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NOTE DE CONJONCTURE REPRISE POUSSIVE DÉCEMBRE 2013 INSEE CONJONCTURE

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NOTE

DE CONJONCTURE

REPRISE POUSSIVE

DÉCEMBRE 2013

I N S E E C O N J O N C T U R E

geq74o
Zone de texte
SOUS EMBARGO JUSQU'AU 19 DÉCEMBRE 2013 A 22H00
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NOTE DE

CONJONCTURE

Décembre 2013© Insee 2013

Institut national de la statistique et des études économiquesDirecteur général : Jean-Luc TavernierDirection générale : 18 boulevard Adolphe Pinard - 75 675 PARIS Cedex 14Téléphone : 01.41.17.50.50 / Télécopie : 01.41.17.66.66Adresse internet : http://www.insee.fr

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■ Directeur de la publication

Jean-Luc Tavernier

■ Rédacteurs en chefCédric AudenisLaurent ClavelBruno QuilleCamille Sutter

■ ContributeursVincent Alhenc-GelasJosé BardajiCyprien BechlerJean-Baptiste BernardGrégoire BoreyStéphane BoucherJocelyn BoussardGuillaume ChanteloupÉtienne ChantrelVéronique CordeyJulie DjiriguianJean-François EudelineYaëlle GorinJulie GoussenNicolas LagardeClaire LelargeGildas LaméMatthieu LequienKevin MilinAllaoui MirghaneAlexis MontautVladimir PasseronCécile PhanJulien PramilNathan RemilaSophie RenaudCatherine RenneMarie ReySébastien RiouDorian RoucherMarie SalaGabriel SklenardHélène SoualFrédéric TalletSophie VillaumeAdrien Zakhartchouk

■ Secrétariat de rédactionet mise en pageCatherine Fresson-MartinezMoussa BlaibelJacqueline CourbetDenise Maury-Duprey

■ SecrétariatNathalie Champion

Les Notes de conjoncture ainsi qu’un lexique « Les motsde la conjoncture » sont disponibles dès leur parutionsur le serveur internet de l’Insee dans la rubriqueConjoncture - Analyse de la conjoncture à l’adresse :www.insee.fr.

ISSN 0766-6268

Impression d’après documents fournisJOUVE - PARIS

Rédaction achevée le 12 décembre 2013

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REPRISE POUSSIVE

VUE D’ENSEMBLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

CONJONCTURE FRANÇAISE

• Retour sur la précédente prévision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

• Production. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

• Environnement international de la France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

• Échanges extérieurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

• Emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

• Chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

• Prix à la consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

• Salaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

• Revenus des ménages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

• Consommation et investissement des ménages. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

• Résultats des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

• Investissement des entreprises et stocks . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

DÉVELOPPEMENTS INTERNATIONAUX

• Pétrole et matières premières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

• Marchés financiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

• Zone euro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

• Allemagne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

• Italie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

• Espagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

• Royaume-Uni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

• États-Unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

• Japon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

• Économies émergentes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

DOSSIERS

• En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

• À la recherche de la productivité britannique perdue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

COMPTES DES PAYS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124

COMPTE ASSOCIÉ DE LA FRANCE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .128

ÉCLAIRAGES• Quels effets attendre du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en 2014 ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

• Hausse des taux de TVA et effet du CICE : des impacts opposés sur l’inflation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

• Quantitative Easing : quels effets sur l’économie américaine ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106

• Les écarts d’inflation au sein de la zone euro reviennent progressivement en ligne avec les fondamentaux . . . . . . . . . . 112

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Reprise poussive

Comme prévu dans le Point de conjonctured’octobre, l’activité au troisième trimestre

2013 est restée globalement décevante dans leséconomies émergentes et dynamique dans leséconomies avancées. La demande extérieureadressée à la France a décéléré, notamment du faitdu net ralentissement des importations de nospartenaires européens.

Au quatrième trimestre 2013, le climat des affairesretracé dans les enquêtes de conjoncture continuede s’améliorer dans l’ensemble des économiesavancées, ce qui laisse attendre une poursuite del’embellie. En particulier, l’activité dans la zone eurodevrait continuer de croître à l’horizon de laprévision (+0,3 % chaque trimestre), grâce à unemodération de la consolidation budgétaire, unredressement de l’investissement après unajustement très prononcé et à une baisse del’épargne de précaution des ménages. Dans leséconomies émergentes, la situation est hétérogène,mais de manière générale la croissance ne devraitpas s’améliorer franchement.

La demande extérieure adressée à la Franceretrouverait à l’horizon de la prévision un rythme deprogression soutenu et régulier d’ici mi-2014.Cependant, le profil de l’activité en France seraitrelativement marqué, avec une progression du PIBde 0,4 % au quatrième trimestre 2013, puis de 0,2 %aux premier et deuxième trimestres 2014.

Le dynamisme attendu au quatrième trimestre seraitdû à la conjonction de plusieurs effets. Tout d’abord,des contrecoups favorables sont attendusconcernant l’investissement des entreprises enserv ices et les expor tat ions en produi tsmanufacturiers, qui ont chuté au troisième trimestrebien au-delà de ce que laissent supposer leursdéterminants. En outre, les ménages anticiperaientcertaines dépenses en raison du déblocage del ’épargne salar ia le, du durc issement dubonus/malus automobile au 1er janvier et de lahausse des taux de TVA au 1er janvier 2014.

Ce rebond anticipé au quatrième trimestre estconfirmé par les données d’activité disponibles finoctobre et les enquêtes de conjoncture : le climatdes affaires s’est fortement amélioré au troisièmetrimestre, et ce dans tous les secteurs. En revanche,la pause que les soldes d’opinion marquent depuisdeux mois, notamment du fait du fléchissement desperspectives personnelles d’activité déclarées parles chefs d’entreprise, laisse attendre unralentissement début 2014, résultant du manque dedynamisme des différents postes de demande :

- la progression de l’investissement serait freinéepar l’absence de reprise dans la construction, alorsqu’a contrario le redressement des perspectivesd’activité la soutiendrait.

- malgré l’amélioration sur le front de l’emploi en2014, le pouvoir d’achat des ménages manqueraitd’impulsion. D’une part, la progression de l’emploitotal resterait faible : le CICE enrichirait lacroissance en emplois, mais le redressement del’activité serait insuffisant pour permettre une reprisede l’emploi marchand. D’autre part, les gains desalaires réels observés en 2013 du fait de la baissenon anticipée de l’inflation s’estomperaient en2014. Ainsi, la consommation des ménagesprogresserait à peine au premier semestre 2014.

- les exportations seraient, au premier semestre2014, moins dynamiques que la demandeextérieure, car elles seraient pénalisées parl’appréciation passée de l’euro, ainsi que par lespertes tendancielles de part de marché, certesmoindres depuis la crise.

Ce scénario est soumis à de nombreux aléas. Lesexportations françaises pourraient être plusdynamiques, en particulier si le retour de laconfiance se confirme chez nos partenairesd’Europe du Sud. A contrario, l’ampleur duredémarrage de l’investissement des entreprises esttoujours très incertaine en phase de reprise. Plutôtlent en France dans notre scénario, il pourrait mêmeêtre différé, du fait de la modestie des anticipationsde croissance.

Vue d’ensemble

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L’activité est restée dynamique dans les économies avancéesau troisième trimestre 2013

L’activité est restée dynamiquedans les économies avancées

au troisième trimestre 2013

Au troisième trimestre 2013, la croissance des économies avancées a étélégèrement plus forte (+0,5 % après +0,6 %) que prévu dans le Point deconjoncture d’octobre 2013 (+0,4 %). Le dynamisme de l’activité s’est confirméaux États-Unis (+0,9 % après +0,6 %) et au Royaume-Uni (+0,8 % après+0,7 %). À l’inverse, l’activité a ralenti au Japon (+0,3 % après +0,9 %) et dansla zone euro (+0,1 % après +0,3 %).

La sortie de récession seconfirme dans la zone euro

Au troisième trimestre 2013, le PIB de la zone euro a progressé de 0,1 %,confirmant sa sortie de récession. Le ralentissement par rapport au deuxièmetrimestre (+0,3 %) tient à une baisse des exportations touchant l’ensemble despays de la zone. La consommation privée s’est également tassée, notamment enAllemagne.

Les économies émergentes ontfaiblement accéléré

Dans les économies émergentes, l’activité aurait accéléré, principalement enChine et dans les PECO. Le rythme de progression de l’activité des émergentsreste néanmoins très en deçà de son rythme d’avant-crise (+1,7 % en moyennede 2000 à 2008).

En France, l’activité a légèrement reculé au troisièmetrimestre 2013

Le PIB françaisa légèrement reculé

au troisième trimestre 2013

L’activité a légèrement reculé en France au troisième trimestre 2013 (-0,1 %après +0,5 %). Le recul a été plus net dans l’industrie manufacturière (-1,0 %après +2,0 %), du fait de la forte baisse de ses exportations (-1,9 % après+2,8 %). La production des services marchands a également reculé (-0,1 %après +0,7 %), notamment sous l’effet d’entraînement de la branchemanufacturière. De plus, par contrecoup du premier semestre où lestempératures, inférieures aux normales saisonnières, avaient soutenu lesdépenses de chauffage des ménages, la production d’énergie a nettement reculéau troisième trimestre (-1,5 % après +2,1 %). Enfin, l’activité dans la constructiona continué de se contracter (-0,5 % après -0,6 %), notamment la production denouveaux bâtiments, alors que l’entretien du logement s’est légèrement redressé.

Les échanges mondiaux seraient dynamiques et le cours dupétrole élevé d’ici mi-2014

Le commerce mondial seraitdynamique d’ici mi-2014

Le commerce mondial de biens a fortement accéléré au troisième trimestre 2013(+1,1 % après +0,3 %). Les échanges dans les pays avancés ont nettementralenti, notamment dans la zone euro, mais les échanges asiatiques se sontredressés. D’ici mi-2014, les échanges progresseraient de 1,5 % par trimestre, serapprochant ainsi de leur croissance moyenne d’avant-crise, sous l’effet del’amélioration de la situation économique dans les économies avancées,particulièrement dans la zone euro, tandis que les économies émergentesretrouveraient un dynamisme suspendu au premier semestre 2013.

Malgré un marché physiquepeu tendu, le prix du pétrole

resterait élevé

Au troisième trimestre 2013, le prix du pétrole s’est nettement accru, en raisondes tensions géopolitiques au Moyen-Orient, qui ont culminé fin août. Cestensions se sont en grande partie résorbées et le prix du Brent est revenu à unniveau proche du palier atteint au printemps (110$). Au quatrième trimestre, lemarché physique serait à nouveau peu tendu, car la demande déclinerait dansles pays avancés. Au premier semestre 2014, malgré les difficultés rencontréespar plusieurs pays de l’Opep, l’offre mondiale de pétrole serait dynamique,portée par une production toujours soutenue aux États-Unis et un regain devigueur en Russie, en Asie Centrale et en Amérique Latine. L’augmentationattendue de l’offre de pétrole (+1,3 Mbpj en glissement annuel) devrait donccouvrir l’augmentation prévisible de la demande d’ici juin 2014. En prévision, leprix du baril de pétrole est figé à 110$.

8 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

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Le climat conjoncturel resterait plus favorable dans leséconomies avancées d’ici mi-2014

La reprise se prolongeraitdans les économies avancées

Dans les économies avancées, le climat conjoncturel global, qui s’étaitnettement amélioré cet été, reste favorable en novembre et l’activité resteraitainsi dynamique d’ici mi-2014 (+0,4 % au quatrième trimestre 2013, +0,5 %au premier trimestre 2014 et +0,3 % au deuxième). Aux États-Unis, laconsommation des ménages et l’investissement des entreprises continueraient desoutenir l’activité, même si la hausse des taux d’intérêt provoquerait unralentissement du marché immobilier et que la consommation publique secontracterait au quatrième trimestre sous l’effet du « shutdown ». L’économiejaponaise croîtrait assez nettement fin 2103 et début 2014, mais ralentirait audeuxième trimestre : la hausse de 3 points de la TVA au 1er avril 2014 ferait eneffet baisser la consommation au deuxième trimestre 2014, mais, à l’inverse,inciterait les ménages à anticiper leurs achats aux trimestres précédents. AuRoyaume-Uni, la reprise resterait vigoureuse : l’investissement et laconsommation repartiraient nettement, grâce en particulier à la reprise dumarché immobilier. Dans la zone euro, la moindre consolidation budgétaire,l’amélioration des anticipations, et la nécessité de renouveler les capacitésproductives, après l’ajustement marqué de l’investissement, permettraient unecroissance modérée, malgré un marché du travail toujours dégradé.

La divergence entre économiesémergentes persisterait

Depuis août, selon les enquêtes dans les économies émergentes, l’activitéglobale retrouverait un peu d’élan. Au-delà de ce constat d’ensemble, ladivergence observée au premier semestre 2013 se prolongerait(cf. graphique 1). En Chine, la croissance se maintiendrait : le relâchement descontraintes de crédit soutient, à court terme, la reprise du marché immobilier etporte l’ensemble de l’activité. Les économies situées à l’est de la zone eurobénéficieraient quant à elles de la reprise européenne. À l’inverse, dans les autreséconomies émergentes, selon les enquêtes, le climat conjoncturel s’est fortementdégradé cet été et reste à un niveau bas, en particulier dans le secteurmanufacturier. Parallèlement, les resserrements monétaires couplés auximportantes dépréciations des monnaies des pays à fort déficit courant (Inde,Brésil, Indonésie, Turquie) pèseraient sur les débiteurs largement endettés endollars et l’activité marquerait le pas.

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Vue d'ensemble

1 - Divergences au sein des pays émergentsDernier point : novembre 2013

Sources : Markit, calculs Insee

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La zone euro retrouverait la croissance

Les conditions financièresrestent accommodantes

Les conditions financières restent accommodantes dans les économiesavancées. La hausse des taux longs observée durant l’été 2013, conséquence del’incertitude sur la poursuite de l’assouplissement monétaire américain, s’estinterrompue à partir de septembre, et a même été partiellement effacée. Tandisque les pays perçus comme financièrement les plus solides continuent de profiterd’excellentes conditions de financement de leur dette souveraine, les tauxd’intérêt refluent dans d’autres pays qui avaient connu plus de difficultés depuis ledébut de la crise des dettes souveraines européennes (Irlande et, dans unemoindre mesure, Espagne et Italie).

La BCE continue de soutenirle marché monétaire

Dans la zone euro, la politique monétaire reste expansionniste, avec le souci demaintenir l’accès à la liquidité des banques européennes. Début novembre,réagissant notamment à la faiblesse de l’inflation dans la zone euro (+0,7 % enoctobre), la BCE a décidé une baisse de 0,25 point de son principal tauxdirecteur, à 0,25 %. La BCE s’est également déclarée prête à intervenir si lesconditions de financement interbancaire venaient à se tendre, y compris par lamise en place d’une nouvelle opération de refinancement à très long terme, surle modèle de celles effectuées en décembre 2011 et février 2012.

Les enquêtes de conjoncturesignalent une poursuite de

l’amélioration dansla zone euro

Dans la zone euro, selon les enquêtes, le climat conjoncturel se redresse depuismi-2013. Le climat des affaires dans l’industrie est ainsi dans la zone d’expansiondepuis octobre (cf. graphique 2), pour la première fois depuis 2011. L’activitédans la zone euro retrouverait donc un peu d’élan d’ici mi-2014 (+0,3 % partrimestre), portée notamment par la demande intérieure dans un contexte demoindre consolidation budgétaire. La divergence conjoncturelle au sein de lazone euro se résorberait en partie : l’activité serait dynamique en Allemagne et,dans une moindre mesure, en France, tandis que l’Espagne rejoindraitprogressivement leur rythme de croissance. En revanche, l’activité neprogresserait que faiblement en Italie.

La consommation augmenteraitfaiblement dans la zone euro

Dans la zone euro, la consolidation budgétaire perdrait en intensité, le recul del’emploi s’atténuerait et les salaires nominaux progresseraient de nouveaumodérément d’ici mi-2014, avec des hausses en Allemagne et une stabilité enItalie et en Espagne (où la restauration du quatorzième mois dans la fonctionpublique espagnole ferait cependant fortement augmenter les salaires fin 2013).La baisse du pouvoir d’achat dans la zone euro s’atténuerait donc d’ici mi-2014 et,comme les perspectives en termes d’activité et d’emploi s’amélioreraient, lesménages diminueraient leur épargne de précaution. Au total, la consommationaugmenterait faiblement dans la zone euro.

10 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

2 - Dans la zone euro, les enquêtes de conjoncture se redressent depuis mi-2013Dernier point : octobre pour l’IPI et novembre pour le climat

Source : Commission Européenne

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L’investissement desentreprises accélérerait

dans la zone euro

Les conditions d’octroi de crédit ont cessé de se durcir dans la zone euro depuisdébut 2013, sauf en Italie. En Espagne, elles se sont même assouplies pour lapremière fois depuis 2010. Cette amélioration devrait se poursuivre, et gagnerl’Italie. Par ailleurs, l’accélération progressive de l’activité, telle qu’elle estanticipée par les entrepreneurs dans leurs réponses aux enquêtes deconjoncture, et le besoin de renouveler les capacités de production après unephase marquée d’ajustement, soutiendraient l’accélération de l’investissement.

Progression modérée des exportations françaises

La reprise des économiesavancées soutiendrait les

exportations françaises

Le commerce mondial retrouverait d’ici mi-2014 un rythme de progressionproche de 1,5 % par trimestre. Soutenue par les économies avancées, lademande mondiale adressée à la France serait également dynamique à +1,3 %par trimestre en moyenne (cf. graphique 3). Après une forte augmentation fin2013 (+2,3 %) liée au retour à la normale attendu des exportationsaéronautiques, les exportations françaises ne croîtraient toutefois quemodérément début 2014 (+0,7 % par trimestre), encore pénalisées parl’appréciation passée de l’euro, ainsi que par les pertes de marché tendancielles.

EnFrance, l’activité rebondirait fin2013et ralentirait début2014

Le climat des affaires s’eststabilisé depuis deux mois enFrance et reste en dessous desa moyenne de longue période

Après un rebond marqué dans tous les secteurs, le climat des affaires en Franceest stable en octobre et novembre (à 95), 11 points au-dessus de son niveau demai mais toujours inférieur à sa moyenne de longue période (cf. graphique 4).Cette pause dans les enquêtes de conjoncture se retrouve dans l’industrie (à 98depuis août), le bâtiment (94 en novembre, comme en octobre), le commerce degros (98 en novembre après 97 en septembre) et le commerce de détail oùl’indicateur synthétique s’est même dégradé à nouveau (95 en novembre contre101 en septembre). En revanche, l’amélioration s’est poursuivie dans les services(96 en novembre après 93 en octobre).

L’activité passée jugée mieuxorientée que les perspectives

Plus précisément, dans l’industrie manufacturière, les réponses sur lesperspectives d’activité s’améliorent nettement en octobre et novembre,annonçant un rebond de la production au quatrième trimestre 2013. Cediagnostic est confirmé par la progression en octobre de l’indice de la productionmanufacturière qui affiche un acquis de +0,4 % pour le quatrième trimestre

Décembre 2013 11

Vue d'ensemble

3 - La demande mondiale adressée à la France soutenue par les économies avancées

Source : Insee, Trésor, Centraal Plan Bureau

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12 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

2013. À l’inverse, les chefs d’entreprise indiquent un fléchissement de leursperspectives personnelles de production et leur opinion sur le niveau des carnetsde commandes demeure défavorable.

L’économie françaiserebondirait au quatrième

trimestre 2013 et ralentiraitau premier semestre 2014

La production manufacturière rebondirait donc au quatrième trimestre 2013(+0,8 % après -1,0 %), avant de ralentir au premier semestre 2014 (+0,2 % partrimestre). L’activité dans les services marchands resterait relativementdynamique (+0,5 % puis +0,3 % et +0,4 %), selon les chefs d’entreprises deservices interrogés en novembre. La production énergétique reculeraitlégèrement au quatrième trimestre 2013 (-0,3 %), les dépenses de chauffage desménages ayant diminué en octobre du fait des températures élevées. Ellerebondirait par contrecoup au premier trimestre 2014 (+1,0 %), avant deretrouver une évolution moyenne au deuxième trimestre (+0,7 %), sousl’hypothèse de températures conformes aux normales saisonnières. Enfin,l’activité dans la construction se stabiliserait au quatrième trimestre 2013 (0,0 %).Les mises en chantier ont en effet fortement rebondi en début d’année, etcertaines dépenses d’entretien du logement seraient anticipées en amont de lahausse de TVA au 1er janvier 2014. La tendance des autorisations deconstructions baisse toutefois depuis début 2013 et le nombre de mises enchantier a rechuté au troisième trimestre, ce qui laisse anticiper une baisse de laproduction au premier semestre 2014 (-0,3 % puis -0,5 %). Au total, l’économiefrançaise rebondirait au quatrième trimestre (+0,4 %), avant de ralentir aupremier semestre (+0,2 % par trimestre).

Le PIB afficherait un acquis decroissance de +0,7 % mi-2014

Mi-2014, le PIB afficherait un acquis de croissance de +0,7 %, après unecroissance annuelle de +0,2 % en 2013 et 0,0 % en 2012. L’accélération del’activité attendue en 2014 serait notamment portée par l’industrie manufacturière(acquis de +1,0 % mi-2014 après +0,5 % en 2013 et -2,8 % en 2012).

L’emploi total progresserait et le chômage serait quasi stabled’ici mi-2014

L’emploi marchand sestabiliserait d’ici mi-2014

Du fait de la faiblesse passée de l’activité, l’emploi dans les secteurs marchandsnon agricoles a de nouveau reculé au troisième trimestre (-16 000). Sous l’effetdu retour de la croissance et du crédit d’impôt compétitivité emploi, la baisse del’emploi marchand s’atténuerait progressivement d’ici mi-2014 (-7 000 auquatrième trimestre 2013 puis -4 000 au premier semestre 2014,cf. graphique 5).

4 - Le climat des affaires marque une pause en FranceDernier point : novembre 2013

Source : Insee

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L’emploi total progresseraitd’ici mi-2014

du fait des emplois aidés

Après +80 000 postes en 2013, l’emploi non marchand continuerait deprogresser au premier semestre 2014 (+33 000 emplois), porté essentiellementpar les contrats aidés. En effet, malgré une baisse du nombre des nouveauxcontrats inscrits dans le projet de loi de finances pour 2014, l’augmentation de ladurée moyenne des contrats uniques d’insertion permettrait une nouvelle haussedes bénéficiaires sur le premier semestre 2014 (+40 000, après +116 000 en2013). L’emploi total progresserait ainsi au quatrième trimestre 2013(+52 000), et de nouveau au premier semestre 2014 (+36 000).

Le chômage seraitquasi stable d’ici mi-2014

Le taux de chômage s’est établi à 10,9 % de la population active en moyenne autroisième trimestre 2013 (10,5 % en France métropolitaine), en hausse de 0,1point par rapport au trimestre précédent (revu à la baisse)1. D’ici mi-2014, le tauxde chômage augmenterait de 0,1 point, à 11,0 %. À l’horizon de la prévision, lescréations nettes d’emplois ne seraient en effet pas suffisantes pour absorber lahausse de la population active (+113 000).

L’inflation serait en hausse d’ici mi-2014

L’inflation seraiten hausse d’ici mi-2014

L’inflation d’ensemble augmenterait progressivement d’ici mi-2014 sous l’effetde plusieurs facteurs ponctuels. Le glissement annuel des prix à la consommations’établirait ainsi à +1,1 % en juin 2014, après +0,7 % en novembre 2013. Lahausse des taux de TVA au 1er janvier 2014, nette de l’effet du CICE,contribuerait pour 0,2 point à cette accélération des prix. Le redressement desprix des télécommunications, qui ont baissé de manière exceptionnellement fortedepuis 2012, y contribuerait pour 0,1 point. Par ailleurs, le glissement annuel desprix de l’énergie augmenterait par effet de base et contribuerait pour 0,2 point.

Le pouvoir d’achat en légère augmentation début 2014

Les salaires réels ralentiraientdébut 2014

Le salaire moyen par tête a ralenti au troisième trimestre (+0,4 %), après la forteprogression du trimestre précédent (+0,7 %). En moyenne en 2013, les salairesréels progresseraient nettement (+1,1 %), du fait de la baisse non anticipée del’inflation. D’ici mi-2014, sous l’hypothèse d’une revalorisation du Smic sans« coup de pouce » (+1,1 %), ces gains de salaires réels disparaîtraient avec lahausse de l’inflation.

Décembre 2013 13

Vue d'ensemble

5 - Le recul de l’emploi marchand s’atténuerait

Source : Insee

(1) Le taux de chômage présenté ici est corrigé de l’effet du nouveau questionnaire del’enquête Emploi (cf. n° 203 d’Informations Rapides). On estime que celui-ci devraitconduire à abaisser de 0,3 point le taux de chômage mesuré par l’enquête. En mars 2014,de nouvelles séries seront publiées sur longue période.

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Le pouvoir d’achatprogresserait faiblement

En 2013, malgré le ralentissement des revenus d’activité (+1,5 % après +1,9 %en 2012), le pouvoir d’achat des ménages se sera redressé (+0,5 % après -0,9 %en 2012), principalement grâce à la moindre inflation (+0,6 % après +1,9 % en2012). Par ailleurs, les prélèvements sociaux et fiscaux auront été moinsdynamiques (+4,5 % après +7,4 % en 2012), notamment parce que leralentissement des revenus enregistré en 2012 se traduit dans l’impôt sur lerevenu acquitté en 2013. D’ici mi-2014, le profil d’évolution du pouvoir d’achatserait heurté, principalement du fait du calendrier de perception des impôts. Ilbaisserait ainsi au second semestre 2013, puis se redresserait au premiersemestre 2014. En effet, début 2014, les revenus d’activité progresseraient surun rythme stabilisé, mais les impôts, après les hausses fin 2013 engendrées par larégularisation de l’impôt sur le revenu, se replieraient par contrecoup en toutdébut d’année. Mi-2014, le pouvoir d’achat serait 0,5 % plus élevé qu’un anauparavant.

La consommation des ménages ralentirait au premiersemestre 2014

La consommation seraitdynamique fin 2013...

Au quatrième trimestre 2013, la consommation de produits manufacturésresterait temporairement dynamique, soutenue par plusieurs facteurs ponctuels(déblocage de l’épargne salariale, achats anticipés d’automobiles en amont dudurcissement du malus écologique au 1er janvier 2014). La consommation deservices accélérerait également, si bien que la consommation totaleaugmenterait de 0,3 %.

... mais ralentiraitau premier semestre 2014

Au premier semestre 2014, la consommation des ménages serait davantage enligne avec la tendance du pouvoir d’achat et s’infléchirait à nouveau (+0,1 % partrimestre).

Rechute dans la construction L’investissement des ménages se stabiliserait au quatrième trimestre 2013, aprèssept trimestres de baisse. Puis, au premier semestre 2014, son reculs’accentuerait à nouveau (-0,3 % et -0,6 %), du fait de la rechute des mises enchantier mi-2013. Sur l’ensemble de l’année 2013, l’investissement desménages baisserait nettement (-3,7 %) et son acquis de croissance s’établirait à-1,4 % mi-2014.

L’investissement des entreprises croîtrait faiblementdébut 2014

Contrecoup de l’investissementdes entreprises en services

Sur les trois trimestres de prévision, l’investissement des entreprises horsconstruction progresserait désormais, mais à un rythme modéré. L’activité ne seredresserait que faiblement et le taux de marge des entreprises resterait prochede son point bas. Le CICE représenterait l’équivalent d’une hausse de 1,1 pointdu taux de marge.

Du fait du contrecoup anticipé sur les dépenses en services après la chuteinhabituelle du troisième trimestre (-2,8 %), l’investissement des entreprises seraitplus dynamique au quatrième trimestre 2013. Par ailleurs, les dépenses deconstruction des entreprises reculeraient de nouveau d'ici mi-2014.

Au total, l’investissement des entreprises afficherait un acquis de croissance de+0,7 % fin juin 2014.

14 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

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Principaux aléas : Dynamisme des exportations françaises,comportement d’investissement des entreprises françaises etprix du pétrole

Dynamismedes exportations françaises...

Dans notre scénario, les exportations françaises progresseraient modérémentdébut 2014, à +0,7 % par trimestre. Elles pourraient être plus dynamiques,notamment si le retour de la confiance se confirmait dans la zone euro et setraduisait par un dégel plus fort de la consommation des ménages.

... comportementd’investissement des

entreprises françaises...

Dans notre scénario, l’investissement des entreprises croîtrait modérément enFrance. En particulier, sa résistance relative ces dernières années ne laisse pasattendre un phénomène de rattrapage particulièrement marqué. Le redémarragede l’investissement des entreprises pourrait ainsi être encore plus poussif, comptetenu de la modestie des anticipations de croissance.

... et prix du pétrole Notre scénario est construit sous l’hypothèse d’une stabilité du prix du pétroled’ici mi-2014, autour de 110$. Toute baisse supplémentaire de la production del’Opep, alors que ses capacités additionnelles ont été récemment réduites parl’instabilité politique en Irak et en Libye, pourrait tendre à nouveau le marché. Àl’inverse, plusieurs économies émergentes, grandes consommatrices de produitspétroliers, montrent des signes de fragilité qui, s’ils se confirmaient par une baissede l’activité, pourraient limiter leur demande de pétrole. ■

Décembre 2013 15

Vue d'ensemble

6 - Le graphique des risques associés à la note de conjoncture

Note de lecture : le graphique des risques retrace, autour de la prévision centrale (en trait bleu), 90 % des scénarios probables. La première bande,la plus foncée, décrit les scénarios les plus probables autour du scénario central, l’ensemble de ces scénarios ayant une probabilité totale de 10 %.La deuxième, un peu moins foncée, se décline en deux sous-bandes immédiatement au-dessus et immédiatement en dessous de la bande centrale ;elle contient les scénarios qui suivent en termes de probabilité, de telle sorte que la probabilité totale des deux premières bandes atteigne 20 % ; etainsi de suite, en allant du centre vers l’extérieur et de la bande la plus foncée à la bande la plus claire, jusqu’à atteindre 90 % (cf. la Note deconjoncture de l’Insee de juin 2008, pages 15 à 18). On peut alors estimer que le premier résultat qui sera publié par les comptes trimestriels pourle quatrième trimestre 2013 a 50 % de chances d’être compris entre +0,2 % (bas de la cinquième bande en partant du bas) et +0,6 % (limitesupérieure de la cinquième bande en partant du haut) et 90 % de chances d’être compris entre -0,1 % et +0,9 %. Au premier trimestre 2014,l’intervalle de confiance à 90 % est [-0,3 % ; +0,8 %].

Source : Insee

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16 Note de conjoncture

Vue d’ensemble

Chiffres-clés : la France et son environnement internationaldonnées cjo-cvs (à l’exception des prix), moyennes trimestrielles ou annuelles, en %

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Environnement internationalPIB des économies avancées 0,6 0,0 0,2 0,0 0,3 0,6 0,5 0,4 0,5 0,3 1,4 1,2 1,5

PIB de la zone euro -0,1 -0,3 -0,1 -0,5 -0,2 0,3 0,1 0,3 0,3 0,3 -0,6 -0,4 0,9

Baril de Brent (en dollars) 118 110 109 110 113 103 110 109 110 110 112 109 110

Taux de change euro-dollar 1,31 1,28 1,25 1,30 1,32 1,31 1,32 1,36 1,35 1,35 1,29 1,33 1,35

Demande mondialeadressée à la France 0,4 0,3 0,6 -0,6 -0,5 1,6 1,1 1,3 1,3 1,4 0,9 1,5 4,3

Franceéquilibre ressources-emploisPIB 0,0 -0,3 0,2 -0,2 -0,1 0,5 -0,1 0,4 0,2 0,2 0,0 0,2 0,7

Importations 0,8 0,2 -0,1 -1,1 0,1 1,6 1,0 1,1 0,7 0,7 -0,9 1,2 2,9

Dépenses de consommationdes ménages 0,2 -0,5 0,1 0,1 -0,1 0,4 0,2 0,3 0,1 0,1 -0,4 0,4 0,6

Dépenses de consommationdes APU et des ISBLSM 0,5 0,3 0,3 0,3 0,3 0,8 0,1 0,3 0,3 0,3 1,4 1,5 1,0

FBCF totale -1,3 -0,4 -0,7 -0,6 -0,8 -0,4 -0,6 0,4 0,0 -0,1 -1,2 -2,2 -0,1

dont : ENF -1,7 -0,6 -0,9 -0,5 -0,8 0,1 -0,6 0,7 0,2 0,2 -1,9 -1,8 0,7

Ménages -0,7 -0,1 -0,4 -1,0 -1,3 -1,7 -0,6 0,0 -0,3 -0,6 -0,4 -3,7 -1,4

Exportations 0,4 0,3 0,2 -0,6 -0,4 1,9 -1,5 2,3 0,7 0,7 2,5 0,6 2,7

Contributions (en point)Demande intérieure hors stocks* 0,0 -0,3 0,0 0,0 -0,1 0,4 0,0 0,3 0,2 0,2 -0,1 0,2 0,6

Variations de stocks* 0,1 -0,1 0,1 -0,4 0,2 0,1 0,5 -0,2 0,0 0,0 -0,8 0,2 0,2

Commerce extérieur -0,1 0,0 0,1 0,2 -0,1 0,0 -0,7 0,3 0,0 0,0 1,0 -0,2 -0,1

France - situation desménagesEmploi total 45 -21 -60 -22 -26 -16 5 52 26 10 -58 15 -

Salariés du secteur marchand nonagricole 3 -15 -48 -52 -27 -38 -16 -7 -3 -1 -112 -87 -

Taux de chômage BITFrance métropolitaine** 9,5 9,8 9,9 10,1 10,4 10,4 10,5 10,5 10,5 10,6 10,1 10,5 -

Taux de chômage BITFrance (y compris DOM)** 9,9 10,2 10,3 10,5 10,8 10,8 10,9 10,9 10,9 11,0 10,5 10,9 -

Indice des prixà la consommation*** 2,3 2,0 2,0 1,5 1,1 0,8 0,9 0,7 0,9 1,1 2,0 0,9 -

Inflation « sous-jacente »*** 1,6 1,4 1,4 0,8 0,7 0,4 0,6 0,8 0,6 0,8 1,3 0,6 -

Pouvoir d’achat des ménages -0,4 0,2 -0,3 -0,9 0,9 0,5 -0,1 -0,1 0,6 0,1 -0,9 0,5 0,6

Prévision

* Les variations de stocks sont y compris acquisitions nettes d’objets de valeur.** Pour les données annuelles, le taux de chômage correspond au taux de chômage du dernier trimestre de l’année*** Glissement annuel sur le dernier mois du trimestre et moyennes annuelles.

Note de lecture : Les volumes sont calculés aux prix de l’année précédente chaînés, données cvs-cjo, moyennes trimestrielles ou annuelles, en %.

Source : Insee

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Dossiers

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En France, l’investissement desentreprises repartira-t-il en 2014 ?

Décembre 2013 19

Pour 2014, le rythme de la reprise économique qui semble s’annoncer,

dans la zone euro en général, et en France en particulier, dépendranotamment de l’évolution de l’investissement des entreprises. En France, il atoutefois diminué en 2013 pour la deuxième année consécutive (-1,8 %,après -1,9 % en 2012). Certains analystes craignent que l’investissement netarde à repartir en France pour plusieurs raisons : le « site France » ne seraitplus compétitif, les entreprises n’auraient pas les moyens d’investir du fait dela baisse depuis 2008 de leur taux de marge et du resserrement du créditbancaire et enfin les entreprises seraient en mesure de satisfaire la demandenouvelle avec les capacités déjà installées, aujourd’hui peu sollicitées.

L’objet de ce dossier est d’évaluer la pertinence de ces différents arguments,au vu notamment de la performance de l’investissement des entreprisesfrançaises depuis le début des années 2000. Les éléments présentéspermettent de tirer les conclusions suivantes :

- en France, par-delà les fluctuations cycliques, le taux d’investissement desentreprises croît légèrement depuis la fin des années quatre-vingt-dix. Ainsi, ilse situe aujourd’hui au-dessus de sa moyenne, alors qu’il s’agitvraisemblablement du point bas de ce cycle. Cette tendance à la hausse, quiest encore plus marquée en volume compte tenu de la baisse tendancielle duprix relatif de l’investissement, peut être rapprochée de la forte baisse du coûtde financement des entreprises depuis le début des années quatre-vingt-dix ;

- en particulier, depuis 2008, l’investissement des entreprises semble en ligneavec les seules évolutions de la demande, comme si les facteurs défavorables(baisse du taux de marge, resserrement des conditions de crédit, incertitudesur les perspectives d’activité à moyen terme) avaient été compensés par desfacteurs favorables tels que la faiblesse des coûts de financement desentreprises et, à un moindre degré, les mesures de soutien à l’investissementprises depuis 2008 (suppression de la taxe professionnelle, extension ducrédit d’impôt recherche, soutien de la trésorerie des entreprises au pic de lacrise, médiation du crédit) ;

- d’ailleurs, l’investissement des entreprises en France a connu depuis ledébut des années 2000 une évolution favorable comparée à celle des autreséconomies européennes. En Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, enEspagne, le taux d’investissement (rapporté à la valeur ajoutée) estaujourd’hui entre 2 et 7,5 points inférieur à son niveau de 2000, alors qu’il estau même niveau en France ;

Jean-François EudelineYaëlle GorinGabriel SklénardAdrien Zakhartchouk

Département de laconjoncture

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20 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

- si l’on restreint le champ à l’investissement hors construction, la situation dela France reste favorable. De 2000 à 2007, les évolutions sont comparablesentre les grandes économies européennes, excepté au Royaume-Uni, où labaisse du taux d’investissement est marquée. Mais depuis 2007, l’ajustementa été moins prononcé en France, la baisse dans les autres économies étant dedeux à quatre fois plus forte ;

- comment expliquer cette meilleure performance française depuis le débutde la Grande Récession ? Par rapport à l’Italie et l’Espagne, elle s’expliquenaturellement par le fait que la crise y a été de moindre ampleur, en particulierdepuis 2011 : en effet, l’investissement sur-réagit à court terme aux évolutionsde l’activité, c’est l’effet « accélérateur ». Elle est plus surprenante par rapportà l’Allemagne, qui a connu une conjoncture plus favorable, dont lacompétitivité extérieure, tant en niveau qu’en évolution, semble meilleure, etdont les entreprises ont une situation financière préférable. L’évolutiondivergente, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, des coûts du travailentre la France et l’Allemagne pourrait avoir induit des comportements desubstitution capital/travail en faveur du capital en France ;

- pour 2014, le scénario le plus probable semble être que l’investissement desentreprises françaises repartira mais à un rythme voisin de celui du PIB. D’unepart, les dernières données disponibles, ainsi que l’analyse des reprisesprécédentes, accréditent une reprise de l’investissement dans le sillage del’activité. D’autre part, la résistance relative de l’investissement horsconstruction ces dernières années ne laisse pas attendre un phénomène derattrapage particulièrement marqué, et l’investissement en construction nedonne toujours pas de signe de reprise durable.

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En France, l’investissement des entreprises a plutôt bien résistédepuis 2008

Pas de rupture à la baisse dans le taux d’investissement desentreprises par rapport à sa moyenne d’avant-crise

Le taux d’investissement estsur une tendance croissante

depuis la fin des annéesquatre-vingt-dix

Le taux d’investissement des entreprises (c’est-à-dire l’investissement rapporté àla valeur ajoutée1) a une dynamique cyclique : il augmente en phased’expansion, et diminue lors des ralentissements économiques. Mais, depuis1997, cette dynamique cyclique s’accompagne d’une tendance légèrementcroissante : le taux d’investissement en creux de cycle augmente de 15,4 % en1997 à 16,3 % en 2004 puis à 16,9 % en 2009. Ainsi, au troisième trimestre2013, alors que la France est vraisemblablement proche du point bas du cycle, letaux d’investissement des entreprises non financières (ENF), calculé comme leratio de la formation brute de capital fixe (FBCF) des ENF en valeur sur la valeurajoutée des ENF en valeur atteint 17,6 %, un niveau supérieur à sa moyenned’avant-crise2 (cf. graphique 1).

Si l’on s’intéresse aux pics, en 2007, le taux d’investissement était 1,5 pointsupérieur à son niveau de 2000, alors même que la croissance économique étaitnettement moins dynamique en 2007 qu’à la fin des années quatre-vingt-dix. Sile pic de 2011 est plus faible que celui de 2007, il reste supérieur de l’ordre de0,5 point au pic de 2000.

Compte tenu de la baisse tendancielle du prix relatif de l’investissement, cedynamisme relatif de l’investissement par rapport à la valeur ajoutée depuis la findes années quatre-vingt-dix est encore plus marqué si l’on regarde les variablesen volume, déflatées des prix : l’investissement a crû de 52 % depuis 1997,contre 37 % pour la valeur ajoutée. Mais l’analyse par produits est modifiée.

En valeur, cette tendance apparente peut être attribuée à l’augmentation des tauxd’investissement en construction et en services (respectivement +1,5 point et+1,0 point depuis 1997). À l’inverse, le taux d’investissement en biensmanufacturés, très cyclique, est aujourd’hui légèrement plus faible qu’en 1997(cf. graphique 2). En volume, a contrario, l’investissement en construction a crûmoins rapidement que la valeur ajoutée sur la période, et l’investissement enbiens manufacturés a progressé plus rapidement que la valeur ajoutée de 1997à aujourd’hui. En services, l’investissement croît tendanciellement plusrapidement que la valeur ajoutée, en volume comme en valeur.

Ce dynamisme del’investissement depuis 2000

s’observe particulièrementdans les services

La hausse tendancielle du taux d’investissement des ENF observée depuis ledébut des années 2000 peut également s’analyser au travers des branchesd’activité (cf. graphique 3) : elle a été ainsi portée par le dynamisme des tauxd’investissement en valeur dans les entreprises des branches manufacturière etdes services marchands (respectivement +0,6 point et +1,6 point entre 2000 et2008), tandis que dans la branche construction, le taux d’investissement envaleur y est remarquablement stable sur cette même période, fluctuant autour de8 % (un niveau nettement plus faible que dans les deux autres branches). Pourautant, cette analyse en valeur mérite d’être nuancée, eu égard aux évolutionsconstatées des prix de la FBCF et de la valeur ajoutée dans chacune de cesbranches. Ainsi, compte tenu de la hausse du prix relatif de l’investissement parrapport à la valeur ajoutée dans la branche construction depuis la fin des annéesquatre-vingt-dix, le taux d’investissement en volume, au lieu d’être stable, s’avèreen fait dynamique depuis 2000. En outre, les prix relatifs dans les branchesmanufacturière et des services connaissent des mouvements contraires sur cette

Décembre 2013 21

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

(1) Dans ce dossier le taux d’investissement est, par défaut, défini avec des variables en va-leur.

(2)1980-2007

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22 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

2 - Taux d’investissement des ENF par type de produits

Source : Insee

1 - Évolution du taux d’investissement des ENF

Source : Insee

3 - Taux d’investissement par branche

Source : Insee

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période. Le diagnostic sur ces deux branches s’en trouve alors légèrementmodifié : tandis que dans la branche des services marchands l’investissement envolume a très nettement accéléré par rapport à la valeur ajoutée depuis 2000,dans la branche manufacturière il apparaît, jusqu’en 2007, cyclique autourd’un niveau au mieux stable. En 2012, il se situe toutefois à un niveau plus élevéqu’en 2007(cf. Eudeline, Sklénard, Zakhartchouk, 2012).

La part du renouvellementdans l’investissement est

également sur une tendancecroissante

Il n’y a pas de source statistique permettant de mesurer directement la part del’investissement dédiée au renouvellement du capital. Mais, plusieurs indiceslaissent penser que celle-ci est sur une tendance croissante.

Tout d’abord, d’après l’enquête sur les investissements dans l’industrie, danslaquelle l’Insee interroge chaque trimestre plusieurs milliers d’entreprises de labranche manufacturière de plus de vingt salariés, le renouvellement est devenula première motivation pour investir, devant l’introduction de nouveaux produitsalors que c’était l’inverse en 2000 (cf. graphique 4).

L’analyse des réponses des entreprises permet de distinguer trois tendances. Toutd’abord, la part du renouvellement dans les investissements des entreprisesindustrielles croît régulièrement depuis 2000. Elle a progressé de 12 points, et estdésormais la première motivation pour investir. Ensuite, l’investissement lié àl’introduction de nouveaux produits a diminué régulièrement de 2000 à 2008(-6 points) et semble stabilisé depuis.

Les investissements de modernisation évoluent de manière cyclique : deux creuxont été atteints en 2004 et 2010. Plus particulièrement, les investissementsd’automatisation des procédés de fabrication existants baissent légèrement auprofit des investissements pour des économies d’énergie. Ces tendances sontassez homogènes suivant la taille des entreprises, et selon leur branche d’activité.

En théorie, cette augmentation de la part du renouvellement dansl’investissement, si elle est imputable à un vieillissement accéléré du capitalproductif des entreprises, à structure inchangée, peut conduire à un surcroîtd’investissement temporaire, et pourrait contribuer à expliquer la tendancelégèrement croissante du taux d’investissement depuis la fin des annéesquatre-vingt-dix. Toutefois, les données manquent pour valider empiriquementcette explication : en comptabilité nationale, l’âge moyen des actifs horsconstruction (approximé par la différence entre l’amortissement et ledéclassement) ne présente pas de tendance depuis la fin des annéesquatre-vingt-dix.

Décembre 2013 23

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

4 - Motivations de l’investissement d’après les entreprises interrogées dansl’enquête investissement de l’Insee

Source : Insee

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De plus en plus d’actifs àdurée de vie courte

En revanche, cette part croissante du renouvellement dans l’investissement peutêtre rapprochée de la déformation depuis vingt ans de la structure du capital desENF en faveur des actifs à durée de vie courte (cf. graphique 5). En effet,l’augmentation tendancielle du taux d’investissement dans les services provient dela progression spectaculaire de l’investissement en informatique (+ 160 %) et enlogiciels (+140 %), dont la durée d’amortissement est estimée à cinq années.À l’inverse, l’investissement en construction, dont la durée d’amortissement estestimée entre vingt-cinq et trente ans, a crû modérément, comme la valeur ajoutée(+33 %).

Est-ce que la diminution de la durée de vie moyenne des actifs peut expliquer latendance légèrement croissante du taux d’investissement ?

La réponse est plutôt négative. Certes, à stock de capital donné, une durée de vieplus faible implique un investissement de renouvellement plus élevé. Mais àl'inverse, la diminution de la durée de vie des actifs conduit à un renchérissementdu capital, et donc à modifier la fonction de production en défaveur du capital et,in fine, diminuer la part de l'investissement dans la valeur ajoutée. D'ailleurs, ladéformation de la structure du capital des ENF en faveur des actifs à durée de viecourte est également observée chez nos principaux partenaires (voire mêmeencore davantage au Royaume-Uni, qui est plus proche des États-Unis en termesd’investissement en nouvelles technologies) alors que la dynamique du tauxd’investissement y a été moins favorable, comme on le verra par la suite.

L’évolution de l’investissement des entreprises depuis 2007 estplus favorable en France que dans les autres grandes économieseuropéennes

C’est en France que l’évolutionrécente de l’investissement

est la plus favorable

Le taux d’investissement des sociétés non financières3 dans chacune des cinqgrandes économies européennes est gouverné en premier lieu par le cycleéconomique (cf. graphique 6) : baisse au début des années 2000, puis

24 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

5 - FBCF par type d’actif

Source : Insee

(3) Les données européennes ne sont disponibles que pour les sociétés non financières,champ très proche de celui des entreprises non financières.

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progression jusqu’en 2007, chute en 2008-2009, fugace remontée en 2010, etnouvelle baisse jusqu’à aujourd’hui. On peut toutefois distinguer descomportements idiosyncratiques : le taux d’investissement est quasi stable enItalie de 2000 à 2007 ; la baisse du début des années 2000 est particulièrementmarquée en Allemagne, tout comme la remontée de 2004 à 2008 en Espagne ;sa chute depuis 2008 est spectaculaire en Espagne, et dans une moindre mesureen Italie et au Royaume-Uni.

Au total, de 2000 à aujourd’hui, la baisse du taux d’investissement est compriseentre 2 et 7,5 points en Allemagne, Italie, Royaume-Uni et Espagne ; elle est de3 points dans la zone euro et nulle en F rance.

La situation de la Francedepuis 2007 reste favorable

si l’on se restreintaux investissements hors

construction

Le taux d’investissement étudié précédemment présente l’inconvénient d’inclurel’investissement en construction qui est souvent jugé moins productif que lesautres actifs et donc moins pertinent dans les analyses sur l’investissement. Danscette partie, nous considérons donc l’investissement hors construction.

Décembre 2013 25

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

6 - Taux d’investissement des sociétés non financières

Note de lecture : l’investissement des sociétés non financières n’est disponible que sur données annuelles et en valeur.Source : Eurostat

7 - Taux d’investissement hors construction

Note de lecture : les données européennes ne permettent pas d’isoler l’investissement hors construction des seules sociétés non financières.Source : Eurostat

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Le diagnostic reste globalement inchangé lorsque l’on s’intéresse au tauxd’investissement hors construction (cf. graphique 7). Au total, la baisse du tauxd’investissement depuis 2000 est de l’ordre de 1 point en France, contre plus de2 points en Allemagne et en Espagne, plus de 3 points en Italie, et d’environ4 points au R oyaume-Uni.

Le diagnostic est globalement identique si l’on considère les variables en volume.Seule différence notable en Allemagne, la dynamique de l’investissement est plusforte avant-crise (particulièrement l’actif « autres machines et équipements »), sibien que de 2000 à aujourd’hui, les évolutions sont davantage concordantesentre la France et l’Allemagne.

La modélisation économétrique confirme la résistance del’investissement des entreprises françaises ces dernières années.

D’après les conclusions de la première partie, l’investissement des entreprises,rapporté à leur valeur ajoutée, semble sur une dynamique plutôt favorabledepuis quinze ans, comparé à nos principaux partenaires européens.

Pour établir la robustesse de ce diagnostic, les résultats des estimationséconométriques de l’investissement, qui modélisent sa dynamique sur le passé àpartir de ses principaux déterminants sont présentés dans cette partie.L’investissement observé sur la période récente est ensuite comparé auxsimulations du modèle, et ce afin d’estimer s’il s’agit d’un « surinvestissement »,ou « sous-investissement » des entreprises. Le même exercice est ensuite fait à titrede comparaison avec la zone euro.

Plusieurs déterminantsthéoriques de l’investissement :

la rentabilité desinvestissements

Lorsque les entreprises ne sont contraintes ni si leurs débouchés, ni sur leurfinancement, le coût d’usage du capital constitue le déterminant ultime de leurratio de capital, c’est-à-dire le rapport entre leur stock de capital et leur valeurajoutée : lorsque le rendement de l’investissement supplémentaire excède le coûtdu capital, alors il est rentable pour l’entreprise d’investir une unité supplémentairede capital.

Une autre manière d’évaluer la rentabilité de l’investissement est d’utiliser leQ de Tobin, introduit par James Tobin. Le Q de Tobin est le rapport entre la valeurboursière des entreprises et la valeur de leur capital : si le Q de Tobin est supérieurà 1, alors les bénéfices qu’apporte l’investissement sont supérieurs à son coût, etil devient opportun d’investir. Cet indicateur reste toutefois très imparfait : ilsuppose que la valorisation boursière mesure bien la rentabilité intrinsèque desentreprises, ce qui n’est pas toujours le cas, notamment en présence de « bulle »sur le prix des actions, et il suppose également que la rentabilité del’investissement supplémentaire est bien mesurée par celle des investissementspassés. Pour ces raisons, sa corrélation avec le niveau d’investissement est engénéral empiriquement faible.

... les débouchés... À court terme, lorsque les entreprises sont contraintes par leurs débouchés, ledéterminant principal de l’investissement est la demande : plus cette dernière estforte et plus les entreprises doivent investir pour adapter leur capacité deproduction. Or, comme le capital représente un multiple important del’investissement, si les entreprises veulent augmenter de 1 % leur niveau decapital, elles doivent accroître leur investissement de nettement plus que 1 %. Ceteffet est appelé l’effet accélérateur et implique qu’une faible variation de lademande entraîne une variation plus importante de l’investissement.

26 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

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... les contraintes definancement...

L’investissement des entreprises peut dépendre également des contraintesd’accès au financement. Si ses ressources propres ne sont pas suffisantes, uneentreprise empruntera pour investir. Parce qu’elles courent un risque significatifde ne pas être remboursées, mais également parce qu’elles n’ont pas toutel’information pour évaluer le risque de ne pas être remboursées, les banquespourront refuser de prêter ou prêteront à des taux très élevés aux entreprises déjàfortement endettées, ou dont le niveau de profit est très faible. Différentescaractéristiques renseignant sur la santé financière des entreprises influent surleur accès au financement, aucune n’étant pleinement satisfaisante : niveaud’endettement, niveau d’autofinancement, niveau des profits, niveau du taux demarge.

Dans l’équation estimée, c’est le taux de marge des entreprises (rapport entre leurexcédent brut d’exploitation et leur valeur ajoutée) qui est utilisé. Il présentel’avantage d’être un «proxy » à la fois pour les contraintes de financement, et pourla rentabilité moyenne des investissements4. Certes le choix d’investir dépend de larentabilité marginale, et non de la rentabilité moyenne du capital installé. En outre,un faible taux de marge peut également dans certains cas, inciter les entreprises àfaire un effort accru d’investissement. Par exemple, elles peuvent développerl’automatisation de leur production, afin de diminuer la rémunération du travail.Mais empiriquement, il ressort qu’une baisse du taux de marge pénalisel’investissement en France, sur la période d’estimation.

... l’incertitude L’investissement dépend donc de nombreuses contraintes qui concernent à la foisle secteur financier, la demande et la santé des entreprises. L’incertitude qui existequant à l’évolution de ces facteurs fait aussi partie des déterminants potentiels del’investissement. En effet, une fois la décision d’investir prise, il est souventcoûteux pour une entreprise de revenir en arrière si les conditions économiqueschangent et rendent l’investissement non rentable. Ainsi, il peut y avoirsous-investissement si la demande est très volatile ou incertaine par exemple. Cedernier déterminant de l’investissement est très difficilement mesurable, c’estpourquoi il n’a pas été testé ici.

L’investissement en France estaujourd’hui légèrement

supérieur à ce que prévoientses déterminants...

La modélisation macroéconomique de l’investissement s’appuie sur uneéquation à correction d’erreur qui rend compte de la dynamique d’ajustement àcourt-terme vers une cible de long terme (cf. encadré 1). L’idée est que lesdéterminants de l’investissement mentionnés précédemment peuvent avoir uneffet différent à court terme (au bout de un ou plusieurs trimestres) et à long terme(plusieurs années). Par exemple, l’effet accélérateur implique une élasticité del’investissement à la demande très supérieure à un à court terme, alors qu’elle estunitaire à long terme.

En se concentrant sur le champ des produits « hors construction », la résistance del’investissement identifiée dans la première partie est confirmée : le niveaud’investissement paraît aujourd’hui globalement en ligne avec ses déterminants, etun surcroît d’investissement significatif a même été observé de 2010 à 2012, il n’estpas complètement résorbé5 (cf. graphique 8). Ce résultat peut sembler surprenantcar, dans notre modélisation, manquent des variables clefs qui devraient avoiraffecté l’investissement ces dernières années, telles que le resserrement desconditions de crédit bancaire et l’incertitude extrême sur les perspectiveséconomiques, voire même sur la pérennité de la zone euro dans sa forme actuelle.

Décembre 2013 27

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

(4) En outre, c’est une variable moins fragile que les variables de bas de bilan.

(5) Rappelons toutefois que les données 2011 (respectivement 2012) ne serontdéfinitives qu’en mai 2014 (mai 2015), avec la publication du compte définitif.

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Par ailleurs, l’analyse du taux d’investissement des entreprises menée enpremière partie révélait une tendance apparente à la hausse depuis les annéesquatre-vingt-dix, qui peut sembler contradictoire avec le résultat selon lequell’investissement est aujourd’hui conforme à ses déterminants. La réponse esten fait à trouver dans les déterminants de long terme de l’investissement. Sil’on réécrit la relation de long terme de l’équation (cf. fin encadré 1), alorsl’investissement n’est en fait pas censé évoluer comme la seule valeur ajoutée.Il dépend aussi négativement du coût réel du capital et positivement du tauxde marge des entreprises. Enfin, il dépend positivement ou négativement,selon que l’on considère l’investissement en valeur ou en volume, du prixrelatif de l’investissement par rapport à la valeur ajoutée. L’évolution de lacible de long terme du taux d’investissement, en valeur et en volume, estreprésentée ci-après (cf. graphique 9).

La baisse du coût definancement des entreprises

a stimulé l’investissement

Du début des années quatre-vingt-dix jusqu’au milieu des années 2000, le coûtde financement des entreprises a fortement baissé, de même que le prix relatifde l’investissement, tandis que le taux de marge était globalement stable. Parconséquent, la cible de long terme de l’investissement en volume a une

28 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

8 - Investissement en produits hors construction

Sources : Insee, Banque de France

9 - Cible de long-terme de l’investissement hors construction

Source : Insee

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Décembre 2013 29

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

Encadré 1 - Estimation de l’équation de l’investissement hors construction

Nous choisissons de modéliser l’investissement des entrepriseshors produits de construction, choix effectué dans d’autres études1,car le cycle de l’investissement en construction (30 % del’investissement total) est atypique par rapport au cyclemacroéconomique global. Le comportement de l’investissementen construction se distingue des autres composantes del’investissement, en particulier dans les années quatre-vingt-dix(cf. graphique 2). Ainsi, il perturbe l’estimation du comportementd’investissement des entreprises, si bien que la prévision del’investissement est meilleure quand elle distingue d’une partl’investissement hors construction, et d’autre part l’investissementen construction.

L’équilibre de long terme de l’investissement résulte d’uncomportement de maximisation du profit des producteurs. On seplace dans le cadre néo-classique avec deux facteurs deproduction (capital et travail), et une fonction de production detype CES (élasticité de substitution entre les facteurs constante).Le programme de maximisation du profit intertemporel s’écrit :

( )Max

p Y L p IK I

t

y

t t t tl

t

i

I

tt

t t.

− −

+

⎢⎢⎢⎢

⎥⎥⎥

=

=

+∞

∏∑ ω

β10

0

( )

( )[ ]( )

= − +

= + −

+

sous contra es

K K I

Y aK a L

t t t t

t tr

tr r

int :

1 1

1

δ

1

où :

- It et Yt sont l’investissement et la production en volume,

- pX est le prix de la grandeur X,

- ω t tL est le coût de la masse salariale, Kt le capital,

- δ t est le taux d’amortissement du capital et β est le tauxd’actualisation,

- r = −1 1σ

où σ est l’élasticité de substitution capital travail.

En posant ( )C p ptK

tl t

t

tI= − −

++⎛

⎝⎜

⎞⎠⎟−

1 11

11

1

δβ

� , le coût d’usage du

capital, la résolution du programme permet d’aboutir àl’équation :

InK InY InC

pt t

tK

t

y= − ⎛

⎝⎜

⎞⎠⎟σ

ou ( )InI InY InC

pf Kt t

tK

t

y t t= − ⎛⎝⎜

⎞⎠⎟ +σ δ , �

On vérifie que le dernier terme de l’expression précédente eststationnaire, il n’influe donc pas sur l’investissement à long terme.On suppose en outre que les contraintes de financement, qu’onapproxime par le taux de marge, influent sur le comportementd’investissement y compris à long terme2. À court terme3, lesvariations de l’investissement réagissent à celles de la valeurajoutée, c’est l’effet accélérateur, et à l’écart à sa cible de longterme (force de rappel).

Formellement, cette modélisation est estimée grâce à un modèleà correction d’erreur (MCE) estimé en deux étapes en estimantpar DOLS l’équation de long terme (Stock et Watson 1993), cequi permet d’obtenir une estimation moins biaisée à distancefinie. Comme l’investissement est une composante de lademande, il existe une relation comptable entre l’investissementet la valeur ajoutée. Une estimation par variables instrumentalespermet de corriger le biais d’endogénéité. Les instruments utiliséssont la consommation des ménages et les exportations enproduits des branches marchandes non agricoles (SMNA).

L’équation, estimée sur la période 1989T4-2010T4, s’écrit 4:

( ) ( )

( )

Δ ΔInI InY

InI InY

t t

t t

=− +

− −− −

0 3 21

0 07

0 15 0 36

0 031 1

, , .

,

, ,

, ( ) ( )+ ⎛

⎝⎜

⎞⎠⎟ −

⎜⎜⎜

⎟⎟−

−−0 6 3 61

1

1, . , . _ arg* *

InC

pTx m et

k

t

y t

( )

+ +−0 30 08

1, .,

ΔInYt tε

où :

- It est l’investissement hors construction des ENF en volume,

- Yt est la valeur ajoutée des branches SMNA en volume,

- CtK est le coût d’usage du capital : ( )C p pt

Ktl

t t tl≈ + −δ β � ,

- ptl est le déflateur de la FBCF hors construction, �pt

I songlissement annuel et δt le taux d’amortissement des ENF5.

- ptY le déflateur de la valeur ajoutée,

- Tx m e_ arg t est le taux de marge des ENF;

Les variables entrant dans l’équation de long terme étant toutesintégrées d’ordre 1, nous avons vérifié l’existence d’une uniquerelation de cointégration entre elles. Le test de Johansen validecette hypothèse. En outre, le test de Shin valide notre relation delong terme au seuil de 5 %.

On notera que la relation de long terme de l’équation peut seréécrire ainsi, selon que l’on s’intéresse à l’investissement envaleur ou en volume :

( ) ( )In p I In p Y Inp

p

In

tl

t tY

ttl

tY

. . , , .

, .

= − + ⎛⎝⎜

⎞⎠⎟

4 81 0 41

0 59 C

pTx m et

K

tl t

⎛⎝⎜

⎞⎠⎟ + 3 65, . _ arg

( ) ( )In I In Y Inp

pIn

C

pt t

tl

tY

tK

tl

= − − ⎛⎝⎜

⎞⎠⎟ − ⎛

⎝4 81 0 59 0 59, , . , . ⎜

⎞⎠⎟

+3 65, . _ argTx m et

(1) cf. par exemple Bardaji et alii (2006)(2) Puisque le taux de marge est non stationnaire, son niveau ne peut pas,empiriquement, affecter l’investissement uniquement à court terme.(3) Le coût du capital et le taux de marge ne sont pas significatifs à courtterme dans nos estimations.(4) Les écarts-types sont entre parenthèses.(5) L’amortissement des ENF n’étant pas disponible, on agrège l’amortissementdes branches marchandes hors services immobiliers et financiers.

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tendance croissante sur la période, tandis que cette tendance est à peineperceptible en valeur, du fait de la baisse du prix relatif de l’investissement. Lacible de long terme s’est stabilisée depuis le milieu des années 2000, en valeurcomme en volume, car la poursuite de la baisse des taux d’intérêt a compensé lachute du taux de marge, tandis que le prix relatif de l’investissement se stabilisait.Aujourd’hui, la cible de long terme de l’investissement en volume reste 1,5 pointsupérieure à celle du milieu des années quatre-vingt-dix, ce qui explique que letaux d’investissement soit plus élevé qu’au début des années 2000. Ainsi, latendance apparente à la hausse du taux d’investissement s’interprète simplementcomme la convergence vers un nouveau régime d’intensité capitalistique plusélevée, induite par la baisse du coût de financement des entreprises.

Tout se passe comme si,depuis 2007, l’investissement

avait réagi aux seulesévolutions de la demande

La dégradation du taux de marge des entreprises depuis 2007 aurait étécompensée par la poursuite de la baisse du coût de financement. Ce résultat esta priori surprenant. La forte baisse ces dernières années du taux de marge enFrance, qui s’est accompagnée d’une baisse du taux d’épargne équivalente, estrévélatrice d’une dégradation de la situation financière des entreprises et de leurrentabilité. Celle-ci devrait se répercuter sur le volume d’investissement.

Ce résultat, pour surprenant qu’il soit, est en tous cas cohérent avec les réponsesdes entreprises à l’enquête sur les investissements dans l’industrie, déjàmentionnée dans la première partie. Chaque année en octobre, elles sontinterrogées sur les facteurs influençant leur décision d’investir : pour l’année encours, elles doivent les qualifier de stimulant ou limitant. Le solde relatif à lademande intérieure est en 2013 de l’ordre de 23 points inférieurs à son niveaude 2004 (l’écart étant deux fois plus faible pour la demande étrangère). Mais lessoldes des réponses concernant l’autofinancement, les conditions globales definancement et les perspectives de profit ne paraissent pas, au premier ordre, pluslimitants aujourd’hui qu’avant la crise (cf. graphique 10).

Ce résultat s’explique peut-être, sans qu’il soit possible de quantifier leurcontribution, par les nombreuses mesures de politiques publiques destinées àsoutenir, directement ou indirectement, l’investissement des entreprises.

30 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

10 - Facteurs influençant l’investissement

(6) La taxe professionnelle avait déjà été allégée en 2006, avec la refonte du dégrèvement pourinvestissements nouveaux et du plafonnement en fonction de la valeur ajoutée.

Note de lecture : Le point 2014 correspond aux prévisions des industriels interrogés en octobre 2013.Source : Enquête de conjoncture Insee

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D’abord, la taxe professionnelle, qui pesait uniquement sur la capital, a étésupprimée en 2010, et remplacée par un impôt sur la valeur ajoutée, qui affectedonc autant le capital que l’emploi6. En outre, le crédit d’impôt recherche a étéconsidérablement étendu en 2008 (suppression du plafond, hausse des taux decrédit, suppression de la part calculée sur l’accroissement des dépenses), soncoût progressant en quelques années de 5 milliards d’euros7. Par ailleurs, lesinvestissements d’avenir ont été lancés en 2010, et les montants contractualisésatteignaient 19 milliards d’euros au premier trimestre 20138.

Le resserrement du créditsemble avoir eu un rôle

secondaire en France

Enfin, au plus fort de la crise financière fin 2008, alors que les banquesdurcissaient leurs conditions d’accès au crédit, plusieurs mesures ont été prisespour soutenir la trésorerie des entreprises (soutien d’Oséo, remboursement descréances fiscales, médiation du crédit...), ce qui peut être considéré comme uneaide indirecte à l’investissement. D’ailleurs, les études disponibles sur donnéesfrançaises indiquent que les contraintes de crédit auraient joué un rôlerelativement mineur en France, et n’auraient que peu affecté l’investissement(cf. Guinouard, Kremp et Randriamisaina ainsi que Kremp et Sevestre). Enparticulier, les filiales des groupes ont connu une baisse d’activité en 2008 et2009 plus forte que les entreprises indépendantes, notamment dans le secteur del’industrie manufacturière. Ce sont les entreprises les moins susceptibles d’êtrecontraintes financièrement qui ont le plus ajusté leur volume de production à courtterme, ainsi que leurs niveaux d’emploi et d’investissement. Ces éléments suggèrentqu’en France les entreprises ont davantage pâti d’un choc de demande que d’unchoc de crédit (cf . graphique 11).

Décembre 2013 31

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

(7) Certes, la recherche et développement (R&D) n’est pas comptabilisée en investissement encomptabilité nationale, mais une augmentation des dépenses en R&D déclenche desinvestissements supplémentaires.

(8) Rapport annuel relatif à la mise en œuvre du programme d’investissements d’avenir de2012-2013

11 - Évolution de l’investissement dans l’industrie manufacturière

Champ : unités légales ( UL) reportant une liasse fiscale au titre des BRN dans l’industrie manufacturière.Définition : sont définies comme indépendantes, les entreprises qui ne font partie d'aucun groupe au cours de la période d'observation.

Note de lecture : en 2009, dans l’industrie manufacturière, l’investissement a décru de 28 % en moyenne parmi les unités légales filiales degroupes, contre 24 % parmi les unités légales indépendantes. Lorsque les zones délimitées par les tirets sont disjointes, ces deux moyennespeuvent être considérées comme significativement différentes. Les taux de croissance sont définis comme dans Davis et Haltiwanger comme(x-x-1)/(0.5*(x + x-1)).

Source : Insee, BRN (2004-2007), Ésane (2008-2011).

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Dans la zone euro,l’investissement est plutôt plus

faible que ne le prévoient sesdéterminants

La modélisation économétrique menée sur la zone euro conduit à desconclusions un peu plus nuancées que le diagnostic établi en première partie.L’existence d’un sous-investissement ces dernières années dans la zone euro estsensible à la spécification et à la période d’estimation retenues, lesous-investissement variant de 0 à 6 % (cf . graphique 12 et annexe).

L’ampleur du sous-investissement est atténuée quand on estime l’équationjusqu’à fin 2010, car la faiblesse prolongée de l’investissement à partir de 2008conduit à amoindrir la force de rappel vers les déterminants de long terme, etdonc à différer le retour à la cible de long terme. Cet écart apparaît donctemporaire. De toutes les façons, quelles que soient la spécification et la périoded’estimation retenues, on observe donc un sous-investissement pour la zone euroces dernières années, alors qu’on constate le contraire pour la France. Cerésultat provient principalement, comme on l’a vu dans la première partie, del’Allemagne, dont l’investissement a davantage chuté qu’en France, alors que laconjoncture y a été moins dégradée (cf. Goldman Sachs Global Economics).

Conclusion : quel investissement pour 2014 ?

D’après les résultats présentés dans ce dossier, le taux d’investissement desentreprises semble sur une tendance croissante depuis les annéesquatre-vingt-dix. Celle-ci s’explique par la baisse continue du coût definancement. En particulier, depuis la crise, l’investissement en France est plusrésistant que celui de ses partenaires européens.

Aujourd’hui, l’activité économique semble se redresser, en France comme dansla zone euro : le climat des affaires s’est fortement amélioré depuis le début del’année ; et le glissement annuel du PIB fin 2013 s’établirait à +0,7 %, contre-0,3 % fin 2012. L’investissement des entreprises est également mieux orienté(-0,7 % attendu en glissement annuel fin 2013, contre -3,1 % fin 2012), maiscontinue à contribuer négativement à la croissance.

Pour 2014, le rythme de la reprise économique dépendra notamment du devenirde l’investissement des entreprises. Trois scénarii sont possibles : uninvestissement « freineur », qui continue à baisser ; un investissement « suiveur »,qui progresse, mais modérément, dans le sillage de la reprise, et uninvestissement « moteur », dont le rebond marqué permet d’intensifier la repriseéconomique. Le scénario de l’investissement « suiveur » paraît le plus probable.

L’équation prévoit une reprisemodérée de l’investissement

Avec le scénario de la Note de conjoncture, l’équation estimée dans la partieprécédente prévoit une reprise, mais modérée, de l’investissement horsconstruction, à l’horizon de la prévision (+0,8 % puis +0,6 % et +0,3 %). Cettedynamique serait essentiellement gouvernée par l’effet accélérateur : tout commele PIB, l’investissement rebondirait au quatrième trimestre avant de ralentir.

32 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

12 - Investissements en actifs hors construction dans la zone euro

Source : Insee

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Décembre 2013 33

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

Encadré 2 - Le comportement d’investissement lors des reprises passées

Sur les deux dernières décennies, l’économie française a été affectéepar trois épisodes récessifs : la Récession de 1993, le ralentissementconsécutif à l’éclatement de la bulle internet de 2001 et la GrandeRécession de 2008-2009. Chacun d’entre eux peut être découpé endeux phases : une première phase durant laquelle l’activité se repliebrutalement (l’ensemble des composantes de la demande secontracte) puis rebondit (mais ce rebond demeure partiel et fragiledans la mesure où l’investissement ne redémarre pas véritablement),suivi d’une deuxième phase plus diffuse pendant laquelle l’activitéconnaît à nouveau une dégradation mais de moindre ampleur que lapremière. À l’issue de cette seconde phase, une reprise plus robuste etplus durable apparaît, accompagnée d’un redémarrage notable del’investissement des entreprises non financières.

L’investissement des entreprises, composante très cyclique de lademande, amplifie les fluctuations conjoncturelles de la valeurajoutée, en vertu du principe de l’accélérateur. En phase derécession, la baisse de l’investissement est plus ample que cellede la demande. En phase de reprise, l’investissement rebondit,répondant à la fois au surajustement passé et à l’amélioration dela demande anticipée. À l’aune des trois derniers épisodesrécessifs qui ont affecté l’économie française, l’investissementdes entreprises a tendance à s’ajuster avec retard aux variationsde la demande, si bien que la reprise de l’investissement estdécalée par rapport à celle de la valeur ajoutée. Aussi,l’investissement a t-il été rarement le moteur de la reprise enFrance. D’autres composantes de la demande, à l’instar desexportations, ont eu un rôle véritablement moteur dans lesphases de reprise de l’activité. Le fait que l’investissement soitdavantage suiveur que moteur du cycle pourrait tenir au fait quela décision d’investissement est lourde de conséquence pourcelui qui la prend : celle-ci génère en effet des coûts d’installation(voire de formation, d’organisation et d’adaptation), une prise derisque en univers incertain, un engagement financier souvent

important vis-à-vis du prêteur (banquier, actionnaire...) et del’irréversibilité. Autant d’éléments contraignants qui font del’investissement une variable devenant dynamique seulementune fois le redémarrage de l’activité confirmé.

Au cours des deux épisodes récessifs complets (c’est-à-dire avecl’observation des deux phases décrites ci-dessus), le tauxd’investissement en première phase de la reprise demeure ternevoire même continue de se dégrader après la date de reprise del’activité (notée T) avant de se stabiliser : en 1993, il est de nouveauen hausse deux trimestres après le creux, mais ce mouvements’interrompt rapidement et le taux d’investissement se dégrade ànouveau avant de se stabiliser à huit trimestres après la reprise del’activité (cf. graphique 1) ; en 2001, il continue de baisser durantprès de trois trimestres après la date de redémarrage de l’activitéavant de se stabiliser à un niveau bas (cf. graphique 2). Au cours decette première phase, taux d’utilisation des capacités comme tauxde marge ne connaissent pas de réelle amélioration : ils sont aumieux stables, voire continuent de se dégrader. Au cours de ladeuxième phase, l’accélération de l’investissement est nette sur cesdeux épisodes récessifs (cf. graphiques 3 et 4) : le tauxd’investissement croît nettement dès les premiers trimestres aprèsla reprise de l'activité. En 1997, taux d’utilisation des capacités ettaux de marge se sont sensiblement améliorés, tandis qu’en 2003ces deux variables restent mal orientées.

Le dernier épisode récessif connu (2008-2009) apparaîtsingulier au regard des deux précédents : en effet, cet épisodeapparaît remarquable du fait de la réactivité inhabituelle del’investissement au redémarrage de la valeur ajoutée autrois ième tr imestre de l’année 2009. Ainsi le tauxd’investissement croît rapidement dès les premiers trimestres dereprise, tout comme le taux d’utilisation des capacités et le tauxde marge (cf. graphique 5).

Les deux phases de la récession de 1993

1 - Phase 1 de reprise au trimestre T(T=1993T2)

2 - Phase 2 de reprise au trimestre T(T=1997T1)

Source : Insee

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34 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

Les deux phases du ralentissement post-bulle internet

3 - Phase 1 de reprise au trimestre T(T=2002T1)

4 - Phase 2 de reprise au trimestre T(T=2003T3)

La Grande Récession de 20085 - Phase 1 de reprise au trimestre T (T=2009T3)

Source : Insee

Note de lecture

Pour les cinq graphiques ci-dessus, les trois séries sont en base 100 au trimestre T (T étant le premier trimestre de taux de croissancedu PIB positif après chaque épisode récessif).

Source : Insee

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Lors des reprises précédentes,l’investissement a été en

général « suiveur »

Les points de retournement conjoncturel peuvent être particuliers, notamment carles comportements sont moins « mécaniques » et obéissent davantage auxanticipations des agents. Pour tracer les perspectives de reprise del’investissement, il peut donc être utile d’examiner également les reprises desvingt dernières années (cf. encadré 2). Schématiquement, il y a eu trois phasesrécessives (1993, 2001, 2008), suivies chacune d’une reprise avortée, avantune phase de reprise plus franche et plus durablement installée (1997, 2003, etdonc potentiellement 2013). Il en ressort les conclusions suivantes :

- le taux d’investissement ne se redresse en général pas durant les trimestres quisuivent la reprise, c’est-à-dire que l’investissement au mieux progressemodérément, comme le PIB. Seule exception, la reprise de 2009-2010, où lareprise de l’investissement a été très forte et plus rapide qu’attendu au vu de sesdéterminants (cf. partie 2). L’idée selon laquelle le rebond de l’investissement esten général le moteur des reprises économiques n’est pas vérifiée en France.

- contrairement à une idée répandue, un niveau faible de taux d’utilisation descapacités (TUC) n’empêche pas le redémarrage de l’investissement (cf. Forestier).En effet, lors des récessions passées, systématiquement, les reprises sontintervenues avant que le TUC ne se relève, et en général les redressements du TUCet du taux d’investissement sont concomitants. C’est en particulier vrai fin 2009 : laforte reprise de l’investissement est intervenue alors que le TUC était encore à sonpoint bas. Ce résultat contraire à l’intuition peut a priori avoir plusieurs explicationsnon exclusives. Tout d’abord, évidemment, le TUC est une moyenne : un faibleniveau du TUC n’empêche pas des sous-capacités par endroits. Ensuite, lors desrécessions, la baisse de l’investissement est telle que son rebond peut être nécessaire,juste pour maintenir les capacités productives nettes de l’amortissement. Et commele capital est par nature beaucoup plus inerte que l’investissement, un fort rebond dece dernier peut s’accompagner d’un redressement du TUC.

Ainsi, l’analyse des récessions passées enseigne d’une part quel’investissement est en général « suiveur », et d’autre part qu’un redressementdu TUC n’est pas une condition nécessaire à la reprise de l’investissement.

Pour cette reprise, uninvestissement « freineur »?

D’autres facteurs, difficiles à quantifier, pourraient peser sur les décisionsd’investissement, tels que la poursuite de la perte d’attractivité de la France quiressort des classements internationaux, au moment où la baisse des coûtssalariaux dans des pays comme l’Espagne ou l’Irlande en restaure l’attractivitéaux yeux des investisseurs internationaux. Ces facteurs ne semblent pas avoirjoué jusqu’à présent, puisque l’investissement des entreprises françaises semble,on l’a vu, en ligne avec ses déterminants habituels (demande ; taux de marge ;coût d’usage du capital hors fiscalité). Si on ne peut pas exclure qu’ilscommencent à jouer à l’horizon de la prévision, la poursuite des mesures enfaveur de l’investissement, telles que celles contenues dans le pacte national pourla compétitivité et l’emploi, joue en sens inverse. En tout cas, les enquêtes deconjoncture ne laissent pas attendre de décrochage de l’investissement à courtterme. A contrario, les données les plus récentes accréditent à court-terme unereprise de l’investissement.

Les données les plus récentesaccréditent une reprise de

l’investissement

D’après les conclusions de la première partie, l’investissement des entreprisespeut être décomposé en investissement en produits manufacturés, dont ladynamique est très cyclique, en investissement en services, dont la dynamique estdavantage tendancielle, et en investissement en construction, qui obéit aussi àdes cycles, mais a priori distincts des cycles du PIB.

Décembre 2013 35

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

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Sur la période récente, l’investissement en produits manufacturés s’est redresséfortement, après six trimestres de baisse marquée, et contribue désormaispositivement à l’activité (+0,4 % attendu en glissement annuel fin 2013, après-7,4 % fin 2012). Il s’agit d’un signe positif pour 2014, car cette variable connaîthabituellement des cycles réguliers. A contrario, l’investissement en services, qui atrès bien résisté durant la crise, était plus faible en 2013, faiblesse qui devrait êtreponctuelle (-1,6 % attendu en glissement annuel fin 2013, après +1,9 %). Enfin,l’investissement en construction reculerait moins fortement en 2013 (-0,8 % attendu,après -3,3 %), mais l’orientation des mises en chantier et des permis de construire nepermettent pas d’envisager une contribution positive au premier semestre 2014.

Par ailleurs, les données d’enquêtes sont toutes cohérentes avec uneamélioration à court terme des perspectives d’investissement, même si unecontribution positive sur l’année 2014 n’est pas certaine : selon l’enquête sur lesinvestissements dans l’industrie, les dépenses d’investissement baisseraient de2 % en 2014. Toutefois, en interprétant ces résultats en tendance, ce qui est plusraisonnable compte tenu de l’imprécision inhérente aux enquêtes, l’améliorationest notable, car les mêmes chefs d’entreprise évaluent à -7 % la baisse de leursinvestissements en 2013. Dans les services, l’enquête est qualitative, et lesquestions sur les perspectives d’investissements ne portent que sur les trois mois àvenir. Toutefois, le solde moyen au second semestre 2013 est 5 points plus élevéque sa moyenne du premier semestre 2013.

Selon la modélisation présentéedans ce dossier, l’investissement

des entreprises devrait croître à unrythme voisin de celui

du PIB en 2014

Au total, pour la prévision retenue dans cette Note de conjoncture, le choix a été faitde suivre les simulations de l’équation économétrique (cf. partie 2) . Tout d’abord, leniveau d’investissement simulé par l’équation correspond aujourd’hui au niveaud’investissement observé. Ensuite, la prévision de l’équation pour le quatrièmetrimestre 2013 est cohérente avec ce qu’annoncent les étalonnages à partir desdonnées d’enquête. Enfin, les facteurs évoqués précédemment (incertitude surl’avenir de la zone euro, resserrement des conditions de crédit), qui ne figurent pascomme variables explicatives de l’équation, semblent beaucoup moins prégnantsaujourd’hui qu’ils ne l’étaient en 2011 ou 2012, ce qui n’incite pas à inscrire uneprévision inférieure à celle de l’équation.

L’investissement des entreprises progresserait ainsi modérément pour lestrois prochains trimestres (+0,7 %, +0,2 % et +0,2 % inscrits en prévision), cequi se traduirait par un acquis à mi-2014 de +0,7 % (comme pour le PIB). Ladynamique de l’investissement serait toutefois très hétérogène, entrel’investissement en produits manufacturés, relativement dynamique (+2,4 %d’acquis), l’investissement en services, quasi stable (+0,4 % d’acquis), etl’investissement en construction, qui continuerait de baisser (acquis à -1,3 %), etlimiterait ainsi la croissance globale de l’investissement.■

36 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

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Décembre 2013 37

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

Annexe - Estimation de l’équation de l’investissement sur la zone euro et l’Allemagne

Estimer une équation d’investissement dans la zone euro est pluscomplexe que pour la France, du fait de la disponibilité desdonnées. D’abord, la période d’estimation est forcément réduite,car les données commencent en 1995 (de fait, même si ellescommençaient plus tôt, le début des années quatre-vingt-dixavec la réunification de l’Allemagne est une période atypique quiperturberait les estimations). Ensuite, la construction d’un coût ducapital, qui est déjà fragile pour la France, le serait encoredavantage pour la zone euro, notamment du fait de l’absence deséries homogènes de taux d’amortissement. Enfin, pour la zoneeuro, l’investissement des entreprises n’est pas disponible àfréquence trimestrielle et la nomenclature n’est pas en produits,mais en actifs. Ainsi, le champ sur lequel nous faisonsl’estimation zone euro (investissement tous agents en actifscorporels hors construction) est proche mais pas équivalent àcelui de l’estimation France.

Pour ces raisons, nous avons retenu deux spécificationsdifférentes. La première est proche de celle retenue pour laFrance en remplaçant le coût d’usage du capital par le prix del’investissement. Cette spécification risquant de souffrir d’un biaisde variable omise, nous confortons nos résultats par un secondmodèle du type accélérateur simple. À long terme,l’investissement en valeur s’ajuste à la valeur ajoutée avec uneélasticité unitaire, soit une cible de taux d’investissement envaleur, qui correspond à une fonction de production de typeCobb-Douglas. Pour ces deux spécifications, le taux de margen’est significatif ni à long-terme, ni à court-terme.

Pour chacune des deux spécifications, nous avons retenu deuxestimations, dif f ici les à départager, et qui dif fèrentprincipalement par leur période d’estimation. La premièreestimation s’arrête en 2007T4, ce qui est à la fois un avantage(l’écart entre observé et simulé sur les dernières années peut alorss’interpréter comme un comportement différent d’avant-crise) etun inconvénient (l’estimation se fait alors sur une périoderéduite). La seconde estimation s’arrête en 2010T4. Par rapport àl’estimation précédente, la force de rappel vers la cible delong-terme est plus faible, aussi l’investissement simulé est moinsélevé depuis le début de la crise.

Selon la spécification et la période d’estimation retenue,l’investissement prévu est supérieur de 0 % à 6 % à l’investissementréellement observé.

Spécification Cobb-Douglas :

( ) ( ) ( )Δ ΔInI InY InI InYt t t

= − + − −−0 25 2 66 0 090 08 0 45 0 03

1, , . , ., , ,

( )

tt

I

t

Y

t t

Inp

p

InY

−−

+ ⎛⎝⎜

⎞⎠⎟

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+ +

11

1

0 472178, .

,Δ ε

L’équation, estimée sur la période 1995T1-2007T4, s’écrit :

( ) ( ) ( )Δ ΔInI InY InI InYt t t

=− + − −−014 313 0 050 06 0 45 0 02

1, , . , ., , ,

( )

tt

I

t

Y

t t

Inp

p

InI

−−

+ ⎛⎝⎜

⎞⎠⎟

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+ +

11

1

0 0710 21, .

,Δ ε

Spécification CES

L’équation, estimée sur la période 1995T1-2007T4, s’écrit :

( ) ( ) ( )Δ ΔInI InY InI InYt t t

=− + − −−0 24 2 61 0 090 09 0 45 0 03

1, , . , ., , , ( )

( )

tt

I

t

YIn

p

p

InY

−−

+ ⎛⎝⎜

⎞⎠⎟

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+

11

1

0 60

0 75

118

, .

, .

*

t t− +2 ε

L’équation, estimée sur la période 1995T1-2010T4, s’écrit :

( ) ( ) ( )Δ ΔInI InY InI InYt t t

=− + − −−018 2 80 0 060 08 0 36 0 03

1, , . , ., , , ( )

( )

tt

I

t

YIn

p

p

InY

−−

+ ⎛⎝⎜

⎞⎠⎟

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+

11

1

0 47

0 70

1 26

, .

, .

*

t t− +1 ε

où :

- It est l’investissement en actifs équipement et matériels detransport en volume,

- Yt est le produit intérieur brut de la zone euro,

- ptY et pt

I les déflateurs de la valeur ajoutée et de l’investissement

Pour chacun des modèles, le test d’Elliott-Rothenberg-Stock

rejette l’hypothèse de non stationnarité du résidu du long termeau seuil de 5 %, et confirme que les variables It et Yt sontintégrées d’ordre un.

Nos modèles d’investissement sur la zone euro nous permettentdonc de penser que la zone est en léger sous-investissementdepuis 2011. Ce sous-investissement serait en particulier dû aufaible investissement en Allemagne comme le montre lesmodèles présentés ci-après.

Sur données allemandes, le coût du capital ne ressort passignificativement dans les estimations, nous le remplaçons doncpar le prix de l’investissement, comme pour les estimations zoneeuro. L’estimation du long terme non contraint fait ressortir uncoefficient du ratio de prix non significativement différent de 1,c’est-à-dire que la fonction de production serait de typeCobb-Douglas. Contrairement à la zone euro dans sonensemble, les modèles ainsi estimés jusqu’en 2007 ou 2010amènent à une estimation identique de l’ampleur dusous-investissement (14 %). Celle-ci est d’autant plus élevée quele coefficient accélérateur est relativement faible (1,45, contreplus de 2 pour la France, et 3 pour la zone euro), si bien que lesimulé est donc moins affecté par la dégradation conjoncturellede ces dernières années.

L’équation, estimée sur la période 1995T1-2007T4, s’écrit :

( ) ( ) ( )Δ ΔInI InY InI InYt t t

=− + − −−016 1 45 0 080 09 0 36 0 05

1, , . , ., , , ( )

( )

tt

I

t

YIn

p

p

InI

−−

+ ⎛⎝⎜

⎞⎠⎟

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+

11

1

0 13

0 88

013

, .

, .

*

t t− +1 ε

L’équation, estimée sur la période 1995T1-2010T4, s’écrit :

( ) ( ) ( )Δ ΔInI InY InI InYt t t

=− + − −−016 145 0 080 09 0 36 0 05

1, , . , ., , , ( )

( )

tt

I

t

Y

t

Inp

p

InI

−−

+ ⎛⎝⎜

⎞⎠⎟

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+

11

1

0 10

106

0 2

, .

, .

*

,Δ − +1 εt

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38 Note de conjoncture

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

FBCF en actifs équipements et matériaux de transports : zone euro

FBCF en équipements et matériaux de transports : Allemagne

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Décembre 2013 39

En France, l’investissement des entreprises repartira-t-il en 2014 ?

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À la recherche de la productivitébritannique perdue

Décembre 2013 41

Alors que l’économie britannique connaissait une croissance régulière etstable de la productivité depuis une quarantaine d’années au rythme

moyen de 2,4 % par an, la production moyenne par travailleur a chuté en2008 et ne s’est que très faiblement redressée depuis. La productivitébritannique est aujourd’hui inférieure de 16 % à sa tendance d’avant-crise. Sice phénomène se retrouve dans de nombreux pays européens, dont laFrance et l’Allemagne, il est nettement plus marqué au Royaume-Uni.

Comme en France et en Allemagne, ce coup d’arrêt de la productivité auRoyaume-Uni ne peut s’expliquer que marginalement par le cycle deproductivité habituel : la crise économique date désormais de cinq ans, ce quiest très supérieur aux délais habituels d’ajustement de l’emploi. Il ne provientpas plus des effets de structure : calculée en décomposant l’économie en neufsecteurs, la contribution aux gains de productivité de la réallocationsectorielle des emplois est négligeable. L’augmentation de l’emploiindépendant et des contrats à temps partiel n’a, en outre, qu’un effet marginalsur le choc de productivité.

Trois raisons peuvent être isolées et, cumulées, elles expliquent de 50 à 75 %du ralentissement de la productivité au Royaume-Uni :

- si le ralentissement de la productivité est observé dans chacun des neufsecteurs de l’économie, il est particulièrement marqué dans les secteurspétrolier (en raison de l’extinction progressive des réserves) et financier (enlien avec l’explosion de la bulle) ;

- l’investissement des entreprises, en particulier en biens d’équipement,paraît particulièrement faible depuis le début des années 2000, ce qui avraisemblablement pesé sur la productivité du travail ;

- l’ajustement des salaires a été très rapide et très fort depuis 2008, si bien queles salaires réels ont baissé en cinq ans de 7 %, alors qu’ils ont crû en France eten Allemagne. Cet ajustement a été favorisé par une augmentation de lapopulation active, induite par des modifications des règles de départ à laretraite et d’éligibilité aux minima sociaux ; il peut avoir orienté les choix desentreprises vers des processus plus économes en capital et moins en travail.

Noémie JessJulien PramilDorian Roucher

Département de laconjoncture

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42 Note de conjoncture

À la recherche de la productivité britannique perdue

Une quatrième raison est parfois avancée : le capital se serait insuffisammentréalloué depuis la crise. En effet, d’une part, le soutien massif aux entreprisesen difficulté aurait réduit les faillites, et d’autre part le financement dessecteurs en croissance aurait été insuffisant. Cette explication est séduisantethéoriquement, mais n’a pas reçu à ce jour de validation empirique. En outre,elle n’est pas a priori spécifique au Royaume-Uni, alors que la baisse de laproductivité y est singulièrement importante.

Certains de ces facteurs sont par nature temporaires et ne devraient pasaffecter la productivité britannique à long terme (c’est le cas de l’effet habitueldu cycle de productivité). À l’inverse, d’autres chocs affectent à la fois leniveau et les gains tendanciels de productivité : la productivité britannique aainsi été dopée par le secteur pétrolier dans les années quatre-vingt-dix puispar le secteur financier dans les années 2000 sur fond de bulle de crédit et cesfacteurs ne joueront plus dans les années qui viennent. Cependant,l’essentiel des explications (hausse des taux d’activité, sous-investissement,mauvaise allocation du capital) invite à penser que le choc de productivité estprincipalement une perte sèche en niveau mais que le ralentissement marquédes gains de productivité pourrait être en grande partie temporaire.D’ailleurs, la reprise de l’activité depuis début 2013 s’est traduite par un netredressement de la productivité (+0,4 % en moyenne par trimestre).

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La productivité britannique a décroché depuis la crise

Forte baisse de la productivitébritannique depuis 2008

L’économie britannique a enregistré des gains de productivité du travail(augmentation de la quantité produite par employé ou par heure travaillée)importants depuis plusieurs décennies : en effet, de 1971 à 2007, la productivitéa augmenté d’environ 2,4 % par an. Ce rythme était particulièrement soutenucomparativement aux autres économies développées. Cette tendance estrelativement linéaire de 1971 à 2007 (cf. graphique 1) si bien que l’estimation dela tendance de productivité dépend peu de la sous-période retenue.

Du quatrième trimestre 2007 au premier trimestre 2009, la productivité dutravail a chuté de 6 % et, malgré la reprise de l’activité, elle stagne depuis lors(+0,4 % par an en moyenne). Aujourd’hui, la productivité britannique est doncinférieure de 4 % à son niveau d’avant-crise, et de 16 % à sa tendanced’avant-crise.

Une baisse plus marquéequ’ailleurs en Europe

L’atonie de la productivité se retrouve dans de nombreux pays européens. Ainsi, laproductivité en France (respectivement en Allemagne) est 2 % supérieure(respectivement 1,5 % inférieure) à son niveau d’avant-crise (cf. graphique 2).Comme les gains de productivité étaient nettement plus dynamiques avant-crisequ’en France et en Allemagne, l’ampleur de l’écart par rapport à la tendance est plusimportante au Royaume-Uni (16 % contre 8 % en Allemagne et 6 % en France).

Décembre 2013 43

À la recherche de la productivité britannique perdue

1 - La productivité britannique décroche depuis 2008

Sources : ONS, calculs Insee

2 - Comparaison internationale des productivités

Sources : Instituts statistiques nationaux

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Reprise molle de l’activité... La croissance de l’activité s’est révélée particulièrement faible ces cinq dernièresannées, notamment en comparaison avec les sorties de crises de 1973, 1980 et1990. Lors des précédentes récessions, l’économie britannique était parvenue àretrouver son niveau d’avant-récession en une, deux et trois annéesrespectivement pour les récessions de 1990, 1980 et 1973. Au deuxièmetrimestre 2013, cinq ans après la récession de 2008, le PIB était toujours 3,3 %en deçà de son niveau du premier trimestre 2008. Même si les comptes des troisdernières années ne sont pas encore définitifs et peuvent dont être révisés,l’hypothèse d’une chute de la productivité s’expliquant principalement par deserreurs de mesure paraît peu probable au regard de l’ampleur du phénomène(cf. encadré 1).

... alors que l’emploi estdynamique

Parallèlement, l’emploi s’est rapidement redressé (cf. graphique 3). Après avoirchuté de 2,4 % en l’espace de deux ans, deux phases de reprises dynamiques del’emploi se sont succédées, l’une début 2010, l’autre en 2011. L’emploi estaujourd’hui supérieur de près de 1,5 % à son pic d’avant-crise. L’inflexion à labaisse de la tendance de productivité est donc la conjonction d’une croissancemodeste et d’une surprenante progression de l’emploi.

Le phénomène classiquede rétention d’emploi...

Classiquement, un recul de la productivité peut s’expliquer par le « cycle deproductivité » : autour d’une tendance stable, la productivité recule pendant laphase de crise (les employeurs conservant leurs salariés) et repartvigoureusement pendant la phase de reprise (les entreprises utilisant leurscapacités inutilisées pour répondre à la demande avant de réembaucher). Àcourt terme, les coûts d’embauche et de licenciement, ainsi que les effetsd’apprentissage, incitent les chefs d’entreprise à lisser l’effet des chocs dedemande sur leur offre de travail.

... n’explique pasl’ampleur du choc

de productivité

Pourtant, ce phénomène n’explique pas la situation britannique actuelle. Toutd’abord, la rétention d’emploi est un phénomène de court terme et cinq annéesaprès la récession, il semble peu probable que les chefs d’entreprise n’aient pasajusté leurs effectifs. Lors des précédentes récessions, la productivité du travailavait retrouvé sa tendance d’avant-crise après quatre ans. Au total, selon lamodélisation économétrique, le cycle de productivité mesuré par l’écart dusimulé de court terme à la cible de long terme est d’environ 3 points au deuxièmetrimestre 2013 (cf. encadré 2).

Par ailleurs, le niveau des licenciements n’est pas particulièrement bas depuis lacrise : le dynamisme de l’emploi semble être lié au dynamisme des embauches etnon pas à la faiblesse du niveau de licenciement. L’argument de la rétentiond’emploi n’explique donc pas le dynamisme des embauches.

44 Note de conjoncture

À la recherche de la productivité britannique perdue

3 - Reprise de l’emploi à la suite des différentes récessions

Sources : ONS, calculs Insee

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Décembre 2013 45

À la recherche de la productivité britannique perdue

Encadré 1 - Les difficultés de mesures ne peuvent expliquer que marginalementle choc de productivité

Le PIB britannique calculé par l’institut national des statistiques(ONS) repose, comme dans le cas français, sur des hypothèsesméthodologiques. En outre, les données postérieures à 2010 nesont pas encore définitives, et sont donc sujettes à des révisionspotentielles. Toutefois, une éventuelle sous-estimation du PIB nepourrait a priori expliquer que très partiellement le choc deproductivité britannique puisqu’entre 1993 et 2009, la révisionannuelle moyenne du PIB était de 0,6 %.

La difficulté à mesurer la valeur ajoutée du secteurbancaire influe certainement

En 2012, le secteur bancaire représente environ 8 % de la valeurajoutée au Royaume-Uni et emploie plus de 1,1 million depersonnes. En comptabilité nationale, la valeur ajoutée dusecteur bancaire est en grande partie enregistrée comme unService d’Intermédiation Financière Indirectement Mesuré(SIFIM). Les SIFIM et le partage volume-prix sont calculés commesuit :

( )SIFIMM

Pi i P

volume déflateur

tt

t

t t

ssrisque

t= _

��� �� � �� ��

avec Mt, le montant total des prêts accordés,

Pt , les prix du PIB en t,

it , le taux d’intérêt moyen sur les prêts accordés,

it ssrisque , le taux d’intérêt sans risque dans l’économie.

Dès lors, la valeur ajoutée du secteur financier en volumecontribue très positivement à la croissance du PIB réel pendant laconstitution d’une bulle immobilière et très négativementpendant son éclatement (Oulton, 2013). Par ailleurs, Haldane et

al. (2010) relèvent que l’utilisation du taux d’intérêt non corrigédes risques relatifs à l’activité de prêt conduit à majorer laproduction réelle quand les risques pris par les banquesaugmentent.

Enfin, une troisième source de désalignement possible provientdes données. La production du secteur bancaire britannique estétablie à partir des comptes des banques dans lesquels figurentles opérations en capital qui ne doivent pas figurer dans le PIB.Or, il semblerait que les données issues de la collecte statistiquede la Banque d’Angleterre aient conduit à intégrer par erreurcertaines opérations en capital dans la production du secteurfinancier dans les années 2000 (Weale, 2009).

La non-prise en compte des investissementsimmatérielsexpliqueraitégalementunepartieduchoc

En dehors des logiciels et des brevets, les investissementsimmatériels ne sont actuellement pas pris en compte dansl’investissement des entreprises. Ces investissements immatérielsont fortement progressé depuis 2008 après avoir été relativementpeu dynamiques depuis le début des années 2000, selonGoodridge et al. (2013). Leur prise en compte conduirait ainsi àminorer le PIB avant 2008 et à le majorer depuis : Goodridge

soutient que cette absence de prise en compte expliquerait 5 des16 points de décrochage de la productivité par rapport à satendance de long terme. Cet effet n’a pas été mis en évidencepour la R&D : selon Eurostat, le taux de R&D est extrêmementstable au Royaume-Uni de 1996 à 2011 autour de 1,8 % du PIB.

Les enquêtes captent pourtant bien la baisse de laproductivité

Malgré ces différentes erreurs de mesures potentielles, leurcontribution réelle à l’explication du choc de productivité estprobablement modeste. En effet, la chute de la productivité estfidèlement retracée par les enquêtes de conjoncture qui sont trèspeu révisées et dont la construction est orthogonale à celle desComptes nationaux : les composantes « emploi » des enquêtes(du CBI comme les PMI de Markit, aussi bien dans l’industrie quedans les serv ices) se sont s i tuées à des niveauxexceptionnellement élevés relativement aux composantes« activité » depuis 2008 (cf. graphiques 1 et 2).■

1 - Productivité et enquêtes MarkitSecteur Manufacturier

2 - Productivité et enquêtes CBIServices

Sources : Markit, ONS, calculs Insee Sources : CBI, ONS, calculs Insee

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46 Note de conjoncture

À la recherche de la productivité britannique perdue

Encadré 2 - Modélisation de l’emploi au Royaume-Uni

Une modélisation simple rendait compte del’évolution de l’emploi jusqu’à mi-2009

Jusqu’à la crise, la tendance linéaire des gains de productivité del’économie britannique permettait de modéliser l’évolution del’emploi de façon simple avec un modèle à correction d’erreur, àl’aide uniquement du PIB, d’une tendance et des retards d’emploi etd’activité (cf. tableau 1) .

Cependant si le modèle rend correctement compte desdestructions d’emploi jusqu’à mi-2009, il n’explique pas lareprise de l’emploi depuis (cf. graphique). Mi-2013, l’écart entrele simulé et l’observé atteint ainsi 14,6 %. Néanmoins, ce modèlepeut être utilisé pour avoir une première estimation du cycle deproductivité. L’écart entre la cible de long terme et le simulédonne ainsi une approximation de la contribution du cycle deproductivité à l’évolution récente de l’emploi. Au deuxièmetrimestre 2013, cet écart représente environ 3 points.

Environ les deux tiers de l’écart de productivitépeut être expliqué

Parmi les différentes explications avancées dans ce dossier,certaines ne peuvent pas faire l’objet d’une intégration dans lamodélisation faute de données sur période longue ou devariables clairement identifiables : c’est notamment le cas del’argument relatif à la mauvaise allocation du capital. Pourcapter les autres arguments avancés, plusieurs variablesexplicatives ont été ajoutées à l’équation : la valeur ajoutée réelledans les secteurs miniers et financiers, le taux d’activité, le taux detemps partiel et la capacité manufacturière mesurée par lerapport de la production industrielle et du Taux d’utilistion descapacités. Étant donné le faible nombre d’observations, le test deJohansen sur le nombre de relations de cointégration n’est pasconcluant. La statistique de test d’Ericsson MacKinnon conclut àl’existence d’au moins une relation de cointégration (au seuil de1 %) mais la valeur des coefficients des variables en niveau nepeut être interprétée aisément car le modèle estimepotentiellement une combinaison linéaire de plusieurs relationsde cointégration (cf. tableau 2). Au total, cette modélisation,estimée sur la période 1990-2007, réduit à environ 6,5 % l’écartde productivité inexpliquée au deuxième trimestre 2013 (cf

graphique).■

Emploi observé et simulé selon les deux modèlesModéles estimés 1990-2007

Sources : ONS, CBI, calculs Insee

Tableau 1Variable expliquée : variation trimestrielle (vt) de l’emploi en %

Période d’estimation : 1990 T1-2007 T4coefficient estimé T de Student

Constante -0,1736 -5,70

Emploi (-1) -0,1149 -5,50*

PIB (-1) 0,1149 5,50

Tendance (-1) -0,0007

Vt du PIB (en %) 0,1379 2,80

Vt de l’emploi (-2) (en %) 0,2200 2,40

* Valeur seuil du test de cointégrationEricsson MacKinnon (2002) à 5 % : -3,8

R² ajusté = 0,70 RMSE = 0,20 %

Source : calculs Insee

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Faible lissage parles heures travaillées

Traditionnellement, une partie de la baisse de la productivité durant une phase decrise tient au recul du temps de travail par tête : les entreprises préfèrent réduire letemps de travail de leurs salariés (chômage partiel, réduction des heuressupplémentaires) plutôt que licencier.

Ainsi, la part des salariés à temps partiel est passé de 25,5 % à environ 27,0 % del’emploi total entre 2008 et 2012 (cf. graphique 4). Pourtant, le nombre moyend’heures travaillées par personne est aujourd’hui revenu à son niveaud’avant-crise (environ 32 heures par semaine) malgré le développement destemps partiels. En effet, le temps de travail des actifs à temps complet comme àtemps partiel augmente fortement depuis 2008.

Décembre 2013 47

À la recherche de la productivité britannique perdue

4 - Part des temps partiels et nombre d’heures travaillées

Source : ONS

Tableau 2Variable expliquée : variation trimestrielle (vt) de l’emploi en %

Période d’estimation : 1990 T1-2007 T4coefficient estimé T de Student

Constante -0,4042 -3,84

Emploi (-1) -0,1787 -5,36*

PIB (-1) 0,1787 5,36

Capacité manufacturière (-1) -0,0068

Tendance (-1) -0,0007

VA Finances et Assurance (-1) -0,0263

VA Industries extractives (-1) -0,0075

Taux d’activité (-1) 0,2968

Taux de temps partiel (-1) 0,0639

Vt du taux d’activité (en point) 1,0926 5,41

Vt du PIB (en %) 0,1155 2,31

Vt du taux de temps partiel (en point) -0,2202 -1,42

* Valeur seuil du test de cointégrationEricsson MacKinnon (2002) à 5 % : -4,6

R² ajusté = 0,79 RMSE = 0,17 %

Source : calculs Insee

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La productivité par heuretravaillée suit une évolution

parallèle à celle de laproductivité par tête

Ainsi, la productivité par heure travaillée a nettement reculé depuis la crise de2008. Sur la période de 1993 à 2007, la productivité par heure travailléeaugmentait à un rythme de +2,6 % par an en moyenne (+2,4 % pour laproductivité par tête). Depuis la crise, sa croissance est quasi nulle.

Pour autant, ces contrats à temps partiel pourraient conduire à une productivitéplus faible, liée au désapprentissage, au besoin de formation ou bien à de ladémotivation. Le développement de ces contrats expliquerait ainsi une partie dela baisse de la productivité par tête, non via une baisse quantitative du nombred’heures travaillées mais parce que la productivité horaire des personnes àtemps partiel serait plus faible. Mais cet effet, s’il existe, est vraisemblablementmarginal : l’augmentation de la part des contrats à temps partiel n’étant de que1,5 point depuis le début de la crise, même à supposer une productivité moitiémoindre, elle n’expliquerait que 0,9 point de moindre productivité.

La hausse de la proportiondes non-salariés estantérieure à la crise

Une autre explication souvent avancée est la forte hausse des créationsd’emplois non-salariés au Royaume-Uni depuis la crise (cf. Dezeure et Sobaihi,2012). En effet, la création d’emplois non-salariés a été particulièrementdynamique, notamment de mi-2011 à mi-2012 (entre juin 2011 et juin 2012l’économie britannique a créé 253 000 emplois de non-salariés soit 60 % desemplois créés sur la période) avec le programme gouvernemental NewEnterprise Allowance dont l’objectif était d’aider les chômeurs à créer leur propreemploi. Cependant, si ce facteur peut expliquer une partie de la baisse de laproductivité durant cette période, il ne semble pas en mesure de rendre comptedu coup d’arrêt de la productivité depuis 2008. En effet, la part des non-salariésprogresse régulièrement depuis 2000 (elle est passée de 11,8 % en 2000 à13,0 % en 2007 et 14,0 % en 2013) sans que cela ne se traduise par unralentissement significatif de la productivité avant 20071.

Une chute de la productivité particulièrement marquée dansl’industrie extractive et le secteur financier

L’hétérogénéité sectorielle peutdoublement affecter

la productivité

Au niveau des secteurs d’activité, deux effets distincts pèsent sur la productivitétotale : la productivité dans chacun des secteurs et la réallocation du travail entresecteurs. Concrètement, un choc négatif sur la productivité peut s’expliquer à lafois par une baisse de la productivité au sein de certains secteurs mais aussi parun mouvement de réallocation de la main-d’œuvre vers des activités à faibleniveau de productivité.

La réallocation sectorielle atoutefois des effets marginaux

sur la productivité

La réallocation sectorielle n’a pas contribué au coup d’arrêt de la productivitédepuis fin 2007. Sa contribution est même très légèrement positive (+0,1 % decroissance annuelle). En effet, l’emploi a été très dynamique dans l’industrie nonmanufacturière (+21 % entre 2007 et 2012) où la productivité par tête estparticulièrement élevée et s’est repliée dans la construction où la productivité partête est inférieure à la moyenne. L’emploi s’est également contracté dans lesservices financiers, secteur à fort niveau de productivité. Au total, les évolutionsde l’emploi se compensent entre secteurs à forte et faible productivité.

48 Note de conjoncture

À la recherche de la productivité britannique perdue

(1) De plus, comme pour les temps partiels, même à supposer une productivité moitiémoindre des non-salariés, la hausse de 13 % à 14 % de leur part dans l’emploin’expliquerait que 0,5 point de moindre productivité globale.

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Le ralentissement de laproductivité est

particulièrement fort dansl’industrie extractive et

le secteur financier

Depuis la crise, la productivité a fortement ralenti dans la totalité des neufsecteurs d’activité (cf. graphique 5). Elle a même baissé dans la plupart d’entreeux (seule la construction et l’industrie manufacturière font exception). Leralentissement est particulièrement marqué dans l’industrie extractive et lesservices financiers, qui ont connu des périodes de croissance importantes avantla crise de 2008, et ont ainsi successivement soutenu la croissance de laproductivité depuis les années 1990.

L’industrie extractive a dopé laproductivité jusqu’en 1999

En effet, l’industrie extractive britannique est soumise à la raréfaction des réservespétrolières en mer du Nord2 depuis la fin des années 1990. Les quantités extraitesdiminuent mais la main-d’œuvre nécessaire sur les unités de production estincompressible, voire augmente avec la multiplication des travaux demaintenance. La productivité chute ainsi nettement depuis 1999. Dans l’industrienon manufacturière dans son ensemble, les gains de productivité annuelsatteignaient 7,7 % en moyenne pendant les années 1990. De 1999 à 2007, lesgains de productivité disparaissent (cf. tableau 1). Depuis la crise, l’épuisementrapide des ressources pétrolières en mer du Nord fait chuter la productivité(-8,6 % par an, en moyenne, depuis 2009).

Le secteur financier a prisle relais jusqu’en 2007

La valeur ajoutée du secteur financier a explosé de 2000 à 2007 (+55 % dupremier trimestre 2000 au quatrième trimestre 2007), en lien d’une part avec labulle immobilière (cf. encadré 1) et d’autre part avec la forte hausse desexportations de services financiers. Ainsi, entre 2000 et 2007, leur part dans lesexportations britanniques a augmenté de 6,3 % à 12,5 %. La crise financière et

Décembre 2013 49

À la recherche de la productivité britannique perdue

5 - Contributions sectorielles aux gains de productivité annuels

Sources : ONS, calculs Insee

(2) cf. « Au Royaume-Uni, l’or noir ne coule plus à flot », Note de Conjoncture de juin 2012.

Tableau 1Croissance de la productivité anuelle moyenne

En %

1990-1999 1999-2007 2007-2009 2009-2012

Ensemble de l’économie (1) 3,0 2,0 -2,6 0,4

dont : Industrie non manufacturière 7,7 -0,4 -9,3 -8,6

Secteur financier et assurances 3,7 5,4 -1,5 -0,4

Reste de l’économie (2) 2,6 1,7 -2,2 0,8

(1)-(2) 0,4 0,4 -0,4 -0,4

Sources : ONS, calculs Insee

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immobilière a provoqué une forte baisse de la demande des ménages et del’extérieur : la valeur ajoutée du secteur financier s’est effondrée (-15 % duquatrième trimestre 2008 au deuxième trimestre 2013). Après avoir enregistrédes gains de productivité de 5,4 % par an en moyenne entre 1999 et 2007, laproductivité recule ainsi depuis la crise.

L’industrie extractive a cessé de soutenir la productivité britannique dès 1999 maisde nouveaux gains de productivité ont été apportés par le secteur financier. Cesoutien s’est interrompu en 2008 et la productivité due à l’industrie extractive s’esteffondrée en lien avec l’épuisement des ressources. Les gains de productivité ontdonc été accrus d’environ 0,4 point par an de 1990 à 2007 en raison desdynamismes successifs de ces deux secteurs atypiques. À l’inverse, ils seraientminorés d’environ 0,4 point par an depuis la crise pour les mêmes raisons.

Le recul des industriesextractive et financière

explique 4 points du chocde productivité

En conclusion, la prise en compte de la spécificité de l’industrie non manufacturièreet des services financiers expliquerait environ 4 points du choc négatif enregistré parla productivité de l’économie britannique depuis le début de la crise. Pour autant, laproductivité a tout de même baissé dans le reste de l’économie britannique alorsqu’elle était dynamique avant la crise, notamment dans les secteurs de services telsque la distribution ou les transports (cf graphique 6).

Le sous-investissement a contribué à l’affaiblissement de laproductivité

L’atonie de l’investissementdes entreprises depuis 2000...

Le taux d’investissement des entreprises britanniques recule de façon trèsmarquée depuis le début des années 2000. Alors qu’il s’établissait autour de12 % du PIB dans les années quatre-vingt-dix, il a reculé continûment de 2000 à2005 pour s’établir à 8,4 % en moyenne entre 2005 et 2013 (cf. graphique 7).Entre 2000 et 2007, ce recul ne s’est pas traduit par une baisse du tauxd’investissement global, l’emballement du marché immobilier compensant lerecul de l’investissement productif. En revanche, l’éclatement de la bulleimmobilière en 2008 a induit une diminution de 4 points du taux d’investissementglobal (de 18 % à 14 % du PIB).

... en particulierdans l’industrie...

Cette baisse est particulièrement marquée en ce qui concerne l’investissement enbiens d’équipement. Celui-ci ne représente plus que 5,5 % du PIB depuis 2009contre 8,6 % en moyenne dans les années quatre-vingt-dix. Alors qu’elleprogressait vigoureusement depuis le début des années quatre-vingt, la capacité

50 Note de conjoncture

À la recherche de la productivité britannique perdue

6 - Productivité par secteur dans les services

Sources : ONS, calculs Insee

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manufacturière de l’économie britannique (calculée3 comme le rapport entre laproduction manufacturière et le taux d’utilisation des capacités) a ainsi reculéd’environ 10 % depuis 2000 (cf. graphique 8).

... a un impact de l’ordre de3 points sur la productivité,...

L’ordre de grandeur de la perte de ce sous-investissement en termes de stock decapital peut être évalué à 12 % du stock de capital total des entreprises(cf. encadré 3). Au total, le sous-investissement des entreprises britanniquesdepuis 2000 expliquerait ainsi 2,8 points du choc de productivité.

... impact quidevrait s’atténuer à l’avenir

Un moindre investissement explique à la fois le choc de productivité en niveau etle ralentissement des gains de productivité. Cependant, plusieurs indicessignalent que les entreprises britanniques, notamment industrielles, développentà nouveau leurs capacités de production. L’enquête du CBI sur les intentionsd’investissement des industriels retrace ainsi correctement le sous-investissementdes années 2000, le solde de réponse étant nettement négatif sur cette période(cf. graphique 9). À l’inverse, le solde s’est nettement redressé depuis 2010, cequi suggère que la capacité manufacturière pourrait croître à nouveau.

Décembre 2013 51

À la recherche de la productivité britannique perdue

7 - Taux d’investissement au Royaume-Uni

Note : moyenne du premier semestre pour 2013Source : ONS

(3) Cette mesure donne une estimation imparfaite de la capacité manufacturière car lamesure du taux d’utilisation des capacités est soumise aux aléas des enquêtes.

8 - Capacité manufacturière(Production manufacturière/

Taux d’utilisation des capacités)

Sources : ONS, CBI

9 - Enquête sur les intentionsd’investissement dans l’industrie

Source : CBI

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Choc d’offre sur le marché du travail

Un choc d’offre sur le marchédu travail...

À la suite de la crise de 2008, le taux d’activité a baissé d’environ 0,7 point, leseffets de flexion étant traditionnellement forts au Royaume-Uni. Cependant, letaux d’activité est de nouveau en hausse depuis mi-2011 alors même que le tauxde chômage est resté stable autour de 8 % (cf. graphique 10). Le taux d’activité setrouve ainsi aujourd’hui à un niveau particulièrement élevé (77,7 % de lapopulation en âge de travailler au deuxième trimestre 2013). Pourtant, cet effetne peut expliquer qu’au maximum 0,8 point de la baisse de la productivité4.

... en lien avec leschangements de législation

Ce choc sur l’offre de travail est directement lié aux changements de législation. Laréforme des retraites de 2007 prévoit en effet une hausse progressive de l’âge dedépart à la retraite à taux plein (de 60 ans en 2010 à 65 ans en 2020 pour lesfemmes). Par ailleurs, en 2010, le gouvernement a supprimé la possibilité offerteaux entreprises de départ à la retraite d’office de leurs employés de 65 ans. Cesmesures ont conduit à une augmentation de l’âge moyen de départ en retraite (62ans en 2000, 64 en 2013), et donc à une participation accrue des plus de 60 ansau marché du travail. Par ailleurs, les conditions d’accès aux revenus d’assistanceont été considérablement durcies en termes d’obligations de recherche d’emploi :l’âge des enfants à partir duquel les parents célibataires ont une obligation derecherche d’emploi a été progressivement abaissé de 16 ans à 5 ans entre 2008 et2012. Le taux d’activité de ces personnes a augmenté significativement (+10points environ pour les personnes seules ayant un enfant entre 7 et 11 ans). Enfin,le Welfare Reform Act de 2012 a de nouveau durci les conditions d’indemnisationdes chômeurs en termes de recherche active d’emploi.

52 Note de conjoncture

À la recherche de la productivité britannique perdue

Encadré 3 - Chiffrages de la perte de productivité liée à l’offre de travail et au stock decapital

Si l’on représente l’économie à l’aide d’une fonction deproduction de type « Cobb-Douglas » :

VA K L= ∗ −α α1

avec α représentant la part de la rémunération du capital dans lePIB soit environ 1/3.

Alors la productivité apparente du travail s’écrit :

PDTVA

L

K

L= = ⎛

⎝⎜⎞⎠⎟

1

3

Et le taux de variation de la productivité vaut:

Pdt

Pdt

K

K

L

L

. . .= ∗ − ∗1

313

Pour le stock de capital, on se restreint à l’analyse de la seulevaleur ajoutée des sociétés qui représente 2/3 du PIB en 2012.L’ONS fournit des séries de stocks de capital et de valeursajoutées pour les sociétés depuis 1990. L’écart au stock decapital tendanciel est défini comme :

( ) ( )( )K K s s T t VAT

Tendenciel

T

observét

t T

T

t− = − − −= −

∑1

1

δ

δ

où sInv

VAt

t

t

= représente le taux d’investissement l’année t,

s représente le taux d’investissement moyen entre 1990 et 2005et δ représente le coefficient de déclassement évalué à 5 %1.

Le sous-investissement depuis le début des années 2000 setraduirait ainsi par une perte de l’ordre de 12,4 % sur le stock decapital des entreprises. La contribution de ce facteur à la chute dela productivité serait donc de -2,8 points :

( )Pdt

Pdtpo s

., , int= ∗ ∗ − =−1

323

12 4 2 8 ■

(1) Les résultats ne sont pas très sensibles à ce paramètre. En retenant untaux de 10 % plutôt que 5 %, la contribution du sous-investissement auchoc de productivité passe exactement de -2,8 points à -2,1 points.

(4) Le taux d’activité est passé environ de 76,5 % au premier trimestre 2010 à 77,7 % audeuxième trimestre 2013, alors que le taux de chômage est stable entre ces deuxpériodes. En supposant que les nouveaux entrants sont deux fois moins productifs que lesautres et en normalisant à 1 la productivité avant le choc d’offre de travail, la productivitébaisse de 1 à 77,1/77,7 soit une baisse de 0,8 point.

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Ajustement spectaculaire des salaires réels

Baisse de 7 % dessalaires réels...

L’inertie de la productivité ne s’est pas traduite pas une chute du taux de margedes entreprises qui atteint aujourd’hui un niveau très proche de celui de 2007. Eneffet, le salaire réel des salariés britanniques a baissé de près de 7 % en cinq ans :l’ajustement du marché du travail au choc de productivité a ainsi étéextrêmement rapide et important. Cette situation est très différente de celleobservée en France, en Allemagne ou aux États-Unis, où le salaire réel aprogressé sur la même période (entre +2,4 % et 5,0 %, cf. graphique 11).

... à la fois cause etconséquence du choc de

productivité

Cette baisse s’expliquerait ainsi en partie, d’une part par l’affaiblissement dupouvoir de négociation des salariés avec la hausse du taux d’activité, et d’autrepart par le sous-investissement qui a diminué le capital par tête. L’effet du salairesur l’emploi est difficile à déterminer car la causalité est double : en effet, si labaisse du coût du travail favorise naturellement l’emploi, toute baisse de laproductivité, due par exemple à un choc technologique, se traduit in fine par unebaisse de salaires. S’agissant du sous-investissement, celui-ci étant nettementantérieur au recul des salaires, le sens de la causalité paraît néanmoins robuste.Dans les modèles intégrant une boucle productivité-salaires-emploi, l’effet d’unebaisse exogène des salaires de 1 % se traduit par une hausse de l’emploi

Décembre 2013 53

À la recherche de la productivité britannique perdue

10 - Taux d’activité et taux de chômage au Royaume-Uni

Source : ONS

11 - Comparaison internationale des salaires réels

Sources : Instituts statistiques nationaux, calculs Insee

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d’environ 0,5 %. C’est le cas pour la France dans le modèle Mésange ou duRoyaume-Uni dans le modèle international Nigem. Au Royaume-Uni, le salairemoyen par tête rapporté au prix du PIB a décroché d’environ 14 % par rapport àsa tendance d’avant-crise soit une contribution théorique maximale de l’ordre de7 points.

Mauvaise réallocation du capital

Le faible taux derenouvellement du tissu

productif...

La productivité britannique aurait été temporairement affaiblie par une mauvaiseallocation du capital depuis la récession selon Broadbent (2012, 2013). Lesdifficultés rencontrées par les banques britanniques pourraient avoir entraîné desréticences dans le financement des créations d’entreprises et, a contrario, certainesentreprises à faible productivité continueraient de recevoir des financements. Lesystème financier ne percevrait pas correctement les risques de crédit. Un premierindice de cette erreur d’appréciation réside dans la relative faiblesse des taux decréation et de défaillance d’entreprises depuis la crise (cf.graphique 12).

... qu’indiquerait la haussede la dispersion de rendement

du capital entre secteurs...

Par ailleurs, la dispersion des taux de rendement entre les différents secteursd’activité augmente depuis la crise, selon Broadbent (2012, 2013). Avec unemobilité parfaite du capital, ces taux devraient uniquement révéler les risques surles crédits car le capital aurait tendance à se réallouer rapidement vers lessecteurs à fort rendement. En d’autres termes, la dispersion des taux derendement indique que le capital ne se réalloue pas correctement. Cependant,comme les taux de rendement à un niveau agrégé (15 secteurs) utilisés parBroadbent (2012, 2013) sont très dispersés5, l’auteur calcule donc la dispersiondes taux de rendement centrés réduits. La mise en évidence de la hausse de ladispersion dépend très fortement de la période de référence pendant laquellel’auteur considère que le capital s’allouait correctement (2000-2007).Notamment, on ne peut pas mettre en évidence de hausse de la dispersiondirectement à partir des données non centrées réduites. Toutefois, dans le détail,on constate une hausse des taux de rendement dans le secteur manufacturier etune baisse dans les secteurs de la construction et de l’immobilier, signe que lecapital ne parviendrait pas à se réallouer des seconds vers le premier.

... pourrait occasionnéune perte de productivité

de 3 à 4 points.

À un niveau microéconomique, d’après l’ONS (Field et Franklin, 2013), ladispersion de la productivité du travail augmente également fortement entre lesfirmes d’un même secteur entre 2006 et 2010. Au total, selon la Banqued’Angleterre (cf. Broadbent, 2013), la perte de productivité liée à cette mauvaiseallocation du capital est évaluée de 3 à 4 points. Cet effet est en grande partie

54 Note de conjoncture

À la recherche de la productivité britannique perdue

12 - Taux de création et de faillite d’entreprises

Source : ONS

(5) En termes bruts, deux secteurs présentent des rendements du capital négatifs de façoncontinue depuis 15 ans.

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temporaire : une fois les canaux de financement usuels rétablis, les réallocationsdevraient reprendre et la perte liée à cette mauvaise réallocation devrait disparaîtreprogressivement et donc la productivité augmenterait plus rapidement que sonpotentiel pendant quelques périodes. Des effets d’hystérèse sont toutefoissusceptibles de se manifester si les réallocations sont différées trop longtemps, lescréations d’entreprises qui auront été découragées n’ayant in fine jamais lieu.

Conclusion : un choc principalement en niveau

Alors que l’économie britannique connaissait une croissance régulière et stablede la productivité depuis la Seconde Guerre mondiale, celle-ci s’est effondrée en2008 sans se redresser depuis et se situe aujourd’hui environ 16 % en deçà de satendance d’avant-crise. Même si les effets ne sont pas parfaitement sommables,les différentes explications avancées par la littérature retracées ici expliquent dela moitié aux trois quarts du choc (cf. tableau 2). Alternativement, les effets desvariables du cycle de productivité, de sous-investissement, de choc d’offre detravail et de la spécificité des secteurs financier et pétrolier ont pu être identifiésdans le cadre d’une équation d’emploi estimée sur la période 1990-2007.Conjointement, elles expliqueraient environ les 2/3 du choc de productivitébritannique survenue entre 2008 et 2013.

La nature des chocs retracés permet de penser que la productivité britannique devraità nouveau être dynamique dans les prochaines années : en effet, à la faveur de lareprise de l’activité, les 3 points de recul imputables au cycle de productivitédevraient se résorber et même s’inverser à moyen terme, avec l’intensification de lareprise économique. Par ailleurs, la hausse du taux d’activité et le sous-financementdes entreprises innovantes ne se poursuivront pas indéfiniment et l’investissementdonne des signes de redémarrage dans l’industrie, ce qui favoriserait le retour desgains de productivité même si la perte en niveau ne serait pas compensée. Au total,seules les spécificités liées au soutien des secteurs pétrolier et financier se traduiraientnon seulement par une perte en niveau de 4 points mais aussi par un ralentissementsensible des gains de productivité de l’ordre de 0,4 % par an.■

Décembre 2013 55

À la recherche de la productivité britannique perdue

Tableau 2Synthèses des résultats

Estimations partielles(non sommables)

Estimation économétriqueen une étape Références bibliographiques

Écart à la tendance de long terme 16 %

Cycle de productivité ≈ 3 points 1,2 point secteur financier uniquement(Disney et al., 2013)

Fin du soutien des secteursfinanciers et de l’industrie extractive ≈ 4 points

≈ 7,5 points

3 points(FMI, 2013)

4-5 points(Daly et al., 2013)

Ajustement des salaires réels par tête < 7 points

dont sous-investissement ≈ 3 points

dont hausse du temps partiel < 1 point

dont hausse du taux d’activité < 1 point

Hausse des non salariés < 1 point Entre 0,2 et 0,5 point(Disney et al., 2013)

Mauvaise allocation du capital etsous-financement

Entre 3 et 4 points(Broadbent, 2013)

Erreurs de mesure Marginal hors services financiers

5 points(Goodridge et al., 2013)

4 points(Daly, 2012)

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56 Note de conjoncture

À la recherche de la productivité britannique perdue

BibliographieBroadbent B., 2012, "Productivity and the allocation of ressources", Bank of England.

Broadbent B., 2013, "Conditional guidance as a response to supply uncertainty", Bank of England.

Daly K. et Benito A., 2013, "Labour Market strength is due to increase labour supply", UK Economics Analyst,Goldman Sachs.

Daly K., 2012, "Deciphening the UK's productivity puzzle", UK Economics Analyst, Goldman Sachs.

Dezeure N. et Sobaihi H., 2012, « Royaume-Uni : l’étrange reprise de l’emploi », Note mensuelle, septembre2012 n° 8, Natixis.

Disney R., Jin W. et Miller H., 2013, "The productivity puzzle", Institute For Fiscal Studies.

Ericsson N. et MacKinnon J., 2002, "Distributions of error tests for cointegretion", Econometrics Journal, vol.5,pp.285-318.

FMI, 2013, "The productivity Puzzle in the UK", Article 4, United Kingdom.

Franklin M. et Field S., 2013, "Micro-data Perspectives on the UK Productivity Conundrum", Office for NationalStatistics.

Goodridge P., Haskel J. et Wallis G., 2013, "The contribution of the internet and telecommunications capital to UKmarket sector growth, forthcoming and available on request", National Institute Economic Review, mai 2013,National Institute of Economic and Social Research.

Haldane A., Brennan S. et Madouros V., 2010, "What is the contribution of the financial sector: miracle ormirage?", The future of Finance: the LSE report.

Insee, 2012, « Au Royaume-Uni, l’or noir ne coule plus à flots », Note de Conjoncture de juin 2012.

Oulton N., 2013, "Has the Growth of Real GDP in the UK Been Overstated Because of Mismeasurement of BankingOutput ?", National Institut Economic Review, mai 2013, National Institute of Economic and Social Research.

Weale M., 2009, "Commentary : growth prospects and financial services", National Institute Economic Review,janvier 2009, National Institute of Economic and Social Research.■

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Conjoncturefrançaise

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Décembre 2013 59

Conjoncture française

Au troisième trimestre 2013, l’activité alégèrement reculé, de 0,1 %, alors que nousprévoyions une stabilisation lors du Point deconjoncture d’octobre 2013. La contribution dela demande intérieure finale hors stocks à lacroissance du PIB est nulle au troisièmetrimestre, contre +0,1 point prévu.

La contribution des échanges extérieurs a étéquant à elle très dégradée (-0,7 point contre-0,1 point prévu). Cette évolution est à mettre enregard de la contribution positive des stocks autroisième trimestre (+0,5 point contre 0,0 pointprévu). Les matériels de transport concourentnotamment pour 0,3 point de PIB à cettecontribution des stocks, compensant en grandepartie la contribution négative du soldecommercial de ces biens (-0,4 point).

Malgré une activité un peu plus faible que prévu,les pertes d’emploi ont été moindres qu’attenduau troisième trimestre (-16 000 emplois contre-24 000 prévu). Pour le quatrième trimestre,notre prévision est quasi inchangée : le PIBcroîtrait de 0,4 % et la baisse de l’emploimarchand s’atténuerait de nouveau.

L’activité a reculé au troisièmetrimestre, alors que nous laprévoyions stable

Après un deuxième trimestre en forte progression(+0,5 %), l’activité a légèrement reculé autroisième trimestre (-0,1 %) alors que, lors du Pointde conjoncture d’octobre, nous prévoyions qu’elleserait stable (cf. graphique 1). En premier lieu, laproduction manufacturière a surpris en neprogressant que faiblement en août après uneforte baisse en juillet. Elle a ainsi nettementdiminué sur l’ensemble du troisième trimestre(-1,0 %) alors que nous prévoyions une baisse plusmodérée (-0,4 %). Tandis que l’ensemble desgrandes branches manufacturières avait crû audeuxième trimestre, elles se sont toutes repliées autroisième trimestre, en dehors de la branche« matériels de transport » qui est resté stable aprèsson envolée du deuxième trimestre. La branchecokéfaction-raffinage recule fortement (-8,8 %).

La baisse de la production manufacturière acontribué, via une baisse de la demande desentreprises, à la baisse de l’activité dans lesservices marchands (-0,1 % contre +0,2 % prévu).

Retoursur la précédente prévision

1- Graphique des risques associé à la Note de conjoncture de décembre 2013et croissance réalisée

Source : Insee

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Comme attendu, la production d’énergie a reculéau troisième trimestre 2013 (-1,5 % contre -0,8 %prévu) traduisant un retour à la normale aprèsdeux trimestres de températures inférieures auxnormales saisonnières. Dans la construction,l’activité a reculé davantage que prévu (-0,5 %contre -0,1 % attendu). Enfin, la production de labranche non marchande a ralenti comme prévupar contrecoup du trimestre précédent où lerecours aux soins avait été dynamique.

Les exportations manufacturièresont chuté

Au troisième trimestre 2013, la demandeintérieure finale hors stocks a été légèrement plusfaible qu’attendu : sa contribution à la croissancede l’activité a été nulle, contre +0,1 point prévu enoctobre. Cet écart est principalement imputable àl’investissement, en baisse de 0,6 % contre 0,2 %prévu. Alors que l’investissement en produitsmanufacturés a rebondi (+0,9 % après 6trimestres de baisse), l’investissement desentreprises en services a nettement reculé (-2,8 %)tandis que nous l’attendions en hausse. En outre,l’investissement en construction s’est repliélégèrement plus que prévu.

Comme prévu en octobre, les importations ont étédynamiques au troisième trimestre (+1,0 % contre+0,7 % prévu). A contrario, les exportations ontreculé de 1,5 %, alors que nous attendions unehausse de 0,6 %. En particulier, les exportations dematériels de transport ont fortement reculé (-5,7 %)du fait de la chute des exportations de matérielaéronautique. Au total, la contribution deséchanges extérieurs à la croissance de l’activité aété de -0,7 point, contre -0,1 point prévu. Cettecontribution est à mettre en lien avec celle de lavariation des stocks : ces derniers ont contribué àhauteur de +0,5 point à la croissance de l’activité,contre 0,0 point prévu. Bien que l’activité aitsurpris à la baisse, les pertes d’emplois desbranches marchandes non agricoles ont été plusfaibles qu'attendu , -16 000 postes contre -24 000prévu en octobre.

Notre prévision de croissance pour lequatrième trimestre 2013 estinchangée

Notre prévision de croissance de l’activité pour lequatrième trimestre 2013 est maintenue à +0,4 %.En novembre, le climat des affaires mesuré par lesenquêtes de conjoncture est globalement à sonniveau de septembre. Côté offre, nos prévisions deproduction manufacturière, d’énergie et deservices marchands hors commerce sont ainsiquasi inchangées. Dans la construction, nousrévisons cependant notre prévision d’activité à labaisse (0,0 % contre +0,3 % prévu), en lien avec lerepli des mises en chantier ces derniers mois. Lacroissance de la demande intérieure hors stocks estinchangée.

Le commerce extérieur contribuerait positivementà la croissance au quatrième trimestre (+0,3 point)en raison du fort redressement attendu desexportations (+2,3 % contre +0,9 % prévu enoctobre) par contrecoup de la baisseexceptionnelle du troisième trimestre, notammentdans l’aéronautique. De même qu’au troisièmetrimestre 2013, les variations de stockscompenseraient en partie les mouvements desexportations, notamment dans la branchematériels de transport. Ainsi, la contribution de lavariation de stocks serait au quatrième trimestre de-0,2 point, contre +0,1 prévu en octobre. L’emploimarchand non agricole serait en ligne avec notrescénario d’octobre : baisse de 7 000 postes auquatrième trimestre comme anticipé.

Enfin, l’inflation fin 2013 serait moins élevée queprévu lors du Point d’octobre (+0,8 % contre+1,1 % anticipé), l’écart étant concentré sur lesprix des carburants et des produits frais. ■

60 Note de conjoncture

Conjoncture française

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Décembre 2013 61

Conjoncture française

La production de biens et services a baissé autroisième trimestre 2013 (-0,3 %) après avoirrebondi au deuxième trimestre (+0,9 %). Le reculdu PIB a été un peu moins marqué (-0,1 % après+0,5 %). L’act iv i té dans l’ industr iemanufacturière s’est repliée (-1,0 % après+0,5 % et +2,0 % lors des deux premierstrimestres de 2013). La production dans lesservices marchands a stagné (-0,1 % après+0,7 %) et l’activité dans la construction acontinué de se replier (-0,5 % après -0,7 % et-0,6 % aux premier et deuxième trimestres 2013).

En novembre, l’amélioration du climat desaffaires observée depuis la fin de l’été 2013marque une pause. La production rebondirait auquatrième trimestre (+0,5 %) mais ralentirait parla suite (+0,2 % puis +0,3 % aux premier etdeuxième trimestres 2014), en raison de laprogression modérée de la demande.

La production augmenterait à unrythme modéré d’ici mi-2014

Au troisième trimestre 2013, la production de bienset services s’est contractée (-0,3 % après +0,9 % audeuxième trimestre 2013). Le recul du PIB a été unpeu moins marqué (-0,1 % après +0,5 %).L’indicateur de climat des affaires en France, issudes enquêtes de conjoncture auprès des chefsd’entreprise, après s’être fortement amélioré de maià septembre en augmentant de 11 points, s’eststabilisé en octobre et novembre à 95 points(cf. graphique 1). La production de biens et services

se redresserait donc au quatrième trimestre(+0,5 %, cf. graphique 2) puis ralentirait aupremier semestre 2014 (+0,2 % puis +0,3 % auxpremier et deuxième trimestres 2014), en raisond’une demande peu dynamique.L’acquis de croissance de la production pour 2014serait de +0,9 % à l’issue du premier semestre(+0,7 % pour le PIB), après une hausse de 0,6 %en 2013 (+0,2 % pour le PIB).

La production manufacturièrerebondirait au quatrième trimestre2013

La production manufacturière s’est repliée autroisième trimestre 2013 (-1,0 %), après avoirfortement rebondi au deuxième trimestre(+2,0 %). Toutes les grandes branches del’industrie manufacturière ont contribué à ce recul,à l’exception de la branche des matériels detransport qui a été quasi stable (+0,4 % après+8,1 %). Le repli a été particulièrement marquédans la branche cokéfaction-raffinage (-8,8 %),après deux trimestres très dynamiques. Dans lesindustries agroalimentaires, les biens d’équipementet les autres branches industrielles, la baisse a étéhomogène (-0,6 %).Les industriels interrogés en novembre 2013(cf. graphique 3) font état d’une améliorationsensible de leur activité passée, laissant augurer unrebond de la production manufacturière auquatrième trimestre 2013 (+0,8 %). En revanche,les perspectives générales et personnelles deproduction se sont légèrement détériorées à

Production

1 - Indicateurs synthétiques en France :tous secteurs, dans l’industrie, les services et le bâtiment

Dernier point : novembre 2013

Source : Insee

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nouveau et l’opinion des industriels sur le niveaudes carnets de commandes demeure dégradée,indiquant que ce rebond devrait nettements’atténuer (+0,2 % aux premier et deuxièmetrimestres 2014).

L’activité manufacturière progresserait de 0,5 % en2013, et l’acquis de croissance annuelle pour 2014s’établirait à +1,0 % à l’issue du premier semestre.

Dans la construction, l’activité sestabiliserait fin 2013 avant de sereplier début 2014

Au troisième trimestre 2013, la production dans lesecteur de la construction a continué de sedégrader (-0,5 %, après -0,6 % au deuxièmetrimestre 2013), du fait du repli de l’activité dans lebâtiment neuf. L’activité dans les travaux publicss’est quant à elle améliorée.

La production dans le secteur de la constructionserait stable au quatrième trimestre 2013 (0,0 %).Les mises en chantier ont rebondi en débutd’année et certaines dépenses d’entretien dulogement devraient être anticipées avant la haussedu taux de TVA au 1er janvier. De fait, l’opinion surl’activité prévue des entrepreneurs du bâtiments’améliore légèrement depuis septembre 2013, enparticulier dans l’entretien du logement(cf. graphique 4). La tendance des autorisations deconstructions est toutefois à la baisse depuis ledébut de l’année et le nombre de mises en chantierdiminue au troisième trimestre, ce qui laisseanticiper un recul de la production au premiersemestre 2014 (-0,3 % puis -0,5 % aux premier etdeuxième trimestres).

Sur l’ensemble de l’année 2013, la productiondans le secteur de la construction reculerait de2,3 %. Mi-2014, son acquis de croissance seraitde -1,0 %.

62 Note de conjoncture

Conjoncture française

2 - Contributions sectorielles à la croissance de la production totale

Source : Insee

3 - Opinion relative à la production dans l’industrie manufacturièreDernier point : novembre 2013

Source : Insee

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Services marchands hors commerce :l’activité rebondirait au quatrièmetrimestre 2013

La production de services marchands horscommerce a légèrement fléchi au troisièmetrimestre (-0,1 %), après avoir rebondi audeuxième trimestre (+0,7 %). Ce repli de l’activitéconcerne notamment les services aux entreprises(-0,5 % après +1,4 %), qui ont pâti du recul de laproduction manufacturière, et l’information-communication (-0,4 % après +0,7 %) du fait de labaisse de l’investissement en services. L’activité aralenti dans les services financiers (+0,4 % après+0,9 %) et dans l’hébergement-restauration (0,0 %après +0,7 %). Les services immobiliers ontprogressé à un rythme proche de celui du trimestreprécédent (+0,2 % après +0,3 %).Au quatrième trimestre 2013, l’activité seredresserait dans les services marchands horscommerce (+0,5 % après -0,1 %), en lien avec lesrebonds de l’investissement en services (+1,0 %après -2,9 %) et de la production manufacturière(+0,8 % après -1,0 %). Les chefs d’entreprises deservices interrogés en novembre font ainsi étatd’une amélioration de la conjoncture. L’indicateursynthétique du climat des affaires gagne troispoints en novembre, à 96 (et 13 points par rapportà mai), même s’il reste en dessous de sa moyennede long terme (100).L’activité continuerait de progresser au cours dupremier semestre 2014 (+0,3 % au premiertrimestre et +0,4 % au deuxième), à un rythmeralenti notamment du fait du manque dedynamisme de la consommation des ménages.Sur l’ensemble de l’année 2013, la production deservices marchands hors commerce croîtrait de1,0 %, après une hausse de 0,4 % en 2012. À la findu deuxième trimestre 2014, l’acquis decroissance serait de +1,1 %.

Services principalement nonmarchands : la progression del’activité resterait modérée

Dans les services principalement non marchands,la production a ralenti au troisième trimestre 2013(+0,2 % ) par contrecoup du trimestre précédent(+0,7 %) où le recours aux soins avait étéparticulièrement dynamique. La croissanceresterait modérée au quatrième trimestre 2013 etau premier semestre 2014 (+0,3 % au quatrièmetrimestre 2013 puis +0,2 % et +0,3 % aux premieret deuxième trimestres 2013).

La production de ce secteur augmenterait de 1,5 %en 2013, après une hausse de 1,2 % en 2012. À lafin du deuxième trimestre 2014, l’acquis decroissance serait de +0,9 %.

Après un quatrième trimestre trèsdynamique, l’activité commercialeaugmenterait légèrement début 2014

L’activité commerciale a été stable au troisièmetrimestre 2013 (0,0 % après +0,4 % au deuxièmetrimestre).

Elle se redresserait nettement au quatrièmetrimestre 2013 (+0,8 %), portée par laconsommation des ménages.

Dans le commerce de gros, l’indicateursynthétique du climat des affaires continue de seredresser en novembre. Les soldes d’opinionrelatifs aux ventes passées et aux exportations sontmieux orientés qu’en septembre. Les soldes relatifsaux intentions de commandes globales restent àdes niveaux proches de leur moyenne, tandis quecelui relatif aux commandes à livrer à l’étranger serelève nettement.

Décembre 2013 63

Conjoncture française

4 - Activité prévue dans la constructionDernier point : novembre 2013

Source : Insee

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Dans le commerce de détail et le commerce et laréparation automobiles, les chefs d’entreprisedéclarent être de moins en moins pessimistes, ence qui concerne leur activité passée ou leursprévisions : la tendance générale des soldesd’opinions est à la hausse depuis le premiersemestre 2013 et ils sont, en novembre, prochesde leurs moyennes de long terme. L’améliorationdu climat conjoncturel est visible tant dans lecommerce de détail que dans le commerceautomobile, en lien avec la croissance attendue dela consommation des ménages en produitsmanufacturés au quatrième trimestre (+0,5 %).L’activité commerciale ralentirait fortement aupremier semestre 2014 (+0,1 % au premiertrimestre 2014 et +0,2 % au deuxième trimestre2014), du fait notamment de l’atonie de laconsommation en produits manufacturés.Au total, l’acquis de croissance de la productiondans le commerce à la fin du premier semestre2014 s’établirait à +1,0 % après une croissancede +0,1 % enregistrée en 2013.

La production d’énergie serait quasistable au quatrième trimestre 2013

La production d’énergie a reculé au troisièmetrimestre 2013 (-1,5 %), du fait d’un retour destempératures aux normales saisonnières aprèsun premier semestre particulièrement froid. Laproduction d’énergie baisserait au quatrièmetrimestre 2013 (-0,3 %), le rebond de l’activitéindustrielle étant compensé par les températuresplus clémentes du mois d’octobre. Sousl’hypothèse d’une météorologie conforme auxnormales saisonnières, la production d’énergieaugmenterait au premier semestre 2014(+1,0 % puis +0,7 % aux premier et deuxièmetrimestres). Mi-2014, l’acquis de croissance dela production d’énergie s’établirait à +1,1 %après une hausse de 1,8 % enregistrée en2013.■

64 Note de conjoncture

Conjoncture française

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Au troisième trimestre 2013, l’activité est restéedynamique dans les économies avancées(+0,5 % après +0,6 %), un peu plus que prévudans le Point de conjoncture d’octobre. Dans leséconomies émergentes, l’activité a retrouvé unpeu d’élan.

Dans les économies avancées, les enquêtes deconjoncture, qui se sont nettement redresséescet été, demeurent à un niveau élevé ennovembre et l’activi té y resterait ainsidynamique d’ici début 2014 (+0,4 %, +0,5 %puis +0,3 %). Le profil trimestriel seraitimputable à la hausse de TVA au Japon en avril.

Au sein des économies émergentes, desdivergences persistent : l’activité progresseraitde nouveau en Chine, entraînée par la hausse ducrédit, et dans les PECO, soutenus par la repriseeuropéenne. À l’inverse, dans les autreséconomies émergentes, les banques centralesont resserré leur politique monétaire et l’activitéconserverait un rythme ralenti. La croissance ducommerce mondial serait ainsi soutenue (+1,5 %par trimestre), quoique légèrement inférieure à samoyenne d’avant-crise.

Sortie de « Quantitative Easing »annoncée

Les banques centrales des économies avancéesont des marges de manœuvre réduites, leurs tauxdirecteurs se situant depuis 2009 au plus bas. Ellesmobilisent ainsi depuis plusieurs années lesinstruments non conventionnels : aux États-Unis, la

Fed achète 85 Mds $ de titres mensuellement, etau Japon, la banque centrale a pour objectif dedoubler la base monétaire en deux ans.Cependant, la Fed ralentirait le rythme de sesachats probablement au premier semestre 2014.Cette perspective a d’ores et déjà provoqué unehausse des taux d’intérêt aux États-Unis cet été etune brusque dépréciation des monnaiesémergentes, en particulier dans les pays à fortdéficit courant. Confrontées à cette glissade, lesbanques centrales de ces pays ont resserré leurpolitique monétaire, sur fond de tensionsinflationnistes.

La consol idation budgétaireralentirait de part et d’autre del’Atlantique

Aux États-Unis, la politique budgétaire a été trèsrestrictive en 2013 : hausse des impôts depuisjanvier, coupes automatiques depuis mars etfermeture pendant 16 jours des services fédérauxen octobre. Cependant, sous réserve d’un accordau début de l’année entre le Congrès et lePrésident, l’impulsion budgétaire serait nettementmoins restrictive en 2014. Dans la zone euro, lapolitique budgétaire contribue très négativement àl’activité depuis 2011, mais les mesures nouvellespour 2014 sont d’ampleur plus limitée qu’en2013. En revanche, après avoir fortement soutenul’activité depuis un an, la politique budgétaireprendrait un tour restrictif au Japon : les plans derelance budgétaire perdraient en intensité et le tauxde TVA augmenterait de 3 points en avril 2014.

Décembre 2013 65

Conjoncture française

Environnement internationalde la France

1 - L’inflation resterait faible dans les économies avancées

Sources : Instituts statistiques nationaux, calculs et prévisions Insee

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L’inflation resterait faible dans leséconomies avancées

Depuis fin 2011, l’inflation se modère grâce au refluxdes prix des matières premières. Au troisièmetrimestre 2013, la hausse des prix à laconsommation dans les pays avancés s’est établie à+1,4 % en glissement annuel. La stabilisation du prixdu pétrole autour de 110 $ contribuerait, comptetenu des baisses intervenues au premier semestre2013, à la remontée de l’inflation en glissementannuel, de même que la hausse de la TVA au Japonau deuxième trimestre. L’inflation s’établirait ainsi à+1,6 % en glissement annuel au deuxièmetrimestre 2014 (cf. graphique 1).La hausse des prix des matières premièresindustrielles et énergétiques en 2010 s’esttransmise avec délai en 2011 à l’inflationsous-jacente. Mais, depuis début 2012, l’inflationsous-jacente recule car les prix des matièrespremières cessent d’augmenter et le niveautoujours élevé du chômage pèse sur le pouvoir denégociation des salariés. L’indice sous-jacent s’estétabli à +1,2 % au troisième trimestre 2013 etresterait à ce niveau à l’horizon de la prévision,hors effet de la hausse de TVA au Japon.

Les économies émergentes en ordredispersé

Le climat des affaires s’est nettement détérioré dejanvier à juillet dans les économies émergentes(cf. graphique 2) et l’activité a progressémodestement au premier semestre 2013. Depuisaoût, les enquêtes se redressent légèrement etl’activité a accéléré au troisième trimestre dans lesPECO et en Chine, mais a conservé un rythmeralenti en Asie émergente et en Amérique latine.D’ici mi-2014, la divergence se prolongerait. Lahausse continue de l’encours de crédit doperait, àcourt terme, le secteur immobilier chinois et lacroissance chinoise, sur fond de hausse

vigoureuse du prix des logements. L’Europe de l’Estet, dans une moindre mesure, la Turquie,bénéficieraient de l’amélioration de la demandeen provenance d’Europe. À l’inverse, au Brésil etdans l’ensemble de l’Asie émergente, lesresserrements monétaires couplés à ladépréciation forte des monnaies pèseraient sur lesdébiteurs largement endettés en dollars et lacroissance y serait modeste.

La reprise se confirme dans leséconomies avancées

Au troisième trimestre 2013, l’activité est restéesolide dans les économies avancées (+0,5 %)comme au trimestre précédent. Le climatconjoncturel global s’était nettement amélioré cetété et reste à un niveau élevé en novembre : dansles services comme dans l’industrie, il retrouve lesniveaux du début 2011 (cf. graphique 2). L’activitéresterait dynamique jusqu’au début de l’année2014, portée notamment par la consommationdes ménages (+0,4 % au quatrième trimestre puis+0,5 % au premier trimestre 2014). Sous l’effet dela hausse de TVA au Japon, elle ralentirait audeuxième trimestre 2014 (+0,3 %).

La zone euro retrouve la croissance

Cette situation d’ensemble recouvre des situationsconjoncturelles différentes. Dans la zone euro, lamoindre consolidation budgétaire, l’améliorationdes anticipations, et la nécessité de renouveler lescapacités productives, après l’ajustement marquéde l’investissement, permettraient une croissancemodérée, malgré un marché du travail toujoursdégradé. Au Royaume-Uni, la reprise resteraitparticulièrement vigoureuse : l’investissement et laconsommation repartiraient nettement, grâcenotamment à la reprise du marché immobilier. AuxÉtats-Unis, la consommation des ménages etl’investissement des entreprises continueraient desoutenir l’activité, mais la hausse passée des taux

66 Note de conjoncture

Conjoncture française

2 - Le climat des affaires reste bien orienté dans les économies avancéesDernier point : novembre 2013

Sources : Markit, Institute for Supply Management

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d’intérêt provoquerait un ralentissement dumarché immobilier et la consommation publiquese contracterait au quatrième trimestre sous l’effetdu « shutdown ». L’économie japonaise serait dopéepar des achats anticipés pendant six mois mais secontracterait par contrecoup au deuxième trimestreavec la hausse de la TVA au 1er avril 2014.

Accélérat ion de la demandemondiale adressée à la France

Au troisième trimestre 2013, le commerce mondiala accéléré (+1,1 %). Les importations des biensdes économies émergentes ont progressé de 1,6 %et celles des économies avancées de 0,9 %(cf. tableau).

Pour l’ensemble de l’économie mondiale, lacomposante des nouvelles commandes àl’exportation des enquêtes PMI se redressenettement depuis le point bas atteint au mois dejuillet 2012 et s’établit à 52,8 en novembre, auplus haut depuis début 2011 (cf. graphique 3). Lecommerce mondial accélérerait ainsi à l’horizonde la prévision (+1,5 % par trimestre).

L’accélération des importations des pays avancés,notamment européens, a permis, dès le deuxièmetrimestre 2013, un net rebond de la demandemondiale adressée à la France. Celle-cicontinuerait de progresser à un rythme proche ducommerce mondial d’ici mi-2014 (+1,3 %, puis+1,3 % et +1,4 %). ■

Décembre 2013 67

Conjoncture française

3 - Le commerce mondial accélérerait d’ici la mi-2014

Sources : Markit, Centraal PlanBureau, prévisions Insee

Synthèse du scénario international

Variations trimestrielles en % Variations annuelles en %

2012 2013 20142011 2012 2013 2014

acq.T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

PIB des économies avancées 0,6 0,0 0,2 0,0 0,3 0,6 0,5 0,4 0,5 0,3 1,7 1,4 1,2 1,5

Commerce mondial 0,5 0,5 -0,3 0,8 0,9 0,3 1,1 1,5 1,5 1,5 6,2 1,9 2,6 4,4

Importations des économies avancées 0,0 0,0 -0,1 -1,4 -0,3 0,5 0,9 1,3 1,4 1,1 3,6 -0,3 -0,3 3,8

Importations des économies émergentes 0,9 0,4 -0,2 4,2 1,6 -0,1 1,6 1,7 1,6 1,9 9,2 4,6 6,1 5,2

Prévision

Note de lecture: les données d’importations, d’exportations et de commerce mondial concernent les seuls biens

Sources : Instituts statistiques nationaux, Centraal PlanBureau, Fonds monétaire international, prévisions Insee

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68 Note de conjoncture

Conjoncture française

D’ici mi-2014, la demande extérieure adresséeà la France serait relativement dynamique(+1,3 %, puis +1,3 % et +1,4 %), après leralentissement du troisième trimestre (+1,1 %).Cependant, l’appréciation passée de l’euro(près de 10 % en termes effectifs depuis l’été2012) pèserait sur la compétitivité, et les pertestendancielles de parts de marché, quoiqueatténuées depuis 2008, subsisteraient. Après unretour à la normale attendu des exportationsaéronautiques au quatrième trimestre, lesexportations progresseraient modérément aupremier semestre 2014, de +0,7 % partrimestre.

Sous l’effet du rebond de la demande finale, lesimportations de la France progresseraient de+1,1 % au quatrième trimestre, puis de +0,7 %par trimestre au premier semestre.

Au total, la contribution des échanges extérieursà la croissance de l’activité serait positive auquatrième trimestre (+0,3 point), avec pourcontrepartie un mouvement de déstockageéquivalent, puis neutre à l’horizon de laprévision.

Les exportations rebondiraient auquatrième trimestre 2013

Au troisième trimestre 2013, les exportationsfrançaises de biens et services se sont contractées(-1,5 % après +1,9 %, cf. tableau). Cette baisse est

principalement imputable d’une part auralentissement de la demande adressée à laFrance (+1,1 % après +1,6 %, cf. graphique 1), etd’autre part à la chute ponctuelle des exportationsen matériel aéronautique, dont la contrepartie sesitue dans un mouvement de stockage équivalent à1,1 point d’exportations.

Les ventes de matériel de transport ont ainsi fortementbaissé au quatrième trimestre (-5,7 % après +4,2 %).Comme les exportations des autres produits(cokéfaction et raffinage, biens d’équipement etproduits de l’industrie agro-alimentaire) se sontégalement contractées, les exportations de biensmanufacturés ont nettement reculé au troisièmetrimestre (-1,9 % après +2,8 %). En outre, lesexportations de services ont stagné après deuxtrimestres de hausse (+0,9 % par trimestre).

A contrario, les exportations d’énergie-eau-déchets ont accéléré (+9,1 % après +7,2 %), et lesventes de produits agricoles ont nettement moinsreculé que le trimestre précédent (-1,5 % après-8,3 %).

Au quatrième trimestre 2013, le commercemondial accélérerait quelque peu (cf. graphique 2),autant du fait des économies avancées, etnotamment de la zone euro, que des économiesémergentes. Du fait de la répartition géographiquedes exportations françaises, ce seraient les paysavancés qui soutiendraient le plus la demandeadressée à la France (cf. graphique 1).

Échanges extérieurs

Prévision de croissance des échanges extérieursévolutions en % aux prix de l’année précédente chaînés, contributions en points

Variations trimestrielles Variations annuelles

2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2

ExportationsEnsemble des biens et services -0,4 1,9 -1,5 2,3 0,7 0,7 2,5 0,6 2,7

Produits manufacturés (75 %*) -0,6 2,8 -1,9 3,1 0,9 0,9 3,0 0,7 3,6

ImportationsEnsemble des biens et services 0,1 1,6 1,0 1,1 0,7 0,7 -0,9 1,2 2,9

Produits manufacturés (77 %*) 0,0 1,6 1,6 1,5 0,8 0,8 0,3 1,0 3,7

Contribution du commerceextérieur à la croissance du PIB -0,1 0,0 -0,7 0,3 0,0 0,0 1,0 -0,2 -0,1

Prévision*Part des exportations (respectivement, importations) de produits manufacturés dans les exportations (respectivement, importations) totales, en2012Source : Insee

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De plus, les exportations totales progresseraientnettement plus vite (+2,3 %) que la demandeadressée à la France, du fait du retour à la normaleattendu des exportations aéronautiques.

Au premier semestre 2014, lesexportations progresseraientmodérément

Début 2014, les exportations progresseraient de0,7 % par trimestre, soit un rythme inférieur à lahausse de la demande extérieure. En effet,l’appréciation de l’euro (près de 10 % depuismi-2012) pénaliserait de nouveau lesexportations, et les pertes tendancielles de parts demarché, quoique atténuées depuis 2008,subsisteraient. Les exportations croîtraient ainsimodérément, pour les produits manufacturés(+0,9 % par trimestre) comme pour les services(+0,3 % puis +0,8 %).

En moyenne en 2013, les exportations croîtraientde 0,6 %, après +2,5 % en 2012. L’acquis decroissance pour l’année 2014 serait de +2,7 % àla fin du premier semestre. La part de marché de laFrance baisserait légèrement début 2014 après lesà-coups du second semestre 2013(cf. graphique 3) en ligne avec sa tendance à labaisse, certes atténuée depuis la crise (cf. dossierde la Note de conjoncture de juin 2013« Comment s’explique le rééquilibrage desbalances commerciales en Europe ? »).

Les importations ralentiraient aupremier semestre 2014

Au troisième trimestre 2013, les importations debiens et services ont légèrement ralenti (+1,0 %après +1,6 %). Les achats de biens manufacturésse sont maintenus (+1,6 % de hausse aux deuxderniers trimestres). Ils ont ralenti pour les biensd’équipement, les produits agro-alimentaires et les« autres produits industriels ». Cependant, la

Décembre 2013 69

Conjoncture française

1- Demande mondiale adressée à la France et contributions des principaux partenaires

Sources : Insee, Trésor, Centraal PlanBureau

2 - Demande mondiale adressée à la France et commerce mondial

Sources : Insee, Trésor, Centraal PlanBureau

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relative bonne tenue des importations provient del’accélération des achats de matériels de transportet du redressement des achats de cokéfaction-raffinage. Les achats d’énergie brute se sontlégèrement contractés (-2,9 % après +1,1 %),tandis que ceux de produits agricoles ont accéléré(+6,8 % après +4,9 %).

Au quatrième trimestre 2013, d’après les enquêtesde conjoncture, les importations resteraientdynamiques (+1,1 %), en lien avec le rebond de lademande finale.

À l’horizon de mi-2014, les importationsralentiraient (+0,7 % par trimestre), suivant leprofil de la demande finale (cf. graphique 4).En moyenne en 2013, les importationsprogresseraient de seulement 1,2 %, après -0,9 %en 2012. L’acquis de croissance des importationspour 2014 à l’issue du premier semestre s’élèveraità +2,9 %.Au total, la contribution du commerce extérieur àla croissance serait positive au quatrième trimestre2013, avec pour contrepartie un mouvement dedéstockage équivalent mais serait négative surl’ensemble de l’année 2013 (-0,2 point). Elle seraitneutre au premier semestre 2014. ■

70 Note de conjoncture

Conjoncture française

3 - Part de marché de la France

Sources : Insee, Trésor

4 - Équation d'importations (biens et services) et contributions économétriques

Source : Insee

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L’emploi marchand a continué de reculer autroisième trimestre 2013 (-16 000 emplois), enparticulier dans le secteur industriel. À l’horizonde la prévision, le redressement de l’activité etles effets du CICE permettraient à l’emploimarchand de se stabiliser (-4 000 emplois aupremier semestre 2014).

Sur l’ensemble de l’année 2013, la baisse del’emploi dans le secteur marchand non agricole(-87 000 postes) serait nettement plus faiblequ’en 2012 (-112 000). Elle serait concentréedans l’industrie (-54 000 postes) et dans laconstruction (-23 000 postes).

Dans les secteurs non marchands, l’emploicontinuerait d’augmenter d’ici mi-2014,notamment du fait de la progression du nombredes bénéficiaires de contrats aidés. Après uneaugmentation de 20 000 postes en 2012,l’emploi dans les secteurs non marchandsprogresserait de 80 000 en 2013 et de 33 000au premier semestre 2014.

Au total, 14 000 emplois seraient créés dansl’ensemble de l’économie en 2013 (après unebaisse de 58 000 en 2012) et 36 000 aupremier semestre 2014.

Le nombre de salariés dans lessecteurs marchands se stabiliserait àl’horizon de la prévision

En 2012, l’emploi marchand a fortement diminué(de 112 000 postes), alors qu’il était en hausse en2011. Le profil de l’emploi en cours d’année a ététrès marqué : les effectifs ont légèrement diminuéau premier semestre 2012 (-12 000 personnes)puis ont chuté au second semestre (-100 000). En2013, les pertes d’emploi semblent s’atténuer(-80 000 sur les trois premiers trimestres).

Cette évolution a été relativement conforme à ce quelaissaient attendre les déterminants usuels del’emploi (cf. graphique 1). Le ralentissement del’activité depuis début 2011, qui s’est accentué en2012, s’est ainsi transmis progressivement àl’emploi. A contrario, l’amélioration observée depuisdébut 2013 est imputable au redressement del’activité.

D’ici juin 2014, la poursuite de cette reprise, et leseffets du CICE (cf. éclairage), permettraient unequasi-stabilisation de l’emploi marchand : 7 000postes seraient perdus au quatrième trimestre2013 puis 4 000 au premier semestre 2014(cf. graphique 2).cf. graphique 2).

Décembre 2013 71

Conjoncture française

Emploi

1 - Emploi observé dans le secteur marchand non agricole, emploi simulé et résidu

Note de lecture : Le résidu de l’équation d’emploi est l’écart entre l’emploi observé et l’emploi simulé à partir des évolutions d’emploi etd’activité passées et courantes et des effets des politiques de l’emploi. Un résidu positif, comme début 2012, indique que l’emploiobservé s’est comporté de façon plus favorable que ne laissaient attendre les comportements passés.

Source : Insee

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72 Note de conjoncture

Conjoncture française

Tableau 1Évolution de l’emploi

Créations d’emploi sur la période(en milliers) CVS

Évolution de l’emploi sur la période(en %) CVS *

2013 20142013 2014

S12013 2014

2013 2014S1 2012

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Salariésdusecteurconcurrentiel= (1)+ (2)

-28 -33 -11 6 3 5 -66 8 -0,2 -0,2 -0,1 0,0 0,0 0,0 -0,4 0,0 17924

Secteurs principalement nonmarchands (1) (établisse-ments privés seulement)

-1 5 4 13 6 6 21 12 0,0 0,2 0,2 0,7 0,3 0,3 1,1 0,6 1956

Secteurs principale-ment marchands nonagricoles (2) dont :

-27 -38 -16 -7 -3 -1 -87 -4 -0,2 -0,2 -0,1 0,0 0,0 0,0 -0,5 0,0 15968

Industrie -12 -19 -15 -9 -13 -6 -54 -19 -0,4 -0,6 -0,5 -0,3 -0,4 -0,2 -1,7 -0,6 3242

dont :Industrie manufacturière

-12 -19 -14 -8 -12 -5 -53 -17 -0,4 -0,7 -0,5 -0,3 -0,4 -0,2 -1,8 -0,6 2871

Construction -9 -4 -7 -4 -5 -3 -23 -8 -0,6 -0,3 -0,5 -0,3 -0,3 -0,3 -1,7 -0,6 1417

Tertiaire essentiellementmarchand -6 -15 6 6 15 8 -10 23 -0,1 -0,1 0,0 0,1 0,1 0,1 -0,1 0,2 11308

dont :Commerce

-6 -14 -8 1 2 3 -27 4 -0,2 -0,5 -0,3 0,0 0,1 0,1 -0,9 0,1 3018

Services marchands(y compris intérim) 0 -1 14 5 14 5 18 19 0,0 0,0 0,2 0,1 0,2 0,1 0,2 0,2 8290

* Niveau fin 2012 (en milliers)

Créations d’emploi sur la période(en milliers)

Évolution de l’emploi sur la période(en %)

2013 20142013 2014

S12013 2014

2013 2104S1T1 T2 T3 T4 T1 T2 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Secteurs principale-ment marchands -27 -38 -16 -7 -3 -1 -87 -4 -0,2 -0,2 -0,1 0,0 0,0 0,0 -0,5 0,0

Tertiaire principale-ment non marchand(y compris établisse-ments privés)

-6 17 15 54 25 8 80 33 -0,1 0,2 0,2 0,7 0,3 0,1 1,1 0,4

Non-salariés 5 5 5 5 4 4 20 8 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,8 0,3

EMPLOI TOTAL -27 -16 5 52 26 10 14 36 -0,1 -0,1 0,0 0,2 0,1 0,0 0,1 0,1

Prévision

Note de lecture : 8 000 emplois seraient crées dans le secteur concurrentiel durant le premier semestre 2014. Cela correspond à uneévolution de 0,0 % sur le semestre. Ce secteur comprendrait, au 31décembre 2012, 17 924 000 salariés.

(1) Secteur OQ privé(2) Secteurs DE à MN + RU

Source : Insee

Tableau 2

Variation du nombre de bénéficiaires de contrats aidés dans le secteur non marchanden milliers

2012 2013 20142011 2012 2013 2014

S1T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Emplois d’Avenir 0 0 0 1 8 13 19 38 11 10 0 1 79 22

CUI-CAE (remplace CAE+CAV au 01/01/10) 18 7 -23 -4 0 0 0 38 27 -8 -37 -2 37 18

Contrats d’Accompagnement vers l’Emploi 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 -8 0 0 0

Contrats d’Avenir 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 -5 0 0 0

Contrats Emploi-jeunes 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Total 18 7 -23 -3 8 13 19 76 38 2 -50 -1 116 40

Prévision

Champ : France métropolitaineNote : Y compris avenants de reconduction

Sources : Dares, tableau de bord des politiques de l’emploi, calculs Insee

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L’intérim augmenterait légèrement,tout comme l’emploi tertiaire horsintérim

Dans les statistiques d’emploi, l’emploi intérimaire estcomptabilisé dans le secteur tertiaire quel que soit lesecteur dans lequel sont effectuées les missions. Danstous les secteurs, le taux de recours à l’intérim seredresse depuis le premier trimestre 2013(cf. graphique 3). Il continuerait d’augmenter àl’horizon de la prévision : l’emploi intérimaireprogresserait de 8 000 postes au premier semestre2014.L’emploi dans le tertiaire marchand hors intérim adiminuéaupremier semestre2013 (- 27000postes). Ilaugmenterait faiblement au second semestre 2013(+4 000 postes), et bénéficierait ensuite du regainmodéré de l’activité au premier semestre 2014(+15 000 postes).Au total, l’emploi dans le tertiaire y compris intérimaugmenterait légèrement au second semestre2013 (+11 000 emplois), puis plus fortement aupremier semestre 2014 (+23 000 postes).

L’emploi industriel continuerait debaisser en 2013

Depuis mi-2012, les suppressions d’emplois dansl’industrie se sont progressivement intensifiées.Celles-ci se poursuivraient à l’horizon de laprévision, sur un rythme toutefois moins marqué.L’emploi industriel (hors intérim) baisserait de9 000 postes au quatrième trimestre 2013 (lesecteur perd en moyenne 13 000 postes partrimestre depuis mi-2012) puis de 19 000 aupremier semestre 2014 (cf. graphique 4).

Au total, l’emploi industriel y compris la correctionpour l’intérim utilisé dans le secteur baisserait de20 000 emplois au second semestre 2013, puis de16 000 au premier semestre 2014. Ce recul seraitcomparable à celui observé en moyenne depuis ledébut des années 2000, malgré un environnementconjoncturel aujourd’hui plus dégradé qu’aumilieu de la précédente décennie. Ceci traduiraitune certaine résistance de l’emploi manufacturier,visible depuis début 2009.

Décembre 2013 73

Conjoncture française

2 - Évolution de l’emploi salarié dans les secteurs marchands non agricoles

Source : Insee

3 - Taux de recours à l’intérim selon les secteurs

Source : Insee

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L’emploi dans la construct ionreculerait de nouveau en 2013

L’emploi salarié dans la construction décroîtpresque continûment depuis 2008. Le secteur aainsi perdu 13 000 emplois au premier semestre2013. À l’horizon de la prévision, ce reculs’intensifierait :10 000 postes seraient perdus ausecond semestre 2013 puis 8 000 au premiersemestre 2014.

L’emploi non marchand progresseraitgrâce aux contrats aidés

L’emploi non marchand croîtrait de 80 000 postesen 2013. Il continuerait de progresser à un rythmesoutenu au premier semestre 2014 (+33 000emplois).

Hors contrats aidés, l’emploi non marchandserait légèrement décroissant du fait de la baissede l’emploi public. Ainsi, le rebond de l’emploinon marchand proviendrait essentiellement dela hausse des contrats aidés. D’une part, lesentrées dans les dispositifs de contrats aidésaccéléreraient en 2013 par rapport à 2012 dufait des contrats prévus en loi de finances et descontrats supplémentaires annoncés par legouvernement en juin (465 000 contrats seraientsignés en 2013, après 403 000 en 2012).D’autre part, malgré une baisse du nombre desnouveaux contrats prévus dans le PLF 2014,l’augmentation de la durée moyenne descontrats permettrait une nouvelle hausse desbénéficiaires sur le premier semestre 2014. Autotal, le nombre de bénéficiaires augmenteraitde 116 000 en 2013, puis de 40 000 au premiersemestre 2014.■

74 Note de conjoncture

Conjoncture française

4 - Évolution de l’emploi dans les secteurs marchands non agricoles

Source : Insee

Quels effets attendre du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en 2014 ?

Le CICE est un crédit d’impôt qui s’apparente àun allègement des cotisations sociales

Le CICE est un crédit d’impot qui peut par certainscôtés être assimilé à un allégement des cotisationssociales sur les bas et moyens salaires...

Le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), annoncé ennovembre 2012 et voté le mois suivant1, est un crédit d’impôtdont bénéf ic ie l ’ensemble des entrepr ises (horsmicro-entreprises et auto-entrepreneurs), quels que soientleur forme juridique, leur secteur d’activité ou le régimed’imposition de leur résultat2.

L’assiette du CICE est constituée par les salaires bruts versésau cours de l’année dans la limite de 2,5 fois le Smic. Surcette assiette, la subvention est de 4 % pour les

rémunérations versées au titre de 2013 et de 6 % pour lesrémunérations versées les années suivantes (ce quireprésente respectivement 13 et 20 Mds€).

... mais il s’en distingue par plusieurs aspects

À partir du 1er janvier 2013, le CICE équivaut à baisser lecoût du travail moyen des entreprises de 1,8 %, et cettebaisse atteindra 2,7 % au 1er janvier 2014. Par rapport à unallègement de cotisations sociales, le CICE se distingue pardeux aspects : ce n’est pas une baisse des cotisations, maisune baisse d’impôt proportionnelle à la masse salariale, qui

(1) Article 66 de la loi n° 2012-1510 du 29 décembre 2012 de finan-ces rectificative pour 2012.(2) L’essentiel du montant du CICE concerne les entreprises assujettiesà l’impôt sur les sociétés. Mais les entreprises assujetties à l’impôt surle revenu sont également bénéficiaires du CICE.

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Décembre 2013 75

Conjoncture française

transite par une baisse de l’impôt sur les sociétés ou sur lerevenu3 ; il n’est pas perçu simultanément aux rémunérationsversées, mais avec retard. Sauf demande de préfinancementpar les entreprises (qui ne devrait représenter que de l’ordrede 1 Md€ en 2013, soit 7 % du montant éligible4), le CICE autitre des rémunérations de 2013 ne commencera à être verséqu’en 2014. En effet, le CICE calculé au titre desrémunérations 2013 doit être imputé sur le solde de l’impôtdû au titre de l’exercice 2013, qui sera acquitté en 2014. Lemontant de crédit d’impôt au titre de l’année écoulée ne peuttoutefois être remboursé immédiatement qu’à hauteur del’impôt à acquitter au titre de cette même année et le CICE autitre des rémunérations de 2013 ne sera en fait intégralementversé que d’ici 2016 (cf. tableau de l’échéancier du coûtbudgétaire du CICE).

L’estimation des effets du CICE sur l’emploi en2014 est très incertaine

Des incertitudes sur la perception de la mesure parles entreprises et donc sur son impact effectif

Les mécanismes à l’œuvre sont nombreux (cf. graphique). Enpremier lieu, le CICE améliore la situation financière desentreprises. 20 Mds€ représentent de l’ordre de 1,8 pointd’équivalent taux de marge, soit la moitié de la baisse du tauxde marge qui aura été enregistrée entre 2007 et 2013.

Cette amélioration de leur situation financière peut ensuiteinfluer sur le comportement des entreprises, lesquellespeuvent diminuer leurs prix5 augmenter leur masse salariale,via plus d’emploi ou des salaires plus élevés, ou leursdépenses d’investissement. En pratique, le comportementdes entreprises sera évidemment hétérogène, mais on peuts’attendre à retrouver, au niveau macroéconomique, cesquatre canaux de transmission du CICE.

Si on simule une baisse de cotisations uniforme dans lemodèle macroéconométrique Mésange6, il ressort qu’unebaisse du coût du travail de 2,7 % se traduirait par un surcroîtd’emplois de l’ordre de 250 000.

Cette simulation n’intègre toutefois pas le fait que le CICE estciblé sur les salaires inférieurs à 2,5 SMIC. Or, les effetsemploi d’un allégement de cotisations sociales sont d’autant

plus élevés que cet allégement est ciblé pour les bas salaires,notamment parce que la demande de travail de la part desentreprises est davantage sensible à son coût pour les bassalaires7. D’après les évaluations existantes sur la distributionde l’élasticité de la demande de travail en fonction du niveaude salaire8, on peut alors estimer que du fait du ciblage surles salaires inférieurs à 2,5 SMIC, les créations d’emploiseraient comprises entre 300 000 et 400 000, lessimulations réalisées avec le modèle Mésange se situantdans le bas de la fourchette9.

Comme le laissent attendre les résultats de simulation telsque ceux présentés ici, les pleins effets du CICE ne seproduiront que progressivement. D’après le modèleMésange, il faudra attendre cinq ans pour avoir l’essentieldes effets sur l’emploi.

Ainsi, en moyenne annuelle 2014, d’après le modèleMésange, 100 000 emplois supplémentaires seraient créés(après 50 000 en 2013). Ce chiffrage inclut, outrel’enrichissement de la croissance en emplois, l’effetsupplémentaire dû au surcroît d’activité économique,occasionné par le CICE. Il suppose que les entreprisesagissent comme si le CICE était versé dès 2013, à l’instard’un allégement de cotisations. En pratique, l’effet du CICEsera plus faible pour plusieurs raisons.

D’abord, le CICE intervient en 2013 dans un contexte où letaux de marge est à son point bas, notamment car l’emplois’est moins ajusté qu’attendu depuis 2008 ; la contraintefinancière peut donc jouer plus fortement qu’au cours desannées d’avant-crise et conduire les entreprises à davantageutiliser le CICE pour améliorer leur situation financière quece que les évaluations portant sur les décennies 1990 ou2000 peuvent laisser attendre. Ensuite, le fait que sonpaiement soit différé peut conduire certaines entreprises àdifférer également les décisions d’embauches, parce qu’ellessont contraintes sur leur trésorerie ou ont des difficultés oudes réticences à accroître leur endettement. Enfin, encomptabilité d’entreprise, l’effet du CICE sur les entreprisespourra être enregistré dans le bas de leur bilan et donc nepas être visible dans leur compte d’exploitation ; pour lesentreprises qui auront choisi ce mode d’enregistrement

Montée en charge du CICE (en Md€)2013 2014 2015 2016 2017 2018

Rattaché aux rémunérations qui font l’objet du crédit d’impôt -13 -20 -20 -20 -20 -20

Pour la trésorerie des entreprises -1 -9 -16 -17 -19 -20

Note de lecture : Pour faciliter la lecture, l'assiette du CICE est supposée constante

Source : Insee

(3) Les chiffres concernant la situation financière des entreprises pré-sentés dans cette Note de conjoncture sont donc construits sousl’hypothèse conventionnelle que le CICE sera imputé comme les autrescrédits d’impôt aux entreprises (crédit impôt recherche par exemple),c’est-à-dire sur l’impôt versé par les entreprises en 2014 ; ni la rémuné-ration du travail ni le taux de marge affichés n’en sont donc affectés.(4) CGSP (2013). Rapport du Comité de suivi du Crédit d’impôt pourla compétitivité et l’emploi(5) dans certains cas cette baisse découle de contrats d’indexation deleurs prix de vente sur leurs coûts.

(6) C. Klein, O. Simon (2010) : Le modèle Mésange réestimé en base2000. Tome 1 - Version avec volumes à prix constants.(7) Malinvaud (1998) : Les cotisations sociales à la charge des em-ployeurs : analyse économique. Rapport au CAE.(8) Conseil d’orientation pour l’emploi (2006) : Rapport au premierministre relatif aux aides publiques.(9) Ces chiffres tiennent compte du fait que le CICE est un crédit d’im-pôt et qu’ il ne vient donc pas accroître l’assiette de l’impôt ce qui,toutes choses égales par ailleurs, amplifie ses effets sur l’activité parrapport à l’allégement de cotisation.

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76 Note de conjoncture

Conjoncture française

comptable du CICE, son lien avec la rémunération dessalaires risque ainsi de ne pas être repéré aisément : de cefait, les choix d’investissement et d’embauche des entreprisespourraient ne pas intégrer, à tout le moins pas immédiatement,l’impact du CICE10. Ces effets, qui réduisent l’impact surl’emploi du CICE, devraient moins jouer à plus long terme. Eneffet, les entreprises qui tiendront compte du fait que,désormais, embaucher un salarié en dessous de 2,5 SMICcoûte in fine moins cher qu’avant bénéficieront, toutes choseségales d’ailleurs, d’un avantage compétitif par rapport à cellesqui n’en tiendront pas compte. À terme, la plupart desentreprises devraient donc ajuster leur comportement pour nepas perdre de compétitivité par rapport à leurs concurrentes.

Pour le premier semestre 2014, 15 000 emplois sup-plémentaires par trimestre, hors effet de bouclage

Au total, il parait vraisemblable qu’à long terme, les effets duCICE sur l’emploi s’élèvent à moins de 300 000.

Pour la prévision de la Note de conjoncture, nous faisonsl’hypothèse que l’enrichissement de la croissance en emploisse traduit au premier semestre 2014 par un surcroîtd’emplois de 15 000 par trimestre (après 30 000 au total en2013). Nous n’intégrons pas explicitement, en revanchel’effet supplémentaire dû au surcroît d’activité économiqueoccasionné par le CICE, qui, s’il existe, est capté par lesenquêtes de conjoncture sur lesquelles s’appuie en grandepartie notre prévision. Mais, nous intégrons explicitement soneffet sur les prix, qui compenserait en partie, à hauteur de 0,2point à l’horizon de la prévision, l’effet de la hausse de la TVA. ■

Schéma reprenant les différents mécanismes économiques attendusd’une baisse du coût salarial unitaire (CSU)

(10) Ce pourrait notamment être le cas de certaines entreprises étran-gères qui désirent s’implanter en France et qui ont un désavantage entermes d’information par rapport aux entreprises déjà implantées enFrance.

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Au troisième trimestre 2013, le taux de chômages’est établi à 10,9 % de la population active(10,5 % en France métropolitaine), en hausse de0,1 point par rapport au deuxième trimestre(cf. encadré pour les précaut ionsméthodologiques). Depuis mi-2011, le taux dechômage a augmenté de 1,4 point. I laugmenterait légèrement à l’horizon de laprévision, de 0,1 point. Mi-2014, il s’élèverait à11,0 % (10,6 % en France métropolitaine).

Au troisième trimestre 2013, le tauxde chômage s’est établi à 10,9 % dela population active

Au troisième trimestre 2013, le nombre dechômeurs a augmenté de 31 000 après unequasi-stabilisation au deuxième trimestre(+4 000)1. En effet, l’emploi a moins baissé autroisième trimestre (-6 000 après -21 000), lapopulation active a crû à un rythme soutenu autroisième trimestre 2013 (+26 000) après unebaisse ponctuelle au deuxième trimestre (-17 000)(cf. tableau). Le taux de chômage a ainsi augmentéde 0,1 point au troisième trimestre après unestabilité au deuxième trimestre 2013(cf. graphique 1).

Le taux de chômage des jeunes alégèrement baissé en 2013...

Fin 2012, le taux de chômage des 15-24 ans avaitdépassé 25 % des actifs. Il a ensuite baissé d’unpoint jusqu’au troisième trimestre 2013 pouratteindre 24,5 %. D’une part, une partie de labaisse du chômage des jeunes, de l’ordre d’undixième de point par trimestre depuis le début del’année, est due à la mise en place, fin 2012, desemplois d’avenir destinés à permettre à des jeunessans qualification ou peu diplômés d’accéder à unemploi. D’autre part, dans une moindre mesure, lacréation d’emplois en intérim a pu égalementbénéficier aux jeunes actifs, qui occupent plussouvent des emplois temporaires que leurs aînés.Le taux de chômage des jeunes est très élevé, maiscette population a un comportement d’activité trèsspécifique. Un grand nombre de jeunes de moinsde 25 ans poursuivent leurs études sans travaillerparallèlement et sont de ce fait inactifs. Ainsi, enrapportant le nombre de jeunes chômeurs à lapopulation des 15-24 ans, la mesure obtenueindique une part de chômeurs de 15 à 24 ans de9,0 %, soit seulement 0,6 point au-dessus de la partdes chômeurs dans la population des 25-49 ans.

Décembre 2013 77

Conjoncture française

Chômage

1 - Taux de chômage au sens du BIT

France = France métropolitaine +DomChamp : Population des ménages, personnes de 15 ans ou plus

Source : Insee, enquête Emploi

(1) Ces chiffres sont issus de l’enquête Emploi en continuet ne concernent donc que la métropole.

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... alors que celui des 50 ans ou plusa nettement augmenté

Le taux de chômage des actifs de 50 ans ou pluss’est accru de près d’un point depuis fin 2012 pours’établir à 8,0 % au troisième trimestre 2013. Letaux de chômage des seniors a ainsi augmentédeux fois plus vite que celui des 25-49 ans(+0,4 point depuis fin 2012, à 9,5 % au troisièmetrimestre 2013).

À l’horizon de la prévision, lechômage augmenterait trèsfaiblement

Entre le troisième trimestre 2013 et le deuxièmetrimestre 2014, le taux de chômage augmenteraitde 0,1 point, pour se situer à 11,0 % à la fin dupremier semestre 2014 (10,6 % en Francemétropolitaine). Sur les trois trimestres deprévision, les créations nettes d’emplois(+76 000) ne seraient en effet pas suffisantes pourabsorber la hausse anticipée de la populationactive (+113 000).

La population active tendancielle2 continuerait eneffet sa croissance à un rythme soutenu (+68 000personnes au premier semestre 2014, après+60 000 au deuxième semestre 2013),essentiellement du fait de la hausse des tauxd’activité, alors que la démographie contribueraitde nouveau : depuis 2011, les générations quientrent dans la tranche des 15-64 ans sont moinsnombreuses que celles qui en sortent.

En outre, la population active serait légèrementplus dynamique que son rythme tendanciel, carl’augmentation du nombre d’emplois aidéspermet à des personnes hors du marché du travailde l’intégrer. En revanche, on estime que l’effet netdes réformes des retraites postérieures auxprojections de population active tendancielle3 estnégligeable à l’horizon de la projection.■

78 Note de conjoncture

Conjoncture française

(3) L’une permettant à partir de novembre 2012 le départ àla retraite à 60 ans pour les carrières longues, l’autredécalant d’un mois l’âge d’ouverture du droit à la pensionde retraite pour les personnes nées après le 1er janvier1952, à partir du second semestre 2012.

Encadré - La rénovation de l’enquête Emploi utilisée pour la mesure du chômageau sens du BIT

Au 1er trimestre 2013, le questionnaire de l’enquête Emploi aété rénové, en particulier pour faciliter le déroulement del’enquête sur le terrain. Par ailleurs, de nouvelles conditionsd’emploi des enquêteurs ont été mises en place au 1er janvier2013, ce qui a entraîné des difficultés d’organisation duréseau des enquêteurs et, à ce stade, une baisse du taux deréponse à l’enquête. Une expertise méthodologique a étéconduite pour quantifier les incidences de ces changementssur les estimations issues des données de l’enquête Emploi.

Ainsi, certaines reformulations du nouveau questionnaire ontpesé sur la teneur des réponses pour une proportion limitéede la population enquêtée. Ceci a un impact sur la mesure enniveau des principaux indicateurs. Les effets du changementde questionnaire et de protocole d’enquête ont éténeutralisés pour que les résultats présentés dans cette fiche

soient directement comparables à ceux du quatrièmetrimestre 2012 et aux séries longues actuellementdisponibles. Ce traitement assure que les évolutions desindicateurs sont pertinentes du point de vue de l’analyseconjoncturelle. L’impact détaillé des reformulations sur lesrésultats de l’enquête est présenté dans le document« Compléments méthodologiques » associé à l’Informations

Rapides du 5 septembre 2013 présentant les résultats del’enquête Emploi du deuxième trimestre 2013.

À partir des résultats du quatrième trimestre 2013 qui serontpubliés en mars 2014, les principaux indicateurs d’activité,d’emploi et de chômage au sens du BIT intégreront l’impactde la rénovation du questionnaire et de nouvelles sérieslongues rétropolées (dont les valeurs seront donc légèrementrevues à la baisse) seront produites.■

(2) La population active tendancielle correspond à lapopulation active estimée dans les projections depopulation active. Pour plus d’information sur lesprojections de population active : Insee Première n°1345,avril 2011, O. Filatriau.

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Décembre 2013 79

Conjoncture française

Évolutions de la population active, de l’emploi et du chômage en France métropolitaine

Variations trimestrielles Variations annuelles

2012T1

2012T2

2012T3

2012T4

2013T1

2013T2

2013T3

2013T4

2014T1

2014T2 2010 2011 2012 2013 2014

S1

Population des 15-64 ans -20 -22 -21 -21 -21 -21 -21 -21 -12 -11 131 20 -84 -83 -24

Population des 15-59 ans -12 -14 -16 -19 -20 -20 -20 -19 -5 -6 -117 -70 -61 -79 -11

Population active 81 82 2 46 37 -17 25 37 38 38 79 158 211 83 76

dont :(a) Contribution de la population et du tauxd’activité tendanciel

36 36 36 36 30 30 30 30 34 34 160 165 146 120 68

(b) Effets estimés des politiques publiques 9 2 1 2 -4 5 5 7 4 4 -66 -6 14 13 8

(c) Autres fluctuations de court terme (résidu) 36 44 -36 7 11 -52 -9 0 0 0 -15 -2 51 -50 0

Emploi 23 12 -41 -41 -24 -21 -6 29 30 18 169 117 -47 -22 48

Rappel : Emploi en fin de période (cf. fiche « Emploi ») 45 -21 -60 -22 -26 -16 5 52 26 10 132 100 -58 15 36

Chômage BIT 58 70 42 87 61 4 31 9 9 20 -89 40 258 106 28

Moyenne trimestrielleMoyenne au dernier

trimestre de la période

Taux de chômage BIT (%)France métropolitaine 9,5 9,8 9,9 10,1 10,4 10,4 10,5 10,5 10,5 10,6 9,2 9,3 10,1 10,5 10,6

France (y compris Dom) 9,9 10,2 10,3 10,5 10,8 10,8 10,9 10,9 10,9 11,0 9,7 9,8 10,5 10,9 11,0

Prévisions

Notes de lecture :- la ligne Emploi présente les variations du nombre de personnes en emploi en moyenne trimestrielle en cohérence avec les autres données dutableau.- emploi et chômage ne sont pas ici estimés sur des champs strictement équivalents : population totale pour l’emploi, population des ménages(hors collectivités) pour le chômage. L’impact de cette différence de champ étant très faible (la population hors ménages représente moins de 1%de la population active), elle est négligée ici pour l’exercice de prévision du chômage.

Source : Insee

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80 Note de conjoncture

Conjoncture française

L’ inf la t ion d’ensemble augmenterai tprogressivement de 0,7 % en novembre 2013 à1,1 % en juin 2014, sous l’effet de plusieursfacteurs ponctuels. Le redressement des prix destélécommunications y contribuerait notammentpour +0,1 point, et les hausses des taux de TVAau 1er janvier 2014 (nettes de l’effet du CICE)pour +0,2 point. Par ailleurs, le glissementannuel des prix de l’énergie augmenterait pareffet de base1, et contribuerait pour +0,2 point.

Hausse de l’inflation d’ensemble

À l’horizon de la prévision, l’inflation d’ensembleaugmenterait de 0,7 % fin novembre 2013 à1,1 % fin juin 2014 (cf graphique 1). L’inflation« sous-jacente »2 augmenterait légèrement à+0,8 % en glissement annuel. Cette divergenceprovient pour l’essentiel de la hausse des taux deTVA au 1er janvier 2014 : elle contribuerait (nettede l’effet du CICE) pour +0,2 point àl’augmentation de l’inflation d’ensemble, et pour-0,4 point à l’inflation sous-jacente qui estcalculée par l’Insee hors taxes (cf. éclairage). Dansune moindre mesure, l’augmentation de 20centimes du prix du tabac, qui n’est quepartiellement due à la hausse de TVA, etl’augmentation de l’inflation énergétique, par effetde base, contribueraient également à ladivergence d’évolution entre inflation d’ensembleet inflation « sous-jacente ».

Par ailleurs, l’inflation augmenterait par effet debase, après les baisses exceptionnelles de 2013des prix des services de communication (+0,1 pointsur l’inflation d’ensemble, +0,2 point sur l’ inflation« sous-jacente »).

L’inflation des produits manufacturésfaiblement négative

Le glissement annuel des prix des produitsmanufacturés, à -0,5 % en novembre,augmenterait jusqu’à -0,3 % en juin 2014. Lesmodifications des taux de TVA au 1er janvier 2014auraient, à l’horizon de la prévision, un impact de+0,2 point sur le glissement annuel des prix desproduits manufacturés (cf. encadré) etl’instauration du CICE aurait, dans ce secteur, unimpact de -0,3 point. Le faible niveau du tauxd’utilisation des capacités, l’atonie des prixd’importations, le niveau élevé du taux dechômage, ainsi que les meilleurs gains deproductivité, continueraient de limiter les pressionsinflationnistes dans le secteur manufacturier.Néanmoins, le glissement annuel des prix del’habillement-chaussures augmenterait à+1,0 %, après +0,8 % en novembre, sous l’effetdu redressement des prix du coton depuis début2012. Par ailleurs, le glissement annuel desproduits de santé, à -3,2 % en novembre seraitquasi stable à l’horizon de la prévision, car,comme en 2013, de fortes baisses sont à prévoircomme inscrit dans le projet de loi de finances dela sécurité sociale 2014.

Prix à la consommation

Source : Insee

1 - Prix à la consommation en France

(1) Le prix de l’énergie est supposé stable à l’horizon de laprévision, mais du fait de sa baisse au 1er semestre 2013,le glissement annuel fin juin 2014 sera plus élevé que leglissement fin 2013.(2) cf. « Les mots de la conjoncture »

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L'inflation des services croîtrait

Le glissement annuel des prix des services, à+1,5 % en novembre, augmenterait à +2,1 % enjuin 2014. La hausse des prix des services seraitentraînée par la hausse du taux de TVA (0,4 pointnet du CICE) et la stabilisation des prix des servicesde télécommunications, après les fortes baisses àla suite de l’arrivée en janvier 2012 d’un nouvelopérateur de téléphonie mobile.

Les prix de l’énergie augmenteraientpar effet de base

Après +0,1 % en novembre, le glissement annueldes prix de l’énergie augmenterait pour s’établir à+2,7 % en juin 2014. Sous l’hypothèse d’unestabilisation du prix du baril de Brent à 81,5 €(110 $) à l’horizon de la prévision, les sorties deglissement des fortes baisses constatées auprintemps 2013 contribueraient mécaniquement à

la hausse de l’inflation énergétique. Leschangements des taux de TVA de janvier 2014 necontribueraient quant à eux qu’à +0,2 point à lahausse des prix de l’énergie. Globalement,l’énergie contribuerait pour 0,2 point à la haussede l’inflation totale d’ici juin 2014(cf. graphique 2).

Les prix des produits alimentairesdiminuerait en 2014 par effet de base

En l’absence de choc sur la production desproduits frais, le glissement annuel des prix dans lesecteur de l’alimentation diminuerait à l’horizon dela prévision à -0,8 % (cf. tableau) en raison desfortes hausses des prix des produits frais au premiersemestre 2013 et de l’impact très limité deshausses de TVA dans ce secteur.■

Décembre 2013 81

Conjoncture française

Les prix à la consommationévolutions en %

Regroupements IPC*

(pondérations 2012)

Juin 2013 Novembre 2013 Décembre 2013 Juin 2014 Moyennesannuelles

ga cga ga cga ga cga ga cga 2012 2013

Alimentation (16,6 %) 1,8 0,3 0,3 0,0 0,4 0,1 -0,8 -0,1 3,0 1,3

dont :produits frais (2,1 %) 7,3 0,2 -1,2 0,0 -0,7 0,0 -7,7 -0,2 5,2 4,3

hors produits frais (14,5 %) 1,0 0,1 0,5 0,1 0,5 0,1 0,3 0,0 2,7 0,9

Tabac (2,1 %) 7,0 0,1 3,5 0,1 3,5 0,1 6,4 0,1 6,2 6,8

Produits manufacturés (27,4 %) -0,4 -0,1 -0,5 -0,1 -0,4 -0,1 -0,3 -0,1 0,7 -0,4

Énergie (8,2 %) 1,7 0,1 0,1 0,0 1,2 0,1 2,7 0,2 5,2 0,8

dont :produits pétroliers (5,0 %) -0,9 0,0 -3,4 -0,2 -1,4 -0,1 1,6 0,1 5,8 -2,3

Services (45,8 %) 1,0 0,5 1,5 0,7 1,5 0,7 2,1 1,0 1,6 1,2

dont :loyers-eau (7,5 %) 1,7 0,1 1,5 0,1 1,5 0,1 1,7 0,1 2,0 1,8

santé (5,4 %) 1,1 0,1 0,4 0,0 0,3 0,0 0,4 0,0 0,9 0,8

transports-communications (5,2 %) -5,8 -0,3 0,5 0,0 -0,2 0,0 3,5 0,2 -3,7 -4,2

autres services (27,8 %) 2,1 0,6 1,9 0,5 2,0 0,6 2,4 0,7 2,7 2,1

Ensemble (100 %) 0,9 0,9 0,7 0,7 0,8 0,8 1,1 1,1 2,0 0,9

Ensemble hors énergie (91,8 %) 0,8 0,8 0,7 0,7 0,8 0,7 1,0 0,9 1,6 0,9

Ensemble hors tabac (97,9 %) 0,8 0,8 0,6 0,6 0,7 0,7 1,0 1,0 1,9 0,8

Inflation « sous-jacente » (60,8 %)1 0,3 0,2 0,8 0,5 0,8 0,5 0,8 0,5 1,3 0,6

Prévisionga : glissement annuel.cga : contribution au glissement annuel.* Indice des prix à la consommation (IPC).(1) Indice hors tarifs publics et produits à prix volatils, corrigé des mesures fiscales.

Source : Insee

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82 Note de conjoncture

Conjoncture française

2 - L’inflation en France : contributions des postes les plus volatils

Source : Insee

Hausse des taux de TVA et effet du CICE : des impacts opposés sur l’inflation

Le 1er janvier 2014, le taux normal de TVA augmentera de19,6 % à 20 % et le taux intermédiaire de 7 % à 10 %. Le tauxréduit (5,5 %), le taux super réduit (2,1 %) et le taux nul neseraient pas modifiés. Enfin, le taux applicable en Corsecroîtra de 8 à 10 %. Les prix des services seront donc les plusaffectés : hébergement, cafés et restauration, entretien dulogement 1, services culturels, transports (cf. tableau).

Si la hausse de la TVA était intégralement répercutée, les prixdes produits au taux normal de TVA augmenterait de 0,3 %et les prix des produits au taux intermédiaire de 2,8 %, soitune hausse de 0,5 point de l’inflation d’ensemble.

En pratique, d’après les expériences passées de variation destaux de TVA, l’ajustement des prix se fait progressivement, sibien qu’un impact de l’ordre de 0,4 % serait attendu à fin juin2014 (cf. graphique). Économiquement, ce délai detransmission traduit des comportements de marge decertaines entreprises, qui ne répercutent pas immédiatement

la hausse de la TVA dans les prix à la consommation. À courtterme, certaines entreprises baissent alors leurs prix horstaxe, impliquant un effort sur leurs marges, pour ne pasamputer leurs prix TTC. Ces comportements sont pourtanttransitoires : en observant des hausses ou des baissespassées de TVA, en France comme à l’étranger, leschangements de législation de la fiscalité indirecte setransmettent aux prix à la consommation (TTC) au bout d’uncertain délai, suggérant qu’elles n’ont finalement pas d’effetsur le niveau des prix hors taxe.

En outre, comme la hausse du taux de TVA se fera en 2014concomitamment à la mise en place du CICE, la diffusionserait de fait plus faible que pour les hausses passées de tauxde TVA, et l’effet sur l’inflation en glissement annuel à fin juin2014 ne serait que +0,2 point (cf. tableau).

L’inflation « sous jacente » est, quant à elle, corrigée des mesuresfiscales. L’impact théorique des hausses de TVA contribuentnégativement à l’inflation « sous-jacente », dès janvier 2014(pour 0,6 point). Comme les variations de TVA ne serépercutent en pratique que progressivement sur les prix, lahausse au 1er janvier 2014 réduira comptablement l’inflation« sous-jacente ». ■

(1) L’essentiel des dépenses d’entretien du logement est toutefoisconsidéré en comptabilité nationale en investissement des ménages.

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Décembre 2013 83

Conjoncture française

Impact sur les indices des prix à la consommation des hausses de TVA du 1er janvier 2014 etde l’instauration du CICE

Secteur Poids du secteurImpact des

changements des tauxde TVA aux prix à la

consommation

Impact du CICE sur lesglissements annuels

des prix à laconsommation

Impact total

Alimentation 1658 0,0 -0,1 -0,1

Produits frais 210 0,0 0,0 0,0

Alimentation hors produit frais 1448 0,0 -0,2 -0,1

Tabac 206 1,5 0,0 1,5

Produits manufacturés 2738 0,2 -0,3 0,0

Habillement chaussures 458 0,2 -0,3 -0,1

Produits de santé 455 0,2 0,0 0,2

Autres produits manufacturés 1825 0,3 -0,3 -0,1

Énergie 822 0,2 0,0 0,2

Produits pétroliers 495 0,2 0,0 0,2

Services 4576 0,6 -0,2 0,4

Loyer, eau, ordures 748 0,1 0,0 0,1

Services santé 542 0,0 0,0 0,0

Transports et communication 506 1,3 -0,3 1,0

Autres services 2780 0,7 -0,3 0,4

Ensemble 10000 0,4 -0,2 0,2

Ensemble « sous- jacent » 6085 -0,1 -0,3 -0,4

Impact de la hausse de la TVA sur le glissement annuel de l’inflation d’ensembleentre janvier et juin 2014

Source : Insee

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84 Note de conjoncture

Conjoncture française

En 2013, le salaire mensuel de base (SMB) et lesalaire moyen par tête (SMPT) auront augmentéenviron au même rythme qu’en 2012. Malgré unemoindre revalorisation du Smic au 1er janvier2013, l’inflation, proche de 2,0 % en 2012, asoutenu les salaires nominaux. En l’absence de« coup de pouce », la hausse du Smic serait limitéeen janvier 2014 (+1,1 %), en raison de la faibleinflation observée depuis plus d’un an. Comme leniveau élevé du taux de chômage continuerait depeser sur le pouvoir de négociation des salariés,les salaires nominaux conserveraient un rythme decroissance modéré au premier semestre 2014(+0,5 % puis +0,4 % par trimestre).

En termes réels, grâce à la baisse de l’inflation , lessalaires en euros constants auront accéléré en2013 : le SMB augmenterait de 1,1 % après+0,3 % en 2012 et le SMPT augmenterait de1,3 % après avoir stagné en 2012. Début 2014,en revanche, la hausse de l’inflation rogneraitles gains de salaires nominaux : le SMPT réel neprogresserait pas au premier semestre.

Dans les administrations publiques, la baisse del’inflation se serait également traduite en 2013 parune accélération temporaire des salaires en eurosconstants (+0,7 % après +0,1 % en 2012).

En 2013, le SMB ralentit tandis que leSMPT accélère légèrement

En 2013, le salaire mensuel de base (SMB)1nominal serait légèrement moins dynamique qu’en2012 (+1,7 % après +2,1 %). La hausse du taux dechômage continuerait de peser sur le pouvoir denégociation des salariés et limiterait l’augmentationglobale des salaires. En outre, la revalorisation duSmic a été moindre en 2013 (+0,3 % au 1er janvier,soit +1,3 % en moyenne annuelle) qu’en 2012(+0,3 % le 1er janvier 2012 et +2,0 % le 1er juillet2012, après +2,1 % le 1er décembre 2011, soit+3,2 % en moyenne annuelle en 2012).

Le salaire moyen par tête nominal (SMPT), quicomprend les primes, l’intéressement et larémunération des heures supplémentaires,accélérerait légèrement en 2013 (+2,0 % après+1,8 %), principalement sous l’effet du versementponctuel de primes au deuxième trimestre.

La forte baisse de l’inflation en 2013 auraoccasionné des gains de salaires réels

La forte baisse de l’inflation en 2013 (+0,6 % après+1,9 %) s’est peu transmise aux salaires nominauxprobablement parce qu’elle n’avait pas été anticipée(pour mémoire, l’hypothèse d’inflation dans le PLF2013 était de +1,8 %). Dès lors, le SMB en eurosconstants accélérerait sur l’année (+1,1 % après+0,3 %). Le SMPT réel accélérerait plus nettementque le SMB (+1,3 % après 0,0 %) car les primes ontété plus dynamiques (cf. graphique).

Salaires

Évolution du salaire moyen par tête (SMPT), nominal et réel

Champ : Secteur marchand non agricole

Sources : Dares, Insee

(1) Pour une définition des termes SMB et SMPT, cf. lexiquesur le site insee.fr « Les mots de la conjoncture ».

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Décembre 2013 85

Conjoncture française

Début 2014, la hausse de l’inflationrognerait intégralement les gains desalaires nominaux

Au 1er janvier 2014, la revalorisation du Smic, enl’absence de « coup de pouce » serait modérée(+1,1 %)en raison de la faible inflation observée en2013. Les négociations salariales commenceraientà intégrer la baisse de l’inflation de 2013 et lemarché du travail resterait dégradé ; les salairesaugmenteraient donc à un rythme modéré, entermes nominaux et les acquis de croissance pourl’année 2014 à l’issue du deuxième trimestreseraient de +1,3 % pour le SMB et +1,5 % pour leSMPT.L’inflation, plus soutenue qu’en 2013, rogneraitintégralement ces gains de salaires nominaux.Ainsi, en termes réels, le SMB baisserait légèrementtandis que le SMPT stagnerait (cf. tableau). Lesacquis de croissance pour l’année 2014 à l’issuedu deuxième trimestre seraient de +0,4 % pour leSMB et de +0,6 % pour le SMPT.

Les salaires réels accélèrenttemporairement en 2013 dans lesadministrations publiques

Les salaires nominaux ralentiraient dans la fonctionpublique en 2013 (+1,3 % après +2,0 % en2012). En effet, dans la fonction publique, le pointd’indice, gelé depuis le 1er juillet 2010, n’a pas étérevalorisé en 2013. De plus, l’indice minimum dela Fonction publique n’a été revalorisé que de0,3 % au 1er janvier 2013, suivant l’évolution duSmic. Les salariés de la fonction publiquecontinueraient toutefois de bénéficier du dispositifde garantie individuelle du pouvoir d’achat(GIPA)2 qui a été reconduit en 2013 selon lesmêmes modalités qu’en 2012. Comme dans lesecteur marchand, la forte baisse de l’inflationpermettrait une hausse des salaires réels de 0,7 %,après +0,1 % en 2012.

Début 2014, sous l’hypothèse d’un nouveau geldu point d’indice et de la reconduction du dispositifGIPA, le SMPT nominal des administrationspubliques ralentirait. L’acquis de croissance àl’issue du deuxième trimestre serait de +0,8 %(-0,1 % en termes réels). ■

(2) La garantie individuelle du pouvoir d’achat 2013 est uneindemnité qui concerne les fonctionnaires et certains agents del’État qui ont subi une perte de pouvoir d’achat entre 2008 et2012.

Évolution du salaire mensuel de base (SMB) et du salaire moyen par tête (SMPT)dans le secteur marchand non agricole et dans les administrations publiques

évolutions en %

Données CVS

Taux de croissance trimestriels Moyennes annuelles

2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2

Salaire mensuel de base (SMB) 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 2,1 1,7 1,3

Salaire moyen par tête (SMPT) dans le secteurmarchand non agricole (SMNA) 0,6 0,7 0,4 0,4 0,5 0,4 1,8 2,0 1,5

Salaire moyen par tête dans les administrationspubliques (APU) 2,0 1,3 0,8

Prix de la consommation des ménages(Comptes nationaux trimestriels) 0,3 -0,1 0,2 0,1 0,5 0,3 1,9 0,6 0,9

SMB réel 0,1 0,5 0,1 0,3 -0,1 0,1 0,3 1,1 0,4

SMPT réel (SMNA) 0,3 0,8 0,2 0,3 0,0 0,1 0,0 1,3 0,6

SMPT réel (APU) 0,1 0,7 -0,1

Prévision

Source : Insee

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86 Note de conjoncture

En 2013, le pouvoir d’achat des ménages seredresserait (+0,5 % après -0,9 % en 2012),principalement grâce à la décélération des prixde la consommation (+0,6 % après +1,9 % en2012). L’augmentation du revenu disponible brutdes ménages serait également légèrement plussoutenue (+1,1 % après +0,9 % en 2012) du faitdu moindre dynamisme des prélèvementsobligatoires (+4,5 % après +7,4 % en 2012) etmalgré le ralentissement des revenus d’activité(+1,3 % après +1,8 % en 2012).

À l’horizon de la prévision, le profil semestrield’évolution du pouvoir d’achat serait heurté,principalement du fait du calendrier deperception des impôts. Il baisserait ainsi ausecond semestre 2013, puis se redresserait aupremier semestre 2014. En effet, début 2014,les revenus d’activité progresseraient sur unrythme stabilisé, mais les impôts, après leshausses fin 2013 générées par la régularisationde l’impôt sur le revenu, se replieraient parcontrecoup en tout début d’année.

Après un ralentissement en 2013, lesrevenus d’activité progresseraientsur un rythme stabilisé début 2014

Les revenus d’activité ralentiraient en 2013 (+1,3 %après +1,8 % en 2012, cf. tableau 1). La croissancede la masse salariale reçue par les ménages seraitmoins forte (+1,5 % après +1,9 % en 2012, cf.tableau 2), du fait notamment du recul de l’emploi,qui s’accentuerait dans les branches marchandesnon agricoles (-0,7 % après -0,1 %, cf. graphique)1.

En outre, l’excédent brut d’exploitation desentrepreneurs individuels décélérerait sensiblement(-0,2 % après +1,7 % en 2012), du fait d’unedégradation des revenus d’activité dans l’agricultureet la construction. Par ailleurs, les revenus de lapropriété ralentiraient nettement en 2013 (-0,2 %après +0,6 % en 2012), principalement sous l’effetd’une baisse des taux d’épargne réglementée. Enfin,l’excédent brut d’exploitation des ménages purs,freiné en 2012 par la baisse des taux d’intérêt,accélérerait (+2,2 % après +1,4 % en 2012)2.

Au premier semestre 2014, la croissance desrevenus d’activité se stabiliserait (+0,4 % aux deuxpremiers trimestres 2014 après +0,3 % auquatrième trimestre 2013), à l’image de la massesalariale reçue par les ménages. De même,l’excédent brut d’exploitation des entrepreneursindividuels renouerait avec la croissance auquatrième trimestre (+0,2 % après -0,2 %) etcontinuerait de progresser à ce rythme au premiersemestre 2014.

Revenus des ménages

Décomposition de la masse salariale des ménages sur le champ concurrentiel non agricole

Source : Insee

(1) Pour mémoire, le recul de l’emploi en glissementannuel serait a contrario deux fois plus faible en 2013qu’en 2012 (cf. fiche Emploi).

(2) L’EBE des ménages purs correspond à la production deservices de logement, déduction faite des consommationsintermédiaires nécessaires à cette production (notammentles services d’intermédiation financière, SIFIM, liés auxemprunts) et des impôts (taxe foncière). La productioncorrespond aux loyers que les particuliers propriétaires dulogement perçoivent de leurs locataires ou pourraientrecevoir s’ils mettaient leur bien en location (« loyersimputés »). En 2012, les taux d’intérêt auxquels sefinancent les banques ont davantage baissé que les tauxdes crédits immobiliers, les services d’intermédiationfinancière ont donc renchéri.

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Les prestat ions socialescontinueraient de ralentir

En 2013, les prestations sociales en espècesseraient moins dynamiques qu’en 2012 (+3,3 %après +4,0 %, cf. tableau 3). En effet, lesprestations de sécurité sociale ralentiraient(+3,2 % après +4,2 %). D’une part, les retraitescomplémentaires versées par l’Agirc-Arrcoseraient moins revalorisées, à la suite de l’accordde mars 2013. D’autre part, les prestationsfamiliales progresseraient à nouveau à un rythmehabituel, après une année 2012 soutenue par laforte revalorisation de l’allocation de rentréescolaire. En revanche, les prestations d’assistancesociale continueraient d’accélérer en 2013(+5,5 % après +4,2 % en 2012) : malgré leralentissement de l’allocation aux adulteshandicapés (AAH), elles resteraient soutenues parle dynamisme du revenu de solidarité active (RSA),notamment en raison de sa revalorisation au1er janvier, et de l’allocation de solidaritéspécifique (ASS).

Les prestations sociales en espèces ralentiraient denouveau au premier semestre 2014. En effet, lesprestations de sécurité sociale décélèreraient(+0,8 % et +0,9 % aux deux derniers trimestres2013 puis +0,7 % et +0,0 % aux deux premierstrimestres 2014). Notamment, en 2014, larevalorisation des retraites des régimes de base (àl’exception de l’Allocation de Solidarité auxPersonnes Âgées (ASPA) et des pensions d’invalidité)ne s’effectuerait plus comme les annéesprécédentes au 1er avril, mais serait reportée au 1er

octobre. Par ailleurs, à la suite de l’accord de mars2013, la revalorisation des pensions del’Agirc-Arrco serait moindre au 1er avril 2014. Enoutre, les prestations d’assistance socialeralentiraient légèrement, notamment parce que ledynamisme du revenu de solidarité active (RSA)s’estomperait au premier semestre 2014 en lienavec la moindre dégradation du marché du travail.

Décembre 2013 87

Conjoncture française

Tableau 1Revenu disponible brut des ménages

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Revenu disponible brut (RDB) (100 %) 0,3 0,4 -0,2 -0,7 1,2 0,4 0,1 0,0 1,1 0,4 0,9 1,1 1,5

dont :Revenus d’activité (69 %) 0,6 0,3 0,5 0,1 0,3 0,5 0,2 0,3 0,4 0,4 1,8 1,3 1,2

Masse salariale brute (60 %) 0,6 0,3 0,5 0,2 0,4 0,5 0,3 0,4 0,5 0,4 1,9 1,5 1,3

EBE des entrepreneurs individuels1 (9 %) 0,5 0,4 0,2 -0,4 -0,4 0,5 -0,2 0,2 0,0 0,3 1,7 -0,2 0,4

Prestations sociales en espèces (33 %) 1,2 1,1 1,0 0,8 0,6 0,8 0,8 0,9 0,7 0,2 4,0 3,3 2,2

EBE des ménages purs (12 %) 0,2 0,3 0,2 0,6 0,6 0,6 0,5 0,7 0,8 0,5 1,4 2,2 2,2

Revenus de la propriété (10 %) -0,6 -0,3 0,1 0,7 -0,1 -0,4 -0,6 0,1 1,0 1,0 0,6 -0,2 1,5

Prélèvements sociaux et fiscaux (-25 %) 1,6 0,6 3,4 4,7 -2,8 1,0 1,3 2,7 -1,4 0,6 7,4 4,5 1,8

Cotisations des salariés (-8 %) 1,1 0,5 0,9 2,0 0,5 0,6 0,4 0,4 0,5 0,4 3,4 3,3 1,3

Cotisations des non-salariés (-2 %) 4,7 1,5 1,7 2,4 -0,5 0,6 1,7 0,5 0,5 0,5 5,9 4,0 2,3

Impôts sur le revenu et le patrimoine(y compris CSG et CRDS) (-14 %)

1,5 0,5 5,1 6,6 -5,0 1,3 1,8 4,3 -2,8 0,7 10,2 5,3 2,1

Revenus hors impôts 0,5 0,4 0,5 0,2 0,4 0,5 0,3 0,5 0,6 0,4 2,0 1,6 1,6

Prix de la consommation des ménages(comptes nationaux trimestriels) 0,8 0,2 0,1 0,2 0,3 -0,1 0,2 0,1 0,5 0,3 1,9 0,6 0,9

Pouvoir d’achat du RDB -0,4 0,2 -0,3 -0,9 0,9 0,5 -0,1 -0,1 0,6 0,1 -0,9 0,5 0,6

Pouvoir d’achat par unité deconsommation -0,6 0,0 -0,4 -1,0 0,8 0,3 -0,3 -0,3 0,5 -0,2 -1,5 -0,1 0,0

Prévision

Note de lecture : Les chiffres entre parenthèses donnent la structure de l’année 2012.

(1) L’excédent brut d’exploitation (EBE) des entrepreneurs individuels est le solde du compte d’exploitation des entreprises individuelles. Ils’agit d’un revenu mixte puisqu’il rémunère le travail effectué par le propriétaire de l’entreprise individuelle, et éventuellement lesmembres de sa famille, mais contient également le profit réalisé en tant qu’entrepreneur.

Source : Insee

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88 Note de conjoncture

Conjoncture française

Les prélèvements obligatoires,toujours dynamiques en 2013,ralentiraient début 2014

Sur l’ensemble de l’année 2013, les prélèvementsobligatoires versés par les ménages croîtraient moinsqu’en 2012 (+4,5 % après +7,4 %). Les mesuresnouvelles seraient d’un montant comparable à cellesde 2012, mais la croissance spontanée desprélèvements obligatoires serait plus faible que l’andernier, du fait du ralentissement des revenusd’activité en 2012. En particulier, les recettes desimpôts sur le revenu et le patrimoine ralentiraient surl’ensemble de l’année (+5,3 % après +10,2 %). Lescotisations salariales augmenteraient en 2013 aumême rythme qu’en 2012 (+3,3 % après +3,4 %).Les cotisations des non-salariés continueraient decroître à un rythme soutenu (+4,0 % en 2013 après+5,9 %), notamment du fait du déplafonnement descotisations maladie et de la suppression del’abattement forfaitaire pour frais professionnelsprévus par la loi de financement de la sécurité socialepour 2013.

Les mesures nouvelles d’impôts sur le revenu et lepatrimoine prévues pour 2013 (notamment lanon-indexation du barème de l’impôt sur lerevenu, la création de la tranche à 45 % et la baissedu plafond du quotient familial) interviennentprincipalement au second semestre, lors de laréception des avis d’imposition. Le profil desimpôts est ainsi heurté, comme chaque année,avec une hausse attendue au troisième trimestre(+1,8 %) puis une accélération au quatrièmetrimestre (+4,3 %), et par contrecoup une baisse

au premier trimestre 2014 (-2,8 %). Par ailleurs, lescotisations versées par les ménages accéléreraientlégèrement au cours du premier semestre 2014.Au total, les prélèvements obligatoires baisseraientau premier trimestre (-1,4 %), puis augmenteraientlégèrement au deuxième (+0,6 %).

Le pouvoir d’achat renouerait avec lacroissance en 2013

Le revenu disponible brut (RDB) nominal desménages accélérerait légèrement en 2013 (+1,1 %après +0,9 % en 2012). Dans le même temps, lesprix à la consommation ralentiraient nettement(+0,6 % contre +1,9 %). Le pouvoir d’achat du RDBaccélérerait donc sensiblement, progressant de0,5 % en 2013, après -0,9 % en 2012. Le pouvoird’achat par unité de consommation, qui tientnotamment compte des évolutions démographiques,serait quasi stable en 2013 (-0,1%) après un recul en2012 (-1,5 %, cf. encadré).

Début 2014, à la faveur du profil spécifique desimpôts, le RDB des ménages se redresserait(+1,1 % au premier trimestre puis +0,4 % audeuxième), alors qu’il serait quasi stable fin 2013(+0,1 % au troisième trimestre puis 0,0 % auquatrième). Le pouvoir d’achat se redresseraitmoins fortement (+0,6 % puis 0,1 % début 2014après -0,1% aux deux derniers trimestres 2013), enraison de l’accélération attendue des prix.Mi-2004, le pouvoir d’achat serait 0,5 % plusélevé qu’un an auparavant

Tableau 2De la masse salariale des entreprises non financières à celle reçue par les ménages

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Entreprises non financières (ENF) (67 %) 0,5 0,2 0,4 0,1 0,4 0,6 0,3 0,3 0,5 0,4 1,8 1,3 1,3

dont :Salaire moyen par tête 0,5 0,3 0,6 0,4 0,5 0,7 0,4 0,4 0,5 0,4 1,9 2,0 1,5

Entreprises financières (5 %) 1,0 0,3 0,3 -0,5 1,2 0,3 0,5 0,5 0,6 0,5 1,2 1,7 1,7

Administrations publiques (22 %) 0,4 0,5 0,4 0,4 0,3 0,2 0,3 0,3 0,3 0,3 1,4 1,3 0,9

Ménages hors EI (2 %) -0,2 0,0 1,9 0,3 -0,8 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 1,6 0,9 1,2

Masse salariale brute reçue parles ménages (100 %) 0,6 0,3 0,5 0,2 0,4 0,5 0,3 0,4 0,5 0,4 1,9 1,5 1,3

dont :

Secteurs concurrentiels non agricoles 0,6 0,2 0,4 0,0 0,4 0,6 0,2 0,3 0,5 0,4 1,7 1,3 1,3

Prévision

Note de lecture : Les chiffres entre parenthèses donnent la structure de l’année 2012

Source : Insee

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Décembre 2013 89

Conjoncture française

Tableau 3Les transferts sociaux reçus et versés par les ménages

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Prestations sociales en espècesreçues par les ménages (100 %) 1,2 1,1 1,0 0,8 0,6 0,8 0,8 0,9 0,7 0,2 4,0 3,3 2,2

Prestations de Sécurité sociale (72 %) 1,2 1,2 1,1 0,9 0,6 0,6 0,8 0,9 0,7 0,0 4,2 3,2 2,0

Prestations de régimes privés (7 %) 1,2 0,0 0,6 0,4 0,2 1,9 0,0 1,0 0,5 0,4 2,2 2,5 2,0

Prestations directes d'employeur (13 %) 1,0 0,9 0,8 0,6 0,7 0,7 0,7 0,7 0,7 0,6 3,7 2,8 2,2

Prestations d'assistance sociale (8 %) 1,5 1,6 1,3 1,2 1,4 1,2 1,8 1,2 0,8 0,8 4,2 5,5 3,6

Total des prélèvements sociaux 0,9 0,6 0,7 1,1 0,2 0,7 0,4 0,5 0,5 0,5 3,1 2,4 1,6

Cotisations sociales effectives verséespar les ménages (100 %) 0,9 0,5 0,7 1,2 0,1 0,7 0,4 0,4 0,5 0,4 3,0 2,4 1,6

dont :Cotisations des employeurs1 (63 %) 0,4 0,4 0,5 0,7 0,0 0,7 0,3 0,5 0,5 0,5 2,5 1,7 1,6

Cotisations des salariés (29 %) 1,1 0,5 0,9 2,0 0,5 0,6 0,4 0,4 0,5 0,4 3,4 3,3 1,3

Cotisations des non-salariés (8 %) 4,7 1,5 1,7 2,4 -0,5 0,6 1,7 0,5 0,5 0,5 5,9 4,0 2,3

Prévision

Note de lecture : Les chiffres entre parenthèses donnent la structure de l’année 2012

(1) Les cotisations employeurs sont à la fois reçues et versées par les ménages en comptabilité nationale : elles n’ont donc pas d’effet sur lerevenu disponible brut.

Source : Insee

Encadré - Différentes mesures du pouvoir d’achat

Le revenu des ménages présenté et analysé dans la Note de

conjoncture représente l’ensemble des revenus perçus par latotalité des ménages. C’est en effet cette grandeur qui estpertinente au niveau macroéconomique, par exemple pourconstruire l’équilibre entre ressources (PIB et importations) etemplois (consommation, investissement, exportations...) oupour prévoir le PIB. Le pouvoir d’achat de l’ensemble desménages, qui représente la quantité de biens et services queles ménages peuvent acheter avec leur revenu, est calculécomme le revenu corrigé de l’accroissement du prix de laconsommation. Si on souhaite mesurer le pouvoir d’achatmoyen des Français, cette grandeur doit être corrigée demanière à tenir compte à la fois de la croissance du nombrede ménages et de l’évolution de leur composition. Lacorrection la plus pertinente de ce point de vue consiste à

diviser le pouvoir d’achat par le nombre d’unités deconsommation en France. Ce concept permet de tenircompte de la croissance démographique, mais aussi du faitque certaines consommations peuvent être partagées au seind’un ménage (les appareils ménagers par exemple). Unménage de taille importante réalise donc certaines« économies d’échelle » par rapport à un ménage de tailleplus réduite. En 2012, la croissance du nombre d’unités deconsommation est estimée à +0,6 % (par comparaison, lacroissance du nombre d’habitants est de 0,5 % et lacroissance du nombre de ménages est de 1,0 %).

Ainsi, en 2013, le pouvoir d’achat par unité deconsommation reculerait de 0,1 % (après -1,5 % en 2012) ;par ménage, sa baisse serait de 0,5 % et par habitant, lepouvoir d’achat serait stable. ■

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90 Note de conjoncture

Conjoncture française

Au troisième trimestre 2013, la consommationdes ménages a légèrement ralenti (+0,2 %après +0,4 %). En particulier, les dépensesd’énergie se sont nettement repliées et laconsommation de services a ralenti. Enrevanche, les dépenses en produits alimentairesont rebondi et celles en biens fabriqués ont étéde nouveau dynamiques.

Au quatrième trimestre 2013, en raisonnotamment de l’anticipation par les ménages dudurcissement du malus automobile début 2014et du déblocage de l’épargne salariale, laconsommation de produits fabriqués resteraitdynamique. La consommation de biensrebondirait donc. Le profil de la consommationde services d’entretien du logement pourrait êtreégalement affecté par les anticipations dehausse de TVA de janvier 2014. Ainsi, laconsommation de services augmenteraitégalement, si bien que la consommation totaleaugmenterait de 0,3 %. Au premier semestre2014, compte tenu des perspectives sur leurpouvoir d’achat, la consommation des ménagess’infléchirait à nouveau (+0,1 % par trimestre).Les ménages lisseraient les à-coups de leurpouvoir d’achat et le taux d’épargne aurait ainsiun profil heurté (15,7 % au troisième trimestre2013 puis 15,3 % au quatrième, avant delégèrement rebondir au premier semestre 2014pour s’établir à 15,6 % mi-2014).

Au troisième trimestre 2013, lesdépenses en énergie se sontnettement repliées

Au troisième trimestre 2013, la consommation desménages a légèrement ralenti (+0,2 % après+0,4 %, cf. tableau), en raison de la chute desdépenses en énergie (-3,0 %, cf. graphique 1),traduisant un retour à la normale après deuxtrimestres dynamiques (+2,0 % puis +2,5 %) enraison de températures inférieures aux normalessaisonnières. Les dépenses alimentaires ontretrouvé une croissance plus proche de leurtendance (+0,4 %), après le recul au printemps(-1,1 %) qui s’expliquait notamment par lecontrecoup d’un week-end de Pâques plusprécoce que d’habitude.

Les dépenses en produits fabriqués sont restéesdynamiques. D’une part, les achats d’automobilesont continué de progresser (+1,1 % après +2,1 %)après une chute en début d’année (-5,5 %), dufait du durcissement du malus au 1er janvier2013. D’autre part, la consommation detextile-habillement-cuir a rebondi (+1,6%)aprèsdeuxtrimestres consécutifs de baisse. Enfin, laconsommation de services a ralenti (+0,2 %après +0,4 %). En particulier, les dépensesd’hébergement-restauration, en hausse auprintemps, ont été quasiment stables cet été.

Consommation etinvestissement des ménages

1 - Contributions des différents postes à la consommation trimestrielle des ménages

Source : Insee

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Au quatrième trimestre 2013, laconsommation en produits fabriquésresterait dynamique

La consommation totale des ménagesaugmenterait de nouveau au quatrième trimestre2013, à un rythme similaire au troisième trimestre(+0,3 % après +0,2 %). Sous l’hypothèse detempératures proches des normales saisonnièresen décembre, et après un mois d’octobre plusdoux que la moyenne, la consommation d’énergiebaisserait fortement sur l’ensemble du quatrièmetrimestre (-2,2 % après -3,0 %). Par ailleurs, laconsommation en produits fabriqués resteraitdynamique (+1,2 %), soutenue notamment par ledéblocage de la participation à l’épargne salarialeet par les achats anticipés d’automobiles en amontdu durcissement du malus écologique au 1er

janvier 2014. En revanche, les dépenses entextile-habillement-cuir baisseraient à nouveausuivant la tendance depuis 2006. De même, laconsommation alimentaire retrouverait uneévolution plus modérée au quatrième trimestre2013 (+0,2 % après +0,4 %). Enfin, laconsommation en services continuerait deprogresser au quatrième trimestre 2013 à unrythme proche de celui du troisième trimestre(+0,3 % après +0,2 %), en raison de l’anticipationde la hausse de la TVA dans la construction àcompter de janvier 2014, qui dynamiserait laconsommation de services d’entretien du logement.

Au premier semestre 2014, laconsommation ralentirait

Via les hausses progressives de prix qu’ellesgénéreraient, les hausses de taux de TVA entranten vigueur au 1er janvier 2014 contribueraient àlimiter l’augmentation de la consommation desménages au premier semestre 2014, quiralentirait à +0,1 % par trimestre (après +0,3 %au quatrième trimestre 2013).

La consommation en biens serait en outreaffectée par le durcissement du malusautomobile qui ferait reculer les achatsd’automobiles neuves. Au deuxième trimestre2014, la baisse des dépenses en biensfabriqués se poursuivrait en raison de la baissedes dépenses d’habillement, mais serait limitéedu fait du rebond des ventes de téléviseurs lié àla Coupe du monde de football (cf. éclairageNote de Conjoncture, juin 2010). Pour lesservices, les postes les plus affectés par lahausse de la TVA, l’hébergement-restauration,le transport et le petit entretien du logement,s’infléchiraient plus nettement. Laconsommation totale de services augmenteraitainsi de 0,2 % aux premier et deuxièmetrimestres 2014, après +0,3 % au quatrièmetrimestre 2013.

Décembre 2013 91

Conjoncture française

Dépenses de consommation et investissement des ménages

Évolutions trimestrielles en % Évolutions annuellesen%

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Dépenses totales deconsommation des ménages(B+S)

0,2 -0,5 0,1 0,1 -0,1 0,4 0,2 0,3 0,1 0,1 -0,4 0,4 0,6

Services (S) 0,2 -0,2 0,2 0,2 -0,1 0,4 0,2 0,3 0,2 0,2 0,4 0,6 0,8

Biens (B) 0,4 -0,7 0,1 -0,1 -0,1 0,3 -0,1 0,2 0,0 0,0 -0,5 -0,1 0,2

dontAlimentaire (AZ-C1) 1,0 -0,7 0,5 -0,9 1,0 -1,1 0,4 0,2 0,1 0,1 0,2 -0,2 0,3

Produits agricoles (AZ) 1,3 -0,8 0,2 -0,5 1,2 -2,3 0,4 0,2 0,1 0,1 0,9 -0,7 -0,1

Produits agro-alimentaires (C1) 0,9 -0,7 0,5 -1,0 1,0 -0,9 0,4 0,2 0,1 0,1 0,0 -0,1 0,3

Énergie (DE-C2) 3,3 1,1 -1,3 0,0 2,0 2,5 -3,0 -2,2 0,8 -0,2 1,5 1,4 -2,0

Énergie, eau, déchets (DE) 6,4 1,7 -1,7 -0,7 5,6 0,9 -4,3 -3,0 2,0 0,0 5,2 2,3 -2,3

Cokéfaction et raffinage (C2) 0,5 0,5 -0,8 0,6 -1,4 4,1 -1,8 -1,4 -0,3 -0,5 -1,8 0,5 -1,6

Produits fabriqués(C3 à C5) -1,1 -1,3 0,4 0,5 -2,0 0,6 0,8 1,2 -0,4 0,0 -1,9 -0,7 1,0

Produits manufacturés(C1 à C5)

-0,3 -0,9 0,3 0,0 -0,9 0,4 0,4 0,5 -0,2 0,0 -1,2 -0,3 0,5

Investissement des ménages -0,7 -0,1 -0,4 -1,0 -1,3 -1,7 -0,6 0,0 -0,3 -0,6 -0,4 -3,7 -1,4

PrévisionSource : Insee

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92 Note de conjoncture

Conjoncture française

Mi-2014, le taux d’épargnes’établirait 0,3 point en dessous deson niveau mi-2013

Au total, la consommation des ménagesaugmenterait en 2013 (+0,4 %), légèrement moinsque leur pouvoir d’achat (+0,5 %). Le tauxd’épargne atteindrait 15,7 % en moyenne sur l’année,après 15,6 % en 2012 (cf. graphique 2). Cettequasi-stabilité masque un profil trimestriel heurté.En effet, les ménages tendent à lisser les à-coupstrimestriels de leur pouvoir d’achat en ajustant leurépargne. Compte tenu des baisses attendues dupouvoir d’achat au second semestre 2013, liéesaux nouvelles mesures affectant l’impôt 2013 desménages, le taux d’épargne diminuerait légèrementau troisième trimestre (15,7 % après 15,9 % mi2013), puis plus fortement au quatrième (15,3 %).Pour les mêmes raisons, le rebond du pouvoird’achat au premier trimestre 2014 entraînerait celuidu taux d’épargne de 0,4 point, avant qu’il nediminue à nouveau pour s’établir à 15,6 %mi-2014, soit 0,3 point en dessous de son niveaumi-2013. Cette baisse serait imputable à ladiminution de l’épargne de précaution desménages, du fait des perspectives d’activité plusfavorables.

L’investissement des ménages sestabiliserait au quatrième trimestre,avant de baisser à nouveau

L’investissement des ménages a diminué moinsfortement au troisième trimestre 2013 (-0,6 %)qu’aux trimestres précédents, et il se stabiliseraitau quatrième trimestre 2013. En effet, les mises enchantier ont rebondi en début d’année(cf. graphique 3) et, par ailleurs, certainesdépenses d’entretien du logement seraientanticipées avant la hausse de TVA au 1er janvier2014.

Les mises en chantier ont chuté au troisième trimestre2013, et les premières données disponibles sur lequatrième trimestre ne laissent pas attendred’amélioration à court terme. Par conséquent, aupremier semestre 2014, l’investissement desménages reculerait de nouveau (-0,3 % et -0,6 %),pénalisé également, dans une moindre mesure, parla hausse de TVA dans l’entretien du logement. Surl’ensemble de l’année 2013, l’investissement desménages baisserait nettement (-3,7 %) après unequasi-stabilité en 2012 (-0,4 %). L’acquis decroissance de l’investissement des ménagess’établirait à -1,4 % mi-2014. ■

3 - Mises en chantier de l’ensemble des logements par trimestre

Source : SOeS

2 - Taux d’épargne et taux de croissance de la consommation et du pouvoir d'achat du revenudisponible brut

Source : Insee

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Décembre 2013 93

Conjoncture française

En 2013, le taux de marge des sociétés nonfinancières continuerait de se dégrader : ilatteindrait son plus bas niveau depuis 1985, soit28,1 % en moyenne sur l’année après 28,3 % en2012. En effet, la hausse du salaire par tête entermes réels et l’augmentation des cotisationssociales ne seraient que partiellement compenséespar la hausse des gains de productivité etl’amélioration des termes de l’échange.

À la fin du premier semestre 2014, le taux demarge s’établirait à 28,1 % (29,2 % si on lecorrige pour intégrer l’impact comptable duCICE).

Le taux de marge atteindrait son plusbas niveau depuis 1985

En baisse continue depuis mi-2010, le taux demarge des sociétés non financières s’estlégèrement redressé au premier semestre 2013pour atteindre 28,2 % mi-2013 (cf. graphique 1), àla faveur du recul des prix des importations et,partant, d’une contribution plus favorable destermes de l’échange (+0,2 point).

Le taux de marge ne se dégraderaitplus au second semestre 2013

Au troisième trimestre 2013, le taux de margeaurait baissé (-0,3 point) et il se redresserait auquatrième pour atteindre 28,2 % fin 2013. Le profiltrimestriel du taux de marge refléterait principalement

le profil de l’activité des sociétés non financières : lesgains de productivité contribueraient pour+0,3 point au quatrième trimestre après -0,2 pointau troisième (cf. graphique 2). Sur l’ensemble dusemestre, ces effets seraient entièrement compenséspar une hausse des salaires par tête réels :contribution de -0,2 point au quatrième trimestreaprès -0,1 point au troisième.

Le taux de marge serait affecté en 2014par le CICE et la hausse de TVA

Au premier semestre 2014, la progression desgains de productivité spontanés, alors que lessalaires réels stagneraient, contribuerait àredresser le taux de marge. Mais celui-ci seraitégalement affecté par l’instauration du CICE et lahausse de la TVA au 1er janvier. D’une part, le CICEfreinerait le redressement des gains de productivité(à hauteur de -0,2 point au premier semestre, cf.éclairage de la fiche emploi). D’autre part, ilcontribuerait à différer la répercussion dans les prixde la hausse de la TVA au 1er janvier : lesentreprises en absorberaient 60% d’ici fin juin, soitune contribution de -0,3 point sur leur taux demarge.Au total, le taux de marge s’établirait à 28,1 % audeuxième trimestre 2014, après 28,2 % auquatrième trimestre 2013 (cf.tableau). Corrigépour intégrer l’impact comptable du CICE, le tauxde marge s’établirait à 29,2 % au deuxièmetrimestre 2014, en progression de 1,0 point parrapport à fin 2013.■

Résultats des entreprises

1 - Taux de marge des sociétés non financières (SNF)

Source : Insee

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94 Note de conjoncture

Conjoncture française

Décomposition du taux de marge des sociétés non financières (SNF)en % et en points

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Taux de marge (en niveau)1 28,5 28,3 28,5 28,0 28,1 28,2 27,9 28,2 28,0 28,1 28,3 28,1 28,1

Variation du taux de marge -0,2 -0,3 0,2 -0,5 0,0 0,2 -0,3 0,3 -0,2 0,1 -0,7 -0,2 0,0

Contributions à la variation dutaux de marge

des gains de productivité 0,2 -0,2 0,3 -0,1 0,0 0,5 -0,2 0,3 0,2 0,2 0,3 0,4 0,6

du salaire par tête réel 0,2 0,0 -0,3 -0,1 -0,1 -0,6 -0,1 -0,2 0,0 -0,1 -0,1 -0,9 -0,4

du taux de cotisation em-ployeur

0,0 0,0 0,0 -0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 -0,1 0,1 -0,1

du ratio du prix de la valeurajoutée et du prix de laconsommation

-0,6 0,0 0,3 0,0 0,1 0,2 -0,1 0,2 -0,3 0,1 -0,6 0,4 -0,1

d’autres facteurs 0,0 0,0 0,0 -0,2 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 -0,2 -0,2 -0,1

Taux de marge corrigé pourintégrer l’effet CICE (en niveau) 28,5 28,3 28,5 28,0 28,1 28,2 27,9 28,2 29,1 29,2 28,3 28,1 29,2

Variation du taux de margecorrigé pour intégrer l’effet CICE -0,2 -0,3 0,2 -0,5 0,0 0,2 -0,3 0,3 0,9 0,1 -0,7 -0,2 1,1

Prévision

(1) Le taux de marge TM mesure la part de la valeur ajoutée qui rémunère le capital. Sa variation se décompose de façon comptable entre :

- les évolutions de la productivité (Y/L), avec Y la valeur ajoutée et L l’emploi, et du ratio du prix de la valeur ajoutée au prix de la consomma-tion, ou termes de l’échange (Pva/Pc), qui jouent positivement ;

- les évolutions du salaire moyen par tête réel (SMPT/Pc) et du taux de cotisation employeur (W/SMPT, où W représente l’ensemble des rému-nérations), qui jouent négativement.

- d’autres facteurs : il s’agit notamment des impôts sur la production nets des subventions.

Cette décomposition est synthétisée dans l’équation suivante :

TMEBE

VAautres facteurs

W L

Y P

L

Y

W

SMPT

SMPT

Pva c

= + ≈ − = −1 1..

P

Pautresfacteursc

va

+

Source : Insee

2 - Contributions à la variation du taux de marge des sociétés non financières (SNF)

Source : Insee

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Au troisième trimestre 2013, l’investissement desentreprises a baissé de 0,6 % (après +0,1 % audeuxième trimestre). L’investissement en produitsmanufacturés a progressé (+0,9 %), après sixtrimestres consécutifs de baisse. A contrario, lesdépenses des entreprises en construction ont ànouveau diminué (-0,5 %) et l’investissement enservices a chuté avec une ampleur inhabituelle(-2,8 %). Du fait du contrecoup anticipé sur ceposte, l’ invest issement des entreprisesrebondirait au quatrième trimestre 2013. Cettehausse se poursuivrait au premier semestre 2014à un rythme plus faible, en lien avec le profil del’activité.

Au premier semestre 2014, l’investissement desentreprises afficherait un acquis de croissancede +0,7 % fin juin.

Au troisième trimestre 2013, le déstockage s’estfortement atténué (à hauteur de 0,5 point dePIB). Un fort mouvement de stockage dansl’aéronautique en est la principale origine (àhauteur de +0,3 point), et il aurait unecontrepartie au quatrième trimestre 2013 : ledéstockage s’accentuerait à nouveau (pour unecontribution au PIB de -0,2 point). Lacontribution des stocks serait nulle au premiersemestre 2014.

Au trois ième trimestre 2013,l’investissement des entreprises abaissé à nouveau

L’investissement des entreprises non financières(ENF) a fléchi au troisième trimestre 2013 de 0,6 %(cf. tableau 1), après une stabilisation au deuxièmetrimestre (+0,1 %). Cette baisse tient principalementà la chute de l’investissement dans les services, d’uneampleur inhabituelle (-2,8 %). La baisse desdépenses en construction, ininterrompue depuis fin2011 mais qui avait cessé au deuxième trimestre2013 (0,0 %), a repris au troisième trimestre(-0,5 %). En revanche, l’investissement en produitsmanufacturés a progressé de 0,9 %, principalementdans les matériels de transport (+2,4 %). Lesdépenses en biens d’équipement se sont accrues(+0,6 %). Au total, le taux d’investissement est restéstable à 17,6 % au troisième trimestre 2013 (cf.graphique 1).

Au quatrième trimestre 2013,l’investissement repartirait

Les enquêtes de conjoncture suggèrent une haussede l’investissement pour la fin d’année. Lesindustriels, interrogés en octobre 2013, prévoientune augmentation de leurs investissements audeuxième semestre 2013. Dans les services, leschefs d’entreprises jugent que leurs dépensesd’investissement ont progressé durant les derniers

Décembre 2013 95

Conjoncture française

Investissement des entrepriseset stocks

Tableau 1

Investissement des entreprises non financières (ENF)variations aux prix chaînés de l’année précédente, en %

Variations trimestriellesVariationsannuelles

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Produits manufacturés (41%) -3,9 -1,1 -1,5 -1,1 -1,1 -0,4 0,9 1,2 0,6 0,6 -3,7 -2,5 2,4

Construction (31%) -1,4 -0,3 -0,8 -0,8 -0,5 0,0 -0,5 -0,2 -0,4 -0,6 -2,2 -1,9 -1,3

Autres (28%) 1,4 -0,1 -0,2 0,8 -0,7 0,9 -2,8 1,0 0,5 0,5 1,2 -0,7 0,4

Ensemble des ENF (100 %) -1,7 -0,6 -0,9 -0,5 -0,8 0,1 -0,6 0,7 0,2 0,2 -1,9 -1,8 0,7

Prévision

Source : Insee

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96 Note de conjoncture

Conjoncture française

mois. Ils sont en revanche moins optimistes sur leursinvestissements futurs. D’ailleurs, les tensions surl’appareil productif (cf. graphique 2) restent faibles.En octobre, le taux d’utilisation des capacitésproductives de l’industrie manufacturière s’est établià 81 %, sensiblement en dessous de la moyenne delongue période de 85 %.

Les conditions de financement devraients’améliorer à l’horizon de la prévision. Toutd’abord, le taux de marge des sociétés nonfinancières qui avait encore baissé au troisièmetrimestre 2013 remonterait au quatrième trimestre2013 puis se stabiliserait au premier semestre2014, et la trésorerie des entreprises bénéficieraitde l’effet favorable du CICE. Le taux d’empruntréel, après avoir fortement augmenté en 2013,sous l’effet de l’importante baisse de l’inflationdevrait à nouveau diminuer à l’horizon de laprévision. En outre, d’après les donnéesdisponibles, les conditions d’octroi bancairesauraient cessé de se durcir (cf. graphique 3).

La hausse de l’investissement des ENF s’accentueraitau quatrième trimestre 2013 (+0,7 %) avec unrebond de l’investissement dans le secteur desservices, par contrecoup de la chute du troisièmetrimestre. Elle faiblirait au premier semestre 2014(+0,2 % par trimestre), en lien avec leralentissement de l’activité. Le taux d’investissement,en légère baisse depuis début 2011, se stabiliseraitautour de 17,6 % d’ici mi-2014.

Les investissements en produitsmanufacturés continueraient decroître

Après un troisième trimestre en hausse (+0,9 %),l’investissement des ENF en produits manufacturésaccélèrerait au quatrième trimestre 2013(+1,2 %), puis ralentirait les trimestres suivants(+0,6 % et +0,6 %). Les donnéesd’immatriculations des véhicules d’entreprisesjusqu’en novembre laissent en effet attendre unenette progression des achats d’automobiles auquatrième trimestre. La hausse des dépenses enbiens d’équipement, qui représentent près de 40 %des investissements en produits manufacturés, sepoursuivrait : en novembre, les grossistesinterrogés dans l’enquête de conjoncture signalentque les ventes et les intentions de commande enbiens d’équipement progressent.

Dans la construction, l’investissementse replierait de nouveau

Dans le secteur du bâtiment, les entrepreneursinterrogés en novembre anticipent une poursuitede la contraction de leur activité pour les prochainsmois. Compte tenu de la chute des permis deconstruire depuis le deuxième trimestre 2013, lesmises en chantier devraient rester sur une tendancedécroissante. Ainsi, les dépenses en constructiondes entreprises reculeraient jusqu’au deuxièmetrimestre 2014 (-0,2 % au quatrième trimestre2013, -0,4 % au premier trimestre 2014 et -0,6 %au deuxième trimestre 2014).

1 - Taux d’investissement* et taux de marge

* Entreprises non financières (ENF) = sociétés non financières (SNF) et entreprises individuelles (EI)Sources : Insee, comptes trimestriels

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Décembre 2013 97

Conjoncture française

Les investissements en servicesrebondiraient au quatrièmetrimestre 2013

Les autres investissements, essentiellement enservices informatiques et en activités spécialisées,scientifiques et techniques, augmenteraient de1,0 % au quatrième trimestre 2013. Interrogés ennovembre, les chefs d’entreprises de ces secteursprévoient une stabilisation de leur activité, mais labaisse inhabituelle des investissements en servicesau troisième trimestre 2013 laisse présager unecorrection en fin d’année, suivie d’une progressionplus modérée les trimestres suivants (+0,5 % auxpremier et deuxième trimestres 2014).

La baisse du taux d’investissements’interromprait

Sur l’année 2013, les dépenses d’investissementdes ENF seraient inférieures à celles de 2012(-1,8 %). Le repli des investissements en produitsmanufacturés (-2,5 %) serait atténué par unemoindre baisse des dépenses en services(-0,7 %) et en construction (-0,8 %). L e tauxd’investissement des ENF atteindrait 17,6 % fin2013 et resterait à ce niveau à l’horizon de laprévision.

2 - Taux d’utilisation des capacités de production de l’industrie manufacturière (TUC)

Source : Insee, enquête trimestrielle sur l’activité dans l’industrie

Tableau 2

Contribution des variations de stocks à la croissanceen point de PIB

Variations trimestrielles Variationsannuelles

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

Produits agricoles 0,1 0,0 0,1 -0,1 -0,1 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1

Produits manufacturés -0,1 0,1 -0,2 -0,4 0,4 0,1 0,4 -0,2 0,0 0,0 -1,0 0,3 0,1

dont :Produits agro-alimentaires -0,1 0,0 0,0 0,2 -0,1 0,1 0,0

Cokéfaction et raffinage -0,1 0,1 0,1 -0,3 0,3 -0,1 0,0

Biens d’équipement -0,1 0,0 0,0 0,0 0,1 -0,1 0,0

Matériel de transport 0,1 0,1 -0,3 -0,1 0,1 0,2 0,3

Autres branches industrielles 0,0 0,0 0,1 -0,2 0,1 0,0 0,0

Énergie, eau, déchets 0,1 -0,2 0,1 0,1 -0,2 0,0 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0 -0,1 0,1

Autres (construction, services) 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

TOTAL1 0,1 -0,1 0,1 -0,4 0,2 0,1 0,5 -0,2 0,0 0,0 -0,8 0,2 0,2

Prévision(1) Les variations de stocks sont y compris les acquisitions nettes d’objets de valeur.Source : Insee

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98 Note de conjoncture

Conjoncture française

Le déstockage en produitsmanufacturés s’est nettementatténué au troisième trimestre 2013

Au troisième trimestre 2013, le déstockage enproduits manufacturés s’est nettement atténué, sibien que la contribution des stocks a été de +0,5point de PIB, après +0,1 point au trimestreprécédent (cf. tableau 2). Au moindre déstockagede produits manufacturés (+0,4 point) s’ajoutecelui en produits de l’énergie, eaux, déchets (+0,1point) et l’accélération du stockage de produitsagricoles (+0,1 point)1.

Dans les matériels de transport, les entreprises onttrès fortement stocké au troisième trimestre 2013,du fait notamment de la forte baisse desexportations aéronautiques. Les livraisonsaéronautiques reculent par rapport au deuxièmetrimestre et, dans l’enquête de conjoncture dansl’industrie, les industriels du secteur des autresmatériels de transports signalent que leurs stockssont importants.

Au quatrième trimestre 2013, lacontribution des stocks serait négative, dufait du déstockage dans l’aéronautique

Au quatrième trimestre 2013, la contribution desstocks à la croissance serait négative (-0,2 point) :en effet les exportations aéronautiquesbénéficieraient d’un contrecoup positif après lecreux du troisième trimestre, ce qui conduirait à unstockage moins élevé.

Au premier semestre 2014, le rythme de stockagese stabiliserait (contributions à la croissance nulleaux premier et deuxième trimestres). ■

3 - Critère d’octroi des crédits aux entreprises1 et taux d’emprunts réels à long terme2

(1) Les critères d’octroi des crédits : solde net des réponses pondérées = durcissement – assouplissement.

(2) Le taux réel désigne ici le taux d’intérêt des crédits nouveaux aux entreprises non financières dont le taux est soit révisableselon une périodicité supérieure à l’année, soit à taux fixe d’une durée initiale supérieure à 1 an. Ce taux est déflaté par l’in-dice des prix à la production de l’ensemble des biens et services.

Sources : Insee, comptes trimestriels et Banque de France

(1) En pratique, comme les carburants stockés sont impor-tés, et non produits, et comme l’estimation dans lescomptes trimestriels de la production agricole suit une pré-vision annuelle, les variations de stocks mesurées dans cesdeux secteurs n’ont pas d’effet sur le PIB.

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Développementsinternationaux

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Au troisième trimestre 2013, le prix du pétrole aaugmenté nettement, du fait des tensionsgéopolitiques au Moyen-Orient. Ces tensions sesont en partie résorbées et le prix du Brent estaujourd’hui autour de 110$.

Au premier semestre 2014, l’offre mondiale depétrole serait dynamique, portée par uneproduction toujours soutenue aux États-Unis, etun regain de vigueur dans les pays émergentshors Opep. De son côté, la demandemarquerait le pas au premier trimestre, maiss’accroîtrait dès le deuxième trimestre, soutenuepar les économies émergentes.

Au total, l’augmentation spontanée de l’offre depétrole d’ici juin 2014 (+1,3 Mbpj englissement annuel) devrait suffire pour faire faceà l’augmentation prévisible de la demande.Ainsi, le prix du baril de pétrole devrait fluctuer àl’horizon de la prévision autour de son niveauactuel (110$). Toutefois, l’apaisement récentdes tensions géopolitiques, tandis que le niveaudes stocks OCDE est élevé, pourrait faire baisserles prix du pétrole à l’horizon de la prévision. Àl'inverse, toute baisse supplémentaire deproduction de l’Opep pourrait faire monter trèsvite le prix du pétrole, compte tenu de lafaiblesse récente des capacités additionnellesdu Cartel.

Au troisième trimestre 2013, lestensions géopolit iques ontoccasionné une hausse du prix du brut

Le cours du Brent a augmenté au troisièmetrimestre 2013, sur fond d’intensification destensions géopolitiques au Moyen-Orient(cf. graphique 1). Il a atteint un point haut fin août2013 (115,8 $ par baril), alors que les craintesd’une intervention militaire occidentale en Syrieétaient fortes, avant de retrouver un niveau plusfaible au cours du mois de septembre avec larésolution partielle de ces tensions.

La demande mondiale de pétrole a crû nettementau troisième trimestre (+1,2 Mbpj), portée par lahausse de la demande en provenance des paysémergents (+700 000 bpj, dont +500 000 auMoyen-Orient, où la consommation augmente enété avec l’usage accru des climatiseurs). La haussede consommation des pays de l’OCDE aégalement été soutenue (+400 000 bpj), d’unepart en Europe (+ 200 000 bpj) où l’activités’améliore depuis le deuxième trimestre, d’autrepart aux États-Unis (+200 000 bpj), où laconsommation de l’industrie manufacturière s’estmontrée dynamique.

L’offre de pétrole a crû de 530 000 bpj, du fait del’augmentation de la production des pays membresde l’OCDE (+600 000 bpj), en particulier des

Décembre 2013 101

Développements internationaux

Pétrole et matières premièresPrix soutenu, offre et demande en augmentation

1 - Prix du Brent en € et en $Dernier point : 6 décembre 2013

Source : Financial Times

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102 Note de conjoncture

Développements internationaux

États-Unis. La production européenne a enrevanche légèrement reflué (-100 000 bpj) enraison des maintenances saisonnières. À reboursdu dynamisme observé dans l’OCDE, laproduction des pays de l’Opep a nettement baissé(-270 000 bpj), les difficultés rencontrées parplusieurs de ses membres (Libye, Irak, Iran) n’étantque partiellement compensées par la hausse de laproduction de l’Arabie Saoudite (cf. graphique 2).

Au quatrième trimestre, le marchéphysique se détendrait

Au quatrième trimestre 2013, le prix du baril duBrent aura été quasi stable autour de110 $. Sur lemarché physique, la demande mondiale baisserait(-140 000 bpj), essentiellement du fait des paysmembres de l’OCDE à l’exception du Japon où laconsommation croîtrait avec l’arrivée de l’hiver.La demande diminuerait en Europe (-470 000 bpj)ainsi qu’aux États-Unis (-210 000 bpj), où le« shutdown » a eu un impact négatif sur laconsommation. De même, la demande baisseraitde manière saisonnière au Moyen-Orient(-600 000 bpj). En revanche, la consommationchinoise serait dynamique (+330 000 bpj).L’offre serait stable par rapport au trimestreprécédent. Elle augmenterait dans les paysnon-membres de l’Opep (+600 00 bpj), enparticulier en Amérique du Nord (+ 600 000 bpj).En revanche, la production diminuerait fortementdans les pays membres de l’Opep (-600 000 bpj),notamment en raison de la baisse saisonnière del’offre saoudienne (-370 000 bpj entre septembre etoctobre).

Au premier semestre 2014,demande et offre gagneraient endynamisme

Au premier trimestre 2014, l’offre serait à nouveaudynamique (+400 000 bpj) grâce à uneproduction toujours forte aux États-Unis(+300 000 bpj) et à une hausse de la productiondes pays émergents hors Opep. La production del’Opep resterait autour du niveau bas observé enoctobre, car la production libyenne ne reprendraitque lentement, alors que la hausse de laproduction iranienne resterait dépendante de lalevée éventuelle des sanctions internationales. Audeuxième trimestre, le dynamisme de l’offre seraitporté par la production mondiale de biocarburants(+400 000 bpj), alors que la production depétrole brut des pays de l’Opep resterait à unniveau bas.La demande de pétrole baisserait au premiertrimestre 2014 selon un profil saisonnier habituelen Europe. La demande mondiale augmenteraitdès le deuxième trimestre (+ 500 000 bpj), portéepar les pays émergents (+1,2 Mbpj) et parl’Europe (+270 000 bpj). A contrario, la demandebaisserait fortement dans les pays de l’OCDE(-700 000 bpj), essentiellement en raison desbaisses saisonnières de la consommation auJapon (-900 000 bpj).

2 - Production de pétrole de l’Arabie Saoudite et de la Libye, de l’Iran et de l’IrakDernier point : octobre 2013

Source : AIE

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Décembre 2013 103

Développements internationaux

Le prix du baril de pétrole fluctueraitautour de 110 $ le baril d’ici mi-2014

À l’horizon de la prévision, les évolutions parallèlesde l’offre et de la demande sont compatibles avecune stabilité du prix du pétrole autour de 110$ parbaril. Ce niveau serait compatible avec unenvironnement géopolitique tendu qui pourraitpeser sur la production de l’Opep, alors que sescapacités additionnelles sont déjà faibles.

Les cours des matières premièresindustrielles baissent

Les cours des métaux industriels ont renchéri autroisième trimestre, alors qu’ils baissaient fortementau deuxième trimestre. Les cours du cuivre ontrebondi (cf. graphique 3), bénéficiant en particulier

du rétablissement de la demande chinoise, tandisque les cours de l’aluminium se sont stabilisés. Lahausse de production chinoise et les incertitudesentourant la poursuite du soutien de la Fed àl’économie américaine, deuxième consommateurmondial de cuivre, ont cependant entraîné unerechute des cours au quatrième trimestre.

Les fluctuations sur le volume de l’offre mondialede plusieurs matières premières ont généré desmouvements d’amplitude dans les cours,notamment dans ceux des céréales. En particulier,des conditions climatiques favorables,annonciatrices d’une récolte particulièrementabondante de maïs, ont occasionné une fortebaisse du cours au mois de juillet. ■

3 - Cours des métaux industrielsDernier point : 6 décembre 2013

Source : London Metal Market

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104 Note de conjoncture

Développements internationaux

Alors que le marché des dettes souveraines neprésente plus de signes de tension, les autoritésmonétaires des pays avancés continuent d’apporterun fort soutien au financement de l’économie réelleen maintenant leurs taux directeurs très bas, maisaussi par le biais de stratégies nonconventionnelles. Tandis que la Banque CentraleEuropéenne (BCE) a baissé en novembre son tauxdirecteur pour accentuer son soutien à l’économie,la Réserve fédérale (Fed) évoque depuis ledeuxième trimestre 2013 une prochaine diminutionde ses achats mensuels de titres, à mesure quel’économie américaine se rétablit.

Sur le marché monétaire, le rôle des banquescentrales reste important, en particulier dans lazone euro, où les banques des pays d’Europe dusud réalisent toujours une large part de leurrefinancement grâce aux prêts de long termeoctroyés par la BCE. Le marché interbancaire restefragmenté et les taux d’intérêt accordés par lesbanques restent nettement moins favorables dansces pays.

La hausse des taux longs obligataires observéedurant l’été 2013 s’est enrayée à partir deseptembre. Les États-Unis, l’Allemagne et laFrance, pays perçus comme financièrement lesplus solides, profitent toujours d’excellentesconditions de financement de leurs dettessouveraines, et certains pays qui avaient connuplus de difficultés (l’Irlande et, dans une moindremesure, l’Espagne et l’Italie) renouent auquatrième trimestre avec des taux d’intérêt bas.

Sur le marché des actions, les indices boursiersdes pays avancés ont maintenu leur hausse autroisième trimestre 2013, profitant toujours dubas niveau des taux obligataires et monétaires.Après une chute au troisième trimestre, les indicesboursiers des pays émergents ont globalementretrouvé leur niveau de début d’année,bénéficiant d’un retour de capitaux étrangers.

Sur le marché des changes, l’euro s’est appréciépar rapport au dollar à partir du mois deseptembre 2013, notamment en raison de lapoursuite de l’assouplissement monétaireaméricain. À l’horizon de la prévision, leshypothèses conventionnelles retenues pour lestaux de change sont de 1,35 dollar, 137 yens et0,85 livre pour un euro.

Les pol i t iques monétairessoutiennent toujours l’économie

Les banques centrales des pays avancés continuentde pratiquer des politiques monétairesaccommodantes, mais avec des perspectivesdivergentes. Dans un contexte de repli persistantdu marché du crédit et de faible inflation, la BCE abaissé début novembre son principal taux directeurde 25 points de base, à 0,25 %. Par ailleurs, elle sedéclare prête à intervenir si les taux du marchéinterbancaire venaient à remonter, y compris àtravers une opération de refinancement de trèslong terme.Aux États-Unis, la Fed pratique toujours un tauxdirecteur de 0,25 %. Elle maintient le programmed’achat de titres qui l’amène à acquérirmensuellement 85 Mds $ de titres. Cependantl’amélioration des perspectives d’activité l’ontconduite à esquisser depuis le deuxième trimestre2013 une stratégie d’arrêt progressif de ses achats(cf. éclairage). Avant fin 2014, mais plusprobablement au premier semestre 2014, la Fedpourrait ainsi commencer à réduire le niveau deses achats.Dans la lignée du programme d’assouplissementquantitatif qu’elle a initié début 2013, la Banquedu Japon pratique toujours une politiquemonétaire agressive, procédant à l’expansion dela base monétaire à un rythme annuel d’environ15 % du PIB.

Les déséquilibres persistent sur lemarché monétaire européen

Le fonctionnement du marché interbancaire de lazone euro reste marqué par le rôle important de laBCE, qui fournit aux banques un accès aurefinancement à faible coût, via la baisse de sontaux directeur et le maintien de sa procédured’appel d’offres à taux fixe pour les opérationsprincipales de refinancement. En conséquence, lestaux du marché interbancaire restent bas et peuvolatils, mais les volumes qui s’y négocient aujour-le-jour sont faibles. Le marché n’a donc pasretrouvé un fonctionnement normal, et les banquesdes pays périphériques conservent une partsubstantielle des liquidités que la BCE leur afournies lors des deux opérations de refinancementà très long terme de décembre 2011 et février2012.

Marchés financiersLedurcissementdespolitiquesmonétairesattendra

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Le crédit continue de se replier dansla zone euro

Dans la zone euro, les conditions de financementpar le crédit bancaire sont restées dégradées autroisième trimestre 2013 et au début du quatrième,et les encours de crédit bancaire aux sociétés nonfinancières se sont repliés dans tous les pays de lazone euro, à l’exception de la France où ils ontprogressé légèrement (cf. graphique 1). Cettemauvaise orientation est visible dans les enquêtes,qui indiquent un léger durcissement des conditionsd’accès au crédit pour les entreprises, et unnouveau recul de la demande adressée auxbanques. Au quatrième trimestre, ces conditionsdevraient s’assouplir.

En France, l’encours de crédit aux sociétés nonfinancières s’est stabilisé à la fin du troisièmetrimestre 2013 avec un glissement annuel de -0,1%au mois d’octobre. Les crédits à l’investissementcontinuent de croître (+1,9 % en octobre) et sontplus dynamiques que les crédits de trésorerie decourte maturité, qui reculent de nouveau (-6,1 %).

Pour les ménages, l’encours de crédit à laconsommation s’est lui aussi replié en rythmeannuel en octobre pour le 16ème mois consécutif.Ce repli masque toutefois un certain dynamismedes crédits nouveaux à la consommation. En ce quiconcerne le crédit immobilier, le rythme decroissance des crédits nouveaux reste soutenu enoctobre.

La normalisat ion du marchéobligataire se poursuit

Les déclarations du Président de la Fed portant surune éventuelle diminution des achats de titresmensuels opérés par l’institution avant la fin 2013avaient entraîné avant l’été une hausse del’incertitude et une remontée des taux souverains.À la fin du troisième trimestre 2013, cesinquiétudes se sont dissipées avec les discours plusaccommodants de la Fed, matérialisés par ladécision, qui a surpris les marchés, de ne pasdiminuer ses achats lors de la réunion deseptembre. Les conditions de financement de ladette souveraine des États financièrement les plussolides (États-Unis, Allemagne et France) restenttrès avantageuses. Par ailleurs, les conditions definancement des dettes souveraines espagnole etitalienne s’améliorent. En Grèce, les taux d’intérêtsur le marché secondaire de la dette publique ontnettement baissé, mais le pays n’émet toujours pasde dette souveraine de long terme. Les tauxd’intérêt ne baissent en revanche plus guère auPortugal au quatrième trimestre 2013. Ainsi, lasortie du programme d’aide de la Troïka dont ilbénéficiait depuis 2011, et qui arrive à échéanceen 2014, semble incertaine.

Décembre 2013 105

Développements internationaux

1 - Glissement annuel des encours de crédit bancaire aux sociétés non financièresdans la zone euro

Dernier point : octobre 2013

Source : Banque Centrale Européenne

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106 Note de conjoncture

Développements internationaux

Le prix des actions reste élevé dansles pays avancés

Portés par des perspectives de croissancerenforcées aux États-Unis et dans la zone euro, lesindices boursiers des économies avancéesprogressent de nouveau au second semestre.Ce rythme s’est toutefois atténué, en raison del’incertitude sur l’attitude de la Fed dans lesmois à venir.

Les indices boursiers des pays émergents avaientfortement baissé au troisième trimestre 2013, maisl’annonce du maintien de l’assouplissementmonétaire américain a conduit à une hausseboursière à partir de septembre.

L’euro à un niveau élevé face au dollar

La poursuite de l’assouplissement monétaire américainannoncée dès le mois de septembre, conjuguée àl’impact du « shutdown », a renforcé l’euro par rapportau dollar à partir du mois de septembre. Au début dumois d’octobre, le taux de change a atteint 1,38 dollarpour 1 euro, son plus haut niveau depuis novembre2011. Début décembre, l’euro s’établit à 1,36 dollar(cf. graphique 2). ■

2 - Taux de change de l’euro en 2013Dernier point : 9 décembre 2013

Source : Banque Centrale Européenne

Quantitative Easing : quels effets sur l’économie américaine ?

La Fed a mis en œuvre depuis 2008 despolitiques monétaires inédites aux États-Unis

En réaction à la crise de 2008, la Fed a fortement réduit sontaux directeur entre août 2007 et décembre 2008, de 5,25 %à 0,25 %. Dès lors, pour continuer à assouplir sa politiquemonétaire, elle a mené une politique jusque-là inédite auxÉtats-Unis : l’achat de titres à grande échelle, nomméQuantitative Easing (QE) (assouplissement quantitatif). Cesopérations successives, qui ont consisté essentiellement àacheter des bons du Trésor américain et des titres adossés àdes créances hypothécaires (Mortgage-backed securities -

MBS), sont résumées ici (cf. tableau).

Au total, la Fed détient aujourd’hui de l’ordre de 3 500 Mds $de titres à son actif (dont près de 40 % de titres adossés à descréances hypothécaires, cf. graphique 1), contre moins de800 Mds $ en 2007 (uniquement des bons du Trésoraméricain). Par ailleurs, la maturité moyenne des titresdétenus a fortement augmenté : alors que les titres dematurité résiduelle supérieure à 5 ans représentaient 20 %du portefeuille de titres de la Fed en 2007, ils en représentent68 % aujourd’hui.

Ces achats de titres à grande échelle ontcontribué à la diminution des taux d’intérêt

L’objectif de la Fed est de maintenir bas les taux d’intérêt àlong terme afin de soutenir la consommation etl'investissement. Alors que le taux directeur, outil traditionneldes banques centrales, influe d’abord sur les taux d’intérêt decourt terme, l’assouplissement quantitatif agit directementsur la formation des taux d’intérêt de long terme, via deuxcanaux mutuellement non exclusifs, ainsi que directement surle marché hypothécaire.

Baisse des taux d’intérêt via le canal du portefeuille

L’achat de titres est financé par la Fed par l’augmentation desréserves que les banques détiennent en monnaie banquecentrale, laquelle ne peut être utilisée que dans les relationsinterbancaires. Contrairement à une idée répandue, leQuantitative Easing ne correspond donc pas à une créationmonétaire sans contrepartie : il n’y a pas d’augmentationimmédiate du volume des actifs financiers des agents privés,mais seulement une modification de structure.

Le Quantitative Easing a, en revanche, un effet mécaniquesur le rendement des titres achetés : comme la quantité debons du Trésor et de MBS sur les marchés a diminué, leur prix

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Décembre 2013 107

Développements internationaux

augmente et, de manière équivalente, leur rendementbaisse. De plus, certains investisseurs peuvent chercher àrééquilibrer leurs portefeuilles par l’acquisition d’autrestitres, dont les prix se mettent alors à augmenter à leur tour.

En outre, la Fed, du fait de son intervention, endosse unepartie des divers risques auxquels sont soumis les détenteursde titres, ce qui amplifie la baisse du rendement via ladiminution de la prime de terme (prime que les agentsexigent en contrepartie de l’incertitude sur le rendement réeldes titres de longue maturité). Cet effet additionnel est faible,par définition, pour les actifs sans risque que sont les bons duTrésor, mais est potentiellement important dans le cas desMBS en 2009, qui étaient très peu liquides.

Baisse des taux d’intérêt via le canal du signal depolitique monétaire

Les achats de titres à grande échelle renforcent la crédibilitéde la politique de taux bas de la Fed pour une périodeprolongée. Tout d’abord, ceux-ci agissent auprès desinvestisseurs comme un révélateur de l’opinion del’institution sur la situation de l’économie. De plus, unrelèvement du taux directeur se traduirait à la fois par unediminution de la valeur des titres que détient la Fed et par unehausse de la rémunération des réserves des banques,aujourd’hui très élevées.

Une baisse de 15 à 25 points de base pour 600 Mds$d’achats de titres lors du QE2

Les taux d’intérêt à long terme, que ce soit ceux des bons duTrésor, des titres adossés à des créances hypothécaires(MBS), ou même des obligations d’entreprises, ont

nettement diminué depuis fin 2008 (cf. graphique 2), alorsque le taux directeur de la Fed est resté inchangé, à 0,25 %.De nombreux chercheurs ont tenté de quantifier lacontribution du Quantitative Easing à cette baisse observéedes taux d’intérêt de long terme, et à distinguer le rôlerespectif des deux canaux mentionnés précédemment. Cestravaux portent surtout sur le QE1 et le QE2, car le QE3 estencore trop récent. Plusieurs travaux empiriques concluent àl’existence du canal du signal de politique monétaire etutilisent une méthodologie dite « d’event studies » : ilsmesurent l’évolution des taux immédiatement aprèsl’annonce d’un évènement de politique monétaire, alors quecelle-ci n’a pas encore été mise en œuvre (cf. par exemple,

Bauer et Rudebusch (2013) et Krishnamurthy et

Vissing-Jorgensen (2011)). Par ailleurs, les mouvements detaux d’intérêt observés (à la hausse) en mai 2013 lors del’annonce par la Fed d’une prochaine réduction du rythmed’acquisition de titres, puis (à la baisse) en septembre 2013lors de l’annonce de la poursuite à un rythme inchangé desacquisitions de titres, confirment l’importance du canal dusignal de politique monétaire. L’importance du canal duportefeuille dans la baisse des taux d’intérêt est plus discutée.D’une part, aussi importants soient-ils, les achats de titressouverains effectués par la Fed ne représentent en effetqu’une faible proportion de la totalité de la dette émise parl’État fédéral sur le marché américain des titres obligataires,qui a fortement augmenté pendant la crise. D’autre part, cesachats ont porté sur des segments très spécifiques dumarché, sur lesquels la Fed a été un acquéreurprépondérant.

1 - Montant des titres détenus fermement par la Réserve fédérale

Source : Board of Federal Reserve

Opération Période effective Titres achetés par la Fed

QE1 De décembre 2008 à mars 2010 - MBS (1 250 Mds $) + dette d'agences gouvernementales(175 Mds $) + Bons du Trésor (300 Mds $)

QE2 De novembre 2010 à juin 2011 - Bons du Trésor de longue maturitéuniquement (600 Mds $)

MEP (opération twist) De septembre 2011 à décembre 2012 - Échange (667 Mds $) de bons du Trésor afin d'augmenterla maturité résiduelle des titres détenus

QE3 Depuis septembre 2012 - MBS (40 Mds $ par mois, toujours en cours)QE3 étendu Depuis janvier 2013 - Bons du Trésor (45 Mds $ par mois, toujours en cours)

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108 Note de conjoncture

Développements internationaux

Au total, l’impact à la baisse de l’assouplissement quantitatifsur les taux de long terme ne fait guère de doute, mais ilsemble avoir été plus marqué à ses débuts, lorsqu’ils’agissait de contrer la forte détérioration des conditions definancement. Si le consensus des travaux effectués sur lepremier programme d’achat de titres estime que celui-ci apermis une baisse des taux longs d’environ 50 points debase, Williams (2013) estime, à partir d’une synthèse del’ensemble des études collectées sur le sujet, que l’achat de600 Mds$ de titres lors de la seconde opération a conduit àune baisse du taux d’intérêt à long terme de 15 à 25 pointsde base, ce qui correspond à l’effet généré habituellementpar une baisse de 75 à 100 points de base du taux directeur.

Son effet sur l’économie réelle est discuté

La plupart des travaux de recherche, au stade actuel, se sontconcentrés sur l’impact de l’assouplissement quantitatif surles taux d’intérêt, et peu d’entre eux se sont focalisés surl’impact de ces mesures sur l’économie réelle et ce pourplusieurs raisons : par manque de recul temporel pour desphénomènes susceptibles de diffuser lentement àl’économie, et aussi parce qu’il est difficile de construire latrajectoire qu’aurait eue l’économie sans ces mesures (un

« scénario contrefactuel ») notamment en l’absence deprécédents historiques permettant d’extraire des régularitésstatistiques.

Baisse du coût de financement des entreprises, maisquel impact sur leur investissement ?La baisse des taux d’intérêt a permis de réduire le coût definancement des entreprises, et ce d’autant plus qu’auxÉtats-Unis la part de l’endettement obligataire dans lefinancement est plus élevée qu’en Europe. Les entreprisesplus petites ayant moins accès aux marchés de capitaux ontpu en bénéficier par un effet de deuxième tour, c’est-à-diresoit par une hausse de la demande qui leur est adressée parles grandes entreprises, si elles en sont les fournisseurs, soitpar une hausse du crédit commercial, si elles se fournissentauprès d’elles.

Cette réduction du coût de financement est toutefoisintervenue dans un contexte où la situation financière desentreprises américaines est globalement excellente, qu’ellesoit mesurée par le taux de marge, le taux de profit, ou latrésorerie disponible. La baisse des taux d’intérêt générée parle Quantitative Easing a donc vraisemblablement peucontribué au redémarrage de l’investissement des

3 - Impact de l’assouplissement quantitatif sur le prix des actions

Sources : Board of Federal Reserve, Standard and Poor’s

2 - Impact des politiques d’assouplissement quantitatif sur les taux longs publics et privésaux États-Unis

Source : Board of Federal Reserve

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Décembre 2013 109

Développements internationaux

entreprises, lequel reste d’ailleurs poussif. Le tauxd’investissement n’a pas progressé depuis mi-2011, et resteinférieur à sa moyenne de long terme.

Le prix des actions a été soutenu parl’assouplissement quantitatifLa baisse des taux d’intérêt sur les obligations a rendu

comparativement les actions plus rentables, ce qui aaugmenté la demande des investisseurs pour celles-ci. Enconséquence, leur prix a augmenté simultanément auxachats de t i t res opérés par la banque centrale(cf. graphique 3). Il reste cependant difficile de quantifierl’impact du Quantitative Easing sur la hausse observée.D’une part, le price-to-earnings ratio1 moyen des entreprisesaméricaines ne semble pas à un niveau particulièrementélevé, même s’il a augmenté depuis le point bas de la crise : ilest aujourd’hui à son niveau moyen de 2004-2006. D’autrepart, la hausse des taux obligataires consécutive à l’annoncede la stratégie de sortie de la Fed en mai et juin 2013 n’a pasentraîné de correction à la baisse du prix des actions, ce quirelativise l’impact de la politique menée par la banquecentrale sur celui-ci.

La baisse des taux hypothécaires a contribué auredémarrage de l’immobilierLes achats de titres hypothécaires ont entraîné une baisse destaux de crédit immobilier. Celle-ci ne s'est pas traduiteimmédiatement sur l’activité, car la crise immobilière aentraîné l’apparition d’un fort stock de logements à vendreprovenant de la saisie des maisons des ménages ayant faitdéfaut sur leurs prêts, ce qui a différé à fin 2011 le rebonddes prix. Ce redressement coïncide avec celui des mises enchantier (après une baisse de 59 % entre 2007 et 2009, puisune stabilisation, elles ont crû de 28 % en 2012) et avec lareprise de la signature de nouveaux contrats hypothécaires(cf.graphique 4). L’impact du Quantitative Easing sur lareprise du marché immobilier semble d’autant plus avéréque la hausse des taux hypothécaires à l’été 2013 s’estaccompagnée d’une baisse des mises en chantier.

5 - Patrimoine et taux d’épargne des ménages américains

Source : Mortgage Bankers Association, Board of Federal Reserve, Census Bureau, Standart and Poor’s

(1)Le price-to-earnings ratio (ratio cours sur bénéfices) est égal à lacapitalisation boursière d’une entreprise divisée par son résultat net. Ilest une mesure du taux d’actualisation des profits futurs par lesinvestisseurs.

4 - Le marché hypothécaire américain

Source : BEA

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110 Note de conjoncture

Développements internationaux

La hausse du prix des actifs semble avoir contribué àla baisse des taux d’épargne des ménages

Aux États-Unis, contrairement aux pays d’Europe continentale,un lien causal sur le passé entre variation du prix des actifs ettaux d’épargne des ménages ressort empiriquement ; c’est cequ’on appelle « l’effet richesse ». Et force est de constater quel’augmentation du patrimoine net des ménages depuis 2009s’est bien accompagnée d’une baisse tendancielle du tauxd’épargne des ménages américains (cf. graphique 5).

Quel impact macroéconomique global ?

Les seuls travaux évaluant l’impact global sur l’économieaméricaine de l’assouplissement quantitatif sont davantagedes s imulat ions, réal i sées à par t i r de modèlesmacroéconomiques, que des évaluations. Chung et al.

(2012), à l’aide du modèle de prévision utilisé par la Fedmodifié pour inclure la possibilité d’une transmission par lecanal du portefeuille, estiment ainsi l’impact du premierprogramme à une hausse de 2 points de PIB et le cumul desdeux premiers programmes à une hausse de 3 points de PIB.D’après Chen et al. (2012), les 600 Mds$ d’achats de titreseffectués lors du second programme auraient conduit à unehausse du niveau du PIB américain comprise entre 0,2 et1,0 % selon la méthode utilisée, par rapport à une situationoù la Fed n’aurait pas conduit ces opérations. De plus, leurmodèle trouve un impact bien plus faible des achats de titressi la Fed ne s’était pas engagée à long terme à maintenir lestaux de court terme à un niveau bas, ce qu’illustrel’importance du canal du signal de politique monétaire. Lefait que ces modèles supposent dans leurs spécifications lebon fonctionnement des canaux de transmission duQuantitative Easing incite cependant à lire prudemment leursconclusions.

Conclusion : des effets difficiles à mesurer, unesortie périlleuse

Des effets sur l’économie réelle mal mesurés et entout état de cause limités

D’après les études empiriques, le Quantitative Easing sembledonc avoir eu un impact baissier sur les taux d’intérêt. L’effetresterait toutefois limité, compris entre 15 et 25 points debase pour 600 Mds$ d’achats de titres.

Il est difficile d’estimer un effet de cette baisse du coût definancement sur l’investissement des entreprises ; enrevanche, l ’ef fet sur les dépenses des ménages(consommation, via l’effet richesse, et logement, via la baissedes taux) semble plus visible.

Par ailleurs, l’augmentation du prix de l’ensemble des actifsgénérée par le Quantitative Easing a eu des effetsanti-redistributifs majeurs, ceux-ci étant très majoritairementpossédés par les ménages les plus aisés (cf. le rapport de la

Banque d’Angleterre (2012)).

Et une sortie complexe à gérer

Le Quantitative Easing a été mis en place dans un contexte decrise économique aiguë et de préoccupations de déflation.Avec la reprise qui se confirme et la hausse du crédit quidevrait en résulter se fait jour également le besoin demodérer l’expansion de la base monétaire, sous peine dedésancrer les anticipations des prix des actifs (immobiliers,financiers).

Par une série de communications successives depuis ledeuxième trimestre 2013, la Fed a tenté de donner deséléments sur sa « stratégie de sortie ». Le 22 mai 2013, la Feda précisé sa doctrine :

- étape 1 : si la situation économique le permet, la Fedpourrait commencer à diminuer le volume mensuel de sesachats avant la fin de l’année 2013,

- étape 2 : les achats mensuels de titres prendraient fin autourde mi-2014,

- étape 3 : le taux directeur restera à un bas niveau« longtemps » après la fin des achats mensuels.

Ces échéances sont toutefois depuis lors devenues plusincertaines et ont été probablement retardées. En effet,l’annonce de cette stratégie a conduit à une hausse marquéedes taux souverains et hypothécaires, de près de 100 pointsde base, alors même que seule avait été envisagéel’extinction progressive des achats de titres, et non uneréduction du stock de titres possédés. De fait, il est trèsprobable que les marchés interprètent l’inflexion du QE

comme un rapprochement de la date de relèvement des tauxcourts. La sortie de ce dispositif restera donc périlleuse, tantque la Fed n’aura pas réussi à découpler les anticipations delong terme des agents sur le niveau des taux directeurs desflux mensuels d’achats de titres.

La forward guidance semble générer des résultatsconséquents

Afin de peser à la baisse sur les taux d’intérêt, la Fed aégalement donné des indications prospectives sur sa politiquefuture de taux directeur (forward guidance). Cette nouvellecommunication semble avoir eu des effets marquésimmédiats. Ainsi, en août 2011, lorsque la Fed a annoncéqu’elle allait « probablement garantir de bas niveaux pour lestaux directeurs au moins jusqu’à mi-2013 », les taux d’intérêtont immédiatement baissé de 20 points de base, et le délaiattendu par les marchés avant toute modification de taux estpassé de 4 à 7 trimestres. Ce type d’effets a une nouvelle foisété observé en janvier 2012 et septembre 2012 (lorsquel’horizon a été porté respectivement à fin 2014 etmi-2015).■

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Au troisième trimestre 2013, l’activité dans lazone euro a ralenti (+0,1 % après +0,3 % audeuxième trimestre). Les exportations ontfortement ralenti dans l’ensemble des pays de lazone euro.

Les enquêtes de conjoncture continuent de seredresser, et le climat des affaires dansl’ industrie est désormais dans la zoned’expansion. L’activité dans la zone euro croîtraitdonc de nouveau modérément à partir duquatrième trimestre 2013 (+0,3 % partrimestre). Le recul du pouvoir d’achats’atténuerait du fait d’un moindre repli del’emploi. Les perspectives en termes d’activité etd’emploi s ’amél iorant , les ménagesdiminueraient leur épargne de précaution et laconsommation augmenterait donc faiblement.L’accélération progressive de l’activité et lebesoin de renouveler les capacités deproduct ion après une phase marquéed’ajustement soutiendraient le redémarrage del’investissement en équipement. Dans laconstruction, la baisse de l’investissements’atténuerait. La contribution des échangesextérieurs à la croissance deviendrait quasimentnulle, la reprise des importations compensant lahausse des exportations.

Au total, en 2013, l’activité reculerait de 0,4 %,après -0,6 % en 2012. L’acquis de croissancepour 2014 fin juin serait en revanche nettementpositif à +0,9 %.

Croissance faible au troisièmetrimestre 2013

Au troisième trimestre 2013, le PIB a progressé de0,1 %, confirmant la sortie de récession de la zoneeuro. Ce ralentissement par rapport au deuxièmetrimestre (+0,3 %) tient à une très forte décélérationdes exportations dans l’ensemble des pays de la zoneeuro(+0,2 % après +2,1 %). La contribution deséchanges extérieurs a été de -0,3 % contre +0,3 %au deuxième trimestre 2013.

Reprise modérée de l’activité

Les enquêtes de conjoncture se redressent depuismi-2013, malgré un repli au mois d’octobre. Leclimat des affaires est ainsi dans la zoned’expansion pour la première fois depuis 2011.L’activité dans la zone euro progresserait denouveau modérément d’ici mi-2014 (+0,3 % partrimestre), portée notamment par la demandeintérieure dans un contexte de moindreconsolidation budgétaire.La divergence conjoncturelle dans la zone euro serésorberait en partie. L’activité serait dynamique enAllemagne et, dans une moindre mesure, enFrance, tandis que l’Espagne rejoindrait à l’horizonde prévision le rythme de croissance de ces deuxpays. En revanche, en Italie, l’activité progresseraità peine au premier semestre 2014.

Décembre 2013 111

Développements internationaux

Zone EuroReprise, mais modérée

1 - L’épargne de précaution se réduirait et permettrait à la consommation de progresser légèrement

Sources : Eurostat, calculs Insee

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112 Note de conjoncture

Développements internationaux

Une consommation poussive

L’emploi baisserait à un rythme de plus en plusmodéré, et se stabiliserait au deuxième trimestre2014. Après avoir stagné en 2011 et 2012, laproductivité continuerait de se redresser, commec’est le cas depuis début 2013. Le taux dechômage augmenterait de nouveau légèrement etatteindrait 12,4 % au deuxième trimestre 2014,contre 12,1 % en octobre 2013.Les salaires nominaux progresseraient de nouveaumodérément à l’horizon de la prévision, avec deshausses marquées en Allemagne et une stabilité enEspagne et en Italie. Au quatrième trimestre 2013,la restauration du quatorzième mois dans lafonction publique espagnole ferait fortementprogresser les salaires qui reculeraient au trimestresuivant. Au total, la baisse du pouvoir d’achats’atténuerait à l’horizon de la prévision (englissement annuel, 0,0 % au deuxième trimestre2014 après -1,3 % au deuxième trimestre 2013).Les perspectives en termes d’activité et d’emplois’améliorant, les ménages diminueraient leur épargnede précaution. La consommation augmenterait doncfaiblement (+0,2 % par trimestre).

L’investissement en équipementrepartirait

Les conditions d’octroi de crédit ont cessé de sedurcir dans la zone euro depuis début 2013, sauf enItalie. En Espagne, elles se sont même assoupliespour la première fois depuis 2010. Cetteamélioration devrait se poursuivre, et gagnerl’Italie. Par ailleurs, l’accélération progressive del’activité, telle qu’elle est anticipée aujourd’hui parles entrepreneurs dans leurs réponses aux enquêtesde conjoncture, et le besoin de renouveler lescapacités de production après une phase marquéed’ajustement soutiendraient la reprise del’investissement productif, qui serait marquée enEspagne et dans une moindre mesure en Italie.

Dans la construction, la baisse de l’investissements’atténuerait. La confiance dans le secteurs’améliore quelque peu, tout en restant à unniveau très bas.

Les échanges extérieurs soutiendraientplus modestement la croissance d’icimi-2014

Les exportations continueraient à croître à l’horizonde la prévision, soutenues par la hausse de lademande adressée à la zone euro. Lesimportations augmenteraient de manièresoutenue, en lien avec le dynamisme desexportations et le redressement de la demandeintérieure.

La contribution des échanges extérieurs resteraitdonc légèrement positive jusqu’à fin 2013 et aupremier trimestre 2014 avant de devenir neutre audeuxième trimestre 2014. La croissance de la zoneeuro se rééquilibrerait ainsi progressivement.

L’inflation resterait faible

En novembre, l’inflation d’ensemble s’établit à+0,9 %. Elle progresserait à +1,1 % en glissementannuel d’ici juin 2014, soutenue par les prix del’énergie. Sous l’hypothèse d’un baril de Brentstable en prévision à 110$ et sous l’effet des sortiesde glissement de la baisse du printemps 2013, leglissement annuel des prix des produitsénergétiques augmenterait en effet jusqu’à+2,3 % en juin 2014.

Par ailleurs, en l’absence de pressionsinflationnistes, limitées par un taux de chômageélevé dans la plupart des pays de la zone euro,l’inflation « sous-jacente » diminuerait légèrementà +0,8 %.■

Les écarts d’inflation au sein de la zone euro reviennent progressivement en ligneavec les fondamentaux

De 2009 à 2012, les écarts d’inflation au sein dela zone euro étaient contraires auxfondamentaux économiques

Les principales économies de la zone euro ont connu destrajectoires divergentes depuis 2009 : alors que la reprise aété durable, quoique modérée, en Allemagne, la croissance aété quasi nulle en France de mi-2011 à mi-2013, tandis quel’Italie et l’Espagne ont été, à partir de 2011, en récessionmarquée. De même, la situation sur le marché du travail a étécontrastée selon les pays de la zone, tant en termes de niveau

(faible en Allemagne, très élevé en Espagne) que d’évolutiondu chômage. Pour autant, cette divergence des économieseuropéennes ne s’est pas retrouvée dans l’inflation en 2011 et2012, avec une augmentation annuelle des prix plus élevéeen Italie et en Espagne (entre 2,5 et 3 %) qu’en France et enAllemagne1 (inférieure à 2,5 %).

(1) cf. dossier de la Note de conjoncture de mars 2013, « Pourquoi,dans la zone euro, l’inflation n’est-elle pas plus faible dans les pays lesplus affectés par la crise ?».

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Décembre 2013 113

Développements internationaux

En 2013, les écarts d’inflation reviennentprogressivement en ligne avec l’activitééconomiqueLes écarts de conjoncture se sont poursuivis en2013 dans la zoneeuro. Même si les taux de chômage sont à peu près en voie destabilisation, à des niveaux très différents, le taux de croissance del’activité en Allemagne serait toujours plus fort qu’en France, etl’activité en Italie et Espagne serait toujours très faible. Enrevanche, les écarts d’inflation entre les quatre économies sontnettement plus conformes aux positions respectives deséconomies dans le cycle conjoncturel, en 2013, que les quatreannées précédentes. Comme prévu1, les effets temporaires deshausses de la fiscalité indirecte et de la forte inflationénergétique ont cessé de nourrir l’inflation. L’Espagne auraitainsi une inflation d’ensemble proche de zéro fin 2013 etl’inflation d’ensemble diminuerait plus en Italie et enEspagne qu’en France et qu’en Allemagne (cf. graphique 1).

Cette baisse de l’inflation peut être décomposée par produits(cf. tableau 1)2.

La baisse des prix de l’énergie a contribué pour tous les paysà la baisse de l’inflation, mais de manière plus marquée enItalie et en Espagne. Dans ce dernier pays, la sortie deglissement de la hausse de TVA du 1er septembre 2012 a euun effet encore plus important.

En 2011 et 2012, l’inflation alimentaire était plus élevée enAllemagne et en France qu’en Italie et en Espagne. Enoctobre 2013, les prix de l’alimentation diminuent plusfortement en France qu’en Italie, tandis qu’ils croissentlégèrement en Espagne et en Allemagne, le glissementannuel de l’inflation alimentaire contribue pour 0,1 point à laprogression de l’inflation entre octobre 2012 et octobre2013.

En octobre 2013, les prix de l’énergie seraient plus faiblesqu’un an auparavant dans chacun des pays considérés,particulièrement en Espagne et en Italie. Ainsi, le secteur del’énergie contribuerait le plus aux baisses de prix, sacontribution s’élevant à -1,2 point dans ces deux pays.

L’inflation dans les services diminuerait en Espagne et en Italie,contribuant ainsi pour 0,2 point à la baisse de l’inflationd’ensemble dans ces deux pays. Elle serait davantage conformeaux positions dans le cycle d’activité des économies espagnoleet italienne.

Enfin, l’inflation des produits manufacturés baissetendanciellement depuis début 2012 dans les quatre pays.En glissement annuel à fin octobre, elle est toutefois stable enEspagne car elle avait davantage baissé auparavant(cf. graphique 2).

1 - Glissement annuel de l’inflation d’ensemble dans les quatre principales économies européennes

Sources : Eurostat, calculs Insee

Tableau 1Contributions des différents secteurs aux variations des glissements annuels des prix en Allemagne,

Espagne, France et Italie (écart entre octobre 2012 et octobre 2013)

PaysEnsemble (taxenon-constante)

Produitsmanufacturés

(à taxation constante)

Énergie(à taxationconstante)

Alimentation(à taxationconstante)

Services(à taxationconstante)

Effet taxes

Allemagne -0,9 -0,2 -0,7 0,1 0,0 -0,1

Espagne -3,5 0,0 -1,2 0,1 -0,2 -2,3

France -1,4 -0,3 -0,6 -0,6 0,2 -0,1

Italie -2,0 -0,3 -1,2 -0,3 -0,2 0,0

Source : Insee

(2) Cette décomposition des prix est faite à taux de taxation constantou corrigée le cas échéant des variations à taux de fiscalité indirecte

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114 Note de conjoncture

Développements internationaux

Le mécanisme de formation des prix dans lesdifférents pays continue de limiter lesdivergences d’inflation entre pays

En moyenne annuelle, les inflations sous-jacentes del’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie seraient quasiment lesmêmes en 2013 ( de l’ordre de +1,0 %), tandis que celle dela France serait significativement plus faible (+0,6 %)3. Pourmémoire, en moyenne 2011-2012, l’Italie se distinguait parune inflation sous-jacente nettement plus élevée, tandis quecelle de la France était identique à celle de l’Espagne et del’Allemagne.

Tout d’abord, les divergences persistantes de situation desmarchés du travail entre l’Allemagne et l’Espagne continuentde se traduire dans les coûts salariaux : ceux-ci ont nettementralenti en 2013 par rapport à 2011-2012 dans les deuxpays, mais l’écart de taux de croissance reste de 2 % (+1,9 %contre -0,1 %). Alors que le ralentissement est également

marqué en France (de +2,6 % en 2011-2012 à +1,7 % en2013), l’Italie se distingue avec une légère accélération descoûts salariaux (de +1,0 % à +1,3 %).

La divergence des coûts salariaux entre l’Allemagne etl’Espagne se conjugue à la divergence des gains deproductivité, négatifs en Allemagne en 2013 (-0,3 %), ettoujours aussi dynamiques en Espagne (+2,9 %), si bien queles coûts salariaux unitaires ont des trajectoires polaires dansces deux pays : +2,2 % contre -2,9 %. A contrario, leurprogression est modérée en France (+1,1 %) et en Italie(+1,2 %) où la productivité a cessé de décroître.

En Italie, en France et en Allemagne, le taux de marge4 desentreprises se stabilise en 2013 après la baisse des deuxdernières années. En Espagne, a contrario, le taux de margecontinue d’augmenter fortement, si bien que l’inflationsous-jacente croît encore légèrement malgré la chute descoûts salariaux unitaires.

Dans les quatre pays, la baisse du prix des importations en2013 a contribué à ralentir l’inflation sous-jacente5, parrapport aux prix de valeur ajoutée. En Espagne, et dans unemoindre mesure en Italie, cet effet est compensé parl’augmentation des taxes indirectes.■

2 - Glissement annuel des prix des produits manufacturés à taux de taxation constantdans les quatre principales économies européennes.

Sources : Eurostat, calculs Insee

Tableau 2Inflation sous-jacente et contributions des différents déterminants macroéconomiques

Pays Allemagne Espagne France Italie

Période 1997-2007

2011-2012 2013 1997-

20072011-2012 2013 1997-

20072011-2012 2013 1997-

20072011-2012 2013

Inflation sous-jacente 1,0 1,3 1,0 2,7 1,2 1,1 1,3 1,3 0,6 2,2 2,0 1,1

Variation du rapport entre indicedes prix sous-jacents et prix de lavaleur ajoutée

0,7 0,4 -1,2 -0,9 0,9 0,4 -0,2 0,4 -0,7 -0,1 0,6 -0,2

Variation du rapport entre prix deVA et coût salarial unitaire 1,1 -1,0 0,0 0,1 2,8 3,7 0,2 -0,5 0,2 0,0 -0,8 0,0

Variation du coût salarial unitaire -0,7 1,9 2,2 3,5 -2,4 -2,9 1,3 1,4 1,1 2,3 2,3 1,2

dont contribution :du coût du travail par tête 1,0 2,9 1,9 2,7 1,4 -0,1 2,5 2,6 1,7 1,8 1,0 1,3

des gains de productivité -1,7 -1,0 0,3 0,8 -3,9 -2,9 -1,2 -1,1 -0,6 0,4 1,2 -0,1

Champ : secteurs marchands non agricoles

Source : Insee

(3) L’inflation sous-jacente, harmonisée par Eurostat au niveau de lazone euro, source des chiffres mentionnés ici pour les quatre paysconsidérés, n’est pas corrigée des mesures fiscales, contrairement à ladéfinition retenue en France par l’Insee dans ses publications.(4) Les variations du taux de marge correspondent dans le tableau àl’écart entre les variations du prix de valeur ajoutée et celles des coûtssalariaux unitaires.(5) Et encore davantage l’inflation d’ensemble, compte tenu de labaisse du prix du pétrole.

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Décembre 2013 115

Développements internationaux

Au troisième trimestre 2013, l’activité a ralenti enAllemagne (+0,3 % après +0,7 %). En effet, laconsommation des ménages n’a que faiblement crû(+0,1 %) après un deuxième trimestre trèsdynamique. De plus, les exportations ont stagné,alors que les importations ont résisté, et lecommerce a contribué négativement à lacroissance. A contrario, l’investissement a soutenula croissance pour le deuxième trimestre consécutif.L’activité progresserait au même rythme auquatrième trimestre (+0,3 %) et accélérerait aupremier semestre 2014 (+0,4 % au premiertrimestre, +0,5 % au deuxième). En effet, laconsommation des ménages gagnerait envigueur, en ligne avec le dynamisme du pouvoird’achat, et l’investissement continuerait de seredresser. Enfin, les exportations resteraientdynamiques et les échanges extér ieurscontribueraient de nouveau positivement à lacroissance, quoique faiblement.

La consommation des ménagesaccélérerait

La situation du marché du travail reste très favorableaux ménages allemands : il n’y a jamais eu autantde personnes en emploi en Allemagne, et le taux dechômage a atteint 5,2 % au mois d’octobre. Àl’horizon de la prévision, l’emploi progresserait denouveau et le chômage se stabiliserait. De même,les hausses de salaires contribueraientfavorablement au pouvoir d’achat des ménages,qui augmenteraient leurs dépenses deconsommation (+0,3 % au quatrième trimestre2013 et +0,4 % par trimestre au premier semestre2014). Le taux d’épargne des ménages baisseraitlégèrement, dans un contexte de moindresincertitudes dans la zone euro.

Timide reprise de l’investissementen biens d’équipement

Le taux d’investissement en biens d’équipementest aujourd’hui très faible en Allemagne, à sonpoint bas de 2009 (cf. graphique). Après avoirdiminué six trimestres de suite, il s’est redressémodestement aux deuxième et troisième trimestres2013 (+1,2 % puis +0,5 %). À l’horizon de laprévision, il continuerait de croître modérément(+0,6 % au quatrième trimestre 2013, +0,7 % aupremier et +0,9 % au deuxième trimestres 2014),en ligne avec la reprise de l’activité, sousl’hypothèse que le sous-investissement observédepuis 2011 ne serait pas rattrapé.Dans la construction, l’investissement seredresserait durablement au premier semestre2014, du fait de nouveaux investissement publicset du dynamisme de la construction résidentielle,en ligne avec la hausse des permis de construiredepuis 2011.

Les exportations rebondiraient

Au troisième trimestre 2013, du fait de l’atonie desexportations (+0,1 %), les échanges extérieurs ontcontribué négativement à la croissance, à hauteurde 0,4 point de PIB. Toutefois, du fait du rebond dela demande extérieure adressée aux entreprisesallemandes, les exportations retrouveraient unecroissance plus élevée au quatrième trimestre(+1,6 %). Les importations gagneraientégalement en dynamisme, du fait de la robustessede la demande intérieure, si bien que lecommerce ne constituerait plus le principalmoteur de la croissance allemande, comme ilavait pu l’être avant 2013. ■

Le niveau du taux d’investissement en biens d’équipement à son point bas de 2009

Source : Destatis

AllemagneRééquilibrage de la croissance

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116 Note de conjoncture

Développements internationaux

Au troisième trimestre 2013, l’activité italiennes’est stabilisée (0,0 %). L’activité resterait stableavant de redémarrer lentement à l’horizon de laprévision. Alors que les échanges extérieursavaient soutenu l’activité au cours des deuxdernières années, la demande intérieureprendrait le relais, soutenue par la repriseprogressive de l’investissement en équipement.

La franche amélioration desenquêtes de conjoncture...

Les enquêtes de conjoncture se redressent depuisplusieurs mois et laissent attendre une lentereprise de l’activité à l’horizon de la prévision(0,0 % au quatrième trimestre 2013 et aupremier trimestre 2014, puis +0,1 % audeuxième trimestre 2014). Le climat des affairesissu des enquêtes nationales s’améliorefortement dans l’industrie manufacturière depuisplusieurs mois. L’indicateur composite auprèsdes directeurs d’achat (PMI) est également dansla zone d’expansion. Dans la construction, bienque les enquêtes s’améliorent, les indicateursrestent à un point bas.

... annoncerait la reprise del’investissementenbiensd’équipement

Outre la franche amélioration des perspectivesd’activité et des carnets de commandes dansl’industrie manufacturière, les taux d’intérêtofferts aux grandes entreprises sont revenus,depuis 2012, à un niveau bas et les tauxaccordés aux petites entreprises continuent dediminuer. De surcroît, le taux d’utilisation des

capacités de production se redresse depuis le début del’été et se rapproche maintenant du niveau observéavant l’entrée en récession du pays (cf. graphique). Lesentreprises, pour reconstituer leurs capacitésproductives, développeraient donc fortement leursinvestissements (+0,8 % au quatrième trimestre puis+1,4 % par trimestre au premier semestre 2014). Enrevanche, les exportations seraient nettement moinsdynamiques que la demande mondiale adressée àl’Italie, alors que les importations augmenteraient,dans le sillage du redressement de la demandeintérieure.

Laconsommationprivéeseraitquasi stable

La situation du marché du travail reste dégradée enItalie. Le taux de chômage s’établit à 12,3 % autroisième trimestre 2013 et pèse toujours sur lepouvoir de négociation des salariés. La baisse dupouvoir d’achat s’est toutefois atténuée (-2,5 % englissement annuel au deuxième trimestre 2013,après -5,3 % un an auparavant) sous l’effet de lachute de l’inflation. À l’horizon de la prévision, dufait de la faiblesse de l’activité et de la poursuite duredressement des gains de productivité, l’emploireculerait de nouveau. La baisse du pouvoir d’achatcontinuerait toutefois de s’atténuer (-0,8 % englissement annuel au deuxième trimestre 2014),sous l’effet notamment de la pause fiscale, tandisque la hausse de la TVA au quatrième trimestre2013 n’aurait qu’un impact marginal sur l’inflation,qui resterait faible. Au final, les ménages réduiraienttoujours leurs dépenses de consommation mais defaçon moins marquée qu’auparavant.■

Taux d’utilisation des capacités de production et investissement productif

Sources : Commission européenne, Istat, calculs Insee

ItalieUn redémarrage piano, piano

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Décembre 2013 117

Développements internationaux

L’Espagne est sortie de récession au troisièmetr imest re 2013. L’act iv i té espagnoleprogresserait de nouveau à l’horizon deprévision : +0,2 % au quatrième trimestre 2013puis +0,2 % et +0,3 % aux deux premierstrimestres 2014. Les exportations continueraientde soutenir l’activité. Mais la stabilisation dumarché de l’emploi et du pouvoir d’achat desménages permettrai t également à laconsommation des ménages de se redresser àl’horizon de prévision. L’investissement en biensd’équipement augmenterait de nouveau,nettement soutenu par le besoin derenouvellement des capacités de productionaprès une phase marquée d’ajustement. Au total,la demande intérieure contribuerait positivementà la croissance espagnole dès 2014.

La consommation frémit

Le pouvoir d’achat des ménages se stabiliserait àl’horizon de prévision, dans un contexte de reculde l’inflation. Il bénéficierait de la moindre baissede l’emploi et du ralentissement du rythme deconsolidation budgétaire, avec notamment lerétablissement du quatorzième mois de salairedans la fonction publique. L’améliorationprogressive des perspectives en termes d’activité etd’emploi inciterait en outre les ménages espagnolsà réduire leur épargne de précaution. Le tauxd’épargne diminuerait donc, quoique faiblement,à l’horizon de la prévision et la consommationprivée progresserait légèrement jusqu’à mi-2014(cf. graphique).

Les exportations espagnoles semaintiennent

Les exportations espagnoles continueraient desoutenir l’activité avec une progression de 1,2 %par trimestre d’ici mi-2014, l’Espagne profitant dudynamisme retrouvé du commerce mondial et del’amélioration de la conjoncture dans la zoneeuro. Les importations rebondiraient également àl’horizon de prévision, portées par la bonne tenuedes exportations et le rebond de la demandeintérieure. Au total, la contribution du commerceextérieur à la croissance diminuerait, même si ellereste positive.

L’investissement en équipement seredresserait

Le secteur de la construction continuerait de pâtirde l’ajustement du marché immobilier et desmesures de réduction de l’investissement public.Cependant, d’après les indicateurs conjoncturels,la baisse de la production dans ce secteur seraitmoins forte.

L’investissement en biens d’équipementprogresserait nettement, soutenu par un besoin derenouvellement des capacités de production aprèsune phase marquée d’ajustement depuis 2008.Cet effort d’investissement serait en outre favorisépar le redressement continu des marges desentrepreneurs espagnols depuis plusieurs annéeset par l’apaisement des tensions financières enEspagne. ■

EspagneConsolidation de la reprise

Consommation des ménages (observé et simulé)

Sources : Ine, calculs Insee

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118 Note de conjoncture

Développements internationaux

Au Royaume-Uni , l ’ac t iv i té progressevigoureusement depuis le début de l’année et lacroissance atteindrait +1,4 % en 2013. D’icimi-2014, l’activité resterait solide, portée parl’ensemble des secteurs, et notamment celui dela construction. L’investissement serait dynamisépar les programmes publics et par lesperspectives favorables d’activité. Les effets derichesse et la baisse du chômage favoriseraientune baisse du taux d’épargne, même si lesoutien de la consommation se modèrerait début2014. Au total, la croissance serait de +0,8 % auquatrième trimestre 2013 puis +0,5 % partrimestre au premier semestre 2014.

L’embellie se confirme

Au troisième trimestre 2013, l’activité britannique aaccéléré : +0,8 % après +0,7 % au deuxièmetrimestre. Elle resterait très dynamique auquatrième trimestre 2013 (+0,8 %). En effet,l’indicateur composite des enquêtes européenneset l’indicateur composite des PMI se sont envoléscet été et restent à des niveaux très élevés ennovembre (cf. graphique). L’activité resterait trèsdynamique dans la construction, favorisée par leredémarrage du crédit, le programmegouvernemental « Help to buy » et la relance del’investissement public. De plus, les tauxhypothécaires se maintiendraient à un niveau trèsbas. Au total, le PIB britannique croîtrait de 1,4 % surl’année 2013. Au premier semestre 2014, l’activitéralentirait légèrement (+0,5 % par trimestre) : lesgains de pouvoir d’achat resteraient modestes et laconsommation faiblirait quelque peu.

Le soutien de la consommation semodérerait au premier semestre 2014

Au troisième trimestre, la consommation desménages a accéléré, soutenue par la forteprogression de l’emploi (+0,6 %) et la reprise dumarché immobilier qui génère des effets derichesse. Au quatrième trimestre, la baisse du tauxde chômage (7,3 % après 7,6 %) et la hausse desprix immobiliers se poursuivraient, si bien que laconsommation resterait dynamique. Cependant,les prestations sociales seraient pénalisées par laconsolidation budgétaire et les salaires réels, s’ilsne baisseraient plus, resteraient peu dynamiques :au premier semestre 2014, la consommationralentirait. Au total, la baisse du taux de chômageet les effets de richesse expliqueraient un recul dutaux d’épargne de 5,5 % au troisième trimestre2013 à 5,1 % mi-2014.

Rebond des exportat ions etinvestissement des entreprisesdynamique

Après avoir reculé cet été, les exportationsbritanniques rebondiraient à partir du quatrièmetrimestre, portées par l’accélération de lademande mondiale, notamment en provenanced’Europe. Les commandes des entreprises sesituent à un niveau élevé et des contraintes decapacité commencent à réapparaître, notammentdans l’industrie, si bien que leurs dépensesd’investissement resteraient dynamiques. ■

Royaume-UniLe Royaume-Uni a remis les gaz

Les indicateurs des enquêtes s’envolent au Royaume-Uni

Sources : ONS, Markit, Commission européenne

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Décembre 2013 119

Développements internationaux

Aux États-Unis, l’activité a été très dynamique autroisième trimestre (+0,9 % dont 0,4 point decontribution des stocks). Elle ralentirait auquatrième trimestre 2013 : le marché immobiliercalerai t et les dépenses publ iques secontracteraient en raison de la fermeture desservices fédéraux en octobre. Au premiersemestre 2014, l’activité retrouverait de l’élan :sous réserve de la validation de l’accordbipartisan de décembre, l’impulsion budgétaireserait en effet nettement moins défavorable en2014.

Malgré les coupes budgétaires,l’activité résiste

L’année 2013 a été marquée par une politiquebudgétaire très restrictive : les hausses deprélèvements ont représenté environ 1,6 point deRDB, les coupes automatiques sont entrées enapplication au 1er mars et, en octobre, les servicesfédéraux ont fermé durant 16 jours (« shutdown »).Cependant, sous réserve de la validation del’accord bipartisan de décembre, lapolitique budgétaire serait nettement moinsrestrictive en 2014 qu’en 2013.Les enquêtes de conjoncture restent très bienorientées en octobre, ce qui suggère que l’activitédu secteur privé resterait solide. Les dépensesfédérales se replieraient nettement au quatrièmetrimestre 2013 sous l’effet du « shutdown » etrebondiraient par contrecoup début 2014.L’activité progresserait ainsi de 0,4 % au quatrièmetrimestre, puis de 0,6 % par trimestre au premiersemestre 2014.

L’emploi resterait dynamiqueLe dynamisme de la création d’emplois sepoursuivrait à l’horizon de la prévision et le taux de

chômage (7,0 % en novembre) reculerait denouveau légèrement d’ici mi-2014. Les salairesaccéléreraient légèrement, même si le niveau duchômage continuerait de peser sur le pouvoir denégociation des salariés. Enfin, l’inflation resteraitfaible à 1,4 % en glissement annuel au deuxièmetrimestre 2014. Au total, le pouvoir d’achat desménages augmenterait nettement. La consommationdes ménages n’accélérerait pas aussi fortement,car elle continuerait de s’ajuster à l’effet du chocfiscal du début d’année : ainsi, le taux d’épargnese redresserait pour atteindre 5,2 % mi-2014.

Pause dans la reprise de l’immobilierrésidentiel

Depuis l’été 2011, le secteur de la constructionconnaît une reprise vigoureuse. Les stocks delogements invendus ont fortement diminué et lespermis de construire se sont redressés.Néanmoins, depuis quelques mois, les mises enchantier et les permis de construire stagnent(cf. graphique). La nette hausse des taux d’intérêt,liée à l’annonce de la modération du soutienmonétaire mis en place par la Fed, freinerait ainsila reprise en cours.Les exportations américaines sont restéesdynamiques au troisième trimestre 2013 etcontinueraient de progresser au même rythme queles échanges mondiaux d’ici mi-2014. Enfin, dansun contexte où les perspectives d’activité restentpositives, les entreprises profiteraient du hautniveau de leurs marges et de conditions definancement favorable, pour développer leurscapacités productives.■

L’investissement résidentiel marque le pas (Dernier point : octobre 2013)

Source : US Census Bureau

États-UnisL’activité résiste aux incertitudes budgétaire etmonétaire

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120 Note de conjoncture

Développements internationaux

Au Japon, l’activité a ralenti au troisième trimestre2013 (+0,3 % après +0,9 %), sous l’effet de lastagnation de la consommation et du repli desexportations. L’activité a été néanmoins soutenuepar le dynamisme de l’investissement public. Àl’horizon de la prévision, la politique budgétaireprendrait un tour restrictif : les plans de relancebudgétaire perdraient en intensité et la TVA doitaugmenter de 5 % à 8 % au 1er avril 2014,suscitant des achats anticipés de biens durables.L’activité accélèrerait ainsi au quatrième trimestre2013 (+0,7 %) et au premier trimestre 2014(+0,8 %), avant de se contracter fortement audeuxième trimestre (-0,8 %).

Au quatrième trimestre 2013, lecl imat des affaires reste trèsfavorable

Arrivé au pouvoir fin 2012, le gouvernement deShinzo Abe a engagé une politique de relancemacroéconomique en jouant sur trois leviers : unepolitique monétaire très expansionniste afin demettre un terme à la déflation, une nouvellerelance budgétaire et un programme de réformesstructurelles visant à améliorer la croissancepotentielle. L’annonce de ces mesures a provoquéune nette amélioration du climat des affaires etl’activité a fortement rebondi depuis troistrimestres. Par ailleurs, la dépréciation du yen apermis une hausse des prix et l’inflation japonaisea atteint +1,1 % en octobre, au plus haut depuis 4ans (cf. graphique). Pour le quatrième trimestre2013, les enquêtes de conjoncture disponiblesjusqu’en novembre restent très bien orientées etl’activité conserverait un rythme soutenu (+0,7 %).

Hausse de TVA en 2014

À l’horizon de la prévision, la politique budgétaireprendrait cependant un tour restrictif. D’une part, lesplans de relance budgétaire perdraient en intensitéet l’investissement public diminuerait. D’autre part,la TVA doit augmenter de 5 % à 8 % au 1er avril2014, ce qui conduirait certains ménages àanticiper leurs achats de biens durables et leursinvestissements immobiliers. L’activité aurait ainsiun profil heurté au premier semestre. L’effet de lahausse de la TVA sur la consommation seraitnéanmoins moins marqué que lors de laprécédente hausse en 1997 (de 2 % à 5 %). Eneffet, le gouvernement a voté des mesures decompensation pour les ménages les plus modestes(0,2 point de RDB) et, surtout, la part dans laconsommation des biens durables, davantagesusceptibles de faire l’objet d’achats anticipés,s’est considérablement réduite depuis 1997.

L’investissement des entreprises etles exportations rebondiraient

Malgré la reprise de l’activité, l’investissement desentreprises croît faiblement depuis le début del’année. D’ici mi-2014, l’investissement devraitrebondir nettement, porté à la fois parl’amélioration des perspectives d’activité et parl’augmentation des crédits d’impôt, comme lesuggère le redressement des commandes privéesen biens d’équipement depuis 6 mois (+4,9 % autroisième trimestre après +5,0 % au deuxième).Les exportations japonaises augmenteraient d’icimi-2014, toujours soutenues par la fortedépréciation du yen de début 2013 et portées parla demande en provenance d’Asie. ■

Inflation à nouveau positive

Source : Statistics Bureau of Japan

JaponConsommation anticipée

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Après un premier semestre très décevant,l’activité aurait accéléré dans les économiesémergentes au troisième trimestre 2013. Cettesituation d’ensemble masque des divergencesimportantes : l’activité a accéléré en Chine etdans les PECO mais reste globalement atonedans les autres économies émergentes.

Cette divergence se poursuivrait à l’horizon dela prévision. Les monnaies des pays à fort déficitcourant (Inde, Brésil, Indonésie, Turquie) se sontfortement dépréciées cet été, en lien avec lasortie anticipée du « Quantitative Easing »américain, et leurs banques centrales ontresserré leur politique monétaire. La Chine,dopée par la hausse du crédit, et l’Europe del’Est, tirée par le redémarrage européen,conserveraient un certain dynamisme à l’horizonde la prévision. Au total, les importationsretrouveraient un comportement habituel auregard de l’activité, et contribueraient à hauteurde 0,4 point par trimestre à la progression de lademande mondiale adressée à la France.

Accélération de l’activité en Chine

Au troisième trimestre 2013, l’activité a accéléré enChine (+2,2 % après +1,9 %). Selon les enquêtesde conjoncture (cf. graphique 1) et les données deproduction industrielle d’octobre (+10,3 % sur unan), l’activité resterait relativement dynamique auquatrième trimestre 2013. L’encours de créditcontinue d’augmenter ce qui, à court terme,favorise la reprise du marché immobilier(cf. graphique 2) avec notamment des prix des

logements en hausse : en octobre, les prix deslogements anciens croissent de 19,0 % sur un an àPékin et de 13,2 % à Shanghai (respectivement16,4 % et 17,8 % pour les logements neufs). Parailleurs, les nouvelles mesures de relanceannoncées fin juillet (baisses d’impôts pour les PMEet subventions aux entreprises exportatrices)produiraient des effets favorables surl’investissement. À l’horizon de la prévision, lacontribution du commerce extérieur resterait doncnégative en Chine, comme le suggèrent lesdonnées douanières disponibles jusqu’en octobre,tout comme les enquêtes sur lesapprovisionnements qui indiquent que lesimportations continueraient de progresservigoureusement.

Faible croissance pour les autresgrandes économies émergentes

La perspective d’une diminution de la créationmonétaire aux États-Unis a provoqué unrapatriement des capitaux investis par lesinvestisseurs privés, une baisse des bourses dans laplupart des pays émergents et une brusquedépréciation des monnaies cet été, en particulierdans les pays à fort déficit courant (Inde, Brésil,Indonésie, Turquie). Le real brésilien et la roupieindienne ont respectivement perdu 17 % et 22 %vis-à-vis du dollar d’avril à septembre. Confrontéesà cette glissade, les banques centrales sont parfoisintervenues sur le marché des changes (notammenten Inde et au Brésil) et ont resserré leurs politiquesmonétaires (Turquie, Indonésie, Russie, Brésil, Inde),sur fond de tensions inflationnistes.

Décembre 2013 121

Développements internationaux

1 - L’activité marque le pas dans les économies émergentes, sauf en ChineDernier point novembre 2013, Inde T4 2013

Sources : Enquêtes nationales

Économies émergentesEn ordre dispersé

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122 Note de conjoncture

Développements internationaux

Ainsi, après s’être nettement amélioré jusqu’audébut de l’année 2013, le climat des affaires dansces économies s’est détérioré cet été, en particulierdans le secteur manufacturier, et se situe toujours àun niveau très bas, comparativement au niveaumoyen des années 2000 (cf. graphique 1). En Indeet au Brésil, le ralentissement de l’activité seraitparticulièrement marqué, les resserrementsmonétaires couplés à la dépréciation forte desmonnaies pesant sur les débiteurs largementendettés en dollars.

L’Europe de l’Est tirée par leredémarrage de la zone euro

En Russie, le glissement annuel du PIB est au plusbas depuis trois ans, à +1,2 % au troisièmetrimestre 2013, et la production industrielle astagné. De façon générale, l’activité est atonedepuis un an et les enquêtes ne montrent pas designe d’accélération notable. Malgré les mesuresde soutien budgétaire annoncées, la croissancede l’économie russe resterait d’ici la fin de l’année

très en deçà de son rythme d’avant-crise (+1,5 %par trimestre), même si l’accélération del’économie chinoise et notamment de sesimportations en matières premières soutiendraientquelque peu l’activité.

L’Europe de l’Est redémarrerait, tirée par la reprisede l’activité dans la zone euro. Selon les enquêtesde la Commission européenne, le climat desaffaires est à nouveau favorable, au-dessus de samoyenne de long terme en Hongrie et en netteaugmentation en Pologne et en Républiquetchèque (cf. graphique 3). En Turquie, après le coupde frein de mi-2012, l’activité a nettement accélérédepuis le quatrième trimestre 2012. Malgré untassement depuis le début de l’année lié auxresserrements monétaires et aux manifestations decet été, le climat des affaires se situe toujoursau-dessus de sa moyenne de long terme. Ainsi, ladépréciation de la livre turque et l’amélioration dela demande européenne stimuleraient lesexportations et, au total, l’activité résisterait enTurquie d’ici mi-2014. ■

2 - Le marché immobilier chinois dopé par la progression du crédit

Source : National Bureau of Statistics of China

3 - L’Europe de l’Est et la Turquie tirées par la reprise de la zone euroDernier point : novembre 2013

Source : DG EcFin

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Comptesdes pays

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124 Note de conjoncture

Zone EuroVariations trimestrielles en % Variations

annuelles en %

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

ÉQUILIBRE EMPLOIS-RESSOURCES

PIB -0,1 -0,3 -0,1 -0,5 -0,2 0,3 0,1 0,3 0,3 0,3 -0,6 -0,4 0,9

Consommation privée (58 %) -0,3 -0,5 -0,1 -0,5 -0,1 0,1 0,1 0,2 0,2 0,2 -1,4 -0,5 0,6

Investissement (18 %) -1,1 -2,0 -0,6 -1,2 -1,9 0,2 0,4 0,2 0,3 0,4 -3,9 -3,2 1,1

Consommation publique (21 %) -0,3 -0,3 -0,2 0,0 0,3 0,0 0,2 0,1 0,1 0,1 -0,6 0,3 0,4

Exportations (46 %) 0,8 0,9 0,7 -0,5 -1,0 2,1 0,2 1,6 1,4 1,4 2,7 1,3 4,3

Importations (43 %) 0,0 -0,2 0,3 -0,9 -1,2 1,6 1,0 1,4 1,2 1,4 -0,8 0,2 4,2

Contributions :Demande intérieure hors stocks -0,5 -0,7 -0,2 -0,5 -0,4 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2 -1,7 -0,8 0,6

Variations de stocks 0,1 0,0 -0,1 -0,2 0,1 -0,1 0,3 0,1 0,0 0,0 -0,5 -0,1 0,1

Commerce extérieur 0,3 0,5 0,2 0,2 0,1 0,3 -0,3 0,1 0,1 0,0 1,6 0,5 0,1

France (21 %)1Variations trimestrielles en % Variations

annuelles en %

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

ÉQUILIBRE EMPLOIS-RESSOURCES

PIB 0,0 -0,3 0,2 -0,2 -0,1 0,5 -0,1 0,4 0,2 0,2 0,0 0,2 0,7

Consommation privée (56 %) 0,2 -0,5 0,1 0,1 -0,1 0,4 0,2 0,3 0,1 0,1 -0,4 0,4 0,6

Investissement (20 %) -1,3 -0,4 -0,7 -0,6 -0,8 -0,4 -0,6 0,4 0,0 -0,1 -1,2 -2,2 -0,1

Consommation publique (27 %) 0,5 0,4 0,4 0,4 0,4 0,7 0,2 0,3 0,3 0,3 1,5 1,7 1,0

Exportations (27 %) 0,4 0,3 0,2 -0,6 -0,4 1,9 -1,5 2,3 0,7 0,7 2,5 0,6 2,7

Importations (30 %) 0,8 0,2 -0,1 -1,1 0,1 1,6 1,0 1,1 0,7 0,7 -0,9 1,2 2,9

Contributions

Demande intérieure hors stocks 0,0 -0,3 0,0 0,0 -0,1 0,4 0,0 0,3 0,2 0,2 -0,1 0,2 0,6

Variations de stocks 0,1 -0,1 0,1 -0,4 0,2 0,1 0,5 -0,2 0,0 0,0 -0,8 0,2 0,2

Commerce extérieur -0,1 0,0 0,1 0,2 -0,1 0,0 -0,7 0,3 0,0 0,0 1,0 -0,2 -0,1

Prévision

Note : Les % entre parenthèses représentent le poids dans le PIB en valeur en 2012.ga : glissement annuelcga : contributions au glissement annuel de l’indice d’ensemble(1) Part dans le PIB de la zone euro en 2012Sources : Eurostat, prévisions Insee

Inflation de la zone eurovariations en %, contributions en points

Juin2013

Novembre2013

Décembre2013

Juin2014

Moyennesannuelles

Secteurs (poids dans l’indice en 2013) ga cga ga cga ga cga ga cga 2012 2013

Ensemble (100,0 %) 1,6 1,6 0,9 0,9 1,0 1,0 1,1 1,1 2,5 1,4

Alimentation (alcools et tabac inclus)(19,4 %) 3,2 0,6 1,6 0,3 1,5 0,3 1,4 0,3 3,1 2,7

dont : produits alimentaires (15,4 %) 3,2 0,5 1,1 0,2 0,9 0,1 0,7 0,1 2,8 2,4

boissons alcoolisées et tabac (4,0 %) 3,4 0,1 3,7 0,1 3,9 0,2 3,9 0,2 4,3 3,8

Énergie (11,0 %) 1,6 0,2 -1,1 -0,1 0,1 0,0 2,3 0,2 7,6 0,6

Inflation sous-jacente (69,7 %) 1,2 0,8 1,0 0,7 1,0 0,7 0,8 0,6 1,5 1,1

dont : produits manufacturés (27,4 %) 0,7 0,2 0,3 0,1 0,3 0,1 0,2 0,1 1,2 0,6

services (42,3 %) 1,4 0,6 1,5 0,6 1,4 0,6 1,2 0,5 1,8 1,4

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Décembre 2013 125

Allemagne (28 %)1Variations trimestrielles en % Variations

annuelles en %

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

ÉQUILIBRE EMPLOIS-RESSOURCES

PIB 0,7 -0,1 0,2 -0,5 0,0 0,7 0,3 0,3 0,4 0,5 0,9 0,5 1,4

Consommation privée (57 %) 0,0 0,0 0,3 0,1 0,3 0,6 0,1 0,3 0,4 0,4 0,7 1,0 1,1

Investissement (18 %) -0,4 -1,9 0,1 -0,6 -1,9 1,6 1,6 0,1 0,8 0,9 -1,3 -0,8 2,8

Consommation publique (19 %) 0,4 -0,5 0,6 0,1 0,1 -0,2 0,5 0,2 0,2 0,2 1,0 0,5 0,6

Exportations (52 %) 1,7 1,4 0,5 -1,6 -1,0 2,4 0,1 1,6 1,2 1,4 3,8 0,6 4,1

Importations (46 %) 0,1 0,7 0,1 -0,9 -0,6 1,9 0,8 1,4 1,2 1,3 1,8 1,2 4,2

Contributions

Demande intérieure hors stocks 0,0 -0,4 0,3 -0,1 -0,2 0,6 0,4 0,2 0,4 0,4 0,4 0,6 1,3

Variations de stocks -0,1 -0,1 -0,3 0,1 0,4 -0,3 0,2 -0,1 0,0 0,0 -0,6 0,2 -0,1

Commerce extérieur 0,8 0,4 0,3 -0,5 -0,2 0,3 -0,4 0,2 0,1 0,1 1,1 -0,2 0,2

Italie (17 %)1Variations trimestrielles en % Variations

annuelles en %

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

ÉQUILIBRE EMPLOIS-RESSOURCES

PIB -1,1 -0,6 -0,5 -0,9 -0,6 -0,3 0,0 0,0 0,0 0,1 -2,6 -1,9 -0,1

Consommation privée (61 %) -1,8 -0,5 -1,5 -0,8 -0,5 -0,5 -0,2 -0,2 -0,1 -0,1 -4,2 -2,5 -0,6

Investissement (18 %) -3,8 -1,6 -1,3 -1,7 -2,9 0,0 -0,6 0,2 0,4 0,4 -8,4 -5,4 0,5

Consommation publique (21 %) -2,0 -0,5 -0,3 0,0 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 -2,6 -0,2 0,0

Exportations (30 %) 0,2 -0,1 0,8 -0,1 -1,2 0,7 0,7 1,0 0,7 0,8 1,9 0,2 2,6

Importations (29 %) -2,7 -0,8 -1,6 -2,0 -0,5 -0,7 2,0 1,0 1,1 1,1 -7,5 -2,3 3,5

Contributions

Demande intérieure hors stocks -2,2 -0,7 -1,2 -0,8 -0,8 -0,3 -0,2 -0,1 0,0 0,0 -4,7 -2,5 -0,3

Variations de stocks 0,2 -0,1 0,0 -0,7 0,5 -0,4 0,6 0,0 0,0 0,1 -0,7 -0,1 0,3

Commerce extérieur 0,9 0,2 0,7 0,6 -0,2 0,4 -0,4 0,0 -0,1 -0,1 2,8 0,7 -0,2

Espagne (11 %)1Variations trimestrielles en % Variations

annuelles en %

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

ÉQUILIBRE EMPLOIS-RESSOURCES

PIB -0,4 -0,5 -0,4 -0,8 -0,4 -0,1 0,1 0,2 0,2 0,3 -1,6 -1,3 0,5

Consommation privée (59 %) 0,3 -1,2 -0,7 -2,0 -0,6 -0,1 0,4 0,1 0,2 0,3 -2,8 -2,5 0,7

Investissement (19 %) -1,7 -3,3 0,2 -3,0 -1,6 -2,0 0,2 0,0 0,3 0,3 -7,0 -5,9 0,1

Consommation publique (20 %) -1,8 0,0 -3,0 -0,3 1,3 -0,9 0,1 -0,8 -0,5 -0,5 -4,8 -1,2 -1,6

Exportations (32 %) -3,1 0,6 6,5 0,6 -4,3 6,4 2,2 1,2 1,2 1,2 2,1 5,5 5,7

Importations (31 %) -3,3 -2,2 4,6 -2,6 -4,5 5,2 2,8 0,5 0,9 1,0 -5,7 0,6 4,7

ContributionsDemande intérieure hors stocks -0,6 -1,4 -1,0 -1,8 -0,4 -0,6 0,3 -0,1 0,1 0,1 -4,1 -2,9 0,1

Variations de stocks 0,1 0,0 0,1 0,1 -0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1

Commerce extérieur 0,1 0,9 0,5 1,0 0,1 0,4 -0,2 0,2 0,1 0,1 2,5 1,6 0,4

Prévision

Note : Les % entre parenthèses représentent le poids dans le PIB en valeur en 2012.

Sources : Eurostat, prévisions Insee

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126 Note de conjoncture

États-UnisVariations trimestrielles en % Variations

annuelles en %

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

ÉQUILIBRE EMPLOIS-RESSOURCES

PIB 0,9 0,3 0,7 0,0 0,3 0,6 0,9 0,4 0,6 0,6 2,8 1,7 1,9

Consommation privée (69 %) 0,7 0,5 0,4 0,4 0,6 0,5 0,3 0,5 0,5 0,5 2,2 1,8 1,5

Investissement privé (15 %) 2,1 1,2 0,7 2,8 -0,4 1,6 1,3 1,0 1,3 1,6 8,3 4,5 4,3

Dépenses gouvernementales (19 %) -0,3 0,1 0,9 -1,7 -1,1 -0,1 0,1 -0,7 0,4 0,0 -1,0 -2,1 0,0

Exportations (13 %) 1,0 0,9 0,1 0,3 -0,3 1,9 0,9 1,3 1,3 1,3 3,5 2,4 4,3

Importations (17 %) 0,2 0,6 0,1 -0,8 0,2 1,7 0,7 1,2 1,2 1,2 2,2 1,7 3,8

Contributions

Demande intérieure hors stocks 0,7 0,5 0,6 0,3 0,1 0,5 0,5 0,4 0,6 0,6 2,5 1,5 1,7

Variations de stocks 0,1 -0,2 0,2 -0,5 0,2 0,1 0,4 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2 0,3

Commerce extérieur 0,1 0,0 0,0 0,2 -0,1 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,0 -0,1

Royaume-UniVariations trimestrielles en % Variations

annuelles en %

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

ÉQUILIBRE EMPLOIS-RESSOURCES

PIB 0,0 -0,5 0,6 -0,3 0,4 0,7 0,8 0,8 0,5 0,5 0,1 1,4 2,0

Consommation privée (63 %) 0,4 0,2 0,2 0,7 0,6 0,3 0,8 0,6 0,4 0,4 1,2 2,0 1,6

Investissement (14 %) 3,6 -0,8 -2,4 -3,8 0,1 0,8 1,4 1,3 1,3 1,0 0,9 -2,6 4,0

Consommation publique (24 %) 2,0 -0,7 0,0 -0,1 -0,2 0,5 0,6 0,3 0,3 0,3 1,6 0,3 1,2

Exportations (32 %) -1,8 -0,4 2,0 -1,7 0,1 3,0 -2,4 0,5 0,8 0,8 1,0 0,8 1,3

Importations (34 %) 0,6 1,4 0,8 -0,9 -0,8 2,9 0,4 0,5 0,7 0,7 3,1 1,7 2,5

Contributions

Demande intérieure hors stocks 1,2 -0,1 -0,2 -0,1 0,3 0,4 0,8 0,7 0,5 0,5 1,3 0,9 2,0

Variations de stocks -0,4 0,3 0,5 0,1 -0,2 0,3 0,9 0,1 0,0 0,0 -0,5 0,9 0,5

Commerce extérieur -0,8 -0,6 0,4 -0,2 0,3 0,0 -0,9 0,0 0,0 0,0 -0,7 -0,3 -0,4

JaponVariations trimestrielles en % Variations

annuelles en %

2012 2013 20142012 2013 2014

acquisT1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2

ÉQUILIBRE EMPLOIS-RESSOURCES

PIB 0,9 -0,5 -0,8 0,1 1,1 0,9 0,3 0,7 0,8 -0,8 1,4 1,6 1,1

Consommation privée (61 %) 0,4 0,4 -0,5 0,6 1,0 0,7 0,2 0,6 1,4 -2,2 2,1 2,0 0,4

Investissement (21 %) -0,3 0,2 -1,7 0,6 -0,1 2,0 1,8 1,1 1,0 0,2 3,2 2,3 3,5

Consommation publique (20 %) 1,3 -0,5 0,4 0,7 0,7 0,6 0,2 0,3 0,3 0,3 1,7 2,0 1,0

Exportations (15 %) 2,7 -0,5 -3,8 -3,0 3,9 2,9 -0,6 2,4 2,0 1,6 -0,1 1,9 5,5

Importations (17 %) 1,9 1,4 -0,4 -1,7 1,0 1,7 2,2 2,0 3,0 0,0 5,4 2,8 6,1

Contributions

Demande intérieure hors stocks 0,4 0,2 -0,6 0,6 0,7 1,0 0,6 0,7 1,1 -1,2 2,2 2,1 1,2

Variations de stocks 0,3 -0,3 0,3 -0,3 0,0 -0,2 0,2 0,0 -0,2 0,2 0,1 -0,3 0,0

Commerce extérieur 0,1 -0,3 -0,5 -0,1 0,4 0,1 -0,5 0,0 -0,3 0,3 -0,9 -0,2 -0,3

Prévision

Note : Les % entre parenthèses représentent le poids dans le PIB en valeur en 2012.

Sources : Eurostat, prévisions Insee

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Compte associéde la France

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128 Note de conjoncture

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Décembre 2013 129

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130 Note de conjoncture

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Décembre 2013 131

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132 Note de conjoncture

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Décembre 2013 133

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134 Note de conjoncture

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