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R E V U E REVUES DE LANGUE FRANÇAISE par Aline Eisenegger Adolescence et lecture « 14/15 ans... C'est l'âge des hésita- tions, de l'alternance entre deux mondes, celui de l'enfance et celui de l'adulte. » Et cela se ressent dans les lectures des jeunes, puisées à la fois dans la littérature adulte et dans la littérature de jeunesse ; dans leur approche du livre, parfois boulimique - ils liront d'un seul coup les sept tomes du cycle d'Elric de Moorcock - mais pourront aussi refuser des livres de plus de 150 pages. Une analyse fine de l'adoles- cent, de ses goûts et de ses modes avant de regarder de près la littéra- ture qui leur est proposée. Par Nicole Dupré, dans le n°31, février 1992 de Lire au collège. L'adolescence est une aventure, c'est donc « sur les chemins de l'aventure » que Nicole Bustarret nous entraîne dans le n°3, mars 1992 de Livres Jeunes Aujourd'hui. L'article fait ressortir quelques constantes dans la littérature desti- née auxadolescents : absence de parents, exploits de héros exem- plaires, narration à la première per- sonne, action, suspense, décors symboliques, épreuves physiques et morales... « Huit récits de guerre pour les 12- 14 ans », un regard très en profon- deur d'Edwige Talibon-Lapomme dans le n°4, avril 1992 de L'Ecole des parents qui dit l'urgence de lire tous ces témoignages réels ou fictifs, 50 ans après 1942. Le numéro 1 du Bulletin des Biblio- thèques de France de 1992 est D E S consacré à la lecture. On y trouve un article passionnant de Martine Burgos « Ces lecteurs sont-ils des lecteurs ? », compte rendu d'une ex- périence de lecture menée avecles élèves de deux classes de lycée pro- fessionnel autour de la lecture du roman d'Agota Kristof Le Grand cahier : l'occasion pour ces jeunes « non-lecteurs » d'une entrée quasi initiatique dans une fiction à l'écri- ture très simple mais au contenu po- lysémique qui a su déclencher un désir de lecture et une réflexion sur les enjeux de la lecture. Dans ce même numéro Alain Viala propose une réflexion qui renouvel- le à la lumière de la sociologie, la notion de « classique ». Nouvel éditeur (Presses Universi- taires de Nancy) et nouvelle présen- tation pour la revue universitaire de l'adolescence Janus Bifrons tou- jours dirigée par Geneviève Humbert. Le n°l-2, décembre 1991, est consacré à l'édition de jeunesse. Jean Perrot analyse les tendances actuelles de l'édition de jeunesse ainsi que la mutation du lectorat et l'élévation du niveau critique des jeunes lecteurs. Howard Buten, in : l'Ecole des parents R E V U E S Jacques Charpentreau regarde l'édition de la poésie pour l'enfance et la jeunesse : un secteur bien vivant mais fragile. Et Susie Morgenstern s'interroge : Pourquoi l'Europe est-elle si pauvre en littérature juive de jeunesse ? Elle passe en revue les auteurs fran- çais qui expriment « l'âme juive » et réclame en particulier la création d'une maison d'édition juive, comme il en existe aux U.S.A. Pro- position nuancée par les auteurs in- terviewés. Le n°3-4, paru également en dé- cembre 1991 est consacré à l'imagi- naire scientifique, avec en particu- lier un article de Marc Soriano consacré au « Machinisme et ma- chisme chez Jules Verne ». Le jeu Education et pédagogies a placé son n°13, mars 1992 « Sous le signe du jeu ». Un numéro riche qui re- transmet une partie du colloque or- ganisé l'an dernier par le CIEP sur le thème de « La famille et le jeu », mais qui élargit le débat. Dans ce numéro, douze interventions offrent des réflexions passionnantes sur l'activité ludique à travers trois parties : le jeu, signe d'une société (rôle de la famille et du marché), le jeu, signe de l'être (une approche psychanalytique) et le jeu, signe d'une culture (en Afrique, au Japon, en Guadeloupe et... en France au début du siècle avec Pierre Jakez Hélias). Anoter les deux interven- tions sur les jeux vidéo qui ouvrent de nouvelles perspectives. Des auteurs Howard Buten, écrivain, psycho- logue et clown américain vit en France depuis 1982 où il a fondé, à Saint-Michel-sur-Orge, un centre pour accueillir des enfants autistes. 72 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

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    REVUESDE LANGUEFRANÇAISEpar Aline Eisenegger

    Adolescence et lecture

    « 14/15 ans... C'est l'âge des hésita-tions, de l'alternance entre deuxmondes, celui de l'enfance et celuide l'adulte. » Et cela se ressent dansles lectures des jeunes, puisées à lafois dans la littérature adulte etdans la littérature de jeunesse ;dans leur approche du livre, parfoisboulimique - ils liront d'un seulcoup les sept tomes du cycle d'Elricde Moorcock - mais pourront aussirefuser des livres de plus de 150pages. Une analyse fine de l'adoles-cent, de ses goûts et de ses modesavant de regarder de près la littéra-ture qui leur est proposée. ParNicole Dupré, dans le n°31, février1992 de Lire au collège.

    L'adolescence est une aventure,c'est donc « sur les chemins del'aventure » que Nicole Bustarretnous entraîne dans le n°3, mars1992 de Livres Jeunes Aujourd'hui.L'article fait ressortir quelquesconstantes dans la littérature desti-née aux adolescents : absence deparents, exploits de héros exem-plaires, narration à la première per-sonne, action, suspense, décorssymboliques, épreuves physiques etmorales...

    « Huit récits de guerre pour les 12-14 ans », un regard très en profon-deur d'Edwige Talibon-Lapommedans le n°4, avril 1992 de L'Ecoledes parents qui dit l'urgence de liretous ces témoignages réels ou fictifs,50 ans après 1942.

    Le numéro 1 du Bulletin des Biblio-thèques de France de 1992 est

    D E S

    consacré à la lecture. On y trouveun article passionnant de MartineBurgos « Ces lecteurs sont-ils deslecteurs ? », compte rendu d'une ex-périence de lecture menée avec lesélèves de deux classes de lycée pro-fessionnel autour de la lecture duroman d'Agota Kristof Le Grandcahier : l'occasion pour ces jeunes« non-lecteurs » d'une entrée quasiinitiatique dans une fiction à l'écri-ture très simple mais au contenu po-lysémique qui a su déclencher undésir de lecture et une réflexion surles enjeux de la lecture.Dans ce même numéro Alain Vialapropose une réflexion qui renouvel-le à la lumière de la sociologie, lanotion de « classique ».

    Nouvel éditeur (Presses Universi-taires de Nancy) et nouvelle présen-tation pour la revue universitaire del'adolescence Janus Bifrons tou-j o u r s dirigée par GenevièveHumbert. Le n°l-2, décembre 1991,est consacré à l'édition de jeunesse.Jean Perrot analyse les tendancesactuelles de l'édition de jeunesseainsi que la mutation du lectorat etl'élévation du niveau critique desjeunes lecteurs.

    Howard Buten,

    in : l'Ecole des parents

    R E V U E S

    Jacques Charpentreau regardel'édition de la poésie pour l'enfanceet la jeunesse : un secteur bienvivant mais fragile.Et Susie Morgenstern s'interroge :Pourquoi l'Europe est-elle si pauvreen littérature juive de jeunesse ?Elle passe en revue les auteurs fran-çais qui expriment « l'âme juive » etréclame en particulier la créationd'une maison d'édition juive,comme il en existe aux U.S.A. Pro-position nuancée par les auteurs in-terviewés.Le n°3-4, paru également en dé-cembre 1991 est consacré à l'imagi-naire scientifique, avec en particu-lier un article de Marc Sorianoconsacré au « Machinisme et ma-chisme chez Jules Verne ».

    Le jeu

    Education et pédagogies a placéson n°13, mars 1992 « Sous le signedu jeu ». Un numéro riche qui re-transmet une partie du colloque or-ganisé l'an dernier par le CIEP surle thème de « La famille et le jeu »,mais qui élargit le débat. Dans cenuméro, douze interventions offrentdes réflexions passionnantes surl'activité ludique à travers troisparties : le jeu, signe d'une société(rôle de la famille et du marché), lejeu, signe de l'être (une approchepsychanalytique) et le jeu, signed'une culture (en Afrique, au Japon,en Guadeloupe et... en France audébut du siècle avec Pierre JakezHélias). A noter les deux interven-tions sur les jeux vidéo qui ouvrentde nouvelles perspectives.

    Des auteurs

    Howard Buten, écrivain, psycho-logue et clown américain vit enFrance depuis 1982 où il a fondé, àSaint-Michel-sur-Orge, un centrepour accueillir des enfants autistes.

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    II explique à Medhi Aissaoui, dansle n°4, avril 1992 de L'Ecole desparen ts , ses recherches et sontravail. On apprend qu'il va bientôtpublier un livre qui expliqueral'autisme aux enfants (au Seuil) etqu'il prépare un duo avec le violo-niste Pierre Amoyal. Deux événe-ments à ne pas manquer !

    Autour de l'œuvre de JacquelineHeld, le n°125-126, janvier-février1992 de Griffon, propose une séried'articles de France (Aline Roméaset André Delobel), d'Argentine(Perla Suez), du Brésil (Antonietadias de Moraes), d'Italie (GiulioSforza) et du Japon (Keiichi Hata-naka).

    Inter CDI est allé interviewer pourson n°116, mars-avril 1992 un de sesconfrères, Jean-Paul Nozière, docu-mentaliste et auteur fécond pour lajeunesse.

    Dans Le Français Aujourd'hui Ber-nadette Gromer a interviewé JeanThibaudeau sur Souvenirs deguerre paru chez Hatier dans la col-lection Haute enfance (abandonnéedepuis par l'éditeur).

    Tomi Ungerer « tel qu'en lui-même »une interview percutante réaliséepar Marie-José Klein, pour la revueNous Voulons lire ! accompagnéed'une bibliographie complète.

    A travers les livres pourenfants

    « 125 titres pour découvrir l'Amé-rique ». Précédé d'un préambulequi resitue la question de cette ren-contre de civilisations, un importantdossier bibliographique classé pargenre et par âges, établi et commen-té par Bernard Colas et Denise Es-carpit, dans le n°93, mars 1992 deNous Voulons lire ! (Voir plus loinles journaux pour enfants sur cemême thème).

    « Le Chemin de l'art est pavé delivres pour enfants » titre L'Hebdo,le magazine suisse d'information,n°10,5 mars 1992. Un secteur édito-rial en expansion qui propose desdémarches nouvelles.

    Le fantastique dans la littératurequébécoise pour la jeunesse. Etuded'un genre littéraire à travers 22romans parus ces dix dernièresannées. Mais est-on bien toujoursdans le registre du fantastique oudans du fantastique édulcoré ?Lurelu, vol. 14, n°3, hiver 1992.

    Bibliothèque et lecture

    Télérama lance un coup de chapeauà Grenoble en lui décernant le« premier prix de lecture ». Avec 18bibliothèques, la ville compte ungrand nombre de lecteurs tantenfants qu'adultes. Mais aussi ungrand nombre de bibliothécairespassionnés, telle Sylviane Teillard.Télérama,n°2205,18 avril 1992.

    Dans le cadre du projet de créationd'un « espace enfance » à la Biblio-thèque de France, Christian Bruel aproposé « l'Imaginef des savantu-riers ». Yvanne Chenouf analyse cespropositions dans le n°37, mars1992 des Actes de lecture.Dans ce même numéro la premièrepartie d'un article sur les méthodesde lecture du XIXe siècle par Chris-tiane Juaneda-Albarede, auteurd'une thèse de troisième cycle sur lesujet. Analyse des méthodes, desmanuels, des exercices de lecture etde l'iconographie.

    Les Actes de lecture n°37

    Le n°97, mars 1992, du FrançaisAujourd'hui est consacré au grou-pement de texte. On y trouve plu-sieurs articles concernant l'intertex-tualité à l'école élémentaire et lesrelations qui se tissent dans les lec-tures des élèves. Jacques David pré-sente la notion de personnage dansla lecture comparée de La Maisonvide de C. Gutman, La Croix duSud de H. Jaouen et de quatre nou-velles de J.M.G. Le Clézio. AnniePerrot propose la confrontation desvariantes et des parodies du PetitChaperon Rouge, celle des diffé-rentes représentations de l'arche deNoé dans les albums, une lecturecomparée des motifs dans Les Fo-conces de Zéphyr et Max et lesmaximonstres.

    N° 146 ETE 1992/73

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    Journaux pour enfantsL'actualité

    « Le nombre de titres de quotidiensen 1991 est de l'ordre du tiers de cequ'il était en 1946, Et la diffusion deces mêmes quotidiens s'est réduiteégalement du tiers... » dit HenriPigeât dans un article sur « Lesconditions économiques d'unepresse libre » dans le n°90, 4e tri-mestre 1991 de Communication etlangages. La France a longtemps étéprécurseur dans le domaine de lapresse, aujourd'hui elle se situe au27e rang mondial en ce qui concerneles quotidiens !Est-ce le résultat de ces constata-tions qui poussent les professionnelsdes journaux pour enfants à multi-plier les initiatives en direction desjournaux d'actualité. Faut-il, dès leplus jeune âge (Le petit journald'Astrapi à partir de 7 ans) habi-tuer les lecteurs de demain à lirel'actualité ? Le pari en tout casmérite d'être tenté et il semble vouéà la réussite. Si on en croit unsondage réalisé par le CLEMI etPhosphore (n°135, avril 1992) les15/20 ans lisent plus la presse queleurs parents, 96 % des lycéenspensent qu'il est important de setenir informé de l'actualité (ils en-tendent aussi les nouvelles à la radioet à la télévision). Alors pour les 14-18 ans, les éditions Milan ont lancéle 18 mars 1992 Les Clés de l'actua-lité, n°l, dont le rédacteur en chef,Richard Clavaux, vient de L'Expan-sion. Un hebdomadaire qui prend lerelais du Journal des Enfants (8-12ans), et qui, comme lui, est un vraijournal . Douze pages dans unformat tabloïd, des textes courts, dela couleur, des dessins d'humour etdes encadrés pour expliquer lessigles ou faire des rappels histo-riques. Et puis, chaque semaine, un

    Gaston et Lili,in : Les Belles histoires, n°234

    dossier qui traite en profondeur unsujet d'actualité... et qui peut large-ment servir à des exposés.Rappelons pour mémoire que l'ini-tiative de traiter l'actualité revient àTriolo (Fleurus Presse) qui avantd'avoir un petit journal encartéTriolo plus (depuis avril 1989) avaitune importante rubrique « Planèteinfos », à l'intérieur de son magazi-ne. Gullivore, des éditions JeunesAnnées, a également tenté cetteaventure avec un journal encarté :« L'Agora de Gullivore », mais lerythme était trop difficile à tenirpour cet éditeur associatif et àpartir de mars 1992, Gullivore a re-trouvé une parution trimestrielle.

    1492 Christophe ColombUn remarquable reportage parCharles Helly avec de nombreux do-cuments originaux dans la BT1036,mars 1992.Bayard Presse Jeunes a aussi pré-senté Christophe Colomb à tous seslecteurs. Sous forme de journal debord dans le n°319,1er février 1992d'Astrapi, avec des images d'histoi-re dans le n°40, avril 1992 d'ImagesDoc (qui a reçu à cette occasion leprix Ch'o du h'vre de jeunesse 1992) ;et un dossier dans l 'Universd'Okapi, n°489,1-15 avrQ 1992.

    Au revoir Charlotte et Henri, leshéros de Bob Graham qui ont ac-

    compagné pendant de nombreuxmois les lecteurs des Belles His-toires. Bonjour Gaston (un gros élé-phant) et Lili (une charmantesouris) nouveaux personnages de laseconde histoire du journal à partirdu n°234, mars 1992. Une histoireen grandes images, découpéescomme une bande dessinée qui sepoursuit de mois en mois. Les deuxhéros de Marie-Agnès Gaudrat illus-trés par Michel Guiré-Vaka sont à larecherche du Biglouche...

    Allô, docteur ? Le n°55, mars 1992d'Abricot est centré sur la maladie.Dans les pages réservées aux pa-rents des conseils pour l'hospitalisa-tion d'un enfant et quelques propo-sitions de lecture sur ce thème.

    Le n°24, février 1992 de Bonhommeest entièrement consacré au spec-tacle : Bonhomme reporter est alléau spectacle de marionnettes et enexplique les coulisses, MonsieurFarceur sévit sur un plateau detournage et les jeux conduisent leslecteurs au théâtre, à l'opéra ou aucirque, en passant par les affiches.Le cadeau du mois ? un théâtre demarionnettes à monter avec des dia-logues et une mise en scène pourjouer un vrai spectacle.

    Youpi découvertes, le journal docu-mentaire des petits propose dansson n°43, avril 1992, un reportageau poney-club. Explication, étapepar étape, d'une activité très priséedes jeunes enfants suivie d'une pagede vocabulaire très précis.

    « Plein les yeux » dans le n°12, 18mars 1992 de Fripounet. Un « plio-rama » (4 pages-poster recto-verso)sur la vue. Effets d'optiques, jeux etinformations documentaires sur lavision et les maladies.

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    REVUES DELANGUEANGLAISEpar Caroline Rives

    La littérature orale est toujoursvivante dans les pays anglo-saxons.En témoignent divers articles, quien présentent des approchesvariées.

    On trouve dans le Journal of YouthServices in Libraries, vol. 4, n° 4de l'été 1991 le texte de la conféren-ce prononcée par Iona Opie en avril1991 dans le cadre des May Hill Ar-buthnot Honor Lectures au Chil-dren's Literature Center de la Bi-bliothèque du Congrès (« TheNature and function of children'slore »). Iona Opie et son mari PeterOpie, ont consacré plusieurs livres àla tradition orale enfantine. Ontrouve ici présentées les principalesproblématiques liées à ce genre. Audépart partagés par les enfants etles adultes, jeux et formules sontdevenus la propriété des enfantslors de la Révolution Industrielle.Iona Opie propose une définition dela nursery rhyme : « Pour trouverune place dans le répertoire perma-nent de Ma Mère l'Oye, un texterimé doit répondre à plusieurs cri-tères. Il doit en général être bref, eten tous cas facile à mémoriser. Ildoit raconter en quelques lignes unehistoire surréaliste sur des gens, desanimaux ou des act ivi tésfamilières. » Si les nursery rhymesconstituent un réservoir d'inspira-tion inépuisable pour les auteurs dechansons et les illustrateurs, ellesrésistent à toute tentative visant àles affadir. Elles sont le premiercontact des enfants avec l'humour etle rire, et leur permettent doncd'apprendre à échapper à l'ennui et

    D E S

    à mieux supporter la découverte dela souffrance.

    Dans l'International Review ofChildren's Literature and Libra-rianship, vol. 6, n°l, 1991, GrâceHallworth, qui est écrivain, conteu-se et bibliothécaire, prononce unplaidoyer vibrant en faveur de lapratique du partage des contes(« One taie, many tellings »). On saitque les contes sont à la fois sem-blables et différents à travers lescultures et qu'ils constituent doncun moyen privilégié de la découvertede l'autre. Pour Grâce Hallworth,le partage des histoires permet demettre en œuvre ce qu'elle appellel'interculturalité, échange actif desapports culturels, et qu'elle dis-tingue de la multiculturalité, pourelle trop souvent simple juxtaposi-tion des stéréotypes des différentescultures.

    Hilda Ellis Davidson, dans Signal,n°66, septembre 1991, explore lesincarnations de la figure de la mar-raine fée (« Enter fairy godmo-ther... »). C'est surtout chez Per-rault qu'on la trouve sous cettedénomination, probablement parceque l'allusion au baptême christia-nise un personnage païen, mais elletraverse la tradition orale depuis

    Iona Opie in : Journal of YouthServices in Libraries

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    l'Antiquité sous des formes di-verses : déesse, fileuse ou sage-femme. Elle remplace la mère dé-faillante ou morte auprès de lajeune fille, qu'elle aide à traverserdes épreuves ou qu'elle remet dansle droit chemin. Qui la remplaceradans le monde moderne ?

    Dans Emergency Librarian, 19 : 3,Anne Clyde présente l'état des nou-velles technologies dans les biblio-thèques scolaires en Australie(« New technologies, informationaccess and educational outcomes »).La nécessité des réseaux documen-taires est particulièrement ressentiedans un pays où la population estdispersée sur un très vaste territoi-re. La base de données nationaleASCIS, contient 330 000 notices bi-bliographiques correspondant à unfonds de documents utilisables dansune bibliothèque scolaire ou à desfonds spécialisés (didacticiels ou do-cuments sur la culture aborigène).Elle est actuellement accessible enligne et prochainement sur CD-ROM. Il existe d'autres bases spé-cialisées et l'utilisation des CD-ROM, de la PAO et des systèmes detélécommunications se développe :un réseau de courrier électroniqueinternational, « Computer palsacross the world », par exemple,met en relation plus de 800 écoles àtravers le monde.

    Books for Keeps publie dans sonn°73 de mars 1992, un intéressantarticle de Richard Tames (« TheTruth, nothing but the truth - butnot the whole truth ? ») sur les ques-tions que se pose un auteur de docu-mentaires historiques pour la jeu-nesse : « L'histoire, a-t-on justementobservé, ne concerne pas les faits,mais leur mise en relation. Je suisencore assez naïf pour croire qu'ilfaut chercher la vérité, même si

    N° 146 ETE 1992/75

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    résonne en moi constamment l'échode la remarque d'Oscar Wilde selonlaquelle la vérité est rarement pureet jamais simple. » Richard Tamesexplicite la démarche qui l'a conduità traiter des périodes historiques àtravers des biographies de person-nages célèbres et de représentantsanonymes des différents groupes im-pliqués dans l'événement. Des choixeffectués par l 'auteur dépendl'orientation idéologique du livre etson degré d'objectivité. Les difficul-tés sont encore plus grandes quandon veut décrire une aire culturelledifférente de la sienne propre, en larespectant sans pour autant s'enfaire le prosélyte.

    Les problèmes de la traduction, dé-veloppés dans le numéro précédentde la Revue des Livres pour Enfants,sont abordés sous un angle très parti-culier par Christopher M. Frances-chelli dans le Horn Book de mars-avri l 1992 (« A Pub l i she r ' sperspective »). L'éditeur du livre deRafik Schami, « A Hand full ofstars » (paru en français à l'Ecoledes loisirs sous le titre d'Une Poignéed'étoiles) rend compte de la dé-marche de l'auteur, d'origine syrien-ne et qui vit en Allemagne. Si lalangue maternelle de Rafik Schamiest l'arabe, le livre a délibérémentété écrit en allemand pour desraisons personnelles douloureuses :« Je ne peux écrire dans une langueoù je suis à la merci des capricesd'un officier de l'armée ou d'unsheik. Chaque acte de censure enlai-dit ma langue ». Mais le prix à payerest élevé : Rafik Schami dit qu'il rêveen allemand et que quand sa mère luiparle dans ses rêves, il se réveille enhurlant car il sait que cette nouvellelangue l'a éloigné d'elle.

    Dans Booklist du 1er février 1992,on trouve une interview de Virginia

    Hamilton, qui vient de recevoir leprix Andersen décerné par l'IBBYlors de la Foire de Bologne (Cf.Echos). C'est l'occasion de décou-vrir un écrivain encore peu connu etpeu traduit en France, mais trèscélèbre aux Etats-Unis. Elle s'ex-plique sur la façon dont sa forma-tion et son milieu d'origine ontmarqué son écriture : le motif dusecret, qu'on retrouve fréquemmentdans son œuvre, est peut-être lié à lamémoire de l'évasion de ses ancêtresesclaves qui ont fui les plantationsdu sud. Pour elle, le grand handi-cap d'être un écrivain issu d'unecommunauté minoritaire, c'estqu'on est enfermé par les autresdans cette spécificité : « C'est trèsdifficile quand on est un écrivainnoir d'écrire sur autre chose quel'expérience de la communauténoire. Les gens, les critiques ne lepermettent pas. Si j'écrivais un livredont les personnages ne soient pasnoirs, les gens diraient : Oh, que faitVirginia Hamilton ? ». Et pourtantun écrivain blanc peut écrire surn'importe quoi».

    Quand les hommes savaient voler,de Virginia Hamilton, ill. Léo et

    Diane Dillon, Ed. du Sorbier

    REVUES DELANGUEALLEMANDEpar Claudie Guérin

    Le numéro 3/91 de JuLit est consa-cré à une analyse de la famille dansles bvres pour enfants. L'idéologiefamiliale dans la littérature de jeu-nesse du Troisième Reich (1933-1945), l'image de la famille transmi-se par la poésie et l'illustration, latranscription du phénomène récentdes « nouveaux » pères de familledans la b'ttérature : autant de pointsde vue intéressants.

    Jugendbuchmagazin 3/4/91 évoquel'amitié et l'amour dans les livrespour la jeunesse. Et quand on parled'amitié, on n'est pas étonné de voircités Janosch, E. Carie ou H.Heine ! A partir d'exemples commetes Trois amis, Perle, La Petitesouris cherche un ami, on analyse ladécouverte par les plus jeunes del'existence d'autrui et la naissancede l'amitié. Ben est amoureuxd'Anna de P. Hàrtling, Hb'rbe et sonami Zwottel de 0. Preussler ou destitres de Tilde Michel permettent depasser de l'amitié à l'amour. Biblio-graphie et livres de référence com-plètent cette étude.

    Dans son numéro sur le « Prix alle-mand de l i t t é r a t u r e pour lajeunesse » 91, JuLit 4/91 propose unarticle sur le fantastique et le réalis-me dans l 'illustration à partird'exemples tirés de livres pourenfants. Jumanji de Chris van Alls-burg, Le Tunnel d'Anthony Brownesont mis en parallèle avec desœuvres de Max Ernst, Magritte,Courbet, Ingres. Une approche inté-ressante.

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    Jugendbuchmagazin 3/4/91

    Dans BUB 2/92, un professeur dephilosophie et de théologie analyseles livres de religion : une produc-tion croissante de Bibles éditéespour les enfants de plus en plusjeunes, un grand choix de récits bi-bliques, peu de documentaires etdans tous ces documents, un dis-cours très classique. Il analysed'autre part la présence d'uncertain esprit religieux dans leslivres d'Astrid Lindgren, MichaelEnde, G. Pausewang. Le livre reli-gieux serait-il en train de changer deforme ?

    IJB 1/92 s'attache au statut actueldu livre pour la jeunesse en Rouma-nie, où actuellement un livre coûteaussi cher qu'un kilo de viande, unphénomène tout à fait inhabitueldans un pays de l'Est. Depuis la ré-volution, la situation est difficileaussi dans le domaine de la littéra-ture de jeunesse. Les organisationsqui luttent pour les droits desenfants pourront-elles faire quelquechose pour le livre pour enfants ?

    L'environnement, un thème à lamode ou une préoccupation réelledes auteurs et éditeurs ? Uneanalyse de romans parus en 90/91dans Jugendliteratur 3-4/91. Uneproduction en forte expansion maisdes résultats variables : Des livresaux informations documentaires

    D E S

    claires, à l'histoire vraisemblable et

    facile à lire comme Ein Igelwinter

    de H. et A. Fisher-Nagel ou Einge-

    kreist de N. Wheatley par exemple.

    De bonnes intentions mais des textes

    moins réussis avec des enfants trop

    bons pour être vrais et des situa-

    tions exagérées et incroyables dans

    Jide und Steffen bei Greenpeace de

    W. Pauls ou Oliver vom Okowerk de

    U. Schwarzer.

    Deux auteurs-illustrateurs du docu-

    mentaire pour enfants du XIXe sont

    à l'honneur dans Jugendbuchmaga-zin 3/91 : Heinrich Leutemann etAdolf Lehmann. Les qualités anato-miques et biologiques des dessins deYAÛas zoologique, de l'Histoire na-turelle illustrée du monde animal,des Animaux de nos fermes etmaisons... répondent bien aux in-tentions pédagogiques et esthétiquesde ces peintres animaliers.

    Pour les fans de Helme Heine, Ju-gendbuchmagazin 4/91 présente lesderniers livres : la réédition deRichard (1978), une nouvelle aven-ture des 3 amis avec Mulkwapp, latraduction de l 'américain deHektor und Prudenzia et Heulegehe ich ans dem Haus. Que les tra-ducteurs français fassent vite !

    Les enfants adorent ses livrespubliés à des millions d'exem-plaires, il a obtenu le prix allemanddu livre pour la jeunesse en 1985,les parents sont souvent déroutéspar son humour... Roald Dahl faitl'objet d'un article suivi d'une bio-graphie dans JugendLileratur 3-4/91.

    Pinocchio, Obelix, Max et les maxi-monstres, Babar, Mimi cracra,Donald, les Dupond/t, le PetitPrince... mis en scène par JorgMillier. Les enfants peuvent retrou-ver leurs héros préférés dans une

    R E V U E S

    peinture murale réalisée par le

    célèbre illustrateur pour la biblio-

    thèque municipale de Biel. Jugend-Literatur 3-4/91 l'a reproduite sursa couverture...

    On peut faire connaissance avec

    Renate Welsh dans JugendLiteratur3-4/91. « Je n'écris pas des docu-

    mentaires mais des histoires à fond

    documentaire ». Ce célèbre auteur

    autrichien a plus de 50 livres à son

    palmarès. Ses romans s'inspirent

    beaucoup de la réalité. Johanna

    habite un petit village autrichien et

    R. Welsh l'a côtoyée 10 ans avant

    d'écrire son roman. La connaissan-

    ce qu'elle a d'enfants handicapés l'a

    amenée à écrire Drachenflùge ou

    Eine Eand zum Anfassen, des récits

    de vies difficiles mais jamais totale-

    ment désespérées.

    Echanges franco-allemands

    Compte rendu de stages dans les bi-

    bliothèques de Grenoble, Combes la

    Ville, Blois et la BCP de Seine-et-

    Marne dans BUB 2/92. Ce qui afrappé le plus nos collègues alle-

    mands : notre ouverture à la bande

    dessinée et à l'audiovisuel, notre

    confiance en l'amélioration de nos

    modes de travail grâce à l'informati-

    sation, les activités menées avec la

    ,

    in : Jugend Literatur, 3/4/1991extrait de la fresque de Jorg Miiller

    N° 146 ETE 1992/77

  • R E V U E

    petite enfance et un certain décloi-sonnement dans les activités quimotive le personnel malgré de bassalaires. Prochain échange prévudébut 93!

    REVUES DELANGUEITALIENNEpar Francesca Archinto

    Dans LG Argomenti, n°3-4, mai-août 1991, un article très intéres-sant de Fernando Rotondo surl'écrivain italien Pier Mario Fasa-notti qui a réussi à valoriser le genre« policier » dans la littérature ita-lienne pour la jeunesse, plutôtdémunie sous cet aspect. Avec lecycle du chat Tetti Veloci, Fasanottidécrit le monde félin comme celuides hommes, « cet anthropomor-phisme ne cache pas sournoisementdes intentions pédagogiques, maisgarde toujours au récit une légère etjoyeuse atmosphère fantastique etféerique ». Avec l'ours Bunga, lecommissaire de police qui cherche àrétablir l'ordre, on rencontre unpersonnage qui nous rappelleMaigret : « grand lecteur de romanspolicier, amoureux de la pêche etdes promenades, lié à sa famille,gai, intelligent, astucieux, distrait

    -

    La Casa di Tod,ill. A. de Carlo, m : Liber n°13

    D E S

    etc. ». Enfin, avec le commissaireDonati, les romans de Fasanottichangent de destinataires (de plusgrands lecteurs) et le modèle narra-tif devient clair : le « policier »devient l'instrument de connaissan-ce de la réalité.

    Sfoglialibro entame l'année 1992,complètement rénové. D'abord legraphisme, plus net et dense qui« correspond à une étape de maturi-té de la revue », comme l'expliquel'éditorial. De plus, la couverture,très soignée, est illustrée, à chaquenuméro, par un illustrateur diffé-rent de façon à offrir aux lecteursun panorama de tous les artistes quitravaillent sur les livres pour la jeu-nesse.On voit apparaître la naissance dela rubrique Spazio Scuola (EspaceEcole) qui veut approfondir lesaspects les plus importants dumonde de l'école en relation avec lelivre et la lecture.La troisième nouveauté est La Ras-segna novkà (rubrique « nou-veautés ») qui sera plus sélective etsignalera seulement les dernièrespublications les plus intéressantes.Enfin, pour les amateurs d'écri-vains de littérature italienne pour lajeunesse, une agréable interview deBianca Pitzorno célèbre auteur deromans, à propos de son dernierlivre Ascolta il mio cuore (n°l-92).

    Dans le n°13 (sept.-déc. 1991) de larevue liber, on trouve « un dossierimportant sur la façon dont le thèmede la maison et les modalités del'habitat, en usage chez les diffé-rents peuples dans l'histoire, sonttraités et proposés dans la produc-tion narrative et documentaire deslivres pour la jeunesse. Un articlesur l'usage de la maison, une propo-sition de travail à faire à l'école avecdifférents parcours de lecture sur le

    R E V U E S

    thème de la maison, deux interviewsd'écrivains qui ont abordé de façondifférente ce thème et une bibliogra-phie très complète. En conclusion,l'article de A. Minelli AAA adattoambiente adottasi (AAA adopter desambiances adaptées) analyse les in-formations d'écologie, d'éthologie etde vulgarisation sur la nature pré-sents dans la littérature pour la jeu-nesse. Bref, un numéro presque mo-nographique pour aider l'enfant àacquérir la conscience de son envi-ronnement.

    La revue Andersen (n°78, février1992) traite de science-fiction. Enpar tant de l 'hypothèse que lascience-fiction est la capacité d'ap-privoiser l'impossible en modifiantla réalité à travers la fantaisie, onparcourt les différents champs ex-plorés par la littérature. Science-fiction et la terre, Science-fiction etles verts, Science-fiction et lesrobots, Science-fiction bistouris etéprouve t t es , les amis de ET,Science-fiction entre les planètes,Science-fiction game, Science-fictionhistoire et critique. Pour conclurece panorama, F. Alessandri fait unéloge de la science-fiction en mon-trant sa valeur didactique et forma-trice auprès des jeunes.

    Pour finir, signalons la revue HuckFinn e gli altri, trimestrielle, éditéepar l'administration de la provincede Ferrare. Destinée aux bibliothé-caires et aux enseignants, elle com-porte surtout des compte-rendus delivres et de collections recensés selonla grille de Whittaker.

    ill. C. M. Schulz in : Sfoglialibro 2-92

    78 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS