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La Compagnie Nomade In France SI LOIN SI PROCHE Texte Abdelwaheb Sefsaf Mise en scène Abdlewaheb sefsaf et Marion Guerrero Musique Aligator Avec Abdelwaheb Sefsaf, Georges Baux et Nestor Kea Théâtre de la Croix Rousse - Lyon - mai 2018 11 • Gilgamesh Belleville - Avignon - juillet 2018 Maison des métallos - Paris - décembre 2018 REVUE DE PRESSE Service de presse Zef Isabelle Muraour (06 18 46 67 37) & Emily Jokiel (06 78 78 80 93) Avec Valentine Bacher, Carole Guignard et Clara Meysen [email protected] www.zef-bureau.fr

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La Compagnie Nomade In France

SI LOIN SI PROCHE

Texte Abdelwaheb Sefsaf Mise en scène Abdlewaheb sefsaf et Marion Guerrero

Musique Aligator Avec Abdelwaheb Sefsaf, Georges Baux et Nestor Kea

Théâtre de la Croix Rousse - Lyon - mai 2018 11 • Gilgamesh Belleville - Avignon - juillet 2018

Maison des métallos - Paris - décembre 2018

REVUE DE PRESSE

Service de presse Zef Isabelle Muraour (06 18 46 67 37) & Emily Jokiel (06 78 78 80 93)

Avec Valentine Bacher, Carole Guignard et Clara Meysen [email protected]

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POINT PRESSE

Radio / Webradio :

• Nostalgie / Sébastien Iulianella, journaux d’info : interview d’Abdelwaheb Sefsaf le 14 juillet.

• L’écho des planches / Marie Blanc : Chronique sur le spectacle. Podcast ici

Interview :

• La Presse Nouvelle / Simone Endewelt : interview d’Abdelwaheb Sefsaf le 14 décembre. Article à paraître pour annoncer les dates de tournée.

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PRESSE ECRITE

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Théâtre. Tranches de vie d’un gars de Saint-Étienne MARINA DA SILVA LUNDI, 23 OCTOBRE, 2017

Lorsque sa voix au timbre arc-en-ciel troue le silence, elle a la puissance et la fulgurance des poètes. Houria Djellalil

Dans sa dernière création intime et politique Si loin Si proche, Abdelwaheb Sefsaf, acteur,

musicien et metteur en scène, met tout son souffle et son talent. On en ressort bouleversé.

Il est assis au centre de la scène, scrutant la salle et instillant un silence qui s’écoule comme

dans un sablier aimantant le public. Derrière lui, un gigantesque crâne métallique noir, sculpté

de torsades et de calligraphies, au-dessus duquel flottent des ballons blancs. Abdelwaheb

Sefsaf est plus grand que la structure. Sa présence crève le plateau. Au sol, des monceaux de

valises prêtes pour le départ. Autour du comédien, des stèles, sombres, que seule anime

l’écriture d’un poème en arabe. L’une d’elles, retournée, enluminée et colorée, devient siège

et laisse présager d’autres métamorphoses.

Sa création la plus personnelle et la plus audacieuse

On doit cette composition scénographique, crépusculaire et solaire, subtile et inventive, à sa

compagne, Souad, et à la maestria d’Alexandre Juzdzewski, qui opère aux lumières. Des

empreintes que l’on découvre ou reconnaît, comme lorsqu’on franchit le seuil d’une maison

amie apprêtée pour une nouvelle fête. À cour, il y a Nestor Kéa, incroyable compositeur

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mélangeur de hip-hop, jazz, dubstep, salsa, rock, folk… et à jardin Georges Baux, compagnon

de route et complice de toujours, aux claviers et à la guitare. Avec Si loin si proche, mise en

scène avec la complicité de Marion Guerrero, Abdelwaheb Sefsaf signe sa création la plus

personnelle et la plus audacieuse.

Lorsque sa voix au timbre arc-en-ciel troue le silence, elle a la puissance et la fulgurance des

poètes : « Les cœurs se sont éteints, les rues désertes s’ouvrent comme des plaies… Le monde

arabe est un cimetière. » Le diagnostic est posé, acide comme une brûlure. Contre cette

hécatombe à grande échelle qui engloutit dans la Méditerranée ou déverse sur les trottoirs

des capitales européennes des réfugiés par familles entières, venus de Syrie, de Libye, de

Tunisie et de partout, il faut s’ancrer dans la vie, réinventer la présence et l’écoute, la

fraternité et la colère. « Je ne mourrai pas et je demeurerai un minuscule caillou saignant dans

la chaussure de ce monde. » « Je suis un Nègre blanc. »

Puis après avoir déployé la flamboyance de sa langue poétique, qu’il profère dans un diapason

envoûtant, avec des modulations du souffle au cri, passant du dire au chant, Abdel va se

transformer en conteur dans un registre gouailleur et populaire, se jetant sans filet dans

l’évocation intime de l’enfance. Cela commence à Saint-Étienne, où il est né. Son père a deux

passions : « la politique et l’Algérie ». Sa mère s’intéresse à la variété et à l’éducation dans les

règles de ses enfants. S’ensuit une description apocalyptique et à mourir de rire de l’usage ou

non du martinet à la moindre incartade. Pour toute la petite famille, le rêve du retour en

Algérie va se construire comme l’attente du retour en Terre promise et structurer le quotidien.

Jusqu’au jour de la tentative de départ. Abdel a une dizaine d’années. Ses frères, ses sœurs et

lui sont entassés dans une fourgonnette – mal – bricolée pour le grand voyage par la route et

le bateau. Ils échoueront sur un parking en Espagne, et attendront, sous un soleil de plomb et

durant une longue semaine, une pièce détachée. Un récit « à l’algérienne », avec un humour

et un sens de l’autodérision déjà immortalisés sur les planches par Fellag et qui semble une

donnée ADN sans cesse remixée et réinventée. « J’aime rire et faire rire. Je mets de l’humour

dans mes tragédies », concède Abdel, qui se moque de lui et des siens, de là-bas et d’ici, avec

tendresse et lucidité, en regardant fermement vers un horizon d’émancipation. Pour Si loin si

proche, il a tout écrit, texte, poèmes et chansons, sauf À ma mère, de Mahmoud Darwich, un

signe de reconnaissance au poète palestinien, dont il interpréta avec brio, dans Quand

m’embrasseras-tu ?, mis en scène par Claude Brozzoni, quelques-uns des textes.

Avec Attache-moi, pour toi je danse… et sa palette de chansons kabyles, il compose avec

générosité un répertoire enchanteur et stimulant. Le public ne boude pas sa joie, qui, tous

âges confondus, est debout à chanter et danser, pour que la vie demeure plus têtue que le

désastre.

La pièce a été créée au Théâtre de la Renaissance, à Oullins (Lyon Métropole), le 17 octobre dernier. Prochaines représentations : le 27 avril au centre culturel Le Corbusier, à Firminy, les 2 et 3 mai au Théâtre de la Croix-Rousse, à Lyon. Et, dans le off d’Avignon 2018, au Théâtre 11 Gilgamesh Belleville.

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WEB

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Avignon off : la consécration du roi Abdel Ier 18 JUIL. 2018 - PAR JEAN-PIERRE THIBAUDAT - BLOG : BALAGAN, LE BLOG DE JEAN-PIERRE THIBAUDAT

Avec un communicatif goût du récit et une rondouillarde générosité mêlant petites histoires de la vie et chansons, Adlewaheb Sefsaf, acteur - auteur - conteur - chanteur oriental né en France et s’étant formé à l’école de théâtre de Saint-Étienne raconte et chante « Si loin, si proche », l’épopée d’une famille algérienne dans la France des années 70 entre Saint-Étienne et le bled. Quel voyage !

Tout est rond chez Abdelwahed Sefsaf. Sa bouille, son crâne au cheveu ras, son ventre (façonné par « une cuisine qui combine à part égales le sucre, sa moule, le beurre et l’huile »), ses phrases, sa façon de parler, et tout en rondeurs est sa façon de chanter-danser. Son nouveau spectacle Si loin si proche, est disons-le sans attendre, une merveille. E constitue la meilleure réponse au mauvais coup du maire de Roanne, Yves Nicolin (UMP) qui, à peine élu, avait envoyé deux policiers au domicile d'Abdelwahed Sefsaf porter un pli lui signifiant, sans raison, son licenciement immédiat à la tête du théâtre de la ville qu’il venait de diriger avec succès de 2012 à 2014.

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A dix dans une estafette Parti d’Algérie avec sa jeune femme, le père Abdelwahed Sefsaf était venu travailler dans les mines à Saint-Étienne. Naissance après naissance, tout le monde, y compris la grand-mère s’entasse dans une pièce « sans eau courante ni toilette », un nouveau logis leur apportera l’eau courante « pas tous les jours » et des toilettes « sur le palier ». Le père quitte la mine suite à un accident, il finira par vendre des fruits et légumes sur les marchés. Au quatrième enfant la mère a enfin le doit de sortir dans les rues… Dans les années 70, lorsque le président Giscard d’Estaing prône (largement) et finance (modestement) une politique du retour, la famille décide de revenir au pays, au bled, pour y construire une grande maison. Algériens devenus Stéphanois, ils n’habiteront jamais cette maison. L’un de leurs fils, Wahid, né en France, s’installe en Algérie. Toute la famille fait le voyage pour son mariage et apporter le djhez, en français la dote (ce voyage de trois mille kilomètres à dix dans une estafette constitue le grand moment épique du spectacle), mais le mariage est un échec, le fils revient en France. Pas simple de « revenir » dans un pays où l’on n’est pas né ou que l’on a quitté depuis trop longtemps. Cette chronique somme toute banale, Abdelwahed Sefsaf en fait une truculente épopée en la tressant par le filtre de ses souvenirs d’enfance avec de craquantes anecdotes, des tas de petits faits ordinaires qui en deviennent extraordinaires par la magie de son dit nourri de langue de Victor Hugo et celle de Shéhérazade. Abdelwahed Sefsaf rassemble ses langues dans un bouquet fleuri et odorant où se côtoient le français des romanciers appris à l’école, celui des Algériens de France qui l’ont appris sur le tas, la langue arabe, la seule que pratiquent sa mère et sa grand-mère, sans compter les accents et le charme qui en découle. La maison future donne un sens à la vie et justifie les inconvénients et les sacrifices du présent à vivre éternellement dans du « provisoire » avec « une ardeur à la bricole qui n’a d’égale que son improbable sens de l’esthétique ». Chez « l’immigré algérien des années 70-80 » poursuit Abdelwahed Sefsaf « le moche est une abstraction. Si c’est solide, c’est beau, car la solidité est une beauté suffisante ». Nomade in France C’est un regard d’une immense tendresse que le fils porte sur son père qui avait installé un portrait du président Boumédienne dans la cuisine et, sa vie durant, ne cessa de répéter : « cette maison, c’est pas pour moi, c’est pour vous ». Il en va tout autant pour la mère qui avait la main leste mais gardait le martinet pour les grosses bêtises : « Pour mériter une enfance sans martinet, il aurait fallu une enfance sans enfance » confesse Abdelwahed avec gourmandise. Chaque avancée du récit, volontairement non chronologique, est ponctuée par une chanson, écrite (le plus souvent en arabe) et chantée par Abdelwahed Sefsaf, composée et accompagnée par de vieux complices (Georges Baux et Nestor Kéa) avec lesquels Abdelwahed a formé le groupe Aligator en 2015. Ajoutons le nom de Souad Sefsaf, la décoratrice, et celui d’une autre amie, Marion Guerrero qui co-signe la mise en scène avec celui que tout le monde appelle Abdel. Ancien élève de l’école de théâtre de Saint-Étienne, Abdelwahed Sefsaf a mené une carrière théâtrale marquée par un long compagnonnage avec Jacques Nichet auprès de qui il rencontre Georges Baux. En 1999, il fonde et dirige le groupe musical Dezoriental, souvent primé et qui a connu une belle carrière avant sa dissolution. En 2010, Abdel fonde la Compagnie Nomade in France dont Si loin si proche est le troisième spectacle, mi-musical, mi-théâtral comme les précédents (Fantasia Orchestra, Medina Mérika). Un spectacle qui est au carrefour de ses vies, entre la France et l’Algérie, la musique et le théâtre, l’histoire de sa famille et sa faconde à broder des histoires. Festival d’Avignon off, au 11 Gilgamesh Belleville à 16h10 jusqu’au 27 juillet (sf le 18). Du 18 au 23 décembre à la Maison des métallos. Puis tournée en 2019 : Tarare, Saint-Étienne, Privas, Goussainville, Oyonnax... Le texte de la pièce est publié aux éditions Lansman, 42p, 10€

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CRITIQUE - Les gravats, Si loin si proche, Rosa Luxembourg kabarett, Ô toi que j'aime ou le récit d'une apocalypse : une excellente fournée de pièces dans des genres très différents. Des créations qui donnent du sens à la jungle de la grande foire aux désillusions.

De notre envoyée spéciale à Avignon

● Si loin si proche : une odyssée franco-algérienne

Abdelwaheb Sefsaf est un formidable homme de théâtre. Français d'origine algérienne, il est à Avignon avec un spectacle qu'il a écrit et joue, accompagné de deux musiciens de son groupe Aligator, Georges Baux, claviers, guitare, chœurs et de Nesto Kéa, live-machine, guitares, theremin, choeurs.

Des artistes formidables, tous les trois et le disque de la musique du spectacle est en vente sur place ainsi que le texte de cette pièce en forme de récit épique (Lansman éditeur, 10€).

Le spectacle est mis en scène par l'auteur, avec Marion Guerrero, dans une scénographie très belle et imaginative de Souad Sefsaf et des lumières, très nuancées d'Alexandre Juzdzewski qui signe également la vidéo, discrète et pertinente.

Abdelwaheb Sefsaf parle de sa famille immigrée en France. On est dans les années 70-80. Il n'est encore qu'un petit garçon, mais ne perd rien de ce qui advient et en particulier des rêves des adultes...

C'est beau, tendre. Le récit parlé s'étoile de parties chantées, très belles. On a le sentiment d'un aède, quelque part entre la France et les montagnes de Kabylie... Le personnage de la mère, qui a la sévérité abrupte d'une femme des montagnes, glace parfois le sang : mais on l'aime car Abdelwaheb Sefsaf en parle avec tendresse.

Lorsqu'il s'agit d'entreprendre un voyage jusqu'au pays natal, on s'arrête à Oran, berceau de la famille.

Mais en passant par l'Espagne et le Maroc, car ainsi le voyage est moins cher. C'est que, comme il est évoqué pudiquement dans le spectacle, on n'est pas riche dans la famille...

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Mais un mariage a lieu et il faut non seulement honorer le rendez-vous, mais fournir la dot de la mariée... alors que c'est l'un des fils qui l'épouse...

N'en disons pas plus. Car ici le bonheur est dans l’épopée ! Abdelwaheb Sefsaf est un interprète et un musicien, un chanteur, bouleversants. Mais il est aussi un écrivain. Il a du style. Une belle écriture, fluide et fruitée qui s'irise d'images superbes, d'humour, de douceur.

Une histoire qui nous en apprend plus que bien des longs discours sur le statut, le sort, la vie quotidienne de ceux qui sont venus travailler dans une France qui les recrutait et ne les traitait pas forcément très bien. Mais ici, il y a ce supplément : la fierté berbère... Nulle agressivité, nul ressentiment. La vie, la France, l'Algérie. Un grand travail musical et théâtral qui a des vertus universelles.

11. Gilgamesh Belleville, à 16h10, jusqu'au 27 juillet. Durée : 1h15 (04 90 89 82 63). À ne pas rater, le concert des « Enfants de la manivelle », le 19 juillet à 21h00, au Théâtre des Carmes. Durée : 1 heure. Avec André Minvielle, récit, chant, percussions et Abdelwaheb Sefsaf, récit, chant, percussions. Plus « main vielle à roue » et « orgue de Berbérie » (sic).

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Critiques / Théâtre

Si loin, si proche d’Abdelwaheb Sefsaf

par Gilles Costaz

Le chant d’un homme aimant

Le groupe Aligator et la Compagnie nomade, basés à Saint-Etienne, revendiquent l’étiquette

de théâtre musical. Ils sont parfois inscrits, dans les programmations sous les références

« concert » et « world électro ». Mais il y a, avant tout, à leur tête, un auteur, un poète, qui

sait tout faire, puisqu’il joue et chante son texte, Abdelwaheb Sefsaf. Cette fois, dans Si loin,

si proche, la scène est encombrée de valises, une sculpture de métal dont la coquille se coupe

en deux parties, une nuée de ballons de baudruche occupent l’espace. C’est d’un voyage que

nous parle Sefsaf, mais pas d’un voyage d’agrément : le retour d’une famille et de leurs amis

vers la maison abandonnée en Algérie. Ils habitent tous en France, natifs de là-bas,

descendants nés en France, mais, pour le mariage du frère, ils partent tous là-bas. Et c’est une

épopée : l’épopée difficile des pauvres qui mettent sur pied une estaffette Renault fatiguée et

une Peugeot 403 pas très jeune pour gagner Oran en passant par l’Espagne. Pas de quoi se

loger et à peine de quoi se nourrir quand une pièce de l’estafette craque et qu’il faut attendre

son remplacement une semaine dans la touffeur de l’Espagne. Mais ils arriveront au mariage,

du moins à la fête, car les deux fiancés se sépareront avant la cérémonie !

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Chez Sefsaf, tout est parole et chant d’homme aimant. A l’intérieur de ce contexte très difficile

de l’immigration et de l’intégration, lui ne dit que l’art d’aimer. Il témoigne de difficultés et

d’injustices, mais tout mène à la joie. D’ailleurs, à la fin de la soirée, la danse possède chacun,

les interprètes et le public. Quand Sefsaf passe à Paris, on le voit à la Maison des Métallos.

Mais il reste peu connu. Il représente une discipline un peu inclassable : le théâtre world

electro ! Cette catégorie ne fait pour le moment pas florès chez les experts de la Culture. Mais

le public l’adopte dans le bonheur. Ce qui compte avant tout, c’est qu’un écrivain, qui ne peut

s’exprimer sans s’escorter de musiciens et sans additionner le verbe le plus écrit et la musique

la plus mêlée de styles orientaux et occidentaux, fasse ainsi passer sa pleine sensibilité. Il dit

se servir d’un « folklore du futur », tant il incarne ces populations riches de tant d’origines et

de métissages. Mais il ne cherche pas à témoigner, à prendre parti. Il chante sa vie et la vie

des siens, avec une âme vibrante dans la beauté des mots.

Si loin, si proche, texte d’Abdelwaheb Sefsaf, mise en scèe d’Abdelwaheb Sefsaf et Marion

Guerrero, lumières et vidéo d’Alexandre Juzdzewski, avec le groupe Aligator : Abdelwaheb

Sefsaf, Georges Baux, Nestor Kéa.

Après la création au théâtre de la Croix-Rousse, Lyon, tournée l’an prochain (Maison de la

Culture, Firminy, 27 avril…).

Photo DR.

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photo C Renaud Vezin

Dans Si loin si proche, Abdelwaheb Sefsaf met son art du théâtre musical au service d’un

récit épique de retour au pays. Un bonheur d’humour et de lucidité. Assis sur une des stèles funéraires qui occupent le centre du plateau, devant un crâne de métal percé d’un poème de Mahmoud Darwich écrit en arabe, Abdelwaheb Sefsaf ouvre Si loin si proche avec un air grave. Presque funèbre. Le monde arabe, dit-il, est un cimetière. Une nécropole où l’on marche pieds nus. Ne craignant « ni les courants, / Ni les rochers tranchants, / Ni l’oubli ». Entre les musiciens Georges Baux et Nestor Kéa, installés chacun d’un côté de la scène, sa parole ne tarde pas à devenir chant. « Nous sommes les marcheurs nus. Arbres / Déracinés, / Nous naissons de l’horizon », prononce-t-il encore avant de traîner vers les coulisses les tombes à roulettes, dont on découvre l’envers tapissé de fleurs. Pas question pour Abdelwaheb Sefsaf de s’éterniser dans la peine. Le crâne géant s’en charge pour lui. Et encore, il affiche un drôle de sourire. Bien que né en France de parents algériens, formé à l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Saint-Étienne et riche d’une double expérience théâtrale et musicale, Abdelwaheb Sefsaf aborde la mort avec une joie qui évoque celle des Mexicains.

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Il la chante un peu et change de sujet. Sans transition, il entame à la première personne le récit d’une enfance française ponctuée par des vacances en Algérie. Après Médina mérika (2015), une très libre réécriture de Mon nom est rouge du romancier turc Orhan Pamuk, et le spectacle Murs créé en novembre 2016 au Théâtre de la Croix Rousse à Lyon – où il a aussi présenté Si loin si proche, et mené pendant deux ans un projet participatif métropolitain intitulé « Français du futur » – il ose pour la première fois l’autofiction. Et s’y épanouit pleinement. Dans Si loin si proche, les heureux métissages entre influences arabes et occidentales que mène depuis 2010 le comédien, chanteur et metteur en scène avec sa compagnie Nomade in France lui permettent de revisiter avec succès un thème classique de la littérature et du théâtre arabes et africains contemporains : le retour au pays. Après une rapide présentation des personnages principaux – la mère, grande amatrice de feuilletons égyptiens, le père, féru de politique française, et une fratrie nombreuse –, Abdelwaheb Sefsaf se lance en effet dans une épopée à hauteur de gosse. Où, forcée de se rendre en Algérie pour le mariage du frère, la famille au grand complet se retrouve sur la route dans un véhicule bricolé. Car si ce petit monde réussit tant bien que mal à rouler, ce n’est pas sur l’or, loin de là. D’autant moins que toutes ses économies vont dans la construction d’une maison au pays. C’est donc le portrait d’une génération d’émigrés que fait Abdelwaheb Sefsaf. Celle de ses parents, arrivés en France dans les années 60 avec l’objectif de repartir dès que possible. Si loin si proche pointe donc évidemment les injustices de la politique d’immigration française, mais toujours par l’humour. Par une caricature proche du burlesque qui n’épargne personne. Surtout pas la famille, dont l’obsession du « provisoire » fait l’objet de délicieuses descriptions. Entre rock, sonorités arabes et éléctros, la musique est à l’image de l’écriture bien ciselée des monologues. À celle aussi des personnages et de la scénographie de Souad Sefsaf. Haute en couleurs. Pleine de surprises dans sa manière de passer d’un sujet à l’autre. De la tristesse au bonheur, et inversement. Dans l’esprit partageur du groupe Aligator fondé par Abdelwaheb Sefsaf et son complice Georges Baux, des chansons en français cohabitent en excellente entente avec d’électriques morceaux en arabe. Abdelwaheb Sefsaf ne franchit pas les frontières : il les habite, avec une intelligence et une inventivité rares. Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

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THEATRE AU VENT Just another Blog.lemonde.fr weblog

Publié le 07 mai 2018 par theatreauvent

L’émotion est omniprésente dans le spectacle SI LOIN SI PROCHE mis en scène par

Abdelwaheb SEFSAF et Marion GUERRERO, avec une belle scénographie où s’invitent une

montagne de ballons colorés et des chaises illustrées de superbes calligraphies du poème du

poète palestinien Mahmoud DARWICH « Le mort N°18 ». Elle n’est pas tapageuse, juste

sincère, véhiculant des vents contraires, guidée par des impressions d’enfance qui emportent

l’homme de scène à la fois musicien et conteur.

Regarder par le fenêtre de son enfance, c’est un peu comme faire un signe à l’enfant que l’on

a été, enfant témoin d’histoires qui ne se racontent plus à l’âge adulte, de crainte de froisser

le jardin secret. Comment parler des personnes que l’on a aimées, de son père, sa mère ses

frères et sœurs, raconter que l’on vient de cette famille-là dont le parcours fait résolument

partie du passé.

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A l’origine, Abdelwaheb SEFSAF voulait parler des migrants d’aujourd’hui. En revenant sur les

traces de l’enfant de migrants algériens qu’il a été, c’est tout aussi bien à sa famille à laquelle

il rend hommage qu’aux migrants d’aujourd’hui qu’il s’adresse et au-delà aux générations de

Français issus de parents immigrés.

« Je suis un arbre » nous dit d’entrée de jeu, l’homme de scène, et nous comprenons que cet

arbre est parcouru de vents violents, de frémissements de branches douloureuses, mais

pénétré de l’affection que l’enfant lui porte.

Quel enfant d’immigrés n’a pas entendu soupirer ses parents nourrissant toujours l’espoir du

retour au pays ?

Né en France en1969, Abdelwaheb SEFSAF, à travers son regard d’enfant auquel s’ajoutent

l’humour, l’esprit critique de l’adulte, tisse à partir de quelques souvenirs cuisants, un portrait

de sa famille, drôle, épique, intense.

Entouré par de formidables musiciens, Georges Baux et Nestor Kea, du groupe Aligator,

Abdelwaheb SEFSAF illustre dans ce spectacle, la complémentarité du verbe et de la musique.

Vaste champ de correspondances ouvert entre le chant, le récit et la musique qu’ils inspirent,

orientale, rock et électro.

Photo Renaud VEZIN

C’est que l’arbre a plusieurs voix, l’orientale lyrique, élégiaque, et celle plus posée,

occidentale, qui solidaires l’une de l’autre, permettent à l’artiste de déchirer le voile de faire

dire à l’enfant qu’il a été, l’allégresse de vie qu’il porte en lui, son véritable flambeau !

Evelyne Trân

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LA GAZETTE DES FESTIVALS Théâtre, Danse, Opéra, Musique, Arts plastiques, Culture

Si loin si proche CRITIQUES SPECTACLE MUSICAL

Attachante traversée Par marianededouhet 7 mai 2018

DR

C’est l’histoire d’un retour qui n’en est pas un : pour les frères et sœurs du conteur

Abdelwaheb Sefsaf, nés en France dans les années 1970, l’odyssée familiale en Algérie, alors

encouragée par le gouvernement français, est une plongée en terre aussi familière

qu’inconnue, mêlant les sentiments contradictoires de l’attente et du déracinement. Loin du

tragique, c’est l’humour que choisit Sefsaf pour raconter et chanter cette épopée dont la

tonalité dominante est la tendresse, celle de l’enfant devenu adulte, pour son passé, pour ses

parents, leur intégrité, et leur sens (inconscient) de l’aventure. Accompagné par le duo de

musiciens Aligator, « Si loin si proche » est un récit-concert dont la forme hybride, ajoutée au

mélange des langues française et kabyle, exprime la complexité du rapport du narrateur à sa

double origine. Si le lyrisme des chansons en français ne convainc pas toujours, à l’inverse,

c’est dans l’acuité pleine d’ironie de ses anecdotes que Sefsaf est le plus inspiré, nous

catapultant dans la voiture bourrée à craquer d’enfants et de cadeaux, dans l’amour et

l’intransigeance de sa mère, dans la passion pour la politique de son père, dans les subtilités

sémiologiques du peigne à cheveux chez « l’Algérien indépendant ».

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Si loin si proche (on aime vraiment beaucoup)

Par Alain Pécoult

Abdelwaheb Sefsaf a grandi dans les années 70 dans une famille kabyle, en France. Il

nous raconte l’appartement trop petit, le père qui s’échine à travailler sur les marchés

pour construire une maison là-bas, la mère qui perpétue la culture algérienne par une

éducation d’un autre âge, le grand frère retourné au pays, le long voyage en estafette

surchargée de bagages pour le mariage du fils là-bas… Et ce n’est pas triste ou

misérabiliste, c’est drôle, car l’enfance a le don de laisser primer la vie sur l’échec. La

famille ne retournera pas vivre dans la maison, le frère reviendra en France sans son

épouse. L’exil c’est un aller simple. Les nouvelles qui annoncent un jour les premiers

massacres en Syrie, c’est le rappel que l’exil a de l’avenir, que c’est une migration

finalement aussi vieille que le monde.

Abdelwaheb Sefsaf dit cette enfance insouciante et chante l’exil. C’est très beau, très

drôle et très émouvant. il est accompagné sur scène par deux musiciens de talent. On

sort de ce spectacle touché au coeur.

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Si loin si proche : « ce grand tout fait de petits riens » Mardi 17 juillet 2018

Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Il est là Abdelwaheb Sefsaf. Et le public est heureux de le retrouver après "Médina Mérika" qui avait séduit le public avignonnais en 2017 et reçu à l’unanimité du jury le prix du 27ème Festival MOMIX 2018. Entouré des musiciens-compositeurs talentueux et inventifs Nestor Kéa et Georges Baux, accompagné d’une scénographie de Souad Sefsaf, aussi attrayante que pertinente jouant d’éléments modelables et décomposables mêlant

orientalisme, modernité et tradition et des lumières enveloppantes d’Alexandre Juzdzewski, il nous invite à un retour aux sources : une enfance dans les années 80. Après une vingtaine d’années passées en France, une famille d’immigrés maghrébins aspire à construire sa maison au pays, « La Terre Promise ». Entre bonheurs et désillusions, fantasmes et réalités, Abdelwaheb Sefsaf dresse le portrait tendre, à mi-chemin entre l’humour et la nostalgie, et non-dénuée d’objectivité, d’un père, d’une mère et d’une tripotée d’enfants rieurs. Ses personnages sont d'autant plus attachants que le pinceau qui les peint met en exergue autant le merveilleux que le risible. Ici la musique se mêle aux mots avec une fluidité délicieuse. Au travers d’un récit-concert aussi espiègle qu’émouvant, invitation en compagnie d’un comédien-chanteur charismatique et qui remporte immédiatement la sympathie du public, à écouter l’histoire d’êtres tiraillés entre leur amour pour la France et celui pour l’Algérie. Dix membres d'une famille, qui, comme beaucoup d’autres à cette époque-là, après la promulgation de la loi sur le retour des immigrés dans leur pays d’origine, décident de rentrer au bled… or rien ne se déroulera comme prévu. Saluons l’écriture, tout à la fois familière et poétique, qui use d’anecdotes drolatiques, d'expressions et de jeux de mots que l’on retient, de répétitions fines et nous immerge avec bonheur dans le quotidien de cette famille qui nous semble si vite si proche. Abdelwaheb Sefsaf a l’art de toucher à l’universel et d’évoquer intelligemment le contexte socio-politique au travers de menus détails. De l’installation dans un petit appartement en mode « camping sauvage » - du provisoire qui durera vingt ans à l'affirmation : "L’Algérien des années 70 manque de tout mais ne se plaint de rien." Du besoin rappelé d’en mettre plein la vue de retour au bled aux préférences télévisuelles du père et de la mère.

La traversée rocambolesque jusqu’à Oran - 2278 kms ( 2 devant et 9 derrière) - dans une camionnette - four à roulettes pour aller célébrer les noces du grand frère Wahid avec Zanouba, la dictature du mauvais oeil, le lyrisme oriental, la capacité extraordinaire d’accumulation d’objets sur le toit des voitures, l’absolue nécessité que ce soit parfait « mais pas trop »…on ne compte pas les occasions de connivence et de rire que fait naître cette parenthèse musico-théâtrale entre la France et l’Algérie…d’une pétillance fort agréable et que l’on souhaiterait prolonger!

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Si loin si proche Ecriture et mise en scène : Abdelwaheb Sefsaf Co-mise en scène : Marion Guerrero Interprète(s) : Abdelwaheb Sefsaf, Georges Baux, Nestor Kéa Musique : ALIGATOR Direction musicale : Georges Baux Scénographie : Souaf Sefsaf Création lumière et vidéo : Alexandre Juzdzewski

Production : Compagnie Nomade In France Coproductions : Théâtre la Croix Rousse (69), Théâtre de la Renaissance - Oullins (69), Ville du Chambon-Feugerolles (42), Centre Culturel Louis Aragon - Oyonnax (01), Le Train Théâtre - Portes-lès-Valence (26). La Compagnie Nomade in France est conventionnée par la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône Alpes et la Ville de Saint Etienne. Elle est subventionnée par le département de la Loire. Elle a reçu le soutien de la SPEDIDAM et du CNV. Durée : 1h15

Dates et lieux des représentations : - À 16H10 : DU 6 AU 27 JUILLET 2018 - RELÂCHES : 11, 18 JUILLET au Théâtre 11 - Gilgamesh Belleville ( 11, bd Raspail, 84000 - Avignon) - Festival Off Avignon 2018 - Du 18 au 23 décembre 2018 à la Maison des Métallos - Paris ( 75) - Le 2 février 2019 au Théâtre de Tarare ( 69) - Les 7 et 8 février 2019 à la Comédie de Saint-Etienne ( 42) - Du 8 au 10 mars 2019 au Théâtre de Privas ( 07) - Le 5 avril 2019 au Théâtre Sarah Bernhardt - Goussainville ( 95) - Le 3 juin 2018 au Centre Culturel Aragon - Oyonnax ( 01)

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18 juillet 2018

Abdelwaheb Sefsaf à deux voix, Avignon 2018

Dans Si loin, si proche, Abdelwaheb Sefsaf nous livre au Théatre 11- Gilgamesh Belleville un concert-récit sur son enfance. Un spectacle plein d’humour et de tendresse quand ses parents, immigrés algériens, rêvaient du retour en terre promise. Sous le regard croisé de nos deux critiques, Jean-Pierre Han et Amélie Meffre. Sans oublier « Soyez vous-même » au Grenier à Sel-Ardenome.

Un spectacle à fleur de peau

Avec une belle constance, Abdelwahab Sefsaf poursuit son chemin avec Si loin, si proche, creusant le même sillon avec la même générosité. Ce n’est pas pour rien que la compagnie qu’il a créée en 2010 porte avec ironie le nom de Cie Nomade in France… Après le beau et mérité succès de Medina Merika, le voici à une autre station de son parcours. Une autre étape qui le mène cette fois-ci à l’évocation d’un retour (momentané) au pays, l’Algérie, pour cause de mariage de son frère aîné. Petite et très folklorique épopée de toute la famille réunie – parents, enfants et ami de toujours très cher – embarquée dans l’aventure vers cette maison que le père passionné par la politique et… l’Algérie, s’est acharné des années durant à faire construire. Mais, par-delà l’anecdote familiale, c’est encore et toujours la recherche de la mère, de la terre mère, de la langue maternelle dont il est question chez Abdelwahb Sefsaf, lui, l’enfant d’immigrés né à Saint-Étienne !

Cette thématique se retrouve ici comme elle apparaît dans les chansons qu’il compose et chante dans toutes les langues. On en avait déjà un bel aperçu dans le spectacle Quand m’embrasseras-tu ? consacré avec Claude Brozzoni au poète palestinien Mahmoud Darwish. Elle se développe ici et comme toujours entre récit et chant, Abdelwahad Sefsaf a l’art de passer de l’un à l’autre avec une belle aisance, il habite de sa forte présence le bel espace que lui a aménagé sa femme Souad Sefsaf et qu’éclaire avec subtilité Alexandre Juzdzewski. Comme toujours dans ses spectacles, le spectateur se retrouve dans un univers chaud propice à la rêverie et à qui l’accompagnement musical et sonore (Georges Baux et Nestor Kéa avec Sefsaf bien sûr) donne toute son ampleur. On n’aura

garde d’oublier la présence de Marion Guerrero qui partage avec Abdelwahab Sefsaf, tout comme dans Medina Merika, le travail de mise en scène que l’aisance sur le plateau de ce dernier ferait presque oublier. Tout le spectacle oscille entre ce que le titre Si loin si proche induit : dans le balancement douloureux entre deux pôles opposés et dans la recherche d’une difficile réconciliation.

Jean-Pierre Han

L’éternel retour d’Abdelwaheb Sefsaf

« Le monde arabe est un cimetière ». La première scène du spectacle où trône un immense crâne et des tombes aux calligraphies arabes, ne donnent pas le la du récit, loin s’en faut. Bientôt, les tombes se transforment en fauteuils fleuris et la tête de mort s’ouvre, ornée de boules à facettes. Abdelwaheb Sefsaf nous plonge dans son enfance à Saint-Étienne et le

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rêve de ses parents de retourner en Algérie. Son père Arezki, commerçant ambulant de fruits et légumes, après avoir trimé à la mine, se saigne pour faire construire sa maison du côté d’Oran. « Pour construire la maison témoin, l’immigré algérien des années 70/80, se saigne à blanc et vit en permanence dans du « provisoire ». Vaisselle dépareillée, ébréchée, meubles chinés, récupérés, rustinés, voire fabriqués ». Car, selon les termes de Lounès, l’ami de la famille qui a réussi, « un centime dépensé en France est un centime perdu ».

Entrecoupé de chants en français et en arabe, le récit nous enchante. Qui prend toute sa force avec la voix puissante d’Abdelwaheb Sefsaf, accompagnée par Georges Baux aux claviers et la guitare et de Nestor Kéa aux claviers électroniques. Et le chanteur comédien de nous conter l’interminable voyage vers Oran, à onze dans une camionnette surchargée, pour célébrer le mariage du fils, un temps reparti au bled. Le joint de culasse lâchera en Espagne et la famille

attendra, dix jours durant, sur le parking du garage que la pièce de remplacement arrive. Il évoque avec tendresse et ironie le malaise de ces immigrés, tiraillés entre deux cultures et cette « maison témoin » en Algérie dont les meubles resteront emballés à jamais pour éviter les tâches. Un texte très fort porté par une musique orientale, rock et électro à savourer.

Amélie Meffre

Jusqu’au 27/07 à 16h10, Théâtre 11- Gilgamesh Belleville

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« SI LOIN SI PROCHE », NOSTALGIE ET MIRAGE DU RETOUR AU BLED

Posted by lefilduoff on 14 juillet 2018

LEBRUITDUOFF.COM – 14 juillet 2018. AVIGNON OFF : « Si loin si proche » Texte et mise en scène : Abdelwaheb Sefsaf – Co-mise en scène : Marion Guerrero – Musique : Alligator (Baux/Sefsaf/Kéa) – Au 11.Gilgamesh du 6 au 27 juillet à 16h10 – Durée : 1h15. Autant dire tout de suite que le BDO n’a pas pour habitude de chroniquer des spectacles dits musicaux mais pour le coup la proposition était à la fois différente et bougrement alléchante. A l’écriture du texte, au chant et en tant que comédien, Abdelwaheb Sefsaf assure aussi la co-mise en scène de ce spectacle protéiforme dans lequel une famille d’origine algérienne rêve à un retour au bled qui ne restera qu’un mirage. Comme dans un road-movie du désert, Abdelwaheb Sefsaf entrechoque plusieurs histoires sur quelques décennies en nous faisant découvrir cette famille kabyle depuis les années 70 jusqu’à une période qui pourrait se situer dans les années 90. L’auteur nous parle avant tout de sa famille, de ce père qui ne veut dépenser qu’en Algérie l’argent durement gagné sur les marchés, Algérie natale où il souhaite construire une maison pour ses enfants. Au cœur de la famille une mère, aimante mais dure avec ses enfants, ne laissant rien passer et aux expressions hilarantes. Mais cette histoire est avant tout celle de l’illusion perdue, celle de ces millions d’algériens pour qui le retour au pays n’était qu’un mirage. Aimantés par cette oasis rêvée beaucoup s’y sont brûlés les ailes ou tout au moins les illusions. Abdelwaheb Sefsaf nous fait revivre cette vie d’immigré, puis le retour au bled afin de marier un fils, la déception et enfin le retour.

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Abdelwaheb Sefsaf ne se contente pas de narrer ce voyage mais entrecoupe le récit de chansons écrites par le groupe « Alligator » dont il fait partie, accompagné par les talentueux Georges Baux et Nestor Kéa, chacun dans son domaine (Hip hop, jazz, classique…). Et c’est là que l’exercice devient bluffant tant ces trois artistes ont su mélanger le Nord et le Sud, deux cultures qui s’entrecroisent dans le cœur de l’histoire. L’osmose est parfaite et il est urgent de découvrir le spectacle et les musiques de ce trio. Dans le cadre d’une co-mise en scène Marion Guerrero et Abdelwaheb Sefsaf offrent un spectacle sans lourdeur par une alternance récit/chanson. Tout devient fluide et évident dans cette osmose artistique et culturelle. Beaucoup de rires, quelques larmes mais toujours élégamment retenues, pas de rancœur mais une envie évidente de trouver les clés du vivre ensemble. Un spectacle et un groupe à découvrir dans ce Off 2018. Pierre Salles

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dimanche 15 juillet 2018

FESTIVAL D'AVIGNON OFF

Un spectacle à fleur de peau

Si loin si proche d’Abdelwahab Sefsaf. Théâtre11. Gilgamesh Belleville, jusqu’au 29 juillet à 16 h 10. www.11avignon.com Les Enfants de la manivelle. Par André Minvielle et Abdelwahab Sefsaf. Théâtre des Carmes, le 19 juillet à 21 heures. Tél. : 04 90 82 20 47. www.theatredescarmes.com

Avec une belle constance, Abdelwahab Sefsaf poursuit son chemin, creusant le même sillon avec la même générosité. Ce n’est pas pour rien que la compagnie qu’il a créée en 2010 porte avec ironie le nom de Cie Nomade in France… Après le beau et mérité succès de Medina Merika, le voici à une autre station de son parcours. Une autre étape qui le mène cette fois-ci à l’évocation d’un retour (momentané) au pays, l’Algérie, pour cause de mariage de son frère aîné. Petite et très folklorique épopée de toute la famille réunie – parents, enfants et ami de toujours très cher – embarquée dans l’aventure vers cette maison que le père passionné par la politique et… l’Algérie, s’est acharné des années durant à faire construire. Mais par-delà l’anecdote familiale c’est encore et toujours la recherche de la mère, de la terre mère, de la langue maternelle dont il est question chez Abdelwahb Sefsaf, lui, l’enfant d’immigrés né à Saint-Étienne ! Cette thématique se retrouve ici comme elle apparaît dans les chansons qu’il compose et chante dans toutes les langues. On en avait déjà un bel aperçu dans le spectacle Quand m’embrasseras-tu ? consacré avec Claude Brozzoni au poète palestinien Mahmoud Darwish. Elle se développe ici et comme toujours entre récit et chant – Abdelwahad Sefsaf a l’art de passer de l’un à l’autre avec une belle aisance – ; il habite de sa forte présence le bel espace que lui a aménagé sa femme Souad Sefsaf et qu’éclaire avec subtilité Alexandre Juzdzewski. Comme toujours dans ses spectacles le spectateur se retrouve dans un univers chaud propice à la rêverie et à qui l’accompagnement musical et sonore (Georges Baux et Nestor Kéa avec Sefsaf bien sûr) donne toute son ampleur. On n’aura garde d’oublier la présence de Marion Guerrero qui partage avec Abdelwahab Sefsaf, tout comme dans Medina Merika, le travail de mise en scène que l’aisance sur le plateau de ce dernier ferait presqu’oublier. Tout le spectacle oscille entre ce que le titre Si loin si proche induit : dans le balancement douloureux entre deux pôles opposés et dans le recherche d’une difficile réconciliation.

Jean-Pierre Han

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La Nouvelle Claque Un site culturel pour piocher vos prochaines claques

artistiques…

Si Loin Si Proche- Théâtre 11 Gilgamesh Belleville (Off 2018) 22 July 2018 Benedicte_Six Avignon In & Off 2018, Théâtre

En une journée de festival, j’aurais vu deux spectacles à l’univers assez semblable, deux traitements du même rêve, celui du « retour au bled ». A la différence de « Vertiges » (vu au Théâtre des Halles), « Si loin si proche » aborde cette question par la chanson et le conte épique. Nous sommes dans les années 80, de nombreux immigrés maghrébins rêvent de rentrer et de construire leur maison au pays. Sur scène, Abdelwaheb Sefsaf est la voix de l’une de ces familles. Tel un conteur, il nous égrène son histoire avec humour. Le « road trip » en estafette parle d’identité trouble, de famille, d’altérité, de rêve. Le récit est appuyé par de nombreuses chansons qu’interprète l’acteur, accompagné de deux formidables musiciens (Georges Baux et Nestor Kéa). L’histoire se déroule ainsi entre récit et chansons, en créant des images sonores au-dessus des mots et les trois artistes paraissent habités par la musique qu’ils créent.

A la fin du spectacle « si loin si proche », le doute plane encore : le rêve de retour est-il un mythe ? Est-il seulement envisageable ou l’avenir se fait-il ailleurs, sur la terre d’accueil et de naissance des enfants d’immigrés, la France? La question reste ouverte. Quoi qu’il en soit, « si loin si proche » est un spectacle plein de tendresse et de sincérité dans ce qu’il cherche à raconter. Cela fait, du bien, de temps en temps de se laisser bercer par des histoires de périples et de voyager sur les sons d’une langue inconnue. Cela prouve aussi qu’il est des sujets importants dont on peut parler avec douceur. Un moment aussi agréable qu’imprévisible ! crédit photo: Renaud Vezin

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Actualité théâtrale

Jusqu’au 23 décembre aux Métallos, à Paris, puis

en tournée

Si loin si procheEntretien avec

Abdelwaheb Sefsaf - Cie Nomade in

France lundi 17 décembre 2018

C’est au Festival d’Avignon en juillet, où faisait salle comble sa plus récente création, conçue en résidence au Théâtre de la Cx Rousse à Lyon [1], que nous avons rencontré Abdel SEFSAF (voir ci-dessous l’extrait de notre entretien). Sur fond d’actualité brûlante, de ’’crise des migrants’’ qu’Abdel décrit non comme une crise mais ’’une fuite de la mort’’, Si loin si proche est une belle création théâtrale et musicale, parfois grave, mais toujours chargée autant d’émotion que d’humour, pour une part autobiographique, sur le rêve du “retour au pays’’.

Dans cette autocomédie musicale, en forme de récit croisé et chanté entre passé et présent, illusion et réalité, où les valises en carton s’empilent comme des boîtes à musique devant des stèles, le spectateur est conduit, dans une estafette déglinguée pleine de souvenirs jaunis par les années, à cheminer à travers l’évocation d’un voyage épique pour un éphémère retour au pays des origines familiales à l’occasion du mariage du fils aîné. C’est une épopée à la charnière du moment symbolique caractérisé par l’auteur comme étant celui du retour impossible, celui où ces enfants de migrants « cesseront d’être des immigrés de deuxième génération pour devenir des ’’français du futur’’ [2] »... Lise Bergeron et Philippe Laville

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LA MAISON DES MÉTALLOS 94, rue Jean-Pierre Timbaud - 75011 Paris Métro Couronnes ou Parmentier - Bus 96 www.maisondesmetallos.paris du 18 au 23 décembre 2018 mardi, mercredi, vendredi à 20h jeudi, samedi à 19h ; dimanche 16h à partir de 12 ans - durée 1h15

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 47 00 25 20

Texte (publié aux éditions Lansman, 7/2018, 40 pages, 10€) et mise en scène :Abdelwaheb Sefsaf, co-mise en scène Marion Guerrero avec Abdelwaheb Sefsaf (comédien, chanteur), Georges Baux (claviers, guitare, chœur), Nestor Kéa (live-machine, guitare, theremin, chœur) musique Aligator (Baux/Sefsaf/Kéa)

Tournée de « Si loin, si proche » en 2019 : 2 février : Théâtre de Tarare (69) 7 et 8 février : Comédie de Saint-Etienne, à la Salle A.Camus du Chambon-Feugerolles (42) 8 > 10 mars : Théâtre de Privas (07) 5 avril : Goussainville (95) - Théâtre Sarah Bernhardt

Qu’est-ce qu’ « Aligator » ? Abdel Sefsaf est aussi un grand musicien, compositeur et interprète, coup de cœur de la chanson française de l’académie Charles Cros en 2004, après 400 concerts et 2 albums avec le groupe Dezoriental.

Après avoir fondé en 2010 la Cie Nomade In France interrogeant la rencontre théâtre et musique au cœur des écritures contemporaines, c’est avec Georges Baux qu’il compose chansons et musiques de ses spectacles et fonde en 2015 le groupe Aligator (www.aligator.fr ) rejoint en 2018 par Nestor Kea pour ’’Si loin si proche’’ dont les styles musicaux nous transportent au-delà des souvenirs et des frontières, comme pour nous relier malgré nos différences, au son merveilleux d’instruments atemporels qui suspendent leur vol : la darbouka, la thérémine et le clavier entre les mains des trois joyeux drilles en harmonie. LB – PL

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Spectacle de théâtre musical écrit par Abdelwaheb Sefsaf, mis en scène de Abdelwaheb Sefsaf et Marion Guerrero, interprété par Abdelwaheb Sefsaf accompagné par les musiciens Georges Baux et Nestor Kéa. Après un percutant "Médina Mérika", Abdelwaheb Sefsaf, auteur-comédien-chanteur, Georges Baux, réalisateur, arrangeur et compositeur, et Nestor Kéa, DJ multi-instrumentiste roi du beatmaking, les trois compères de la Compagnie Nomade In France et du groupe de world-électro Aligator, reprennent la route, toujours sous la direction de Marion Guerrero. Après "une histoire d’un rêve américain depuis la médina sur

fond de luttes fratricides et de printemps arabe à la dérive", Abdelwaheb Sefsaf revient sur les nécropoles arabes contemporaines, telle la Méditerranée devenue l'ossuaire des migrants d'Afrique, symbolisées par la superbe scénographie de Souad Sefsaf mise en lumière par Alexandre Juzdzewski. Ainsi, un monumental crâne de métal et des chaises-stèles portent ciselés en creux les mots de l'opus "Le mort n°18" du poète palestinien Mahmoud Darwich. Mais pour "Si loin, si proche",sous-titré "Une saga franco-algérienne", conçu sur le mode du récit-concert pour "ramener les étoiles de l'enfance", Abdelwaheb Sefsaf trempe sa plume dans l'encre du souvenir pour retracer son jeune âge d'enfant d'émigrés algériens des années 70-80 né en France . Une expression qui n'est pas un simple ancrage chronologique mais renvoie à la thématique de la terre promise, plus précisément, en l'espèce, celle du retour à la terre natale qui permettait à cette génération d'émigrés de supporter un exil conçu comme provisoire. Et Abdelwaheb Sefsaf tresse, en mots, poèmes et chants de son cru, une ode à l'amour, l'amour des siens, de ses parents, son père, marchand ambulant de primeurs, passionné par la politique et l'Algérie qui économise pour construire la maison du retour, ses soeurs qui trimaient comme un homme alors que la tradition veut qu'elles ne valent que la moitié, et surtout sa mère. Une mère férue de feuilletons égyptiens et de chansons de variété, à laquelle il dédie un autre poème de Mahmoud Darwich, le sublime "A ma mère". Une femme au foyer et mère de famille nombreuse dont le point d'honneur était d'avoir des enfants bien élevés menés au doigt et à l'oeil et dont les incartades étaient, dans une maisonnée où François Dolto n'avait pas droit de cité, sanctionnées par des taloches et l'emploi du fameux martinet depuis devenu "hors-la"loi" qui n'a certes pas entamé l'amour filial. Les tribulations familiales, dont celle du mémorable voyage pour le mariage du fils aîné installé au "bled" qui transformera en mirage le projet de retour, sont narrées comme une épopée tragi-comique avec autant de réalisme sensible que d'humour aussi tendre que décapant nourri d'autodérision sur une partition musicale au groove addictif largement instillée de rythmes orientaux dispensée par Georges Baux à la guitare et aux claviers, et Nestor Kéa, aux platines, guitare et boîtier électronique. Ils accompagnent Abdelwaheb Sefsaf qui, avec sa voix grave et profonde aux intonations à la Charlélie Couture, est l'acteur et le conteur de sa vie. MM

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Si loin si proche, une saga franco-algérienne d’Abdelwaheb Sefsaf Posté dans 19 décembre, 2018 dans critique. Si loin si proche, une saga franco-algérienne d’Abdelwaheb Sefsaf

© Renaud Vezin

Cela raconte l’histoire et la vie au quotidien dans les années 1970-80 d’une famille nombreuse immigrée dans l’Est de la France. Déchirée entre l’Algérie et la France, elle compte tout centime par centime, et vit très pauvrement, pour pouvoir s’offrir une belle maison au bled… Le père, la mère et les dix enfants, vont s’embarquer pour un voyage de 2.700 kms, tassés dans une vieille Estafette Renault pour aller en plein été; fêter le mariage de Wahid avec Zanoubatou. Et bien entendu, l’Estafette tombera en panne en Espagne. Avec arrêt obligatoire de dix jours sur un parking, le temps de faire venir la précieuse pièce indispensable à la réparation. Enfin miracle, la famille pourra continuer le voyage et, après bien des péripéties, finira par arriver au bled…

Hélas, le mariage sera un échec et Wahid après six mois ne s’installera pas en Algérie et repartira pour la France. Ce récit-concert participe à la fois d’une petite épopée familiale de gens pauvres mais dignes. Abdelwaheb Sefsaf raconte cette histoire, comme un conte moderne, plein d’humour et parfois d’émotion, dans une langue et une diction absolument impeccables. Et on voit, comme si on les avait accompagnés, ces personnages, tout au long de ce drôle de voyage. En même temps, le spectacle participe aussi d’un théâtre musical, puisque Abdelwaheb Sefsaf est accompagné de deux musiciens-chanteurs. Ces allers et retours entre récit et musique sont parfois un peu cahotants -on aimerait que le récit soit plus détaillé quand toute la famille arrive dans son village. Cependant il y a ici une telle générosité que le public en grande partie d’origine algérienne, est vite emporté par cette saga lumineuse. Philippe Mourrat qui vient de quitter la direction de la Maison des Métallos, a bien fait de présenter ce beau spectacle, et ce n’est pas si fréquent surtout dans le centre de Paris, très populaire. Philippe du Vignal Maison des Métallos, 34 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris XIème jusqu’au 23 décembre

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SI LOIN SI PROCHE. LE DÉRACINEMENT, ENTRE

SOUFFRANCE ET NOUVELLE CHANCE 19 DÉCEMBRE 2018

Rédigé par Sarah Franck et publié depuis Overblog

(c) Renaud Vézin Le voyage musico-théâtral qu’Abdelwaheb Sefsaf nous propose entre la Kabylie et la France est une très belle leçon de vie, tendre et pleine d’émotion, en même temps qu’un brasier dynamique et joyeux auquel il fait bon se réchauffer. L’histoire qu’il nous raconte pourrait ressembler à des milliers d’autres. Une famille maghrébine a émigré en France. Dans les années 1970, quand Valéry Giscard d’Estaing « encourage » les immigrés au retour dans leurs terres d’origine, certains s’y essaient, d’autres restent. Quel que soit leur choix, il ne peut être que bancal. Ils ont le cul entre deux chaises, une culture entre deux mondes, un quotidien en décalage. Cette histoire-là est de tous les temps et de toutes les origines, mais elle va nous être racontée non comme une abstraction mais comme un conte de chair et de musique. Nostalgie, quand tu nous tiens… Les lumières s’allument sur un spectacle de mort et de désolation. Des tombes occupent l’espace comme un champ de mémoires perdues, de vies ensevelies. Au fond de la scène, un crâne, immense, fait penser à ces cérémonies mexicaines où vie et mort jouent une partie liée. Telles ces inscriptions qui tournent l’interdit des représentations du vivant en dessinant humains et animaux, les circonvolutions du cerveau déterminent la forme et livrent un texte du poète arabe de l’exil, Mahmoud Darwich. Poésie et nostalgie affleurent dans les propos d’Abdelwaheb Sefsaf. Arbres déracinés, chairs blessées, fruits amers sont autant d’images qui peuplent le paysage. Mais au milieu, il y a un homme qui ne veut pas mourir, qui ne peut pas mourir, « un caillou dans la chaussure de ce monde ». Les tombes retournées deviennent un décor de fleurs, la vie est de retour.

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(c) Renaud Vézin Une vie d’espérance et de peu Cette vie, elle explose dans la musique, dans la manière dont Abdelwaheb Sefsaf évoque son enfance, quelque part en banlieue, sa mère, qui parle arabe et ne lit pas le français mais régente sa maison d’une main de fer, son père à l’accent inimitable qui rêve d’un retour au pays et s’y fait construire une maison. Une vie de superstitions sans fondement où l’on craint le mauvais œil, une éducation de petit mâle que les parents se doivent de marier avec l'élue de leur choix, une existence de privations, d’objets de bric et de broc, abîmés, ébréchés, « un camping, mais en dur et sans la plage », de thésaurisation centime après centime dans l’optique du retour, en attendant l’opulence qu’on étalera au pays. Une tendresse infinie émane de cette évocation à petits pas où paroles et chansons se conjuguent. L’épopée d’un retour au pays L’un des jeunes de la famille est reparti en Algérie et un mariage se prépare. Même si les parents déplorent de ne l’avoir pas organisé, toute la famille, comme il se doit, est de la noce. Les valises s’accumulent. Tout ce qui a été économisé sou à sou est déversé dans ces bagages qui s’entassent en couches successives sur le toit des voitures pleines à craquer qu’on a bricolées pour augmenter le nombre de passagers. Le voyage ressemble à une épopée pleine de rebondissements où tragique et comédie se partagent le rôle. Quand, dans le sud de l’Espagne la voiture tombe en panne, c’est la version camping sauvage, les tentes en moins, la précarité et la faim en plus. On a discuté de la dot, du prix des filles par rapport aux garçons. Tout cela sera vain. Le joli couple divorce, le retour au pays est un mirage pour celui qui a goûté d’autres saveurs, respiré un autre air… Pour celui qui revient, la rengaine est « Lost in the casbah ».

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(c) Renaud Vézin Paroles, musique et mixité La formidable leçon du spectacle, elle est dans la manière dont Abdelwaheb Sefsaf s’appuie sur son héritage franco-kabyle pour rebondir sans cesse, pour se constituer une nouvelle identité culturelle, mixte, qui puise sa poésie dans les deux langues, dans les images qu’elles véhiculent, dans les accents propres à chacune, qui interfèrent et se mélangent pour constituer un nouvel objet, savoureux, inclassable. Elle est dans la musique – les musiciens sont extraordinaires – qui emprunte aussi bien à la musique populaire arabe qu’à la musique électronique, au jazz, au rock ou au folk, qui use du remix comme du morceau de guitare en live, qui jongle avec les instruments « classiques » comme avec l’étrangeté d’un appareil émettant des ondes sonores quand on l’approche et que Nestor Kéa fait vibrer et chanter sans le toucher, simplement en déplaçant ses mains. Elle est enfin dans la fantastique pulsion de vie qui parcourt le spectacle de part en part, dans sa volonté de porter un message d’espoir, en Syrie ou ailleurs, une « transe du cœur » porteuse de vie, de rêve, de mouvement pour que tous redressent la tête et continuent d’avancer, dans la paix comme dans la guerre, dans la tempête comme sous le soleil. Le public ne s’y trompe pas. « You-yous » et applaudissements enthousiastes se conjuguent à la fin du spectacle. La mixité culturelle est de ce monde… Si loin si proche, d’Abdelwaheb Sefsaf (publié aux éditions Lansman) Mise en scène : Abdelwaheb Sefsaf et Marion Guerrero Avec : Abdelwaheb Sefsaf (comédien, chanteur), Georges Baux (claviers, guitare, chœur) et Nestor Kéa (live-machine, guitare, theremin, chœur) Musique : Aligator (Baux/Sefsaf/Kéa) Du 18 au 23 décembre 2018 Maison des métallos – 94, rue Jean-Pierre Timbaud – 75011 Paris Tél. 04 47 00 25 20. Site : www.maisondesmetallos.paris EN TOURNEE - 2 février 2019 : Théâtre du Tarare (69) - 7 et 8 février : Comédie de Saint-Étienne, salle Albert Camus du Chambon-Feugerolles (42) - 8 au 10 mars : Théâtre de Privas (07) - 5 avril : Théâtre Sarah Bernhardt, Goussainville (95)

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Si loin si proche (jusqu’au 23 décembre) le 18/12/2018 au Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris (mardi, mercredi et vendredi à 20h, jeudi et samedi à 19h, et dimanche à 16h) Mise en scène de Abdelwaheb Sefsaf (co-mise en scène Marion Guerrero) avec Abdelwaheb Sefsaf, Georges Baux, Nestor Kéa et musique d’Aligator (Baux/Sefsaf/Kéa) écrit par Abdelwaheb Sefsaf

Sublime ! Magique ! Poétique ! Entre histoire et chansons, France et Algérie, douceur et acidité, huile et beurre, ce spectacle est une explosion d'amour. Cet amour que l'on retrouve dans chaque souvenir et dans l'odeur de la fleur d'oranger. Le texte est beau et fort et nous fait souvent rire même lorsqu'il nous parle de moments douloureux. Abdelwaheb Sefsaf et les deux musiciens qui l'accompagnent, débordent d'énergie et de joie. On plonge dans un univers étonnant et fascinant à la fois où les décors et la mise en scène sont pleins de surprises. Chaque détail est méticuleusement pensé et assaisonne ce doux mélange d'ici et d'ailleurs. C'est un condensé de beauté et de délicatesse, de l'écriture à la musique en passant par le chant et le jeu. Ce spectacle est une véritable pâtisserie orientale, douce et généreuse en bouche. Comme une madeleine de Proust, il nous ressource et nous procure la sensation que l'on ressent quand on est entouré des siens.... M.M