L'accès aux ressources numériques : du signalement à la médiation (Biblioquest, Nancy 2012)
Ressources numériques Valorisation et médiation · « Documentation et Bibliothèque »...
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Université Rennes 2
Licence professionnelle Métiers du livre :
« Documentation et Bibliothèque »
Ressources numériques
Valorisation et médiation Comment mieux communiquer et accompagner les publics vers les contenus en ligne
Tuteur enseignant : Jean-Paul Thomas
Maître de stage : Marie-Claude Le Boulbar
Etudiante : Marielle Le Hénaff Le Roux
2
TABLE DES MATIERES
Introduction ................................................................................................................. 4
1 Numérique et bibliothèques ................................................................................. 6
1.1 Quelques définitions. ............................................................................................... 6
1.1.1 Fracture numérique ou e-inclusion ................................................................... 6
1.1.2 Culture numérique. ........................................................................................... 7
1.1.3 Ressources numériques. .................................................................................. 8
1.2 Numérique et bibliothèques. .................................................................................... 9
1.2.1 Choix et acquisition des ressources ................................................................. 9
1.2.2 Intégration dans les collections et signalement ...............................................10
1.2.3 La médiation numérique ..................................................................................11
2 De la médiathèque à l’espace culturel Passe Ouest .......................................... 13
2.1 Passe Ouest : un projet global et innovant. ............................................................13
2.1.1 Modernité. .......................................................................................................13
2.1.2 Respect des missions de lecture publique. ......................................................14
2.1.3 De l’abonné à l’usager. ....................................................................................15
2.2 Passe Ouest à l’heure du numérique......................................................................16
2.2.1 Des services en ligne performants. .................................................................16
2.2.2 Des outils et des supports numériques adaptés. .............................................17
2.2.3 Des contenus attractifs et diversifiés ...............................................................19
3 Mise en valeur et médiation des ressources numériques. ................................. 23
3.1 Analyse des usages et des pratiques : enquête de publics. ....................................23
3.1.1 Problématique et objectifs de l’enquête. ..........................................................23
3.1.2 Méthodologie...................................................................................................23
3.1.3 Analyse des résultats. .....................................................................................24
3.2 Quels enjeux pour la structure ? .............................................................................25
3.2.1 Intégrer des collections documentaires complémentaires ...............................25
3.2.2 Sélection des ressources à valoriser. ..............................................................27
3
3.2.3 Mieux signaler dans l’espace physique pour rendre visible. ............................28
4 Passe Ouest, lieu d’accompagnement vers une culture numérique................... 31
4.1 Développer et accompagner l’accès à tous les contenus. ......................................31
4.1.1 Mieux communiquer pour satisfaire les usagers ..............................................31
4.1.2 De bibliothécaire à médiateur numérique. .......................................................35
4.1.3 Des outils au service du numérique .................................................................36
4.2 Evénements et médiation numérique à Passe Ouest. ............................................39
4.2.1 Fête des ressources numériques à Passe Ouest. ...........................................39
4.2.2 Evaluation des actions mises en place. ...........................................................41
4.2.3 Prolongements et préconisations. ...................................................................44
Conclusion ................................................................................................................ 46
ANNEXES ................................................................................................................ 47
4
INTRODUCTION
Depuis quelques années, on assiste à des évolutions sociétales importantes. Les
outils de communication évoluent. En 2016, 85% des français ont accès à internet depuis
leur domicile (40% en 2005), 65% disposent d’un smartphone (11% en 2009), 40%
disposent d’une tablette (4%en 2011) et on s’oriente vers un développement de
l’administration en ligne.
Le numérique est partout, il transforme nos usages et nos pratiques. Mais tout le
monde ne s’y adapte pas aussi facilement. La réalité de la fracture numérique et la nécessité
de combler ce fossé pour gommer ces inégalités va interpeller les politiques publiques qui
devront donc s’orienter vers une adaptation des services à la population.
Architectes, professionnels des bibliothèques et élus vont réfléchir ensemble à
l’élaboration de nouveaux établissements de lecture publique, lieux de savoirs par
excellence, au carrefour des 2 autres lieux de vie de notre existence, la maison et le travail.
Aller vers des lieux ouverts, des espaces agréables et confortables, accueillants tous les
publics et intégrant davantage les nouvelles pratiques et les nouvelles demandes des
usagers. La présence du numérique y sera de plus en plus importante, sur place ou à
distance : outils, supports et collections, les collectivités devront être prêtes à investir et à
s’investir dans ces nouveaux accès à l’information. Les bibliothèques vont donc s’ouvrir au
divertissement, ces lieux silencieux vont devenir animés et collaboratifs. Le numérique sera
omniprésent et bouleversera forcément les pratiques des bibliothécaires.
Les élus de Ploemeur ont compris qu’il y avait nécessité de renverser une logique,
celle du public qui doit s’adapter à l’établissement, et d’aller vers une médiathèque qui
s’adapte au public d’aujourd’hui. La ville de Ploemeur était une des dernières villes de
l’Agglomération de Lorient à mettre en place ce type d’équipement. Il fallait qu’elle s’adapte à
l’évolution des attentes et des besoins des ploemeurois dont les pratiques avaient évolué
plus vite que les services proposés par la municipalité et qui avaient déserté bien souvent
une structure obsolète pour d’autres médiathèques des environs. L’Espace Culturel Passe
Ouest sera une bibliothèque accessible en tout lieu, à tout instant et pour tous en proposant
des services en ligne disponibles 24h/24h et 7j/7:un portail, un catalogue de recherche et
pour compléter les collections physiques, donner la possibilité d’accéder à des ressources
en ligne, pour se former, s’informer, ou se divertir de son domicile ou dans la structure.
Ces contenus en ligne variés ont été réfléchis en groupe de travail et sélectionnés
pour correspondre à la diversité des publics : la presse en ligne, le cinéma, l’auto-formation,
les langues, le livre numérique, la musique. Mais cette nouvelle « bibliothèque hybride »
5
n’est pas encore reconnue par la majorité des abonnés de la structure. Les fournisseurs de
ressources électroniques donnent peu de statistiques, ou elles sont difficilement exploitables
pour évaluer l’utilisation ou la sous-utilisation de ces contenus en ligne.
Dans le cadre de mon stage, j’ai donc essayé de mieux cerner les usages, les
besoins et les attentes des abonnés afin de mettre en place des actions pour mieux
les accompagner dans l’approche et l’utilisation de ces ressources en ligne.
Dans une première phase d’observation, j’ai donc mis en place une enquête de
publics pour mieux définir le contexte et les réflexions autour de ce projet culturel ambitieux.
Une enquête auprès des usagers pour avoir une photographie à un moment donné de leur
connaissance des nouveaux services numériques dont ils peuvent bénéficier. Cela m’a
permis de faire un état des lieux de la visibilité et de la lisibilité de cette nouvelle collection
documentaire sur site et en ligne.
Mais ces ressources innombrables auxquelles le numérique donne accès ne sont rien
sans la communauté des bibliothécaires qui les proposent et peut les rendre accessibles et
attirantes. Nous aborderons donc les profondes évolutions du métier, la peur parfois de ne
pas être à la hauteur, et la nécessité de mettre en place entraide et formation au sein des
équipes, pour mieux les accompagner dans cette transition vers le numérique
Dans le cadre de mon stage, j’ai donc tenté de proposer des pistes de réflexion pour
la mise en place d’actions de valorisation et de médiation pour guider tous les publics vers
une meilleure connaissance de ces contenus, pour savoir les proposer et donner le choix
des collections physiques ou des collections numériques à toute recherche documentaire.
Attirer, fidéliser et amener les abonnés à les utiliser progressivement plus régulièrement, les
accompagner dans leurs découvertes, ne pas faire « à la place de », mais encourager « à
faire seul ».
6
1 Numérique et bibliothèques
L’équipe ayant réfléchi à l’élaboration du projet Passe Ouest s’est référé aux
nombreuses enquêtes du Ministère de la culture et de la communication. Il était évident que
l’évolution des pratiques culturelles des français allait bouleverser la vision traditionnelle de
la bibliothèque avec l’intégration du numérique : nouveaux outils et nouveaux supports pour
attirer de nouveaux publics.
1.1 Quelques définitions.
1.1.1 Fracture numérique ou e-inclusion
Le numérique a pénétré nos activités sociales. Certains s’en accommodent très bien
et d’autres crient leur incompétence, s’insurgeant contre les administrations qui de plus en
plus les incitent à des démarches en ligne. En effet, 21% des français disposent d’une
pratique très faible d’internet, 16% en ont une pratique inexistante et les plus âgés et les
moins diplômés témoignent d’un fort niveau d’inquiétude face à l’éventualité d’accomplir en
ligne la plupart des demandes administratives et fiscales.
Des disparités entre les territoires et les populations dont il faudra tenir compte
lorsque nous aborderons l’accès aux ressources numériques à Passe Ouest. En effet
d’après Hélène Ouali-Séon1, les personnes les plus éloignées des ressources numériques
se rencontrent majoritairement parmi les populations âgées et rurales, à faible revenus ou
peu ou pas diplômés, parmi les catégories sociales les moins élevées et les personnes en
situation de handicap isolées. Ces inégalités entre individus fait naître dans les années 1990
la notion de « fracture numérique ». Nous ne sommes pas tous égaux devant l’accès aux
technologies numériques et il y a des rencontres entre individus et culture numérique qui ne
se font pas.
Pour lutter contre la fracture numérique, la réponse serait l’inclusion numérique ou e-
inclusion, un processus qui vise à rendre le numérique accessible à tous (téléphonie et
internet) et à leur transmettre les compétences numériques pour faire de ces nouveaux outils
des leviers pour leur insertion sociale et économique. Pour les personnes enquêtées en
2016 par le CREDOC, les pouvoirs publics doivent donc offrir un accompagnement aux
1 OUALI-SEON, Hélène, VILLENET-HAMEL Mélanie (dir.), Les ressources numériques en BDP : évolution ou révolution ? 93 p. Mémoires d’études, Conservateur des bibliothèques. Villeurbanne : ENSSIB, 2012
http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/56854-les-ressources-numeriques-en-bdp-evolution-ou-revolution.pdf
7
usagers dans des lieux de proximité (28%) et proposer des sites plus simples à utiliser (27%)
pour leur permettre d’accéder à l’e-administration dans de bonnes conditions.2
Les bibliothèques, en tant que service public, se placent donc naturellement dans ce
processus de sensibilisation, de transmission de savoirs et de formation au numérique. En
effet, « les bibliothèques sont des institutions publiques qui garantissent aux citoyens un libre
accès aux savoirs et à l’information sur place ou à distance ».3 Si on se réfère aux textes de
référence, « Manifeste sur les bibliothèques publiques » ou la « Charte des bibliothèques »,
la formation citoyenne au numérique prend donc toute sa place dans les missions des
bibliothèques. De nouvelles missions mais aussi de nouvelles compétences à acquérir pour
se recentrer sur la médiation et le travail social.
Mais la bibliothèque peut également rechercher des partenariats locaux pour alléger
leurs tâches : un EPN dans la commune, une association informatique…pour accompagner
les usagers à se former en apprenant eux-mêmes et si possible en favorisant les échanges
sociaux et générationnels. L’expérience des Champs Libres, les 4C en sont une bonne
illustration : créativité, collaboration, connaissance, citoyenneté.
1.1.2 Culture numérique.
Il y a donc une obligation de développer une culture numérique des usages et d’aider
les utilisateurs à maîtriser les technologies numériques, surtout ceux de l’ère pré-numérique,
qui n’ont pas les gestes et les usages adaptés. Ce ne sont pas les contenus mais les outils
qui posent problèmes, les supports changent et sont mis au point par des techniciens qui ne
pensent pas aux utilisateurs novices et décontenancés face à l’évolution trop rapide des
outils (et leur durée de vie limitée). Il faut donc réapprendre à manipuler sans cesse de
nouveaux outils avec des fonctionnalités pas intuitives pour tous.
Selon Alexandre Tur, il y aurait des « cultures numériques »4 qui feraient référence à
des compétences, des habiletés, des réflexes critiques construits et individualisés. Pour les
bibliothèques, une mission compliquée et très éloignée des missions traditionnelles.
2 Ministère de l’économie et des finances, L’agence du numérique, Baromètre du numérique 2017. 17ème édition, conditions de vie et aspirations des français, [disponible en ligne]https://laboratoire.agencedunumerique.gouv.fr/wp-content/uploads/sites/2/2017/11/baro2017.pdf consulté en novembre 2017
3 ABF, Charte du droit fondamental des citoyens à accéder à l’information et aux savoirs par les bibliothèques, Bib Lib http://www.abf.asso.fr/fichiers/file/ABF/biblib/charte_biblib_abf.pdf
4 TUR, Alexandre, DIALLO Malik (dir.) Accompagner les citoyens dans l'acquisition d'une culture numérique : le rôle des bibliothèques de lecture publique dans la formation au numérique, 137 p. Mémoire d’études, Conservateur des bibliothèques. Villeurbanne : ENSSIB, 2015
http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/65114-accompagner-les-citoyens-dans-l-acquisition-d-une-culture-numerique-le-role-des-bibliotheques-de-lecture-publique-dans-la-formation-au-numerique.pdf
8
D’ailleurs, elles ont été absentes pendant de nombreuses années des politiques publiques
liées au numérique, qui avaient préféré développer les Espaces Publics Numériques, des
lieux souvent séparés des bibliothèques publiques. Les bibliothèques devront donc amener
leurs usagers à une certaine « expertise numérique », c’est-à-dire connaître et comprendre
les différents mécanismes en jeu derrière les outils et services numériques pour pouvoir les
utiliser de manière pertinente et informée. En effet, les conséquences sur la démocratie et la
vie sociale sont cruciales : e-administration, débats et vote en ligne, réseaux sociaux,
surveillance…Etre inculte dans ce domaine, maintient les citoyens dans la dépendance de
ceux qui les maitrisent.
On appelle l’ensemble de ces habiletés à développer, les littéracies5 numériques,
pour aider les « analphabètes du numérique » à lire, écrire, penser avec le numérique. Un
ensemble de gestes, d’usages et d’intuitions qui doivent être intégrés à une culture
commune. C’est ce qui a sans doute paru le plus simple dans les bibliothèques qui
possédaient un service multimédia et du personnel qualifié : mettre en place des ateliers
pour débuter avec son ordinateur, son téléphone, sa tablette ou accéder à internet. Tous ces
gestes servent à accéder aux technologies numériques mais cela ne suffit pas, car il reste à
acquérir les compétences critiques de base liées aux services numériques. D’autres enjeux
que ne maîtrisent d’ailleurs pas forcément les « natifs » du numérique ou les « digital
natives »6, plus « consommateurs passifs que citoyens critiques ». Alors à quelle culture
numérique, les bibliothécaires peuvent-elles ou doivent-elles former leurs usagers ? Annexe
17
1.1.3 Ressources numériques.
Avec le numérique, on passe d’une économie de la rareté…à une économie de
l’abondance8 Les internautes trouvent en quelques « clics » sur le Web, la majorité des
informations qu’ils recherchent dans des domaines très divers. Nous avons accès à une offre
numérique considérable qui fait désormais partie de notre quotidien. Nous sommes très
souvent exposés à une surcharge d’informations, que nous pensons pouvoir gérer mais dont
le nombre nous fait perdre la notion de leur valeur. Ces contenus numériques (informations
5 « Literacy » = alphabétisation
6 Personnes nées entre 1985 et 1995
7 Annexe 1. Baromètre du numérique
8 GAUDION, Anne-Gaëlle, Ressources numériques en bibliothèques: offre et enjeux, in Slide Share, Médiathèque de Saint-Lô, 24 septembre 2016, disponible en ligne, consulté en octobre 2017
https://fr.slideshare.net/angiegaudion/ressources-numriques-en-bibliothque-offres-et-enjeux-66367630 ,
9
dématérialisées) et électroniques (différents supports pour y accéder)9intéressent le monde
des bibliothèques car la plupart d’entre elles souhaitent proposer aujourd’hui à leurs usagers
des offres documentaires complémentaires de leurs collections physiques. Ce changement,
du papier vers le numérique, touche le cœur du métier des bibliothécaires. Se posera alors
le problème de la diffusion auprès des usagers de cette nouvelle offre dématérialisée de
documentation. Ces ressources s’articulent majoritairement autour d’une offre éditoriale
commerciale portée par différents types de fournisseurs. Chaque fournisseur possède ses
propres logiques de fonctionnement et de facturation. L’acquisition numérique est donc
contrainte aussi par des questions juridiques, budgétaires et procédurales.
1.2 Numérique et bibliothèques.
« La bibliothèque devient un univers de non-disponibilité, inverse de celui qui naît avec la
logique du Numérique. La bibliothèque de l’abondance reste donc encore à inventer »10.
1.2.1 Choix et acquisition des ressources
Commençons par quelques explications pour clarifier ce que sont « les ressources
numériques » et « les ressources électroniques ». Les ressources numériques sont une
collection de documents numérisés par la bibliothèque ou acquises numérisées et dont elle
est propriétaire. Ces documents numériques font donc parties des collections. Les
ressources électroniques sont sur des serveurs extérieurs et mis à disposition sur internet
par des éditeurs. Les bibliothèques ne possèdent donc plus physiquement ces documents.
Elles doivent acquérir des droits d’accès à une ressource distante pour une durée temporaire
définie par la licence d’exploitation. Aujourd’hui, l’ensemble de ces ressources semblent
regroupées sous un seul et même terme par les professionnels des bibliothèques. On parle
des « ressources numériques ».
Les bibliothèques universitaires ont été pionnières, car depuis les années 90, elles
proposent des ressources électroniques à leurs usagers, très demandeurs dans le domaine
des études et de la recherche. Mais les éditeurs en situation de quasi-monopole pratiquaient
9 OUALI-SEON, Hélène, VILLENET-HAMEL Mélanie (dir.), Les ressources numériques en BDP : évolution ou révolution ? 93 p. Mémoires d’études, Conservateur des bibliothèques. Villeurbanne : ENSSIB, 2012
http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/56854-les-ressources-numeriques-en-bdp-evolution-ou-
revolution.pdf
10 GAUDION, Anne-Gaëlle, Ressources numériques en bibliothèques: offre et enjeux, in Slide Share, Médiathèque de Saint-Lô, 24 septembre 2016, disponible en ligne, consulté en octobre 2017
https://fr.slideshare.net/angiegaudion/ressources-numriques-en-bibliothque-offres-et-enjeux-66367630
10
des tarifs toujours plus élevés.11 On assistera alors à la création d’archives ouvertes ou de
revues électroniques entièrement libre d’accès grâce à des licences de type Creative
Commons.12
En bibliothèque publique, les budgets sont moindres, mais l’engouement du public
pour le numérique est fort. Certaines bibliothèques, peut-être les plus importantes, ont perçu
les enjeux et se sont lancés rapidement dans l’acquisition de ressources électroniques selon
leur budget. Mais au début, elles sont isolées et ont peu de poids pour négocier avec les
éditeurs. En 2002, la Direction du Livre et de la Lecture (DLL) et la Bibliothèque Publique
d’Informations (BPI) prennent conscience d’une nécessaire organisation pour avancer dans
le monde des ressources électroniques. C’est la naissance, initiée par la BPI d’un outil de
Coopération pour l’Acquisitions de Ressources Electroniques en Ligne (CAREL). CAREL
devient rapidement une association visant à « fédérer les bibliothèques utilisant des
ressources numériques » 13 . Les bibliothèques adhérentes (cotisation modeste) peuvent
bénéficier de l’aide de l’association dans différents domaines : analyse de l’offre des
ressources disponibles, d’une veille dans ce domaine, de retours d’expériences dans les
autres structures (via des enquêtes), de formation, d’offres négociées par le négociateur du
Réseau Carel et de suggestions de nouvelles offres.
1.2.2 Intégration dans les collections et signalement 14
On peut rencontrer des contraintes techniques pour intégrer ces ressources
électroniques si on tient compte du fait que les usagers demanderont à y accéder via de
multiples supports (ordinateurs, smartphone, tablette, IPAD…), que certains fichiers ne
pourront être lus sur tous les appareils (ordinateurs sous Linux ou Mac…), qu’il y aura ou
non la possibilité de consultations simultanées, que l’on pourra les consulter sur place ou à
distance, qu’ils seront consultables en streaming ou en téléchargement. Tous ces éléments
peuvent être gênants pour les utilisateurs et peuvent rapidement les décourager.
Du côté logistique, les bibliothécaires devront faire face à de nouvelles difficultés : la
récupération des notices UNIMARC, l’acquisition pérenne ou non des ressources,
11 GAUDION, Anne-Gaëlle, Ressources numériques en bibliothèques: offre et enjeux, in Slide Share,
Médiathèque de Saint-Lô, 24 septembre 2016, disponible en ligne, consulté en octobre 2017
https://fr.slideshare.net/angiegaudion/ressources-numriques-en-bibliothque-offres-et-enjeux-66367630
12 Une association de 2001 pour proposer une solution légale différente de diffusion d’œuvres sur internet. L’auteur peut choisir de renoncer à ses droits ou d’en préserver certains.
13Réseau Carel, Enquête 2015-2016 sur les ressources numériques au sein des bibliothèques adhérentes au Réseau Carel en 2014. 41 p [Disponible en ligne] http://www.reseaucarel.org/page/l-enquete-reseau-carel-2015-integralite-des-resultats,
14 BARRON, Géraldine. LE GOFF-JANTON, Pauline (sous la dir.), Intégrer des ressources numériques dans les collections, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2014, 183p
11
l’impossibilité d’intégrer la plateforme sur le site de la bibliothèque, la difficulté à obtenir des
statistiques justes et pertinentes de la part des éditeurs.
Mais plus globalement, les ressources électroniques doivent trouver leur place dans
les stratégies de fonctionnement des établissements. Elles font parties intégrantes de la
politique documentaire et tous les services sont concernés par ces offres multiples et
diversifiées. Des choix documentaires réfléchis devront permettre de sélectionner les
ressources les plus pertinentes au vu des budgets des structures et des attentes et besoins
des usagers. Cette offre devra également être en correspondance avec l’équipement
numérique des structures : des interfaces de portails simples et intuitives, les postes publics
en nombre suffisants, des liens simples pour accéder aux références. Pour certaines
structures, se posera également la question de la distinction du signalement des ressources
gratuites et des ressources payantes.
L’intégration des ressources électroniques dans les collections des bibliothèques
bouleversent parfois les missions des professionnels puisqu’elles exigent des compétences
spécifiques et que pour donner de la visibilité à ces ressources immatérielles la cohésion et
l’adhésion des équipes sont indispensables. Cela nécessitera certainement une nouvelle
organisation des moyens humains des structures.
1.2.3 La médiation numérique
L’usager et l’accroissement de ses connaissances doivent être au centre des
préoccupations des bibliothécaires. Mais les publics changent et leur environnement aussi,
obligeant les professionnels à modifier leurs stratégies de médiations documentaires et
cognitives, quels que soient les supports et les contenus. Les bibliothécaires ont souvent
revendiqué leur polyvalence, mais lorsque les structures grandissent, le recrutement du
personnel vise pour certains postes, des professionnels avec des compétences spécifiques
et techniques. Ce personnel fait néanmoins partie de la même équipe avec les mêmes
missions de service au public et « les équipes ne marchent bien que si les différents métiers
se reconnaissent et se respectent mutuellement. Aucun d’entre eux ne doit se considérer
comme prééminent par nature… »15
Les services doivent accepter de voir habitudes et pratiques bousculées pour innover
ensemble. « Toute innovation en matière de médiation des connaissances nécessite de
plonger dans les contenus, de mieux les maîtriser, non pour eux-mêmes mais pour toutes
les voies par lesquelles on pourra les mobiliser pour accompagner plus efficacement les
15 CALENGE, Bertrand, Les bibliothèque et la médiation des connaissances, Bibliothèques, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2015, 147 p
12
publics ».16 Pour que la médiation numérique soit efficace et comprise des usagers, il faut
donc qu’elle soit portée par toute l’équipe. Les professionnels des bibliothèques doivent
pouvoir renseigner tous les usagers même ceux qui se tournent facilement vers un moteur
de recherche du Web lorsqu’ils manquent d’informations. Ils doivent pouvoir leur proposer
les documents physiques adéquats mais aussi les ressources électroniques qui leur
apporteront d’autres contenus en ligne en toute légalité. Parfois aussi, ils devront gérer des
publications ou des validations de contenus via les blogs, réseaux sociaux ou ajouts de
commentaires. Avec la multiplication des missions des bibliothèques devenues
médiathèques, puis bibliothèques 3ème lieu, l’élargissement des offres de service afin touche
de nouveaux publics. Les professionnels, investis de nouvelles missions et de nouvelles
compétences, devront être accompagnés et bénéficier d’offres de formation.
En quelques mois, le numérique viendra bousculer les habitudes des usagers et les
pratiques des professionnels de l’ancienne médiathèque de Ploemeur. L’Espace
culturel Passe Ouest favorisera de nouvelles expériences, littéraires, artistiques,
culturelles et l’appropriation de technologies nouvelles.
16 GILBERT Raphaële, EBOLI, Gilles (dir.), Services innovants en bibliothèques : construire de nouvelles relations avec les usagers, Mémoire d’études, Conservateur des bibliothèques, ENSSIB, 2010, 101 p http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/48197-services-innovants-en-bibliotheque-construire-de-nouvelles-relations-avec-les-usagers.pdf
13
2 De la médiathèque à l’espace culturel Passe Ouest
2.1 Passe Ouest : un projet global et innovant.
« La médiathèque doit être un service public qui résonne dans la cité, et où la cité doit
résonner »17.
2.1.1 Modernité.
Ce nouveau complexe culturel de 2000m2 a ouvert ses portes en avril 2014, après
quelques années de réflexion et de concertation des élus et partenaires de ce projet. La 3ème
ville de « Lorient Agglomération » voulait proposer à sa population un nouvel espace
moderne et des services plus largement ouverts et attractifs pour tous les publics. Un lieu
culturel fédérateur où on se forme, où on s’informe, où on se divertit. Passer de la
médiathèque à l’espace culturel, passer du « lecteur » à « l’usager », que ce lieu soit
complémentaire des autres services culturels de la ville. Ce nouvel établissement regroupe
la médiathèque, des espaces d’exposition et un atelier multimédia. Il est organisé sur 2
niveaux avec des espaces dédiés à la lecture, la consultation sur place, le travail personnel,
les ateliers, les échanges autour de l’art et de la culture.
La médiathèque devait continuer évidemment à accueillir son public dans le respect
des missions de la bibliothèque publique mais pour attirer un plus large public, le personnel
devait réfléchir autrement à son rôle de « passeur » dans le domaine de la lecture publique.
Ce nouveau lieu allait leur permettre de proposer de nouvelles collections pour élargir
l’offre déjà existante des documents imprimés, audio ou vidéo et allait favoriser les
découvertes, tout en incitant à échanger, à partager et à faire : développer le dialogue
interculturel et favoriser la diversité culturelle.
Pour les élus, ce nouvel équipement devait témoigner de l’engagement de la ville
dans le secteur du numérique pour suivre les nouvelles pratiques culturelles des
ploemeurois. Aux services classiques des médiathèques viennent donc s’ajouter de
nouveaux outils numériques, adaptés aux nouveaux besoins et aux nouvelles pratiques des
usagers, ainsi que de nouveaux contenus en ligne pour un autre accès à la connaissance,
au savoir.
17 Annexe 2. Projet d’établissement. Médiathèque de Ploemeur, 2013, file:///C:/Users/le%20roux%20pascal/Desktop/annexes/Projet%20d'etablissement%20ploemeur.pdf
14
2.1.2 Respect des missions de lecture publique.
Une nouvelle porte d’accès à la connaissance et à la formation.
« La bibliothèque publique porte d’accès à la connaissance, remplit les conditions
fondamentales nécessaires à l’apprentissage à tous les âges de la vie, à la prise de décision
en toute indépendance et au développement culturel des individus et des groupes
sociaux. » 18 Le projet de médiathèque-espace culturel a connu un parcours parfois
compliqué, car du côté des agents, tous n’ont pas vécu l’évolution de ce projet de façon
identique. Les concertations et discussions ont dû être nombreuses et les propositions des
uns et des autres n’ont peut-être pas toujours retenu l’attention des élus. Mais le résultat final
et l’installation dans les nouveaux locaux les ont confortés dans l’idée qu’il fallait du
changement et qu’à partir du 12 avril 2014, tout restait à construire. Dans une logique de
mise en mouvement de cette nouvelle structure, les professionnels vont s’adapter
rapidement à un portail en ligne, l’accès à des ressources électroniques et des espaces
hyper- connectés. Ils auront donc « à soutenir à la fois l’auto-formation ainsi que
l’enseignement à tous les niveaux et faciliter le développement des compétences de bases
pour utiliser l’information et l’informatique »19
Un accompagnement à la littéracie numérique et la volonté de viser tous les publics.
Les usagers pourront avoir un accès à un internet, ouvert et fiable, et pourront profiter
d’outils adaptés et en nombre conséquent pour des usages divers. La nouvelle bibliothèque
représentera donc une opportunité de toucher un nouveau public, un des objectifs premiers
des élus. Une responsable multimedia a été recrutée et des ateliers informatiques à
l’intention des publics seront proposés aux usagers. L’espace numérique fait face à l’espace
médiathèque même s’il se trouve dans les mêmes locaux. A l’origine du projet, une
animatrice était rattachée à cet « atelier multimédia », aujourd’hui ces ateliers à l’intention
des publics sont animés par le personnel de la médiathèque. « Les citoyens ont le droit
d’accéder à des ressources, y compris numériques, respectant la diversité des usages et
favorisant l’appropriation de l’information et du savoir »20 Les bibliothèques doivent adapter
les collections et les services, les types de support et les technologies modernes et auront
une nouvelle possibilité d’atteindre des catégories de la population qui sont éloignées des
18 Manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique, 1994, http://unesdoc.unesco.org/images/0011/001121/112122fo.pdf
19 Manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique, 1994,
http://unesdoc.unesco.org/images/0011/001121/112122fo.pdf
20 ABF, Charte du droit fondamental des citoyens à accéder à l’information et aux savoirs par les bibliothèques, Bib
Lib http://www.abf.asso.fr/fichiers/file/ABF/biblib/charte_biblib_abf.pdf
15
parcours culturels. La symbolique du livre est parfois tellement forte qu'elle peut devenir un
obstacle à la lecture. En revanche, pour ces nouveaux publics, les univers numériques,
même complexes, génèrent souvent moins de réticences. En ajoutant des ressources
électroniques aux ressources traditionnelles, on peut étendre le périmètre de la population
desservie, ainsi que le périmètre de ses connaissances et de sa culture. La bibliothèque est
et doit rester un terrain de découverte.
2.1.3 De l’abonné à l’usager.
Aujourd’hui, on parle plutôt d’usagers que d’abonnés ; à l’occasion d’une visite
d’exposition, d’une conférence…de nombreuses personnes découvrent la médiathèque.
C’est parfois le début d’une fréquentation régulière, mais pas forcément d’une inscription.
L’Espace culturel-médiathèque est un service ouvert à toute la population. Voici une phrase
du règlement intérieur de Passe Ouest qui montre la volonté d’un meilleur service à la
population : « Le personnel se tient à la disposition des usagers pour accueillir, informer,
conseiller, guider dans les recherches, et d’une manière générale, aider dans l’utilisation des
ressources sur l’ensemble des supports proposés ».On peut étudier, utiliser la salle
multimédia, les collections sur la formation et l’autoformation et demander des « coups de
pouce » quand les connaissances informatiques font défaut.
Le numérique allait forcément occuper une place grandissante dans les services et
les collections et il fallait que le personnel s’y adapte rapidement. Des changements
importants pour les abonnés et le personnel mais choisis et voulus lors la rédaction du projet
dans une logique « de mise en mouvement » des services dès l’ouverture en 2014.
L’ouverture de la nouvelle structure aura créée quelques polémiques dans la ville mais les
retours positifs des usagers et du personnel donneront bientôt à Passe Ouest une belle
visibilité dans l’agglomération de Lorient. La première année, afin de découvrir la structure,
les élus avaient souhaité la gratuité pour tous. Sur 2014 et 2015, on comptabilisera donc +
1000 abonnés par an, aujourd’hui entre 800 et 850 de plus chaque année. De 8.3% d’inscrits
en 2013, on passait en 2015 à 36% d’inscrits. Nous ne parlons pas ici d’abonnés actifs21,
mais l’engouement pour cette nouvelle structure est indéniable. On considère aujourd’hui,
qu’il y a environ 32% d’usagers inscrits dont environ 22.6% d’abonnés actifs. Comment
interpréter ces données ? Selon l’enquête de public de 2016 du Ministère de la culture, entre
2005 et 2016, le taux des inscrits en bibliothèque est passé de 21% à 16%. Mais dans le
même temps, les offres des bibliothèques se diversifiaient : on ne vient plus simplement pour
emprunter des documents mais pour participer à des animations. Aussi le pourcentage des
usagers inscrits est passé de 69% en 1997 à 39% en 2016. A Ploemeur, si on comptabilisait
21 Abonné actif : usager inscrit ayant emprunté au moins un document au cours de la période de référence
16
« les fréquenteurs » qui ne sont pas « emprunteurs », on atteindrait certainement des
pourcentages plus importants car depuis l’ouverture de la structure les animations, les
conférences, les expositions attirent de nombreux visiteurs extérieurs.
2.2 Passe Ouest à l’heure du numérique.22
2.2.1 Des services en ligne performants.23
Dès l’ouverture de Passe Ouest, tous les ploemeurois pouvaient accéder au portail
de la structure. C’est un lien privilégié avec les publics, et pas une simple « vitrine ». Un
service associé complémentaire de la bibliothèque physique qui propose de nombreux
services, disponibles 24h/24, 7j/7 et qui donne une image agréable et innovante de la
médiathèque. Ce nouvel outil rend compte de l’actualité de la structure, donne les
informations pratiques, et l’accès au catalogue à tous les internautes, sans obligation d’être
inscrit à Passe Ouest. Pour les abonnés, c’est la possibilité de rechercher ou de réserver des
documents mais aussi d’accéder aux ressources électroniques en ligne qui leur ont été
proposées dès l’ouverture. L’élargissement des services s’est fait progressivement et
aujourd’hui les usagers ont la possibilité de donner leur avis sur leurs lectures et pointer des
coups de cœur. En ce moment, Stéphanie et Marie, animatrices du Club Ados, encouragent
les participants à laisser leur avis et ça fonctionne.
Après quelques années d’utilisation du portail Aloès de la société Archimed, la
direction a souhaité passer au portail et SIGB Syracuse (Archimed) pour de meilleures
fonctionnalités et une interface « relookée » Tout ceci dans un souci de lisibilité, de fluidité et
de facilité d’utilisation pour toutes les générations et tous les publics. Il s’agissait d’être en
position d’évoluer en fonction des besoins, et de s’adapter aux pratiques culturelles des
publics.
Le portail est un site Web, « une porte d’entrée » à l’information et aux ressources de
la bibliothèque. Il doit donc avoir une interface simple et accessible à tous les usagers pour
qu’ils puissent s’y orienter seul, trouver ce qu’ils cherchent facilement et leur faire découvrir
ce qu’ils ne cherchent pas forcément, c’est-à-dire leur proposer de nouveaux cheminements
qui éveilleront par exemple leur intérêt pour les choix variés des ressources en ligne. Ainsi,
22 Portail de l’Espace Culturel PASSE OUEST. Ploemeur. [disponible en ligne] http://www.passe-
ouest.fr/EXPLOITATION/ressources-numeriques.aspx
23 COLLECTIF, Boîte à outils du numérique en bibliothèque, Les portails de bibliothèques, fiche pratique N°4, Ministère de la Culture, juillet 2014[disponible en ligne]
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Thematiques/Livre-et-Lecture/Bibliotheques/Numerique-et-
bibliotheques/Boite-a-outils-du-numerique-en-bibliotheque consulté en décembre 2017
17
le portail peut proposer des itinéraires à travers les derniers documents mis en ligne, les
documents les plus consultés, et les documents recommandés par les bibliothécaires.
Certains usagers trouvaient l’ancienne interface peu lisible. Les couleurs, le fond, les
onglets de recherche, la mise en évidence des services a donc été modifiée avec Syracuse
et le nouveau portail a été mis en ligne durant mon stage en février 2018. Des modifications
sont encore en cours ou en discussion pour de nouvelles améliorations. Les onglets
principaux de l’ancienne interface « découvrir, comprendre, pratiquer, échanger » ont cédé la
place à « informations, ressources numériques, rendez-vous, nouveautés ». Chaque onglet,
amène à d’autres pages qui sont signalées par un logo et un mot. 4 autres onglets très
visibles sont signalés de la même façon « horaires, s’inscrire, journal de bord, bibliothèque
universitaire ». 24
2.2.2 Des outils et des supports numériques adaptés.
Les outils numériques à disposition doivent correspondre aux nouveaux besoins, aux
nouvelles pratiques, aux nouveaux usages. Le portail permet la fédération d’un ensemble
d’outils numériques destinés aux lecteurs, dont le SIGB25 qui est l’outil de base qui permettra
l’accès au catalogue. Celui-ci s’appuie sur une base de données pour proposer des modules
de gestion : le module catalogue (notices bibliographiques et ressources électroniques), le
module circulation (gestion des prêts et réservations), le module acquisition (intégrer les
nouveaux achats), le module périodique (bulletinage des revues et abonnement), le module
administration (qui permet de gérer les droits des utilisateurs du SIGB et de paramétrer les
fonctionnalités selon les besoins de la bibliothèque). Passe Ouest a opté pour un portail et
un SIGB associé « Syracuse », auparavant il en était de même avec « Aloès ». L’intérêt
réside dans la garantie de la compatibilité des outils présents dans l’offre et dans une plus
grande simplicité de mise en œuvre.
Dès 2014, les usagers ont dû se familiariser avec un nouveau système de prêt par
RFID (Radio Frequency Identification). Tous les documents sont équipés d’une « puce » de
reconnaissance. Son association avec le SIGB simplifie la gestion des documents et le
travail des bibliothécaires. L’usager peut accéder en libre-service seul aux automates de
prêt, il n’attend plus et ses emprunts sont plus confidentiels. Certains usagers apprécient,
d’autres moins sans doute les réfractaires au numérique ou les personnes agacées par les
documents mal saisis qui sonnent à la sortie et les mettent très mal à l’aise. Ce système
permet d’accroître la disponibilité des bibliothécaires pour développer des activités de
24 Annexe 3 Portail Passe Ouest Ploemeur
25 Système Intégré de Gestion des Bibliothèques.
18
conseil et d’information, proposer un accompagnement personnalisé aux usagers ou
imaginer de nouveaux services. Ces nouvelles pratiques ne condamnent donc pas les
bibliothécaires qui d’ailleurs à Passe Ouest s’occupent toujours du retour des documents.
Le catalogue en ligne est également un outil numérique très apprécié des usagers de
la bibliothèque mais son utilisation n’est pas innée pour tous et nécessite une médiation
continue par les professionnels : proposer de faire une recherche ou une réservation
accompagnée pour ensuite le faire en toute autonomie. C’est une plateforme de services
pour rechercher, localiser, vérifier la disponibilité d’un document dans les collections. Il est
intégré au portail et invite les usagers à laisser des commentaires sur leurs lectures
(fonctionnalité peu utilisée pour l’instant). C’est un service instantané qui offre donc un
certain confort à l’usager et qui n’est pas soumis aux horaires d’ouverture. Il est accessible
24h/24H, et 7j/7j, c’est un prolongement en ligne de la bibliothèque physique. Sur site, 7
postes de consultation du catalogue, les OPAC (Online Public Access Catalog), sont à
disposition des usagers pour leurs recherches et réservations.
Pour répondre aux attentes des publics, Passe Ouest devait être un lieu
d’accompagnement vers une culture numérique pour la consultation d’internet sur les
nombreux supports de la structure mais aussi pour l’accès à un réseau WIFI performant pour
permettre au public de se connecter à partir de leurs appareils nomades. « Cet accès sans fil
constitue un réel moteur de fréquentation des bibliothèques » lorsqu’il fonctionne
correctement. A Ploemeur, les discussions entre l’Espace culturel (directrice, responsable
multimédia, technicien de la régie) et les services informatiques de la ville visent à améliorer
rapidement un service qui ne répond plus aux attentes des usagers et du personnel :
problèmes de connexion incessants, même sur les 7 postes réservés à la recherche sur le
catalogue. Ces problèmes compliquent également les formations informatiques auprès des
usagers.
Les supports sont variés : ordinateurs, tablettes et prêt de liseuses. Ils sont répartis
dans les différents espaces (salon numérique, espace jeunesse, espace adulte). Six
tablettes sont à disposition des usagers dans le salon numérique mais sont sous-utilisées ou
mal utilisées. Ce lieu est trop excentré et nécessiterait plus fréquemment la présence d’un
bibliothécaire médiateur. Des applications ont été installées sur les tablettes (équipées
d’antivols) mais elles ciblent peut-être trop un public jeunesse. Il serait sans doute
nécessaire d’étoffer l’offre des applications régulièrement et d’en faire de la médiation. Sans
médiation et mise en valeur des applications, les usagers se limitent à la consultation de
l’internet ou des réseaux sociaux. Deux écrans fixes, dans l’entrée et le Forum permettent de
diffuser en continu les animations de la structure, et deux écrans mobiles sont des supports
intéressants pour des ateliers ou des présentations en différents lieux de Passe Ouest. Un
19
grand écran peut également être installé dans le forum qui se transforme en salle de
conférence. La médiathèque est aussi un lieu d’expérimentation de nouvelles pratiques de
lecture et s’est équipé de 12 liseuses sur lesquelles sont proposées régulièrement des
nouveautés. En accédant aux ressources électroniques, les usagers peuvent également
télécharger 4 ouvrages par mois sur Numilog qui sera remplacé prochainement par PNB.26
Les actions liées au numérique en bibliothèque nécessitent également une bonne
accessibilité pour répondre à tous les besoins des personnes en situation de handicaps
sensoriels : naviguer sur le web, consulter sur le site de la bibliothèque les dernières
actualités ou les informations pratiques, connaître l’offre et les services accessibles,
rechercher et réserver un ouvrage, s’inscrire à une animation, télécharger des livres
numériques, utiliser une tablette … 27
2.2.3 Des contenus attractifs et diversifiés
« Dans un monde saturé d’informations où beaucoup de ressources sont facilement
accessibles en ligne, les bibliothèques contribuent à mettre des contenus en perspective,
évaluer les sources et fournir des clés de compréhension »28 Dans un souci d’ouverture et
d’élargissement des publics, les collections proposées en 2014 par la nouvelle médiathèque
ont été largement renouvelées et enrichies par les ressources électroniques dont le budget
représente environ 16% du budget global des acquisitions. Les petites et moyennes
structures profitent bien souvent de l’opportunité des ressources électroniques qui leur sont
mises à disposition par les Bibliothèques Départementales. La médiathèque de Ploemeur est
autonome dans le choix des ressources qu’elle met à la disposition de ces usagers. Elle est
néanmoins adhérente du réseau CAREL et peut donc s’appuyer entre autres sur l’expertise
des professionnels qui y sont investis et les retours d’expériences des autres établissements.
L’enquête de 2014 a révélé le top 10 du choix des bibliothèques, la nécessité de simplifier
les accès, de choisir le bon modèle économique, de matérialiser ces ressources dans les
espaces de la bibliothèque, et la mise en place d’une médiation réfléchie et d’ateliers pour
faire vivre ces ressources.29
26 PNB : Prêt Numérique en Bibliothèque.
27 Annexe 4. Outils numériques à Passe Ouest.
28 La bibliothèque est une affaire publique. Manifeste de l’ABF du 2 mars 2012
http://www.abf.asso.fr/fichiers/file/ABF/manifeste_ABF_2012.pdf
29 Annexe 5 Budget des acquisitions
20
A Passe Ouest, les ressources électroniques sur place et à distance ont été
réfléchies en étroite complémentarité avec les autres supports pour offrir aux usagers un
accès illimité à l’information, pour faire évoluer l’image de la médiathèque dans la ville et
sensibiliser de nouveaux publics. Cette offre a évolué régulièrement de 2014 à aujourd’hui.
La veille sur les contenus proposés ont permis de décider du maintien ou non de certaines
ressources dont les contenus vieillissent mal et ne survivront pas à la concurrence rude des
informations disponibles sur le Web.
Les ressources numériques à consulter sur place, Iznéo et Médiapart (sur tablettes),
Dastum (sur ordinateur) attiraient peu le public. Une seule a été conservée, Dastum, en lien
avec les collections physiques dédiés à la Bretagne.
Les ressources électroniques en ligne se répartissent de la façon suivante :
21
Une belle offre culturelle « légale », 7 jours sur 7, 24h sur 24h et couvrant 7 sources
différentes : pour le cinéma « La médiathèque numérique » ; pour la musique « 1Dtouch » ;
pour la presse française et internationale « Le Kiosk » ; pour l’autoformation « Tout
Apprendre » et « Maxicours » ; pour la lecture jeunesse : « Storyplay’r ».
Pour certaines ressources, une partie des crédits achetés sur une année civile est
reportable l’année suivante : le Kiosk, la Médiathèque Numérique, Numilog). La ressource
numérique rencontrant le plus de succès est le Kiosk avec en moyenne 500 magazines lus
par mois : facilité d’utilisation, variété des magazines proposés (grande complémentarité
avec l’offre papier) et pas de quota par usager. Seul bémol, c’est un service très coûteux
(5 100 € dépensés en 2015, avec un report sur 2016 puis 2017…). La Médiathèque
Numérique rencontre également un vif intérêt chez les usagers et le changement de quota
de visionnage mis en place l’année dernière (4 films par mois et par carte au lieu de 2) a
permis d’en augmenter l’utilisation.30
L’offre de romans de Numilog est assez décevante. Les usagers sont en demande de
nombreuses nouveautés et Numilog en propose peu. De plus, l’interface administrateur n’est
pas très facile d’utilisation pour le téléchargement des livres et l’installation sur tablettes ou
liseuses. En 2018, l’offre sera remplacée par l’offre PNB, dont les notices seront facilement
intégrables dans le nouveau SIGB Syracuse. PNB donnera accès aux bibliothèques
publiques à l’intégralité de la production éditoriale numérique (13000 titres). Pour le réseau
CAREL, PNB est une offre prometteuse mais pourra se heurter aux conditions hétérogènes
des nombreux éditeurs.
En 2017, quelques modifications du côté des ressources d’autoformation.
ToutApprendre fonctionne mieux que Vodéclic avec une offre plus diversifiée pour un coût à
peu près équivalent. Le choix a été d’arrêter Vodéclic car le service était trop peu utilisé. On
30 Annexe 5. Budget acquisitions Passe Ouest 2017
21%
29%
2%6%
22%
19%
1%
Offre documentaire en ligne
NUMILOG lecture
TOUTAPPRENDREautoformation
STORYPLAY'R lecturejeunesse
1D TOUCH musique
MEDIATHEQUE NUMERIQUEcinéma
Le KIOSK presseadultes/jeunes
22
notait 4 à 5h00 d’utilisation de Vodéclic par mois contre environ 40h00 par mois pour
ToutApprendre. Dans le même temps, l’offre ToutApprendre a été élargie pour satisfaire une
demande des publics dans le domaine du soutien scolaire, elle intègre donc maintenant
Maxicours qui propose des cours, des vidéos, des exercices, des sujets corrigés en ligne du
CP à la terminale et même pour les filières professionnelles (CAP, BEP, Bac pro). 1Dtouch
et Storyplay’r ont complété l’offre en 2015, ciblant la musique des labels indépendants et la
jeunesse.
Grâce à Archimed, Passe Ouest peut proposer le mode d’accès « SSO
d’authentification unique » sur le portail. Pas de codes multiples, seul le numéro de la carte
d’abonné est nécessaire. Une fois connecté au portail, l’utilisateur a accès à tout. Tout
abonné de Passe Ouest peut alors accéder aux ressources en ligne, faire une recherche
dans le catalogue, sélectionner par exemple le film de son choix et être redirigé sans
manipulation sur la plateforme adéquate pour le visionnage. Il faut rester néanmoins vigilant
et identifier les contraintes techniques d’accès à certaines ressources pour pouvoir
renseigner facilement les usagers : incompatibilité avec certains ordinateurs, les
téléchargements qui nécessitent l’installation d’un logiciel…Ces tâches pourront pour leur
côté technique être plutôt confiées à un agent spécialiste identifié comme tel par les usagers.
Ces ressources peuvent être utilisées sur place pendant les ateliers multimédias ou en
autonomie par les usagers de leur domicile.
En l’absence de données statistiques fiables, il était difficile de cibler des actions de
valorisation et de médiation de certaines ressources numériques, celles qui
correspondraient le mieux aux attentes des usagers et qui permettraient d’aller
vraiment vers une bibliothèque accessible en tout lieu, à tout instant et pour tous.
23
3 Mise en valeur et médiation des ressources numériques.
3.1 Analyse des usages et des pratiques : enquête de publics.
3.1.1 Problématique et objectifs de l’enquête.
Pour mieux cibler les actions à mettre en œuvre dans le cadre de mon stage, une enquête
de publics m’avait semblé intéressante afin de mieux évaluer l’utilisation ou la sous-utilisation
de certaines de ces ressources numériques en ligne par les usagers de Passe Ouest.
N’ayant pas accès aux statistiques de la structure (SIGB ou rapports d’activités), j’ai
commencé ma réflexion en observant les résultats de l’enquête INSEE 2014 de la commune
de Ploemeur. Celle-ci révèle une population vieillissante. En 2014, les retraités
représentaient 40% de la population contre 35.7% en 2009 et il y avait une forte proportion
de ménages sans enfants. Pour pallier au manque de statistiques exploitables, j’ai proposé
aux abonnés de répondre à une enquête auto-administrée en ligne pour avoir une
photographie à un moment donné de leur connaissance des services et des contenus en
ligne auxquels ils avaient accès depuis 2014.
La problématique de l’enquête : comment les abonnés-actifs de la médiathèque utilisent-ils
le portail et les ressources numériques mises à leur disposition depuis 2014 ?
Les objectifs de cette enquête :
• Mieux connaître les abonnés, leurs usages et leurs pratiques.
• Connaître leurs besoins et leurs attentes
• Identifier les publics non-utilisateurs et les motifs de cette non-utilisation.
• Identifier les ressources et services suscitant une grande adhésion du public et ceux
qui restent mal-connus et sous-utilisés.
• Avoir les avis des usagers.
• Cibler des actions auprès des publics non-utilisateurs.
• Mettre en place des actions de valorisation et de médiation autour de ces ressources
en ligne.
3.1.2 Méthodologie
Cette enquête quantitative sous forme de questionnaire à choix multiples (une seule
question ouverte) devait permettre d’évaluer un service pour alimenter une réflexion, mieux
connaître les besoins des usagers et pouvoir dans le temps ajuster l’offre proposée. Le choix
du questionnaire n’est pas forcément le plus pertinent mais ce type d’enquête se mène
24
généralement sur des durées plus courtes. On peut aussi s’attendre à une meilleure
représentativité en termes de quantité de réponses. Se posait le problème de la construction
de l’échantillon, j’ai choisi le tirage aléatoire, c’est-à-dire se référer au hasard, interroger le
maximum de personnes pour avoir le maximum de réponses, ne pas faire de tri pour ne pas,
sur ou sous représenter une catégorie de personnes. J’ai rédigé une enquête de 14
questions, un « google forme » diffusé par messagerie électronique ou par lien hypertexte
inséré dans une page sur le portail de Passe Ouest. Il aurait peut-être fallu prévoir une
période d’enquête plus longue pour obtenir plus de résultats mais il aurait fallu que je forme
le personnel à la relance régulière des abonnés.31 32
3.1.3 Analyse des résultats.
Pour cette enquête, le nombre de répondants auraient pu être plus important mais
nous avons obtenu néanmoins des résultats exploitables. 79.8% des répondants ont plus de
40 ans ; 59.7 % sont des actifs et 30.1% des retraités. Avant 2014, le portail de la
médiathèque n’existait pas ; en 2017 toutes les possibilités qu’il offre ne sont pas forcément
exploitées. C’est le catalogue qui est le plus souvent consulté mais pas forcément du
domicile, généralement pour une recherche directe sur site. 84.8% des répondants
connaissent les ressources numériques mais pour la grande majorité, ils ne prennent pas le
temps de les tester ou trouvent parfois cela trop compliqué. La médiathèque Numérique
(cinéma) et le Kiosk (presse en ligne) sont sans surprise les ressources les plus utilisées.
Mais de nombreuses personnes souhaiteraient découvrir la musique (1D Touch) et l’auto-
formation (Toutapprendre). En approfondissant, ce sont les cours de langue, les cours de
multimédia, les cours de développement personnel et les cours de bureautique qui
pourraient s’avérer utiles. La dernière ressource proposée en 2017, Maxicours, n’a pas attiré
l’attention des répondants malgré une publicité très importante lors de son lancement.
L’interprétation et les commentaires doivent rester nuancés et on regrettera le
manque de temps pour la logistique de l’enquête. Cette enquête quantitative aura été un
point de départ pour une réflexion dans la structure. Par la suite, pour une étude plus
approfondie, des entretiens plus ciblés pourraient permettre d’explorer les tendances mises
à jour par les données de notre première enquête. On constate que de nombreuses
personnes ont besoin d’être aidé, guidé ou encouragé dans la découverte des ressources en
ligne et même du portail. Nous devons pouvoir conseiller les usagers, répondre à leurs
demandes d’informations documentaires, les mettre en relation avec le bon service, les bons
contenus. La familiarité progressive avec l’utilisation du portail sur site (recherche dans le
31 Annexe 6. Affiche enquête.
32 Annexe 7 Enquête Passe Ouest
25
catalogue, réservations, mise en panier de certains documents à consulter plus tard)
entrainera peut-être la curiosité vers les ressources en ligne. Accompagner mais ne jamais
faire « à la place de », tendre vers des usagers plus autonomes dans leurs recherches et
leurs utilisations d’outils et de contenus numériques. Révéler des besoins, pallier à des
manques de formation, …tout cela passera par une nécessaire médiation pour accompagner
les usagers vers ces autres collections. Cette aide sera précieuse pour certaines catégories
de personnes peu à l’aise avec les outils informatiques et permettra de dédramatiser le
passage prochain à « l’e-administration » (démarches administratives en ligne).33 34
3.2 Quels enjeux pour la structure ?
Nous allons donc tenter de mieux cerner l’utilisation ou la non-utilisation de ces
ressources en ligne, de mettre en évidence les points forts et les points faibles de ce service
proposé par l’Espace culturel Passe Ouest depuis 4 ans, de proposer de nouveaux
dispositifs de valorisation et de médiation.
3.2.1 Intégrer des collections documentaires complémentaires35
« Le bibliothécaire est sensé tous les jours rendre séduisants des trésors derrière les
murs de forteresses »36Mais s’agit-il de valoriser des ressources numériques ou de répondre
à un besoin documentaire. Les professionnels connaissent leur public et doivent pouvoir
proposer la ressource adéquate, physique ou numérique. Ils sont très attachés à leur
collection, à leur mise en scène dans les espaces physiques, mais aujourd’hui, cette
collection doit être pensée autrement. Même si toutes les bibliothèques ne possèdent pas
une politique documentaire élaborée, aucune ne pourra faire l’impasse sur une réflexion
d’équipe pour constituer cette nouvelle collection hybride. Les acquéreurs, chacun dans leur
secteur devront se baser sur les besoins des abonnés et des publics potentiels. Le
développement de leur collection devra intégrer les ressources électroniques dans une
politique documentaire hybride et devra se demander ce qu’apportera la collection
numérique à la collection physique. Un travail certes chronophage mais qui sera aussi le
point de départ d’une bonne médiation des connaissances auprès des publics. Des
33 Annexe 8. Résultats enquête en ligne.
34 Annexe 9. Réponses « question ouverte »
35 BARRON, Géraldine. LE GOFF-JANTON, Pauline (sous la dir.), Intégrer des ressources numériques dans les collections, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2014, 183p
36 Bibliobsession, Le blog de Sylvae, bibliothécaire engagé pour le développement des médiations numériques et des biens communs de la connaissance. Sylvère Mercier. http://www.bibliobsession.net/2015/12/08/la-mediation-numerique-pour-les-nuls/
26
acquisitions réfléchies, qui permettent en plus de pouvoir justifier auprès de sa tutelle un
budget souvent important.37
Les bibliothèques construisent des bouquets d’accès à partir de toutes les ressources
documentaires y compris les collections physiques. L’accès à toutes les informations se fera
par le même catalogue. En consultant le catalogue, l’usager pourra vérifier immédiatement la
disponibilité d’un document physique ou numérique : « Je n’ai pas pu emprunter de DVD
mais ce soir, je peux me connecter à la Médiathèque numérique ». Les choix des
bibliothécaires se feront toujours selon les besoins et les usages de leur public. Ce public
est-il jeune ou âgé ? A-t-il un accès internet et une bonne connexion à son domicile ? Quels
sont les problèmes de réseau sur la commune ? Est-il « habile » ou non dans l’utilisation
d’outils de recherche dans les bases de données. Si je compte dans mes abonnés des
personnes ayant des handicaps sensoriels, le numérique peut apporter aussi des solutions
adaptées. Mon public est-il un public expert ou non, quelles sont ses habitudes de lecture
(compulseur d’articles ou textes continus). Selon les domaines, les personnes peuvent
préférer un support à un autre : pour se balader dans la nature un guide imprimé, et pour la
musique plutôt un fichier téléchargé. Une politique d’acquisition aujourd’hui implique une
sélection d’objets physiques (Livres, CD, DVD et des accès à des ressources électroniques
dont certaines sont regroupées en bouquet. Or une offre de bouquet électronique doit être
cohérente avec les choix documentaires de la structure. Les bibliothécaires devront
sélectionner les ensembles qui « feront sens » dans son domaine documentaire. Mais les
contenus pertinents peuvent également être dans l’univers de l’Open Access peu utilisé par
les bibliothécaires et très liés à une veille numérique régulière. Sélectionner des œuvres
libres de droit : diaporama, extraits de films, billets de blog littéraire, scientifique, musical…
En amont, le bibliothécaire aura également réglé le problème des connexions
uniques ou multiples (nombre d’accès simultanés). En effet si nous proposons une offre
Maxicours, en période d’examens les connexions simultanées peuvent être nombreuses.
Puisque la médiathèque est un lieu d’expérimentation des nouvelles pratiques de lecture et
d’écoute, des liseuses seront proposées avec des contenus numérisés et les usagers
pourront également télécharger des ouvrages sur Numilog ou PNB. Des contraintes
juridiques, des contraintes budgétaires et bien souvent la gestion de procédures imposées
par les fournisseurs : téléchargements limités, DRM sur les livres électroniques, streaming …
Autre spécificité de cet univers hybride, il est facile de calculer le taux de rotation des
collections matérielles, mais « l’évanescence » des données numériques rend les
37 Annexe 10.Collections physiques et numériques.
27
statistiques compliquées. Il est difficile d’exploiter les statistiques des fournisseurs d’accès
souvent peu explicites mais est-on sûr également qu’un livre emprunté a été lu ?
Sur le portail de l’Espace Culturel, la porte d’entrée des collections, il faut penser à
une articulation complémentaire des collections numériques et des collections physiques, les
signaler pour qu’elles soient facilement identifiables et ne pas oublier que cette médiation en
ligne devra s’accompagner de nombreuses innovations en matière d’animations. Il faut
penser aussi à une consultation nomade des ressources et des services. Le portail et le
SIGB choisis sont des outils qui pourront faciliter les projets de gestion et de diffusion de
contenus numériques. Surprendre les internautes en disséminant les ressources et les
services dans les pages du portail : nouveautés, compte rendu d’un club de lecture ou d’une
animation jeunesse, prolongement d’une exposition ou d’une conférence…Le 8 février 2018,
Passe Ouest proposait à ses usagers une conférence en partenariat avec l’UBS :
« Organiser son temps pour gagner en Bien-être ». En parcourant le catalogue de Passe
Ouest, on découvre la richesse des collections dans ce domaine : contenus physiques et
numériques (beaucoup de vidéos dans la partie « Développement personnel » de
ToutApprendre). Proposer ces contenus complémentaires à chaque occasion, c’est
accompagner le lecteur, là où il est présent et pas seulement sur internet : la lecture au parc,
les boîtes à livres, la boîte de retour…Tout est imaginable et reste à imaginer.
3.2.2 Sélection des ressources à valoriser.
Sur les 7 ressources proposées à Passe Ouest, 2 d’entre elles, la presse et le cinéma
en ligne, ont déjà l’adhésion de nombreux abonnés. En 2017, la ressource d’autoformation
ToutApprendre a remplacé Vodéclic. Certains domaines de cette ressource sont mieux
utilisés que d’autres. Mais nous avons peu de statistiques pour évaluer l’utilisation ou la
sous-utilisation de ces contenus en ligne.Le but de mon stage va être d’observer, de
sélectionner, de tester et de mettre en valeur un ou plusieurs de ces contenus, en les
rendant plus visible dans la structure, sur le portail, en mettant en place des animations pour
en donner une meilleure connaissance, en orientant progressivement les usagers vers ces
nouveaux contenus complémentaires des collections physiques, en leur donnant envie de
découvrir autre chose.
Selon l’enquête du Ministère de la Culture38, de manière générale, l’usage des «
ressources numériques » proposées aujourd’hui par les bibliothèques de lecture publique est
38 Publics et usages des bibliothèques municipales en 2016, Ministère de la Culture Direction générale des médias et des industries culturelles.[disponible en ligne]http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/67551-publics-et-usages-des-bibliotheques-municipales-en-2016.pdf
28
moins important que l’utilisation des services en ligne plus classiques (recherche catalogue,
réservations, nouveautés…), et la consultation des ressources numériques motive entre 3%
et 9% des visites effectuées sur les sites des bibliothèques selon le type de contenus
proposés. Les taux de pratique des ressources numériques sont plus importants chez les
usagers intensifs des bibliothèques municipales que par les usagers occasionnels. Que
peut-on mesurer, pourquoi et comment ? Certains usagers donnent leur avis de façon
informelle sur la presse en ligne et le fournisseur d’accès « le kiosk » fait remonter quelques
statistiques et les consultations en ligne les plus importantes : Ouest France Lorient, Le
Télégramme, Libération et le Journal du dimanche. De grandes zones d’ombre subsistent
car les fournisseurs d’accès aux ressources donnent peu de statistiques permettant
d’évaluer l’utilisation de celles-ci, et aucune enquête de public n’avait été faite depuis leur
mise en ligne en 2014.
La médiathèque a pris en compte les demandes des usagers dans le domaine du
soutien scolaire en s’abonnant à Maxicours. Elle est utilisée, sans doute par ceux qui l’ont
réclamé et pourtant lors de l’enquête de publics 76% des enquêtés avouent ne pas la
connaître. ToutApprendre propose de nombreuses offres de formation dont l'offre Maxicours
en direction des scolaires mais aussi des adultes : remise à niveau dans 12 matières avec 3
niveaux différents, des cours et des exercices interactifs. La communication autour de
Maxicours avait essentiellement ciblé un public jeune lors de son lancement et aucune
médiation sur site n’avait été proposée. Elle a donné lieu à de nouvelles inscriptions mais
mériterait d’être mise en valeur dans le cadre du droit à la formation tout au long de la vie.
Les adultes font de plus en plus souvent le choix d’une reconversion pour des raisons
personnelles ou économiques. Proposer les formations de ToutApprendre et par la même
Maxicours, c’est être prescripteur d’une offre légale, variée et sélectionnée de contenus de
formation qui complète les collections physiques dans ce domaine.
3.2.3 Mieux signaler dans l’espace physique pour rendre visible.
La valorisation numérique et la valorisation physique doivent être pensées ensemble :
il est important d’imprimer et de diffuser sur site sa médiation numérique mais également de
rendre visible en ligne sa médiation physique. Il faut réfléchir aux conditions permettant une
réelle intégration de ces ressources dans les collections et services de la médiathèque. Pour
beaucoup d’usagers, la médiathèque reste un lieu physique où on emprunte des documents
imprimés (ou audio, ou vidéo), un lieu de conseils, d’échanges, de rencontres, mais pas
encore forcément d’appropriation de l’écrit numérique. Il est donc important de signaler aussi
ces contenus dématérialisés dans l’espace physique. Nous verrons plus loin comment les
valoriser en ligne.
29
Malgré une offre très importante de ressources électroniques à Passe Ouest, celles-ci
restent souvent invisibles à leur public au sein des espaces de la médiathèque. S’immiscer
dans les pratiques des usagers n’est certes pas simple mais des solutions inventives
permettent de faire sortir de l’ombre ces ressources « virtuelles ». 39Il est important que la
signalisation de tous les contenus face partie des stratégies de l’établissement. Le service de
la Médiathèque Numérique est matérialisé dans le secteur CINEMA, mais sa perception par
le public n’est sans doute pas celle qui avait été souhaité. Avec la présence d’un écran, elle
se confond avec un espace de consultation vidéo. Certains usagers emportent les jaquettes
vides sélectionnant les propositions de films en ligne. Dans les points de lecture des
périodiques, jeunesse ou adultes, on ne trouve aucun signalement de la possibilité de lire
des revues en ligne en accédant au Kiosk. Même si le Kiosk et la Médiathèque Numérique
sont les ressources actuellement les mieux utilisées, elles ne le sont pas encore par tous. La
presse, le cinéma pourraient donc recueillir l’adhésion de nouveaux utilisateurs de ces
ressources en ligne qui pourraient tester par la suite d’autres ressources : langues,
bureautique … Maxicours est signalé par des affiches sur le site, dans l’entrée, sur les
panneaux d’affichage sur pied, par des flyers. Storyplay’r s’affiche dans le secteur jeunesse
comme une porte d’entrée intéressante pour compléter une collection physique d’ouvrages
en anglais. Pas de médiation sur site dans le secteur « Musique » pour 1Dtouch, ni dans
l’espace « Romans » pour Numilog.
Certains usagers donnent leur avis de façon informelle et sur la presse en ligne, le
fournisseur d’accès « le kiosk » fait remonter quelques statistiques : consultation en ligne
importante de Ouest France Lorient, Le Télégramme, libération et le Journal du dimanche.
Quelques revues également seront consultées plus particulièrement : France dimanche,
Paris Match, Lui, Ici Paris, Public, les Inrockuptibles.
Alors, il faut innover régulièrement et penser à des dispositifs passerelles, des mises
en scène des collections dans la médiathèque ? Penser à ce qui va attirer les publics et
évaluer l’impact des différentes actions. Des étagères virtuelles de ressources numériques
peuvent surprendre les usagers sous forme de « Trompe l’œil » : par exemple pour 1Dtouch,
le « Trompe l’œil » des artistes à écouter…Les « fantômes » ou boitiers DVD factices pour
insérer les collections numériques dans les collections physiques sont souvent utilisés. On
peut préparer des jaquettes pour les cours de langue, les formations, les cours de
musique…mais le message n’est pas toujours compris des usagers…et ils repartent parfois
avec les boitiers vides. Certaines médiathèques vont insérer des messages entre 2
ouvrages, comme un marque page qui rappelle la présence d’une ressource en ligne, des
39 BARRON, Géraldine. LE GOFF-JANTON, Pauline (sous la dir.), Intégrer des ressources numériques dans les collections, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2014, 183p
30
couvertures factices de magazines peuvent également signaler dans les salons de lecture
d’autres possibilités sur le Kiosk.
« Le constat n’est plus à faire, les bibliothèques étant de moins en moins un passage
obligé pour accéder à la formation, elles doivent développer leurs activités de
médiation dans l’accès à l’information et élaborer de nouvelles offres de services si
elles veulent continuer à être utiles à leurs usagers… »40
40 BROCHARD, Jean-Christophe, In, ACCART, Jean-Philippe, La médiation en bibliothèque, information et communication, France, in Slide Share, 7 juin 2013, [disponible en ligne] https://fr.slideshare.net/jpa245/mediation-jp-accart7juin2013
31
4 Passe Ouest, lieu d’accompagnement vers une culture numérique.
4.1 Développer et accompagner l’accès à tous les contenus.
Nous ne devons pas être le simple relai d’offres commerciales mais apprendre au
public à se repérer dans l'étendue des ressources et d'Internet, dans sa quête de culture et
de savoirs et de l'aider à trouver les informations utiles à sa formation dans tous les champs
du numérique. Ce qui suppose que dans la médiathèque, le numérique soit l’affaire de tous.
4.1.1 Mieux communiquer pour satisfaire les usagers
Communiquer c’est déjà faire de la médiation, nous devons être les « journalistes de
toutes nos collections » 41 pour quelles soient bien identifiées par les publics : type de
contenus, localisation, mode d’accès… Les ressources en ligne nécessitent une forte
médiation et les bibliothécaires essaient de consacrer plusieurs minutes à la découverte de
l’offre lors des inscriptions. Il serait d’ailleurs souhaitable de faire la même chose lors des
réinscriptions, tout en sondant les usagers sur leurs usages des ressources en ligne. Lors de
l’enquête de public, des usagers l’ont d’ailleurs suggéré, proposant de prendre rendez-vous
pour plus d’informations. Il semble également, mais je n’ai pas pu le vérifier que des focus
réguliers ont été faits sur le portail de Passe Ouest pour promouvoir ces ressources :
signalement, identification. C’est une suggestion que je ferai sous les formes suivantes que
je n’ai pu tester malheureusement durant mon stage :
o La création d’un tuto humoristique sur le portail pour accéder aux ressources
en ligne : nous vivons dans un monde de la rapidité où souvent nous
choisissons plutôt la vidéo que le texte écrit.
o Dans l’actualité du portail, la possibilité d’un focus sur « La ressource de la
semaine ». Aider les usagers à faire des découvertes dans la multitude des
ressources. Ils apprécient les suggestions des bibliothécaires et généralement
leur font confiance.
o Il faut surprendre l’usager du portail, attirer son regard et profiter des
événements, de l’actualité pour promouvoir certaines ressources : « Vous
avez des projets de vacances à l’étranger, pensez aux cours de langues dans
l’espace numérique ToutApprendre – intégrer le lien vers le domaine des
langues ». « Les examens approchent, pas de panique, Maxicours vous
propose du soutien dans de nombreux domaines – intégrer le lien vers
Maxicours». « La rentrée vous a épuisé, ici pleins de bons conseils pour vous
41 GALAUP Xavier
32
détendre et mieux vous organiser – intégrer le lien vers le développement
personnel sur ToutApprendre ». « C’est la Semaine de la Petite Enfance,
découvrez les belles histoires intéractives sur Storyplay’r – Lien vers la
ressource ». Des idées qui peuvent fonctionner, qui méritent sans doute d’être
testées par tous les professionnels, de tous les domaines.
o Pour toucher un public de non-usagers ploemeurois ou des alentours, penser
aussi à l’actualité numérique sur la page Facebook de la ville de Ploemeur.
Sur le portail Syracuse, l’interface a été modifiée pour une meilleure lisibilité et
accessibilité. Les onglets thématiques sont plus facilement identifiables et des logos les
complètent. La signalétique est très importante en ligne et dans les espaces pour localiser
facilement les informations recherchées. En bibliothèque municipale on s’adresse peu à un
public « expert », on va donc privilégier des interfaces simples et intuitives, colorées et
pourquoi pas animées. Ces ressources en ligne doivent être facilement identifiables pour un
accès rapide « en quelques clics ». Un public jeune sera plus attiré par un tutoriel ou une
vidéo humoristique que par la lecture d’un livret de présentation qui conviendra à un public
plus âgé attaché au support papier. Néanmoins, les 2 se complètent et trouveront leur public
à un moment donné. Hors-les murs, la communication pourra se faire également en direction
des partenaires éducatifs et associatifs : crèches, relai d’assistantes maternelles, écoles,
collèges, IME, centre de Kerpape. Il est parfois important de se déplacer pour évaluer les
besoins et les demandes d’un public jeune, en recherche d’emploi, en recherche de
formation (inscrits et non-inscrits). Ceci pour offrir un meilleur rayonnement de la structure et
mettre en valeur l’offre numérique.
Dans un souci de communication régulière sur ces ressources immatérielles, les
intégrer au programme des animations pour mettre en évidence leur présence mais aussi
l’intérêt de leurs contenus. L’équipe réfléchit également à la publication d’une Newsletter.
Celle-ci pourrait proposer par exemple « la découverte numérique du mois ». Un dépliant de
présentation42 a été réalisé. Il est remis à l’usager lors des inscriptions et à disposition près
des automates de prêt et des points d’accueil aux publics. Maxicours a fait l’objet d’une
grosse campagne de publicité lors de son lancement au printemps 2017, par affichage dans
la structure et sur le portail, par la presse locale, sur le site de la mairie et sur les réseaux
sociaux (Page Facebook de la ville de Ploemeur).
« Le bilan 2016 des ressources numériques » de Passe Ouest suggérait également
d’explorer d’autres aspects de l’offre numérique en la diversifiant :
42 Annexe 11. Plaquette Ploemeur RN
33
o Prêter des tablettes numériques.
o Proposer des applications culturelles ou créatives
o Développer l’offre numérique pour la jeunesse : heure du conte numérique, livres
numériques sur tablettes…
Des ateliers multimédias ont été mis en place pour la découverte des outils ou
d’internet. Jusqu’en juin 2017, certains ateliers ciblaient aussi la découverte et
l’accompagnement de certaines ressources en ligne. Ils ont été arrêtés en juillet 2017 et ont
repris en mars 2018 sous forme de rendez-vous individuels. C’est au quotidien dans les
différents espaces, qu’il faut accompagner les usagers pour la recherche sur le catalogue,
pour faire une réservation, pour des explications sur le téléchargement des livres et des films
proposés par Numilog ou la Médiathèque Numérique. Le numérique n’est pas inné pour
tous, nous devons y remédier. J’ai donc imaginé le dispositif suivant pour matérialiser dans
les espaces certaines ressources en ligne de ToutApprendre.
Mise en place d’une valorisation de ressources électroniques à Passe Ouest
Phase de réflexion :
Comment les usagers vont-ils trouver les contenus numériques complémentaires des
collections physiques en arpentant les espaces ? Quels sont les contenus de la ressource
électronique ToutApprendre qui manquent de visibilité et qui pourraient satisfaire les besoins
des usagers ?
Phase d’observation :
Dans le secteur « Musique » : on ne trouve pas de méthodes instrumentales dans les rayons
mais en ligne, on a 27 cours de piano, de guitare, de batterie, et des cours de solfèges. Dans
le secteur « Vie pratique », les documents relatifs au bien-être, à la santé, au développement
personnel ont un taux de rotation très important. En ligne, c’est 86 cours qui sont proposés.
Dans le secteur « Art » : de très beaux livres mettant en valeur tous les arts, des méthodes
de dessin et de peinture. Mais parfois, un cours en ligne peut apporter autre chose. On
écoute et on regarde les conseils d’un professeur. Dans le secteur « Langues étrangères » :
de nombreuses méthodes à disposition mais pas toutes les langues. En ligne 26 cours et
des langues du monde entier. Dans le secteur des documentaires jeunesse : une mine de
documents mais parfois un niveau intermédiaire qui fait défaut. Pour le collège, des
domaines scientifiques trop simplifiés en jeunesse et trop complexe en adultes. Maxicours
propose des thèmes en sciences, en histoire des arts qui peuvent être des sources très
utiles pour des exposés de collège.
34
Naissance d’une idée :
Avec le responsable du secteur « Musique et jeux », on recherchait quel pourrait être le
dispositif physique efficace pour promouvoir ces « ressources invisibles ». Le « facing », est
un mode d’exposition qui fonctionne pour les documents physiques. Pourquoi ne pas créer
pour ces contenus des « premières de couverture » qui attire le regard des publics?
Le dispositif :
Un format A4, des couvertures créées avec l’application « Canva » et un verso avec
quelques infos principales sur le contenu. Ces « livres factices » accessibles sur un
présentoir localisant ces documents en ligne. Ils sont identifiés par le code couleur de la
médiathèque que j’ai conservé en fond : vert pour la musique, jaune pour le bien-être, rouge
pour les arts, bleu pour les langues et orange pour « sciences et société ».
La réalisation :
Il fallait créer des couvertures attractives « comme des couvertures de livres » pour des
ressources en ligne, matérialiser l’invisible et choisir un visuel de bonne qualité et bien
contrasté. Faire apparaître lorsque cela était possible le titre, le nom de l’auteur, le nom de
l’éditeur, le nom du domaine. Une couverture lisible, visible et pas trop chargée. Elle doit être
sobre, originale, contrastée selon le public ciblé. L’application « Canva » préconise une
typographie et des couleurs selon les modèles choisis, une aide utile et cohérente pour
chaque réalisation. « La 4ème de couverture » devait également être sobre, attirer l’usager et
lui donner envie d’aller consulter le contenu en ligne. J’ai donc réalisé 5 fiches pour les
langues étrangères, 4 pour la musique, 4 pour les Arts, 3 pour le développement personnel,
1 en documentaire jeunesse. 43 44 45 46 47
L’installation sur site : Elle s’est faite 2 jours avant la fin du stage. Je voulais présenter le
dispositif à toute l’équipe réunie avant de les scénographier dans l’espace de la
médiathèque, leur expliquer ma démarche. Un moment bref et pas le temps de recueillir
leurs avis. J’ai donc disposé mes présentoirs aux endroits libres de toutes collections
physiques sans modifier leur rangement et en cherchant l’endroit où ils pourraient attirer le
regard.
43 Annexe 12. Médiation « ressources ToutApprendre » - Langues
44 Annexe 13. Médiation « ressources ToutApprendre » - Musique
45 Annexe 14. Médiation « ressources ToutApprendre » - Arts
46 Annexe15. Médiation « ressources ToutApprendre » - Développement personnel
47 Annexe 16. Médiation « ressources ToutApprendre » - Sciences
35
4.1.2 De bibliothécaire à médiateur numérique.
La réflexion sur ce nouveau service s’est faite en amont de l’ouverture. Le groupe de
travail l’avait imaginé sans responsable multimédia mais plus sous la forme d’une
collaboration des différents chefs de secteurs pour compléter leurs collections physiques par
des ressources électroniques apportant de la nouveauté à leur domaine. Ainsi, chaque
secteur devait également prendre en charge la médiation de ces nouveaux contenus pour
leur donner de la visibilité. Mais le recrutement d’une responsable multimédia peu avant
l’ouverture de Passe Ouest a modifié toutes ces considérations. L’afflux de nouveaux inscrits
a été chronophage pour le personnel et les ressources électroniques sont devenues
l’apanage de la responsable multimédia. Celle-ci se chargeait des acquisitions (en lien avec
la directrice), de leur visibilité sur le SIGB et le portail, et de la médiation. Elle devenait
irremplaçable, d’ailleurs au début de mon stage et durant 6 mois, le service était resté
vacant. Toutes les connaissances et compétences dans le domaine du numérique ont été
rattachées à une seule personne.
L’évolution des collections vient bousculer les compétences des professionnels dans
les bibliothèques, et la majorité des agents préfèrent une culture des collections et des
services en présentiels. 48 Il est indispensable que tous les bibliothécaires apprennent à
repérer les ressources numériques qui pourraient apporter de la richesse à leur domaine de
compétence : la musique, le cinéma, la presse, l’autoformation (dont les documents
physiques sont très isolés dans l’espace numérique et doivent être mieux signalés).
« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ».49 La responsable multimédia
peut par exemple insuffler changement et innovation et proposer à chacun de tester
quelques contenus en ligne, de donner son avis, d’en proposer d’autres selon sa perception
des attentes du public qu’il côtoie chaque jour. Chaque professionnel doit montrer de l’intérêt
pour tous les documents proposés au public et le numérique doit être discuté en équipe.
Ainsi pour les bibliothécaires, pas d’angoisse, « il faut tirer parti de ces richesses
informatives nouvelles et s’appuyer sur leur savoir-faire comme sur leur sens du service
public pour que leurs concitoyens deviennent plus connaissants ». 50 La réflexion et la
48 BARRON, Géraldine. LE GOFF-JANTON, Pauline (sous la dir.), Intégrer des ressources numériques dans les collections, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2014, 183p
49 Proverbe africain repris par Bruno Méraut
50 CALENGE, Bertrand, Les bibliothèque et la médiation des connaissances, Bibliothèques, Paris, Éditions du Cercle de la
Librairie, 2015, 147 p
36
redéfinition de la politique documentaire participent à la compréhension et à l’appropriation
qui en est faite par chacun des employés d’une bibliothèque.51
Les bibliothécaires sont parfois agacés par l’attitude consumériste des usagers, avec
l’impression qu’ils se comportent comme des clients sans cesse à conquérir par l’apport de
plus de technologies, de plus de services. Dans la culture numérique, il ne s’agit pas de
savoirs mais de compétences, « d’habiletés » à acquérir. Les professionnels devront donc
être prêts à accueillir et accompagner des publics d’âge et de compétences très divers. On
conseille mieux quand on connait bien. On peut donc se demander quelles présentations ou
quelles formations ont été mises en place pour familiariser les agents avec ces contenus en
ligne. Ce n’est pas toujours facile de renforcer la culture numérique des équipes noyées
dans la multitude des tâches à accomplir, les amplitudes horaires d’ouverture aux publics et
du travail interne à effectuer. En interne, il est sans doute possible d’accompagner ou de
former certains agents de la médiathèque pour qu’ils soient plus à l’aise dans la découverte
et l’utilisation des ressources numériques. Voici d’autres idées pour développer la culture
numérique dans les équipes : prévoir de diffuser une newsletter de veille sur le numérique
pour les agents, alimenter une veille collective, prévoir sur le temps de travail des créneaux
de travail individuel en autoformation et de découvertes des outils et des contenus, participer
à des journées d’étude sur l’actualité numérique. Pour aider les bibliothèques territoriales
dans le développement des projets numériques, le SLL a également mis en place une "Boîte
à outils du numérique", avec de nombreuses fiches pratiques sur le numérique pour les
professionnels des bibliothèques.
Mais les bibliothécaires peuvent également trouver des partenaires possibles dans la
commune qui auraient des compétences dans le domaine du numérique. Les ateliers du
CREPP s’installent régulièrement à la médiathèque mais peut-être que certains intervenants
pourraient aussi avoir une activité bénévole pour encadrer quelques ateliers informatiques
d’initiation et alléger les tâches des agents de la médiathèque. Ce sont des appuis à prendre
en compte pour développer une stratégie de médiation numérique des savoirs.
4.1.3 Des outils au service du numérique
Tous les projets des nouveaux établissements font une large place au numérique.
C’est dans l’air du temps mais est-il toujours associé à la diffusion d’une culture que l’on
51 Réseau Carel, Enquête 2015-2016 sur les ressources numériques au sein des bibliothèques adhérentes au Réseau Carel en 2014. 41 p [Disponible en ligne] http://www.reseaucarel.org/page/l-enquete-reseau-carel-2015-integralite-des-resultats, consulté novembre 2017
37
diffuse au quotidien auprès de nos publics : des ateliers informatiques mais aussi des
ateliers ludiques pour les enfants ou des sessions de jeux vidéo. A la bibliothèque Vaclav-
Havel à Paris c’est d’abord par la dimension ludique et de découvertes que le numérique est
abordé, pour accompagner les enfants et développer « leur usage étroit et limité du
numérique ». En matière de formation à internet, leur fonctionnement a évolué vers une
permanence numérique, un rendez-vous hebdomadaire, animé par deux bibliothécaires,
sans inscription. En effet, après évaluation, la lourdeur de ce service avait été constaté. Les
usagers pouvaient se voir fixer des rendez-vous dans 3 mois alors que leur problème à
résoudre était immédiat. Aujourd’hui, les bibliothécaires sont soucieux de proposer plus de
convivialité autour du numérique. « La permanence numérique s’intègre dans le
fonctionnement général de la bibliothèque, porté par le plus grand nombre de collègues
possible et organisée comme un partage de savoir-faire quotidiens. »52
A Passe Ouest, le public a accès à 12 ordinateurs leur permettant d’avoir accès à
internet. Jusqu’en juin 2017, les usagers avaient la possibilité de s’inscrire à des ateliers
informatiques : différents modules sur différents supports. Par manque de personnel, ce
service a été interrompu et renaît aujourd’hui sous forme de rendez-vous individuels : peu de
créneaux, seulement pour les abonnés et des réservations se faisant très longtemps à
l’avance.
L’espace numérique situé au rez-de-chaussée gagnerait sans doute à être mis en
valeur. Il est d’ailleurs régulièrement investi par une association, le Club de Robotique et
d’Electronique Programmable de Ploemeur (CREPP)53. Les ateliers se tiennent environ 2
fois par mois le samedi matin de 9h00 à 12h00 à la médiathèque. Les adhérents de
l’association proposent aux usagers de participer à ces ateliers qui sont d’ailleurs annoncés
dans l’actualité du portail et par affichage dans la structure. Pourtant, peu d’inscriptions mais
peu d’informations également sur les contenus et les niveaux attendus. Le personnel de
Passe Ouest ne peut donc pas hélas renseigner les usagers.
Le salon numérique est intégré à cet espace. Il dispose de 6 tablettes, 3 Ipad et 3
Samsung, dédiées à la lecture de la presse (Médiapart), à la Bande dessinée (Iznéo) et à
une sélection d’applications jeunesse qui avaient été installées. Les ressources
« Médiapart » et « Iznéo » n’ont pas été renouvelées en 2017. Cet espace est aujourd’hui
plutôt investi par les jeunes qui détournent les usages des tablettes voire qui cherchent à les
détériorer. Des ateliers à l’intention des enfants ont été organisés mais ne sont plus
d’actualité. Reprendre ce service redonnerait peut-être une autre vie à cet espace :
52 PLANTARD, Pascal, CAMUS, Agnès. Les bibliothèques et la transition numérique: les ateliers internet, entre injonctions sociales et constructions individuelles. Papiers. Villeurbanne: Presses de l’ENSSIB, 2017.
53 Site internet. http://www.crepp.org/
38
découverte d’une application interactive, de livres enrichis, des rendez-vous d’heure du
conte numérique…
Les outils numériques ne doivent pas remettre en cause les supports traditionnels
mais ils peuvent permettre de mieux communiquer sur les différentes collections et découvrir
son public dans d’autres activités. La régularité des activités est souvent compliquée quand
elle ne concerne qu’un ou 2 agents de la structure, étiquetés « spécialistes ». Pourquoi ne
pas constituer des binômes pour rassurer certains agents et leur montrer que les
compétences requises sont souvent moins techniques que relationnelles. Si on veut toucher
un public qui n’ose pas, c’est à nous de changer nos modes de fonctionnement et peut-être
de s’ouvrir à des partenaires locaux.
Ainsi à Passe Ouest, il se passe parfois de très beaux projets qu’on ne met pas
suffisamment en valeur. Abder Ragui, formateur pour Ceciweb et atteint de cécité depuis sa
naissance, propose des ateliers informatiques à l'espace culturel Passe Ouest, à destination
des malvoyants, tous les quinze jours, le mardi, de 15 h à 17 h. « La médiathèque assure
depuis quelques années une mission spécifique d'accessibilité de la lecture, de la culture et
du multimédia en aidant les personnes déficientes visuelles à acquérir une plus grande
autonomie. Ainsi, une petite dizaine de personnes s'initient ou se perfectionnent
régulièrement, avec la complicité d'Abder Ragui, à l'outil informatique, sur de nombreux
équipements dont les logiciels de synthèse vocale comme Jaws. Elles apprennent à surfer
sur le net, à gérer leur messagerie ou encore à maîtriser le traitement de texte. » 54
De nombreuses expériences de médiation dans les bibliothèques nous montrent
qu’échanges, partage et convivialité peuvent aussi avoir lieu autour du numérique
Par exemple, la Médiathèque de Lorient propose à ses usagers d’apprendre et de se former
à la médiathèque, en autonomie ou avec un bibliothécaire dans l’Espace autoformation.
Pour certaines personnes, proposer quelques rendez-vous pour échanger sur les ressources
testées par les uns et les autres sur le site de la médiathèque permet de débloquer les
gestes maladroits et de diriger vers les domaines d’intérêt : apprendre les langues, se
préparer au permis bateau, découvrir la musique avec 1Dtouch…
Les rendez-vous 4C aux Champs Libres à Rennes : Créativité – Collaboration –
Connaissances – Citoyenneté. Les participants se retrouvent autour d’un intérêt commun,
décident ensemble de ce qu'ils font et de la façon de le faire, dans de nombreux domaines
dont le numérique. 55 Les Champs Libres accompagnent les initiateurs et leur proposent des
54 Article Télégramme du 22 février 2018. Atelier multimédia. Pour handicapés visuels
55 Bibliothèque Les Champs Libres. Rennes.4 C projet numérique
39
espaces. Ces ateliers sont gratuits et basés sur une participation bénévole. Il y a des bilans
avec le référent 4C environ tous les 3 mois.
4.2 Evénements et médiation numérique à Passe Ouest.
L’Espace culturel-médiathèque Passe Ouest vit au rythme d’un calendrier de
manifestations culturelles et artistiques très chargé. Dans le projet initial, il était aussi écrit
que l’actualité devait s’y décliner, dans une complémentarité des supports. Saisir
l’opportunité de ce lieu de savoirs pour donner à voir, entendre, toucher …afin de favoriser
les découvertes, les curiosités, tout en incitant à échanger, à partager et à faire. 56 Le
numérique est présent au travers des outils mais peu dans les contenus. Je devais mettre en
lumière les ressources électroniques d’autoformation. Rendre « visible » « l’invisible.
4.2.1 Fête des ressources numériques à Passe Ouest.
Le contexte :
Tout au long de mon stage, j’ai eu l’impression que ces ressources étaient invisibles
autant pour le personnel que pour les usagers. J’avais également presque tout à apprendre
dans ce domaine et je comptais un peu sur les conseils des professionnels d’une grande
structure qui consacrait un budget conséquent aux ressources en ligne. Les ressources
d’autoformation étaient proposées par le fournisseur LEARNORAMA pour ToutApprendre,
mais il me semblait difficile de les détacher complètement des autres contenus : presse,
musique, cinéma, littérature. Je voulais faire ressortir de ces ressources en ligne ce qui était
complémentaire des collections imprimées (ou gravées sur support), trouver différentes
façons de les rendre visibles et laisser des outils de valorisation pour la structure. Difficile de
trouver ma place de stagiaire : les 4 premiers mois 2 agents manquent dans l’équipe et les
autres doivent donc se répartir les tâches. Je comptais un peu sur le suivi des ateliers
multimédia pour engager mon projet et aller à la rencontre des usagers. Il me semblait très
compliqué de fédérer une équipe autour du sujet du numérique et comment l’intégrer au
planning déjà très chargé de la structure. Lors de l’enquête de public, j’avais noté le souhait
de certains usagers d’avoir une présentation générale de ces ressources par exemple sur
grand écran dans le forum. Je ciblais plutôt un public adulte et donc un horaire d’animations
qui corresponde à leur disponibilité. J’avais aussi imaginé sur un temps plus long, « la
semaine des ressources numériques » avec des temps forts de présentation des
56 Médiathèque de Ploemeur, Projet d’établissement, 2013, file:///C:/Users/le%20roux%20pascal/Desktop/annexes/Projet%20d'etablissement%20ploemeur.pdf
40
ressources : présentation générale, ateliers découverte, accompagnement individuel… Mais
l’équipe envisageait plutôt un grand événement festif, un mercredi après-midi avec plusieurs
animations.
Le résumé du projet :
« YES, WE CLIC ! 4 @ns 4 clics ! ». Passe Ouest fête le 4 avril 2018 les 4 ans des
services et ressources numériques proposés aux abonnés depuis l’ouverture de l’espace
culturel en avril 2014. Les ploemeurois de tous les âges ont donc été invités à venir
découvrir ou redécouvrir ces services le mercredi 4 avril de 14h00 à 17h30 dans le forum et
l’atelier des arts de la structure. L’occasion de rappeler que toutes les collections, celles
proposées sur site et les contenus numériques sont complémentaires et qu’elles peuvent
très souvent être associées aux nombreuses activités culturelles de la ville. Cet après-midi
sera ponctué de plusieurs animations mettant particulièrement en valeur les ressources
d’autoformation en partant néanmoins d’une présentation plus générale de tous les contenus
numériques. L’école de musique de Ploemeur, les portraitistes du Savanah et « Yoga
School » seront associés à cette manifestation lors des ateliers. Pas de cours mais des
moments de découvertes et de discussion dans une ambiance conviviale.
Les objectifs :
Je souhaitais créer un évènement pour valoriser conjointement les documents
numériques, les documents physiques et les ressources humaines de la commune. Ce projet
pouvait donner une autre image de la médiathèque en mettant en place une organisation
conviviale assez libre avec des animations variées, des intervenants et faisant circuler le
public dans différents espaces de Passe Ouest, dont l’atelier des Arts un peu isolé et que
certaines personnes ne fréquentent jamais. Il s’agissait d’aller à la rencontre des publics
pour mieux connaître leurs besoins et leurs pratiques, de favoriser les échanges avec les
usagers pour favoriser leur autonomie. J’avais prévu des moments de manipulation sur
tablettes pour sensibiliser à l’utilisation du nouveau portail et à l’accès aux ressources en
ligne, faire pratiquer les usagers, créer de nouveaux besoins, attirer de nouveaux publics.
La mise en place :
Un projet aussi conséquent nécessitait forcément d’impliquer une partie de l’équipe
pour m’aider à mener ces différentes animations. Travailler en équipe pour réussir un
évènement : mettre en commun les compétences, les idées, les savoirs et les savoirs faire.
Créer une cohésion autour du numérique, et donner envie à l’équipe de renouveler un jour
ce genre d’événement. Peu de temps pour préparer cette journée, je devais donc fédérer
l’équipe rapidement autour de ce projet : répartir les tâches et les supports pour que les 5
41
agents connaissent leur rôle le 4 avril. Je devais me positionner comme le « chef
d’orchestre » de cette journée : en amont en préparant de façon très précise le déroulement,
et le 4 avril pour coordonner et animer les différents moments de cet après-midi autour du
numérique. Mes animations se rattachaient à des partenaires locaux qui devaient tous être
disponibles le 4 avril. Les contacts se sont faits par courriels, téléphone et rencontres soit à
l’Espace culturel, soit dans leurs structures. Pour la réussite de ce projet, il fallait
communiquer : affiches, flyers, relations avec la presse locale, annonce sur le portail et la
page Facebook de la ville de Ploemeur. La communication a été un peu tardive mais très
bien relayée par la presse. Il fallait aussi penser à scénographier l’espace pour donner une
image festive à cet événement.
La fête des ressources numériques :
On a innové, fait sortir de l’ombre des ressources un peu délaissées le temps d’une
après-midi. Le mercredi, il y a généralement beaucoup d’usagers dans la structure. On a
donc attiré et surpris des personnes qui ne venaient pas spécialement pour « cette fête du
numérique ». J’avais un déroulement en tête que j’ai dû adapter aux allées et venues des
usagers, procéder par touches successives pour attirer le public vers la découverte des
ressources en ligne. Le groupe de « portraitistes » amateurs que j’avais invité a eu beaucoup
de succès et permis de maintenir dans les espaces beaucoup d’usagers intrigués par cette
démarche. La première animation sur les contenus numériques liés au dessin a été
délaissée : peut-être trop tôt dans l’après-midi, ou trop excentrée dans l’atelier des arts (on
avait pourtant séparé en 2 le groupe des « portraitistes » et l’un d’eux se trouvait justement
dans ce lieu). Elle devait se dérouler en parallèle de l’animation musique qui elle, a trouvé
son public. Les dernières animations, yoga et expériences scientifiques se sont bien
déroulées et toute l’après-midi a été l’occasion pour moi de rappeler aux usagers que cette
journée avait été initiée pour leur rappeler qu’en quelques « clics », ils pouvaient avoir accès
à d’autres contenus, certains les intéresseraient, d’autres non…exactement comme pour les
documents physiques.
4.2.2 Evaluation des actions mises en place.
Le bilan de l’enquête de publics
Pour cette enquête, le nombre de répondants auraient pu être plus important mais
nous avons obtenu néanmoins des résultats exploitables. L’interprétation et les
commentaires doivent rester nuancés et on regrettera le manque de temps pour la logistique
de l’enquête.
42
Cependant, il faut espérer que cette enquête des publics déclenchera une réflexion dans la
structure et continuera à faire parler du numérique. Par la suite, pour une étude plus
approfondie, des entretiens plus ciblés pourraient permettre d’explorer les tendances mises
à jour par les données de notre première enquête.
On constate que de nombreuses personnes ont besoin d’être aidé, guidé ou
encouragé dans la découverte des ressources en ligne. Nous devons savoir conseiller en
réponse à des demandes d’usagers, les mettre en relation avec le bon service, les bons
contenus. La familiarité progressive avec l’utilisation du portail sur site (recherche dans le
catalogue, réservations, mise en panier de certains documents à consulter plus tard)
entrainera peut-être la curiosité vers les ressources en ligne. Accompagner mais ne jamais
faire « à la place de », tendre vers des usagers plus autonomes dans leurs recherches et
leurs utilisations d’outils et de contenus numériques.
Révéler des besoins, pallier à des manques de formation, se faire plaisir…tout cela
passera par une nécessaire médiation pour accompagner les usagers vers ces autres
collections. Une aide précieuse pour certaines catégories de personnes moins à l’aise sur
internet, pour dédramatiser le passage prochain à « l’e-administration » et les démarches
administratives en ligne.
Le bilan de l’événement du 4 avril
« Déployer l’innovation en bibliothèque, c’est miser sur le potentiel créatif des
professionnels, sur l’appétit des usagers pour les tâches collaboratives et trouver des
solutions, loin des recettes infaillibles » 57 On a créé l’évènement, mais les collections
numériques ne sont pas encore la priorité du public. Cependant, on a provoqué un
« déclic », l’envie d’en parler et l’occasion d’inciter à la découverte. Des rendez-vous
réguliers de ce genre sont importants pour rappeler l’existence de ces ressources en ligne.
C’est la régularité et l’engagement de tous les agents selon leurs compétences qui saura
convaincre de nouveaux publics. Mais on retiendra évidemment la nécessité d’un
accompagnement, d’une médiation et de la mise en place d’ateliers pour faire vivre les
ressources et les matérialiser dans les espaces de la médiathèque : surprendre pour
interpeller et intéresser les publics. Une meilleure connexion wifi pour tous les usagers sur le
site de la médiathèque simplifierait aussi le travail des agents qui ont du mal à les
accompagner sur le nouveau portail (accès au catalogue, réservations… et aux ressources
numériques). Difficile de faire de la médiation sur site pour sensibiliser aux contenus en ligne
lorsque les outils numériques ne fonctionnent pas. Le 4 avril, 5 tablettes devaient être en
57 JACQUINET, Marie-Christine, et Collectif. Créer des services innovants : Stratégies et répertoire d’actions pour les bibliothèques. Villeurbanne: Ecole Nationale Supérieure Sciences Information Et Bibliothèques, 2011, 172 p
43
accès libre pour tester les ressources dans la structure avec possibilité d’accompagnement
(Hélène responsable multimédia et Lucille stagiaire Master 2 Edition contemporaine et
numérique). Le proxy « Ucopia » mis en place par les services informatiques de la ville
fonctionne très mal depuis quelques semaines et il était donc impossible de se connecter à
la WIFI depuis les tablettes. On a accueilli une centaine de personnes au cours de l’après-
midi, ce qui est plutôt satisfaisant puisque leur avis comptera certainement auprès d’autres
usagers qui auraient « râter » l’évènement. Cela a été une belle collaboration avec l’équipe
sans qui l’évènement n’aurait pas eu lieu et a provoqué de belles rencontres avec les
partenaires : les professeurs de l’école de musique, les portraitistes du Savannah, Audrey
Fiorini et Ivan Houssay, de la Yoga School. Des échanges informels mais nombreux avec les
usagers sur les ressources numériques. Grande satisfaction aussi, dans les jours qui ont
suivi car le « bouche à oreilles » a bien fonctionné. Des ploemeurois, non abonnés, ont
appelé pour savoir comment accéder aux ressources en ligne, peut-être trouveront- ils
maintenant les contenus qu’ils ont envie de découvrir 24h/24 et 7j/7 de leur domicile. Des
parents ont découvert que Maxicours, ce n’est pas seulement des maths et du français, mais
aussi beaucoup de petites vidéos pédagogiques et ludiques sur les sciences, l’histoire des
arts…
Le bilan du dispositif de valorisation sur site
Ce projet s’est concrétisé tardivement et je n’avais pas imaginé le stage de cette
façon. Pour moi, cette demande de valorisation des ressources en ligne était le souhait d’une
équipe. Je provoquais les échanges mais ne suscitais pas beaucoup de retours. Je pense
que mon dispositif a été plutôt bien accueilli par l’équipe et j’espère qu’il ne tombera pas tout
de suite dans les « oubliettes ». Une stagiaire ne peut tout transformer en quelques mois. Il y
a eu des échanges informels avec les différents agents mais aucune réunion de concertation
pour recueillir ensemble les avis des uns et des autres. Cette installation s’est faite avec
l’appui de certains membres de l’équipe. Mais « ce dispositif passerelle58 », qui fait le lien
entre un lieu et des données numériques sera-t-il relayé par les professionnels du site ?
Même si des dispositifs techniques sont indispensables et doivent se multiplier pour
surprendre les publics, ils ne peuvent se substituer à la médiation humaine.
L’accompagnement doit être réel pas virtuel. Les collections numériques font partie des
collections de l’Espace culturel-médiathèque, et doivent être indissociables des collections
physiques. Penser collections mais aussi services car ils forment un tout dans le
fonctionnement d’un établissement dans le respect du service aux usagers qui reste la
mission première des bibliothécaires.
58 Sylvère Mercier, « Médiation numérique : le guide pratique des dispositifs », blog Bibliobsession, mai 2012
[en ligne] http://www.bibliobsession.net/2012/05/04/mediation-numerique-le-guide-pratique-des-dispositifs/
44
4.2.3 Prolongements et préconisations.
Pendant plusieurs mois, j’ai été la spectatrice du fonctionnement d’un Espace culturel-
médiathèque, tout en intervenant auprès des publics. Mon projet se montait en marge des
activités des bibliothécaires, je n’avais pas d’obligations de résultats et pourtant je voulais
que ce stage soit utile pour le fonctionnement de la structure. La nouveauté a besoin de
temps pour s’installer et créer l’envie de poursuivre l’idée d’un service innovant n’est pas
simple. Ma présence dans la structure était morcelée entre périodes de cours,
d’autoformation et de stages. Difficile de saisir l’occasion, choisir le bon moment et
transformer un problème, une question, un obstacle en opportunité.59
Pour que la médiathèque véhicule une « culture numérique », à travers des compétences
techniques mais aussi documentaires, il faut désacraliser ce concept car tous les
professionnels n’ont pas le même parcours de formation mais peuvent tout de même se
reconnaître dans un rôle de conseil aux usagers, tandis que d’autres seront plutôt identifiés
par le public comme pouvant leur apporter une aide technique. Travailler en équipe,
surprendre et donc varier les événements, sortir du « ça ne marchera pas », et ne pas
hésiter à proposer de nouvelles animations :
• Le coup de cœur du bibliothécaire : un album sur 1Dtouch, un cours d’informatique
sur ToutApprendre…
• Des pochettes surprises : Chaque pochette est une découverte de livres, CD, DVD et
pourquoi pas de liens vers des ressources numériques à découvrir (testées bien sûr
par les bibliothécaires)
• Cibler dans la médiathèque et les collections, les lieux où associer collections
physiques et numériques pour installer une étagère virtuelle de ressources
numériques « Trompe l’œil » : exemple pour 1Dtouch, « Trompe l’œil » des artistes à
écouter ou des messages insérés dans les collections (entre 2 ouvrages), comme un
marque page qui rappelle la présence d’une ressource en ligne.
• Et pourquoi ne pas associer les collections physiques et numériques sur les mêmes
tables de présentation à l’occasion d’un événement, d’un thème mis en valeur…
59 JACQUINET, Marie-Christine, et Collectif. Créer des services innovants : Stratégies et répertoire d’actions pour les bibliothèques. Villeurbanne: Ecole Nationale Supérieure Sciences Information Et Bibliothèques, 2011, 172 p
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Il faut miser sur le potentiel créatif des professionnels et privilégier les actions de médiation
collaborative. Pas forcément toujours toute l’équipe mais au moins un binôme qui souhaite
mettre en œuvre une animation, scénographier une collection…60
Et pourquoi ne pas proposer des ressources gratuites pour séduire un autre public.
Le rôle des bibliothécaires consiste également à repérer, signaler et valoriser les contenus
gratuits les plus pertinents. Des ressources gratuites de grande qualité sont disponibles sur
internet et peuvent facilement être relayées par une bibliothèque, sur son portail. Elles
permettent aussi de repenser plus globalement l’offre d’une médiathèque. Ces ressources,
souvent connues des professionnels mais peu du grand public pourront être accompagnés
d’un court texte descriptif valorisant leur contenu. Ainsi on peut proposer :
• GALLICA : la Bibliothèque Nationale de France propose l’une des plus importantes
bibliothèques patrimoniales et encyclopédiques numériques : 4 millions de
documents de toute nature dont presque 700 000 livres. Plus de 400 000 documents
sont issus de fonds de bibliothèques extérieurs à ceux de la BnF.
• EUREKOI : un service de la BPI où de nombreux bibliothécaires participent à ce
service de questions-réponses en ligne. Une réponse est apportée gratuitement en
moins de 72h00 aux internautes.
• LE GUICHET DU SAVOIR: un autre service de questions-réponses proposé par la
Bibliothèque Municipale de Lyon.
• ZIKLIBRENBIB : un blog collaboratif porté par des bibliothécaires propose des
sélections régulières de musique en libre diffusion, accompagnées de courtes
chroniques et d’un morceau en écoute.
60 Annexe 17. Des exemples de médiations et de valorisation de l’offre en ligne
46
CONCLUSION
D’octobre 2017 à avril 2018, le personnel de l’Espace culturel Passe Ouest a vécu au
rythme de mon projet : mettre en valeur les ressources numériques. Difficile de savoir quelle
a été leur implication dans la mise en place de cette nouvelle collection « virtuelle » devant
correspondre aux nouvelles pratiques culturelles de leurs publics.
Ils ont également été au centre du projet pendant plusieurs mois pour mieux définir
leurs usages, leurs pratiques et leurs attentes. On constate que la culture numérique entre
timidement dans le quotidien de certains usagers de Passe Ouest mais les demandes sont
réelles. Ce nouveau service en ligne nécessite des connaissances et une habilité
inégalement partagée par les publics ainsi qu'une expertise sur leurs contenus qui est
inégalement maîtrisée par les bibliothécaires. Au quotidien, certains usagers ont toujours
besoin d’être accompagnés, pour chercher, sélectionner ou découvrir les ressources qui leur
seront utiles. Le « bibliothécaire hybride » doit être disponible pour échanger, renseigner,
aider à trouver dans toutes les collections le bon document et être le médiateur des services
en ligne 24h/24 et 7j/7 qui ne sont pas encore largement utilisés. Les services au public
évoluent et l’implication des personnels doit s’y adapter.
Dans une politique documentaire qui se veut désormais hybride et performante, il faut
réfléchir en équipe à l’intégration, la valorisation et la médiation de ces ressources en ligne
pour que cette offre devienne un besoin au même titre que les collections physiques.
Régulièrement, il faut penser à évaluer leur pertinence, la capacité des fournisseurs à
adapter leurs contenus. On « désherbe » des documents physiques inadéquats, la
démarche doit être la même pour des contenus numériques en concurrence avec la
multitude des ressources du Web. Et dans un rôle de conseil et de découvreur, le personnel
peut pourquoi pas proposer d’autres ressources culturelles libres et gratuites. Pour sortir de
l’image de la médiathèque traditionnelle, il faut aujourd’hui apprendre à porter plus l’attention
sur les services que sur les collections.
L’investissement de chaque bibliothécaire sera indispensable pour la valorisation et la
médiation autour de ces ressources documentaires numériques, qu’elle soit effectuée
physiquement ou à distance. Cela implique de donner un accès lisible à ces ressources, de
les contextualiser et de les présenter. Il faut créer des événements pour rappeler leur
existence. C’est la régularité des actions et l’engagement de tous les agents selon leurs
compétences qui saura convaincre de nouveaux publics qui font confiance à leurs
bibliothécaires.
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ANNEXES
Annexe 1 : Extraits « Baromètre du numérique 2017 »
Annexe 2 : Projet d’établissement 2013. Médiathèque de Ploemeur.
Annexe 3 : Portail Passe Ouest (interface Aloès / interface Syracuse)
Annexe 4 : Des espaces et des outils numériques performants.
Annexe 5 : Budget d’acquisition des collections.
Annexe 6 : Affiche enquête de publics – Passe Ouest Ploemeur
Annexe 7 : Enquête de publics – « Nouvelle médiathèque, nouvelles ressources »
Annexe 8 : Enquête de publics – Résultats
Annexe 9 : Enquête de publics – Résultats « question ouverte »
Annexe 10 : Affichette médiation sur site : collections physiques et collections numériques
Annexe 11 : Plaquette Passe Ouest Ploemeur – Les ressources numériques.
Annexe 12 : Médiation « ressources ToutApprendre » - Langues
Annexe 13 : Médiation « ressources ToutApprendre » - Musique
Annexe 14 : Médiation « ressources ToutApprendre » - Arts
Annexe 15 : Médiation « ressources ToutApprendre » - Développement personnel
Annexe 16 : Médiation « ressources ToutApprendre » - Sciences
Annexe 17 : Des exemples de médiation et de valorisation de l’offre en ligne