulen » édifiés successivement sur le site de l'Héraion (1). Il y publieau passage certains documents de la plastique archaïque (tête rie l ion en « gar-

gouille », avec grenouille posée par dessus). M. G. Uodeuwaldt a fait pour lapremière fois reproduire, eu annexe à son livre sur les fouilles allemandes,

certaines statues samiennes de l'cx-voto de Geneleos (2) (fig. ï). C'est un Apol-

lon archaïque du type du Philésios de Milet (Uidyineion) qui, déformé, a servi

de modèle pour une statuette de bronze arehaïsante, retrouvée dans une maison

de l'ompéi (cf. ci-après, p. 81, et fig. 9).A la suite des importantes découvertes d'Aislan-Tasch —

qui nous oui rendu

plus île cent plaquettes d'ivoire dorées et décorées de scènes religieuses ou

autres — ornements primitifs du lit de llazael, roi de Damas (844-812) (3),

l'attention a été rappelée sur les trouvailles de Nimroud et d'Éplièse. Une sta-

tuette en ivoire du vne s. (ou vi"), provenant d'Éplièse, a été signalée au

R. Ontario Muséum (4). M. 1».-M. Scliuhl a remarque il l'Ashinolean d'Oxford et

publié (fig. 3) de curieux ivoires de Nimroud (mission Layard), restés inédits,

et qui représentent des types intéressants de la déesse au fuseau (S). 11 les rap-

proche justement des documents d'tëphèse. Une étude générale (et superficielle)

sur la sculpture grecque de i'Asie-Mineure a été tracée dans un article tropvisiblement destiné au grand public, niais d'un bon connaisseur (6). Sur les

Vis. i. — Kx-volo du {icncleos.

(1) Athen. MM. LV, 1930, p. 1-99.

(2) iïene deulsche Ausi/rabunuen, 1930, notice do K. Buschor, p. 34 sqq.

(cf. pi. VI : femme à deini-coucliée, couvre de Geneleos : HCU, 1925, p. 475). A

la pi. VU du même ouvrage est reproduite une intéressante statue (acéphale) de

femme debout, inédite aussi, et provenant aussi de l'Héraion.

(3) Fabrication phénicienne : plusieurs plaquettes portent des lettres de

l'alphabet cananéen.

(4) IUille.1. ofllie. Rom. OHftrio Mus., 1930, p. 101-108 (fi fig.).

(5) liev. archéol., 1930, II, p. !18-(i4 (2 pi. et une figure.).

(6) "\V, Millier, Document.*, 1931), p. 341-3,'il. C'est par inadvertance que n'a pas

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UUL.L1STIN AKCHÉOLOUÏQUË «1

bronzes du Louristan à dater <le l'âge du 1er, et dont l'apparition correspond à

la prospéritéde

l'élevage (haras militaires)dans les hautes vallées du

Zagros,pendant les premiers siècles du 1er millénaire, et jusqu'à l'époque achêménide,

MM.. Dussaud et Rostovtzeff ont amorcé des études (I).

M. P. Jacobstahl a étudié dans l 'ensemble les « reliefs méliens » (2). feu Kr.

Noack avait consigné dans un article paru peu avant sa mort quelques obser-

vations sur le mélange du haut-relief et du relief plat, parmi les sculptures du

Trésor de Siphnos, â Delphes, et notamment au fronton de la Dispute du

trépied (3).

Fig. 3. — Ivoires de Nimroud.

été mentionnée dans un précédent Bulletin l'étude de MM. 0. Rubensohn et'

C. Watzinger, sur la Daskalopetm de Chios [Alhen. Mitl., LUI, 1928, p. 109-116,9 fig.). Ce rocher serait en rapport avec le culte de Cybèle (fig. de lions) et son

aménagement remonterait au vie siècle.

(1) Syria, 1930, p. 243-271 (R. Dussaud) ; 1931, p. 48-57 (M. Rostovtzeff); quel-ques pièces sont entrées au Metropolitan Mus. de New-York, Bullet. XXVI, 1931,

P. 48 sqq. (M. S. Dimand).

(2)Die

meliseken Reliefs, 1931 (avec ~l~l pi.) Je n'ai pasvu

cet ouvrage.(3) Cet article a été écrit avant que l'auteur ait eu connaissance de la publica-

tion des Fouilles de Delphes {Sculpture, IV). Fr. Noack annonçait aussi uneftutre étude sur la composition du fronton.

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(i2 eu. l'ICAKti

Grande-Grèce,Occident. La

prétendue canéphorede

Paeslum,à

l'Antiqua^rium de Berlin —, consécration de I'hyllo, fille de Charmylidas à Athéna,comme dîme, — n'est qu'une figure de manche, de miroir : à l'un des trois

temples conservés à Paestum, se rattachait sans doute un culte d'Athéna (1).

M. Nicola Putorti, dans une de ses éludes de YUalia antichissima (2) montre les

rapports de la formule du couple à demi gisant, sur les sarcophages étrusques

(Cervetri, etc.), et sur les terres-cuites de Calabre (Médina, Hipponium), avec

les créations de la sculpture ionienne d'Orient (ci-dessus, Samos, base de Gene-

leos, fig. 2). Ce motif se serait répandu d'Est en Ouest dès la seconde moitié du

vie s. — M. P. Marconi étudiant les têtes de lions employé.es comme gargouilles

de temples en Sicile, montre des d ifférences caractérisées avec les modèles

grecs, et pense que ces ornements architectoniques ont subi la même évolution

artistique que le reste de la sculpture sicilienne (3). L'éphèbe de Sélinonte

(Mus. de Païenne, reeumplélé) a fait l'objet d'une, publication détaillée, due à

M. IV Marconi (4). Les découvertes de M. !•',. Gàbrici à Sélinonte ont prouvé

l'appartenance au petit temple archaïque, très long, à l'Est du temple D, dans

la partie Nord du péribolc de l'Acropole, de la plus ancienne série des métopes

sélinonliennes, antérieures à celles du temple C (Europe sur le_ taureau, sphinx,

assis, Héraclès combattant le taureau et la métope des Lètoïdes reconsti-

tuée) (5). M. P. Marconi recherche dans les terres-cuites et les sculptures sur

pierre de Sélinonte les traces d'un « anticlassicisme », qui donnerait à l'expres-sion des

figuresl'intérêt

primordial.Ce courant

serait surtout marqua, dit-il,au début du v° s., où le réalisme local s'est développé par la combinaison des

éléments indigènes avec l'apport grec extérieur (0). Une tête en terre-cuite,

représentant probablement Perséphone, et de la lin du vie s., est un document

précieux pour qui voudrait vérifier ces mélanges ("). On a trouvé à Agrigente

vingt moules de terres-cuites attestant à nouveau (id. déjà en 1894) l'existence

d'ateliers locaux de coroplatliie (8). Les exemplaires vont de l'époque archaïque

aux temps hellénistiques, montrant surtout, au passage, le mérite des artistes

de la seconde moitié du v« siècle. Une tète de Couros archaïque du Musée de

Catane a été signalée à l'attention (9). Le sanctuaire nurrhagique de Santa Vit-

(1) A.-K. Neugebauer, Arch. Jalirb., XLV, 19110, Anzeig., p. 519 sqq. ; cf. Beiii

ner Museen, SI, 1930, p. 132 sqq.

(2) Mus. Civ. di Heç/r/io (Galabria), depuis 1929 (en cours).

(3) Antike, 1930, p. 119-201.(3 pi.).

(4) L'efebo di Selinunle, Hivisla d. Reale Insl. Venezia, opère (Tarie, I ;cf. Arch. Jahrb., XLIV, 1929, fig. des col. 151-159 (Anzeiger).

(5) Monum. Antichi, 33, 1930, p. 61-112, et VV. Technau, Arch. Jahrb., XLV,

1930, Anzeiger, col. 424 sqq.

(6) Dedalo, XI, 1930, p. 395-412.

(1) Dedalo, ibid., p. 651-662.

(8) Not. scavi, 1930, p. 13-105 (Marconi, Jole-ltovio); cf. les études sur Agri-

gente, p. 192-219, et Dedalo, IX, 1928-9, p. 519 sqq., p. 643 sqq. On a maintenantles éléments d'une étude d'ensemble.

(9) G. Libertini, Il rnuseo liiscari, 1930. Gf. Arch. Jahrb., XLV, 1930, p. 391-2,

Og. 1.

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BULLETIN AHCHÉOLOGIUUË 63

toria di Serri, avec ses curieux ex-voto sardes, a été étudié en détail par

M A. Taramelli (1). M. P. Jacobstahl a montré ce qu'on pouvait tirer pour la

connaissance de la Gallia r/raeca, avant la conquête romaine, des découvertes

laites çà et là déjà, dans lo midi de la France; quelques-unes remontent à

l'époque archaïque (2), tel le sphinx, de bronze de Trinquetaille (Arles), tra-

vail ionien de la fin du vi« s. M. R. Lantier a bien mis en valeur les analogies

que montrent avec les Apollons archaïques grecs, notamment, certains ex-voto

provenant, semble-t-il, du sanctuaire ibérique de Despeûaperros, dans la pro-

vince métallifère de Jaen (Sierra Morena); ces bronzes (orants, guerriers, etc.)

sont du deuxième âge du i'cr, et analogues à ceux du sairetuaire de Castellar de

Santisteban (3).

Époque classique : A. — Ve siècle.

Première moitié : M. E. Langlotz retrouve

rait la manière de Pythagoras de Rhegion

dans le prototype d'où semble dérivée une

statuette de bronze de la collection Warreu

(États-Unis). Elle représente Épiu.é1li< us qui

armé de son marteau, s'apprête à délivrer

Pandora ('.') : version différente du mythe

d'Hésiode, dit-on, mais connue par des vases

des vi°-ve siècles(4).

M. Arnim von (jerckan

établit par de bonnes raisons techniques l'im-

possibilité de voir dans le « Trône de Boston »

(IIEG, 1931, Bulletin, p. 71, n. 5) autre chose

qu'une vulgaire imitation du Trône Ludo.

visi (5). Une stèle de Copenhague (Glypto-

thèque}, brisée par le haut, représente deux« marathonomaques « agenouillés, nus, qui se

couvrent d'un même bouclier. On rapprocheune coupe du « maître de Panaitios », vers

500, et l'on étudie à ce propos les stèles à deux

personnages («). —On a maintenant les repro-ductions attendues du précieux acrolithe de Cirro transporté au musée de

Syracuse (fig. 4) (7). Mlle A. Levi a étudié l'Apollon de Mantoue (Palais) copieromaine en marbre grec d'un prototype argien des environs de 460 av. J.-C.

m

(1) Moniim. Antichi, XXXIV, 1931 (IX).(2) Arch. Jahrb., XLV, 1930, Anzeiger, p. 211 sqq.(3) CRAI, 22 aortt 1930; R. Lantier, Ipele, 1930, p. 38-47 (avec 11 flg. sur 2 pi.).(4) Die Anlike, 1930, p. 1-14, 6 pi. e(5) Oesterr. Jahresh., XXV, 1929, p. 125-172.(6) Arch.

Jahrb., XLIV, 1929, p. 137-140 (pi.); cf. Nonnos, Dionys., XXVIH,AXX, 48 sqq, (où il est plusieurs fois question de guerriers usant d'un même bou-clier, tels Ajax et Teucer, déjà.

(1) Par exemple Arch. Jahrb., XL1V, 1929, Anz., col. 138, fig. 38,

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64 . CH. PICARD

Elle rapproche d'autres répliques (Naples, Rome, Paris), et diverses monnaies (t);

M. L. Gurtius a consacré de bonnes études aux types idéaux de Zeus el d'Hermès,à leur évolution et à leur rendu (2). Dan» la première de ces recherches, après

avoir signalé la rareté des cas où nous avons à la fois des prototypes du I'S., et,

leur copie romaine (il conteste les deux seuls exemples jusqu'ici cilés par M. F,.

Busohor !), l'auteur Tait remarquer les rapports outre le Zeus d'Histiaea (Gap

Artémision) ot la tête de laGlyptothèque N'y-Carlsberg (P. Arndt, Glypt., pi. XIII);

la copie romaine (avec différences) serait un Hermès de la villa Albani à liome

(cf. les Hermès de l'Agora d'Athènes?). Contre Guidi, et déjà selon G. Kougères

(CRAI, 1926, p. 163), M. L. Curtius nie que le Zeus de Gyrène ail été une répliquedu Zeus d'Olympie (3). Il en rapproche un Hermès barbu de Chatsworth, et établit

d'autres rapports avec le Zeus de Dresde, d'où dérivent plus ou moins toute une

série de documents très dispersés : le Zeus de Dresde serait lui-même la copie

d'un original en bronze ayant représenté peut-être, à Olympie, « à côté du colosse

d'ivoire et d'or qu'on ne pouvait copier, le type officiel du maître des dieux »('?)—

M. L. Curtius consacre deux autres notes, l'une au Hoi de la Glyplothèque de

Munich, qu'il vise à replacer à son rang dans l'histoire de l'art de l'époque,

l'autre à la l êle barbue achetée en 1913 par le Metropolitan Muséum de New-

York : à propos de cette oeuvre, il groupe et distingue de nombreux modèles,

permettant de situer par comparaison l'Hermès alcaménien de Pergame (4).

Tandis que M. II. Schrader revient à la question des (rois figures (et demie), si

disentées, du tympan Ouest d'Olympie, statues qui diffèrent des autres, technique

et matière — pour conclure qu'elles sont bien de la même main que le reste dufronton, et attribuables à Alcamène, selon Pausanias (5;. — M. W. H. Schuch-

hardt appelle nettement ces mêmes sculptures des Ersalzfiguren, et les

daterait d'une restauration roiuaine (6). Une tête de marbre féminine, en penté-

lique, de l'ancienne collection Landsdowne est entrée au Metropolitan Muséum de

New-York; ce serait la copie romaine d'une oeuvre grecque de 460-450 (").

M. H. N. Couch a signalé une terre-cuite du début du ve, trouvée au Sud de

l'Italie (Locres), et acquise par le Musée de l'Université de Tlllinois; elle repre-

«enterait Déméter tenant le jeune Triplolème. Mais l'interprétation est assez dou-

teuse (S). Une terre-cuite d'Agrigente, qu'on doit dater de 480 à 4*0, représente-rait assez isolément dans la série (cf. ci-dessus), un produit de l'art

purementuttique, sans contamination (9). M. W. Deonna s'est occupé d'un bronze mila-

nais de la Renaissance italienne au type du Spinario, et a cette occasion, il a

(1) Dedalo, 1929/30, p. 391-615 (21fig.).

(2) Erster Erqanzunrjshefl des Ri)m. Millei lungeu, 1931, avec 22 planches.

(3) Rejeté aussi par M. E. Rizzo, Dedalo, VII, 1926/7, p. 213.

(4) M. L. Gurtius rapporterait à un original en bronze polyclétéen la tête

barbue de Cyrène (Arcésilaos IV, selon L. Pernier; cf. HEG, Bull., 1930, p. 97).

(3) Oeslerr. Jahresh., XXV, 1929, p. 82-108, 12 fig.

(6) Areh. Jahrb.,X\A\ ', 1930, Anzeiger, p. 525-5S6.

(7) Bullet., XXVI, 1931, p. 95 sqq. (G. M. A. Ilichter).

(8) AJA, XXXIV, 1930, p. 344-352, 8 flg.

(9) Joie Bovio Marconi, Rollell. d'arle, 1930-1931, p. 31-38, 10 flg,

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 6b

retracé l'emploi du motif du Tireur d'épines, dans l'antiquité et dans l'art

moderne.

Deuxième moitié. M. L. Curtius (2) rattache au cycle de l'Apollon de Cassel

(Phidias'?), le petit Zeus en bronze de la collection Goethe à Weimar, dont il

montre les affinités, notamment, avec une statuette de Florence, avec le bronze

Pourtalès de Chantilly, et quelques autres pièces (statuette de marbre de

Païenne, bronze du Mus. des Arts mineurs à Munich): l'auteur, dont on louera ici

la prudence, ne semble pas accepter la restauration de VAnadoumenos récem-

ment proposée par Ameluug (M. Bieber, Arch. Jahrb^ XL1I, 1921, p. 152) (3).

Miss C. K. Jenkins (4) a poursuivi des efforts généreux, mais non toujours con-

vaincants, pour la reconstitution générale de l'oeuvre de Myron ; elle lui attribue

maintenant l'Athéna, dont l'Athéna de la Villa Albani est une copie ": elle repla-

cerait cette création dans un groupe en bronze de trois personnages, où Àthéna,

défendant Diomède, arrêterait l'épée d'Ares. Resterait à retrouver le corps d'Aresdans le Uicius Verus du Vatican, la tête dans des copies du Louvre etduMusée

Torlonia à Roma. Le Diomède (torse) serait la copie en marbre du Palais Valen*

Uni à Rome (5). Miss Jenkins pense que le groupe qu'elle « reconstitue » si plei-

nement devait se trouvera Amisos du Pont, la résidence de Mithridate. Lucullus

l'aurait fait transporter à Rome pour son triomphe (?) — C'est du milieu du ve s.,

et en admettant que l'original (inspirateur de diverses compositions à Orvieto,

Vulci, Populonia) serait peut-être polygnoléen, que M. C. Anti (6) veut dater le

bas-relief du massacre des Niobides, trouvé à Cyrène (autel d'Artémis).

Quelques études ont été consacrées à la question épineuse des Amazones.

M. S.Reinach, optimiste, pense qu'il n'y a plus guère d'incertitude que pour les

types de Phidias et de Phradinon, et que nous tenons ceux de Polyclète et Cré-

silas(7). Il ne rend compte que sous réserves de l'hypothèse de P. Arndt, qui

transformerait (REG, 1931, Bulletin, p. 75) l'Amazone Mattei, en lui accordant

une tète « athlétique -de New-York, dont la coll. Leconfield a la réplique : ce

changement nous écarterait de la création de Phidias, tout en ne nous rappro-chant guère de celle, à jamais inconnue, de Phradmon. — M. S. Reinach consi-

sidère l'Amazone du Capitole apparentée au Blessé défail lant de Bavai, comme

celle de Crésilas, le type Lands"downe (Mus. New-York) nous représentant le

modèle polyclétéen (ressemblance avec le Doryphore). Tel n'est pas, du moins,l'avis de Miss C. K. Jenkins (8). Car elle pense que l'Amazone Lahdsdowne-New-

(1) Genava, 1930.

(2) Riim.MiU., XLV, 1930, p. 1 sqq.(3) Le corps appartiendrait plutôt au Zeus du groupe mj'ronien de Sarnos.

(4) Burlington Magaz., 1930, 1, p. 147-154 (The réinstatement of Myron, suite).(3) Torse utilisé par d'autres au compte de Pythagoras de Rhégion.(6) Africa ital iana, II, 1928-1929, p. 161 sqq.; sur les reliefs de Niobides du

vc s., cf. en général, E. Langlotz, Anli lce, IV, 1928.

0) Gaz. Beaux-Arts, 1931, I, p. 73 sqq. M.-S. Reinach avait déjà résumé la

question dans son Courrier n° 2, de 1886, bonne occasion de vérifier les change-

ments survenus en 45 ans dans l'état d'un problème avchéologiqii".(8) Apollo, 1930, I, p. 302-5 (6 6g.).

UEO, XLV, 1932, n» 209.

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66 CH. PICARD

York serait celle de Oésilas ! — Une tête d'Amazone, du v° s., a été prêtée aiiCincinnati Avt Muséum, où elle est actuellement exposée (1).

Les travaux concernant Phidias et les sculptures du Parthénon ont été parti-culièrement importants. Feu F. Noack avait étudié l'arrangement des plis du

péplos de l'Athéna Parthénos (2), sur le côté, en rapprochant l'Athéna 140 du

Musée de l'Acropole ('E <p. 'Apx.,1887, pi. Vil), les torses de Dresde dont A. Furt-

waengler s'est servi pour sa reconstitution de la Lemnia, etc. Aux plis disposésen losanges superposés, à la manière archaïque, se sont substitués (cf. les pein-

Fig. 5. — Statue du Parthénon, fronton Ouest.

(1) Beaux Arls, 25 mai 1934, p. 11.

(2) Arch.Jahrb.,XLV, 1930, II, p. 198-217.

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BULLETIN AtlCllèOLOGIQUE 67

tures de vases), peu à peu, d'autres arrangements inoins géométriques, plus

vivants. F. No'ack concluait, hélas! en donnant son adhésion, lui aussi, à la

reconstitution de A. Furtwaengler pour la prétendue Lemnia. W. K. Lethaby aconsacré un travail sagace (1) à l'exposé des diverses recherches (ou hypothèses !)

suscitées par le dispositif du fronton Ouest du Parthénon. L'examen détaillé des

sculptures qui nous restent montre le tort de ceux qui ont tant voulu retirer à

Phidias — aidé, sur le tard, on l'admet volontiers, de collaborateurs éprouvésl'exécution de cet ensemble, ou du tympan opposé (Est). Il n'y avait à parler,

comme on a fait, ni de Paeonios, ni d'Alcamène. —Pourtant, M. Fr. Winter, dans

un premier article sur les maîtres des sculptures du Parthénon, cherche encore à

montrer que la décoration sculptée du temple ne peut pas être placée sous l'ins-

piration d'un seul artiste! 11 y aurait à distinguer deux tendances opposées, com-

parables (?) à celles que révèlent les bas-reliefs faits en concurrence, plus tard, pardes artistes italiens comme Ghiberti et Brunelleschi (2). Le fronton Oriest du Par-

thénon va bénéficier d'une intéressante découverte de M. Rhys Garpenter (3). Il

a à Athènes, dans un coin delà cour du Musée de l'Acropole, retrouvé l'originaldu bas du corps de la statue U (fig. 5), qui, apparente sur le croquis de l'anonymede Nointel (1674), avait disparu ensuite, avant le temps du dessin de 1) al ton

(1749) (4). Il s'agit d'une des Erechthéides faisant pendant au Gécropides de

l'autre aile (g.), au fronton de la Dispute. Une copie réduite (au tiers) en avait été

trouvée en 1880, à Eleusis, dans le groupe des sept statuettes qu'on connaît, imi-

tation des figures du tympan de l'Acropole (Mus. Nat., 200-202).Feu Fr. Studniczka avait donné son avis autorisé sur les importants travaux

de Praschnicker (Partkenonstudien, 1928) (8). M. W. Technau (6) a fait connaîtreet localisé les deux morceaux, des métopes et de la frise du sékos du Parthénon,

que feu W. Amelung avait découverts en 1920, dans les magasins du Vatican,et qu'il n'avait pas eu le temps de chercher lui-môme à replacer. Une tête barbueà bouche entrouverte, d'un haut relief (pi. 8-10), viendrait de la métope XVI du

Sud, et serait celle de l 'Erichthonios, qui, à cette place, accablait le géant Asté-

rios, représenté vaincu à ses pieds (dessin de l'anonyme de Nointel, fig. I, p. 83,torse et tête au British Muséum). Un autre fragment du Vatican est à rapporterà la frise du sékos, 11 ne comporte qu'une tête d'un personnage marchant vers l,agauche, et le reste d'un instrument (martelé) porté sur l'épaule. Il s'agit ainsi

d'un des jeunes métèques oxiçr^ôpoi, porteurs du plateau sur lequel on dispo-sait les gâteaux d'offrande des Panathénées (Anonyme de Nointel,t Frise Nord,ûg. 13-15); ce serait le dernier de la file (fig. 15). M. W. Deonna a publié (7) unetête voilée féminine de l'Acropole d'Athènes trouvée en 1860 (fig. 6), et qui pour-

(1) JUS, L, 1930, p. 4-19.

(2) Oslerr. Jahresh.,- XXV, 1929, p. 173-188, 16 fig.(3) Mouseion, 1931, p. 118 sqq., pi. XIX et XX.(4) Septième bloc de la corniche, Kerkis Sud du fronton Ouest; B.Sauer, Athen.

Milt., 1891, p. 69 sqq.(5)

NeueJahrb., 1929,6 cahiers.

(6)flÔm. MM., XLV1.1931, p. 81-89, pi. Vlll-XI. •

(7) Monum. Piot, XXXI, 1931, p. 1 sqq., pi. I,

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OS' Ctt. PICAlîD

rait avoir été aussi Une des métopes du Parthénon sculptées entre 441 et 442. L'au-

teur dit pourquoi il ne pense pas plus spécialement à la métope XXV du Nord,

pour laquelle M'. Praschniker, Parthenonstudien, p. 137, reconstitue une Aphro-dite Voilée ^aujourd'hui acéphale).

M. W. H. Schuchhardt a consacré une grande élude d'ensemble à la reconsti-

tution du travail fait autour du sékos du Parthénon, pour la frise des Panathé-

nées (t). Il pense qu'on avait préparé là quatre-vingt parts de la tâche, — selon un

dispositif d'ensemble (p. 278) — et qu'en aucun cas, on n'a réuni, dans un même

groupe, des représentations de sujet différent. Le groupe d'artistes changeait donc

quand changeait le sujet. — On discernerait vingt-sept parts au Nord, vingt-huit au

Sud ; sur ces longs côtés, les motifs s'associaient en grands ensembles : cavaliers

chars, piétons, etc. Une étude minutieuse des ensembles et des têtes (photogra-

phies IL Ashmole) indiquerait que Phidias a pu être le metteur en oeuvre, les

exécutants, nombreux, placés sous ses ordres, gardant leur liberté pour ledétail (2). MM. Umbdenstpçk et J. Formigé croient — un peu trop — à des lois

mathématiques qui auraient, disent-ils, « présidé à l'orchestration (!) de la frise

des cavaliers des Panathénées » (3;. M. le Commandant Lefebvre des Noëttes a

examiné cette même partie de la frise (cavalcade) d'un autre point de vue, tech-

nique (équitation grecque) (4).

M. H. Schrader pense, peut-être non sans risque, que certaines des sculptures

Fig. (i. — Tète voilfio féminine de l'Acropole d'Atlicnes.

(1) Arch. Jahrh.,X\.V, 1930, p. 218-280.

(2) C'est aussi la conclusion de G. Kodenwaldt, dans l'ouvrage récent sur

VAcropole, 1930, illustré par W. Hege.

(3) Soc, nat. Antiquaires France, 16-23, déc. 1931.

(4) Ibid., 9 déc. 1931.

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 69

retrouvées au Pirée, sous les eaux, seraient des copies d'oeuvres de Phidias

(plaques encadrées, larges de 1 m. 30, sur 0 m. 90 haut). f.a parenté serait

marquée avec les métopes de la face Sud : lutte hardie d'une Amazone et d'un

fii'ec, qui, la saisissant aux cheveux, l'empêche, semble-t-il, de se précipiter d'un

rocher; ailleurs un jeune Grec, etc.; on aurait là les souvenirs de l'Amàzonoma-

chie du bouclier de la Parthènos (?), connue seulement par diverses copies très

iéduites (I;.— M. W. Technau a repris l 'étude de l'Ephèbe de Poinpei trouvé

en 1925 dans la Via dell'Abbondanza (2). Pour lui (énurnération des différentes

attributions proposées), c'est une oeuvre inspirée d'un original péloponnésien, à

dater de 440-430 ; il rapproche deux statuettes, l'une au Musée d'Athènes, l'autre

à Cologne (Zeus). M. H. Koch a étudié en détail le Pseudo-Theseion avecE. von

Stockar; construction et décor dateraient de 450-440, maison n'y retrouve pas,

disent les observateurs allemands, l'inspiration des maîtres qui ont travaillé auParthénon ; ce que prouvent, outre l'architecture, les sculptures (3). M. R. W. von

ISissing nous a donné la publication première d'une tête grecque que A. Furt-

waengler avait déjà rapprochée des créations du cycle de Phidias; ce serait une

copie alexandrine d'un Ares du v« s. (4). M. J. R. Melida croit du Ve s. un Ascle-

pios trouvé à Ampurias et un Héraclès d'Alcala (?) (5). On rapporte à' un original

en bronze (Strongylion) du v* s., aussi, une Artémis en Amazone trouvée récem-

ment à Corinthe (copie du début du w s. ap. J.-C.) (6). Parmi les sculptures

antiques de Wilanow publiées par M. .1. Starczuk, on mentionne une tête d'Apol-

lon, copie d'un original voisin de Paeonios, et une tête de femme (copie) qui

serait de l'école de Crésilas (?) (7).M. Gh. Picard (8) a tenté de montrer les raisons religieuses qu'il y aurait de

ne plus considérer commedècoratiocs les sculptures du monument des Néréides,

depuis les Néréides mêmes, qui sont là pour la conduite de l'âme du dynaste

enseveli aux Iles bienheureuses, jusqu'aux frises, frontons et acrotères. Un des

frontons, celui de la façade principale, représentait les souverains de l!Hadès

(Cerbère dans l'angle), comme on eût pu s'y attendre sur un temple-tombeau ;

les enlèvements des acrotères (Dioscures et Leucippides ?) ont été placés aux

faites pour la raison qui a fait décorer d'un groupe d'enlèvement, avec Néréides

et génies marins, le temple de Marasa (Locres).M. W. B. Dinsmoor a repris, à la suite de son travail de 1926", la question de

l'arrangement des sculptures du temple de l'Athéna Niké. Il a utilisé les criti-

ques qui avaient été adressées à son premier classement par M. Rhys Càrpenter

(1) h'orsch. u. ForlschriUe, 20juin 1931 (18), p. 249 sqq.; Messager d'Atliènes,28 juin 1931.

(2) Antike, 1930, p. 249-264, 3 pi., H fig.(3) Arcli. Jahrb.,XlAU, 1928, Anzeiger, col. 706-121.

(4) Panthéon, 1930, I, p. 209, 1 fig.(5) Bolet.in., 19.10, p..108-111 (2 pi.).(6) A.IA, XXXI11, 1929, p. 515 sqq. (pi. IX a La p. 516 ; p. 534-535) ; cf.- .f.-J,

de Waele, Panthéon, 1930, II, p. 522-523.(7) Eâs, XXXII, 1929.

(8) Itev. hist. religions, Cll l, 1931, p. 5-28,

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*70 CH. PICARD

(BfiG,B«/t.,XLlV, 193), p. 77-78), et nous présente un dispositif vérifié de quarante-

quatre fragments, sur lesquels 37 lui paraissent, cette fois, dûment localisés

(15 placements antérieurs conservés, 3 des 25 nouveaux de Rhys Carpenter

acceptés, 19 propositions nouvelles) (1). On a proposé de rapporter aux scul-

ptures du Bastion d'Athéna Niké une belle tête de femme voilée, encore inédite,

trouvé* au premier secteur de la zone des fouilles grecques de l'Agora (2).

M. S. Reinach est revenu sur l 'étude du Relief Landsdowne (Athéna pacifique),

examinant à cette occasion le motif de l'Athéna tenant en mains son casque (3).

M. L. D. C[askey] a reproduit sous toutes ses faces un type de la Vénus Genitrix

(= Aphrodite de Naples, dite à tort de Fréjus, au Louvre), qui a été récemment

acquis par le musée de Boston (4) ; i l l'a placée en face de celle du Louvre, dont la

tète, charmante, reste un peu archaïque, mais dont la draperie paraît assez roide

et plus sèche. Le sein droit de la statue de Boston est voilé comme le gauche(Louvre, contra). On ne peutguère parler de Phidias devant ces modèles si altico-

ioniens, qui rappellentTHégéso du Céramique, et font penser plutôt à une tradi-

tion attico-ionienne (Callimaque?). —M. Ch. Karousos daterait des environs de 420

un ex-voto attique qui doit provenir d'Agra ; il a été trouvé en 1923 au quartier

Byron, sud de l'Ilissos (Mus. Nat. 3572). Il y a là une [Démjéter assise, identifiée

par une inscription, avec Goré debout près d'elle. L'auteur pense que des adora-

teurs figuraient dans la partie cassée (5), et que l'ex-voto pourrait provenir du

temple ionique de l'Ilissos (6). Une histoire de la tête (de stèle), célèbre, passée

récemment de la collection Landsdowne au musée de New-York, est retracée

par

Miss G. A. M. Richter (7). M. Fr. Eichler a examiné une tète provenant d'une

stèle funéraire attique de la fin du v° s. (ou début du iveî) trouvée dans la petite

 île d'Arbe (en Vénétie, maintenant en Yougoslavie) (8). D'intéressantes terres-

cuites du musée de Nimègue, d'autres de la collection Scheurleer à la Haye (Béo-

tie et Rhodes, types de la seconde moitié du vc s., et du début du ive s.) ont été

signalées (9).

(1) AJA, XXXIV, 1930, p. 281-295. Cf. pour les questions des dates eL des

auteurs, REG, XL1V, 1931, p. 450 sqq. (Ch. Picard).

(2) Messager d'Athènes, 8 juillet 1931.

(3) Gaz. Beaux-Arts, 1931, p. 82 sqq.

(4) Mus. of fine arts, Boston, 1930, p. 82-89, 8 fig.; cf. S. Reinach, Gaz. Beaux-Arts, 1931, p. 89 sqq.

(5) Un moulage de la stèle de Crito et Timarista trouvée en 1930 à Camiros

(Rhodes) est entré dans les collections de l'Institut d'archéologie de la Sorbonne.

Une notice de Die Antike est attendue ; cf. C. Anti, Archeologia d'oltremare,

III, 1930, p. 1054 : milieu du Ve siècle.

(6) Alhen. MM., L1V, 1929, p. 1-5 et pi. I.

(7) Bull. Metrop. Mus. New-Yorh, 1930, p. 218-222, 2 fig.

(8) Oeslerr. Jahresh., XXV, 1929, p. 109-119 pi. 4 fig. (en appendice, considéra-

tions sur le rôle des Vénitiens dans le transfert des antiques : histoire du bas-

relief Chiaramonti qui était dès le xvuc s. dans la Coll. Giustiniani et se rattache

au souvenir de Morosini).(9) Dr H. A. Evelein, Bull, veveen. fier, anl., juin 1929, p. 6-8,10 fig.; F,. W,

Scheurleer, ibid., p. 15-17; déc. p. 9-12, et 1930, p. 13-11,

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE ,*J..i

En octobre 1931, on a trouvé à Athènes près de la Pnyx, une tête colossale

d'Athèna (casque lisse, uni), dont il a été publié déjà certaines reproductions.

L'oeuvre a été dite aussitôt de la seconde moitié du v« s., mais elle donnerait

plutôt l'impression d'être tout au plus de la période suivante (époque de Cé-

phisodote l'Ancien?), à moins qu'il ne faille y voir une copie romaine du ite s..

Une statue d'Artémis brisée aux jambes a été exhumée pendant les fouilles de

l'Odéon de Périclès. Une b ataille de Grecs et de Barbares est sculptée magni-

fiquement en or sur la garde d'une épée scythe, récemment acquise par le

Metropolitan Muséum de New-York (1).

Époque classique (suite). B. —IV 8 Siècle.

Peu d'études encore, pour ce « moment r> si important, et si insuffisamment

connu,de la

plastique grecque classique.On aurait trouvé une tête

scopasiquecolossale, original grec (?), à Rome, dans les fouilles exécutées entre le Capi-tule et le Tibre (2).

En Angleterre, les discussions déjà rallumées il y a plus d'un lustre autour

de l'Hermès d'Olympie continuent à agiter le monde des érudits. Dans un

meeting tenu pendant l'été 1931 à Burlington House (3). M. S. B. Wace, après

avoir signalé les conséquences de la diffusion des procédés de la slaluaria au

iv« s. (emploi du modèle d'argile, comme à l'époque moderne, même pour la

préparation des statues de marbre) a soutenu que Praxitèle avait dû faire parfois

exception à l'usage de son temps, et, comme les imagiers du vi's., cotnuie Rodin

encore de nos jours, travailler directement, à l'occasion, le marbre : ses meil-

leures oeuvres, le Satyre de la rue des Trépieds, l'Aphrodite de Cnide, auraientété

conçues avec le support nécessaire au marbre, partie intégrante de l'ensemble.

Quant à l'Hermès, on aurait tort de chercher à y voir une copie en marbre exé-

cutée après le ive s. d'après un bronze. M. Wace croit la statue contemporaine de

Praxitèle, mais il y verrait « a marble version made in Praxiteles's studio byhis pupils or stone-cutters after his original clay model. » L'original de l'Her-

mès d'Olympie aurait donc été en argile (?), et préparé ainsi pour être transcrit

soit en bronze, soit en marbre.

C'est à Silanion que l'on veut rapporter la tête de Sappho (?), qui a été

récemment retrouvée à Corinthe dans les fouilles américaines (4). Une note

épigraphique de M. A. Wilhelm (S) a fait reparaître utilement à sa place lenom de Daitôndas, sculpteur thébain, émigré à Sicyone, vers 330; s'il avait

été signalé comme Sicyonien, par Pausanias (VI, 17, 5), c'est qu'il avait changéde patrie.

M. F. Oelmann est revenu sur la question du Mausolée d'Halicarnasse, étu-

diant surtout le type de l'édifice, car il accepte en général la restauration de

(1) BulleL, XXVI, 1931, p. 44 sqq. (G. M. A. Richter).(2) Arcli. Jahrb., Anz., XLV, 1930, col. 365-6, flg. 26 : mais cette tète donne

l'impression de pouvoir être plus tardive qu'on ne dit.

(3) Résumé de presse.(4) F. J. de Waele, Panthéon, 1930, 11, p. S22-523.

(fi) Bull. Académie, Polonaise, 1930, p. 139-145,

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72 CH. PICARD

F. Krischeti {Bonner Juhrb., 128). Il marque les rapports avec le Monument des

Néréides (pyramide ajoutée), et avec le temple fl'Athéna Niké juché sur son

pyrgos ; de plus loin, on doit penser aux monuments archaïques de la Lycie,où l'idée de mettre les morts dans des réceptacles surélevés au-dessus du

niveau terrestre, est déjà si caractéristique (sarcophages, tours funérai-

res) (1).M. J. Charbonneaux a consacré une bonne étude au nouveau torse d'Artémis

chasseresse (tirant l'arc) entré au musée du Louvre (2) : les analogies prin-

cipales sont avec l'Arlémis Torlonia à Rome : un r eflet de l'art pra'xitclien peut

y être cherché (fin du iv° s.). M. G. Jacopi pense que la gracieuse Aphrodite

pudique du Musée, de Rhodes, repêchée près de la Résidence (3), quoique se

rapprochant de l'Aphrodite du Capitale et de la Vénus Medici, serait plus

ancienne; elle prouverait que la Vénus pudique n'est pas dérivée de la Ciii-dienne, mais représente une autre création contemporaine (milieu du i\" s.) (4).

Une tête d'Aphrodite du ive s., trouvée ù Ampurias, a été signalée et étu-

diée (5). L'attention a été rappelée sur l'Aphrodite de Satala (6), célèbre bronze

du British Muséum. M 11" Maria BrickoEf a étudié>le type de l'Aphrodite appa-raissant à rai-corps ou tout entière entre les deux valves d'une coquille. La

plus ancienne des représentations de ce type remonte au début du iv« s.

ou peut-être même jusqu'à la fin du ve s. Le motif ne peut être pourtant

de Phidias, qui avait traité différemment la naissance de la déesse, à Olympie ;on ne saurait conclure plus précisément sur son origine (7). Le dossier com-

pliqué de la Vénus de Milo s'est enrichi d'une notice sur Voutier qui des-

sina le premier la statue (8).

M. J. Sieveking enlèverait à l'art du ivc s., pour y voir une création de l'épo-

que hadrianesque, d'après Polyclète, le Dionysos de la villa de Tibur (Rome,

Thermes), rapporté par Max. Gollignon, à l'art d'Euphranor (9). Il n'y a certes

aucune raison de penser spécialement à Euphranor, qui est pour nous, totale-

ment, un inconnu. Mais il y en a moins encore pour faire bénéficier les artistes

romains du nc s. après notre 6re(!), de la création ('.') d'une rouvre si maniérée,

et tout entière si expressive des tendances du iv« s. Salto morlale.— Pour

(1) Arck. Juhrb., 1930. Je ne connais que par la r écension de la Revue a r- ,

chéologique, l'étude de H. Koch [Winofcelmannsprogr. dédié À feu Sludniczka),où il est proposé de détacher la statue de Mausole retrouvée, du quadrige men-

tionné par Pline, et de lui donner une épée (tenue à la main gauche, comme

l'exigeraient certains plis du vêtement). La statue ainsi reconstituée est compa-rée à l'Alexandre de Magnésie.

'• (2) Monum. Piol, XXXI, 1931, p. 9 sqq. p. II.

(3) Moulage à l'Institut d'art de la Sorbonne, don du gouvernement'italien.

(4) Bolletl. d'arle, 1929-1930, p. 401-409.

(5) J. R. Melida, Bolelin., 1930, p. 108 sqq.

(6) Rayet, Mon. II, pi. 44; G. Rev. archéol., 1930, 1.1, p. 177-178.

(7) Bolletl. d'arle, 1929-1930, p. 563-569.(8) Bull. G. Budé, 1930 (juil let), p. 18-30.

(9) Denkm. Brunn.-Brilclcmam, 1931, 738-739; cf. REL, 1931, p. 3g9 (Ch. Picard).

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BULLEf IN ARCHÉOLOGIQUE 73

M. W. (I. Schuchhardt, l'Ephèbe de Marathon représenterait l 'aboutissement de

deux tendances d'art : praxitélienne et lysippique. L'auteur expose les diverses

interprétations du geste de TEphèbe et conclut qu'il ne faut pas chercher, dans

une oeuvre « faite pour plaire », de sens symbolique ou professionnel (I). L'Bnyo

de Corinthe (fig. 7), assise sur des trophées, a fait penser à une création de la

première rooitiétdu iv« s. ; mais son attitude dérive plutôt des inventions dues

à Lysippe (2).

Deux doubles tiennes de marbre ornés de deux têtes accolées, trouvés à la

Via Appia Nuova, sont entrés au Musée des Thermes ; l'un représente, selon le

type courant, deux divinités, lune masculine, l'autre féminine; niais l'autreporte deux portraits d'hommes, l'un imberbe, l'autre barbu; celui-là ressembleau « Mcnandre » de feu Studniczka, l'autre serait un poète inconnu ; on a pensé'à cause de Ménandre, a Aristophane (3), Pourtant G. Lippold a peut-être raison (dumoins selon M. Werner Technau !) de voir plutôt un Virgile (?) dans le Ménan-

Fig. 7. — L'Enyo d« Corinthe.

(1) Anlike, 1930, p. 332-353, S pi. I, auteur a certainement oublié par inadverttance de dire tout ce qu'il devait à M. G. Uhomaios, dont on voit qu'il tradui-certains passages, presque mot pour mot; il ne le nomme pas, au vrai.

(2) Fr. 1». Johnson, Coriullt, IX {Sculpture); cT. ci-dessus, p. 5S ; n° 821,11, p. 21.

(») K. l'aribeni, Not. Seavi, (929, p. 351-35!). I«î, Poulsen, cf. ci-après, n. \,

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^ST^TTOWri

74 CH. PICARD

dre (1). On peut aussi penser à un Sophocle (intermédiaire entre le type du Latran

et celui d'Albano à Londres), pour la tête barbue (2).

Une très importante contribution à l'iconographie grecque en général estconstituée par les Iconographie studies in the Ny Carlsberg Glyptolhek, parus en

4931, dans le luxueux volume From the Collections of the N. G. Glyptolhek (3).Le premier type étudié est celui d'Anacréon : l'Anacréon de l'Acropole d'Athènes

aurait été groupé avec Xanthippos, dont une statue de la vil la Borghèse nous

rappellerait peut-être le type ; plusieurs musées ont des copies de la tête d'Ana-

créon (une à Copenhague, ne s. apr. J.-C.) : une seconde note concerne divers

portraits de stratèges (Glyptothèque, n°s 438-440) ; sont ensuite examinés certains

portraits de grands philosophes (intéressant Socrate : n" 415 de la Glyptothèque

Ny-Carlsberg ; à noter que M. Fr. Pouisen « regarde comme moderne » (p. 39,n.

2)la célèbre statuette (alexandrine) de Socrate, au British

Muséum); les

por-traits des trois grands auteurs tragiques forment le quatrième chapitre des Eludes,mais à cette occasion sont mis en cause au passage, et finement analysés, divers

types de philosophes, de poêles, d'historiens mêmes (cf. ci-après, les études

iconographiques de M. E. Pfuhl). — M. H. Eisler a consacré une petite note

ingénieuse aux portraits anciens de philosophes cyniques (4). Nous avions, sans

l'avoir su jusqu'ici, trois ou peut-être quatre répliques du type (bossu) du philo-

sophe Cratès de ïhebcs (Rome, New-York, Aix en Provence), et, au Musée des

arts mineurs de Munich, un vrai Uiogène. Un sarcophage de la crypte du Dôme

de Païenne représenterait Cratès donnant sa ûlle en mariage d'essai (?).Le beau bas-relief tarentin en calcaire de Lecce, passe à New-York (REG, Bull,,

1931, p. 83-84) a été signalé à l'attention par M. S. Reinach, qui hésite entre unex-voto théâtral ou une sculpture funéraire : on peut conclure plutôt en ce

dernier sens, et souligner le rapport avec la columna caelata d'Éphèse (Alces-

tis) (5). M. A. Hekler a signalé une stèle attique du milieu du iv° s., récemment

entrée au Musée des Beaux-Arts, de Budapest (6). Miss Ed. H. Dohan a publiétrois monuments funéraires du Musée de Philadelphie, qui sont du même temps

(une stèle, deux vases de marbre sculptés),M.W. Deonna a acquis et étudié de nouveaux moules tarentins du Musée de

Genève (cf. REG, Bull , 1931,,p. 79-80), parmi lesquels un beau torse d'athlète (7).M. Ch. Picard identifie une statuette d'Olynthos, intéressante parce qu'anté-

rieure à la destruction de la ville (348 av. J.-G.), comme celle d'un Galle s'apprê-tant à 1' « ordination » ; il rapproche plusieurs types analogues (inédit d'Odessa),

 jalonnant la route de Phrygie à Athènes (8).

(1) Cf. Rom. MM., XXXIII, 1918, 1 sqq. La question est toujours débattue, onle voit. Pourtant la ressemblance, avec le médaillon inscrit de Marbury Hall, du

portrait de Toronto publié en 1926, n'est guère en faveur de l'hypothèse Lippold-,Cf. encore, S. Reinach, Gaz. Beaux-Arts, 1931, p. 92-93 et E. Pfuhl (ci-après),

(2) Arch. Jahrb., XLV, 1930, Anz., col. 378-376.

[S} I, 1931 : cf. p. 1-95. Il en sera fait un compte rendu spécial.(4) Rev. archéol., 1931, I, p. 1-13.

(5)Gaz.

Beaux-Arts,1931,

p.88-89, et

fig. 16, p.80.

(6) Musenmev., V, 1927-1928.

(7) Genaw, VIII, 1930, cf. p, 68.

(8) Rev. hist. relig., Cil, 1930, p. 7-12, pi. I.

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 7^

Époque hellénistique.

I. Survivances de la tradition classique. M. E. Pfuhl a, dans une étude

pénétrante et documentée (1) sur l'iconographie de l'époque hellénistique, mis au

point l'état de nos fragiles connaissances. L'auteur relève justement combien on

a eu tort de considérer l'art hellénistique comme un bloc, sans assez chercher à

distinguer son évolution, et se3 provinces ; dans l'ensemble, cet « art nouveau »

a eu des aspects assez, différents de ceux de l'art classique. Acceptant en général — mais sans doute trop docilement, en certains cas — la chronologie parfois

si arbitraire de feu G. Krahmer, M. E. Pfuhl étudie surtout les têtes-portraits,

par lesquelles les monnaies fournissent des moyens de comparaison et de datation

précieux. 11 est impossible, faute de place, de résumer ici les suggestions et les

résultats de ce copieux mémoire : signalons quelques-uns des types étudiés : leSeleucus Nicator, de Naples, le Ptolémée-Soter de Copenhague, le l'hilétairos

d'Herculanum (école de Lysippe vers 290, peut-être d'Aristodémos ?). Le prince

hellénistique des Thermes (lre moit ié du ne s.) serait Détnétrios Ier de Syrie (162-

150), et non Alexandre Balas, voire Lucullus (Rhys Carpenter) ; un buste de Naples

représenterait Antiochos II, Antiochos I" 1' nous étant connu aussi à Rome ; nous

aurions un Antiochos III à Paris, un Seleucos IV à Copenhague. L'iconographiedes Ptolémées est habilement reprise en détail (2) : on connaît un Ptolémée II

Philadelphos (Naples, Alexandrie); nous pouvons identifier Ptolémée III

Kvergète ; Arsinoé III, par la tête de Mantoue. Le pseudo « Thespis » d'Hercu-

lanum redeviendrait uneCleopatraThéa,

etc.Quelques études annexes concernent

 j'Attale I« de Berlin, le groupe toujours discuté des philosophes, poètes, etc., et

même la Fanciulla d'Anzio, dont le type illustre, paraît-il, les théories de feu

Krahmer. Une tête d'Attale II a été signalée et publiée dans les Neue deulsche

Aiisf/rabungen (3). Le Démosthène entré à la Glyptothèque de Copenhague, consi-déré comme copie romaine du tcr, d'après la statue oeuvre de Polyeuclos, a été

étudié à nouveau (4). Au dossier de la Victoire de Samothraçc, on joindra l'étude

de SI. A. B. Brett, qui examinant les pièces grecques frappées en l'honneur de la

victoire de Salamis de Chypre, en 306 av. J.-C, rapproche aussi les types des

revers de la célèbre Niké (S). M. C. Michalowski a consacré une courte note (6) aux

hermès du gymnase de Délos, dont quarante et un étaient déjà .mentionnés parl'inventaire de Callistratos (156-155 av. J.-C). Il n'en reste plus qu'une demi-

douzaine, types symboliques des dieux protecteurs du gymnase, plutôt que por-

(1) Arch. Jahrb., XLV, 1930, p. 1-61. L'article n'avait pu être dépouillé à tempspour le présent Bulletin.

(2) Ë. Pfuhl met en garde contre certaines « identifications de numismates »(Imhoof Blùmer, Svoronos). 11 y a distinction à faire entre les portraits officiels,flattés, et les autres.

(3) PI. 12 : « Jetzt in Berlin »,(4) Mile L. D0ns> neaux-Avts, janv. 1930, p. 6-7 (élude des différences avec

leDémosthène du Vatican).

(5) Bull, of Ihe MUR. Boston, 1930, p. 71-72.(fi) BCll, LIV, 1930, I, p. 131-146, pi. IV-VH.

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16 CH. P1CAKD

traits d'éphèbes ou de magistrats. M. P. Marconi dale du début de l'époque

hellénistiquele

typedu bélier eu bronze de Païenne dont une

répliqueexiste à

Syracuse (1). M. G. Libertini a signalé les fragments d'une kliné de bronze, de

travail hellénistique ou gréco-romain : on y voit représenté, notamment, l'épisode

homérique d'Ulysse et du Cyclope. De telles oeuvres industrielles auraient été

.fabriquées, nous dit-on, soit dans les ateliers de la côte d'Àsie-Mineure, soit à

Délos, soit à'Parente (2). Le Brooklyn Muséum a acquis un torse d'Aphrodite,

de travail gréco-romain, à dater du i ie ou 1er s. av. J.-C. (3).

M. J. Sieveking a réétudié, dans une notice pénétrante et documentée (4),

l'éphèbe lampadéphore de Naples trouvé à Pompéi en 1900, hors des murs (porte

de Stabies). C'est un enfant plus qu'un adolescent; salué d'abord comme original

de l'école polyclétéenne du ve s., il a été plus justement ensuite considéré

(Beudorf, Petersen, Bizzo) comme un travail du ier s. av. J.-C. Cela est confirmé

par la découverte du nouveau Lampadéphore de la Via dell' Abbondanza, celui-ci

exécuté d'après un original polyclëtéen, et porleur d'une magnifique tête du style

sévère. M. J. Sieveking croit ce dernier type péloponnésien, et nie au passage

tout rapport de la tête avec la tête Palagi de Bologne attribuée par Kurlwaengler

à la Lemnia. II n'accepte pas les propositions faites (5) pour voir dans la léle de

l'Ephèbe de la Via dell' Abbondanza une oeuvre archaïsante du icr siècle, composée

à part, puis rajustée, et à propos de laquelle on parlerait de Pasitélès ; la jonction

de la tête et du corps n'en est pas moins arbitraire; elle dénoncerait à el le seule

'e pastiche dû à la brillante industrie décorative du Ie' s., en Campanie, si

docile auxenseignements

de l'artgrec.M. J.-D. Beazley corrige quelques erreurs de la publication récente de Miss

Hutton, à propos de deux reliefs archaïsants de l 'Ashmolean Mus. d'Oxford (6).

M. G.-E. Mylonas voit une copie de la fin de la République ou du début de.

l'Empire dans une statuette en bronze d'Héraclès d'une collection privée à Chi-

cago (7'j. Sur les reliefs trouvés en mer devant le quai Tzélépi du Pirée, on est

encore réduit à des notices provisoires (8)..

11. Écoles d Asie-Mineure. Pour les études iconographiques de M. E. Pfuhl,

cf. ci-dessus, p. 75. — M. Von Massow a appelé l'attention sur certaines

oeuvres archaïques qui ont fait partie des collections de Pergamc (9). il. Kurt

(1) liollell. (T arle, 1930-31, p. 138-142.

(2) Biv. Ut. arch., II, 1930, p. 91-103 (cf. ci-après, A. Greifenhagen, p. 81.

(3) Brooklyn Mus. Quarlerly, 1930, p. 44-48, 3 fig.

(4) Brunn-Bruckmann's Denkmaelev, pi. 736-737, 1931.

(ô) Schober, Belvédère. 1926, p. 111, G. Lippold, Berl. vhil. Wocli., 1927, p. 1049. •

(6) JUS. 1930, p. 140-141 (cf. Bull. REG, 1931, p. 88;.

(7) Bull, of Ihe Collège art Association, 1930, p. 219-223, !i fig.

(8) Pour les plaques qui reproduisaient des motifs de l'Amazonomachie d'après

le bouclier de la Parthénos (?;, cf. H. Schrader, Forsch. v. Forlschrille, ci-dessus ;

pour l'ensemble,cf.

Messager d'Athènes, 31, XII,30.

(9) Avch. Jakrb., Anzeir/er, XLV, 1930, p. 191 (Communication ù la Socujté

archéol, (Je Berlin : elle sera publiée ;i part),

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'.-ÏIVPÎSSÀ PW .?$&$ Â&y%i^p®,«i^é '*.* v;-^.;.'.»v£.

. BULLETIN ArtCHÉOLOrilQUE 77

Regling a montré l'intérêt de la monnaie du Cabinet des Médailles, à Paris

(époque de Septime Sévère : 193-211), où est encore représenté le grand Autel de

Pergame (1). M. G. Bendinelli, faisant l'étude d'un groupe de marbre peu remar-

qué jusqu'ici, qui est conservé au Palais royal de Turin, suppose qu'un ensemble

perdu, représentant Hélène et Paris, ou Aphrodite et Ménélas, aurait été le

prototype de certains symplegmata à l'époque hellénistique, puis romaine. Peut-

être pourrait-on le faire remonter à la création célèbre de Nieératos de Pergame

(llygie et Asclépios). Les deux personnages ainsi rapprochés auraient inspiré ;

l'un les Vénus Aibani, de Milo, de Capoue; l'autre le Paris Borghèse et l'Hadrien

du Capitole; l'Hygie de Nieératos serait, en outre, à l'origine du type de la

Victoire de lîrescia (2). M. 0. Brendel a attiré l'attention (3) sur un très beau

buste de marbre de la collection Sharp à Oslo ; il le situerait entre les Aphro-

dite de Cyrène et de Milo. 11 compare le torse de l'Aphrodite du duc de Luynesà la Bibliothèque Nationale, très apparenté : on aurait là diverses copies faites

en A3ie-Mineure, plutôt qu'à Rome, d'un original hellénistique du début du

ue s. av. J.-G. M. J. Sieveking, étudiant à son tour le Fauno colla macchia de

la Glyptothèque de Munich (4), vise à le l 'aire descendre des débuts de l'époque

hellénistique à la période julo-claudiennc. C'est celui que P. Bieukowski rap-

prochait, non sans raisons, du jeune Centaure d'Aristéas et Pappias au Capitole

(école d'Aphrodisias en Carie) (5). M. J. Sieveking croit plutôt à un type de

satyre tardif, par opposition au type hellénistique « ancien » que représente-raient le Faune Batberini et le buste de bronze de Munich (Glyptothèque, 450).

Mais n'y a-t-il pas pu avoir, au début de l'époque hellénistique, des créations

un peu diverses? L'affinité (?) avec le Camillus du Cabinet des bronzes de New-

York ne paraît pas devoir entraîner la datation proposée. — Une tête grecque du

me s., représentant, seuible-l-il, un guerrier galate, et provenant probable-ment d'un sarcophage, est entrée au Musée de Cleveland ; elle est signalée avec

d'autres oeuvres antiques du Musée (dont une autre tête grecque provenant

d'Egypte : ine, IIe s. av. J.-C.) (6). Le rel ief d'Archélaos de Priène a donné lieu,à des

observations (contestables) de M. M. Mayer (7), qui y verrait deux fragments de

date différente, la frise d'Homère étant à part avec quinze figures, comme « mieux

composée». 11 n'accepte'pas la date de 200(8); Archélaos serait d'un demi-

(1) Forsch. u. Forlschri lle, 10, I, 32, p. 17-18.

(2) Bolletino d'arte, 1929-1930, p. 481-499.

(3) Anlike, 1930, p. 41-64, 4 pi. 14 flg.

(4) Denkrnaeler Brunn-fïruekmann. pi. 740 (cf. déjà pi. V, a; Springer-Wolters 12e éd., p. 439 : la pièce était à Paris au temps de Napoléon, puis fut

achetée en 1815 par Louis de Bavière).

(5) Une tête de  jeune satyre est étudiée par A. Feigel, dans la Schumacher-

Festschrifl, 1930, p. 280.

(6) R. H., Bull, of Uie Cleveland Mus., 1930, p. 154-135.

(7) Arch. Jahrb., XLIV, 1929, p. 289 sqq.

(8)C'est celle

quemaintient à

juste titre M.E. Pfulil

(ci-dessus, p. 75)dans

ses études sur l' iconographie hellénistique (portrait de Ptolémée] IV Philopator(222-204), représenté en Cronos.

"

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78 c'a. PICARBI

siècle postérieur; pour le haut, on pourrait penser à Hésiode avec les Muses :

l'auteur tente d'expliquer la présence de Zeus, en relation avec Mnéinosyne.

Dans les mêmes Arcli.aeol.-p/iilol. Studien, M. M. Mayer réétudie, à propos du

relief du Latran dit de Ménandre et du rel ief d'Euripide de Constantinople (ci-

dessus, Pr. Poulsen), lès compositions où un poète parait groupé avec une

Muse, et les types de Dionysos « nêo-attiques ». — M. W. Goethert, dans une

bonne dissertat ion sur l'art de la République romaine, abaisserait aussi — mais

à tort — le relief d'Archélaos de Priène à la date de 125 av. J.-C. proposée par

M. Schede {Bôm. Mitl., XXXV, 1920, p. 70 sqq.). Il daterait de l'époque de Sylla>ce qui est plus sûr, la frise de Lagina en Carie (1). M. Magaldi est revenu sur

l'étude des animaux qui sont représentés sur la plinthe du groupe de Naples, dit

du Taureau Parnèse (2). Développant une hypothèse de Finati (1852), il pense

que les fauves et les bêtes furieuses symbolisent là, au-dessous du Supplice deDircé, l'émoi du Cithêron. Tout ce qui paît avec quiétude aurait été au contraire .

ajouté par le copiste romain qui a dû élargir la base pour l'introduction de la

figure d'Antiope (3).

On signale l'apparition des études de M. M.-P. Perdrizet et H. Seyrig (4) sur

Antioche de l'Oronte, Séleucie de Piérie, Hiérapolis-Bambycé (1924-5) ; sont étu-

diées là diverses sculptures décoratives ou funéraires d'Antiocheet de Daphné, le

relief d'un grand-prêtre de lîambycé-IIiérapolis, et d es terres-cuiles au type

d'Atargatis. Sur les couronnes décorées de bustes, en usage dans la Syrie des

géleucides et dont la mode semble née à l'époque hellénistique, L, Robert a

donné, à propos de ledit d'Ériza, d'intéressantes remarques (5).

Une statuette de Tanagra, provenant delîabylone et entrée au British Muséum

serait à classer comme la plus belle et la plus grande figurine d'argile trouvée

 jusqu'ici en Mésopotamie (m".-ii" s. av. J. G.) [(>). — Plus loin encore, on ne

peut que signaler ici l a continuité des publications concernant les sculptures

de Fladda en Afghanistan (7).— M. Poucher a finement commenté l'une des pluebelles trouvailles, le « devà aux fleurs » du grand (umulus Sud ; la tête dériverait

d'un moule ancien, dérivé du type hellénistique d'Alexandre, et accommodé à

la mode indigène peu avant 530 après J.-C. (8). — Pour l'étude des influences

hellénistiques sur la sculpture chinoise, on se référera maintenant aux séries

publiées par V. Segalen, G. d e Voisins et J. Lartigue (9).

(1) Zur Kun^ der rbmischen Itepitblik, 1931, p. 29-31.

(2) Ace. di Archeol. di Napoli, 1929;

(3) Le vol..V, 1 de la série Clara lihodos contient une étude de M. Jacopi sur

les sculptures du musée archéologique de Rhodes. . .

(4) Bibl. archéol. et lus t. du service des Antiquités et des Beaux-Arts en Syrie,t. XVIII : Miss, archéol. dans la Syrie du Nord. Je n 'ai pas vu non plus l'article

de M. R. Herzog, concernant « l'inscription d'une statue d'enfant signée Lysippeà Cos », Schumacher-Festsehrift, 1930, p. 207.

(Ei) BCH, L1V, 1930, p. 262 sqq. ; p. 351.

(6) 11. R. Il (ail), The Bril. mus, Quarlerly, V, 1930, p. 19.

(7) J. J. Barthoux, Les fouilles de lladda, III, figures et figurines.(8) Monum. Piot, XXX, 1929, p. 101 sqq. pi. IX.

(9) Miss, archéol. en Chine, 1914-1917, texte t. I. L'art funéraire à l'époque des

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yh, il*^.-»î>;''<*sç*î-"fîf v

BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 79

1JI— Egypte el Gyrénaïque; Afrique carthaginoise ; Grande-Grèce. Reprenantl'étude des bas-reliefs

quidécorent le Tombeau de

Petosiris,M. Cb. Picard a visé

â montrer, contrairement à P. Montet, et à ceux qui ont suivi son interprétation,

que les scènes sculptées' ne peuvent avoir aucun rapport assuré avec l'art persedu temps des Achéménides; les influences grecques ne sent pas douteuses,

par contre, dans la scène du sacrifice funéraire des taureaux et de l'adoration

du naos; le type des vêtements, les scènes des ateliers d'art (1) indiquentaussi une époque macédonienne; enfin, les défilés de porteurs d'offrandes sont

traités avec toute l'exubérance alexandrine ; on a donc bien là, grâce à M. G.

Lefebvre,dont l'interprétation était la plus sage,un témoin précieux de la plastique

gréco-égyptienne, aux environs de 300 av. J.-C. (2).

M. G. Rodenwaldt remarquant qu'il reste une grosse lacune dans nos con-

naissances sur la polychromie de la sculpture grecque pour le temps comprisentre le iv" s., et l'époque romaine impériale, insiste sur la valeur qu'auraient à

ce sujet, les sculptures du tombeau de Petosiris (date ci-dessus acceptée), si, dit-

il, la publication officielle permettait mieux, ajoute-t-il, d'observer les couleurs;

il donne les résultats de quelques observations personnelles, faites sur place, et

certaines autres remarques dues à II. Schàfer (3;. Un Eros ailé en course (putto)

sur un plateau qu'un trépied supporte (bronze) a été publié par J. Staquet : c'est

un lampadédrome (4). M. E. Breccia a consacré le tome II des Monuments de

l'Egypte gréco -romaine (5) à une étude approfondie et critique des terres cuites

gréco-égyptiennes, si vivantes, qui forment la riche collection du Musée d'Alexan-

rie; on glanera dans est ouvrage uste foule d'observations précieuses. Une missionarchéologique italienne à Umm el Breighât (Tebtunis) a fait découvrir le sanctuaire

de Seknebtouni, le dieu-crocodile de l'antique cité, avec, à l'extrémité Sud de la

Voie Sacrée, devant le pylône du temple, une courette-vestibule décorée de reliefs

(scènes de culte d'es divinités locales : fin de l 'époque ptolémaïque, règne de

Ptolémée Neos Dionysos ?) En outre, on a recueilli trois statues d'art ptolé-

maïque : deux de pharaons, et l'une d'un prêtre, témoins de l'art local (6). — M. C. Anti a consigné comme les année3 précédentes, sous le titre Archeologia

d'oltremare, les principales découvertes faites en 1930, sur les chantiers italiens

Han (cf. l'Atlas, t. I-1I). L'Atlas concernant la sculpture bouddhique du i" auix 5 s. eBt en préparation;

(1) Cf. l'étude de K. A. Neugebauer sur l'atelier d'un tourneur grec en Egyptequi serait l'auteur d'une statue de nègre au Louvre, Schumacher-Festschrift,193C, p. 233.

(2) Bull. Inst. français d'archéol. orientale, XXX, 1930, p. 201-227, 2 pi.(Mélanges Loret).

(3) Arch. Jahrb., XLV, 1930, Anz., col. 262-265.

(4) Un nouvel Eros alexandrin, Bull. Soc. archéol. Alexandrie, n* 26, 1931,p. 33 sqq. (de Gaza : i l eut fallu rapprocher celui de Madhia).

(5) Terrecotte flgurate greche e greco-egizie del Mus. di A., 1930.

(6) G. Anti, JEgyplus, XI, n» 3, 1931, p. 389 sqq.; cf. du même, sur l'urba-nisme de Tebtunis, un article paru dans le fascicule III de Architeltura e artidécorative, 1930; et ci-dessous, Archeologia d'ollre mare, p. 1061.

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80 Cil. PICAULt

hors la métropole (1). M. G. Guidi a publié un beau portrait trouvé à Cyrène eii

1926, et qu'il considérerait comme celui de Ptolémée II Philadelphe. Cette tête de

marbre grec (fig.-S), haute de 0 m. 29, a été découverte sur la colline N.-O. île

Cyrène, et serait une oeuvre alexandrine idéalisée, donc influencée par les modèles

attiques du ive s. (2).

La mission de Cyrène a exhumé lin très beau buste de Démosthène, bien

conservé (nouvelle dérivation, dit-ou, de la statue de Polyeuctos !), et une

statuette d'Hérakliscos, jadis ornement de fontaine. Une révision des sculptures

des magasins a été laite par M. C. Auti lui même (3) M. A. I.. Pietrogrande

signale ladécouverte, à Cyrène, des

fragments d'un groupe représentant

Aphrodite nue avec Triton et dau-

phin (cf. Antioche sur l'Oronte) ; ceserait un original grec du u s. a v.

J.-O. (4). M. VV. Deonna a publié

une importante recherche sur le

groupe îles trois Grâces nues, dans

l'antiquité (Cyrène), et ses suites

dans l'art moderne (îi).Sur la belle publication consacrée

au Trésor de Tarenle par W. P.

Wiiillcuinier et qui intéresse l'his-

toire de la scuplture non moins que

celle de la glyptique, j'ai donné

ailleurs mon opinion : dans un

compte-rendu détaillé de la Revue

archéologique (6), auquel on voudra

bien se reporter éventuellement.

I .e même savant (7) a hien étudié

diverses sculptures funéraires de

 __'Parente, datées de la un du ive s.

Pig. 8. - Plolémée II riiiliHld|.liu. ou du début du m" ; statues et

statuettes (pleureuses, esclaves),

reliefs représentant des thèmes de combats, ou des scènes de la vie d'outre-

tombe, qui ont contribué, avec l'imagerie étrusque, à former la symbolique des

Pig. 8. — Plolémée II riiilnili-lpliu.

(i) III. Campagna 1930; t. XC, 2, des Alli d. Reale Islilulo Venelo, p. 1(149 sqq ;

sur la campagne de 1928, cf. G. Oliviero, Afinca ilaliana, III, 1930, p. 141-229.

(2) Africa ilaliana, I II, 1930, p. 95-106; cr. l'Album paru à l'occasion de l'Expo-sition coloniale : Sculptures antiques de Libye, pi. 18.

(3) Elle lui a permis d'identifier une réplique de l 'Athlète dit de Périnthe (Mus.

Dresde).

(4) Africa ilaliana. II, 192S-9, p. 173-186. Du même, ibid. III, 19.10, p. 104 sqq.,

une étude sur les sarcophages sculptés de la Cyrénaïque.

(5) «eu. archéol. 1930, I, p. 274-332.(fi) Rev. archéol., 1931, I, p. :i56-3fi8.

(7) Aréthuse, 1930, p. 116-127, 15 flg. (pi. XXI-XX111).

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BULLETIN ARCHICOLOGIQUÉ Ol

sarcophages romains. Plus précisément que M. G. Liberlini (ci-dessus, p. 76),

M. A. Greifenhagen (1) attribuerait à un artiste larenlin du me s., la scène odys-

séenne (Polyphonie et Ulysse) de la Kliné de bronze qui a été ci-de»sus signalée. — L'Apollon de Pompei trouvé en 1921 (fig. P) est indubitablement archaisant,

malgré son cerf, malgré même son catogan ; car le mouvement de la jambe

droite est polyclétéen, et la main gauche tient un laurier (2). —Feu G. Krahmer

a proposé de dater de l'époque hellénistique « moyenne », et plus précisémentd'un temps voisin de celui de l'Autel de Pergame, la grande statuette de bronze

du British Muséum (haut. 0 m. 48) qui représente un Hermès nu coiffé du

pétase (Catal. G»-., 1193; Selecl bronzes, pi. 49J. La provenance en est Saponara,dans la Basilicate. On aurait là un original, et non une copie romaine (3).

CH. PICARD.

(1) Rom. MM., XLV, 1930, 3-4, p. 137-1611.

(2) Not. Scavi, 1929, p. 354 sqq. ; cf. pi. 26.

(3)Rom.

Milt., XLVI, 1931, p.130

sqq.

Fig. 9. — L'Apollon de Pompei.

REO, XLV, 1»JÎ, il" 209,

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82 ckÂULES DUGÀS

IV. — CÉRAMIQUE, PEINTURE, MOSAÏQUE.

Ouvrages généraux. — L'ouvrage le plus important est, cette année, le

volume consacré par M. Payne (1) à la céramique corinthienne. 11 renferme une

étude approfondie de la fabrication céramique à Gorinthe depuis la dernière

période protocorinthienne (l'auteur localise dans cette ville le style protocorin-

thiên) : classement des vases, examen des représentations et de l'ornement,

répartition géographique des trouvailles, chronologie des groupes. Un catalogue

réunit, suivant un ordre chronologique et méthodique, 1.S57 exemplaires. Des

chapitres relatifs à la métallurgie, à la sculpture et à la décoration architec-

turale complètent ce tableau de l'industrie corinthienne à l'époque archaïque.Ce volume contient également d'intéressantes observations sur les fabriques

contemporaines, en particulier sur la céramique attique.Les publications en cours se sont régulièrement poursuivies. Du Corpus

vasorum antiquorum (2) ont paru six fascicules : le fascicule 6 du-Biitish Muséum

(par M. Walters), le fascicule 2 du Museo Civico de Bologne (par M. Laurirïsich)le fascicule 4 du Musée National de Copenhague (par MM. Blinkenberg et Friis

Jolianseti ; avec ce fascicule se termine la publication des vases grecs), le fas-

cicule 1 du Museo archeologico de Florence (par M. Levi), le fascicule 2 du

Musée Scheurleer, à La Haye (par M. Scheurleer), et le fascicule 2 de la Biblio-

thèqueNationale

(parMm* Lambrino). M. Albizzati a fait paraître le cinquième

fascicule des Vasi anticki dipinli del Valicano (3) (vases attiques à figures

noires) et M. Langlotz les deux premiers du tome II des Anlike Vasen von der

Akropolis zu Athen (4), tome consacré aux vases à figures rouges.

D'autre part, M. Kobinson, M"e I larcuin et M. Ilifl'e ont publié en deux volumes

un catalogue bien illustré du musée de Toronto (5), et M. Mingazzini le cata-

logue des vases de la Collection Castellani, maintenant conservée au musée de

la Vil la Giulia (6). Dans le Description of the classical collection in Ihe Muséum

of archeology of Leiden (7) de Mlle Brants, le tome II est consacré aux vases

grecs antérieurs au style attique à figures noires.

M. Caskey a commencé, avec la collaboration de M. Beazley, une publication

qui doit comprendre, avec des reproductions à leur grandeur réelle, les vases

attiques du musée de Boston qui paraîtront dignes de cette présentation. Le

premier fascicule contient, avec 30 belles planches, un commentaire développé

(1) Necrocorinthid (Londres, 11. Milford, 1931); 363 p., 53 pi,

(2) Cf. REG, XLIV (1931), p. 90.

(3) Cf. REG, XL11 (1929), p. 82.

(4) Cf. REG, XXXIX (1926), p. 164.

(5) Catalogue of the Greek vases in Ihe Royal Ontario Muséum of arcllaeolog;/,Toronto (Univcrsity of Toronto Press, 1930); 288 p., 108 pi.

(6) Vasi délia Collezione Castellani (Rome, Libreria dello Stato, 1930); 379 p.,100 pi. Ne comprend pas les vases à figures rouges.

(7) La Haye, M. Nyhoff, 1930; 17 p., 20 pi.

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fS* , '• '(* Jf»'->H '.*. ;"IS8W

BULLETIN ARCHEOLOGIQUE 83

des vases reproduits (I). Cet ouvrage paraît être tout à fait indépendant du

catalogue des vases du musée, dont le premier volume, dû à M. Fairbanks (2), a

paru en 1928. / : .

Le livre de M. Jacobsthal sur les rel iefs méliens (3) touche perpétuellement à

l'histoire de la peinture céramique. On aura donc grand profit à le consulter

pour tout ce qui concerne la période à laquelle appartiennent les monuments

étudiés par lui, c'est-à-dire le deuxième et le troisième quarts du v« siècle ; on

y trouvera d'excellentes reproductions de vases de cette époque, inédits ou

insuffisamment publiés.•

Dans son beau volume : II nudo nell' arle. I. Arte antiqua, M. délia Seta a

étudié avec beaucoup de précision, parallèlement à l'évolution de la sculpture,

la représentation de la figure ,nue dans la céramique de la deuxième partiedu

vic et du ve siècle (4) et donné un intéressant aperçu d'ensemble sur la peinture

au v et au iv° (!>). '

En ce qui concerne spécialement là peinture, l'ouvrage, déjà urt peu ancien,

de M. Curlius sur la peinture murale de Pompéi (6) intéresse naturellement

l'histoire de la peinture grecque dont la décoration pompéienne nous conserve

le reflet. — Le fascicule 20 des Den/nnaler der Malerei des Allerlums, de P. Herr-

raann (7), a terminé en 1931 la première série de cette magnifique publication

entreprise en 1904. .

Etudes spéciales.— La collection des Bilder griec/iisclier Vasen (8) s'est

enrichie de deux importants fascicules. L'un, dû à M. Beazley (9) et consacré au

Maître de Berlin, nous offre un tableau complet de l 'oeuvre de ce peintre, telle

que la conçoit l'auteur ; une brève mais très attachante étude esquisse l'évolution

et le caractère de son talent. Dans l'autre, M. Schefold (10) étudie les vases dits

de Kertch ; son travail est' d'autant plus précieux que la céramique du ive siècle

a été  jusqu'à présent négligée et que la plupart des documents, conservés an

musée de Leningrad, sont peu accessibles.

Trouvailles et muséographie. — Musée d'Athènes. On signale l'acquisitionde vases divers, en particulier de vases géométriques et d'un fragment de skyphos

à reliefs (11).

(1) Altic vase painlinos in Ihe Muséum of fine arts, Boston (Londres, H. Mil-lord, 1931).

(2) Catalogue of Greek and Elruscan vases in Ihe Muséum of Fine Arts, Boston

(Cambridge, Mass., Harvard University Press); 235 p., 100 pi. Le t. I contient les

vases antérieurs au style à figures noires.

(3) Die melischen Reliefs (Berlin, H. Relier, 1931).

(4) Milan-Rome, Bestetti e Tumminelli , 1930; en particulier p. 120-124, 158-

f!7, 222-224,242-244.

(5) En particulier p. 409-433.

(6) Die Wandmalerei Pompejis (Leipzig, Seemann, 1929) ; 432 p., 226 flg. 12 pi.Cf. aussi Rom. Milt., XLll (1927), p. 1-83, Beil. 1-12 (Wirth). ;

(7) Munich, Bruckmann.(8) Cf. REG, XL1V (1931), p. 90. -

(9) Der Berliner iWate»'-(Berlin, H. Relier, 1930); 22 p., 32 pi.(10) Kertscher Vaseh (Berlin, II. Relier, 1930); 22p., 24 pi.(U) Arch. Deltion, XI (1927-28), Supplément, p. 1-4 (Théophani l's)

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8,4 CHARLES DUGAS

-> Atliqtte. M11* Papaspyridi et M. Kyparissis (1) l 'ont connaître le contenu d'un

tombeau découvert à Athènes dans le terrain des anciennes écurie» royales : denombreux léeythes à figures noires, une pyxis à figures rouges, un aryballe

signé de Dpuris et une oenochoé attribuée au même peintre. Ils signalent queles fouil les ont prouvé que la fabrication des léeythes et des assiettes à figures

noires s'est perpétuée jusque dans la seconde moitié du ve siècle. — Au Céra-

mique trouvaille de fragments de diverses époques(2). — Sous le dallage du temple

d'Apollon Zoster fragment d'oenochoé corinthienne (3).

Oropos. A l'Amphiaraion d'Oropos déblaiement d'une construction qui, d'aprèsla nature des trouvailles, paraît avoir été u n atelier de poterie (4).

Egine. Trouvaille de vases appartenant à toutes les périodes (5).Corinthe. Les recherches poursuivies par l'École américaine dans la nécropole

Nord ont mis au jour un nombre considérable de vases s'échelîSnnant jusqu'auiv* siècle, mais appartenant principalement à l'époque géométrique (G). Des

trouvailles intéressantes ont également été faites dans la région du temple

d'Apollon, ainsi que dans un terrain, situé à quelque distance, où a pu être

localisé le quartier des potiers; on a exhumé là, en effet, des vases, des pla-

quettes, des figurines, qui s'échelonnent du protocorinthien géométrique à la

fin de la fabrication, c'est-à-dire du vme au ive siècle. Dés rebuts de fabrication,

des tessons util isés comme pièces d'essai, des poteries non cuites ou manquées

mettent hors de doute que le Céramique de Corinthe se soit trouvé à cette place.

A noter en particulier un fragment portant l'inscription : Echéklès... a fait,

une plaquette qui représente la lutte d'Héraclès et de l'hydre, de très nombreuxvases miniature (7).

Péraohora. A l'Héraion de Pérachora, dans l'isthme de Corinthe, importante

trouvail le de poteries protocorinthienrtes et corinthiennes, ainsi que de fragments

attiques, béotiens, laconiens, cycladiqueà, rhodiens et étrusques (8).

Argos. Dans la région de l'Héraion, trouvaille de vases géométriques et corin-

thiens (9).

Sparte. Fragments de vases plastiques ou à décor plastique trouvés dans les

fouilles de Sparte (10).

(1) Arch. Dellion, XI (1927-28), p. 91-92. Cf. REG, XL1II (1930), p. H4.

(2) Arch. Anzeiger, 1931, p. 216 (Karo).

(S) Arch. Deltion, XI (1927-28), p. 51-52 (Courouniotis).

(4) Arch. Anzeiger, 1930, p. 102 (Karo) ; JHS, L (1930), p. 237 (Payne).

(5) Arch. Anzeiger, 1930, p. 129; 1931, p. 275-282 (Karo); JHS, L (1930), p. 244

(Payne).

(6) AJA, XXXIV (1930), p. 403-431 (Shear) ; Arch. Anzeiger, 1931, p. 242-2*8

(Karo). Cf. REG, XLIV (1931), p. 91.

(7) AJA, XXXV (1931), p. 1-30, pi. I-Il (Newhall); cf. aussi BCII, LIV (1930),

p. 472-477 (Béquignon) ; Arch. Anzeiger, 1930, p. 108-111; 1931, p. 251^252 (Karo).

(8) JHS, L (1930), p. 239, pi. X (Payne); BCII, LIV (1930), p. 470 (Béquignon);

Arch. Anzeiger, 1931, p. 259 (Karo).(9) Arch. Deltion, XI (1927-28), Supplément, p. 42(Blegen).

-(10) BSA, XXIX, p. 99,101-104 (Woodward).

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 83

Rhénée. M. Rhomaios (1) étudie les vases découverts par Stavropoulos à

Rhénée, en 1898, et conservés au musée de Myconos. Il rend compte des cir-

constances de la fouille d'après les papiers de l'inventeur et montre que la

chronologie des poteries les plus récentes correspond bien à la date de 425, date

donnée par Thucydide pour la Purification de Délos. Les plus anciennes remon-

teraient aux environs de l'an 800. Celles qui datent de la fin du v« siècle ont été

trouvées dans des tombeaux isolés, en dehors de la grande fosse. L'auteur

précise comment les 2.067 vases de Rhénée se répartissent entre les diverses

catégories céramiques et il publie plusieurs intéressants exemplaires, en particu-lier à figures rouges.

Naxos. A Naxos et dans l' îlot de Palat i. trouvaille de fragments géométriques (2).Crèle. En divers points trouvaille de fragments géométriques et archaïques (3).

Macédoine. A Florina trouvaille de vases divers, s'éclielonnant de la deuxièmepartie du v° siècle à l'époque romaine, en particulier de fragments hellénistiquesà reliefs avec représentation de Vllioupersis (4). — A Micro Karabournou, dans

les environs de Salonique, découverte de quelques beaux vases à figures rougesde la deuxième partie du vc siècle, ainsi que de fragments archaïques naucra-

tites, rhodiens, corinthiens, attiques (5).

Thasos. Découverte de vase3 à figures noires (6).

Lemnos. Découverte de vases « tyrrhéniens », géométriques tardifs, de bucchero,ioniens et attiques à figures noires (7).

Lesbos. A Méthymna importante trouvaille de céramiques de bucchero ; quel-

ques autres fragments de catégories diverses (8).Samos. Publication de la céramique découverte à l'Héraion de Samos. Les

trouvailles comprennent des fragments géométriques, dont la plupart sont

apparentés au style géométrique rhodien et quelques-uns sont les premiers

représentants d'un style géométrique local à figures, des fragments orienta-

lisants dont les uns sont également sous l'influence rhodienne, tandis que d'au-

tres paraissent faire partie d'un groupe samo-éphésien, quelques morceaux pro-

tocorinthiens, corinthiens, de Pikellura et de. bucchero, une grande quantité de

poteries communes appartenant à la période .archaïque, des fragments à figuresnoires ioniens, laconiens, attiques et provenant d'amphores panathénaïques, une

magnifique coupe (très fragmentaire) de style classique, dont l'intérieur repré-

(1) Arch. Dellion, XII (1929), p. 181-223, pi. 9-10.

(2) Arch. Anzeiger, 1930, p. 134-135 (Karo) ; JHS, L (1930), p. 244 (Payne).(3) Arch. Anzeiger, 1930, p. 156, 157, 163, 164, 165 ; 1931, p. 292, 296, 301 (Karo);

JUS, L (1930), p. 251-252 (Payne).(4) BCI1, L1V (1930), p. 300 (Béquignon); Arch. Dellion, XI (1927-28), Supplé-

ment, p. 4 (Théophanidis) ; Arch. Anzeiyer, 1931, p. 273 (Karo).(5) BCFl, LIV (1930), p. 497-498 (Béquignon).(6) ncil, LIV (1930), p. 510 (Béquignon) ; Arch. Anzeiger, 1931, p. 285 (Karo).(7) BCll, LIV (1930), p. 510 (Béquignon) ; Arch. Anzeiger, 1930, p. 139-140;

.1931, p 286 (Karo); JUS, L(1930), p. 247 (Payne).(8) Arch. Dellion, XI (1927-28), Supplément, p. 42 (Lamb); Arch. Anzeiger,

1930, p. 144 (Karo).

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86 CHAULES DU'.AS

sente un. Héraclès sur l'ond blanc, des vases recouverts de vernis noir, souvent

à.décor estampé, appartenant au iv« siècle et à la période hellénistique, de laterra sigillata, des lampes s'étendant du vic siècle à l'époque romaine, des anses

d'amphores avec timbre. Quelques tessons portent des inscriptions peintes ou

incisées (1). — Sur l'emplacement de l'ancienne ville de Samos, poteries de-

diverses époques, surtout hellénistiques (2).Rhodes. Dans les nécropoles dé Camiros, importantes trouvailles do vases

divers (3). D'autre part, acquisition par le musée de deux vases à figures rougeset d'un lécythe à fond blanc (4).

Ephèse. Trouvaille de fragments géométriques (5).

Ithaque. Trouvaille d'un beau cratère corinthien (6).

Bulgarie. Dans des tumuli de la région de Duvanlii (Bulgarie méridionale) ont

été trouvés quelques vases attiques à figures noires, à figures rouges ou simple-

ment vernissés. On remarque en particulier une hydrie du dernier quart duve siècle dont l'épaule est ornée d'une composition représentant une théoxéniedes Dioscures (flg. 1) (~l).

Sicile. Trouvail le d'un lécythe à figures noires dans une tombe de la région

d'Agrigente (8), de coupes vernissées à décor estampé à Marsala (il).

Campanie. A Vitulazio, dans une tombe, trouvaille de vases vernissés, avec

ou sans décor estampé, et de vases peints, qui paraissent appartenir au ive siè-cle (10).

Elrurie. Dans une tombe de la région de Pise trouvaille d'un cratère à figuresrouges du iv« siècle où se voit une scène dionysiaque (11) ; — k Nepi, d'une kélébé

à figures noires'représentant la lutte d'Héraclès et du lion et une scènediony-siaque, ainsi que de quelques fragments d'amphore, également à figures

noires (12) ; -7- à Véies, d'une coupe attique à figures rouges de la deuxièmemoitié du v« siècle (13) ; — à Talamone, d'un fragment de plat de style corin-thien (14) ; — à Tarquinia, de céramiques parmi lesquelles on remarque, à côtéde nombreux produits de fabrique locale (bucchero, vases italo-géométriques),

(1) Ath. MUL, LIV (1929), p. 6-64, pi. 1I-VI (Technau). Cf. aussi BCll, LIV (1930),p. 527 (Béquignon) ; Arch. Anzeiger, 1930, p. 148, 154 (Karo) ; JUS, L (1930),p. 250(Payne).

(2) Arch.Anzeiger,

1930,p. 148; 1931, p.

291-292(Karo).(3) Arch. Anzeiger, 1930, p. 166 ; 1931, p. 302-304 (Karo).

(4) Boll. (Tarte, 1930,31, p. 90-91.

(5) Wien. Jahresh., XXVI, Beiblatt, p. 298 (Reisch).(6) Arch. Anzeiger, 1931, p. 266 (Karo).(7) Arch. Jahrb., XLV (1930), p. 281-322, pi. Vlll-Xl (Filow-Welkow).(8; Not. Scavi, 1930, p. 411-412 (Marconi).

(9) Not. Scavi, 1930, p. 414-415 (Marconi).

(10) Not. Scavi, 1930, p. 549-551 (Mingazzini).(11) Not. Scavi, 1930, p. 513-515 (Modona).(12) Not. Scavi, 1930, p. 522-526 (Stefani).(13) Not. Scavi, 1930, p. 320-321 (Stefani), 344 (fliglioli).

(14) Not. Scavi, 1930, p. 301-302 (Cappelli),

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE .87

quelques exemplaires corinthiens et altiques à figures noires (1). — Le livre de

M. MesserschmHt (2) contient quelques renseignements rétrospectifs sur les

trouvailles de vases faites dans les nécropoles de Vulci.

Gaule méridionale. Note de VI. Jaeobsthal (3), accompagnée de reproductions,

sur les trouvailles de vases grecs faites à Marseille et dans l'Ouest de la Provence,

ainsi que dans le Languedoc méditerranéen.

Collection Loeb, Les vases de la collection James Loeb, à Hochried, Murnau

(Bavière), ont été publiés par M. Sieveking (4). En dehors d'une pyxis corin-

thienne, d'une coupe et d'un lécythe italiotes, la collection comprend une ving-

taine de vases altiques à ligures noires ou à figures rouges et quelques fragments.

Musée de l'Ermitage. Note sur quelques vases corinthiens et attiques (une

(1) Nol. Scavi, 1930, p. 113-184, pi. V-V1I (Cultrera) ; Mon. ant., XXXIII, p. 417-

418, pi. XXXU (Gargana).

(2) Nelcropolen von Vulci {Avch. Jahrb., XII. Ergânzungsbeft), passim,

(3) Avch. Anzeiger, 1930, p. 211-234.

(4) Bronsen, Terraliotl.cn, Vasen (1er Sammlung Loeb (Munich, 1930), p. 52-63,pi. 38-53,

Fig. t. — llydrie altique. Tliéoxéuie des Dioscures.

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8ti CHARLES DUO AS

hydrie à figures noires, deux amphores à figures rouges) récemment entrés à

l'Ermitage (1).

Collections américaines.En vue de leur publication dans le Corpus M. Smilh(2) aétabli une très utile liste des collections américaines, complétant celle qu'a

utrefois dressée M. Philippart (3).

Ftg. 2. — CraUVe ajuilien. Rapl d'Orilliyie par Bortfc.

(1) Arch. Anzeiqer, 1930, p. 21-36 (Korsunska).f (2) Americ. Councilo: learned societies, Bulletin n<>14 (1930), p. 39-54,

(*) Cf. WG, XL11 (1929), p. 90,

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BOLLETliS AKCHÊOLOG1QCE 89

Musée de Providence. M. Luce (1) publie trois alabastres et un askos apparte-

nant au musée de Providence qui sont de jolis spécimens à figures rouges.

Formes et thèmes. — Aryballe. Très utile étude sur l'aryballe, dont M. Beaz-

ley(2) examine successivement les deux types, le type corinthien et le type atti-

que, en faisant connaître deux nouveaux exemplaires de cette seconde catégorie.

M 11»Haspels (3) complète ce mémoire en expliquant les différentes façons dont

l'aryballe pouvait être suspendu au poignet.

Alhéna tenant un casque. Lécythè de New-York et amphore de Leyde, tous

deux à figures rouges, où se voit Athéua avec son casque à la main (4).

Gorgonéion. M. Marinalos (5) montre que le type du gorgonéion dérive de la

tradition crélo-mycénienue. Le masque terrible, les serpents sont des attribut,

de la gra-nde déesse miiioenric, plus particulièrement de sa forme.chlonienne ; le

geste de f'ersée détournant la tête pour décapiter la Gorgone s'explique égalementpar un rite niinoen.

Apollon el Arlémis. A propos de l'Auguste de Prima porta, reproduction de

deux coupes à figures rouges tardives du musée de Vienne qui représentent

rcspectivement Apollon sur un griffon et Arlémis sur une biche (6).

Dieu de la guerre. Etudiant un aryballe corinthien où se voit une grande tête'

casquée entre deux hommes également casqués, M. Kern (1) y reconnaît la repré-sentation d'une divinité guerrière sortant du sol en présence de deux adorateurs.

Borée el Orithyie. M. Walters (8) étudie un beau cratère apulien, récemment

entré au British .Muséum, qui représente le rapt d'Orithyie par lîorée (flg. 2).

Silène.Remarques

sur lareprésentation

du

type

de Silène âgé, avec barbe el

cheveux blancs (9).

Thésée chez Antiope, citasse d'Alalanle. Noie sur une amphore de Vienne dont

la face principale représente la réception de Thésée chez Antiope. Sur le revers,

par comparaison avec une amphore du musée d'Athènes (10), M. Defner (11) recon-

naît les chasseurs de Calydon réunis autour d'Alalanle.

Bouzygès el, l 'invention du labourage. M. Robinson (12) publie un beau cratère

à ligures rouges de.sa collection représentant Uou/.ygos, inventeur de la charrue,

labourant en présence d'Athéna et de Cécrops.

Mari de Méléagre. Note sut l'amphore de Naplcs représentant la mort de

(1) ^./.-1,XXXV (1931), p. 298-303.

(2) USA, XXIX, p. 193-215, pi. lll-IV.

(3) BSA, XXIX, p. 216-223, pi. IV A.

(4) daz. Beaux-Arts, 1931, 1, p. 81-82 (Reinach).

(5) Arc/,. Epli., 1927-28, p. 13-41. Cf. aussi Gérojaunis, Arch. Epli., 1927-28,

p. 128-176.

(G) llom. MM., XLI1 (1927), p. 209, Beil. 24 (Lôwy).

(7) Ki Hall. Winekelmannsprogr., p. 5-9.

(8) JHS, Ll (1931), p. 86-90, pi. IV.

(9) Feslschrifl fur J. Loeb, p. 103-106 (Weickcrt).

(10) Cf. HEG, XL1(1928), p. 27a.(11) Arch. Eph.., 1927-28, p. 177-181. / 

(12) AJA, XXXV (1931), p, 132-160.

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90 CHARLES DUGAS

Méléagre. M. Kakndis (1) explique pourquoi le peintre a groupé autour Je cette

scène, à lit re de pères tragiques, les trois figures d'Oineus, de Thésée et de Pelée.

Thyesle. Vases pouvant se rapporter à une tragédie de Tliyesle, probablement

d'Euripide (2).

Iliade. Les représentations de scènes de VIliade, épisodes divers et combats,ont été réunies, classées et étudiées avec beaucoup de soin par M. Bulas (3). 11 a

recherché en particulier quels sont, suivant les époques, les thèmes de prédi-lection.

Influence de l'épopée: M. Zschietzschmann (4) montre que l'introduction des

sujets épiques dans le répertoire attique date des environs de 560, c'est-à-dire

du moment où sont instituées à Athènes les récitations homériques.• le molu. M. Marinatos (S) propose de reconnaître Ulysse tenant la plante

magique dans la figure peinte sur une plaquette du musée de Berlin.

Nudité féminine. Remarques sur les représentations de femmes nues aux vi« etve siècles (6).

Coiffure. Remarques sur la transformation de la coiffure au milieu du

v« siècle. C'est à ce moment qu'à l'arrangement des cheveux en c ouronne de

boucles au-dessus du f ront se substitue la disposition plus simple en mèches

demi-longues tombant autour de la tête (7).

Quadrige. M. I>eonna(8) publie un alabastre corinthien du musée de Genève et,

à propos de ce vase, il étudie la façon dont ont été représentés le quadrige et

son attelage; il distingue les divers types et précise durant quelles périodes

chacun d'eux a été employé de préférence.

Anthesléries. M. Nilsson (9, reconnaît sur une amphore à figures noires de

Munich le mélange rituel du vin, mélange qui se faisait au Limnaion le jour des

Choès, et il revient h ce propos sur les vases qui il lustrent la fête des Anthesté-

ies (10).

Sacrifice du taureau. A propos des représentations de ce sujet sur des bas-

reliefs romains, M. Brendel (11) étudie les représentations, rares dans l'art grec,

du sacrifice du taureau, depuis un alabastre corinthien du musée de Berlin jus-

qu'au tableau de Pausias mentionné par Pline, XXXV, 126 ; il examine en pas-

sant quelques exemples de représentations apparentées, telles que Thésée domp-

tant ou Europe caressant le taureau.

(1) Arch. Eph., 1927-28, p. 206-209.

(2) Festschrift fur ,/. Loeb, p. 16-19 (Bulle).

(3) Us illustrations antiques de VIliade {Eus supplemenla, III, 1929), 144p.

(4) Arch. Jahrb., XLVI (1931), p. 45-60.

(5) Arch. Eph,., 1921-28, p. 201-202.

(6) Rom. MM., XL1V (1929), p. 11-13 (Schweitzcij.

(7) Arch. Jahrb., XLVI (1931), p. 20-23, 25-26 (Matz). CI', aussi Genava. IX

(1931), p. 95 (Deonna).

(8) Genava, IX (1931), p. 125-167.

(9) Sitzunqsber. Bayer. Akad. der Wissensch., l'hilos.-hisl. Abteilung, 1930,

l'asc. 4 (15 p., 1 pi.).

(10) Cf. REG, XLll (1929), p. 91.(il) Rom. mit., XLV (1930), p. 217-226, pi. 80-81.

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^r^^'^^^y/ii.iiftps^^f^ifi^^^^rff^-.y^i^ ;ys

BULLETIN AltClIltOLOGIQUtî 91

Acteurs. A propos d'un beau fragment de Wurzbourg où se voit un acteur se

présentant au public à la fin de la pièce, le masque dans une main, une épée

dansl'autre

(fig. 3),M. Bulle

(1)étudie une série de vases du iv° siècle sur les-

quels les figures d'acteurs et d'acrobates ou les simples masques tiennent une

place prépondérante. Il en rapproche le beau tableau sur stuc et une peinture

murale d'Herculanum, au musée de Naples, qui illustrent, eux aussi, la vie des

acteurs.

Mime. D'après Mlle Pinto Golouibi (2) le cratère de Lipari (3) et, les mosaïques

de Diosoouridès de Samos se rapportent à des scènes de mime, genre dans

lequel les acteurs avaient, contrairement à l' idée longtemps reçue, la faculté de

porter un masque.

Fig. 3. —Fragment do Wut'zboui'g. Acteur se présentant au public.

Scènes de la vie privée. Dans une brève esquisse, suivie d'une bibliographie,M. Philippart (4) reconstitue, d'après les vases peints, les principaux aspects de

la vie athénienne.

Mariage. A propos de la coupe d'Euphronios où se voient les noces de Thétiset de Pelée, Mlle Haspels (5) étudie les vases où est représenté le cortège nup-

tial; elle publie une belle loutrophore d'Athènes due au Peintre des baigneuses.

(1) Festschrifl fur J. Loeb, p. 5-37, pi. II.

(2) liendicouti Accad. dei Lineei, 1931, p. 38-53, pi. l-lll.

(3) CI'. ItEG. XLI (1928), p. 2SG et, fig. 19.

(4) UAlhènes des vases peints (exlr. de l'Acropole, 1930); 21 p., 4 pi,(t'>) UCH, UV (1930), p. 431-444, pi. XXUl-XXIV,

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92 CHARLES DL'GAS

Verseur d'huile. Mention Je trois vases de style sévère sur lesquels se trouveune figure d'éphèbe se versant de l'huile dans la main en vue de s 'oindre le

corps (1).Harpe. M. Herbig (2) examine les représentations de la harpe et recherche ce

qu'elles nous apprennent sur ses formes, son emploi et son histoire. La harpese voit presque exclusivement entre les mains des femmes, dans les scènes

d'intérieur; c'est donc un instrument plus intime que la lyre ou la cithare.M. Herbig publie à celte occasion deux beaux cratères nuptiaux de New-York et

d'Athènes dont l 'auteur est le Peintre des baigneuses.

Lyre. L'examen des représentations de la lyre à l'époque géométrique confirme

la tradition relative à Terpandre. A cette époque la lyre a très généralement

quatre cordes; si Terpandre n'a pas inventé l'instrument à sept cordes, il a dû le

faire connaître et en

répandre l'usageen

Grèce,car c'est de son

temps qu'ildevient la règle (3).

Blé. Remarques relatives à la représentation des épis de blé dans la main de

Triptolème sur le skyphos de Hiéran et à l'interprétation des plantes de blé qui

poussent sur un tombeau dans le décor d'un vase apulien (4).

Rayons de miel. Leur représentation sur des vases attiques (îi).Prolome de cheoal. Observations sur le' motif de la tète de cheval apparais-

sant a la fenêtre de l'écurie, motif différent du symbole funéraire de la tête de

cheval dans un cadre (6).

Monstres. Mr Deonna (-7) reproduit un alabastre corinthien, appartenant au

musée de Genève, où se voient des êtres monstrueux à organes communs.

Fenêtre. Représentations de fenêtres sur des vases de l'Italie méridionale (8).Voûte céleste. Remarques sur la représentation de la voûte céleste (9).Périodes géométrique et archaïque. — Style géométrique. M. Roes (10)

consacre un petit volume bien illustré au vieux problème de l'origine du style

géométrique. Après l'historique de la question, il y expose sa propre théorie

d'après laquelle il faut chercher en Asie, plus précisément dans la céramique

protoélamite, l 'origine du style géométrique. L'influence de cette céramique se

serait exercée ci^ Grèce dès le IIe millénaire, et c'est ce qui expliquerait les ana-

logies relevées entre le décor des vases géométriques du I" millénaire et celui

des vases de Phylacopi ou des vases mycéniens tardifs. — D'autre part, M. D[us-

saud] (tl) signaledans le Nord

de la Mésopotamie, à Tell llalaf, la trouvaille de

(1) $9. Berlin. Wincltelmannsprogr., p. 35-36 (Weege),

(2) A th.. MM., L1V (1829), p. 164-193, pi. VIl-Vlll.

(3) Alh. Mitt., LIV (1929), p. 194-200 (Deubner).

(4) Feslschrift fur ./. Loeb, p. 113-114, 123-125 (Wolters).

(5) BCH, LIV (1930), p. 414-415 (Demargne).

(6) nom. Mitt.,XLU (1927), p. 120-126, Beil. 14 (Herbig).

(7) Genava, IX (1931), p. 202. Cf. IOEG, XLIV (1931), p. 98.

(8) RUm. Mitt., XLIV (1929), p. 267-268 (Herbig).

(9) Hom. Mitt., XL1I i l927), p. 127-128 (Herbig).

(10)De

Oorsprony

der neometrisclw Kunst(Harlem, Tjeenk

Willink en Zoon,

1931) ; 148 p., nombreuses fig. ; bref résumé en français.

(11) Syria, Xll (1931), p. 93-94.

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 93

vases (fin du II* millénaire] qui offrent avec le style géométrique grec des affi-

nités remarquables.

Vaset crétois. M. Payne (1) publie une série de vases trouvés à Cnossos et

appartenant aux périodes protogéométrique, géométrique et orientalisante. Son

étude met particulièrement en lumière deux points : d'abord, l'existence en

Crète d'un véritable style géométrique et son importance ; ensuite, l'influence

prépondérante exercée par la céramique chypriote dans la formation du style

crétois orientalisant. Le groupe le plus curieux est celui des pithoi ovoïdes à

trois pieds et à quatre anses, ornés d'un décor polychrome et appartenant au

début de la période orientalisante (flg. 4). Un des exemplaires les plus

remarquables est le pithos, également à décor polychrome mais monté sur pied

unique, dont le rebord porte une frise de poissons et l'épaule des tiges feuil-

lues surlesquelles

sontposés

des oiseaux(fig.

5). —Dans la Classification de*

(1) BSA, XXIX, p. 224-298, pi. V-XXV.

Fig. *. — Pithos de Cnossos à décor polychrome. Fig. 5. — Pithos de Cnossos.

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H CHAULES DUGAS

céramiques antiques (1) le n° 15 : Céramique de la Crète préhellénique, par

M.'Demargne, résume en un court chapitre les caractéristiques de la poterieCretoise au début de l'époque du fer.

Vase proloaltique. M. Karo (2) publie un intéressant fragment de grand sup-

port protoattique trouvé à Égine ; la représentation principale consiste en une

suite de guerriers dont l'un est désigne du nom de Ménélas (flg. 6).

Coffre de Kypsélos. Nouvelle étude d'ensemble sur le coffre de Kypsélos, en

particulier sur l'ordre dans lequel sont énumerés les sujets de certaines

zones (3).

Coupes à figures noires. A propos d'une coupe conservée à l 'Université al le-

mande de Prague, M. Gotsmich (4) a examiné, sans d'ail leurs connaître son tra-

vail, la série de coupes précédemment étudiées par M. Greifenhagen (Ei). Au licjl

d'en l'aire un groupe entièrement attique, il répartit les exemplaires entre la

fabrique attique et la fabrique corinthienne. Kemarques sur la formation du

type de la coupe à rebord.

Vases béotiens. M. Eichler (6) signale une nouvelle signature (Phithé) incisée

sur un aryballe annulaire du musée de Vienne.

(l)Cf. REG, XLIl (1929), p. 82.

(2) 2(i Hall. Winckelmannspronr., p. 10-14, pi.

(3) REG,XUV (1031), p. 24I-27S (Méaulis). Cf. IlEG, XM (1928), p. 288.(4) Su delà, VI (1930), p. 143-154.

(5) Cf. REG, XUIl (1930), p. 114.

(0) Glotla, XVIII (1930), p. 1-4.

Pip;. G, — Fragment il'un vase protoattique ri'Bginn.

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 9o

Vases laconiens. Note sur une oenoclié trouvée à Sparte, que l'auteur rapproche,

eu particulier, de la coupe fie Naucratis où se voit la figure dite de la nympheKyréné (1).

Période classique. — Fragments reconstitués. M. Beazley (2) rapproche de

nombreux fragments à figures rouges, appartenant à diverses collections, spé-cialement aux collections Castellani, à Rome, et Campana, à Florence, frag-

ments dans lesquels il reconnaît les mêmes vases,

Amphores panathênaiques. M. Mingazzini (3) essaie de prouver que l'huile don-

née en prix aux vainqueurs des Panathénées n'était pas exclusivement con-

tenue dans les amphores dites « panathênaiques » et, d'autre part, que le com-

merce de ces vases n'était soumis à aucune restriction administrative, mais

qu'ilsétaient librement

fabriquéset vendus.

Euphronios. Deux fragments nouvellement entrés au musée d'Athènes ont

permis à Mlle Haspels (4) une reconstitution plus complète de la coupe d'Euphro-nios représentant les noces de Thétis et de'.Pélée. A ce propos elle groupe autovir

de ce vase une série de coupes à figures rouges, peintes dans le même style « de

parade », dont elle regarde Euphronios comme l'initiateur.

Douris. Mlle Papaspyridi et M. Kyparissis (5) étudient l 'arybâlle signé de Dou-ris qui a été trouvé dans le terrain des anciennes écuries royales (6), et ils retra-

cent à ce propos l'évolution du talent de ce peintre, dont ils partagent lacarrièreen quatre phases.

'

Macron. Joli aryballe, portant le nom d'Hippodamas et représentant des gar-çons s'amusant avec de petits chariots. M.Beazley (7) attr ibue ce vase à Ma-cron et complète la liste qu'il a précédemment donnée des oeuvres de ce peintre.

Vase plastique. M. Marconi (8) étudie des fragments, trouvés à Agrigente et

appartenant à u n vase en forme de mulet portant un canthare. Il propose une

reconstitutiou de cette curieuse poterie, qui est ornée de figures rouges de sty-le sévère (fig. 7).

Cratère des Argonautes. Observations sur le caractère des draperies et des

gestes (9).

Sotadès. Bonne publication du beau rhyton de Sotadès, représentant une Ama-zone à cheval, trouvé a Méroé et appartenant au musée de Boston (10).

Peintres du style libre. Intéressantes notes relatives à des vases du maître del'amphore Chouvalof (flg. 8), du maître d'Achille et du maître des Niobides, vases

(1) BSA, XXIX, p. 108-112 (Tankard). Cf. REG, XL1II (1930), p. t'15-116.

(2)mS, 1.1(1931), p. 39-36. .

(3) Vasi délia collezione Castellani, p. 352-3S4.

(4) DCH, LIV (1930), p. 422-451,. pi. XX-XXIV.

(fi) Ardu Dellion, XI (1927-28), p. 93-110, pi. 4-5.

(6) Cf. REG, XLUI (1930), p.'114 et fig. ).(7) BSA, XXIX, p.187-193, pi. I1I-1V.

(8)Boll.

d'arte, 1931-32, p. 64 70.(9) Biim. Mitt., XLV (1930), p. 4-5, 9 (Gurtius).(10) Festschrifl fûrj. Loeb, p. 81-90, pi. X-XI (Sanbofn). Cf. REG, XXXV11(1924),

P- 223, fig. 11.. ,

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90 CHARLES DUGA.S

se trouvant principalement au musée de l'Ermitage ; reproductions de la plu-

part de ces vases (1).

Peintre des baigneuses. Cf. p. ^2, paragr. Harpe, et p. 91, paragr. Mariage.

Gourion. Le nom de potier inscrit sur deux pyxis à figures rouges de Copen-

hague et de Londres ne doit pas se lire Maurion, mais Gaurion (2).

Lécythes funéraires. M. V. H. Poulsen (3) fait connaître douze lécythes à fond

blanc conservés à la Glyptothèque Ny-Carlsberg ; il étudie soigneusement le style

de chacun d'eux en le replaçant dans l 'oeuvre du maître auquel il l'attribue.

Fig. 7. — Vase plastique d'Agi'igenle. Fig. 8.

Vases du Cabirion. Commentant les représentations caricaturales de thèmes

héroïques qui décorent les vases trouvés au Cabirion de Thèbes, M. La-

palus (4) montre qu'elles se rapportent pour la plupart à la légende de hé-

ros considérés comme des «justes souffrants» et vénérés comme tels dans la re-

ligion cabirique ; elles sont, d'après lui, inspirées de compositions scéniques qui

(l)Rom. mit., XLII (1927), p. 230-240, Beil. 30-33 (Peredolski).

(2) Hermès,LXVl (1931), p. 119-122 (Blinkenberg).(3) Fromthe collections of the Ny Carlsberg Glyptothek, 1931, p. 162-196.

H)Rev. arch., 193$, II, p. 65-88.

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BULLEÏIN ARCHÉOLOGIQUE 97

he devaient pas faire partie des mystères eux-tnémes, mai» qui étaient jouées

à leur occasion par une corporation d'acteurs comiques.

Vases polychromes à fond noir. Dans une intéressante étude sur les vases po-lychromes à fond noir M. Bulle (1)réunit une série de ces poteries qui lui pa-

raissent provenir du môme atelier. Cet atelier est caractérisé par la nature pic-turale du rendu des figures et par la prépondérance des sujets empruntés aux

choses du théâtre. L'auteur le localise à Tarente et montre ses étroites relations

avec la céramique de Gnathia.

Céramique sicilienne. Rapprochant des trois cratères de provenance syracii-saiue autrefois publiés par M. Pace (2) un cratère du musée de Berlin, M.Wuil-

leumier (3) montre l'affinité de ces quatres vases dont il suggère de localiser

la fabrication en Sicile; il examine également leurs rapports avec d'autres

poteries, en particulier avec le cratère de Tirésias et celui de la Dolonie,

tous deux trouvés à Pisticci.

Céramique italiole. Observations sur le sens des scènes dionysiaques et eroti-

ques représentées sur les vases de l'I talie méridionale (4).Période hellénistique.

— Vases de Centuripe. Rapprochements entre le dé-

cor des vases de Centurjpe et les peintures murales de la Farnésine (5).'

Céramique à reliefs. Etudiant les vases à reliefs apuliens dans leurs rapportsavec l'orfèvrerie de Tarente, M. Wuilleumier (6) montre l'influence profondeexercée par celle-ci, à tous points de vue, sur les oeuvres des potiers. Aux pro-ductions apuliennes il rattache la céramique argentée d'Orvieto et de Bolsène,

dont il considère les fabriques comme des filiales des ateliers méridionaux,

subissant, elles aussi, le rayonnement du grand centre tarentin.

Lampes. Lampes ornées de figures en relief (1).— A Gorinthe trouvaille de

deux lampes d'époque romaine (8) . — PuLlication des lampes trouvées par M.

Robinson (9) dans ses fouilles d'Olynthe : ces lampes, au nombre d'une cen-

taine, se répartissent en huit séries et s'échelonnent du début du VIeme au mi-

lieu du 1V° siècle.

Peinture. — Eleusis. M. Wirth (10) signale à Eleusis un fragment de pein-ture murale de l'époque d'Hadrien.

ligine. Peintures du style d'incrustation, ornant les parois de tombeaux (li).

(1) Festschrift far J. l.oeb, p. 8-37, pi. 11.

(2) Cf. REG, XXXVI (1923), p. 449-450; XXXVII (1924), p. 22G.

(3) linv. arch., 1931, 1, p. 234-251.

(4) Wuilleumier, La sculpture funéraire de Tarente (extr. d'Arélhnse, 1930),p. 10.

(5) RSm. MUl., XLIV (1929), p.45-46, pi. 9 (Ippel). '« \.(6) Le trésor de Tarente [collection E. de Rollischild)^ p. 81-118, pl.Xl{r,^6,(7) Arch. Deltion, XI (1927-28), p. 45-47 (Courouniotis) ; Supplément), p. 2, 4

(Théophanidis). /.*

(8) AJA, XXXIV (1930), p. 427-428 ( Shear). ! .'

 \ (9) Excavations at Olynlhus, 11, p. 129-145, fig. 297-307. .'

(10) Rom. Milt.,XL1V (1929), p. 158-159, 165, '

(11) Arch. Anzeiaer, 1931, p. 275-276 (Karo). '„. f)\  

HEtt, XLV, 1032, n» 209. "

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ÔÔ CHARLES DUGAïi

Corinlhe. Restes de stuc peint de l'époque romaine (1).

Samos. A Tigani trouvaille de stucs peints correspondant aux IIIe et IV'

styles pompéiens (2).

Iliade. Examen des peintures représentant des scènes tirées de Vlliade (3).

Pavrhasios. M. Picard (4) essaie de préciser l'emplacement des peintures qui

ornaient le Dionysion neuf d'Athènes et de prouver qu'elles étaient l'oeuvre de

Parrhasios.

Pausias. Cf. p. 90, paragr. Sacrifice du taureau.

Mosaïque. — Mélhode'de fabrication. Dans un intéressant mémoire M. Ip-

pel (S) étudie la façon dont ont été fabriquées la mosaïque d'Alex,andre et toute

une série d'autres mosaïques pompéiennes ; il montre que cette fabrication se fai-

sait par morceaux dont l'exécution, était confiée à des ouvriers différents et

qui étaient ensuite rapprochés. Cette méthode explique les erreurs et les discor-

dances que l'on constate jusque dans les plus belles de ces oeuvres.Corinlhe. Déblaiement de mosaïques appartenant à la basse époque romaine (6).

Argos. Trouvaille de mosaïques d'époque romaine (7).

Iléraia. Trouvail le d'une mosaïque (8).

Kig. 9. — Mosaïque de Délos.

(1) Arch. Anzeiger, 1931, p. 249-250 (Karo).

(2) Arch. Ameiger, 1931, p. 290-291 (Karo).

(3) K..Bulas, Les illustrations antiques de l'Iliade (Eus supplêmenta, 111,1929),en particulier p. 77-138.

(4) l iev. de Philologie, 1931, p. 209-221.

{S) liôm. Milt.iXLV (1930), p. 80-110, pi. 32.

(fi) AJA, XXXIV (1930), p. 438-439, 448 (de Waele).

O) Arch. Anzeiger, 1931, p. 261 (Karo).

(8) Arch. Anzeiger, 1931, p. 263 (Karo).

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 99

Détos. Fouille d'une maison ornée de plusieurs belles mosaïques dont la plus re-

marquable représente un personnage dionysiaque assis sur une panthère (fig. 9) (1).

Olynthe. Description détail lée des mosaïques trouvées dans les fouilles améri-

caines (2).

Lesbos. Trouvaille de deux mosaïques ; dans l'une, oiseaux et tête de femme,dans l'autre, tritons (3).

Cos. Trouvail le d'une grande mosaïque ornée de motifs géométriques et de

poissons (4).

Céphalonie.Trouvaille d'une mosaïque avec des dauphins, d'époque romaine (a).

Cherchell. Trois mosaïques reproduisant des épisodes de la légende d'Achille;

vraisemblablement d'après des modèles grecs (6).

Charles DUOAS.

V. — NlIMISMATIQHK.

(réw-ralilés. A signaler un nouvel annuaire (7) qui donne la liste des difle»

rentes collections numismatiques, nationales et particulières, de l'heure présente,

mais sans fournir de renseignements sur l'importance de ces collections comme

l'ancien Guide de Gnecchi (R).

Sur le modèle du Corpus Vasorum, la British Academy a entrepris — mutalis.

mulandis — la publication, accompagnée de reproductions photographiques, des

principales collections anglaises de monnaies grecques. Le premier fascicule de

cette publication vient de paraître (9), grandes planches accompagnées d'une

brève description par M. E. S. G. Robinson, du Department of Coins and Medals

au British Muséum. Il comprend la collection du Capt. E. G. Spencer-Churchill,M. G., de Norhvick Parle et la collection Salting, du Victoria and Albert Muséum.

L'ouvrage sera continué par la publication des magnifiques séries de la Grande-

Grèce et de la Sicile appartenant au Dr et à MissLIoyd, à Cambridge.L'avant-dernier fascicule du manuscrit laissé par E. Babelon, vient de paraître

(i.i BCff, LIV (19:(0), p. 511-314 (Réquignon) ; Arch. Anzeiger, 1931, p. 283

(Karo).

(2) Robinson, Exeaoalions al Olynthus, II, p. 25-26,42, 5G-59, 80-88, pi. I, f lg. 99,123, 205. Cf. REG, XLII1 (1930), p. 124.

(3) Arch,. Anzeiger, 1930, p. 144 ; 1931, p. 285 (Karo).(4) Arch. Anzeiger, 1930, p. 167 (Karo).(5) Arch. Anzeiger, 1931, p. 267 (Karo).(6) Met. d'arch. et d'hist., XLVIII (1931), p. 109-123 (Bruhl).(7) Mario Rolla, Annuaire numismatique général, Torino, 1931. ln-8», vi-167 p.(8) K. E. Gnecchi, Guida Numismalica, Milano, Ulrico Hcopli, 4" edizione, 1903.

(9) Sylloge Nummorum graecorum. Vol. I. Part. I. — London, Oxford Univer-

sity Press, ln-fol., ix p.-VIII pi. Tirage limité à 300 exemplaires. Les reproduc-tions sont, presque toutes, excellentes.

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7/29/2019 Revue Des Etudes Grecques 45, 1932

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iÔO A. bAVID LE SOFFiEÙR

par les soins de son fils (1). Il t race le tableau de la numismatique des villes dela Macédoine et de la région du Pangée, des rois de Paeonie, des rois et

dynastes de Thrace, enfin d'Abdère, entre les guerres modiques et l'époqued'Alexandre.

L'ancien, mais toujours utile manuel d'A. de Barthélémy vient de faire l'objetd'une réédition (2). M. Salvatore Mirone, d'autre pari, a donné une édition nou-

velle, refondue et augmentée (3), de l'ancien manuel d'Ainhrosoli (4).M. I. G. Milne a écrit (5) un résumé substantiel de l'histoire du monnayage

grec, éclairé d'illustrations très heureusement choisies. C'est un guide qui sera

certainement utile aux étudiants. Un chapitre, relativement important, traite des

moyens d'échange avant la monnaie frappée, mais le rôle de la monnaie dans

l 'histoire de l 'Art a été négligé et la bibliographie est très sommaire.

Cabinet des Médail les et Antiques de Paris, Le Cabinet a reçu en dépôt la trèsremarquable collection de M. Carlos de Beistegui (6) : les pièces grecques, peu

nombreuses, sont toutes des exemplaires rares et dans un état de conservation

exceptionnel. Le catalogue est en préparation.M.Jean Babelon a publié le troisième volume du catalogue de la riche collec-

tion de Luynes ("!), volume qui comprend les monnaies de l 'Asie-Mineure et de

la Phénicie.

British Muséum. Rendant compte des acquisitions récentes du Department of

Coins and Medals dont.il vient d'abandonner la direction pour assumer la direc-

tion générale du Musée, M. G. F. Hill signale (8) un certain nombre de monnaies

de Terina, Tyra, Chersonèse Taurique, Mendé, Néocésarée du Pont, Colophon,

Cnide, Rhodes, Syrie (Démétrius Ier), Perse, Alexandrie (Antinous), Axum (negusElla Gabaz). La collection britannique s'est également accrue d'une série de

monnaies de la Russie méridionale et des côtes du Pont-Euxin (collection Doguel)et d'une série de bronzes d'Athènes, don du Rev. Edgard Rogers, parmi lesquelsun bel exemplaire de la pièce représentant l'Acropole (9).

(1) E. Babelon, Traité des monnaies grecques et romaines... I l' l'artie, Descrip-tion historique, t. IV, fasc. IV, Paris, 1930. ln-4°, p. 673-896 et pi. CCCXXI-CCCXXXV.

(2) A. de Barthélémy,Numismatique

ancienne. Paris, 1929.ln-8°,

480p.,

et un

Atlas.

(3) Salvatore Mirone, Numismatica. — Milan (Manuali Hoepli), 1930. In-12, xi-283 p., fig.

(4) Première édition en 1891.

(5) J. G. Milne, Greek Coinage. — Oxford, 1931. In-8», vi-131 p., XII pi.— l)u

même auteur, Greek Monelary standards (Annali of archaeol. and anthrop., 1930,p. 17-80).

(6) Exposée depuis le 1er décembre 1931.

(7) Catalogue de la collection de Luynes. Monnaies grecques, 111. — Paris, 1930.

in-4% 115 p'. et pi. XC-CXVII.

(8) Greek coins acquired by the Brit ish Muséum In 1929 (Sumiimatic Chronicle,

1930, p. 285-299, pi. XIX-XXI).(9) Voir: Svoronos, Les Monnaies d'Athènes, p). 98, n° 32.

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BULLLTI.N AKCHËOLQCiigUE l'Ô'l

Egalement, parmi les récentes acquisitions du British (I), un statère d'Aptère

eu Crète avec ia signature du graveur Pylhodoros ; au revers, le héros désigné

par la légende I1T0A101KOS est Ptéras, le fondateur de la vil le.

D'autres acquisitions récentes doivent trouver place dans les catalogues, en

préparation, de l'Afrique du Nord et de l'Espagne. La trouvaille de Tarente

est examinée par M. Vlasto (2) et celle du Delta a été décrite antérieurement par

M. Robinson (3), qui prépare également une étude sur le trésor de Makri (mon-naies d'Éphèse et des dynastes de .Carie).

Ashmolean Muséum. La série des tessères de plomb s'est accrue récemment

dans des proportions notables grâce aux acquisitions effectuées en Egypte parM. R . G. Peckitt. M. J. G. Milne, en les commentant (4), apporte quelques recti-

fications à ses études antérieures (5).

Filzwilliam Muséum. M. S. W. Grose publie le troisième volume de la magni-fique collection Me. Glean (Asie-Mineure, Asie centrale Egypte, Afrique) (6).

New-York. Le Metropolitan Muséum a acquis (7) de belles monnaies d'or de la

série des Ptolémées (Plolémée II, Ptolémée III, Arsinoé II au K, etc.).Athènes. La plus importante acquisition du Musée Numismatique est constituée

par l'ensemble des pièces provenant de Gorinthe, signalées plus bas parmi lés

trouvailles, et la collection des petits dépôts recueillis à Olynthe, signalés au

paragraphe Macédoine. Parmi les dons, il convient de citer un choix de monnaiesde la collection Papadimitriou et la collection de 3.450 pièces (argent et bronze

de toutes les régions méditerranéennes) rassemblées par le professeur Chris-

tomanos

(8).Stockholm. M. T. G. Appelgren publie le catalogue de la collection, presque

uniquement composée de.monnaies grecques, du Dr Otto Smith (9), a.u Cabinet

royal de numismatique.

Constantinople. M. Kurt Regling publie et commente le trésor découvert à

Prinkipo, en février 1930 (10) déposé aujourd'hui au Musée des antiques de la

pointe du Serai à Istambul, et qui comprend t60 statères d'électrum de Cyzique,4 statères d'or de Lampsaque, 16 de Panticapée et 27 de Philippe de Macédoine.

(t) The British Muséum Quaterly, vol. V, 1930, n° 2.

(2) Numismatic Chronicle, 1930, p. 107-163.

(3) Numismatic Chronicle, 1930, p. 93-106.

(4) J. G. Milne, Egyplian leaden To/tens {Numismatic Chronicle, 1930, p. 300-

315 et pi. XXII). Du même auteur, Die Mttnzsammlung in Konstantinopel.

Kunstwandeier, 1929, p. 248-251.

(5) Numismatic Chronicle, 1908, p. 287-310 ; Ancient Egypt (1915), p. 107-120-î

etc..

(6) Catalogue of the Me. Clean collection of'greek Coins. Vol. III.  —Cambridge,1930. In-4°, 132 pi.

(7) The Metropolitan Muséum of Art, 1931, p. 13, 9g.{S)BCH, 1930, p. 454-455.

(9) Or Otto Smilhs Miinzensammlung im Kgl. Milnzkabinelt. Stockholm, 1931.

I»-8°, 32 p., X pi.(10) Kurt Regling, lier griechische Goldschalz von l'rinkipo. (Zeitschrifl fttr

Numismatik, XLJ Band, 1931, p. 1-46 et pi. I-IV).

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102 DAVID LE SUFFLIÎUH

Trouvail les. M. A. Manchet signale (1) une trouvaille faite en 191.S â Pozzo-

maggiore (Sassari, Sardaigne) de 3.000 monnaies puniques de bronze. C'est en

192S, seulement, qu'une partie de la trouvaille a pu être étudiée (2).A Corinthe, les fouilles de l'Ecole américaine ont mis au jour un trcsor.de

SI statères d'or, en parfait état de conservation, dont 41 sont frappés à l'effigie

de Philippe de Macédoine et 10 à celle d'Alexandre le Grand (3).

M. Ed. Newel commente la trouvaille faite à Kiichiik Kohne (4), ancienne Vcri-

nopolis, au début de 1930 et transmise à S. Exe. Aziz Bey, directeur des Anti-

quités à Ankara. Elle comprend 28 monnaies de la seconde moitié du iv« siècle,4 d'Aminés du Pont, 14 de Sinope de Paphlagonie et 10 de Tarse en Gilicie.

Le même auteur publie quelques -additions à sa précédente étude sur la trou-

vaille du Delta (5), suivies de remarques de M. E. S. ti. Itobinson (6).

Une trouvail le de monnaies phéniciennes, faite le 15 août 1930 à Tall AbuHawwain, près d'Haifa, est signalée dans le bulletin du Gouvernement de Pales-

tine (1).

Importante étude de M. T. J. Arne, de Stockholm, sur les trésors de solidi

récemment» découverts en Gotland, à Etelhem et à Akebiick (8), déposés au

Musée historique de Stockholm (Département des Antiquités nationales). Ces

monnaies qui sont surtout des monnaies byzantines, comme dans la plupart;

des trouvailles faites en cette région (la proportion est généralement de 18

contre 1), proviennent-elles des tributs payés par les empereurs de Byzanceaux

barbares? On sait que, dès 424, Théodose H s'obligeait à payer annuellement

25.200 solidi aux Huns. Il y aurait eu deux voies, l'une orientale, l'autre occiden-

tale, d'importation. L'étude de M. T. J . Arne modifie la statistique des trouvailles

telle qu'elle était établie depuis plusieurs années et les conclusions de S. Bolin (9).

M. Holst publie, de son côté, le résultat de trouvailles faites en Norvège (10).

(1) flewue Numismatique, 1931, p. 103.

(2) A. l'aramelli, Notizie degli Scavi, 6e série, t. VI, 1930, p. 105-110.

(3) Alfred R. Bellinger, Acrocorinth. Excavations in I92ti. V. The Coins. (Corinlh,resulls of excavations cond. by the American School... Vol. III, Part. 1.) —

F. J. de Waele, Ein Goldfund malcedonischer Slatere in Alt-Korinlh [Gnomon, 6,

p. 280). — Y. Béquignon, Chronique des fouilles, dans le BC/7, 1930, p. 476. —

Ch. Picard, l'archéologie américaine en Corinthe, dans VAcropole, I, p. 152 161.(4) Edward Newell, The Kiichiik Kohne Hoard (Numismatic Notes and Mono-

graphs, n° 46). —New-York, 1931. ln-16, 33 p., fig. et IV pi.

(5) E. T. Newel, Additions lo the Delta (Benha El-Asl) lloard. {Numismatic

Clironicle, 1931, p. 66-68).

(6) K. S. G. Robinson, Further Notes on the Delta Hoard (Numismatic Chronicle,

1931, p. 68-71).

(7) The Qaaterly of the Department of Anliquilies in Palestine, published forthe governmenl of Palestine, by Humphrey Milford. — Jérusalem, 1931, n» 1.

(8) T. J. Arne, Deux nouvelles découvertes de solidi en Gotland. — Kobenhavn,1931. ln-4", 28 p. fig. (Extrait des Acla archaeologiea).

(9) Fyndenav romerslta

mynti det

friaGermanien. — Lund, 1926.

(10) II. Holst, Numismatica IV. Three unpublished roman and byzantine siluer

coins, fonnd in Norway. (St/mbolae Osloenses, VIII, 1929, 114 p., 119 fig.),

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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 103,

Ventes. A signaler trois catalogues de ventes importantes (1\  

.Métrologie. Un article de M. E. Nowolny (2) et une note de M. H. T. Wade-

Gery (M).Iconographie. Dans la remarquable étude de M. E. Pt'uhl sur l'iconographie de

l'époque hellénistique (4), on constatera l'importance des ressources qui lui ont

été fournies par les documents monétaires.

Animaux. Au sujet des animaux représentés sur des monnaies antiques, on

consultera l'ouvrage général de Mlie Gisela Richter (5) ainsi que les articles, plus

spéciaux, de M. K. Itegling ^6) sur les animaux à fourrure et de M. O. Bern-

hard (7), sur les animaux d'Afrique. Rendant compte de ce dernier ouvrage,

M. A. Blanchet (8) signale quelques omissions regrettables dans la bibliographie

et indique qu'il est possible de trouver dans les textes anciens, serrés de près,

l'occasion de remarques intéressantes, pour le rhinocéros en particulier, ainsi

qu'il se propose de le démontrer incessamment.

Symboles. M. Pli. Lederer (9) identifie sur des monnaies le symbole d'Aphro-

dite Urania (rosette de points), et M. P. V. C. Baur, des symboles et des statues

d'Hadadet d'Atargatis (10).

Na.rbonna.ise. Etudiant les monnaies delà Narbonnaise à inscriptions ibériques,

M. G. F. Hilt (11) se refuse à reconnaître aucune influence de Massalia sur les

monnaies de cette région.

Espagne. M. Antonio Vives y Escudero, de la Real Academia de la Historia, a

publié, sur les monnaies de la péninsule ibérique un important ouvrage (12). La

première partie, qui, seule relève de cette chronique, comprend quatre grande

divisions : 1» les monnaies gréco-hispaniques (Rhoda, Emporia) ; 2° les monnaiesibériques ; 3° les monnaies hispano-carthagipoises (siculo-carthaginoises, afri-

cano-cartliaginoises, hispano-carthaginoises proprement dites) ; 4» les monnaies

hispano-puniques (Gadès, Ebusus).

(1) Sammlung Morilz Simon. — Francfort, Ad. Cahn, 26 novembre 1930. In-4*

120 p., 40 pi.Teil II des herzoglir.h anhallischen Miinzkahinells. — Francfort, Ad. Cahn>

14 octobre 1931. In-4", 114 p., 46 pi.

Sammlung H. Otto. — Lucerne, Ad. Hess. 1er décembre 1931. In-4°, 54 p., 31 pi.(2) Metrologische Nova (Klio, XXIV, p. 247-294).

(3) Allie gold ratios (Numismalic Chronicle, 1930, p. 333-334).(4) Ernst Pfuhl, IconographiscUe Beilrage zur Stilgeschichle der Hellenistischen

Kunst [Jahrbuch des deulschen Archciologischen Instituts, 1930, p. 1-61 etpl. I-IV).

(5) Animais in Greelc sculpture .. — Oxford, 1930. In-8°, 90 p., 66 pi.(6) l'ehtiere auf antiken Mânzen. — Leipzig, 1930. In-8°, 7 p., t ig.

(7) Ueber Tiere Af'rikas auf griechischen und riimisclien Munzen {SchweizerischeNumismalisclie Rundschau. Band, XXV, 1930, p. 5-36 et pi. I-V).

(8) Revue Numismatique, 1931, p. 106-107.

(9) Zeitschrift fur Numism.alik, 1931, p. 47-54, pi. V.

(10) Zeitschrift jilr Numismatik, 1931, p. 55-66 et pi. VI et VII.

(11) Numismalic Notes and Monographs, n" 44. New-York, 1930. In-16,39 p., VI p).

(12) La Moneda llispdnica.—

Madrid, 1926. ln-4°. Première partie : Introduc-tion, cxcvi p. et fascicule I, 74 p. ; fascicule II, 200 p. ; fascicule |II, 135 p. ;fascicule |V, 148 p. Seconde partie, 173 planches,

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lOi*

A. DAVID LE SUFFLEUK

Grande-Grèce. On trouvera dans le volume de M. P. Larizza(l), non seulement

d'intéressantes remarques sur la numismatique de la Grande-Grèce, mais un

tableau général de lasérie des monnaies italo-grecques. M. A. Sambon (2) retrace

à grands traits l 'évolution de l 'art monétaire dans la même région ainsi qu'en

Sicile. M. S. P. Noe poursuit sa description et son classement du monnayage de

Métaponte (3)1 A signaler également un article de M . i. Liegle (4).

Sicile. Mgr G. de Ciccio (5) publie et commente un certain nombre de pièces

rares ouinéditesde la Sicile. On remarquera le didrachme inédit d'ilimera, avec

la légende TTEA04', représentant le héros Pélops conduisant son char, les

chevaux au pas. On sait qu'un certain nombre de tétradrachmes analogues

commémorent la victoire d'Ergolèles d'Himère aux jeux Olympiques (Pindare,

01. XII) dont Pélops est spécialement révéré comme le restaurateur (6). On

remarquera également un tétradrachme inédit piinico-panormitain, un bronzequasi inconnu d'Aluntium, une litra d'Eryx au type d'Aphrodite à la grue et

l'hémidrachme de Syracuse où se lit nettement la signature EYAI, du grand

artiste Evénète.

Des notes prises au cours de ses visites dans différentes collections, principa-

lement au Musée de Palerme, M. Ettore Gabrici (7) extrait un certain nombre de

renseignements sur des monnaies d'Himère, de Morgantina, d'Eryx, d'IIipana, de

Sélinonte,de Panorme, de Molya, de Gela.d'Halaesa, de Gri inissa (tête ùe femme,

personnification d'Ilomonoia). A noter un didrachme d'Agrigenle avec l'inscrip-

tion 'E!;<i)tsaTo; et un tétradrachme de Gatane avec MUTXSXOÇ.

M. Spahr publie deux monnaies sici liennes inédites (8).

Toutes les variétés connues des médaillons de Syracuse qui portent la signa-

ture d'Evénète ou peuvent lui être attribués (42 coins de droit et 24 coins de

revers), sont étudiées par M. Albert Gallatin (9), accompagnées de reproductions

au double de la grandeur. Comparaisons, avec les têtes, oeuvres de Cimon. Nom-

breuses sont les combinaisons des coins de droit avec divers coins de revers. H

est vraisemblable que, pour ces derniers, on a eu parfois recours ù des graveurs

de second ordre. A signaler encore deux articles, l'un sur le palmier nain des

(1) La Magna Grecia. IHcerche sloriche, archéologie lie el nutnismaliclie dalle

origine alla citladinanza romana... — Koina, 1930. ln-4% xv-303 p., fig.

(2) L'art monétaire antique en Grande-Grèce et en Sicile (L'Acropole, n" 2,p. 81-96).

(3) S. P. Noe, The coinage of Melaponlum (Numismalic Notes and Moiiograplts,no 47). — New-York, 1931. ln-16, 134 p., 21 pi. (Suite du n» 32 do la même

collection).

(4) Der bitlende Tarasknabe (Berl. Mûnzbl. XLV, p. 460-471).

(8) Di alcune monete siceliote rare o inédite. — Londres, 1931. ln-8°, 16 p., fig.

(reprinted from the Numismalie Circulai-, 1931).

(6) Head, Hisloria Numorum, 2" éd., p. 14S.

(7) Notes on Sicilian Numismalic (Numismalic Chronicle, 1931, p. 73-90 et

pi. V-VI).

(8)B»llellino del Circolo Numismatico

Napolelano, 1931, janvier-mars.(9) Syracusan dekadrachms of the Evainetos type. — Cambridge, Harvard Unj-

versity Press, 1930. In-4», «3 p., front, et XII pi,

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bULLIîTIN AIICUEOLOGKIUG 40o

monnaies <ie Camarina (I). l'autre sur la frappe de l'argent à Messuna (2) et un

ouvrage publié par MM. F. Gutmann et W. Scliwacher (3), dont il sera rendu

compte ultérieurement.

Athènes. M. Alfred H. Bellinger (4) inventorie deux dépôts, récemment décou-

verts, de monnaies de bronze d'Athènes, l'un de 288, l'autre de 59 pièces. L'au-

teur passe en revue les différents symboles.

M. J. G. Milne (5)consacre à l'étude, si souvent reprise, de la réforme de Solon

un très important travail.

Sparte. M. Fritz Heichelheiin (6) précise deux dates de l 'histoire de Léotycbidas.

Hlacédoine. M. Alfred Mamroth, auquel on doit déjà une étude du monnayage

d'argent de Persée (7), étudie celui de Philippe V de Macédoine (8).

M. David M. Robinson consacre le tome III de la description des fouilles

d'Olynthe (9) aux monnaies découvertes en 1928. Plusieurs petits trésors, autotal 1187 pièces (83 d'argent et 1102 de bronze, d'origines diverses), parmi

lesquelles une quinzaine de types nouveaux, quelques pièces rares et 16 flans

de bronze non frappés (11))'. L'ensemble est antérieur à la destruction d'Olynthe

par Philippe (348 av. J.-C). La collection a été déposée au Musée National

Numismatique d'A thènos.

.M. Hugo Gaebler (11) a fait connaître un nouvel atelier monétaire, celui de

Stagire, en Chalcidique, auquel il attribue plusieurs séries de pièces. Le point de

départ de sa découverte est u ne monnaie entrée au Cabinet de Berlin en 1930 et

qui porte l'inscription ZTAAI. On connaissait depuis 1867 un exemplaire avec

la légende déformée au sujet duquel M. Perdrizet avait déjà (12) prononcé le nomde Stagire.

(1) A. Voigt, Die Zwergpalme auf den Milnzen von Camarina (B. f. Milnz-

freunde, LXIV, p. 553-554).

(2) Hertha Edith Gielow, Die Silberpràgung von Zankle-Messana, SI5-39S av.Clir. (Milleilunt/en des liayerischen Numismalisehen Gesellschaft, XLV1II, 1930).

(3) Die Tetradrachmen-und Didrachmenpràgung von iiimera, 442-409 v. Clir. — Compte rendu par M. G. Lippold dans Gnomon, VI, 1930, p. 396.

(4) Two hoards of All ie bronze coins. — New-York, 1930. In-16, 14 p., 2 pi.(Numismalic Notes and Monographs, n° 42).

(o) The monelary reform of Solon (Journalof

hellenic Sludies, vol. L,part

IL

1930, p. 179 et suiv.).(6) Zwei historische Dalen im I Jahrzent der Penteltonlaelie (Zeitschiifl fiir

Numismatik, XL, 1930, p. 16-24).(7) Zeitschrift fur Numismatik, 1928, p. 1-28 et pi. I-II.

(8) Zeitschrift ftir Numismatik, 1930, p. 277-303 et pi. V.

(9) David M. Robinson, Excavations al Olynlhus. Pari 111. The coins fourni al

Olynlhus in 19Î8. — Baltimore, 1931. ln-4°, xix-129 p., XXVIII pi. (The John

ttopkins (Jniversily Sludies in Archeology, n" 11).(10) Sur cette question, cf. un article de M. Adrien lilanchet dans le ttullelin

international de Numismatique, t. III, 1904, p. 33-35.

(H) Die Milnzen von Slagira. — Berlin, 1930. I'n-4°, 14 p., 1 pi. (Extrait des

Silzungsberichle der preussischnn Akademie der Wis.iensckaflen, Phil. -hisl-Klasse, 1930, XIX, p. 293-304, pi. V).

(J2) lievue Numismatique, 1903, p. 310-314, pi. XV-

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106 DAVID LE SL'FFLECR

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Du même auteur, importante étude sur les monnaies fausses de l a M a-

cédoine (1) où M. Gaebler déploie une remarquable perspicacié ; la biblio-

graphie est particulièrement précieuse. Ce nouveau travail ne rendra sansdoute pas moins de services que ceux de Svorqnos sur les faux de Christodoulos

et de M. Hillsur les coins de Becker.

Thra.ce. La trouvaille de Gatchitza (Bulgarie de l'Est), a été signalée dans la

Revue Numismatique de 1922 (2). M. N. A. Mouchiuoff (3) étudie 70 monnaies pro-

venant de cette même trouvaille, qui, distraites par les inventeurs, ont été

acquises depuis par M. Jean Bouroff, de Sofia. Beaucoup de pièces peu connues

de Dionysopolis, OJPSSOS, Tomis, Marcianopolis, Anchialos, Mesembria.

Panlicapée. M. A. G. Golikov publie ( i) une monnaie d'argent inédite.

Asie-Mineure. Dans une conférence reproduite, avec de nombreuses illustra-

tions, par les Archaologischer Anzeiger [S], M. CI. Bosh, étudiant lesmonnaies

de l'Asie-Mineure sous l'empire romain, identifie de nombreuses images cul-

tuelles figurées sur les monnaies (Victoire — Mère des Dieux — Attis — Mithra,

Sabazios, etc.).

Cappadoce. M. A. Syndenhaui poursuit (6) son étude du monnayage de

Césarée (1).

Arménie. M. A. G. Golikov publie (S) une monnaie (chalque de bronze), con-

nue seulement jusqu'ici à deux ou trois exemplaires (9), celle-ci dans un état

de conservation exceptionnel, d'Aristobule, roi de Ghalcis, fait roi de la Petite

Arménie par Néron, en 54, et de sa femme Salomé, fille d'Hérodiade.

Rois de Syrie. Quelques monnaies de b ronze sont publiées dans le British

Muséum Quarlerly (10).

Partîtes. Dans ses Seleucid-Parlhian sludies (11), M. W. W. Tarn a l'occasion

d'étudier des monnaies parthes (pièces avec légendes, KATAZTPATEIA»

MAPTIANH» etc.), et conteste l'existence d'Artaban II, successeur de Mithri-

date II (12),

Notes de M. R. H. Swift (13) sur les drachmes parthes.

(1) Hugo Gaebler, Falscluuigen Makedonisclier Milnzen. — Berlin, 1931. In-4",

23 p., 3 pi. (Extrait des Sitzungsberichte der preussischen Akademie der Wissen-

schafte.n, Phil.-hist. Klasse, 1931).

(2) P, 58-72 et 119-172 ; pi. Mil.(3) Revue Numismatique, 1931, p. 8a-9ii, fig., et pi. 111.

(4) Revue Numismatique, 1931, p. 6-8, fig.

(a) Arch. Anz. [Beiblall zum Jahrbuch der deulsc/ien archaologischen Instituts),

1931, p. 422-4S5, fig.

(6) Numismatic Circulai ', 1931, p. 101 et suiv. fig.

(7) Cf. le Bulletin précédent.

(8) Renue Numismatique, 1931, p. 8-10, fig.

(9) Cf. article de Th. Bein&ch, dans la REA de 1914.

(10) Vol. VI, n» t .

(11) Londres, 1930, 33 p. (Extrait des Pvoceedings of the, British Academy,

vol. XVI).

(12) Cf. note do M. A. Blanchet dans la Revue Numismatique, 1931, p. 2ii8,

(13) Numismatisl, février 1931,

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BULLETIN AliCIJÊOLOGiyUË 107

Le colonel Allotte de La Fuyo publie (l) une monnaie de bronze de Phraatc II,

provenant des fouilles de Suse (campagne de 1927-1928). Le type du revers, iné-

dit, ajoute au panthéon des Parlhes une divinité nouvelle, divinité féminine

grecque (Artémis ?). La pièce fait partie d'un monnayage arsacide hellénistique,

inauguré par Mithridate I"1

qui, « comme suite de l'alliance de sa fille Uodogune

avec le Séleucide Uéiuétrius II, s'intitule sur ses monnaies OIAEAAHNOZ

et y fait figurer Héraclès et Zeus ».

Egypte. M. Walther Giesecke (2) complète, à l'aide de travaux récents et d'une

consciencieuse étude personnelle, l 'ouvrage de Svoronos dont il rectifie souvent

les classements. Sur le rapport de l'or à l'argent, l'article de Théodore Rei_ 

nach (3) paraît n'avoir pas été connu de l 'auteur en temps utile.

Observations de M. II. Ilolst (4) sur quelques monnaies ptoléinaïques de la

collection de l'Université d'Oslo.

Notes de M. G. F. Hill (S) sur les monnaies d'Alexandrie et des Ptolémées

trouvées en Angleterre.

Empire byzantin. La maison Gustav Fock, de Leipzig, reproduit, par procédé

photomécanique, la classique Description générale des monnaies byzantines dé

i. Sabatier, toujours utile à consulter, comme l'ouvrage de Cohen sur les mon-

naies de l'empire romain, également reproduit dans ces derniers temps parlesmêmes procédés.

M. Hugh Goodacre réédite (6), en deux fascicules, ses articles du Numismatic

Circulai- (7) qui forment un manuel pratique pour l'étude du monnayage byzan-tin. Indique la valeur marchande.

Remarques de M. N. Baut'r (8) sur la numismatique duvu« siècle.

A propos d'un mémoire de M. Martroye (9) sur la monnaie d'or et les paie-ments dans les caisses publiques à l'époque conatantinienne, M. A. Dieudonné(lO)

expose d'intéressantes hypothèses sur les recouvrements d'impôts, en monnaies

et en lingots, jusque sous Justinien.

Poids. Groupant, avec ceux de l 'ancien fonds du Cabinet de France, les poidsdu Bas-Empire et byzantins provenant des legs Schluiuberger et Froehner, le

(1) llevue Numismatique, 1931, p. 1-3, fig.

(2) Das Ptolemaergeld ; eine Entwickhtngsgescliichte des ugyplisehen Miinzwe-sens un ter Beriicksiclitigung der Verhallnisse von Kyrcne.

-Leipzig-Berlin, in-4°,

v-98 p.. 4 pi.(3) fifc'G, t. XL1, 1928, p. 121.

(4) Hymbolae 6sloenses,t. VI, 1928, p. 69-76 (en anglais).(5) Numismatic Chronicle, 1930, p. 335-338.

(6) A Handbook of the Coinage of Ihe byzantine Empire, l'art I. Areadius to

Uonlius ; l'art II. Anastasius lo Michael VI. — Londres, 1928-1931. ln-8», 57 p.,et 241 p., fig.

(7) 1928-1931.

(8) Frankfurliir Milnizeilung, mars 1931.

(9) Société des Antiquaires de France. Mémoires et Disserla/iotis, 8e série, t. VII,1928.

(10) Hevue Numismatique, I93J, p. 101-103,

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-A* ,/Mj*-%:: ..i'*3'^.'

108 ' A. DAVID LE SUFFLKUR

même auteur (1) montre que la collection nationale possède désormais toute

l'échelle pondérale depuis la livre de 12 onces, 72 sous (327 gr. 45, poids théo-

rique), jusqu'au 1/144" de livre, douzième d'once, 1/2 sou (2 gr. 77, poids théo-

rique). Donne seulement les poids avec notation en langue grecque.

VI. — GLYPTIQUE. ORFKVHKKIE. VEHREBIE.

Cabinet des Médailles à Paris. Le Département des Médailles et Antiques de la

Bibliothèque Nationale a publié (2) un guide du visiteur à l'exposition permanente

des pierres gravées où les principaux camées et intailles de l a collection sontassez heureusement reproduits, accompagnés de notices souvent développées.

Metropolitan Muséum of Art à New-York. Mlle Gisela Richter publie et com-

mente dans le bulletin du musée (3) une calcédoine de beau style, représentant

un archer, le genou en terre, qui provient de la collection Southesk. Le même

auteur signale également l 'acquisition par le même musée de bijoux étrusques,

et M . J.-J. Rorimer celle de bijoux byzantins.

Musée de l'Ermitage à Leningrad. Etudiant, après tant d'autres, le bracelet du

roi de Kul-Oba, M. A. Manzewitsch (4) lui assigne, comme date, en On de compte

la plus vraisemblable, le second quart du v" siècle.

Musée de l 'Université à Ti/lis. Publiant un camée antique, enchâssé dans une

icône géorgienne, M. Amiranachvili (5) le rapproche d'une figure de l'intérieur

de la tasse Farnèse, interprétée par Furtwaeugler (6) comme « Euthénie, déesse

de la pluie et de l'inondation, amie ou épouse du Nil, dont l'effigie, sur les mon-

naies, s'assimile à celle d'isis ». OEuvre alexandrine du milieu du m* siècle, le

camée de Tiflis s'insère dans une série de monuments de la glyptique antique

indiqués dans l'article, notamment la Bérénice I et l'Arsinoé 11 de la collection

Tyskievicz et la Philistis (?) de la collection Story Maskelyne.

La bosselle de bouclier d'Herpaly. Etude de M. Nandor Fettich (7) sur un umbo

'listorié. L'art.scythico-sarmatique a déjà fourni des objets analogues dont, au

surplus, ou retrouve les modèles dans l 'art ionien.

Collection Edmond de Rothschild. Le beau volume consacré par M. P. Wuilleu-niier au « Trésor de Tarente » (S) a été analysé par M. Ch. Picard (9).

(1) Revue Numismatique, 1931, p. 11-22 et pi. 1 et II.

(2) Bibliothèque Nationale... Les Pierres gravées. Guide du visiteur. Paris, 1930.

ln-12, xi-135 p.,32 pi.

(3) 1931, p. 267-268, Qg. 256.

(4) Archàologischer Anzeiger, 1931, I, p. 106-116, hg.

(5) Rev. arc'h., 1931, I, p. 41-46, pi. I e t 11.

(6) Anlike Gemmen, t. II, p. 255 et pi. LX.

(7) Ar.la archaeologica. — Copenhague, 1, 1930, p. 221-262, flg. et 10 pi.(8) Paris, 1930. In-fol., xn-l46 p., 16 pi.

(9) RA, 193, 1, p. 356. On ne peut, ici, que renvoyer à cette excellente analyse,

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bULLEfiN ARCHÉOLOGIQUE 109-

Calice d'Anlioche. Le P. de Jerphanion (1) apparente le célèbre momunent de

la collection Kouchakji à des oeuvres byzantines du vi" s., et M. S. Reinaeh remet

au point (2) quelques articles inspirés par un souci excessif de publicité.

Fouilles. Le beau bijou minoen découvert à Mallia et publié par M. Demar-

gne (3) a été déjà décrit dans la première partie du présent bulletin.

Les fouilles de l'École américaine à Gorinthe ont mis au jour un collier d'or,

déposé au Musée National d'Athènes, reproduit, avec un bref commentaire dans

les Archâologischer Anzeiger (4) et signalé également par M. Y. Béquignon (5)(collier « qui const itue sans contredit l'un des plus beaux bijoux de l'orfèvrerie

grecque ».

Les fouilles de Dura-Europos ont livré un certain nombre de bijoux, anneaux,

fibule, bracelets et pendants d'oreilles d'argent (G).

M. J. Welkow, de Sofia, a entretenu la Société archéologique de Berlin de latrouvaille funéraire de Maltepe (1) où se remarque, entre autres choses, un inté-

ressant pectoral d'argent.

Dans la région de Duvanlii à 23 km. au nord de Plvodiv (Bulgarie méridionale\ 

nùletuinulus de Kukuva-Mogila avait éfé précédemment exploré (8) par les soins

de l'Institut archéologique bulgare, deux autres fouilles ont été, en 1929 et 1930,

exécutées dans le tumulus de Baschova-Mogila et dans celui de Muschovitza-

Mogila. Un rapport provisoire sur ces fouilles a été publié par MM. Bogdan Filow

et Ivan Welkow (9), conservateur des Antiques au Musée National de Sofia. Les

deux tombes, l'une d'un homme, l'autre d'une femme, ont livré quelques chefs-

d'oeuvre de l'orfèvreriegrecque

datant de la fin du vr* au début du ivsiècle,

et

des objets de travail indigène. L'ensemble n'est pas sans présenter des analogies

nombreuses avec les r iches tombes du Bosphore Cimmérien. Parmi les monu-

ments exhumés à, Muschovitza-Mogila, signalons un pectoral d'or estampé,

des fibules et joyaux d'or à chaînettes, des colliers, anneaux et pendants d'oreilles

d'or, des coupes d'argent, des miroirs, terres-cuites, verreries, de menus objets

d'or, d'ivoire, d'agate, etc.. Le tumulus de Baschova-Mogila a livré un pectorald'or estampé, représentant un lion, de style thraco-scythique, des vases d'argent,des objets de bronze, etc.. La pièce capitale est une coupe à omphalos, en

(1) Dans son

ouvrage,La voix des monuments,

Paris,1930. ln-40, 330

p., f ig.et

63 pi.

(2) Dans la liev. arch., 1931, 1, p. 305.

(8) BCH, 1930, p. 404-421, pi. XVIII et XIX.

(4) 1930, p. 108.

(5) BCH, 1930, p. 476.

(6) The Excavations al Dura-Europos conducted by Yale Universily and ihe

Vrench Academy of I. and L. Preliminary Report of Second Season of Work,october 19ïS-april 1929,edited by P. V. C. Bauer, ,..and M. I. Roslovlzeff'... —

Londres, 1931. In-4", xix-225 p.,LUI pi.(7) Archàologischer Anzeiger, 1931, p. 418-422, fig.(8) Sur ces fouilles, voir le Bulletin de l'Institut archéologique bulgare, t. III,

1925, p. Ul-130 et t. IV, 1926-1927, p. 27-60.(9) Jahrbucli der deutschen archiiologischen Instituts, 1930, p. 281-322 et

pl. VI1I-XI.

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w.V: wê ,o.

iiO A. DAVID LE éUFtiiËUK

argent, avec anses, représentant une course de chars d'un style très voisin du

Parthénonclingénieusement rapprochée,

dans le commentairequi

en estdonné,

de l'amphore de Pélopsà Arezzo. Cette coupe porte, gravée, l'inscription AAAA"

AEME, nom du chef thrace enseveli et non pas de l'artiste.(1). Un vase et un

rhyton d'argent terminé par une tête de cheval, une remarquable coupe éga-

lement d'argent, où se trouve gravée une Sélénè à cheval, portent la même

inscription.

Généralités. A signaler deux articles, l'un de M. Th. Wolf (2) et l 'autre de

M. R. Zahn (3).

M. A. Atfôldi a présenté un très intéressant groupement de documents dans

la conférence faite par lui, le 12 mai 1931, à la Société archéologique, de Berlin et

dont on trouvera un résumé dans les Archàologisc/ier Anzeiger (4).

Art byzantin. On trouvera dans le catalogue (5) de la magnifique exposilion

d'art byzantin qui a eu lieu à Paris, du 28 mai au 9 juillet 1931, une liste, avec

indications forcément réduites, des 7.800 objets exposés, parmi lesquels quelques-

uns des chefs-d'oeuvre de la glyptique et de l'orfèvrerie byzantines (camée d'Ilo-

norins et Marie, camée de Nicéphore Botoniate, calice d'Antioche, etc.).

A propos du camée d'Honorius et Marie, publié pour la première fois par

M. Salomon Reinaeh. dans la Gazelle des Beaux-Arts de 1926, le même auteur

cite (6) quelques lignes d'Eug. Miintz dans VAlhénaeum du 13 février 1892, rela-

tives à son origine ci à la date de son transfert en l'rance.

Ambre. A signaler un travail de M. Crivelli ("!) sur l 'ambre et l 'electrum chez

les anciens.Verrerie. Il convient de citer avec éloge le savant ouvrage de Mlle M. L.

Trowbridge (8), étude sur le verre dans l'antiquité, d'après les sources écrites

exclusivement (9).A. DAVID I.E SI.WI.KUR.

(d) Voir : llev. arcli., 1931, 1, p, 321. s

(2) Gold und Goldschmuclc im Allerlum (Welt und Wissen, XVIII, p. 178-186).

(3) Hellenislischer Goldsch.mii.sck {Antike De?iltmuler, p. 69-80 et pi. 42).

(4) 1931, p. 394-418, flg.

(5) Exposition d'art byzantin. — Paris, 1931, in-8#, 187 p. et 23 pi.

(6)Ret>. arch., 1931, 1, p. 331.

 \"l) Hisloria, II, p. 634-665.

(8) l'hilological Sludies in Ancienl Glass (Univ. of Illinois Studies in Languageand littérature, XIII, 3-4). — Urbana, 1930. ln-8», 206 p.

(9) 0. II. par M. A. Blanchet dans le Journal des Savants, 1930, p. 180.

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rT^^-^^^*^^3&W

REMARQUES SUR L'EMPLOI DES FORMULES

DANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADE

i

M. Milman Parry (1) a montré que le style homérique esi

constitué de formules métriques définies situées à des placesfixes du vers. Chacune exprime une nolion essentielle et peutêtre

répétéeun nombre indéfini de fois. Il

existe,chez

Homère,des séries de formules contenant les mêmes parties du discours

et ayant une même valeur métrique. Pour indiquer qu'un

personnage répond à un autre, les aèdes disposent d'un certain

nombre de groupes métriques.

 /  TcoXtiTÀ»?Sïoç 'OSuorcûçl 7to8apxïï<; Stoç 'AytÀXeûç

|8' YijAsîSsx'STOITOC1 fJowm? irÔTVia "rlpyj

! rep'/jvwç i.itTC?a NÉTTwpV 9sà yXoaixwiuç 'AÔïivï|

Pour toute une série de vers, par exemple, le nom propre crée,avec l'aide de quelque mot épithétique, une formule qui rem-

plit exactement la portion du vers comprise entre la césure

féminine et la fin. Le choix d'une épithète qui qualifie un per-

sonnage dépend donc de la structure métrique du nom propreet de sa place dans le vers. Qu'il suffise de renvoyer à l'étude

(1) Voir Milman Parry, l.'épithète traditionnelle dans Homère,, — Les formuleset lamétrique d'Homère. Paris, Les Belles-Lettres, 1928.

KBG, XLV, 1932, n« 210-211. !)

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^*£WF~îf^^^«^fïfA^

122 PIERRE CHAiNTllAINE

systématique de M. Milman Parry qui, pour le cas particulière-

ment favorable du groupe nom-épilhôte, offre une analyse com-plète et rigoureuse des formules. La doctrine de M. Milman

Parry peut paraître un peu rigide; il a insiste sur ce que la

phraséologie homérique comporte de traditionnel et même de

mécanique. Il n'est pas sans intérêt, par un procès inverse et

complémentaire, de considérer les formules, non plus détachées

de leur contexte, mais à l'intérieur d'un passage donné. On

observe vile la souplesse du système et sa variété. Une telle

étude conduit à mieuxcomprendre

lesprocédés

dustyle

homé-

rique.— Nous ferons notre enquête sur le chant A de VIliade.

Le matériel peut être aisément rassemblé à l'aide de la Concor-

dance de Prendergast, des éditions Christ et Van Leeuwen qui

indiquent les vers répétés.On remarque d'abord un premier type de formules : celles

qui s'élendentsur un vers entier ou sur un groupe de vers. Ces

vers répétés ont mis à l'épreuve la sagacité des homérisanls,

et cela dèsl'antiquité. Lorsque

des vers d'unpassage

sont

repris dans un autre où ils semblent moins bien convenir,

Aristarque les alhétise volontiers. Aujourd'hui un vers répété

a souvent été suspecté ou condamné : des condamnations qui

ont été proposées, toutes ne sont pas absurdes. Mais le texte

homérique étant formulaire, la répétition d'un vers ne consti-

tue pas, à elle seule, une preuve décisive de son inauthenticité.

Il faut se demander en outre s'il convient dans un passage

donné, et comment il est attesté.

Soit le vers A 26o 07)aia x' Alfcior^ ÎTUSJXSXOViftavitoiTi.

Le fait qu'on le retrouve chez le Pseudo-Hésiode, Bouclier,

182, n'entraîne pas nécessairement qu'il doive être considéré ici

'reLcomme une addition tardive. Mais il est omis par la majeure

partie de la tradition, en particulier par le Venelus A, par le

papyrus Rylands 43, par le papyrus Oxyrhynchus S37 et par

le papyrus Columbia Inv. 472 ; on notera qu'il est donné par

deux cilateurs, Dion Chrysostome, LV1I, 1 et Pausanias, X, 29,

10. On peut suspecter le vers d'être une interpolation tardive.

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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LL- PREMIER CHANT DK L'ILIADB 123

De même 'le vers 464 a tntXàyyva 5' àp àjjiiîÊ'lpavTeî uTteîpeyov

'H.paia-oi.0 ne convient pas dans le contexte où il est inséré. Ilreproduit le vers B 426 qui, lui, se trouve à sa place dans un

passage qui décrit également et dans des termes semblables un

sacrifice. D'autre part A 464 a manque dans les meilleurgmanuscrits et dans trois papyrus. C'est une insertion tardive

dépourvue d'aulorité.

Signalons enfin Invariante offerte par le papyrus Vilelli pourles vers 484-486, qui reproduit presque exactement les vers

505-507 de l'Hymne à Apollon (voir surtout sur ce passageBolling, External Evidence.., 63-65). Ici encore nous avons

affaire à une altéralion sans autorité qui provient d'une édition

vulgaire.Tous les autres vers répétés remontent très haut et doivent

être considérés comme probablement authentiques, c'est-à-dire

antérieurs en tout cas à la recension dite de Pisistrate.

Certains vers répétés sont constitués de formules d'un type

particulièrement banal. Par exemple, l'auteur de YIliade, pour

indiquer qu'un personnage prend la parole, dispose de vers

vidés de toute valeur expressive et qui jouent dans le dévelop-

pement le rôle de simples chevilles. Ils se retrouvent dans

YIliade h un nombre indéfini d'exemplaires. •

A 58 = ï 85 etc. TOWI 8' àvi.s"râ|JL£voç p.£~éecvj TtôSa.; wxù;

'AyiXAeti;.A 68 = 101 etc. •?, TOI S y' <5; eiitùv xat' âp SÇÊTOiol<ti S'

àviarr/j.A 73 = 233 etc. S awi su oepovéwv àyop^aaio v.iX [AeTsevnev.A 84 = 215 etc. TOV ô1 aTtopt.st.eofji.evocTîooTsVr, TOSK; ùxù;

'AyiUeti;A 121 = S 181 TÔv-ruxeiëst'l'itfi-a Ttob'àpx-riç8ïo;'Ay^iXXeû;.

(Cf. encore 148, 172, 201, 206, 285, 361, 511).

Des formules d'un typé différent énoncent le nom et le titred'un personnage.

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^,,^^ff~ff'y>- .fi^ffWris-'^ëif' ' ^^ï^^'^^'^ï^^ 'ï^Wt- •<"^^ï'"ï"r:'&>»-c<."':M^ -.»v?.:«-wT?5W^*:-t!'

124 PIEItllti CHANTRAINË

A 102 = H 322 etc. -ripa); 'ATpeiôviç sùpù xpstwv 'Ayapi£|Avov.

A 538 = 556 àpyupôireÇa QÉTIΠ Ouyàx^p aAîo'.o yépovTOç.D'autres vers répétés, de types divers, comportent un carac-

tère aussi banal :

A 193 = A 411 etc. eioç o Taû6' wpp.ouve xonrà. tppeva'xoà xatà

OUJJLOV.

ou encore :

A 297 = A 39 etc. aXAo Se TOI. èpéco TÙ S' èvl copeal [ïà~AAeo

Ces formules banales sont les plus faciles à repérer immé-diatement; elles constituent comme les chevilles visibles du

récit et en font ressortir la charpente. Elles n'expriment que

des idées simples : ce sont les plus facilement interchangea-

bles et elles n'appellent pas une étude approfondie.

Un autre procédé typique du style homérique consiste, lorsquel'on rapporte dans une conversation des événements déjàracontés ou les paroles d'un tiers, à reprendre purement et

simplement les vers déjà employés en y introduisant, s'il le

faut, une légère modification.

Soit les vers 13-16 XUTÔJJI.SVÔ;TE Oûyazpa tpépwv T' àicspeiït,' àitoiv,*

TTéjJLj/.aT'e^cov ÏV yepffî sxv|ëôXoi> 'ATtôXXwvoç.

Il se retrouvent textuellement v. 372-375 lorsqu'Achille

raconte à sa mère les événements survenus dans le camp desAchéens. De même 22-25 sont répétés en 376-379. Par un pro-

cédé comparable 195-196 sont repris, avec une très légère

modification d'ailleurs nécessaire, en 208-209 dans les paroles

adressées par Athéné à Achille. — Thélis, en s'adressant à

Zeus, reprend en partie les propres termes de son fils 507 =

356.

La répétition des mêmes formules est largement utilisée à

l'intérieur du chant. En 37-38 Chrysès invoque Apollon ayantde maudire les Achéens :

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L'EMPLOI DES FOltMULBS DANS LE PKEMIER CHANT DE L'iLIADE 125

KXûQî a£u àpyupôto?' o; Xpiia-Yjv à.u.<oi.6é6fly.on.ç

KiXXàv xe ÇaOéviV, TsvéSo'.o xs loei àvà(77î!.^

Ea 451-452 le prêtre répète les deux mômes vers, lorsqu'il va

demander à Apollon d'écarter la peste dos Achéens. Une légère

modification de l'orme (changement de personne, passage de

l'expression affirmative à l'expression négative etc.) n'empêche

pas le rappel de rester sensible. En A 65 Achille Redemande ce

qui a causé la colère d'Apollon :

si xap ô y' £Ùya>~kr\q smu.iy.vsTO.1. 7)5' èy.a-ôtJiëv|Ç

En A 93 la réponse négative de Calchas est calquée sur laquestion posée par Achille:

oïl TOCOo y' eù- uXïjç STUjASfjioeeTat, ouo' £xaxô|Jt.ë7K

Il arrive aussi que, l'allusion au passage précédent restant

partout sensible, des modifications profondes soient introduites

dans le groupe de vers. Le cadre formulaire peut alors se briser.

 — En A 141-144, Agamemnon ordonne de renvoyer Chryséis

à son père :

141 vûv S' àye v/ja [AêXawav spiiT<jojj.ev si; aXa 8ïav cf. 6 34 TT348

è; S' èpéxaç £7UT/|5é? àyêipou-sv, s; o' éjtaT.ô[Jiër,v cf. n 349 A 309

Geïojxev, av S' aiir^v Xpuanr|i.3a xaXÀiTcàp^ov

^TO[Jiev. Eîç 8é TIÇ àp%oî àv/>p j3ouX7)(pôpoçSTXU>.

Les vers 308-311 décrivent le départ de l'ambassade, dans

des termes bien différents, qui rappellent pourtant A 141-444 :

308 'AxpsîSviç S' a.py. v/Ja 9OY|VaXaSs 7tpoépuT<jev,

sç S' spéxaç È'y.p'.vEvÈEIXOTIV, e; 8' éxaxô[jië7]v

pvîere 6Ê<J>àvà ôè Xpuw/iiSa xaXXiTcàpipovSITSV àywv

• èv o' àp^_oç e6rj ITOXÛJAYITIÇ'OSUTUEÙ;.

Le vers 308 rappelle seulement 141 (on notera que «pospuo-a-ev

comporte un digamma, tandis qu'en 141 spô<r<rofjLevn'en a pas) ;

309 présente assez exactement la structure de 142 ; en 310 le

début du vers diffère de 143 ; mais le mouvement reste le

même et les deux hémistiches finaux sont identiques; enfin

311, pour le mouvement, rappelle 144, mais dans le détail les

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126 PIEI'.RE CHANTKAINE

deux vers diffèrent. Le vers 311 se termine par la formule

fréquente TÏO/Û^T1.; 'OSUJTSÛ?; le mot àpyoç, qui est essentiel,

se trouve dans les deux vers au trochée troisième.

Ces répétitions à l'intérieur d'un même chant mises à part,le texte est tissé de formules qui se retrouvent un peu partoutdans Y Iliade et dans Y Odyssée. Pour décrire un repas, un

sacrifice, etc., des groupes de vers formulaires sont utilisés en

des passages divers de YIliade. Un exemple suffit à donnerune idée du procédé. Soit les vers A 438-466 :

458 aù-àp ÈTCÎΠp' îu^avTO xal o'j\oyJj-:a; TrpoëiXovro

auspUTXv p.sv TrpeÔTa.xal scriaÇav xal sôsipav

 jj.Y,pO'j; ?' sÇiTajjiov xa-râ Tî xvîarç èxaXu'iiav

SinTuya noi^?av?£;, sn' ayTàiv S' wjAoQixyiTavxxîs o' èrcl «yiÇ/;; 6 yipaiv, £-1 o' a£f)oita oivov

Xsl6s • véo'. os ïtap' aù-èv eyov itEp.TtûêoXa ^soeâv.

Aù~àp ÎTÎSI xa?à [ATip' èxàvVxal <j7rXàyyv' STtàcavTO

U.;.<7T'JXX&VT' àpa xàXXa xal àjU-'f' oëeXowiv STU'.pav,

WTtT/i<xàv T» TrîotoesaSswç, EQ'jaaVTOTî TtàvTa.

Le passage est constitué avec des éléments dont aucun ne

lui est propre, mais qui sont impliqués dans des assemblagesdivers de Ylliade et de Y Odyssée :

458-461 = B 121-421; — d'autre part 458 se lit en y 447; —

458 a et 459 b constituent un seul vers en a 359 :

aùxàp STCEIp' eôijavTO | xal STCpa^av xal soeipav

460-461 = jt 360-361.

D'autre part 460 6-465 = y 457 6-462 ; —en môme temps

464 469 — B 427-432 ; dans ce long développement 464-465

=[x 364-365 ; et avec une légère variante 465 se trouve en

? 75 :

E'JTJ TS jUOTllXXsV

TS Xalà[A»' oêîAO'.TW STO19SV

Enfin le couple 465-466 =  \  430-431 ; — 466 --= B 318 0 624.

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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADE 127

L'expérience pourrait être poursuivie sur les vers suivants.

Mais il apparaît déjà que pour décrire un sacrifice, par exem-

ple, l'auteur du poème dispose d'un certain nombre de for-

mules, disposées en chaque passage suivant des combinaisons

différentes, qui se chevauchent les unes les autres sans être

 jamais identiques. Même pour un motif aussi banal que cette

description de sacrifice, on observe un  jeu de formules tradi-

tionnelles, non une répétition mécanique.

Hors du cas particulièrement favorable de cette description,le chant A offre un nombre très grand de formules tradition-

nelles. Elles présentent une grande souplesse : c'est que l'unité

avec laquelle opère le poète n'est pas le vers, mais l'hémistiche

déterminé par une des coupes usuelles de l'hexamètre dacty-

liquc : césures penthémimère, ou trochée troisième, hephthé-

mimère, coupe bucolique.Voici des exemples de ces diverses combinaisons :

Coupa penthémimère : A 25 kWa. xaxwç a»Ui | xoa-epèv S*

Le second hémistiche, à partir de la coupe penthémimère se

retrouve en A 326 et en II 199.

Trochée troisième : A 36 'ATIOW.WV. àvaxT'. | rôv ï|ûxo|j.oc TSXE

Ar)T(J>.

L'hémistiche qui suit la césure du troisième trochée se

retrouve en ï 413 À. 318 ; le premier élément n'est attesté tel

quel en aucun autre passage.

Hephthémimère : A 33 MÇ s'aa-.' 188s IKV 8' 6 yspwv | xal s<tei-

Le vers se lit également en 0 571 ; 33 a  jusqu'à la césure

hephthémimère répond à ft 689 :

wç sisxï' s'SSeKTEV8' 6 vépwv | xr^cuxa S' àvlanr)-

Quant au groupe final, il ne se retrouve exactement nulle

part ; mais on relève des formules comparables, à un délail

près :

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128 PIERRE CHANTRA1NË

A 273 = o 177 TîsiQovTÔxs  jjuiQw (à la césure hepthémi-

mère); —et encore A 565 = A 412 k^S» ô' ÈTT'.TOÏ'IQSO[AÛ9<II(à la

césure du trochée troisième). On aperçoit la souplesse du pro-

cédé-

Coupe bucolique : A 570 wy^o-av 8' àvà Swp.a Aw; 9eol | Oùpa-

vtcovsç.

La première partie se retrouve en 0 101 :

w y 9 Y)<7a v 3' àvà 3 M u.a A i à ç & £ o î "r\  Se vs Aaffffe

D'autre part le groupe Oeoi Oùpavtwvïç constitue à la coupe

hephthémimère une fin de vers formulaire, voir P 195, ii 612.

Enfin Oùpavîove; se trouve seul en U 547, et le génitif Oùpavtw-vwv en E 373, E 898, * 275, <!' 509. Le vers A 33 se compose

d'éléments variables qui s'articulent à la césure hephthémi-

mère et à la coupe bucolique.

Signalons encore la structure de A 176.

lyOtixo; 8é [W. so-ffi | SwTpsoeécov âao-ù^wv

Le second hémistiche se retrouve en plusieurs autres pas-

sages :

B 98 uyôiax' àxoÛTeiKv oè S lo'ïp e » é w v ^afflX^wvB 196 9utjiôç 8s  j/iyaç èa-xi Sioxpetséwv patxiAvîwv etc.

La première partie se lit en E 890 où il s'agit de dieux :

s*y£81 TT o Π 8 s

 jjioî SJÎI Oewv ot "0).ULH.TCOV s'y OUT'.V.

Cette ressemblance entraîne la correspondance E 891 =

A 177.où?', vâp XO'. sp'.ç xe CS'IÀYI TO&EJJIOV xe p.àyai xs

Le vers convient moins bien en A 177 qu'en E 891. Il a étéathétisé en cette place par Arislarque.

Mais, nous l'avons déjà entrevu, pour s'adapter à des con-

textes différents, les formules peuvent se modifier plus ou moins

profondément. Il va de soi, par exemple, que le poète choisit

des formes grammaticales équivalentes suivant les nécessités

métriques,

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L'EMPLOI DES FORMULESDANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADE 129

A 36 'AïrôXXam àvaxTi ~èv  /JUXOJAOÇ xéxe Ay^ù

Mais T il 3 àXXà Oewv «ptoroç Bv r\ ù xo [JLoç T é xe AY; T W.

D'autres modifications concernent le sens même de la for-mule. Passage d'une personne à une autre :

A 28  jJi'/î v û ~o t où y pa tapnri c-x' Trrpoy xal <rré[Jt.|jia9eolo

Le premier hémistiche, adapté, se lit on A 866 :

[* 7\  v û TOt ou ypaUjiWT'.v, ocot ôeol e'w' £V 'OXûpntw

La soconde moitié de A 566 est impliquée dans un autre con-

texte en E 877, 0 451.

Autre exemple, dans deux vers qui se répondent en deuxpassages du chant :

A 137 et Se xe  jjtr, Scous-tv, eyw 8é xev auxoç eXcopiat

En A 324, lorsqu'Agamemnon donne ses ordres aux hérauts,on lit :

€t Se xe [/T) Sw^atv, ey.ù SE xev aùtè^ é'Àw[j.at

Avec l'alternance entre le mode indicatif et le subjonctif :

A 559 Ttpv/ja-etç oXéetç Se noXéa; eut V7)uaîv 'Avatwv

Le subjonctif en B 4 :

Tt|i.7}<TifloXèVfl Se rcoXéa; sitl v/juslv 'Ayjxtûv

De même l'imparfait et l'impératif, avec un préverbe diffé-

rent.'En A 407 Achille demande à sa mère d'aller trouver

Zcus :TWV vuv  jjttv [xv/îo-ao-a -ncf.pé Ce o xal Xaëè yoùvuv

En A 500 Thétis va trouver Zeus :

xat pa TtàpotO' auToto xaOlÇeto xal Xàëe yoôvwv

La première partie du vers, jusqu'à la ponctuation buco-

lique se lit en A 360, lorsque Thétis console son fils :

xat parcàpoiG' aùiroto xaGéÇexo oàxpu ^êovTOç

Enfin en A 557 Héra reproche à Zeus son entrevue avec

Thétis :

7jepî/| yàp dot ye TtapéÇe-ro xatXàêe yoûvwv

L'adjectif fjeptri se trouve volontiers en tête du vers, cf. A497.

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130 P1EIIRK CHANTItAINE

Le changement d'une particule ou d'une préposition peut

égalementmodifier

profondémentle sens d'une formule. Nous

avons déjà signalé p. 125 comment A 93 répond exactement à

A 6§. Le procédé permet d'adapter un vers à un contexte tout

différent :

A 339 ^poç ~£ Gîôiv itaxàpciiv Ttpô^ TS 9V7,TC5Vàv9p<ôraov

En t, 521 le vers présente une structure rigoureusement com-

parable :ouïe 9s<ôv uaxàowv ours QVT.TWVàv9ac!)Tcuv

Il faut surtout étudier certains ensembles complexes où le

 jeu des formules se montre dans toute sa liberté :

Pour dire qu'un ou plusieurs personnages marchent le long

de la mer, Homère dispose de plusieurs expressions qui se l'ont

écho :

A 34 fif, 3' àxéwv itxpà 9r.va noXu'JAow-6oi.o 9aAdf7<r/|;

En I 182 le vers est transposé au duel : .

zù> OÊ p7.Tr,v Ttapà 9wa •ÏÎOAU»XO'IT6OU>GaXàïST);

La fin de vers 7ioA'jsAo£<rêoi,o OxXaTjri; est traditionnelle (v. H

209, Z 347, N 798, v 85. Des groupements qui rappellent de

très près A 34 se lisent en deux passages :

v 220 ép7tiiÇ«v ira oà Oïva iro Xu coXoia-êo *.o QaXào,a,ïiç

M1" 59 Il7|AsîSïiç 8' ÎTÏI 6ivl îtoXuoeAoiffSio QaXàTaïi<;

En T40 le mouvement est comparable à celui de A 34, mais,

bien que certains détails concordent, les formules sont autre-

ment disposées :

A'jTap o j3vj Ttapà 9wa 8aXàT<77|ç 8ïo; 'AyiXXsûç

avec une variante ...uapà 8ïva ïioSipxr.ç Sïo; 'Ayj.XXsû?. Le groupe

initial {3T>8' de A 34 est fréquent, cf. A 44 etc.

A 59-60 'ATOSWYI VJV au.|jL£ TtâÀàv TiXay^JîVTa; oio

à<l àïiovOTT7)<rît,v, si,' xsv Oàvaxév ye <pôvo<.u.sv

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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADE 131

Kn v 3-6 de Y Odyssée le passage est adapté à un contexte

différent :

...û>i/so£»s;, T(î> a-1 ouTiîcàXiv TÎ X ayyOI v xa y' oîto

ai à.Tz o voffTV] 5 E I v, si xal uàXa itoXXà TtsïtovQaç

Dans ce cas il est possible que le texte de VOdyssée ait été

inspiré de celui de Y Iliade. Noter le y' qui évite l'hiatus au

dernier vers.*

En A 44 le départ d'Apollon est a insi décrit :

[3ïi oï xax' OjXûunoio y.apY;vwv ywôiAgvo; x?lp

La combinaison évoque un vers plusieurs fois attesté pourdécrire le départ d'une déesse :

R 167 = à 74, H 19, X 187, Q 121 ; a 102, u 488 ^ SE V.V.~

OùÀû [ATÏO (.0 xapY)wov àiÇaT».

C'est h partir de la ponctuation bucolique que le vers passe-

partoul a été modifié. Mais les deux derniers pieds font égale-

ment écho à des fins de vers connues. Le mot x-îjo (voir les

exemples dans Prendergasl) se trouve très volontiers à la finale.

Citons seulement H 428 ...àyvjp-voi. xfàlo. Quant à la place de

y;o>6[/.svo; inséré dans le dernier dactyle, voir S 260 ywôjxsvo; uep.Le vers A 44 est ainsi constitué d'éléments formulaires plus

ou moins fixés et d'importance variable qui s'articulent après

le quatrième pied.

Soit le vers A 76 ~ol yàp Èywv Èpîu>, <rî>3è o-ûvOso xat ixot. oj/oar-

<XOV.

Il se retrouve avec des variations insignifiantes dans la pre-mière partie et avec un second hémistiche différent, mais quifait toujours écho à A 76 :

A 233 àÀX' ex 70'. spsw, xai sul [/iyav opxov o;aoû|i.a!.u 229 70'jvïxà 10'. spêw, xal ITÏI [jiyav opxov à|j.oij[Jt.a>.

vLe second hémistiche de ces deux vers constitue lui-môme

une formule :

I 132 xoiipvi Bpwrjoç, xa l ÏTÎI IJLÉvav oxpo v OULOÛ j^a i,

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132 PIEKRB CHANTRAINE

D'au Ire part avec une seconde partie différente, mais qui rap-

pelle d'une autre façon A 76 :

Z 334 .= * 129 xoijvexâ xsa èpéw, uù Se <rjv6eo xai p.eu àxouaov

o 318 -— u> 265 èx yàp -rot. spsw, <rù 8s aûvQeo xoû aeu âxouirov

7t 259 , TOI yàp eywv spéw, au oè o-ûvfko xai U.EU àxouaov

On note les variantes du début du vers (jz 259 = A 233) ;

d'aulres types comparables s'observent encore en A 204, 212,B 257 etc.. On remarque surtout que la lin de A 76 répond à

deux séries de formules; l'une où le verbe OU.VUJA.1.se trouve

impliqué; l'autre

plus proche parla l'orme et

parle mouve-

ment substitue âxou<rov à OIAOTO-OV. — A confronter ces quelquesvers qui présentent chacun une combinaison de formules d'ail-

leurs interchangeables et qui s'évoquent l'une l'autre, on aper-

çoit à plein la souplesse du procédé.

A 164 Tp(!>(ov ÈxTvIpTwa' èù vaiojJtevov uToXUQp&v.

Le vers se retrouve à un détail près en B 133 :

'iXtou sx7tépToa Èù vaiô|Aevov 7txoXU9povet en N 380 :

'iXtau èxTOpu^ç su vaiôpievov •rcroXUOpov.

Le mouvement restant le même, d'autres passages com-

portent une modification de la forme verbale et du participe.

A 33 = ©288 'iXîou sÇaXaTtàÇoa, è oxTtjJievov TïToXîeOpo v

•!>433 IXiou

èxTtÉp

ara vxeç euxTÎjxevov

TETOXte.6pov

Enfin avec un verbe de sens différent et une construction

différente :

I 402 "iXiov sxxflo-ôai. eu v ouô[jt.Evo v itToXîeôpov

Dans ce dernier passage "iXwv est le sujet d'sxrriaSai..

Les variantes que l'on observe en ces quelques passages

reposent sur le  jeu des formes verbales différentes èxuépo-ou,

èxuîpTavTEç etc., èxxyia-Qai., È^aXaitàÇat. Selon la structure métrique

de ces formes verbales, le poète emploie l'épithète èù va'.ô[A.evov

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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PKESIIER CHANT DE L'iLlADE 133

ou èuxTÎfxsvov. L'unilé de toutes ces formules est marquée par

la structure du vers et l'emploi aux derniers pieds du vieuxmot épique ircoAUBpov. On notera que le vers A 144 est le seul

à avoir Tpûwv (« des Troyens, de la région troyenne ») pour

'iXtou ou "iXiov.

A 302 et o' âye JJUYJVTtelpricm ïva "p»d»w<7t.xal ol'os.

Le second hémistiche se lit tel quel en W 610

Suxra) èjjwjv itsp èoGuav ïva yvûuii x y. I oïos

Quant au premier, il se trouve sous une forme un peu diffé

rente en ® 1 8 :

si S' âye Tcsi.pvîa-aa,9e8eol ïva EÏSSTÊ 7càvxeç

A 386 Y|xlu.7i<7ev éXwv yàp s^et, yspa? aù-rôç àrcoiipaç.

Le vers est également attesté en A 306 et B 240 dans le dis-cours de Thersite.

En 1111 Nestor reproche à Agamemnon sa conduite en ces

termes :

Yinfjiïiattç• IXwv fkp ê^eiç yèpaLÇàÀV é-rt xoù vûv

Le changement de personne est banal ; le groupe final a été

modifié pour introduire une amorce au vers suivant. — Quant

aux deux derniers pieds de A 356, auto? à^oûpaç, le groupe

répond à T 89 aùràç aTOriûpwv. On notera d'ailleurs que le parti-

cipe àranipaç est toujours en fin de vers.

Il est probable que I 111 a élé inspiré par A 356.

Soit encore les vers A 497-499 :

7|eplr, S' àvéëvj [xéyav Oùpavôv OûXup.n6v te

r,upsv S' eùpôoTra KpovloYjV àxep YJJJIEVOVàXXwv

àxpOTaT^ xoputf^ TtoXuSsipaSoç OùXûjj.raHO

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134 PIEU LIE CHANTRAINE

Les éléments sont complexes. L'adjectif 7,spwi se trouve en

tête du vers 497 comme clans lous les autres passages (A 557,r 7, i 52) ; — 497 b rappelle E 750 ^ 0 394 :

Trjç èitiTéToairaci aéyaç Ou pavé; OuXu untôç TE

498 est composé de deux hémistiches qui se trouvent chacun

séparément en d'aulrcs passages, Pour 498 a on comparera0 152 :

EUOOV ô' suoùo x:a K o ov i S71v àvà Faovâoto âxou

et Q 98 EUOOV 3' eùpûo-a K p ov iôht\  v itsol S' àXXoi aTiav-reç

498 A se retrouve en K 753 :

e'jpov oè Kpovicova 9ewv aie p vj [/.ev o v àXXwv.

Enfin 499 = E 754, ©  3.

Un groupe métrique peut être impliqué dans deux contextes

où l 'ordre des mots et le mouvement différent :

A 536 6-537 . oùU  juv "HpnT|Yvo£ïi<7ev on ol auj/.MpiTaraTO pouXà;

Il faut rapprocher e 7T-78 : oùoé  jxiv àv:r|V

,'Ôyvoîï)<T£ v tooûaot KaXiJ'iw o~.a Qeàwv

Dans la formule odysséenne un adverbe se trouve à la place /du nominatif "Hpvi et le sujet du verbe emplit tout le dernier

hémistiche. — Quant à 537 b, l'expression s'en retrouve en A

540 = 8 462 b Oeûv <ro[Aopàa,3,aTO/  jïiouXâ;.

A 549 OV Ot Y.' £Y(i)V àïtaV£u()î 9îWV ÈQéXlûtU VO/JTa'..

« la pensée que je voudrais concevoir à l'écart de tous les

dieux ». La modification de deux mots adapte la formule à un

contexte essentiellement différent.

0 10 ôv Se x' svwv à-rtàv£u9s Oswv èôÉXovra VO^ÎM

Ici ov a OetTivpour complément : « celui des dieux que je ver-rai à l'écart vouloir porter secours etc. »

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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PUESIIEIt CHANT DE L'iLlADE 135

Une formule comparable se retrouve aveu le même mouve-

ment en B 391 :ov oè x' sywv aTîivîuQe wày/j; sOi^ovTa VO^TO)

Enfin en 0 348 un groupe un peu différent :

ov 8' âv èywv àicâvêuOs VEÛV STÉowôt. vo'/jfffa)

Dans tous ces passages le mouvement reste le même, com-

mandé par les mots ov... ÎVMV àTcàvsuQj. Mais la lin de vers, avec

des formes verbales différentes,comporte

des constructions et

des significations différentes.

En A 149 Achille interpelle Agamemnon :

"Q p.oi àvato£'lr|V È-ïïUiptivs y.epoa),£6cppov

La première partie se trouve impliquée dans un passage d'un

mouvement différent où Achille rappelle devant les envoyés

ses griefs contre Agamemnon :

I 371 v. Tivà itou Aavawv eu ï'kTifzax y.tzv.Tr^zw

aUv ivat'.3ety|V ÈTtietuiÉvo; ' oùo' av ë[j(.oi.ys....

Quant à l'épithèle xspoaAeôoepov qui occupe les deux derniers

pieds, elle se retrouve à la même place en A 339.

Tous ces groupes de formules sont caractérisés par le main-

tien en certaines places du vers de mots essentiels, les autres

se modifiant suivant les nécessités du contexte. On observe

pourtant quelques rares exemples .où la formule se trouve

pour ainsi dire décalée.

A 591 pï'Ls Ttoûô^ TîTaywv àra> (3Y)ÀOÛÔÎIXTCTÎO'.O

fin 0 23 le poète a besoin d'un itératif, ce qui altère tout le

système :

pi-nxao-xov Tsraywv àitô (ï/|Ào'J, ôcop' av ?>«|Tai

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136 PIERRE CHANTRAlNË

Quant au groupe à™ [iï|Xoû Oes-rea-Coto en A 591, on notera

que (ko-TOcûù'.o forme volontiers les deux derniers pieds d'un

vers, cf. B 457 ^aXxoû (jsa-Ttîarîoto, etc..

De même on lit en À 11/12.

ouvExa TÔVXpô<T7|v TiTLfJLairevàpyjTfipa

'ATOSÎSYIÇ• 6 yàp YJXOSQoàç STCIv^aç 'Ayatwv

En A 371, dans le récit d'Achille à sa mère, pour introduirele groupe 372-373 = 13-16, le poète a ainsi adapté le vers :

Les deux pieds initiaux supprimés sont remplacés à la finale

par un groupe métrique équivalent constitué par l'épithète

•^aXxoytTwvwv, qui se trouve ainsi attesté un très grand nombre

de fois dans les deux derniers pieds comme qualificatif

d"AXaiwv (cf. B 47, 163, 187, etc.).

Dans quelques cas limites, un groupe féminin, par exemple,

peut évoquer le groupe masculin correspondant, mais les deux

formules sont assez différentes.

A 577 |*7iTp'. 8'êyw itapàfV)fu xat, auffl Tcep voeoûffip.

Comparer le féminin en W 305

fjiuOsvr' etç àya9à eppovéwv voéovtt xal a.l)xû>.

Deux formules nettement différenciées au masculin et au

féminin se répondent pourtant l'une à l'autre.

Nous avons choisi dans le chant A un certain nombre

d'exemples significatifs. On y aperçoit d'abord comme le style

homérique est essentiellement formulaire. L'unité de la phrasen'est pas le mot, mais la formule métrique qui occupe une

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^.^^Wf^^^^'^MS^^^''^^^^"^ '-^fWs. .«v*.^ '..f^ff^v/^^^^^^^'?98»*^

L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PREMIERCHANT DE L'ILUDE 137

place déterminée dans le vers et qui peut être répétée un

nombre indéfini de fois. L'examen du texte

homérique apportedonc une confirmation à la doctrine systématiquement expo-

sée dans la thèse de M. Mihnan Parry (1). Même, là où l'exis-

tence d'une véritable formule ne peut se démontrer, la struc-

ture du vers est de type formulaire. Le second hémistiche

d'A 2 ...p.upt' 'Ayaiotç àXys' IG-^xe rappelle le schème de B 272...

 jAUpî' 'OSuo-o-eù; èo-QXà ëopye. D'autre part la finale âXye' I8ï)xe se

retrouve en X 422. Ces cas extrêmes mis à part, il apparaît que

lepoète dispose

d'un trésor immense d'expressions formu-

laires dans lequel il puise pour fabriquer son vers. Ces for-

mules traditionnelles remontent à la plus haute antiquité (2).

Elles constituent le fond le plus ancien de la diction épique.

C'est dans les formules que se trouvent impliquées les vieilles

épithètcs dont nous ne pouvons pas déterminer le sens, ce

sens échappant peut-être déjà aux contemporains de l'épopée

homérique : àxpuyé-roto 17 fois en parlant de la mer, une fois

enparlant

de l'éther ;àXtpyirràwv, cinq

fois en parlant des

hommes (3), etc.. Du point de vue grammatical, il est frap-

pant que ces formules présentent souvent un caractère

archaïque : inversement tous les passages du chant A où le

digamma ne peut pas être restitué sans une altération assez

grave du texte traditionnel ne sont pas constitués au moyen

de formules de type connu (voir A 19, 106, 203, 438, 555, 576);

le vers i4l vùv o'àys vrja fjiXaivav spûarTOii-sv et? aXa Sîav, où la

formeèpiitio-oiAev

necomporte pas

ledigamma

attendu,rappelledes vers odysséens 0 34, n 348.

Pour archaïques que soient ces formules elles constituent

des sortes de schèmes qui sont modifiés suivant les nécessités

(1) On trouvera une analyse complète des premiers vers de l'Iliade et de

l'Odyssée dans l'article de M. Mihnan Parry (Harvard Sludies, 40 [1930], 118-121).(2) On a souvent insisté avec raison sur le t'ait que nos poèmes homériques

sont l'aboutissement d'une longue tradition poétique; voir en dernier l ieu G.

Glotz, Les poèmes homériques avant Homère, CltAI, oct. 1931.

(3) Voir Miloian Parry, The Homeric Gloss, a Stu'dij in Word-Sense (Trans. ofthe Am. Philol. Ass., 49 [1928], p. 233).

REG, XLV, 1932, n» 210-211. 10

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"«;-'^^;^"^U?S^S^f!ra?^^W^*;^^f,f>*'^ 4.mr^H^tffx^t"1^ 'X y&#a YfwwB,?:»,-».»; «strew^^fi^FÇ.y^y

138 P1ERUE CHANTRAINE

du contexte. La substitution d'un mot à l'autre peut transfor-

mercomplètement

le sens et le mouvement d'un vers. D'autre

part les formules sont de longueur variable et peuvent s'articu-

ler en des places diverses du vers. A l'intérieur de groupes

comparables des épithètes ou des verbes de valeur métriquedifférente peuvent alterner. On reconnaîtra avec M. Milman

Parry le caractère traditionnel et formulaire de la diction

épique; mais il faut étudier les formules dans la trame du dis-

cours ou du récit; on constate combien elles sont souples et

ductiles, aptes à

s'adapter

à tous les contextes. Il arrive même

que la formule présente des variantes sans quelles soient

rigoureusement exigées par la métrique ou par le contexte

Soit A 3 izQXkkç £' i^>9'lp.ouç Aic^àtç "At,3t. upoLatj/EvLe vers se retrouve, avec une légère variante en A 55 :

A 53'

xaxà S' yJ/ôQev Y|xev èépiraç

(H[/,<m [AuSaXéaç si; oàQépoçotivex' è'^eXÀevitoXXàç l<f6i[j.ouç xsïiaXàç "A181 7cpoiài{/£t,v

En A 3 Auyàç s'oppose à avToù; du vers 6. En A 55 le versest impliqué dans un développement qui vise à être pitto-

resque et haut en couleur : l'image des têtes que le fils de

Cronos médite de  jeter chez Hadès s'accorde avec celle des

gouttes de rosée sanglante qu'il envoie du haut de l'élher. —

La diction formulaire a été adaptée aux nécessités du style.

II

C'est à dessein que nous avons étudié les formules en elles-

mêmes sans nous demander si tel passage n'était pas inspiré de4

tel autre. Il est certain que les aèdes disposaient d'un fonds

très riche d'expressions toutes faites, quelques-unes remontant

à la plus lointaine antiquité, et que, la plupart du temps, il est

vain de chercher à reconnaître dans quelle partie des poèmeselles ont d'abord été

employées; leur histoire est si complexe,

leur origine si lointaine que le plus probable est qu'elles exis-

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« ri-'4W!j î"'«^'*H' ^-;r ' ^i*vr¥'^'V4 4w*iw fi^

LEMPLOl DES FOKMULES DANS LK PREMIBK CHANT DE L'iLIADE 139

taicnt depuis longtemps quand ont été composées VUiade et

VOdyssée : sur ce point on donnera volontiers raison à M. Mil-

man Parry.Dans certains cas particuliers, si un groupe se trouve par

exemple dans deux passages de VIliade et dans ces deux-là seu-

lement, on peut se demander si les deux textes n'ont pas étémis en rapport et même si l'un n'est pas inspiré de l'autre.

Si d'autre part des éléments qu'on a l'habitude de lire dans

['Odyssée se trouvent introduits dans un développement de

VUiade et dans celui-là seulement, l'indication peut aussi

aider à l'analyse du poème. Nous ignorons, il est vrai, les épo-

pées qui ont pu précéder VUiade et VOdyssée ; nous ignoronscomment s'est constituée la masse formulaire! de la poésie

épique. Aussi, en cette matière, ne peut-on que proposer des

vraisemblances sans donner de preuve décisive. Le fait quedeux -formules ne sont attestées qu'en deux passages des

poèmes homériques peut être produit par le hasard. Pourtant,à relever ce qui apparaît caractéristique, on a chance d'éclairer

la composition des poèmes.Le chant A qui nous occupe constitue un des éléments les

plus archaïques des épopées homériques. Les vers répétés dans

d'autres chants, s'ils ne sont pas fabriqués avec des formules

banales et s'ils signifient quelque chose, peuvent parfois prou-ver qu'un passage a été inspiré du chant A, et rien dé plus.On doit donc laisser échapper à peu près complètement les

répétitions qui se rapportent à VOdyssée (voir p. 148 et suiv.

des exceptions et des cas particuliers). Ces répétitions peuvent

comporter un enseignement pour l'histoire de VOdyssée. Pour

celle de VUiade, elles ne nous apprennent rien. A l'intérieur

de VUiade elle-même, il n'est pas sans intérêt de signaler les

répétitions les plus typiques. Dans la majeure partie des cas,elles n'éclairent pas le chant A lui-même.

Notons d'abord quelques vers isolés. Le vers A 3 semble

avoir été repris et adapté en À 55. Nous avons montré plus

haut (p. 138) comment cette adaptation illustre la souplessedu style homérique.

''-;'f'- "iV' w

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140 PIERUE CHANTIIAIMO

Cilons encore A 131 = ï ISS (dans la scène de réconcilia-

lion entre Achille et Agamemnou) :

|j.ri ô1OUTW;, àyaOôç rep Èwv, OSOÎÛ.SX' 'AyiXXsii

A 254 = H 124 (toujours dans la bouche de Nestor) :

(ô TOTtoi r, [xsya IÏSVOO; 'Ayxdôy. yoJ.otv Uàvst

A 499 = E 754, ©  3 (le passage de (-) est certainement

assez tardif) :

àxao-usraji xopu»^ TvoXuSetpaoo; OùXûjAraao

A 586, légèrement modifié, est repris avec le même mouve-

ment en E 382 :

i£"Xa9i, [A'/y^ep èpi, xal àvà<yy£0 xïiôoj/évri irep

Et surtout le groupe A 176-177 :

lyOïT-o; Ss  j/ot èirori otoTpetoÉwv [îacuX'/Jiùvalel yàp ~0'. è'ptç ~£ oeîXvj TTOXE^OLT.S f^y* 1 TS

Cf. E 890-891 :

ê^QvrïOi; os pioi Ènm (tewv oï "OXu[/.itov ïyouai

alel yao ~0'. sp'.ç TS  îpîX'fj uôXeu.0'1 TS [jiàyai TELe second vers du groupe était alhélisé en A 177 par Aris-

tarque : « l'amour de la guerre et des combats ne doit pas

être reproché à un héros ».

On observe un certain nombre de reprises du chant A dans

le chant Q qui est tardif.

A 12-13 : -'-'V- ô yàp TJXÔEGoà? sitl vïja; 'Ayaiûv

XuTOp.sv6; T£ ôûyaxpai tpipwv T' «reps lut' arco'.va

Il s'agit du prêtre qui vient offrir une rançon pour sa fille.

Cf. Q 501-802 où Pi'iam va demander à Achille le corps de son

fils : _wv^ -ou vûv eïvev' Ixàvco vyjaî 'Ayatwv

XUTOW.£VO;uapà <TS~.Ocpépov x' aTcspelot' ànotva

L'antériorité de A n'apparaît pas douteuse.

A 33 = Q 571 ô; soeat', #SSst.<T£vS' 6 yspwv xal ÈTOIOETOpûOw

Le vers se rapporte en A au prêtre, en Q à Priam.

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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE,PHEMIER CHANT DE L1LIADE 141

•A 57 repris presque littéralement en Q 790 :

oï 8' sjtel ouv 7)y«p9sv ojAYiyEpsÉçx' ÈyévovxoMais Q 790 risque d'être une insertion ; le vers est omis par

un papyrus et par les meilleurs manuscrits (en particulier A

etT).

Les rapports que A présente avec d'autres chants comportent

parfois un intérêt pour l'étude de la s tructure du poème. Les

reprises du chant A dans le chant B sont nettes etsignifica"tives. On aperçoit comment B développe la situation exposée

en A. Noter en particulier les vers répétés dans l'épisode de

Thersite :

A 232 = B 242 7j yàp x' 'AtpetSyj vùv ucrroiTa Xwê/ja-aw

A 356 = 507 = B 240 r|TtjJi7io,£v IXwv yàp Eysi yépatç aùfôç

àitoupâç]Le vers A 277 p.ï]Te ait Qrfei.Z-i\  ÔÎ'X' èpiÇé[*svai (3îmXTJi

se trouveadopté

en B 247lorsqu'Ulysse réplique

aThersite;

w%eo fi^o' sQeA7

oïo; spiÇéjjLeva-'. pao-iAsûmA 91 8; vûv TtoXXov àpwio? 'Ayoutôv eûyexai eïvai

est adapté en B 82 :

vûv 3' ïosv 8ç [xÉy' apirroç 'Avauùv euyeTai sïvat

Le vers dans les deux passages s'applique à Agamemnon.En A 558-559 Héra reproche à Zeus d'avoir promis de ven-

ger Achille :

. . i w; AyiAïia

Tijjnrïffeiç oXéeiç 8è TOiXsaç ÉVi v/jualv 'Ayaiwv

En B 4-5 le poêle nous montre Zeus réfléchissant à son

dessein :

OK 'Ay'.Xrja

TIUVÎTIJI oXÉirri SE îroXÉa; sw. VY^UTIV'Aya'.ûv

La reprise souligne'la continuité du développement.

En A 428 Thélis quitte son fils :&î àoa (suvïj-arxer' à«'e6v)«xo, -ôv 8' È'XIIÏ* au*)'.

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142 PIEKRE CHANTKA1NE

En B 35 Oneiros quitte Agamemnon :

&c, apa {pwvTjaaç à.7iî&r\<rs.zo,TOVSe Xin au6t (1).

On ne s'étonnera pas non plus que le neuvième chant, qui

appartient peut-être à un groupe un peu postérieur, rappelleet répète un certain nombre de vers du chant A, l'ambassade

se trouvant en rapport étroit avec la scène du Conseil.

Le vers A 149 par lequel Achille interpelle Agamemnon :

b>  jAOl àvOtlOS'/^V S7Î'.EI|JISVS X£p8«XeÔ»pOV

est rappelé en l 172, également dans un discours d'Achille :

aisv avai8s''ï|v sro.siuivos. Où xsv suotys

De même, pour caractériser le rapt dont Achille a été vic-

time, le vers A 356 = A 507 — B 240 :

T|TÎIXY;!TEV• sXùv yàp sy.si yspa; aùxô; iitoupà^

est repris et adapté en 1 111

T|TÎuY|Ta<; • sÀwv yàp ê/eiç yépaç' ctXk' êxi xal vûv....

En A 328 les hérauts dépêchés par Agamemnon arrivent au

camp des Myrmidons :

Mupu.'.oôvwy o' ÏTCÎ TS x.A'.T'lai; xal vï^aç '.xéo-9r,v

En I 185 le vers se retrouve; il s'agit de l'ambassade (Ajaxet Ulysse; on sait que le personnage de Phénix pose un pro-

blème) qui se rend auprès d'Achille.

11 apparaît enfin que dans l'entrevue de Thétis et de son fils

(A 348-430) se trouvent des vers qui ont été utilisés dans

(1) Noter la différence d'orthographe 6' ÈÀ;it' et ôè Vit'. En B le scholiaste

indique la forme sans augment comme aristarc.héenne; c'est aussi la leçon duVenetus. En A 428 tonte la tradition donne la l'orme il augment. Nous respectonsce flottement sans nous faire d'illusions sur l'autorité de nos manuscrits en cette

matière. Pour qui se représente ce que devaient porter les premiers manuscritsd'Homère, il n'y a pas de variante, mais deux interprétations de la graphie,

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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PKEMIEK CHANTDE L'ILIADE 143

(les scènes parallèles, dans la Patroclie en n et clans le chant

de la fabrication des armes en S, ces deux chants ayant été

agrégés au poème postérieurement à A.

Soit les vers A 357-358 :

ôç toàto Sàxpu yébiv, TOÙ O' sxXue iro-ma [A^T/ip

T|fAÉVYisv [iévÔeinv aXoç Tcapà Traxpl ysporct....

En S 35-36 Achille apprend la mort de Patrocle :

ffjAEpSaAéov 8' ôlipi.(o^£v' axouo-s 3s TcÔTV(.ap.'o~'^ip

7)utiv/i sv ÔsvQsinv àXôç uapà ita-rpl yspov:1..

Dans les vers A 362-364, Thétis demande à son fils de luiconfier ses peines :

xsxvov xî xXoûeti;; xî Se TS cpoévaç "xçxo TCSV8OÇ;

s^aûSa, ari xsùQs vôco, "va eiSojASV ajjLtpw.

Tr|V Se (3apù arevàycov TipotréV/) rcoSaç wxù; 'AviÀXsiiç...

A 362-363 = S 73-74 ; — A 364 = S 78 dans une entrevue

entre Thétis et son fils. Signalons en outre que A 363 se trouve

en I I19 dans ungroupe

de vers adresséspar

Achille à Patrocle.

Enfin en A 411-412 Achille demande à sa mère qu'Agamem-

non soit confondu :

yvwifl S' 'ATpe'18ï)î eùpù xpeîcov 'AY«|Aé[xvwv

Î\V àtriv, o T àpwrov 'Ay^atûv ooSèv exwe

En n 273-274 Patrocle emploie les deux mêmes vers en

s'adressant aux soldats Myrmidons.

Pour les vers A 453-455 qui se retrouvent dans la Patroclie,

voir plus loin p. 147 sq. l'étude de l'ambassade à Chrysé.

Ces répétitions ne sont pas toujours très significatives ; mais

les coïncidences avec des groupements un peu importants ou

caractéristiques de B, de I, dé n, de S soulignent la cohérence

de l'Iliade et montrent comment en composant les dévelop-

pements

ultérieurs du poème on a

toujours

eu le

premierchant présent à l'esprit.

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-h ** ''^C^V^f.^'--,,. .&,&.*$,>:.': ..^.'Xrfe^V^^^^^.^f-'^^'A'.A,.^'^

144 PIEHRE CHANTRAINE

Si l'on observe le premier chant en lui-même, on relève de

nombreux rappels d'un passage à l'autre. Nous avons déjà

remarqué (cf. p. 12i) que c'est un procédé courant du style

épique que de reprendre les mêmes expressions pour raconter

des événements qui ont déjà été décrite une première fois. Le

chant A offre de nombreux exemples de pareilles répétitions.Le vers 93 reprend sous forme négalive ce qui est présenté sous

forme interrogative au vers 65.

En 195-196 on nous dit qu'Héra envoie Athéna auprèsd'Achille. Les deux vers sont repris et adaptés en 208-209 lors-

qu'Athèria apparaît à Achille :

oùpavoOev•

7tpà Ss pi' T|xe bsà ÀSUXWÀÎVO;"Hp7|àuiïiw ôuwç Ouiuo oevAiouo'x xyiooinév/i TE

En 137 Agamemnon menace de reprendre de force sa partd'honneur à quelque Achéen ; le vers est repris et adapté en

324 dans une réplique où Agamemnon menace le seul Achille.

En 141-144 Agamemnon ordonne de mettre un bateau à la mer

et de ramenerChrysèis

à sonpère.

A la fin duConseil,

au

moment où l'ambassade cingle vers Ghrysé, se trouve en 308-

.311 un groupe très modifié, mais qui fait pourtant écho à 141-

144. Ainsi se trouve marquée la continuité du développement.

Le chant A est composé de divers éléments que les philo-

logues du xixe siècle ont cherché à dissocier, mais dont l'union

(sauf pour un d'entre eux, voir p. 147) est si intime qu'on a

le droit de les considérer comme « primitifs » (voir Wila-

mowitz, Die Mas und H orner, 245-259). Le Conseil et ses con-

séquences occupent le début du chant jusqu'au vers 345. —

Achille supplie sa mère de lui venir en aide, 346-430. — Thétis

demande à Zeus de venger son fils outragé, 488-530. — Dis-

pute sur l'Olympe, dont Wilamovvitz a marqué le parallélismeavec la querelle entre Agamemnon et Achille sur la terre

531-611. — L'ambassade qui reconduit Chrysèis à Chrysé en

!,,-,:ii,if.,.r£i» ..-JS^:i..

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L EMPLOI DES F011MULES DANS LE PKEMIER CHANT DE L ILIADE 145

431-487 doit être considérée à part et nous l'étudierons plus

loin.Du point de vue formel qui nous concerne ici, de nom-

breux rappels accusent la cohérence de ces différentes scènes.

Lorsqu'Acliille rapporte à sa mère sa querelle avec Agamem-

non, il reprend des séries de vers employés dans la première

partie du chant : 372-375 = 13-16; — 376 379 = 22-25. —

Dans les Ai-*i. Thctis répèle à son lour les expressions dont

son fils s'est servi 507 = 356. — En montrant la déesse qui

s'approche de Zeus pour le supplier, le poète use des mêmestermes qu'employait Achille :

A 500 xaû pa nâpoiB' aÙToïoxa9sÇs70 xal ).àëî yoûvcovCf. A 407 TWVvûv [MV [/.VYÎTaTXïtapsÇso xal Àâ6s yoôvcov

La scène de la dispute sur l'Olympe utilise encore cet élé-

ment :

A 557 Y|eoÎ7|yàp TOI :l\ ye rcape'Çe-oxal Xâês voûvwv

Aucun «lesgroupes que

nous citons ne se retrouve ailleurs

dans YIliade; ils doivent donc, dans une certaine mesure, être

considérés comme caractéristiques.Pour la répétition de 37-40 en 451-454 voir plus loin,

p. 150. .

Parfois une tournure particulière, impliquée dans des con-

textes différents, doit peut-ôlre être considérée comme propre à

la phraséologie du premier chant. Il convient, sur ce point, de

nepas

se montrertrop

affirmatif.Signalons pourtant quelquesexemples :

A 28 a (Agamemnon s'adresse au prêtre) [AÏ) VU TOI où

%?™n ]Cf. A 566 a (Héphaistos parle à liera) JAT)vu TOI. où ypaûr-

[AWTI...JA 518 a (Zeus répond àThétis) f\ 8Y| Xo'/fia epvaA 573 a (Héphaistos s'adresse à sa mère) i\ h'r\ Xo'lyta spya

Ces correspondances peuvent, il est vrai, ne rien signifier ets'expliquer par le fait que le poète a pris deux fois les mêmes

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§«f!?';-^ ''* *>^: ^' "*': fPff^^W^lP^^ .»»|*»^

146 PIERRE CHANTRA1NE

expressions dans la niasse des formules traditionnelles. Mais

ces groupes ne se lisent pas ailleurs dans VIliade ui dansYOdyssée ; ce n'est peut-être pas par hasard qu'elles se trouvent

attestées plusieurs fois à l'intérieur du chant A. La théorie des

formules tend à dépouiller chaque expression de toute indivi-

dualité en les rapportant toutes à une tradition lointaine quinous échappe. Pourtant des tournures plus ou moins particu-lières ne se trouvent employées que dans une partie déterminée

du poème ; on se demandera donc si elle ne caractérisent pas

l'originalité stylistiqued'un

passage. Dans l'ensemble du pre-mier chant (pour l'épisode de l'ambassade à Chrysé voir plusloin p. 148 sq.) le style présente une unité qui mérite d'être

notée.

Nous avons constaté que l'étude des formules de YIliade

reprises par YOdyssée ou. par les poèmes cycliques n'enseignerien pour l'étude de YIliade. Mais si par hasard l'antériorité

de Ylliade a pu être mise en doute, il se pose des questions.Le second hémistiche du vers 5 ...Aièç 8' IteXeie-ro pouXiô se

retrouve dans YOdyssée en X 297 et est donné comme apparte-nant aux Chants Cypriens (Fragm. 1). Il est à peu près cer-

tain que le groupe constitue une incise « la volonté de Zeus

s'accomplissait « et que èij ou se rattache à ôtetSe : tous les évé-

nements sont commandés par la volonté de Zeus (cf. T 270,

274 etc.). Aristophane el Aristarque faisaient dépendre si; ou du

groupe AwS" S' è-zeke'u-zo [3ouX-/)et voyaient dans la phrase une

allusion à la promesse faite par Zeus à ïhétis à la fin du chant

de venger Achille. C'est qu'ils cherchaient avant tout à écarter

l'interprétation desNeÙTepo'. qui voulaient rapprocher le passagedu fragment 1 des Chants Cypriens. Nous apprenons, en effet,

parles scholies AD au vers 5 du premier chant que dans ce

poème « Zeus a résolu d'alléger des humains la terre nourri-

cière en excitant la grande discorde de la guerre iliaque afin de

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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PKEMIER CHANT DE L'ILIADE 147

réduire le poids des mortels », et les scholies citent le pre-

mier fragmentdes

Chants Cypriensoù nous lisons le vers :

'7,poeç xteivovio Aïoç S' ÈTEXEUTO fio\j~kr\.

L'interprétation des Newxepoi rejetée par Aristarque est

dépourvue de toute autorité (voir sur toute la question Seve-

ryns, Le cycle épique dans l'École d'Aristarque-, p. 246). On a

cherché à relier les Chants Cypriens à Ylliade par une expli-cation forcée du vers 5. Bien que notre introduction de Ylliade

ne remonte peut-être pas à une antiquité aussi haute que les

autres parties du chant A et que les commentateurs nous aientlivré d'autres préambules du poème (voir Wilamowitz, op. /.,

p. 246 et Bolling, External Evidence, p. 57), nul doute quel'auteur des premiers vers de Ylliade ait ignoré la légende

rapportée dans les Chants Cypriens. Le rapprochement doit

pourtant être signalé parce qu'il concerne une controverse

dont nous percevons l'écho dans les scholies.

Le vers /. 297, d'ailleurs suspect, se trouve dans une partie

récente de la NÉxuia et n'enseigne rien.

Les problèmes que soulève l'épisode de l'ambassade à Chrysé

(A 430-487) entraînent de plus graves conséquences. Si l'emploide la diction formulaire dans les poèmes homériques ne nous

apprend généralement pas grand chose sur leur composition,

l'accumulation dans un passage- donné de formules dont l'ori-gine peut aisément se définir, mérite un examen attentif. Les

vers 430-487 du premier chant ont été étudiés de près et athé-

tisés depuis longtemps par un grand nombre de critiques (voir

YAnhang de l'édition Ameis-Hentze-Cauer, l'édition Leaf,

pp. 1 et 2, Wilamowitz, op. L, p. 2fJ7). On verra en particulier

chez Wilamowitz comment les vers 488-492, qui montrent

Achille retiré près de ses vaisseaux, doivent être attribués au

fond le plus ancien du poème et non à l'épisode de l'ambassadeà Chrysé, comme on l'a fait quelquefois.

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-, îjfe* ; ^^P%>:;«: ;.:.; *. *,.«, i«_f ?;,;4j4#.4;V 9fc ... *&.:&. ..£, *$%„*»?.

148 PIERRE CHANTKAINE

Le ton de ce développement, qui dépeint minutieusement le

voyage de l'ambassade et le sacrifice à Apollon, diffère essentiel-lement de celui du chant A dans ses autres parties. Ces tableaux

de la vie familière évoquent certains passages de YOdysséeet même des Hymnes. Il ne paraît guère douteux que l'épisodea été introduit assez tardivement par un rhapsode (mais il est

en tout cas antérieur à YHymne délien à Apollon, cf. Wila-

mowilz, p. 257). Cette addition présentait l'avantage de remplir

l'espace de temps qui sépare l'entrevue do Thétis et d'Achille

et la scène des AUai; peut-être l'arrangement plaisait-il aussiparce qu'il modernisait le poème et l'accommodait au goût du

 jour. _ Du point de vue formel qui nous occupe l'épisode dû voyage

à Chrysé est caractérisé par un nombre considérable de vers

répétés qui se retrouvent un peu partout dans YIliade et surtout

dans YOdyssée. Si, dans les autres parties du premier chant, le

fait qu'un vers ou une formule se trouve employé dans YOdyssée

est sans portée pour l'étude de Ylliade, en revanche dans cedéveloppement, dont le style est senti comme très différent de

chant A en général, il importe de recueillir tous les éléments

formulaires qui ont pu servir à le constituer et qui nous per-mettent de le dater au moins relativement.

Voici un tableau de ces répétitions : 432 = TI324; — 435-

437 = o 497-499 ; — 436 cf. i 137 ; — 437 cf. 1150, 547, ji 6 ; ->-

441 cf. A 585; — 446 = W 627, 797 cf. W 565, o 130 ; — 446 a

= 6406,

o120;

— 451-452 = A37-38;

— 453 cf. n 236;

454-455 = n 237-238 ; — 457 == A 43; — 458-461 = B 421-

424 ; — 458 = y 447 ; — 458 a = ^ 359 a ; — 457 b =[* 359 b ;

 — 460-461 = [* 360-361 ; — 460 A-465 = y 457 £-462 ; — 464-

469 = B 427-432 ; — 464-465 = p. 364-365 ; — 465 cf. \  75 ; —

465-466 =  \  430-431 ; — 466-468 = H 318-320 ; — 466 = Û

624 ; — 467 cf. TC478; — 468-469 = V 56-57, n 479-*80 ; —

468 = A 602, s 425 ; — 469 = H 323, I 92, etc. ; — 470 cf.

I175,

a 148 etc.;

— 471 = I176, y

340etc.;

— 473 cf. X 391; — 475 = i 168, 538 etc. ; — 476 cf. pi 32 ; — 477 - Q 788,. p 1,

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L'EMPLOI DESFOKMULES DANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADB 149

Y 404 ctc;-— 480, cf. i 77, K 506, j*. 402; — 481 cf. p 427 ; —

482483 = p 428-429 ; — 485 = - 323 cf. n 359.

L'accumulation des équivalences est saisissante. Les groupesse répondent d'un passage à l'autre, mais ils ne sont jamais

découpés suivant les limites identiques et se chevauchent les

uns les autres. Le fragment du sacrifice étudié p. 126 nous a

montré comment les divers éléments s'articulent.

Il importe davantage de reconnaître ce que l'analyse du stylenous apprend sur l'origine de l'épisode. Le fait que le dévelop-

pement soit purement formulaire constitue déjà un indice.

Aucune partie du premier chant n'est, comme celle-ci, consti-tuée d'une combinaison des formules les plus banales. Sur les

57 vers que compte l'épisode, on en relève 14 seulement quine se retrouvent pas, agencés de même façon, dans VIliade ou

dans Y Odyssée : ce qui n'exclut pas que même ceux-là soient

composés avec des éléments traditionnels. — Soit le vers A 469

aÙTÔtp ènel IÏO'TIO; y.xl SS^TÛO; èÇ è'pov éVro. C'est un vers formule .

généralement employé après la description d'un repas. Le vers,

s'il est isolé, n'enseigne rien. Ici, parce qu'il est impliqué dansune combinaison de vers formulaires, il caractérise, entre

plusieurs autres, la banalité du passage.Ces formules peuvent présenter un aspect archaïque. Des

vers comme 469, avec l'abstrait rare EOKITÔ;, la forme toujours

moyenne de l'aoriste SVTO, peuvent remonter à une haute anti-

quité.— En 459, dans un vers qui se retrouve en B 422 et dont

le premier hémistiche répond à celui de JA 458, on lit dans la

description d'un sacrifice la forme archaïque aùépuaav. Mais lefait qu'on reconnaisse des éléments archaïques n'empêche pas

que leur combinaison puisse être relativement tardive.

Il n'est pas sans intérêt, d'autre part, de rechercher l'originedes vers répétés. La plupart (cf. 458-461, 467-469, 470-471

etc.), sont dénués do tout caractère propre; ils sont répétés un

assez grand nombre de fois dans des parties quelconques des

poèmes homériques. Le vers 469 est typique à cet égard. Dans

quelques cas l'origine du vers ou de la formule peut nous aiderà comprendre la composition de l'épisode.

 _. ,..,i. ;/.J'S~.%»uV^'A"^^'î>ti^"%»'^*'-'

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150 PlËKKB CtiANTRAlNË

Les vers qui se retrouvent dans d'autres parties de YIliade ne

nous apprennent généralement pas grand chose. D'abord les

vers qui se lisent dans le premier chant. A 457 = 43 estbanal :

w; ecsax' eùyôpievot; xoù o' È'xAue «Sotêoç 'ATCÔXXOV

L'invocation à Apollon en 451-452 reprend les vers 37-38 :

xXùGî pisu àçYupoio!;' oç Xpû<77|v à(Ad>tëÉ6r|XaçKtXXav TÊ ÇaOéyjv TevÉSoto xs tôt àvà<y<7Eiç

Notons encore que le vers 441 :

naxpl cpîXcj)èv

yép<r' sxtôsi, xai  juv Ttpoa-és.vrusrappelle assez exactement le vers 585 où Héphaistos offre une

coupe à sa mère, mais il n'y a rien à tirer de là.

D'autres groupes se retrouvent, non dans le premier chant,mais dans d'autres parties du poème. Les vers 453-455 :

Cf. Il 236 ïijxèv 07i KOX' Èpïo rotpoç xXûe; eùSjapiévoto= IT 237 Ti[/.r'|3-aç [j.èv è(uÉ, [*éya 8'  îtyao Xaôv 'Ayouwv= II 238 7)8' é'xt xal vûv uoi xo§' siuxpTjrivGv séXSwp

coïncident exactement avec les vers n 236-238 où Achille

s'adresse au Zeus de Dodone. En II le vers 237 a été suspecté

par les anciens sous le prétexte qu'il convient moins bien en

celte place que dans la prière de Chrysès à Apollon. Aristo-

phane et Aristarquc l'athétisent; Zénodote l'omet (voir les

données dans G. M. Bolling, External Evidence, pp. 164-165).

Quoi qu'il en soit de ce vers que Wilatnowitz défend par de

bonnes raisons (Ilias, p. 119), il n'est guère douteux que la

Patroclie soit antérieure à notre épisode.Certaines formules attestées dans notre texte ne se retrouvent

que dans des parties récentes de VIliade : 446 =W 624, 797,

cf. W 565. — On notera aussi les rapports avec le chant Û. Pour

indiquer le lever du soleil le poète se sert en 477 d'un vers quine se retrouve qu'en Q 788 et dans Y Odyssée :

Y)U.o<;ô" ï)pt,yévei* cpàvïj poSoSàxtuXoç Hwç...

Le trait frappant est que la

plupart^desformules

appartien-nent au fond de YOdyssée. Le style du passage est odysséen.

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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PKEMIER CHANT DE L'iLlADE • 151

Cette particularité se traduit dans un grand nombre de corres-

pondances avec VOdyssée : 432 = « 324 ; — 435-437 = o 497 -

499 ; — 436 cf. i 137 ; — 458 = y 447 ; — 458 a-459 6 =  j* 359 ; — 460-461 = pi 360-361 ; — 460 6-465 = y 457 6-462; — 464-

465 = n 364-365 ; — 465 cf. { 75 ; — 465-466 = Ç 430-431 ; —

467 cf. u 478 ; — 475 = i 168, 558 etc. ; — 476 cf. [* 32 ; —

479 a = p 420, o 292 ; — 480 cf. i 77, x 506, y. 402 ; — 480 b =

S 783, 8 54 ; — 481 cf. p 427; — 482-483 = p 428-429 ; —

485 — iz 325 cf. n 359.

Le grand nombre de ces répétitions est significatif. Elle con-

cernent quelques thèmes définis souvent traités dans l'Odyssée.Arrivée d'un vaisseau :

A 432 = TZ324 aï S' OTË SYI Amsvo; •rcoAuêÉvGeoçèv-oç WOVTO

A 435-437 = o 497-499 xapTcaXijAwç, TÏ)V Û' SIC opp.ov irpoépea-o-av

ex S' euvàç sÇaAov xaxà Ss -repup.VÏ] tria è'8r|<3-av

èx Se xal auTol È'êcavovitapà pyiypÀvt 6aXàa,ffY)ç

Les vers 497 et 498 ont été suspectés par V. Bérard.

Départ d'un vaisseau :

480 cf. t. 77 etc: oï 8' larôv «r^navc', àvà Se iccîa Xeûx' èra-ratra-av

Et surtout :

A 481 cf. 3 427 èv S' aveuoç irpïiorsv piuov LSTTÎOV• àptoi Se xùjxaA 482 = p 428 irreîpiji «opoeiipeov fJiiyaA' wt- e v^ôç ù>ua?iç

A 482 = p 429. v} 8' !8eev xatà xûp.a Sianp^a-aous-a xéleuÔov

Noter que P 429 est suspecté par V. Bérard (cf. son Intro-

tion, II, pp. 434 et suivantes).Dans la» description du sacrifice en 458-469, on relève entre

autres des correspondances avec trois passages différents de

Y Odyssée 458 = y 447 ; 460 6-465 = y 447-452 ; — 458 a-459 b

=[* 359 ; 460-461 =  j* 360-361 ;.— 467 cf. * 478; 468-469 =

n 479-480 (mais le groupe est banal ; il se retrouve en W 56-57

et les vers sont attestés séparément çà et là dans VIliade et

dans YOdyssée).

Parmi les répétitions de vers isolés nous avons déjà cité

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152 P1EHRE CHAKTRAINB

A 477, qui sjc trouve en ii 788, mais qui appartient à la phraséo-

logie odys«éenne. De même pour indiquer le coucher du soleil

le vers 475 :

r,]xo; S' Y|£Àt.o; v.cfzéov xoti ST^I xvsoea^ T|XQe...

ne se lit, hors de ce passage, que dans VOdyssée.

Il est, en outre, parfois possible de constater que l'arrange-ment du morceau n'est pas très cohérent.

Soit les vers 472-474 :

472 o\ Se 7tav7)|/ipt<H U.6XTOJIBSOViXàjxovro

473 xaXôv às'loovTîç itaujova xoûpot. 'A-^a'.wv

474  jxéXnovxe; Ixâepyov" 6 Se cppévaTspjiei' àxoûwv

Le vers 474 est athélisé par Aristarque parce que uéXTrew ne

signifie généralement pas « chanter » chez Homère (l'actif ne

se trouve qu'ici) et parce que le vers répète en partie 472 ; enfin

la construction des deux participes «eiSovreç et JAÉXTCOVTE;estgauche. Or le vers 473 est pris à X 391. Le peu d'aisance du

style trahit l'arrangement, sans que nous puissions bien en

expliquer le détail. Dans le papyrus 99 d'Allen, c'est, semble-

t-il, le vers 473 qui est obélisé.

Dans la description du sacrifice et du banquet (451-473), qui

est bourrée de vers répétés, on a noté que le vers 471 (= I 176,

y 340, » 272) place la libation après que l'on a fini de boire,

ce qui ne se trouve pas ailleurs dans VIliade.Enfin un indice

plus net se présente en 462-463 = y 459-460.

Kaïe ô' ÈTÙa-yiijpç 6 ye'pwv, STÏLS' al'6ona olvov

Xeïês • véoi Se nap' aurtS è'yov TtsjjnïwêoXa '/$?'*'••

En y 400 le mot vsoi désigne les fils de Nestor qui participent

au sacrifice. Ici l 'indication surprend davantage. Le vers y 460

se trouve impliqué dans un groupe que l'aède qui a composé

l'épisode de Chrysé a repris : mais il ne convient qu'à peu près.

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:^.$®-,i.£'7!;ïy.^ÇKJ.:f-~---f^:?ff>lW^

L'EMPLOI DBS FORMULES bANS LE PREMIGH CHANT DE L'iLIADE 153

Nous n'étudierons pas les rapports assez étroits qui unissent

l'épisode de Chrysé à l'Hymne à Apollon : 434 = Hym. Ap.504 ; — 437 = Hym. Ap. 505; — 485 cf. Hym. Ap. 488 ; —

486 = Hym. Ap. 507. Pour une variante ancienne qui rappellede très près un passage de l'Hymne voir aussi p. 123. Ces

correspondances n'enseignent rien sur la composition de notre

épisode. C'est VHymne à Apollon qui est inspiré de Ylliade

(voir Wilamowilz, op. L, p. 256), ce qui reporte l'introduction

du développement dans le premier chant à une assez haute

antiquité.

On le voit, les vers répétés dans un chant de Ylliade ne

doivent pas être considérés pêle-mêle, sans une discrimination

préalable.Il faut tenir compte du fait que la diction est formulaire. La

présence de deux formules comparables ou superposables endeux passages différents de Ylliade et de YOdyssée ne nous

apprend pas grand chose, même si on ne le trouve pas ailleurs

dans les deux poèmes. Ce peut être le fait du hasard que Le

poète n'ait employé que deux fois une formule très ancienne,bien antérieure à Ylliade et à YOdyssée et qui appartient au

fonds traditionnel de la phraséologie épique : sur ce pointcomme sur quelques autres il apparaît que Ylliade et YOdysséesont l'aboutissement d'une longue histoire.

Pourtant parmi tant de vers répétés certains ressortent quisont caractéristiques. La cohérence du style dans un dévelop-pement donné en accuse l'unité. Certains rappels et même

certains tics, pour ainsi dire, dans l'expression, peuvent être

typiques. Ils doivent être étudiés en liaison avec ce que nous

savons par ailleurs de la composition du chant : ces traits

apportent à l'analyse littéraire une confirmation qui n'est pas

négligeable.REG. XLV, 1932, ti» 210-211. fl

...,.-.-,.v,•v, ï;,M„..ll^_„••. ,«,-,. . • . . •'

. <:. ....-..'ÀrlMW.

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I5i PlKKKIi CHA.NTUAI.NE

D'autre part, l'épisode de l'ambassade à (Ihrysé comporte une

structure singulière : l'étude des formules et des vers répétés

montre que le passage est surlout constitué avec des éléments

odysséens plus ou moins adroitement combinés. Même un

groupe comme celui de A 469 aù-ràp srcsl TTOTIO;xal Èo-r.Tuo^ slj

Ipov E'VTOprend une signification lorsqu'il se trouve impliquédans un développement caractérisé par la banalité des éléments

qui le composent.

Un éditeur qui veut tenir compte des vers répétés peutchoisir entre deux partis. S'il veut fournir les moyens d'étudier

le style du poème et ses formules souples et variées, il doit

donner tous les vers répétés, même s'ils sont modifiés et com-

binés suivant des scbèmes divers. On trouve les indications

nécessaires à une telle étude dans l'édition Van Leeuwen et

dans la Concordance de Prendergast. Mais pour montrer com-

ment le poème a été composé et par l'élude du style justifier et

confirmer l'analyse littéraire du poème, ce sont les groupestypiques que l'on signalera : dans une édition de lecture cou-

rante il sera utile de proposer un choix subjectif et délibéré-

ment tendancieux.

Pierre CHANTIIWNE.

ÏS=ÎB3Kty ZZ*3:til:ï*-.~!

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LES CHARITES

Depuis la publication de l'excellente monographie de SamuelEitrem, en 1902 (1), on n'ignore plus le rôle important joué

par les dieux jumeaux dans la religion de la Grèce antique. Le

pavant norvégien comprit, dans sa liste des jumeaux divins

helléniques, les Charités d'Orchomène, sans pourtant trouver,

semblet-il, beaucoup d'adhérents. Mais ce qui (it surtout tort

à sa thèse c'est qu'elle parut trop tôt, c'est-à-dire avant la

découverte du dioscurisme par M. Rendel Harris, en 1906 (2).

Que le culte des Charités soit un des plus primitifs qu'onconnaisse, môme en Grèce, si riche en survivances de ce genre,on ne saurait le mettre en doute après le célèbre passage de

Pausanias, qui avait vu, près d'Orchomène, les trois pierressacrées qui auraient été recueilles par Etéocle au moment

môme où elles venaient de tomber du ciel (3). Ce sont donc

trois fétiches {su oenia verbo) de pierre, appartenant à la

même catégorie que la pierre sacrée de la Ka'aba de la Mecque

et la pierre de Beth-El.Discutons d'abord le nombre des Charités. Il y a une déesse

appelée Charis et qui est tantôt la femme d'Hadès, tantôt celle

d'IIéphaistos, probablement une divinité chthonienne. En

Laconie et dans l'Argolide on connaît deux Charités, nombre

(1) S. Eitreui, Die gollUchen ZwUlmge bei den Griechen, Christiania, 1902

(Videnskabsselskabels Skrifter II, hislorisk-filos. XI).

(2) Uendel Harris, The Cuit of the Heavenly Twins, Cambridge, 1906.

(3) Descr. Gr., IX, 38, 1 ; cp. Frazer, Pausanias' Description of Greece, Londres,1898, V, 113 ss.

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' ' ' "-'ri T >";T-"V.:^"XS5"S-ZR"'*if(X.',77î*'??'.f''T"'.'

156 'ALEXANDRE HAEGGfiRTY KHAPPE

qui est peut-être originel aussi dans le culte athénien (1).Mais en général elles paraissent au nombre de trois (2). Il est

possible, comme le voulait Miss Harrison (3), que la plupartdes triades de femmes divines connues des Hellènes soient

issues de dyades, bien qu'il soit impossible de le prouver.Leur nom commun, XàpiTs;, est sans doute de beaucoup

antérieur aux noms individuels qu'elles portent et qui varient

d'ailleurs suivant-les localités (4). Pour le nom de Xàpt-rs;, on

est d'accord qu'il y a lieu de le mettre en relation avec le mot

yàpiç, « grâce », c'est-à-dire « source de joie » (5), d'où il

faudrait conclure que les trois (ou, deux) Charités sont desdivinités comparables aux « Hulden » germaniques (6). Quoi

qu'il en soit, on ne saurait douter que les rapports entre Charis

et les Charités soient à peu près les mêmes que ceux qu'ilfaut supposer entre la moira et les Moires, le ivt/rd anglo-saxon et les trois weird sisters, c'est-à-dire les INornes, etc.

Pour l'étymologie du nom de Xàpixeç, il est certain qu'il ya connexité entre ce mot et les mots grecs tels que y_aîp£iv,

%àpiç, etc., mots qui sont eux-mêmes dérivés de la racineindo-européenne ghar, « splendeur », d'où sont dérivés des

mots d'une acception très diverse comme le sanscrit gharma,« chaleur », hari, « vert », harit, « rouge », le latin flavus, le

grec ^Awpô?, le slave zlato, « vert », etc. (7). Comme on le voit,

il s'agit d'un groupe de mots désignant des phénomènes

optiques, surtout des couleurs. Or, l'école comparatiste du

siècle passé n'hésitait pas à dériver le nom des Charités direc-

tement de cette racine indo-européenne (8), et Max Mùller en

(i) K.-O. Mûller, Orchomenos und die Minyer, Breslau, 1844, p. 177; H. Use-

ner, Gôtternamen, Bonn, 1896, p. 131.

(2) Escher, dans Pauly-Wissowa, R.E., VI, 21S1 s.

(S) Jane E. Harrison, Prolegamena to the Study of Greek Religion, Cambridge

1908, p. 286 ss.; Harris, op. cit., p. 142.

(4) Escher, R.-E., VI, 2152.

(5) S.-V. Cerquand, Revue archéologique, 1S62, II, 328.

(6) Escher, R.-E., VI, 2150.

(7) F. Max Millier, Selecled Essaya on Language, Mylhology and Religion^

Londres, 1881, 1, 66.'(8) Zeitschrifl f. vgl. Sprachforschung, X, 96 s,

l&fv""at3KSW»*W

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LES CHAKITES 157

particulier identifiait les Chantes avec les Haritas, les cavales

du soleil dans les documents védiques (1). Cette théorie estmaintenant regardée comme inadmissible ou, plutôt, on necroit plus les faits linguistiques suffisants pour établir une

pareille équation mythologique, puisque rien ne nous empêchede supposer un développement indépendant, sur une base

identique, en Grèce et dans l'Inde (2).Ce scepticisme n'est pas partagé par tous les savants qui

s'occupent du problème de la mythologie indo-européenne (3).

Il convient en effet de faire les observations que voici. Sil'équation linguistique ne suffit pas à établir l'identité desCharités grecques et des Haritas védiques, il faut, avant decondamner la théorie de Max Miiller, examiner ces liguresdivines d'un peu plus près, afin de leur trouver, si cela se peut,des ressemblances qui ne sauraient être fortuites et dont il est

impossible de dire qu'elles découlent, d'une façon naturelle,d'une conception primitive qui correspondrait ainsi à la racine

primitive signalée par l'école comparatiste. On s'attendrait queMax Millier eût cherché à signaler de telles ressemblancesafin d'appuyer par ce genre d'accords sa théorie purement lin-

guistique. Or, il n'en est rien, et après un examen trop rapideil en arrive à ce résultat décourageant (4^) : « Que le y<t?vz grecait jamais subi la métamorphose du harit sanscrit, qu'il ait

 jamais donné aux Grecs l'idée d'Un cheval, il est impossiblede le prouver. Les mythes grecs et sanscrits, comme les mots

grecset

sanscrits,sont des coordonnés

et non pas des subor-donnés... »

Ailleurs il dit (5) :« Dans d'autres passages (védiques) les Haritas revêtent une

(1) Op. cit., I, 439 ; Lectures on the Science oj Language, II (New-York, 1865),

p. 399 ss.

(2) Esctier, R.-E., 2150.

(3) Usener, op. et loc. cit. ; Eitrem, op. cit., p. 14; H. Ilirt, Die Indogermanen,Strasbourg, 1905-7, ÎI, 485. Je ne saurais accepter les constructions du regretté

l.eopold v. Schroeder, Arische Keligion, II (Leipzig), 1916, p. 516,(4) Lectures, 11, 400 s.

(5) Selecte4 Essuys, 1, 439,

ÏE-'^*^tKK-TOv ?(stf^ 4s'i .>ifsr;À-iVï '(^vvi'^î '-''v *r<?vi 4!^^ ^

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1T>8 ALEXANDRE 1IA1CG0ERTY KRAPPE

forme plus humaine... elles paraissent en Haritas aux belles

ailes.Après

cela il estpresque superflu

de direque

nous avons

affaire nu prototype des Charités grecques ».

Un des disciples de Max Millier, SirG.-W. Cox, alla plus loin

encore quand il se prononça ainsi (1) : « Les cavales du soleil

sont appelées Harilas, qui sont les prototypes des Charités

grecques ».

Peu de folkloristes croiront suffisant, pour prouver une

identité de celte nature, le fait qu'on appelle les Haritas

« soeurs » etqu'elles

sont ailées ! Pour établir une thèse

pareille, il faudra des preuves bien autrement convaincantes.

Avant tout, dans un examen vraiment objectif du problème, il

ne faut pas négliger les différences, chose très importante cl à

laquelle l'école compuralisle n'a pensé que beaucoup trop rare-

ment.

Les Haritas sont les cavales alleiées au char du soleil

(Sûrya). La conception d'un chiir solaire tiré par des chevaux

fougueux est commune, on le sait, aux Indiens, aux Grecs et

aux Scandinaves. Elle est d'ailleurs telletrient simpliste qu'il

n'y a pas la moindre raison de mettre en doute son existence

parmi un peuple relativement primitif, tel que celui qui a

donné naissance aux tribus de langue indo-européenne. Le

nom aussi des Haritas se comprend parfaitement : elles sont

appelées d'après leur couleur rouge, qui est celle du soleil,surtout du soleil levant et du couchant. Généralement elles

sont au nombre de sept (2). On se rappelle que le char d'Uélios

est attelé de quatre chevaux, ce qui non seulement est plus

probable, mais encore plus « aryen ». C'est que le nombre septdans le Véda est certainement secondaire, dû à des influences

sémitiques. Aussi est-il impossible de faire fond sur le nombre

sept des Haritas, mais il faut admettre — ce qui d'ailleurs

(1) Taies of Ihe Gods and He.roe.i, p. 61; voir Max Millier, Lectures, II, 401,note.

(2) Max Millier, Srlecled Essays, I, 439; A-A. Maolonnell, Vedic Mylholony,Strasbourg, 1S'J7, p. Ut,

*

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LES CHARITES 159

n'est nullement nouveau ni surprenant — que les nombres

mythiques

sont trop sujets à des variations capricieuses, sou-

vent secondaires et arbitraires, pour qu'on puisse en conclure

grand chose.

Ce qui est bien autrement important, ce sont les relations des

Haritas avec le soleil. Y a-t-il des rapports semblables entre les

Charités et Hélios? Je crois qu'il faut répondre affirmative-

ment à cette question. Suivant une tradition très ancienne les

Charités sont les filles d'Hélios et Aigle (1). Dans d'autres

textes elles sont les filles d'Ëurynome, épithète de l'Aurore (2).IL y a donc eu, à une époque reculée, des rapports de parentéentre le dieu solaire grec et les Charités. Il est sans doute bon

de noter aussi que dans le Véda (3) on appelle les Haritas les

tilles du char du soleil, c'est-à-dire de Sûrya lui-même.

Les limitas sont-elles  jumelles ? Si loti s'en tenait au nom-

bre donné dans les documents védiques, il faudrait répondre

négativement à cette question : une jument ne met pas bas

sept poulains à la fois. Cependant, comme le nombre septest certainement secondaire et qu'il s'agit d'une  jument divine

(puisque les poulains sont divins), il convient d'y regarder de

plus près. Or, ce n'est certes pas par un simple nccidcnl que la

mère des Açvins, Saranyû, est. une jument (4). Qui plus est,

Vivasvat, le soleil, revêt la forme d'un étalon pour engendrerles deux Açvins, dont le nom, un duel, veut dire « poulains »

tout simplement (S). Souvent aussi le soleil est lui-même un

coursier (6). De sorte qu'on peut postuler, pour l'Inde védique,les conceptions mythiques que voici :

1° Le soleil peut revêtir la forme d'un étalon ;

(1) AntiKiaque, fraym. 100 Iv ; Pausanias, Descr. Gr., IX, ;!5, 5; Cornut. ïheol.,

15; Hesych. s. v. AÏJ-XT,;.

(2) Cerquand, op. cit., p. 327.

(3) Riqveda, 1,50, 9.

(1) Max Millier, Lectures, II, 500 s.; H. Oldi'iiherg, Die Beliyion des Veda,

Berlin, 1894, p. 13.

(5) Max Millier, Lectures, II, 501.(G) Ibid., p. 508.

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160 ALEXANDRE HAEGGERTY KRAPPE

2° Le soleil est censé être le père des  jumeaux célestes

(Açvins), dont le nom même veut dire « chevaux » ;3° La mère des  jumeaux célestes est une  jument.

Cela rend probable que les Haritas, qui sont expressément

appelées « filles du Soleil » et, qui sont des cavales attelées au

char de Sûrya, sont des cavales jumelles.

Regardons maintenant la mythologie hellénique. Là aussi

1° Le soleil peut revêtir la forme d'un cheval, d'un étalon,

comme le prouve le nom et le personnage mythe de Leucippe ;

2° Le soleil est censé être lepère

des jumeaux (femelles)

célestes, c'est-à-dire des Leucippides (1) ;

3° Si nous n'avons pas d'exemple, en Grèce, d'une jument

mère des Dioscures helléniques, par contre, les  jumeaux

célestes revêtent souvent une forme chevaline; Amphion et

Zéthos, les  jumeaux Ihébains, sont nommés ÀEL/XOTTWXW(2) ; il en

était de même, pendant la période archaïque, des Horéades (3);

les Leuctrides étaient des  juments (4); Tyndare, avant de

devenir un roimythique,

semble avoir été un étalon(5),

etc.

,- Il y a donc un parallélisme frappant entre l'Inde et la Grèce,

à cela près que jamais les Charités ne paraissent sous forme

de  jument*. Kn même temps, il faut admettre que, si l'on réus-

sissait à élablir leur caractère dioscurique, il en résulterait,

sinon la certitude, du moins la 1res grande probabilité de leur

caractère chevalin à l'époque préhistorique. Aux arguments de

Samuel lï il rein et qu'il n'y a pas lieu de répéter ici ajoutons

les faits suivants. A Mantinée, Aglaia, une des Charités, est la

mère des jumeaux Acrisios et Proetos (6). Elles sont le plus, (6) Voii-K. Maass, dans Giilt. f/el. Anz., 1890, p. :t")3.

(1) Eitreni, p. 15.

(2) Euripide, liera. Fur., 30 ; l'hoen. 606.

(3) Salomcm Kcinach, Cultes, Mythes et Religions, V, 41 s.

(4) lbid., V, 38 ss.

(5) lbid., 135 s. Sur la (orme chevaline des jumeaux célestes voir aussi Rendel

Harria, The Dioxcuri in tke Christian Legends, Londres, 1903, p. 3, 12, 52, Si, 59,

63; Cuit, p. 6", 74; Tawney-Penzer, The Océan ofStory, Londres, 1924-28, III,

257 ; H. Gûntert, lier arische Wellkôni;/  und Heiland, Halle, 1923, p. 259, 261,269, 272, et ma Mythologie Universelle, Paris, 1930, p. 68 ss,

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LES CHARITES 161

souvent des divinités de la fertilité, comme l'indiquent des

détails de leur culte et leurs noms individuels : Auxésia, Da-mia, Thallo, Carpo, Hégémoné (1), etc. A Sparte (2) et pro-bablement aussi à Argos (3) elles parlagent un temple avec les

Diqscures. Elles aident les femmes en mal d'enfant (i). Elles

sont préposées à l'amour des sexes; de là leurs rapportsétroits avec Aphrodite (5). Elles donnent la fécondité aux nou-

veaux mariés; c'est pourquoi on appelait une certaine herbe

aphrodisiaque oeil des Charités (6). Elles donnent la santé,

semblables en cela aux Açvins védiques, dont le nom de Nâsatyâne signifie que cette fonction (7), et aux boni medici païens et

chrétiens (les Dioscures Spartiates, les saints Côme et Damien,

etc.) (8) ; de là leurs rapports avec Asclépios (9). Si en plusieursendroits elles se trouvent en la compagnie d'Apollon et d'Ar-

témis, il faut supposer avec Miss Harrison qu'elles y sont les

divinités originelles, les premières venues, et qu'elles ont cédé

la place d'honneur aux Olympiens nouveaux venus, Apollon et

sa soeur, eux aussi enfants jumeaux (10). Enfin, ajoutons lesnoms individuels des Charités laconiennes, Cléla et Phaenna,« la Brillante » et « l'Eclatante », noms qu'il faut mettre dans

la longue liste de noms semblables et qui désignent tous des

 jumeaux ou des jumelles (11).Mais, nous dira-t-on, tout cela n'explique pas comment de

cavales solaires les Charités seraient devenues des divinités

préposées aux forces vitales du sol, des vû^tpai TiapDsvoi &pa.i

àypauXios; sùjjievweç, comme dit M. Ulrich von Wilamowitz-

(1) Escher, fi.-E., VI, 2152 s. .'

(2) Pausaniîis, Descr. Gr., 111, 14, 6.

(3) Pindare, Nem , X, 38.'

(4) Usener, op. cil.., p. 131. Sur cette fonction des jumeaux divins, voir ma

Mythologie Universelle, p. 97.

(5) Escher, R.-të., VI, 2162.

(6) Pline, Histoire Naturelle, XIU, 142

(7) Mythologie Universelle, p. 63.

(8) Ibid.

(9)'Escher, H.-E., VI, 2163.(10) Harrison, Proleqomena, p. 291; Marris, Cuit, p. 142,

(11) Mythologie Universelle, p. 93 s,

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162 ALEXANDRE tIAEGfiEliTY KliAPPE

MoellendorlT (1) en citant Pindare (2), c'est-à-dire des déesses

chlhoniennes (3). Il faut donc chercher à élucider celle tran-sition, sans doute inattendue. Je crois que la solution du pro-blème est facile à trouver. C'est le caractère des  jumeaux (et des

 jumelles) comme dieux ou démons de la fertilité végétale,animale et humaine, qui a d'abord mis les cavales jumellesdu soleil en relation avec la fertilité du sol, et ce sont ces der-

nières fonctions, si importantes pour l 'agriculture, qui ont fini

par obscurcir la nature originelle des Charités. Ajoutons quele

cheval lui aussi est un animal de 'la fertilité, et qui joue unrôle considérable dans maint riluel agraire, ainsi qu'il a clé

signalé, il y a plus d'un demi siècle, par Wilhelm Mannhardt(4).Un mot encore. Les doctrines et les théories de l'école

« aryenne » et comparaliste, dont Max Mûller était le chef,

sont à l'heure actuelle à peu près oubliées, sort qui n'esL pastout à fait immérité. Mais le temps est venu, je pense, où, sans

s'arrêter aux nombreuses absurdités de celte école, il y a lieu

d'examiner de nouveau lesfaits,

engénéral

d'ordrelinguistique,

qui ont fourni leur base à ces théories, afin d'en vérifier la

porlée, de, les trier, pour ainsi dire, et d'utiliser ce qui en reste

de solide. C'est une réparation et une  justice dues à la

mémoire du grand savant d'Oxford. Je serai bien surpris si

les savants modernes, mythologues et historiens des religions,

n'y Irouvaient pas leur compte.

Alexandre HAKGGËIITY KRAPPJÏ.

Boston,Massachusetts.

(1) U. v. Wilaii iowitz-MoellendorlT, l' indaros, Berl in, 1922, p. 132.

(2) 01., VII, H.

(3) Cerquand, op. ci/., p. 331 s.

(4) Mylfwlogische Forxclninyeii, Strasbourg, 1884, index, s. v. Pferd.

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NOTES CRITIQUES

SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE

i. A, 2, 404 a 1.

à-s'lpwv vào OVTWV <Tyr,p.àTwv zai àTÔfAwv Ta o-cpaipos'.o'ri irûp xal

'i/u-yviv ASYS'., ..otov sv T(7> àspi Ta xaAoûiieva ;ûa-p.aTa, a cpaîveTai sv

irai; Sw. TWV Quo'.àeov àx-rltnv, wv Trçv piv 7cav<j7tsp[j.iav r/Jç 6'Xr;j; tpûo-àto;

crrov/sla ),Év£'. •omoico; SI xal Asûxntîto;

• TOUTIOV ûe Ta arseaipostovi

'iuy/jV, o'.à TÔ ^àXisT* o'.à itav~ô; ouvaiOat ouxâûvsiv TOÙ; TOIOÛTOU;

p'JTjAOÙî,XtX.

La plupart des critiques sont d'accord pour affirmer la diffi-

culté d'interprétation de cetle phrase en sa lexlure grammati-

cale actuelle. 11 est impossible, dit RODIER (Aristote, Traité de

l'Âme, t. II, p. 44), « de trouver un sens clair à la comparai-

son a. 3. otov sv TW àép'.... S. Xéysi, et de savoir surtout à quoielle s'applique ». Les solutions proposées par les anciens com-

mentateurs, Philopon (67, 21), Simplicius (28, 31), Sophonias

(10, 37), Thémistius (16, 12) sont ambiguës ou esquivent le

problème. De plus, l'antécédent de wv n'est pas facile à

déterminer; ijÛTuaira convient quant à la place, mais non quant

au sens; il est impossible en effet que Démocrite ail fait du

mélange universel de vulgaires (xaÀoûu,eva) poussières, les élé-

ments constitutifs de la Nature; si l'on fait de ~v. ffjpaipoeiSyj

l'antécédent de wv, on se heurte à des textes explicites d'Aris-

tote lui-même, attribuant à Démocrite l'opinion que les atomesen général (T'/^IAOÎT*), et non pas seulement les atomes sphé-

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164 MARCEL DE COHT1Π

riqucs, sont les cléments qui composent l'univers (cf. De Caelo,

T, 4, 303 a 13 ; Phys., I\ 4, 203 a 21). Enfin, ôpoluç SE xal Aeû-XITOIOÇ,qui semble une incise, vient rompre la continuité de la

phrase en un endroit insolite, où, au surplus, on n'attend nul-

lement la répétition de xà a-ampoeio-rj. Quelles que soient les

négligences et la condensation, elliptique à l'excès, constatées

dans le style d'Aristote, elles ne suffisent pas, croit-on, pour

expliquer ce passage. En conséquence de cet état de choses

déjà signalé par Zeller. MADVIG (Adversaria critica, t. 1,

p. 470), supposant que la rédaction primitive du passage liti-gieux a été profondément altérée au cours de la transmission

manuscrite, propose un remaniement considérable du texte.

DIELS (Fragni. des Vorsokr., p. 363, 18) estime que l'ensemble

du passage, depuis a 2, ik o-eouposioy), jusqu'à a 4, àx7l<nv, est

une interpolation, sous prétexte que la comparaison de l'âme

avec les Çiia-jjunra qui suit l'endroit incriminé : a 17, soeao-avy</pT'.veç aù-rûv <|>u'/,^v e^vat ~* ^v TV *^Pl Çûa-jjwtTa, aurait été utilisée

icipar

unglossaleur

soucieux d'éclairerpar

uneimage

ffioaipoeiori. Il est certain que lesémendalions proposées, comme

le remarquent Rodier à propos de Madvig, et HICKS {Aristotle,De Anima, p. 213) à propos de Diels, allègent considérablement

le texte. Nous croyons cependant qu'il est possible de conser-

ver le texte intégral des mss. (qu'ont lu d'ailleurs les plusanciens commentateurs), avec un minimum de frais et sans

recourir à ces hypothèses extrêmes.

En effet, il est trèspossible que

lacomparaison

olov... àxxwuv

soit une citation de Démocrite qii'Aristote ri a pas achevée, soit

parce que le texte en était connu de ses auditeurs, soit parce

que, le de Anima tel que nous le possédons actuellement étant

un ensemble de notes prises par les auditeurs du Slagirite à

ses cours, le passage en question a été omis à cause de sa lon-

gueur. Aux conférences qu'il consacrait à la recension des

opinions des anciens philosophes sur l'âme, Aristote devait

vraisemblablement lire des extraits de leurs écrits. Ces extraits,

pour une raison ou pour une autre, nous ont été la plupart du

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NOTES CRITIQUES SUR LR « DE ANIMA » D'ARISTOTK 1655

temps transmis fortement abrégés. Nous en avons des exem-

ples : au livre F du de Anima, Aristote accuse les anciens

d'avoir confondu l'acte d'intelligence (xô oepovew) el l'acte de

sensation (xè aùrSàveorOai); comme preuves à l'appui, il cite

Empédocle : « itpà; uapeèv yàp [AT|TIÇ àlçexat àvGpcÔTtotat » xal sv

aAÀOl.ç « oâsv aroeÎTtv.ouel /ai xô oepoveïv àXXoTa roxow-xaxoa », ainsi

qu'Homère : « xoîoç yàp vôoç so-xlv » (3, 427 a 23 sq.) ; or, la

première citation, à moins de donner à Tipoç «apeôv un sens par-ticulier —

lequel ne peut se tirer que d'un contexte —, non

plus que la seconde, n'impliquent l'assimilation reprochée; le

oOev de la seconde, d ailleurs, exprimant simplement la conclu-

sion que l'esprit des hommes leur présente sans cesse une suite

changeante de pensées, doit se rattacher à un contexte qui

avait le sens qu'Aristote incrimine. La même remarque vaut

a fortiori pour le très bref fragment de VOdyssée (XVIII,

136 sq.) qu'il allègue. Parfois même la citation attendue, au

lieu d'être abrégée ou amorcée, est complètement passée sous

silence dans le texte que nous possédons ; tout se passe comme

si Aristote avait lu, au cours de son exposé, un passage d'un

auteur qui n'a pas été recueilli par la tradition manuscrite ;

ainsi en est-il, croyons-nous, de De An., B, 4, 415 b 26 sq. :

ouSèv yàp »6ÎVEI oùo" aiiijexou tcuaixw? UIY) Tpeiçôpevov, xpéctîxoa S'

ouQèv â |r/i xoivwveï Çwïjç. 'EpLTïeSoxÂfjç o' où y.aXwç £ÏpT|Xe xotïxo,

TtpotJtiOelç TYIV au^Tjartv ffUfAëatveiv toïç CÇUTOÏÇxàx<o  jxèv <xupp!.£ou[*i-

voiç Stà xè yriv oi)xa> cpÉpso-Qat.xaxà «>û<nv, où itpooTiBelç, selon toute

évidence, implique une citation antérieure d'Empédocle que

nous n'avons pas.

L'hypothèse que nous suggérons éclaire manifestement

toutes les difficultés du passage mentionné : en son texte, pré-

sumé partiellement cité par Aristote, le Stagirite nous dit que

dans l'infinité des atomes qui composent l'univers, ceux qui

présentent une forme sphérique constituent, selon Démocrite,

le feu el l'âme. Suit alors, à partir d'olov et continuée au-delà

d'àxxwiv, une citation du philosophe atomiste, vraisemblable-

ment destinée à montrer l'exactitude de l'assertion : àiseîowv

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166 MARCEL DE COKTE

yàp ovxwv T'/Y,[j.àT(ov xal àxôjjiwv, et à la fin de laquelle se trouve

1antécédent de wv. 'Oaoîo);

oè xalXsùwTinoz n'est plus une« parenlhetieul sentence » interrompant la suite des idées, et

le Si qu'on y découvre répond adéquatement au psv de ô'9sv

Arjaoxî'.To; usv TIJO XI xal 9îpaov cpy)<j'.vaùxTiv slvat, qui pi'écèdeimmédiatement notre passage et auquel Hicks ne trouve, pourle contrè-balancer, qu'un 3é situé 17 lignes plus loin en a 16.

Enfin, la répétition xoûxwv OS xà aoea'.posiBïj 4"J77iv n'est plus

choquante et même doit être exigée après une assez longue

citation, afin de renouer le cours des idées.

2. A, 3, 407 a 10 sq.

TÎW; Y*? ^ xal ^°'^<Jtl- jJ.iye6os ûv ; TxoxEpov éxwoGv  jjioplw xwv

auxoû ; JAOOIWS' v^xc xa-.à [^ÉveOoç y\  xaxà <ixi.~fy.rtv, £'. oïl xal xoùxo

u.ôpwv siTtsw. £'.  jjiiv ouv xaxa a-xi.yut.Yiv, auxai S' ôtTO'.poi, OYJXOVWÇ

oOSsuoxs S'.éijîmv si Ss xaxà uiysOoç, —oXXaxiç r, àneipàxi; VOYÎTE1

xô oe'j-6. coalvsxat. Se xal araec svSsvoasvov. si S' Ixavèv 8tvsw orwoûvi * * A. i ti

XWV [AOplwV, xl §£~. X'JX/.W JtWSwBat Y; Xal o)»WÇ JAIYËSO?Î7ÊW ; el

o'àvayxalûv voYJOEat.x<j) SX(j> xtixXw Qtyôvxa, xi;. èrciv ï) xol; [AopLo'.ç

Tel est le texte que nous offre l'édition Biehl-Apelt. L'édition

Ti'endelenburg-Belger donne : nwç vàp 3Y) xal vo^a-ei [jiéye8o;wv Tïotspov xaOôXou Y] éxwoûv xwv [Aopîtov xwv aOxoû ; xx/.., Rodier

préfère-: raô; yào SYJxal vorî<m [Asyn9oç wv ; îtôx£pov xa9' SÀov r]

ôxwoûv xwv piopîwv xwv aùxoù; Torstrik avait déjà le même texte,

mais insérait fkywv entre xaO' 6'Xov et -/}. Hicks simplifie : icw?

vào SY)VOYJTÏ',[ji.iy£9o; wv ; Tiétepov ôxwoùv  j/,opiw xwv aixoù,' Forster

revient à l'ancienne leçon de Bekker et de certains mss. : IÏWÇ

vào 3YJ xal voYJTSt.piveÔo; wv éxwovv xwv p.opiwv xwv aûxoîi;

Que faire devant pareille diversité? Les mss. CUWXy (par

C, nous désignons le Parisinns Coislinianus 386 du xi° siècle,

dont T j— Valicanus 2S6 — du xive siècle n'est qu'une copie,

ainsi que l'a montré Forster) portent simplement éxwoûv xwv

|i.opî<dv sans uoxspov, V a sv ôxwoGv xwv [j.op''wv sans raixspov, E

portait primitivement TOjxepov ôxwoCv [j.opîw, mais une main ulté-

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NOTES CHITIQUE8 SUlt LE « DE ANIMA » D'ARI&TOTE 167

ricurc a exponclué xô-zspov, inséré TWV après ôtcpoùv, et aclscrit

un v à côté deJJWSÛI). Simplicius (42, ÎJ8)

etSophonins (21, 7)ont lu : TO5TSOOVxa(T SÀov r, sv Ô7<j>oCivTÙV [Aopiwv et la velus ta

translatio a traduit par : magnitudo cum ait, ulrum universali-

té)', an qualibet paflium nii ipsius. On comprend que les édi-

teurs aient été embarrasses de choisir.

Essayons de reconstituer le texte de la question à l'aide du

texte de la réponse. §i l'esprit est une grandeur, comme le

veut le l'imée, dit Aristole, les parties de cette grandeur seront,ou bien des

grandeurs elles-mêmes,ou bien des

points;Aris-

tote examine les difficultés que comportent ces deux interpréta-tions. Puis il ajoute : si 8' Ixavôv Qiysïv OTWOGIVTWV JAOOÎWV,ce quiveut dire : si l'on rejette le dilemme précédente! si l'on affirme

qu'il suffit à la pensée qu'elle atteigne l'objet par l'une quel-

conque de ses parties, qu'il s'agisse d'une grandeur ou qu'il

s'agisse d'un poinl, une nouvelle espèce de difficulté surgit;

si, pour y échapper, on affirme la nécessité où est la penséed'atteindre son

objet parla totalité de son

cercle,on est acculé

à des impossibilités grandissantes. La réponse faite parÀrisloteconsiste donc à réduire quatre fois à l'absurde l'hypothèse pla-

tonicienne, en partant de l'équation posée par le Timée : VÔYJTIÇ — xûx),o;ou [AéyeOoç, et en considérant cette [AéyeOoçsoit comme

tout, soit comme divisée en parties qui, à leur tour, sont soit

des |j.£y!9/|, soit des fmyjjweî. On voit donc nettement que le

texte de la question devait être :.ra5; yàp GT\  xal voy]«t péyjQo;wv ;

itÔTspovxx6' S).ov

(mieux que xaOoXou, par analogieavec w-k

 jjiiyefta; et xa?à «rriyp.r,v) v) ÔTMOÛV.TWV  jxopicov TÛV aùvoJ; (mieux

que aû-ou, puisque le pronom se rapporte à  jjuysOo;) jxopîwv o'

7iTot •/.y.-k [ASYSÔOÇr, xaxà ariya^v etc.. Il faut lire ici pioptwv avec

la totalité des mss.. et non i/opîto comme l'a proposé SUSEMIHL

(Jenaer Literaturzeitung, IV, 1877, p. 708). Mopîtov reprend en

effet la première dichotomie tracée par Aristole : « Est-ce

selon sa totalité ou selon l'une quelconque de ses parties? De

quelles parties? De

parties envisagéessoit comme

grandeurs,soit comme points. »

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168 MAItCEL DE CORTË

Gomme l'avait déjà vu Trendelenburg, la paraphrase de

Thémistius (Tleinze, 21, 4, Spengel, 38, 1.0) suppose le texle quenous avons reconstitué. Or, Thémistius vivait au ive siècle, et

est un des plus anciens témoins que nous ayons de la tradition

manuscrite du De Anima. La chute de nÔTspov xaft' oXov a été

probablement causée par l'éloignement de la réponse que lui

réservait Aristote, qui répond aux questions dans l'ordre inverse

de celui où elles ont été posées.

3. A, 4, 407 b 27 sq.

Koù àXXri SE TIÇ oôça TtapaoéSoToa nepl <J/uyf)ç, 7u9avr| p^èvTtoXXoïç

ouSEjAiâç -?IXTOVT«T>vXeyoj/ivwv, Xôyouç S' wmisp _sù6iivaç SsSw/.u'ïa

xal TOÎÇ sv xoivtj) vivo[Ji£voi.ç Xôyoïç. àp(aovîav yâp Ttva aùt^v (i. <?.

J/uyjjv) Xsyouîrt.•

(texte de l'édition Biehl-Apelt).

Le texte des mss. est catégorique : tous portent le pluriel

Xôyouç (V, au lieu de Xôyouç, a Xôyotç). Or, l'expression XôyovSiSôvat. est seule employée en grec, d'après BERNAYS (Die Dia-

loge des Aristoteles, p. 15) et Torstrik, dans le sens  juridique de

« rendre compte », formalité que devaient remplir les magis-trats athéniens à la sortie de leurs fonctions. D'autre part, l'ex-

pression eùôûva; StSovai ajoute à l'idée générale de « rendre

compte » un sens péjoratif : elle désigne le châtiment qui

atteint le magistrat dont la gestion a été insuffisante. Les cri-

tiques ont élevé deux espèces d'objections contre le texte tradi-

tionnel : les uns, tels Bernays, Haccker et Bonilz, estimant

que Xoyouç est une glose incompatible avec la tournure habi-

tuelle qu'on attendrait, proposent de supprimer Xôyou? 8' et delire simplement : iïxntep eù&tivaç 8s SsSwxuïa; les autres, con-

vaincus que la correction de Xôyouç en Xôyov laisse subsister

une certaine contradiction avec eùOiiva;, adoptent la solution de

Bergk (Hermès, XVIII, 518) : Xôyov 8' ûoitep xat eùBûvaç SsSwxtna,

(ou de Susemihl, Burs. Jahresb.,XXXlV, p. 27) : Xôyov oè xal

«'Witep sù8ûvaç SeSwxuïa. Toutes ces corrections offensant le texte

traditionnel et la vetusla translatif) (rationibus tamen tamquam

poenis castigata algue damnata) soiit dépourvues de valeur. 11

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NOTES CRITIQUÉS SUR LE « t>E ANIMA » D'ARISTOTË 169

suffit de dépouiller l'expression Xoyooç oioôvai du sens technique

qu'onveut à toute force lui

attribuer, pour dissiper l'équivoque.Aoyou; 3'ioôvai signifie simplement ici « donner des raisons » (cf.

6'pxov Swôvai ou vvcî>|jiv|v SiSôvai.) et l'orme  jeu de mots avec ÀôyovSiSôvai qui vient immédi€atement à l'esprit lorsqu'on lit wo-uspsùOuva?. On trouve un exemple analogue de jeu de mots en r,

3, 428 a 12-15 : sueve' ouos Xéyojjusv, orav svspywpiev àxpiëwç Ttepî.zb ai<r9yiTÔv, Sri oeaivsrai TOÛTO7|f*ïv âv8pcoTco?, àXXà p.âXXov ôrav [/."/)

èvapywç aia-9avûjji.s9a, où Aristote  joue à la fois sur tcavra<Tia

(dontil

s'agiten ce

passage)et

tpalveroa,ainsi

quesur

svepywjAevet svapyôç. Aussi, l'explication que tente Rodier est-elle contra-

dictoire ; il maintient à Xôyouç oiSôw.i son sens  juridique, puis,

pressentant la solution, il conclut en termes alambiqués :

« Notre passage pourrait donc signifier que les explicationsfournies par la théorie en question n'étaient que des expédients

qui n'ont pas suffi à la  justifier, ou, plutôt encore, que l'obliga-tion où e lle a été de fournir ses raisons et de soutenir la dis-

cussion, a été,pour

cettedoctrine,

comme lapeine

de sa

fausseté. »

Quant à l'interprétation de xat TOÏÇ èv xoivt^ yivo[Aévoiç X6yoi<;où la majorité des critiques voient, à la suite de Simplicius

(53, 1), une allusion au Phédon de Platon ou à VEudème, dia-

logue de  jeunesse d'Arislote, qu'ils compliquent d'une assimi-

lation aux fameux è£u>TEpixoi X&yoi, elle présente la même

simplicité : il suffit de prendre cette expression en son sens

de « discussion » ou de « conférencepublique

». Les joutes

oratoires, où la faconde dialectique se déployait à l'aise, étaient

très populaires au ive siècle, à Athènes (cf. HICKS, p. 265). Kal a

ici un sens intensif et antithétique, ainsi que le souligne Thé-

mistius (H., 24, 14 ; Sp., 44, 4) : SeSwxuïa ûè-eùôûvaç xoà S%I\ÏO.<T-

[J.ÉV7)xat Èv roï^ xoivoïç Xoyoïç xai èv TOÏÇ iSioiç. Si xod a ce sens,

point n'est besoin de supposer avec Torstrik la chute de xat èv

TOÏÇ ioioi; dans nos mss.

Notrephrase signifie

donc clairement :à la fois dans desconférences publiques et dans des débats privés, la théorie de

UEO, XLV, 1932, n- -210-211. 12

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170 MAKCEL DE CORTE

l'àme-harmonie a fourni des raisons qui ont ressemblé à une

vérification de comptes.

4. A, 4, 408 a 27 sq.

ei S' ÈTTVV STïpov î\  d'U'/'ô ~*iî [**•$£<•>*, TΠ O/J TTOTE ap.a TÛ «rapxlEÏVOU avatpsÏTa!. xal TW •TOÏÇà/J.o'.; p-opCoi; TOÙ Ç<j>ou; itoôç'Sè TOJTO'.;,

sïîcsp py) EXOOTTOV-ÏWV [AOOÎWV <J'l''//lv £%£l> £1, F^ soriv '/) ^'/''i *

Aoyo; T^Ç [X'içsw;, -ri sortv O (fOèipsxai T^Ç J'O^Π ànoXstîtoûoTii;;

(texte de Biehl-Apelt).

Perplexa suntquae sequuntur, dit Tiendelenburg de ce pas-

sage. Afin d'y introduire un peu de lumière, replaçons-le dansson contexte immédiat. Poursuivant sa réfutation de la théorie

de l'âme-harmonie, Aristote écrit (a 5) : « Nous usons du mot

harmonie selon deux considérations différentes : 1°) au sens le

plus naturel, nous disons que l'harmonie existe comme syn-thèse de grandeurs, dans les êtres doués de mouvement et de

position, lorsque leur concordance est telle qu'aucune grandeur

analogue ne peut s'y ajouter [harmonie spatiale ou géomé-

trique], 2°) en un sens dérivé, comme proportion des élémentsd'un mélange [harmonie numérique ou arithmétique]. Ni dans

l'un ni dans l'autre sens, l'âme ne peut raisonnablement ôtre

envisagée comme une harmonie. Toutefois, c'est surtout l'opi-nion qui fait de l 'âme une combinaison des parties du corps,

qui tombe singulièrement sous les coups de la critique. En

effet, multiples sont les combinaisons de parties, et de modalités

fort diverses. De quelles parties du corps, et selon quelle ma-

nière, faut-il donc se représenter l'intellect comme une combi-naison? Que dire de l'âme sensitive ou de l'âme appétitive? Il

est pareillement absurde de regarder l'âme comme la proportiondu mélange, puisque la même proportion n'est pas applicableau mélange des éléments qui constitue la chair et à celui quiconstitue l'os. Celte théorie aura donc pour résultat de poserl'existence d'une multiplicité d'âmes réparties en chaque corps,s'il est vrai que chaque partie du corps provient d'un mélange

d'éléments et que la proportion de ce mélange est unejiarmonie,

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NOTES CRITIQUES SDR LÉ « DE ANIMA » DAKISTOTE 171

c'est-à-dire une âme ». Aristote examine ensuite le cas d'Empé-

doclé dont la doctrine se rattache naturellement à celle qui pré-

cède, puisqu'il y tentait de déterminer la proportion des élé-ments constitutifs des os et de la chair(cf. De Part. Anim., A, 1,

642 a 18 sq. où les mêmes termes apparaissent : Xoyov, OO-TOÛV,

(TTO'.^eUov, Àôyov rrjç [xî^ew;, crâsç, [/.opîwv). L'argumentation qui

commence ici (a 18) ne forme donc pas une parenthèse, comme

le veut Philopon (151, 5 : Taû-ra ouv èv TïapsxëaTS'.. S'-TICOV),et, à sa

suite, tous les commentateurs. Aristote se doit donc « de récla-

mer à Empédocle également des explications sur ce point »

(onMar/ïssu o av ti; TOÙTOys xal rcao' 'Ë[/.u£3oxXéou?), parce qu'il nes'est pas exprimé à ce sujet avec la précision souhaitable, ainsi

que l'indiquent les questions que lui pose ensuite Aristote. En

cet endroit, Aristote a dû lire un texte explicite d'Empédocle qui

a servi de base à sa discussion (cf. notre § 1) ; les critiques s'em-

barrassent en effet extrêmement de trouver la signilication pré-cise du pronom aù-rwv dans la phrase qui suit : SXOOTTOVyàpaùxwv Xôytjj T'.vî oi^riv elvai (a 19) ; Hicks, par exemple : « Com-

paring «àv-ra [jièv SX TWV aroiysîwv |Aejmy[jiévti>v (a 17) and :t\  [ASIÇIÇxaô' FJVuàpÇ xal xaf)' -^v oirroûv (a 15), we conclude that the mea-

ningof aù-rwv is those bodily parts called by A. o^oLo^epri ». Il

est évident non seulement que Hicks échafaude ses raisons

sur des subtilités, mais encore qu'il se conlredit, puisque, pla-

çant tout le passage en question entre parenthèses, il le séparede ce qui le précède. 11 est préférable, croyons-nous, de ne pasaccuser perpétuellement Aristote de négligence et d'incorrec-

tion, et de supposer que' aùrwv se rapporte à. un mot contenu

dans le texte d'Empédocle qu'Aristote a lu en cet endroit et

qui devait vraisemblablement être, ainsi que l'a vu Hicks,

« les parties du corps humain ». Empédocle prétendant que

chacune des parties du corps est conslituée par une proportion

d'éléments, Aristote lui pose les questions suivantes :.1° « la

proportion dont il s'agit est-elle donc identique à l'âme ou bien

l'âme naît-elle dans les membres comme une chose qui en

serait distincte? » (Il faut lire ici [ASAE^'.V avec CSUV, Philo-

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472 MAhCEL t»E CÔlltË

pon, Sophonias, une main ultérieure de E, et la vetusta trans-

latio, et non [jtipeanv avec EWy, puisqu'il est question ici

d'une théorie physiologique). 2° « L'Amitié », qui, dans le

système d'Empédocle, ordonne la combinaison des éléments,« est-elle la cause d'un mélange quelconque ou simplement du

mélange proportionné? » 3° « L'Amitié est-elle la proportionelle-même ou quelque chose d'autre, étranger à la propor-tion? ». Tels sont les points obscurs de la théorie d'Empédocleet sur lesquels Aristote lui demande des éclaircissements.

Aristote sait que la notion de causalité chez Empédocle,

malgré le concept d'Amitié qu'il fait intervenir, repose surune négation de la causalité authentique (cf. De Gen. et COÏT.,

B, 6, 333 b 9). Il ne reprend donc plus les deux dernières

difficultés qu'il a soulevées. Une analyse plus approfondie de

la théorie de l'Amitié déborde d'ailleurs le problème qu'il poseet qui est celui de Pâme-harmonie. Il reprend donc la premièredifficulté en la poussant plus à fond. La doctrine d'Empédocleétant indéterminée, et son affirmation que les diverses parties

du corps sont le résultat d'un mélange harmonique se prêtantà diverses interprétations psychologiques, doit-on dire, oui ou

non, en liaison avec la théorie de l'àme-harmonie, que ce

mélange constitue l'âme ? Dans le premier cas, la doctrine

tombe sous le coup de la réfutation générale précédente.Dans le second, il reste que, selon Empédocle, il existe une

pluralité de "proportions harmoniques et de mélanges parti-culiers propres aux diverses parties du corps, et donc, si nous

interprétons celte allégation dans le sens d'une théorie del'âme-harmonie, une pluralité d'âmes. Dès lors, pourquoi ces

âmes multiples disparaissent-elles en même temps et pourquoil'essence de la chair et celle des autres parties du corps ont-

elles une mort simultanée?

Tel est le sens de la première phrase de notre texte : « Si

l'âme diffère du mélange, pourquoi, à vrai dire, l'essence de

la chair et celle des autres parties de l'être vivant s'évanouis-

sent-elles d'une façon simultanée?». De sa première question :

'»*5îltos**A«'toJw;-i;i... -' •

.... - .- - , -' - i"-—' J33ÏÏKÏffii«!MK.V£

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NOTES CRITIQUES SUR LE « DK ANIMA » D'ARISTOTE 173

itôxepov OL»V 6 Xôyoç ËÏT'.V Ï| Auyr, vj JASXXOV sTspôv TI oyTa èyyiveTa!.

TOIÇ p-éXeo-iv; Aristolo n'a pas retenu le premier membre inter-

rogatif parce qu'il en avait déjà fait la réfutation. Il reprenddonc TJ aôiXXov eispôv TI outra èyyîvexai T(KÇ{ASÀETIV; sous la forme

el 8'èariv sTepov -r\ 'buyj\  TT,; pÂÇe»?. Celte interprétation, la seule

claire et la seule consistante de toutes celles qu'on a proposées,

appuyée d'ailleurs sur l'autorité d'Alexandre d'Aphrodise qui

proposait de ce texte doux interprétations dont la première a

servi d'amorce à la nôtre, exige évidemment qu'on lise 10 o-apxl

eïvai et TÔ T<HÇâXXoiç jji.opiotç TOG"Çûou au lieu de tû crapxl slvt/.'.et tù TOÏÇàXXoiç [AopîoLî xoû Çtpou. Si on examine attentivement

le ms. E, on peut remarquer que le ™ qu'il porte n'est pas

primitif, mais que le xo qu'il avait d'abord a été changé pos-térieurement en - rw : la forme contournée de l'w el l'accent

aigu subsistant sous l'accent circonflexe l'indiquent suffisant

ment. La lecture-6 a aussi pour elle le ms. V, les corrections

de CUW et Alexandre, selon Philopon (151, 32). La lecture TM :

« Qu'est-ce donc ce qui disparaît en même temps que l'essencede la chair et celle des autres parties de l'être vivant? » donne,

il est vrai, un sens satisfaisant à la proposition principale,mais ce sens ne s'accorde nullement avec celui de la proposition

hypothétique : et 8'sa-ùv s'-epov î\  Au-^vi f/jç uûc|ea>;.

Ensuite (irpè? Se TOUTOU;),Arislote, reprenant une seconde fois

le second membre do sa première question : û J/ÏJ semv 71 àu'/i,6 Xôyoç Tf\ç pi^etùç (qui a exactement le même sens que el S' ècmv

STSOOVh 4I(JX"'' ^ P^w?) envisage la doctrine d'.Empédocle sousune autre face et montre que, là aussi, elle s'avère insuffisante.

Dans la première phrase, il avait supposé, avons-nous vu,

qu'à la pluralité de mélanges harmoniques constituant les

diverses parties du corps répondait une pluralité d'âmes ; dans

cette seconde phrase au contraire, il pose l'hypothèse inverse :

« à supposer », dit-il, « qu'il soit faux de dire que chacune des

parties du corps ait une âme » (swrep u.y\  sxaafov TWV [Jioplwv

AU'/YJV lysi), quoique chacune (sxacrrov), en stricte interpréta-tion conforme à la pure doctrine d'Empédocle, soit le résultat

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174 MARCEL DE CORTE

d'un XôyK et que AtJyoç soit synonyme de  \uyf\, « si l'âme n'est

pas la proportion du mélange, quelle est la nature de ce qui

périt -lorsque l'âme se relire?»; peut-on encore l'appeler un

mélange proportionné? Somme toute, dans la première phrase,

Aristoto supposant que les AÔyot des diverses parties du corpssont des tyu%xî, se demande en vertu de quelle mystérieuseconnexion ils disparaissent au moment do la mort ; dans la

seconde, supposant qu'ils ne sont pas des 'iu/aî, il se demande

s'ils constituent vraiment des  /.ôyoï. 11 est impossible qu'ils le

soient, pense-t-il, parce qu'on ne peut affecter du nom de Aoyo;qui implique un équilibre vital, un organisme que la mort a

terrassé.

En résumé, depuis a 18  jusqu'à a 29, le raisonnement d'Aris-

tote tourne sur trois gonds, lout ce qui concerne l'Amitié mis

à part et ne constituant que des dillicullés subsidiaires : 1°) /)

[*âX).ov- [xsXscri.v 2°) et O'.STTIV- [uÇetoç 3°) et, {*/;- JJLIÇSWÇ,qui présen-tent la difficulté centrale, toujours la même du système d'Em-

pédocle, sous trois aspects différents, le premier, sous un aspectgénéral, les deux autres sous des aspects particuliers, mais

toujours dans le même sens. On voit dès lors combien il est

vain de vouloir supprimer pî devant é'xaw-ov avec SUSEMIHL

[OEconomica, p. 84) et GIIAIGNI/I: [lissai sur la psychologie d'Aris-

tole, p. 247, n. 2) : cetle correction procède d'une méconnais-

sance totale du progrès de l'argumentation d'Arislote. Quant à

la variante knotencoùar^ (SYW) ou iKOÀmoiia^ç (E première

main. CUy), elle ne présente pas d'importance réelle. Peut êtreà™XetTto!iff7}<; est-il préférable.

5. A, 4, 408 b 5 sq.

et yào xal oc. màî.wïa "6 XoTretTÔat r, yatpetv 't\ ûtavoeta-Qat xw^Tet;

tW>.xal éxarrov xtvetsfiat TO'JTWV,~b ci xivsw-Oai STTIV 6T;ÔTY^ AuyYJ;;,

oïov TÔ opviÇecf):*'.. •/) oeoêêwôat iô rr,v xaçotav wol xtvevrSat, 70 Se

O'.avostTÔa1. T| 70 TOGTOl'a-w; /| stsoôv u, TOUTCOVos <rjpiëalvet Ta JJISV

xa?à oeopcr.vTivràv xtvoupivwv, T« 3$ xaT* àXXotwatv (irota 3è xal irûç,

STEOÔ; Ei77'. ).Ôvo;) y,TA,

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^>y-'f^W^^'^r:^^^^^.W^We^^^^^^^^^^iW'^, *"»'*l''Vr.ij-ff WSLV-!F?î•>.iW«',eV.- * -sa- :

NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'AKISTOTE 173

« On pourrait avec plus de vraisemblance soulever la ques-

tion du mouvement de l'âme », nous dit Aristote dans le texte

précédant celui que nous citons, « en attirant l'attention sur

les faits suivants : nous disons couramment que l'âme est triste

ou  joyeuse, audacieuse ou craintive, et aussi qu'elle s'irrite et

sent et pense. Or, tous ces étals passent pour être des mouve-

menlSysi bien qu'on pourrait croire que l'âme est mue. Mais

cette déduction ne s'impose pas ». « En effet », réplique Aris-

tote qui commence ici sa réfutation, « admettons dans la

mesure la plus large possible que les actes de douleur, de

 joie ou de pensée soient des mouvements, que leur nature soit

d'être mus et que ces mouvements aient l'âme pour cause »,

queconclurede pareille supposition ? « Supposons, par exemple,

que les actes de colère ou de crainte » soient des mouvements;

comme ce mouvement n'est pas suspendu dans le vide, il faut

qu'il ait un substrat et s'effectue par l'intermédiaire d'un

organe, le coeur; les actes de colère et de crainte se déclanche-

ront « par l'intermédiaire d'une agitation spéciale du coeur » :

TW T/|V xapûiav wSl xwew-Qou. Il faut lire TW avec les mss. SUWy,une main ultérieure de E et, de X et do C, ainsi que la vetusta

translatio [in eo quod cor quodammodo mooetur), parce que TO

(EVX) signifierait que les actes de colère ou de crainte sont des

mouvements du coeur : ils ne pourraient donc plus être des

mouvements de l'âme, comme l'implique l'hypothèse. Quand

Rodier, àla suite de BONITZ (Arist. Stud., II, p. 22), nous dit que« l'opinion exposée

par

Aristote est, non pas que la colère est

accompagnée d'un mouvement, mai* qu'elle est ce mouvement

même » et qu' « il faut lire par suite TO TYIV xapStav au lieu de

Ttji TV)V xapSlav », il énonce à coup sûr une chose  juste, mais

ces deux éminents exégètes oublient que la colère sera, en

l'occurrence, un mouvement du coeur, et non plus de l'âme, ce

qui placerait, au sein même de la théorie qu'expose Aristote

pour la réfuter, une contradiction interne. 11 faut pareillement

lire avec tous les mss. : -b oï 8tavosï.s6a'.r, TOWGTOV,et non, comme

le proposent Bonily, et les commentateurs qui l'ont suivi, corri-

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176 MARCEL DE CORTE

ger en TJxô xoûxo (de ce poinl de vue, la correction de ïorstrik :

•rçxô) xoùxo serait plus vraisemblable). En effet, Aristote, conti-

nuant sa supposition dit : « Supposons que l'acte de pensée soit

analogue », c'est-à-dire qu'il soit, comme la colère, produit parl'intermédiaire d'un organe. Saint Thomas d'Aquin a bien saisi

le sens de ce passage [In Ar> libr. de An. Gomm., I. I, lect. X*

n. 148) : « Aristotele's vero omniâ ista concedit. lpse enim sup-

ponit quod htijusmodi operaliones fiant per determinatd organa,etiam iiUelligerc. »

Et Aristote de conclure : de toute cette hypothèse* il résulte

simplement que les actes en question « nonsunt animât; tantum

motus, sed conjuncti ». BéÀxwv yàp !™^ jr/) yiysiv XTJV<W/r,v è/eeïv

•?i [AavOàvew vj Suavoew^ai, àXXà xôv àvQpwrcov xrj A^'/CÀ (D 13-15).Prétendre que tous ces actes sont des mouvements do l'âme

équivaudrait, en l'hypothèse, à dire que les actes de tisser ou

de bâtir sont, au même titre, des mouvements de l'âme.

6. A, 4, 408 b 24.

• Kai xo voe'ïv omt\ xal xè Osupeïv uaoaîvsxai àXXou xivô? ê<r<i> ®8eioo- jjtivoi», aùxô Ss à-rexOèçèav.v.

Certains critiques suspectent le mot sVw dont ils ne saisissent

pas la valeur. STEINHAKT [Symb. crit., p. 4) et Bonitz (p. 24,n. 1) proposent de corriger le texte de tous les mss. et de tous

les commentateurs, l'un en svcj>, l'autre en êÇw, parce que seule

la destruction d'un organe distinct de l'intellect ou d'un organedans lequel l'intellect réside, peut altérer la puissance spiri-

tuelle. Il y aurait, peusous-nous, une objection bien plus forteà faire au texte traditionnel è'o-w : c'est que l'intellect na pas

d'organe, étant ywpwxôç, àitaSr^, kpiyrfi, aux termes mômes du

livre F qui nous dit en outre : rt zav ô'pyoti/ôv x*. ewi, ôWrep x<j>

aLo-07)xi.xâ)• vùv 3' oùOév ètrxiv (4, 429 a 26). Mais toutes ces objec-

tions disparaissent, si l'on considère attentivement le texte. Il

est clair en effet que l'o-w ne peut signifier ici qu' « à l'intérieur

du corps humaiu » (cf. ZELLEK, Philos, d. Gr., II, 2, p. 570, n. 1)

et qu'il modifie le sens de oOEipopivoy. Mais alors, comment

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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'AKISTOTE 177

Aristote peut-il affirmer de la part de l'intellect une dépendance

qu'ilniera

plusloin .avec force? En d'autres

termes, commentl'intellect peutnl être affecté par la destruction d'un organe

interne (êo-w), alors que, faculté purement immatérielle, il ne

possède pas d'organe? Faut-il donc en revenir aux corrections

de Steinhart et de Bonitz ou simplement dire, avec Saint

Thomas d'Aquin (n. 165) : Supponendo loquitur Aristotelés ? (1).

Remarquons en premier lieu qu'en stricte doctrine aristoté-

licienne, il existe une subordination extrinsèque et accidentelle

de l'intellect vis-à-vis de la sensation et ducorps qui

en est

l'agent : OUSSTOTSvosfï âvsu cpavràffi^aToç T, Auy-/, (r, 7, 431 a 16).Il n'est donc pas besoin d'imaginer ici qu'èo-w désigne un

Ttveuuimxov <7wp.a, substrat immédiat de J/yy txal 3uvà[jiê!.i;, comme

le l'ait Philopon (164, H, sq.). NEUHAEUSER (Aristoteles' Lehre

von dem sinnlichen Erkenntnissvermoyen und séinen Organen,

p. 12) a vu  juste sur ce point, en soulignant qu'il s'agissait des

aw-Orir/ipia où se développent les images. Mais Aristote a précisésa

penséed'une

façon remarquable: il ne dit

pas6

voûç fjuxpeù-vexaç âXÀou xivài £<rw oeQeipojisvouj mais "o voelv Svj xal TO (kopew,c'est-à-dire que l'intellect, selon lui, est dans la dépendance du

corps, non quant à sa substance, mais quanta son exercice. To' voeiv xal TO ôecopeïv signifie littéralement l'exercice de la pensée

et de la connaissance. « En soi d'ailleurs », ajoute-t-il, « ces

fonctions ne sont pas atteintes » : otù-zbSe àïtaGéç ECTTIV.Dès qu'il

parle de l'intellect lui-même, l'expression change : o Se vouç ÏSTOK

QeioxepôvT>.xai

àrcaQsçESTIV

(b 29). Cette opposition deTÔ vostv

etde 6 voûç, si suggestive, illumine toute son argumentation. Il

faut donc estimer qu'Aristote pose, dès ce passage, les fonde-

ments de la doctrine qu'il construira au livre T; les circonlo-

cutions dubitatives dont il entoure son exposé (woç, a 9, a 13,

(1) L'explication de S. Thomas suit de près celle de Thémistius, du moinsdans son sens général : vûv yio àTtopouvTL vtaL aàxôç fJÔfÀXov -r\ StScéaitovxi irpoaéoixsv(30, 37, éd. [IEINZE). Sur la dépendance étroite de S. Thomas vis â vis de Thé-mistius dans

son commentaire, nous nous permettons de renvoyer â notrearticle : Thémistius et S. Thomas d'Aquin qui paraîtra dans les Archives d'His-toire doctrinale et littéraire du Moyen-Aye de 1932.

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178 MAKCEL DE COKTE

a 20, a 29) ne proviennent pas d'une indécision de sa pensée

sur ce point capital, mais de précautions oratoires nécessairesdans la solution rapide des apories qu'il soulève au livre A,

et qui ne seront résolues que dans la dense et elliptique lumière

de sa propre théorie du voû;.

7. A, S, 409 a 31 sq.

Sojxêa'.vsi os, xaOàTtss SOTOJJLSV,x-fl JJLEVTaCxô Aéyeiv TOTÇ(ràifjiâ xi

IsTCTOjxEps; aùxyjv TtôsOTt, x$ 8', ôjrap A/jaoxp'.Toç xivevr8oâ CCÏJT'.V

ÙTÏÔTY]? 'iuyrii;, ïoiov xo àxoTtov.

ïorslrik, dans une note que Hicks qualifie d'admirable, estime

qu'l'3'.ov est incompréhensible; Rodier semble approuver son

avis. Voici les raisons qu'il avance : 1°) Hoc... apparet vero

minime esse proprium Xenocralis, sed cum Democrilo commune :

id quod eliam ipse statim initio dixerat a 32 : xr, 8'û«rep

A7)[Aoxpi?o; xwswQai ©-/jo-tv Ouô TTJÇ'J^y^U 2°) jure igïtitr damnavi-

musaxoTÎOV i//i/rf ïoiov xô âxoirov, natum ex déficiente ulvidebalvr

post TÇ

8É fa32) infinilivo

:

qui

tamen facile andilur :

(Xéy.eiv XWS'ÏTOXI) toTitso A. xiveî^Qaî »7i<nv UTO XTJ; <tuyïî;. Torslrik

aurait pu ajouter que Sophonias (31, 6) ne semble pas avoir

lu le mot qu'il condamne et qui manque d'autre part dans le

ms. S. Le raisonnement de Torstrik et les approbations de'

Rodier et de Hicks procèdent cependant du fait très simple

qu'ils n'ont pas compris le sens précis de ïSiov. L'expressionïSiov xô àxouov ne signifie pas que la difficulté est particulière à

Xénocrate ; il est trop évident que la difficulté, loin de lui être

particulière, lui est commune avec Démocrite : «Trop l'indique

nettement. "locov signifie uniquement ici spécial par opposition

à générai. Démocrite tombe dans des difficultés d'ordre généralen prétendant que le mouvement est causé par l'âme; Xéno-

crate spécialise ces difficultés en restreignant la proposition

de Démocrite à l'âme-nombre.

8. A, S, 410 a 27 sq.

TtoÀAàç o' (bios'lou; xal ouTyeoeta; syovxoç xoû Àéyeiv, xaflârap 'fii/Ttç-

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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE 479

SoxXviç, <o? ro^î 3-coijiaTiXQv; sroiysîoi* sxa*ra yvcoptÇeTai, xou 7tpo<; TÔ

op.ot.ov, [Aaptype!! TO vûv ),ê-^9sv.

Ce passage présente deux difficultés capitales que la critiquen'a pas encore résolues :

1° xal -pô; TÔ ÔJAOIOVque nous donnent tous les mss. et la

vetusta translalio (et ad simile) est. considéré comme inintelli-

gible. Torstrik propose la conjecture : xal -M 6JAO£<J)~ô ôpotov

qu'il emprunte aux commentaires de Philopon (180, 20, 26) et

de Sophonias (34, 5). Rodier fait de TTOO; un adverbe et de TÔ

OJJLO'.OVune espèce d'accusatif interne dépendant de  jUapTupeï.Mais, outre que son interprétation donne à la phrase une étrange

allure, Rodier ne s'est pas aperçu que ttpôç fait alors double

emploi avec x«L De plus, ainsi que le remarque Ilicks. chaquefois qu'Arislote use de «pô; comme adverbe, il'y joint en (cf. A,

3, 407 b 3 : xal TTOOTST'.CSSVXTÔV; Top., I, 4, 166 a 35). « Even

then xal after Ihe genilive absolute présents an insuperable

difficully. » D'autre part, le texte traditionnel se comprend par-

faitement sans la correction de Torstrik. laquelle ne fait qu'am-

plifier le sens littéral de xal itpèç TO oao'.ov. Il est impossible en

effet de séparer xal^pôçTÔ OJJ.O'.OVde -p^pCÇera!. pour le rattacher

à  jjiapT'jpev. Dans les trois arguments qui précèdent celui-ci et

qu il dirige contre la théorie d'Empédocle, Aristole, loin de

dissocier l'idée de arrov/slov de celle de OJJUHOV,l'en rapprocheintimement : « Il nous reste à examiner pourquoi on fait entrer

les éléments dans la composition de l'âme. On doit le faire,

nous assure-t-on, afin que l'âme puisse sentir chaque chose eten prendre connaissance. Mais cette doctrine conduit infail-

liblement à de nombreuses impossibilités. On pose, en effet,

que le semblable est connu par le semblable, ce qui impliqueraitque l'âme s'identifie avec les objets qu'elle connaît » (409 b

23-28). « Point d'avantage donc à ce que les éléments se trou-

vent dans l'âme, si leurs proportions et leur mode de synthèsene s'y trouvent à leur tour. Car chacun prendra connaissance

de son semblable, mais rien ne sera capable de connaître l'os

QM l'homme, à moins que ces objets ne soient, eux aussi, pré'

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180 MARCEL DE COIITE

sents à l'âme. L'impossibilité d'un tel fait n'a pas besoin d'être

soulignée : qui oserait se demander si la pierre ou l'homme setrouvent dans l'âme? » (410 a 7-11). Le texte qui suit immé-

diatement le passage que nous interprétons est plus expliciteencore : « En effet, les parties du corps des êtres vivants quisont uniquement formées de terre, savoir les os, les tendons,

les poils, n'éprouvent, semble-t-il, aucune sensation; ils ne

sentent donc pas non plus les éléments qui leur sont semblables

(WCT' où5è Twv6|i.ottov). Et pourtant il conviendrait en l'occurrence

qu'ilsen aient la

perception»

(410a 30-410 b

2).Kal

itpôçtô

ôjjuHov doit donc faire partie du génitif absolu et être réuni â

TOTÇCTO)(JWITWMKÇo--ot.y_£'lou. "Exaorane signifie pas « chaque chose »,

mais « chaque élément » ; on a dès lors le sens suivant :

« chaque élément est connu par les éléments corporels et en

relation avec son semblable », ou encore « en vertu de la relation

de similitude qu'ils ont entre eux v. Il est certain que pour cette

traduction de upô; on n'a pas le droit d'invoquer 416 b 10 : 8><rze.

x.a.\ r, (j>u^'/>,upôç sjjuluy^ov. Torstrik a raison de dire à ce

propos

:

alia enim ejus loci ratio. Mais un autre passage du i)e Anima

contient un sens équivalent de «pô; ; le voici : /.al sVu -zb vioea-Oai

xai XuTOW-Qa 1. ~° evepyeïv ^ aw-87)Tix^ pt.ea-6v/|Tt. upô; TO àyaOov y)

xaxôv, -$ ToiaÙTa (r, 7, 431 a 10-12). « Eprouver du plaisir ou

de la douleur, c'est agir par l'intermédiaire de la faculté sen-

sible prise comme moyen terme, et en relation avec un objetbon ou mauvais, considéré précisément sous cet aspect. » Si xal

•npoç TO 6'fjLOLOvest séparé de TOÏÇa-MfAaTixcKi; trrot^etoiç, c'est pourêtre mis en relief, car c'est précisément sur l'idée qu'il suggère

que va porter la réfutation d'Aristote : si chaque élément cor-

porel est normalement poussé à connaître son semblable, si,

quand il est mis en reltion avec son semblable, la connaissance

se produit d'une façon automatique, pour quelle raison les

parties du corps humain, telles que les os, les tendons, les

poils, qui sont uniquement composés oVnn des éléments : la terre

(àîclwi; yr|ç), sont-ils apparemment dépourvus de sensation el

de connaissance? Si la relation « cognoscitive » (comme disent

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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'AMSTÔTE 181

les scolastiques) du semblable au semblable était constante,

les parties en question auraient dû être douées de sensibilité.

Or, en fait elles ne le sont pas. Dès lors, la proposition d'Em-

pédoclc : yair, jjiiv yàp yatav ô^wTcajjisv, à laquelle Aristote 'fait

sans doute ici allusion (cf. A, 2, 40 b 413) est fausse.

2°) uocoTupsï TO vûv Xey9év.

Philopon (180, 23) interprète : xo yàp vûv XeyOév <pïi<nv àvxl TOÛ

TÔ Asyôïio-ôusvov. Simplicius (70, 8) fait de môme. On trouve

une expression parallèle dans De Part. An., A, 1, 639 b 6 : xb

vûv pyiO/jToiAevov. Le ms. T porte d'autre part Xsyjîï oijievov éga-lement adopté par des corrections de UVyX et que Sophonias

(34, 6) semble avoir lu. L'interprétation de Philopon et de Sim-

plicius n'est guère cependant soutenable. Comme le souligne

Torstiik, xô Xe^ôév affecté de vûv, ne peut signifier xo Xeyjjyi-

<ré[A£vov, « quamvis id velint interprètes Graeci. » Pour que xo

vûv Aeyôév marque le futur immédiat, il faudrait au surplus quexal -tpôç xô OJJLOIOVfût rattaché à [xapTupeï et que xal eût un sens

adverbial. Or, nous venons de voii- l'impossibililé de cet expé-dient. Enfin, quoi qu'en dise Belger, il est faux que l'argument

qui suit immédiatement puisse être une des [xapxupîai. qu'Aris^tote décrit dans sa Rhétorique (A, 15, 1375 a 22 sq.). On cher-

cherait en vain entre eux une ombre d'analogie. Tô vûv XeyÔévdoit donc signifier : « Ce qui vient d'être dit». Or, « ce qui vient

d'être dit » ne peut être, dans l'état actuel de notre texte, queles trois preuves précédentes de l'inanité de la théorie empédo-

cléenne; Ô'TOCyàp è<mv XTX. qui suit devient en ce cas incom-

préhensible.

Ce passage est-il donc irrémédiablement corrompu ? Il sem-

ble qu'il y ait là une lacune, ainsi que l'a pressenti Torstrik :

« Lacuna in fuit, quant maie suppleverunt additis [/.apTupel xô

vûv XeyOèv, quasi praecederet ra>XXà<;-S' àitopfaç eyeiv TO Xsy£t.v, non

I^OVTO; TOÛ Xéyeiv. » Mais il est possible de déterminer cette

lacune sans considérer [AapxupEÏ TÔ VÛVXeyÔév comme une inteiv

polation, en

supposant queitoXXàç 8'

adoptas

xxX. était

précédéd'une lecture d'un texte dEmpédocle dont le contenu se rappor-

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182 MAKCEL DE COUTE

tait à l'idée exprimée en ce quatrième argument. Ce texte

devait être celui qu'Aristote a déjà cilé en A, 3, 404 b 13 :

vctlr. uèv vào vô.v ônûnauîy, DOOL-ZIS' uowp.

a'.Oépi o1 a'.Qspa oïav, cVràtp Trupl itûp àlo7iXov,

o"ropyvi 3s ffropy/jv, VÊIXO; oé ts vsîxsï Xuyow.

Àristote se livre ici à une sorle de parodie d'une condamna-

tion judiciaire d'Kmpédocle, et TÔ VÛV Xsyjjsv a le sens qu'a

l'expression, si fréquente'chez Démoslhène, Xsys j/ot. TÔ ^«picri/a

(cf. aussi PLATON, Theaet., 143 c, àXXà, uaT, Xxêè TO pi6Xtov xal

Xsye).Si nous admettons la vraisemblance de cette lacune

(etnous avons vu plus haut que ces lectures de textes philoso-

phiques manquant dans nos mss. étaient assez fréquentes),

tVayàco sTTiv K-ÎA. devient pleinement intelligible. Inversement,on peut dire que l'explication de la présence de yàp exige une

lecture antécédente d'un texte d'Empédocle. Thémislius (Sp. 61,

27) semble d'ailleurs avoir eu sous les yeux ce texte que nous

possédons, ou du moins.en avoir imaginé la présence : ÔatijxaxrôsSe 'KJAÏCSXOXX^Î, yoûiri fJtlv yàp yaïav OTcwua[A£v Xéytov, oùy ôptôv oè

ott xal Èv TOÏS TOÛ Çtljou [xoptoiç osa y^ç à7tXû>;, olov OTTÔ"V£Ùp«

xptye;, -aûz* xùv àXXcov àvawfiïiTÔxaTa, xatTOl 7tpo3"/ÏXE xwv yoiiv

ô|/o(<ov Taùxa a'wôàvearfixt. Notre phrase signifie donc : « ce qui

vient d'être lu en rend témoignage. »

9. A, S, 411 b24sqq.

àXX' oùôèv TIXTOVèv éxaTgpw wv  jxopU)v SïtavT' èvuTtâpyet TO tiôpia

Xïi? tlnjyjfj;, xal 6u.oev.oelc etalv àXXvp.at; xal iftl 6'Xip, àÀAvJXwv uev

ci; où '^topwrà ô'vxa, xf,ç S' O'AVJ; X''» •"*» StatpsTriç oûa-r,*;. Tousles mss. à l'exception de W portent ôjAosweï; ew-lv àXXv)Xai.<;.

Thémistius (H. 38, 12, Sp. 69, 9) et Sophonias semblent avoir

lu le texte de W : opiosiSf, EITIV àXXï)Xoiç (nous ne pensons pas

avec Trendelenburg et Hicks que le scribe de Ë, après avoir

écrit ojioeiSfiïî, a corrigé ensuite en 6[AO£t.8^; un examen attentif

du ms. prouve que la correction est due à une main étrangère).

Rodier adopte le texte de W ; mais son opinion nous paraît

difficilement soutenable. Reportons-nous, en effet, au contexte.

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HOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE 183

« L'expérience nous révèle », dit Aristote, « qu'après avoir été

divisées les plantes continuent à vivre. Elle constate aussi le

fait chez certains insectes. Tout se passe comme si l'âme des

segments était spécifiquement, quoique non numériquement,la même, puisque chaque segment reste doué de sensibilité, et

capable de changer de place pendant un certain temps. La

rapidité avec laquelle ils meurent n'a rien de surprenant, car

ils manquent d'organes propres à conserver leur nature dans

l'existence. Néanmoins, en chacun des segments se trouve

intégralement contenu l'ensemble des parties de l'âme » (a 19-

25). Les éditeurs partisans du texte époiiSsIiî àXX7J).ou;, le seul

plausible à nos yeux, n'ont pas vu combien l'ensemble du

contexte exigeait cette leçon. En premier lieu, on remarquera

que de zà. pépia -zf^ <J/uyjî;ç il est facile de tirer un sujet : ai

t|<t>y«i, c'est-à-dire plus précisément, ai '}uy«i oîkw; pîpepwpivai;le complément T7J oXfl, c'est-à-dire T^ OX-ÇAv/jf,, sollicite d'ail-

leurs la pensée dans ce sens. En second lieu, le contexte w;

T7|V a'jTïiv s'yovca tyw/7\*' '«•» stSsi (a 20), indique, sans ambiguïté,

qu'il s'agit de ^t>yai ai aùtal ^«ô eïSst ou de <!>uyai oposiSsï^. Enfin,on ne saisit pas pourquoi Aristote aurait appliqué l'a règle

grammaticale TO Çwa "psysi avec Ta pépia T^Ç d^X'?^ comme

sujet de sTCunàpysi, sans l'appliquer à la même expression sujet

de e'wîv. Concédons toutefois que oposiÔT) e'wîv à/X/)Xo'.; a un

sens équivalent, mais ce neutre n'est aucunement exigé, ni

par la grammaire, ni par la suite des idées. Sa présence dans

quelques mss. s'explique d'ailleurs aisément par celle de ?à

pépia. Aussi, lorsqu'un remarquable philologue comme ïorstriks'élève contre cette lecture en disant : « ipsae animac eiusdem

generis sunt, non animae partes vel facilitâtes : nom xô opsxTixév

opinor ex alio génère est ac -zb aïs9r|Tixév et cetera simili modo »,

il prouve simplement combien il était dépourvu d'esprit phi-

losophique. Aristote aurait pu écrire : 6poei3-?i àXXiîXoi^ en

faisant de -rà pépia sr^ tyv'/îis ((lu' se traduit non pas : « les

parties de l'âme », mais : « les portions de l'âme ainsi divisée »)

le sujet au sens dislributif de slo-tv. Bien que la grammaire et le

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184 ftlAtlCBL DE CÔRTË

contexte ne défendent pas celle lecture, on ne peut prétendre

qu'elle manquede

signification.La phrase, telle que nous l'entendons, se traduit donc :

« Néanmoins, en chacun des segments se trouve intégralementcontenu l'ensemble des parties de l'âme, et les âmes ainsi multi-

pliées sont spécifiquement identiques entre elles et à l'âme du

tout primitif. Ces constatations impliquent que les parties de

l'âme sont inséparables les unes des autres [répondant à oùSlv

 —<k)yr|ç], mais que l'âme prise en son ensemble est divisible

[répondant à o[/.oe'.Se~.ç —

o^]. »

10. B, 1, 412 a!6sq.

ËTCI S' £<7Ttcroira xaî TOIOVOITOÛTO,Çw/)v yàp è'yov, oùx oevz<;t\ <zh

, o-wjxa Auyô (texte de Rodier).

Les mss. se divisent profondément sur le texte qu'ils nous

transmettent de cette courte phrase. K portait primitivementèitel Se, qui a été changé dans la suite en STOWTJ(Fôrster suppose

l'inverse, mais il n'a vu E que sur reproduction photographique.

Une étude attentive de E nous a fait constater l'exactitude de

nôtre lecture). SLVWXP, Philopon et Sophonias ont aussi

STOI 8S. E2Cy Thémistius ont èiret§7J. EC portent xai o-tôpia TOMJVSE,

y xal (TW[JL*-roiovôt, U VWX <TWJJ.!Xxal w.ovol TOÛTO.SUW omettent

TÔ que possèdent ECVXPy. Vu^/j se lit dans EGP, tandis qu'on

remarque r\  A^yô dans SUVWXy. Enfin, la velusta translalio

suppose : èïtel 8è <7<3j/.àÈcrt, ToiovSe, Çcorjv yàp eyov, oux «v zvt\  -h

fftôfjia [•/)] •J'uy/i, puisqu'elle traduit : Quoniam autem corpus est

laie, nempe vitûm habens, non ulique erit corpus anima.

Replaçons à nouveau le passage dans son contexte. Aristole

vient de rappeler la triple signification du mot substance :

matière, forme et composé de matière et de l'orme. « Or la

matière correspond à la puissance et la forme à l'acte. Ce der-

nier terme revêt à son tour deux significations : la science

serait un exemple de la première, et l'exercice de la science,

de la seconde. D'autre part, l 'opinion commune considère

surtout comme substances les corps, et particulièrement les

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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE 188

corps naturels. Mais, parmi les corps naturels, les uns pos-

sèdent la vie, lès autres ne la possèdent pas, et par vie nous

entendons le pouvoir de se nourrir de ses propres moyens, joint

à une croissance et à un dépérissement issus de soi. Dès lors,

tout corps naturel qui a reçu la vie en partage doit être une

substance, au sens de substance composée » (a 6-46).

La variante èmel Se, ÈTCSLSTΠn'a guère d'importance, ni au

point de vue du sens, ni au point de vue paléographique, Svj

étant souvent, en ce dernier cas, confondu avec Se. 'Enet Se

semble toutefois préférable, si l'on veut souligner l'enchaî-

nement des idées et leur progression vers la conclusion de

a 49 : otvayxoùov àpa. Celte progression montre également que

le texte xal «rwjAa xo'.ovoî est le seul acceptable. Puis donc que

les corps naturels sont éminemment substances et que tout

corps doué de vie est un corps naturel, il résulte nécessaire-

ment de là qu'un corps doué de vie est une substance. Cette

substance ne peut être pure matière, puisque la matière comme

telle est indéterminée (8 xa<)' a.û-b [ASVoùx è'<m triSe TI, a 7); elle

ne peut être pure forme, puisque corporelle implique évidem-

ment matérialité. Reste donc qu'elle soit considérée wç <xuvÔ£Trç.

Or, un corps doué de vie implique deux choses : un corps et

une détermination intrinsèque, savoir le fait de posséder la vie.

11 est donc impossible de confondre le corps et l'âme, car l'âme

et la vie sont des termes synonymes (ÇWÏI tyu%'f\  è*ri, dit exacte-

ment Philopon, 218, 6). Le texte de y : ÈTOIS' so-cî.xai râpa TOIOVSΠ

traduit fidèlement le raisonnement d'Aristote; « puisqu'il s'agit

là, en outre, d'un corps pourvu d'une détermination bien

nette, savoir le fait de posséder la vie, le corps et l'âme ne

peuvent se confondre ». Loin que xoû soit incompréhensible,

comme le veut Rodier, c'est sur lui que repose toute l'argu-

mentation : il définit, en effet, la ligne de partage entre le ata^a.

pur et simple, et le o-wj^a ÇWYJVÈ'^OV (cf. a 1 3 : TWV 8S cpuffixûv TO

pèv lyti Çwviv, rot S' oùx syji). Par suite aussi, xotovSî, plus

insistant que TowvSe, et qui supporte également l'idée prin-

cipale, doit être le texte authentique dont xal a-wpt xai toiovSi

UEO, XLV, 1932, n" 210-211. 13

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186. MARCEL DE C0RTE

TOÛTOn'est qu'une amplification redondante. Enfin, il est pro-bable que la leçon y\  ùvyfi ajoute une nuance subtile, mais

nécessaire à la pensée d'Aristote. De ce qui précède il résulte,en effet, que non seulement le corps est distinct de l'àme, mais

que l'âme est distincte du corps. Or, cette double distinction

est parfaitement exprimée par l'amphibologie qui naît de

l'absence de différenciation grammaticale du sujet et du pré-dicat. A supposer même que le sujet de dv\  soit nettement -zb

<rw|j.a, ainsi que semble l'indiquer la phrase suivante : où yàpèarTi -rtôv xa6' imoxeijjiivou xô croira, la leçon r, <buy^ sera encore

requise du fait qu'Aristote adjoint l'article à l'attribut lorsqu'ilveut insister sur ce dernier (cf. A, 4, 408 a 20 : TO-rspov oùv 6

Xôyo<; è<rùv r\  Au^-/}, et B, 4, 415 b 12 : TOyap afoiov TOÛeîvm 7tâ»iy

?i oùarîa). Or, il est incontestable que l'accent porte sur TI AU^Y)dans la proposition principale, de même qu'il porte sur xai et

TOWVS'1dans la subordonnée.

Telles sont les raisons qui militent en faveur du texte

transmis par le ms. y. Inutile de dire que les conjectures de

INNÉS (Classical Review, 16, p. 462) et de Forster, qui fontviolence à la pensée ici exprimée par Aristote, sont entière-

ment fallacieuses.

11. B, 2, 413 e 28 sqq.

où yàp àvw fjtèv aù^exat, xàtco S' ou, àXX' 6[/.oi<oç ITZ' ajjLtpw xal

nàvtifi £XTps<B£Tat TE xal ÇYJ Bù. féXou?, é'w; av 8ùv7|Tai XajAëàvEiv

xpoipviv (texte de Rodier).

Les mss. EGW ont : TOCVTYJIô'<ra àel Tpé<pe7ai TÊ xat; SUX :TiàvTYi sxTpéoeexaî r$ xaî ; Vy : ïcàvxoa-e xal xpéoexai xaî ; la vetusta

translatio : et in omnes partes continue aluntur et vivunt quons-

que possunt accipere alimentum.

« Nous posons donc comme point de départ de notre recher-

che », dit Aristote, « que c'est par la vie que l'animé se distinguede l'inanimé. Or, puisque le terme vie possède divers sens, il

suffit qu'un sujet réalise un seul de ces sens pour qu'on affirme

de lui qu'il est vivant; nous citons comme exemples : l'intellect,

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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE 187

la sensation, le mouvement et le repos dans l'espace, ou encore,

le mouvement de nutrition, do dépérissement et de croissance.

C'est pourquoi l'opinion commune ne manque pas d'attribuer à

tous les végétaux la vie. L'observation montre, en effet, l'exis-

tence en eux d'une faculté ou d'un principe spécial dont dépen-dent leur croissance et leur dépérissement selon des directions

opposées. Car leur croissance ne s'accomplit pas seulement

vers le haut et non vers le bas, mais également dans ces deux

directions... » (a 20-29). 'ExTpé'-peTat. semble plus précis que

TpécpeTai

: le terme s'emploie en parlant de végétaux (cf. HÉRO-

DOTE, I, 193 : TO Ix-rpéoeov TT|V pîÇav et XÉNOPHON, Oecon., XVII,

10). La préposition sx- marquerait soit l'achèvement de leur

développement, soit plutôt le point de départ de leur dévelop-

pement, ainsi que le suggère le rapprochement avec r, 12,

434 b 1 : raôç yàp 9ps<jjsToa; TOÏÇ [AEV yàp [/.OVÎJAOIÇuuàpy^si TO

é'Ôsv TC<pôxao-!.v. La leçon TtàvTr.t. o<xa àel xpscpe-roâ Te xat de ECW

impliquerait d'autre part qu'Aristote, ainsi que le remarque

Trendelenburg, « plantis relictis, ad cetera animantia vayatur ».

Or, la liaison de Stô xal Ta oeuo^eva uàvxa Soxà Çrjv de a 25

avec a 32 : oeavepov S' ènl TWV CBUOJASVWVmontre suffisamment

qu'Aristote, loin de déserter son examen de la vie végétale

pour passer aux Çûa (jwvtfAa auxquels Sara fait allusion, n'a pas

quitté ce domaine. Quand il passe à ces Çûa [xôvtu.a quelques

lignes plus loin, il précise qu'on les appelle des animaux

et qu'on ne dit pas simplement d'eux qu'ils vivent : xal yàpTa

p.?) xivoûfAEva piYJS'

aÀXàTTOVTa TOTIOV,e^ovra

8' aur6Y)<n,v Çwa

Xéyouev xal où ÇTJV piôvov (413 b 2-4). Ce Çvjv JA.6VO>répond cer-

tainement au xal  î^j de a 30 dont le sujet ne peut être, dès

lors, que Ta oeuoj^eva et non un problématique 07a. Par consé-

quent, entre TO&VT7)t,et TOZVTOCE,le choix n'est pas douteux : seul

TtàvToo-s peut expliquer l'origine de TOXVTT)Iôa-a. Il ne sert à rien

de dire avec Hicks que ce mot est un araci; chez Aristote ; stârjo-iç,

employé en A, 1, 402 a 1, ne l'est pas moins. 11 nous reste à

expliquerâet et TÉ. Le

premiera été lu

par

la velus tatranslatio,

qui le rend exactement par continue. Il paraît exigé par le sens

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188 MARCEL DE COR^E

général de l'argumentation, car le critère de la vie n'est pas

seulement l'accroissement spatial (qui serait non une auçï|(riçvitale, mais une upéts-Beo-u;matérielle), mais encore l'accroisse-

ment temporel et la continuité dans la durée. La lecture de àeî

est intimement liée à celle de xs. Or, it est requis par le sens ;Torstrik dit excellement : « Te non potest omitli. Aristoteles hoc

dicit : nulritur, et propterea quod nutritur vivit. » Son absence

de la vetusta translatif) ne doit pas étonner : Guillaume de

Moerbeke ne traduit  jamais ni xe ni ye- Les mss. qui omettent

xe fontpreuve

de bon sens en omettantégalement àeî,

car en

ce cas 3ià xéXouç porte à la fois sur [èxjxpscpsxai et sur Çrj ; mais

inversement, la présence de xe —qui semble bien nécessaire —

requiert du même coup celle de àeî. Remarquons que le

chiasme : àeî [éx]xpé<oexai -cexaî ï^ Stà xéÀou; ajoute une certaine

élégance à l'expression, d'autant plus qu'il contre-balance un

chiasme précédent : où yàp àvw... xàxw 8' ou. Or Aristote,comme on le sait, use souvent de cette figure.

Récapitulons: la lecture la

plus probable,au double

pointde

vue logique'et littéraire, est la suivante : Ttàvxoo-e àsî [èx]xpé<pe-xai xe xaî Ç^. Si l'on veut remarquer que les mss. qui ont àsî

n'ont pas èxxpécpexai et inversement, il ne paraît pas douteux

que le i de àeî et le x de èx- ne proviennent d'une seule et

même lettre illisible dans l'archétype et diversement interpré-tée (ce défaut dans l'archétype est également suggéré par la

double leçon roxvToo-e et TOXVT/IIosa) par EGW qui donnent àsî,

SUX : èx- et V : xaî. La leçon àsî exclut donc celle de

exxpi-'ferai.Le texte doit être reconstitué comme suit : èikV ÔJAOÎWÇSV

àji.(»w, xaî TcavTÔffeàeî xpé<psxaî xe xaî ÇQ . . ., et traduit : « Car

leur croissance ne s'accomplit pas seulement vers le haut et

non vers le bas, mais également dans ces deux directions. Ils

se développent aussi progressivement de tous côtés et con-

tinuent de vivre aussi longtemps qu'ils sont capables de sai-

sir leur nourriture. »

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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE"

189

12 B, 4, 416 b 25 sq.

ÎTTSISe àrco toùteXou;

anavraTcoos-ayopeÛEiv Sîxaiov, téAoç Se xo

vevv^ffai olov auto, eïvj av ir, «pût-/} 'l1*'//! yevv^tLxôv olov aùti •

serti 8è § xpéspêi Sittôv, oxrTtep xal c|>xuêepvôi xal 7) y_eip xat, xb 7t7)SA-

Xtov, to  j/iv xivovv xal xivoû|j.evov, ta 8ê XIVOÙV aôvov (texte de

Fôrster).

Kivoûv JJLÔVOVest le texte de la majorité des mss. Seuls E et S

s'en écartent, le premier, en donnant XIVOÛJXEVOVOÙ se remarqueune faute d'accent, le second, en combinant les deux leçons :

xivoiipiÊvov fxovov. Ces leçons s'opposant trop manifestement,il est nécessaire, croyons-nous, de déterminer le sens précis de

la comparaison familière qu'Aristote traduit ensuite en termes

physiques abstraits. Remarquons tout d'abord que la solution

doit commencer par la recherche du sujet de èVn. : or, les

mss. présentent également en cet endroit une grande; diver-

gence : GWy ont tpÉcpet, ESUXP ont tpétpexeii. Ces deux leçonssont cependant équivalentes au point de vue du sens : § tpé-

<peisignifie « ce par quoi l'âme fondamentale (/) itpûtYi <J/u%*5)nourrit » ; $ xpéyexai, « ce par quoi l'être se nourrit ». La pre-mière a pour elle xô j*èv tpéoeov soxlv T| Ttp&xrj tyvyy de b 21 et

la proximité de TI itpci>Trç^uyv) comme sujet de ewi Sv, lequel

précède immédiatement l'expression litigieuse; la seconde, #Se Tpécpexeu,TI xpocpui de b 22. Pour éviter toutefois l'inconvé-

nient de placer èitei Se — olov aùtô entre parenthèses, il con-

vient d'adopter la lecture t]>xpsoeet.D'autre part, l'expression cji

xpéfpei avec, comme sujet sous-entendu, T,TïpwtT) ij/oy^, précise etprolonge excellemment l'idée précédente. « Mais comme il est

bon de dénommer chaque chose d'après sa fin, et qu'en l'occur-

rence cette fin est la reproduction de l'espèce », vient de dire

Aristote, « on dira que. l'âme fondamentale est aussi l'âme

capable d'accomplir la fonction de reproduction spécifique ».

Or, il est clair que l'idée de fin évoque immédiatement celle de

Yinstrument dont l'âme use pour réaliser cette fin, conformé-

ment à la double distinction de la cause finale au sens de ta ouet de la cause finale au sens de ta $ (cf. 418. b 2). TGt -rpéosi

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190 MARCEL DE CORTE

répoïid ainsi à tp xuSepvâ qui lui est parallèle. Cet instrument,

ajoute le Stagirite, est double, de même qu'est double l'instru-

ment dont use le pilote pour gouverner le navire; l'un est la

main, l'autre est le gouvernail. Il semble à première vue quexô u.èv xivoûv xod xivoû|xevov ne peut expliquer que TO 7W|oàÀi.ov ;

seul en effet, le gouvernail peut à la fois mouvoir et être mu :

il meut le navire, mais il est mu par la main. Or, la main ne

peut être alors que xivoûv JAÔVOV.Mais leçon TÔ J*1V XIVOÛV xoù

xt.voii[j.evov, ixè 8è xivoû(Aevov, s'accorde sans peine avec la com-

paraison, à condition d'en renverser les termes : la main peutêtre considérée comme un moteur intrinsèquement mu, et le

gouvernail comme pur mobile soumis à la pression de la

main ; TÔ JASVXIVOÛVxal XIVOÛJASVOVdésignerait la chaleur vitale

dont Aristote parle quelques lignes plus loin (b 29) et qui

pénètre l'aliment, tout en étant elle-même dirigée par l'âme

nutritive, et TÔ Se- x>.voûpvov, l'aliment soumis à son influx.

Celte interprétation nous semble préférable à celle qui fait de

TO [*èv x'.voûv xoù xivo'jpvov, l'aliment, et de TÔxivoûv JJWVOV,la cha-

leur vitale, pour deux raisons que les partisans de la première

interprétation (qui se bornent à suivre simplement l'un ou

l'autre des commentateurs anciens) n'ont pas mises en relief.

D'abord, la chaleur vitale ne peut être dite xivoûv JJWVOV,unique-

ment motrice. En effet, Aristote nous dit textuellement : « Cer-

tains, cependant, sont convaincus que la nature du feu est sim-

plement cause de la n utrition si de l'accroissement, parce que

l'observation des corps et des éléments indique qu'il est le seul

à se nourrir et à s'accroître. Dès lors, on pourrait s'imaginer

que le feu est la cause opérante de ces fonctions, tant chez les

plantes que chez les animaux. Mais, s'il est, en un sens, cause

adjuvante de ces phénomènes, il n'en est nullement la cause

absolue, ce râle étant plutôt dévolu à l 'âme. En effet, le feu

croît à l'infini aussi longtemps qu'il trouve du combustible,

tandis que les organismes naturels sont tous limités et pro-

portionnés quant à leur taille et à leur croissance. Or, pareille

détermination est l'oeuvre de l'âme et non du feu ; elje découle

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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ÀRISTOTE 191

plus de la forme intelligible que de la matière » (416 a 9-18).Un autre texte d'Aristote montre sans contestation

possibleque la leçon de S, XIVOÛJJISVOVJJIÔVOV,est la meilleure et que cette

expression désigne l'aliment : « L'aliment subit une modifica-

tion spéciale de la part de l'alimenté, sans quon observe le phé-nomène réciproque » (416 a 34-36 : àÀX' où xoûxo unô r/jç Tpocp^ç).

13. B, 5, 417 a 12 sq.

Sv^xô; av Xsyotxo xal r\ at.a,QY|<nç,Y) |/.èv wç Suv.àpiei, T| Se wç svep-

yeia . ôpoîtoç 8s xal xà aw-S/ixôv, xô XS Sûvap.et. 8v xal xô svepyêîa.

Tel est le texte que nous offrent la plupart des éditions

modernes. 11 s'oppose à la tradition manuscrite, prise en sa

totalité, qui nous donne xô awrOàveo-ôai. Thémistius, Simpliciuset Philopon ont lu également xô aicrôàvso-Qat. et la vêtus ta trans-

latio a : et senlire. Rodier, avec Trendelenburg, considère que« cette phrase, telle que la donnent les manuscrits, ne fait que

répéter inutilement ce qui précède » (a 9 : STOIO^.-. 12. èvep-

yoùv), et adopte la correction xô al«rQY|TévqueTorstrik,approuvépar Brentano, prétend tirer des owsoolai xal XÛTEIÇ d'Alexandre '

d'Aphrodise (141, 80) : Xoiêwv Se xô Sc^wç XsysaQat. xô aiTâiveuSai

(xal yàtp SûvajAei xal svepyeûj), È'Xaësv xô XÏ)Ç aîcrSvJa'eu;, r/|V [j.èvelvai Suvàpsi, xv|V Se svepysia, opoîwç Se xal zb ataflrixôv. 11 y voit

en outre « une très ancienne glose marginale, ajoutée par un

lecteur soucieux d'indiquer l'apodose qui manque à a 7 : ôiô

xaôaroÉp — xxX., et introduite à lort, non sans avoir subi des

altérations, à la

place qu'elle occupe». On sait comment

pro-cèdent la majorité des éditeurs pour qui la philologie est l'art

de corriger les textes (tel n'était pas le cas de Rodier, mais ce

grand travailleur était trop asservi à ses prédécesseurs) : ils

font intervenir corrections et gloses. Nous voudrions montrer

brièvement que la phrase incriminée ne doit pas être corrigéeni exclue du texte comme inauthentique, parce que la leçonxô ata-QàvsaGat. est intelligible et s'implique dans la suite des

idées, comme un élément normal deprogression.

BARCO[Aris-

fotele, deiï anima veqetativa e sensitiva, 1881, p. 43, n, 1), par

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192 MARCEL DE CORTE

six raisons que Rodier ne trouve pas péremptoires, s'y était déjà

appliqué. Son raisonnement servira au nôtre de

point

de

départ.La raison principale de Barco, et qu'on tenterait vainement de

réfuter, est que STOISY)oè TO aia-Qàveo-QauXeyoj/ev 8t,%wç (~ô ts yàp

Sûvajm axoùov xal spwv àxoûstv xal ôpâv /.éyojjiev, xâv tùyjù xaôeû-

Sov, xal TÔ T,OTI èvspyoùv) n'explique 10 «w-Qàveijôai Siywç que parun exemple qui l'ébauche, et que l'expression doit donc être

précisée. Ajoutons qu'on attend qu'elle le soit en formule :

lorsqu'Aristote trace sa distinction célèbre entre une chose en

acte et une chose en puissance, il le fait habituellement sous

l'orme stéréotypée; nous en avons déjà un exemple ici : r\  aw--

fhjmç T| [ASV<î><;Suvàjjtet, T\  8S WÇsvepysîa ; Siywç yàp À.£yo[/ivr|<; TTI<;

alcr9ïj«cûi; xal 7oû. aîff97)T«û (si le -0 <xi<rfyr\-ï6vde ïorstrik était

vrai, on aurait sûrement ici un xaSâirep eûtb|i.ev ou eïpir|Tai), TWV

JJISVxatà 8ûva|juv, TWV 8s xat' èvîpyeiav (426 a 23) ; aw-Q-zio-iç [ASV

yàp -rçTot.Savait; ?) îvépysia (428 a 6). De plus, ce qui est déduit

de sueiOTi 8è T6 ataQàvea-f)*'. Xéyo;a.ev 8t%w;, ce n'est pas la division

dichotomique de h aW^mç, c'est la similitude de division

dichotomique de T\ aw-8ï|<Ti<;et de TO ala-SâvecrÔat.. L'objection de

Hicks s'avère ainsi sans valeur : « This is a strange pièce ol'

carelessness The double meaning of aÎTQvjT!.; has  just been

inferréd From the double meaning oF awrââv£*8a!.. Now appa-

reritly the double meaning of ala9xv£<x9at. is adduced as similar

to that of avTÔ^Ti;. » Il faut donc mettre une virgule et non un

point après 't\  8è w; èvepysîa. Enfin, on oublie trop souvent que

le style d'Aristote est un style parlé, où les répétitions pures

ou apparentes, quand elles sont prononcées sur un autre ton,

perdent leur aspect de répétition pour devenir à la suite de

cette nuance un autre élément dans le rapport logique des

idées. On saisit facilement ce qui s'est passé : après STCEISTI8s TÔ

a'.TÏàvEaOat, iiyjùz, on attendrait TO JASVSuvàjm, TO 8È èvspysla,mais l'exemple explicatif TO TS yàp est venu interrompre le

déroulement de la pensée et a rejeté TO uiv Suvàuei, TÔ8S ivso-

ysta à la fin,

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NOTES CRITIQUES SUH LE « DE ANIMA » D'ARrSTOTE 193

14. B, 5, 417 bl2sq.

TÔ §' ex Suvàuei ovxoç piavQâvov xal Xap-ëàvov èm<mi5{jiY|v UTO TOÛsvTËXevettf'ovToç xal SiSaaxa/axoû YJTOIouSè nào^siv yaxéov, wcrnep

EÏOYITOU,Ï) Sûo TpÔTtouç etvat, àXXo'.cixjsw;.

Los mots wuitsp eïpYiTa-.,que portent les mss. EGVWy P, sont

absents de SUX. Thémistius, Philopon et Alexandre ne semblent

pas les avoir connus. D'autre part, les éditeurs modernes pro-

posent de supprimer ce renvoi sous prétexte « qu'il n'a pasencore été question de la nature du passage de la puissance

pure à l'habitude ». Nous estimons que les éditeurs ont entenduw<jTOpeïpiriTat d'une façon trop matérielle et que le texte de la

majorité des mss. doit être intégralement maintenu. Traduisons

dans ce but le passage qui précède : « Il s'agit... de donner une

définition précise de la puissance et de l 'acte : en effet, nous

venons simplement d'en faire usage, sans plus. Le terme

savant, par exemple, peut s'employer au sens où nous dirions

de l'homme qu'il est savant parce que l'homme est compté

parmi les êtres qui savent et possèdent la connaissance; il peuts'employer aussi au sens où nous appelons désormais savant

l'homme qui est instruit dans la science grammaticale. Or,,l'un et l'autre sont capables de science, mais de façon diffé-

rente : le premier, parce que le genre dont il fait partie l'y dis-

pose matériellement, le second, parce qu'il suffit d'un acte de

sa volonté pour le rendre apte à exercer immédiatement sa

science, pourvu qu'aucun obstacle extérieur ne s'y oppose.

D'autre part, celui qui exerce en ce moment sa science estsavant en acte et connaît, au sens propre du mot, cet A qu'il a

sous les yeux. Les premiers sont donc tous deux savants en

puissance, mais l'un ne deviendra savant en acte qu'aprèsmodification causée en lui par l'étude et de fréquents passagesde l'ignorance à l'état contraire, l'autre le deviendra d'une

façon différente, en passant de la possession, non exercée

encore, de la sensation ou de la grammaire, à leur exercice

actuel. Le mot pâtir a aussi plus d'un sens: tantôt il désigneune espèce de destruction provoquée par un contraire, tantôt

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194 MARCEL DE CORTE

il signifie plutôt la conservation de l'être en puissance parl'être en acte dont la ressemblance avec lui est du même ordre

que la relation de l 'acte à la puissance. C'est en effet parce

qu'on possède la science qu'on parvient à l'exercer : or, ce pas-

sage de la puissance seconde à l 'acte n'est pas un phénomène

d'altération, puisque le progrès s'effectue de la science à la

science elle-même et à son acte; tout au plus constitue-t-il une

altération improprement dite. C'est donc une erreur d'affirmer

que le savant qui pense subit une altération à chacune de ses

pensées. Il en est de même de l'architecte chaque fois qu'il

bâtit. Concluons que le passage de la puissance à l'acte qui

s'accomplit en un être intelligent et pensant ne peut recevoir

le nom d'enseignement ; seule une autre appellation lui con-

vient. Quant à l'être qui, délaissant l'état de pure virtualité,

s'instruit et reçoit la science du savant qui la possède en acte et

est capable d'enseigner, ou bien on doit admettre qu'il n'en pâtit

pas plus que le précédent, ôrasp e?pT,xai, ou bien encore dire

qu'il existe deux sortes d'altération : l'une qui consiste en un

changement vers un état négatif, l'autre vers une perfection

positive conforme à la nature du sujet » (417 a 2t-b 16).

Si l'on entend matériellement l'expression wo-nep eîpvyra'.comme une détermination antérieure des conditions du passagede la puissance pure à l'acte, il est clair que ces mots ne peuvent

s'appliquer qu'à l'ensemble de la phrase et qu'il est impos-sible de leur trouver un passage correspondant, mais en réalité,

ils n'éçlaircissent qu'une partie de la phrase : « ou bien on

doit admettre qu'il n'en pâtit pas plus que le précédent » (TÎTOIoùSè Tzâ.vyie,w oeatsov, b 13-14), et, au sein de cette phrase, que

le seul mot oï>Ss. Traduisons donc : « ou bien on doit admettre

qu'il n'en pâtit pas plus que le précédent, comme il a été dit

(de celui-ci) » ou « comme on vient de le dire de celui-ci »

quelques lignes plus haut, en b 5-6 : Gewpoûv yàp yîyvs-ra!. TO

svov TTJVÈUUTTTÎ[/.Y|V,orap r\  oux è'a"uv a/.Xou>0<x9a'..

Marcel DE CORTE,

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NOTE SUR PARTHÉNIOS

« SOUFFRANCES AMOUREUSES », 27

Dans le chapitre XXVII de ses « Souffrances amoureuses »

Parthénios nous communique une histoire qu'il a puisée dans

un poème écrit par Myro (1), poétesse du ive-iue siècle av. J.-C,

et intitulé 'Apat. Il s'agit d'une dame corinthienne du nom

d'Alcinoé qui était fille de Polybe et femme d'Amphilochos,fils de Dryas. Par une mauvaise action elle s'attira la colère

d'Athéné, qui la frappa en lui inspirant un fol amour pour leSamien Xanthe. La déesse avait entendu les imprécations (2)de l'ouvrière Nicandra, laquelle, au bout d'un an de travail dans

la maison d'Alcinoé, avait été chassée et privée d'une partie de

son salaire. Le châtiment ne se fit pas attendre. Alcinoé quittasa patrie pour suivre Xanthe. Sur mer elle fut saisie de repen-tir et se précipita dans les flots, malgré les tendres promessesde son bien-aimé.

(1) W. v. Christ, Geschickte der griechischen Litleratur, 6. Aurl., t. 2, 4, 1.

Miinchen, 1920, p. 147. — Myro est la forme correcte du nom.

(2) Comme il n'est question dans notre texte ni du rite complet de l'impréca-tion ni des formules qui l'accompagnaient, il nous est permis de conclure queles longues imprécations lancées par Nicandra étaient purement verbales. —

Voir : A. Bouché-Leclercq, ap. Dareniberg-Saglio, Dictionnaire des Antiquités,s. v. Devolio, t. II, p. i, p. 113 sqq. — R. Wûnsch, Defixionum labellae alticae,1G III, 3 supplem., 1897, praef. p. H sqq. — Aug. Audollent, Defixionum labellae,Lutetiae Parisiorutu, 1904, p. L sqq. — Kuhnert, ap. Pauly-Wissowa, RE, s. v.

Defixio, IV, 2, pï 2374 sqq. — Ziebarth, ibid., s. v. Fluch, VI, 2, p. 2771 sqq. —

C. Zipfel, Quatenus Ovidius in Ibide Callimachum aliasque fontes irnprirnis défi-,xiones secutussit,, Diss., Lipsiae, ^910, p. 13, nota 2.

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196 A. DOVATOUR

Elle nous est fort bien connue, cette histoire de la temme

qui oublie son devoir de fille, d'épouse et de mère pour se  jeter

éperdument dans une aventure amoureuse dont il ne résulte

que des malheurs pour elle et pour ses proches. Outre les

exemples souvent cités d'Hélène, d'Ariane, de Pasiphaé, de

Phèdre, de Médée (1) et celui de Tarpeia et ses analogues (2),faisons encore mention de ceux qui se trouvent chez Parthénios

dans les chapitres 14, 18, 23, 25, 35'.

L'amour est le domaine d'Aphrodite. C'est elle qui dans

sa colère envoie au coupable l'amour néfaste — OUTOÇxorcà pjw

'AffoSÎT/i; dç Ipwra àcotxojjievoç x^ç àSsX<priç(Parthen. 5,2) ;

(talSpa xapSlav xorceîxeTO

spwxt, SetvcjSTOÏÇèjjioïç (3ouXeû|Aavi

(Eurip. Hippol. 27 sq.,—

paroles d'Aphrodite).

Aussi sommes-nous bien étonnés de la voir remplacée par

Athèna, qui a conservé de tout temps son caractère de déesse

chaste par excellence et étrangère à l'amour :

Tcânv S' epra f*é[jur))>evsuare»àvou Ku9epew)ç.Tpwuàç S' oô SU^OITOUueTuOew (ppivaç où§' àTOxrîiffoa '

xoupviv T' alyt.ôyot.0 A-tôç, yÀauxoiTtiS' 'AOÏ^VYIV•

où yàp oi S8EV spya •KoXvypÙTOv 'AcppoSÎTrçç...

(Hymn. Homer. Aphrod., 6 sqq.).

S'il est permis aux amoureux de  jurer par la chevelure

d'Alhéna, c'est que les dieux n'attachent aucune importance à

un pareil serment :

Gratia magna Iovi : vetuit pater ipse valere,Iurasset cupide quidquit ineptus amor :

Perque suas impune sinit Dictynna sagittas

Adfirmes, crines perque Minerva suos

(Tibulle, I, 4, 23 sqq.),

(1) On en cite quelques autres encore. Voir L. Preller, Grieehische Mythologie,Bd. I, 4. Aufl., bearb. v. C. Robert, Berlin, 1894, p. 312 sqq. — Koscher. Aus-

fBhrliches Lexicon der griechischen und romischen Mythologie, s. v. Aphrodite,

Bd. 1, Leipzig, 1884-1886, p. 400.(2) A. H. Krappe, Pie Sage von der Tarpeja (Rhein, Mus., N. F. Bd. 78, 1929,

pp. 249-267),

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tiOfE SDR PÀRTHÉN10S « SOUFFRANCES AMOUREUSES », 21 iÔ 1?

Le rôle d'Athéna dans le récit de Parthénios ne s'explique

pourtant pas par une simple confusion dans les manuscrits,car en éliminant son nom pour lui substituer celui d'Aphroditenous ne ferions que tomber dans une nouvelle absurdité. Quoi

de plus naturel qu'une ouvrière s'adressant pour la défense de

ses intérêts professionnels à Athéna, protectrice des artisans et

particulièrement des femmes (4)? Une prière à Aphrodite dans

les mêmes circonstances ne saurait trouver une explication

plausible. Chacune des deux déesses est étroitement liée à

l'un des deux éléments dont se compose notre histoire et n'enpeut être séparée sans inconvénient. Le sujet de l'épouse infi-

dèle— qui n'est à peu près qu'une variante du rapt d'Hélène —

n'ayant rien de commun avec celui de l'ouvrière outragée, nous

sommes tenus de les considérer comme deux éléments hétéro-

gènes— l'un aristocratique (Alcinoé, fille d'un tel et femme

d"un tel), l'autre populaire (Nicandra tout court). Ces éléments

mal ajustés l'un à l'autre forment un ensemble où l'élément

populaire prédomine — n'est-ce pas Athéna qui, au bout ducompte, a triomphé de sa rivale? S'il en est ainsi, nous parve-nons à découvrir sans difficulté le milieu social qui a créé la

légende telle qu'elle se reflétait dans le poème de Myro. L'évé-

nement qui a causé la colère d'Aphrodite, selon le récit origi-

naire, remontant probablement à l'époque héroïque (2) et des-

tiné à un auditoire aristocratique, est tombé en oubli dans un

milieu capable de prendre à coeur les malheurs d'une pauvre

ouvrière. Ce sont les artisans et les ouvriers de la grande villeindustrielle de Corinthe (3), où se passe l'action du récit..

L'analyse du chapitre XXVII des « Souffrances amoureuses »

(1) Preller, o. c, I, pp. 201-209. — Roscher, o. c, I, p. 681. — 0. Gruppe, tirie-chische Mythologie und Religionsgeechichte, Bd. II, Mùnehen, 1986, p. 1215 sq.

(2) Le nom d'Alcinoé est phéacien — Gruppe, o. c, I, p. 628, note 3 — et serattache par conséquent à la tradition héroïque.

(3) Nicandra semble avoir été tisserande ou fllandière (cf. yurt, yzpvrpa dansl'Iliade, XII, 433). Les deux métiers jouissaient — on le sait — de la protection

d'Athéna. Sur le travail des femmes libres en journée dans les ateliers de familleà Corinthe, et spécialement dans l'industrie textile, voir G. Glotz, Le travail dansla Grèce ancienne, Paris, 1920, p. 318.

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198 A. DOVATOUR

nous fournit ainsi un curieux exemple d'un sujet de la vieille

tradition aristocratique transplanté sur un nouveau terrain

social et ayant pris une nouvelle forme sous l'influence des

nouvelles conditions. C'est sous cette forme —malgré son

incohérence — que le sujet a été adopté par la poésie alèxan-

drine.

A. DOVATOUR.

Leningrad.

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UN LIVKE D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE(1)

Je salue avec plaisir cet ouvrage sur les fluctuations écono-miques de la période comprise entre Alexandre et Auguste.C'est incontestablement le meilleur travail et le plus com-

préhensif qui ait été écrit d'après la méthode que j'ai préco-nisée depuis 1913, année où j'ai montré dans le Journal des

Savants tout le parti que l'histoire peut tirer des prix consignésdans les comptes des hiéropes déliens.

La partie la plus neuve de ce travail est celle où Heichelheima étudié

les variations monétaires qui se sont produites dansle monde méditerranéen et surtout en Egypte.,Autant que j'en

puis juger, l'auteur y déploie toutes les qualités de l'économiste

doublé du numismate. Il connaît le sujet à fond et présente des

conclusions qu'on pourra discuter sur certains points, mais

qui, dans l'ensemble, resteront inattaquables. Suivant l'exemplede Th. Reinach (Rev. des Et. gr., t. XLI, 1928, p. 121 ss.), il

fait une large part à l'agio dans l 'évaluation du rapport entre

lesmonnaies d'or, d'argent et de cuivre. Il arrive ainsi, par descalculs ingénieux et sûrs, à déterminer les variations des rap-

ports entre les trois métaux (voir les trois tabtaaux des p. 24,26 et 28). Compte tenu de l'agio, le rapport commercial de l'or

à l'argent, après avoir baissé au ive siècle jusqu'au tempsd'Alexandre, remonte à peu. près au niveau fixé par le système

(1) l'r. Heichelheim, Wirtschaflliche Schwankiingen der Zeil von Alexander bis

Auguslus (Beitrur/e zur Erforschung der wirlschafllicken Wechsellagen, Auf-schwuni}, Krise, Slockunç/ lirsgg. von Arthur Spiethoiï, Het't 3). Jena, 1930,in-8», 142 p.. et 2 pi.

KEO, XL.V, 1932, n° 212. 17

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WSWM*?Mâ!W,\: jfp?

2i2 (lUSTAVË GLOTg

monétaire de Darios, à 1 : 13. A partir de 258/7, on constate,

toujoursen tenant

comptede 1

agio, quele

rapport légalde

l'argent au cuivre est d'environ 1,60. Enfin de 230 à 190, puisà différents moments du ne et du ier siècle, les événements

politiques déterminent les Ptolémées à des altérations de mon-

naie qui provoquent de véritables catastrophes dans le régime

économique. En 198, de 119 à 117, la pièce d'argent n'a plus

que la moitié ou n'a même pas la moitié de sa valeur légale.

Quant au rapport de l'argent au cuivre, au lieu de 1 : 60, il

monte en 160 à 1:5121/2,

et il oscille enmoyenne,

au ne siècle,entre 1 : 400 et 1 : 500.

Mais la partie la plus considérable de l'ouvrage est consacrée

aux prix de certaines marchandises et des immeubles, au fret,aux salaires, au coût de la vie et au taux de l'intérêt. La docu-

mentation ici est très riche ; elle provient surtout de Délos et

de l'Egypte, mais aussi d'Uruk en Babylonie, d'Avroman dans

le Kurdistan, d'Italie et de Sicile. De plus, les publications anté-

rieures ont été consultées avec soin. On  jugera seulement

regrettable que le deuxième volume des Inscriptions de Délos

paru en 1929 n'ait pu être utilisé dans un ouvrage paru en 1930

qu'à partir de la p. 81 et que la masse de renseignements qu'ilrenferme ne figure guère, et bien partiellement, que sur la liste

des p. 128-134, De là certaines contradictions entre les com-

mentaires donnés dans le corps de l'ouvrage et les chiffres des

tableaux : par exemple, le prix minimum de l'huile en 179

n'est pas de 15 drachmes 1/2 le métrète, comme il est dit à la

p. 53, mais de 16 dr., et le prix le plus bas que les inscriptionsde Délos mentionnent pour cette denrée n'est pas de 12 dr.

(ib., n. 1), mais de 11 dr. (n° 440, 1. 22). 11 suffit cependant,

pour apprécier l'importante contribution que Heichelheim

apporte à l'histoire économique de l'antiquité, d'examiner de

près les quinze tableaux et les deux planches de courbes quirésument sa consciencieuse étude. Il en résulte bien, ainsi que

 je l'avais indiqué quand on ignorait encore un bon nombre des

inscriptions détiennes postérieures à 250, qu'il y a eu dans les

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ïgg»^>^'^p?;g«^  j4%»fiïi|J.^«.^pgj«iîj

l:fo LIVRE D'MISTOIHEÉCONOMIQUE 243

pays de lu Méditerranée orientale une baisse continue depuis le

dernier quart du ive siècle jusqu'à la moitié du 111eet qu'à par-

tir de 250-246 les prix se fixent el ont une tendance à remon-ter. Toutes mes fiches sur les prix mentionnés dans les papyrusconfirment les résultats fournis par les comptes de Délos et, en

général, les conclusions de Heiclielheim.

Cela dit, étant bien entendu que dans l'ensemble nous

sommes d'accord, je voudrais toutefois lui présenter quelquesobservations.

11est horriblement difficile, en ce genre de travail, d'éviter

les lapsus et les erreurs de détail. J'en ai relevé un assez grandnombre dans le travail de Heichelheim.

Au tableau de' la p. 28, je signale une omission : pour l'an

112, il faut joindre aux deux rapports de l'argent au cuivre con-

signés dans le papyrus de Tebtunis 112, à savoir 1 : 475 et

1 : 487 1/2, un troisième donné par le papyrus Reinach 9 et quiest de 1 : 423. Sur le tableau des loyers payés à Délos par les

locataires des domaines sacrés (p. 116), j'ai bien des réserves à

faire. Cinq domaines, Acra Délos, Episthéneia, Kérameion,Phytalia et Sôsimacheia, ne sont pas affermés avant 290;Limnè ne l'est pas avant 250. Le nombre des domaines à

considérer est donc en 314-302 (n° 315) de 15, et non de 16 :

Episthéneia n'en est pas, et les arrérages dus pour cette terre

(et qui sont de 200 dr., non de 210, comme il est dit p. 135) se

réfèrent à une période antérieure, si bien que le lotal des loyersest de 11.577 dr. En 305-303 (n° 144), comme Soloè et Rham-'

noi ne ligurent pas sur la liste des loyers acquittés, c'est pour13 domaines, et non pour 20, qu'il a été perçu, non pas14,300 dr.,mais 14,339, total indiqué à la 1. 17. Je ne suis pasabsolument d'accord avec Heichelheim sur le montant des

loyers payés dans les périodes 279-270 et 269-260; mais il

s'agit en l'occurrence de différences insignifiantes : j'obtiens11.930 dr. 1 ob. 2/12 et 12.769 dr. 1 ob. 1/4 +. Dans la

période 249-240, la location de Limnè porte le nombre des

domaines affermés à 21, et non 20. Pour la période 259-250,

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244 GUSTAVE GLOTZ

le total des loyers, d'après le n" 287, est de 11.537 dr.

1 ob. 1/2 2/12. Pour la période 179-170, il est de 6.980 dr. 1 ob.,

comme le dit l'inscription n° 442, A, 1. 152. Si, au lieu d'exa-miner le montant total des loyers, on examine de près les

loyers de chaque domaine, on a encore quelques critiques à

faire. Là aussi on regrette de petites inexactitudes. Les plus

graves sont celles qui semblent à première vue avoir le moins

d'importance, celles où sont négligées certaines fractions

d'obole, particulièrement les chalques ; car l'indication de ces

fractions est tout à-fait instructive. Non seulement elle nous

renseigne admirablement sur une scrupuleuse tenue deslivres ; mais, comme l'ancien locataire pouvait rembailler sans

adjudication en payant pour la nouvelle période un dixième en

sus, elle nous fait voir avec quelle minutie était, calculé ce

dixième et nous permet de déterminer avec certitude des

périodes où le rembaillement était fréquent et d'autres où il

était rare, ce qui certes n'est pas indifférent pour l'histoire éco-

nomique et sociale.

J'arrive auprix

des denrées. Et d'abord à celui des céréales.

En 224-222, en thargélion (n6

338, Àa, 1. 35), il faut ajouter le

prix de 4 dr. pour la farine d'orge (2 dr. pour un demi-

médimne). En 190-180 (n° 440, A, 1. 69), nous trouvons pourle blé, non pas 10, mais M dr. Pour le blé envoyé par Massi-

nissa en 179 (n° 442, A, 1. 101 ss.), Heichelheim commet

d'abord un péché véniel, puis une erreur grossière : la premièrevente s'est faite au prix de 3 dr., non pas à peu près, mais

exactement;

la seconde s'est faite, nonpas

auprix

inconcevable

d'environ 2 dr., mais à 4 dr. 1 ob., une obole de plus que ne

le disent les hiéropes (àvà TÉsse^aç). En 169 (n° 461, B b, 1. 51),les 15 dr. 3ob., payées pour l'orge ne peuvent d'aucune façon

donner un prix de 4 dr. 3 ob. ; il faut admettre trois médimnes

à 5 dr. 1 ob.

En ce qui concerne l'huile, je ne vois que quelques inexacti-

tudes légères. Il faut 15 dr. en bouphonion 246 (n°290, 1. 95 s.);

et en 172 ou 170(n° 459,

1.30)

ceprix

de 15 dr. est douteux.

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UN LIVRE D'HISTOIHE ÉCONOMIQUE 245

 — Pour le bois, il y a plus à reprendre. En 221-222 (n° 338,'

A a), le prix au talent est de 1 dr. 1 ob. 1/2 au mois d'hiéros

(1. 22), et, au mois d'apatourion (l. 49), la seule chose certaine

c'est qu'il est supérieur à 1 dr. Pour 190-180 (n° 440, A), il n'ya rien à tirer de la 1. 24 ; mais il fallait mentionner le prix de1 dr. 1 ob. 1/2 à la 1. 45. En 273 (n° 456, B, 1. 12), une hausse

extraordinaire et qui méritait l'attention amène le prix à 2 dr.

1 ob. 1/4 (et non 2 dr. 2 ob.). Les prix de 172 ou 170 (n0

460,

v, I. 10, 13) ne sont pas relevés par Heichelheim ; ils peuvent

être fixés, d'après ceux de 173 et de 169, à 1 dr. 4 ob.et 4 ob. 1/2;mais celui de 169 (n° 461, kb, 1. 13) n'est pas sûrement de

1 dr. 2 ob.

Il est un autre reproche que je ne puis m'empêcher d'adres^-

ser à Heichelheim. Dans les limites étroites où il a dû se ren-

fermer, faute de place, il ne pouvait évidemment tout dire.

Pourtant, il ne lui eût pas été difficile d'ajouter quelques listes

de prix à celles qu'il présente. Tel qu'il est, son choix ne laisse

pas de paraître quelque peu arbitraire. Se contenter de dire(p. 51) que le blé vaut à peu près le double de l'orge, c'est aller

un peu vite en besogne. Quand il s'agit de l'Egypte (p. 69 ss.),il ne se borne pas, il est vrai, à admettre ce rapport tradition-

nel ; il montre que de 1 : 2 il a passé à 3 : 5. On d'ésirerait savoir

pourquoi, en 179, le blé de Massinissa a été vendu, à Délos, 3

et, s'il fallait en croire l'auteur, 2 dr. le médimne, pourquoi on

trouve peu auparavant un rapport de 4 : 11 et dès l'année sui-

vante (178) un rapport de 4 et même de 3,75 : 10. Pour le vin,l'objection est plus grave encore. On se trouve en face d'un

tableau spécial, réservé à l'Egypte, et d'une étude rapide,mais bien conduite, sur les variations de prix qu'il indique

(p. 111-112, 69-70). Or, cette étude ne signifie pas grand chose

par elle-même, parce qu'en Egypte le vin est importé et qu'auxfrais de transport, qui sont relativement médiocres, s'ajoutele bénéfice du monopole royal, qui est énorme. Il eût donc été

d'un grand intérêt, pour un historien qui insiste à bon droit surl'existence d'un marché méditerranéen à l'époque, de compa-

..,., .;, ,1_^i4US-;&i«.'î*

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246 GUSTAVE GLOTZ

rer les prix de l'Egypte à ceux de Délos. En ce qui concerne

le bétail, le tableau XIV ne nous renseigne que sur les prixdu porc, de la truie pleine et du boeuf. Ce n'esl vraiment pasassez. Il était utile de signaler que les prix du bétail démentent

souvent la règle de la baisse précipitée, suivie vers 250-246

d'une hausse régulière. Nous voyons, en effet, que le verrat est

payé à Délos 16 dr. en 274, 250 et 246, puis 15 dr. entre 190 et

180, 18 dr. en 178, 16 dr. vers 175 et 10 dr. en 169. Pas un

mot, non plus, sur les races ovine et caprine, qui prédominent

pourtant dans l'économie rurale de la Grèce et de l'Orient. Cettelacune est d'autant plus déplorable qu'il y avait lieu à des com-

paraisons suggestives entre Délos, Cos, Priène, Erylhrées et

même Olbia. Heichelheim sait-il, par exemple, que la brebis

adulte de sacrifice est pendant plus d'un siècle et demi d'un

prix constant dans la mer Egée et le Pont-Euxin? Elle coûte à

Délos26 dr. vers 301, une drachme seulement de moins en 279

et 250, 25 dr. également à Olbia vers la fin du iue siècle, 24 et

25 dr. à Erythrées au milieu du n". Sait-il que le bélier vaut16 dr. en 274 et seulement 12 en 189? Il ne faut  jamais se

donner l'air d'esquiver les difficultés par le silence, ni établir

une loi sans rendre compte des exceptions.Mais ce qu'on voudrait encore, c'est être informé sur la valeur

relative des denrées naturelles et des produits industriels. Sur

ce point capital, l'ouvrage de Heichelheim est malheureusement

muet ou presque. Il se borne à reproduire les indications que

 j'avais données  jadis sur le prix du papyrus, en admettant àson tour que ce prix est fortement grossi par l'adminislration

égyptienne des monopoles; il ignore, d'ailleurs, le travail où

 j'ai fourni mes preuves et où  j'ai joint aux renseignements pro-venant de Délos ceux que nous ont conservés les papyrus

(Annales a"hist. écon. et soc, t. I, 1929, p. 1 ss. = Bull, de la

Soc.arch. d'Alexandrie, n° 25, 1930, p. 83 ss.). Il eût fallu

relever les prix de quelques produits au moins, fabriqués sur

place ou importés. Ainsi, nous avons des données précieusessur le cours du plomb. Il vaut 2 dr. le talent en 329/8 dans le

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UN LIVRE D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE 247

pays de production, en Attique. A Délos, dans la période de

baissegénérale,

une hausserégulière

enporte

leprix

à 4 dr.

en 298, à S dr. vers 297 et en 279, à 6 dr . en 274, à 7 dr. et

7 dr. 3 ob. en 269 ; après quoi, le prix de 7 dr. se maintient

en 250 et  jusqu'en 179, pour s'abaisser dans l'intervalle à 6 dr.

en 246 et 240. On aimerait aussi être instruit des prix du fer

ouvré, dont la chute est énorme dans la période de baisse. Il

est vrai que les recherches en pareille matière sont ardues,

parce que le poids des objets ne nous est pas donné par les

sources etqu'on n'obtient, par conséquent,

de résultatsque pardes recoupements et des calculs compliqués. Mais cette diffi-

culté n'existe pas pour d'autres produits fabriqués. Les tuiles,

par exemple, nous permettent (toujours à Délos) de faire le

départ entre le bénéfice du fabricant et celui du revendeur.

Elles s'achètent par paires, c'est-à-dire que ce sont des tuiles

plates avec leurs couvre-joints. La paire coûte, à pied d'oeu-

vre, environ 1 dr. 2 ob. 1/2 vers 305, 1 dr. en 282, 1 dr.

1/2ob. en

279,1 dr. 1 ob.

3/4en 274. Voilà donc une

pre-mière période d'une trentaine d'années où le prix, contrairement à ce qu'on attendrait, n'a pas baissé. Tout à coup il

baisse, au contraire, quand on s'attendrait à la hausse.

D'abord, il varie de 4 ob. à 5 ob. 1/2 .(4-5 ob. en 269 et en

250, 4 ob. en 246, 5-5 1/2 ob. en 207) : c'est dans cet inter-

valle, au début, qu'il est d'une drachme à Cos, pose comprise(Hérondas, Mimiambes, III, 45). Puis, une chute brusquel'abaisse dès 208 à 3

ob.,à 2 ob.

1/2entre 190 et 180. De

pareils avilissements à une époque d« renchérissement ne

comportent qu'une explication : entre 274 et 269, les couches

d'argile qui ont donné son nom au domaine du Kérameion

durent être mises en exploitation, et les hiéropes n'eurent plusà payer de tribut aux intermédiaires.

Si les produits industriels sont complètement passés sous

silence, la question des salaires est encore très négligée. Lestableaux IX etX

(p. 123-125) nesont

pas suffisants, surtout lesecond, consacré à Délos, Il donne, en tout et pour tout, huit

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248 GUSTAVE GLOTZ

exemples do salaire à la  journée Un examen de la paye aux

•pièces eût cependant fourni d'innombrables renseignementssur la situation des classes laborieuses durant ce long espacede cent cinquante ans. Je n'en veux pour preuve —

puisque jeviens de parler des tuiles —

que le prix de leur pose. Il nous

l'ait assister à une cbule effarante. Vers 303, il s'élève à 2 ob. d/2

par paire : c'est un chiffre altesté cinq fois. On ne le revoi t plus.Le prix du même travail n'est plus que d'environ 3/4 d'ob. dès

301; il tombe môme à'2/3 d'ob. en 2?>0, pour revenir à 3/4d'ob. en 208.

Une dernière observation. Si les variations de prix, consi-dérées en gros, démontrent l'existence d'un marché universel

au temps des monarchies hellénistiques, il en est cependant, et

en grand nombre, qui semblent contredire cette thèse. Chacune

de ces exceptions veut une étude particulière. Elles tiennent

généralement à des raisons de politique financière ou douanière,et c'est là le grand intérêt de pareilles recherches. .J'ai essayémoi-même, en 1916, dans celte Revue, de montrer comme les

prix de la poix à Délos sont en relations étroites avec l'histoirede la Macédoine, le lieu de production. Heichelheim, tout en

admettant mes conclusions, fait certaines réserves, dont  je ne

vois pas très nettement la portée. Il est certain, en tout cas, quele prix le plus élevé de cette marchandise, 40 dr. le métrète, a

été atteint en 279, pendant l'invasion de la Macédoine par les

Celtes, et le plus bas, 9 dr., en 179, au temps où Philippe V

et Persée faisaient leur cour au dieu de Délos. J'ajoute aujour-

d'hui que l'année où les hiéropes mentionnent le prix le plusfort qu'ils aient  jamais payé pour le bois — 2 dr. 1 ob., au

lieu de 1 dr. 3 ob., prix des années précédentes et suivantes —

est l'année où Persée emploie toutes les ressources de son

royaume à ces préparatifs de guerre qu'Eumênes ira dénoncer

à Rome. Il y aurait également à faire toute une série d'inves-

tigations sur les effets économiques des monopoles égyptiens,tels que celui du papyrus, et les tributs qu'ils imposaient,

non pas seulement aux sujets des Ptolémées, mais à tous les

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UN LIVRE D'HISTOIKE ÉCONOMIQUE 249

Grecs. En un mot, chaque fois que les prix ne concordent pas

d'un paysà

l'autre, déduction faite des frais de transport etdu bénéfice de l'intermédiaire, on peut se demander si l'ano-

malie a une cause d'ordre politique.Nous ne sommes donc qu'au début des études qui doivent,

par la confrontation des renseignements fournis par les ins-

criplions et les papyrus, renouveler l'histoire économique de

l'antiquité. Toute une génération de travailleurs y devra colla-

borer. C'est bien pourquoi j'ai pu, sans me sentir coupable de

contradiction,hautement louer

l'ouvragede Heichelheim et

ysignaler force lacunes et maintes affirmations contestables. Et

c'est aussi pourquoi il serait profondément injuste de ma partde terminer ces pages, où la critique a pris forcément la plusgrande part, sans dire que c'est l'éloge qui la méritait.

Gustave GLOTZ.

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UN MANUSCRIT RECONSTITUÉ

L'MIBROSIANUSC. 262 Inf. (902)

Nombreux sont les manuscrits de nos bibliothèques qui, au

cours des âges, ont subi des restaurations ou des remaniements

dus à des scribes postérieurs. Certains réparateurs de manus-

crits se sont fait une réputation dans cet art, tel Giovanni Ono-

rio, plus connu sous le nom de Jean d 'Otrante, qui fut atta-

ché à laBibliothèque

vaticane de 1335 à 1555. Ily

a moins de

cent ans, Minoïde Minas pratiquait encore la réparation des

manuscrits.

Nous voudrions, par un exemple caractéristique, quoique

portant sur un manuscrit tardif et de médiocre intérêt, mon-

trer le mécanisme d'une de ces restitutions. Il s'agit d'un ma-

nuscrit qui a été par deux fois l'objet d'un pareil travail,

YAmbrosianus graecus C. VOS inf., que nous appellerons pluscommodément Ambrosianus 902,

d'aprèsle numéro du cata-

logue. Ce volume est un recueil de traités de divers stratégistes

grecs ou byzantins.Conservé aujourd'hui à la Bibliothèque ambrosienne, où

grâce à l'obligeance de Mgr G. Galbiati nous avons pu l'étudier

en détail, le manuscrit 902 a été décrit avec soin par E. Martini

et D. Bassi, les savants auteurs du catalogue des manuscrits

grecs de la bibliothèque (1). Ces deux philologues ont bien

(1) Catalogus codd. graecorum bibl. Atnbrosianae, Mediolani, t. II, 1906,p. 1009, n° 902.

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ff ipj f-'pin-wi'&'y

VU MANUSCKIT RECONSTITUÉ 251

reconnu dans notre volume la main des trois copistes, mais

ils ont indiqué de façon inexacte l'ordre dans lequel ces diffé-rentes mains s'étaient succédé ; qui plus est, faute sans doute

de connaître suffisamment l'histoire de ces textes (et peut-onleur en faire grief?), ils n'ont pas pénétré le mécanisme de la

refonte et n'ont même pas indiqué que nous avions affaire à

un manuscrit reconstitué.

Nous ne reproduirons pas ici le processus complexe de nos

recherches : suivons une marche inverse et essayons, en sup-

posant le problème résolu, de décrire l'état primitif du volumeet de retracer ses fortunes successives.

LÏAmbrosianus 902 a été copié par un scribe de médiocre

notoriété, le Cretois Manuel More; le manuscrit n'est pas si-

gné, pas plus que ne le sont vingt-deux autres manuscrits du

môme copiste conservés a l'Ambrosienne : si notre Grecn'avait pris la peine de mettre son nom à la fin d'un vingt-

quatrième volu-me, YAmbrosianus 908, nous n'aurions jamaissu à qui attribuer tout ce loi de copies. Les folios de notre

manuscrit ont 328 millimètres de hauteur sur 230 millimètres

de largeur; chaque page, pourvue de larges marges, comporte29 lignes d'écriture très soignée, sinon très élégante. Le pa-

pier, pour la partie primitive écrite par Manuel More, est

d'assez belle qualité; le filigrane présente une couronne sur-montée d'une étoile, type qui est fréquent dans le papier d'ori-

gine italienne vers le milieu du xvie siècle.

Le modèle qui a servi à Manuel More est aujourd'hui con-servé à la Bibliothèque vaticane. Ce manuscrit, le Vaticanns 219,à la date qui nous intéresse, était la propriété d'un savant grec,copiste à ses heures, le comte Georges Corinthios, alors réfugiéen Italie; l'appartenance nous est attestée par une note qu'on

lit au folio 421 verso dudit volume; le manuscrit devait peude temps après passer à la Bibliothèque vaticane. De son côté,

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252 ALPHONSE DAIN

le Vaticanus 219 était la copie d'un codex qui se trouve au-

 jourd'hui perdu, mais qui, selon toute vraisemblance, était leTaurinensis gr. LX, brûlé lois de l'incendie de la bibliothèqueuniversitaire de Turin, en 1904. Ce manuscrit, à son tour, était

la copie d'un'parchemin remontaut à la première moitié du

xie siècle, un des archétypes les plus importants de la col-

lection des stratégistes, le Scorialensis V-III-ll, un des  joyauxdes bibliothèques nationales d'Espagne. On sait que ce pré-cieux manuscrit, qui avait appartenu au xve siècle au savant

pérugin Francesco Matarazzo, est maintenant mutilé : les troispremiers quaternions ont complètement disparu, et les cahiers

4 à 16 constituent aujourd'hui le Neapolitanus III-C-26 (284)de la Bibliothèque nationale de Naples. Le Taurinensis ne fut

copié qu'après cette mutilatjon.Telle est la généalogie de \Ambrosianus 902, copie au

troisième degré du Scorialensis T-III-11. Voici quel était à l'o-

rigine le contenu de notre volume; le manuscrit dans sou

premierétat ne

comportait pasde

pagination.

Athénée : De Machinis.

[mutilation à l'intérieur].Biton : De constructione machinarum.

Héron : Chirobalistra.

Héron : Belopoea.

Apollodore : Excerpta de machinis.

Anonyme : Helepolis.

Philon : Belopoeae liber quarlus.

[mutilation au début].Philon : Belopoeae liber quintus.

Anonyme : Apparatus bellicus.

[paragraphe final omis].

Anonyme : De obsidione toleranda.

Anonyme : Parecbolae

[insertion après le chapitre I de la dernière

partie du traité de Léon].

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UN MANUSCIUT BECONSTITUÉ 233

Anonyme : Strategicae monitiones.

Table factice comportant la liste des chapitres des deux

traités suivant immédiatement.Léon le Sage : Tacticac Constitutiones

[lacune à partir de XVII, § 127J.

Anonyme : De re militari.

Pseudo-Nicéphore Phocas : De velitatione bellica.

Nous ne nous attarderons pas à montrer comment YAmbro-sianus 902 reproduit les leçons du texte du Vaticanus 219. Re-

levons seulement les particularités importantes que présentaitle texte sorti des mains de Manuel More et sur lesquelles la

simple lecture de notre table attire l'attention.Dès le premier traité, celui d'Athénée le Mécanicien, une

lacune, atteignant le cinquième environ de l'ouvrage, faisait

disparaître avec le texte une bonne partie des ligures qui l'il-lustraient. Cette lacune remontait à l'archétype perdu de tousles manuscrits de ce texte existant alors en Occident; la partie

qui manque et qui, chose curieuse, pouvait être connue parla traduction de Vitruvc, ne se trouve en effet que dans le Pa-risinus suppl. gr. 607, apporté à Paris seulement en 1843, et

parmi des fragments conservés à Vienne dans le Vindobonen-sis philosoph. et philolog. gr. 120.

Plus grave, parce qu'elle faisait perdre avec le début del'oeuvre le titre même de l'ouvrage, était la lacune relevée audébut du livre IV de la Bélopée de Philon. Cette lacune re-

monte au plus ancien manuscrit de notre famille : on voitencore en effet dans le Scorialensis Ï*-II1-11, entre les folios

actuels 48 et 49, la trace de deux feuillets enlevés. Il s'en-suit que dans la descendance nombreuse de. cet archétype, et

par conséquent dans notre Ambrosianus, on passe sans solu-tion apparente de continuité de la fin du traité sur l'Hélépoleau milieu de la dernière phrase du chapitre Hdu traité dePhilon. Cependant, comme toute la traduction manuscrite porte

un explicil mentionnant la lin du livre IV de la Bélopée,

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â&4 ALPHONSE: DÂlfc

on ne pouvait manquer d'apercevoir que le titre et le début

de l'ouvrage manquaient.

Plus manifeste encore (1) était l'accident survenu plus loinet qui affectait à lu fois le texte des Parecbolae et celui des

Constitutions tactiques de l'empereur Léon le Sage, que notre

tradition présente ici sous la forme de la troisième recension.C'est encore à un archétype aujourd'hui disparu que remonte

ce malheur. Rappelons que la branche qui nous intéresse

de la tradition des stratégistes est depuis la Renaissance re-

présentée par trois manuscrits de la première partie du

xie siècle, le Scoriale?uis V-IH-il dont nous parlions plushaut (à compléter par le Neapolitanus 287), le tiarberviianus

gr. 276 (à compléter avec le Parisinus gr. 2442) et le Vati-

canus 1164. Dans l'archétype commun de ces trois volumes,

qui, en raison de la date de certains traités, ne peut guèreêtre antérieur aux dernières années du xe siècle, le texte des

Constitutions tactiques de Léon avait subi une mutilation grave :

dans le dernier quart de celte longue compilation, plusieurs

cahiers du codex avaient disparu, d'où résultait une lacunequi s'étend de la constitution XVIII, § 127, à la constitution

XX, § 185 inclus (d'après la numérotation de l'édition de

J. Meursius) (2). Gomment faire le raccord après cette grandelacune? Comme la dernière phrase conservée de la constitution

(1) Et pourtant, si nous ne nous abusons, il n'y eut pour signaler avant nous

le déplacement dont nous allons parler que Camille de Venise, que nous retrou-

rerons à la fin de cet article, et Zaccagnius, qui fut bibl iothécaire à la Vaticane

de 1698 à 1712, et mit une note à ce sujet dans le Barberinianus 277, folio 106r;encore n'est-il pas sûr que ce d ernier ait parfaitement compris ce qui s'était

passé. Ni l'un ni l'autre, en tout cas, ne pouvait savoir que l'erreur signalée re-

montait à un archétype aussi ancien. — Le philologue italien qui fit exécuter le

manuscrit de Bàle AN - 1114, appartenant à la même tradition, vit bien la lacune

du texte de Léon ; aussi emprunta-t-il le texte des Constitutions lactiques à une

autre recension. Mais il ne s'était pas aperçu qu'un long morceau des Constitu-

tions tactiques était inséré dans les Parecbolae.

(2) Tant que ne sera pas achevée l'utile publication entreprise par M. R. Vari, on

sera obligé de citer les dernières Constitutions lactiques de Léon d'après la

détestable édition de Jean Meursius, donnée à Lcyde en 1612. Laissons à l'édi-

teur la responsabilité de sa numérotation des constitutions.

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t»N MÀNUSCK1T RECONSTITUÉ 2&5

XVIII commençait par ya-f\  suivi d'un infinitif et que la pre-mière de la partie conservée de la constitution XX compor-

tait une ptirase avec Seï et un infinitif, il suffit d'un simplexal pour réunir XVIII, 127 à XX, -186. Mais on ne pouvait

manquer de voir que tout le texte qui suivait n'avait aucun

rapport avec le titre de la constitution XVIII. Dès le paragra-

phe 187 commençait, avec les mots Yi&çivpy. yv7|<nou (rTpaTT)yoG,un long développement sur les qualités du bon général. Quel-

qu'un imagina alors de rattacher toute cotte queue à une par-tie antérieure du volume, en un endroit des Parecbolae où il

s'agissait aussi des qualités du bon général. De sorte que nouslisons maintenant dans tous les manuscrits de cette tradition,à la suite du chapitre I des Parecbolae, la fin des Constitutions

tactiques de Léon, à partir de XX, § 187; après la doxologie

qui termine cette insérende et l'àayiv final, le texte des Parec-

bolae se poursuit avec le Chapitre II, sans qu'un signe exté-

rieur mette en garde le lecteur.

Cette nouvelle altération devait par la force des choses en

entraîner une autre ; les Constitutions lactiques n'ayant plus defin, et le traité anonyme De re militari (1) qui les suivait n'ayant

pas de titre, il était fatal que les deux textes se confondissent.

C'est ce dont nous avons la preuve dans la table qu'un copisted'un des archétypes disparus rédigea en tête du traité de Léon,à un moment où les Constitutions de cet empereur avaient déjàété mutilées ; sans entrer dans la description complexe de la

manière dont le copiste s'y prit pour rédiger cette table, signa-

lons simplement que les 32 chapitres du traité De re militarideviennent les chapitres de la constitution XVIII qui était

mutilée, tant il est vrai que les fautes appellent les fautes et

que les erreurs s'aggravent souvent au l ieu de se corriger.Si l'on veut à ces erreurs essentielles et remontant aux

archétypes anciens ou non ajouter celles qui sont dues aux

scribes de la Renaissance, signalons, en nous bornant à deux

(1) Cetraité a été édité naguère par II. Vari, Incerli scriptoris saeculi X. Liberde re militari, Leipzig, Teubner, 1901.

i^.&£;"r^îSftï*-?-' 3SÊ.

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286 ALPHONSE DAIN

particularités, que le copiste du Taurinensis gr'. LX, dès la

première phrase de VApparatus bellicus, omit dans une éoumé-

ration les mots /) vôpLOv, tandis que de son côlé le scribe duVaticanus 219 oubliait de transcrire le dernier paragraphe de ce

même traité.

Héritier d'une tradition déjà fortement altérée, quand Manuel

More copia sur le Vaticanus 219 notre Ambrosianus 902, il se

borna à reproduire l'état de son modèle, ajoutant ses bévues

personnelles, mots mal lus, éléments de phrases passés, etc. ;les omissions sont particulièrement fréquentes.

L'histoire que nous venons de tracer des altérations anté-

rieures à la copie de Manuel More nous était indispensable

pour bien comprendre le mécanisme des arrangements quenous allons étudier. Il va de soi que le philologue qui tenta le

premier de remédier à ces malheurs ne possédait que des

moyens d'information bien plus limités que les nôtres. Sonprojet, au reste, tendait seulement à combler les lacunes du

texle.

Il eut recours pour cela à un copiste dont nous ignoronsmalheureusement le nom, mais dont la main se reconnaît dans

un autre manuscrit, YAmbrosianus 905, autre recueil de stra-

tégisles. Pour la commodité de l'expression, nous appelleronsce scribe copiste X. Le papier dont use ce dernier est de médio-

crequalité,

lefiligrane,

un animalchargé

d'unécusson dans,un cercle surmonté d'une étoile, désigne un papier d'origine

italienne dont la fabrication doit se situer vers le troisième

quart du xvie siècle. Il y a 30 lignes à la page, et non plus 29.

Notre copiste X borna sa tâche à réparer le texte des Consti-

tutions tactiques de Léon ; c'était du reste le seul traité com-

mun aux deux volumes que présentait l'exemplaire que, nous

le verrons, utilisa notre scribe. Nous remarquons d'abord, dans

lespremières constitutions, qu'il ajoute

des bouts dephrase

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UN MANUSCRIT KECONSTITUÉ 257

qui manquaient, qu'il refait des titres, etc. Dans la constitu-

tion XII, il comble une lacune qui s'étendait du milieu du § 65

à l'avaut-dernière ligne du § 73 ; l'addition est faite en marge,en petite écriture serrée, partie sur le folio 197v, partie sur le

folio 498p (numérotation actuelle des folios). Il ajoute encore

une portion de texte qui avait été omise dans- la conslitution

XVII, à savoir depuis la dernière ligne du § 43 jusqu'au milieu

du § 54 ; l'addition est faite en marge des folios 229v et 230r,

avec un signe d'appel. Addition de nouveau dans la constitu-

tion XVIII, où les paragraphes disparus, 113 à 116, sont

reportés dans la marge du folio 244\ Au milieu du recto du folio 24o (XVIII, § 127) se trouvait le

pointoù nous avons signalé le raccord factice fait avec le § 186

de la constitution XX, court passage suivi immédiatement du

traité anonyme De re militari. Pour combler une aussi grande

lacune, il fallait recourir à des feuillets nouveaux, dont la

réunion devait constituer plusieurs cahiers ; c'est donc sur des

feuilles nouvelles que le copiste écrivit d'une seule venue la fin

des Constitutions tactiques, suivie de l'Epilogue. Il en profitapour ajouter le traité naval de Léon, les Naumachiques, quine figurait pas dans l'Ambrosianus 902, ni dans ses ancêtres.

Ce traité, au reste, dans une partie de la tradition est inséré

dans les Constitutions tactiques, et est coté comme constitu-

tion XIX dans l'édition de Meursius.

On peut se demander si l'on fit après ce travail une reliure

du manuscrit ; c'est peu probable, car il eut été nécessaire

d'établir des signes d'appel pour la partie nouvellement inséréeet qui se raccordait au milieu d'une page; or nous ne voyonsrien de tel. Signalons que la dernière des pages blanches quisuivent l'ultime traité du volume, le De velitatione bellica,

porte des traces de fatigue qui indiquent à n'en pas douter quele manuscrit resta un certain temps sans reliure. Ce trait, jointà l'absence de toute pagination ancienne, nous laisserait croire

que le manuscrit n'avait reçu de reliure, ni quand il fut écrit

par Manuel More, ni quand il fut complété par le copiste X.HEU, XI,V, 1932, il" 212. 18

WÉ^Sw*

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288 ALPHONSE DAIN

C'est ce qui expliquerait qu'il ait encore des marges si larges.

Quelle était la source à laquelle notre scribe avait empruntétous ces

suppléments?Rien n'est

plusfacile à déterminer. Le

simple examen de la disposition extérieure des différentes par-ties de l'addition nous met sur la voie. Des trois recensions des

Constitutions tactiques, la dernière, celle à laquelle appartientnotre Ambrosianus 902, doit être rejetée, vu que dans tous les

exemplaires, même les plus anciens, elle présente la lacune

qu'il fallait précisément compléter, et du reste ne comporte pas

pas le texte des Naumachiques. La première recension, la

recensionoriginale,

dontl'archétype

est le Laurentiamis, LV-4,

doit elle aussi être exclue : outre que le texte de nos diverses

additions est différent, cet état primitif place VÉpilogue immé-

diatement après la constitution XV11I et fait des oeuvres dis-

tinctes des Naumachiques d'abord, puis de ce qu'on appellemaintenant la constitution XX. Reste la recension intermédiaire,

qui présente d'abord la constitution XX, puis {'Épilogue, puisles Naumachiques. C'est l'ordre que nous constatons dans l'ad-

dition du copiste X, et de plus le texte de l'addition concorde

avec le texte de cette recension. Cet état des Constitutions tac-

tiques de Léon est donné par le seul Ambrosianus B 119 sup.

(139), manuscrit du début du x i" siècle, sinon de la fin du xe.

Ce volume était alors la propriété d'un philologue italien quenous n'hésitons pas à classer parmi les grands humanistes,

encore que son nom n'ait pas la notoriété qu'il mérite, Jean-

Vincent Pinelli.

Au reste, le philologue qui commanda le travail au copiste X

était selon toute vraisemblance ce même Pinelli, qui, disons-le

tout de suile, était aussi possesseur de notre Ambrosianus 902.

Originaire de Naples, mais installé à Padoue, notre humaniste

fut en relation avec tous les savants italiens de la dernière

moitié du xvr 3 siècle et s'était formé une très riche bibliothèque

qui contenait, entre autres manuscrits, plusieurs recueils de

stratégistes, ouvrages auxquels il semble s'être personnelle-ment intéressé. Dans notre Ambrosianus 902, comme dans ses

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UN MANUSCKIT RECONSTITUÉ 259

autres manuscrits de tactiques, on voit en marge de nombreuses

corrections et conjectures qui semblent être de sa main ; il

correspondait à ce sujet avec Fabio Orsini, autre érudit réputé.Si Orsini, dans sa collection de manuscrits anciens, possédait

le Neapolitanus 284 dont nous avons parlé plus haut, Pinelli

pouvait avoir autant et plus de fierté de son Ambrosianus 139.

Mais on sait que l'ambition des philologues de la Renaissance

était de posséder, outre des parchemins anciens el précieux, des

copies plus luxueuses, exécutées sur beau papier de grand for-

mat, des textes qui les intéressaient. Pinelli, qui s'était fait

une collection des divers traités de tactique, voulut en pos-séder les plus importants en deux beaux volumes modernes.

L'un est XAmbrosianus 905 dont on a déjà parlé, copie des

textes que Pinelli possédait chez lui, du moins pour la majeure

partie du volume, écrite précisément par notre copiste X.

L'autre est notre Ambrosianus 902, copie des textes contenus

dans le Vaticanus 219, complétée par le même copiste X. Tout

vient d'ailleurs confirmer cette hypothèse qui met Pinelli à

l'origine de ce travail de réfection, ne serait-ce que cette cons-tatation que le papier et le.filigrane sont les mêmes pour les

parties dues à la main du copiste X dans chaque volume, le

nombre de lignes de part et d 'autre étant de 30 à la page.

Ajoutons un fait non moins singulier : YAmbrosianus 902 et

VAmbrosianus 905 ont été l'un et l'autre l'objet d'un travail de

révision de la part d'un scribe attaché à la bibliothèque de

Pinelli, Camille de Venise ; mais ceci est une autre affaire.

A l'Ambrosienne, il n'y a pas moins de soixante-quinzemanuscrits écrits en totalité ou en partie par le scribe fécond

et ingénieux connu sous le nom de Camille de Venise, manus-

crits du reste ayant tous appartenu à Pinelli. Nous ne savons

rien de la vie de ce Camille et tout ce qu'on peut inférer de sa

production manuscrite, c'est qu'il fut au service du savant

':\A'i\^r\^^\^WF^}^^0^-'"'

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260 ALPHONSE DA1N

padouan dans le dernier tiers du xvie siècle; la Bibliothèquenationale de Paris possède de lui un manuscrit daté de 1562,

le Parisinus gr. 2445.Toujours est-il que c'est lui qui fit subir au volume une nou-

velle transformation. 11 s'agissait d'introduire d'une manière

commode les cahiers écrits par le copiste X, cahiers qui venaient

s'insérer au beau milieu d'une page. Pinelli et Camille ne

furent pas non plus sans s'apercevoir que, pour une partie du

moins, les cahiers dus au copiste X faisaient double emploiavec la partie indûment insérée dans les Parecbolae, encore

que les deux textes n'appartinssent pas à la même recension.Nos gens, qui n'étaient pas sots, virent aussi qu'on avait abusi-

vement introduit dans le texte de Léon le traité De re militari.

De plus, le copiste X n'ayant à sa disposition que YAmbrosia-

nus 139, n'avait pu compléter dans YAmbrosianus 132 que les

textes de Léon ; il y avait d'autres lacunes. Il fallait une refonte

entière.

Suivant une méthode vraiment critique, le scribe de Pinelli

songea à contrôler sur un autre texte les arrangements qu'il seproposait de faire. A plusieurs reprises, Camille nous indiquesa source, lorsqu'en tête de ses additions il met ex codice Vati-

cano, « d'après un manuscrit du Vatican ». Il n'y avait et il n'y

a encore aucun Vaticanus comportant tous les textes auxquels

furent faits les différents emprunts ; force est donc d'admettre

que notre copiste eut recours successivement à plusieurs Vati-

cani,ce qui du reste ne peut faire difficulté. Les manuscrits en

question portent les numéros 1164, 220 et 219. Le Vaticanus220 est la copie fidèle, exécutée en 1548 par Emmanuel Greco,

du Vaticanus 1164, archétype du xie siècle, qui avait appartenu

à Colocci avant d'entrer au Vatican et dont nous avons parlé.Camille se servit-il du 1164 ou du 220 ? C'est un point qu'il est

difficile de déterminer de façon sûre, le texte étant le même

dans les deux modèles, du moins pour les parties copiées par

notre scribe. Le catalogue de l'Ambrosienne voit dans le Vati-

canus 1164 la source des additions. Nous pencherions plutôt

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UN MANUSCRIT RECONSTITUÉ 261

pour le Vaticanus 220 : notre expérience nous a montré que

pour ces travaux les copistes préfèrent toujours les copies ré-

centes, plus faciles à lire et apparemment moins altérées ; d'ail-

leurs, quand ils se servent pour leurs travaux de manuscrits

anciens et qu'ils en font la mention, ils ne manquent pas d'in-

diquer que l'original était très ancien, codex antiquissimus ; ce

n'est pas le cas ici. Un doute peut toutefois subsister. Ce quiest sûr de toute façon, c'est que nos deux manuscrits n'ont puêtre la source des dernières additions, accompagnées pourtant,elles aussi, de la mention ex cod. Vat.; force est donc de recou-

rir au troisième manuscrit, le Vaticanus 219. On objectera quece codex est précisément le modèle de ï' Ambrosianus 902 quel'on voulait corriger ; nous voulons bien croire que Camille de

Venise était assez averti pour ne pas se méprendre, mais il faut

savoir qu'entre temps le Vaticanus 219 avait reçu une addition

importante, celle des Naumachiques de Léon, ajoutées de

seconde main.

Il reste à faire connaître dans le détail le travail de Camille

de Venise. Aucun des manuscrits du Vatican, ni même d'Ita-

lie, ne pouvait permettre de combler la lacune relevée dans le

traité d'Athénée, au début du volume; il ne saurait donc être

ici question de ce point. En revanche, au folio 43r de notre

Ambrosianus, ligne 7, le texte de la Bélopée de Philon com-

mençait ex abrupto au milieu de la dernière phrase du cha-

pitre II, trait relevé dans toute la tradition issue du Scorialen-

sis. Toute la

partieomise est ajoutée par notre scribe, en

• écriture serrée répartie dans les quatre marges du feuillet ; un

signe d'appel marque l'endroit où doit se faire l'insertion : le

tout est précédé de la mention ex codice Vaticano.

On ne voit pas très bien la portée d'une note mise un peu

plus loin par Camille de Venise, au folio 78r. A cet endroit,

ligne 7, après une table assez longue, commençait YApparatus

beliicus, compilation byzantine faite notamment avec des mor-

ceauximportants

des Gestes de Julius Africanus; unpréambuleprécède le. premier chapitre. Dans la marge droite de ce préam-

vféi\r$r.mT»fff^':VvJ„,ii»iSsii

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262 ALPHONSE DAIN

bule, notre scribe trace une sorte d'accolade accompagnée de

ces mots : Versus linea comprehensi sic sunt in codice Va no.

On ne devine pas bien la raison qu'avait le scribe d'incriminer

ce passage ; sans doute dès le premier mot, tous nos manuscrits

quels qu'ils soient portent xaxàXoyov au lieu xa-rà Aoyov ; un peude réflexion eût montré l'erreur à Camille et lui eût fait voir

en outre qu'il manquaitdans VAmbrosianus 902 les mots r\  vouov

qu'il aurait pu relever dans le Valicanus 220, s'il eût été plusattentif. En revanche, à la fin même de VApparatus bellicus,au folio H0r resté blanc en grande parlie, notre scribe ajoutale dernier paragraphe de ce traité, qu'il pouvait lire dans le

Valicanus 220, et qu'avait omis le copiste du Vaticanus 219,lacune qui se retrouvait fatalement dans la nombreuse lignéede ce manuscrit, y compris notre Ambrosianus.

Parvenu au texte des Parecbolae, Camille de Venise devait

se heurter à une difficulté d'une autre importance. On se sou-

vient qu'à la suite du premier chapitre de ce traité se trouvait

insérée toute la dernière parlie des Constitutions tactiques de

Léon. Dans VAmbrosianus 902, les Parecbolae commençaientau folio 128 verso, après trois lignes de texte appartenantencore au traité anonyme De obsidione toleranda\  l'insertion

de Léon commençait au folio suivant, après la ligne 2. Notre

Camille détacha donc, pour les reporter plus loin, tous lesfeuil-

lets qui portaient la suite des Constitutions, mais ce faisant il

enlevait, avec le dernier folio contenant l'insertion du texte de

Léon, la partie du chapitre II des Parecbolae qui élait écrite sur

la même page. Le scribe imagina alors d'insérer une feuille in-tercalaire sur laquelle il transcrivit le chapitre I des Parecbolae

et les trois paragraphes et demi du chapitre II qui avaient dis-

paru ; ce folio nouveau, l'actuel 129, fut fixé sur un onglet; le

texte n'avait pas été assez long pour remplir le recto et le verso

du feuillet, si bien qu'au verso un espace équivalent à huit

lignes reste sans écriture. Bien entendu, notre copiste avait eu

soin de faire disparaître la partie du chapitre I qui se trouvait

sur le verso du folio 128 ; à cet effet il avait collé sur cette page

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US MANUSCK1T RECONSTITUÉ 263

une grande feuille de papier qui la recouvrait entièrement à

l'exclusion des trois lignes du haut.

Jusqu'à la fin des Strategicae monitiones, il n'y avait plusrien à changer au texte qu'avait écrit Manuel More. Mais avec

le folio 150v on abordait une autre difficulté. Le lecteur ren-

contrait alors la table factice où l'on avait réuni la liste des

chapitres d'une partie des Constitutions tactiques de Léon et de

ceux du traité anonyme De re militari ; cette table occupait le

verso du folio 150, le recto et le verso d'un feuillet suivant, quenous compterons comme 150 bis, puis quelques lignes du folio

151r, le reste du recto étant laissé en blanc, puisque le texte

même des Constitutions tactiques de Léon ne commençait qu'auverso. Pour remédier à cet étal ,de choses, Camille de Venise

eut de nouveau recours à ses ciseaux et à son pot de colle; il

fit sauter en entier le feuillet 150 bis, colla une feuille sur le

verso du folio 150, puis une autre sur la partie écrite du recto

du folio 151. Sur ces feuilles collées, il transcrivit une nouvelle

table des constitutions ; la f in de celte table est en haut du

folio 151 : on lit en haut de ce feuillet la mention de la consti-

tution XVIII, des Naumachiques, de la constitution XX, puisde YEpilogue.

Poursuivant son travail de revision, Camille de Venise

s'appliqua à relire attentivement le texte des Constitutions

tactiques, travail que le copiste X avait déjà fait, mais, avec

beaucoup de négligence et à l'aide d'un texte qui présentaitune autre recension. On voit notre scribe remettre çà et là en

marge les mots et les phrases passées, faire quelques correc-

tions essentielles, etc. Sans doute, dans la constitution XII, il

ne put suppléer les paragraphes 6 et 7 qui manquaient dans

tous les témoins de la tradition qu'il utilisait. Mais dans la

constitution XVIII il rencontrait (au folio 244v) une addition

due au copiste X ; ce dernier, usant d'une recension différente,

n'avait pas fait exactement la suture : Camille fait précéderl'addition du

copiste

X des mots

^pwv-ai.

os

xap^o'.;qui per-

mettent une reprise exacte du texte.

<,"tffi 'yltfS;:!FmWittVI09^ViifM

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264. ALPHONSE DAIN

 îC'est dans celte même constitution XVIII que s'était produite

la lacune signalée, qui avait été cause du déplacement de la findu" traité. On se rappelle que le copiste X avait comblé cette

lacune; les cahiers qu'il avait alors écrits commençaient au

point de suture où, après la chute d'une partie du texte, s'était

fait le, raccord des parties subsistantes, exactement après le

sixième mot du § 127 de la constitution XVIII. Mais sur le

folio écrit primitivement par Manuel More, le point de suture

en question se trouvait au milieu du folio qui comptait alors

pour 245.En

conséquence, et suivant sa méthode, Camille fitsauter ce folio 245 et inséra à cet endroit les folios écrits parle copiste X. Mais tout le texte de la constitution XVIII qui se

trouvait dans le haut de la partie primitive arrachée avait

disparu; notre scribe répara celle perte en écrivant en margedu folio 244* le texte manquant, soit a partir du milieu du § 124

 jusqu'au sixième mot du § 127. On pouvait suivre désormais

la lin des constitutions dans le texte écrit par le copiste X et

lire tour à tour la fin de la constitutionXVIII,

la constitu-

tion XX, YEpilogue et les Naumachiques (constitution XIX

de l'édition de Meursius).Toutefois une nouvelle difficulté se présentait à partir du

§ 187 de la constitution XX. On avait pour la fin du traité de

Léon, outre le texte du copiste X. les feuilles écrites primitive*ment par Manuel More et qui, insérées indûment dans les

Parecôolae, venaient d'être détachées par Camille de Venise.

Ce dernier ne futpas

sanss'apercevoir que

ces deux textes

présentaient des recensions différentes et, poussé par l'espritde logique, il crut bon de mettre à sa place la tradition qu'iltrouvait la meilleure, soit celle qu'avait copiée Manuel More.

C'était malheureusement se créer une double difficulté pourraccorder le commencement et la fin du passage qu'on se pro-

posait de substituer à l'autre.

L'insertion devait se faire au milieu du rectô- du folio qui

comptait alors

pour

265. D'autre

part,

les feuillets

que

le scribe

se proposait d'intercaler débutaient par deux lignes qui, on s'en

m>,-

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UN MANUSCRIT RECONSTITUÉ 265

souvient, appartenaient encore aux Parecbolae. En conséquence,

après avoir collé une bande sur les deux lignes en question,Camille inséra à la suite du folio 264 ses nouveaux cahiers,

dont la première feuille devenait le folio 265. Mais du fait

même on avait perdu tout ce qui, dans le haut du folio 265 pri-

mitif, appartenait à la constitution XVIII, soit depuis le milieu

du § 184, jusqu'à la fin du § 186. Suivant son habitude, notre

scribe rétablit ce texte en le transcrivant, partie dans la marge

inférieure du folio 264v, partie au folio 265r, sur la bande de

papier collée qui recouvrait les deux lignes des Parecbolae. Onpouvait ensuite lire jusqu'au bout les Constitutions tactiquesdans les cahiers écrits par More et enfin mis à leur bonne place.

Quant aux pages du copiste X qui tombèrent au cours de cette

opération, nous ne les avons encore retrouvées dans aucun-de

ces manuscrits de mélanges où l'on recueillait les chutes de ce

genre ; au reste, ce sont les seules pages qui aient chu dans

l'opération complexe que nous décrivons (1).

Le copiste X avait cru bon, en suivant le plan de l'Ambro-sianus du xie siècle, de joindre les Naumachiques de Léon à

l'addition qu'il faisait aux constitutions militaires du même

empereur. Camille de Venise j ugeait util e de conserver ce texte ;

mais, conformément à une opinion justifiée par l'état de toute

une partie de la tradition manuscrite, il estimait que les

Naumachiques faisaient partie des Constitutions tactiques.En raison de cette opinion, il ne pouvait garder les Nauma*

chiques à la place où les avait laissées le copiste X, aprèsVEpilogue des constitutions. Dans la table que Camille de

Venise avait dressée plus haut des Constitutions tactiques, les

Naumachiques figuraient à l'avant-dernier rang ; dans le texte

même, notre copiste opta au contraire pour le dernier rang,

 juste avant VEpilogue : les ratures qu'on voit sur le manuscrit

témoignent encore des hésitations du scribe à ce sujet. Inser-

(1) Pour être entièrement exact, disons que les quatre dernières lignes du textedes Naumachiques dû au copiste X ont ensuite disparu à la suite de la réfection

qùè nous décrirons plus loin/ 

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&ï3~st&m&siai£tà£&£&8&£i3&-M3_ »

266 ALPHONSE DAIM

tion dans une insertion, il s'agissait cette fois d'introduire des

feuilles écrites par le copiste X au milieu des feuillets copiéspar Manuel More, eux-mêmes intercalés dans une addition due

au copiste X. Quoi qu'il en soit, comme on pouvait le craindre,le texte des Naumachiques écrit par le copiste X commençaitau cours d'une page, au recto d'un folio; il se trouvait que la

constitution XX, écrite par Manuel More, se terminait elle

aussi au reclo d'un folio, à peu près à la même hauteur. L'in-

sertion devait se faire après le folio 268 ; à cet endroit on était

arrivé au début du § 221 et dernier de la constitution XX ; enconséquence, la douzaine de lignes qu'avait fait perdre la sub-

stitution des feuillets fut reportée sur une feuille de papier quel'on colla en haut du recto du nouveau folio 269. Pour une fois,la solution de ce problème n'entraînait pas de conséquence pourla suite, car les quelques lignes du texte qui étaient ainsi obli-

térées par le papillon de notre scribe, en l'espèce la fin de

YEpilogue, faisaient double emploi avec le texte de Manuel

More et constituaient la fin de cette portion du texte due aucopiste X que Camille laissait tomber.

Les Naumachiques une fois insérées à cette place, Camille de

Venise crut 'de son devoir d'en faire la revision sur une des

recensions qu'il avait à sa disposition. Ni le Vaticanus 1164, ni

sa copie, le Vaticanus 220, ne contenaient ce traité. D'autre

part, .c'est en vain que Camille eût cherché ce texte dans le

Vaticanus 219, si ce dernier s'était encore présenté dans son

état primitif; par bonheur, entre temps, une seconde main,que nous n'avons pas encore pu identifier, avait inséré à la fin

du volume, avant les feuilles de garde anciennes, une copiedes Naumachiques qui constitue actuellement les folios 410 à

421 de ce manuscrit. A l'aide de ce texte, Camille fit sa revi-

sion avec beaucoup de soin, combla notamment les lacunes,

indiquant à deux reprises sa source, ex cod. Vat. (§ 24 et

§66).

Il restait maintenant l'autre partie du problème : il fallaitraccorder la fin des Naumachiques avec le début de YEpilogue.

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'"iï>4 .to.«X ÏMifMjJ«ï&?zW<: ^;«îW!1jte.»M#ÏÉ«à>«L*:iMM*M«^S

UN MANUSCRIT KECONSTITUÉ 267

Le cas se présentait après le'folio 276. Au bas du verso de ce

folio, il ne manquait plus que quatre lignes pour que fussentachevées les Naumachiques. D'autre part, le dessein de Camille

de Venise était de placer à la suite de ce traité les feuilles de

l'Epilogue provenant de la copie primitive de Manuel More.

Comme nous l'avons indiqué un peu plus haut, il y avait dans

celle copie, avant YEpilogue, une dizaine de lignes appartenantau dernier paragraphe de la constitution XX. Ces dix lignesfurent recouvertes d'un morceau de papier sur lequel Camille

transcrivit les quatre lignes qui constituaient la fin des Nauma-

chiques. Ainsi transformé, le nouveau feuillet devint le folio 277,

et la lecture de YEpilogue pouvait se poursuivre sans encombre

 jusqu'au milieu du folio 282v, endroit où le texle de Léon pre-nait fin avec la doxologie et le mot àjiïjv. Toutefois le passagene s'achevait pas sur ces mots : la copie primitive due.à Manuel

More présentait immédiatement après et sans transition le cha-

pitre II des Parecbolae : trois paragraphes et demi de ce texle

occupaient ce bas de la page. Pour les faire disparaître, Camillen'avait qu'à les oblitérer par une feuille de papier collée ; c'est

ce qu'il fit, mais sans prendre assez exactement ses mesures,de sorte que la feuille de papier, trop grande, recouvrit le

dernier mot de la doxologie et l'àix^v final : petit malheur, facile

à réparer : notre scribe reporta sur le papillon les mots indû-

ment recouverts. Le bas de la page demeure vide.

Il restait, avant d'arriver à la fin du volume, deux ouvrages,

l'anonyme De re militari, puis le traité De velitatione bellica,mis sous le nom de Nicéphore Phocas. Ces deux oeuvres, dont

la première ne paraissait pas avoir de conclusion et dont la

seconde était mutilée, étaient suivies chacune de plusieursfolios laissés en blanc, si bien que, comme notre Ambrosianus

se trouvait dépecé et qu'il n'y avait pas de numérotation de

pages ni de cahiers, Camille de Venise ne reconnut pas l'ordre

primitif et plaça à la fin le traité qui était suivi du plus grand

nombre de pages, dans l'espèce le De re militari. S'il eût fait

plus attention, il eût évité cette méprise et remarqué que

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S ^s^;i-»*PS. |,t^V"?j5"t":'ti ^"^Bs^^F-S^^

268 ALPHONSE DA1N

le dernier des folios blancs qui Suivaient le De velitatione bel-

lica était particulièrement fatigué, indice certain que c'étaitlui qui terminait le volume avant sa reliure. Peut-être peut-ondonner une explication plus précise de cette interversion. Le

traité De velitatione bellica, commençant au folio 283r, s'arrê-

tait au folio 313r en bas (1), sur un mot inachevé, ^apaaxeu/;La chute des dernières lignes du texte se trouve dans une

dizaine de manuscrits et est imputable au copiste du Vati-

canus 219. Or nous voyons que dans notre Ambrosianus une

main qui n'est pas, semble-t-il, celle de Camille de Venise,mais qui paraît lui être antérieure (2), avait ajouté au bas de

la page les quelques lignes qui manquaient et qui compor-taient la doxologie finale ; comme il restait peu de place au

bas de la page, le copiste en question abrégea la formule tradi-

tionnelle de la doxologie. Comme le De velitatione bellica avait

désormais sa formule finale, tandis que le De re militari pou-vait passer pour inachevé, on pourrait voir là une raison nou-

velle du déplacement des traités opéré par notre reviseur.Venait enfin le traité anonyme De re militari. Camille de

Venise imagina de faire précéder le texte même d'une table

reproduisant le l ibellé assez long de chacun des chapitres de

cet opuscule. Cette table, on s'en souvient peut-être, avait été

incorporée dans le rava!; artificiel qui avait englobé la liste des

Constitutions lactiques de Léon et les chapitres de notre ano-

nyme. L'ancien folio 150 bis qui portait cette suite de chapitres

fut transporté ici et devintle

folio 315,mais

les quinze pre-

(1) Tout le traité porte en marge de nombreuses variantes mises de seconde

main. Signalons une autre particularité : Manuel More avait copié deux fois desuite la même page (le folio 3061 et le folio 30T qui lui fait vis-à-vis ont le même

contenu) ; le Copiste barra d'une grande croix oblique le folio 306". Les diver-

gences que l'on rencontre entre les leçons des deux pages sont particulièrementinstructives.

(2) 11;se pourrait à la rigueur que ce fût Camille de Venise qui ait fait cette

addition, mais, vu la différence des écritures, à une date qui ne peut corres-

pondre à l'époque des travaux de ce scribe au Vatican. Cet emprunt, en effet,ne

pouvaitêtre fait'à aucun de nos autres Valicani où cette fin

manque;il

fallait recourir, pour combler ce texte, aux rameaux les plus anciens issus duScorialensis r-IÏL-11, par exemple au Parisinus 2435, qui était alors en Italie.

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VU MANUSCRIT RECONSTITUÉ 269

mières lignes du reclo de ce feuillet appartenaient encore à la

table des Constitutionslactiques.

Suivant sonusage,

notre

scribe colla un morceau de papier sur ces quinze lignes ; mais

cette fois, il fut bien embarrassé quand il voulut garnir cette

partie laissée en blanc : il ne connaissait même pas le titre du

nouveau traité. Il ne sut faire mieux que de dessiner en rougeun bandeau historié qui orna le haut du feuillet; il restait au-

dessous la place pour un titre qui, par la force des choses, ne

devait jamais être ajouté. La table, commencée au milieu du

recto de 31S, sepoursuivait

sur le verso; au bas de cettepageil manquait encore quatre chapitres pour que la liste fût com-

plète. D'autre part, la page 316'', en vertu de ce que nous avons

expliqué plus haut, présentait avant le début du traité De re

militari quelques lignes qui correspondaient au § 124 de la

constitution XVIII et au § 180 de la constitution XX. Il restait

à notre Camille à coller un nouveau papillon sur le haut de la

page et à reporter sur ce papillon les quatre chapitres qui

manquaientencore à la table du traité. On

pouvaitenfin aller

sans encombre jusqu'au bout du volume, le texte s'achevant au

recto du folio 237. Le verso de ce feuillet et les trois folios sui-

vants, qu'on avait sans doute réservés pour une addition éven-

tuelle à notre traité, devaient demeurer blancs jusqu'à nos

 jours.

Quand tout le travail que nous venons de décrire fut achevé,le manuscrit reçut une numérotation par cahiers et par folios.

Cettenumérotation, postérieure

auxremaniements,

est celle

que nous utilisons encore aujourd'hui. Le volume fut alors

pourvu d'une reliure en pleine peau qui, semble-t-il, est celle

qui le recouvre encore aujourd'hui. Mais, sous l'effet du tempset des vers, les plats de la reliure sont détériorés et le dos se

décolle en partie. *

C.'était maintenant des aventures d'un autre genre qu'allait

connaître notre Am.brosianus. Quand Pinelli mourut en 1601,sa bibliothèque dut être transportée de Padoue, sa cité d'adop-

..„.,.. ir.„-^éàM

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'^îX'r-^i^-tf-*'-'^;^^^^^

270 i ALPHONSE DA1N

lion, à Naples, sa ville natale. On décida de faire le voyage par

mer, pour diminuer les frais; la bibliothèque fut répartie en130 caisses dont 14 contenaient des manuscrits. Les Turcs

attaquèrent le vaisseau de transport et, déçus du médiocre

intérêt que présentait la capturé, jetèrent une partie des caisses

à la mer. Celles qui échappèrent au désastre furent alors rame-

nées à terre et en 1608 ou 1609 le cardinal Fédéric Borromée

en fit l'acquisition pour la bibliothèque qu'il fondait. Dans

cette paisible Bibliothèque ambrosienne, dont un chroniqueur

ancien fait l'éloge en disant qu'on poussait la complaisance jus-qu'à donner des sièges au public, du papier, des plumes et de

l'encre pour prendre des notes, YAmbrosianics 902 connut

enfin une existence plus calme. Il ne semble pas qu'on l'ait

 jamais beaucoup consulté.

Alphonse DAIS.

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WBift«isssi>;s?

DICTIONNAIRES ANTIQUES

DANS L'OEUVRE D'ORIGENE

On trouve chez Origène plusieurs fragments de travaux an-

ciens de lexicographie. Gomme la plupart d'entre eux ne sont

reproduits que dans son oeuvre, c'est une source qui ne saurait

être négligée. Ces citations de dictionnaire ne sont pas seule-ment des documents pour l'histoire de la sémantique grecque.Elles

donnent aussi une idée de l'état où se trouvaient les tra-ditions des écoles philosophiques à l'aube du néoplatonisme.En outre, elles apportent quelques données très précises audébat si souvent résolu à l'aide d'idées générales — et très

générales —, sur la manière dont la théologie alexandrine a

consulté les philosophes et les écrivains de l'hellénisme.A. Harnack avait signalé quelques-uns de ces textes dans l'in-

ventaire qu'il avait fait des Commentaires et Homélies réé-

dités par l'Académie de Prusse, Der KirchengeschichtlicheErtrag der exegetischen Arbeiten des Origenes (II ïeil), V Grie-

chische Historié und Philosophie; Texte und Vntersuchungen 42,4, 1919, p. 94 et sq. Nous donnons ici les principaux textes,en y ajoutant d'autres définitions, dont quelques-unes n'ont

pas encore été étudiées.Au sujet des travaux de lexicographie, l'opinion d'Origène

est exactement celle que Clément avait exprimée dans les Stro-

mates. Il est utile d'apporter à l'étude des mots la précision(àxptêsia) dont les linguistes grecs ont donné l'exemple. Ils ont

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272 RENÉ CADÏOU

créé une véritable science, en coordonnant des idées distinguéesavec soin (TY^V'EXXY)VI.XY|VTWV

<77|jjt.at,vo|jiivcov icocpàcxoïç xà xotaûxa

SiapOpoùmv àxpîêsiav), Com, in Joli. XX, 20, éd. Preuschen

p. 355, l. 18. Il faut apprendre de ces savants (oî ropi xà ovop.axa

Sswot) à discerner les divers sens des vocables amphibologiques

(SwupsïffQai xàç TC àjjwpiëôXouî towvàç), ou des homonymes (xàç xe

ojxwvtijjiwç èxcpepo[jisvaç), Stromates I, 9, éd. Staehlin, p. 29,1. 27. Le Christ lui-même a su devenir sophiste pour réfuter le

démon, en dissipant l'ambiguïté qui se cachait dans les

paroles du Tentateur. Et Ton voudrait le présenter, lui quifut pris à son piège, comme l'inventeur de la philosophie et

de la dialectique! Ibid. Cf. P. Camelot, Les idées de Clément

(VAlexandrie sur l'utilisation des sciences et de la littérature

profane [Recherches de science religieuse, Février 1931).Pourtant les études des théologiens alexandrins ne doivent

pas être placées dans la tradition de l'hellénisme. Elles restent en

dehors de la mode littéraire qui favorisait alors la diffusion des

lexiques. Le goût du purisme attique contribuait à encourager

ce genre de travaux. Ils avaient pour but principal d'être un

art de l'expression (xà; rapixxàç xaiixaç xwv XÉÎ-SMV xéyvaç),Stromates I, 8, p. 26, 1. 15. Ils aidaient à choisir les

mots classiques (àjxoel xrçv Siàxpiaav xwv ovopLàxwv), à les com-

biner et à les entrelacer avec harmonie (xv)v isoiàv xwv Xéi-swv

TÛVOEITIVXË xal itepm)vOXY)v). Clément et Origène sont étrangers et

même hostiles à ce souci littéraire. Le mot d'hellénisme, qui

désigne alors l'école des puristes, éveille en eux l'idée d'un art

futile et menteur (txavôvvàp 8-/) xoûxo b.'Koh^D.^^v.v xoùç itoXXotiî).

Us ne s'y sont pas exercés, ils ne font même pas attention au

vocabulaire (elç XYJVyXtôïcrav) ni à l'arrangement de la phrase

(xr|v tppàcriv «yuvBeïvai.), Stromates II, I, 1, p. 114, 1. 7 sq. Ce sont

des  jeux bons pour ceux qui vont à la chasse des petits mots,

et rivalisent dans la confection du bibelot .(XeijeiStwv Oïipàxopeç,

Ç/lXwxal xeyvuSpiwv), Stromates I, 3, p. 14, 1. 24. Contre ce

mauvais métier de babillage (•/&trxupiiiXoç auxvi xaxoxs^via, Stro-

mates I, 8, p. 26, 1. 21), ils ont certainement plus qu'un

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^ssfsssaiwïjp ._  ,, : .j sîCTi-5;;*!jîïr=T;7A c; .-..>/.-;,;A, ,S-;I .;;.-. i >] fït*ï":y-"f!h,"~ Z>#U"< 'Z^«»i'^'-£^;-g$;?-*^ex&*?^ff:^0^\..'-$.^>Viï' ,:

DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS l/OEUVRE D'ORIGÊNE 273

parli-pris d'esthètes. Gel hellénisme du style ela.it le symbole

de loutes les résistiinces anti-chrétiennes. Le nom d'un Lucienou celui d'un Celse explique facilement les invectives plato-niciennes de nos théologiens contre ce qu'ils appellent la

sophistique. Clément invoquait la vérité el le sérieux de la

philosophie. Mais une autre inspiration excitait, sa verve :

« Le Seigneur sait les pensées des hommes, qu'elles sont vaines »,Ps. 93, H. On raillait dans l'autre camp la rudesse de la Bible

et des mythes barbares. Laissons aux atticistes « leurs instru-

ments de fer battus par le marteau et aiguisés sur la pierre »,dit enfin Origèue en proclamant le principe d'une esthétique

nouvelle, celle qui prend vie alors que l'autre se meurt : « Celte

parole de Dieu, c'est un morceau du Rocher qui s'est détaché

de la montagne sans la main de l'homme », Hom. V, 16 in lib.

Jesu Nave, éd. Baehrens, 7, p. 459 I. 24 et sq. Le romantisme

biblique était né. Comment ne pas songer à Chateaubriand?

« Ne dirait-on pas que tout est grand et simple dans Moïse,

comme cette création du monde, et celle innocence deshommes primitifs qu'il nous peint?» (Génie du Christianisme

m, i).Le procès n'est point dirigé contre l'art, mais contre le pres-

tige d'une tradition littéraire qui s'oppose au christianisme.

On ne choisira donc pas les mots, ce qui veut dire qu'onne les choisira pas comme les atticistes, dans leurs diction-

naires. Voilà ce qu'on refuse, et rien d'autre, quand on rejette

le style hellénique. Les lexiques seront pour les Alexandrinschrétiens des instruments de dialectique plutôt que de rhéto-

rique ou de grammaire. Origène se servira surtout des dic-

tionnaires philosophiques.Ils sont le plus souvent l'oeuvre de" Stoïciens. Mais l'école

d'Arislote a aussi ses lexiques. Ils liennent. une place plus

importante qu'on ne serait tenté de le croire dans le vocabu-

laire de ceux qu'on a appelés les platoniciens chrétiens. On

trouve chez Origène toutes sortes d'emprunts à l'hellénisme :des souvenirs d'enfance, les mots d'Homère, appris par coeur

UEO. XI.V. 1»3 2. H» 21 ï. \»

i Tip/nî; .'.i;. ;

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274 KENÉ CADIOU

à l'école de grammaire, parfois l'influence d'une oeuvre mé-

ditée, du Phèdre ou de la République, qu'il a commentée quandil suivait les cours de philosophie platonicienne, mais souvent

aussi une érudition de dictionnaire. Elle lui fournit ses défi-

nitions, le matériel de sa théologie, ce qu'il appelle les pre-miers éléments de la vérité, ik tJTOi^etwaxà xr.ç àX-rç(kîa; [Corn,in Joh. XIII, éd. Preuschen, p. 231, 1. 4), en reprenant une

expression de son maître Clément.

Il utilisait (sir>.Xsysd)a'.) des lexiques philosophiques de

l'époque alexandrine. Les Stoïciens avaient attaché une grandeimportance à la précision des termes, et à la dérivation des

mots, en partant de l'étymologie, ou « sens authentique ».

C'est un de leurs ouvrages qu'Origène consultait d'ordinaire,

le lexique d'Hérophile, Emploi stoïcien des mots, qui n'était

pas seulement un glossaire, mais rassemblait des sens nom-

breux empruntés à plusieurs auteurs. Les traces de néo-plalo-nisme qu'on y remarque ne permettent pas d'en placer la com-

position avant le ne siècle. Le témoignage d'Origène semble leseul qui nous soit parvenu au sujet de ce lexicographe. Cf.

Pauly-Wissowa, Real-Encyclopédie, art. Herophilos (von

Arnim).

£*. ô£ TÛV 'HSOBÎÀO'J Ttsp'. STo'ùcrj; ovotjiàT(i)v ypy'ixîw^ : « TsXoç S'

eivx'. Aivous». xx~/)y6rr][/.a, ou £vsx*v ib. Xoutà 7rp7.TT0p.ev, aÙTÔ oè

ouosvôç IvîXîv • TÔ OSa-'jÇuyo'jv TO'JTtp, xxO&ngp r, £'Joa'.jJ.ovla

xw

E'jôfciuiQVEW, a-xoTîôv • ô Sri SV/XT6V £7-'. tùv atpeTwv ». Selectci in

Psalm., I, Patrol. Giseca, XII, 1053.

Du même auteur, Origène cite les définitions suivantes :

6eô;.

oe/jïlv ouv ô aù~o; 'Hpôîp'.Xo; : Ôsôv JASV ysv.xwiaTa XÉyoufft,

twov àOa'vorcov, Xoyuôv, xa9ô Ttàara Xovixvj 'W/''! OsôçèaT'.v (définition

stoïcienne)

•âXXw; Se •

Çwov àQâva?ov, Xoyixôv,xaô' ayTÔ 07

w;Tàç sv Tjfjûv TCspis'yrojJisva^ <j<u'/à; r1^ £'-V!X'' ^wJï, àuaXXaysîa-a^ SS'TWV

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DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS t,'(EUVRE D'ORIGÈNE 275

O-OJJUXTWVè'o-eo-Qai(définition platonicienne), Kax' àXXov Se xpôrcov,

(kôv XÉys<xQa'.Çwov àflâvaTOV, Xoytxèv, aitouSalov • MOTS itâarav àareîav

Au^ôv 9sèv uitàp'^eiv, xâv ev àvOpoTtcp TOpti'^xat. (définition stoï-

cienne)• aXXwç Se XéysaÔat, QEOVTO xaô' auTÔ ov Çûov àOâvaTov,

crrcouSalov • wç Ta? sv àvOpwiîO'.; uopoï; Ttepte^ojjiÉvaç ^o^àc? t*^

 îmàp^eiv Ôeotiç. Rai eti àXXw; Xéyotm 6sôv. Çwov àQàvaTov, OTTOU-

Saïbv, e%ov Ttvà èicirraT'lav èv TW xôa-jjK]) xaTà TY;V 8ioixvi<nv, ôv Tpô-TTOVo T)X'.OΠ xal YI o-sXïîvïj (néo-pythagorisme et culte astral).

"AXXwç Se Xéyei (teèv TOV TtpwTov ëioucr)Ti,xôv TTOÛxôsjtiou. 'Eitl TOUTI

Se Oeov Xéyoum • Çwov àtpâapTov xal àyévvr;Tov, xal itpwTOV pafftXéa,

•?,v 'Éyst. *^ùpav 6 a-û[xuaç XÔTJJIOÇ(néo-platonisme). Selccta in

Psalm., P. G., XII, 1053.

Cette définition, où Dieu est appelé le premier et le roi appar-tient au système de Numenius, qui a enseigné au cours de la

seconde partie du u° siècle : tov Sa TOWTOV [8SOÇ] (I) àpyôv eivai

Êpywv tru [ATCXVTWVxal (3at«Xéa (Thcdinga, De Numenio, vg. frag-ment XXVII,

p.60 ; cf. Eusèbe,

Praepar. Evang.,P. G., XXI,

892).

On trouve dans le Traité de la Prière, une série de défini-

tions qui présentent exactement les mêmes caractères. Les

notions prises dans les écoles les plus différentes sont rassem-

blées et résumées très brièvement. L'auteur ne nomme  jamaisles philosophes (cpàTxouTi, vofûÇouiu, Àiyouui), et il n'exprimeaucun  jugement au sujet de leur doctrine. Les dernières opi-

nions sont celles dePosidonius,

desnéo-pythagoriciens,

et

peut-être des premiers néo-platoniciens.

En présence de ces ressemblances dans le vocabulaire, la

méthode, et l'ordre suivi, il est difficile de ne pas attribuer cet

article au même auteur que le précédent, à Hérophile. Nous

aurions donc conservé dans l'oeuvre d'Origène trois fragments

textuels de ce lexicographe. Peut-être Origène a-t-il introduit

çà et là quelques compléments, empruntés à d'autres lectures,

ou à sapropre philosophie.

(1) [Seoç] del. ego ut glossam.

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276 KENÉ CADIOO

ouffia.

7| ULEVXO'.XUpiWÇ OUTia XOIÇ [J.SV TCpG7iy0Up.SV7lV X7|V XCOV aT«p.axwv

UTCÔTTomv slvai vàcrxouTi vEvôfMa-xa'. xaxà xà à.3-w[j.axa, xô eïvai

^Eëalwç r^ovxa xal ouxe Tcpo<xQ7)X7)V •y^wpoûvxa oûxe àa>aîpe<x!.v Ttàa--

•yxivxa, ... xolç Ss ÈTOXXOXOU97,X'.X7IVaùx7)V elvai VO[AÎ^OUO'I,, iTpo7|YOi>f/i-

VT|V oè TTJV xwv Twpiàxwv•

6'poi aùxTÎ; ouxoî ewiv (opinion de Zenon;

cf. Stobée, Ed. Phi/s. XIV)• ouata sarlv T] TtpwxT) xwv ô'vxwv UÀT),

xal Èij -r\<;xa ovxa, f] xdiv a-w[/.àxwv SXv), xal è| r,; xà a-wjxaxa, TJ xwv

ovo|/.aÇofxévwv, xal è!j 7Jç xà ôvoutaÇôpîva, -/) xo Tepwxov itTcoa-xaxov

aTcoiov 7i xà Tcpolico'.s'xàjji.evov xotç oua-i TJ xô Tcàtraç Ss^ôfjievov xàç uexa-

6oXàç xe xal •àXXo'.côaet.ç, aùxô SE àvaXXotwxov xaxa xèv Sùov Xoyov,

7] xo uitopivov Ttârav àXXo[w<nv xal (u.£xaêoXy)v... Kaxà xoûxouç Se r\ 

ouirla èuxlv aTto'.ôî XE xal àff%T|p.àx(.aTOç xaxà xôv tSiov Xoyov àXX'

oùSè {jiyeOoç owïOTerayj/ivov sy^ouo-a, 7tàoTp SE êyxeixai. ranôx^xt. xaÔà-

uep sxoi.[jiôv xi^wplov.. (opinion de Posidonius, cf. Diels, Doxo-

graphi 458,8) ... Si' oXwv xe [AExaSX^x^v xal ôY 6'Xwv Siaipetïiv

Xéyoumv elvat, xal uâa-xv où<ûav a-uy^EW-Oat. SiivasOai, TJVW|J(.ÉV7|V

[xévxot (opinion de Thaïes et de Pythagore d'après Aetii Placita,

Diels 307b, 5 sq.). llepl EU^Ç, 27, 8, Koetschau, p. 367,

1. 13 sq.

Plusieurs de ces définitions sont assez proches des Placita

d'Aetius, Diels, p. 291, p. 307 et p. 308, comme l'a indiquéP. Koetschau dans son édition. Cependant la rédaction reste

assez différente. Au contraire, elles s'apparentent tout à fait à

Stobée, Eclogae, Diels, p. 457, 25 sq., comme le montre la

comparaison de plusieurs passages :

Origène

p. 36.8, 1. 2.

OUT'la Èa-xlv 7| 7CÛWX7| xwv ô'v-

XWV OXT|...

Stobée

Diels, p. 457, 1. 25.

ZTJVWVO;;. Oùffîav oè Eivat XÏ|V

xwv o'vxwv Ttàvxwv 7ipc!>xr|V SXTJV,

xaôx7|V ôè itâirav atS'.ov xal oîixE

ÎTXEÎW ywo[/.Év7|V oùSè ÈXàxxw...

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DICTIONNAIItES ANTIQUES DANS L OEUVRE D OlllGÈNK 277

p. 368,1. 8.

7| TO Trpoiiïi'.a-Tâii.svov TOIÇ OUT(.V,

7j TO Ttào-aç Ssyôjjiîvov xà; t/£Toeëo-

Xâç xe xal àXXotcôcreiç, ...

p. 368, I. 8.

xaxà xoûxouç oè T, -oùtxia ssxlv

àwHÔ? xs xal àay^yj uiâxi,ïrttoç xaxà

xôv ïSiov Xôvov àXX' ouSè (jiyeOo;

àTroxexayuivov é'youTa, rcào-fl Sa

è'vxeixai. TtO'.6x7|T(. xaBàitso l'xoiuôv

xi ywplov.

|). 458, I. 24.

XpuTwnou Exwïxoù. TWV xaxi

TïOLOxr^a uïOTiuÉvuv TCOWXTIV

UXYJV•

TOÛXTJV SE aïoiov, OUTE

aûÇTjTiv oùte [ASUOTIV O-roj/ivou-

irav, 6iaipe<7iv Ss xal ffûvyuo'iv

STu5eyoj/.sv7iv...

p. 458, 1. 8.

"Ecpyi<re SI 6 rio<rîi.8wv*.oi; xr,v

xwv 6'Xwv ou<nav xal Î5XÏ)V ârawv

xal ap.op»ov elvai, xa.0' ocrov oùSèv

7.7n>xsxa.y[/ivov l'S'.ov è'^si T^vjjiiaouSs TCO'.6xY)Ta xa6' aiiT^v

• àei S'

sv x'.vt ay4[AaT'. xal Ttoiéx7|X'.

eïva'....

Cette comparaison témoigne de l'existence d'un recueil

exploité diversement dans les deux séries de fragments. Elle

permet aussi d'identifier les auteurs des définitions citées parle compilateur de l'article oùo-ia.

Quant à la dernière opinion, « matière et qualités », 1. 11-19,ici encore, elle est la plus vuisine de l'époque où vivait Origène.Elle ressemble tout à fait à celle que professait Numenius au

sujet de la matière, totalement indéterminée comme un cou-

rant aveugle, et, si on la considère en elle-même, multiplicitéet changement indéfini, que vient organiser l'action immanente

du second Dieu. Cf. Thedinga, De Numenio, frag. XVII, p. 52,etPraepar. Evang., P. G., XXI, 1345.

Origène a exposé plusieurs fois ce système des origines, quiréservait à la Providence la production des qualités et mainte-

nait l'existence indépendante d'une matière incréée. On le

trouve dans le Commentaire de la Genèse, dans le Traite' des

Principes, et dans cette définition du Traité de la Prière. Ces

textes s'éclairent beaucoup lorsqu'on les rapproche, et leur

importance s'en trouve accrue. Car ils montrent l'état de la

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278 KENÉ CADIOU

doctrine créationniste au temps cTOrigène, telle que la pro-fessaient tous les philosophes qui croyaient à la Providence et

au Verbe organisateur. Leur théorie servira de point de départau théologien. C'est en la critiquant qu'il démontrera parl'absurde la création ex nihilo et la préexistence des Idées

dans la Sagesse incréée.

In Gen., P. G. XII, 48.

rÇt<. yào AOYOJ xi.; KO\6-

CYjTaç xocrà Tîàvia; TOÙ; Ilpo-

votav elffàvov-aç, TÛ M'W

Xsxat,, eU SiaxÔTULTiT'-v TO'J

TtaVTOs U»iffTT,T'., T7j à'-SOlTCj)

auTOÛ SuvâjAE'. xai tjo<pîa...

« Tous ceux qui font

intervenir la Providence

affirment que les qualités

n'existent pas d'une exis-tence propre, et que

[Dieu], comme il le

veut, les fait subsister

par son Verbe, pour l'or-

ganisation de l'univers,en vertu de la puissanceindicible qui réside dans

la Sagesse divine... (1) ».

Ils pi àpywvl<M. Koctschau,

p. HO, l.âetsq.

quae materia

propria ratione

extra has esse

invenitur quas

supra diximus

qualitates . . .

Haec tamen

materia, quam-

vis, ut supra dixi-mus, secundum

suam propiamrationem sine

qualitatibus sit,

nunquam tamen

subsistere sine

qualitatibus in-

venitur. .. reci-piens in se qua-

lilates, quas ipsevoluisset impo-nere.

ITspl eù^YJç

Kd. Koetschau,

p. 368,1.12etsq.

oCtSé VIVOΠ vas

TOÛTWV xatà xov

ïo'.OV XoYOV U.ÎTÎ-

ys'.v csowl xriv oO-

<rlav, àsl Se T'.VOÇ

auTwv àywp'.TTOv

eïvai... ô yàp CTJ-

vàiv atiTÎj TÔVOÇzal

oC oXuy xîywpv

y.w; it(ir<iç TE noiô-

T7,TOS xal twv repl

auTf|V a^T'.o; âv

<sîïi^> (2)oly.ovo-

 jiAtoV ...

(1) Cf. Contra Celsum 111, 41 : TO:; ÛÏTO'KV/VÏJVWV ^eyoïiévoi? itepi ifi; cû i8t<i>

Aoyio xnotoy 3).T,C;. Zn Joli, XIII, 61, l'rcuschrn, p. 29S, I. 18 : wjirsp jxéveiv <païtTÔ û)uxov o!. itEpl Taûta 6È'.VO(.

(2) <e"ïi> add. ego : <?;> llenlley, Delanie.

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DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS L'(EUVRE D'OIIIGÈNE 279

Ainsi apparaît un dernier caractère de cette doxographie. La

série dos définitions citées dans le Traité de la Prière suit à peu

près l'ordre historique, en résumant tour à tour Platon, puisun groupe opposé que forment les Stoïciens Zenon et Chrysippe,

puis leâ nouvelles écoles, Posidonius et les néo-pythagoriciens

qui ont immédiatement précédé Origène. L'ordre suivi était le

môme dans la définition du mot (kôç.

Parfois au contraire les définitions se présentent isolément,et portent la marque d'une seule école. Quelques-unes sont

propres à la doctrine stoïcienne, ancienne ou récente.

£TC'.Qll|MX.

i~iHvyJ.z sorrlv ôpeÇiç àAoyo; YIVO[JLIV/I v.y-b. opjATjv WXeovàÇoitTxv

irapà Àôyov, xa9' V]v cpiXo£(ooû[ji.£v, M; àyaOoû àpEyôfjiEvo!. TTJ.; JAETGU

y.ù àSiasopou Çw/iç, .../.«Ta TÔ T/JÇ àaapx'.aç |3oÛÂ7)|ji.a, TIO'.OÛOYIÇ

r,p.â^ SXTS'IVEO-9%1(î)ç swl àyaBôv <^£T:1> itôiv TÔ Oa' YIJAÛV SIÏI.Q'JU.OU-

IAÎVOV • savras-'la vào àvaOo'j 71sTcOy/ix yivîTa*.. Coin, in Rom.,NW,

8. Cramer, Catena IV, p. 90; Ramsbotham, 7%e Journal of

Theol. Stad., 14, 4913, p. 10 sq.

TtapàSoija.

*E<rTi T'.và 36yp.aTa ïcap' "EAXYIO'!. xxAoûaeva itaoàooÇa, T(J> xax'

VO^VYIÇàwoSsiÇsw;. Cow?. in Joh., Il, 10, Preuschen, p. 72, 1. 29.

C'est probablement aussi à un lexique stoïcien qu'appartientla définition de la liberté humaine que l'on retrouve en termes

presque identiques chez Philon, Clément, et chez Origène, auTraité des Principes et au Traité de la Prière.

D'autres définitions proviennent d'un lexique d'Aristote,ou s'en inspirent.

... "EXXïive; -rcoAÂà csaut <77|[/.aivô[Ji£va sïvai àra» TYÎΠ àpy f^ Ttpoffïi-

yopîa? ...T, piv yàp -zi; ti; p.ETaêàsEwç ...È'aT'. oï àp'//| xal r; wç yEvé-

TÎW^ ...TOÎTOV 0£ TO £$ ou, oïov xô È!j ûiïOxs'.[/ivïiî ûÀr,ç ...itpè; Toû-otç

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280 RENÉ CAD10U

àpy/| xal TO xa9' -<o> (I), o»v xaxà TÔEISO; s<mv ipy*i xoti coç

uaO-/îa-îo);, xa9' ô Ta arov^evà «7.7.57 àp^rf' EMI ypa[Au.aT'.xrjç s<m

SE àpyj/) x/A wç irpà^ewç, sv -g TtpàÇs1. STTÎ T>.TÉXOÇ j/,e-à TYJVàpy/|V.Co?n. m /oA., I, 16, éd. Preuschen, p. 20 et sq.

Cet article lexicographique suit à peu près la division aris-

totélicienne des causes : 1) cause efficiente ; 2) cause maté-

rielle ; 3) cause formelle ; 4) cause finale. La dernière défini-

tion est rappelée dans Com. in Joh. XIII, 37, àpy^v Se Xsywou TY)VTcapaêaX)iO|jiiv/|V sSjouTta àXXà TTJVàvTiSiaareXXojjiivviv TéXei...

éd. Preuschen, p. 262, I. 3S. C'est le sens d'origine et de com-

mencement qui domine dans le litre du traité ïlepl àpywv. Cf.

Redepenning,lGn'yene,y, I, p. 394, 398.

aj+apTÎa (peccatum).

Sciendum tamen est, quod et caeleri eruditi [= 8eivo(] viri

utuntur hac definitione, ut naluram vel causam peccati in eo

ponant, si aut addatur aliquid virtntibus, aut minuatur. .Verbi

grulia, juslitia virtus est : et si quis minus aliquid facit quam

 justitia patitur, sine, dubio injuslus est. Si quis vero sub specie

 jusliliae crga vindictas nimius liât, et soevius agitct ultiones,

in crudelitatom ex  juslitia devolutusest ...Similiter et liberlas,

si intra temporanliam suam sit, virtus est; si minus habeat,

timidilas : si amplius, temeritas nominatur. Pari modo et pru-

denlia si in sua mensura sit, virtus est; si minus habeat,

imprudentia ; si plus quam oportet, malilia appellatur (Tra-

duction de Rufin). Com. in Rom., IX, 2, P. G., XIV, 1209,

1210.

Les exemples sont traités librement d'après VEthique à Nico-

maque, II, 7, 1107 B.

TgXo?.

'Ex JJLSVtwv 'ApiTTOtlÀou; : « TIAO^ SO-TIVOU e'vsxev ta aXXa, aiixô

Se U.7|O"EVÔ;É'v£X£V») •?,ouTw^• « O'J é'vsx£v ta àXXa, aùxô 81 oùx aÙTWV

(1) xa6' <8> Wendland, Wilainowhz, Preuschen add. na6' otov ». x. X. mss.

ùç irpiJsw; (cf. supra, 1. 2) : w; it icpsil-euiçVenet. 43, Preuschen,

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DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS I.'OEUVHE D'ORIGÈNE 281

é'vexa » <î ouTto^ « ôY ou Ta aXX» T'.Ç TtîàTTE'., aura 3s û'.à [AY)8ÈV

àXXo ». Selecta in Psalm., I, P. G., XII, 1053.

Certaines définitions paraissent tirées directement ou indi-

rectement des lexiques de rhétorique, peut-être de ceux de la

deuxième sophistique. Car elles portent aussi la marque de la

psychologie post-aristotélicienne, et même stoïcienne. Quel-

ques-unes distinguent des mots voisins ou synonymes, à la

manière des ovopi.affTt.xa.

fio{ïkr\<Tiç et £7u9upla.

...STCEI 3è xaxà Taç 8siaç ypaoeàç -r\  ÈTuQujjtia'Twv piirwv è<mv, oux

e'.Sinai; T/,V 'EXXTIVWTIV TMV cr7)[ji.at.vojJiivtov irapà wï? Ta TOiaÛTa Siap-Oooûmv àxploe'.av, WOT' av TO JJLIVàareïov BQUXY)TIV ovopiàirai, Ï)V

oplÇovTai suAoyov ôpeijjiv, TO SE cpaûXov suiOuf/iav, v)v oea<nv ewai

àXoyov ops iv r] cnpoSpàv opei-w. G'o?ft. m Joh. XX, 20 Preus-

chen, p. 355, I. 17 sqq.

6u[i.6<; et ôpY"'î-

Aiatpépst Ss Qupiôi; opy/Jç, <S; s>aa-'.xal oi uspl Ta ôvô|Jt.aTa Sewoi, T<ji

Ou[AÔv [ASVEÏvai opvYiv àvaOuj/.iofjiiv'/iv xal s-i Èxxaiou.Év/jv, opy/jv 8è

ôpeÇtv àvTiti[jt.a)pTÎ<TS(oi;. OIOVEI ouv aTEXsaTEpoç f/jç ôpyïi; èar.v 6 6up.ô;

xal Y)SYITtpôç TÔ.àTïoTÉÀscrpiàTI SOTIVT| ôpY7!• Selecta in Psalm., II, 5,

P. G. XII, 1105. Cf. •/>opyo itpoiT,/iYopîa... ffY)[*awei TI itpoaipETixôv,

•/)v wpio-avxô T'.vsç ô'peij'.v àvT'.TijjKopvîaaffOai. TOÙ; 7|StxY|xlvai Soxoôv-

Taç... Av|Ao~.Se xal àitpoaîpeTOv, 8 xaXoûa-l TIVSÇTtpOTcâOeiav Yivojjtiwiv.Se/ec/a m /Wm., IV, 5, P. G., XII, 1141.

Voici quelques définitions sans caractère particulier :

àvaxscoaAatcocni;.

àvaxecpaXaîaxnç ei'p7|Tat. gui twv TpaTteÇiTUÙiv xal TWV TtapauXïi-Ji(i)v uu|jn|<yitpi.^o[xÉv(i)v XOYWV xal sic sv xscpàXaiov a-uvaYOfjisva»86<T£WV xai. àvaXwjxàTwv $ Xrî<j/E«v. Cramer, Catena VI, p. 114.

(âamXsô?.

xupîco;... ^ao^Xsùç o a.pyew STCWTOJJISVOÇàvuratiSùvMç. P. G. XII,1H2.

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282 RENÉ CAD [OU

ooiÇovTsu, v.-/%<. oo£a.v xôv à-irô TCÔV TOXXWV srca'.vov. Com. inJoh., XXXII, P. G., XIV, 813, Preuschen, p. 471, 1. 14.

6[j.wvu|jia.

ôuwvufA* os ETT'.V, uv ovo;/.x JAOVOVxoivôv, o 3è xxxà ?oûvou.a T?,;

oùariaç Xôyo; sTêpo?. Hom. in Jerem., XX, 1, Klostermann,

p. 177.

TO xrj; iruiJi'-fMV'.aç ovoaa xxTTSxai em TWV xaxx (JLOUTIXYJVSV

cpcovaî; àpaoviûv. In Lucam fragmenta, LXXIV, Max Rauer,

p.269.

Té/VY|

ayTYi os îT7iv e£i; [AÎT* ioôXou Xoyou ïto'/^Tix^. Cum. l'/i JoA.,

Preuschen, frag. 1, p. 483, 1. 3. Celte définition appartenait à

l'origine à un recueil de XéÇsiç ou de yXwao-ou pindariques, cf.

Olymp. VII, 53: Aaévxi Sè'xal erooeîa pis'.Çwv àSoXo? xeXéOei. Ori-

gène l'a peut-être trouvée dans un lexique général.

ÛTtsoêoXv).

UTCîpëoXvî s-rov, w; xal "EXX/|ve; topîcravxo, Xôyoç sfjupàïew;svsxa tmepaîpwv x/|V àX^Ôetav. Cramer, Catena V, p. 249.

Il y avait en outre dans la bibliothèque d'Origène, au

moment de ses premiers travaux, un dictionnaire où les mots

étaient rangés par familles, selon la dérivation. On y considé-

rait le nom (rcponriyopîa) comme l'élément primitif et fonda-

mental de la sémantique (îtpoufflîaraa-Qa!.). Les autres mois (XOCTTI-

yôp-/i|jia) en dérivaient (èmylvEa-Gou). C'est ainsi que a>pôv/|<n; était

suivi de oepovew, awopoTiJvr) de o-uoepovsïv. Ce répertoire était ana-

logue à celui de Julius Pollux :

<ï>aal 8è oï; è|/iX-/ia,s xvjç twv crY]j/.ouvopi.svci>vs^îxàa-EW^, sv xoïç

xûïtoi; xo~.i È'-^ouo-'.cruÇuyîav Tcpoo-riyoo'.wv xal #axY)yopYjU.àxwv, itpoLi-

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DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS L'OEUVRE D'OBIGÈNE 283

CBwraaÔa'. -rà T'jyyavovTa TWV 7tpoa7iYopt.wv, xal êut,YW£3-9a.i.rà xa77)-

yopvi[/.aTa Tcapà rà; Trpoo-riyopia^ (Tome III in Gm., P. G., XII,88).

Il est clair qu'aucun souci de purisme altique n'a pu inspirerla composition d'un dictionnaire de ce genre. On lui demande

seulement d'indiquer avec exactitude le sens (<r/ijjia!.vo[jiivMv) et

l'emploi syntaxique (TWK X«T# TOVÀoytxôv TOTIOVTpavou(jtiv<ûv) qui

éclairent une expression rencontrée dans une étude de morale,

de physique ou de théologie. Comme son maître, Origène veutv

éviter les erreurs où tombe par ignorance celui qui ne remar-

que pas les homonymes et les ambiguités. Mais il connaît aussi

la difficulté d'autres figures : l'extension du sens, ou au con-

traire le retourà la valeur propre d'une expression (xupioXsijia), et

la distinction de deux sens appartenant au même mot (SuxaroXïi).Bien que certains exégètes aient des préventions contre cette

érudition, elle lui paraît indispensable pour l'étude de l'Écri-

ture. Même une mauvaise ponctuation peut égarer le théolo-

gien {Ibid., P. G., XII, 89).

Pour se représenter le travail de vocabulaire dont l'oeuvre

d'Origène est le témoin, il ne faudrait passe limiter aux lexiques

helléniques. On devrait tenir compte aussi des concordances de

la Bible qui lui permettaient de comparer les divers contextes

dans lesquels un même mot se trouvait placé (o-uvàYsiv), et des

dictionnaires de langues étrangères, en particulier de YOno-

masticon hébraïque, dont il faisait usage. Il y avait même à

Alexandrie un lexique qui ouvrait aux Hellènes la langue mys-

térieuse des hiéroglyphes, les signes par lesquels Thot-Her-

mès avait fixé sur la pierre la puissance magique de ses mots,

pour les seuls initiés. C'était l'oeuvre de Chérémon, gardien

du Serapeum (ier siècle). Il semble que Clément l'a consulté

(cf. Deiber, Clément d'Alexandrie et l'Egypte, Mémoires de

VInstitut du. Caire, t. X, 1904, p. 72 et sq.).

Jamais peut-être la lexicographie ne fut plus en honneur que

dans cette ville d'Alexandrie où l'esprit encyclopédique régnait

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~Aég$»'&g&ï&&2Ç£$Mfc'" '

,'^/'^^^^f^f?j''^ '"'F'i;\;;^'",'^"?'"^''"t-'-"^'''a'>"''w"'".: '«<?:.K. 4i''V t''V", —''..•>"- ': ^""^'^f^^"^ iià^4f'^^%-^- :™^3* ;r.

284 KENÉ CAD10U

depuis plusieurs siècles, et auprès de ces maîtres qui s'inspi-raient à la fois de la littérature

grecqueet de la

sagessebar-

barbare. Ils  joignaient au culte de la parole divine l'idée, très

répandue parmi les Anciens, que les mystères de la science se

cachaient dans les mots plus que dans les phrases.« C'est seulement par des observations et des recherches de

ce genre, disait Origène à ses disciples, que vous obtiendrez

bientôt les vérifications qui seront le fruit de vos peines selon la

bénédiction dont parle le Psalmiste « Tu mangeras les labeurs de

tes mains » (Ps. 127, 2) : imo JAÔVWV TO>V TO'.OÛTWV TOxpaTyipyja-sovxal S^ETOTEWV xàç [3a<ràvou; (1) E'jpïja-eiç xa-cà ppa-^ù, TOU; xapitoùçtûv TOÎVWV, Tf,v sv J/aXjjioîç eùXoyîav Xéyouaav

• « Taùç xapTOÙ; xwv

KÔVWV a-ou tfàyso-ai, » Cow. inJoh., XIII, 63, Preuschen, p. 296,

1. H sq.

René CADIOU. ,,,

NOTE

Au cours d'une recherche au sujet des philosophies connues d'Origène

 j'ai demandé la photocopie d'un fragment de manuscrit auquel renvoie

Thedinga, dans son mémoire intitulé De Numenio philosopho platonico,

Bonn, 1875, p. 27 : « Numenii liber nondum editus irepî UXTJÇexstat in

bibliothecae Escorialensis cod. ms. <i>II, 11, n. 203, fol. 291 r-fol. 313 v. »

Miller mentionne ce manuscrit dans son Catalogue des manuscrits grecs de

la Bibliothèque de l'Escurial (Paris, 1848), p. 158 et 159. Le fragment qui

porte le nom de Numénius est au début de la partie g. Il est suivi immé-

diatement par un traité de Plotin, Enn. III, 7, IIXIOTLVOOitepî altovo; xalypdvoo. Le manuscrit, de 500 feuillets, appartenait à la bibliothèque de

Fr. Patrizi.

En attendant une recension plus complète, il importe dès maintenant

d'avertir les philologues que l'indication de Miller est inexacte, en ce quiconcerne l'auteur du fragment. Il est tiré de Plotin, Enn. III, 6, rcepî TÏJ«àTta6sia<; TÔJVàcrwjJiâTtov, à partir du chapitre 6 (ligne 2 de l'édition E. Bré-

hier), è-rcei Ss xoti, et va jusqu'à la fin du traité. Le nom de Plotin a été

barré par une seconde main, qui a écrit au-dessus NOU;JIÏ]VÎOU.Je dois

(1) xiç [îasdivou; ipsa. : -i\  jiaisoivoç Wenclland, taîç [Sasaivoiç,Preuschen,

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WGTIONNAiKES ANÎlQUES DANS L'<EUVRE D'ORIGÈNE 28D

à la compétence de M. Dain, directeur d'études à l'Ecole des Hautes-

Études,d'avoir obtenu

quelquesindications au

sujetde ce

fragmentnon

recensé. 11 l'a examiné lui-même à la Bibliothèque de l'Escurial. Le fili-

grane, qui représente un pot, indique une période qui s'élend aux envi-

rons de 1568, et un travail exécuté dans la région parisienne (cf. Briquet,

Les filigranes, p. 62!>, n? 12.807). L'écriture est selon toute vraisemblance

de Paleocappa. Ce fragment, Enn III, 6, ch. 6-19, présente des variantes

de mots, dont quelques-unes sont nouvelles par rapport aux éditions

modernes du texte de Plotin, et non sans intérêt. Elles seront données

ultérieurement, en même temps qu'on essaiera de déterminer la parenté

de ce texte avec certaines parties de la tradition déjà étudiée.

R. C.Mai 1932.

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LE TESTAMENT DU ROI DE CYEÈNE

Parmi les documents épigraphiques exhumés en ces dernières

années l'un des plus notables est le testament royal que les

Italiens ont découvert à Cyrène en 1929. Ce texte a déjà été

publié deux fois, d'abord par G. Oliverio avec un très amplecommentaire (1), puis par G. de Sanctis, qui, en quelques pages,a montré l'intérêt du nouveau document (2). Je crois pourtant

qu'il y a lieu de revenir sur un point: le testament, inopéranten fait puisque les héritiers n'ont pas eu à en réclamer l'exé-

ctition, me paraît avoir eu une efficacité limitée, mais certaine,

que je voudrais mettre en lumière.

Il ne sera pas inutile d'en reproduire le texte : l'acte ne com-

porte pas de clauses de style qui intéresseraient un juriste ;

mais les termes mêmes dans lesquels il est rédigé en manifes-

tent la signification.

"Exou; TtïvxcxawsxaTOU, |i.7jvè; Awiou •

à.vcLHTl'. tûy/ji• xàôs S'.iâîxo  jîasiXsù;

xal ftxaùJ.aariS K AsoTîàxpa.;, 0ÎWV

'Eiti.cpa.vwv, 6 vscôxspo;• wv y.al xà àvTiypa.Ba

(1) Documenli antiehi deW Africa Ualiana, Vol. I : Cirenaica, fasc. 1 : La stèle

di Tolemeos neoteros, Re di Cirene (Bergamo, 1932).(2) Riv. di filol., 1932, p. 59-67.

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287LE TESTAMENT DO KOI DE CVRENE

si; 'P<à[A7|v Içaiïéo'TaXxat. Eli\  jj.év [AOI

pisxà T^;"ùv 9swv

s'jaevsîa; (/.e-TsXOeîvxaxaijîw; TCJÇ iruTT/iT«[Xîvou; STCI[/£

xïiv avÔT'.ov èitiêouXTjv xal 7ïpoeXo(ULévou;

10  jjirrj [AOVOVxr|; (JaaaXsla;, àXXà xal

xoù ^v a-repyisraî (*e. 'Eàv oé XÏ. <ru|j(.§a'lvr|t.

xwv xax' avOpwTtov -pôxspov Yj o'.aoôyouç .

à.TtoX'.TCîw xrj; jîay.Xsîaç, xaxaXsÎTtM

'Pùiinaioi; Xï)y xa'lrçitouffàv uo'. [ixT'.Xslav

45 ol; arc'

apyyjçx/jv xs oeiXiav xal

xr/)va-'jjj.f/.aylav yv7)<rîw; cruvxs-r/jOïîxa

TOÎ; 6' auxoï; 7iapaxaxaxt9îu.ai. xà Ttpâyu.axa

ffuvxvipsîv sveuy&usvo; xaxà xs xûv Ôewv

 jràvxwv xal xrj; sauxwv suSo^iaç, sàv x'.ve;

20 STtiwTiv r, xaï;-rtoXeop'.v r, xv. yiopat, ^OY|BEÏV

xaxà XYJV cpiXlav xal arimuaylav X7|V

icpô; àXXvjXou; 7,[AÎV ysvo{Jiiv7)v xal xô

Slxa'.ov itavxl T6ÎVS'..

Màpxupa; 8s xouxwv 7toioyu.at. Aiaxsxôv

25 KOITOXWX'.OV xal xoù; MîyâXou; €>soù;

xal xôv "HX'.ov xal xôv àpyvjyéxyjv 'AraXXwva

uap' du xal xà itspl xoûxwv àv.spwxa'. ypàjjipiaxa.

Tûy/ji xf,i, àyaOrji.

Le Ptolémée qui a fait graver ce testament est un souverain

fort décrié (1). Frère cadet du roi Ptolémée VI Philométor,

proclamé roi lui-môme en 170, quand son frère était prisonnierd'Antiochos Epiphane, il avait partagé le pouvoir avec lui

 jusqu'en 164, puis, à la faveur d'une émeute populaire qui avait

contraint Philométor à la fuite, il avait régné seul; mais dès

l'année suivante Ptolémée Philométor, appuyé par les Romains,

(1) Cf. Bouché-Leclercq, Histoire des Lagides, t. Il, p. 27 et suiv.; E. Bevan, A

hislory of Etfypl under the l'ioleinaic Dynasly, p. 306 et suiv. Il succéda à son

frère Philométor en 145 et est connu sous le nom de Ptolémée Vil Evergète IIet sous le surnom de Physkôn, l'Enflé.

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'fP Sftff fÏTÏPv, *V&ï - .- .:•,|»'' '^<?%'K S>Ë?;=-'V5" :

288 t»lERRÈ ROUSSEL,

recouvrait le trône et abandonnait à son frère la Cyrénaïque.

Ptolémée le  jeune y régnait en 135, au moment où il institueles Romains ses héritiers (1).

Il n'a précisé aucunement les limites ni l'élendue du terri-toire qu'il leur lègue. Ou sait que, mal satisfait de son lot, ilavait en 162 réclamé Cypre et que les Romains, par calcul ou

parce que certains intérêts privés étaient enjeu, avaient favoriséses prétentions (2). Ce fut le début d'une longue période de

négociations et d'hostilités, que nous connaissons imparfaite-ment

;dans la mesure où les

fragments conservés de Polybe etde Diodorc nous permettent d'en  juger, les Romains y font

singulière figure. Feu soucieux sans doute de s'engager à fonddans cette affaire, ils échouent, devant la résistance courtoise,mais tenace de Pliilométor, à faire triompher leur volonté (3).En. 135, Ptolémée le  jeune, à qui l'on paraît avoir laissé carteblanche après l'échec des premières tractations (4), n'avait pasréussi à s'emparer de Cypre. Il n'empêche qu'en léguant « r/iv

xaÔ/ixouo-àv fAot j3a<n).Etav », il est en droitd'y comprendre Cypre,ou du moins ses héritiers, qui lui en ont reconnu la posses-

sion, pourront revendiquer l'île pour eux-mêmes.

Il faut prendre garde aux circonstances qui précédèrentimmédiatement la rédaction du testament et qui sont relatées

sur la stèle. Ptolémée le  jeune venait d'être victime d'un

attentat et n'avait pas encore réussi à tirer vengeance des

auteurs de la conspiration. Or Polybe nous rapportait déjà

qu'au début de 134, il s'était présenté devant le Sénat, avait

montré les cicatrices des blessures qu'il avait reçues et avait

(1) La date correspondant au mois Lôios de la 15e année de Ptolémée vscàxepoîparaît être juin 155.

(2) Pol.,XXXI,10, t et suiv. (Ed. Buttner-Wobst).(3) Ibid., 18, 1 et suiv.

(4) Ibid,, 20, 6. Ce passage nous montre en 161 Ptolémée le jeune tout entierattaché à ses préparatifs militaires pour la conquête de Cypre. Mais nous nesavons rien de ce qui se passa par la suite (voir ci-dessous). Nous constatons

qu'en 154 le Sénat lui prête assistance pour une tentative éventuelle contre

Cypre.

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LE TESTAMENT DU ROI DE CYRÉNG 289

accusé ouvertement Philométor d'avoir été l'instigateur du

crime (1). Le Sénat, le crut sur parole; mais Polybe a fait à

Philométor une toile réputation d'humanité que les historiens

modernes se sont empressés de le disculper. On veut que, vis-

à-vis de son frère, sa bonlé l'ait même privé de sens politique

ERRATUM

Page 288, note 1, 1. 2, au l ieu de : juin, lire : Mars.

(1) Pol., XXXIII, 11, 1 et suiv.

(2) Op. laud.,p. 288 : If Philométor had removed hinï, he tnight hâve lost hia

own soûl, bulhe would probably hâve gained more tranquil possession of the

world l'or himself and for the house of Ptolemy D.

(3) C'est ce qu'inclinait à croire Bouché-Leclerq, op. lauil., 11, p. 41-42 ; cf.

P. Jouguet, Impérialisme macédonien, p. 29b.

(4) Pol., XXXIX, 7, 5.

(5) /Aid.., XXXI, 10, 4.

U\-M, XI.V, t 'J3:, il- il!'

-20

..~M

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288 t>lERRI5 ROUSSEL

recouvrait le trône et abandonnait à son frère la Cyrénaïque.

Ptoléméele  jeune y régnait en ISS, au moment où il institueles Romains ses héritiers (1).

Il n'a précisé aucunement les limites ni l'étendue du terri-*"''" nn'il loin- Ifip-nft ()n sait aue. mal satisfait de son lot, il

(1) La date correspondant au mois Lôios de la 15e année de Ptolémée veûrspoîparait être juin 155.

(2) Pol.,XXXl,10, t et suiv. (Ed. Buttner-Wobst).(3) Ibid., 18, 1 et suiv.

(4) Ibid., 20, 6. Ce passage nous montre en 161 Ptoléraée le jeune tout entierattaché à ses préparatifs militaires pour laconquête de Cypre. Mais nous nesavons rien de ce qui se passa par la suite (voir ci-dessous). Nous constatons

qu'en 154 le Sénat lui prête assistance pour une tentative éventuelle contre

Cypre.

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LE TESTAMENT DU UOI DE CYRÈNE 289

accusé ouvertement Philométor d'avoir clé l'instigateur du

crime (1). Le Sénat le crut sur parole; mais Polybe a fait à

Philométor une telle réputation d'Iiumanité que les historiens

modernes se sont empresses do le disculper. On veut que, vis-

à-vis de son frère, sa bonté l'ait même privé de sens politiqueet, avec un parfait machiavélisme, E. Bevan lui reproche de

n'avoir point supprimé un gêneur dont les prétentions affaiblis-

saient la monarchie lagide (2). Le document de Cyrène nous

atteste au moins que le complot dénoncé par Ptolémée le

 jeune devant le Sénat n'a pas été purement inventé par lui (3).

Tl nous engage aussi à formuler quelques réserves au sujet de

cette histoire de frères ennemis, présentée comme le conte du

bon Fridolin et du méchant Thierry.Selon Polybe, en deux occasions Philométor aurait pu pro-

céder à la suppression que recommande E. Bevan. À Alexan-

drie, en 163, Ptolémée le  jeune, ayant régné seul pendant un

an, avait soulevé une haine telle que la populace alexandrine

était prête à le massacrer. Philométor rentrant dans la capi-

tale, aurait montré alors* toute la grandeur de son âme : 8ô£otîÈXTCSOTEIVàitô-f 7Jç àp^ç OTÎÔTiSeXoeoû TO [AEVTOWTOVEV 'AXel;a.v3peiqiXaëwv xa-r' auToû xaipôv 6|/.oXoyoti[ji.£vov àj/.v/imxàxyiTG,v è7ïotï|T£ (4).

Polybe oublie qu'il y avait là des ambassadeurs romains et

qu'en un autre passage, il leur prête une déclaration selon

laquelle ils auraient en cette occurrence sauvé la vie à

Ptolémée le  jeune et déterminé son frère à lui céder la Cyré-

naïque : Siôrt. xal TÏ|V Kupyjvriv 6 vetôispoç xai, -tô iTveû[i.a Si' auxoùç

f/oi (5). La magnanimité de Philométor peut, à tout le moins,avoir été soutenue par les avertissements de. ces conseillers.

(1) Pol., XXXIll, 11, 1 et sniv.

(2) Op. laud., p. 288 : I f Philométor had remôved hiin', he might hâve tost hia

own soûl, bulhe would probably hâve gainod more tranquil possession of the

world l'or himself and for the house of Ptolemy ».

(3) C'est ce qu'inclinait à croire Bouché-Leclerq, op. laud., Il, p. 41-42; cf.

P. Jouguet, Impérialisme macédonien, p. 295.

(4) Pol., XXXIX, 7, 5.

(5) /êid..,XXXI, 10,4.

HH(i, XI.V, 193:, H- îll'

-J0

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290 PIEBliE KOUSSEL

En Cypre, Philométor n'est pas moins cornélien. Ecoutons

Polybe, pour notre édification : ut-cxà ok xaû-a TtàXw èraSouXeûa-aç

T^ KÛTtptj) xûpioç yêv6[X£V0î sv Aavt/jQto TOÛ uw^a-roî' ajxa xal TÎ\Ç

fyvyyiî aùtoCi, -COCTOÛTOVaTtsT^e -où xoÀàÇeiv w£ lyôpov ans xal

Swpeà; TtpoixéOriXÊ uapà xàç Tcpôxepov ûîtap^oûaaç ai»T<3 xarà crwlbjxaç

xal TT|V QuyaTÉpa §waet,v ÔTtsa-^eto (1).

On a voulu parfois dater ce siège de Lapéthos de 158 (2);

mais, bien que Ptolémée le jeune ait rassemblé des merce-

naires déjà en 162, qu'il ait peut-être fait en 158 une première

tentative sur Cypre, l'épisode rapporté par Polybe ne se rap-

porte pas à cette hypothétique campagne. En effet, Diodore,

qui relate les mêmes événements, indique expressément que le

conflit entre les deux frères prit tin à cette occasion : xal -rà xatà

TOÙ; ;3ait,Xeti; elç TÏOXXYJVàAXoTpwfcTjTa xal xivoûvouç à.Tri\kii\.<Tp.é-/QV$

itpoayôsvTa •rcapaôo^ou xal cBiXavôowirou cnA/aiireco; STU^E (3). II. est

invraisemblable que Diodore ait écrit cette conclusion, si, moins

de quatre ans après, un des frères accusait l'autre de tentative

d'assassinat, obtenait du Sénat cinq navires et le concours des

alliés de Rome en Orient pour s'emparer par force de Cypre (4).

Or, si le siège de Lapéthos et le beau geste de Philométor se

doivent placer en 154 ou peu après celle date, on est bien obligéde reconnaître maintenant que la conduite du frère aîné s'ex-

plique sans qu'on lui attribue un excès de vertu. Dans l'attitude

miséricordieuse de Philométor, Diodore avait déjà fait quelque

part à la crainte des Romains : £7caveXéaf)a'. [*èv aù-ôv oùx ST6X|I.7|-

<TÎV, aua JJLSVSia r/|V yp7)<rrÔ77|Ta xal otà TO r/jç oeÔTetoç (ruy^eveç,

S[Aa Se xal Stà xôv arà 'Pw^aiwv tpôëov (5). Mais, comme Philo-

(1) Ibid., XXXIX, 7,6.

(2) CI". Niese, Gesch. Griech. Malted. Staalen, III, p. 211.

(3) Diod., XXXI, 33.

(4) C'est la conclusion qu'avait déjà formulée M. Holleaux, Arch. of Papyrus-

forsch., VI (1913), p. il, note 3, en indiquant, ibid., note 2, les opinions précé-demment émises. E. Bcvan, op. laud., p. 301 et P. V. M. Benecke, dans la Cam-

bridge Ancient Hislory, t. V1U, p. £84, placent sans discussion le siège de Lapé-thos vers 154 ; de même G. Oliverio, loc. laud., p. 62-63.

(5) Comme l'a remarqué M. Holleaux, loc. laud., p. 16, « celte crainte des

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ITOî!t f> ! 5 lg8SSSS 1 iS§ ; ^ F W5Ç!»PpTÇ. ^^ |? .W?J£7KTf i**i^

LE TESTAMENT DU ROI DE CÏRÈNE 291

métor, dans la question de Cypre, avait tenu tête aux Romains,

on avaitpu penser que,

vis-à-vis de son frère, la craintemitigée

qu'il avait pu avoir des alliés un peu hésitants de Ptolémée le

 jeune n'avait pas été un élément essentiel de sa détermination.

La question se pose différemment, maintenant que la fortune

des fouilles nous a reudu le testament de 155.

En vertu de cet acte, qui était exposé dans le sanctuaire

d'Apollon et dont uoe copie avait été envoyée à Rome, derrière

le cadavre de Ptolémée le  joune, exécuté pour raison d'Etat,

auraientsurgi

des héritiers redoutables. Rome, qui n'avait agi

qu'avec mollesse lant qu'il s'agissait seulement des droits d'un

protégé, eût été disposée sans doute à revendiquer âprement

l'héritage qui lui serait échu. Du moins, on le pouvait craindre.

C'était, pour l'Egypte, la perte définitive de la Cyrénaïque et

aussi de Cypre que le Sénat avait rattaché à l'apanage du cadet.

Philométor prit le parti le plus sage ; par des concessions

extrêmes, il chercha à se réconcilier avec son frère et à pré-

parer

le retour de la Cyrénaïque à la couronne en lui faisant

épouser sa fille (1). Je consens qu'il ait été débonnaire, puisque

Polybe veut qu'il n'ait mis à mort aucun des personnages de

la cour ni même aucun Alexandrin (2). Mais s'il avait pu

oublier ses principes d'humanité pour châtier un frère rebelle,

le testament de Ptolémée le  jeune ne pouvait que le détourner

de cette pensée.Ce testament est un acte de calcul; c'est ce qui en fait le

principal intérêt puisqu'il devint bientôt caduc. Pour Ptolémée

le  jeune, il ne s'agit pas seulement, comme l'a écrit G. de

Sanctis (3), d'attacher plus solidement les Romains à sa cause,

mais encore de se proléger contre des conspiralions où il

croyait apercevoir, à tort ou à raison, la main de son frère, en

Romains est avouée d'une manière naïve » dans le décret des auxil iaires crétois

de Ptolémée Philométor (Dittenberger, Or. gr. inscr., n. 116, et texte meilleur,Arch. l'ap.-forsck., VI, p. 10, B).

(1) Le mariage n'eut d'ailleurs pas lieu; cl'. Bevan, op. laud., p. 301.

(2) Pol., XXXIX, 7, 4.(3) Loc. laud., p. 67.

, . i......_.TcÀ-.^ip

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a^t^^iu^^f^^ •^0S%!£&0®£à&

292 PIERRE ROUSSEL

enlevant par avance à l'instigateur supposé le bénéfice de son

forfait. L'efficacité de l'acte dépassa même les prévisions du

prudent souverain : dans la lutte ouverte, il lui assura l'immu-

nité, contraignant Philométor à épargner un captif qui, parun étrange paradoxe, était moins dangereux vivant que mort.

Pierre ROUSSEL.Athènes, mai 1932.

Dans un article récent (Sitzber. Berl. Akad., Phil.-hist. Masse, 1932,

p. 317-336), M. U. Wilcken a reconnu lui aussi que le testament de Pto-lémée le jeune avait déterminé la conduite de Philométor vis-à-vis de son

frère lors de l'expédition en Gypre (cf. p. 334). Mais, comme il estime

qu'un testament, par sa nature même, doit demeurer mystique, et qu'en

conséquence, notre stèle n'aurait élé gravée, on ne sait par qui ni pour

quoi, que longtemps après la mort du testateur, il doit admettre que« Philométor a eu connaissance en quelque manière du testament secret

de son frère ».

Or, l'acte que nous possédons me parait au contraire, dans sa forme

même, avoir été destiné à une publicité immédiate. I.e rappel du motif

qui décide Ptolémée à tester, l'invocation aux dieux, en font une sortede déclaration solennelle. C'est pourquoi je me rallie volontiers aux con-

clusions que vient d'exposer E. Bickermann {Gnomon, 1932, p. 424-430) ".

il distingue du testament proprement dit, que nous n'aurions pas, l'extrait

officiel du testament que la stèle nous aurait conservé.. Cette solution

lève les difficultés d'ordre juridique, soulevées par U. Wilcken, et les

pages qui précédent peuvent montrer pourquoi Ptolémée le jeune a fait

afficher cet extrait.

Je signale aussi l'ingénieuse interprétation que M. Bickermann donne

des 1. 17 et suiv. .• toîç S' aùrtoïçTrapaxataxt6e(ji.ai

taitpaY(JiaT;a

xx\.;

elles

indiqueraient que les Romains doivent respecter en Cyrénaique la forme

du gouvernement et protéger l'indépendance du pays. Ainsi encore tom-

berait une objection d'U. Wilcken selon qui la publication du testament

aurait risqué de provoquer un soulèvement contre le souverain.

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 jj!^S£,5àà^^

REMARQUES SUR L'EXPRESSION DU COMPARATIF

DANS LES PARLERS MODERNES DE NAXOS (1)

Le terme «comparatif», tel que je l'entends ici, s'appliquenon seulement à l'adjectif proprement dit, mais encore à

l'adverbe et au superlatif « relatif », qui n'est en réalité qu'un

comparatif. Je m'attacherai essenliellement à l'expression de la

« supériorité », laissant de côté celle de 1' « infériorité » et de

1' « égalité ».

Le grec commun connaît actuellement deux formations du

comparatif dans les adjectifs (2) : l'une synthétique (type :  jjitxpô-

xepoç, JtaXïÏTepoç), l'autre analytique (type : «ta xaxoç, ittè xaXoç,ma IÇincvoç, Tïto XOVTO?,oîi Tttô — le fait est bien connu —

pro-vient de l'ancien TTXÉOV>UXSO> *UXSÔ]> 7ÏXW> mb). La première

(1) Cet article provient d'observations que j'ai faites à Naxos au cours de l'été

1930; je me suis particulièrement servi des notes que j'avais recueillies en étu-

diant le parler d'une femme habitant le port de Naxos, à l'ouest de l'île, et celuide deux paysannes du village d'Apiranthos, situé dans la partie.montagneuse àl'est. Les résultats obtenus dans les deux localités sont identiques au sujet de la

question qui nous intéresse ici, alors que, sur d'autres points, il existe des diffé-rences notables entre les deux groupes de parlers. Il demeure entendu que ces

remarques sont limitées aux seuls parlers étudiés ; il est possible qu'elles s'ap-pliquent à l'ensemble des parlers de Naxos, mais je n'oserais pour l'instant tirerde conclusion générale. Elles m'ont paru cependant suffisantes pour pouvoir être

présentées dès maintenant. —Je tiens à remercier très vivement M. Andriotis dela complaisanceavec laquelle il a bien voulu me fournir certains renseignementsqui m'ont permis, sur quelques points, de compléter mon étude avant une nou-velle enquête sur place.

(2) Cf. L. Roussel, Grammaire descriptive du roméique littéraire, Pari*, 1922,p. «5-6, §359.

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291 ARDUE MIBAMHEL

est en grec moderne une survivance du comparatif ancien en

-6Tepo;/-<J)TEpo; (la distinclioa est aujourd'hui purement gra-phique) ; elle ne se renconlre que dans un nombre relativement

pelit d'adjectifs. La seconde formation est au contraire posté-

rieure, mais plus courante; elle est possible môme en concur-

rence avec la première (à côté de xaXïi-repoç, xovri-repo;, jjuyaXv)-

Tcpoî, les formes ma xaXèç, mb xov-cè;;. ÏÏW {levâXo; sont correctes^.

Il peut même arriver que, là où les deux types coexistent, il yait fusion et que, par pléonasme, l'on dise mô xa/orJTepoç.

Quant au

superlatifrelatif, il ne diffère du

simple comparatifque par l'addition d'un article (6 xaXvî-Epoç, 6 TUO xaXô;). Le

comparatif adverbial se rend par le neutre singulier ou pluriel

de l'adjectif au comparatif (xaXr,T£px, -rz'.bxaXà, Tispa-oTepo) quandl'adverbe esl tiré d'un adjectif, sinon par Ttw devant l'adverbe

(«w xà-co)). Enfin, le complément du comparatif et du superlatif

s'exprime par la préposition àitô suivie de l'accusatif, quelque-fois par napà (dans des cas dont il est inutile ici d'exposerLe détail).

Cette expression de la comparaison n'est pas panhellénique,mais varie selon les régions. Les parlers de Naxos que j'ai étu-

diés présentent sur ce point des particularités qu'il n'est peut-être pas sans intérêt de mentionner.

I

Sans doute rencontre-t-on dans ces parlers les formes com-munes de comparatif que je viens de rappeler (mô [xeyâlo?,

7ttô.[xtxpôç, iriô -spavo;, [MxpÔTspo?, [Asya/vï^Têpoç pour les adjectifs,

et it'.ô TTOXÙ, Tt'.ÔTepo, xaX/îirspa pour les adverbes); elles sont

naturellement dues à l'extension de la xotvv) moderne.

A côté, se rencontrent des formes locales dans les cas sui-

vants :

i" Comparatif de l'adjectif.

L'adjectif ne subit aucune modification, et c'est seulement

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REMARQUES SUR L'EXPRESSION DU COMPARATIF 295

l'addition d'un complément à l'accusatif introduit par la prépo-

sition ànô qui marque la comparaison. Voici quelques exemplespris à la conversation courante : a.ùir\  (slvai) xaXr, àuô creva « elle

est meilleure que toi » (grec commun : aù~/] (eïvai) xaXïj-epïi ou

Ttià xaXf, ou mh xaX^Tepri àmb «va), eïvai [AEyàXoç àitô uéva « il est

plus grand que moi » (gr. com. : eïvai ma pteyâXos ou pzyaXfoe-

poç àirô  jxÉva)'

69TÔç (eïvai) [xeyâXoç àiro oiva néde ^pôv.a TOXiôxepo« il est plus grand (âgé) que toi de cinq ans au moins » (gr.com. : aùxàç eïvai [i.eyaX-/JTepoç àrco creva TCÉVTS-^pôvia tô XiyÔTepo) ;

ètpTY)eïvai

p.wp'àrcô uéva « elle est

plus petite (jeune) quemoi »

(gr. com. : ai>TY| eïvai TEIÔuixpvi àitô piÉva) ; parfois même le

complément précède l'adjectif : à™ xàv àSepcoô eïvai uixpo? « il

est plus petit que son frère » (gr. com. : eïvai me uixpèç ou

uixpôtepoç àrà TÔV àSepcpô). Le verbe « être » peut ne pas être

exprimé, et l'on a pareillement dans une phrase sans copule :

(aÙTvi) àrai fjiéva ueyâXYj « elle est plus grande que moi » (gr.com. : (aù-r?)) eïvai uiô ueyâXY| ou ueyaX'/ÎTêpv) àrcô uéva.

Cetusage

se rencontre surtout avec lesadjectifs exprimantdes idées de grandeur, hauteur, bonté, ou les idées contraires

(fuxpoç, usyàXoç, AÏJXO;, xaXèç, xaxè;). Avec d'autres adjectifs,

le comparatif est généralement formé à l'aide de itiô, ne diffé-

rant donc pas de l'usage de la langue commune.

2° Comparatif de l'adverbe.

J'ai relevé dans les parlers de Naxos deux manières de tra-

duirele

comparatifadverbial.

A côté de Ttiô uoXù, luôrepo (aussi itXiôxepo), notes dans : nié

TtoXù àra> xpeï; oxâôe?, icXioxepo àirô Sue itpàjAata « plus de trois

oques, plus de deux choses », on rencontre une tournure com-

parable à celle qui vient d'être signalée pour l'adjectif et con-

sistant en l'ellipse demô; ainsi : TOXÙ àrcô xpeïç ôxâSe; Xeîêyexai« il manque plus de trois oques » (gr. commun : Xeîuei iriè

TtoXù àmb , ou nspffdxepo à™....). Cette tournure semble ne se

rencontrer que pour l'expressionde la

quantité.Eu outre, pour d'aulres notions adverbiales, notamment le

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21)6 ÀNDKÉ MIRAMBEL

lieu, ilexisteune tournure dont on nu rencontre pas l'équiva-lent pour l'adjectif, et qui consiste à répéter l'adverbe; là, par

exemple, où la langue commune dit : mo xàTw, xotTÛ-rspa, les

parlors en question emploient : xàiu XIXTW, ce qui ne signifie

pas, comme en langue commune « tout à fait bas, très bas »,

mais « plus bas » (en général, le comparatif et le superlatif dit

« absolu » sont mal distingués l'un de l'autre à Naxos) (1),ainsi : TtpÉTm xorew xâxto àît' TÔ OTCÎTIva itàç « il faut que tu ailles

plus bas que la maison » ; cette répétition de l'adverbe répond

peut-être au besoin de distinguer le comparatif proprement dit

 — qui, s'il s'exprimait tout comme celui de l'adjectif, seraitxàxw àw> « plus bas que » —

(de même que jjLsyàXoç «TW signifie« plus grand que », cf. TTOXÙino)

— de la locution prépositivexàxw àïu> signifiant « au-dessous de » et panhellénique.

3° Superlatif relatif de l'adjectif.

Le superlatif relatif connaît à Naxos des modes d'expressionassez variés ; tous cependant ont un trait commun : ils compor-tent toujours une négation

a) D'abord, le superlatif relatif peut se construire exactement

comme un comparatif ordinaire, mais avec une négation, au

lieu qu'en langue commune c'est l'article qui marque la diffé-

rence et « détermine » le comparatif, 6 TUÔ [AsyàXoç s'opposantà TCIÔ[AeyàXoç; on dit à Naxos : tpeXXôç o.n aù-vô Sèv elvai « il est

le plus fou de tous », m. à m. : « il n'y en a pas (un) de plusfou que lui » (gr. com. : «ÙTOΠ swat 6 TUÔtpsXXôç o.n ô'Xooç) ; on

retrouve ainsi le comparatif ordinaire dans xpsXXoç &K aùxô

(gr. com. : mô TpeXXô; i«' aù-ro) ; l'idée superlative est marquée

par la négation Ssv et le verbe elvat. Très souvent âXXoç accom-

pagne l'adjectif : àXXoç TOEXXOÇan' aÙTÔ SÈV eïvc/i. Il faut noter

une autre différence entre la construction usitée à Naxos et

celle du grec commun : ici, l'adjectif se rapporte à l'individu

(1) Nous verrons plus basque la langue commune à son tour distingue mal la

notion du « très u de celle du « trop ».

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REMARQUES SUR L'EXPHESSION DU COMPARATIF 297

dont on veut marquer la supériorité sur les autres (elvat

(aùtôç) ô 7CLÔxpeXXoç); à Naxos, l'adjectif se rapporte à un indé-

terminé, et l'individu au prolit duquel se t'ait la comparaison

est désigné par un complément (aie* auto) ; le verbe elvat a un

sens assez général et vague « il y a, il existe » (Sèv elvat'iuè xpeX-

Xôç àXXo; ou xavet;), alors qu'en langue commune il ne se rap-

porte qu'à l'individu sujet de la phrase (aùxô; elvat....). On peutà Naxos mettre également le complément avant l'adjectif et

dire : âm' aùfo xpeXXôç Sèv elvat (1).

b) L'idée du superlatif relatif peut encore se rendre autre-

ment : on n'exprime pas d'adjectif qualificatif, mais on s e sert

de l'indéterminé àXXoç avec une négation et de la conjonction

comparative o-àv. Cette construction suppose évidemment que,dans la phrase précédente, il a été fait allusion à la qualité à

propos de laquelle s'établit la comparaison; par exemple :

(aùxô xô TtatSt elvat xaXo), cràv aùxô âXXoi; Sèv elvat « cet enfant est

le meilleur de tous », m. à m. : « (pour telle raison que l'on

indique, cet enfant est bon), il n'y en a pas de meilleur que

lui », ou plutôt « il n'y en a pas un autre comme lui »; Sèv elvat

XXXÏÏ xorcéXXa uàv ècpT7|, [*S<J' orô y_wpto, xat ar/) yvwa-ïi xat or/)

bpoxoTr?i xat ara aXXa « c'est la meilleure  jeune fille du vil-

lage... » (gr. com. : aùx-rç elvat Y; xaXijxef/i...). "AXXo; peut d'ail-

leurs être employé, non seulement comme pronom, mais

comme adjectif indéfini ; c'est avec cette valeur que je l'ai ren-

contré dans une chanson d'Apiranthos (2) :

(1) On peut aussi rencontrer SÀXOΠ uàv 4- l'adjectif précédé de irio, comme danscette chanson :

c»i(j.asîa 8è <roû Sivu,

'Anô asva ôèv cW àX).o?Tciè Tpavàç xal iu5 [jieyàXoç.

Le sens des deux derniers vers est « tu es le plus grand menteur de la terre (il

n'y a pas de plus grand menteur que toi) ».

(2) Je transcris la prononciation du parler; on remarquera : 1 " l a disparitiondu v implosif («à dô ga^à = <ràv xèv KO<Y||JIÔ),2» la contraction du t atone en hia-tus après voyelle (g«no, x»|xô(<) = Kat)p6, xxr]|jiè{) et avant voyelle (fiovaÇSi; =

HOvaÇiâ;), 3° la vélarisat ion du X devant la voyelle o (#fo? = àXXoç), 4° la forme?vai de 3e personne du singulier du verbe « être », pour elvai.

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298 ANDHÉ MIKAMBEL

au. dô ga[J.& TÎ)Z [Aovaijâç âlo; xa.[iô(ç) Sèv l'vat .

soit en transcription commune : ,crocv TÔV xa(/i)[j.ô T/JÇ JJ.OVX£I.!X<; aX'ko^, xavifAÔç Sèv elvot'.

a il n'y,a pas de plus grand chagrin que le chagrin de la soli-

tude », m. à m. : « il n'y a pas d'autre chagrin comparable à

celui de la solitude », c'est-à-dire « le chagrin de la solitude

est le plus grand de tous » (1). Ce tour n'est d'ailleurs pas rare

dans les chansons populaires, et de diverses régions; il apparaît

plutôt comme une formule expressive, tendant à mieux faire

ressortir encore la comparaison et relevant plus du style que dela syntaxe proprement dite ; l'usage en est ensuite passé dans le

parler courant. Dans le dernier exemple cité, il est à remarquer

que rien n'indique de manière précise la qualité sur laquelle

porte la comparaison ; l'adjectif n'est pas exprimé (il faut sous-

entendre [jiEyàXo;) ; le. cas se rencontre là où le qualificatif est

facile à suppléer, quand, par exemple, il est question de l'idée

générale de grandeur ou de beauté (2).

(1) Autres exemples tirés de chansons :

Sèv eJSave xi u.c£6ta \i.ou wpotïa aà g" ètrs'va

(Sèv sîSavs TJ u.dreia u.ou <!>païa iiv *' èaévat <ctu es la plus belle que j'aie jamais vue »),

ad (H) 8tXT, cou lu.opoeià OTÔ gduu.0 Sèv eîSa àXKt\ 

(ffàv t*i 8'.*A> sou ô[Aop-j>ià atovxôajjLO Sèv eîSa àXXr; «  je n'ai jamais vu au monde

de beauté plus grande que la tienne ») ; on remarquera que ma est absent de

toutes ces comparaisons.

(2) On peut dire qu'en ce cas, abstract ion faite de la négation, c'est à un com-

paratif d' « égalité » que l'on a affaire, comme l'indique l'emploi de sàv: seule, la

négation introduit l 'idée de « supériorité ». Le comparatif d'« égalité » proprement

dit (autant que..., aussi [grand] que...) qui, en langue commune, se rend parTÔOO... oso..., n'est guère en usage à Naxos ; sans insister, je me bornerai à

indiquer qu'on le traduit de préférence par sàv, ïsaux, ou par des périphrases —

tournures d'ailleurs possibles également en langue commune. Voici trois exem-

ples relevés dans des chansons :

ïoat [iè priSa spaivodai ta S'JO[iïoulà sou

« tes deux joues sont aussi belles que dés roses » m. à m. : « paraissent comme

des roses » (= oextvovTii TÔSO ôp.op-j)£i; oso...),

âv s' àcixY|<je xavsvaç atô gdffu-o sàvèu-éva

« si jamais quelqu'un au monde t'a aimée autant que moi » (= xôio a' àyâir^o-eo's' Èyw),

o x' è'TtaO'6 PETÔxpiTOç ËitotBa (Y)" Y"* "évi

« j'ai souffert pour toi autant qu'Erotucritos », m. à m. : « ce qu'Erotocritos a

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REMARQUES SUR L'EXPRESSION DU COMPARATIF 299

c) Le tour Sèv ëïvat àXXoç aàv peut être renforcé par sva; et

devient Sèv eïvai àXXo? é'vaç aàv, ainsi dans : oèv elv' âXÀo; l'vaçyopsuTr,; aTtàvu OTÏ) Naijà a-àv STIVK « tu es le meilleur danseur

de Naxos », m. à m. : « il n'y a pas un autre danseur comme

toi... » (gr. com. : eWi 6 xaXyî"i;£pOi;..f).

d) Le superlatif relatif s'exprime enfin par Seûxepoç, qui rem-

place àXXoç, dans une tournure comparable à la précédente :

8sv (EIVXI) 8-ûrepo; a-àv, ainsi : Ssv sys.<. xocl Ssûxspo bxiSi TTÏJ gaXo-

yvw[j«.'la [Aéa' TTO "^wpiô a-àv STOLITO,[xàn p.v) do ittiTei, « c'est le

meilleur garçon du village.. . » (gr. com. : xoûxo eïvai TÔ xaÀr,-•repo...). Asû—po;, plus expressif que àW»<K, même que àXÀoç ren-

forcé par fvxç, est venu renouveler ainsi la tournure.

4° Superlatif relatif de l'adverbe.

Je n'ai rencontré, pour l'adverbe, aucune expression particu-lière du superlatif relatif. Il y a là une notion que les parlers de

Naxos ne rendent vraisemblablement pas nettement ; c'est, en

pareil cas, le comparatif de l'adverbe (cf. plus haut, 2°) qui ysupplée. Ainsi xàxw xâxw peut signifier non seulement « plusbas », comme on l'a vu, mais aussi « le plus bas, plus bas queles autres ». Plus exactement, il y a confusion ici entre le

superlatif relatif « le plus bas (de tous) » et le superlatif absolu,« tout à fait bas, très bas », confusion que la langue commune

ne commet pas, mais qui, dans les parlers de Naxos, peut se

concevoir si l 'on admet, d'une part, que l'expression de la

comparaison y est d'une manière générale moins nette qu'engrec commun, d'autre part, que le grec ne connaît guère le

comparatif « d'infériorité» (1) (comme le français moins que)

souffert, je l'ai souffert pour toi » (= TOTOCërcaOx ô'aa à PETÔxpnro;). Voici enfinune phrase de conversation ; ou ëSuaes tai xoitéW.e; 8à(j.oû -tô Stàtm; Ijjiva « tu medonneras autant qu'aux jeunes filles » (m. à m. : « ce que tu as donné aux jeunesfilles tu me le donneras » (= xoso 6à (JLOÛôwsa; '6<soxai atiç xoxéXXeç). Dans unechanson de Mykonos, K. Dieterich [Spvaclie und VolItsUberlieferunyen der siidli-chen Sporaden, Vienne, 1908, p. 355) a relevé jadis :

£v iyanci^^ àXko via, Sèv eïvou oàv TÏ' l|J.év« (== aàv x' Èjjiéva).(1) Cf. L. Roussel, op. cit., p. 119, § Îi69.

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300 ANDHÉ MIKAMBEL

et que le tour négatif o-àv... Sèv... (cf. 3°) ne traduit qu'im-

parfaitement les diverses notionscomparatives.

Avec l'ad-

verbe, un type de phrase tel que : *aàv omo Sèv elvat |/.axp'.à,« c'est lui qui est le plus loin de tous, les autres sont moins

loin que lui » (analogue au type de phrase avec l'adjectifétudié précédemment) semble, d'après les observations que

 j'ai pu faire, très peu, sinon nullement en usage.

Les modes d'expression de la comparaison qui viennent

d'être mentionnés, présentent tous deux traits notables :

1° le comparatif n'est lié à aucune forme spéciale de l'adjectifou de l'adverbe, qui conservent la forme du positif ;

2° la comparaison n'est marquée que par le complément qui

s'adjoint à Padjectif au positif; c'est donc par un procédé syn-

taxique, plutôt que morphologique, que les parlers de Naxos

expriment la comparaison; l'adjectif demeure invariable (duseul point de vue, bien entendu, de la comparaison, abstrac-

tion faite du genre, du nombre et de la flexion) ; quand

l'adjectif est employé seul, soit à l'état « absolu », il est aupositif; quand, au contraire, il est employé avec un com-

plément, soit à l'état « construit », il est au comparatif.Telles sont les observations auxquelles donne lieu l'expres-

sion de la comparaison dans les parlers modernes de Naxos.

II

Quelle interprétation peut-on donner de ces faits ? Il reste à

en déterminer la place dans l'évolution générale du grec, et le

rapport avec la langue commune : représentent-ils un état plus

avancé, ou un stade antérieur ?

C'est un fait connu dans l'histoire des langues que l'ex-

pression du comparatif est rarement une chose bien déter-

minée ; à tout moment, elle a besoin d'être renforcée ou renou-

velée.

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REMAKQUES SUK 1,'EXPRESSION DU COMPARATIF 301

Le grec ancien déjà avait connu deux types de comparatif,

l'un en -twv, l'autre en -Tepo;. Le type en-iwv n'est

pasabsent

du grec biblique (1), qui atteste sXào-o-wv (Jn., II, 10), p-'lÇwv (Jn.,

V, 36), ydpuv (Mt., XXVII, 64), etc. Mais ces formes ont été

senties comme de moins en moins expressives, et c'est le type

en -xepoç qui les a supplantées ; c'est ainsi que l'on voit appa-

raître et se répandre des formes telles que alo^pôtepoç (Gen.,

XLI, 19), àyaOcÔTepo; (Jug., XI, 28), ou des formes refaites à

l'aide du suffixe -TSOO; sur d'anciens comparatifs eu -iwv dans

lesquelsce suffixe avait totalement

perdusa valeur comme

[AEiÇÔTepoî (Jn., III, 4), èXay^TTO-repoç (Eph., III, 8), formes fré-

quentes dans les papyrus (2). Ce renforcement du comparatif

rappelle le type néo-grec signalé plus haut TUOxaÀ^Tepoç, mè

xovTOtepoç, mb (asya)^T.spo^, TUO ^eipô-repoç (3), et enfin raô-epo

« davantage » refait sur 7tXsov> mb à l'aide du suffixe -tspo sur

le modèle de TOpsotEpo ; il prouve que le suffixe --rspo lui-même

a été souvent senti comme peu expressif et insuffisant pour

rendre lecomparatif.

Legrec biblique appartient

à une

époqueoù la langue renouvelle l'expression d'un grand nombre de

notions; la comparaison (4) est de celles-là. Il y a effort, d'une

part, pour régulariser les formes et répandre un même type

(nous l'avons vu plus haut), d'autre part, pour renforcer par

des procédés morphologiques l'expression même du comparatif

(nous venons de le voir également).On a en outre remarqué (5) que les Évangiles n'offrent pas

de forme decomparatif pour

les

adjectifs àyaÔé;

el xaAoç ; c'est

ainsi qu'on trouve chez Marc (IX, 42) : xaXov sarîv cre xu).Xôv

(1) Cf. F. M. Abel, Grammaire du grec biblique, Paris, 1927, p. 49.

(2) Abel (id.) cite  jMiÇÔTepoç et les formes byzantines xpsiTtoTepoç, (j.eiÇovdTspo<;,

itXeiô'CEpoi;, êXa/tïTÔTepoç.

(3) On a même ici un double renforcement : d'abord -tepoç ajouté à JCElP°" quiest lui-même un vieux comparat if, puis itiô ; le comparatif est ainsi exprimétrois fois dans cette forme.

(4) Cf. H. Pernot, Études sur la langue des Évangiles, Paris, 1921, p. 76.

(5) Ibidem. A cet égard, il est intéressant de noter que c'est surtout avec des

adjectifs exprimant les mêmes idées que les parlers de Naxos n'attestent pas deforme spéciale du comparatif (cf. ci-dessus, 1"), p. 295).

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302 ANDUÉ MlItAMBEL

EvreXOeîv &U ~':v Çwvjv 7) Ta; §uo ^elpotç è'yovTaç àiteXQeïv £*.; Trçv

yéswav (1), chez Luc (XVII,-2) et. chez Mathieu (XVIII, 6):xaXôv ITTIV -^ (cf. aussi LXX, Tobio, XII, 8 : àyaOôv... •»)...).

On constate donc, d'après ces faits, que l'effort pour unifier les

formes du comparatif dans les adjectifs se heurte à l'affaiblis-

sement des types de comparatif synthétiques (à suffixe) en grec,

puisqu'un positif eu arrive à servir de comparatif.

On assiste alors à un renouvellement de l'expression de la

comparaison quise fait d'une double manière

(2):

1° renouvellement du terme qui introduit la comparaison \ 

2" renouvelletnent de l'expression même de l'adjectif.

1° Sauf devant les noms de nombre (3), depuis l 'époque clas-

sique c'est la particule r\  qui introduit la comparaison. A côté

de vi, qui s'est affaibli, puis a finalement disparu (4), on voit

dès le grée biblique apparaître les prépositions Ttapa, ôrâp, ou

àîtô (5) : [Jiyaç xtipio; rcapà Tiàvxa; TOÙ; OÎOÙ; (Exode, XVIII, 41),

àjjiapTwXoi rcapà TCXVTOΠTOVÇ raXtXaîouç (Luc, XIII, 2), àya96; è-yw

um 6-rcsp Séxa TÉxva (1, Rois, 1, 8), zu.Tzzwi\  àrcô TOÛ SspjAaTOç (Lev.,

(1) Ibidem, p. 74, et Abel, op. cil., p. 151.

(2) Cf. aussi K. Dielerirh, Untersuchungen zur Geschickle der grieehiselien

Sprache, Leipzig, 1898, p. 181; A. Jannaris, An Historical Greek Grammar,

Londres, 1897, p. 148 9, §§ 509-515.

(3) Cf. Abel, op. cil., p. 150; il en est de mfme encore en grec biblique: fysav8' itXsîou; TESTEpa'xovTa (Actes, XXI11, 13) ; mais Luc (IX, 13) dit: où* eïoiv TIJUVKXEÎOV T,

àpxoiTCBVTZ.

(4) Ibid., p. 151, Remarque; peut-être sentait-on la confusion avec in «ou

bien »; sans doute aussi, l'adjectif étant devenu impuissant à indiquer par sa

forme la comparaison, ?, semblait trop faible.

(5) Ibid. Si l'on replace cet emploi de Î-KO au mil ieu des autres faits touchant

la comparaison en grec, on se rend compte qu'il ne s'agit vraisemblablement pasd'un « hébraïsme » ; tout au plus a-t-on affaire à un « grêco-hébraïsme », selon

l'expression de H. Pernot [op. cit., p. 13), c'est-à-dire à un fait de langue commun

au grec et à-l'hébreu, aune coïncidence entre les deux langues, sans qu'il y ait

eu action de l'une sur l'autre ; au surplus il est bien improbable que l'influence

de l'hébreu ait pu se faire sentir sur des parlers comme ceux de l'Asie Mineure

et de Naxos ; la rencontre, à ce point de vue, entre deux parlers si différents,

l'usage généralisé de àno en grec, en ce sens, montrent bien qu'il y a là plutôtune évolution propre de la langue.

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KEMARQUES SUU L'JSXPHESSION DO COMPAKAT1F 303

XIII, 3), Ottsp signifiant « au-dessus de », «apà « en comparai-

son de » et ànô « enpartant

de »; plus

tard, lapréposition

knô

s'est développée particulièrement : son emploi après le positif

est ce que nous avons, non seulement à Naxos, mais en plu-

sieurs points de la grécité, notamment à Imbros et dans

certains parlers d'Asie-Mineure (I) ; le fait, on le voit, n'est

nullement localisé. Mais il faut remarquer que, même là

où (comme dans la langue commune et ailleurs) l'expression

de la comparaison n'a pas paru suffisamment expressive ainsi,

c'estcependant

àitô

qui

a été

généralisépour introduire le

second terme de la comparaison, même quand la langue main-

tenait d'anciens types de comparatifs (xa).7ÎTepo? àuô, /stpô-repoî

ànô, etc.) ; il y a là quelque chose de panhellénique, donc un

fait linguistique important.

2° L'addition à l'adjectif d'un suiiixô marquant la comparai-

son a, nous l'avons vu, semblé insuffisante, puisque le suflixe

n'a plus été senti comme nécessaire dans certains cas. Déjà,

dès le grec classique (2), le comparatif même pouvait êtrerenforcé par des adverbes, des conjontions ou des prépositions,

piâXXov, STI, ixoXû, Ttapà, Grap (3) : itEpiTTOTÉpws (JiâXXov (II Cor.,

VII, 13; cf. aussi Marc, VII, 36), ™XX« piàXXov (Phil.,1, 23) (4),

[xr,8èv nXéov raipà TO Si.aT£TXY}AêvGv(Luc, III, 13), tojjiwTspoî urèp

ïtôwav [Aà-^a'.pav (Hébr., IV, 12), fmÇoa-t, [ASTpo'.çicapà Ta sûaraôjjt.a

(Hébr., IX, 23). Quand l'adjectif était dépourvu même de toute

forme de comparatif, c'est aussi p.5XXov qui indiquait la compa-

(1) Cf. Dawkins, Modem Greek in Asia Minor, Cambridge, 1916, §§ 169 et 305.:

XOUTOàicô xsïvo péya eîv*i, elvat tyv\Kb iitô [leva ; cf. H. Pernot, id., p. 75.

(2) Cf. Abel, ibid., p. 150-151 ; A. Jannaris, op. laud. 1897, p. 148 9, §§ 509-515

et p. 316-7, §§ 1187-8; on voit ainsi combien l'expression de la comparaison a

toujours eu besoin d'être renforcée en grec, et, en même temps, combien les

procédés qui ont servi ont souvent été les mêmes, au cours de lhistoire du grec.

(3) ÊTt (Hébr., VU, 15); TO>.Ù (II Cor., VIII, 22) ; itoXù exprime ainsi non seule-

ment l'idée superlative, mais renforce l 'idée comparative également. Que l'on

pense au grec moderne itoîpa itoXù, qui est, selon les cas, tantôt un superlatifrenforcé (« extrêmement »), tantôt un comparatif explétif (« trop »).

(4) Cet emploi de [AÎVXOV avec un comparatif a son équivalent dans le grecmoderne itià xaX-rtTEfo;, comme on l'a vu plus haut (p. 294).

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304 ANDHÉ MIRAMBEL

raison : [Aootâpiov [AâXXov (Act., XX, 35). Dans la langue com-

mune,c'est l'adverbe TCXSOV

(1) quis'est

développédevant l'ad-

 jectif au positif : TIXÉOVxaXôç (àitô), wXéov xaxô; (àrcô), etc. ; parune évolution phonétique,

—que j'ai rappelée brièvement plus

liaut —, TIXSOVs'est réduit à mo, d'où les comparatifs réguliers :

Ttio xaXôç oHtô, TZCOxaxôç ouw, etc. Dans certains paliers néo-grecs,

notamment en Macédoine (2), en Thrace, en Epire (3), et en

Asie Mineure (4), l'adjectif est précédé de àx6[A.a « encore », avec

valeur de comparatif : ocxofjwt xaxôç àità, àxô[/.a È^uuvoç à-rco, ou

bien do àXXo; : sïvoa xi àXXo; TcXoûmoç an' sxstvo (5), au lieu du

grec commun : eïvxi mo TCXOUTI.OÇait' èxeïvo « il est plus riche

que lui », ce qui rappelle un peu les faits de Naxos que je citais

plus haut (tràv aùxè «XXo? oèv sîvai). On a pensé au bilinguisme

pour expliquer certains de ces faits (6) ; les faits de Naxos, en

tous cas, ne se laissent pas interpréter de cette façon ; là encore,

il n'est pas impossible que des langues différentes recourent

quelquefois, pour l'expression de certaines notions, à des pro-

cédés identiques, sans pour cela s'être influencées.

(1) J'ai même rencontré dans une chanson de Naxos itXéov renforçant l'idée

comparative et tenant lieu d'un véritable adjectif (= iis^aX^TEpoî) :

rcXéov àrc' SXXo Ipatrir, IXitlSa vi (i^v ëj(ei<;

« que tu n'aies pas plus d'espoir qu'un autre amoureux » ; la langue commune

aurait dit plus volontiers : va |AV ï/etç |xeYaX-fycêpY|(ou TOpadtepri) sVrctSa 4it' 3X\ov

spatrcT,. D'ailleurs itXéov n'est pas à Naxos spécialisé dans l'expression de la

comparaison ; ainsi, dans une autre chanson, on trouve :

...*ai ii).£OV oirou piè [j.iaâ<; va a' àito^atpSTf|<rM

« ...et (pour) te dire adieu, puisque désormais tu me hais », où TTXÉOVn'im-plique aucune idée comparative ; cf. une chanson de Kos, où ce mot a le même

emploi (K. Dieterich, op. cil., p. 390) :

dfç xi. xôxe TZXU'.Ô(= ôtç xi TÔTE itià).

(2) Cf. H. Pernot, ibid., p. 75 ; Psaltes, epaxixi, Athènes, 190», p. 61.

(3) En particulier dans le parler des Saracatsans, mais dans certains cas seu-

lement (cf. C. Hoëg, Le parler des Saracatsans, Paris, 1922-1926, in-8°, t. 1, p. 231).

(4) Cf. Dawkins, op. c iL, p. 48 et sq., § 21.

(5) Cf. en français familier : « I l est autrement fort (que lui) (= bien plus

fort) ».

(6) Cf. H. Pernot, op. cit., p. 75.

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REMARQUES SDK L'EXPRESSION DU COMPARATIF 30a

On voit donc le double effort accompli par le grec pour renou-

veler l'expression du comparatif; selon que l'on considère le

terme de la comparaison, ou la qualité sur laquelle elle porte,deux systèmes sont demeurés plus ou moins indépendants l'un

de l'aulre dans les divers parlers, mais ils se sont croisés et

tondus en un seul dans l'usagé commun, où se trouve l'expres-sion la plus complète de la comparaison (1). La langue com-

mune atteste ainsi sur ce point une évolution plus avancée

que les parlers de Naxos, puisqu'elle connaît non seulement

l'emploi de àro>, mais celui de «iô. Les parlers de Naxos en

question représentent donc un slade où le grec s'est débar-rassé déjà de ses formes anciennes de comparatif, mais où,

pour y suppléer, il se borne à renouveler les mots qui intro-

duisent les ternies de la comparaison, sans modifier l'adjectif (2) :

le cas est net pour les comparatifs du type [^àXo; kno. Les

autres formes de type Sèv... ^.eyc/Xoc,cràv, àXXoç (svaç) ôèv eïvoa...,

etc., apparaissent comme des renforcements expressifs de l'idée

comparative, venus s'ajoutera un type senti déjà comme trop

débile —  jusqu'au moment où s'est répandu le type communTtiô  jAgyaXôç anô, qui n'est pas parvenu à supplanler les autres,

car les formes locales sont bien conservées. Il faut remarquer

(1) Réserve- faite toutefois pour la notion du « trop » qui n'est pas nettement

exprimée et est parfois rendue de manière équivoque ; cf. plus haut, p. 303,note sur itip* itoXù (comparer aussi : (;iè xô) icapaitivw qui traduit égalementcette notion).

(2) Dans tout ce qui précède, je n'ai considéré que le cas, pour l'adjectif ou

l'adverbe, où le comparatif est pourvu d'un complément. Toutefois, s'il s'agit

d'exprimer l'idée comparative sans complément (type : il le fait davantage, il estplus grand, etc.), les parlers de Naxos recourent au suffixe -xepo beaucoup plus

qu'à iuo : rapïôxepo, iriôxepo, p.ei,aXr|Xepo<;, ^'l^ôtepoç, yXuxôxEpoî; ainsi, j'ai relevé

dans un conte populaire Xéet xo nefyJaX^xepo 8ep(o axè Xa(7)o « la bète la plus

grande dit au l ièvre... », et : 6X01 <po6Y|6T,xave, àXX' TOpmao'xîpo 6 'Apâit-riç « tous

eurent peur, mais le Nègre encore plus ». Il est possible également que l'on

redouble le positif : icoXi itoXù, xoéxu xâxw (cf. ci-dessus, 2°, p. 5), <|srjXo{ <|/T;XOÇ,

 jjieyâXoi; pLeyâXoi;, etc., la distinction se faisant mal, comme je l'ai signalé plus

haut, entre « comparatif » et « superlatif absolu ». Ainsi, dans un conte de Kos,K. Dieterich [ibid., p. 492) a relevé : ô [nxpàî [uxpô<; è/otxflexo (= 6 [Xtupôtepoî) ;dans un autre conte, il a noté un comparatif et un pesitif côte k côte (p. 301) :

6upeï<to, xijeïvo xo

(Jouvd,xo itxmo

1)^X0,

(léya; (= xô

Oêwpsïc,ëxeïvo xô

(3ouvd,xà 7ti6 tyT^à, xô [TTIÔ] (xeyàXo;).

RE6, XLV, 1H32, n> 41i 21

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306 ANDUÉ M1RAMBEL

cependant que l'usage n'ea paraît pas indifférent, mais semble

dépendre de la notion traduite par l'adjectif ou l'adverbe : c'est

surtout dans l'expression des notions simples, générales, queles tournures locales sont restées.

Des faits exposés, il résulte que, non seulement à JNaxos,mais dans d'autres parlers néo-grecs aussi bien qu'en langue

commune, la comparaison cesse d'être sentie comme le propre

de radverbe ou de l'adjectif : elle ne tient pas à une forme spé-ciale qu'ils revêtent — (la langue ne fait pas toujours effort

pour conserver ou créer un type distinct du positif)— et elle

se traduit, par des procédés qui leur sont extérieurs. Par là se

marque, sur ce point comme sur d'autres, l'évolution du grecvers une expression plus analytique des notions gram-maticales.

Il faut noter aussi, conséquence de la précédente remarque,

que la comparaison peut se rendre de manières assez diffé-rentes dans une même langue, soit au cours de son histoire,

soit à une même époque en des points divers du domaine où

elle est parlée — et cela malgré le nombre relativement borné

des procédés qui l'expriment —. En nous reporlant à ce qui a

été dit, nous voyons que les parlers de Naxos ont à leur dispo-sition les types de comparatif suivants (1) :

1° KaA'/^epo;, x»Xir)?epa2° XXAO; xaXès, xalà xaXà

3° xaXô* O.TÏO

4° xaAa x.aXà ttTtô

5" TtXéov auô (ahko)6° osv (eïvat) ...xaXôç ïàv

(1) J'ai classé ces formes d'après leur degré plus ou moins grand d'analyse,d'après la complexité et le nombre des éléments qu'elles renferment — non

d'après leur fréquence d'emploi qui est variable, comme on a pu voir par ce quiprécède, et sur laquelle je ne reviens pas.

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REMARQUES SUR ^EXPRESSION DU COMPARATIF 307

7° Sèv (elvai) ...àXXoç cràv

8° OÈV ...àXXoç e'vaç cràv

9° oèv (eivai) oYJTspo? ...cràv

10° ajoutons en dernier lieu les types communs :

xaX7JTeooç àità, xaXï)Tspa àrcô, Sev (elvat.) àXXo; TÎ'.Ô ...àjtô (et je ne

dis rien des formes du comparatif d'égalité : xaXôç cràv, xaXôç

ï<ra W.S, avec la périphrase de type : èxelvo TTOÙSîven; è<rû, xô SLvw

èyà).

Cette variété traduit sans doute une certaine richesse d'ex-

pression, mais aussi une incertitude, puisque ces parlers n'ont

pas réussi à adopter un type unique et fixe.

Malgré leur diversité, enfin, les modes d'expression de la

comparaison ne recouvrent pas toujours exactement les mêmes

notions d'un parler à l'autre : ainsi que nous l'avons vu, les

parlers de Naxos ont la possibilité de distinguer, autrement

que par la présence ou l'absence d'un complément, le compa-

ratif employé seul du comparatif ;iccompagné d'un second

terme (xaXïjTêpoç et xaXèç àrcô), ce que ne peut faire la langue

commune («LÔ xaXôç et itiô x*Xo; àitô) ; en revanche, ils distin-

guent mal « comparatif » et « superlatif »; ils ne répondent

pas non plus à une nuance sémantique très précise entre les

expressions « négative » et « positive » du comparatif (« pas

autant que » ou « moins que » et « plus que ») ; enfin, les

notions d' « égalité » et de « supériorité » dans le comparatif

se rejoignent souvent dans ces parlers, puisque c'est seulement

à la présence ou à l'absence d'une négation que tient la diffé-

rence ; mais aussi l'égalité proprement dite peut s'exprimertout autrement. Il faut donc voir là le reflet d'une certaine

confusion dans les notions comparatives, et la preuve que la

comparaison n'est pas simple à rendre.

André MIRAMBEL.

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ART ET FOLK LORË

DANS LES MPMAKEYTPIAI DE THEOGRITE (1-63)

Le début des <I>aQ[/.axsu?pi.at.est une scène de sorcellerie. En

voici une traduction :

« Voyons, le laurier. Fais passer, Thestylis. Maintenant,le philtre. Mets à la coupe la bandelette de fine laine rouge.Je veux, puisqu'il me fait de la peine, jeter un sort à

l'homme que j'aime. Voilà douze jours que le misérable ne5 vient plus, | n'a daigné savoir si l'on est morte ou vivante,

ni n'a frappé à ma porte, le vilain! C'est sans doute

qu'ailleurs Eros a emporté son coeur volage, et Aphroditeaussi. J'irai à la palestre de Timagète demain, pour lui

10 reprocher ce qu'il me fait. | Mais maintenant je vais sacri-

fier pour lui  jeter un sort. Toi, Séléné, sois bien brillante,

car c'est à toi que va s'adresser mon chant, paisible génie,

ainsi qu'à Hécate souterraine, celle dont les chiens ont

peur, quand elle s'avance au milieu des tertres funéraires

et du sang noir. Salut, Hécate redoutable ; assiste-nous

15 jusqu'à la tin, | fais que ces sortilèges ne soient pas infé-

rieurs à ceux de Circé, de Médée, de la blonde Périmède.

Ianx, attire cet homme vers ma demeure !

La farine d'abord est consumée par le feu. Allons, sau-

poudre donc, Thestylis ! Malheureuse,,où ton esprit slest-il

20 envolé? | Est-ce que je ne suis plus pour toi aussi, mieé-KEG, XLV, 1932, n» 213. 25

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362 LOUIS ROUSSEL

rable, qu'un objet de risée? Répands, et dis en même

temps : « Ce sont les os de Delphis que je répands. » Iunx,

etc. Deiphis m'a fait souffrir. Alors, moi, à l'intention deDelphis, je mets à brûler le laurier. Il pétille fort en s'allu-

25 niant; | il a brûlé d'un seul coup, je n'en vois même pasles cendres. Puisse de même la chair de Delphis tomber

en poudre dans les flammes. Iunx, etc. Comme  je fais

fondre ce morceau de cire avec l'agrément de la divinité,30 ainsi fonde sur le champ d'amour Delphis de Myndos. | Et,

comme tourne ce rhombus de cuivre, puisse, poussé par

Aphrodite, Delphis tourner autour de notre porte! Iunx,etc. Maintenant, je vais sacrifier le son. Et toi, Artémis,

qui pourrais faire mouvoir, jusqu'à l'acier de l'Dadès et

35 toute chose inébranlable... | Thestyiis, les chiens nous

l'annoncent en hurlant par la ville, la déesse est aux carre-

fours. Fais au plus tôt retentir le cuivre. Iunx, etc. Vois

comme la mer se tait, et se taisent aussi les airs ; mais la

40 douleur ne se lait point au fond de ma poitrine. | Pour lui,

tout entière  je brûle, pour lui qui, de moi, malheureuse, afait, non une épouse, mais une femme mauvaise, une fille

perdue. Iunx, etc. Je fais les trois libations, et trois fois,déesse vénérable, je dis : « Que ce soit une femme qui soit

45 couchée auprès de lui, que ce soit un homme, | puissel'oubli en être aussi profond chez lui qu'autrefois chez

Thésée, dit-ou, lorsque, à Dia, il oublia Ariadneaux belles

boucles ». Iunx, etc. L'hippomane est une plante qui

pousse en Arcadie, el par quoi toutes les  jeunes cavales50 sont folles,dans les montagnes, toutes les rapides juments.

| Puissé-je voir de même Delphis, puisse-t-il passer ce seuil,

pareil à un fou, au sortir de la grasse palestre ! Iunx, etc.

Delphis a perdu cette frange de sa tunique. Je l'effiloche

55 et la dépose dans la flamme sauvage. | Hélas ! cruel Eros,

pourquoi, attaché à ma chair comme une sangsue des

marais, en as-lu bu tout entier le sang noir? Iunx, etc. Je

pilerai un lézard, et  je lui porterai demain un funeste breu-

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ART ET FOLK LOBE DANS LES *APMAKE1TTPIAI DE THEOCRITE 363

vage. Thesthylis, prends maintenant ces herbes magiques,60 va en exprimer le sue, | en en frottant le dessus du seuil de

sa porte, pendant qu'il fait nuit encore, et dis en outre, encrachant : « Ce sont les os de Delphis que je vide de suc. »

Dans l'introduction, d'ailleurs si vivante, Simaitha dit à

Thestylis bien des choses qui sont uniquement à l'adresse du

lecteur (4, 10, etc.), mais la cérémonie magique est annoncée

dès le premier vers, et nous savons presque tout de suite à

l'intention de qui elle est faite, et par qui.

C'était une excellente idée que de nous faire assister à unescène de sorcellerie. D'abord, le recours au surnaturel est bien

le fait d'une amante désespérée; ensuite, une pareille scène

peut piquer la curiosité et donner un frisson d'horreur. Pour se

renseigner sur la magie, Théocrite n'avait qu'à regarder autour

de lui : elle florissait dans presque toutes les classes de la

société grecque, comme aujourd'hui. Mais il était tenu de

composer une cérémonie magique. La liberté de l'art permettait

d'en omettre tel moment, d'y ajouter tel détail peu orthodoxe,de l'interrompre, malgré le rituel, par une plainte passionnée.Il convenait cependant que la cérémonie se tînt. Simaitha, quis'est résolue à la faire, qui doit avoir foi dans son efficacité, et

qui a l'habitude des pratiques magiques (V. 91), a certainement

mis toutes les chances de son côté, par une exacte préparation.Ici nous prenons Théocrite en défaut : il a eu le tort de

mêler indiscrètement des sortilèges qui ne vont pas ensemble.

Il afait, pour rassembler ses documents, une sorte d'effort

scientifique, mais sa science d'Alexandrin ressortit trop à celle

du brocanteur.

Le vice le plus flagrant est le mélange de la magie blanche

et de la magie noire. Que veut Simaitha? Ramener son amant :

qu'il revienne, affolé d'amour (50). Donc, elle fait fondre un

morceau de cire (Non une poupée, qui ne pourrait servir qu'àun maléfice) afin que Delphis"fonde d'amour (28), et tourner

unrhombus,

afinqu'il

vienne tourner autour de sa maison(31).

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.'§ - .£IpSv;,, J" ia^if8^- ^v^^fjS^piSS^^ ÇîpS» (3*g

364 LOUIS KOUSSEL

Ici comme là, il y a un geste rituel, et une formulette dont le

terme essentiel constitue un jeu

de mots[fondre, tourner).

Si

l'opération réussit, Delphis reviendra plus amoureux que

 jamais. Il ne se sera rien passé de tragique. C'est blanche

magie.Mais ailleurs, c'est magie noire. Il s'agit de nuire à la per-

sonne physique de Delphis, de consumer ses os (21), ou de les

vider de leur suc vital (62), de brûler sa chair (26). Qu'un de

ces envoûtements réussisse, et Delphis mourra. C'est bien sa

mort que veut Simaitha, quand elle parle d'une boisson funeste

(58) qu'elle lui portera (sans dire comment elle pourra bien la

lui faire prendre !). Entre ces maléfices et les xa.ra.Sea-jji.otde tout

à l'heure, il y a totale incompatibilité. Dira-t-on' que Simaitha

hésite entre l'amour et la soif de la vengeance? Non : elle est

décidée à n'user d'abord que des enchantements (v. 159). Le

poète est coupable, et non son personnage.Les sortilèges employés ici sont du reste assez monotones :

les herbes (59), le rhombus (30) sont très bons, mais le feu

 joue un trop grand rôle (18, 24, 28, 54), alors qu'il y tant

d'espèces d'envoûtement possibles! De cette monotonie, si elle

était voulue et rigidement observée, il y aurait à tirer un effet

de prélogisme sauvage ; mais le poète est à cent lieues d'y avoir

pensé. La vérité, c'est qu'il s'est insuffisamment renseigné. Le

sacrifice du son et de la frange de tunique l'ont si bien embar-

rassé, que, dans l'un et l'autre passage, il feint que Simaitha

s'interrompt tout-à-coup (35, 55). Interruption adroite, mais

pas assez pour dissimuler une impuissance. La boisson meur-

trière, qui n'est pas encore préparée au vers 58, n'est donc

pas la même chose que le philtre du vers 1. Ce philtre est men-

tionné pour ne servir ensuite à rien.

Enfin, la scène de magie renferme des parties qui n'ont rien

de magique. Simaitha souhaite que Delphis oublie son nouvel

amour, comme Thésée oublia Ariadne (45). Ce voeu emplit un

couplet strictement parallèle à ceux qui sont magiques, et n'est

pourtant qu'un simple souhait, que nul geste rituel, nulle

%j:-,

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rm^wm^MS, ^:VSïf|§ll?SI

ART ET FOLK LORE DANS LES fAPMAKEl'TPrâl DETHEOCRITE 365•

formulette n'accompagne. Et il est gâté par un rappel mytho-

logique, aussi froid que celui (15) de Circé, Médée et Palamède.

Théocrite parle dans ces passages, non la sincère et doulou-

reuse Simaitha. Le passage qui a trait à l'hippomane (48)encourt un reproche analogue. Simaitha ne dispose pas d'un

fragment d'hippomane, au moyen duquel elle ferait un sorti-

lège. Elle se contente d'appuyer un souhait pur et simple sur

une comparaison claudicante : de même que les cavales sont

rendues folles par l'hippomane, de même puisse Delphis reve-

nir affolé. Affolé par quoi? Il manque l'essentiel d'un des

termes de comparaison. Et le début du couplet : « L'hippo-mane est une plante qui;.. », à une allure pédantesquement

professorale.On ne trouve pas dans le passage l'horreur sacrée qu'on eût

espérée. Par exemple, l'auteuc n'a rien tiré de l'approche d'Hé^

cate. En supprimant le àvà utrôXiv (36), en remplaçant xpiéSoiç

parxptéSc)) (36), on aurait obtenu ce sens : « La déesse est dans

le carrefour voisin », et, sentant la présence réelle, on aurait

pu frémir, adventante dea.La cérémonie magique n'a fourni au contraire qu'un décor

curieux, amusant, comme le bric à-brac hétéroclite qui entoure,

dans un opéra, quelque vieil alchimiste, Etonnamment carac-

téristique de la poésie alexandrine, ce passage nous la révèle

(et c'est un de ses moins heureux aspects), brillante, légère,

superficielle, peu solide... en somme petite.

Louis ROUSSEL.

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c-iîBife&î

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UNE FORME ÉTOLIEME A DELPHES

Vers la fin du troisième et le début du second siècle avant

notre ère, dans la Grèce du nord, de Dodone à Delphes (Thes-salie, Phtiotide et Locride orientale exceptées), c'est-à-dire sur

le domaine et à l'époque où s'exerce l'influence politique de la

ligue étolienne, apparaît sporadiquement dans les textes épi-

graphiques, sans consistance ni cohérence, un datif singulier

thématique en -01. Il est tentant de mettre en rapport le fait

linguistique et le fait politique (cf. Bull. Soc. Ling., XXX, I,

pp. 73-75). C'est cette hypolhèse que l'on se propose de confron-

ter, ici avec les données du parler le mieux connu de la Grèce

du nord, celui de Delphes.A partir du moment où les inscriptions delphiques distin-

guent Ci de O (début du iv° siècle), le datif singulier thématique

y est en -01. En 195 apparaît le datif en -01, dont les exempless'échelonnent sur tout le second siècle — uniquement dans des

actes d'affranchissement. Au premier siècle, on n'en trouve plus

que trois ou quatre exemples isolés (dans des affranchissements :

GDI, $146 (i) et $321 (2); exceptionnellement dans une proxé-

(1) Ce texte (publié pour la première fois BCH, V, p. 45) est daté par Baunack

(d'après ceux qui l'entourent) de la seconde moitié du second siècle. Mais Pomtow

(Inscr. Delph. 1086; cf. Riisr.ii, Gramm., p. 69, note 1) en fait descendre la date

 jusqu'en 74/57.

(2) Cet acte, du milieu du premier siècle (951 de Lebas, et CIG. 1109 b) four-mille de fautes; il est, par surcroît, extrêmement mutilé. Ce qui subsiste de la

ligne 11 apparaît comme suit (d'après Baunack) : ....] AOVAlZMOIBAlBEIONIIA

PEXONTOEQIOnOlTANflNANO | [... L'éditeur interprèle : ...licl ic«Ta]Sou>.is[i[(w)]t,P[(')]6[(a)jlov T.a.pzymi[(u>)] T[(W)] [(8SÛ)]I xàv wvàv 8|[Teetc... Quelle que soitl'in-

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UNE FORME ÉTOMENNE A DELPHES 367-

nie : BCH, XXIII, p. 572) (1); et les affranchissements, du

milieu du premier siècle avant au milieu du second siècle

après notre ère, n'en présentent plus un seul.

Du second siècle avant notre ère, les actes d'affranchisse-

ment déjà publiés sont assez nombreux pour qu'une statistiquede ceux qui présentent -01 soit significative. Il y sera tenu

compte, d'une part, de ceux qu'a réunis Baunack {GDI, 1684

à 2500) ; d'autre part, de ceux publiés à ce  jour au tome III

(Epigraphie) des Foui/les de Delphes (quarante dans le fasc. I,le plus ancien datant de ISO environ; soixante-deux dans le

fasc. //,1e plus ancien de 136 ; soixante-quinze dans les numéros / à 178 du fasc. III (2), les pluB anciens de 162 environ ; cinqseulement dans le fasc. IV, et dont aucun ne remonle au second

siècle) (3). L'acte le plus ancien où apparaisse -01 date de

mars-avril 193. En dix-huit ans, sur 13i actes, la seconde prê-trise en présenle S où apparaît -01, soit près de 4 0/0 ; en dix

ans, sur 80 actes, la troisième prêtrise en présente 3, soit prèsde 4 0/0 ; en treize fins, sur 145 actes, la quatrième prêtrise en

présente 15, soit près de 11 0/0 ; en quatre ans, sur 58 actes, lacinquième prêtrise en présente 1, soit moins de 2 0/0; en

dix ans, sur 118 actes, la sixième prêtrise en présente 2, soit

moins de 2 0/0 ; en trente-neuf ans, presque jusqu'à la fin du

siècle, sur 140 à 150 actes, les prêtrises sept à dix en présentent

10, soit près de 7 0/0. La fréquence de la forme-01 est donc

particulièrement grande pendant le second quart du second

siècle. Des trois années de la première prêtrise on ne possède

correction du texte, et bien qu'il faille, dans cette même ligrne, corriger O e n i l

à la finale de l'impératif, rien ne prouve qu'on doive corriger [xaT»]Sou),tir|ioï,et [(9e)]oî.

(1) Proxénie pour un Acarnanien ; archontat d'Aiax[8:«; II (vers 84) ; pierre déta-

chée, à l'Est du temple ; copie Couve-Fournier. On y lit : xiï>i ôeot (1. 6), mais

partout ailleurs : -fil (10 exemples).

(2) Je dois à l'obligeance de M. Bourguet d'avoir pu lire, en épreuves, cette

partie de la publication de M. Daux.

(3) 11 n'a pas été tenu compte des actes publiés au tome XXII du HCH, destinés

qu'ils sont à reprendre leur place au tome III des Fouilles, à mesure de la publi-cation. Le seul de ces actes où se trouve un d atif en -01 y est d'ailleurs déjà

publié (fasc. I, S68\.

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^^^.^m;'<w^m-^^. .^?¥^'%5%^^ y

368 „ MJCHJEL LEJEUNE

décorum®..,4i&atf*tGDI, 2049, 2072, 2116, 2117); on y litSjôutèménl -$l ; mais on n'en saurait conclure que la forme-01

ne se trouverait pas pour cette période dans la même propor-tion; qu,e: durant les deux prêtrises suivantes. Enfin-01 n'appa-

raisgantque dans des actes d'affranchissement, et ce genre de

textes taisant défaut pour le troisième siècle, on ne peut affir-

mer'que -Ql n'est pas plus ancien à Delphes que notre exemplele plus ancien, daté de 198.

, Il n'est donc pas possible, faute de documents convenables,de préciser le moment où s'introduit -01 à Delphes; en tout

cas, les deux premiers exemples qu'on en a (195 et 192) appar-tiennent encore à la période élolienne, et sont datés des secondes

stratégies d' 'AXlSjavSpoç et de Aajj.6xpt.Toc respectivement; parti-culièrement abondants aux alentours des années 169 à 164, les

exemples s'espacent ensuite dans la seconde moitié du siècle,

pour disparaître dans la première moitié du siècle suivant :

L'action linguistique est décalée dans le temps par rapport à

l'action politique. La forme étolienne -OIS du datif pluriel des

thèmes consonantiques apparaît à Delphes dès la première moi-tié du troisième siècle; elle y est encore vivante deux siècles

plus tard. Le datif singulier thématique en -01 a été éliminé

bien plus vite par la langue commune.

C'est qu'aussi bien, socialement, les deux formes ne soht passur le même plan. La forme -OIS se trouve à Delphes dans

toute espèce de textes. La forme -01 ne s'y trouve que dans des

affranchissements, et de toute évidence comme un vulgarisme ;

sur l'ensemble du domaine où, à la même époque, la répandl'influence étolienne, les documents les plus relevés où elle

apparaisse sont des décrets de proxénie; la langue politique et

diplomatique l'ignore. C'est la répartition même que présententles textes proprement étoliens ; la plupart de ceux que nous

avons étant de caractère politique, on comprend qu'il ne soit

pas dès l'abord apparu que l'extension de -01 pût s'expliquer

par l'influence élolienne.

Si l'on considère le groupe des parlers dits du nord-ouest

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UNE FOIIME ETOLIENNE A DELPHES 369

(éléen, acarnanien, épirote, étolien, locrien, phocidien), on

y observe, aux deux extrémités du domaine, en Elide d'une

part, autour du sanctuaire d'Olympie, et d'autre part en Pho-

cide, autour du sanctuaire de Delphes, deux attitudes linguis-

tiques opposées ; l'éléen conserve jalousement ce qui le singu-

larise, et se défend contre l'influence des grandes langues de

civilisation ; le delphique s'ouvre de bonne heure à cette

influence, et se pénètre de xoivvi. Or les langues de civilisation

dorienne et ionienne-attique ne connaissent, l'une et l'autre,

que le d atif en -ûl. On peut donc se représenter les choses

comme suit : le datif en -01 serait propre aux parlers du

nord-ouest, à date ancienne ; conservé par l'éléen, il aurait été

à Delphes éliminé très tôt par la forme commune : le dia-

lecte est suspect d'influences étrangères à dater du moment où

y est adoptée la graphie ionienne ; or, c'est à partir de ce

moment seulement que nous pouvons distinguer -QI et 01; si

nous n'y lisons alors que -ÛI, c'est que la forme et la graphieioniennes ont pu pénétrer ensemble. Dans les parlers intermé-

diaires, tardivement connus, comme ceux d'Acarnanie etd'Etolie, l'influence des langues de civilisation aurait introduit

-QI sans faire disparaître -01 ; les deux formes coexistantes se

seraient réparties socialement, entre la langue officielle et la

langue vulgaire. On comprend dès lors que parmi les deux ou

.trois traits dialectaux par lesquels cherche à se caractériser la

langue de la Ligue Etolienne, n'ait pas figuré le datif en -01,

qui, barbare pour le commun des Grecs, était vulgaire en éto-

lien même, et qui par surcroît n'était pas propre aux seuls dia-lectes du nord-ouest.

C'est une répartition analogue que .laisse entrevoir, au

second siècle, l'épigraphie delphique. Aucun indice ne permetde penser que, si le datif en -01 a pu appartenir anciennement

au phocidien, il ait survécu à Delphes d'une manière quel-

conque entre le quatrième et le second siècle. C'est donc

l'influence etolienne qui l'y introduit (ou l'y réintroduit). Le

fait est significatif. Il enseigne que cette influence, loin de

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370 MICHEL LEJEUNE

n'avoir été à Delphes que celle d'une langue de chancellerie,s'est exercée

profondément,et aussi bien sur la

languevul-

gaire. Le datif en -01 est à Delphes un étolisme de l'a langue

populaire, de la langue parlée.

Cependant, à Delphes, la tradition de l'écrit est très forte; et

c'est celle du datif en -01. Elle reprendra assez vite le dessus, de

façon complète, après l'effondrement de la puissance éto-

lienne; au temps même de cette puissance, elle ne laisse qu'àpeine apparaître l'autre forme : dans des affranchissements

seulement, on l'a vu; au moment le plus favorable, dans unacte sur neuf; et, dans trois cas seulement, au total, sur trente-

six, d'une manière cohérente au long des quelques lignes que

comportent ces documents. Considérons, en regard, une cité

locrienne comme Naupacte, demeurée étolienne beaucoup pluslongtemps que Delphes, mais où  jamais non plus la languecommune n'a eu sur le parler local l'emprise qu'elle a exercée

autour du sanctuaire pythique. On possède, de la région de

Naupacte, un certain nombre d'affranchissements du second

siècle, provenant des sanctuaires du àiévuio; de Naupacte, de

1' 'Ao-xXa7u6ç de Naupacte, de r'AsxXaTuô.; de Kpouvsi (sur le ter-

ritoire de Bouttos, à deux lieues au nord-est de Naupacte) ;trente-six actes provenant de ce dernier sanctuaire ont été

réunis et étudiés par Nachmanson (AM XXXII, pp. 1-70) :

trente-trois fournissent des exemples du datif singulier théma-

tique; vingt-et-un, soit près des deux tiers, ne présentent que-01 ; huit autres présentent tout ensemble -01 et-ÛI ; quatre

seulement ne présentent que -ÛI. La proportion des étolismes

y est bien plus grande qu'à Delphes, où, à la même époque, sur

près de sept cents actes, trente-trois seulement présentent -01

à côté de -121, et trois, sans plus, -01 seul; encore sur ces trois

derniers en est-il deux pour lesquels les vendeurs sont origi-naires des villes locriennes d'Amphissa et de Chaleion.

Voici, classés chronologiquement, les actes delphiques qui

présentent le datif en -01 (les numéros de 1723 à 2305 ren-

voient aux GDI; les numéros inférieurs, précédés d'un chiffre

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UNE FOKME ÉTOLIENNE A DELPHES 371

romain, aux fascicules correspondants du tome III des Fouilles;

l'indication de laprêtrise

suit la date ; vient ensuite, le cas

échéant, celle de la patrie du vendeur s'il n'est pas Delphien) :

1 [W59) mars-avril 195 (II) Chaleion (Locride).2 {1969) dc"c 193-janv. 192 (II) Daulis (Phoçide).3 {1970) avril-mai 489 (II) Amphissa (Locride).4 (1965) août-sept. 189 (II) Amphissa (Locride).5 (2003) janv-févr. 181 (II).6 (/020)juin-juill. 179(111).

7 {1909) i&nv.-févv. 177(111).8 {1787) oct-nov. 174 (III) Phanolée (Phocide).9 (1742) déc. 170-janv. 169 (IV).

10 {1761) avril-mai 169 (IV) Tilhorrha? (1) (Phocide).11 {1762) févr.-mars 168 (IV).12 {1763) (2) févr-mars 168 (IV) Tilhorrha (Phocide).13 (/704)juin-juill. 168 (IV).14 {1723) nov.-déc. 168 (IV).15

(1794)déc.

168-janv.167

(IV).16 (1780) juin-juill. 167 (IV).17 (17M) déc. 167-janv. 166 (IV) Chaleion (Locride).18 (1729) mai-juin 166 (IV) Chaleion (Locride).19 (1744) janv.-févr. 165 (IV).20 (1805) sept.-oct. 165 (IV).21 (1884) (3) déc. 165-janv. 164 (IV).

(1) La patrie des vendeurs n'est pas indiquée; mais, si le garant est delphien,

les témoins privés sont de Tithorrha. Le garant 'OpÉsTaç Eû/apiSa sera d'ailleursdix mois plus tard témoin pour 3evw de Tithorrha, dans notre texte 12.

(2) Le texte (WF. 98) porte (1. 5) :  jxaipTupot toi  îapeï(?) toO 'AitdMwvos. Bien

qu'à la ligne suivante se trouve aussi une omission de lettre dans le nom de

l'archonte 'AvSp(ô)vixoç, il n'est pas exclu que le lapsus soit en partie imputableà l 'idée d'un datif toï totpsî avec la m ême forme de l'article que 1. 1 dans xoï'AicôXXwvi. Cf. en revanche notre texte 22 (GDI. 188$ = WF. 220).

(3) Le texte (WF. 219) porte (1. 4) : ût ôvo(xa, mais (apparat de Baunack)- :« man kônnte auch ot lesen ». Cette dernière leçon semble préférable, d'une

part à cause de la fréquence de ot Ô'VOJAJC(du même archontat, nos deux textes 20

(180S = WF. U0) et 22 (1885 = WF. 220) le présentent); — d'autre part à causede formes dialectales telles

que [£]apsï<;, vaxopoç,etc.

fréquentes,on le

verra,dans les textes où est attesté le datif en -01.

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372 MICHEL LEJEUNE

22 (1885) déc. 165-janv. 164 (IV).23 {III54) janv.-févr. 158 (IV) Oenoé (Locride).24 (1908) déc. 154-janv. 153 (V) Oeanthée (Locride).25 (2019) avril-mai vers 151 (VI) Physcos (Locride).26 (9269) août-sept. vers 150 (VI).27 (2225) (1) févr.-mars vers 139 (VIII).28 (2298) (2) juin-juill. vers 13S (IX).29 (2159) (3) mars-avril vers 130 (IX).

30 (2302) (4) mai-juin vers 125 (IX).31 (/  568) janv.-févr. vers 124 (IX).32 (II244) juin-juill. vers 123 (IX).33 (2305) août-sept. vers 120 (IX) (Étolie (5) ?)34 (2284) sept.-oct. vers 119 (IX).35 (III 131) mai-juin vers 109 (X).36 (2086) (6) févr.-mars vers 108 (X).

De ces textes, trois seulement ne connaissent que -OI. Ce

sont : sous la seconde prêtrise, l'acte 4 (vendeuse, garant, et

témoins privés d'Amphissa), où on lit : TOÏ 'AuoXXom TOI IIuQîot.,ol ovofjia, val 6e<H, èip' oï?e; — sous la troisième prêtrise, l'acte 7

(vendeur, garant et témoins de Delphes), où on lit : TOI 'ATOJX-

Xwvi TOI Uuôioi, oï ovojAa, TO"Ï 6SOÏ, ©eotppào-TX»1.,IxaTÉpot ; — sous

la quatrième prêtrise, l'acte 17 (vendeur de Chaleion, garant

(1) Le texte (CB. 58) porte (I. 30) : TpôiiMi <5i xa adzol 8éXwvu. Mais Pomtow

(Inscr. Delph. 968) et Riisch (Gramm. p. 67, note 3) lisent: rpÔTtoi <5t xa.

(2) Le texte (Lebas 928) porte (1. 13) : twi 6ewi (comme 1. 9). Mais RûachGramm. p. 232, note 2) lit, 1. 14 (1. 13 de Lebas) : toï 6eoï.

(3) Le texte (CB. 68) porte (1. 17) : Tpôitun o(X) xa OëXuvxt. Le lapsus s'expliquepar les formules du type : (itoisovTeç) S xa OÉXWVTI — et plutôt en partant de (xpd-

Ttdi) oî xa que de (xpdmoi) fit xa. Cf. d'ailleurs notre texte 20, 1. 12 : ot xa 8éXï|i

Tp^TOll.

(4) Le texte (Lebas 940) porte (1. 10) : lut xaxa8ooXi(j[i.ôH. Mais Pomtow (Inscr.

Delph. 101S) et Riisch (Gramm. p. 59, note 2) lisent, comme les premiers éditeurs

(CIG. 1699) : èizi xaTa5ouXia|xoï.

*(5) L'acte est daté d'abord de l'archontat delphique de KaXXixpdxïK, puis de la

stratégie étolienne de Soxupoç, stratège pour la seconde fois. La vendeuse KXea-

péta doit être étolienne.

(6) Le texte (WF. 4SI) porte, 1. 9 : lui xataSouXicriiûl, 1. 11 : toi 6sût. Mais

Pomtow (Inscr. Delph. 2086) cité par Riisch (Gramm. p. 113, note 1) lit : H\ xata8ouXi(i|xoï et : TÛI 6SOÏ.

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UftE tfOKME ÉTOLIKNNÈ A DELt>HÈS 373

et témoins de Delphes), où on lit : toï 'AiroXXtovi. T[OÏ njuGîol,oX ovojjia, TOÏ 6eoï, Mt.y.xtiXo'.. Les trente-trois autres textes, poul-

ie datif-locatif-instrumental, présentent concurremment et

indifféremment les formes -.01 et -QI; la première y a la môme

valeur exactement que la seconde et le plus souvent, du reste,

apparaît dans des emplois de datif proprement dit, du type :

àitéSoxo TOI 'AïtéXXcovi., ou : crûpia àvopeïov ol OVOIAOC6 Seïva. Pas de

répartition syntaxique, par conséquent, entre datif, instru-

menta] et locatif. Pas de répartition morphologique non plus,on va le voir, entre pronom (relatif), article et nom.

Cinq de nos testes seulement opposent le pronom à l'articleet au nom ; encore ne concordent-ils pas : 1 (ES' OX), 5 (ÈV OXTE),19 (oX ovojAa) et 25 (ol xa 9éÀ7|i TpÔTtwt), ont -01 pour le pronom,-01 pour l'article et le nom ; 24 a la répartition inverse (ôï

ôvopta, mais : TOÏ 'AitiXXcovi TOÏ ETuQwt). Dans treize textes, le pro-nom se présente sous l'une des deux formes entre lesquelleshésitent le nom et l'article : sous la forme -ÔI dans 2 (-rpôitot. ol

xa GéXïii, en face de TOÏ 'AitiXcovi T«5I IluQîwt)- et dans 16 (è<p

OÏTS, en face de TOÏ 'ATOJXXMVI TWI IIuS'lwi); sous la forme -QIdans 3 (sep' <OTS, en face de TOÏ 'AnôXXcovt, TÛI EluOiwi), dans 8

(sep' (SITE, en face de TOÏ 'ATOXXMV. TWI IluOîot), dans 10 (sep' ôi-rc,en face de TOÏ 'ATOXWV. TWI IIUGUH), dans 12 (!»' CTUTS^,en face

de TOÏ 'ArajXXtovt. TW DU6(WI), dans 13" (sV «SITE, en face de TOÏ

'AnoXwvi TÔH IIuOCwi), dans 15 (sV &LTE, en face de TOÏ Iludîoi,et de Twt. Ôswt), dans 27 (sV *5IT'E, et Tponoi dn xa aÙTol BEXWVTI,en face de twi [ludion), dans 28 ([«]»' «Sus, en face de TOI

6EÙK, et de TOX 9EOÏ), dans 30 (sep' COTE, en face de TWI IluOito,et de ÈTÙ xaTaâouXtT|xoï), dans 32 (ES' (SITE, en face de T<Ô[I]'ATOXXMVI. TWI [njuôwi), dans 36 (fit ôvofj.a, et sV (SITE, en face

de TÔH nuQfon, et de TWI 9EOÏ). Dans huit autres textes où nom

et article ne présentent que -QI, le pronom hésite entre -01 et

-QI : dans 11 (oï ovojxa, mais les' «LITS), dans 20 (ol ôvo|jia, mais

sep' ÔITÊ), dans 21 (ol ovofAa, mais sep' <IUTS), dans 26 (Tpônwt oï

OÉXOI, mais soe' OTOH ÈXEu9épav sljxev), dans 29 (ôi ovop.a, et èV

«StTs,mais

Tpôjuot. o(ï)xa

DéXtovu),dans 31

(sep' OXTS, mais&i

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374 MICHEL LEJEUNE

ovofAa), dans 34 (01 ôvop.a, mais è»' CÏHTE),et dans 35 (Swutai,

-/} oï xa SwTiaç [6jé[Xï|], mais Su ôvoua, et è<p' ui/re). Dans

trois tcxles enfin le nom/et l'article aussi bien que le pronom

présentent l'une et l'autre (orme; dans 14 (TOÔTTOI.OÏ xa QéXw-

mv, mais wv ovojxa, en face de toi ITuOtot., et de TWI Seûi), dans 18

(oï ovojjia, mais èoe' uns, en face de TOÏ 'A«6XX<im TWI [IU<KWI),et dans 22 (oï [ojvopa, mais Ècp' <5i-s, en face de TOÏ EIUQCCOLet

de TÔH 9ewi).

De concordance entre le pronom et l'article par opposition au

nom, pas davantage. En 27, 30, 32, 36, il est vrai, pronom et

article ont le datif en -ÛI, et la forme -01 n'apparaît que dans le

nom; mais elle n'y apparaît pas de façon constante; on lit dans

27 : TpoTtoi mais nuOîw., (kôu (deux fois), et xaTao*ouXwu.ô5>.;dans 30 : xaTaoouXiTp.oï, mais IluQiw, et 8Î<5 (deux fois); dans

32 : IlufKoi, mais 6ewt (trois fois), et xaTaSouXtaj/iSi.; dans 36 :

xaTaoouXw[A.oî, et 6eoï, mais [IuÔiw.. Ailleurs pronom et arlicle

admettent l'une et l'autre forme (14, 18, 20), ou bien l'article

une seule, le pronom l'une et l'autre (U, 20, 21, 26,29, 31, 34,

35), ou l'inverse (2, 3, 8, 10, 12, 13, 15, 16, 28),ou bien môme»on l'a vu, pronom et article s'opposent (1, 5, 19, 24, 25).

Même incohérence en ce qui concerne respectivement le nom

et l'article. En dehors des cas où l'un et l'autre présentent -OI

(4, 7, 17, 24) ou -QI (1, 5, 11, 19, 20, 21, 25, 26, 29,.31, 34, 35),

une répartition cohérente n'apparaît qu'une fois, dans notre

texte 23 (mur polygonal, janv.-fév. 158, vendeuse et garants

locriens) ; on y lit : T[«I 'AJTSÔXXUVITWI lluOîot, et TÔK ôeoï. On

trouve bien faussi dans 8 : TWI riuQîot, et TWI. Qeoï, mais TOÏ'ATTOXXWVI(aussi n'est-il pas sûr que dans 23 il faille restituer

Et**]'.) ; dans 32 : TWI 'ATOXXWV. TWI IluOîot,, mais TWI Oeût, (à trois

reprises), et èm xaTaSouXitr^w'.; dans 36 : TW1. (isoï, et STÙ x«Ta-

8ouXiff[Aoï, mais aussi TWI 'ÂTcôXXwvt. TW1. UvHlw:. La répartitioninverse apparaît également, mais n'est cohérente nulle part ;

on lit en 22 : TOÏ 'ATOJXXOVI TOÏ Ili»9iw!., mais aussi TWI 'ATUÔXXWVI;

en 9 : TOÏ IluÔtwt., mais TWI 'ATOXXWVI; en 33 : TOÏ Iluôiwi, mais

TWI 'ATCÔXXUVI, et TWI Gewi. Ailleurs, à l'intérieur d'un texte,

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UNE FOKME ÉTOLIENKE A DELPHES 375

s'opposent groupe à groupe : en 14 TOÏ .'ATCÔXXWVI TOÏ IluUoi

d'une part, twt fkwt, de l'autre; en 28 TWI 'ATOXXWVI TWI IIUOÎIOI,

et TOI Qswt, d'une part, TOÏ 9EOÏ de l'autre. Enfin dans huit textesla seule forme en -01 est celle de l'article qui précède le nom

du.dieu :.TOÏ 'ATOXWVI (2, 10), TOÏ 'AuôXXwvt (3, 6, 12, 13, 16, 18).Cette dernière confontration du nom et de l'article est parti-

culièrement instructive; on y aperçoit nettement, en effet, les

deux façons dont la forme vulgaire s'introduit dans nos textes.

Ou bien dans la rédaction d'un même acte se  juxtaposent des

expressions des deux types : TWI OetTu et : TOÏ 6SOÏ; langue tradi-

tionnelle et langue vulgaire s'opposent formule à formule ; etd'après la proportion des formules de l'un et l'autre type, il

apparaît que. la forme commune ou que la forme étolienne,

selon les cas, est due à une inadvertance ; ainsi dans notre

texte 14, on lit : TOÏ 'AitoXXom TOÏ riuôiot, 'AitoXXoSûpo'. (trois fois),àXXoi (deux fois) et -pô-Koi ot, mais &'. ô'vo(ua, et TWI 8EWI; inver-

sement, dans notre texte 35 par exemple, on lit : TW>. 'ATTOXXCDVI

ton DuQifaH, «rtôpu* àvSpeïov S)'. 6v[o]f/.* Swcia;, sep' wvrs èXsuQsoov

eluevSuTiav, [TtapsyôvjTw

TWI 9sw'. Tavwvâv,

mais Sfaxrîai7)

oï xa

Swo-Uç [9]s[X-o].— Ou bien entre les deux formes coexistantes

s'établit une sorte de modus vivendi d'où résultent des répar-

titions secondaires, artificielles, du type TOÏ Geûn (9, 22, 33), ou

du type Twt!koï(8, 23, 32, 36).

Or il est un dialecte, l'arcadien, qui, au dalif-locatif-instru-

mcnlal, présente concurremment les formes en-01 et en-01 dès

l'époque où l'écriture permet de les distinguer. On peut envi-

sager deux principes d'explication. D'une part, celui de deux

formes héritées par le dialecte, devenues très tôt équivalentes,

et entre lesquelles, jusqu'à l'époque historique, l'hésitation n'au-

rait pas été résolue, tandis que, de part et d 'autre du domaine

arcadien, l'éléen faisait choix de -01, le dorien de -01. D'autre

part, celui d'une forme étrangère (selon toute vraisemblance -01)

en concurrence avec la forme locale (selon toute vraisemblance

-01), si l'on admet que l'influence des langues communes sur

l'arcadien, manifeste au troisième siècle (proxénies d'Orcho-

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'''S4MK Tïçmj-/'" îî??sn^s«R^pf»js6ç^^E'îS«5rast!»??«sa*ips»é^,i«^gî"8^3»: 8r*»'<f^^araç*;} ï%j&*k *~v* -v?J'-!f«'?!w

376 MICHEL LEJEUNE

mène), se soit exercée dès la (in du cinquième. Les faits, en tout

cas, se présentent comme suit. A Tégée, au quatrième siècle,

-01 domine : dans la loi lustrale (1G Va 4), pas de datif en -ÛI ;dans la loi des travaux publics (ibid., 6'), un seul exemple

(irpo^évtji; 1. 76); dans le règlement politique de 324 (BCH,

XXXVIII, p. 101 sq.), deux exemples de TWI contre dix de TOI,un de aùtôt contre un de OCOTOÏ,les noms ne présentant que -01.

A Orchomène, d'autre part, au quatrième siècle, la synoeciede 352 (1G V2 343) ne nous fournit qu'un nom (8eoî, 1. A 24) ;mais le bornage de 369 {BCH, XXXIX, pp. 53 sq.) présente

une répartition constante de -01 et de -QI respectivement entrele nom et l'article ; ainsi aux 11. 4-7 : àitù TOI ôpîot. rôt rcôç ton

M£X«[ATtoSéoi TÔH... xowoî, et aux 11. 12 et 16-17, par deux fois :

Iv tôt xpop.itoi; il y a de plus, pour le démonstratif, un exemplede x(i)'.vi et quinze de xwivu ; pour les noms, un de ffup.êoXûc-ïpot,trois de  j3ou<xol!. On a voulu accorder à cette répartition une

assez grande portée, et pour le parler d'Orchomène, et pourl'ensemble du dialecte arcadien, et même, avec quelques

réserves, pour le groupe dialectal arcado-cypriote (la graphie

cypriote étant ambiguë). Or peut-être à Orchomène même n'est-

elle qu'accidentelle. Nos affranchissements delphiques ensei-

gnent que lorsque, dans un parler, il y a, quelle qu'en soit la

raison, hésitation entre deux formes équivalentes, il peut se

dessiner dés répartitions, variables selon les lieux, les tempset les lapicides. Il est donc imprudent de tirer de ce seul texte

orchoménien dé 369 des conclusions qui le dépassent. D'autant

qu'on possède un texte arcardien plus archaïque (il distingueii de 0, mais pas encore H de E), l'affranchissement du mont

Gotiie (IG V* 4W)-, du dernier quart du cinquième siècle ; et

que ce texte, parfaitement incohérent, se termine par les datifs :

[TJsMt'oXX&m TOI Bas-îfTJai xal TOI Ilavl [T]WI Sivdevu [x]al zkaxi]xt.

TÔUKoTiXéoi xal TS fop9a<na.L'autre aspect de l'incohérence linguistique dans nos actes

delphiques consiste dans la  juxtaposition de formules homo-

gènes appartenant les unes au type vulgaire, les autres au type

i^â^fc^

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UNE FORME ÉTOLlENNE A DELPHES 37?

traditionnel. Or le datif étolien apparaît plus volontiers dans

certaines formules que dans d'autres. Il y a ainsi dans nostextes seize exemples de xo~. 'ATWXCOVI. ou xol 'ATroXXom contre

dix-neuf de TÙI''ATOXXMVI ou TÛI 'ATOXMVI (ces seize exemples

appartenant tous d'ailleurs aux prêtrises II à V) ; en revanche,

il n'y a que six exemples de toï IIU8MH (appartenant aux prê-trises II à V), trois de x£>i riuIKoi, trois de xol tluQUoi, contre

vingt-deux de TWI riuQûoi, TW nuôiou, ou TWI EIUQÎW ; et seule-

ment quatre exemples de xol 9eo~.(dont trois des prêtrises II à

V)et trois de twi

Oeoï,contre

vingt-septde tût.

8ewi,TW

8SÙH,ou TW 6sw. De même, en ce qui concerne le relatif, contre six

exemples de &i ovojxa, il y en a neuf de oï ovopi*. (dont huit

appartenant aux prêtrises II à V) ; et certainement nos textes

en présenteraient bien davantage, s'il s'y agissait partout d'es-

claves mâles; en revanche quatre exemples seulement de l<p'oïx£ (dont trois appartiennent aux prêtrises lia V) contre dix

huit de hf' <5we et sep' &xe.

Ces faits vont à l'encontre del'explication phonétique

commu-

nément admise du datif vulgaire en -01 (abrègement de la

diphtongue par généralisation du traitement intérieur, à partir

de groupes étroitement unis dans la parole, par exemple : arti-

cle -f- nom). Car c'est ofoe qui devrait être particulièrement

fréquent, non oï devant ovopia ; c'est xol devant 9eâ>>.ou 9eoï,

devant IluQiwt ou IIutHot,, plutôt que devant 'AnéXXwvi. ou 'Aito-

Xwvi.

II apparaît d'autre part une différence entre la première

moitié (prêtrises II à V) et la seconde moitié du siècle, dans la

façon dont se répartissent les étolismes. La formule xol 'ArcôX-

Xwvi ou xol 'ATO)X<OV(.est une de celles qui présentent le plussouvent le d atif en -01 ; or elle se rencontre dans nos textes

deux fois sur trois  jusqu'au texte 24, mais ne se trouve plus

après. De même, à une exception près (14), la formule ol ovojjwtest constante  jusqu'au texte 22 ; à partir de 24, à une exception

près également (34), on ne trouve plus que &i ovojxa. Entre le

milieu du second et le milieu du premier siècle, nos étolismes

«KO, XLV, 11)32, n» 213. 2C

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378 MICHEL LEJEUNE

ressemblent de moins en moins à des formules de la langue

parlée introduites dans les textes, et ils ressemblentde

plusen

plus à des fautes.

D'autres remarques mènent aux mêmes conclusions. Sans

doute la langue des acles delphiques est-elle extraordinaire-

ment composite (et c'est pourquoi seule vaut la méthode statis-

tique qu'on a lente d'appliquer ici) ; sans doute, par exemple,

dans notre texte 14 où l'on trouve dix datifs étoliens en -01,

lit-on la forme tout ionienne-attique QéXwo-iv(alors que partoutailleurs se lit la forme « occidentale »

OÉXWVTI).Il n'en reste

pas moins que l'emploi'de -01 apparaît le plus souvent parallè-lement à celui de formes dialectales « occidentales », — mais

seulement dans la première partie du siècle-— (et ceci rejointla remarque précédente). Ainsi le nom du prêtre est lapeû;dix fois sur dix-sept dans nos textes 1 à 19, mais, à une exception

près (33), n'apparaît plus ensuite que sous la forme Upeùç ; le

nom du néocore est vaxôpoç en 19, veuxôpoç de 27 à 34. A la for-

mule « occidentale »[/.àpTupoi

roitapeïç

de nos textes 3, 8, 9,

10, 11, 12, 13, s'opposent dans les textes postérieurs les for-

mules (JtàpTUpoi ot toipeïç (19), [JiâpTupoi toi Upetç (32), (AapTupoi,et tepel; (15, 16, 22, 28, 30, 33), [/.àpiupeç TOI lepeïç (25, 26)*, [/.àp-

Tupeç ot Upetç (14, 17, 18,20). Sur les onze exemples du datif

'ATOXWVI relevés par Rusch dans les dix affranchissements :

GDI. 1761, 1764, 1802, 1891, 1969, 9090, 2030, 2051, 2059,

2019, cinq se trouvent dans nos textes 1, 2, 10 et 13, etquatre

y sont précédés de xoï; notre texte 2 oppose à la forme com-

mune TÙI 'AiréÀÀùm (une fois) la forme locale TOÏ 'ATTOXCOVI(deux

fois).Cet ordre de remarques confirme et complète ce qui est

apparu précédemment. Non seulement les exemples du datif

étolien sont relativement plus nombreux autour des années

170 à 160, mais on a lieu de croire qu'ils y répondent plusexactement à la langue parlée; dans la seconde moitié du siècle,

ils perdent en signification aussi bien qu'en fréquence. Sans

doute la proportion est-elle infime des trois douzaines de textes

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UNE FOHME ÉTOLIENNE A DELPHES 379

où ils apparaissent aux quelque sept cents actes de la même

époqueet à combien d'autres documents; mais cela même a

un sens. Et nos trente-six actes, datés avec précision, sont

assez semblables par leur formulaire, assez riches de variété

dans le détail, pour nous permettre de suivre pendant un siècle

la survie et la disparition d'une forme étolienne populaire à

Delphes.Michel LEJEUNE.

^^.»v-w;--;;^&T*W^vr6>>?#^fâw?mffl%lffî .. „|t{Ét;,

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I..'

LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN

Cette élude est tirée d'un mémoire, « Lucien de Samosate, archéo-

logue et critique d'art », écrit en 1926, en vue du diplôme d'études

supérieures, par un élève de VEcole Normale Supérieure, M. André

Le Morvan, qui fut emporté par un mal foudroyant avant d'avoir pusubir Vexamen, M. G. Fougères, qui en avait proposé le sujet, necachait pas son estime pour un travail où se révèlent une étendue de

recherches, une finesse et une sûreté de  jugement peu commîmes. En

offrant ces pages aux lecteurs de la Revue, nous avons voulu, nous

aussi, rendre hommage à la mémoire du jeune archéologue qui donnaitdéjà tant de promesses (TV. D. L. R).

L'étude directe des descriptions révèle tout d'abord chez

Lucien l'absence de véritable esprit scientifique.La composition des tableaux n'a presque pas attiré son atten-

tion. Dans les « Noces d'Alexandre » du peintre Aétion (1) il

se contente d'une indication très générale sur l'appartementoù se passe la scène ; il ne précise pas de quel côté se trouvait

le roi, et laisse sur la disposition des principaux groupes une

liberté presque complète à l'imagination du lecteur. La compo-sition antithétique des « Centaures » de Zeuxis (2) est plus net-

tement indiquée; les plans horizontaux et verticaux sont défi-

nis avec clarté : au premier plan et en bas, la centauresse, au

deuxième plan et en haut, le centaure. Le lien psychologique

(1) Aétion, 4 sq.(2) Zeuxis, 3 sq,

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LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 381

qui donne à la composition sa forte unité est mis en relief parles détails mêmes sur lesquels l'auteur insiste. Mais rien ne,

rappelle ici un exposé systématique. La « Calomnie »;d'Apelle (1) est décrite avec un souci plus grand d'exactitude ;<nous savons qu'à droite se trouvait l'homme aux grandes

oreilles, prêt à accueillir le mensonge, et que de l'autre côté un

double groupe, logiquement ordonné, lui faisait face : la

Calomnie, escortée de tous les défauts qui forment ses soutiens

habituels, et suivie du Remords. L'idée que nous avons démette;

composition dyssymétiïque et dramatique est donc nette. Mais

lorsque Persée délivre Andromède (2), nous avons toute lati-;tude pour le placer dans la composition à l'endroit de notre

choix : nous savons seulement qu'Andromède assiste à la lutte

du haut d'un rocher. Du « Meurtre d'Egisthe » (3), nous ne

connaissons aucune disposition précise, mais seulement les

actions et les groupes principaux : Oreste tuant Égisthe, Cly-temnestre étendue, les esclaves affolés qui s'enfuient : com-

ment tout cela s'ordonne-t-il ? Presque rien dans Lucien ne

permet de le supposer, et encore est-ce là, de toute la galeriedu Ilepl owtou, la composition la mieux indiquée. Lorsqu'il

s'agit des oeuvres imaginaires et oratoires, comme le « Séjourde Ploutos » (4), la composition est indiquée avec plus de

vigueur : une colline .surmontée d'un portique occupe l'en-

semble du tableau ; du premier plan part un "chemin qui monte

vers le sommet; au seuil, qui détermine un second plan, se

tient l'Espérance pour accueillir les nouveaux arrivants; au'

troisièmeplan,

à l'intérieur dupalais,

est Ploutos. Mais des

éléments essentiels restent vagues. La place de la porte par où

sortira, déçu et dépouillé, le sot admirateur de Ploutos, celle

du Remords qui l'accompagne restent imprécises. Ainsi, même

quand Lucien possède une liberté complète pour créer une

(1) Calom., 5.

(2) De domo, 22.

(3) De domo, 23.

(4) De mercede conductis, 42.

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382 AKDHÉ LE M0KVAN

composition, qui, voulant ôlre démonstrative, gagnerait à être

nette, logique, géométrique, il ne fait aucun effort pour assi-

gner à chaque détail une place rigoureuse. Intellectuellement,il n'a donc pas le sens de la composition artistique ; on ne peutaffirmer qu'il en ait été affectivement aussi dépourvu. Ses des-

criptions, à qui les lit sans idée préconçue, ne paraissent pasfloues ou désordonnées, bien au contraire. C'est que, presque

constamment, il rachète l'insuffisance de précision spatiale parune mise en relief vigoureusement et heureusement graduéedes groupes et des objets principaux; il sollicite vivement

l'imagination du lecteur, qui crée instantanément, sans pou-voir sur le champ douter de la vérité, du sens scientifique de ce

qu'il se représente : la composition s'ordonne d'après la force

des impressions.Les rapports de grandeur, en peinture, ne nous* sont pas

plus accessibles grâce à Lucien que la composition : ni dans le

« Ploutos », ni dans les « Noces d'Alexandre », pas davantagedans la « Calomnie » d'Apelle, dans aucune des peintures de la

galerie, il ne tente de renseigner son auditoire sur ce point.Une seule exception importante : dans le « Zeuxis » (1) il

signale en le soulignant l'heureux rapport des parties au tout:

r/|v TÛV [jiepwv itpp; TO oXov ÎTÔXY)Taxal àpjjioviav. Mais il traduit

là une impression plutôt qu'il ne précise un rapport; il en est

toujours ainsi dans ses nombreuses allusions aux proportionsdes statues, en particulier à celles du Doryphore de Polyclète.On chercherait de même en vain chez Lucien de nombreuses

données sur le dessin. S'il insiste sur cette partie de l'art, c'estpour exprimer un  jugement : il signale (2) la pureté du des-

sin de la tête de l'Aphrodite de Cnide (~ô Euypa^piov). En pein-

ture, le « Zeuxis » possède la seule allusion au dessin que

nous ayons pu relever : Lucien vante chez l'artiste (3) l'art de

àicoTswat. T»; ypa.\Lpk<; èç TO eùOôiaTov. Cette expression est obs-

(Ǥ6.

(2) Imagines,6.

(3) Zeuxis, 5.

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LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 383

cure, si on la traduit mot à mot « tendre les lignes de la façonla plus directe », et semble faire allusion à une certaine

sobriété. Mais eù9û; a aussi bien le sens de « correct »que de« droil » et w; ypajx[i.à<; signifie le « dessin ». La vraie traduc-

tion semble donc être « conformant le dessin à la correction la

plus précise » : la formule est très générale. La couleur a

été moins rarement mentionnée par Lucien : sans doute on

serait déçu si l'on voulait en découvrir dans les « Noces

d'Alexandre, dans 1' « Héraclès Celte », dans l'un quelconquedes tableaux de la Galerie; Lucien n'en a pas eu le souci cons-

tant. Mais il nous indique que la Cenlauresse est étendue sur

un gazon florissant ÈTÙ 7X6711;eùOaXoû; (1), ce qui, indirecte-

ment, fixe le coloris; il loue l'heureuse utilisation des cou-

leurs et de leurs mélanges, TÛV 7pwp.àx(ov àxpt.67JT7iv xpâo-iv (2),et le  jeu des ombres provoque son admiration. Après ses

épreuves, l'homme qui a eu la faiblesse de croire en Plou-

los est «  jaune pâle » : «à^pô; (3). La « Cassandre » de Polyg-note (4) est remarquable pour la rougeur délicate de ses  joues.Le Remords qui suit la « Calomnie » (5) est revêtu de noir,

|jieXavsi|juov. Toutes ces remarques réunies ne permettent pas,loin de là, de voir dans Lucien un critique coloriste : il ne l'est

que par exception.Ainsi ce premier coup d'oeil sur les descriplions de notre

auteur confirme l'insuffisance d'éducation technique que nous

avons cru devoir lui attribuer en étudiant sa biographie : ni la

composition, ni les proportions, ni le dessin, ni la couleur

n'ont été pour lui l'objet de recherches allentives, ni même

l'occasion d'allusions fréquentes.C'est au contraire avec le plus grand soin qu'il note les

détails relatifs à l'expression. Il est moraliste, et c'est toujoursl'âme qu'il cherche à atteindre, en interprétant les traits du

(1) Zeuxis, 4.

(2) /rf., S.'

(3) Derrière, cond., 42.

(4) Dans la Lesché de Delphes, Imag., 7.

(5) Caium., 5.

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384 ANDRÉ LE MOKVAN

visage et les attitudes. Dans les « Noces d'Alexandre », Roxane

a un maintien réservé exprimant une craintive pudeur. Les

épisodes ajoutés au sujet principal, Amours jouant entre euxou portant les armes du héros, « ne sont pas des ornements

superflus » ; ils traduisent au contraire les inclinations guer-rières d'Alexandre et montrent que son amour ne lui a pointfait perdre le goût'des combats. Le « Centaure » de Zeuxis est

admirable par la force avec laquelle est rendue sensible la

férocité du monstre nourri dans les montagnes, malgré tout ce

que son regard a de riant. Les petits, qui tettent leur mère,

unissent déjà à la délicatesse du jeune âge l'air farouche

propre à leur nature, et en regardant le lionceau à la dérobée,révèlent la curiosité naturelle à des enfants. Lorsqu'Apelleréalisa sa « Calomnie », il était sur le coup d'un violent ressen-

timent et se proposait autant de stigmatiser la lâcheté dont il

avait failli être victime que de réaliser une oeuvre d'art désin-

téressée : l'objet lui-même se prêtait exceptionnellement aux

tendances expressionistes de Lucien, et presque tous les traits

prennent dans sa description une valeur morale. Dès le début

il met en relief le geste symbolisant la crédulité de celui quise prépare à accueillir la Calomnie ; il décrit le visage de celle-

ci par les seutimenls qu'il exprime : elle est violemment agi-tée et transportée de colère et de rage. Le jeune homme qu'elletraîne lève les mains au ciel : c'est qu'il veut invoquer les

dieux. La sombre tristesse de l'Envie, l'hypocrisie de la trahi-

son, la douleur honteuse du remords sont, après les précédentes

données, essentielles pour Lucien, qui précise les détails pitto-

resques seulement en fonction des traits moraux. Persée atta-

quant le monstre révèle son audace amoureuse, et dans le

regard qu'Andromède jette sur le drame, on lit une délicate

pudeur. Le regard sombre de Médée (1) exprime sa  jalousieen même temps que sa criminelle résolution, et cette âme pos-sédée par la passion fait contraste avec l'innocence pleine de

(1) De domo, 31,

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LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 385

tranquillité que manifestent par leur attitude les deux enfants.

La « Sosandra » de Galamis est signalée pour son expressionde pudique réserve et pour la noblesse dont son discret sourire

est empreint (4).Par cette importance qu'il accorde à l'expression, Lucien

continue une tradition très ancienne. Socrate déjà demande à

.l'artiste de faire du visage le miroir de l'âme. Aristote croyait

pouvoir mettre Polygnote au-dessus de Zeuxis, parce que le

premier était un bon peintre des moeurs et que la peinture du

second ne possédaitpas

celtequalité

(2). Pline l'Ancien même,

malgré sa sécheresse habituelle, se laisse aller parfois à des

détails sur la valeur expressive des oeuvres (3). Il est alors

quelquefois d'une burlesque virtuosité dans l'interprétation

expressioniste : il lisait environ une douzaine de passions sur

le visage du Peuple athénien peint par Parrhasios (4). Le

mérite de Lucien ici n'est donc pas la nouveauté, mais résulte

de la mesure avec laquelle il a interprété les oeuvres ; il évite

toute subtilité vaine, faisant ressortir des traitstoujoursimportants; il les indique avec sobriété et néglige les occasions

de faciles développements.Attentif aux états d'âme, Lucien n'en excelle pas moins à

camper dans leur attitude les personnages principaux ; parfoisc'est grâce à une complète précision de détail : nous connais-sons l'attitude générale de la centauresse couchée et aussi le

geste particulier de chacun de ses membres. D'autres fois, c'est

grâceà la vivacité de son

style.On s'en rendra

compte parla

description du « Zeuxis », qui est sans doute le chef-d'oeuvre

de Lucien critique d'art, le seul où il révèle à la fois des qua-lités de technicien, d'homme de goût, de psychologue. On

pourrait objecter que, à cause de son caractère un peu excep-

(t) lrnag., 6.

(2) '0 pièv Y<ip noXiiyvuxo? dyoi66<; •fiBoypot'fOi;, -f) Se ZEÙÇIÔOÇ YP0"?1*! oûSsv iyji }$(>$.

(Poet., 6).

(3) Plin., XXXV, 63 (Pénélope de Zeuxis); XXXV, 90 (Femme mourante

d'Aristide) ; XXXV, 106 (Philiscos de Protogène).

(4) Plin., XXXV, 60.

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386 ANDRÉ LE MORVAN

tionnel, ce texte n'est pas un bon exemple; rien n'est moins

vrai, car sa valeur résulte non de qualités absentes dans les

autres textes, mais de l'union, en un seul passage, de méritesdisséminés isolément et à des degrés divers dans les autres des-

criptions. Les « Centaures » sont comme un raccourci de la

critique d'art de Lucien.

Littérairement, cette description est ordonnée avec une par-faite habileté. Après quelques renseignements sur le sort du

tableau, Lucien campe immédiatement, sanspréambule inutile,les deux groupes principaux, en précisant avec vigueur les

attitudes des personnages. Au lieu d'indiquer tous les détails

qu'il a remarqués, il en réserve un grand nombre, et, inter-

rompant sa description, fait des réflexions critiques qu'il justifieensuite avec les traits non mentionnés au début. 11 évite ainsi

les répétitions auxquelles il aurait été contraint s'il avait rejetésa critique à la fin. Il assure la progression continue de l'intérêt,en donnant aux derniers détails décrits le double caractère de

documents et d'arguments. Ayant réussi à unir intimement,sans qu'elles se nuisent, la critique et la description, il confère

à l'ensemble une unité pleine de vie, capable d'expliquer en

partie la force de l'impression qui en résulte.

La clarté de son style permet à l'imagination de concevoir les

objets sans effort. L'attitude de la centauresse, fort compliquéeen réalité, et qui aurait pu facilement donner lieu à des expli-cations longues ou confuses, est exprimée avec une aisance

parfaite, en quelques phrases courtes et limpides. La vigueur

pittoresque des épithètes — par exemple de celles qui caracté-

risent le centaure — s'unit à la rapidité vivante de l'exposé.Les détails s'accumulent, enchâssés dans des formules variées

qui évitent complètement la monotonie d'une énumération. La

discrétion avec laquelle sonî indiqués en passant les mérites

techniques de l'artiste est pleine de légèreté. De tout cela résulte

une page haute en relief et harmonieusement fondue. Par des-

dessus tout seremarque

cequi

estpeut-être

ici laqualité

mai-

tresse de Lucien, une complète simplicité : la sérénité du ton,

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LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 387

où l'admiration perce pourtant, l'absence d'effets oratoires fontune vive impression de sincérité et autorisent à penser que les

centaures sont vraiment un « compte-rendu fidèle et parlant ».N'est-ce point ià ce qu'on doit tout d'abord exiger du critiqued'art, même moderne?

Malgré leur précision moins grande, les « Noces d'Alexandre »

méritent une mention spéciale; on y retrouve les mêmes

qualités générales que dans le tableau précédent, mais ellesmettent plus vivement en relief la merveilleuse délicatesse deLucien. Le moment choisi par l'artiste rendait très difficile à

garder « la mesure entre la solennité un peu froide du tableaud'histoire et la familiarité piquante d'un tableau de genre (1)».Le joli de certains détails pouvait inciter le critique à des

remarques qui eussent enlevé sa noblesse à l'oeuvre. L'intensité

de la scène devait être nettement indiquée, mais sans aucune

exagération capable de faire oublier qu'on avait affaire à des

souverains. Lucien, malgré ses années passées au service de la

rhétorique, a triomphé de toutes ces difficultés avec un tact

irréprochable : aucun détail ne peut compromettre l'équilibredu double sentiment que devait inspirer l'oeuvre.

Les descriptions de Lucien, à première vue, ne révèlent donc

pas des qualités exceptionnelles de perception : nous avons vu,

par exemple, que les indications de couleur y sont rares. Maiscette insuffisance doit être expliquée par une réserve volontaireet non par une pauvreté de sensibilité : bien des textes permet-tent de mesurer ce que furent, en réalité, sa finesse et sa facilité à

s'émouvoir. Le plus significatif, malgré des traces de rhétorique,est peut-être la célèbre description du paon (2). Il ne s'agit plusd'une oeuvre d'art perdue, mais d'une réalité à la portée de

tous; on peut en tirer des conclusions certaines sur Lucien.« Au début du printemps, on voit le paon se promener dans

une prairie, au moment où les fleurs épanouies sont non seule-

ment plus agréables, mais — passez-moi celte expression — plus

(1) M. Croiset, Essai sur la vie et les oeuvres de Lucien, ch; IX, p. 282.(2) Dedomo, 11.

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388 ANDRÉ LE MORVAN

fleuries, quand leurs couleurs sont plus vives et plus pures. Il

ouvre ses ailes, les déploie au soleil, élève sa queue magnifique,

en forme un cercle dont il s'environne, fait admirer les fleursdont il est lui-même embelli, et le printemps qui règne en ses

plumes semble défier la prairie de montrer rien de plus splen-dide. Il se tourne en tous sens, va et vient, et manifeste orgueil-leusement sa beauté. Sa beauté devient plus merveilleuseencore à mesure que ses couleurs se modifient aux rayons du

soleil, et que les nuances les plus riches se succèdent insensible-ment. C'est ce qui a lieu surtout pour les cercles qui sont à

l'extrémité de ses plumes, et dont chacun semble formé descouleurs de l'arc-en-ciel. L'un avait tout à l'heure l'éclat du

bronze, un léger mouvement le fait paraître tout en or; unautre était bleu d'azur aux rayons du soleil; à l'ombre il devientvert. Ainsi les reflets du plumage suivent les variations de lalumière. »

On a rapproché (4) cette page de celle de Buffonsur le même

sujet : plus éblouissante, la peinture de l'écrivain moderne

est pourtant loin d'écraser celle de Lucien ; c'est que celle-cirévèle une attention perspicace et juste, une sensibilité péné-trante et souple, capable de saisir les tons en eux-mêmes, puisdans le jeu multiple de leur relation et de leurs transformations

successives. La délicatesse des détails, la précision de certaines

observations (« les cercles qui sont à l'extrémité des plumes »),la force de l'admiration latente sous les indications objectives,

permettent de conclure à la haute valeur de la perception

visuelle chez Lucien, Il était d'ailleurs immédiatement sensibleà toutes les harmonies, et saisissait intuitivement les heureuses

proportions d'un édifice architectural (2) comme les caractères

propres aux différents modes de la musique ancienne.« Tu m'as appris l'art de jouer de la flûte avec justesse, d'en

tirer par un souffle léger des sons mélodieux, de placer mes

doigts avec précision, de les lever, de les abaisser avec vitesse

(i) M. Croiset, op. cit., p. 271.(2) Cf. Hippias.

«''

'ma

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LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 389

et toujours à propos : enfin, si je vais en mesure, si mes sons

s'accordent parfaitement avec le chant du choeur, si je conserve

à chaque harmonie le caractère qui lui est propre, l'enthou-

siasme au mode phrygien, le bachique au lydien, la gravité

majestueuse au dorien, les grâces à l'ionien, c'est à tes leçons

que j'en suis redevable (1). »

Critique littéraire par l'importance qu'il accorde a l'expres-sion, Lucien possède pourtant en réalité le don nécessaire au

véritable critique d'art : celui de sentir la beauté des lignes,des formes, des couleurs, des sons, en eux-mêmes, et non en

fonction seulement de ce qu'ils signifient : c'est ce qui lui per-met d'éviter la mauvaise critique déclamatoire;, l'artiste chez

lui a su, quand il le fallait, imposer silence à l'écrivain. Le dia-

logue des Portraits illustre parfaitement les dons de sensibilité

de notre auteur. L'entreprise était audacieuse de dépeindre la

beauté d'une femme à l'aide d'éléments disparates empruntésaux plus grands artistes. Le choix des détails précis impliquaitla libération de la sensibilité à l'égard de l'esprit et des juge-ments généraux tout, faits; il fallait atteindre le concret, le

particulier. Il était nécessaire de ne choisir que des détails capa-bles de s'unir et de s'harmoniser; et l'auteur devait encore

donner à son exposé un tour vif, suggérant d'un mot, le plus

souvent, le mérite spécial de chaque détail. Lucien a triomphéde tous ces obstacles : maîtrisant ses sentiments, évitant les

développements intellectuels, c'est une description exclusive-

ment sensible qu'il nous donne, où flotte pourtant, çà et là,une discrète émotion.

« De l'Aphrodite de Cnide, elle ne prendra que ta tète : nous

n'avons pas besoin du corps, car il est nu. Que la chevelure et

le front, et la ligne si pure des sourcils restent ce que Praxitèleles a faits. Conservons surtout ces yeux humides, brillants de

grâce et de sérénité. Les pommettes des joues, la partie anté-

rieure du visage, c'est l'Aphrodite dans les jardins, oeuvre

(1) Harmonide, I.

MS-SHSSS

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'$?J!5^I35S?*Ï5,SÎ?,!'^5^^ "—Tr '•ir;»^»w~r?.-

390 ANDRÉ LE MORVAN

d'Alcamène, qui nous les fournira; empruntons lui aussi les

mains, l'élégante attache des poignets, et la souplesse des doigtsfinement amincis à l'extrémité. Le contour général du visage,la délicatesse des joues, l'harmonieuse proportion du nez, nous

les demanderons à la statue des Lemniens, par Phidias. C'est

le même sculpteur qui nous donnera l'harmonie de la bouche

et le cou ; nous les prendrons à son Amazone. La Sosandra de

Calamis embellira notre image d'une dignité modeste et d'un

sourire noble et discret ; ce sera d'elle encore qu'elle tiendra la

grâce harmonieuse et décente dans l'art de se draper (1). »On pourrait aisément vérifier que dans presque toutes ses

allusions détaillées à l'art, Lucien a été aussi heureux que dans

cette page. Quels que soient les mérites de ses grandes des-

criptions, il est peut-être encore plus remarquable par la

netteté et la vivacité de ses détails descriptifs, dues à un goûtet à des dons organiques exceptionnels.

Les descriptions de Lucien montrent qu'il n'a pas eu plus

que les autres auteurs la notion nette d'une critique d'art auto-nome ; il la rattache toujours à un ensemble différent, discours,discussion philosophique, etc. Mais ce qui le distingue, c'est

qu'une fois la description engagée, elle devient vraiment libre ;il s'y consacre tout entier, sans arrière-pensée; il en jouit, non

plus en littérateur mais eïi vrai critique. Faisant une grande

place à l'expression, il évite sans doute l'accumulation de détails

techniques et de précisions très minutieuses, mais il faut voir

là le résultat à la fois de son tact et du manque de volonté systé-

matique et scientifique ; ses descriptions sont spontanées; elles

viennent s'insérer dans sa pensée avec une aisance et un natu-

rel parfaits. Malgré tous les mérites de la forme, alerte, vive et

claire, que Lucien a donnée à ses descriptions, la sincérité et

la force de ses impressions sensibles constituent l'explication

principale de sa puissance d'évocation dans les allusions à l'art.

André LE MORVAN.(1) Imag., 4.

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^^^•s^^^^ .- ^.jV^ .,.;--.,. .."r^^cr(^v^;'.r-VK'f'

DE LA BONNE FOI DANS LA DÉVOTION ANTIQUE

Dans un récent article de la Revue biblique (1) : Foi ou for-mule dans le culte d'Isis?, le P. Festugière a dépensé beaucoupde science et d'ingéniosité pour retrouver la significationexacte de l'une des sentences que contient la fameuse litanie

isiaquedu Pap. Oxyrh. 1380 (2). On lit en effet à la 1. 152 :

ôpwa'. us (se. Isidem) ol xatà -zbmar-rèv £nwaXoû(u.EVOLLe subtil

critique a 1res bien vu que le verbe principal ôpwm ai fait

allusion à l'épiphanie de la déesse : secourable aux mortels,elle se manifeste à eux dans les songes et vient leur porterassistance. 11 est d'accord aussi avec les premiers éditeurs,

pour donner à èiuxaXoû[ji.Evoi la seule signilication qui con-'

vienne (3) : ceux qui invoquent la déesse, qui lui adressent une

prière (ÈTuxXï|3-t; ou àvàxXvja-i; (4)). Mais il lui a paru que les

mots xareàTÔ TUTTÔVavaient été jusqu'à lui (5) mal entendus, et

après avoir, avec une minutie peut-être excessive, décomposé

l'expression et pesé la valeur de chaque terme, il aboutit à la

conclusion que la phrase doit être traduite : « [tu es vue par]ceux gui t'invoquent de la vraie manière, c'est-à-dire, selon ton

(1) Rev. BibL, 1932, p. 2S7-261.

(2) Oxyrh, Pap., XI, p. 190-220 (règne de Trajan ou d'Hadrien).

(3) L'acception du mot est trop usuelle pour qu'on puisse songer à entendre

par là « les prêtres d'Isis » (Festugière, loc. cit., p. 259).

(4) On comparera les l itanies des prêtres égyptiens, dans l'îlot de Philae,

auprès du tombeau d'Osiris : Diod., 1, 22, 5 : 6pï)vâv àva>ta'Xou|j.évou<; xà xSv BsSv

ôvôfjia'ca.

(5) 11 ne cite que la traduction de Grenfell-Hunt, Oxyrh. Pap., IX, p. 202: thosevyho invoke thee faithfully. On ajoutera celle de Lafaye, Rev. Phil., 1916, p. 69

ceux qui t'invoquent avec sincérité.

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P «rftw v^^^fRfe-'AW^^

392 FERNAND CHAPOUTHIER

vrai nom ». Je doute — si pénétrante que soit l'analyse — que

beaucoup d'adeptes se rallient à cette opinion.On avouera en effet que, s'il arrive à morôv d'avoir dans la

langue des Ecritures le sens de àX-7)6iv6v, l'idée qu'éveille le

plus fréquemment ce mot ou ceux de la même famille (rcurtwç,

TÙo-xiç)n'est point l'idée de vérité, mais l'idée de confiance (1).*0 Tuoréç, c'est celui entre les mains de qui l'on peut se remettre

sans inquiétude, celui qui ne cherche point à duper, qui ap-

porte, dans ses relations avec autrui, des qualités de franchise

et de bonne foi ; tô THOTÔV,c'est la marque de confiance, letémoignage que l'on ne peut récuser. Aussi la rcîartî apparaît-elle comme l'une des qualités essentielles de la toïklix (2). Dans

les siècles qui précèdent immédiatement notre ère, à une

époque où se multiplient non seulement les relations entre

individus divers, mais entre États, la tpùia devient une pré-cieuse vertu. La phraséologie un peu verbeuse des décrets

hellénistiques fait une place importante à la itirciç en même

temps qu'à la toCkiet, à l'eûvoia, à la toi./«av9p(oiûa, pour caracté-riser, en un temps de pactes mutuels, ces dispositions de

sincérité, de fidélité à la parole, d'absence de ruse ou de

« finasserie » (3), souhaitables entre particuliers comme entre

pays.Ces heureuses qualités sont aussi requises dans les relations

des humains avec les dieux; l'eûvowt, la TUTTI? ne définissent

pas seulement, la «piXfotterrestre; elles caractérisent l'eùoiëeta.

Etre bien disposé à l'égard d'un peuple consiste aussi à aller

(1) Cette remarque ne concerne pas seulement la langue attique, mais la langue

épigraphique de l'époque hellénistique.

(2) Sur la confiance dans l'amitié individuelle, cf. Dugas, L'amilié antique, p.

342; sur la confiance entre États, cf. la formule €V xlaxei xai oeiXca, par ex. Syll a,

615, 1. 20 : TtàXw oiaav èv TEÏ 'POJKILOJV oeiXta xal iristet. Sur l'imprécision du terme

oeiXia, cf. Holleaux, Rome, la Grèce et les monarchies hellénistiques, index, s. v.

amicitia.

(3) L'adjectif Ttwtd; est volontiers rapproché de SSoXo.; : Syll. 3, 71, 1.10 : è'crcai

raercà xaï dtëoXa «ai â-KKi ibcavcot xà ait' 'AflTjvaiwv 'PT,yîvotç. Dans l'inscription de

Philadelphie dont je parlerai plus loin, Syll.'*, 985,1. 16, ceuxqui entrent dans le

sanctuaire doivent jurer, SdXov [*Ti9sva p-r\?e dv8pï \ir,[xs yuvaiKi S£8O]T6?.

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DE LA BONNE FOt DANS LA DÉVOTION ANTIQUE 393

faire ses dévotions au dieu qu'il révère (1). Les mêmes hommes

qui apportentde la bonne foi dans la

gestion

des choses

humaines, sauront accomplir avec dévotion le service divin (2);

en l'un et l'autre domaine, ils manifestent TÔ TOSTOV.

Le terme abstrait, à la place du concret mcmç, ne me sem-

ble avoir rien de choquant; il s'accorde bien aux prétentions

d'idéologie un peu vague qui sont de mode à cette époque. Ce

n'est pas en vainque pendant plusieurs siècles historiens et

philosophes se sont employés à étudier les causes des actions

humaines, à retrouver sous les faits occasionnels les mobiles

généraux. On dira TÔ TCWTÔV,comme Thucydide (3) disait TÔ

TOTTÔVTÏJÇ ixoÀiTsîaç en parlant de la bonne foi dans la vie pu-

blique des Lacédémoniens, comme Aristote (4) disait TÔ TUO--

T£iiêiv, parlant de la confiance entre amis; comme Plutarque (3)dit : 'te «piXifitucèv xaî <pt,Xé<rropYovpour définir l'instinct d'aimer.

Agir xaTot TÔ TIWTÔV, c'est agir en conformité avec ce sentiment

de bonne foi qui est en nous. J'ai peine, malgré les fines re-

marques

du P.

Festugière,

à nepas

considérer la locution com-

me une simple périphrase, de sens identique à l'adverbe TUO-TWÇ.

Les dévots en question prient comme il convient à des eùo-e-

Setç, c-à-d. avec sincérité.

Une phrase de VÉloge d'Hélène (6) par Isocrate mérite d'être

rapprochée de la phrase du papyrus. Désireux d'ex*alter la toute-

puissance de la beauté, l'orateur regarde comme un don de la

divine Hélène l'immortalité de son époux Ménélas et de ses

frères les Dioscures. C'est à elleque

les dieux jumeaux

doi-

vent leur vertu de dieux sauveurs (7); grâce au privilège qu'ils

(1) CX. des expressions comme: Syll. 3, 381, 1. 10 : TT\V TOU itaxpôc; TOO éauToy raptTÔ tspov xai Ar,)iiou; eiSvotav. Les fidèles qui pénètrent dans une chapelle privée à

Philadelphie doivent : SÙVOEÏVXÔH OISUOItwtSs, Syll. 3, 985, 1. 24.

(2) Dém., 3e Olynth., 26 : Ta  jj.èv 'E>,)aivixà TUTTISÇ, Ta Se rcpàç TOÙÇOeoùç eûce6ô;6ioixeïv.

(3) Thuc, I, 68, 1.

(4) Arist., Mov. Nicom., VIII, 4, 3.

(5) Plut., Vie de l'ériclès, 1.

(6) Elog. Helen.,61.

Mathieu et Brémond [Isocrale, I, éd. Budé) placent lacomposition du discours entre 390 et 380.

(7) Cette même faveur, attribuée par les orateurs a Hélène, est attribuée sur

KEU, XI .V, I9S2, il" 21 :i. 27 .

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394 FERNAND CHAPOUTH1ER

tiennent d'elle, ils accourent dans la tempête et se manifestent

aux pilotes en émoi. Et voici comment s'exprime Isocrate :

OUTWÎ aicro^ Taç x'.jjiàç èvxpveliç s'Swxïv ws-9' âpojjiévou; OTCOTWV SV

T^ QaXàTrr, x'.vSuveûovxwv <r<j)Çet.v,oïtiveç av aitToùî sùa-sëâ); xaxaxa-

XéffwvTa'.. 2?//e leur donna des honneurs à ce point manifestes

que, vus par les marins en péril, ils sauvent ceux gui pieu-

sement les invoquent. Il y a, de 4'un à l'autre texte, une cor-

respondance parfaite./Opw[ji£vou; fait pendant à opwtn; dans le

verbe xaxaxa^étxwvxai on reconnaît le ÈTctxaXoûiJievot.du papyrus ;

xa-rà TÔ TUCTÔVprécise à souhait l'eÙTÊëwi; du discours attique.

La meilleure illustration de la maxime du papyrus se trou-

ve au xie livre de YAne d'or d'Apulée. Le P. Festugière Fabien

vu (1), mais sans s'apercevoir que ce texte, capital pour l'étude

du culte isiaque, fournit la meilleure arme contre l'interpréta-

tion qu'il propose. Lucius, gémissant depuis longtemps sous la

forme d'un âne, aspire à la métamorphose. Il invoque la déesse,

elle apparaît et lui révèle son vrai nom : regina Tsis (2). Le

P. Festugière veut y reconnaître le mot de passe nécessaire à

l'invocation, correspondant au xupi* rl<xiç que fournit le papyrus.Mais qui ne voit que pour que l'argumentation fût probante, ce

mot magique devrait se rencontrer non point dans la réponse de

la déesse, mais dans l'invocation du fidèle? Or dans l'èitîxAY|<nç

désespérée q«e Lucius lance à la déesse (3), je cherche en vain

le verum nomen. 11 n'y est pas (4)r Lucius ne le connaît pas.

Et pourtant la prière n'a-t-elle point été efficace? L'omission

du mot soi-disant essentiel a-t-elle empêché la déesse libératrice

de surgir des ondes, sa tunique lumineuse et constellée d'exha-

le papyrus à Isis, loc. cil.., I. 235 : a[6] AioixoOp[ou? <T]<I>[TTV]p[o"0 ÈitoÎT.aaî; cf. Per-

drizet, Terres cuiles de la collection Fouquel, p. 99. Des monnaies d'Alexandrie

de l'époque de Trajan offrent l'image d'Isis Pharia entro les Dioscures, Poole,

Calai, of greek Coins Brit. Mus., Alexandria, p. 54.

(1) Loc. cit., p. 251 n. 2 et p. 260.

(2) Apulée, Met-., XI, 5, 2.

(a) Apulée, loc. cit., 2, 1-7.

(4) Dans l'expression regina Isis on ne peut nier que le mot essentiel ne soit

le second; l'expression dont se sert Lucius : regina cceli est infiniment plus

vague.

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DE LA BONNE FOI DANS LA DÉVOTION ANTIQUE 398

1er des parfums d'Arabie, et, sur le sol, ses pieds divins de se

poser? Ne devons-nous point ranger Lucius au nombre de ceux

oï xa-îi xô miTTÔv£TCi/.aXo5v~ai?C'est bien la meilleure preuve que,

pour trouver accès auprès de la déesse, point n'est besoin

d'avoir connaissance d'une formule.

Je marquerai en terminant combien la phrase du papyrus,

interprétée comme j'ai fait, témoigne de sentiments opposés à

ceux qu'on a pensé y apercevoir. Je ne méconnais pas l'impor-tance de la magie dans la religion antique; je sais le pouvoir

que les Grecs attachaient au nom ; je n'ignore pas que, dans

bien des mystères, une part de l'enseignement consistait à

révéler le nom de la divinité (1). Mais ce n'est pas ici de cela

qu'il s'agit. Ne déprécions pas injustement la dévotion grecque ;

elle a dépassé le stade primitif de la pure sorcellerie ; elle sait

se proléger contre les incantations du verbe. Chez ce peuplede gens industrieux et trop habiles, que l'atavisme incline

aisément aux roueries du TO>Mp.ïiTiç'OSUTTSÛÇ,humains et dieux

ont trop longtemps souffert de l'esprit de ruse. Prométhée tend

un piège à Zeus et le frustre de sa part de victimes, Minos subs-

titue un autre taureau à celui que lui demandait Poséidon ; la

mythologie est pleine de ces épisodes de duperie. On veut

maintenant, dieux comme humains, se prémunir contre l'abus

des maléfices; il faudra de la bonne foi dans le respect des

pactes. Les dieux n'apparaîtront plus sous la force des simples

formules; une autre chose est nécessaire à la prière ; ce qu'une

inscription de Philadelphie appelle l'àyaÔï; Stàvoia : l'intention,droite (2). Pour apporter leur secours aux mortels en peine,les immortels exigent d'eux, non point encore l'adhésion à un

(1) C'est le cas, en particulier, dans les mystères de Samothrace : Strabon, X,c. 473 : Ta ôvo)Jia'ïa aùiûv È<TTI (xuiTuiâ; Denys Halic, Ant. Rom., 1, 68 : xaTa-

axeuatuai TÔV AipSxvov èvtaûBa (à Samothrace) t'îv 8EWV TOÛTWV tspôv. 3ppf|Tou<; TOÏÇ

àXkO'.i itoioûvT» xà? ÏSiaç OÛTWV ôvo[Jia<Tias.

(2) Syll.i, 985 (i« siècle av. J.-C), I. 50 sqq. : fai; (se. : "AySitmc;) 4Ta6àç] Sia-

voûç TCO;£ÎTO>àvSpâoi xat yuwx\.\h. Cf. encore dans une loi sacrée de Lindos, Ziehen,

Lerjes sacr., 11, 1, p. 364, n° 148, 1 . 5 : (f,vùy.t\v xaôapoûç et le commentaire. On

comparera, dans la « chronique », du Sarapieion A, à Délos : Roussel, Culteségyptiens, p. 72, 1. 33-34 : ÈTBXoïatv 8è oaÙTopeç aièv sjieaOe | àv8pi»iv oï ttatà iteivTa

vdon 8<na cppovsouaiv.

ït]^p^wî

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 /%'.&?-:: ' '--'ï'ï^y'^ï'^y.ïT.* -. v:çf-v"'V^vrv^V'^^r^^-^^

396 FEUNAND CHAPOUTHIEH

corps de doctrine, la foi (1), mais non plus seulement l'unique

connaissance d'un rituel. Ils demandent, ce que réclament lesamis : la sincérité du coeur. C'est une notion qui me paraîtremonter aux siècles de l'alticisme (2). Elle n'est pointchrétienne; elle n'est point magique ; elle est païenne. Elle

appartient à une religion qui se préoccupe moins d'assurer le

bonheur dans l'au-delà que les bonnes relations dans la vie sur

terre (3). Elle caractérise un peuple qui voit les dieux comme des

hommes et qui, même dans le culte divin, a souci d'humanité (4).

A la question : foi ou formule? posée parle P. Festugièreen tète de son article, nous répondrons : ni foi, ni formule;bonne foi.

Fernand CHAPOUTHIEK.Bordeaux, mai 1932.

(1) C'est dire que je ne partage pas non plus le point de vue, également

extrême, de Reitzenstein, Die hellenistischen Mysterienreligionem 3, p. 234-236,

qui voudrait reconnaître dans la TtCo-nç hellénistique « eine dem Glauben ânhliche.

reliyiôse Kraft », et s'autorise du texte du papyrus.

(2) Mais el le est surtout développée à l'époque hellénistique. L'un des buts — sinon le but essentiel — des cultes à mystères sera de développer ces qualités

morales, cf. Diod., V, 49, 6 (à propos des mystères de Samothrace) : y(vsoGa( tpaai%aX tùatëtaxipous *al Swaiotépoui; xai xatà itâv ps^xiovaç éauTwv TOÙÇ TÛV jjujoTiripttov

xoivwWiaavTai;. Aussi n'est-il point douteux que la prière des gens initiés n'ait été

considérée comme plus efficace; Di.idore le marque bien, lac. cit., Staëeâoiycoii i\ TOOXWVTtôv OEWVèiuï><ivst.a xai 7cap<S<Soi;0<;iv TOC?xivSùvoii; j3of|9aa TOÏ<; éiuica>,effa|iévoi?tûv p.utfiivziav. Les fiOoTai sont en effet, comme l'indiquent les nombreuses pla-

quettes votives de Samothrace, les eûss6eï? par excellence. Dans la traversée des

Argonautes, Orphée invoque les dieux parce qu'il est seul initié, Diod., IV, 43,1.

Mais, si l'initiation act ive la prière, ce serait une erreur de la croire indispensa-ble ; l'exemple de Lucius le prouve bien; l'initiation suit a lors le service rendu au

lieu de le précéder.

(3) On se souviendra des justes observations de Zielinski dans La relit/ion de la

Grèce antique, p. 92.

(4) C'est ainsi que la <fu>.av8pu7tta du Zeus de Panamara consistait moins à

donner d'heureuses espérances d'outre-tombe qu'à convier les fidèles à des ban-

quets pleins d'allégresse, cf. Roussel, BCH, 1927, p. 134 sqq. — Je n'ai pas voulu

aborder, à propos de la courte phrase du papyrus, le problème que nous posenttous les hymnes ou litanies isiaques (cf. Roussel, REG, 1929, p. 155 sqq.) : est-

ce un trait grec? est-ce unirait égyptien du culte d'Isis ? On voit que je suis

enclin à y reconnaître une marque de la pensée grecque, mais le sentiment

exprimé est trop banal et ma connaissance des cultes égyptiens trop imparfaite,

pour que je puisse affirmer qu'on ne trouverait rien de semblable dans les cultesde la vallée du Nil.

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TABLE DES MATIERES

PAUTIE ADMINISTRATIVE ET ACTES DE L'ASSOCIATIONPageB.

Statuts de l'Association i

La médaille de l'Association iv

Membres fondateurs de l'Association v

Souscriptions exceptionnelles pour les Monuments grecs et l'illustration

de la Revue. vt

Membres fondateurs pour les Monuments grecs et l'illustration de la

Revue vu

Anciens président» de l'Association vm

Bureau, Comité, Commissions . x

Membres donateurs décédés xiListe générale des membres au Ie' juin 1932. ; xvm

Périodiques échangés avec la Revue xxxvi

Prix décernés dans les concours de l'Association (1868-1931) ... xxxvm

Actes de l'Association XLVI

Assemblée générale du i  juin 1932 LVII

Allocution de M. A. DESHOUSSEAUX, président . LVII

Rapport présenté au n om de la Commission des prix par M. H. Ch.

PUECH, secrétaire général LXVI

Rapport du trésorier xc

PARTIE LITTÉRAIRE

CADIOU (René). Dictionnaires antiques dans l'oeuvre ri'Origène 271

CAHEN (Emile). Pour Virgile 1

CHAKTRAINE (Pierre). Remarques sur l'emploi des formules dans le pre-mier chant de l'Iliade 121

CHAPOUTHIER (Fernaud). De la bonne foi dans la dévotion antique 391

ÇORTE (Marcel de). Notes critiques sur le « De Anima » d'Aristote 163

DAIN (Alphonse). Un manuscrit reconstitué. L'Ambrosiàrius C 262

Inf. (902). 250DOVATOUB (A.) Notes sur Parthénios « Souffrances amoureuses », 27— 195

' 'kmM

Page 296: Revue Des Etudes Grecques 45, 1932

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476 TABLÉ DES MATIÈRES

GLOTZ (Gustave). Un livre d'histoire économique 241

HOLLEAUX (Maurice). Études d'histoire hellénistique. La clause territo-

riale du traité d'Apamée (ISS av. J.-C.).. 7KHAPPE (Alexander Haeggerty). Les Charités 15o

LKJEUNE (Michel). Une forme étolienne à Delphes : 366

LE MOUVAN (André). La description artistique chez Lucien 380

MIRAMBEL (André). Remarques sur l'expression du comparatif dans les

parlers modernes de Naxos 293

ROBERT (Louis). Épigraphica 199

ROUSSEL (Louis). Art et folk-lore dans les <t>ap [j.axeuTp (ai de

Théocrite 301

ROUSSEL (Pierre). Le testament du roi de Cyrène 286

CHRONIQUE

CHARBONNEAUX (J.), VALI.OIS (R.), PICARD (Ch.),' DUOAS (Ch.), DAVID LE

SUFFLEUU. Bulletin archéologique 32

RODSSEI, (Pierre). Bulletin épigrapkique 204

COLLART (Paul). Bulletin papyrologique 397

TABLE DES COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

Mschylus.

The Agamemnon, par J. C LAWSON (A. Puech) 4S3

ALLEN (J. T.). Three emendalions (V. Coulon) 308

Anthologie grecque. Première partie. Anthologie palatine, tome III,

livre VI, par Pierre WALTZ (L. Méridier) 438

ARISTOTE. Physique (V-VIII), tome second, par H. CARTKRON

(E. Bréhier) 442

Basilio Magno (S.). Discorso ai giovani sulla letlura dei classici par

A. NARDI (A. P.) 430

BAVNES (N. H.). Conslantine the Grent and the Christian Church

(A. d'Alès) 450

BEKVE (H.). Griechische Geschichte, I. Von den Anfângen bis Perikles

(P. Cloché) 329BIELMEIER (P. A.). Die Neuplalonische Phaidrosinterprelalion, il ir Wer-

degang und ihre Eigenart (L. Robin) 116

BILL (Cl. P.). Tracking the Grecks (A. P.) 118

BOKNER (R. J.)-SMITH (G.). The administration of justice from Homer

to Aristotle{G. Glotz) 339

BRÉHIER (E.). Histoire de la philosophie, Tome 1, VAntiquilé et le

Moyen Age; 111, Moyen Age et Renaissance (H. Ch. Puech) 461

Bulletin of the Metropolitan Muséum of Art, vol. XXV ; vol. XXVI

(Ch. Picard) 114, 344

CAHEN (E.). Callimaque et son oeuvre poétique.—

Les Hymnes de Calli-mague, commentaire explicatif et critique (A. Puech) 310

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TABLE DES MATIÈRES 477

Cambridge ancient Hislory, vol. of plates III, par C. T. SELTMANN

(P. Cloché) 331

Cataloguscodicum astrologorwm graecorum. Codieum Parlsinorum

partent primam descripsit F. CUMONT (H. Gh. Puech) 462

Catalogue of Latin and vernacular alchemical Manuscripts in Great

Britain and lreland dating from before the XVI Ceniury, par SIN-

GER (D. W.), ANDERSON(A.), ADDIS (B.) (H. Gh. Puech) 465

CATAUDFXLA (Q.). Drammi cristiani greci. — Poesia cristiàna antica

(A. P.) 443

COONASSO (L.). Letture e terni greci per i Licei (A. P.) 431

COLLOMP (P.). La critique des textes (A. Puech) •. 429

COLOMBI (M. P.). Rappresentazioni figurale del mimo (Gh. Dugas) 432

COMAN (J.). Vidée de la Némésis chez Eschyle (A. P.) 442

Commentaires de Pappus et d e Tkéon d'Alexandrie sur VAlmageste.Tome l. Pappus d'Alexandrie, Commentaire sur les livres S et C de

VAlmageste par A. RO^E (A. Rivaud) 422

Corinth, vol. III, part. I. Acrocorinlh. excavations in I9ÎB, par C. W.

BLEGEN, STILLWELL, O. BRONEER, A. R. BELLIMGER 314

 — vol. V. The Roman villa, par Th. L. SHKAR (Ch. Picard) 313

 — vol. VIII, \"> partie : Greelc inscriptions par B. D. MERITT (S. de

Ricci) ;. 441

 — vol. VIII, 2e partie : Latin inscriptions, par A. B. WEST (Gh. Picard). 434

 — vol. IX, Sculpture, par Fr. P. JOHNSON (Ch. Picard) 343

CONTENAU (C.) et CHAPOT(V.).

L'artantique

: Orient-Grèce-Rome

(Ch. Picard) 4B5

Corpus vasorum antiquorum, fasc. 5, par H. B. WALTERS et E. J. FOHS-

DYKE ; fasc. 6 par II. B. WALTERS (11. Vallois) 338

COTTAS (V.). Le théâtre à Byzance. — L'influence du drame « Christos

Paschon » sur l 'art chrétien d'Orient (J. E.) 425

DELAGE (E). La géographie dans les Argonautiques d'Apollonios de

Rhodes. — Biographie d'Apollonios de Rhodes (A. Puech) 319

DELATTE (A.). Anecdota Atheniensia. Tome I. Textes grecs inédits rela-

tifs à l'histoire des religions (H. Gh. Puech) 4S9

DELCOURT (M.). Euripide et les événements de 431-424 (L. Méridier). ... 322

DÉMÉTRUIS CYDONÈS. Correspondance, par G. CAMMEI.LI (E. Renauld) . 238Demosthenis orationes, III, par W. RENNIE (A. P.) 429

DERENNE (E.). Les procès d'impiété intentés aux philosophes à Athènes au

ve et au iv« siècles avant J.-C. (P. Cloché) 329

Diarium Martini Crusii 1598-1599 par W. GOEZ et E. CONRAD (A. P.) 430

DIESENDRUCK (Z.). Slruktur und Charakler des platonischen Phaidros

(L. Robin) 115

EDGAR (C C). Zenon papyri in the University of Michigan Collection

(P. Collart) 351

Études sur l'histoire et s ur l'art de Byzance. Mélanges Charles Diehl

(R. Guilland) 315EURIPIDE. Iphigénie à Aulis, par A. WILLEM (L. M.) 119

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i-W

4Î8 TABTE DES MATIÈRES

Excavations at Dura Europos par P. V. C. BAUH et M. P. ROSTOVTZEFF

(Ch. Picard).............. 333

FALCO (V. de). L'epigramma atlribuito a Pisandro (A. P.) 431

Eestschriftfih* James Loeb (Ch. Picard) 413

FONTOYNONT (V.) Vocabulaire grec commenté et sur textes (L. M.) 355

Genava, IX (Ch. Dugas) 432

GERBTINGER (H.). Mitteilungen aus der l'apyrussammlung der National-

bibl iothek in Wien (P. Collart) 449

GRADENWITZ (0,), BILABEL (Fr.), PFEIFFER (E.), LAUBR (A.). HeidelbergerKontrdrindex der griechischen Papyrusurkunden (P. Collart) 354

r.pann.aTix*ri. TOit'Oi xat *avôveç tf|î xoivûç Ô(JLIXOU |J.ÉVT|;

NeoeAXT,vi*f,« (H. Pernot) 438

GRAMDE (C. del). Archiloco.—

Espressione musicale dei poeli greci(A. Puëeh) '. 119, 446

Guides bleus : Grèce, par Y. BÉQUIGNON (Ch. Dugas) 444

HENRY (P.). Les églises de la Moldaoie du nord, des origines à la fin du

xvr 5 siècle. Architecture et peinture (J. E.) 327

Hesperia, vol. I, 1932 (Ch. Picard)... 4SI

HOBY (G. W. P.). The use of the optative mood in the Works of SI. Gre-

gory of Kyssa {L. Méridier) 234

Homer. lliada, càtit primer (A. P.).'..:...... 325

Homeri Iliàs, par Th. W. ALLEN (L. Méridier) 435

HOWALD (E'.).' Die griechische Tragbdie (L. Méridier) 311

HUMBERT (J.'). La disparition du datif en grec {du i" au xe siècle) (M. Le-

 jeune) '..;.. ........ 237

 — Polycratès. L'accusation de Socrale et le Gorgias (H. Ch. Puech) .... 463

lu.lG (L.). Zùr Formdér Pihdarischen Erzaehlung. Inlerpretalionen

und Untersuchungen (A. Puech) r 452

.TARDÉ (A.). Athènes ancienne (Ch. Picard).. 335

JOHNSON (A. Ch.) et U'OLSBN (H. B. van). Papyri in the Princeton Univer-

sity Collections (P. Collart).... ' 353

KIKAUKA (P.). Mètres de la poésie grecque monodigue (A. Piiech) 440

KOCH [H.). Apollon unda Ap'ollïries » (Ch. Picard). 318

KYRIAKIOÈS'(S. P.). Spqixtxà taÇetSia (Ch. Picard) 319MARTIN (J.)l Symposion, die Gëschichte ëiner li lerarischen Form (A. P.).. 346

Massimo C'on'fessorè' (S.)'. La Mislagogia e allri sçritti, par R. CANTA-

REI-LA (R. Guillarid) 348

MATAKIEWICZ (H.). De Hercùlis ad inferos descensu (A. Puech) 453

MEUNIER (M.). Sàppfio, Ahaeréon et Anacréontiques (A. Pùeeh) 447

MILLET (G.). Monuments de l 'Athôs. I. Les Peintures (S. der N'ersessian). 320

Monumenld Asiaè Hinàris antiqua, vol. 111 : Denkmàler aus dent Rauhen

Kilikien, par J. KEII. et Ad. WII.HELM (P. Roussel) '.;.. 424

MULLER (V.). FrilhePlastïk ïn Griechènlarid und'Vorderasien[i. Char-

bonneaux) „'. 111MUNNO (G.)'.'Lëvia, Stùdi et profili su là letleralùra greca e làtina(L.

'"Ttféridiér):.'.:.'.'.'.".. :./.' .' .' .;.' ...' ' ..". '....' ....- 436

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v.*..^,.,^ -^^^msw^.-^; > ,ppr/4^ j^&t^j£$/%ù%$j?tâ#4s

TABLE DES MATIÈRES 479

Ml)RPHY.(Sister M. G.). Si. Basii und Monasticism (A. P.) .. 119

MURRAY (G.), BAILEY (C.), BAHBER (E. A.), HIOH'AH (T. F.), BOWRA (C, M.),

The Oxford Book of Greek Verse (L. Méridier).. 233

O'NBII.L (J. G.). Ancienl Corinth. Part. I. From the earliest times lo >tOi

B. C. (Ch. Picard) 312

OVIKK (Dr. B. J. H.). Philosophische ErkUlrung der plalonischen Dialoge

Meno und Hippias Minor (E. Bréhier) , 347

PARRY (M.). Studies in the epic technique of oral verse-making. Homer

and Hpmeric Style (A. P.) '. — 326

PHII.IPPART (II.). Iconographie des Bacchantes d'Euripide (Ch. Picard)... 316

PICARD (Ch.). La vie privée dans la Grèce classique (L. Méridier) 3S6

PLATON. OEuvres complètes. Touie XIII, 2e partie; 3" partie, par J. SOUILHÉ

(L. Méridier) 234, 236PLATON. OEuvres complètes. Tome V, llc partie, par L. MÉRIDIER (A.

Puerii).... , 431

PLATON. Ausgewàhlte Schriften. IV. Protagoras, par Dr. W. NESTLÉ

(L. Méridier) , , ,..,... 327

PI.OTIN. Ennéades, V, par E. BRÉHIER (A. Rivaud).. 426

POUTIS (N. G.). 'EAÀT,VIXT, Bt6XioYpaoe(« (H. Pernot) 4SI

Pollucis Onomasticon, par E. BETHE (A. Puech) 428

Prolegomenon Sylloge, par H. RARE (A. P.) 430

BADET (G.). Alexandre le Grand (R. Cohen) 427

RKINACII (S.). Amallhée. Mélanges d'archéologie et d'histoire (Ch. Picard). 332

RICHTER (G. M. A.). Animais in Greek Scidplure (Ch. Picard) 341

RITTER (Dr. C;). Die Kerngedanken der platonischen Philosophie (E.

Bréhier) 347

RODENWALDT (Dr. G.). Neue deulsche Ausgrabungen (Ch. Picard) 336

ROHDE (E.). Psyché, éd. française par A. REYMON» (H. Ch. Puech) 460

liomano il Melode. Inn, par G. CAMMELLI (R: "Guiltand) 348

ROSE (H. J.). Modem methods in classical mythology (Ch. Picard) 317

SCHABMER (R.). 'EiUTffi |AÏ| et TC£VÏ|. Élude sur les notions de connais-

sance el d'art d'Homère à Platon (A. Rivaud) 323

SCHWAHN (W.). Das Burgerrechl der sympolilischen Bundestaaten bel

den Griechen (P. Cloché)...', , 331Séria Rudbergiana, éd. H. Holst et H. Morland (A. P.) 439

SILVA (A. da). A religiao grega (A. P.) '.' 326

SMITH (H. R. W.). The origin of Chalcidian ware (Ch. Dugas) 448

SPHEY (J.). Literarische Slûcke und Verwandtes (P. Collart) 354

STAEHLK (K.). Die Zahlenmystik bei Philon von Alexandreia (E. Bréhier). 442

Studi Bizantini e Neoellenici, vol. II I (R. Guilland) 433

Suidae Lexicon (Pars II, A-6), par A. ADLER (A. Puech) 428

Symbolae Osloenses, fasc. X (A. P.) 452

TANNEHY (P.). Mémoires scientifiques, IX. Philologie, par J.-L. HEIBERQ

(P.-M. Schuhl) 338

TARN (W. W.). Seleucid-Parthian Studies (P. Cloché)...,....,,...................., __  332

TEODORETO. Terapia dei morbi pagani, par N. FESTA (R. Guilland) 348

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480 TABLE DES MATIÈRES

THIEL (J. H). Anliplwns erste Tétralogie (L. Gernet) 437

TRAMOHTANO (R.). La lel/era di Aristea a Filocrate (A. Puech) 428VAOANAY (L.). L'Évangile de Pierre (A. Pucch) 239

VAILLANT (A.). Le « De aulexusio » d e Méthode d'Olympe, version slave

et texte grec édités et traduits en français (A. Puech) 324

VIEILLEFOND (J. R.). Jules Africain. Fragments des Cestes provenant de

la Collection des Tacticiens grecs (A. Pucch) 446

WEIZSAECKER (A.). Unlersi/chungen iiber Plularchs biographische Technik

(A. Puech) 345

WESTERJIANN (W. L.), et KEYES (C. W.). Tax lists and transporlation

rescripts from Tlieadelphia (P. Collart) 444

WIFSTBAND (A.). 'Eixdta. Emendalionen und Interpretalionen zu grie-chischen Prozaikern der Kaiserzeit. I. Dion und Josephus (A. P.) 345

WOOLLEY (G. L.). Les Sumériens (P. Cloché) 328

XENOPHON. Anabasis, par C. MODE (A. Puech) 342

XENOPHON. Anabase, par P. MASQUEUAY (A. Puech) 342

Yale classical Studies, vol. I l (A. P.) 344

ZORBLL (Pr.). Lexicon Novi Testamenli (A. d'Alès) 424

Bon à tirer donné le 30 décembre 1932.

Le rédacteur en chef, Louis MÉRMIIER.

LE PUY-EN-VELAY. IMl'RIMEllIE C< LA HAUTE-LOIRE ».

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illilJ^S^^ -

TABLE DES MATIÈRES

PARTIE LITTERAIRE

Pages.

Emile CAIJEN. — Pour Virgile 1

Maurice HOLLEAUX. — Études d'histoire hellénistique. La

clause territoriale du traité d'Apamée (188 av. J.-C).. 7

CHRONIQUE

J. CUARBONNEAUX, R. VALLOIS, Ch, PICARD, Charles DUGAS,

DAVID LE SUFFLEUR. — Bulletin archéologique 32

BIBLIOGRAPHIE

«Comptes rendus bibliographiques 111

Le Comité de l'Association pour l'encouragement des éludes grecques

se réunit le premier jeudi non férié de chaque mois, excepté enaoût, septembre et octobre. Tous les membres de l'Association

peuvent assister aux .séances avec voix consultative.

La Bibliothèque de l'Association (Sorbonne, salle des conférences de

grec), est ouverte le mardi de 4 h. 1/2 à 5 h. 1/2, et le samedi de

2 h. à 4 h.

La lievue des fîludes grecques est publiée quatre fois par an

(rédacteurs en chef : MM. Louis MÉMDIKR et Pierre ROUSSEL).

Prix d'abonnement : Paris *. > 60 »

Départements 60 »

Etranger 78 »

Un numéro séparé 20 »

l.e Puy-en-Volay. — Imprimerie La Huute~Loirt

Page 302: Revue Des Etudes Grecques 45, 1932

7/29/2019 Revue Des Etudes Grecques 45, 1932

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TABLE DES MATIERES

PAR TIE ADMINIS TRA TIVEPages.Statuts de l'Association i

La médaille de l'Association ivMembres fondateurs de l''Association v

Souscriptions exceptionnelles pour les Monuments grecs etl'illustration de la Revue . vi

Membres fondateurs pour les Monuments grecs et l'illustrationde la Revue . vu

Anciens présidents de l'Association vinBureau, Comité, Commissions xMembres donateurs décédés xiListe générale des membres au 1" juin 1932 xvm

Périodiques échangés avec la Revue xxxvtPrix décernés dans les concours de l'Association xxxvmActes de l'Association ._  XLVIAssemblée générale du 9 juin 1932 , LVH

Allocution de M. À. DESROUSSEAUX,président LVTI

Rapport présenté au nom de la Commission des prixpar M. H.-Ch. PUECU, secrétaire général LXVI

Rapport du trésorier xc

PARTIE LITTÉRAIRE

Pierre CUANTRAINE. — Remarques sur l'emploi des formules

dans le premier chant de l'Iliade 121Alexandre Haeggerty KRAPPE. — Les Charités 155Marcel DE CORTE. — Notes critiques sur le « De Anima »

d'Aristote 163A. DOVATOUR. — Notes sur Parthénios « Souffrances amou-

reuses », 27. 195Louis ROBERT. — Epigraphica , 199P. ROUSSEL. — Bulletin épigraphlque 204Comptes rendus bibliographiques 233

Le Comité de l'Association pour l'encouragement des études grecques

se réunit le premier jeudi non férié de chaque mois, excepté enaoût, septembre et octobre. Tous les membres de l'Associationpeuvent assister aux séances avec voix consultative.

La Bibliothèque de l'Association (Sorbonne, salle des conférences degrec), est. ouverte le mardi de 4 h. 1/2 à 5 h. 1/2, et le samedi de2 h . à 4 h .

La Revue des Eludes grecques est publiée quatre fois p:ir an(rédacteurs en chef : MM. Louis MÉRIDIEN et Pierre ROUSSEL).Prix d'abonnement : Paris fiO »

Déparlements 60 »

Etranger 75 »

Un numéro séparé 20 »

Le Puy-en-Velav. — Imprimerie La Ifaute-Loiri

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