Reste Poli Productions présente LES NUITS...

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Reste Poli Productions présente LES NUITS BLANCHES D’après le roman de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski Traduction Katia Vandenborre En coproduction avec le Théâtre de la Vie (Bruxelles)

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  • Reste Poli Productions présente

    LES NUITS BLANCHESD’après le roman de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski

    Traduction Katia Vandenborre

    En coproduction avec le Théâtre de la Vie (Bruxelles)

  • LES NUITS BLANCHES FIODOR MIKHAÏLOVITCH DOSTOÏEVSKI

    RESTE POLI PRODUCTIONS

    D’après le roman Les nuits blanches Auteur Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski Traductrice Katia Vandenborre Adaptateur et metteur en scène Olivier Lenel Avec Nastenka Marie du Bled Le rêveur (en alternance) Simon Hommé, Vincent Huertas ou Mikael Sladden Le régisseur (en alternance) Simon Hommé, Vincent Huertas ou Mikael Sladden Le pianiste (distribution en cours) Compositeur Julien Lemonnier avec la participation de Felix Ulrich Costumière Bertille Gibourdel

    Le spectacle « Les nuits blanches » a été créé au Théâtre de la Vie en Mars 2013. Il sera repris en janvier et février 2016 à l’Eden (Charleroi), au Riches-Claires (Bruxelles) et au Centre Culturel Marius Staquet (Mouscron)

    Durée du spectacle : 75 minutes

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    Prendre le temps de rêver, d’imaginer. Voilà bien quelque chose qui disparaît en grandissant. Et notre société semble vouloir elle aussi gommer ces instants précieux. Or, le développement de l’imagination constitue un des fondements de la construction de soi. Imaginer, c’est remettre en cause le monde réel et se positionner par rapport à celui-ci. Lorsque je rêve, je me projette dans un idéal. Et cet idéal guide mes choix. Réprimer son imagination, c’est se priver de sa liberté de penser. C’est suivre un schéma pré-établi par la société. Mais l’imagination peut aussi devenir néfaste. Le héros de notre histoire, à force d’imaginer, se construit un monde complètement détaché de la réalité. Le retour au réel devient alors compliqué, tout comme sa relation aux autres. Dans « Les nuits blanches », un rêveur passe sa vie à se laisser emporter par son imagination. Dans son monde, tout est faux. Pourtant, lorsqu’il passe une soirée magique et pourtant totalement imaginée avec une jeune fille, les larmes coulent, les joues rougissent, la fièvre monte. Son imagination l’emporte et brouille en lui la frontière entre le rêve et la réalité. Lorsque qu’il va au théâtre, le spectateur, comme le rêveur, se laisse lui aussi dépasser par sa fantaisie. La machine théâtrale l’ouvre à de nouveaux horizons…

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    TABLE DES MATIÈRES LE SPECTACLE 3 L’HISTOIRE 3 NOTE DRAMATURGIQUE 4

    LES NUITS BLANCHES : UNE ŒUVRE THÉÂTRALE 6 L’AUTEUR 7 BIOGRAPHIE & CONTEXTE HISTORIQUE 7 DOSTOÏEVSKI : UN AUTEUR POUR ADOLESCENTS 10 LA TRADUCTION, L’ADAPTATION, LA MISE EN SCÈNE 12 DU RUSSE AU FRANÇAIS 12 DU ROMAN AU THÉÂTRE 14 DU TEXTE À LA SCÈNE 16 L’ÉQUIPE 18 RESTE POLI PRODUCTIONS 18 DÉMARCHE DU METTEUR EN SCÈNE : OLIVIER LENEL 19 LES CV’S 21 PROPOSITIONS DE PISTES DE RÉFLEXIONS AVANT LA REPRESENTATION 24 PROPOSITIONS DE PISTES DE RÉFLEXIONS APRÈS LA REPRESENTATION 25 L’AUTRE DANS LA RELATION AMOUREUSE 25 LES RENCONTRES 26 LA RENCONTRE AVANT LA REPRÉSENTATION/L’ATELIER 26 LE BORD-PLATEAU APRÈS LA REPRÉSENTATION 28 LE STAGE 28 LA PRESSE 29 POUR ALLER PLUS LOIN 34 INFORMATIONS PRATIQUES 35

    PROCHAINES DATES 35 NOUS CONTACTER 35

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    LE SPECTACLE

    L’HISTOIRE Un homme - un peu rêveur - nous raconte un souvenir : celui de sa rencontre avec Nastenka.

    Sur un pont de Saint-Pétersbourg, une nuit, une jeune fille pleure. Un homme n’est pas venu - une histoire d’amour compliquée, un rendez-vous manqué, une promesse non tenue. Depuis toute petite, la jeune fille - elle s’appelle Nastenka - habite chez sa grand-mère. Il y a un an, l’ancien locataire de la vieille dame est parti à Moscou en promettant à la jeune fille de revenir après une année et de l’épouser. Mais il n’est pas là. Sur ce pont, notre rêveur se promène. Un homme seul qui se retrouve là pour fêter l’anniversaire d’une de ses histoires inventées. Mais à rêver sa vie, il passe à côté d'elle. Sur ce pont donc, une jeune fille triste, rêvant de son futur, et un homme seul, perdu dans son passé, se rencontrent par hasard. Pendant quatre nuits, ils apprennent à se connaître. Quatre nuits de rêve et pourtant bien réelles. A cette relation naissante, Nastenka ne pose qu’une condition : ne pas tomber amoureux d’elle. Les nuits blanches. Une presqu’histoire d’amour. Drôle, tragique, passionnée, pathétique.

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    NOTE DRAMATURGIQUE « Les Nuits Blanches » est une adaptation théâtrale du roman éponyme de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, dans une traduction de Katia Vandenborre. C’est la rencontre d’un rêveur et d’une jolie jeune fille. C’est une histoire d’amour avortée. C’est drôle, comme l’humour du désespoir, et poétique. Sur le plateau, un homme – notre rêveur – se remémore une rencontre avec une jeune et jolie fille. Cette relation naissante lui apporte un nouveau regard sur l’Amour. Mais c’est surtout l’acte de se souvenir de cette histoire, de se l’imaginer, de la réinventer qui lui fait prendre conscience de l’importance de l’Autre. Parce que l’Autre, c’est une manière de penser différemment, c’est un autre regard sur le monde et sur soi. Et être regardé, c’est savoir qu’on existe. L’acte théâtral en lui-même est aussi un lâcher-prise dans l’imagination. Il propose une remise en question du monde. Le rêveur et les spectateurs participent en parallèle au même processus, l’un dans le traitement de son souvenir, l’autre dans le fait d’assister à une représentation théâtrale. L’illusion théâtrale suit le même schéma que les envolées imaginaires du rêveur. Durant toute la représentation, deux espaces-temps se cotoyent.

    C’était une nuit de conte1

    Il y a d’abord le temps du présent, le temps de la narration. Dans un rapport direct, le rêveur s’adresse aux spectateurs. Il est le conteur et donc le maître des événements. Le lieu est le théâtre. Le rêveur évolue dans le même espace-temps que le public. La rencontre avec Nastenka est présentée comme un souvenir. Passant par le prisme de son imagination, l’histoire n’est pas (plus !) réelle. Elle est réinventée. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1 Cette phrase introduit le roman. Dans un premier temps, c’est la perception qu’a le rêveur de son histoire.

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    C’était un rêve2 C’est le temps du passé, le temps de la rencontre en elle-même. L’homme est emporté par son imagination et s’investit complètement dans son souvenir. Comme dans un rêve, il n’est plus maître de la situation. Celle-ci lui échappe. Le spectateur n’existe plus en tant qu’interlocuteur, il disparaît aux yeux du rêveur. L’espace-temps est modifié, lui et Nastenka se trouvent désormais sur un pont de Saint-Pétersbourg. Le rêveur n’est plus conscient de la fantaisie qui l’entoure. Pour lui, tout est vrai, tout est réel. Durant la représentation, les deux espace-temps se suivent, s’alternent et finissent par se confondre l’un l’autre. La frontière entre les deux axes de la narration et de la rencontre, du présent et du souvenir se brouillent. Il y a confusion entre réel et imaginaire. Le rêveur perd pied et finit par ne plus être maître de son souvenir. Le souvenir se modifie grâce à l’évolution de l’image de Nastenka. Elle est d’abord représentée par un simple buste de couture, ensuite par une voix, un dos et enfin un corps tout entier en mouvement et en parole. Cette évolution représente l’intrusion du réel dans le rêve. Lorsque Nastenka est interprétée par une comédienne la confusion est à son apogée : le souvenir devient réalité. Ce passage au réel renforce la position de Nastenka. Au début du spectacle elle ne représente que l’image fantasmée du rêveur. Au fur et à mesure de son apparition, elle devient un personnage à part entière avec une conscience et un point de vue qui lui est propre. Ce n’est plus le rêveur qui décide du déroulement d’une l’histoire qui se fait désormais à deux. Le développement imaginaire du souvenir démontre à l’homme toute l’importance de Nastenka. Lui qui n’avait vécu jusque là que dans son imagination, il découvre la magie d’un rapport réel, de la confrontation de point de vues que cela apporte et de l’enrichissement personnel qui s’ensuit.

    !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!2 En fin de roman, voilà comment Nastenka définit la rencontre. Elle propose ainsi un regard différent sur les événements qui viennent de se produire.

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    LES NUITS BLANCHES : UNE ŒUVRE THÉÂTRALE Lecteur assidu, Olivier (l’adaptateur et le metteur en scène) aime adapter des textes non théâtraux d’auteurs du répertoire. Après s’être confronté à deux nouvelles de Boris Vian, il a porté son attention sur une œuvre courte d’un auteur majeur de la littérature russe. Dostoïevski est sans doute l’un des auteurs qui analyse avec le plus de perspicacité les rapports humains et les difficultés que nous avons à nous comprendre. Les échanges se transforment bien souvent en dialogues de sourd et cette impossibilité à communiquer pousse les protagonistes à des issues parfois tragiques, du moins insatisfaisantes et frustrantes. Grâce à la présence des comédiens en « chair et en os » d’une part et au rapport immédiat entre ceux-ci et les spectateurs d’autre part (un rapport qui constitue la condition première d’une représentation théâtrale), le plateau de théâtre est un terrain de jeu fascinant pour analyser les rapports humains. Et, l’œuvre de Dostoïevski constitue pour ce faire un magnifique terreau théâtral. Quant à son écriture, nerveuse, passionnée, elle semble faite pour l’art vivant du théâtre. Elle est un outil de jeu formidable pour les comédiens. Ce n’est pas étonnant quand on sait qu’une grande partie de l’œuvre de Dostoïevski s’est construite par l’oralité. L’auteur « racontait » ses livres à voix haute laissant à sa femme sténographe le soin de retranscrire ses logorrhées.

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    L’AUTEUR BIOGRAPHIE & CONTEXTE HISTORIQUE

    Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski naît à Moscou le 11 novembre

    1821. La Russie connaît à cette époque une période de tension. En 1825, le tsar Alexandre 1er meurt. Un sentiment d’indépendance à l’égard d’un état encore fort féodal se développe – comme c’est déjà le cas dans d’autres pays d’Europe depuis la Révolution Française. Ce sentiment abouti à une révolte menée par un groupe d’intellectuels, les décabristes, le jour de la prestation de serment du nouveau tsar Nicolas 1er. Cette révolte est écrasée dans l’œuf et ouvre une ère de tyrannie en Russie. Pour

    l’heure, Dostoïevski n’est pas mêlé à ces dissensions politiques. Il a 4 ans et passe une enfance sans histoire dans une aisance matérielle certaine. Si sa mère fait figure de femme douce, son père, docteur, apparaît autoritaire et brutal. À sept ans, on découvre que le petit Fiodor est sujet aux crises d’épilepsie. Cette maladie particulière et très impressionnante est omniprésente dans l’œuvre de Dostoïevski et le « rythme » de ces crises - des moment de grande clarté et de bonheur suivi de la crise proprement dite, d’une perte de repère voire d’inconscience et enfin une période d’extrême fatigue et de dépression – influencera jusqu’à la structure de certains de ces romans. Dostoïevski a neuf ans lorsque sa mère, atteinte de phtisie, part se reposer à la campagne, dans la propriété familiale. Elle succombe de sa maladie sept ans plus tard. Mikhaïl, le père de Dostoïevski s’exile alors lui aussi dans la propriété. Là il s’adonne complètement à la boisson. Deux ans après la mort de sa femme, il est sauvagement assassiné. Des serfs se seraient vengés de cet homme brutal. Dostoïevski, entré à la mort de sa mère à l’Ecole supérieure des ingénieurs militaires, paraît presque indifférent à la disparition de son père. Pourtant cette figure patriarcale traversera l’œuvre de l’écrivain. Sans doute se sent-il coupable de la mort de son père, lui qui a si souvent désiré le tuer en pensée. À l’été 1844, il quitte sa carrière de militaire pour se lancer dans la littérature. Son premier roman Les Pauvres Gens (1844-45) est encensé par la critique. Considéré par certains comme le « nouveau Gogol », Dostoïevski prend de la hauteur. Il devient orgueilleux. Cette reconnaissance est rapidement suivie par une désillusion. Son deuxième roman et ceux qui suivront sont violemment critiqués par ses pairs, considérés cette fois comme des plagiats d’œuvres de Gogol. C’est à cette

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    époque qu’il écrit Les Nuits Blanches (1848). Ces premiers textes annoncent déjà les thèmes qui seront chers à Dostoïevski, comme celui du « double ». Mais ce qui les rend uniques, c’est cette façon qu’a l’auteur d’ « agripper » ses lecteurs. Âgé de 27 ans, et parallèlement à son activité d’écrivain, Dostoïevski s’engage politiquement. Comme de nombreux intellectuels, il s’oppose clandestinement au régime tsariste : il souhaite l’abolition du servage (considéré comme de l’esclavage), la liberté de la presse et des réformes économiques. Animé d’un désir d’action, il se rapproche d’un groupuscule n’hésitant pas à recourir à la violence pour arriver à ses fins. L’objectif est clair : imposer le bonheur au peuple en commençant par renverser le trône. Suite à une dénonciation, les membres du groupe (dont Dostoïevski) sont arrêtés et condamnés à la peine de mort. Alors qu’ils sont sur le point d’être fusillés, le tsar Nicolas 1er les gracie, les condamnant à une déportation de quatre ans en Sibérie, suivie de quatre années dans l’armée. C’est un général bègue qui annonce, quelques minutes avant l’exécution, la transformation de la peine capitale en exil. Dostoïevski, dans L’ Idiot (1867-71), considèrera la peine de mort comme la pire torture morale que l’on puisse faire subir à un homme. Le 24 décembre 1849, l’écrivain part pour la Sibérie. Au sujet de ces quatre années passées au bagne d’Omsk, Dostoïevski écrira les Carnets de la maison morte (1860-62), une fresque de la vie et des « habitants » de la prison. Il y côtoie des meurtriers et des violeurs d’enfants. De ces rencontres se dégage toute la complexité de l’être humain. Ces hommes, tel qu’il les décrit dans son livre, n’apparaissent pas comme des monstres. Pour lui, le Bien et le Mal sont inséparables. C’est au bagne que se développe son amour pour le peuple russe. Il devient un slavophile convaincu. C’est aussi là que se réaffirme sa foi en Dieu. La seule lecture autorisée, l’Evangile, lui apporte du réconfort tout au long de ces quatre années. Au sortir du bagne, il entre à l’armée et devient rapidement officier. En Sibérie, il rencontre sa première femme, Maria Dmitrievna Issaïeva. Une relation difficile s’installe avec cette épouse malade. Il retourne à Pétersbourg en 1860, soit dix ans après son exil. La société russe est en plein bouleversement : mort du tsar Nicolas 1er, guerre de Crimée, abolition du servage. Son investissement politique à lui ne se traduit plus par la révolte contre le pouvoir en place – chose qu’il condamne désormais – mais dans ses livres. L’œuvre de Dostoïevski devient le théâtre d’un combat d’idéologies. Chaque personnage défendant sa manière de penser le monde. Dès son retour, il fonde avec son frère Mikhaïl une revue littéraire : le Temps. Cette revue devient son organe

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    de combat, dans lequel il défend ses idées. Avec le risque de s’exposer aux critiques des autres intellectuels. Et ces critiques ne tardent pas à pleuvoir sur l’auteur. L’année 1864 est marquée par la disparition de sa femme et de son frère Mikhaïl duquel il décide de reprendre à son compte les dettes. Afin de pouvoir rembourser, il passe des accords extrêmement désavantageux avec des éditeurs peu scrupuleux. En 1866, l’un d’eux tente de le piéger : sous peine de perdre les droits de son œuvre entière au profit de cet éditeur, Dostoïevski doit concevoir un roman d’au moins deux cents pages en très peu de temps. On lui conseille de faire appel à une sténographe afin qu’il puisse dicter son roman et ainsi espérer terminer à la date prévue. Il rencontre Anna Grigoria Snitkine. Après un mois de travail acharné, Le Joueur (1866) est déposé chez l’éditeur. Dostoïevski demande ensuite la main de la jeune Anna. Elle partagera sa vie jusqu'à la fin et devient sa fidèle assistante. Avec elle, il termine notamment l’écriture de Crime et Châtiment (1864-67). Mais la vie avec Dostoïevski n’est pas de tout repos. Le couple est victime de problèmes financiers dus à la trop grande générosité de Dostoïevski, à son vice du jeu et surtout à des dettes très importantes. Le couple s’exile durant quatre années dans différentes villes d’Europe. En Suisse, une petite fille nait et meurt. Le couple rentre à Saint-Pétersbourg. Dostoïevski est malade et criblé de dettes. Seul sa femme lui apporte un peu de réconfort. Avec elle il aura trois autres enfants, dont un mourra en bas âge. Son état de souffrance presque permanent (maladie, dettes, critiques) ne l’empêche pas d’enchainer l’écriture de ses plus grandes œuvres : L’Idiot, Les Démons (1870-72), L’Adolescent (1874-75) et Les Frères Karamazov (1878-81), son chef-d’œuvre, qui lui vaudra une reconnaissance unanime, 33 ans après Les Pauvres Gens. C’est son dernier roman. Dostoïevski meurt le 28 janvier 1881.

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    DOSTOÏEVSKI : UN AUTEUR POUR ADOLESCENTS

    Le spectacle « Les nuits blanches » a été conçu pour des spectateurs adultes mais avec une attention toute particulière aux adolescents. À première vue, il semble que Dostoïevski n’attire pas les adolescents. Son nom paraît susciter l’idée d’une littérature ampoulée, vieillotte et d’œuvres interminables et incompréhensibles. Sans doute cette mauvaise réputation tient-elle, en partie, d’une certaine tradition de la traduction française, plus préoccupée à proposer une certaine esthétique « digne » de la langue française qu’à retranscrire, le plus fidèlement possible, la rugosité d’une langue russe tout en passion et en déchirement 3 . C’est d’ailleurs pour s’approcher au plus près de cette vitalité que nous avons décidé de travailler avec une traductrice, Katia Vandenborre. Car c’est bien là que Dostoïevski excelle. L’auteur nous propose une écriture tout en paradoxe, en apparence contradictoire, parfois incohérente. Celui qui lit Dostoïevski ne doit pas y chercher une certaine vérité unique, simple, évidente.

    !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!3 André Markowicz est un des traducteurs les plus récents de l’oeuvre de Dostoïevski et nous vous invitons à (re)découvrir l’auteur par ses traductions. Markowicz semble avoir trouvé le ton juste pour mettre en lumière toutes les aspérités de l’écriture de Dostoïevski.

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    Au contraire, « la vérité ne peut jaillir et s’installer dans la tête d’un seul homme, elle naît entre les hommes qui la cherchent ensemble »4. C’est en opposant les points de vues, en confrontant ce qui nous semble parfois être des paradoxes, par la réflexion dialogique en somme, que nous pouvons espérer comprendre les individus, les rapports humains, le monde. Lire Dostoïevski, c’est s’habituer à la confrontation d’idées, c’est accepter nos propres contradictions (et par extension, celles des autres), c’est apprendre à écouter, questionner, se confronter, se contredire. Cette réflexion mérite qu’on la propose aux adolescents, ces jeunes adultes en pleine construction d’eux-mêmes. Le texte « Les Nuits Blanches » est un bon ambassadeur pour partir à la rencontre de l’auteur. Il offre l’avantage d’être un court roman de « seulement » cent pages avec deux personnages et dont la trame narrative est relativement simple. Dans cette œuvre de jeunesse, Dostoïevski développe toutes les facettes d’un amour irrationnel, d’un amour d’adolescence. Il exprime avec justesse la vérité des passions, la violence de notre inconscience et la souffrance que cette inconscience peut infliger à l’autre. Il décrit avec beaucoup d’humour le ridicule parfois pathétique de l’amour incompris. Mais derrière la fraîcheur de cette histoire drôle, cruelle et passionnée, il y a surtout la volonté de tenter de comprendre qui est cet autre et d’enfin le prendre véritablement en compte.

    !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!4 BAKHTINE (Mikhaïl), La poétique de Dostoïevski, Editions du Seuil, 1970, p.156

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    LA TRADUCTION, L’ADAPTATION, LA MISE EN SCENE

    DU RUSSE AU FRANÇAIS Par Katia Vandenborre (traductrice)

    Dans un spectacle de théâtre, la traduction et l’adaptation du texte sont des étapes que l’on ne voit pas, que l’on ne perçoit pas et que l’on n’imagine même pas. Ce sont des étapes qui restent habituellement dans les coulisses de la pièce avec les techniciens, les secrétaires et tous les administratifs qui participent à l’élaboration du spectacle. Pourtant, elles jouent un rôle essentiel, voire imparable, puisqu’elles ont pour mission de générer le texte qui va servir de base à tout le spectacle. En s’inspirant de l’œuvre de l’écrivain russe Dostoïevski l’équipe ne pouvait pas faire l’impasse sur la traduction. Et Les Nuits blanches n’étant pas une pièce de théâtre à l’origine, la question de l’adaptation se posait doublement. Il a donc été décidé d’en faire des actrices à part entière. Pour ce faire, La compagnie a décidé de faire appel à moi pour participer au projet. Cette démarche peu courante nous a permis de ne pas nous enfermer dans le texte figé d’une traduction toute faite, et donc de gagner une plus grande flexibilité dans la création de la pièce, tout en étant proche comme jamais de l’original. Travailler directement sur le texte russe nous a fait prendre conscience du fait que la traduction exacte n’existe pas, car bien que les langues expriment des contenus similaires, des idées universelles, elles ne le font jamais de la même manière. Elles utilisent des images dissemblables, des nuances différentes, des expressions particulières, et celles-ci cachent toujours un contexte culturel singulier que nous ne pouvons pas transmettre, expliquer et reproduire en un seul mot, que nous ne pouvons pas « traduire » à l’identique. Il en est de même avec les temps, l’ordre des mots, leur genre, la syntaxe, la grammaire : tout diffère, et il est généralement impossible de « traduire » cette différence. La traduction n’est jamais absolue, ce qui rend son matériau plus difficile à saisir, mais aussi plus malléable. Dans le cadre des Nuits blanches, nous avons justement voulu tirer parti de cette malléabilité, en la concevant comme un nouvel espace de création. Cette opération n’a pas seulement été possible, elle est devenue nécessaire et même incontournable dans la mesure où le texte des Nuits blanches n’est pas une pièce de théâtre à l’origine. Étant donné qu’il s’agit d’un court roman, il fallait de toute manière modeler le texte afin

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    qu’il puisse être représenté, c’est-à-dire l’adapter à la scène. Ainsi, l’adaptation scénique est entrée en collision, ou plutôt en collusion avec l’adaptation linguistique. J’ai travaillé avec Olivier (metteur en scène) main dans la main afin de trouver le meilleur compromis possible entre une traduction rigoureuse d’une œuvre datant de 1848 et sa représentation à Bruxelles en 2013 à un public parlant un français moderne. Dès lors, nous avons pénétrés chaque mot russe de l’œuvre de Dostoïevski pour en trouver l’équivalent français qui soit le plus fidèle, le plus proche du sens premier, mais aussi le plus adapté à sa diction, le plus mélodieux, le plus parlant à l’imaginaire contemporain et le plus authentique dans les émotions. Je suis également présente lors des répétitions lorsque la traduction est confrontée au « dire » des comédiens. En travaillant ainsi sur la matière verbale, en mettant ainsi l’accent sur la traduction et l’adaptation, Les Nuits blanches tentent de réconcilier l’ancien et le moderne, le classique et le contemporain, le russe et le belge francophone… et peut-être la littérature et les jeunes.

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    DU ROMAN AU THÉÂTRE Par Olivier Lenel (adaptateur & metteur en scène)

    Lorsque que je lis un texte, il m’est impossible de savoir ce que l’auteur a voulu dire. C’est-à-dire qu’il est possible, oui, selon un certain contexte, en rapport à ce que nous connaissons de ses courants de pensées, eu égard à une certaine rencontre qu’il aurait fait dans tel café (blablabla), d’imaginer le « message » que l’auteur aurait voulu faire passer. Autrement dit nous ne savons rien. Mais il nous reste le comment. Quelle est la forme que l’auteur a mise en place ? Quelle est la place qu’il a accordée au lecteur ? Est-il passif (il n’existe pas) ou bien l’auteur s’adresse à lui ? Il est possible aussi de prendre conscience des impressions/émotions que ce texte nous procure. Avant tout, j’essaye donc d’adapter la structure du roman au théâtre. Dans un premier temps, j’analyse le texte. Quels sont le(s) héros, les adjuvants, les opposants ? quelle est la quête ? quel est le temps utilisé ? à qui s’adresse le discours ? Ces éléments constitueront la colonne vertébrale de mon adaptation. Il est important que l’histoire soit claire. Comprendre la place de chaque élément me permet de pouvoir jongler avec et de déstructurer la forme si besoin est. Ce qui se lit n’est pas ce qui se dit ! Pour susciter l’imagination, l’auteur donne toute une série d’indices. Pour cela il utilise l’écriture. Au théâtre, l’écriture a la possibilité de se diviser en une série d’outils scéniques. Lorsque j’adapte le texte, mon travail consiste à choisir ce qui sera dit par les personnages, ce qui sera représenté par le décor, les costumes, le son, la lumière et évidemment le jeu des comédiens – derrière chaque intention de jeu se cache parfois un monologue entier du roman ! Dans cette transposition, plusieurs questions apparaissent. D’abord, il y a la place que Dostoïevski accorde à son lecteur. Je dis « à son lecteur » car Dostoïevski, lorsqu’il s’adresse à lui, ne parle qu’à une seule personne. Il instaure une relation privilégiée avec chaque lecteur. Or au théâtre, le comédien parle à un public. Cela inclue un groupe. Je dis « lorsqu’il s’adresse à lui », car il est des moments où Dostoïevski oublie le lecteur. Comment

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    alors proposer aux spectateurs un rapport qu’on appellera « direct » et pouvoir dans l’instant changer de code et bâtir un « quatrième mur5» ? Ensuite, la structure du roman propose une superposition d’espace-temps qui finissent par se mêler. Notre héros raconte l’histoire d’une rencontre. D’une part nous avons l’espace-temps du héros au moment où celui-ci raconte et l’espace-temps de la rencontre en elle-même. Comment arranger la structure du récit pour être le plus clair possible pour le spectateur tout en permettant les imbrications d’un espace-temps dans l’autre. Enfin, et c’est sans doute l’aspect le plus compliqué à transposer, dans son roman, Dostoïevski nous fait le portrait d’un rêveur. Par mille et un détails, l’auteur nous dépeint le pouvoir de l’imagination du héros. Et d’une certaine manière le lecteur comprend le rêveur. Je m’explique. La lecture en elle-même fait appel à l’imagination pour rendre concret des personnages, des lieux, des intentions. Lorsqu’il lit, le lecteur « met en scène » dans sa tête tout un univers. Comme le rêveur de notre récit, il s’invente, sur base de ce qu’il lit, des histoires. Comme je l’ai indiqué plus haut : au théâtre, l’écriture a la possibilité de se diviser en une série d’outils scéniques. Mais cette variété n’est pas forcément positive. Car ces outils sont autant d’éléments qui risquent de trop concrétiser l’histoire. Et si l’histoire devient trop évidente, le spectateur risque de ne pas utiliser le meilleur des outils : son imagination. Pour que le spectacle prenne tout son sens, il faut que le spectateur comprenne le rêveur, c’est-à-dire qu’il doit passer par là où notre héros passe. Lorsque j’adapte le texte, je dois donc veiller à ne pas trop en dire pour que le spectateur, comme le lecteur, s’invente lui-même l’histoire grâce à son imagination.

    !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!5 Dans « la Formation de l’Acteur », Stanislavski (homme de théâtre russe de la fin du 19ième siècle) propose aux comédiens de jouer comme si il y avait, entre eux et le public, un mur. Autrement dit de faire « comme si les spectateurs n’étaient pas là » tout en ayant conscience de leur présence…

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    DU TEXTE A LA SCÈNE Par Olivier Lenel (adaptateur & metteur en scène)

    Le passage du roman à la représentation théâtrale est une longue adaptation. Après avoir établi ce que l’on pourrait appeler un « texte scénique », nous travaillons à créer un acte théâtral, un art vivant et non plus écrit. Pour résoudre sur le plateau les problématiques posées plus haut, nous utilisons une mise en abîme. Le récit de la rencontre entre le rêveur et Nastenka est au centre de l’histoire que nous racontons. Mais pour mettre en lumière le fait que cette histoire est issue d’un souvenir – ce qui implique qu’elle est réimaginée, donc réinventée par le rêveur – nous avons besoin de placer ce rêveur dans un autre espace-temps que celui du souvenir. Pratiquement, lorsque le spectacle commence, le rêveur se trouve, comme les spectateurs, dans une salle de théâtre. Il n’y a pas d’illusion. Sur ce plateau de théâtre va se dérouler une histoire qui se situera à Saint-Pétersbourg au milieu du dix-neuvième siècle mais pour le moment, nous sommes à Bruxelles, au vingt-et-unième siècle. De même, le public est présent aux yeux du personnage. Il existe. Il peut même y avoir une interaction. Très vite pourtant, l’imagination du rêveur se met en branle. Le voilà projeté dans un autre espace-temps. Il nous importe beaucoup que les spectateurs créent eux-mêmes le décor dans lequel se situe le personnage. C’est pour cette raison que nous ne construisons pas sur le plateau une fausse ruelle de Saint-Petersbourg. Au contraire nous suscitons l’imagination du spectateur par l’évocation. Il se crée lui-même les images. Le personnage de Nastenka constitue le fantasme du rêveur. Pour que le spectateur se projette dans cette histoire comme notre héros, il faut qu’il puisse lui aussi imaginer « sa » Nastenka. C’est pourquoi, au début du spectacle, nous avons décidé de représenter les personnages évoqués dans le souvenir par des bustes de couture. Les comédiens manipulent ces mannequins pour leur donner vie. Cette technique peut s’apparenter à un travail entre théâtre d’objet et marionnette. En manipulant un objet manufacturé, le comédien évoque la Vie. Mais c’est réellement l’imagination du spectateur qui donne vie à l’objet. Sans l’imagination, il reste un objet manipulé par un comédien et non un personnage à part entière. En fait, le spectateur complète lui-même les éléments manquants. À ce buste sans tête, il lui imagine un visage. Grâce à la manipulation d’un

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    simple chapeau, il lui donne un regard, d’un mouvement de bras du comédien, il donne une intention de jeu au personnage. La mise en scène des « Nuits Blanches » consiste donc en un aller-retour constant entre un personnage qui raconte son histoire dans un lieu concret – le théâtre – et le développement de son histoire, sa rencontre avec Nastenka, qui prend vie grâce à l’imagination du spectateur.

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    L’ÉQUIPE RESTE POLI PRODUCTIONS

    La compagnie Reste Poli Productions est née à l’occasion de la création du spectacle « Du Pain Plein les Poches… » de Matéi Visniec, monté par trois comédiens, sorti de l’IAD en 2008, Felix Ulrich, Simon Hommé et Olivier Lenel. Ce premier projet fut créé avec la complicité de Christian Labeau à la Samaritaine en juin 2009, puis repris la saison suivante au même endroit et à Mouscron. Suite à cette expérience, Simon, Felix (remplacé plus tard par Vincent Huertas) et Olivier ont ensuite enchainé les spectacles en sortant une nouvelle création tous les deux ans. Olivier s’est chargé de la mise en scène des productions suivantes.

    « Je voudrais pas crever » d’après deux nouvelles de Boris Vian fut créé au Centre Culturel Bruegel en avril 2011 puis repris au Théâtre de la Vie en janvier 2013. La première partie du spectacle, très légère, a également tourné dans divers festivals de théâtre et de théâtre de rue.

    En mars 2013, suite à une atelier de travail mis en place l’année précédente, « Les nuits blanches » d’après Dostoïevski a été présenté au Théâtre de la Vie. Ce spectacle sera d’ailleurs repris au Centre Culturel des Riches-Claires et à l’Eden de Charleroi en février 2016.

    En mai 2015, le RPP a créé son premier spectacle pour enfants « Hervé et le crocodile cosmique » au Festival Cocq’Arts. Il s’agit d’une création originale. Le projet continuera à évoluer au cours de la saison prochaine pour être présenté aux sélections du Festival de Huy 2017.

    Reste Poli Productions présente

    LES NUITS BLANCHESD’après le roman de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski

    Traduction Katia Vandenborre

    En coproduction avec le Théâtre de la Vie (Bruxelles)

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    DÉMARCHE DU METTEUR EN SCÈNE : OLIVIER LENEL

    « Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements à priori. Il apparaît, en effet, que

    les masses ont tort, et les individus toujours raison. Mais ce n’est pas une raison pour en

    déduire des règles de conduite : elles ne doivent pas avoir besoin d’être formulées pour

    qu’on les suive. »

    Boris Vian - L’écume des jours La genèse d’un projet est souvent liée à la rencontre d’un texte et, de préférence, un texte qui m’apportera de nouveaux défis. En regardant en arrière, il semble qu’une certaine cohérence se dégage des différents spectacles. Voici quatre caractéristiques qui définissent mon travail à l’heure actuelle : un théâtre

    qui se veut un moment particulier pour le spectateur, un rapport direct avec le public,

    une recherche sur l’émancipation de l’individu par l’acceptation de ses propres

    contradictions et une volonté de pousser le drame vers son penchant pathétique,

    comique.

    Je veille toujours à ce que l’univers du spectacle préexiste à la représentation. Le choix des musiques dans le bar est important pour moi, de même que la décoration du hall d’accueil. En privilégiant une adresse directe aux spectateurs, j’essaye toujours de présenter des personnages « [ayant] retrouvé une taille humaine absolument naturelle6». J’aime l’idée que le spectateur se sente individuellement concerné par ce que l’acteur lui raconte. Je cherche toujours à créer un véritable rapport d’intimité, comme si un ami lui chuchotait sa vie à l’oreille. L’adresse directe aux spectateurs, la volonté des personnages de se raconter me permet de mettre en avant le sujet qui sous-tend tous les projets que je monte : la place que l’individu veut/peut/droit prendre dans le système monde.

    !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!6 BARTHES (Roland), Ecrits sur le théâtre, Ed. Du Seuil (coll. Points), 2002, Paris, p.28.

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    Nous sommes dans une société qui refuse la contradiction. Accepter que l’autre a raison (ce qui ne veut pas dire que l’on a soi-même tort) est, à notre époque, considéré comme un échec. Parfois même, comprendre l’autre est déjà un aveu de faiblesse… Tant Vian que Dostoïevski nous apprennent que l’individu a toujours raison dès le moment où il accepte qu’il peut tout aussi bien avoir tort. Ce qui compte, c’est la recherche de Vérité à travers la confrontation d’idées, la contradiction. Dostoïevski nous dit que le discours contradictoire ne doit pas être vu comme une parole incohérente où plusieurs vérités inconciliables s’opposent. Au contraire, la

    contradiction nous permet de mettre, sur un même pied, une multiplicité de points de

    vue. Cette vue panoramique est une condition essentielle à la recherche d’une Vérité, s’il est besoin d’en trouver une. Sur le plateau, je veille à proposer des personnages que rien ne peut définir. Un personnage qu’il est possible de mettre dans une case est un personnage sans le moindre intérêt. En poussant le drame jusqu’à son potentiel comique, j’essaye toujours de faire rire le spectateur malgré lui. L’humour est un outil incroyable de réflexion. J’aime que le spectateur se demande pourquoi il rit. Les thématiques de mes projets ne sont pas souvent drôles mais les personnages le sont car ils portent un regard distancié sur leur situation. Plus le spectateur rit, plus il conscientise le dramatique de la situation.

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    LES CV’S

    Olivier Lenel est comédien et metteur en scène. En 2008, il sort de l’IAD diplômé en interprétation dramatique. Il travaille avec Sylvie de Braekeleer dans Chatroom, avec Christiane Girten dans E.T.B. avec Didier Poiteaux dans Un cratère à Cordes. Avec deux de ses anciens camarades de classe, Olivier crée la compagnie Reste Poli Productions (RPP) et joue dans Du pain plein les poches en juin 2009 au café-théâtre de la Samaritaine à Bruxelles.

    En avril 2011, le second projet du RPP voit le jour. Il s’agit de Je voudrais pas crever d’après Boris Vian. Olivier signe l’adaptation et la mise en scène. Il en va de

    même pour Les nuits blanches d’après Dostoïevski, créé au Théâtre de la Vie en mars 2013. En mars 2015, il crée, en compagnie de Marie du Bled, Valentine Lapière et Simon Hommé un premier spectacle pour enfants : Hervé et le crocodile cosmique. Olivier joue également dans le premier court-métrage de Sophie Maillard La chambre et il est membre de la Ligue d’Impro.

    Marie du Bled est une comédienne diplômée de l’Institut des Arts de Diffusion (IAD) section théâtre et agrégée de l’enseignement secondaire supérieur du même institut. Depuis ses premières années d’étude, elle participe à des projets de théâtre et de cinéma. Elle joue dans plusieurs longs et courts-métrages dont Ultranova de Bouli Lanners et Les oeufs brouillés de Iao Lethem, pour lequel elle obtient le prix d'interprétation

    Media 10-10. Elle participe à plusieurs projets théâtraux du RPP et notamment à la création de Je voudrais pas crever et Les nuits blanches. Au fil des

    années, elle joue et collabore avec différents metteurs en scène, notamment dans Le Magasin des Suicides adapté et mis en scène par Emmanuel Guillaume, dans L'écume des jours mis en scène par Emmanuel Dekoninck et dans Le Brasier mis en scène par Georges Lini. En mai 2015, elle participe à la création de Hervé et le crocodile cosmique, un spectacle de théâtre de marionnettes pour enfants. Elle prête également sa voix à de nombreux personnages de films et de dessins animés et fait partie de la Ligue d'Impro (LIB).

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    Après une enfance à Rome, Vincent Huertas arrive en Belgique début des années 2000. Diplômé de l’IAD, il débute sur les planches avec L’Infini théâtre, en jouant Pantalon dans "La Princesse Turandot" mis en scène par Dominique Serron, avec qui nait une collaboration sur différentes productions. "No Body Else", "L’Auberge du cheval blanc", "Les Mille et une

    nuits", "Le Cid", "Carmen", "Ubu Roi"... Attiré par les différentes formes théâtrales, parmi lesquelles le théâtre de rue, le théâtre jeune public ainsi que

    par l’esprit de troupe, il travaille au sein de différentes compagnies. Depuis 2010 avec la Compagnie des Bonimenteurs puis le Théâtre des Zygomars : "Les Oies sauvages", mis en scène par Julie Annen. L'été 2014, il fait partie de l'aventure de "Pinocchio", mis en scène par Stephen Shank, dans le cadre magique de l'abbaye de Villers-la-Ville. Il participe à différents court métrages ou films de fin d’études : Ragazzo Rosso, The Boredom….. de Marco Zagaglia. Et évidemment avec Reste Poli Productions (RPP), compagnie formée par ses camarades de classe de l'IAD: "Les nuits blanches"...

    Simon Hommé a toujours été attiré par le monde du spectacle. Les heures passées à l'académie, les comédiens et festivals de rue, la jonglerie, le monocycle, « L'humour libre » (La Samaritaine, 2002) l'amèneront à se présenter à l'Institut des Arts de Diffusion en 2004. Son attrait pour l'engagement physique le pousse à danser avec Sandra Vincent, l'exile six mois en Chine dans une école de kung-fu shaolin, le pousse à courir sur les

    pentes herbeuses sous un parapente ou à parcourir la côte belge en char-à-cerf-volant. Il a depuis 2009 joué dans diverses productions théâtrales; Du pain plein les poches, Les nuits blanches (Reste Poli Productions), HLM, Nightshop, La comédie du paradoxe (La Virgule, Tourcoing, Fr.), Le gardien de phare (Collectif Théâtre), La chasse aux bêtises, Le laboratoire d'analyses oniriques (Art Nomades), Tristan et Iseult, Pinocchio, Le producteur de bonheur (Les Baladins du miroir), Otto pour le festival Ottokar(Roulabi productions),...

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    Mikaël Sladden est un acteur belge né à Bruxelles. Il a grandi en Algérie et dans le Golfe persique. Sorti de l'IAD en 2007, il craque pour l'absurde et l'humour noir d'auteurs tels que Boris Vian, Hervé Blutsch et Agota Christof. Il tourne actuellement en jeune public et anime des ateliers avec les 'Petits Contes Africains faits avec trois fois rien' en Belgique, en France et au

    Burkina-Fasso. Mikaël est également chanteur

    Katia Vandenborre est née Bruxelles en 1985. Entre 2003 et 2007, elle étudie les langues et littératures slaves à l’ULB, se spécialisant en russe et en polonais. Des séjours en Russie et en Pologne lui donnent envie de continuer sur cette voie. En 2007-2008, elle fait une spécialisation d’un an à la Faculté de Lettres Polonaises de l’Université de Varsovie et entreprend l’année suivante une thèse de doctorat sur « Le

    conte dans la littérature polonaise du 20e siècle », qu’elle soutient avec succès en mars 2012. À côté de ses recherches sur le conte littéraire, elle donne de nombreuses conférences à l’étranger, publie des articles scientifiques dans des revues internationales, écrit des articles journalistiques, travaille activement dans la rédaction de Slavica Bruxellensia et traduit des textes scientifiques, philosophiques et littéraires (du russe et du polonais vers le français). Après un séjour d’un an à la New York University en tant boursière BAEF (2014-2015), Katia Vandenborre a repris ses activités de chargée de recherche FNRS et travaille actuellement à ce titre à la Faculté de Lettres, Traduction et Communication de l’ULB.

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    PROPOSITIONS DE PISTES DE RÉFLEXIONS AVANT LA

    REPRÉSENTATION Cours de français • Qui est Dostoïevski ? • Analyse du roman « Les nuits blanches »

    o Quelles sont les quêtes des deux personnages principaux ? o En quoi ces deux quêtes distinctes se retrouvent, s’opposent ? o Pourquoi Dostoïevski écrit-il ce roman à la première personne ? Quelle est la place du

    lecteur dans cette histoire ? o Quels sont les différents espace-temps du roman ? À quel moment le personnage du

    rêveur se retrouve-t-il dans une position de narrateur, à quel moment se retrouve-t-il dans une position d’acteur ? Est-ce que ces espace-temps sont toujours clairement définis ou Dostoïevski brouille-t-il les pistes ? Comment ?

    • Dans le cadre d’une représentation théâtrale de ce texte, quels sont les éléments qui apparaissent clairement dans le roman ? Quels sont les éléments que le metteur en scène devra imaginer ?

    • Comment se développe une Idée dans les monologues ? dans les dialogues ? Cours de morale/Cours de philosophie • L’imagination, à quoi ça sert ? • Peut-on vivre sans imagination ? Se projeter dans le futur, n’est-ce pas déjà de l’imagination ?

    Peut-on vivre sans se projeter dans le futur ? • Existe-t-il des limites à l’imagination ? • Quel est le rapport entre la vie telle que l’on se l’imagine et telle qu’on la vit réellement ? • En quoi l’imagination peut-elle être un formidable moteur pour son épanouissement

    personnel ? En quoi peut-elle être un frein ? • L’imagination aide-t-elle à mieux comprendre les autres ? • Quels sont les rapports entre l’imagination et l’empathie ? • Ca veut dire quoi : se mettre à la place de l’autre ? Est-ce un processus lié à l’imagination ? • Qu’est-ce qu’un discours dialogique ? • Quelle est la différence entre « entendre » l’autre, « comprendre » l’autre, « être d’accord » avec

    l’autre ? Peut-on comprendre quelqu’un sans pour autant être d’accord avec lui ?

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    PROPOSITIONS DE PISTES DE RÉFLEXIONS APRÈS LA

    REPRÉSENTATION

    L’AUTRE DANS LA RELATION AMOUREUSE

    Cours de français/Cours de morale/Cours de philosophie • Que représente Nastenka pour le rêveur ? Est-elle le pur produit de son imagination ou l’a-t-il

    réellement rencontrée ? Quelle réponse apporte, selon vous, la mise en scène à cette question ? • Que signifie, selon vous, la présence du régisseur sur le plateau ? et celle du pianiste ? • Dans quel état le rêveur ressort-il de toute cette histoire ? et Nastenka ? • Qu’apporte éventuellement Nastenka au rêveur ? et le rêveur à Nastenka ? • Pourriez-vous imaginer une suite à la vie du rêveur après cet événement ? • Pourriez-vous trouver des exemples actuels qui correspondraient à la vie que mène le rêveur

    avant de rencontrer Nastenka ? o Une piste de réflexion intéressante est le parallèle avec le phénomène des

    jeux videos et des avatars virtuels qui permettent de se créer une nouvelle vie totalement imaginée. Avec le danger que cela représente de se couper complètement du monde réel…

    • Assistons-nous à un début d’histoire d’amour ? Que manque-t-il à cette rencontre pour qu’elle connaisse une issue plus heureuse ?

    o C’est quoi, au fond, une histoire d’amour ? o Que représente l’Autre dans une relation ? amoureuse ou non ? o À quelle moment dans le spectacle, l’Autre (Nastenka) est-il un faire-valoir pour le

    rêveur ? À quelle moment, l’Autre (Nastenka) devient une personne à part entière ?

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    LES RENCONTRES

    LA RENCONTRE AVANT LA REPRÉSENTATION / L’ATELIER Nous proposons aux professeurs qui le souhaitent de rencontrer les élèves en amont du spectacle.

    Outre une discussion avec les adolescents sur les thématiques abordées plus haut (et qui pourront

    faire l’objet d’un travail préalable avec les professeurs), la compagnie souhaite amorcer avec les

    élèves une réflexion sur le pouvoir de l’imagination et l’importance de lire de la fiction.

    Le projet « Les nuits blanches » participe à une volonté plus ambitieuse et plus large de (re)donner le gout de la lecture de fiction aux spectateurs, et notamment adolescents. Car la lecture - de romans, de nouvelles, mais aussi de bande-dessinées, de mangas,… - est un formidable outil pour exercer son imagination. Et la représentation théâtrale est une belle porte d’entrée pour (ré)apprendre cet acte d’imagination, si essentiel à la construction de soi. Pour pouvoir apprécier un livre, il faut être capable de le « mettre en scène » dans sa tête. Ce n’est que lorsque l’on parvient à imaginer les décors, les costumes, les mouvements des personnages, leur manière de parler, leurs intentions, que la scène lue prend réellement vie et qu’elle devient vectrice d’émotion, puis d’analyse et de compréhension. Afin d’éveiller ce désir de « mettre en scène dans sa tête » nous souhaitons proposer aux élèves un atelier en quatre étape : l’analyse d’un extrait de texte, l’adaptation de cet extrait en scène de théâtre, voire en scène filmée (avec le professeur), la présentation de leur adaptation - en lecture, en jeu,… - devant un membre de l’équipe et une réflexion sur les variantes proposées par les groupes d’élèves et enfin, la représentation théâtrale proprement dite. Nous proposons de nous concentrer sur deux extraits de texte : « La première rencontre » et « L’histoire de Nastenka ». « La première rencontre » est une scène d’action et est exclusivement relatée par le rêveur. Cette scène ne demande pas une analyse très poussée mais elle permet à l’élève d’imaginer les premiers mots échangés, les regards, la posture des protagonistes. Il peut aussi imaginer comment utiliser le

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    plateau de théâtre pour figurer une scène tout en mouvement. En ce qui nous concerne, nous avons imaginé cette scène représentée par des bustes de coutures habillés. Les comédiens manipulent un chapeau pour figurer la tête et prêtent leur second bras à la figure ainsi animée. Lors de la rencontre avec un membre de l’équipe, il est tout a fait envisageable de travailler avec les élèves sur cette « manipulation » d’objet pour relater la scène racontée. L’histoire de Nastenka est un monologue du personnage de Nastenka avec quelques interventions du rêveur. Cet extrait constitue une histoire dans l’histoire qui se déroule sur deux niveaux : le présent de la narration et le passé du souvenir relaté. Ici, le travail d’analyse est plus important. Il sera utile de bien différencier les deux espace-temps, dégager les faits importants, les motivations des différents personnages, leurs attentes, les non-dits, … Au moment de l’adaptation, il sera possible d’en faire un véritable monologue ou de s’amuser à transformer ce monologue en dialogue. Il est même imaginable de rejouer les scènes relatées. Il sera intéressant d’évoquer les différentes pistes à l’élève et d’en trouver de nouvelles. Plus la variété des adaptations sera élargie plus la rencontre avec l’équipe sera riche… À l’issue de la représentation, nous espérons pouvoir discuter une dernière fois avec les élèves à l’occasion du bord plateau afin de connaître leur ressenti sur leur expérience de l’adaptation théâtrale, de la mise en scène et du spectacle à proprement parler.

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    LE BORD-PLATEAU APRÈS LA REPRÉSENTATION

    Après les représentations, des rencontres seront organisées dans la salle avec l’équipe du spectacle. Ces rencontres seront l’occasion pour les spectateurs de faire part de leur ressenti, de poser des questions liées au spectacle. Katia Vandenborre, traductrice du spectacle, et Julien Lemonnier, compositeur des musiques, seront invités à venir participer à l’une ou l’autre de ces rencontres. Les pistes de réflexions proposées plus haut peuvent servir de base à une discussion en aval de la représentation. Si le professeur le souhaite, il est également possible d’organiser ces rencontres dans les classes à l’issue des représentations, en fonction des disponilibités du metteur en scène et/ou des comédiens.

    LE STAGE

    Outre ces deux possibilités de rencontres, l’atelier et/ou le bord-plateau, Olivier Lenel, le metteur en scène organisera un atelier pour adolescent durant une semaine au Centre Culturel des Riches-Claires (du 8 au 12 février 2016). Le travail proposé s’inscrira dans la lignée de celui de l’atelier.

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    LA PRESSE LA LIBRE Belgique

    Un rêveur au pluriel

    Marie Baudet (La Libre Belgique ) Publié le vendredi 22 mars 2013 à 04h15 - Mis à jour le vendredi

    22 mars 2013 à 04h15

    Traduction sur mesure et interprétation mouvante. C’est une expérience singulière qu’héberge en ce moment le Théâtre de la Vie (dont Peggy Thomas a pris la direction depuis janvier), avec "Les Nuits blanches" par la jeune compagnie Reste Poli Productions. La nouvelle homonyme de Dostoïevski, sous-titrée "Roman sentimental (souvenir d’un rêveur)", a donné lieu pour le spectacle à une traduction neuve, par Katia Vandenborre, et une adaptation d’Olivier Lenel, le jeune metteur en scène, sur mesure pour l’équipe : sept comédiennes et comédiens. Pour deux rôles. Une jeune fille, Nastenka, perdue dans ses pensées et dans ses larmes, seule sur un pont de la Neva. Un jeune homme qui vit sa vie à travers le filtre de son imagination. Et qui, débarrassant la jeune fille d’un importun, fait sa connaissance. Ils se côtoieront au fil de quatre nuits, se livreront, par bribes ou par pans entiers. Elle lui confiera sa jeunesse d’orpheline épinglée aux jupes de sa grand-mère aveugle. Sa rencontre du locataire, bel étudiant. Le serment et l’attente, une longue année, qu’il revienne. Il lui contera sa vie rêvée, sa solitude, son sentiment de vaine existence. "Savez-vous, Nastenka, que je suis contraint de célébrer l’anniversaire de mes émotions ?" Elle l’adopte pour confident. Il tombe vite amoureux d’elle. Le bel étudiant tiendra-t-il sa promesse ?réapparaîtra-t-il ? Sur le petit plateau du Théâtre de la Vie, devant les briques nues, ce sont d’abord deux mannequins qui se parlent. Ils s’incarneront ensuite. Marie du Bled et Nicolas d’Oultremont leur donnent corps et voix, avec pour elle une version drôle et très touchante de l’adolescence, de sa fougue, de ses doutes. Et pour lui une retenue qui soudain s’emplit d’emphase, un spleen qui entrerait en compétition avec les élans du cœur. De part et d’autre de belles compositions, généreuses et sensibles. Or ici l’alternance prévaut et ces deux beaux rôles pourront aussi bien être tenus par Barbara Vandievel, Simon Hommé, Vincent Huertas ou Mikaël Sladden. Chaque soir une nouvelle distribution. Quant à la mise en scène, Olivier Lenel la porte avec sobriété, non sans aspérités. L’humour serpente là où pourtant rôde la tristesse, dans la rudesse d’une relation qui pourrait n’être qu’un rêve et cependant condense tout le réel."Une minute entière de béatitude : se pourrait-il que ce soit trop peu pour toute une vie d’homme ?" Ce vertige n’appartient pas qu’au rêveur.

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    LES FEUX DE LA RAMPE (Blog théâtral de Roger SImons)

    LES NUITS BLANCHES En création en langue française THEATRE DE LA VIE Une adaptation théâtrale du roman éponyme de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski. MISE EN SCENE : OLIVIER LENEL Généralement quand on parle de ce grand écrivain russe du 19e siècle, on le trouve ennuyeux et cependant, non seulement ses romans mais ses pièces de théâtre également , ont fait le tour du monde. « Si Dieu n’existe pas, tout est permis » (Dostoïevski) Jusqu’où peut nous amener notre imagination ? Est-ce une manière d’interroger le moment présent ? De le réinventer ? De l’améliorer ? Ou bien est-elle une fuite ? Un refus de s’engager dans « le tourbillon de la vie » ? « On s’est connus, on s’est reconnus « On s’est perdus de vue, on s’est r’perdus de vue « On s’est retrouvés, on s’est séparés « Dans le tourbillon de la vie » (Jeanne Moreau) LES NUITS BLANCHES Dans cette nouvelle d’une cinquantaine de pages, l’auteur imagine deux jeunes gens : Lui, 26 ans, solitaire Elle, 17 ans, orpheline Tous deux se rencontrent sur un pont de Saint Pétersbourg. Une nuit. Une nuit blanche ! C’est l’histoire pathétique d’un rêveur qui rencontre peut-être l’amour de sa vie.

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    C’est l’histoire drôle et tragique d’une petite jeune fille qui n’est peut-être que le fruit de l’imagination d’un rêveur. C’est l’histoire antiromantique d’un amour entravé et/ou sublimé par les méandres de l’imagination. En fait, cette petite jeune fille attend quelqu’un sur ce pont. Elle attend un homme - ancien locataire de sa grand-mère - parti un an auparavant à Moscou. Se connaissant à peine, ils se sont promis de se marier. Elle rêve Nastenka ! Elle rêve de cet homme éloigné. Mais que va donner cette rencontre inattendue en cette nuit blanche avec ce jeune homme ? Ils se découvrent tous deux, ils apprennent à se connaître. Et pendant quatre nuits consécutives, ils se retrouveront sur ce pont. Elle est amoureuse de l’homme qui vit loin. Lui est amoureux de cette petite jeune fille. Il va lui avouer son amour Il a l’envie de lui faire l’amour Elle va lui interdire de l’aimer... Doucement, lentement, timidement, une complicité s’installe entre eux... « Rêver un impossible rêve « Brûler d’une possible fièvre « Aimer jusqu’à la déchirure « Aimer ... » (Jacques Brel) Une belle histoire d’amour ? Une histoire d’amour qui va finir mal ? Une histoire d’amour qui va les bouleverser tous les deux ? Olivier Lenel (metteur en scène ) : C’est peut-être une histoire d’amour imaginaire ? C’est la rencontre d’un rêveur et d’une jolie jeune fille. Oui, c’est une histoire d’amour...avortée. C’est drôle comme l’humour du désespoir, et poétique !

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    C’est une réflexion sur l’imagination. Est-elle une manière d’interroger le moment présent ? De le réinventer ? Nous, spectateurs, nous regardons, nous écoutons religieusement, nous suivons avec passion cette histoire, nous l’imaginons ! Cela devient un jeu finalement ! C’est un spectacle, un beau spectacle qui s’emmêle entre le rêve et la réalité ! Olivier Lenel (metteur en scène ) : C’est aussi et avant tout un regard sur l’acte théâtral, cette machine à susciter l’imagination. LES NUITS BLANCHES DOSTOIEVSKI/KATIA VANDENBORRE/OLIVIER LENEL Un projet de « Reste Poli Productions ». Un projet de groupe a six comédiens. C’est ce groupe RPP qui avait réalisé le spectacle :« Je voudrais pas crever » de Boris Vian. Souvenez-vous, je vous ai présenté ce spectacle , que j’avais du reste beaucoup aimé, tout d’abord pour l’idée , ensuite pour l’interprétation. Ce projet affirme sa volonté de proposer une rencontre avec de grands auteurs de la littérature à un public le plus large possible. A un public qui aime le Théâtre ! Et je ne puis que les féliciter car ce deuxième spectacle est une réussite. Une réussite sur le plan du choix de l’œuvre, portée à la scène. Une réussite sur le plan de la traduction du texte, faite dans une écriture très lisible et simple à la fois, dans une langue parlante. Une réussite sur le plan de la scénographie, simple elle aussi mais évidente. Une réussite sur le plan de l’interprétation : Marie du Bled est étonnante et émouvante dans le personnage de Nastenka qu’elle joue avec une intensité dramatique qui nous émeut. Quatre comédiens interprètent – en alternance - le rôle du rêveur, ils le font avec sobriété. Ils se nomment : Simon Hommé , Vincent Huertas, Nicolas d’Oultremont , Mikaël Sladden. Ces cinq comédiens/comédienne font preuve d’une présence scénique de belle qualité et d’un talent naissant.

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    Une réussite sur le plan musical avec au piano Julien Lemonnier qui nous berce avec cette douce mélodie qu’il a composée avec Félix Ulric. Une réussite sur le plan de la mise en scène d’Olivier Lenel , tellement humaine, d’une belle finesse, avec des grains de poésie et qui traduit aussi bien le rêve ou la réalité d’une histoire contée ou vécue. J’ajouterai que la structure du Théâtre de la Vie convient parfaitement à ce genre de spectacle. Il y a d’ailleurs un parfum intimiste dans ce lieu fréquenté par de nombreux jeunes qui veulent s’associer à l’amour du Théâtre. DU ROMAN AU THEATRE Et ce monde fantastique, ce monde de conte, quand il se crée , c’est tellement facile , tellement naturel. Comme si, vraiment, tout cela n’était pas un fantôme ! Oui, je suis prêt à le croire, parfois - cette vie n’est pas une excitation des sens, un mirage, un leurre de l’imagination , elle est vraiment réelle , oui, authentique, véritable. Assistanat à la mise en scène : Valentine Lapière Traduction : Katia Vandenborre Costumes : Bertille Gibourdel. Adaptation & mise en scène : Olivier Lenel 20h.Salle du Théâtre. Noir. Une musique pleine de poésie se fait entendre avec discrétion. Deux spots se fixent sur deux mannequins qui prennent vie et qui deviennent – dans notre imaginaire - la petite jeune fille et le jeune homme rêveur...

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    POUR ALLER PLUS LOIN

    FILMS et SÉRIES

    Dostoïevski série russe en 7 épisodes diffusée sur ARTE (2011) Les nuits blanches de Visconti (1957) Two lovers de James Gray (2008) Librement adapté du roman « Les nuits blanches »

    LIVRES Parmi les œuvres courtes de Dostoïevski, on peut citer : Carnet du sous-sol, Le double, la douce. L’idiot, roman plus conséquent, nous semble aussi très intéressant comme exemple d’écriture polyphonique.

    Analyse

    La poétique de Dostoïevski de Mikhaïl Bakhtine (Points). Une magnifique analyse de l’écriture de Dostoïevski.

    Biographie

    Dostoïevski de Dominique Arban (Seuil). Dostoïevski, mémoires d’une vie de Anna Grigorievna Dostoïevskaïa (Mémoire du livre). Une biographie émouvante écrite par la femme de l’auteur.

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    INFORMATIONS PRATIQUES

    PROCHAINES DATES

    L’Eden (Charleroi)

    Boulevard Jacques Bertrand, 1-3 - 6000 Charleroi Réservations : +32 (0) 71 202 995

    www.eden-charleroi.be DU 19 AU 22 JANVIER 2016 à 20h

    Les Riches-Claires (Bruxelles)

    Rue des Riches-Claires, 24 - 1000 Bruxelles Réservations : +32 (0) 2 548 25 80

    www.lesrichesclaires.be DU 2 AU 6 FÉVRIER 2016

    DU 17 AU 27 FÉVRIER 2016

    Centre Cutlruel Marius Staquet (Mouscron) Place Charles de Gaulle - 7700 Mouscron

    Réservations : +32 (0) 56 860 160 www.centrecultureldemouscron.be

    LE 12 FÉVRIER 2016

    NOUS CONTACTER

    Olivier Lenel +32 (0) 484 918 724

    Avenue Ducpétiaux, 95 - 1060 Bruxelles (BELGIQUE) [email protected]

    www.restepoliproductions.be